John Kathy

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I.

INTRODUCTION

1. CONTEXTE ET ETAT DE LA QUESTION

a. contexte

La terre, denrée précieuse des peuples, est source de beaucoup des conflits à travers l'Afrique,
en général et la R.D.C, en particulier1(*). D'aucuns considèrent d'ailleurs qu'à l'origine des conflits
à l'Est de la R.D.C et particulièrement au Kivu et en Ituri, il y a un problème foncier 2(*). Ce
problème est présenté en termes de déséquilibre entre les besoins fonciers des populations et
les disponibilités foncières. La compétition autour des ressources foncières devenues de plus en
plus rares expliquerait les conflits récurrents dans ces régions3(*).

Le Territoire de Lubero, faisant partie de la région, n'en fait pas exception. En effet, il existe
une tendance à expliquer les conflits récurrents dans cette partie à partir d'une hypothèse
darwiniste tenant à la rareté des terres exploitables, mieux au déséquilibre dans
l'occupation spatiale entre activité agricole et activité pastorale.

En fait, aujourd'hui plus qu'hier, l'importance de la terre dans la vie de toute collectivité
humaine est un symbole fort de son identité ou de la communauté pour la reproduction
sociale4(*).

En plus, conformément à l'importance que l'homme accorde à la terre, LUPUNGU


KAMANDA a écrit que la terre est déjà par elle-même un sujet digne d'intérêt en raison de
son importance multidimensionnelle pour l'homme au delà de la production agricole5(*).

Il faut prouver que, l'existence de l'homme est liée à la terre et à ce qui sort de la terre.
Celle-ci revêt une importance capitale dans la vie de l'homme et de la société tant qu'elle
est source du développement économique6(*).

Ainsi la terre des ancêtres évoque à la fois un attachement à un bien inaliénable et à un


passé mémorable et une régulation des rapports avec les autres. Et comme le dit NGOMA
NGAMBU, le sol est un code de droit, un document historique, une carte géographique que
seuls les initiés savent lire et déchiffrer7(*).

C'est pourquoi la terre est un facteur indispensable pour la vie humaine. En effet, les
multiples problèmes qu'elles posent, la force avec laquelle les populations se battent pour
le contrôle des lopins de terre en témoignent énormément. De cette importance découle
également un nombre élevé des conflits.

Les gouvernements en différentes époques de l'histoire politique de notre pays, ont eu les
soucis d'accorder à l'Etat son exclusivité dans le but d'être le seul décideur et propriétaire
pour ainsi juguler la crise redondante des conflits fonciers.
Malheureusement le résultat escompté n'a été fameux car on révèle que la terre est source
de quelque 75% des dossiers présentés aux cours et tribunaux8(*).

De même, le Bureau du territoire de Lubero ne traite presque que des conflits fonciers 9(*).

b. Etat de la question

Les études antérieures sur les conflits fonciers donnent aussi des points de vue divers sur
notre questionnement concernant la problématique de la résolution de conflits fonciers.

C'est dans cette logique que ANGALI KIANA KALUMBULA abonde dans son mémoire
lorsqu'il énonce en paraphrasant en ces termes : « la gestion des terres surtout rurales est
confiées aux autorités coutumières et dont les modalités pratiques devraient être définies
par une ordonnance présidentielle qui n'a jamais été prise »10(*).

De son côté KAHAMBU SEKERAVITI se préoccupe des conséquences dues aux conflits
fonciers en chefferie de Baswagha. Dans cette étude elle confirme que les répercutions
et/ou les retombées de ces conflits sont de divers ordres11(*).

Dans sa thèse doctorale, le Professeur MAFIKIRI TSONGO affirme que les conflits fonciers
sont des conséquences liées à l'utilisation du système foncier dualiste et à une rareté
croissante des terres12(*).

Dans le même angle, MUTUNDYA KANDUKI traite des sources et causes des conflits
fonciers coutumiers et leurs impacts sur le développement en territoire de Lubero13(*).

Il convient de souligner que dans son étude, KAKULE KANIKI insiste sur la gestion
foncière coutumière qui diffère d'un peuple à un autre et d'un clan à un autre 14(*)

Dans le même sens, MUHINDO MAKUNDO s'est préoccupé de l'impact de la loi foncière
dans la gestion de conflit foncier en Territoire de Beni et Mambasa. Il martèle en disant que
les conflits fonciers doivent être résolus, afin de diminuer les tensions qu'il créent dans la
société15(*).

Bref, la paix sociale est menacée par les conflits fonciers. Mais pour une avancé logique,
touchant la vision du législateur qui a déjà tranché la question, notre propos tend à mesurer
l'application de la loi foncière dans la résolution de ces conflits. En effet, dès l'entrée en
vigueur de cette loi, toutes les autres gestions de la terre se conformeraient aux
dispositions de celle-ci. Concrètement une série des questions nous permettra de
comprendre la présente étude.

2. PROBLEMATIQUE

S'agissant de la préoccupation, dont question dans le présent propos, il faut se demander :

1. Quelle est la fonction de la loi foncière dans la résolution des conflits fonciers en
territoire de Lubero ?

2. Celle-ci est-elle véritablement mise en pratique dans la résolution des conflits fonciers en
territoire de Lubero ?

3. Quels peuvent être les obstacles à l'application de cette loi en territoire de Lubero ?

3. HYPOTHESES

L'hypothèse est une affirmation provisoire concernant la relation entre deux ou plusieurs
variables.

v Il semblerait que la loi foncière a pour fonction d'adopter un seul gestionnaire et décideur
de la gestion des terres qui est l'Etat. Cette vision atténuerait le déséquilibre entre la loi et
le droit foncier coutumier ;

v la loi serait tenue en échec devant la coutume, cette dernière devenue une vraie nature
du peuple en Territoire de Lubero ;

v Il semblerait que la loi foncière apparaît au peuple du territoire de Lubero comme


étrange, inadaptée à ses moeurs et basée sur des règles, dont il ne connaît pas les
origines, par conséquent, cette optique constituerait un obstacle de l'application de ladite loi
en Territoire de Lubero.

4. METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES

De prime abord, l'application de loi foncière se relève comme un déterminant pour la


gestion des conflits fonciers.

En conséquence, dans cette étude la résolution des conflits fonciers est une variable
dépendante tandis que l'application de la foncière est une variable indépendante.

Tout travail scientifique suppose et entraîne des méthodes et techniques pour obéir à la
rigueur de la science.

Pour ce faire, il sied donc que nous précisions que ce travail est le fruit d'un partage
d'expériences, d'événements de notre temps. En effet, pour y arriver, nous avons appliqué
les méthodes exégétique et analytique. La première nous a été indispensable dans
l'interprétation des textes des lois en rapport avec le sujet sous examen ; la seconde, par
contre, nous a permis de mener une analyse critique sur les faits renseignés.

Dans cette logique, nous avons compris l'analyse dans le même sens que BERELSON. En
effet, selon cet auteur l'analyse est une technique de recherche pour la description
objective, systématique et quantitative du contenu manifeste de communication ayant pour
but de les interpréter.
Ces méthodes ont été soutenues par deux techniques, à savoir : la technique
documentaire qui nous a permis d'exploiter les documents traitant de la matière foncière et
technique d'interview libre consistant à soumettre nos interlocuteurs à un interrogatoire
auquel ils répondaient verbalement, pour nous permettre de partir d'une expérience
surveillante aux fins de la confronter à la législation congolaise pour soit compléter la loi à
l'avenir soit en proposer une autre.

5. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Pour le professeur MULUMBATI NGASHA, tout chercheur doit mettre en exergue l'intérêt
de son sujet de recherche et cela à trois niveaux ; niveau scientifique, social et personnel.

Pour la science, l'enseignement universitaire ne consiste pas seulement à transmettre des


connaissances théoriques et pratiques déjà constituées.

Il consiste aussi à initier les étudiants à l'organisation de la recherche en vue de la


production des connaissances scientifiques nouvelles.

C'est pour cela que ce travail est un ajout aux travaux scientifiques déjà réfléchis dans la
mesure où il ouvre une porte aux recherches futures pour ceux qui voudront abonder dans
le même sens.

Sur le plan social, ce travail est une sensibilisation, voire une vulgarisation de la loi foncière
en vue de dégager son impact ; au besoin attirer l'attention de la population sur la
confirmation de l'application effective ou à proposer une nouvelle orientation dans la
résolution des conflits.

Personnellement, ce travail nous permettra de connaître, à partir de notre recherche, le


contenu de la loi foncière ; son impact et surtout les matières qu'elle attend résoudre. Pour
ce faire, nos lacunes se verront diminuer et notre point de vue sur la loi foncière sera
nuancé et expérimenté.

Néanmoins, cette finalité n'est effective que si nous nous engageons dans un champ
d'action limitée d'abord pour servir d'exemple aux autres Territoires.

6. DELIMITATION DU SUJET

Tout travail scientifique doit avoir un champ d'investigation. C'est pourquoi nous nous
limitons à analyser l'application de la loi foncière dans la résolution des conflits fonciers en
Territoire de Lubero.

7. DIFFICULTES RENCONTREES

Nul ne peut prétendre réaliser un travail d'une si grande envergure sans se heurter à des
obstacles lui obstruant le chemin pour aboutir efficacement à ses objectifs escomptés.

Dans cette étude, nous nous sommes heurtés à certaines difficultés relatives à la distance
mais aussi sur le plan financier. Pour surmonter ces contraintes, nous avons déployé nos
efforts en offrant le meilleur de nous même pour l'atteinte des objectifs que nous nous
sommes assigné dans cette étude.

8. PARTITION DU TRAVAIL

Le présent travail se subdivisera en deux grands chapitres, précédés d'une introduction qui
dégage le panorama de notre réflexion et d'une conclusion qui dégagera le fruit de la
recherche.

Le premier chapitre est intitulé : La gestion des conflits fonciers en territoire de Lubero, le
deuxième quant à lui concerne : la loi foncière et la résolution des conflits fonciers en
territoire de Lubero.

CHAPITRE PREMIER : LA GESTION


DES CONFLITS FONCIERS EN
TERRITOIRE DE LUBERO
Ces interminables conflits fonciers coutumiers ont un impact négatif sur le développement
du territoire.

La faible production agricole, en dépit des potentialités énormes est le résultat direct des
conflits fonciers « les travaux agricoles sur telle concession sont suspendus jusqu'au
règlement du conflit qui oppose X à Y qui se disputent le droit des jouissances sur ladite
concession » est l'une des informations que nous entendons très souvent sur les radios
locales.

Ainsi au lieu que la terre soit exploitée pour une agriculture prospère et florissante, elle fait
plutôt l'objet des procès interminables devant les tribunaux de Butembo.

A titre d'exemplatif, certains endroits, surtout dans la région maraîchère, on enregistre


certaines maisons brûlées et des champs dévastés suite aux conflits fonciers. De ce fait
des habitants sont obligés de fuir cette nouvelle forme d'insécurité pour se déplacer dans
les centres urbains.

Dans le présent chapitre nous aurons à traiter de deux sections notamment : les conflits
fonciers en Territoire de Lubero qui constituera la première section ; ainsi que les règles de
résolution des conflits fonciers en territoire de Lubero qui est la seconde section.
1.1. LES CONFLITS FONCIERS EN TERRITOIRE DE
LUBERO

Dans le territoire de Lubero, il y a plusieurs conflits qui, soit sont en cours, soit mal
tranchés entre habitants des mêmes villages, à propos des limites des champs, des
terrains vides, et ou pour les autres, des pâturages »

Nous parlerons dans cette section des types de conflits fonciers (§1), des acteurs de ces
différents conflits (§2) ; des causes (§3) ; ainsi que des conséquences de conflits fonciers
(§4).

1.1.1 Types de conflits fonciers en Territoire de Lubero

De nos enquêtes dans le territoire de Lubero, il ressort que les titres fonciers sont attribués
par diverses autorités sans qu'elles aient procédé à une enquête préalable de vacance de
terre.

Ce qui ne va pas sans causer des conflits des limites des terrains, les conflits autour des
terres héritées, les conflits de non paiement de la redevance, le conflit lié à l'exploitation
illégale de terre, le conflit dû à la double cession,...

1.1.1.1. Les conflits des limites des terrains

Ce sont des conflits dus à une modification des limites de terrain après déplacement d'un
plan. Ainsi ces conflits peuvent provenir d'une simple modification des limites du terrain par
un ancien voisin du terroir après la mort subite de l'occupant qui n'a pas eu de temps de
montrer toutes les limites à ses enfants ; il peut également être provoqué par une incursion
volontaire dans le champ du voisin.

Dans le territoire de Lubero, l'insuffisance de la superficie de champs conduit à des divers


conflits (déviation du sentier commun, bananier, arbre planté à la limite de deux terrains).

Les conflits autour des terres héritées est aussi un autre type des conflits fonciers en
territoire de Lubero.

1.1.1.2. Les conflits autour des terres héritées.

Le régime de succession est patrilinéaire à Lubero c'est-à-dire les biens se transmettent


aux enfants du sexe masculin qu doivent se les partager équitablement. Les descendants
femelles semblent être oubliés dans ce partage. Ceci renforce la cohésion de la famille
nucléaire aux dépens de la famille élargie. Il arrive souvent qui à la mort du père de famille,
certains de ses enfants de sexe masculin soient encore trop jeunes ou mineurs pour hériter
les terres du décujus.

L'aîné de la famille occupe une grande partie du terrain et souvent, il remet plus à ses
frères des petits lopins des terres qui ne leur permettent pas de satisfaire leurs besoins
champêtres16(*). Un autre aspect des conflits de ce genre découle du partage des terres
d'un exploitant polygame entre les enfants héritiers issus de différentes épouses. Ainsi
affirme MAFIKIRI TSONGO que la coutume Nande estime que les enfants de la première
femme ont droit à une même portion des terres que les enfants issus des autres femmes
du défunt. Mais seul le fils de la première femme peut devenir chef des terres, du terrain
(région considérée du point de vue de la production agricole surtout dans les campagnes).

Néanmoins, la réglementation formelle ne reconnaissant pas la polygamie. Dans tous ces


cas, les conflits sont possibles de même que le nom paiement de la redevance.

1.1.1.3. Le non paiement de la redevance

La redevance coutumière est une obligation résultant d'un accord foncier coutumier entre
un Chef terrien et un exploitant agricole (vassal), par lequel ce dernier s'engage
annuellement ou par campagne agricole de donner au premier une quantité de biens
déterminés selon les usages et coutumes du milieu.

L'occupant foncier récupère automatiquement son terrain après un non paiement, au moins
pendant cinq ans successifs. Dans ce cas présent, certains vassaux sont devenus très
malins et parfois dangereux dans le territoire, au lieu de donner la rente foncière au
destinateur, il contourne ce dernier. En effet, la terre appartient à la communauté
représentée par le MWAMI, elle est toute fois divisée entre les lignées représentée par les
Bakama qui, à leur tour, concèdent des collines à un certain nombre de famille17(*).

Mais aussi les conflits sur la non remise des terres suite au non paiement de la redevance
deviennent de plus en plus nombreux suite à l'utilisation d'un double système de droit
foncier dans un même Terroire. Dans la majorité des cas, après une exploitation pendant
une longue période l'exploitant refuse de remettre les terres au propriétaire jouisseur en se
basant aux principes de la réglementation foncière légale qui stipule que la terre appartient
à celui qui la met en valeur18(*). En plus l'exploitation illégale de terre est un autre type de
conflit.

1.1.1.4. L'exploitation illégale de terre

Certaines personnes occupent des terres sans aucune autorisation soit par la force ou soit
par ruse. Ces personnes pénètrent le terrain sans l'avis du propriétaire. Ce genre des
pratiques ne cesse à causer des conflits fonciers à Lubero.

De ce fait, intervient la double cession qui est aussi un conflit foncier en Territoire de
Lubero.

1.1.1.5. De la double cession

Il s'agit d'accorder un terrain à deux acquéreurs différents. Ceci est le fait soit de l'autorité
foncière administrative ou coutumière qui accorde les droits de jouissance sur un fond à
deux personnes différentes.
Il nous sied de parler des acteurs de ces différents conflits fonciers en territoire de Lubero.

1.2. ACTEURS DES CONFLITS FONCIERS EN TERRITOIRE


DE LUBERO

De ce qui précède, il sied de rappeler que les conflits fonciers sont mise en scène par les
autorités coutumières ou chefs terriens, les vassaux, la bourgeoisie, les Cours et Tribunaux
et les autorités militaires.

1.2.1. Les autorités coutumières

La vénalité des Chefs coutumiers, le conduit assez souvent à des spoliations des terres
paysannes au profit des bourgeoisies urbaines, lesquelles entretiennent des rapports des
complicités avec ces autorités. Ces bourgeoisies sont par ailleurs les seules à pouvoir
mobiliser le droit positif et à diligenter l'enregistrement des terres à travers les méandres de
l'administration.

En plus, un chef terrien peut donner une même terre en modiation à deux acquéreurs
différents, ce qui fait l'objet des conflits fonciers. Certains chefs coutumiers, quelques fois
sont corruptibles et disent souvent les mensonges en lieu et place de la vérité, pour le fait
de vouloir s'enrichir ; certains chefs vendent les terres de leurs vassaux, lorsque même ils
sont entrain de respecter régulièrement le contrat d'amodiation. Les autres acteurs des
conflits fonciers en territoire de Lubero selon nos enquêtes peuvent être les vassaux.

1.2.2. Les vassaux

Nous avons constaté que les vassaux aussi sont des acteurs de conflits ; en ce sens que,
comme l'avons déjà souligner précédemment, la redevance coutumière est une obligation
résultant d'un accord foncier coutumier entre un chef terrien et un vassal par lequel ce
dernier s'engage annuellement ou par campagne agricole à donner au premier une
quantité de biens déterminée selon les usages et coutumes. Ces vassaux deviennent des
malins. Dans la majorité des cas, après une longue exploitation, ils refusent à honorer
l'obligation convenue et également refusent de remettre les terres au propriétaire jouisseur,
au lieu de donner la redevance au destinateur, ils contournent ce dernier sous prétexte que
la terre leur appartient.

Qu'en est-il aussi des cours et tribunaux ?

1.2.3. Les Cours et Tribunaux

La procédure devant les cours et tribunaux est longue et parfois coûteuse de tel enseigne
que les conflits sont traités avec lenteur19(*). Les juges se rendent souvent corruptibles dans
l'administration de la justice et ne rendent plus souvent des jugements justes et équitables.
Dans cette optique, F. PALUKU KAMAVU dit que : « les irrégularités de procédure d'achat
des parcelles génèrent beaucoup des conflits qui influencent les chefs coutumiers sur les
juges notamment qui entraînent nombreuses affaires à la longueur du temps »20(*).

1.2.4. Les autorités militaires

Les autorités militaires sont incompétentes en matière foncière : il arrive que celles-ci
soutiennent des personnes qui viennent demander leur assistance. Dans le Territoire de
Lubero, précisément dans le Groupement de Bukenye, ce phénomène s'est vécu surtout
pendant la rébellion du RCD/KML. Toute personnes qui allait au près de ces militaires
devait avoir gain de cause. Si pendant cette période beaucoup de villages ont été
incendiés, c'était avec l'appui des militaires et à leur vu.

Nous osons croire que cet état des choses constitue une interpellation de chacun de nous.
Il est grand temps que chacun retire sa manière sur ces conflits. Les causes des conflits
fonciers sont multiples dont il nous convient de donner certaines d'entre-elles.

1.3. Les causes des conflits fonciers

La terre fait aujourd'hui l'objet des plusieurs discordes entre les différents membres de la
communauté. En effet, toute personne cherche à avoir un lopin de terre par tout moyen. Le
problème se pose différemment lorsqu'il s'agit des terres rurales ou des terres urbaines. Le
milieu rural nous intéresse beaucoup dans cette partie du fait que ses terres sont régies
par la coutume et usages locaux. Les principales causes des conflits fonciers, selon nos
recherches menées en territoire de Lubero, sont les suivantes :

1.3.1. L'explosion démographique

La forte natalité occasionne l'augmentation de la population sur une terre intacte. La terre à
cultiver devient de plus à plus rare et insuffisante pour répondre aux besoins de la
population tout entière.

A ce propos, KAHINDO SEKERAVITI dit que : « cette situation rend problématique le


rapport hommes-terre, ce qui génère des conflits. Dans le Territoire de Lubero,
précisément dans le Groupement de Bukenye, très montagneux est surpeuplé ; la terre y
est partagée en petits morceaux entre différents membres de la communauté ».

Ainsi, l'agriculture est la principale activité ; la terre étant minime, les besoins de tous ces
membres ne sont pas satisfaits. En voulant satisfaire leurs différents besoins, les gens se
disputent la terre.

1.3.2. Le pluralisme juridique

Le pluralisme juridique crée des ambiguïtés sur les droits, et donc une certaine insécurité
potentielle, à partir du moment où des revendications différentes légitimées, l'une ou l'autre
des normes peut porter sur une même espèce.
Ce pluralisme juridique est compliqué d'une pluralité d'instances de régulation : un chef de
village administratif peut prétendre jouer le rôle dans la gestion des terres. L'administration
double parfois les instances judiciaires. Les techniciens des projets de développement ou
des services techniques tendent eux-mêmes de se placer en arbitres.

L'intervention de l'Etat par des procédures d'enregistrement et ou de délivrance des titres


fragilisant les autorités coutumières et remet potentiellement en cause des droits locaux.
PHILIPPE LAVIGNE DELVILLE dit que : « le pluralisme est une cause d'insécurité
foncière, la coexistence des normes contradictoires augmentent le risque de voir ses droits
contestés et permettant tous les yeux opportunistes »21(*).

La vente ne serait-elle pas aussi une autre cause des conflits fonciers ?

1.3.3. La vente de terre

La terre étant coutumièrement une propriété collective appartenant aux morts, aux vivants
et à ceux à naître, personne ne peut aliéner seul sous prétexte de ne pas violer ce principe
cher en coutume nande. Malheureusement c'est le cas contraire à ces derniers temps du
fait que la terre est devenue un bien fort cherché.

PALUKU LIVE-RIVE dit que : « le Nande constate que dans une situation de chômage
chronique ou il évolue, la terre reste une source facile de revenu, il suffit de la vendre pour
récupérer des sommes importantes d'argent. D'où l'accroissement des litiges par le
moindre défaut d'honorer la redevance est une cause de résiliation du contrat
d'amodiation »22(*). Il s'agit là de l'évolution négative qui s'installe, car à la longue, par le jeu
de la vente et des effets des décisions des justices, les paysans finiront par se retrouver
sans terres à habiter et à cultiver. Lorsque les gens ont fini à vendre leurs terres, ils
cherchent à constater les droits des autres en cherchant où cultiver. Les riches cherchent à
s'accaparer beaucoup des terres. De cela, Live-Rive ajoute que : « l'on peut facilement
réaliser ce qui deviendront ces paysans lorsque toutes les terres seront accaparées par les
nantis »23(*).

1.3.4. La faiblesse de la justice congolaise

Pour KAMAVU Petillon : « Aujourd'hui la justice Africaine est en chantier. Souvent l'appareil
judiciaire est à construire ». La particularité se trouve en République Démocratique du
Congo où les autorités judiciaires se rendent corruptibles et donnent justice aux personnes
financièrement fortes. C'est dans ce même angle d'idée que KAMBALE BAY souligne que :
la même situation se vit en ville de Butembo où les commerçants encaissent des vastes
terres pour leurs fermes, gagnent des procès fonciers au détriment des pauvres paysans.

Ce qui ne fait qu'augmenter les conflits fonciers au lieu que ces derniers puissent diminuer.
La population n'a plus confiance à la justice congolaise. Elle crée une vengeance privée à
laquelle la population veut toujours recourir.

1.3.5. La mésentente entre les vassaux et les « Bakama »


Comme actuellement, la terre fait l'objet de commerce, les chefs terriens et les vassaux y
sont impliqués. Certains vendent la terre sans informer les autres. En matière d'aliénation
d'une terre coutumière, il est prévu une indemnisation appelée « OMULUKYO », qui n'est
pas souvent respecté et qui crée ces conflits.

Par ailleurs, un chef terrien peut refuser de percevoir la redevance sous prétexte de
reprendre le champ de son vassal. Ainsi certains vassaux ne respectent pas les échelons
de versement de la redevance coutumière, car les collectivités traditionnelles sont
organisées ou structurées selon un principe hiérarchique pyramidale »24(*). Il n'est pas
permis à un vassal de verser la redevance auprès du chef de son chef c'est-à-dire au
« MUKEKULU » ou à un « MUKEKULU » de demander la redevance auprès des sous-
vassaux.

1.3.6. Les conflits inter et intrafamiliaux

L'expérience que nous vivons aujourd'hui sur la question foncière, nous révèle que la terre
soulève toujours de sérieux problèmes dans beaucoup de familles. Quand on commence à
s'interroger sur son passé, interroger l'histoire sur la situation généalogique de la famille,
on arrive à des conséquences de divers formes : soit la considération des liens familiaux
soit leur destruction. Dans ce dernier cas, cette destruction se manifeste par les conflits
généalogiques interminables.

Ainsi naissent des conflits fonciers souvent très évidents entre proches parents.

On entend souvent ce langage dans les tribunaux et dans les séances de


conciliation : « Tel perçoit la redevance alors que les liens familiaux avec lui ne sont pas
bien définis ». En outre, la perception de la redevance crée de mésentente entre les
membres de la famille perspectrice de cette redevance. Souvent, elle est perçue par une
personne ou soit par un groupe des personnes. Les autres membres ne peuvent pas rester
sans réclamations.

Ce sont là quelques causes principales des conflits fonciers. Il sied maintenant d'en
dégager les conséquences.

1.4. Les conséquences des conflits fonciers.

PHILIPPE LAVIGNE DELVILLE dit : « le caractère rigoureux de la procédure censée


garantir une fiabilité parfaite, aboutit aussi à des dossiers incomplets, à des procédures
inachevées, à des vices de forme, les multiples étapes multipliant aussi les occasions de
corruption »25(*). Une décision qui sortira d'une telle situation aura du mal à être exécutée.
Les gens vont s'entretuer, il y aura des incendies multiples des maisons, la pauvreté, la
destruction méchante des cultures ;... Cette réalité est très visible en territoire de Lubero.
Nous pouvons regrouper les conséquences des conflits fonciers en milieu rural sur trois
points de vue notamment sur le plan politique (A), sur le plan économique (B) et sur le plan
social (C).
1.4.1. Les conséquences des conflits fonciers sur le plan politique

Les sociétés africaines sont bâties sur un modèle selon lequel tout le monde se prend pour
frère. Ainsi la crise foncière qui frappe tout individu frappe toute la société. C'est dans cette
hypothèse que s'inscrit les indétrônables procès des conflits car une victime du procès
entraîne toute une communauté derrière le sort du verdit.

C'est ainsi qu'il se crée une insécurité permanente surtout dans les régions maraîchères où
la démographie a sensiblement augmenté. Il suffit de faire un bilan des enfants qui ont
alimentés en potentiel humain, les vagues des milices Maï-Maï pendant la dernière
décennie pour comprendre cette crise politique. L'on notera que la plupart sont ceux qui s'y
sont fait enrôler pour répondre à un devoir de vengeance contre ceux qui auraient « Ravi »,
dans les temps, les terres de leurs familles.

Pour lutter contre le fléau qui ronge la société, il est essentiel de créer des conditions qui
visent la sécurisation foncière de l'exploitant agricole, l'Etat qui devrait dès lors planifier et
harmoniser les approches de manière à assurer la sécurité de la population de base. L'Etat
ne peut pas être absent dans le secteur agricole, qui nourrit plus de 80% de la population.
Préoccuper de la même idée, KAHAMBU SEKERAVITI nous donne l'exemple parlant,
même s'il n'est pas dans notre rayon d'étude, deux communautés se trouvent dans un
même milieu avec des activités différentes : les « Bahema » éleveurs en quête de pâturage
pour leurs bêtes, détruisent et envahissent les champs de la communauté « Lendu » qui
sont les cultivateurs.

Ceci a entraîné le déclanchement d'une guerre avec comme conséquence des pertes des
vies humaines, les antagonistes dans les familles, des maisons brûlées ;... et certaines
personnes sont obligées de quitter leur village pour se déplacer jusqu'en ville. La terre est
transformée en un instrument des conflits au lieu qu'elle soit un moyen de production26(*).
Dans le même ordre revient les conséquences des conflits fonciers sur le plan
économique.

1.4.2. Les conséquences des conflits fonciers sur le plan économique

Il est vraiment pitoyable de voir le nombre des dossiers des conflits fonciers qui
encombrent les tribunaux qui d'ailleurs connaissent une procédure longue et coûteuse. Les
paysans du Territoire de Lubero n'ont pas encore compris que l'arrangement à l'amiable de
leurs différends serait moins coûteux que la saisine dune instance qui, du reste, nécessite
l'assistance d'un avocat pour mieux comprendre le mécanisme judiciaire qui parfois profite
de l'ignorance des justiciables pour le traire et les abonnement aux greffiers et magistrat
pour les sucer d'avantage27(*).

Vue la perte de temps devant les biens perdus pour chercher les honoraires, le paysan voit
tout son investissement brûlé en un clin d'oeil : les enfants n'étudient plus, les champs de
la famille sont vendus ;... les chèvres sont distribuées au personnel judiciaire dans l'entente
d'un jugement favorable. En outre les gens vendent leurs chèvres et vaches à cause de la
terre et automatiquement lorsqu'ils finissent leurs biens ; ils deviennent pauvres. Enfin les
conséquences des conflits fonciers sur le plan social.

1.4.3. Les conséquences des conflits fonciers sur le plan social

La terre étant un des facteurs qui constituent une nation. Celle-ci revêt une importance
capitale dans la vie de l'homme et de la société tant qu'elle est source de développement
économique. Elle est donc le pouvoir dans la mesure où elle tient : l'agriculture, l'élevage,
l'habitation, les ressources minières et elle configure aussi l'étendue du pouvoir d'un Etat.
La quête de la terre non seulement des terres fertiles, est toujours un problème social
crucial28(*). L'Etat doit bien gérer pour garantir la sécurité et faire face à tout facteur pouvant
préjudicier la bonne politique ou l'administration du pays. La terre renferme, une fortune
économique pour la survie, le développement de l'homme de la même manière pour qu'un
pays ou une entité donnée puisse se développer. Ceci donne une estime aux citoyens qui
voulaient satisfaire leurs besoins. Par contre, une entité conflictuelle ne peut en aucun cas
décider d'un développement car les ressources seront mal distribuées et profiter ainsi à
une seule classe de la population. De ce fait, il y aura aussi une instabilité politique à
l'intérieur du pays et une déconsidération de la nation.

Il est à envisager que les conséquences sur le plan social se répercutent dans l'économie
de l'habitat. Les hommes deviennent de plus en plus indigents pendant les périodes
conflictuelles. Le pillage est enregistré et met un recul en matière d'investissement et
d'économie. Lors du déguerpissement forcé, les acteurs en conflit perdent d'un côté et les
autres deviennent sadiques.

Pour ce qui concerne les conflits fonciers dont nous venons d'invoquer les types ,les
acteurs ,les causes ainsi que les conséquences des conflits fonciers ;il sied d'étudier
maintenant les règles de résolution de ces conflits en territoire de Lubero .

1.2. LES REGLES DE RESOLUTION DES CONFLITS


FONCIERS EN TERRITOIRE DE LUBERO

Il nous convient dans cette section d'examiner les différents modes de résolution des
conflits fonciers en territoire de Lubero. Les conflits fonciers sont traités des différentes
manières : la conciliation, l'arbitrage, la transaction ainsi que la palabre.

1.2.1. De la conciliation.

Partant du principe : « un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès », nous
déduisons qu'en cas de conflit, les gens devraient s'entendre entre eux-mêmes pour éviter
certains effets que peut produire le procès devant les juridictions de droit. Lors de la
conciliation, les parties en conflit foncier sont réunies au tour d'un modérateur et certains
sages du village ou localité pour tenter de résoudre le conflit foncier opposant les
personnes. « En cas des conflits entre les « BASOKI », ils sont conciliés par leur
« MUKAMA » ainsi que de toute personne ayant connaissance du terrain, objet de conflit.

Lorsque les conflits partagent le vassal avec son chef terrien ou chefs terriens entre eux,
c'est le conseil du chef de chefferie qui intervient ; les vassaux ne peuvent pas intervenir à
ce stade car ils n'auront comme « MUKAMA » celui aura gain de cause »29(*).

Quelques cas où on a recouru à ce mode.

Rappelons que cette méthode a permis de réconcilier certaines personnes membres des
mêmes familles en opposition au sujet de la terre familiale qui ne pouvait plus se parler, à
rétablir leurs relations et de cohabiter ensemble.

Sont les cas suivants :

1. Le conflit foncier qui opposait NZAVUNIMBA à son Frère LWASIRE ; le premier qui était
dans l'impossibilité de retourner dans son village d'origine YIKUVULA, après 5 ans de
déplacement. Sa parcelle et son champ étaient occupés par LWASIRE à la suite de son
absence prolongée, qui refusait de les lui restituer. La résolution du conflit a été tentée
successivement en famille ; chez le Chef de Groupement, mais sans succès. Ce conflit
foncier a occasionné des actes de violences de part et d'autres, et même d'arrestation
arbitraire. C'est grâce à un Chef neutre du Groupement Bukenye qu'un compromis a été
signé par les deux frères jadis ennemis, le 13/08/2011. La résolution de ce conflit foncier a
mis fin à une longue période de violence30(*) ;

2. le conflit foncier relatif au terrain de VULIYI qui opposait le vassal VUKULEHE à son
chef terrien NZILAMBA, ce conflit qui a commencé depuis2004 et qui a pris fin à 2007,
lorsque le chef de localité IREMERA avait tenté de les concilier. Le chef a fait participer les
parties litigantes à un réseau en vue de favoriser la communication entre elles et il les a
aidé à trouver une solution à leur conflit ;

3. le conflit foncier de limite d'exploitation qui opposait MUSHENENE à M. SHAHURI sur la


colline MUNGUNDE dans le Groupement Luongo31(*). Les cas dans lesquels on a utilisé
cette méthode sont nombreux ; c'est pourquoi nous avons montré quelques cas concrets.
Rappelons que ces actions de conciliation aboutissent à la rédaction des compromis
comme acte d'engagement dans lequel les parties s'engagent de faire cesser les actes de
violences et de laisser jouir chacun de ses droits. Les actes de compromis que les parties
signent valent normalement entre-eux et s'exécutent par leur propre volonté l'objectif étant
de faire cesser les violences32(*). L'arbitrage ne serait-il pas un autre mode de résolution des
conflits fonciers ?

1.2.2. L'arbitrage

A. Définition

Faute d'une définition légale, on peut définir l'arbitrage comme « une juridiction que la
volonté des parties confère à des simples particuliers pour statuer sur une ou plusieurs
contestations qui les divisent ».33(*) De cette définition il ressort que :

ü L'arbitrage est un contrat qui exige la volonté de toutes les parties ;


ü L'arbitrage suppose l'existence d'un différend, d'une contestation.

L'arbitrage est donc un contrat par lequel les parties se décident de soustraire leur
contestation présente ou à venir aux juges pour les soumettre aux personnes privées,
juges non professionnels34(*).

Un arbitre doit être quelqu'un qui interprète les faits et propose des solutions aux parties. Il
peut rendre une sentence. Il est prévu que l'arbitrage des conflits fonciers doit se faire à la
chefferie ou au groupement dans laquelle se trouve la terre litigante. Aucun dossier ne sera
pas reçu au tribunal, si ce dernier n'a pas encore été examiné par le conseil consultatif
provincial de l'agriculture qui est une instance de conciliation35(*).

B. Quelques cas où les parties ont fait recours à ce mode.

En territoire de Lubero, il y a beaucoup des cas dans lesquels les parties ont fait recours
aux arbitres pour résoudre leurs problèmes fonciers ; en voici quelques uns :

1. Par exemple le cas du conflit KATHI-KAKIHUGHO et KIHITSI, le dossier datant de 1995


et a pris fin en 2004 par la sentence arbitrale de monsieur TOWALUSO, ancien Chef de
Groupement Bukenye à qui les parties avaient attribuée le dossier, pour l'arbitrage.

2. le conflit entre les clans de la famille RAÏS et MUKATA qui se disputent la colline
KALUNDU en Groupement Bulengya. Les deux familles n'ont jamais vécu en paix d'après
les témoignages recueillis auprès de dépositaires de coutume et d'autres témoins. Ils se
sont décidés de chercher un arbitraire qui était le Chef coutumier de la Chefferie des
Baswagha36(*). Notons ce pendant que la sentence arbitrale doit être écrite et signée par
l'arbitre qui a siégé à cette matière. La sentence met fin aux différends qui opposent les
parties. Quid de la transaction.

1.2..3. La transaction

Il n'est pas interdit aux parties de transiger en matière des conflits fonciers qui les
opposent. Le code civil congolais livre III à son article 583 définit la transaction comme un
contrat par lequel les parties terminent une contestation à naître. Même si le jugement est
devenu définitif, les parties peuvent toujours transiger et la coutume l'admet ainsi.

Ce processus peut être tenu ou présidé par une autorité coutumière, un leader d'opinion,
bref par toute personne de confiance, aux yeux des parties en conflit. Lors de nos
recherches effectuées nous n'avons pas trouvé les cas des conflits fonciers résolus par ce
mode.

1.2..4. La palabre

Une palabre est comprise comme une instance coutumière qui traite d`une situation
conflictuelle ou d'un problème de grande importance concernant des personnes ou
plusieurs groupes et ayant comme objectif principal, non de condamner ou de donner
raison à l'un ou l'autre, mais de rétablir l'harmonie des rapports sociaux37(*). La procédure
peut prendre plusieurs jours. Elle se prépare et se déroule minitieusement, en ce sens que
les personnes composant le jury, y compris leurs plaideurs, prennent le temps de
convaincre les parties d'accepter la solution donnée par les sages.

A l'issu de la palabre, l'adhésion des parties au conflit et l'assistance est souvent acquise
d'autant que la procédure prend généralement fin par une conciliation marquée par un
geste symbolique : le partage d'un repas, d'un verre ou de tout signe de rétablissement de
la paix et de l'harmonie.

Les cas des conflits fonciers résolus par la palabre

1. Il s'agit d'un cas de conflit de limite du champ qui opposait les deux vassaux : Messieurs
VILAMBO et KIPIPI, tous vassaux de MUSWANDINA dans le groupement Bukenye. Pour
mettre fin à ce conflit MUSWANDINA avec les sages du village de Kaleveryo les avaient
invités dans une palabre. Comme toute instance judiciaire chaque partie avait exposé ses
prétentions devant les sages du village. Celles entendues, le jury a proposé de diviser en
deux les cinquante mètres querellés. Avec la volonté des parties de mettre fin aux actes de
violences, la procédure avait pris fin par une conciliation marquée par un geste
symbolique : les parties avaient été recommandées d'apporter le vin des Bananes appelé
« MUNZENZE » et une poule qui avaient été consommée en signe de rétablissement de la
paix et de l'harmonie entre les parties.

2. Même chose pour le conflit qui opposait WILEMA de MAVUNDA tous du Groupement
Bukenye : cause du conflit ; non paiement de la redevance chez son chef terrien
MAVUNDA, en peine plus de 10 ans, le vassal WILEMA selon les renseignements nous
fournis par le Chef de poste d'encadrement de Kipese, ne versait plus la redevance et ne
voulait pas même quitter le champ. La palabre organisée à l'intention de ces deux gens par
les sages ; WILEMA s'était reconnu fautif et jugea qu'il honorera cette fois ci le contrat. Les
deux parties, en signe de reconnaissance le jury les recommandant de payer une chèvre et
de griller le foie afin de le consommer ensemble38(*).

Au sein de chaque milieu, il existe des mécanismes de résolution des conflits. Ces
mécanismes apparaissent comme des pistes de solutions soutenues pour prévenir la
cohésion et la paix sociale.

Généralement, on range dans le processus de l'arrangement amiable la transaction, la


conciliation et l'arbitrage (au sens de négocier pour mettre fin à un conflit).

CHAPITRE DEUXIEME : LA LOI


FONCIERE ET LA RESOLUTION DES
CONFLITS FONCIERS EN TERRITOIRE
DE LUBERO
Le conflit doit être résolu afin de diminuer les tensions qu'il crée dans la société.
Généralement, la résolution des conflits ou litiges revient, dans plusieurs pays à l'heure
actuelle, aux Cours et Tribunaux39(*). La loi organise des cours et tribunaux pour trancher
les litiges civiles de diverses natures qui naissent entre les citoyens.

Dans le présent chapitre, il est question d'étudier les litiges fonciers régis par la loi foncière
(section I) et les obstacles de l'application de la loi foncière en territoire de Lubero (section
II).

2.1. LES LITIGES FONCIERS REGIS PAR LA LOI


FONCIERE

Il n'existe pas des règles judiciaires spéciales de résolution des conflits fonciers. Les
conflits fonciers régis par la loi tout comme par les coutumes, obéissent aux mêmes règles
de la procédure judiciaire. Ce point traite des tribunaux compétents pour connaître les
litiges fonciers (§1)

2.1.1 : LES TRIBUNAUX COMPETENTS

Les tribunaux compétents en matière foncière sont ceux de droit commun et qui obéissent
aux mêmes règles des compétences. Cependant, ce qui nous intéresse sont les
compétences de ces tribunaux en matière foncière. Ainsi nous analyserons les
compétences civiles et les compétences répressives.

A. les Tribunaux Civils

Les compétences en matières civiles sont essentiellement reparties entre le Tribunal de


Paix et le Tribunal de Grande Instance ; la Cour d'Appel et la Cour Suprême de Justice ne
connaissent que les affaires sur recours.

A1. Le Tribunal de Paix

Aux termes de l'ordonnance,-loi N°82-020 du 1er mars 1982 portant code d'organisation et
des compétences judiciaires à son article 110 alinéa 2, les Tribunaux de Paix connaissent
de toutes les autres contestations susceptibles d'évaluation pour autant que leur valeur ne
dépasse pas cinq mille Zaïres (le montant était ramené à 500 millions des francs congolais
par la conférence Nationale souveraine40(*) mais qui est malheureusement resté lettre morte
car jusqu'à présent aucune ordonnance n'a modifié celle de 1982)

L'analyse de cette disposition élargit les compétences du tribunal sans citer nommément
les types des conflits que celui-ci doit connaître. Contrairement à l'alinéa premier du même
article qui limite les compétences du Tribunal seulement aux contestations qui portent sur
les droits de la famille, les libéralités et les conflits fonciers collectifs ou individuels régis par
la coutume ; l'alinéa 2 étend sa compétence aux litiges dont la valeur en argent ne dépasse
pas 5 milles Zaïres. Cet alinéa exclut du champ d'application des compétences du tribunal
de paix, les conflits fonciers régis par le droit écrit, on cite par là les concessions
perpétuelles et ordinaires prévues par la loi dite foncière de 1973 mais aussi les terres du
domaine public de l'Etat.

A2. Le Tribunal de Grande Instance

Le Tribunal de Grande Instance est compétent pour connaître des toutes les contestations
ne relèvant pas du Tribunal de Paix41(*). Cette disposition incluts toutes les contestations qui
ne relèvent pas du Tribunal de Paix, c'est-à-dire toutes les dispositions dont la valeur
excède 5000 Francs congolais.

D'emblée toutes les contestations foncières relèvent du tribunal de Grande Instance. En


outre, aux termes de la loi dite « foncière », les décisions du Conservateur peuvent être
attaquées par un recours devant le Tribunal de Grande Instance. Le recours est introduit
par voie d'assignation du fonctionnaire, dans les formes de la procédure civile42(*). Le
conservateur des titres immobiliers est un fonctionnaire de l'Etat qui administre une
circonscription foncière43(*).

En effet, en matière civile les litiges fonciers qui opposent les parties relèvent pour leur
grande part du tribunal de grande instance.

B. Les tribunaux répressifs.

Les conflits fonciers dans bien des cas, entraînent la commission des infractions. Ainsi,
nous rappelons seulement les principes relatifs à la compétence matérielle, des Tribunaux
des Paix et de Grande Instances.

B1. Le Tribunal de Paix

Le Tribunal de Paix en matière répressive est compétent pour connaître de toutes les
infractions punissables de 5 ans, au maximum, de servitude pénale principale et d'une
peine d'amende, quel qu'en soit le taux, ou l'une de ces peines seulement44(*).

Ce qui revient à dire qu'une violation des droits fonciers dont les peines sont inférieures à 5
ans de servitude pénale principale sont de la compétence du tribunal de paix. Il en est le
cas des infractions prévues aux articles 205, 207 de la loi N° 73-021 du 20 juillet 1973 dite
loi foncière.

En effet la loi dite « foncière » dispose :

1. Sera passible d'une peine de 6 mois à 5 ans et d'une amende de 50 à 300


Zaïres ou d'une de ces peines seulement :

ü L'autorité qui aura conclu au nom de la personne publique,


propriétaire, un contrat nul.

ü Le fonctionnaire qui aura dressé un certificat d'enregistrement en


vertu d'un tel contrat.

2. sera passible d'une peine de 2 à 5 ans et d'une amende de 100 à 300


Zaïres ou d'une de ces peines seulement.

Toute personne qui, par contrainte, menace ou toute autre pression aura obligé un
fonctionnaire de l'administration du domaine ou des titres immobiliers à agir en violation
des dispositions de la présente loi.

Nul ne peut construire ou réaliser n'importe quelle autre entreprise sur une terre concédée
en vertu d'un contrat frappé de nullité. Toute infraction à la disposition qui précède sera
punie d'une servitude pénale de deux mois à un an et d'une amende de 100 à 500 Zaïres
ou d'une de ces peines seulement. Tout acte d'usage ou de jouissance d'une terre
quelconque qui ne trouve pas son titre dans la loi, constitue une infraction punissable d'une
peine de deux à six mois de servitude pénale et d'une amende de 50 à 500 Zaïres ou d'une
de ces peines seulement. Les co-auteurs et complices de cette infraction seront punis
conformément au prescrit des articles 21 et 22 du code pénal. Un contrat de concession
est nul aux termes de l'article 204 de la loi dite « foncière ». Tout contrat de concession
conclu en violation des dispositions impératives de la présente loi ; tout contrat contraire
aux dispositions impératives d'ordre urbanistique.

B2. Le Tribunal de Grande instance

Le Tribunal de Grande Instance est compétent pour toute infraction punissable d'une peine
de mort et de celle punissable d'une peine de servitude pénale principale de plus de cinq
ans45(*). Certaines infractions de la compétence de ce tribunal sont soumises dans le cadre
des conflits fonciers. D'où on peut citer : le meurtre, l'extorsion, la rébellion, stellionat,
occupation illégale des terres, destruction méchante des cultures,...

C. Présentation des infractions courantes

Nous avons bien dit précédemment que les conflits fonciers dans bien des cas, entraînent
la commission des infractions. C'est pourquoi, le tableau ci-après démontre les infractions
courantes qui ont comme soubassement les conflits fonciers.

ANNEES TOTAL %
Infractions courantes aux
conflits
1 Occupation illégale des 2006 2007 2008 2009 2010
terres 98 107 120 131 147 603 63,5
2 Stellionat 8 11 13 15 18 65 6,8
3 Destruction méchante des 2 1 2 4 4 13 1,3
cultures
4 Autres infractions 30 31 57 68 72 268 28,4

SOURCES : Nos enquêtes au tribunal de paix de Butembo

D. Commentaires

1. Sur un total général de 949 infractions examinées par les Tribunal de paix
de Butembo relativement en sa compétence matérielle, 603 infractions sont
constituées par l'occupation illégale des terres, 65 cas de stellionat ainsi que
la destruction méchante constituées par 13 cas. Les autres infractions dans
leur ensemble n'occupent que la différence de 268 infractions sur le total de
949. A terme de pourcentage, les trois infractions dues à la terre
susmentionnées réalisent 71,6% dont 63,5% d'occupation illégale ; 6,8%
stellionat ; et 1,3 % de destruction méchante des cultures ; le reste
d'infractions n'occupent que 28,4%%

Face à un tel constat, il y a lieu d'affirmer que parmi les infractions qui sont traitées par le
Tribunal de Paix de Butembo, celles d'occupations illégales des terres, de destruction des
cultures ainsi que de stellionat ont le mérite d'être qualifiées d'infractions courantes.

2. S'il nous faut considérer chacune de ces trois infractions, leur évolution va
de façon croissante d'une année à une autre tel qu'il ressort des éléments ci-
après :

v Pour l'occupation illégale des terres, 98 cas à 2006, 107 cas à 2007 ; 120 cas à 2008 ;
131cas à 2009 et 147 cas à 2010.

v Pour le stellionat : 8 cas à 2006, 11 cas à 2007 ; 13 cas à 2008 ; 15 cas à 2009 et 18 cas
à 2010.

v Pour la destruction méchante des cultures : 2 cas à 2006 ; 1 cas à 2007 ; 2 cas à 2008 ;
4 cas à 2009 ; enfin 4 cas à 2010.

Nous avons constaté que les conflits fonciers évoluent progressivement avec le temps.
C'est pourquoi face à la recrudescence de ces trois infractions courantes avec le temps,
examiner ici comme conséquence directe des conflits fonciers, il n' y ait point de doute
d'affirmer qu'en Territoire de Lubero pareilles infractions sont les fruits desdits conflits.
D'ailleurs, ces résultats pourraient présenter un nombre plus élevé que celui qui a été
examiné par le Tribunal de Paix de Butembo, si tous les cas pouvaient être déclarés
devant cette juridiction. Car, rappelons que le chiffre noir de la criminalité englobe les cas
qui échappent aux juridictions compétentes.

3. S'agissant de la loi ;

Ø L'occupation illégale des terres est le fait d'occuper sans titre ni droit un immeuble
appartenant à autrui. Cette infraction est incriminée par les articles 206 et 207 de la loi
foncière.

Ø Le stellionat quant à lui est compris comme le fait de céder ou de vendre l'immeuble
appartenant à autrui lui créant ainsi préjudices. L'article 96 du code pénal livre II en requiert
la peine.

Ø La destruction méchante des cultures ; il s'agit de détruire volontairement les cultures


appartenant à autrui assorti des préjudices grave. Les articles 110 à 112 du code pénal
livre II en requiert la peine.
Les autres infractions examinées par le tribunal de paix de Butembo sont :

ü L'abus de confiance, article 45 du code pénal livre II

ü L'escroquerie article 98 du code pénal du livre II

ü Arrestation arbitraire : articles 67 du code pénal livre II

ü Le vol simple : article 79 du code pénal livre II

Dans cette catégorie nous nous servons de ces infractions à titre illustratif, car il ya bien
d'autres qui ont été traitées par le tribunal de paix de Butembo relativement à sa
compétence matérielle. Il sied aussi de rappeler que le territoire de Lubero n'a pas un
tribunal de paix et que ce sont les tribunaux de Butembo qui connaissent de tous les litiges
qui surgissent dans la gestion foncière. Ceux-ci sont appelés à appliquer la loi en cas des
litiges fonciers. De ce fait, il convient de parler des obstacles de l'application de la loi
foncière.

2.2. LES OBSTACLES DE L'APPLICATION DE LA LOI


FONCIERE EN TERRITOIRE DE LUBERO.

La résolution des conflits fonciers est une question qui ressort des règles du droit
procédural. Mais il est évident qu'une justice ne saurait être bien rendue sur base d'un droit
substantiel mal posé. Il est à noter que les obstacles de l'application de la loi foncière sont
multidimensionnelles. Parmi lesquels nous en avons retenus les suivants : les problèmes
liés à la genèse des textes légaux (§1), l'inadéquation entre la loi et la coutume (§2),
ambiguïté du statut des terres rurales (§3), ainsi que la prédominance des pratiques en
marge de la loi (§4).

2.2.1. LES PROBLEMES LIES A LA GENESE DES TEXTES LEGAUX.

La plupart des dispositions juridiques coulées sous forme des lois demeurent desuètes tant
que leurs conceptions ou élaborations ne tiennent pas compte de l'environnement
sociologique ou culturel du milieu dans lequel elles sont appelées à être appliquée46(*). La
non-implication des communautés locales dans la production des textes légaux fonciers en
milieu rural, spécialement en RDC et en territoire de Lubero paraît bien reposer sur cet
autre facteur qui consiste en une traduction imparfaite du droit non seulement sur le plan
processuel ou judiciaire, mais d'une manière plus fondamentale sur le plan de la genèse de
la règle du droit positif en l'occurrence de celui qui s'applique au domaine foncier. Il est vrai
qu'un droit mal posé ne peut être que mal traduit par les tribunaux au point de ne pas
obtenir l'adhésion du sujet du droit47(*).

Le droit deviendrait alors un facteur criminogène si l'on prend en compte non seulement
l'exigence de conformité à la norme positive dans le processus de gestion préventive de
conflit, mais aussi et surtout l'inclination à un ordre normatif non légitimé aux yeux du
peuple. Un droit qui ne traduit pas les valeurs intrinsèques de la population qu'elle est
sensée régir, tombe dans l'illégitimité et devient une source de boycott entraînant une
opposition entre la population48(*). Opérant un juste diagnostic à propos des praticiens
congolais bien avisés notent avec raison que si le problème foncier du territoire de Lubero
peut s'analyser en un problème de l'histoire politique et sociale de cette partie du pays « Il
est aussi le problème de l'enchevêtrement des textes régissant la propriété foncière ; dans
notre pays les textes à bien des égard mal diffusés, incompris et inaccessibles à la masse
laborieuse à laquelle ils sont destinés49(*). En effet, la loi foncière N°73-021 du 20/07/1973
portant régime général des biens, régimes fonciers et régimes de sûretés, illustre bien le
phénomène d'une oeuvre législative congolaise, dont la publication par voie classique du
journal officiel n'est que théorique au point de faire mériter la règle « Nemo censentur
ignorare legem » tout le ridicule que le commun des mortels lui réserverait dans le domaine
qui intéresse la présente analyse.

Alors que la loi précitée n'a guère fait l'objet de consultation ou de sensibilisation suffisante
dans la phase précédant son adoption au Parlement, cette importante oeuvre législative
congolaise post indépendante ne semble pas avoir bénéficié d'une publicité efficiente,
encore moins d'une vulgarisation suffisante. Il serait superflu de souligner le risque que
cette passivité emporte sur le double plan de la prévention comme de la résolution des
conflits fonciers. Un phénomène de rébellion aux lois ne peut que s'alimenter de cette
ignorance à laquelle tristement abandonnées les populations destinataires de ces lois50(*).

Quand bien même on trouverait une quelconque prise en compte de l'intérêt des
communautés rurales, ne serait ce que par le processus d'intégration du droit coutumier, il
reste fort regretable qu'en cette matière importante d'élaboration du droit n'ait pas
suffisamment capitalisée. Les multiples bénéfices des méthodes participatives et de
concertation vivement recommandées dans tout projet de développement. In fine, cette
profonde sagesse de Ghandi selon laquelle : « Tout ce que vous faites pour moi mais sans
moi, vous le faites contre moi », pourrait se vérifier en l'occurrence. La clé de tout est la
participation : il ne devrait y avoir de projet qui n'implique pas à un certain degré de
participation de la part des destinataires.

Les conclusions ne doivent pas surprendre presque toutes les enquêtes sur les
composantes des projets réussis soulignent l'importance capitale de la participation51(*). La
participation devra être effective dès les premières phases de la conception des projets des
lois. On pourra ainsi être sûr que ses objectifs sont fondés autant que possible sur les
besoins ressentis par les gens sur leurs priorités, sur l'intérêt porté à ce qu'ils considèrent
comme des problèmes importants. Au plan législatif, la participation doit être perçue
également comme un moyen de s'assurer que les projets sont montés en tenant compte
des conditions ou réalités locales. C'est pourquoi la légitimité de la loi dite « foncière » de
1973 est parfois contestée par les chefs coutumiers de la République Démocratique du
Congo et en particulier par ceux du Territoire de Lubero. Il s'agit d'un système qui leur
apparaît comme étrange, inadapté à leurs moeurs et basé sur des règles dont ils ne
connaissent pas l'origine52(*).

L'inadéquation entre la loi et la coutume est aussi un obstacle de l'application de la loi


foncière en Territoire de Lubero.

2.2.2. LACUNES TENANT A L'INADEQUATION ENTRE LA LOI ET LA


COUTUME

D'aucuns n'ignorent qu'il y a conflit entre la loi foncière et la coutume. « Le législateur, en


légiférant sur la matière foncière entend mettre un terme à une situation équivoque qui peut
être créé »53(*). Mais le constat en est que les conflits fonciers augmentent plutôt que de
diminuer.

En effet, la loi foncière écrite ne définit pratiquement pas les droits de jouissances sur les
terres de communauté locales, lesquels droits étaient prévus pour être réglés par une
ordonnance du Président de la république. Ainsi, la jurisprudence de la Cour Suprême de
Justice qui indique en vertu de la loi foncière, le droit de jouissance sur les terres occupées
par les communautés locales sont régies par le droit coutumier en attendant leur
réglementation par l'ordonnance présidentielle54(*).

La conséquence est que l'accès et le contrôle de la terre dépend à la fois du principe de la


législation foncière écrite et du droit coutumier. D'une part, les nouveaux acteurs utilisent la
loi foncière pour se partager et occuper légalement ou irrégulièrement les plantations
abondantes et des nouvelles concessions foncières sont obtenues par des grignotages
ancestraux sans l'autorisation de leur « MWAMI ». D'autre part, nous observons ainsi une
utilisation en parallèle des règles coutumières qui reconnaissent le droit de possession aux
membres des communautés traditionnelles, et des lois formelles pour lesquelles la
recherche d'une propriété foncière individuelle par le canal des gestionnaires fonciers de
l'Etat qui est prioritaire. D'où un dualisme qui provoque une insécurité générale dans le
milieu rural. La loi foncière a créé une grande distance entre les autorités foncières et la
masse paysanne. La majorité des paysans ne disposent pas des moyens nécessaires pour
mener à bonne fin un dossier permettant l'obtention d'un titre foncier. La complexité créée
par ce vide, inconnue dans la coutume, démontre une certaine polarisation du pouvoir
foncier dans la hiérarchie administrative supérieure qui se trouve à la base de l'ordre
foncier. Le vide permet aux autorités administratives d'intervenir dans la procédure
d'enquête préalable d'octroyer irrégulièrement le pouvoir de délivrer des titres non
reconnus par la loi foncière. L'autre obstacle loge dans l'ambiguïté du statut des terres
rurales et le conflit entre le droit coutumier et le droit écrit.

2.2.3. L'AMBIGUITE DU STATUT DES TERRES RURALES ET LE


CONFLIT ENTRE LE DROIT COUTUMIER ET LE DROIT ECRIT

La persistance des conflits fonciers en milieu rural du territoire de Lubero nous semble une
résultante de l'ignorance et ou de la résistance des populations rurales premières
occupantes des terres face à un système juridique étranger, celui du droit écrit qui se
substitue à l'ordre normatif traditionnel en matière foncière. En effet, rien n'est aussi avéré
que le conflit des cultures généré par la colonisation du Continent africain qui provoqua une
rencontre brusque entre deux organisations sociales opposées, celle traditionnelle africaine
et celle occidentale55(*). Ce conflit n'a pas pris fin avec les indépendances politiques. Cette
survivance du dualisme culturel a continué à affecter la plupart des institutions sociales
africaines parmi lesquelles le régime juridique foncier. Malheureusement, devant le choix à
opposer entre les deux systèmes d'organisation juridique qui offrent au législateur
congolais, il est bien évident que la faveur accordée au droit écrit l'a manifestement
emporté sur celle réservée au droit coutumier.

L'ordonnance foncière togolaise du 6 février 1974 qui, en affirmant que les terres peuvent
être détenues soit en vertu d'un titre foncier, soit en vertu du droit coutumier. Cette
ordonnance place le droit coutumier sur un même pied d'égalité que le droit de propriété
immatriculée56(*). La loi congolaise N°73-021 du 20/7/1973 dite loi foncière ne reconnaît que
les contrats fonciers signés dans le respect de ses dispositions. Elle supprime le dualisme
juridique entre le droit écrit et le droit coutumier en unifiant les modes d'accession à la
terre. Il semble malheureusement que la coutume qui s'est bien révélée être une seconde
nature pour les sujets africains du monde rural, puisque l'approche de la domanialisation
foncière n'a pas connu plus de succès que celle de l'immatriculation, les droits fonciers
coutumiers ayant survécu en marge de la légalité foncière, gouvernant de fait les rapports
fonciers locaux et influant même puissamment sur les pratiques administratives.

Cette cohabitation entre deux ordres normatifs aux logiques internes assez divergentes ne
peut que déboucher sur une opposition des membres d'une même communauté qui ne se
réclamerait pas forcément d'un régime unique lors de la survenance d'un litige où se
manifeste une opposition d'intérêts. Il est donc banal de dire que les conflits fonciers ayant
pour objet les droits sur les terres du milieu rural congolais, plus particulièrement en
Territoire de Lubero, ne sont qu'une manifestation naturelle et simple du conflit entre les
deux régimes juridiques en cohabitation forcée, la proclamation de la propriété foncière
étatique étant restée théorique pendant que les coutumes font quasi impunément preuve
d'une arrogante vivacité, vraie nature du peuple mettant en échec les dispositions de la loi
foncière57(*). Les Chefs coutumiers se réclament conservateurs et garants des droits de
propriété collective de la communauté locale. Les terres rurales forment une catégorie
résiduelle. La loi définit les terres urbaines comme celles qui sont situées dans les
circonscriptions urbaines. Toutes les autres sont rurales. Parmi celles-ci, il y a lieu de
distinguer les terres concédées, les terres affectées au domaine public et les terres
occupées par les communautés locales.

Ces dernières, qualifiées des terres indigènes dans la législation coloniale, étaient régies
par les coutumes locales et gérées par les autorités coutumières. Elles étaient la propriété
des communautés indigènes58(*). Aux termes de l'article 387 de la loi du 20 juillet 19973,
« les terres occupées par les communautés locales deviennent à partir de la promulgation
de la présente loi des terres domaniales » elles font désormais partie du domaine foncier
privé de l'Etat. En déterminant les compétences en matière foncière, la loi a expressément
écarté les autorités coutumières du rang des gestionnaires de son domaine. En d'autres
mots, les autorités coutumières ne sont plus compétentes pour conférer un droit de
jouissance sur le sol. Au regard de l'article 56 alinéa 2 de la loi qui dispose que les terres
du domaine privé de l'Etat sont régies par la présente loi et ses mesures d'exécution, nous
pouvons affirmer que les terres occupées par les communautés locales relèvent bel et bien
de la loi du 20 juillet 1973 et qu'en conséquence nul ne peut se prévaloir des droits foncier
ou immobiliers sur elles, s'il n'est détenteur d'un certificat d'enregistrement (art 129).
Autrement dit, la coutume n'est plus source de droit en matière foncière. L'article 389 de la
même loi dispose, par contre que les droits de jouissance régulièrement acquis sur ces
terres seront réglés par une ordonnance du président de la République, celle-ci qui n'a
jamais été prise.

La question que soulève cet article est de savoir si le législateur a voulu par cette
disposition régime applicable à ces terres à une loi ultérieure. Si la réponse est affirmative,
on pourrait alors soutenir avec la cour suprême de justice qu'en attendant l'ordonnance
présidentielle promise, les droits des jouissances sur ces terres sont régis par le droit
coutumier (CSJ, RC 1932, 20 janvier 1988, RJZ, 1988, p 7, supplément N°3).

Suivant cette position de la cour, ces terres ne relèveraient donc pas de la loi dite foncière.
Elles sont régies par les coutumes locales et gérées par les autorités coutumières. Cette
interprétation reconduite en fait le dualisme du 20 juillet 1973 a voulu mettre fin. Elle est en
contradiction avec la lettre et l'esprit de la loi59(*). Force est de constater que les droits des
communautés locales sur les terres qu'elles occupent sont indéterminés. L'équivoque se
situe à trois niveaux :

1. Au niveau du régime juridique de ces terres ; c'est-à-dire des règles applicables à ces
terres.

2. Au niveau de l'autorité gestionnaire.

3. Au niveau de la nature des droits des exploitants paysans.

Hélas, la doctrine juridique congolaise n'arrive pas non plus à lever l'équivoque60(*). C'est
pourquoi les pratiques en marge de la loi prédominent.

2.2.4. PREDOMINANCE DES PRATIQUES EN MARGE DE LA LOI

Sans doute, la loi dite foncière de 1973, inspirée par la loi Bakajika qui fût élaborée pour
répondre aux besoins réels du peuple de la République démocratique du Congo, édicté
des normes précises qui réglementent le domaine d'achat, de vente et de location des
terres et ou des concessions.

Relativement à la mise de parcelle sur le marché, l'article 63 de ladite loi dispose que pour
les localités érigées en circonscriptions urbaines, le président de la République ou son
délégué fait dresser un plan parcellaire des terrains à concéder. Dans les Provinces, les
Gouverneurs sont délégués pour établir les plans parcellaires. Un terrain qui ne fait pas
partie d'un plan parcellaire ne peut être mis sur le marché et concédé que par un arrêté
spécial du Gouverneur de province (art5, ordonnance du 02 juillet 1974)

Cependant, ces dispositions officielles sont souvent ignorées tant des administrations
foncières que des autorités territoriales locales (Maires, Bourgmestres, Administrateurs de
Territoire, Chefs de Chefferie, de Secteur, de Groupement, de Localité), lesquelles, selon
le cas, « régularisent » des situations contraires à la loi ou tout simplement attribuent sans
en avoir la compétence des droits sur des parcelles et délivrent des « titres » : les fiches
parcellaires61(*). Ces pratiques sont tellement répandues à travers le pays qu'elles ont fini
par avoir une certaine légitimité, mieux une efficacité symbolique. Les attributions de terrain
par les autorités locales sur les sites non lotis et non aménagés et les morcellements
multiples des parcelles détenues en vertu des fiches parcellaires sont responsables des
constructions anarchiques et de nombreux conflits fonciers.

Bref, les pratiques administratives et populaires mettent plus ou moins en échec la loi du
20 juillet 1973 portant notamment régime foncier et immobilier. Ces pratiques posent
particulièrement un problème en ce qui concerne d'une part la valeur juridique. C'est-à-dire
les effets juridiques liés à ces « titres » qui sont abusivement délivrés aux populations par
des autorités incompétentes, d'autre part l'application des sanctions. Les titres fonciers
délivrés par les autorités territoriales sont, en effet juridiquement des actes nuls. Ils ne
peuvent ni fonder ni attester, à titre probatoire, l'existence d'un droit sur le sol. Un fait
s'impose à l'observation : les pratiques foncières en marge de la loi prédominent en milieu
urbain et elles ne sont point sanctionnées. L'article 65 de la loi dite foncière dispose par
ailleurs que les terrains sont concédés sous réserve des droits des tiers. Un problème se
pose à cet égard en cas d'extension des villes et de création de nouvelles cités. Ces
situations s'accompagnent généralement des contestations, car elles portent atteinte aux
droits coutumiers des populations locales. La question est ici de savoir si des droits
coutumiers peuvent être exercés sur des terres devenues urbaines. D'autre part, lors de la
création d'un marché foncier, en l'absence d'une procédure d'expropriation préalable pour
l'utilité publique. Les droits coutumiers restent-ils intacts sur les différents lots faisant partie
du plan parcellaire ? Les opérations foncières consécutives au changement du statut
administratif des zones rurales ne semblent assez souvent obéir à aucune logique
juridique.

CONCLUSION GENERALE
Dans le parcours de ce travail, notre réflexion a tourné autour de la question principale de
l'application de la loi foncière dans la résolution des conflits fonciers en territoire de Lubero.

Cette étude s'est articulée autour des questions suivantes : la loi foncière dans la résolution
des conflits fonciers en territoire de Lubero a-t-elle sa fonction ? Sa mise en pratique est-
elle véritable ? Et enfin à quels obstacles l'application de cette loi foncière se heurte-t-elle ?

A l'égard de cette problématique nous avons proposé les hypothèses ci-après :

1° La loi foncière a pour fonction d'adopter un seul gestionnaire et décideur de la gestion


des terres qui est l'Etat, qui atténuerait le déséquilibre entre la loi et la droit foncier
coutumier ;

2° La non mise en application de la loi foncière semblerait se visualiser dans le territoire de


Lubero ;

3° cette loi paraîtrait au peuple du territoire de Lubero comme étrange, inadaptée à ses
moeurs et basée sur des règles dont il ne connaît pas les origines.

Les méthodes exégétique et analytique suivies des techniques documentaire et d'interview


nous ont aidé à bien réaliser et vérifier nos hypothèses.

Le présent travail a été reparti en deux chapitres dont le premier traite de la gestion des
conflits fonciers en territoire de Lubero et le second porte sur la loi foncière et la résolution
des conflits fonciers en territoire de Lubero.

Au niveau du premier chapitre, nous avons révélé les types des conflits fonciers (les
conflits des limites des terrains, les conflits des terres héritées, les conflits de non paiement
de la redevance ;...), les acteurs des conflits fonciers en Territoire de Lubero (les autorités
coutumières, les vassaux, Cours et Tribunaux et les autorités militaires.) ainsi que les
modes de résolution de ces conflits en territoire de Lubero c'est-à-dire la conciliation, la
transaction, l'arbitrage et la palabre.

Le deuxième chapitre a révélé les litiges régis par la loi foncière, dont les Tribunaux de
Paix et ceux des Grandes Instances sont compétents pour connaître ou trancher ces
litiges. Parmi les obstacles, nous avons relevé : l'inadéquation entre la loi et la coutume,
l'ambiguïté du statut des terres rurales, ainsi que la prédominance des pratiques en marge
de la loi.

En première vue, nous avons constaté que, les conflits fonciers sont gérés de deux
manières : coutumière et juridique. En suite la gestion des conflits fonciers en Territoire de
Lubero a une prédominance coutumière que juridique.

En plus, la loi foncière est largement inconnue par les gestionnaires coutumiers et même
par le peuple du Territoire de Lubero en raison du taux d'analphabétisme, ce qui engendre
l'ignorance de celle-ci et les conflits perpétuels de la coutume avec la loi foncière dans le
milieu d'étude. Enfin, la nom application de la loi engendre une persistance des conflits.

Face à ces difficultés, nous recommandons à l'Etat congolais à prendre ses responsabilités
en renforçant la vulgarisation de la loi, par des séminaires, des émissions radiotélévisées
et des colloques, afin que le peuple du territoire de Lubero en particulier et celui de la RDC
en général puisse connaître son rôle dans la résolution des conflits fonciers.

Que la gestion des conflits fonciers par la coutume soit conforme à la loi foncière. L'Etat
doit encourager la création des conseils consultatifs provinciaux de l'agriculture prévu dans
la loi N°11/022 du 24 décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l'agriculture
en vue de trancher les conflits par le mode conciliateur des parties litigantes.

Nous reconnaissons encore les limites du présent travail. Néanmoins, nous estimons avoir
apporté notre contribution, à la remise en question liée à l'application de la loi foncière dans
la résolution des conflits fonciers en territoire de Lubero.

Nous pensons que les études ultérieures pourraient compléter ces jalons déjà jetés et
apporter ainsi les correctifs aux imperfections que peut connaître le présent travail.

BIBLIOGRAPHIE

I. TEXTES LEGAUX

- Constitution du 18 février 2006 de la République Démocratique du Congo ;

- Loi N° 80-008 du 18 juillet 1980 modifiant et complétant la loi N°73-021 du 20 juillet


1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et régime des sûretés,
in JO de la RDC, 46ème année numéro spécial du 15 octobre 2005 ;

- Ordonnance-loi N°82-20 du 31/03/1983 portant code d'organisation et compétence


judiciaire, in JO N°7 du 1er Avril 1982.

II. OUVRAGES

- BERNARD, A., L'arbitrage volontaire en privé. L'arbitrage en droit interne belge et


Français. Etude critique comparée. L'arbitrage en droit international privé. Droit comparé,
Paris, édition LGDJ, 1937 ;

- HARRISON,P., une Afrique verte, Paris, CTA, éd. Karthala, 1991 ;

- KANGULUMBAMBAMBI, V., la loi du 20 juillet 1973 portant régime général des biens,
régime foncier et immobilier et régime des sûretés au Congo « trente ans après : Quel
bilan ? Essai de l'évaluation, Kinshasa, éd. KAZI, 2004 ;

- KATUALA KABA KASHALA, code judiciaire zaïrois annoté, Kinhasa, édition Asyst SPRL,
1995 ;

- LUPUMBU KAMANDA, régime foncier au Zaïre, incidence sur le développement agricole,


un cahier économique et social, Kinshasa, vol XI N°3 et 4, 1973 ;

- MUGANGU MATABARO, S. ; La crise foncière à l'Est de a RDC, Bukavu, Mars 2009 ;

- MUKADI BONY et KATUALA KABAKASHALA, Procédure civile, Kinshasa, éd. Batena


Ntambua, 1999 ;

- NGOMA NGAMBU, « Politique et problème au Bas-Congo », LAPIKA DIMONFU,


problème foncier et politique agricole en Afrique centrale, Kinshasa CERDAS, 1998 ;

- NAWEZA KATOK-A-NAKAMBO, et alli, problème foncier du Nord-Kivu : des causes et de


celles de l'inexécution des décisions de justice y relatives, Kinshasa, 1981 ;

- PALUKU LIVE-RIVE KYAKA : Le droit foncier Nande dans l'évolution du régime foncier
congolais, Butembo, 1999 ;

- LAVIGNE DELVILLE P., Quelles politiques foncières pour l'Afrique rurale ? Réconcilier
pratique, légitimité et légalité, éd. karthala, Paris, 1998 ;

III. REVUES

- OUEDRAOGO, H ; « Etude comparative de la mise en oeuvre des plans fonciers ruraux


en Afrique de l'ouest »; in Etude juridique de FAO, Janvier 2005 ;

- PALUKU MASTAKI, C et KIBAMBI VAKE, « droit écrit et droit coutumier : principe


d'articulation. Réflexion inspirée par une enquête foncière dans le Masisi » in Etudes
juridiques, N°3, Goma, AAP, Avril 2005 ;

- POURTIER, R., L'Afrique centrale dans la tourmente : les enjeux de la guerre et de la


paix au Congo et alentour in Hérodote, 111 quatrième trimestre 2003.

IV. THESES, MEMOIRES ET TFC

- ANGALI KIANA KALUMBULA, Du dualisme juridique dans la gestion du domaine foncier


en RDC, mémoire, inédit, UCG, 2002-2003 ;

- KAHAMBU SEKERAVITI, les répercutions des conflits fonciers sur la vie sociale en
Chefferie des Baswagha, TFC, inédit, ENACTI, Butembo, 2007-2008 ;

- MUTUNDYA KANDUKI, les causes et sources des conflits fonciers coutumiers et leurs
impact sur le développement en Territoire de Lubero, TFC, inédit, ENACTI, Butembo,
2008-2009 ;

- MALIRO KITAMBALA, les conflits fonciers dans le Groupement LUONGO en Chefferie de


Baswagha : causes ou origines et conséquences, TFC, inédit, ISP-MUHANGI, Butembo,
2007-2008 ;

- KAKULE PILIPILI D., résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en territoire de


MASISI, mémoire éditée, UNIKIS, 2009-2010 ;

- KALAMBAY,G ; le droit zaïrois et son unification, thèse, Louvain-la-Neuve,UCL, 1973 ;

- MAFIKIRI TSONGO ; problème d'accès à la terre dans le système d'exploitation agricole


des régions montagneuses au Nord-kivu (zaïre), thèse, université catholique de Louvain-la-
Neuve, février 1994 ;

V. NOTES DE COURS

- MUYAYALO ; V ; cours de droit, structure et instructions socio-traditionnelles Africaines,


U.O.R, inédit, Butembo, 2010-2011 ;

- LUZOLO BAMBI LESSA, cours d'organisation et compétences judiciaires, UNIKIS, inédit,


2004-2005.

TABLE DES MATIERES


DEDICACE i

REMERCIEMENTS ii
SIGLES ET ABREVEATIONS iii

I. INTRODUCTION 1

1. CONTEXTE ET ETAT DE LA QUESTION 1

a. contexte 1

b. Etat de la question 2

2. PROBLEMATIQUE 3

3. HYPOTHESES 3

4. METHODES ET TECHNIQUES UTILISEES 4

5. CHOIX ET INTERET DU SUJET 5

6. DELIMITATION DU SUJET 5

7. DIFFICULTES RENCONTREES 5

8. PARTITION DU TRAVAIL 6

CHAPITRE PREMIER : LA GESTION DES CONFLITS FONCIERS EN TERRITOIRE DE


LUBERO 7

1.1. LES CONFLITS FONCIERS EN TERRITOIRE DE LUBERO 7

1.1.1 Types de conflits fonciers en Territoire de Lubero 8

1.1.1.1. Les conflits de limites des terrains 8

1.1.1.2. Les conflits autour des terres héritées. 8

1.1.1.3. Le non paiement de la redevance 9

1.1.1.4 L'exploitation illégale de terre 9

1.1.1.5. De la double cession 10

1.2. Acteurs des conflits fonciers en territoire de Lubero 10

1.2.1. Les autorités coutumières 10

1.2.2. Les vassaux 10

1.2.3. Les cours et tribunaux 11


1.2.4. Les autorités militaires 11

1.3. Les causes des conflits fonciers 11

1.3.1. L'explosion démographique 12

1.3.2. Le pluralisme juridique 12

1.3.3. La vente de terre 12

1.3.4. La faiblesse de la justice congolaise 13

1.3.5. La mésentente entre les vassaux et les « Bakama » 13

1.3.6. Les conflits inter et intrafamiliaux 14

1.4. Les conséquences des conflits fonciers. 14

1.4.1.Les conséquences des conflits fonciers sur le plan politique 15

1.4.2. Les conséquences des conflits fonciers sur le plan économique 16

1.4.3. Les conséquences des conflits fonciers sur le plan social 16

1.2. LES REGLES DE RESOLUTION DES CONFLITS FONCIERS EN TERRITOIRE DE


LUBERO 17

CHAPITRE DEUXIEME : LA LOI FONCIERE ET LA RESOLUTION DES CONFLITS


FONCIERS EN TERRITOIRE DE LUBERO 22

2.1. LES LITIGES FONCIERS REGIS PAR LA LOI FONCIERE 22

2.1.1 : LES TRIBUNAUX COMPETENTS 22

2. LES OBSTACLES DE L'APPLICATION DE LA LOI FONCIERE EN TERRITOIRE DE


LUBERO. 27

2.2.1. LES PROBLEMES LIES A LA GENESE DES TEXTES LEGAUX. 27

2.2.2. LACUNES TENANT A L'INADEQUATION ENTRE LA LOI ET LA COUTUME 29

2.2.3. L'AMBIGUITE DU STATUT DES TERRES RURALES ET LE CONFLIT ENTRE LE


DROIT COUTUMIER ET LE DROIT ECRIT 30

2.2.4. PREDOMINANCE DES PRATIQUES EN MARGE DE LA LOI 33

CONCLUSION GENERALE 35
BIBLIOGRAPHIE 37

TABLE DES MATIERES 39

* 1 Xxx, Atelier du SYDIP sur la définition des titres fonciers coutumiers « WAKULIMA AMKENI », trimestriel de l'information
de monde paysan publié par FOPAC, N° 012 mars- mai, 2009, P.6

* 2 R. POURTIER, « L'Afrique centrale dans la lourmante : les enjeux de la guerre et de la paix au Congo et alentour » in
Hérodote, 111, quatrième trimestre, 2003, p.40

* 3 S. MUGANGU,., La crise foncière à l'Est de la RDC, BUKAVU, 2009, PP 1-2

* 4 V. KANGULUMBAMBAMBI. La loi n° 73-021 du 20 juillet 1973 portant régime général des biens et régime des sûretés
au Congo, trente ans après : Quel bilan ? essai de l'évacuation, éd. KAZI. P 61.

* 5 LUPUMBU KAMANDA , régime foncier au Zaïre son incidence sur le développement agricole, un cahier économique
et social, vol. XI, N°3 et 4, 1973, P.59

* 6 KANGULUMBAMBAMBI, op cit, P. 62

* 7 NGOMA NGAMBU, « politique et problèmes au Bas-Congo », in LAPIKA ANNONFU, problème foncier et politique
agricole en Afrique centrale, Kin, CERDAS, 1988, P.55

* 8 Extrait de MUSAFIRI WAMBEREKI, juge au tribunal de paix de Butembo, cité par la Revue « HORIZON » N°4
Décembre 2007, P.20

* 9 Communication de M. LAINGULYA NJEWA, à l'atelier organisé en octobre 2002 par CEJA

* 10 ANGALI KIANA KALUMBULA, Du dualisme juridique dans la gestion du domaine foncier en RDC, mémoire inédit,
UCG 2002-2003. P.4

* 11 KAHAMBU SEKERAVITI, Les Répercutions des conflits fonciers sur la vie sociale en chefferie des Baswagha, T.F.C,
inédit, E.NA.CTI, Butembo 2007-2008, P3

* 12 MAFIKIRI TSONGO, problème d'accès à la terre dans le système d'exploitation agricole des régions montagneuses
au Nord-kivu (zaïre), thèse, Université Catholique de Louvain-là- neuve, février 1994,Kin P 256

* 13 MUTUNDYA KANDUKI, les sources et causes des conflits fonciers coutumiers et leur impact sur le développement en
Territoire de Lubero, T.F.C, inédit E.NAC.TI, Butembo 2008-2009, P 4

* 14 KAKULE KANIKI, Etude comparative de la gestion coutumière en chefferie des Bashu et Baswagha, T.F.C, inédit,
E.NAC.TI, Butembo, 2007-2008, P 5.

* 15 MUHINDO MAKUNDO, L'impact de loi foncière dans la gestion des conflits fonciers dans les Territoires de Beni et
Mambasa, T.F.C , inédit E.NAC.TI, Butembo 2009-2010, P.18

* 16 MAFIKIRI TSONGO., opcit, P.259.

* 17 Xxx, organisation foncière chez les nandes « Revue de droit et des sciences politiques au Graben », CEJA N° 4/Déc,
2007, P.31 ;

* 18Op.cit , P 32

* 19 MAJ. KISIMBA NGOY, table ronde sur la problématique foncière, Bas-Congo, salle des Banquets du flat Hôtel Ledya,
24/02/2011

* 20 F. PALUKU KAMAVU, impact de la gestion foncière sur le développement en territoire de Lubero, TFC, ENACTI
(inédit), Butembo, 2008, P.8

* 21 PHILIPPE LAVIGNE DELVILLE (éd), Quelles politiques foncières pour l'Afrique rurale ? Réconcilier pratiques,
légitimités et légalité, éd. Karthala, Paris, 1998, P.739

* 22 PALUKU LIVE-RIVE, Le droit foncier nande dans l'évolution de régime foncier congolais, Butembo, 1999, P.129

* 23 Ibidem, P23

* 24 PHILIPPE LAVIGNE DELVILLE et al ; Vers une gestion foncière communale : stratégies, outils et conditions de
réussite,éd. NEY, COTONU, 2008, P. 223.

* 25 Op cit , P.224

* 26 KAHAMBU SEKERAVITI. , op cit, P 28

* 27 MUTUNDYA KANDUKI, opcit, P.22

* 28 KANGULUMBA MBAMBI Vincent, op. cit P27

* 29 Registre des principes coutumiers régissant la terre en chefferie des Baswagha.

* 30 Propos recueilli au Chef de Groupement Bukenye, en Territoire de Lubero, lors des descentes effectuées Jeudi, le
08/03/2012

* 31 M.MALIRO KITAMBALA, Les conflits fonciers dans le Groupement Luongo en chefferie des Baswagha : causes ou
origines et conséquences, TFC, inédit, ISP-MUHANGI, Butembo, 2007-2008. P.36

* 32 MUTUNDYA KANDUKI, Op. cit, P. 19

* 33 MUKADI BONYI et KATUALA KABA KASHALA, Procedure civile, Kinshasa, éd. Batena Ntambwa, 1999

* 34 KILIMA MABANGI, Procédure civile, notes de cours polycopiées, UNIKIS, FD, 2 ème graduat, Kisangani, 2007-2008, P
35

* 35 Article 26 de la Loi N° 11/022 du 24 Décembre 2011 portant principes fondamentaux relatifs à l'agriculture.

* 36 M. MALIRO KITAMBALA, op. cit, P.38

* 37 Xxx, les conflits fonciers en ITURI ; de l'imposition à la consolidation de la paix ; RCN, justice et démocratie, 2009, P22.

* 38 Renseignements recueillis au près du chef de poste d'encadrement de Kipese, Monsieur KULIUMBWA, vendredi le
9/03/2012.

* 39 A. BERNARD, « L'arbitrage volontaire en droit privé. L'arbitrage en droit interne belge et Français. Etude critique
comparée. L'arbitrage en droit international privé. Droit comparé », LGD, Paris, 1937

* 40 LUZOLO BAMBI LESSA, cours d'organisation et compétence judiciaires, UNIKIS, inédit, Kisangani, 2004-2005, P.100

* 41 Article 111 de l'O.L N°82-020 du 1er mars 1982, portant code d'organisation et de compétence judiciaire.

* 42 Article 244 de la loi N° 73-021du 20 juillet 1973 portant régime général des biens, régime foncier et immobilier et
régime de sûretés.

* 43 Article 223, idem


* 44 KATUALA KABA KASHALA, Code judiciaire Zaïrois annoté, édition Asyst SPRL, Kinshasa, 1995,P37

* 45 KATUALA KABA KASHALA, op-cit P38

* 46 V. MUYAYALO. ; cours de droit, structure et institutions socio-traditionnelles africaines, UOR, inédit, Butembo, 2010-
2011, P13

* 47 D. KAKULE PILIPILI, Résolution extra-judiciaire des conflits fonciers en Territoire de Masisi, mémoire édité, UNIKIS,
Kisangani, 2009-2010, P38

* 48 C. PALUKU MASTAKI et C. KIBAMBI VAKE, « Droit écrit et droit coutumier : principe d'articulation. Réflexion inspirée
par une enquête foncière dans le Masisi » in Etudes juriidiques N°3, Goma, AAP, avril 2005, P.70

* 49 NAWEZA KATOK-A-NAKAMBO, et al. le problème foncier du Nord-Kivu : de ses causes et celles de l'inexécution des
décisions de justice y relative, Kinshasa, 1981. P3

* 50 D. KAKULE PILIPILI, Op. cit, P.28

* 51 P. HARRISON, une Afrique verte, Paris, éd. Kartala, 1991, P 365

* 52 Rapport de la conférence tenue par l'ONG USAID avec les autorités coutumières : « coutumiers sur la transformation
des conflits, Butembo, du 29 mars au 1 Avril 2011, P.13

* 53 KAHAMBU SEKERAVITI,op. cit. P.46

* 54 CSJ 3032 Janvier en 1988 RSZ, 1988 P. Supplément cité par KALONGOMBIKAJI, code civil et commercial, Kin,
centre de recherche et diffusion juridique 1997, P28

* 55 D. KAKULE PILIPILI, op. cit, P17

* 56 H. OUEDRAOGO, Etude comparative de la mise en oeuvre des plans fonciers ruraux en Afrique de l'ouest, in Etudes
juridiques de FAO, janvier 2005, P6

* 57 PALUKU MASTAKI et KIBAMBI VAKE. In Etudes Juridiques N°3, op. Cit, P38

* 58 MUGANGU MATABARO, op. cit, P5

* 59 KALAMBAY, G. Le droit foncier Zaïrois et son unification, thèse, Louvain- la- neuve, UCL, 1973, 641 P ; MUGANGU,
S ; La gestion foncière rurale au Zaïre, réformes juridiques et pratiques foncières locales. Cas du Bushi, Louvain-la-
neuve, Academia-Bruylant, 1997, P149

* 60 G. KALAMBAY , Le droit foncier Zaïrois et son unification, thèse, Louvain- la- neuve, UCL, 1973, P.641

* 61 La fiche parcellaire était à l'origine d'un document d'identification des personnes résident sur une parcelle. Avec le
temps, les autorités locales l'ont convertie en document établissant la propriété d'une maison. La délivrance de la fiche
parcellaire est à ce jour inscrite au titre de recette dans le budget des entités décentralisées.

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