Cours de Droit International Public 1

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 15

UNIVERSITE DE YAOUNDE II

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES


DEUXIEME ANNEE DE LICENCE

COURS DE DROIT
INTERNATIONAL PUBLIC II
Pr Brusil Miranda METOU
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

PREMIERE PARTIE
Après avoir étudié les sujets et les sources du droit international public, il est indispensable de
savoir comment ce droit est mis en °uvre dans la pratique des relations internationales. Après
avoir étudié la mise en °uvre du droit international, nous allons envisager les modes
pacifiques de règlement des différends avant de voir la sanction de la violation des règles de
droit international, c'est-à-dire la responsabilité.

LA MISE EN OEUVRE DU DROIT INTERNATIONAL


On distingue entre la mise en °uvre pacifique et la mise en °uvre conflictuelle. Mais le droit
international interdit désormais le recours à la force dans les relations internationales, ce qui
fait qu'un État qui recourt à la force voit sa responsabilité internationale engagée.

CHAPITRE I. LA MISE EN ¯UVRE PACIFIQUE

La mise en °uvre pacifique passe par l'établissement et la conduite des relations


diplomatiques, consulaires et multilatérales suivant les règles de droit internationales établies
en la matière.

Section 1- Les relations diplomatiques et consulaires entre États

L'on admet volontiers que les relations diplomatiques et consulaires constituent en relations
Internationales le Critère le plus sûr de la souveraineté d'un Etat: La pratique démontre
qu'avec l'apparition de l'État dans son sens moderne, un Etat est effectivement souverain
quand il entretient des relations diplomatiques par l'intermédiaire de ces propres agents avec
d'autre Etats souverains sur un pied d'égalité. Cette souveraineté se retrouve aussi au niveau
des organisations Internationales quand un Etat y est représenté et participe aux travaux et
activités de ces organisations.
L'effet juridique de ses relations découle du déroulement même des mécanismes qu'elles
engendrent ; les relations diplomatiques mettent en exercice les compétence simultanées de
deux Etats souverains sur un même territoire "un Service public national placé sous la
direction d'un Etat est établi et fonctionne sur le territoire d'un autre Etat qui est aussi atteint
dans son pouvoir le plus fort, dans sa souveraineté territoriale". Conçu de cette façon
l'exercice diplomatique dans les relations internationales modernes implique les problèmes de
toute sorte, du fait de l'existence d'Etats profondément différents sur les plans politiques
économique et social, les antagonismes entre Etats développés et Etats en voie de
développement accroissent les écueils ou encore entre anciennes métropoles et anciennes
colonies. Cette situation crée un sentiment de méfiance et de crainte de domination des
seconds vis-à-vis des Premiers.
A côté de l'aspect maintien de relations amicales, cordiales etc.… les relations diplomatiques
peuvent être aussi un instrument de pression d'un Etat fort sur un Etat faible (tous deux
souverains).
Le droit international adopte et organise ces relations diplomatiques (sans les
institutionnaliser) en vue de faciliter et de renforcer le premier aspect au détriment du second.
Les relations diplomatiques engendrent également un autre type de problème lié à l'existence
de divers sujets du droit International. C'est le cas d'un Etat de siége, d'une organisation
internationale qui est obligée (même s'il ne les reconnaît pas) d'admettre sur son territoire les
missions diplomatiques accréditées auprès de cette organisation par d'autres Etats, d'autres
organisations Internationales ou même par des mouvements de libération nationale (ces
derniers dépendent en général de la bonne volonté des Etats partenaires) ; Cette situation nous

2
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

pousse à rejeter toute conception absolue de la souveraineté, en effet concilier, controverser


les exigences des relations Internationales et le principe de la souveraineté territoriale devient
source de problèmes. Néanmoins le droit international réglemente de plus en plus le domaine
des relations diplomatiques aussi bien sur le plan bilatéral que multilatéral.

I : Les Relations Bilatérales .


Nous étudierons dans ce cadre aussi bien les relations diplomatiques que les relations
consulaires. Nous avons vu que le droit international classique reconnaissait aux Etats
souverains le "Droit de légation" légation active (envoyer des représentants) légation passive
(recevoir des représentants). Les représentants devant être accrédités par les Etats : L'Etat
accréditant est celui qui envoie ses représentants, alors que l'Etat accréditaire est celui qui
reçoit les représentants diplomatiques accrédités auprès de lui. Le droit des relations
diplomatiques constitue une des branches du droit international les plus anciennes et les plus
fermement établies. En effet jusqu'en 1815 toutes les règles applicables aux relations
diplomatiques étaient coutumières. Le congrès de Viennes de 1815 et le protocole d'Aix La
chapelle (21 novembre 1818) n'établissent qu'un texte sur la hiérarchie des diplomates
• En 1927 un comité désigné par la SDN entreprit une tentative de codification des questions
sur les privilèges et les immunités estimant inadmissible de laisser se perpétuer une "tradition
surannée". Cette initiative fut rejetée par l'assemblée générale qui a refusé de l'inclure dans le
programme de la conférence de codification de 1930.
• En 1928 une convention sur les agents diplomatiques de portée régionale a été adoptée à la
Havane par la 6éme conférence des Etats américaines.
• En 1952 la délégation yougoslave en dénonçant les fréquentes violations des règles
applicables en la matière. Obtint le vote par l'Assemblée Générale de L'ONU d'une résolution
demandant à la commission du Droit International d'étudier en priorité la codification au sujet
des relations et immunités diplomatiques (Résolution 685 (VII) du 5 décembre 1952). Une
nouvelle résolution est votée en 1959 pour décider la convocation d'une conférence de
codification qui devait se réunir à vienne.
La convention fut adoptée à l'unanimité (72 voix pour contre 0 avec 1 abstention) et ouverte à
la signature des participants le 18 avril 1961 . Composée d'un préambule (dans lequel la
coutume n'est maintenue qu'à titre subsidiaire) ,de 53 articles et de deux protocoles dont l'un
porte sur le règlement obligatoire des différends et l'autre sur l'acquisition de la nationalité, la
convention n'a pas remis en cause la structure générale du régime coutumier, malgré
l'introduction de nombreuses dispositions nouvelles, pour répondre aux exigences des
nouveaux Etats et surtout à l'évolution des progrès techniques notamment en matière des
nouvelles techniques de communication .
• Une autre convention sur les missions spéciales adoptée par l'Assemblée Générale de
L'ONU le 8 Décembre 1969 viendra compléter la précédente.
• En 1977 la commission du Droit Internationale complète cette codification de la matière par
l'étude du statut du courrier diplomatique.
• La C.I.J dans son arrêt du 24 Mai 1980 (Personnel diplomatique et consulaire des Etats-
Unis à Téhéran recueil 1980 Page 40) rappelle la cohérence du Droit des Relations
Diplomatiques "Les règles du droit diplomatique constituent un régime se suffisant à lui-
même qui, d'une part énonce les obligations de l'Etat accréditaire en matière de facilités, de
privilèges et d'immunités à accorder aux missions diplomatiques, et d'autres part envisage le
mauvais usage, que pourraient en faire des membres de la mission, et précise les moyens dont
dispose l'Etat accréditaire pour parer à de tels abus. Ces moyens sont par nature d'une
efficacité totale, car, si l'État accréditant ne rappelle pas sur le champ le membre de la mission
visé, la perspective de la perte presque immédiate de ses privilèges et immunités du fait que
l'Etat accréditaire ne lui reconnaîtra plus comme membre de la mission, aura en pratique pour

3
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

résultat de l'obliger, dans son propre intérêt à partir sans tarder". Trois principales questions
sont à envisager à ce propos : Etablissements et rupture de relations diplomatiques, leur
modalités et les privilège et immunités diplomatiques.

I : Etablissement et rupture des relations diplomatique.


L'article 2 de la convention de vienne de 1961 stipule: "l'Etablissement de relations
diplomatiques entre Etats et l'envoie de missions diplomatiques se font par consentement
mutuel".

§ 1 - le principe du consentement mutuel :


C’est un compromis rationnel, conforme au principe selon lequel toute limitation des
compétences souveraines d'un Etat dépend de son acceptation, (le texte implique la
reconnaissance de ce droit en faveur de tout Etat.). En effet le droit de légation n'est pas un
droit parfait (c'est une compétence qui appartient à l’Etat) il n’ y a pas d'obligation de légation
passive, c'es-à-dire qu'un Etat n'est pas en droit d'exiger qu'un autre Etat reçoive ses
représentants. Par ailleurs il y a un lien évident entre l'établissement de la relation
diplomatique avec un Etat et la reconnaissance de cet Etat et de son gouvernement. Comme
en droit positif général il n’y a aucune obligation juridique de reconnaître un Etat quelconque.
Il n'y a non plus aucune obligation à ce qu'un Etat reçoive des représentants d'un Etat ou d'un
gouvernement auquel cet Etat a le droit de refuser la reconnaissance.
C'est le cas de la Chine et du Japon qui pendant des siècles n'ont eu aucune relation avec les
pays étrangers ; ou de la Chine populaire avec les Etats qui reconnaissent le gouvernement de
Taiwan, ou encore le Maroc avec les Etats qui ont reconnu la "RASD" les pays arabes avec
Israël, ou à un moment la RFA avec les pays reconnaissant la RDA (jusqu'à l'Ostpolitik du
Chancelier Willy-Brandt).
Cependant si aucun Etat n'a l'obligation d'entretenir de relation diplomatique ou consulaire
avec un autre Etat" dés lors qu'il le fait, il ne saurait manquer de reconnaître les obligations
impératives qu'elles comportent et qui sont codifiées dans la Convention de Vienne de 1961 et
63"(CIJ ordonnance du 15 Décembre 1979, personnel diplomatique et consulaire des Etats-
Unis à Téhéran. Recueil 1979 P 20).

§ 2 : Etat membre de l'Etat fédéral et relations extérieures.


Le droit international ne donne aucune précision en ce qui concerne le droit de légation des
Etats membres de l'Etat fédéral, le principe est lié à celui de la conclusion des traités. L'Etat
membre ne possède pas ipso facto le droit de légation (active ou passive) mais il peut
entretenir des relations avec des Etats souverains, ou des organisations internationales, si
l'Etat fédéral dont il est membre l'admet ou le tolère. Devant le laconisme de l'article 2 de la
convention on peut dire que le droit International et le droit interne sont concurremment
compétents pour désigner les Etats habilités à avoir des relations externes. Dés lors il faut
préciser qu'il ne s'agit pas à proprement parler de "relations diplomatiques" car les privilèges
et immunité reconnus (au cas par cas par des décisions ou des accords spéciaux) aux
représentants des Etats membres des Etats fédéraux auprès d'Etats tiers, ressemblent plus à
ceux d’agents consulaires plus tôt qu'aux agents diplomatiques.
L'exemple parfait dans ce domaine est celui du Québec (Etat fédéré du Canada). A la suite
d'un compromis entre le Québec, Ottawa et les Etats d'accueil ; un statut spécial a été retenu
aux « délégations » du Québec à New York, à Paris et à Londres depuis 1962. Le Québec
participe aux activités de l'Agence de coopération culturelle et technique (ACCT) quoique
formellement seul le Canada en soit membre ; il participe également aux conférences
multilatérales (notamment en matière d'éducation et de francophonie) ce qui soulève des

4
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

problèmes non résolus. Voir Torelli "les relations extérieures du Québec AFDI 1970 (p. 275-
330).
En réalité les Etats fédéraux acceptent difficilement de reconnaître le droit de légation aux
Etats fédérés. (Ils acceptent plus facilement le droit de conclure des traités): c'est dans un
soucis de représentation aux Nations Unies que ce droit a été reconnu depuis 1944 à l'Ukraine
et à la Biélorussie qui entretiennent une mission permanente auprès de l'ONU à New York et
à Genève, par contre ni la RFA (loi fondamentale de 1949) ni la Confédération Helvétique, ni
les Etats-Unis ne reconnaissent ce droit aux entités fédérées (seul l'Empire allemand l'avait
admis jusqu' en 1919) .

§ 3 : Fin des relations Diplomatiques


C'est par décision unilatérale qu'un Etat peut rompre ses relations diplomatiques et fermer la
mission diplomatique: c'est donc un acte discrétionnaire de l'Etat. Sur le plan politique, c'est
un acte grave et lourd de conséquences qui ne doit être pris qu'en dernier ressort. Par ailleurs
en cas de crise entre l'Etat accréditant et l'Etat accréditaire d'autres mesures peuvent être prises
comme l'expulsion de diplomates, rappel du chef de mission.
La rupture est automatique en cas de guerre ou de différend grave, ou en cas d'action
collective revêtant le caractère d'un Etat ayant manqué à ses obligations Internationales :
• L'ex Etat accréditant confie la protection de ses intérêts dans l'ex État accréditaire à la
mission diplomatique d'un Etat tiers . par exemple l'Organisation des Etats d’Amérique a
demandé à ses membres de rompre leurs relations diplomatiques avec Cuba en 1964.
Tout comme le Conseil de Sécurité a décidé (en vertu de l'article 41 de la charte des N.U)
d'imposer des sanctions comprenant la rupture des relations diplomatiques contre la Rhodésie
du Sud (Résolution 232 du 16 Décembre 1966)

II : Modalités des relations diplomatiques.


Ces modalités concernant deux types de relations diplomatiques :
- Missions diplomatiques permanentes
- les missions spéciales.

§ 1 : Les missions diplomatiques permanentes.

Qualifiée d'ambassade ou quelque fois de légation la mission diplomatique permanente est


un service public de l'Etat accréditant installé en permanence sur le territoire de l'Etat
accréditaire. L'envoi de mission diplomatique se fait aussi par consentement mutuel (de la
même manière que l'établissement des relations diplomatiques) il peut faire l'objet d'un accord
unique ou bien de deux accords successifs, les Etats procèdent alors en deux étapes.
L’accréditation suppose que tout chef de mission diplomatique ne peut exercer ses fonctions
qu'après avoir obtenu l'accord préalable de l'État accréditaire : c’est l’Agrément. Après quoi
il doit remplir une autre formalité la remise de ses lettres de créance par lesquelles son Etat
l'accrédite auprès de l'Etat accréditaire.
Cette formalité est souvent précédée par l’envoi des lettres de rappel de l’agent dont la
mission vient de prendre fin.
Les autres membres de la mission diplomatique sont désignés unilatéralement par leur propre
gouvernement ; une notification doit être adressée au gouvernement de l'Etat accréditaire. La
déclaration de persona non grata et demande de son rappel par l'Etat accréditaire met fin à la
mission diplomatique de tout membre de cette mission. L'Etat accréditant peut rappeler le
membre en question ; Par contre le rappel du chef de la mission diplomatique par son
gouvernement suppose en générale un climat de tension politique entre les deux Etats : c'est
un acte grave. L'accréditation revêt deux principales formes:

5
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

1) – L'accréditions double ou multiple.


L'article 5 de la convention de vienne (1961) combine cette forme d'accréditation et celle des
Missions Diplomatiques permanentes ; c'est dans un souci de limiter les dépenses budgétaires
et pour faire face à la pénurie du personnel diplomatique que certains Etats ont adopter cette
formule. En effet après la deuxième guerre mondiale certains nouveaux Etats ont appliqué
cette pratique : Il s'agit de prévoir qu'un Etat accréditant peut établir une mission permanente
dirigée par un chargé d'affaires ad intérim dans chacun des Etats accréditaires où le chef de la
mission n'a pas de résidence permanente, ici le consentement tacite des différents Etats
accréditaires suffit (adopté par l'article 5) quoique certaines divergences ce sont manifestées
à propos du consentement préalable des Etats accréditaires y compris le premier d’entre eux,
par exp. le Vatican refuse l'accréditation multiple, il n'accepte pas que l'ambassadeur d'un Etat
auprès du saint- siège soit aussi accrédité auprès de l'Italie.(exp :Tchad – ambassade à Paris
puis à Tunis qui a des Relations à partir de là avec le Maroc)

2 – La représentation commune.
- L'article 6 de la même convention admet que : "plusieurs Etats peuvent accréditer la même
personne en qualité de chef de mission auprès d'un autre Etat, à moins que l'Etat accréditaire
ne s'y oppose" d'après cet article, le chef de mission commun sera accrédité autant de fois qu'il
y aura d'Etats qui le chargeront de le représenter. Cette forme de représentation a un grand
avantage puisqu'elle permet aux Etats unis par des intérêts communs de préserver et
d'entretenir la solidarité entre eux. Il est certain que l'État accréditaire ne l'accepte que s'il a les
mêmes affinités et s'il poursuit la même politique à l'égard de tous les Etats accréditants réunis
pour la circonstance.
Par ailleurs la représentation commune doit être distincte du cas où un État n'ayant pas de
représentant diplomatique auprès d'un autre Etat charge un troisième Etat qui est représenté
auprès de cet Etat, d'assurer la défense de ses citoyens et de ses intérêts. Dans ce cas précis
l'ambassadeur de l'État tiers n'est pas spécialement accrédité par le premier Etat.

3) En ce qui concerne l'organisation de la mission diplomatique: La convention de 1961


regroupe dans "membre de la mission"
A – le chef de mission (chef de poste) plus les autres membres du personnel de la mission.
B) Cette deuxième catégorie se subdivisant en trois sous catégories:
- 1° "membres du personnel diplomatique" qui ont la qualité de diplomates.
- 2° "membres du personnel administratif et technique" employés dans les services
administratifs et techniques de la mission.
- 3° "membres du personnel de service" employés au service domestique de la mission.
L'expression "agent diplomatique" englobe le chef de la mission et tout autre membre du
personnel diplomatique.
Il n'y pas de hiérarchie parmi les chefs de mission d'après la convention de Vienne, mais
seulement une classification de pure forme ne concernant que la préséance et l'étiquette.
- Ambassadeurs ou Nonces accrédités auprès des chefs d'Etats et autres chefs de mission
ayant un rang équivalent.
- Envoyés, ministres ou internonces accrédités auprès des chefs d'Etat.
- Chargés d'affaires accrédités auprès des ministères des relations extérieures.
S'agissant de l'effectif d'une mission la convention a précisé qu'il devrait être maintenu dans
les limites raisonnables et normales. (Il faut éviter les missions trop nombreuses qui peuvent
constituer une charge pour l'État accréditaire).
L'Etat accréditaire peut imposer le respect de cette limitation (limitation fondée sur des motifs
politiques).

6
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

4 – La fonction de la mission diplomatique est prévue dans l'article 3 de la Convention de


Vienne, elle se résume en 5 principales fonctions :
a – Représentation de l'Etat accréditant auprès de l'Etat accréditaire;
b – Protection dans l'Etat accréditaire des intérêts et des nationaux de l'Etat accréditant.
c – Négociation avec le gouvernement de l'Etat accréditaire .
d – Information par tous les moyens licites des conditions de l'évolution des événements dans
l'Etat accréditaire et faire le rapport à ce sujet à l'Etat accréditant.
e – Promotion des relations amicales et développement des relations économiques.

§ 2 - Les missions diplomatiques spéciales.


Dans les relations entre Etats les missions spéciales jouent un rôle très important, leur utilité
est indéniable, la conférence de Vienne de 1961 a reconnu cette importance sous forme de
déclaration générale dans sa résolution internationale (votée le 10 Avril 1961). En 1958 la
Commission de Droit International(CDI) s'était déjà exprimée à ce propos "les relations entre
Etats revêtent aussi d'autre formes qu'on pourrait désigner par l'expression "diplomatie ad
hoc" qui vise les envoyés itinérants, les conférences diplomatiques et les missions spéciales
envoyées à un Etat à des fins limitées"
L'article 9 de la convention de La Havane de 1928 reconnaissait cette forme de l'exercice
diplomatique en citant "des agents diplomatiques extraordinaires" C'est la convention sur les
Missions Spéciales adoptées le 8/12/69 par l'Assemblée Générale des Nations Unies qui fixera
les modalités de leurs régimes. En effet l'article 1 de cette convention donne cette définition
"l'expression « mission spéciale »" s'entend d'une mission temporaire, ayant un caractère
représentatif de l'Etat, envoyée par un Etat auprès d'un autre Etat, avec le consentement de ce
dernier pour traiter avec lui de questions déterminées ou pour accomplir auprès de lui une
tâche déterminée".
Nous pouvons dégager 4 principales caractéristiques de cette définition :
Les missions spéciales sont provisoires, bilatérales, consensuelles et limitées. On appelle
Etat d'envoi le premier Etat et Etat de réception le second, le consentement de ce dernier
peut être obtenu par la voie diplomatique normale ou par toute autre voie convenue ou
mutuellement « acceptable » (article 2), d'après l'article 7 de la même convention « l'existence
de relations diplomatiques ou consulaires n'est pas nécessaire pour l'envoi ou la réception
d'une mission spéciale ».
Peuvent conduire personnellement une mission spéciale soit le chef de l'Etat, le chef du
gouvernement, le Ministre des affaires étrangères ou autres personnalités (article 21). Ils
bénéficient alors des règles de la courtoisie et du droit international, relatives à leurs statuts
c'est à dire tout ce qui a trait aux honneurs, aux privilèges, immunités …
En principe toute la convention de 1969 s'aligne sur celle de 61 pour ce qui concerne
l'organisation de la Mission Spéciale, statut de ses membres ….

III : Privilèges et immunités


Pour mener à bien leurs tâches dans l'Etat accréditaire, les agents et donc les missions
diplomatiques ont besoins d'un certain nombre de facilités, de garanties exceptionnelles de la
part de cet Etat. Leur situation spéciale (constituant des moyens pour l'Etat accréditant
d'exercer une mission de service public sur le territoire d'un autre Etat) appelle la
reconnaissance de ces facilités et garanties que l'on désigne en général par l'expression «
privilèges et immunités ». Plusieurs auteurs ont opéré une distinction entre privilèges et
immunités : distinction fondée sur leur base juridique ;on a souvent retenu que seules les
immunités étaient directement fondées sur le droit international.

7
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

En effet les immunités (par exemple les immunités juridictionnelles) constituent des atteintes
à la souveraineté de l'Etat accréditaire, alors que les privilèges relèvent extensivement du droit
interne de l'Etat accréditaire qui a pleine compétence pour les octroyer à l'Etat accréditant .
Les privilèges varient "selon le bon plaisir des divers Etats, les uns les accordant plus
largement, les autres plus étroitement" souligne Fauchille partisan de cette distinction, alors
que d'autres auteurs comme Verdross rejette toute distinction entre privilèges et immunités, ils
pensent que ce sont des termes qui sont équivalents reposant tous sur le droit international :
cette thèse favorise plus l'Etat accréditant. La position de la convention de Vienne est plus tôt
intermédiaire, elle reconnaît la distinction entre les deux termes , mais minimise la portée de
cette distinction. En général et d'après les dispositions de la convention, les immunités sont
totalement fondées sur les règles de droit international, alors que les privilèges peuvent l'être
dans certains cas comme pour les exemptions fiscales, et pas pour d'autres comme pour les
franchises douanières qui restent de simples mesures de courtoisie dépendant souvent dans
leur existence et leur étendue des textes internes (articles : 34 et 36) L'intérêt de cette
distinction est d'ordre pratique puisqu'il s'agit de déterminer les méthodes d'interprétation en
cas du silence des textes, trois théories sont prises en considération.

1 – la théorie de l'exterritorialité : considère l'agent diplomatique et les locaux de la


mission comme n'ayant pas quitté leur propre territoire. Ils se trouvent certes en dehors du
territoire de l'Etat accréditant mais exercent ses fonctions, l'étendue des privilèges et des
immunités s’expliquent justement par cette exterritorialité .En fait cette théorie s’avère une
pure fiction du droit international .Par exemple une ambassade a l’obligation selon le droit
positif de remettre un délinquant de droit commun qui s’y réfugie à l’Etat accréditaire ;alors
que d’après cette théorie il ne peut le faire qu’après la procédure d’extradition.

2 – Cette théorie repose sur le caractère représentatif de l’agent et de la mission


diplomatique, tous les deux représentent l’Etat accréditant et son chef. C’est cette qualité qui
leur confèrent respect dignité et indépendance de la part de l’Etat accréditaire, et bénéficient
alors des privilèges et immunités. Ces deux premières théories avantagent l’Etat accréditant et
sont par conséquent le fruit de l’Etat monarchique.

3 – Troisième théorie , met l’accent sur la nécessité de l’exercice indépendant de la fonction


diplomatique et de son intérêt ; cette théorie est plus fonctionnelle (conception fonctionnelle
moderne des institutions juridiques) Il s’agit ici de trouver un équilibre entre les besoins de
l’État accréditant et les droits de l’Etat accréditaire, ce qui permet aussi d’envisager une
limitation des privilèges et des immunités. Le préambule de la convention de Vienne combine
les deux dernières théories : « le but desdits privilèges et immunités est non pas d’avantager
les individus mais d’assurer l’accomplissement efficace des fonctions des missions
diplomatiques en tant que représentant des Etats » Quelques questions se posent d’après le
préambule. Quelles sont les nécessités de la fonction diplomatique par rapport à l’activité du
diplomate pris individuellement ? ici c’est plus par rapport à l’activité globale de la mission
diplomatique (entité représentative) que ces nécessités sont prises en compte.

IV : Les privilèges et immunités de la mission diplomatique

Deux axes : Liberté des communications officielles et inviolabilité.

§ 1 /Liberté des communications officielles :

8
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

C’est une immunité traditionnelle, l'article 27 de la convention y a mis l'accent, l'Etat


accréditaire doit permettre et protéger la libre communication de la mission pour toute fins
officielles.
1) cette obligation se traduit en premier lieu par l'immunité de la valise diplomatique qui ne
doit être ni ouverte ni retenue. Pour cela il faut que les colis qui la constituent portent une
marque extérieure, permettant de reconnaître leur caractère diplomatique, bien entendu ils ne
doivent contenir que des documents et objets officiels et diplomatiques: c'est le principe du
secret et de l'inviolabilité de la correspondance officielle de la mission. La Commission du
Droit Internationale (CDI) s'est penchée sur les problèmes posés par les exigences du secret
du courrier diplomatique, de la liberté des communications officielles, des règles applicables,
et en même temps par le respect des lois et règlements de l'Etat accréditaire, et éventuellement
des Etats de transit et de leur sécurité. Cette commission a discuté la difficile conciliation de
tous ces principes dans un projet d'articles relatifs au statut du courrier diplomatique et de la
valise diplomatique non accompagnée par un courrier diplomatique.

2) – l'Etat accréditaire autorise la mission à utiliser les autres moyens de communication


susceptibles de faciliter sa tâche, excepté le poste émetteur radio qui a besoin de l'accord
préalable de l'Etat accréditaire pour être installé. (Ici se pose le problème de l'égalité réelle
entre les Etats, car seuls les grandes puissances peuvent se permettre une installation
sophistiquée).

§ II – L'Inviolabilité
D'après cette règle l'Etat accréditaire a l'obligation de ne pas porter atteinte aux locaux de la
mission et aux biens qui s'y trouvent.
1) Pour ce qui est des locaux, les agents de l'Etat accréditaire ne peuvent y pénétrer qu'avec
l'accord du chef de la mission, ils sont inviolables et ne peuvent faire l'objet d'aucune
perquisition ni contrôle, bien plus l'État accréditaire doit prendre des dispositions pour que ces
locaux ne soient ni envahis ni endommagés par des éléments incontrôlés (CIJ arrêt du 24 mai
1980, Personnel diplomatique et consulaire des Etats-Unis à Téhéran, recueil 1980 Page 30)
Ce principe de l'inviolabilité a suscité en pratique le phénomène de l'asile politique que la
mission diplomatique accorde à des personnes poursuivies pour des délits politiques.
Les Etats n'adoptent pas les mêmes attitudes à ce propos, ils ne s'accordent pas non plus sur
les modalités de l'asile politique (voir l'affaire Haya de la Torre jugée par la CIJ arrêt du 13
juin 1951 recueil page 71)
Les débats sur cette question ont démontré, la réticence des gouvernements à reconnaître un
droit à l'asile politique, cette attitude peut s'expliquer par des considérations politiques et
juridiques. Lors d'une guerre civile par exemple, l'asile politique peut entraver les relations
entre la mission diplomatique et les autorités de l'Etat accréditaire. Néanmoins l'octroi de
l'asile politique est souvent le résultat d'engagements officieux c'est pourquoi ici l'existence
d'une règle coutumière est très controversé.

2) l'inviolabilité protège également les biens meubles, véhicules ou moyens de transports,


les archives, les documents de la mission diplomatique ils ne peuvent être soumis à aucune
réquisition, saisie ou mesure d'exécution.

V : Privilèges et immunité des agents diplomatiques


-Inviolabilité personnelle
-Immunité juridictionnelle

§ 1 : Inviolabilité personnelle :

9
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

Devant le climat d’insécurité, et la menace terroriste qui deviennent un phénomène à caractère


international ; la réglementation en la matière a connue une évolution continue. Tout d’abord
la convention de vienne de 1961 dans art 29 exige de l’état accréditaire de traiter l’agent
diplomatique (chef de mission et membre du personnel diplomatique) avec tout le respect dû
à son rang, il ne doit faire l’objet d’aucune arrestation ni détention. Bien plus l’Etat
accréditaire doit prendre les mesures nécessaires pour assurer sa liberté, sa dignité et
empêcher tout atteinte à sa personne : la personne de l’agent diplomatique est inviolable sa
sécurité doit être totale sur le territoire de l’Etat accréditaire ;l’art 26 de la même convention
prévoit sa liberté de déplacement et de circulation dans l’Etat accréditaire .Cette liberté ne doit
en aucun cas être restreinte, sauf pour des raisons de sécurité interne conformément aux lois et
règlements nationales. Pour assurer d’avantage la sécurité des agents diplomatiques face à la
montée du phénomène terroriste, de nombreuses concertations en vue d’améliorer ou
renforcer la surveillance sont en cours soit au niveaux des rapports bilatéraux entre Etats soit
au niveau des organisations concernées. C’est dans cette optique que la convention de
Washington du 2 février 1971 a été conclu sous l’égide des Etats- Unis .Cette convention
n’est applicable que dans le cadre de l’organisation des Etats d’Amérique (OEA). Le
4/12/1973 l’Assemblée Générale des Nations Unies a adopté une convention de portée
universelle sur « la prévention et la répression des infractions contre les personnes jouissant
d’une protection internationale, y compris les agents diplomatiques »d’après les termes de
cette convention l’Etat de refuge « des terroristes » est obligé soit de les extrader, soit de les
sanctionner pénalement ,de même et d’après les résolution 35/168 du 15/12/80 et suite à
l’affaire des « otages » américains à Téhéran l’Assemblée Générale Des Nations –unies .a
institué une procédure d’examen des rapports mettant en cause les cas de violation de la
protection et de la sécurité des missions des représentants diplomatiques et consulaires.

§ 2 : Immunité juridictionnelle :
l’immunité de juridiction pénale dont jouit l’agent diplomatique est absolue, qu’il soit ou
non dans l’exercice de ses fonctions. Cette immunité s’étend au domaine de juridiction
administrative et civile, sauf s’il s’agit de procès relatif à un immeuble lui appartenant
personnellement et se trouvant sur le territoire de l’Etat accréditaire, c’est le cas aussi pour
une succession ou une profession libérale ou commerciale que l’agent exerce en dehors des
activités officielles. Quand cette immunité s’applique elle englobe bien les mesures
d’exécution.
Par ailleurs et selon la coutume certaines pratiques nationales instituées (la doctrine), la
convention de vienne admet la possibilité de renonciation à l’immunité juridictionnelle et par
conséquent l’agent diplomatique ne peut être exempté de la juridiction de l’Etat accréditaire
(art 32-4). La pratique française à ce niveau est d’exiger cette renonciation d’une manière
claire nette sans équivoque et autorisée par l’Etat accréditant (voir C.A Paris dame Nzie ,c/
vessah 17 Mars 1978 , J D I 1978 p605-609).

§3 : Exemptions fiscales et franchises douanières


La contribution fiscale d’une personne suppose qu’elle soit sujet à part entière d’un Etat
.l’agent diplomatique ne peut être contribuable de l’État accréditaire puisqu’il n’est pas
citoyen de cet Etat. La convention de Vienne de 1961 prévoit cette exemption dans son article
34 avec toutefois des exceptions ou cas d’impôts dus, pour des immeubles privés ou pour des
revenus privés se réalisant dans l’Etat accréditaire.
Les franchises douanières relèvent quand à elles plus de la courtoisie Internationale .En effet
l’Etat accréditaire pour perpétuer la tradition peut suivant ses dispositions législatives et
réglementaires accorder à l’agent diplomatique et à sa famille, l’entrée et l’exemption des
franchises de douanes pour des objets destinés à son usage personnel (art 36).

10
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

IV : Autres privilèges et immunités


L’art 37 de la même convention fait bénéficier les membres de la famille de l’agent
diplomatique s’ils ne sont pas ressortissants de l’Etat accréditaire des mêmes privilèges et
immunités ; ils en bénéficient aussi dans le cas d’un transit à travers le territoire d’un Etat tiers
soit pour rejoindre l’État accréditant, ou l’Etat accréditaire.
Le même article 37 fait bénéficier les autres membres de la mission et les domestiques privés
des privilèges et des immunités, il peut s’agir des membres du personnel administratif et
technique ainsi que les membres de leurs familles, leurs privilèges et immunités sont quasi
similaires à ceux d’un agent diplomatique (à quelques différences près).
-Par contre les membres du personnel de service ne bénéficient de ces avantages que dans le
cadre de l’exercice de leur fonction, alors que les membres de leurs familles sont totalement
exclus.
-la dernière catégories celles des domestiques privés d’un membre de la mission, ils sont
simplement exemptés des impôts et des taxes sur les salaires ; pour les autres privilèges et
immunités l’Etat accréditaire est libre de les accorder ou non.
Bien entendu pour toutes ces catégories de personnes , elles ne peuvent bénéficier des
privilèges et immunités qu’à la condition qu’elles ne soient pas ressortissantes de l’Etat
accréditaire ,ni qu’elle n’aient leur résidence permanente dans cet Etat.

Section II : LES RELATIONS CONSULAIRES.


Contrairement aux relations diplomatiques la coutume en relations consulaires a devancé le
droit écrit. Elles ont été depuis leur début réglementées par des accords ou conventions
bilatérales entre Etats. C’est l’évolution historique du phénomène qui a permis à de nombreux
Etats de compléter ces conventions par des lois et des règlements internes appliqués par leurs
propres tribunaux. En 1961 l’Assemblée Générale des Nations Unies à la suite des travaux de
la CDI a convoqué à Vienne en 1963 une conférence de codification sur les relations
consulaires pour continuer l’°uvre de celle de 1961 sur les relations diplomatiques. Cette
convention fut adoptée le 24 avril 1963 et est entrée en vigueur en mars 1967. D’après les
dispositions de la convention nous verrons 2 principaux points :

I : L’institution consulaire.

De la même manière que les missions diplomatiques, les postes consulaires sont des services
publics de leur Etat national sur le territoire d’un État étranger. Et d’après les articles deux et
quatre de la convention de 63 ; l’établissement des relations et des postes consulaires est
soumis au consentement mutuel des deux parties.
Les relations, consulaires ont un caractère essentiellement administratif ; c’est pourquoi leur
établissement est indépendant de celui des relations diplomatiques et même de la
reconnaissance mutuelle des Etats concernés. Ce qui implique que la rupture des relations
diplomatiques n’entraîne pas nécessairement celle des relations consulaires.

L’Etat de résidence (celui qui reçoit les postes consulaires) peut donner son consentement à
l’établissement par l’Etat d’envoi de plusieurs postes consulaires sur son territoire. Le poste
consulaire agit alors sur ce qu’on appelle une circonscription consulaire (circonscription
territoriale) Tout chef de poste consulaire ne peut exercer ses fonctions dans l’Etat de
résidence qu’après avoir reçu l’autorisation ou l’exequatur. L’Etat d’envoi muni le chef de
poste d’une lettre de patente ou lettre de commission ou lettre de provision (en France
l’exequatur est délivré par décret du Président de la République)

11
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

C’est l’art 5 de la convention de 63 qui codifie les anciennes pratiques et fonction des consuls,
on peut dire que ces fonctions se résument principalement à des fonctions purement
administratives elles n’ont aucun rôle de représentation politique. (évolution importante sur le
plan diplomatique.)

II : Privilèges et immunités consulaires:


Dans ce domaine il existe des similitudes, mais aussi des différences entre les privilèges et
immunités consulaires et ceux accordés aux missions diplomatiques ;c'est en fait dû à la
conception purement fonctionnelle de l'activité consulaire, nous verrons deux points,
privilèges et immunités du poste consulaire et privilèges et immunités du fonctionnaire
consulaire .

§1 Privilèges et immunités du poste consulaire.


1) l'article 31de la convention de 63 stipule que seuls les locaux utilisés par le personnel
consulaire dans l'exercice exclusif pour les besoins de son service sont inviolables. La
résidence du chef de poste consulaire n'est donc pas protégée.
2) Quant à la liberté et la protection des communications officielles, elle répond également
à l'exigence fonctionnelle (les même pour la mission diplomatique) La valise consulaire est
cependant moins protégée que la valise diplomatique puisqu'elle peut être ouverte à la
demande des autorités compétentes de l'Etat de résidence s'ils ont des motifs sérieux de
soupçonner le caractère non officiel de son contenu. (Article 35 §3)

§2 – Privilèges et immunités du fonctionnaire consulaire.


D'après les articles 41 et 42 l'inviolabilité personnelle des fonctionnaires consulaires est
presque nulle, ils peuvent être arrêtés ou mis en détention préventive pour "crime grave".
Dans ce cas la convention prévoit que la procédure à laquelle ils sont soumis est entreprise
dans les plus brefs délais, l'Etat de résidence doit informer le chef de poste consulaire s'il ne
s'agit pas de lui, dans le cas contraire l'Etat d'envoi est informé par la voie diplomatique.
Les mêmes restrictions se retrouvent au niveau de l'immunité juridictionnelle, l'article 43 ne
prévoit la protection des fonctionnaires et employés consulaires que dans le cadre des actes
accomplis dans l'exercice de l'activité consulaire ; Autrement ils sont soumis à toute poursuite
pénale. Le même article 43 dans son §2 ( et conformément à un amendement déposé par le
Royaume – Uni) ôte cette immunité de juridiction en cas d'action civile même pour les actes
accomplis dans l’exercice des fonctions «résultants de la conclusion d’un contrat passé par un
fonctionnaire consulaire ou par un employé consulaire qu’il n’a pas conclu expressément ou
implicitement en tant que mandataire de l’Etat d’envoi , ou intenté par un tiers pour un
dommage résultant d’un accident causé dans l’Etat de résidence par un véhicule , un navire ou
un aéronef» .
L’art 71 reconnaît, en dehors des avantages supplémentaires accordés par décision de l’Etat
de résidence aux consuls marchands ou honoraires (ressortissants ou résidents permanents de
l’Etat de résidence) l’immunité de juridiction et l’inviolabilité personnelle pour des actes
officiels accomplis dans le cadre de l’exercice de l’activité consulaire. Le consul marchand ou
honoraire étant ressortissant de l’Etat de résidence ne bénéficie pas des mêmes privilèges et
immunités que le consul de carrière.

Section III : Relations diplomatiques et relations multilatérales.

12
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

Les Etats souverains participent aux activités des organisations internationales par
l’intermédiaire des missions diplomatiques permanentes ou spéciales. De même que les
organisations internationales peuvent être représentées auprès des Etats .Cependant on ne peut
prétendre assimiler ce type de relations aux relations diplomatiques entre Etats, encore moins
dans le 2éme cas. En effet parler de droit de légation à l’image de celui qui existe entre Etats
serait en abuser.
Trois particularités d’ordre pratique sont à envisager à propos du droit de légation en
relation avec les organisations internationales :

- le problème qui se pose ici et que le droit applicable en la matière manque de fermeté et de
vigueur (contrairement à celui applicable dans les relations entre Etats) ce manque incombe
surtout à la jeunesse du phénomène (création des organisations internationales) cette situation
crée des difficultés hétérogènes : selon qu’il s’agit du droit de légation active ou du droit de
légation passive. Dans la dernière hypothèse par exemple, on peut être confronté à divers cas
soit que l’Etat représenté est membre ou non de l’organisation, reconnu ou pas par l’Etat hôte,
ou que sa représentation est permanente ; plusieurs pratiques ont été adoptées à ce niveau.
En décembre 1963 la C D I s’est penchée sur le problème des relations entre les Etats et les
organisations internationales, ou entre les organisations internationales entre elles. Deux
attitudes ont été dégagées le 14 Mars 1975 la Convention de Vienne sur la représentation des
Etats dans leurs relations avec les organisations internationales fût adoptée.

* Dans son art 5 la convention pose le principe de légation passive de l’organisation. Mais vu
la portée très limitée aux seules organisations universelles, ajouté à cela les vives critiques des
Etats, cette convention n’a pu entrer en vigueur.

* La seconde attitude incluant les discussions à propos du droit de légation active des
organisations Internationales est en progression très lente.
- Une seconde difficulté dans les relations entre organisations internationales est que nous
sommes en présence de deux sujets de droit de natures différentes. Les organisations
Internationale ne sont pas souveraines (comme les Etats dans les relations diplomatiques) par
conséquent leurs représentants ne peuvent prétendre aux privilèges et immunités, ni à partir de
la théorie de l’exterritorialité ; ni même à partir de celle de la représentativité .Seul leur
caractère strictement fonctionnel peut leur procurer ces privilèges, c’est en tout cas ce qui
ressort de l’art 105 de la charte des N .U. qui ne reconnaît le caractère diplomatique au
représentants des Etats membres que « s’ils leur sont nécessaires pour exercer en toute
indépendance leurs fonctions en rapport avec l’organisation ».

* Dernière difficulté est posée par l’exercice du droit de légation passive de l’organisation
internationale .
En effet trois intérêts sont en jeux : ceux de l’Etat d’envoi, l’organisation internationale et
l’Etat hôte, celui qui abrite le siège de la dite organisation. (Les intérêts sont doubles quant il
y a des problèmes entre l’Etat hôte et l’organisation).
L’Etat hôte en acceptant sur son territoire le siège d’une organisation internationale, s’engage
d’une manière explicite dans l’accord de siège à ne pas entravez les travaux de cette
organisation. Mais dans un souci de préserver sa sécurité, l’Etat hôte peut refuser la présence
sur son territoire de personnes qu’il juge indésirables ; qu’il s’agisse de représentants d’Etats
membres dans l’organisation, ou d’observateurs des Etats non membres, de délégués des O N
G ou mouvement de libération nationale ,ou pétitionnaires ,ou en général toute personne
appelée à participer au travaux de l’organisation( cf le cas d’un pétitionnaire entendu par la
quatrième commission des Nation Unies en 1963 et qui risquait de faire l’objet d’une mesure

13
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

d’extradition de la part des Etats-Unis : affaire Galvao). Dans la pratique l’Etat hôte, ne peut
s’opposer qu’exceptionnellement à l’accès des personnes autorisées par l’organisation à son
siège. De même qu’il n’est pas tenu d’accorder des privilèges et immunités particuliers
(même si des fois il le fait voir : R.GOY « l’accès au siège des organisations Internationales
RGDIP p 357,1962)

La Résolution 2819(XXVI) de l’Assemblée Générale des Nations Unies a crée un comité ,


chargé des relations avec le pays hôte dont la fonction principale est de s’occuper de la
question de sécurité des missions et leurs personnels et des problèmes qui peuvent en surgir.
Nous verrons deux points :

I : Représentation des Etats auprès des Organisations Internationales :


Elle se fait sous deux formes d’après la convention de Vienne 1975

§1 les Missions permanentes :


D’après l’art 5 de la convention 1975 les Etats membres ont le droit d’établir des missions
permanentes auprès des organisations, cet article reconnaît le même droit aux Etats non
membres pour avoir des missions permanentes d’observation «si les règles de l’organisation
le permettent ».Ses deux missions sont soumises à des règles à peu près identiques. De même
que le statut des membres de ces missions est largement inspiré de celui des missions et des
agents diplomatiques Néanmoins et pour préserver les intérêts de l’Etat hôte et en conformité
avec le caractère non souverain de l’organisation, ce statut est soumis à certaines réserves
d’adaptation. A ce propos la convention retient le caractère fonctionnel des privilèges et
immunités de ces missions. Il n’ y a pas de procédure d’agrément (ni de la part de
l’organisation ni de la part de l’Etat hôte).
Seule une notification de la part de l’Etat d’envoi à l’organisation et par son intermédiaire à
l’Etat hôte est obligatoire. L’Etat d’envoi est obligé de rappeler le ou les membres en cas de
déclaration de persona non grata ou en cas d’infraction grave.
L’Etat hôte peut « prendre les mesures qui sont nécessaires à sa propre protection » après
consultation de l’Etat d’envoi c’est ce qui ressort de l’art 77 dans la « clause de sécurité »
d’après l’art 82 de la même convention : « les Droits et les obligations de l’Etat hôte et de
l’Etat d’envoi .. . ne sont affectés ni par la non reconnaissance par l’un de ces Etats de l’autre
Etat ou de son gouvernement ni par l’existence ou la rupture de relations diplomatiques entre
eux » .
Cette pratique des missions permanentes a été consacrée par la résolution 257 A (III ) de
l’Assemblée Générale des Nations –Unies et par l’accord de siège entre l’ONU et les Etats-
Unis du 26 /6/1947, et en suisse le 30/03/1948 par la décision du conseil fédéral. Ces deux
textes ont la particularité de respecter les intérêts de l’Etat hôte (contrairement à la convention
de 1975) en effet les autres membres de la mission mis à part le chef, sont désignés après
accord entre les parties intéressées .Ils peuvent être déclarés non grata .De même l’Etat hôte
peut réduire les facilités accordées aux représentants des gouvernements non reconnus par lui.

§ 2 Délégations aux organes des organisations ou aux conférences tenues sous leurs
auspices.
Les dispositions des conventions sur les privilèges et immunités, les accords de siège des
organisations du système des Nations Unies et selon la pratique des organisations régionales ,
Les règles européennes aux délégués des Etats membres et aux observateurs des Etats non
membres adoptées par la convention de 1975 sont sensiblement similaires à celles prévues par
la convention de 1969 sur les missions spéciales. A ce niveau se pose par ailleurs le problème

14
Université de Yaoundé II/ Faculté des sciences juridiques et politiques
Deuxième année de Licence
Cours de Droit international public 2
Pr. Brusil Miranda METOU

du statut des représentants des mouvements de libération nationale reconnus en tant


qu’observateurs auprès des organisations internationales .Une résolution de la conférence de
1975 invite les Etats à leur accorder : « les facilités, privilèges et immunités nécessaires à
l’accomplissement de leurs tâches en s’inspirant des dispositions pertinentes de la
convention»

II : Représentation des Organisation Internationales


Les représentants des organisations internationales sont toujours des agents de celles-ci, c’est
en cette qualité et en vertu du principe de spécialité qu’ils exercent leurs fonctions et
bénéficient des privilèges et immunités. Dans ce domaine il n’y a pas de texte global codifié
ce qui pose un certain nombre de problème.

§I : Tout d’abord les représentations des organisations internationales


auprès des Etats ;
ici la distinction représentation permanente et mission spéciale est importante.

A : Les représentations (missions) permanentes ont un statut juridique difficile à définir.


Habituellement l’organisation internationale établit ses représentations auprès de ses propres
Etats membres, dans un double objectif, soit pour assurer l’opération d’assistance, cette tâche
incombe en général aux coordonnateurs résidents (du PNUD) et aux représentants des
instituons spécialisées (UNICEF, FAO, OMS…) de l’ONU dans les pays en voie de
développement ou émergents.

La nécessité d’informer sur l’action de l’organisation comme par exp : les centres
d’information des Nations Unies, ces représentants sont en général soumis à un statut fixé par
des accords spéciaux ayant, une certaine similitude avec le statut du diplomate, notamment en
ce qui concerne l’agrément de l’Etat hôte et les privilèges et immunités internationalement
connus.

En revanche ils sont nettement distincts des diplomates par leurs fonctions même, qui restent
limitées par le principe de spécialité ; il existe parfois des exceptions à cette règle comme par
exemple : le cas des coordonnateurs - résidents considérés par l’Etat hôte comme des «
ambassadeurs » du système des Nations Unies auprès du gouvernement.
Parfois et c’est très rare l’organisation peut établir une représentation permanente auprès d’un
Etat non membre, on peut citer la représentation « des commutés européennes » auprès des
Etats-Unis qui d’après une loi américaine de 1971 bénéficie du statut diplomatique. Il en a été
de même pour la mission des C.E à Londres entre 1955 et 72 .Actuellement nous pouvant
citer l’exemple des représentants des délégations de la Commission Européenne dans les Etats
non membres de l’UE.

B) En ce qui concerne les missions spéciales, elles sont globalement soumises aux mêmes
règles applicables à la diplomatie ad hoc.

III : Les représentations des Organisations Internationales auprès d’autres


Organisations Internationales.
Le développement de plus en plus poussé des relations entre les différentes entités
internationales a favorisé ,entre autre, la coopération entre les différentes organisations
Internationales qui parfois atteint le stade de l’admission d’une organisation à une autre .Ce
phénomène est encore complexe. Mais en tout état de cause pour permettre aux représentants
ou aux observateurs de l’organisation une participation effective aux travaux de l’autre

15

Vous aimerez peut-être aussi