La Vie Des Pierres, Rick Bass

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La vie des pierres, Rick Bass

26/09/2016 00:09

Il restait peut‐être un million, ou même seulement cent


mille en tout cas au moins dix mille endroits de ce genre
dans le monde à ce moment‐là. De minces veines de rêve
encore envisageable, des lieux où aucune frontière n'avait
été tracée ‐ des endroits avec des gisements de possible à
ciel ouvert attendant d'être revendiqués par qui les
voudrait, par qui serait prêt à retrousser ses manches, à
faire preuve d'imagination. P 26

Il se demande parfois si n'existent pas quelque part les


fantômes ou les enveloppes charnelles d'existences
antérieures, loin dans le passé ou sous la terre, ou même
plus loin dans le futur : toujours ensemble, toujours unis.
D'autres vies, jaillies de cette étrange réserve de joie et
de douceur, et d'éternel renouvellement. P 40

De toutes mes forces, je m'applique à avancer sans


entraves à l'intérieur du territoire inexploré. Mais chaque
fois, les choses m'échappent et reviennent au point de
départ ; l'ancien, même quand on l'a enterré sous le
nouveau, se réveille parfois et remonte à la surface, surgit
brusquement et reparaît.
Quelquefois, j'ai l'impression de m'élancer vers l'avenir,
animé par une vraie soif de futur, mais à d'autres
moments, je me rends compte que je ne fait que fuir le
passé et ses vieilles mues. C'est si difficile de ne pas
regarder en arrière. P 164

Peut‐être qu'une des raisons pour lesquelles personne ne


sait jamais ce qui se passe au cœur ou au centre des
choses est que tout change sans arrêt : que tout suit
toujours un vaste mouvement de vagues, ou peut‐être
d'arc ‐ et que la présence d'une chose ou d'une façon
d'être indique seulement qu'une autre va bientôt être
appelée à la remplacer, exactement comme la nuit crée
l'espace du jour suivant. P 171

Même aujourd'hui, exactement comme quand J'étais un


enfant sans la moindre responsabilité, je peux m'allonger
sur le dos dans les hautes herbes à l'automne et regarder
les nuages, adulte à la tête vide et fier de l'être ; et quand
je me relèverai, des heures plus tard, j'aurai toujours
aussi faim du spectacle de ces nuages, de ces murmures
dans l'herbe, et quand j'irai me coucher la nuit venue,
j'aurai toujours la même fringale de souvenirs de la
chaleur que répandait ce soleil d'arrière‐saison,
exactement comme en ce moment précis, je goûterai tout
autant les parfums de l'obscurité qui m'étreindra, et la
fraîcheur de la nuit. P 260

Je comprends la nature de l'avidité. Je suis persuadé que


c'est là l'essence de la terrible vérité de notre temps : il ne
reste plus tout à fait assez de la plupart des choses, plus
assez de quoi que ce soit. Sauf peut‐être d'une chose –
douce, et déconnectée de tout –, mais je serais incapable
de dire laquelle, d'en donner la nature exacte. P 271

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