Chap 2 - Capacités Et Charges
Chap 2 - Capacités Et Charges
Chap 2 - Capacités Et Charges
SOMMAIRE
1 Flux
Un objectif clé de toute entreprise est de livrer des produits à ses clients,
lorsqu'ils les demandent. Il est donc nécessaire, afin d'assurer une gestion
performante, de maîtriser les flux de matières, composants et produits finis au
sein de l'entreprise. L'écoulement des flux matières, depuis les fournisseurs des
matières premières jusqu'à la livraison des produits finis, en passant par les
différentes opérations de fabrication, a bien peu en commun avec l'écoulement
d'un fleuve tranquille. On se trouverait plutôt en présence d'un cours d'eau
rencontrant de nombreux barrages, écluses et cascades tumultueuses.
On peut noter que d'un point de vue historique, le management industriel s'est
d'abord situé au niveau des flux internes, dans une perspective technique visant
à améliorer la productivité des usines. Les noms de Frederick Taylor et d'Henry
Ford, concepteurs respectivement de l'organisation du travail et de l'organisation
des flux, sont associés à ces débuts historiques. L'amélioration de la productivité
apparaissait à ce moment comme le résultat d'un cheminement analogue à celui
qui permet d'améliorer l'efficacité d'une machine. Aujourd'hui, ces idées ont
évolué.
En particulier, il est apparu que les performances globales de l'entreprise
dépendent également fortement d'une intégration efficace de l'ensemble des
flux : internes et externes.
On s'imagine parfois que les flux dans une entreprise correspondent au modèle
suivant :
P pièces P pièces
à l'heure à l'heure
P/h P/h P/h
Dans cette situation, idéale du point de vue des flux matières, les flux entrants
(encore appelés flux amont) de chacun des postes de travail sont identiques aux
flux sortants (appelés flux aval). Les flux externes sont également parfaitement
synchronisés avec les flux internes. Le flux global au travers du système complet
est de p pièces par heure.
Le fonctionnement d'un tel processus est donc très simple à comprendre. Trop
simple ! La réalité d'un processus s'écarte notablement de cet exemple. De
nombreux phénomènes provoquent une désynchronisation entre les flux amont
et les flux aval de certains ateliers et, éventuellement, entre flux internes et flux
externes. Une telle désynchronisation rend alors les caractéristiques de
l'écoulement des flux beaucoup plus difficiles à percevoir intuitivement.
2 pièces P pièces
à l'heure à l'heure
P/h P/h P/h
Stock de
pièces
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
Remarque :
Cela peut arriver même si le débit moyen du flux amont est inférieur à la
capacité moyenne du poste .
Par exemple :
Les encombrements à l'entrée des grandes villes le matin alors que la capacité
est suffisante dans la journée.
Exemple :
Considérons par exemple le flux de produits finis, qui est défini en fonction de la
demande commerciale. L'entreprise cherche à équilibrer le flux de la demande
des clients avec le flux de produits finis : tout déséquilibre durable aboutit soit à
une insatisfaction de la clientèle, soit à une surproduction :
Plusieurs raisons peuvent expliquer les variations dans les flux des produits à
l'intérieur de l'entreprise :
La livraison de matières premières par camions ou trains entiers, qui couvre les
besoins de l'entreprise pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois, constitue
un tel exemple de variation de flux.
Nous allons analyser un cas simple de partage de ressource entre plusieurs flux :
la découpe et le formage des quatre portières d'une voiture qui ont lieu sur une
même presse au rythme de 150 portières/heure.
Les quatre portières sont ensuite habillées et montées sur le véhicule au rythme
de 30 véhicules/heure.
Durée en
Opération Production
heures
10 A : Portière AV gauche 1500
2.5 AR : arrêt pour changement outil
10 B : Portière AV droite 1500
2.5 AR : arrêt pour changement outil
10 C : Portière AR gauche 1500
2.5 AR : arrêt pour changement outil
10 D : Portière AR droite 1500
2.5 AR : arrêt pour changement outil
variation du stock
Au total, en 50 heures, 1 500 portières de chaque type ont été fabriquées, soit
30 par heure. Le débit moyen de la presse est donc équilibré avec la ligne de
garniture et de montage (30/h). Mais il y a un stock qui se constitue entre la
presse et les lignes. Ce stock varie suivant le profil représenté sur la figure.
Au bout de dix heures de production, le stock atteint 1200 pièces car pendant ces
dix heures 300 pièces ont été « absorbées » par la ligne de garniture et de
montage (30/h).
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
Assemblage
1.4 Aléas
Il serait irréaliste de parler de gestion des flux, même au niveau d'un poste de
charge élémentaire, sans évoquer l'existence possible des dysfonctionnements.
Tous les éléments évoqués sont susceptibles d'être affectés par des aléas :
On parle alors de flux poussé, on ne tient pas compte des besoins du centre de
charge en aval mais on exécute les OF provenant des postes de charge amont.
Flux poussés
M1 M2
OF
---
----
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
Lorsque l'on est en flux tirés les ordres de fabrication sont réalisés
uniquement dans le cas où le poste aval en aura le besoin.
Ces OF peuvent être générés par le calcul des besoins ou directement par le
poste aval mais leur déclenchement dépend du poste aval et de ses besoins.
C'est-à-dire que si les besoins du poste aval sont nuls le poste amont suspend sa
production. Si tous les postes fonctionnent de la même manière ce sont au final
les besoins du client qui génèrent les ordres de fabrication.
Les deux types de flux peuvent coexister dans une entreprise, par exemple dans
une entreprise où l'élaboration du produit est de type T.
La première partie qui va fabriquer des composants de base peut travailler en
flux poussés et la dernière partie qui peut être une partie de montage ou
d'assemblage va travailler en flux tirés en fonction des demandes des clients.
M1 M2
Flux tirés
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
2 Capacités et charges
Les décisions concernant les ressources sont importantes. D'abord parce qu'elles
engagent en général l'entreprise pour des sommes élevées et pour une longue
durée comme des décisions d'investissement et d'embauche. Ensuite, parce que
leurs conséquences sont décisives à la fois pour la rentabilité de l'entreprise (par
exemple, le choix d'un type d'avion par une compagnie aérienne) et pour sa
capacité à répondre à la demande du marché (une insuffisance de ressources
empêche de livrer correctement les clients).
Une bonne image d'une capacité est fournie par le débit d'une route : 3 000
véhicules à l'heure, pour une autoroute, par exemple. On retrouve une notion
équivalente dans tout système logistique : 600 clients à l'heure pour un
restaurant fast-food, 120 dossiers par jour pour une agence de prêts immobiliers,
6 copies corrigées par heure pour un professeur, etc.
Exemple :
Lorsque des ressources multiples sont mises en oeuvre, elles peuvent être ou
non découplées les unes des autres par des stocks intermédiaires.
Deux ressources séparées par un stock intermédiaire de pièces peuvent être
considérées comme indépendantes, car l'arrêt de la ressource amont n'entraîne
pas l'arrêt de la ressource aval.
Si au contraire les ressources sont organisées sans stock intermédiaire comme
sur une chaîne d'assemblage, l'activité d'une ressource conditionne directement
celles des autres.
Exemple :
Si une usine possède deux fours de traitements thermiques identiques pouvant
travailler chacun 120 heures par mois, la capacité globale sera de 240 heures.
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
Lorsque des ressources sont utilisées pour réaliser un flux de production, le flux
maximum est limité par la capacité d'un des processus, en général la plus faible,
et on dit qu'il s'agit d'un goulot d'étranglement.
Pièces en
stock
Capacité
réseau des
Capacité du
Capacité de
ressources non
resources
goulot
G
Ressource
goulot G
Ressource
non
goulot
Ressource
non Capacité
goulot ressources non
goulot
Capacité du
Capacité de
ressources
réseau de
G
3 Charge
C'est donc une mesure de débit demandé. Les concepts de capacité et de charge
se correspondent, comme ceux de l'offre et de la demande. Il est recommandé
de les exprimer dans les mêmes unités.
Par exemple, la charge d'un atelier qui fabrique des chaussures est de 42 000
paires pour le mois de mars. En revanche, si la demande est hétérogène, il faut
choisir une unité de mesure plus abstraite.
Par exemple, la charge d'un atelier d'usinage est de 2 400 heures d'usinage
pour le mois de juin. Cela signifie que les ordres des clients, transformés en
heures de travail par le biais des gammes de fabrication, représentent une durée
de travail de 2 400 heures. Si l'usine possède 15 machines, chaque machine
réalise en juin (2 400/15) soit 160 heures de travail (en moyenne théorique car,
en pratique, compte tenu des spécificités du matériel, certaines machines ont
plus de travail que d'autres).
Représentation graphique :
La capacité d' une ressource peut être variable en fonction du temps. Des arrêts
de maintenance préventive, des nettoyages périodiques, des aménagements du
temps de travail etc. peuvent diminuer la capacité d'une ressource. La charge
d'un poste de travail est rarement égale à la capacité lorsqu'elle est inférieure on
dit que le poste est en sous charge et en surcharge dans le cas contraire .
Charge/capacité
Temps
charge
Tc=
capacité réelle
charge
Tu=
capacité théorique
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
On peut définir un taux de disponibilité qui donne une indication sur les temps
d'arrêt de la machine.
capacité réelle
Td=
capacité théorique
• répartir la charge sur d'autres postes de charge qui peuvent effectuer les
mêmes opérations et qui sont en sous charge,
• utiliser si c'est possible les heures supplémentaires,
• utiliser la marge disponible en décalant dans le temps les opérations à
effectuer lorsque le poste de charge n'est plus en sur charge,
• utiliser la sous-traitance,
• négocier avec le client les délais.
Exemple :
PA
Temps réglage Temps unitaire
Phase Machine
série (ch) (ch)
10 T1 30 10
20 CU 45 12
30 T2 20 6
PB
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
Temps
Phase Machine Temps série Temps total
unitaire
10 T1 30 4 7,5
20 CU 45 4 7,65
30 T2 20 7 12,8
Tour 1 Tour 2 CU
capacité théorique 35,00h 35,00h 35,00h
nettoyage 2,00h 2,00h 2,33h
arrêts 5,00h 5,00h 5,00h
magasin 8,75h
capacité réelle 28,00h 28,00h 18,92h
charge 22,80h 22,00h 26,10h
taux de disponibilité 80,00% 80,00% 54,05%
taux de charge 81,43% 78,57% 137,97%
taux d'utilisation 65,14% 62,86% 74,57%
Le chef d'entreprise, s'il ne consulte que le total, pourrait en conclure que l'atelier
est en sous charge car le taux de charge de celui-ci est de moins de 95% alors
que l'atelier est en surcharge sur le centre d'usinage.
Qe = 2NL
at
Soit un produit P fabriqué en lots de 2000 pièces sur 5 postes de charge M1, M2,
M3, M4, M5 dont la gamme est :
Produit P
Phase Machine Temps (ch)
10 M1 30
20 M2 5
30 M3 50
40 M4 5
50 M5 10
Les matières premières sont estimées à 20€ par pièce et par souci de
simplification on ne prend pas en compte dans le calcul du coût des en cours la
valeur ajoutée par chaque poste.
Le lot de transfert égale le lot de fabrication c'est-à-dire que l'on réalise 2000 pièces
sur M1 puis elles sont transférées sur M2 et ainsi de suite.
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
M1
M2
M3
M4
M5
et de
1h * 2000 = 2000h pour l'ensemble des 2000 pièces
Si l'on choisit un lot de transfert le plus petit possible (une pièce) on doit prendre
en compte la vitesse de chaque poste de travail.
La phase 20 sur la machine M2 a un temps de réalisation beaucoup plus court
que la phase 10, sa vitesse d'exécution est donc plus grande.
Si l'on souhaite réaliser un chevauchement maximum avec un lot de transfert
d'une seule pièce et dès la première pièce finie sur M1, on la place sur M2. Alors
M2 étant plus rapide elle va "attendre" la pièce suivante en provenance de M1.
Aussi afin que M2 fonctionne de façon continue il est préférable de terminer la
phase 20 juste après la fin de la phase 10 (5 ch ou le temps de réalisation d'une
pièce sur M2) et à partir de la fin de la phase de déterminer la mise en route de
la machine M2.
Autrement dit la fin de toutes les pièces sur M1 est de (2000*30)/100=600 h.
La fin de la phase 20 sera donc environ de 600,05 h si l'on néglige le temps de
transfert et le début de la phase 20 de : (600,05-(2000*5)/100)=500,05 h après
le début de la phase 10.
Leçon 2 : Généralités : flux, capacités, charges
En ce qui concerne la phase 30, elle est beaucoup moins rapide que la phase 20
et il est souhaitable de la débuter dès que la première pièce sortie de M2 est
disponible.
Nbre de
pièces
2000
M2
phase 20 M4
phase 40
M1
phase 10
M3
phase 30 M5
phase 50
temps