Extrait Les Amphibiens de France 9782759226658
Extrait Les Amphibiens de France 9782759226658
Extrait Les Amphibiens de France 9782759226658
Jean Muratet
Les Amphibiens
de France
Guide d’identification des œufs
et des larves
Les Amphibiens de France
Guide d’identification
des œufs et des larves
Claude Miaud
et Jean Muratet
Éditions Quæ
Cet ouvrage est une édition revue et augmentée de l’ouvrage des mêmes auteurs
intitulé Identifier les œufs et les larves des amphibiens de France paru en 2004
aux éditions de l’INRA.
Éditions Quæ
RD 10
78026 Versailles Cedex
www.quae.com
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Remerciements
La réalisation de ce guide a nécessité la recherche des œufs ou des pontes
dans le milieu naturel et l’élevage des larves et têtards de la plupart des
espèces. L’aide bénévole, amicale et précieuse de nombreux naturalistes
— qui ont pu nous accompagner sur le terrain — a permis sa réalisation
et sa présente réédition. Pour la construction des clés et la rédaction des
monographies, de nombreux herpétologues français et étrangers, amateurs
ou professionnels, nous ont fait partager leurs connaissances de la déter-
mination des espèces. Cette réédition a également bénéficié de la parution
de plusieurs guides (en Allemagne et Italie) dédiés aux larves et têtards, qui
n’existaient pas en 2004. Enfin, notre sollicitation pour des illustrations d’es-
pèces et de comportements reproducteurs a été particulièrement fructueuse
grâce à la mobilisation des naturalistes photographes. Que l’ensemble de
ces personnes trouve ici l’expression de nos remerciements sincères et de
notre gratitude, en particulier Damien Aumaitre, Franco Andreone, Paolo
Bergo, Mathieu Berroneau, Valérie Bosc, Olivier Buisson, Olivier Calvez,
Marc Cheylan, Dan Cogalniceanu, Christophe Coïc, Pierre-André Crochet,
Matthieu Daudé, Michel Delaugerre, Mathieu Denoël, Mathieu Detaint,
Christophe Eggert, Philippe Evrard, Philippe Geniez, Olivier Guillaume,
Alberto Gosà, Kurt Grossenbacher, Robert Guyétant, Christiane Jakob,
Pierre Joly, Bernard Le Garff, Jean Lescure, Thierry Lodé, Jean-Christophe de
Massary, John Measey, Gabriel Michelin, Michelle Monegon, Alain Pagano,
Cyril Ruoso, David Sautet, Dirk S. Schmeller, Roberto Sindaco, Jean-Marc
Thirion, Jean-Pierre Vacher et Stéphane Vitzthum (toutes nos excuses aux
personnes dont le nom aurait pu être oublié).
Un remerciement tout spécial à Philippe Geniez pour sa relecture atten-
tive de tous les textes, et ses tests des clés de détermination et des critères
d’identification.
Ce guide n’aurait pas pu être réalisé sans le soutien de la Société herpé-
tologique de France, de l’association Ecodiv, de l’Université de Savoie,
de l’École pratique des hautes études, du laboratoire Centre d’écologie
fonctionnelle et évolutive (UMR 5175 CEFE) de Montpellier.
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Sommaire
Préface............................................................................................... 3
Remerciements................................................................................... 6
Méthodes d’inventaire....................................................................... 25
Techniques sans capture (ne nécessitant pas d’autorisation)......... 25
Techniques avec capture (nécessitant une autorisation)................ 26
Exemple de mise en place d’un inventaire................................... 27
Recommandation importante....................................................... 30
Clés de détermination........................................................................ 33
Utilisation des clés de détermination........................................... 35
Clé de détermination des œufs et des pontes............................... 39
Clé de détermination des larves et des têtards.............................. 42
Illustration de répartition d’une espèce........................................ 46
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Biologie des Amphibiens
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leurs importantes réserves vitellines. La femelle va ensuite les déposer dans
l’eau, où elles achèveront leur développement jusqu’à la métamorphose et
le passage en milieu terrestre. Ces espèces sont dites ovovivipares.
Les Salamandres noires des Alpes sont entièrement terrestres. Les embryons
et les larves se développent dans les oviductes. La métamorphose s’y réalise
et la mise-bas voit apparaître des jeunes copies conformes en miniature
des adultes. Les larves et les jeunes métamorphosés se nourrissent d’un
magma « utérin » formé par les ovocytes non fécondés riches en vitellus.
En fin de développement, la larve se nourrit en abrasant des portions de
la paroi « utérine ». Ce développement embryonnaire et larvaire « intra-
utérin » peut s’étaler sur quatre années chez la Salamandre de Lanza.
Ces Salamandres sont vivipares. Les Salamandres tachetées dans certaines
populations des Pyrénées peuvent déposer des larves dans l’eau, ou bien
de grandes larves proches de la métamorphose sur le sol, ou encore des
jeunes métamorphosés. Si une quinzaine d’œufs atteint chaque oviducte,
quelques larves peuvent se développer en mangeant les autres œufs ou
embryons (oophagie et cannibalisme « intra-utérin », ou adelphophagie),
produisant ces grandes larves et jeunes développés.
Le Spélerpès de Strinati est également entièrement terrestre. La femelle
pond des œufs hors de l’eau qu’elle garde auprès d’elle. L’embryon donne
une larve qui reste et se développe dans les enveloppes de l’œuf grâce aux
substances nutritives contenues dans une vésicule vitelline. La métamor-
phose se réalise peu avant l’éclosion, qui voit alors sortir un jeune similaire
à l’adulte. Cet Urodèle est dit « ovipare à développement direct ».
La gamétogenèse et la fécondation
La reproduction sexuée des Amphibiens nécessite la présence d’un mâle
et d’une femelle. Les gamètes mâles — les spermatozoïdes — sont pro-
duits dans les tubes séminifères des testicules. La spermatogenèse est un
processus de multiplication et de différenciation cellulaire amenant la for-
mation des spermatozoïdes matures, utilisés pour la fécondation. Chez les
femelles, les gamètes femelles — les ovocytes — sont produits dans l’ovaire.
L’ovogenèse est également un processus de multiplication et de différen-
ciation cellulaire : à la métamorphose, le nombre d’ovocytes dans l’ovaire
augmente rapidement. Le nombre total des ovocytes utilisés au cours de
la vie de l’adulte est ainsi produit dès le début de la vie juvénile, soit près
de 40 000 chez le Crapaud commun. L’ovogenèse est complétée par une
accumulation très importante de substances nutritives dans le cytoplasme
des ovocytes. C’est le phénomène de vitellogenèse : les lipides stockés dans
les corps gras répartis dans tout le corps de la femelle sont mobilisés dans
le foie, transformés en vitellus et transférés aux ovocytes (fig. 1).
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Figure 1. Développement des ovocytes. 1 : croissance prévitellogénique et vitellogénique ;
2 : dépôt du vitellus (les lipides stockés dans les corps gras répartis dans tout le corps sont
mobilisés dans le foie, transformés en vitellus et transférés aux ovocytes) ; 3 : hypertrophie
des oviductes ; 4 : follicules post-ovulatoires ; 5 : ovocytes mûrs en attente de la ponte.
Après la ponte, le processus est répété, durant la même saison ou l’année suivante, suivant
les espèces et les environnements.
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La croissance vitellogénique d’une fraction des ovocytes d’une femelle
est modulée par une hormone — la gonadotropine — et signale le début
d’un cycle ovarien. Chez la femelle adulte, les ovaires contiennent donc
un ensemble de petits ovocytes non vitellogéniques et un ensemble de gros
ovocytes mûrs riches en vitellus.
L’ovulation se produit par rupture des cloisons folliculaires et ovariennes
qui entouraient les ovocytes mûrs. Les ovocytes, entourés d’une membrane
vitelline, sont libérés dans la cavité générale de la femelle. Ils sont captés
par le pavillon cilié de chaque oviducte supérieur. Des couches de muco-
protéines et polysaccharides (gangues) sont alors déposées sur les ovocytes
au cours de leur trajet dans les oviductes et forment ainsi une capsule de
protection. Le nombre de gangues autour des ovocytes, et donc des œufs
s’il y a fécondation, varie suivant les espèces.
Chez les Urodèles, cinq couches superposées protègent l’ovocyte puis l’em-
bryon qui se développera dans une « chambre capsulaire » : l’enveloppe la
plus interne est très hydratée et fluide, permettant les mouvements de l’em-
bryon, alors que la seconde est mince et résistante. Les autres gangues sont
disposées selon une alternance de couches molles/gluantes et minces/résis-
tantes. Chez les Tritons, la dernière couche est adhésive, permettant la fixation
des œufs dans la végétation (fig. 2). Chez le Spélerpès, qui pond ses œufs en
milieu terrestre, une couche externe plus résistante protège les embryons.
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Chez les Anoures, les gangues (jusqu’à 5 chez les Ranidés) entourent l’ovo-
cyte sans chambre capsulaire, sauf chez les Alytidés (Alytes, Discoglossus).
La gangue externe peut permettre l’adhésion des œufs à un support (par
exemple Bombina et Pelodytes). Immédiatement après la ponte, la gangue
externe enfle sous l’action de l’entrée d’eau. La proportion de la taille
des gangues par rapport à la taille de l’embryon varie en fonction des
paramètres physico-chimiques de l’eau, et entre les espèces. La gangue
externe est par exemple d’autant plus grande que l’eau est faiblement
minéralisée chez les Grenouilles (fig. 3). Cette gangue est renforcée chez
l’Alyte qui porte ses œufs en milieu terrestre, protégeant ainsi l’embryon
de la dessiccation.
Figure 3. Œufs de Grenouille des Pyrénées (Rana pyrenaica) au stade bourgeon caudal.
La gangue externe s’est gorgée d’eau après le dépôt de la ponte dans le milieu aquatique.
Figure 4a. Parade nuptiale chez le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris). Le mâle (à droite)
exécute une série d’actes comportementaux précis alliant mouvements et stimulations
chimiques (phéromones). La femelle réceptive (à gauche) suit le mâle dans cette parade,
menant ainsi au transfert du spermatophore.
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Figure 4b. Amplexus caudal chez le Calotriton des Pyrénées (Calotriton asper). Les
cloaques du mâle et de la femelle sont en contact étroit, permettant ainsi le transfert du
spermatophore.
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Une fois dans cette position, le mâle frotte son museau sous le menton de
la femelle. Il dépose un spermatophore sur le sol et pivote sur le côté pour
laisser la place à la femelle, qui capte alors ce spermatophore dans son
cloaque. Les spermatozoïdes peuvent être stockés dans un ensemble de
petits tubes (organe de Siebold) débouchant dans le cloaque. Ils serviront
à féconder le lot d’ovocytes mûrs de la femelle.
Chez les Anoures, la fécondation est externe. À l’exception de l’Alyte
accoucheur, la reproduction est aquatique : les mâles signalent leur pré-
sence aux femelles ou les attirent vers les sites de ponte par leurs vocalisa-
tions. Le mâle agrippe la femelle dans une position caractéristique selon les
familles. Cet amplexus peut être axillaire (Bufonidés, Hylidés et Ranidés)
ou lombaire (Alytidés, Bombinatoridés, Pélobatidés, Pélodytidés et Pipidés)
(fig. 6a et 6b). Le mâle féconde les ovocytes mûrs relâchés par la femelle.
Chez l’Alyte accoucheur, cette fécondation a lieu en milieu terrestre. Au
cours de l’amplexus, le mâle féconde les ovocytes pondus, enroule les œufs
reliés par un cordon entre ses pattes postérieures et les porte ainsi durant
l’incubation. À la date d’éclosion, il les dépose dans un site aquatique où
se poursuivra le développement larvaire.
Figure 6a. Amplexus axillaire chez la Rainette méridionale (Hyla meridionalis). Le mâle
enserre la femelle en plaçant ses membres antérieurs sous ceux de la femelle.
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Figure 6b. Amplexus lombaire chez le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata). Le
mâle maintient la femelle en plaçant ses pattes antérieures en avant des pattes postérieures
de la femelle.