Analyse Poesie

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OUTILS d’ANALYSE POESIE

Objet d’étude : la poésie

La poésie crée un langage original tout en s’appuyant parfois sur certaines règles. On
distingue ainsi la poésie régulière de la poésie libre.
Les éléments suivants vous permettront de réviser les principaux éléments relatifs à la
versification française.

AIDE dans votre manuel :


• Le sonnet p. 77
• Les règles du genre poétique p. 90 + exercices p.91
• Les formes anciennes p. 92 + exercices p.93
• Les formes modernes p.94 + exercices p.95

RÉCAPITULATIF UTILE :
I - LE VERS
À l’origine, le vers est destiné à être chanté et suit la mesure. L’unité de mesure du vers
français est la syllabe. On retiendra trois manières de rythmer le vers :
• les rimes indiquées par le même son à la fin du vers.
• les accents : ce sont des marques qui accentuent certains mots plutôt que d’autres,
selon la place qu’ils occupent dans le vers.
• les pauses : ce sont des coupes dans le vers qui isolent des groupes de syllabes.

1. Comment décompter les syllabes ?


• Les syllabes terminées par un e muet s’élident devant un mot commençant par une
voyelle ou un [h] muet. Cela signifie qu’il ne faut pas prononcer le e.
• Les syllabes terminées par un e sont vocaliques devant un mot qui commence par
une consonne ou par un [h] aspiré. Contrairement à la langue orale et quotidienne où
le plus souvent les e sont élidés.
• Le e muet ne compte jamais à la fin d’un vers. Il ne compte pas à l’intérieur d’un mot
s’il est précédé d’une voyelle : le dénu(e)ment, le dévou(e)ment,

EXEMPLE : Soient les vers suivants à lire ainsi (ce sont des heptasyllabes) :
Le Vierge, le vivac(e) et le bel aujourd’hui
Va-t-il nous déchirer avec un coup d’ail(e) ivre
Ce lac dur oublié que hante sous le givre
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui. (Stéphane Mallarmé)

Seuls les e finaux, de Vierge (v.1), de que hante (v.3) sont vocaliques. Tous les autres sont
muets, soit parce qu’ils sont suivis d’une voyelle, soit parce qu’ils sont situés à la rime.

2. La diphtongue : diérèse et synérèse


La diphtongue désigne deux sons qu’on peut entendre distinctement dans un même mot,
mais produits en une seule émission de voix. Il est donc indispensable pour mesurer le mètre
de savoir quand deux ou plusieurs voyelles successives forment une ou plusieurs syllabes.
• La synérèse : émission de deux voyelles en une seule syllabe.
Le mot lion peut être prononcé en une seule syllabe.

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• La diérèse : émission de deux voyelles en deux syllabes.

EXEMPLE : Dans le vers suivant, on doit séparer le mot lion en deux syllabes pour obtenir
douze syllabes dans l’alexandrin : il faut prononcer Li-on.
Vous êtes mon lion superbe et généreux. (Victor Hugo)

3. Comment mesurer un vers ?


En fonction de son nombre de syllabes, un vers sera d’un mètre différent.
Un vers est terminé par le retour à la ligne suivante. Il est également terminé par la rime. Le
vers suivant commence par une majuscule. Il existe des mètres pairs et impairs.

Selon leur nombre de syllabes, les vers portent des noms différents :
• monosyllabe (un vers d’une syllabe) ;
• dissyllabe (un vers de deux syllabes) ;
• trisyllabe pour 3 ;
• quadrisyllabe pour 4 ;
• pentasyllabe pour 5 ;
• hexasyllabe pour 6.

La poésie classique admet très rarement des vers de moins de sept syllabes (heptasyllabes),
préférant plutôt les vers de huit (octosyllabes), dix (décasyllabes) ou douze syllabes
(alexandrins).

4. Enjambement et rejets
Ces termes désignent les différences qui peuvent exister entre la longueur d’un vers et la
phrase. En effet, un vers ne correspond pas nécessairement à une phrase.
L’enjambement
Il y a enjambement lorsque la phrase ne s’arrête pas à la fin du vers, mais déborde jusqu’à la
césure ou à la fin du vers suivant. Il marque un mouvement qui se développe, un sentiment
qui s’amplifie, l’expression d’un sentiment qui dure. La construction syntaxique (structure de
la phrase) a des incidences poétiques (effet produit sur le lecteur).
EXEMPLE : Alfred de Vigny, Les Destinées, « La mort du loup »
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués

Le rejet
Quand un ou deux mots de la phrase sont placés au début du vers suivant.
Les poètes ne s’autorisaient l’expansion sur le vers suivant qu’exceptionnellement à des fins
expressives.
EXEMPLE : Rimbaud, Poésies, « Le bateau ivre »
Et dès lors, je me suis baigné dans le poème
De la mer, infusé d’astres et lactescent

Lorsqu’il est situé à la fin du vers précédent, c’est un contre-rejet.

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II - LE RYTHME
La coupe dans un vers est représentée par le signe /, la césure est matérialisée par // car
c’est une coupe majeure dans un vers de plus de huit syllabes. La césure divise le vers en
deux hémistiches.
Le rythme binaire scinde le vers en deux.
EXEMPLE : Pierre Corneille, Le Cid
« Ô rage ! Ô désespoir ! // Ô vieillesse ennemie ! 3/ 3 // 3/ 3
N’ai-je donc / tant vécu // que pour cet / te infamie ? » 3/ 3// 3/ 3
Le rythme binaire a souvent une valeur affective, il traduit des émotions qui n’arrivent pas à
se poser, qui sont extériorisées par jets.

Le rythme ternaire découpe le vers en trois mesures égales. Il exprime l’ordre, l’équilibre. Il
est très employé en poésie car il exprime une certaine harmonie, une régularité.
EXEMPLE : Victor Hugo, Les Contemplations, « Demain, dès l’aube »
Je marcherai / les yeux fixés / sur mes pensées. 4/ 4/ 4
Pierre Corneille, Suréna
Toujours aimer, / toujours souffrir, / toujours mourir » 4/ 4/ 4

Dans le premier extrait, le découpage en trois groupes égaux évoque peut-être le


balancement régulier de la marche, mais surtout l’absorption du père meurtri dans ses
pensées lancinantes (poème sur la mort de Léopoldine, fille de V. Hugo) ; dans le second, il
souligne la force contraignante du destin et l’accablement qui en résulte. Le passage d’un
rythme à un autre est souvent significatif d’un changement dans les faits ou les sentiments.
L’enjambement et le rejet créent des ruptures rythmiques à des fins expressives.

Le rythme peut être croissant quand les groupes sont de plus en plus longs. Il traduit alors
une amplification.
Joachim du Bellay, Les Antiquités de Rome.
Ainsi, / de peu à peu / crût / l’empire romain. 2/ 4/ 1/ 5
Pierre Corneille, Le Cid
Ô ra/ge ! Ô désespoir ! / Ô vieillesse ennemie ! » 2/ 4/ 6
Un vers a un rythme décroissant quand les segments se font de plus en plus courts. Ce
rythme marque le déclin, la chute, l’idée d’un abaissement ou d’une fin.

III - LA RIME
La rime – répétition d’un son identique en fin de vers- peut être définie selon sa nature et sa
disposition.
La versification française connaît principalement trois types de rimes :
1. Les rimes suivies (schéma : AABBCCDD, etc.)
2. Les rimes croisées (Schéma : ABAB)
3. Les rimes embrassées (ABBA).

Les rimes peuvent être de nature et de qualité :


• féminines (elles se terminent par un e muet) ou masculines (consonne finale).
• riches (3 phonèmes en commun), par exemple : remords/ morts
• suffisantes (2 phonèmes en commun), par exemple : suffocant/ quand
• pauvres (1 phonème en commun), par exemple : aimer/chanter

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La strophe constitue un groupe de vers décidé selon l’agencement des rimes :


• 2 vers : distique
• 3 vers : tercet
• 4 : quatrain
• 5 : quintil
• 6 : sizain
• 7 : septain
• 8 : huitain
• 9 : nonnain
• 10 : dizain

Correction des exercices du manuel


Les règles du genre poétique PAGES 90-91
Exercice 1
• Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose (alexandrin)
• J'ai failli, je le vois, je me rends, je suis pris (alexandrin)
• Flamboyant vois mon coeur, d'amour vois l'incendie ! (alexandrin)
• Le premier (diérèse) jour, je bois leurs yeux ennuyés.... (alexandrin)
• Voici que je défaille et tremble de vous voir (alexandrin)
Exercice 2
1. La Fontaine : 7/3/7/7 Musset : 6/6/2/6
2. Le changement de la mesure du vers provoque un changement de rythme ; il met aussi en
valeur les groupes nominaux isolés dans les vers plus courts ("Tout l'été"/"La lune").
Exercice 3
Viau : quatrain d'octosyllabes aux rimes embrassées (ABBA), féminines (riches) puis
masculines (pauvres).
Corbière : quintil d'octosyllabes aux rimes suivies puis embrassées (AABCCB), avec
alternance de rimes féminines puis masculines, suffisantes (-ête/-oir) ou riches (-ordre).
Exercice 4
1. Un tercet et un quatrain. Chaque strophe forme une seule phrase. Même si on trouve ici
et là des enjambements à la rime, la cohésion entre mesure métrique et ordre syntaxique
est respectée au niveau de la strophe.
2. Les thèmes développés :
- Le feu de l’amour : « un brasier amoureux », « qui me brûle », « son feu ». Le thème est
associé à celui des larmes (liquidité) : « l’eau », « de la mer de mes larmes » ;
- Le feu dans l'âtre, par opposition aux éléments extérieurs : "âtre", "brûlent", "tisons noirs",
"flammes roses"/"hurlent", '"vents moroses", "vilaines saisons".
Exercice 5
1. Le poème est en alexandrins. Il progresse thématiquement par un effet de cadrage visuel
de plus en plus resserré : 1ère strophe : chant large du petit val ; 2ème strophe : vision du
soldat étendu ; 3ème strophe : gros plan sur des détails : les pieds et le sourire ; dernière
strophe : très gros plan final sur la poitrine.
2. On trouve bien 2 quatrains, deux tercets. ABAB, CDCD, EEFGGF. Le dernier vers obéit à la
tradition ancienne du concetto, de la pointe du dernier vers : moralité, révélation, trait

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d’humour, etc. Ici Rimbaud produit un effet de révélation, le choc d’une surprise qui
concentre tout le sens du poème.
3. Enjambements du v. 1 au v. 2, du v. 2 au v. 3, du v. 9 au v. 10, du v. 13 au v. 14. On trouve
également de nombreux enjambements à la césure (particulièrement aux vers 5 et 12). Ces
ruptures sont caractéristiques de Rimbaud : c’est un effet de la modernité (refus de
l’harmonie traditionnelle), on peut dire aussi qu’elles marquent ici la présence de la mort :
quelque chose « ne tourne pas rond» dès le début, empêche le balancement harmonieux de
l’alexandrin.
4. Profondément marqué par l’absurdité et la cruauté de la guerre, Rimbaud lui consacre
plusieurs poèmes présents dans son recueil de 1870. C’est ainsi que « Le Dormeur du val » se
présente d’abord comme un sonnet qui chante les joies de la nature au sein de laquelle un
jeune soldat se repose. Le poème est en alexandrins. Il progresse thématiquement par un
effet de cadrage visuel de plus en plus resserré. La première strophe décrit un « petit val »,
qui associe les éléments naturels (verdure, rivière, herbes, montagne) à la joie et à la lumière
(chante, follement, argent, soleil, luit, rayons). Au chant large du petit val succède, dans le
second quatrain, la vision du soldat étendu, associant quelques éléments physiques (jeune,
bouche, tête, nuque, étendu) à la nature, toujours présente (cresson, herbe, nue, lit vert,
lumière). Le premier tercet s’arrête sur deux gros plans éclatés d’un bout à l’autre du corps :
les pieds et le sourire ; le second tercet s’achève sur un « insert », un très gros plan final sur
la poitrine qui est une révélation : le soldat est mort.
Plusieurs indications pouvaient présager cette fin tragique : « le trou de verdure » annonce «
le trou » du cimetière ; le soldat est « pâle » au v. 8 ; il est « malade » au v. 10 ; il a froid au v.
11 ; le v. 12 est construit négativement. Peut-être aussi peut-on entendre les mots « livide »
derrière « lit vert » et glas derrière « glaïeuls ». De même les nombreux enjambements du
poème à la rime (du v. 1 au v. 2, du v. 2 au v. 3, du v. 9 au v. 10, du v. 13 au v. 14) comme à la
césure (particulièrement aux vers 5 et 12. montrent que l’harmonie classique est rompue. Il
est même difficile de prononcer à haute voix les vers 5 et 6 (avec l’allitération brutale en [k]).
Tout cela montre que si Rimbaud garde le principe du concetto final au dernier vers du
sonnet, le lecteur pouvait s’attendre à cette révélation, qui montre avec force la tragédie de
la guerre.

Les formes anciennes PAGES 92-93


Exercice 1
1. On peut rappeler que Charles d’Orléans a contribué à fixer les règles du rondeau et de la
ballade, cette dernière supplantant progressivement la canso (chant royal) des premiers
trouvères et troubadours.
2. Le rondeau de Charles d’Orléans est composé de deux quatrains et d’un quintil écrits en
vers de huit syllabes. Les deux premiers vers du poème reviennent à la fin de la deuxième
strophe, constituant le refrain du rondeau. Réduit à un seul vers – « Le temps a laissé son
manteau » – il constitue aussi la chute du poème. Le système des rimes respecte l’alternance
des rimes masculines et féminines, dans la disposition suivante : ABBA / ABAB / ABBAA.
Le rondeau est court, resserré et s’inscrit directement dans le mouvement courtois, en
illustrant l’un de ses thèmes favoris : le renouveau du printemps. Les images sont élégantes
et précieuses, recréant en quelques vers un paysage cher à l’imaginaire médiéval.
Exercice 2
Le poème est composé de quatre quatrains. Les vers sont des alexandrins. Chaque strophe
montre deux rimes croisées. L’unité thématique et syntaxique de chaque quatrain est

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respectée. Les coupes à l’hémistiche sont régulières, à l’exception des enjambements aux
vers 3, 4, 5, 7, 13, 16. A la rime, on trouve un enjambement du v. 1 au v. 2, du vers 7 au vers
8. Ces caractéristiques donnent une sorte d’harmonie un peu solennelle au poème :

Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage


Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,


Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !


Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

Le Poète est semblable au prince des nuées


Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal,
1857.

Exercice 3
1. Le poème de Marceline Desbordes-Valmore se présente à la manière d’une ode ou d’une
chanson : trois strophes de pentasyllabes aux rimes croisées de huit vers chacune, se
terminant à chaque fois par une exclamation.
2. « Ma chambre » s’inscrit dans le mouvement romantique par la mélancolie de l’absence,
qui domine le poème et appelle l’expression lyrique de sentiments intimes. Le lexique est
simple, presque prosaïque (« Je brode mes fleurs »). Cette impression de simplicité est
renforcée par l’utilisation du pentasyllabe, qui casse le rythme naturellement binaire des
vers traditionnels.
3. Dans chaque strophe le lieu joue un rôle important, de la maison à la chaise finale,
souvenir des moments heureux. La première strophe met en place les lieux, la demeure «
haute » où la femme se retrouve seule. La deuxième strophe accentue le chagrin, avec
l’expression « mon âme est en pleurs » et l’évocation de l’orage. La dernière s’achève sur un
sentiment de résignation.
La demeure ouvre sur l’extérieur dans les deux premières strophes : la lune est pâle et
sérieuse, comme la femme elle-même. De même, c’est sur l’orage – après l’évocation du ciel
et des étoiles – que s’achève la seconde strophe, symbole romantique des tourments de
l’âme. Enfin la chaise est elle aussi « résignée » au vers 23. Les vers de cinq syllabes bercent
d’une façon régulière le déroulement de chaque strophe, sans rupture rythmique, formant
ainsi une douce mélodie mélancolique.
Exercice 4 – pour répondre, aidez-vous de la définition p.92

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1. L’épopée se caractérise par son thème fondamental, comme par sa forme particulière. Il
s’agit en effet de chanter le destin d’un héros individuel et collectif qui incarne les valeurs
d’une société et constitue également un de ses mythes fondateurs. On les retrouve ici à
travers l'histoire des peuples réduits à l'état d'esclaves et exterminés ("l'Indien", "le fleuve
musculaire de l'Afrique") par "frénésie de l'or" des colonisateurs, "la bousculade échevelée"
et le "vacarme des pioches".
2. Le rythme incantatoire1 imprimé par les anaphores et les formules laudatives2 inscrivent le
poème dans le registre traditionnel de l'épopée. Mais le genre de l'épopée est renouvelé par
l'utilisation du vers libre, mais aussi par la modernité des images : "le fleuve musculaire de
l'Afrique", "l'inépuisable/Trésorerie de chair noire", "le rayonnant midi du corps noir", le
"minerai noir" renouvellent les images traditionnelles de l'épopée.
Les formes modernes PAGES 94-95
Exercice 1
1. Le poème se présente à première vue comme un texte en prose. La première phrase,
isolée, est suivie d'un long paragraphe descriptif qui utilise le présent de l'indicatif.
2. L’image principale à laquelle le banyan est associé est celle de l’athlète. Tout au long du
poème, l’arbre est personnifié et comparé à une sorte d’Hercule végétal : « géant », « frère
», « membres », « épaules », « bras », « empoigné », « muscles », « peau », etc. Le
vocabulaire du corps humain est constamment utilisé pour mettre en oeuvre le procédé de
la personnification.
3. Le poème en prose possède un contenu narratif. Le poète joue sur les images et les
sonorités pour distinguer son poème d’une prose classique. Aux lignes 5-11, ce sont par
exemple les consonnes liquides l et r qui dominent en une sorte d’harmonie imitative qui
laisse entendre l’arbre géant craquer : « il écarte laborieusement ses membres comme un
bras qui tire. » L’ensemble du poème est construit sur le jeu d’échos entre les images et les
sonorités, qui se reflètent mutuellement.
Exercice 2
1. Le poème en prose se présente comme une description : celle de ce que l'on voit du
dehors dans une fenêtre fermée, à la manière d'un tableau. Celui-ci commence par
l'énumération de cinq adjectifs ("plus profond", "plus mystérieux", "plus fécond", "plus
ténébreux", "plus éblouissant") à valeur descriptive, affective ou visuelle. Les répétitions de
mots (ex : "fenêtre") ou de tournures syntaxiques ("Celui qui...") rythment le poème tandis
que les sonorités rappellent la poésie traditionnelle (allitération de la dernière ligne de
l'extrait).
2. Le poème en prose se distingue de la poésie traditionnelle. Ce ne sont ni les rimes ni la
longueur des vers qui créent l’impression de régularité, mais au contraire le rythme intérieur
de chaque phrase qui le rapproche du récit : Baudelaire joue sur les répétitions, les
énumérations, les parallélismes et les oppositions pour créer une poésie novatrice et
énigmatique.
Exercice 3
1. Les deux poèmes se caractérisent par l'emploi du vers libre et le rejet des règles
traditionnelles de la versification : les rimes sont remplacées par un jeu d'échos sonores et
de répétitions. Michaux comme Reverdy alterne l'emploi de vers longs et de vers plus courts,
parfois réduits à un seul mot ("Regret"), qui impriment leur rythme aux poèmes. Les deux
poèmes peuvent être qualifiés de poèmes ouverts.

1
Incantatoire = comme un chant
2
Laudatif = de la louange, mélioratif

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2. L'extrait de Michaux laisse apparaître une allitération en "t" qui rythme chacun des vers
du poème, lui imprimant une forme de scansion très régulière. Le son "t" est ainsi repris
toutes les trois syllabes, associé au son "d", comme si le poète voulait reproduire le rythme
régulier du battement d'un coeur. L'extrait de Reverdy joue de la même manière sur
l'harmonie imitative : le retour du son "r" dans le troisième vers peut ainsi évoquer le
crépitement du feu, celui du son "p" dans les trois derniers vers, les larmes de celui qui va
mourir... Le jeu des sonorités joue ainsi à la fois sur le rythme des vers et leur contenu
sémantique.
Exercice 4
1. Le poème semble composé de trois vers qui pourraient être disposés sur la page de la
manière suivante :
La cravate douloureuse que tu portes
Et qui t'orne ô civilisé
Ôte-la si tu veux bien respirer
2. En disposant les mots qui constitue le poème sous la forme d'une cravate, le calligramme
fait de la poésie un jeu visuel. Apollinaire adapte le poème à son imaginaire, à sa fantaisie.
L’intérêt est la fusion des mots et du dessin : ce sont les mots qui forment le thème choisi,
qui représentent une cravate, la tour Eiffel ou le Portrait de Lou au chapeau. A l’époque du
cubisme et des recherches esthétiques, Apollinaire apporte sa contribution à la « révolution
poétique » qui surgit au début du siècle et se poursuit encore aujourd’hui.
Exercice 5
1. Le poème de Bonnefoy est constitué de cinq vers de mesure différente. Plutôt que des
rimes, on y trouve des échos sonores ("noires"/"soir" ; "bleues", "labour", "bas"). Les trois
premiers vers sont des phrases, ce qui renforcent l'effet de blanc, de silence, qui les suit,
tout en mettant en valeur les deux derniers vers, qui constituent une adresse au destinataire
du poème.
2. Tandis que les deux premiers vers représentent le tableau coloré d'un ciel couchant,
probablement perçu par l'encadrement d'une fenêtre, le troisième vers fait du lit un "fleuve
en crue". Ce sont les paroles adressés dans les deux derniers vers par le poète amoureux à sa
destinataire qui donnent du sens au tableau, tout en venant l'enrichir des sons d'un "feu" et
du parfum de la "sauge" qui entoure les amants.

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