Svuv 3 1 12 - Stasilo
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Sommaire. L’Europe est caractérisée par le multilinguisme depuis les temps les plus
anciens jusqu’à maintenant. Le plurilinguisme et le multiculturalisme, c’est la base et la
particularité de l’identité européenne. La politique linguistique des institutions européennes
occupe une place importante en Europe et notamment en Lituanie où la moyenne des gens
maitrisant deux ou trois langues étrangères est plus élevée que celle dans l’UE. Or, le
nombre de francophones ici est moins enlevé que la moyenne européenne.
Il se présente avantageux d’examiner le point de vue des étudiants lituaniens de
l’Académie militaire de Lituanie, de l’université de Vilnius et du Centre de la formation
des douaniers concernant leur motivation d’apprendre le français qui est un facteur décisif
lors du processus éducatif. La desription et l’analyse des réponses des enquêtes liées à
l’apprentissages du français ou d’autres langues dans des universités, l’Académie et un
centre de la formation en Lituanie permet de dévoiler les facteurs principaux du choix
linguistique des étudiants lituaniens.
L’enseignant moderne doit tout d’abord créer des conditions favorables à
l’apprentissage en aidant l’apprenant à attendre ses objectifs. Il y a un grand choix
de méthodes et de possibilités pour apprendre le français langue étrangère, par ex.,
l’enseignement hybride, la mémorisation verbale ou des activités théâtrales. Le but principal
de toutes ces approches est de soutenir l’autonomie, la réflexion logique, l’intégration
et la participation active des apprenants. Le processus éducatif moderne envisage une
collaboration et une interaction active entre l’enseignant et l’apprenant. L’enseignant de
français, en se basant sur des méthodes actives et sa créativité, doit prendre en compte
les différences concernant le niveau linguistique, l’expérience et l’autonomie des individus
ainsi que les objectifs communs et personnels.
Introduction
235
l’espagnol. La Chine favorise le développement et la popularisation de la langue
chinoise écrite standard (mandarin), désignée comme ”la langue véhiculaire de
la nation“, surtout à partir de l’arrivée au pouvoir du parti communiste dans les
années 50-60 (Minglang Zhou, 2003 : 401). Etant donné la diversité linguistique
un élément clef de l’identité et de la culture européenne, les institutions de l’UE à
Bruxelles et à Strasbourg, notamment le Conseil de l’Europe et le Conseil européen,
encouragent l’apprentissage des langues vivantes dont le français langue étrangère
(FLE). Le sujet traité nous aidera à présenter la spécificité du travail de l’enseignant
du FLE en Lituanie et à voir les raisons ainsi que les motivations des apprenants
de l’Académie militaire de Lituanie (AML), de l’université de Vilnius (UV) ou
du Centre de la formation des douaniers (CFD) d’évoluer en développant leurs
compétences linguistiques en plusieurs langues dont le français.
Notre objet de recherche se concentre sur l’enseignement ainsi que
l’apprentissage du FLE en Lituanie, qui est en accord avec les lignes directrices
concernant la politique linguistique de l’UE. Le français n’est pas la première
langue vivante enseignée en Europe et nous nous intéressons par conséquent aux
raisons ainsi qu’aux motifs des apprenants d’étudier cette langue. Notre étude est
axée sur les observations et réflexions liées à l’apprentissage ou l’enseignement du
FLE dans le cadre de l’enseignment formel dans des universités lituaniennes et dans
le cadre de la formation continue professionnelle au CFD.
Notre but – répondre aux questions : « Quelles sont les méthodes
d’enseignement des langues étrangères aujourd’hui les plus efficaces ? Quel est le
statut de l’enseignant dans le processus éducatif actuel ? Quelles sont les raisons et
motivations d’apprendre une langue vivante ? Quelle est l’importance de l’approche
active et quelle est la place du lexique ainsi que des activités théâtrales dans une
telle approche ? ».
Méthodes. Nos nous basons sur des théories psychologiques ou
psychoéducologiques issues des ouvrages de R. Atkinson, D. Beresnevičienė,
G. Butkienė, Z. Dörnyei, H. Ebbinghaus, N. Gage, R. C. Gardner, T. Hatch,
L. Jovaiša, A. Kepalaitė, G. Petty, F. Rheinberg, R. M. Shiffrin, C. Tavris, etc., ainsi
que sur les données statistiques du Département de statique de la République de
Lituanie, de l’AML, de l’UV et de l’AML. Nous appliquons la méthode descriptive,
comparative et statistique à nos recherches.
236
enseignante à travers de l’Europe et au-delà. Le CECR a élaboré de nouveaux
programmes et des manuels pour les langues vivantes avec des tests et examens en
unifiant la grille d’évaluation. Le CECR décrit un certain nombre de compétences
linguistiques pour que l’apprenant ainsi que l’enseignant définissent leurs objectifs
et améliorent le savoir-faire en langue vivante pour la communication quotidienne
et la vie professionnelle. C’est aussi la raison pour laquelle le CECR introduit le
contexte culturel dans le processus éducatif.
Le CECR n’est pas le premier modèle qui décrit les niveaux de connaissances
linguistiques. Dans la deuxième moitié du siècle dernier, les enseignants ont
compris que les méthodes traditionnelles d’apprentissage, quand il fallait apprendre
par cœur beaucoup de règles et de nouveaux mots, traduire des textes, surtout
littéraires, n’étaient plus opérationnelles (Rosen, 2010). A la fin des années 70,
de nouvelles méthodes communicatives, qui mettent accent sur l’action et le
contexte, en y intégrant des connaissances culturelles, la kinésique et des situations
de communication, se sont apparues. Les apprenants ne devaient plus apprendre
seulement à conjuguer correctement les verbes, à utiliser les articles ou à faire des
listes de mots organisés autour de thèmes (animaux, travail, maison, etc.) mais ils
devaient aussi savoir se présenter, échanger des opinions, des sentiments, bâtir des
hypothèses, porter un jugement, etc. Les méthodes communicatives utilisent des
documents authentiques, par exemple, une fiche d’inscription pour un cours de
langues ou des extraits d’un journal télévisé, ainsi que des documents crées, par
ex., un dialogue ou un texte d’un manuel, dans le but de présenter la vie réelle et de
faire apprendre comment il faut communiquer, se comporter et réagir.
Les compétences communicationnelles permettent de devenir plus
indépendant de l‘enseignant en préparant l’apprenant à rôle actif dans la vie sociale
grâce à la modélisation des situations concrètes via une langue étrangère. Cela
nécessite que l’enseignant soit plus créatif dans l‘élaboration et la présentation
des programmes d’apprentissage. Il faut aussi que l’apprenant interagisse plus
courageusement et avec plus d’enthousiasme dans des situations et activités
proposées par l’enseignant.
237
situations problématiques ou développe des projets. L’évaluation personnelle des
apprenants se fait en se basant sur les références liées aux compétences développées
par des portfolios, des tâches intégratrices et moins sur les résultats des tests à
choix multiple. L’andragogue y joue un rôle important du guide qui peut aider
ou donner des conseils. Il peut communiquer avec les apprenants soit sur place,
quand la formation se déroule dans l’établissement qui organise la formation, soit
à distance, quand les participants se forment en ligne. Ce qui est le plus important
ici, c’est une interaction mutuelle entre l’andragogue et un apprenant adulte.
L’andragogue donne des moyens de constituer un bagage personnel d’outils
linguistiques pour atteindre les objectifs d’apprentissage. Cela permet de renforcer
la conviction de l’apprenant que sa découverte a été signifiante car elle fait partie
d’un système organisé où la synthèse et la création appartiennent à la perception
cognitive la plus haute selon la taxonomie de Bloom dont on a parlé auparavant.
Le CFD à Vilnius est l’un des premiers établissements d’éducation non formelle
du pays qui a employé cette méthode novatrice afin de favoriser l’apprentissage
tout au long de la vie.
Ce type d’apprentissage a eu un grand succès auprès des apprenants. Cela
est prouvé par les réponses anonymes du questionnaire distribué à la fin des cours.
L’enquête de satisfaction comporte 11 questions : « Comment évaluez-vous les cours
? », « Quelles étaient vos attentes avant de participer aux cours du CFD ? », « Les
cours ont-ils satisfait vos attentes ? », « Avez-vous lu le programme d’apprentissage
? », « Est-ce que tous les thèmes étaient utiles pour vous ? », « Quels thèmes vous
ont plu le plus ? », « Quels thèmes pourrait-on supprimer ? », « Qu’est-ce qu’on
pourrait y ajouter ? », « Comment évaluez-vous le rythme et l’intensivité des cours
?», « Quelles seraient vos propositions pour l’enseignant ? » et « Envisagez-vous
d’appliquer les connaissances acquises dans votre travail ? ».
Si nous comparons les réponses après les cours en présentiel et celles basées
sur l’apprentissage hybride en français, nous constatons la satisfaction plus élevée
pour l’approche hybride : 76 douaniers ont donné la meilleure note (« très bien
»), 8 personnes ont répondu « bien » et ce ne sont que 2 participants qui ont écrit
« note moyenne » pour ce type de cours (cf. Graphique n° 1). Quatre-vingt-douze
douaniers des cours en présentiel ont répondu au même questionnaire. Les réponses
indiquent que 58 douaniers ont donné la meilleure note, 21 personnes – « bien », 11
apprenants – « note moyenne », 2 personnes – « mauvaise note » (ibidem).
238
Graphique n° 1. Satisfaction des cours (2008-2012)
La dernière question portait sur l’utilité pratique des cours : entre 2011 et
2012, 2 personnes ont répondu qu’elles ne voyaient pas d’utilité des connaissances
linguistiques acquises, 35 participants ont noté qu’ils allaient parfois employer leur
bagage linguistique au travail et 70 douaniers voulaient l’appliquer immédiatement
au travail (cf. Graphique n° 3) ; entre 2008 et 2010, 11 personnes ne voyaient pas
d’utilité des connaissances acquises, 14 participants allaient parfois employer leur
bagage linguistique et 66 douaniers ont prévu d’avoir recours à leurs connaissances,
reçus grâce à ces cours, quotidiennement au travail (ibidem).
239
Graphique n° 3. Importance des acquis linguistiques au travail (2008-2012)
Multilinguisme en Lituanie
240
Tableau n° 1. Place du français dans les écoles de Lituanie en 2017-2018
1
cf. Les données statistiques viennent du site : http://www.veidas.lt/tag/kalbos
241
situation paradoxale car d’un côté, l’Allemagne, avec laquelle la Lituanie a
des relations historiques, économiques et culturelles assez fortes, est le pays
le plus puissant dans l’UE et de l’autre côté, sa popularité diminue. La même
situation est avec le français dont la présence dans les écoles et universités
lituaniennes baisse aussi. Cette langue a toutes les composantes nécessaires
pour la motivation : présence sur l’arène de la politique internationale (langue
officielle de toutes les plus grandes organisations internationales), richesse
culturelle et économique. Cependant, le français et l’allemand cèdent leurs
places au profit d’autres langues.
Ce n’est donc que 22% d’apprenants (ibidem) qui sont motivées d’étudier
l’anglais vu des facteurs extérieurs alors que les autres sont régis par des motifs
intérieurs.
242
Les résultats de l’étude sont différents concernant l’apprentissage d’autres
langues (allemand, français et russe). Il s’est avéré que l’intérêt à apprendre les
autres langues vivantes (surtout l’allemand et le français) était beaucoup plus faible.
Cependant, les réponses et les explications concernant la motivation n’ont pas
démontré une attitude négative des apprenants de l’AML envers ces langues. La
plupart des personnes interrogées ont dit qu’ils n’avaient pas compris les avantages
des cours et qu’ils ne voulaient pas être surchargés par des informations inutiles. De
plus, la grande majorité ne voyait pas d’utilité pratique d’apprendre car, selon eux,
il suffisait de maîtriser l’anglais et le russe pour se sentir bien et pouvoir réaliser
leurs ambitions professionnelles ou évoluer dans la profession militaire. D’autres
personnes ont avoué que les cours de français ou d’allemand donnaient très peu
d’ECTS (N.B. 3 ECTS) pour leurs études et qu’ils n’avaient pas assez de temps
pour ce type de cours supplémentaires. Il y avait aussi une petite partie de ceux qui
avaient accusé les professeurs de l’AML ayant chargé leurs cours par trop de règles
de grammaire que les cadets apprenaient seulement pour recevoir une bonne ou très
bonne note qui leur permettait de toucher une bourse plus élevée.
Quant aux réponses concernant la langue russe, devenue la deuxième langue
étrangère enseignée et étudiée à l’AML, 96% de personnes interrogées ont souligné
son importance dans la profession ou la vie. A noter, 51% d’étudiants l’apprennent
car c’est la langue d’un ennemi et 37% pensent que c’est la langue d’un grand
voisin alors que ce n’est que 12% qui croient qu’il suffit de maîtriser uniquement
l’anglais et le russe pour communiquer dans le monde entier ou réussir. On voit tous
ces résultats dans le sixième graphique (cf. ci-dessous) :
243
Graphique n° 7. Maîtrise linguistique et âge 2
On revoit que les langues les plus populaires sont l’anglais, le russe et
l’allemand (cf. Graphique n° 7). On observe également que l’âge le moins touché
par l’apprentissage ou la maîtrise linguistique est celui des enfants jusqu’à 14 ans
soit celui des personnes âgées plus de 60 ans (ibidem). Selon le Département de
Statistique, la quantité des Lituaniens maitrisant une langue étrangère a augmenté
de 70,6 % en 2001 jusqu’à 78,5 % en 2011. La maîtrise de l’anglais a également
grandi à partir de 16,9% jusqu’à 30,4%, le russe est maîtrisé par 63% de citoyens,
le polonais – 8,5%, l’allemand – 8,3%.
Les données du Département de Statistique nous indique de même l’âge
maîtrisant le plus de langues, c’est celui des jeunes entre 20 et 35 ans qui maîtrisent
deux ou trois langues (ibidem), c.-à-d., les étudiants sont les plus ouverts vers les
langues vivantes. Or, le français y est absent. Cela nous suggère l’idée qu’il y a
peu de francophones en Lituanie en prenant en considération l’importance de la
langue française dans le monde entier où le français occupe la 5ème place parmi
les langues les plus parlées avec 274 millions de locuteurs (selon les statistiques
de l’Organisation internationale de la Francophonie)3. L’enseignement et
l’apprentissage du FLE suit celui de l’anglais. En ce qui concerne le monde des
affaires et celui d’Internet, cette langue est la 3ème dans le business et la 4ème dans
le réseau mondial de communication.
2
cf. Les données statistiques viennent du site: https://osp.stat.gov.lt/documents/10180/217110/
Gyv+pagal+išsilavinima_ir_kalbu_mokejima.pdf/b75c5e7a-e733-48fa-95e4-83d485c6726a
3
cf. Les données statistiques viennent du site: https://www.francophonie.org/274-millions-de-
francophones-dans.html
244
FLE dans les universités lituaniennes
245
Graphique n° 8. Motifs du FLE dans les universités
D’autres réponses (80%) parlent d’un coût parfois trop élevé pour les
étudiants désirant apprendre cette langue à l’Institut français ou chez les particuliers.
Le manque de temps a été indiqué par 64% des répondants comme un très gros
problème. A noter que beaucoup d’interrogés pensent qu’un homme français
pourrait les motiver plus à apprendre cette langue assez difficile puisque la majorité
des réponses appartenaient aux femmes qui choisissent le FLE plus souvent que les
hommes (71 femmes et 19 hommes). La raison principale est donc le travail et la vie
quotidienne. Ce sont deux facteurs principaux qui motivent les étudiants à apprendre
le françias. Les critères comme le prestige, la popularité, l’offre institutionnel ou
la politique linguistique officielle sont moins importants pour la motivation et la
volonté d’apprendre.
Réussite de l’apprentissage
246
attitudes, aspirations et inclinations » (Gage, Berliner, 1994 : 263) ; Dornyei y voit
un processus provoquant « […] une grande force qui stimule une activité humaine
jusqu’à ce que notre but soit atteint, même au moment lorsqu’une autre force tente
de l’éliminer » (Dornyei, 1998 : 121).
La motivation est également associée à l’atteinte des objectifs : « La
motivation constitue donc un terme générique qui caractérise la nature de la force
qui produit un comportement ou une action » (Masson, 2011 : 19). C’est l’énergie
qui nous aide à gagner : « On peut aussi situer la motivation comme une intention de
faire qui est reliée à une activation, une dynamisation psychologique, une énergie
potentielle, prête à être mise en oeuvre ou à être déployée, mais qui peut aussi ne pas
l’être si l’activité ne correspond pas aux attentes et aux souhaits» (Lemoine, 2008:
403). Petty G. a distingué sept principes de réussite : 1) croire à l’importance de
l’apprentissage; 2) avoir confiance en ses propres forces ; 3) considérer le processus
d’apprentissage comme un défi personnel ; 4) communiquer ; 5) compter sur l’aide
de l’enseignant pour structurer et comprendre ; 6) respecter les délais ; 7) apprendre
plus les aptitudes ou les compétences et moins le contenu (Petty, 2009).
Les représentants du constructivisme social Williams M. et Burden L. R.
divise la motivation en facteurs internes, liés aux approches affectives, cognitives
et métacognitives de la compréhension traitée par la psychologie, l’éducologie ou
la biologie ainsi qu’en facteurs externes, recherchés et étudiés en premier lieu par
les sciences sociales (Williams, Burden, 1997). Ces facteurs sont propres également
à la motivation d’apprendre une langue étrangère, ce qui mérite d’être discuté plus
en détail.
On veut et on peut apprendre une langue vivante si on est motivé. Sans
motivation, aucun processus cognitif, qui nécessite une réflexion, une mémorisation,
une compréhension et une concentration, n’est possible. Il a été déterminé que
la corrélation entre l’intelligence générale et la motivation d’apprentissage
fluctue habituellement d’environ 0,50 et même de 0,80 (Rheinberg et al., 2000).
La corrélation élevée entre les résultats d’apprentissage, la motivation et les
compétences cognitives est souvent considérée comme l’un des arguments les plus
significatifs pour la mise en valeur des recherches dans le domaine.
Sur cette base, on peut affirmer qu’il existe une vision unifiée des scientifiques
dans la formulation des trois principaux facteurs de motivation dans l’apprentissage
des langues : l’intention humaine bien déterminée, les efforts et l’énergie ciblés
pour réaliser des objectifs linguistiques fixés (ibidem). Assurément, les résultats
d’apprentissage seront encore meilleurs si l’apprenant a une attitude positive vis-à-
vis de l’apprentissage sans oublier, bien sûr, les capacités intellectuelles. C’est ainsi
que Gardner R. C., l’un des scientifiques les plus éminents dans le domaine et le
fondateur de la théorie de la motivation, décrit la motivation comme des efforts pour
atteindre un objectif linguistique et une bonne attitude en face de l’apprentissage
des langues (Gardner, Lambert, 1972).
Ce sont l’expérience individuelle, les résultats acquis, la réussite et les
247
intérêts personnels qui influencent la motivation de chacun d’apprendre une
langue étrangère (Berndt, 2002). Chaque apprenant adulte a son propre système
d’apprentissage en s’appuyant sur son expérience et évolution linguistique. Ceux ou
celles dont les souvenirs et le bilan personnels, liés à l’apprentissage, sont positifs
ont des ressources intérieures plus élevées que ceux ou celles dont l’expérience
est négative. Plus l’expérience est réussie, plus il est facile d’apprendre une ou des
langues étrangères. Cela renforce et accélère l’apprentissage en rendant le processus
éducatif plus significatif, intéressant et divertissant. Sans doute, l’apprenant n’est
pas motivé grâce uniquement à ses ressources intérieures.
Méthodes actives
248
L’enseignant aide également l’apprenant à évaluer son niveau et état de
préparation, ses difficultés et qualités, à exprimer son opinion personnelle. On peut
commencer par des questions ou phrases provoquant le débat. On peut, par exemple,
soumettre une liste de mots illustrant la règle de la distinction entre le genre masculin
et féminin grâce à la connaissance des terminaisons : « un fromage, un paysage, un
courage » mais « une image, une plage, une cage ». On peut également présenter
avancer une affirmation contestable et demander qu’elle soit discutée : par exemple,
on demande d’élaborer la liste des raisons de la dégradation des valeurs culturelles,
sociales et familiales. Les apprenants échangent sur le sujet par groupe de deux ou
trois et s’expriment, s’opposent ou approuvent. Le professeur note au tableau les
propos des apprenants. La discussion achevée, chaque groupe présente au moins
une idée. Les hypothèses les plus intéressantes et les plus originales sont évaluées,
corrigées par l’enseignant si nécessaire au tableau ou sur l’écran interactif. Le temps
des débats varie en fonction du niveau des apprenants, de la difficulté de la tâche ou
de l’intérêt manifesté par les apprenants pour le thème.
L’enseignant ne doit pas évaluer ou critiquer les apprenants ni leurs propos,
même s’il n’est pas d‘accord. Son but est de provoquer l’intérêt des apprenants
(surtout dans le cas des adultes) pour le sujet traité et de les amener à la recherche
commune d’une réponse. La tâche terminée, l’enseignant y ajoute des commentaires
en se basant sur ses connaissances théoriques et son expérience professionnelle liées
au sujet traité en faisant ainsi des corrections nécessaires grammaticales, lexicales
s’il s’agit d’un thème grammatical ou lexical ou encore sur les visions du monde si
c’est un sujet d’actualité, en passant ensuite à une explication ou une présentation
plus détaillée.
Les andragogues et professeurs, passants du paradigme de l’enseignement
au paradigme d’apprentissage actif, saisissent les principes de base de l’éducation
moderne où la compréhension de l’apprentissage individuel est primordiale. On
apprend en se basant sur notre expérience, nos compétences, notre propre stratégie
d’apprentissage. Les enseignants doivent partir des centres d’intérêts des apprenants
afin de susciter l’envie d’explorer, d’apprendre et de coopérer. Donc on choisit des
exercices très variés pour contenter les besoins personnels des apprenants.
Selon Howard Gardner et Thomas Hatch, les moyens non linguistiques
de la communication (kinésique, proxémique, logique, musique, rythme, etc.),
la dimension métalinguistique du langage, la perception spatiale et les relations
interpersonnelles permettent de mieux apprendre (Gardner & Hatch, 1989).
Le processus traditionnel se limite à l’acquisition des compétences purement
linguistiques. Il faut employer un apprentissage actif qui prend en compte différents
aspects du langage et des approches actionnelles. Si la personne est susceptible de
percevoir une information par les yeux, voire la vision, on lui offre des images, des
photos, des schémas, etc.; par l’audition – des discussions, des débats, des extraits
sonores, etc.; par la tactile – des jeux ou des activités ludiques.
249
Mémorisation verbale
250
Tableau n°2. Modèle d’Atkinson-Shiffrin4
Auditif
Registres sensoriels
Mémoire à Mémoire à
court terme long terme
Visuel
Stockage Stockage
temporaire permanent
Tactile
Processus de contrôle
n Encodage
n Récupération
n Price de décision
4
http://www.reussir-en-universite.fr/apprendre-a-apprendre/elt_apprentissage3_3.html
251
devient abusive et inefficace. Les expériences entre les humains et les animaux
le démontrent – les deux perdent leur intérêt pour le processus d’apprentissage.
Beaucoup de spécialistes de l’enseignement formel et non-formel sont d’accord avec
le point de vue rappelant que le processus d’apprentissage nécessite la distinction
de ces critères : a) besoin du savoir, b) autonomie, c) expérience, d) capacité
d’apprendre, e) orientation, et f) motivation (Danaitis, Usovaitė, 2010).
Activités théâtrales
252
les mains au niveau du couer] mais il était trop intelligent [aut. on lève les mains
en haut] ». Ou encore un autre exemple de l’exercice qui aide les apprenants à
apprendre le français grâce au lien entre le geste et la parole : « ‘Oui’ est blanc [aut.
les paumes ouvertes tournées vers le haut]. ‘Non’ est noir [aut. les paumes ouvertes
tournées vers le bas]. ‘Oui’ est noir [aut. les paumes ouvertes tournées vers le bas].
‘Non’ est blanc [aut. les paumes ouvertes tournées vers le haut] ».
L’objectif de tous ces exercices est de faire réagir, bouger, interagir les
apprenants dans une langue étrangère pour leur faire acquérir du vocabulaire, de
perfectionner leur accent, la prononciation. Après les exercices de l’ ”échauffement“,
on peut passer aux dialogues. On forme des groupes, on distribue des extraits
et chaque groupe montre le travail fini à tour de rôle. Les extraits doivent faire
nâitre un certain intérêt dans l’âme des apprenants pour la langue grâce au lien des
dialogues avec leur vie personnelle ou professionnelle. Pour l’enseignement hybride
(cf., ci-dessus), on utilise, par ex., les dialogues prises du module « Formation
professionnelle combinée. Le français professionnel des douaniers, niveau B1 »
(„Kombinuotas mokymas. Muitinės pareigūnų prancūzų kalba, B1 lygis“5).
Voici un extrait d’un tel dialogue, sur lequel les douaniers travaillent en
formation professionnelle : « - Allo Irma, c’est Mindaugas. Alors cette installation
à Paris, comment ça se passe ? - Oh, je ne suis là que depuis une semaine. J’ai passé
mon temps à me présenter, rencontrer des gens... J’ai tout de même réussi à installer
mon bureau. - Ce vieux bureau inconfortable ?! - Tu ne vas pas le reconnaître
! ». Ainsi, les apprenants connaissent à l’avance le contexte (un collègue qui a
déménagé), le moment (une pause de déjeuner), ce que font les personnages (ils
parlent au téléphone) et les rôles qu’ils tiennent (ce sont des collègues qui ne se sont
pas vus depuis longtemps).
Comme ce travail se fait au début dans un petit groupe, cela pourra rassurer
les personnes timides qui n’osent pas parler devant toute la classe mais qui pourront
parler dans un petit groupe avec les autres en pratiquant le français. C’est ainsi que
se passe la libération, l’ouverture et la connaissanse de sa propre personnalité grâce
au français. Pour les activités théâtrâles, il est assez important d’essayer d’entrer
dans la peau de quelqu’un d’autre et de collaborer avec les autres. On réussit donc
à réunir deux grands objectifs didactiques : libérer son être afin d’affronter sa peur
de parler une langue étrangère en public et retrouver son rôle social pour pouvoir
interagir avec d’autres acteurs sociaux.
L’interprétation des extraits des pièces de théâtres ou la récitation des poèmes
ne sont pas les seules activités théâtrales. Le théâtre moderne a transgressé ses
frontières classiques pour s’ouvrir vers la pluridisciplinarité. Tout dépend de la
créativité et de la volonté des enseignants ainsi que de la participation active des
5
http://www.cust.lt/mport/failai/struktura_ir_kontaktai/muitines_mokymu_centras/mokymo_
programos/kombinuoto_mok_programos/KOMB_MUITINES_PAREIGUNU_PRANCUZU__
KALBA__B1__LYGIS_2010_05_31.doc
253
apprenants. Cependant, si ces activités peuvent être au service de l’apprentissage/
enseignement d’une langue étrangère (voire du français), elles ont aussi des
limites : réticence psychologique chez certains participants, manque de repères ou
d’objectifs bien clairs et concrets pour les apprenants, efforts considérables pour
créer ou maîtriser une ambiance favorable à l’apprentissage et à la créativité (surtout
en travaillant avec les enfants), différences psychologiques et personnelles des
apprenants, nécessité d’un contrôle ou d’une direction perpetuels pour les niveaux
débutants, etc. Les activités théâtrales peuvent donc être considérées comme
un appui non négligeable mais elles ne peuvent pas faire l’objet d’un système
d’enseignement des langues étrangères autonome et indépendant.
Conclusions
254
Bibliographie
255
pour les langues. CLE international.
24. Tavris, C., et al. (1999). Introduction à la psychologie: les grandes
perspectives. Editions du Renouveau pédagogique.
25. Trim, John L. M. (1999). Les langues vivantes au Conseil de l’Europe
1954-1997. Conseil de l’Europe. Strasbourg. 15-17.
26. Williams, M., Burden R.L. (1997). Psychology for Language Teachers: A
Social Constructive Approach. Cambridge.
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² https://osp.stat.gov.lt/documents/10180/217110/Gyv+pagal+išsilavinima_ir_kalbu_mo-
kejima.pdf/b75c5e7a-e733-48fa-95e4-83d485c6726a
³ https://www.francophonie.org/274-millions-de-francophones-dans.html
4
http://www.reussir-en-universite.fr/apprendre-a-apprendre/elt_apprentissage3_3.html
256
LEARNING FRENCH IN LITHUANIA AND MOTIVATION
Summary
257
AUTORIAUS LYDRAŠTIS
258