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^^A France, pendant tout le
cours de sa merveilleuse des-
tinée, n'a point traversé de
crise plus douloureusement
longue que cette période san-
glante appelée par les histo-
riens la guerre de cent ans.
Les dures secousses qu'elle a subies à diverses
époques, si rapprochées qu'elles fussent, ont eu
des intervalles de tranquillité ;
et, si l'on en
Préface» 3
^ _
effrayant, c'est la Jacquerie. Écrasé d'impôts,
rançonné par chaque parti, las de payer et de
souffrir, le peuple se soulève, comme il se sou-
lève toujours, sans savoir ce qu'il fait ni ce qu'il
veut, absurde, abominable, épuisant sur des
innocents aveugles vengeances. Jacques
ses
Bonhomme s'en va comme une brute en délire,
que la faim ou la douleur rend inconsciente de
son existence même. Il pille, il brûle, et lui qui
pleurait du pillage et de l'incendie, il ne laisse
pas pierre sur pierre il tue, et de telle fureur,
;
puisse plaire!
Or j'ai mis, au premier chef de mon prologue,
que je veux parler et traiter de grandes mer-
veilles. Vraiment tous ceux qui liront et verront
appelle « le bon roi Edouard », et père du roi Edouard III « sur qui
cette histoire est ordonnée »,
12 Les Cbtoniqueg ne jFtoissart
IL —
Comment le père du roi Edouard III fut
MARIÉ A LA FILLE DU BEAU ROI PHILIPPE DE FrANCE.
IV. —
Comment monseigneur Philippe de Valois
FUT ÉLU A LA MORT DU ROI ChARLES DE FrANCE,
QUI MOURUT SANS HOIR MALE ET COMMENT IL ;
après la mort de Charles IV, dit le Bel, était leur cousin germain. Son
père, le comte de Valois, était, ainsi que Philippe IV, fils de Philippe III,
de saint Louis,
dit le Mardi, et petit-fils
1. L'empereur Henri VII.
2. Jean de Luxembourg.
Le0 Cbroniqucjs ne jFrotoart. 15
toire. , ^
KROISSART.
i8 Les C{)tonîque,0 De 5toi00art
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V. — Comment le roi de France envoya des légats
EN Angleterre pour sommer le roi d'Angleterre
qu'il lui vint faire hommage ET quelle chose ;
,-
20 ïLcs chroniques îie jFroissart
ne l'avait vu.
Ces nouvelles se répandirent parmi le royaume de
France que le roi d'Angleterre devait venir en
:
LEvoyage
jeune d'Angleterre ne mit pas en oubli le
roi
devait faire dans le royaume de
qu'il
France, et il s'appareilla bien et élégamment, et aussi
suffisamment qu'il lui appartenait et il partit d'Angle- ;
VII. —
Comment le roi de France prit en haine
MESsiRE Robert d'Artois qui dut s'enfuir hors
DU ROYAUME ET COMMENT IL FIT METTRE EN PRISON
;
France, femme du roi Philippe, aidait trop fort sa partie adverse (le
duc de Bourgogne, Eudes IV) dont elle était sœur; si bien qu'elle
montra au roi et prouva merveilleusement comme fausse, une lettre que
ledit messire Robert d'Artois mit en avant et dont il voulait s'aider. Et
cette K'ttre futcondamnée en parlement de Paris et fut brûlée co^nme
;
— Bel oncle, nous avons assez pour vous et pour nous. Ne vous souciez
32 les Chroniques îie jFroissatt.
SUR l'ordonnance de
mer, que de le roi
la croisade, pour aller outre
France avait entreprise et
dont il se faisait chef, s'avisèrent plusieurs seigneurs
par le monde, et quelques-uns l'entreprirent aussi par
grand' dévotion. Car le pape absolvait de peine et de
faute tous ceux qui iraient en ce saint voyage. Ladite
I. Don Pcdre IV, roi d'Araj^on, étant allé rendre hommage de son
royaume au pape Benoît XII, le roi de Majorque, Don Jayme II, se
trouva en même temps que lui à Avignon. Lors de l'entrée solennelle
de Don Pèdre, un écuyer de Don Jayme frappa d'un couj) de houssine
le cheval du roi d'Aragon. Ce fut là l'objet de cette grande haine que
Philippe parvint à apaiser ce qui n'empêcha pas Don Pèdre d'e.ilever
;
autre adverbe.
36 les Cf)tonique0 ne j?rol$0art
XI. —
Comment le roi d'Angleterre envoya ses
MESSAGERS AU COMTE DE HaINAUT POUR AVOIR SON
CONSEIL SUR CE QU'iL FERAIT DU DROIT QU'iL SE
DISAIT AVOIR EN FrANCE QUELLE CHOSE LE COMTE
;
qu'on ne parlait et ne
et
devisait d'autre chose, messire Robert d'Artois se
tenait en Angleterre, chassé de France, auprès du
jeune roi Edouard. Et ledit messire Robert conseillait
et exhortait continuellement le roi qu'il voulût défier
le roi de France qui tenait son héritage à grand tort.
Ce dont le roi anglais demanda plusieurs fois conseil,
par grand' délibération, à ceux qui étaient ses plus
secrets et spéciaux conseillers, comment il se pourrait
maintenir au sujet du tort qu'on lui avait fait clans sa
jeunesse du royaunie de France, qui par droite suc-
me confesse que,
h, tort et à péché, je consentais jadis à votre déshcii-
etvous neveu. » De ces paroles le roi fut tout pensif, et toutefois il les
écouta volontiers. (M. cVAtiiiens.)
38 Les Cf)toniquc0 ne jFroissart.
le droit de lever des troupes sur leurs terres et parmi leurs vassaux.
Leur nom vient de la bannière sous laquelle ces \assaux se ranj^^eaient
en cas de «guerre. Charles VU, en créant les compaj^nies d'ordonnance
en 1439, mit fin à cet ancien mode d'enrôlement et supprima de fait les
bannerets. Pour lever bannière, il fallait posséder quatre bachellcs ou
mesures de terre.
La ba}i7iiire était de forme carrée.
Le pciinon était l'enscij^ne des chevaliers c'était une cornette à
;
pointe.
Enfin le /^•//.'//(Y'rtw était l'enseifi^ne (jue portaient les simiiles écuyers
ou bacheliers, c'est-à-dire ceux (|ui possédaient nioins de (piatre
bachelles.
iLes Chroniques De jFroissart. 39
loyal pouvoir. Ainsi fera Jean, mon frère, qui est assis
là, et qui autrefois l'a servi. Mais sachez qu'il lui fau-
drait bien avoir une autre aide, plus forte que n'est la
nôtre. CarHainaut, vous savez cela, est un petit pays
le
au regard du royaume de France et l'Angleterre gît ;
XI I. —
Comment les seigneurs d'Angleterre
FIRENT alliance AVEC LE DUC DE GUELDRES, LE
MARQUIS DE JULIERS, l'aRCHEVÊQUE DE CoLOGNE ET
LE SIRE DE FaUQUEMONT.
terre avait clos tous les passages de la mer et ne laissait rien venir ni
arriver en Flandre, et spécialement laines et agneaux. Ce dont tout le
pays de Flandre était tout ébahi, car la draperie est la principale chose
de quoi ils vivent et déjà trop de bonnes gens et de riches marchands
;
A euillez nous écouter. Nous venons vers vous demander conseil, car on
nous dit que le grand bien que vous pourrez faire remettra le pays de
Flandre en bon point. Or veuillez nous dire comment vous ferez ainsi
;
charité, car il est bien besoin que vous ayez considéré notre pauvreté.
— Alors s'avança Jacquemart d .Artcveld et dit Seigneurs compagnons,
:
il est bien vrai que j'ai dit que, si j'étais de tous écouté et cru, je met-
trais la Flandre en bon point, et notre sire n'en serait en rien grevé. —
Alors ils l'embrassèrent à qui mieux mieux, et l'cmijortèrent entre
eux, et dirent : Oui, vous serez cru, écouté, craint et servi. > Miinuscrit
dW miens.
46 ïLcs C{)roniQiie.0 De jTroissart.
XIV. —
Comment les seigneurs d'Angleterre
firent alliance avec les flamands, en leur
donnant et promettant, et spécialement avec
Jacquemart d'Arteveld.
CESdeçàseigneurs
mer
d'Angleterre qui
la
encore par
qui étaient à Valenciennes
et
étaient
aussi
honorablement que vous avez ouï, pensèrent entre eux
que ce serait grand confort pour leur seigneur le roi,
d'après ce qu'ils voulaient entreprendre, s'ils pouvaient
avoir l'accord des Flamands qui alors étaient mal avec
le roi de France et avec le comte leur seigneur. Ils en
demandèrent donc conseil au comte de Hainaut qui
leur dit que vraiment ce serait le plus grand secours
qu'ils pourraient avoir, mais qu'ils n'en pouvaient pro-
fiter s'ils n'avaient d'abord acquis la grâce et la faveur
de ce Jacquemart d'Arteveld. Ils dirent qu'ils en fe-
raient leur possible bientôt.
France, depuis Louis X et, revenu à Gand, où il dtait né, il avait épousé
;
XV. —
Comment le roi d'Angleterre fit ses
PRÉPARATIFS EN ANGLETERRE POUR PASSER LA MER,
ET MANDA A SES ALLIÉS QU'iLS VINSSENT A LUI SANS
DÉLAI, SUR LA FOI QU'iLS LUI AVAIENT PROMISE ET ;
I. Étant forcés de passer sous silence bien des faits intéressants, nous
VOUS
qui
avez bien ci-dessus ouï raconter
à Malines,
fut comment et
le
le roi
parlement
anglais et
ces seigneurs de l'Empire envoyèrent défier le roi de
France. Sitôt que le roi Philippe se sentit défié du roi
anglais et de tous ses alliés, il vit bien que c'était sé-
rieusement et qu'il aurait la guerre. Il se pourvut donc
selon cela, bien et Qrrossement, et il retint q-ens d'armes
et soldats de tous côtés, et envoya de grandes garni-
sons en Cambrésis, car il pensait bien que c'était de
ce côté qu'il aurait premièrement l'assaut. Et il envoya
dans Cambrai monseigneur le Galois de la Baume,
un bon chevalier de Savoie, et l'en fit capitaine avec
monseigneur Thibault de Moreuil et le seigneur de
Roye. Et ils étaient bien là, tant Savoisiens que Fran-
çais, deux cents lances. Et ledit roi Philippe envoya
encore saisir le comté de Ponthieu que le roi d'Angle-
terre avait tenu auparavant, de par madame sa mère (').
Et il manda et pria à quelques seigneurs de l'Empire,
tels que le comte de Hainaut, son neveu, le duc de
Lorraine, le comte de Bar, l'évêque de Metz, l'évêque
de Liège, monseigneur Adolphe de la Marck, qu'ils
ne fissent nulle mauvaise entreprise contre lui ni contre
changeant, et par dessus d'une dalmatiquc, en son bras un fanon (ma-
nipule) et une étole croisée par devant, à la manière des prêtres, le tout
étoffé aux armes de l'empire ; et il avait ses pieds de drap tel que le
corps, et sa tête coiffée d'une mitre ronde, et sur cette mitre une cou-
ronne d'or fort riche en ses mains deux blancs gants de soie et en ses
;
retirés, après avoir brûlé et dérobé toute la ville. Ce dont ils furent
courroucés et le roi de France tout joyeux, et dit que Harbevaire et les
;
vèv
XVIII. — Comment lk roi de France fit loger ses
gens a buironfosse pour attendre la le roi
d'Angleterre, et comment la journée fut prise
ET assignée entre LES DEUX ROIS POUR SE COMBATTRE,
r. David Bruce.
2. Jean III, duc de liretagne.
3. Charles II de Valois, comte d'Alençon.
62 les Chroniques ne jFroissatt
1. « Cette journée fut fort belle, et claire et sans brume ;et le soleil
resplendissait en ces armoiries, si bien que c'était grand passe-temps de
l'imaginer et voir. » Manuscrit d\l7>uens.
2. Froissart divise la journée d'après les heures canoniales qui sont
pour le jour les mêmes que les termes de division adoptés par les
Les Cbroniqucs Dc jFroisgart 63
KKUIbbAKl.
66 les Chroniques De jFroissart
XXII. —
Comment le roi Edouard s'en retourna
EN Angleterre et laissa pour garder la
Flandre le comte de Salisbury et le comte de
Suffolk; et comment messire Hugues Kiéret et
ses compagnons conquirent grand avoir en
Angleterre et prirent le grand vaisseau qui
s'appelait Christopfe.
LE roi
l'armée
de France renforça encore grandement
qu'il tenait sur mer et la grosse armée
des écumeurs, et manda à messire Hugues Kiéret, à
Barbevaire et aux autres capitaines, qu'ils fussent soi-
gneux de se tenir sur les frontières de Flandre, et
qu'ils ne laissassent nullement repasser le roi d'Angle-
terre, ni prendre port en Flandre; et, s'il en arrivait mal
par leur faute, il les ferait tous mourir de maie mort.
Avec tout cela vous avez bien oui raconter comment
de nouveau les Flamands étaient alliés et conjoints
par scel avec le roi d'Angleterre, et lui avaient juré de
l'aider à poursuivre sa guerre, et lui avaient fait pren-
dre les armes de France; et ce roi les avait absous et
déclarés quittes d'une grand' somme de florins dont ils
étaient de jadis obligés et liés au roi de France. D'où
il advint que, quand le roi Philippe ouït ces nouvelles,
LF
^
roi d'Angleterre se mit en mer pour venir guer-
royer contre les Français; ce fut le jour avant la
veille de Saint-Jean- Baptiste, l'an mil trois cent qua-
rante (2), qu'il naviguait par mer, avec grand' et belle
flotte de vaisseaux et toute sa flotte était partie du
;
cents hommes
d'armes; et puis le roi pria tous qu'ils
voulussent penser à bien faire et à garder son hon-
neur; et chacun le lui promit.
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XXV. —
Comment le roi d'Angleterre et les
Normands et autres se combattirent rudement ;
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XXVIII. —
Comment le roi Philippe, quand il sut
l'arrivée du roi anglais, envoya de bonnes gens
d'armes en garnison sur les frontières de
Flandre comment le roi d'Angleterre tint son
;
AND
OUsusnommés terme dut approcher que les seigneurs
le
se devaient trouver devant Tournay,
et que les blés commençaient à mûrir, le roi an-
glais partit de Gand avec beaucoup de belles gens
d'armes de son pays, sept comtes, deux prélats, vingt-
huit bannerets et bien deux cents chevaliers et les
;
camp du duc de Brabant qui leur fit grâce, car il les fit
conduire en sûreté tout outre le camp.
Le roi anglais apprit par ceux-ci et par d'autres que
la cité était durement étreinte; il en fut joyeux et
pensa bien qu'il la conquerrait, quelque temps et quel-
ques frais qu'il y eût.
D'autre part le roi de France qui se tenait à Arras,
y avait été toute la saison, apprit que ceux de
et qui
Tournay étaient fort contraints, et qu'ils avaient grand
besoin d'être secourus. Il s'avisa donc qu'il les secour-
rait, à quelque peine que ce fût; car il ne voulait pas
perdre une cité telle qu'était Tournay. Aussi fit-il un
très grand mandement parmi son royaume et aussi
une grand' partie dans l'Empire. Quand tous les sei-
gneurs que le roi avait mandés furent venus à Arras,
ledit roi eut conseil de chevaucher et d'aller vers ses
ennemis. 11 se mit donc en route et chacun le suivit,
ainsi qu'il était ordonné; et ils firent tant par leurs
petites journées, qu'ils vinrent jusques à une petite
Les Cbconiques ne jTroissart. 83
un nouveau monde. »
I. La
trêve ne fut conclue que pour neuf mois. Elle fut signée le 25
du mois de septembre 1340 et devait durer jusqu'au 25 juin 1341. Nous
verrons tout à l'heure qu'elle fut prolongée au « parlement )^ ou confé-
rence tenue h Arras.
XXXII. — Comment le roi anglais partit a regret
DE devant ToURNAY, ET COMMENT CHAQUE PARTI
s'attribua l'honneur DE CE DÉPART. CoMMENT
LE ROI Edouard s'en alla en Angleterre, et
COMMENT au PARLEMENT d'ArRAS LES TREVES FURENT !
mis et dépensés.
Les autres et ceux de leur parti pensaient aussi bien
à avoir l'honneur de ce départ, pour cette raison qu'ils
avaient si longuement demeuré dans le royaume et
assiégé une des bonnes cités qu'eût le roi, et brûlé et
gâté son pays chaque jour, lui le sachant et le voyant;
et il ne l'avait point secourue, ainsi qu'il devait et au ;
vous, vous qui avez entendu les faits et qui les con-
naissez, ce qu'il vous en semble car pour moi je ne
;
omettre. « Les deux rois se défièrent devant Tournay, non .\ une bataille,
mais à un combat singulier, dont le prix serait la couronne de France ;
tent de l'excès des impôts Edouard pour retourner sur ses frontières que
;
1. Jean III, surnommé le Bon, mourut à Caen ; son corps fut trans-
féré à Ploërmel.
2. Voici aussi brièvement que possible quelle était la parenté des deux
compétiteurs au duché de Bretagne.
Arthur 1 1, duc de Bretagne, épousa en premières noces Marie, fille de
Guy, vicomte de Limoges. Il en eut deux fils, Jean III, qui mourut sans
enfants, et Guy, comte de Penthièvre, qui laissa une fille, Jeanne, la-
quelle fut mariée au comte de Blois.
D'un second mariage avec Yolande de Dreu.x, héritière du comté de
Montfort, Arthur II eut un troisième fils, Jean, comte de Montfort,
qui épousa la fille du comte Louis de Nevers, Jeanne de f'iandre.
Les Chroniques îic jTroissatt. 91
Bretagne et seigneur.
Quand il eut pris le serment de fidélité des bourgeois
de Nantes et du pays autour de Nantes, lui et la
comtesse sa femme ( qui avait bien cœur d'homme
et de lion) (-) eurent conseil ensemble qu'ils tiendraient
une grand' cour et fête solennelle à Nantes, et man-
deraient tous les barons et nobles de Bretagne, et les
conseils des bonnes villes et de toutes les cités, de
vouloir venir et être à cette cour pour lui faire fidé-
lité comme à leur droit seigneur. Quand ce conseil
fut accordé, ils envoyèrent de grands messages à
tous les seigneurs, aux cités et bonnes villes du
pays.
OR je veux retourner
qui avait bien courage
à la comtesse de Montfort,
d'homme et cœur de lion,
et qui était en la cité de Rennes quand elle apprit que
son sire était pris. Si elle en fut dolente et courroucée,
chacun le peut savoir et penser, car elle supposa qu'on
devait mettre son seigneur à mort plutôt qu'en prison.
Et bien qu'elle eût grand deuil au cœur, pourtant
n'agit-elle pas comme une femme découragée, mais
bien comme un homme fier et hardi, en réconfortant
vaillamment ses amis et ses soudoyers; et elle leur
montrait un petit fils qu'elle avait, qu'on appelait Jean,
ainsi que le père, et leur disait: — « Ah ! seigneurs,
ne vous découragez pas, et ne vous ébahissez pas pour
monseigneur que nous avons perdu ce n'était qu'un ;
seul homme. Voyez ici mon petit enfant qui sera, s'il
^ H
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XLIII. —
Comment, a cause d'une grand'temi'Ète
ET ORAGE, IL EALLUT AUX UNS ET AUX AUTRES
PRENDRE terre; COMMENT MESSIRE LoUIS d'EsI'AGNE
Y GAGNA QUATRE VAISSEAUX CHARGÉS DE l'ROVISIONS ;
HH-!^-M %: ss>: ^: ^: :<?>: ^. ^: :^: :<?>: ^: ^. m y^ •^: [<^: s^: -d: m :^: :<?): :^: w. :^: 'M :<v. :^: ??>: :^ :<?>: :<r>:
XLIV. —
Comment messire Robert d'Artois et la
COMTESSE DE MoNTFORT PRIRENT LA CITÉ DE VaXNES;
ET COMMENT LE SIRE DE ClISSON, LE SIRE DE
TOURNEMINE.LE SIRE DE LoiIKAC ET MESSIRE HeRVÉ
DE Léon se sauvèrent.
LES Anglais,
assez près de
que vous avez ouï, prirent terre
ainsi
Vannes, et sortirent hors de leurs
vaisseaux et mirent leurs chevaux sur le sable, et toutes
leurs armures et provisions; et puis ils eurent conscnl
et avis comment ils se maintiendraient pour le surplus.
Ils résolurent donc d'aller devant X'annes, car ils
étaient assez de gens pour l'assiéger.
Alors étaient dans la cité de Vannes, pour messire
Charles de Blois, messire Hervé de Léon et messire
1 14 les Cèroniriues De jfroissact
utile pour qu'il en fût autrement. Les talents militaires de ce i)rince ser-
vaient le roi anj,'lais presque autant cpie la haine qu'il portait .^ l'hilipjje.
XLVI. —
Comment le duc de Normandie partit
d'Angers et vint a Vannes ou le roi d'Angleterre
CoMMENT LE PAPE ClÉMENT VI
AVAIT MIS LE SIÈGE.
ENVOYA EN BRETAGNE DEUX CARDINAUX EN LÉGATION ;
I. Jean, duc de Normandie, plus tard Jean II, le Bon. Nous ferons
remarquer que c'est seulement après lui que le fils aîné du roi de P'rance
prit le titre de Dauphin. Humbert 11, qui possédait le Dauphiné, n'avait
100 C6toniquc0 îic JFroissart. 121
qu'un fils qui pcrit par accident. Il laissa ses états h la France, cxii^cant
seulement que le successeur ininicdiat au trùnc portât le nom de
Dauphin.
122 Les Chroniques ne jFroissart
XLVIIL —
Comment le roi d'Angleterre fonda
UNE CHAPELLE DE SaINT-GeORGES ET ORDONNA ,
.1^ .1;;
L. — C.MMKXT LK ROI D'Axca.ETERRE VINT A
l'ÉcLUSE
;t
i;r amena avec lui son fils le prince de Galles
1 .AXS L intention DE LE FAIRE SEIGNEUR DeFlANDRE
1 •AR LE CONSEXTFMFNT DE JaCC.UES d'ArTEN FI D
'
— « A
la bonne heure. »
pas à souffrir. »
LII.^ —
Comment le roi d'Angleterre i'artit de
l'Écluse fort dolent de la mort d'Arteveld et ;
LIV. —
Comment le roi d'Ancleterri-, fit son
MANDEMENT TOUR ALLER I:N GaSCOCINE MARS PAR LE ;
EN que
ce temps le roi d'Angleterre entendit raconter
le comte Derby, son cousin, qui se tenait à
Bordeaux, n'était pas assez fort pour tenir les champs
et faire lever le siège que le duc de Normandie vint
les chroniques îie jTroissatt. 137
ger les seigneurs bretons décapites à Paris en violation des trêves qui
st,ipulaient une sûreté générale tant que durerait la suspension d'armes.
A ce motif il joignit hautement sa prétention à la couronne de France,
usurpée par son compétiteur qu'il n'appelait plus que Philippe de Va/ois. )>
(Anquetil, J/ist. de traiice.)
2. Godefroy d'Harcourt était, en Angleterre deiniis plusieurs mois
LEjeunesse
d'Angleterre
roi
{'),
qui était alors en la fleur de sa
ne désirait que trouver les
et qui
armes ennemis, s'inclina de grand'volonté aux
et ses
paroles de messire Godefroy d'Harcourt qu'il appelait
son cousin. Il commanda donc à ses mariniers qu'ils
tournassent vers la Normandie, et lui-même prit l'en-
seigne de l'amiral le comte de Warwick, et voulut
lui-même être amiral pour ce voyage et il se mit tout ;
FROISSA RT. 10
146 Les Chroniques ne jFroissart.
I
à Grenade et en Prusse et dans d'autres voyages, ainsi
que les chevaliers se rencontrent. Ils furent tout récon-
fortés quand ils le virent aussi ils l'appelèrent en pas-
;
charité et gentillesse.
Il advint si bien au roi d'Angleterre et à ses gens,
que la rivière qui court parmi la ville de Caen, et
depuis St Louis. .Son nom venait de ce c[u'une des faces de la pièce pré-
sentait un agneau pascal tenant une croix.
«Les €f)ïonmcs De JFroissaw. 147
qu. ordinairement peut
porter de gros navires,
basse et s, morte qu'ils la était si
passaient et repas^aien
M^assaient à a
leur aise, sans danger du
pont ()
Ainsi ledit roi d'Angleterre
eut et conquit la bonne
V. le de Caen et en
fut seigneur; mais,
à vrai dire il
lu. en coûta aussi
beaucoup de ses gens; car ceux
étaient montés dans les
ou
loges et letgreniers de
étroites rues, jetaient pierres, ce
bancs et%,iortiers et en
eTon
ce dont Te
le d A
ro'^r
roi
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la, ;
de ir
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etau leur grosse
Estreham, à deuSe'
flotte; et
eurent avis ils
et délibération qu'ils
enverraient en Angleterre
flotte avec toute leur fet r
conquête et leurs prLnniers
Le
' ""'"'"g'- f"^ nommé condu'iseuresouve!
I aT^de
rain de cette flotte, avecdeux cents hommes d'arnies
et quatre cents archers.
Et le roi d'Angleterre acheta
e comte de Guines.
connétable de France, etîeco^nte
de rancarville, de messire
Thomas Holland e^ de ses
'"
SrS""" " ""^ ^^'^'•' '''"'' "'"'= -bts (-ft^ut
i
LVIII. —
Comment le roi d'Angleterre partit de
CaEN, et BRULA ET PILLA TOUT LE PAYS JUSOUA DEUX
LIEUES PRÈS DE PaRIS EN COTOYANT LA RIVIÈRE DE
Seine.
^ — « Ah
cher sire et noble roi, que voulez-vous
!
— « Mes bonnes
gens, ne craignez en rien. Jamais
les Anglais ne vous approcheront de plus
près. Je m'en
vais jusques à Saint-Denis vers mes gens
d'armes;
car je veux chevaucher contre les Anglais et les
com-
battre, de quelque façon que ce soit. »
Amsi le roi de bVance rapaisa la communauté de
Pans qui était en grand'crainte que les Anglais ne les
vinssent assaillir et détruire, ainsi qu'ils avaient
fiiit
pour ceux de Caen. Ht le roi d'Angleterre se tenait en
critique, toujours suivi de près par son adversaire qui voulait l'obliger h
combattre. Philippe avait fait rompre les ponts et, se tenait sur la rivi;
droite. Trompé par de faux avis qui l'assuraient qu'Edouard allait passer
la Seine près de Paris, Philippe repasse sur la rive gauche et se retranche
à .\nlony. C'est alors qu'Edouard se dirige sur l'oissy oii il refait le pont
et prend son chemin rapidement vers la Picardie, gagnant sur le roi de
Krance deux journées de marche.
152 les Cbroniques te jTroissart
rivière de Somme,
et le prendrait ou le combattrait à
sa volonté. de France commanda donc aussitôt
Le roi
à un grand baron de Normandie, qui s'appelait messire
Godemar du Fay, d'aller garder le passage de Blan-
chetache qui est au-dessus d' Abbeville, par oii il fallait
que les Anglais passassent, et non par ailleurs. Ledit
messire Godemar du Fay partit donc d'auprès du roi
avec mille hommes d'armes et cinq mille de pied y
compris les Génois et il fit si bien qu'il vint à Saint-
;
LXI. —
Commp:nt le roi de France partit d'Amiens
ET s'en alla vers Airaines, pensant trouver le
ROI d'Angleterre et comment on enseigna au
;
disent que, sachint là l'existence d'un gud, le roi anglais promit une
forte somme d'argent à qui le ferait connaître. C'est alors qu'un
paysan, séduit par l'appât de cette recompense, indiqua le gué de
lilanquetaque.
156 les Chroniques îie jrroissart
là, fors aux ponts d'Abbeville qui est forte ville, grande
LE roi
cette nuit,
ne dormit pas grandement
d'Angleterre
mais se leva à minuit et fit sonner la
trompette comme signal de déloger. Chacun fut bien-
tôt a])pareillé, bêtes de somme troussées, chars char-
gés. Ils partirent sur le point du jour de la ville
d'Oisemont, et chevauchèrent sous la conduite de ce
varlet qui les menait; et ils firent tant et exploitèrent
si bien, environ au soleil levant, assez
qu'ils vinrent,
près de ce gué qu'on appelle la Blanchetache. Mais le
ïlux de la mer était alors tout plein; ils ne purent donc
passer aussi bien le roi devait-il attendre ses gens qui
:
avant que le flux s'en fût allé, vint d'autre part messire
Godemar du Fay, avec grand'foison de gens d'armes
envoyés de par le roi de France, ainsi que vous avez
ouï raconter.
Ledit messire Godemar avait, en venant à la Blanche-
tache, rassemblé grand'foison de gens du pays, et tant,
qu'ils étaient bien douze mille, des uns et des autres,
qui aussitôt se rangèrent sur le passage de la rivière
pour le garder et défendre. Mais le roi d'Angleterre ne
laissa pas pour cela de passer, mais commanda à ses
maréchaux de se jeter aussitôt dans l'eau, et à ses ar-
chers de tirer fortement sur les Français qui étaient
dans l'eau et sur le rivage. Alors les deux maréchaux
d'Angleterre firent chevaucher leurs bannières, au nom
de Dieu et de saint Georges, et eux après; et se
jetèrent dans l'eau de plein élan, les plus valeureux et
les mieux montés devant. Là il y eut en la rivière
mainte joute faite, et maint homme renversé d'une
part et d'autre là commença un fort combat, car
;
158 les Cî)roniques De jFroîssart.
I
I
que sur terre. Et il y eut, vous dis-je, mainte joute j
I
faite là et mainte habileté d'armes: car ceux qui étaient
envoyés là pour garder et défendre le passage, étaient
eens d'élite et se tenaient tous bien rangés su'" le détroit
du passage de la rivière, et ainsi les Anglais étaient
durement rencontrés quand ils venaient à la sortie de
l'eau pour prendre terre. Et il y avait les Génois qui
I
par leurs traits leur faisaient beaucoup de maux, mais
'
les archers d'Angleterre tiraient si régulièrement que
c'était merveille, et, pendant qu'ils occupaient les
Français, les gens d'armes passaient. Et sachez que
les Anglais se mettaient bien en peine de combattre,
car il leur était dit notoirement que le roi de France
les suivait avec plus décent mille hommes d'armes, et
déjà quelques compagnons coureurs étaient venus jus-
ques aux Anglais, et en avaient rapporté de vraies mar-
ques au roi de France, ainsi que vous l'entendrez dire.
^ M :tg ?y. 'M '!ss. -M 'iss.'rss.vy.'!S\: '^. sy. "s^. MM ?9: r^. fv. "f^: ^m^- ^ ^" '^- ^' ^' ^'."^M'^'s^^m
LXIII. —
Comment lk rui d'Angleterrk iwssa le
PASSAGE DE BlANCIIETACIIE ET DÉCONEIT MESSIRE
Godemar du P^vv et ses gens.
ils
y prirent la ville et la brûlèrent toute;et ils trouvèrent
sur le port grand' foison de nefs, de banjues et de
vaisseaux chargés de vins de Poitou, et qui étaient à
des marchands de Saintonge et de la Rochelle mais ;
FKOlbSART. II
102 iLe^ CbroniQucg De jfroissatt
T F vendredi tout
^ dans la bonne
le jour, le roi
ville
de France se tint
d'Abbeville, attendant ses
j^cfns qui toujours lui venaient
de tous côtés et il en
•
lui promit.
Ledit roi attendait encore le comte
^ de Savoie et mes-
sire Louis de Savoie son frère, qui
devaient venir avec
i64 ïLes Cbroniques De jTroissart
LXX'III. —
Comment Li: Kui Dic France, la messe
ouïe, partit d'Ahbeville avec toute son arme!e ;
LXX. —
Comment le roi de France commanda a
SESMARÉCHAUX DE FAIRE COMMENCER LA BATAILLE
PAR LES GÉNOIS ET COMMENT LESDITS GÉNOIS
;
ennemis.
C'est bien la vérité que, de si grands gens d'armes
et de si noble chevalerie et en telle foison que le roi
les €f)toniqim De Jtroissart. 175
roi son père ne fit pas cela car il alla si avant sur ses
;
RÉPONDIT,
ou jeté
'
a terre,_ou si fort blessé qu'il ne se puisse aider ?»
Celui-ci répondit
— «Nenni, Monseigneur,
:
Ils
y tirent plusieurs grands exploits d'armes, ainsi
qu II apparut, car la place leur demeura à leur honneur.
m^^>
LXXV. —
Comment le roi de France i'artit, lui
CINQUIÈME de barons SEULEMENT, DE LA BATAILLE
DE CrI-CV, en se LAMENTANT ET l'I.AlCNANT SES CENS.
de France (3) » !
fort bien informe de tout ce qui touche au comte de Hainaut, à son fds
et ;\ son frère.
2. 11 se nommait Robert de (irandcamp.
trouvé. Les imprimiis antérieurs .\ l'édition de lUu hon n'ont point suivi
la lec^on des meilleurs manuscrits de Froissart i|ui portent tous : c'est
l'infortuné roi de France.
i82 Les C&romques ne jrroissart
VOUS devez
perte pour
savoir que
les Français
la
fut
déconfiture
grande et très
très
et la
— « venez-vous-en
Sire, il est temps. Ne vous ;
cuisse.
i84 iLc0 Chroniques tie jFroîssatt
LXXVIL —
Comment, le dimanche au matin,
APRÈS LA déconfiture DE CrÉCY, LES ANGLAIS
DÉCONFIRENT CEUX DE RoUEN ET DE BeAUVAIS.
LXXVIII. —
Comment le roi d'Angleterre fit
CHERCHER LES MORTS POUR EN SAVOH^ LE NOMBRE, ET
EIT ENTERRER LES CORPS DES GRANDS SEIGNEURS.
IE dimanche,
-^ de
ainsi que le roi d'Angleterre sortait
messe, revinrent les chevaùcheurs et les
la
archers qui avaient été envoyés pour découvrir le pays
et savoir si aucune assemblée et réunion des Français
se faisait. Ils rapportèrent au roi tout ce qu'ils avaient
vu et trouvé et lui dirent bien qu'il n'y avait nulle appa-
rence. Alors le roi eut conseil qu'il enverrait chercher
les morts pour savoir quels seigneurs étaient demeurés
là. Deux fort vaillants chevaliers furent donc ordonnés
pour aller là, et en leur compagnie trois hérauts pour
les CtroniQucs De JFroissatt. 187
LXXIX. —
Comment le roi de France fut
COURROUCÉ AU SUJET DES SEIGNEURS DE SON SANG QUI
ÉTAIENT MORTS DANS LA BATAILLE ET COMMENT IL ;
DE la ville
valier de
de Calais
Bourgogne
était capitaine
et vaillant
un gentil che-
aux armes, qui
s'appelait messireJean de Vienne. Avec lui étaient
l)lusieursbons chevaliers d'Artois et du comté de
Guines, tels que messire Arnould d'Audrehem, mes-
sire Jean de Surie, messire Baudouin de Belleborne,
190 iLc0 Cbroniquc^ Uc jTroissact.
pour son argent et tout cela leur venait tous les jours,
;
:^: y^: yg: /?)•. :<g: :^: :<?)• ^. :^ -sy. :<^)• :<?>: r^: -m it^: r^.i^M :g): ^: :^: '^: ^. -ss^ ^: :^: f^: :^: :<?): -s^: i^. ^: -sv. m
LXXXI. Cu.M.MKXT, l'KXDAXT LK SIÎ.GE J)i;\AXT
Calais, ilv eut maintes bellp:s escarmouches par
Ml.R KT l'AR TKRRE, d'uN CÔT]': ET d'aUTRE,
1KUISS.\KT. ^3
194 ^t^ Chroniques De jFroissatt
rait pourfemme la fille de celui qui lui avait tué son père,
dût-on lui donner la moitié du royaume d'Angleterre.
Quand les Flamands entendirent cela, ils dirent
que leur seigneur était trop Français, et qu'il était mal
conseillé, et qu'il jamais de bien, puisqu'il
ne leur ferait
ne voulait pas croire leur conseil. Alors ils le prirent
et le mirent en prison courtoise; et lui dirent bien que
jamais il n'en sortirait s'il ne croyait leur avis.
Et ils disaient bien :
CELAd'Angleterre
demeura
roi
ainsi quelque espace de temps, et le
tint toujours son siège devant
Calais, et tint grand' et noble cour le jour de Noël.
196 ïLc0 Cî)toniques tie jFtoigsart
LXXXIV. —
Comment messire Robert de Namur
VINT AU SIÈGE DEVANT CaLAIS, ET COMMENT IL DEVINT
HOMME DU ROI d'AnGLETERRE.
.-^
LXXXV. —
Comment ceux de la Roche-Derrien
TOURNÈRENT AUX ANGLAIS ET COMMENT ChARLES
;
LXXXVL —
Comment, par le conseil de messire
Garnier de Cadoudal, fut pris messire Charles
DE BlOIS et toute SON ARMÉE DÉCONFITE DEVANT
LA Roche-Derrien.
point, qu'il vienne à pied car nous irons voir nos en-
;
I. Délivrés.
LXXXX'II. —
Comment le roi de France eit son
>L\NDEMENT POUR COMBATTRE LE ROI D'ANGLETERRE;
ET COMMENT LES FLAMANDS MIRENT LE SIÈGE DEVANT
LA VILLE d'AiRE ET BRULERENT LE PAVS AUX
ENVIRONS ET COALMENT LE ROI DE FrANCE VINT
;
DEVANT Calais.
LXXXVIII. —
Comment le roi d'Angleterre fit
tirer ses navires sur le passage des dunes, et
biexn" garnir et défendre ce passage contre les
Français.
FKoIbSAKT.
LXXXIX. —Comment le roi de France, voyant
qu'il ne pouvait trouver passage pour venir a
Calais, manda au roi d'Angleterre qu'il lui
donnat place pour le combattre.
—
« Seigneurs, j'ai bien entendu ce que vous me
requérez de par mon adversaire qui tient
mon droit
héritage à tort, dont il me peine; aussi dites-lui
de par
nioi, vous plaît, que je suis ici et y ai demeuré près
s'il
ger par famine, si le gentil roi qui est votre sire n'a
pitié de nous. Chers seigneurs, veuillez donc le prier
en pitié qu'il veuille avoir merci de nous, et qu'il
veuille nous en laisser aller tout ainsi que nous som-
Les Cbroniqucs De jrroissart. 215
répondue ?
—
« Messire Gautier, je n'ai pas espoir ni volonté
que j'en fasse autre chose. »
Alors s'avança le sire de Mauny et parla fort sage-
ment au roi et dit pour aider ceux de Calais :
—
« Monseigneur, vous pourrez bien avoir tort, car
vous nous donnez mauvais exemple. Si vous nous
Les Cbroniquc.s ne JFroissart 217
—
;
« Ah Madame,
! j'aimerais bien mieux que vous
fussiez autre part qu'ici. Vous me priez si instamment
que je n'ose pas vous éconduire et, bien que je le ;
de Picardie.
XCIIL —
Comment le sire de Maunv et les deux
MARÉCHAUX d' ANGLETERRE, PAR l'oRDRE DU ROI,
ALLÈRENT PRENDRE POSSESSION DE CaLAIS, ET MIRENT
EN, PRISON LES CHEVALIERS QUI ÉTAIENT DEDANS ET
FIRENT PARTIR TOUS LES AUTRES.
I
et deux autres anciens hommes, bons coutumiers des
I
comme ]"",douard lui accorda une pension et lui restitua ses biens qui
avaient été confisques, on l'a accusé de s'être vendu à l'Angleterre.
Edouard obéissait en agissant ainsi à un instinct de justice en même
temps qu'à son propre intérêt, puisque Eustache de Saint-Pierre pouvait
lui rendre de grands services dans la ville de Calais devenue anglaise.
Voici, comme curiositc,une des lettres d'Edouard accordant à lùistache
de Saint- l'ierre une pension de 40 marcs sterling. Nous empruntons ce
r>f.
•:
V. -fi)-, yy. •.'V. ity. j^: m :tg: i^: :<?>: :<^): it^: yg: ^. i'^): :<y. :<>;: :<?>: :<r): ity. b: :<?;: :<^)•. :^: :<^): :<y. :<^): y-): :<>>: :<y. :(?>• :<>>: :<?>:
l'KOISSAKr. i;
226 les Cbroniques De jTroissart,
XCV. —
Comment plusieurs escarmouches et
PLUSIEURS PRISES DE CHATEAUX ET DE VILLES SE
FAISAIENT ENTRE LES ANGLAIS ET LES FRANÇAIS.
.1;^
.K
XCVI. — Comment un iîkk-.and, aitkli': Croquakt,
DEVINT c;RAND ET PUISSANT DANS LES GUERRES DE
Bretagne, et comment ileinit maliii:ureusement.
XCVII. —
Comment messire Geoffroy de Chargny
ACHETA DU CAPITAINE DE CaLAIS LA VILLE DE CaLAIS ;
grand honneur. »
Or je vous dirai de messire Geoffroy de Chargny
qu'il ne mit pas en oubli l'heure qu'il devait être à
Calais, mais il fit son amas de gens d'armes et d'arba-
létriers en la ville de Saint-Omer, et puis en partit le
soir et chevaucha avec sa troupe, et fit tant qu'après
minuit il vint assez près de Calais. C'est là qu'ils s'at-
tendirent l'un l'autre, et ledit messire Geoffroy envoya
jusqu'au château de Calais deux de ses écuyers pour
234 ^t9i €htoniqnz% De jFroissart
—
« Je crois bien qu'ils y sont. »
Puis il referma la porte de la chambre, et dit à mes-
sire Oudart
—
:
disant :
chasse.
Il y eut là dans cette journée grand combat et dur,
et maint homme renversé. Et se sauvèrent le sire de
Piennes, le sire de Cresèques, le sire de Sempy, le sire
238 le.0 Cî)ronîque0 ne jFroiis.sart
XCIX. —
Comment les Anglais et les Français se
COMBATTIRENT TRÈS VAILLAMMENT, ET COMMENT
FINALEMENT LES FRANÇAIS FURENT TOUS TUÉS OU
PRIS.
NOUS parlerons du
sans que
d'Angleterre qui
roi
ennemis en eussent connaissance,
ses
était là,
—
« Messire Eustache, je vous donne ce chapelet
comme étant le meilleur combattant de toute la jour-
née, de ceux de dedans et de dehors, et je vous prie
de le porter cette année pour l'amour de moi. Je sais
bien que vous êtes gai et aimable, et que volontiers
vous vous trouvez entre dames et demoiselles dites :
FROISSABT. 16
242 les Cbroniques De jFroîssatt
^
-rv ^v^\^irv"-r\^nr
r:{iïiiiiiiii iii:iiiiïïJT rrrrrym
00 CCî)roniqueô ûe :
Oret)an Broissart*
>,. y., y. T^-s. y. s- ^ T^y. ^. y. k.. k.. ^. ^. ^. i.. .. >. y. y. y. y. yr-r
cée, il ne voulut pas être des derniers, mais s'arma et monta sur un cour-
sier fort et raide méchamment et de grand'hate, pour plus toi être et
;
244 ïle0 Cf)conique0 De jFroissart
VOUSjeune
avez ci-dessus bien ouï
comte de Flandre
le de
conter
fiança en l'abbaye
{-) comment
dehors beau-
coup de gens d'armes qui s'efforcent d'entrer céans. »
Aimery fut tout effrayé et se leva
au plus tôt qu'il
put, maisne sut jamais avoir fait si vite que sa cour
il
Tu
^:^
IV. — Comment les pénitents allaient par le pays,
PAR compagnies, SE DÉCHIRANT LE DOS DAIGUILLONS
DE FER COMMENT IL Y EUT DANS LE MONDE UNE
;
MCCCXLIX
EN l'an de orrâce de Notre-Seieneur
parurent les pénitents, et sortirent premièrement
d'Allemagne; c'étaient des gens qui faisaient des péni-
tences publiques et qui se battaient de verges garnies
d'aiguillons de fer, si bien qu'ils déchiraient leur dos
et leurs épaules, et chantaient des chansons très
piteuses sur la Nativité et Passion de Notre-Seigneur.
Ils ne pouvaient, d'après leurs règles, coucher qu'une
nuit dans une bonne ville, et ils partaient d'une ville
par compagnie, tantôt plus, tantôt moins, et allaient
ainsi par le pays faisant leur pénitence trente-trois
jours et demi, autant que Jésus-Christ alla d'années
sur la terre; puis ils retournaient chez eux. Cette chose
fut commencée par grand'humilité et pour prier Notre-
Seigneur qu'il voulût retenir et cesser ses fléaux car :
dinaux, il se contenta de publier contre eux une bulle qui porte en subs-
tance « r|u'il a appris avec douleur la superstitieuse nouveauté née en
250 iLe0 Chroniques ne jFroissart.
Allemagne, inspirée par le prince des ténèbres, auteur de tout mal, pra-
tiquée sous prétexte de piété par une multitude de gens simples que des
imposteurs ont séduits en les assurant que Jésus-Christ est apparu au
patriarche de Jérusalem. Mensonge palpable, reprend le Pape, puisqu'il
n'y a point eu de patriarche à Jérusalem depuis très longtemps, et ce qu'ils
font dire au Sauveur dans la vision prétendue est non seulement frivole,
mais encore évidemment contraire à l'Écriture. Cependant, continue-t-il,
cette secte insensée se multiplie de jour en jour divisée en plusieurs trou-
;
pes, elle forme une espèce de corps, et c'est ce qui la rend plus redoutable.
Téméraire dans ses maximes et dans ses usages, elle méprise les autres
états du genre humain elle croit pouvoir se justifier elle-même sans avoir
;
besoin des clefs de l'Eglise; elle porte, sans l'autorité d'aucun supérieur,
la croix pour bannière et un habit distingué par sa couleur noire, avec
la croix par devant et par derrière. La vie qu'on y mène est étrange; ce
sont des conventicules condamnés par le droit, des mœurs et des actions
fort éloignées de la vie commune des fidèles, des statuts témérairement
fabriqués, suspects d'erreur et déraisonnables. Nous sommes particuliè-
rement troublé de voir que certains religieux des ordres mendiants prêtent
le ministère de la parole pour y attirer les faibles.>>
« La bulle nous apprend ensuite que les flagellants ou ceux qui adhé-
raient à leur société s'étaient rendus coupables de cruauté en persécutant
les Juifs; qu'ils avaient même versé le sang des chrétiens, pillé les biens
des ecclésiastiques et des séculiers, envahi la juridiction qui ne leur ap-
partenait pas sur quoi le Pape ordonne à tous les archevêques et évoques
;
MM.§1M'^ :^ ?^: ?« a: ^g: :^: :&>: :<?>: ignsLi^^i^jsi^:^ i^.^: y^s^-^:^^2î^.:(?^ ^-M^-'t?-
KkOISbAKr. 17
258 ïLes C{)ronîque0 De jFtols^art.
iy y^: :^: :^: s^. .'^;. .^•. :^: ^: f?^: .<^: ^. :<î^ :^: :^ -s^^ :^: m yss. :-?>: -m -m m 's^' 's^' 's^' :<v- :<^: 'M sg :«)•. :<>): m^
VI. CO.MMEXT MKSSIRE RoiiERT DE BkAUMANQIR
ALLA DÉFIER LE CAPITAINE DE PlOERMEL, QUI AVAIT
NOM BeMBOROUGH ('), ET COMMENT IL V EUT UNE
RUDE KATAILLE DE TRENTE CONTRE TRENTE.
EX haut
cette propre saison advint en
d'armes, qu'on ne doit pas oublier mais
fait
Bretagne un très
;
NOUS
en
parlerons d'un autre
saison sur
cette
d'armes qui advint
fait
la frontière de Saint-Omer,
assez près de la bastide d'Ardres. Vous avez bien
ci-dessus appris comment, après avoir reconquis Saint-
Jean-d'Angély, le roi de France envoya à Saint-Omer
ce gentil chevalier, le seigneur de Beaujeu, pour être
gardien et souverain de tous les gens d'armes et gou-
verneur du pays. D'autre part était à Calais, de par le
roi d'Angleterre, un fort vaillant chevalier qui s'appe-
lait messire Jean de Beauchamp. Ces deux capitaines
avaient foison de bons chevaliers et écuyers sous leurs
ordres, et mettaient grand'peine à ce qu'ils pussent se
trouver et rencontrer l'un l'autre. Or il advint que,
justement le lundi de la Pentecôte, l'an MCCCLII,
messire Jean de Beauchamp partit de Calais avec trois
cents armures de fer et deux cents archers et ils
:
duirons. »
Les Cftroniqucs De Jrroissart. 265
Tous ceux qui reçurent l'ordre de faire cela, le firent,
et les chevaliers et lesécuyers se remirent ensemble,'
et puis chevauchèrent tout le pays.
Les nouvelles en étaient venues à Saint-Omer et au
seigneur de Beaujeu qui couchait à la porte de Bou-
logne que les Anglais chevauchaient, et que leurs
:
extrêmement fatigués. »
Tous s'arrêtèrent à cet avis, et entrèrent dans un
pré, et prirent l'avantage d'un fossé qui était autour
de ce pré, et se mirent tous à pied, ayant leurs lances
devant eux et en bonne ordonnance.
Voici le seigneur de Beaujeu venu, monté sur un
coursier, et sa bannière devant lui il s'arrêta à ce
;
VOUScomte
avez bien entendu dire
le
appris comment
de Guines, connétable de France,
et
fut
pris jadis par les Anglais, dans la ville de Caen en
Normandie, et avec lui le comte de Tancarville et ils ;
— « Monseigneur, volontiers. »
Alors le roi l'emmena dans une chambre et lui mon-
tra une lettre, et puis lui demanda
—
:
18
X. — Comment le château de Guines, durant les
TRÊVES, FUT VENDU AUX ANGLAIS.
XI. —
Comment le kôi Jean ordoxxa les chevaliers
DE l'Étoile a la noble maison d' auprès Saint-
Denis, ET COMMENT >L\LnEUR ARRIVA A CETTE NOBLE
COMTACINIE.
I. Jean de Clermont.
Les Cbroniqucs De jFroissart. 277
XII, —
Comment messire Charles d'Espagne fut
DU ROI ChARLES DE NaVARRE A
OCCIS PAR LE FAIT
Laigle en Normandie, et comment le roi Jean
VOULUT venger SA MORT.
I. Quand
Philippe de Valois rendit en 1335 l'héritage de Jeanne de
Navarre à mère de Charles le Mauvais, il retint le comte de Cham-
la
l^agne qu'il réunit à la couronne. A titre de dédommagement il donna h
cette princesse le comté d'Angoulême. Celle-ci échangea ce comté pour
d'autres terres. Ce dernier échange n'avait ])oint été exécuté encore lors-
que Philippe mourut. Jean, h son avènement, sans offrir au.\ héritiers de
Navarre des terres équivalentes, se mit en possession du comté d'Angou-
lême dont il gratifia Charles d'Espagne son favori.
278 Les Chroniques De jFroissart.
temps.
Messire Charles d'Espagne sentait bien que le roi
de Navarre l'avait grandement à contre-cœur, et s'en
regardait comme bien embarrassé, et il l'avait remontré
au roi de France, mais le roi l'avait rassuré et lui avait
dit :
1. Jeanne de France.
2. Jean avait fait épouser à Charles d'Espat^ne sa nièce ;\ la mode de
Bretaj^ne, Marguerite de Jîlois, dame de Laigle.
iLcs C&roniqucs De jTroissart. 279
Saint-Georg-es. Le
roi de Navarre et son frère, messire
Philippe, furentgrandement bien venus et accueillis du
roi d'Angleterre et de tous les barons. Pendant cette
visite que le roi de Navarre et ses frères (') firent en
Angleterre, y eut de grands traités et de grandes
il
Valois est le premier roi de France qui ctablii le moni)i)o!e du sel dans
le royaume. Auparavant, quelques rois, et notamment St Louis avaient
prélevé un impôt sur cette denrée, mais non d'une fai^on constante, l'hi-
lippe VI obligea le peuple à prendre le sel dans des greniers publics.
Edouard III l'appelait plaisamment ;\ cause de cela l'auteur de la loi
saiiqtic, d'aut.uit mieux que c'est en vertu de la loi salique qu'il régnait.
288 100 Chroniques De jTroissart.
FROISSART. 19
290 Les Côroniques De jTtoissart
« Que
nul ne bouge, quoi qu'il puisse voir, s'il
ne veut pas être tué de cette épée » !
—
« Or sus, traître, tu n'es pas digne de t'asseoir
à la table de mon fils. Par l'âme de mon père, que
je ne pense jamais à boire ni à manger tant que tu
vivras ! »
y avait là un écuycr qui s'appelait Collinet de
Il
—
« Prenez-moi ce garçon et son maître aussi. »
Massiers et sergents d'armes sautèrent aussitôt en
avant et mirent les mains sur le roi de Navarre et
aussi sur l'écuyer, et dirent :
Ï.CS CftroniQucô ne jTroissart. 291
— « Ah
Monseigneur, pour la grâce de Dieu, qui
!
CESPhilippe
nouvelles vinrent
de Navarre
à monseigneur
jusques
monseigneur Godefroy
et à
d'Harcourt qui n'étaient pas loin de là. Ils furent, vous
le pouvez bien croire, grandement ébahis et courroucés.
Tout de suite monseigneur Philippe fit écrire une lettre
de défi et la donna à un héraut et lui commanda de
l'apporter au roi Jean qui se tenait encore dans le châ-
teau de Rouen. Le héraut apporta les lettres au roi de
PVance, de par monseigneur Philippe de Navarre,
lesquelles lettres particulièrement disaient ainsi :
« vous sur notre très cher frère, sans aucun juste titre,
« nous le réparerons quand nous pourrons. Et sachez
« que vous n'avez que faire de penser à son héritage
« ni au nôtre pour le faire mourir selon votre cruelle
« intention, (ainsi que vous fîtes déjà du comte Raoul
« d'Eu et de Guines, parce que vous convoitiez sa terre),
« car vous n'en tiendrez pas un pied et à partir de ce
;
XVII. —
Comment les nouvelles vinrent au prince
DE Galles que le roi de France venait a grand
RENFORT DE GENS d'aRMES CONTRE LUI ET COMMENT ;
chant que le roi de France marchait contre lui avec des forces nombreu-
ses, et ne se sentant pas en état de résister, il ne savait s'il devait regagner
Bordeaux par la Touraine et le Poitou et se rembarquer, ou ])icn s'il se
mettrait en communication par l'Anjou et le Maine avec les troupes île
Normandie. Le roi ne lui donna guère le temps de se décider, et, pressé
de livrer bataille, il l'accula aux environs de Poitiers, h. Maupcrtuis,
comme on va le voir dans la suite.
ilcsi Cbroniqucs He JFroissart. 309
tant ils étaient fort embarrassés les uns dans les autres,
et tant ils se combattaient vaillamment.
Pendant qu'ils étaient en cet état, le corps de ba-
taille des maréchaux anglais approchait, et les Français
l'aperçurent comme il leur venait sur le flanc, en cô-
toyant un bois. Ils craignirent alors de tout perdre ;
CESavaient
nouvelles vinrent
eu rencontre.
au prince, que ses gens
demanda de qui. On le
Il
Boucicaut qui fut fait prisonnier à Azincourt, et dont nous avons la fort
curieuse et intéressante chronique.
v^fii-^: -s^: -sv. -sv. -s^: s=i -s^: -iV. .<v. :<^?: s^: -s^: :<3): 'M sv. 'sv. :<y. !V. m 'fis. :<r>: m :(^): -s^: -fi)-.
:<t): :<^i:
•<v. :<? :<g :<^: ny.
XIX. —
Comment le prince fit assaillir le château
DE RoMORANTIN et COMMENT LES TROIS CHEVALIERS
SUSNOMMÉS SE RENDIRENT AU TRINCE A SA VOLONTÉ.
XX. —
Comment le roi de France partit de
Chartres en grand' compagnie de gens d'armes
PfK'R aller a la rencontre du prince de Galles.
XXI. —
Comment le comte de Joigny, le sire de
CoucY et le vicomte de Brioude en chassant les
COUREURS DU TRINCE SE JETÈRENT DANS l'aRMÉE DU
PRINCE ET V FURENT PRIS.
I. Jean de Grailly, captai de Buch, fut un des capitaines les plus renom-
més de son temps. Nous le retrouverons souvent clans les expéditions du
Prince-Noir dont il était un des plus habiles et des plus heureux lieute-
nants. Il fut pris deux fois, à Cocherel et devant Soubise, et mourut en
prison, au Temple, à Paris.
les Cf)roniQuc0 De JFroissart. 321
FROISSART.
XXI 1 1. —
Comment le roi de France commanda que
CHACUN se mit EN CAMPAGNE ET COMMENT IL ENVOYA
;
combattrons. »
Et ceux qui l'avaient entendu répondaient :
volontiers. »
un des chefs d'aventuriers les plus intrépides et les plus fameux de cette
époque. Il osa, à la tête d'une partie des Compagnies, ravager la Provence
et aller jusqu'à Avignon menacer et rançonner le pape. Plus tard il com-
battit les Tard- Venus. Il fut chambellan de Charles V, et périt en
Allemagne assassiné par un valet.
2. Fils du comte d'Alençon tué à Crécy. C'était alors une coutume,
XXV. — Comment
le cardinal de Périgord se mit
EN grand' peine d'aCCORDER LE ROI DE FrANCE ET
LE RRINCE DE GaLLES.
XXVI. —
Comment messire Jean de Clermont,
MARÉCHAL DE FrANCE, ET MESSIRE JeAN ChANDOS
eurent GROSSES PAROLES ENSEMBLE.
—
;
LES disposicions
que
ainsi
du prince de Galles étaient tout
quatre chevaliers de France sus-
les
nommés en rapportèrent l'assurance au roi, excepté
pourtant que depuis ils avaient choisi quelques habiles
chevaliers pour demeurer à cheval contre la bataille
des maréchaux de France; et ils avaient encore, sur
leur droite, sur une montagne qui n'était pas trop
raide à monter, placé trois cents hommes d'armes à
cheval et autant d'archers tous à cheval, pour côtoyer
à couvert toute Cette montagne et venir, en la tour-
nant, tomber en flanc sur le corps de bataille du duc
de Normandie qui était à pied sous cette montagne.
C'étaient tout ce qu'ils avaient fait de nouveau. Et le
prince et sa grosse troupe se tenaient au fond de ces
vignes, tous armés, leurs chevaux assez près d'eux
pour pouvoir bientôt monter, s'il en était besoin et ;
à celle de comte. i
33^ îles chroniques tie jFroissart»
—
« Beaux seigneurs, si nous sommes un petit
nombre contre la puissance de nos ennemis, ne nous
en étonnons pas pour cela, car le courage et la victoire
ne sont pas avec le nombre, mais là où Dieu les veut
envoyer. S'il advient ainsi que la journée soit pour
nous, nous serons les plus honorés du monde. Si nous
sommes tués, j'ai encore monseigneur mon père et
deux beaux frères, et vous avez aussi de bons amis,
qui nous vengeront. Ainsi je vous prie que vous
vouliez aujourd'hui vous appliquer à bien combattre ;
—
« Monseigneur, j'ai toujours servi loyalement
monseigneur votre père et vous aussi, et je le ferai
Les Chroniques De jFroissart. 337
—
« Monseigneur, calmez-vous, et occupez-vous de
chose plus grande que n'est celle-ci peut-être le ;
XXXIII. —
Comment le roi de France ordonna
A TOUS SES gens d'aLLER A PIED COMMENT IL ;
Berkeley.
venu, que son page lui avait amené 'son coursier frais
et nouveau, ce qui lui fit grand bien. En même temps
était sur le champ de bataille le sire de Berkeley, un
jeune et habile chevalier, et qui ce jour-là avait levé
bannière. II vit ce que faisait Jean d'Elènes et sortit
des rangs à sa poursuite, monté aussi sur Heur de cour-
sier ;et pour faire plus grand'vaillance d'armes, il se
sépara de sa troupe et voulut suivre le dit Jean tout
seul, ainsi qu'il fit. Et ils chevauchèrent hors de toute
mêlée fort loin, sans s'approcher, Jean d'Elènes devant
et le sire de Berkeley venant après qui mettait grand'-
peine à l'atteindre. L'intention de l'écuyer français
était bien de retourner en effet, mais il voulait amener
le chevalier encore un peu plus loin. Et ils chevauchè-
rent de toute la vitesse de leurs chevaux plus d'une
ïlc0 Cbranîaucs t)c jFroissart. 353
grosse lieue et s'éloignèrent bien autant et davantage
de toutes les batailles. Le sire de Berkeley criait en
même temps à Jean d'Élènes
—
:
ment ? »
FROISSART 23
354 ^^^ Cbroniques îie jFroissatt,
XXXVII. — Comment
il y eut grande tuerie des
Français devant la porte de Poitiers et ;
plus haute qualilc qu'on puisse exiger de lui, le roi Jean ne mériterait
que des éloges. Il fut en etict le héros de la journée. Blessé deux fois au
visage, son casque étant tombé dans la presse, armé d'une hache, il
faisait reculer la foule des ennemis qui l'entouraient. Le jeune Philippe,
son (|uatrième tîls, presque un enfant, fut blessé à ses entés. L'on rapporte
qu'il s'écriait, en parant les coups destinés au roi : « Père, frappez à
droite père, frajjpe/. à gauche » Le courage du jeune prince lui valut
; !
— « A
qui me rendrai-je ? à qui ? Où est mon
cousin prince de Galles ? si je le voyais, je parlerais. »
le
— « Sire, répondit messire Denis, il n'est pas ici ;
— « Et me
rends à vous. »
je
Et il lui donna son gantelet droit. Le chevalier le
prit et en eut grand joie. Là il y eut grand'presse et
grand'bousculade autour du roi car chacun s'efforçait ;
Je « je l'ai pris »
l'ai pris, !
— « Qu'est-ce là ? Qu'est-ce là ? »
Il leur fut dit :
XXXIX. —
Comment le prince donna a messire
Jacques d'Audley cinq cents marcs d'argent de
revenu et comment le roi de France fut
;
PRÉSENTÉ au prince.
XLIII. —
Comment le prince et son armée
s'acheminèrent pour aller a Bordeaux et ;
I. La couronne.
les CbroniQucs De jTroi.ssatt. 367
—
« Messire James, je ne vous blâmerai pas de ce
que vous avez fait, mais je vous en sais bon gré; et à
cause de la bonté de vos écuyers, et puisque vous vous
louez tant d'eux, je leur accorde votre don, et je vous
rends six cents marcs, de la même manière et aux
' mêmes conditions que vous les teniez auparavant. »
;,
Messire James d'Audley remercia le prince fort
j
humblement; ce fut bien raison; il prit congé assez
FROISSART.
24
370 iles Cèroniqueis ht fxoman,
tôt après et fut rapporté en son logis. Ainsi cela se
passa entre le prince, d'après ce que j'en fus informé,
messire James d'Audley et ses quatre écuyers.
XL IV. —
Comment le prince fut reçu a grand
HONNEUR DE CEUX DE BORDEAUX, ET COMMENT LE
CARDINAL DE PÉRIGORD s'eXCUSA SAGEMENT DEVANT
LE PRINCE.
Préf.\ce
!Orcmifrc !9arnc.
deux rois eurent fait trêve pour un an, le siège fut levé de
devant Tournay 83
XXXII. — Comment le roi anglais partit à regret de devant
Tournay, et comment cha(|ue parti s'attribua l'honneur de ce
déjjart. Comment le rcji l'Alf)uard s'en alla en .Vngleterre, et
comment au parlement d'Arras les trêves furent allongées de
deux ans entre les deux rois 86
XXXIII. — Comment le duc de Hreta^ne mouiul sans hoir
mâle; et comment le comte de Montfort fut reçu pour duc
et seigneur à Nantes, Limoges, Brest, Vannes et Auray. . . 89
XXXIV. — Comment le comte de Montfort s'en allaen Angle-
terre et fit hommage au roi d'Angleterre du duché de Bre-
tagne 94
XXXV. — Comment par des douze pairs de France,
le conseil
le comte de Montfort fut ajourné à Paris ; et comment il y
vint et puis en partit sans le congé du roi 97
XXXVI. — Comment douze pairs et les barons de France
les
jugèrent que Messire Charles de Blois devait être duc de
Bretagne; et comment ledit messire Charles les pria qu'ils le
voulussent aider 100
XXXVII. — Comment les seigneurs de France partirent de
Paris pour aller en Bretagne, et comment ils assiégèrent
Nantes où le comte de Montfort était. Comment le comte de
Montfort fut pris et amené à Paris oii il mourut loi
XXXVIII. —
Comment la comtesse de Montfort encouragea
ses soudoyers, et comment elle mit bonnes garnisons dans
toutes ses forteresses 104
XXXIX. —Comment les seigneurs de France retournèrent en
Bretagne vers Monseigneur Charles de Blois; comment ils
assiégèrent la cité de Rennes; et comment la comtesse de
Montfort envoya demander secours au roi d'Angleterre et à
quelle condition ce fut 105
XL. — Comment la ville de Rennes se rendit à Monseigneur
de Blois. Comment celui-ci prit Auray et assiégea Vannes qui
se rendit àlui 106
XLI. — Comment y eut des trêves entre messire Charles de
il
XCVI. — Comment un
brigand appelé Croquart devint grand
dans les guerres de Bretagne, et comment il Unit
et puissant
malheureusement 229
XCVII. —
Comnient Geoffroy de Chargny acheta du capitaine
de Calais la ville de Calais, et comment le roi Edouard le sut
et (jucl remède il y mit 230
XCVI IL —
Comment le roi d'Angleterre et le prince son fils
vinrent sous la bannière de messire Gautier de Mauny, et
comment ils combattirent durement contre messire Geoffroy
de Chargny 233
XCIX. — Comment les Anglais et lesFrançais se combattirent
très vaillamment, et comment finalement les Français furent
tous tués ou pris 238
C. — D'un chapelet de perles que le roi d'Angleterre donna à
messire Eustache de Ribaumont 240
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XVIII. —
Comment le prince fit dire aux trois chevaliers fran-
çais qui étaient dans Romorantin qu'ils eussent à se rendre,
et quelle chose ils répondirent 310
XIX —
Comment le prince fit assaillir le château de Romoran-
tin ; et comment les trois chevaliers susnommés se rendirent
au prince à sa volonté 313
XX. — Comment de France partit de Chartres en grand'
le roi
compagnie de gens d'armes pour aller à la rencontre du prince
de Galles 315
.
XXV. —
Comment le cardinal de Périgord se mit en grand'
peine d'accorder le roi de France et le prince de
Galles. 327 . .
vpvqn
384 Catîle Des a^atières.