Guide OMD Prixdetransfert
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L’ÉVALUATION EN DOUANE
ET LES
PRIX DE TRANSFERT
Ce Guide ne propose pas une approche définitive pour faire face à cette question. Au
moment de sa rédaction, le Comité technique de l’évaluation en douane – qui est l’organe
compétent pour assurer l’interprétation technique des questions d’évaluation en douane –
débattait toujours de cette question. En revanche, ce Guide présente des informations
techniques et propose des solutions éventuelles concernant la voie à suivre, ainsi que des
idées et des pratiques nationales, y compris les vues du secteur privé.
Dans la plupart des pays, les EMN ont également des obligations en matière de fiscalité
directe ayant trait à l’impôt sur les sociétés. Le mécanisme par lequel les EMN déterminent
les prix des biens, des services et des actifs achetés et vendus au sein du groupe est
dénommé ‘fixation des prix de transfert’. L’OCDE a élaboré des principes directeurs
concernant la méthodologie à appliquer en vue de fixer ou de tester des prix de transfert à
des fins de fiscalité directe. Cette méthodologie, qui se fonde sur le ‘principe de pleine
1
Groupe d’entreprises multinationales (Groupe EMN) : Groupe d’entreprises associées ayant des installations d’affaires
dans deux ou plusieurs pays. (Principes de l’OCDE applicables en matière de prix de transfert, 2010)
Les rapports entre évaluation en douane et prix de transfert ont été étudiés dans diverses
instances nationales et internationales au cours des dernières années (voir le Chapitre 4).
La communauté commerciale a fait savoir que cette question constituait un sujet de
préoccupation, et elle a notamment préconisé que la douane prenne en compte les
renseignements disponibles en matière de prix de transfert, préparés à des fins de fiscalité
directe, lorsqu’elle examine des transactions entre parties liées et qu’elle prenne également
en considération l’incidence que les ajustements des prix de transfert peuvent avoir sur la
valeur en douane. Il a été admis qu’à ce stade, un alignement ou une fusion des
méthodologies fiscale et douanière ne représentait pas une solution réaliste, compte tenu
des particularités de leurs cadres juridiques respectifs. Le fond du problème tient donc à la
question suivante : dans quelle mesure les renseignements figurant dans la documentation
relative aux prix de transfert, qui sont préparés essentiellement à des fins fiscales, peuvent-
ils contenir des informations utiles à la douane en vue de déterminer si le prix déclaré pour
des marchandises importées a été influencé par le lien existant entre les parties à la
transaction, afin de procéder à la détermination définitive de la valeur en douane ?
Par ailleurs, l’OMD collabore avec l’OCDE et le Groupe de la Banque mondiale afin
d’encourager les administrations douanières et fiscales à établir des lignes de
communication bilatérales en vue d’échanger, si possible, des connaissances, des
compétences et des données, ce qui permettra de s’assurer que chaque autorité possède
une image complète des activités de l’EMN concernée et de ses antécédents en matière de
conformité, et puisse prendre des décisions éclairées concernant le montant exact des
recettes dues.
http://www.wcoomd.org/fr/topics/valuation/overview.aspx
http://wcoomdpublications.org/valuation.html
La valeur en douane des marchandises importées est utilisée essentiellement comme base
de détermination des droits de douane à acquitter pour des marchandises importées
lorsqu’un droit ad valorem s’applique. Le classement tarifaire et l’origine préférentielle
constituent les autres éléments clés nécessaires pour déterminer les droits à acquitter.
L’évaluation, le classement et l’origine sont en outre essentiels aux fins du recueil des
statistiques du commerce international.
La méthodologie relative à l’évaluation en douane est présentée dans l’Accord de l’OMC sur
l’évaluation en douane. L’Accord établit une hiérarchie des méthodes d’évaluation et définit
la méthode de la valeur transactionnelle comme étant la première méthode applicable.
L’Introduction générale de l’Accord énonce ce qui suit :
Comme il est indiqué plus haut, la valeur transactionnelle se compose de deux éléments
principaux. Le premier, qui est décrit à l’article premier de l’Accord, est le prix effectivement
payé ou à payer pour les marchandises lorsqu’elles sont vendues pour l’exportation à
destination du pays d’importation. Le second est constitué par une série d’éléments de coût
qui ne sont pas inclus dans le prix facturé (désignés sous le nom d’“ajustements”) et qui
doivent être ajoutés au prix établi conformément à l’article premier, pour autant que les
critères requis soient remplis, afin de déterminer la valeur transactionnelle. Ces ajustements
sont décrits dans l’article 8 de l’Accord.
La première étape consiste à déterminer si les marchandises en cause ont été vendues
pour l’exportation.
L’Avis consultatif 1.1 établit que le terme “vente” doit être interprété dans son sens le plus
large. Il présente également des exemples de situations dans lesquelles les marchandises
importées ne sont pas réputés avoir fait l’objet d’une vente, par exemple, des livraisons
gratuites, des marchandises importées en exécution d’un contrat de location ou de crédit-
bail et des marchandises importées par des succursales qui n’ont pas de personnalité
juridique distincte.
S’agissant de ce dernier exemple, il convient de noter que les filiales au sein d’une EMN
sont fréquemment des entités juridiques indépendantes plutôt que des succursales; en
pareil cas, les ventes intervenant entre, par exemple, une société-mère et une filiale sont
considérées comme des ventes au sens de l’article premier.
L’article premier fixe en outre certaines conditions et restrictions qui peuvent affecter
l’acceptabilité du prix effectivement payé ou à payer. Parmi ces critères figure la situation
dans laquelle l’acheteur et le vendeur des marchandises importées sont liés. La définition
des parties liées énoncée par l’article 15.4 de l’Accord est la suivante :
4. Aux fins du présent accord, des personnes ne seront réputées être liées que :
S’il est établi que l’acheteur et le vendeur sont liés, l’Accord indique clairement que ce lien
ne constitue pas en soi un motif suffisant pour considérer la valeur transactionnelle comme
inacceptable. La valeur transactionnelle demeure en effet acceptable s’il est établi que ce
lien n’a pas influencé le prix. Si, compte tenu des renseignements dont elle dispose, la
douane a des raisons de considérer que le lien a influencé le prix, elle devra mener des
Article 1.2 a)
Article 1.2 b)
b) Dans une vente entre personnes liées, la valeur transactionnelle sera acceptée et les
marchandises seront évaluées conformément aux dispositions du paragraphe 1 lorsque
l’importateur démontrera que ladite valeur est très proche de l’une des valeurs ci-après, se
situant au même moment ou à peu près au même moment :
ii) valeur en douane de marchandises identiques ou similaires, telle qu’elle est déterminée
par application des dispositions de l’article 5;
iii) valeur en douane de marchandises identiques ou similaires, telle qu’elle est déterminée
par application des dispositions de l’article 6.
Dans l’application des critères qui précèdent, il sera dûment tenu compte des différences
démontrées entre les niveaux commerciaux, les quantités, les éléments énumérés à l’article
8, et les coûts supportés par le vendeur lors de ventes dans lesquelles le vendeur et
l’acheteur ne sont pas liés et qu’il ne supporte pas lors de ventes dans lesquelles le vendeur
et l’acheteur sont liés.
Un certain nombre d'éléments doivent être pris en considération pour déterminer si une
valeur "est très proche" d'une autre valeur. Il s'agit notamment de la nature des
marchandises importées, de la nature de la branche de production considérée, de la saison
pendant laquelle les marchandises sont importées, et du point de savoir si la différence de
Comme il est indiqué dans l’article 1.2 c), les valeurs critères sont à utiliser à l’initiative de
l’importateur. Par conséquent, leur degré d’utilisation dépend de la capacité de l’importateur
à obtenir et à présenter à la douane des données pertinentes sur les prix. On peut voir que
les critères à remplir aux fins de l’article 1.2 b) i), ii) et iii) nécessitent de présenter des prix
se rapportant à des marchandises identiques ou similaires. Toutefois, les produits
manufacturés comportent fréquemment une technologie ou une propriété intellectuelle
propre à l’EMN, de sorte que ces prix comparatifs ne sont généralement pas disponibles.
En outre, les marchandises vendues par des EMN au sein de leur propre groupe ne sont
pas souvent vendues à des parties non liées. Par conséquent, cette option est rarement
utilisée dans la pratique.
Cette option permet à la douane d’examiner de façon plus générale comment le prix a été
déterminé. L’Accord précise qu’il ne faut pas entendre par là que les circonstances de la
vente devraient être examinées chaque fois que l'acheteur et le vendeur sont liés, mais
seulement lorsque la douane a des doutes concernant l’acceptabilité du prix.
Lorsque la douane décide de mener une enquête, elle doit donner à l'importateur la
possibilité de fournir tous les autres renseignements détaillés qui pourraient être
nécessaires pour lui permettre d'examiner les circonstances de la vente, en vue de
déterminer si le prix a été influencé par le lien.
Comme indiqué plus haut, la Note interprétative concernée fournit des conseils et des
exemples de cette situation, sous la forme de questions que l’on peut résumer comme suit :
1. Le prix a-t-il été arrêté de manière compatible avec les pratiques normales de
fixation des prix dans la branche de production en question ?
2. Le prix a-t-il été arrêté de manière compatible avec la façon dont le vendeur arrête
ses prix pour les ventes à des acheteurs qui ne lui sont pas liés ?
3. Peut-il être prouvé que le prix est suffisant pour couvrir tous les coûts et assurer un
bénéfice représentatif du bénéfice global réalisé par l'entreprise sur une période
représentative (par exemple sur une base annuelle) pour des ventes de
marchandises de la même nature ou de la même espèce ?
10
Dans le premier cas, le produit concerné est vendu par le vendeur à un acheteur lié dans le
pays d’importation ainsi qu’à un acheteur non lié à un prix plus élevé. Il a été établi que les
coûts supportés par le vendeur sont les mêmes dans les ventes aussi bien à des acheteurs
liés qu’à des acheteurs non liés. L’importateur n’a pas été en mesure d’expliquer les raisons
motivant la différence de prix dans chacun des cas et il n’existe pas suffisamment
d’éléments pour établir que la différence de prix n’est pas significative.
Dans le cas du second produit, qui est vendu uniquement entre parties liées, la douane a
établi que le prix facturé à l’acheteur lié est suffisant pour couvrir tous les coûts supportés
par le vendeur, y compris le coût d’acquisition ainsi que les frais de remballage, de
manutention et de transport, et pour assurer un bénéfice représentatif du bénéfice global de
l’entreprise pendant un laps de temps représentatif. Dans ce cas, la valeur transactionnelle
a donc été acceptée.
L’article 8 de l’Accord énonce les éléments qui doivent être ajoutés à la valeur
transactionnelle, outre le prix effectivement payé ou à payer.
11
En outre, les Membres de l’OMC ont la possibilité d’inclure ou non les éléments suivants :
La majorité des Membres de l’OMC ont pris la décision d’inclure ces éléments dans la valeur
en douane; il s’agit du système CAF (coût, assurance, fret). Le système appliqué par les
quelques Membres qui ont choisi de ne pas inclure ces éléments est désigné par l’incoterm
FAB (franco à bord).
Le fait de déterminer si des éléments de l’article 8 doivent être inclus ou non dans la valeur
en douane dans un cas donné peut s’avérer complexe et nécessite généralement de
consulter l’importateur afin d’établir tous les éléments de fait pertinents avant d‘arrêter une
décision. Des sommes d’argent substantielles peuvent être en jeu, notamment lorsque ces
éléments sont des redevances. Le Recueil de l’OMD sur l’évaluation en douane contient de
nombreux instruments utiles publiés par le CTED au sujet de ces questions qui peuvent
aider à interpréter certains scénarios particuliers.
Il faut également noter dans ce contexte que plusieurs de ces éléments, comme les
commissions, les redevances et les apports se rapportant à des travaux de design par
exemple, peuvent être considérés comme étant des ‘services’ ou des ‘biens intangibles ou
immatériels’. Cela souligne le fait que, si le rôle de la douane consiste à déterminer la
valeur en douane et les droits exigibles pour des marchandises ‘physiques’ importées,
certains éléments intangibles peuvent également être inclus dans la valeur en douane de
ces marchandises.
Les autres méthodes d’évaluation doivent être utilisées uniquement lorsque la méthode de
la valeur transactionnelle ne peut s’appliquer. Ceci peut se produire dans trois situations
essentiellement :
1) La valeur transactionnelle est rejetée du fait qu’une ou plusieurs conditions stipulées par
l’article premier ne sont pas remplies.
12
Les méthodes décrites dans les articles 2 et 3 nécessitent de disposer d’un envoi
comparable dont la valeur transactionnelle a été précédemment acceptée par la douane.
L’Accord établit des critères en vue de définir les marchandises identiques ou similaires, qui
couvrent les marchandises proprement dites, le moment de leur importation, le niveau
commercial de l’envoi, etc. Les critères applicables aux marchandises similaires sont moins
restrictifs que ceux concernant les marchandises identiques et permettent de prendre en
compte un éventail plus large de marchandises/envois comparables. Si l’on trouve des
envois comparables remplissant les critères en question pour les articles 2 ou 3 et si ces
envois ont été dédouanés sur base de la valeur transactionnelle, alors cette valeur peut être
utilisée en tant que valeur en douane.
La méthode dite de la ‘valeur déductive’ décrite dans l’article 5 se fonde sur le prix auquel
les marchandises importées (ou des marchandises identiques ou similaires) sont vendues
sur le marché national. On peut ainsi établir un ‘prix unitaire’ dont il faut déduire les coûts
relatifs aux activités et aux éléments intervenant après l’importation, comme par exemple les
frais de transport et de stockage après importation ainsi que les bénéfices et les frais
généraux (avec ajustement au titre de l’article 8.2 le cas échéant). La valeur en douane
déterminée au titre de l’article 5 se fonde sur le prix unitaire, après que ces déductions ont
été opérées.
La méthode dite de la ‘valeur calculée’ décrite dans l’article 6 se fonde sur un prix constitué
par les divers éléments contribuant aux marchandises manufacturées. Il s’agit notamment
du coût des matières, composants, etc. et des opérations de fabrication, des bénéfices et
frais généraux et des frais de transport. Dans la pratique, cette méthode n’est que très
rarement utilisée car elle nécessite des données financières qui peuvent se révéler
confidentielles pour le fabricant et qui pourraient donc ne pas être communiquées à
l’importateur ou à la douane du pays d’importation.
L’article 7 ne décrit pas une “méthode” à proprement parler mais plutôt les moyens
éventuels, dits “de dernier recours”, d’établir la valeur en douane lorsque les méthodes
précédentes ne peuvent s’appliquer. Il énumère en outre des approches expressément
interdites par l’Accord (par exemple, la valeur en douane ne doit pas se fonder sur des
valeurs en douane minimales ou sur des valeurs arbitraires ou fictives).
Les méthodes énoncées ci-dessus doivent être prises en considération selon l’ordre
hiérarchique établi par l’Accord; en d’autres termes, l’article 3 ne peut être envisagé que si
l’article 2 ne peut s’appliquer, et ainsi de suite. Il y a lieu de noter que l’ordre d’application
des articles 5 et 6 peut être inversé à la demande de l’importateur. Lorsque la méthode de
13
Il importe de noter que lorsque les autres méthodes d’évaluation sont utilisées, un
processus de concertation entre la douane et l’importateur doit être instauré en vue de
dégager la base de la valeur à des fins douanières.
14
L'appropriation, la gestion et les relations de contrôle partagées qui existent entre membres
d'un groupe multinational font que les transactions qu'ils opèrent entre eux ne sont pas
entièrement soumises à de nombreuses forces de marché qui se seraient sans cela
imposées (si les transactions avaient lieu entre parties totalement indépendantes). En
conséquence, les prix pratiqués (connus sous le nom de prix de transfert) peuvent être
définis d'une façon qui ne soit pas acceptable pour certaines parties prenantes (notamment
les autorités fiscales, les autorités douanières et les actionnaires minoritaires).
Les transactions entre parties dont les relations peuvent leur permettre d'influencer les
conditions de la transaction, appelées parties liées (ou parties associées), peuvent
impliquer la fourniture de biens ou de services, l'utilisation d'avoirs (y compris de biens
immatériels) ou l'octroi d'un financement. Tout cela doit être tarifé (voir la figure 1.1).
2
Le Chapitre 3 a été aimablement fourni par le Groupe de la Banque mondiale et se base sur des extraits modifiés de
« International Transfer Pricing et de Developing Economies : From Implementation to Application », publication du Groupe de
la Banque mondiale à venir. Le contenu de ce chapitre ne reflète pas nécessairement les vues du Groupe de la Banque
mondiale ou de ses pays membres.
15
La détermination du prix de transfert est donc une notion neutre qui fait simplement
référence à la tarification des transferts pour les transactions entre parties liées. Comme le
souligne le Tax Justice Network [Réseau pour la justice fiscale], « les prix de transfert ne
sont pas en tant que tels illégaux ou abusifs. Ce qui est illégal ou abusif, c'est de fixer des
prix de transfert erronés, autrement dit de manipuler des prix de transfert ou de fixer des prix
de transfert abusifs. » (Tax Justice Network).
Les prix de transfert affectent directement la répartition des bénéfices et des pertes entre
parties à des transactions. Comme la plupart des pays prélèvent une forme de fiscalité
directe (connue sous des noms différents, comme l'impôt sur les sociétés ou l'impôt sur les
bénéfices), lorsqu'une entreprise est résidente fiscale ou a une présence imposable dans ce
pays, la fixation du prix de transfert revêt une importance critique pour déterminer
3
Par exemple la réglementation des changes, les exigences et les pratiques comptables, le droit des sociétés, les statistiques
relatives aux échanges, les exigences contractuelles, etc.
16
17
Le principe de pleine concurrence est le principe sur lequel les pays ont eu tendance à
fonder les dispositions de leur législation fiscale en ce qui concerne les prix de transfert (voir
ci-dessous). Il est internationalement reconnu pour fixer les prix de transfert aux fins de
l'imposition directe, et ce depuis le début des années 1900, où il était implicitement inclus
dans les traités conclus par la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Ce principe a été
adopté pour la première fois dans un contexte international à l'article 3 du projet de
Convention de la Société des Nations relatif à la répartition des profits et des biens des
entreprises internationales (1933), avant d'être adopté en 1963 dans le projet de Convention
fiscale de l'OCDE, puis dans le modèle de convention fiscale de l'OCDE (et de l'ONU).
Les premiers principes applicables en matière de prix de transfert ont été mis au point par
l'OCDE en 1979 dans le Rapport du Comité des Affaires Fiscales de l'OCDE sur les prix de
transfert et les entreprises multinationales. Ce rapport tentait de documenter les « pratiques
généralement suivies en matière de fixation des prix de transfert à des fins fiscales ». Vu le
nombre et la taille des groupes multinationaux et la nature des échanges internationaux, une
attention croissante a été accordée aux prix de transfert et, en 1995, l'OCDE a publié une
révision des principes – Principes applicables en matière de prix de transfert à l'intention des
entreprises multinationales et des administrations fiscales. Ces principes ont joué un rôle
primordial dans l'élaboration des législations et des pratiques mondiales relatives aux prix de
18
Après de nombreuses consultations publiques sur des questions spécifiques (telles que la
comparabilité et l'utilisation des méthodes fondées sur les bénéfices) et plus d'une décennie
d'application pratique des principes contenus dans les PPT OCDE 1995, en 2010, une
version révisée des principes a été publiée (Principes de l'OCDE applicables en matière de
prix de transfert, 2010). Les principales modifications par rapport à la version de 1995
comprenaient l'abandon du statut du « dernier recours » pour l'utilisation des méthodes
fondées sur les bénéfices, la révision des principes régissant le choix d'une méthode de prix
de transfert (c'est-à-dire l'introduction de « la méthode la plus appropriée aux circonstances
d’espèce »), l'inclusion de principes supplémentaires sur l'analyse de comparabilité et
l'inclusion d'un chapitre supplémentaire sur les réorganisations d’entreprises et les prix de
transfert.
Ces dernières années, les prix de transfert sont sans doute devenus l'un des principaux
problèmes fiscaux internationaux rencontrés par les groupes multinationaux et les
gouvernements. Pour protéger leur base d’imposition, un nombre important et croissant de
pays a introduit des dispositions dans leur législation fiscale portant sur les prix de transfert
et beaucoup ont augmenté ou augmentent les ressources affectées au renforcement des
capacités au sein de leurs administrations fiscales. Si certains pays ont prévu des
dispositions concernant les prix de transfert dans leur législation fiscale fondée sur le
principe de pleine concurrence depuis le début des années 1900, la grande majorité d'entre
eux n'en ont introduit que ces deux dernières décennies (voir la figure 1.3). Par exemple, au
cours de la période 1994-2014, le nombre de pays disposant de règles « efficaces » en
matière de documentation des prix de transfert a augmenté, passant de 4 à plus de 80 (voir
la figure 1.4).4
4
« Efficace », dans ce cas, indique que le pays dispose d'une législation, de règlements ou de principes spécifiques qui, au
minimum, suggèrent fortement d'introduire une documentation des prix de transfert.
19
Si les questions liées aux prix de transfert peuvent, et doivent, être abordées dans un
contexte purement national (par exemple, les transactions entre les contribuables résidents
associés), les dispositions relatives aux prix de transfert concernent principalement les
transactions internationales (transfrontalières). Par conséquent, lorsque l'on examine le
cadre juridique des prix de transfert, il convient de faire référence à la fois à la législation
nationale et au cadre juridique international. Ce chapitre présente une vue d'ensemble du
rôle de la législation nationale, des conventions fiscales et d'autres sources internationales
pertinentes, telles que les principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert
2010 et le « Manuel pratique des Nations Unies sur les prix de transfert à l'intention des
pays en développement » (Manuel PT ONU 2013).
20
La réglementation des prix de transfert aux fins de l'imposition directe nécessite certaines
dispositions dans la législation fiscale nationale. Si les Etats souverains sont, en théorie,
libres d'adopter toute loi qu'ils jugent appropriée, cette liberté peut être restreinte par les
obligations internationales et est souvent influencée par un éventail de facteurs
économiques et les pratiques d'autres pays. Dans le cas des prix de transfert, il n'existe pas
d'organisme unique de droit international ou d'instrument international spécifique (comme
pour l'évaluation en douane). Toutefois, la vaste gamme de conventions fiscales bilatérales
(voir ci-dessous) et diverses sources d'orientations (voir ci-dessous) a joué un rôle clé dans
l'élaboration de la législation nationale relative aux prix de transfert.
Jusqu'à présent, les pays ont toujours eu tendance à adopter des dispositions relativement
homogènes dans leur législation fiscale relative aux prix de transfert, la législation étant
fondée sur le principe de pleine concurrence et, dans la plupart des cas, sur les principaux
concepts élaborés dans les principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert
(voir ci-dessous). 5 Si les principes sous-jacents sont généralement les mêmes, les
différences entre dispositions nationales sont monnaie courante. Les plus courantes
concernent notamment le champ d'application des dispositions (par exemple, la définition
des parties associées et les types de transactions visées) ainsi que les exigences
administratives (par exemple, les exigences en matière de documentation des prix de
transfert).
3.3.2. C O N V E N T I ON S FISCALES
6
La double imposition est généralement reconnue comme un obstacle au commerce et aux
investissements internationaux. Ainsi, afin de promouvoir le commerce et l'investissement,
les pays ont largement cherché à éviter ou à éliminer les cas de double imposition en
signant des conventions fiscales. Celles-ci (généralement bilatérales) sont des accords
entre les parties contractantes (les Etats) concernant la répartition des droits d'imposition
(c.-à-d. la mesure dans laquelle chaque Etat peut lever des impôts dans certains cas
spécifiques) et d'autres points (tels que l'échange d'informations et d'autres procédures
administratives). Le nombre de conventions fiscales ne cesse d'augmenter, plus de 3 000
sont actuellement en vigueur.
Dans le cas des prix de transfert, les conventions fiscales réduisent l'incertitude pour le
contribuable en ce qui concerne le traitement de leurs transactions avec des parties
associées en fixant des limites à l'application de la législation fiscale interne des Etats
contractants et en fournissant un cadre juridique international pour la prévention et
l'élimination de la double imposition. Les conventions fiscales qui intègrent des dispositions
5
La seule exception notable au moment où ce chapitre est rédigé est le Brésil. Pour un aperçu de l'approche brésilienne au
sujet des prix de transfert, voir le chapitre 10.2 du Manuel PT ONU (2013).
6
La double imposition peut être juridique (imposition du même revenu appartenant à une seule personne par plusieurs Etats)
ou économique (imposition du même revenu appartenant à deux personnes différentes).
21
1. Lorsque
a) une entreprise d'un État contractant participe directement ou indirectement à la direction, au
contrôle ou au capital d'une entreprise de l'autre État contractant, ou que
b) les mêmes personnes participent directement ou indirectement à la direction, au contrôle ou au
capital d'une entreprise d'un État contractant et d'une entreprise de l'autre État contractant,
et que, dans l'un et l'autre cas, les deux entreprises sont, dans leurs relations commerciales ou
financières, liées par des conditions convenues ou imposées qui diffèrent de celles qui seraient
convenues entre des entreprises indépendantes, les bénéfices qui, sans ces conditions, auraient été
réalisés par l'une des entreprises mais n'ont pu l'être en fait à cause de ces conditions, peuvent être
inclus dans les bénéfices de cette entreprise et imposés en conséquence.
2. Lorsqu'un État contractant inclut dans les bénéfices d'une entreprise de cet État – et impose en
conséquence – des bénéfices sur lesquels une entreprise de l'autre État contractant a été imposée
dans cet autre État, et que les bénéfices ainsi inclus sont des bénéfices qui auraient été réalisés par
l'entreprise du premier État si les conditions convenues entre les deux entreprises avaient été celles
qui auraient été convenues entre des entreprises indépendantes, l'autre État procède à un
ajustement approprié du montant de l'impôt qui y a été perçu sur ces bénéfices. Pour déterminer
cet ajustement, il est tenu compte des autres des autres dispositions de la présente Convention et, si
c'est nécessaire, les autorités compétentes des États contractants se consultent.
Les conventions fiscales ne sont généralement pas prises en considération pour créer des
pouvoirs d'imposition supplémentaires à ceux prévus en vertu de la législation interne de
chaque Etat contractant. Au contraire, leur rôle est de fixer des limites aux pouvoirs
d'imposition des Etats contractants, conformément à la répartition des droits d'imposition
convenue en vertu du traité. Le point de vue dominant consiste donc à considérer que
l'article 9 d'une convention fiscale n'est pas, en soi, une base juridique permettant à une
administration fiscale de procéder à un ajustement des prix de transfert (un « ajustement
primaire ») et qu'une base juridique est nécessaire pour qu'une administration fiscale puisse
procéder à un tel ajustement (Lang 2010). Le rôle des dispositions d'un traité fondé sur
l'article 9, paragraphe 1, est donc d'offrir une certitude aux contribuables lors du traitement
de transactions avec des parties associées qui relèvent de leur champ d'application et de
fournir une certaine protection contre la double imposition économique.
Bien que l'article 9 soit intitulé « Entreprises associées », le terme n'est pas développé au-
delà de la participation directe ou indirecte à la direction, au contrôle ou au capital, et aucun
des modèles ou des commentaires ne fournit d'autre indication sur le moment à partir
22
Les dispositions de conventions fiscales fondées sur l'article 9, paragraphe 2, des modèles
de l'OCDE et des Nations Unies prévoient des mécanismes destinés à éviter une double
imposition économique découlant d'un ajustement des prix de transfert effectué
conformément au principe de pleine concurrence. Le mécanisme d'évitement de la double
imposition prévu par l'article 9, paragraphe 2, est généralement appelé ajustement
correspondant (ou « ajustement corrélatif » dans le modèle des Nations Unies) et implique
généralement l'autre Etat contractant procédant à un ajustement du montant de l'impôt qui y
a été perçu, afin d'éviter toute double imposition économique.
Les conventions fiscales contiennent aussi fréquemment d'autres articles ayant une certaine
importance en matière de prix de transfert. Par exemple, les articles correspondants du
modèle de l'OCDE sont les suivants : l'article 25 (Procédure amiable) (voir ci-dessous) et
l'article 26 (Echange de renseignements), ainsi que d'autres articles qui font référence au
principe de pleine concurrence (c'est-à-dire les articles 7, 11 et 12).8
Les principes ne sont pas en tant que tels un instrument juridique, et, de ce fait, l'intérêt
juridique et pratique de ces principes varie sensiblement d'un pays à l'autre et peut
dépendre de l'applicabilité d'une convention fiscale comprenant un article sur les entreprises
associées basé sur l'article 9 du modèle de convention fiscale de l'OCDE ou de l'ONU (voir
ci-dessus).
Lorsqu'une convention fiscale comprenant un article sur les entreprises associées basé sur
l'article 9 du modèle de convention fiscale de l'OCDE ou de l'ONU s'applique, il est
généralement fait référence aux principes de l'OCDE applicables en matière de prix de
transfert (par exemple, dans le cadre d'une procédure amiable). A cet égard, le
7
Dans la mesure où les définitions des différentes législations internes diffèrent raisonnablement, il peut arriver que les Etats
contractants aient des positions différentes en ce qui concerne l'applicabilité de l'article et que cela donne lieu, potentiellement,
à des cas de double imposition économique pour lesquels aucune solution claire et explicite n'est fournie (Rotondaro 2000).
Dans la pratique, ces cas sont plutôt rares.
8
Par exemple, l'article 7 (Bénéfices des entreprises) exige que les bénéfices attribuables à un établissement stable soient
imposables conformément au principe de pleine concurrence, et les articles 11 (Intérêts) et 12 (Redevances) sont formulés de
manière à ne s'appliquer qu'au montant des intérêts ou des redevances de pleine concurrence.
23
Dans les pays membres de l'OCDE, le Conseil de l'OCDE a recommandé d'imposer les
principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert aux administrations fiscales
des pays de l'OCDE et de faire en sorte que ces dernières encouragent les contribuables à
les respecter (OCDE 2010b). Dans certains pays membres de l'OCDE, le statut de ces
principes est clair, dans la mesure où leur législation y fait explicitement référence (par
exemple, en Australie, au Royaume-Uni et en Irlande). Dans d'autres pays en revanche,
même s'ils ont sans doute une certaine utilisé pratique, leur pertinence juridique est parfois
moins évidente.9 Indépendamment de la question de savoir si une telle référence existe ou
non dans le droit interne, les principes sont généralement considérés comme très persuasifs
dans les pays membres de l'OCDE et sont souvent pris comme référence dans la pratique
par les administrations fiscales et le secteur privé.
Dans les pays non membres de l'OCDE, la situation est moins claire. Dans de nombreux
pays non membres de l'OCDE, comme l'Albanie, la Géorgie, la Namibie, les Philippines, la
Serbie et l'Afrique du Sud, la législation ou les orientations administratives font implicitement
ou explicitement référence aux principes de l'OCDE applicables en matière de prix de
transfert, leur utilité est donc claire. Toutefois, dans plusieurs autres pays non membres de
l'OCDE, aucune référence n'est faite aux principes de l'OCDE applicables en matière de prix
de transfert, alors même que, dans de nombreux cas, la législation relative aux prix de
transfert est en grande partie fondée sur les principes de l'OCDE applicables en matière de
prix de transfert.
Dans plusieurs pays, malgré l'absence de référence aux principes dans le droit interne et
l'applicabilité d'une convention fiscale, les principes de l'OCDE applicables en matière de
prix de transfert seront considérés au minimum comme une source de référence par les
contribuables, l'administration fiscale et même le pouvoir judiciaire. Selon Alnashir Visram J
dans Unilever Kenya Ltd v. Commissioner of Income (Income Tax Appeal 752/753 of 2003)
KENYA « …il serait téméraire pour tout tribunal de mépriser des principes commerciaux
internationalement reconnus, tant que ceux-ci ne s'opposent pas à nos propres lois. Agir
autrement reviendrait à manquer de vision. » En l'absence de législations ou d'orientations
clairement conflictuelles dans un pays, il est donc raisonnable de penser que les principes
9
En Australie, par exemple, dans l'affaire SNF (Australie) Pty Ltd c. FC de T [2010] FCA 635, Middleton J signale (au
paragraphe 58) qu'il s'est référé au PPT OCDE 1995, dans la mesure où il s'agissait d'une référence pratique pour ce qui est
des diverses méthodes adoptées ou visées lors de l'examen de la pleine concurrence, mais qu'ils « …ne dictent à la Cour
aucune méthode appropriée. Ils ne sont que ce qu'ils prétendent être, à savoir des principes ». A cet égard, il faisait la
distinction entre la législation australienne relative aux prix de transfert, qui (à l'époque) ne contenait aucune autre référence
aux principes, et celle Royaume-Uni qui, elle, y fait explicitement référence L'Australie a depuis révisé sa législation relative
aux prix de transfert.
24
L'avant-propos du projet de manuel signale que les principes sont un « manuel pratique
plutôt qu'un modèle législatif », que l'aspect pratique du manuel est « une valeur ajoutée
essentielle... » et que, dans le cadre de son élaboration, « la cohérence avec les principes
de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert était primordiale… » (ONU 2012). Lors
de sa session d'octobre 2012, le Comité d'experts a approuvé le projet de manuel pratique
présenté et la version finale a été publiée en mai 2013. Le manuel est cependant décrit
comme « …une œuvre vivante qui sera améliorée et complétée au fil du temps en
s'inspirant d'autres expériences et expertises » (ONU 2012).
Si le manuel devrait jouer un rôle majeur dans le développement des pratiques relatives aux
prix de transfert dans les économies en transition ou en développement, à l'instar des
principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert, il ne s'agit pas d'un
instrument juridique. Son statut et son influence dépendront donc des références et des
pratiques du droit interne de chaque pays, sachant que le manuel n'a pas été adopté par
consensus de tous les Etats membres de l'ONU, mais par le Comité d'experts (composé de
25 membres nommés par les gouvernements, mais agissant en leur qualité de spécialistes).
3.3.5. AUTRES
10
http://ec.europa.eu/taxation_customs/taxation/company_tax/transfer_pricing/forum/index_fr.htm
25
3.4.1 P RI N C I P E D E P L E I N E C O N C UR RE NCE
Le principe de pleine concurrence exige que les conditions (prix, marges, etc.) dans les
transactions entre parties associées doivent être les mêmes que celles qui auraient prévalu
entre deux parties indépendantes dans une transaction similaire et dans des conditions
similaires. Le principe peut être exprimé et appliqué de différentes manières12, cependant la
formulation la plus répandue est celle que l'on retrouve dans l'article 9, paragraphe 1, des
modèles de conventions fiscales de l'OCDE et de l'ONU, qui se lit comme suit dans les deux
cas :
« ... les deux entreprises sont, dans leurs relations commerciales ou financières, liées par
des conditions convenues ou imposées qui diffèrent de celles qui seraient convenues entre
des entreprises indépendantes, les bénéfices qui, sans ces conditions, auraient été réalisés
par l'une des entreprises mais n'ont pu l'être en fait à cause de ces conditions, peuvent être
inclus dans les bénéfices de cette entreprise et imposés en conséquence. »
En bref, le principe de pleine concurrence veut que les parties associées fixent le prix leurs
transactions comme si elles étaient totalement indépendantes l'une de l'autre et qu'elles
agissent en tant que telles.
3.4.2 C O M P A R A B I L I TE
11
Australie, Canada, Japon et Etats-Unis
12
Dans plusieurs pays, la législation relative aux prix de transfert utilise des termes tels que « prix du marché » ou « juste
valeur marchande ». Lorsqu'ils sont utilisés dans un contexte similaire, ces termes sont généralement interprétés comme
équivalents ou similaires au principe de pleine concurrence. Il convient toutefois de noter que les termes « prix du marché » et
« juste valeur marchande » tels qu'utilisés dans les évaluations financières, etc. sont des concepts qui diffèrent du principe de
pleine concurrence.
26
Facteurs de comparabilité
Lorsqu'il s'agit de déterminer s'il y a ou non des différences entre les transactions
comparées qui auront un impact matériel sur la condition examinée, il existe cinq facteurs
de comparabilité que les principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert
(2010) et le Manuel PT ONU (2013) jugent importants de prendre en compte :
Caractéristiques des biens ou services
Analyse fonctionnelle
Clauses contractuelles
27
Ces cinq facteurs de comparabilité sont visés directement ou indirectement par les
législations/orientations de la plupart des pays disposant de règles sur les prix de transfert.
Source : Basé sur le paragraphe 1.39 des principes de l'OCDE applicables en matière de
prix de transfert (2010)
Analyse fonctionnelle
Si l'analyse de comparabilité peut être considérée comme la pierre angulaire du principe de
pleine concurrence, l'analyse fonctionnelle (qui implique une analyse des fonctions
assurées, des risques assumés et des actifs utilisés) peut être considérée comme la pierre
angulaire de l'analyse de comparabilité. Dans le cadre de transactions entre entreprises
indépendantes, les prix convenus reflètent généralement les fonctions assurées par les
parties respectives, les risques qu'elles assument et les actifs qu'elles utilisent. Par exemple,
plus une partie assure de fonctions, plus elle assume de risques, et plus la valeur de l'actif
utilisé est élevée dans le cadre d'une transaction, plus la rémunération escomptée est
importante. En conséquence, la rémunération d'une partie et donc son profit potentiel seront
généralement proportionnels aux fonctions qu'elle assure, aux risques qu'elle assume et aux
actifs qu'elle utilise. Les exemples de fonctions, d'actifs et de risques qu’il peut être
important de prendre en compte sont présentés dans le tableau suivant.
Source : Basé sur les paragraphes 1.43 à 1.50 des principes de l'OCDE applicables en
matière de prix de transfert (2010)
Une analyse fonctionnelle est non seulement nécessaire pour évaluer la comparabilité, mais
elle sert également de base pour caractériser précisément la ou les transactions et
sélectionner la méthode appropriée de fixation du prix de transfert et la partie évaluée, le
cas échéant (voir ci-dessous).
des entretiens avec les employés (ce n'est généralement pas possible avec des
comparables externes)
des recherches sur Internet (sites Web de sociétés et du secteur ou sites
spécialisés, etc.)
des informations figurant dans des bases de données propriétaires
l'examen des rapports annuels, des structures organisationnelles et juridiques, des
contrats pertinents, des rapports de l'industrie, des articles de presse, etc.
Clauses contractuelles
Dans le cadre de transactions entre entreprises indépendantes, les clauses contractuelles
convenues sont susceptibles d’influer sur l’allocation des risques entre les parties et, en
conséquence, sur la rémunération des parties. Les clauses contractuelles applicables aux
29
Lorsque des contrats formels ont été signés, il est important de vérifier si les clauses du
contrat sont effectivement respectées dans la pratique. Si ce n'est pas le cas, le
comportement des parties peut offrir une base de comparaison plus fiable. En l'absence de
dispositions contractuelles aux fins des prix de transfert, il peut être nécessaire de déduire
les clauses des relations économiques des parties et de leur comportement, notamment
dans leur correspondance et leur communication.
les différences dans les conditions de paiement (par exemple 30 jours nets contre
90 jours nets)
les conditions d'expédition (par exemple franco à bord, coût et fret ou coût,
assurance et fret)
la zone géographique, l'exclusivité, la durée des licences portant sur des biens
immatériels
la devise, la sécurité et les options d’achat et de remboursement liées aux
transactions financières
Situations économiques
Dans le cadre de transactions entre entreprises indépendantes, les situations économiques
(notamment le marché dans lequel a lieu une transaction) entourant une transaction peuvent
avoir une influence significative sur leur prix. Ainsi, le prix payé pour les mêmes biens ou
services peut varier considérablement en fonction de la localisation ou du secteur (ou sous-
secteur) dans lequel les transactions s'opèrent. Le fait que les différences de situation
économique influent de manière significative sur l'élément examiné dépend cependant de
faits et de circonstances spécifiques. Par exemple, pour certains biens et services, des
marchés mondiaux ont vu le jour. Dans ce cas, la localisation n'a pas ou peu d'impact sur
les prix.14 Toutefois, pour de nombreux produits et services, les différences en termes de
taille du marché, de concurrence et de réglementation peuvent avoir un impact significatif
sur les prix dans certaines régions ou certains pays.
Exemples de situations économiques qu’il peut être important de prendre en compte :15
La localisation
La taille du marché
Les obstacles à l'accès au marché
Le niveau du marché (commerce de gros, de détail, etc.)
La concurrence
L'existence et la disponibilité de produits de substitution
La localisation de coûts spécifiques
13
Voir ci-dessous les paragraphes 1.52 à 1.54 des principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert (2010)
14
Voir, par exemple : Commissaire fiscal c. SNF Australia Pty Ltd 2011 ATC 20-265 (Australie) où Ryan, Jessup et Perram JJ
ont établi que les preuves « ...indiquaient l'existence d'un marché mondial » et que « se détourner des preuves soutenant cette
conclusion serait à peine surprenant : les produits en question étaient des produits chimiques en grande quantité, employés
dans les industries du monde entier et intrinsèquement transportables. Il est difficile de considérer le marché autrement que
mondial. »
15
Voir ci-dessous les paragraphes 1.55 à 1.58 des principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert (2010)
30
L'adoption de stratégies commerciales particulières par des parties à une transaction (ou à
un groupe de transactions) peut avoir un impact significatif sur les prix. Ces stratégies
peuvent porter, entre autres, sur la pénétration du marché, l'expansion du marché, le
maintien du marché et la diversification.
Le processus adopté en pratique dépendra des faits et des circonstances de chaque cas
particulier et des ressources disponibles. Les principes de l'OCDE applicables en matière de
prix de transfert (2010) détaillent un processus type en 9 étapes considéré comme une
bonne pratique à cet égard. Le chapitre relatif à l'analyse de comparabilité du Manuel PT
ONU détaille un processus semblable, quoique légèrement différent.
31
D'un point de vue général, une grande distinction peut être faite entre ce que l'on appelle les
« comparables internes » et les « comparables externes » :
Les comparables internes, lorsqu'il y en a, peuvent avoir un lien plus direct avec la
transaction examinée. En outre, les informations nécessaires pour effectuer l'analyse de
comparabilité sont généralement plus facilement disponibles et plus complètes. Il est donc
plus facile et moins onéreux d'identifier et d'obtenir des informations avec des comparables
32
Diverses sources d'informations peuvent être utilisées pour identifier et obtenir des
informations sur des comparables externes. La disponibilité de ces informations est toutefois
fortement tributaire de nombreux facteurs, notamment : le type de transaction examinée, la
méthode appliquée et, le cas échéant, le pays (ou la région) où la partie évaluée est située.
Parmi les principales sources d'informations utilisées figurent les bases de données
commerciales (qui compilent les informations publiques disponibles dans un format convivial
et facilement consultable), les organismes gouvernementaux qui recueillent et publient des
comptes financiers statutaires d'entités locales, les sites Web des sociétés et Internet en
général (qui peut être utilisé par exemple pour obtenir des copies de rapports annuels et des
informations générales sur les activités de l'entreprise et les stratégies des entreprises). Ces
sources d'information sont utilisées par les contribuables et les administrations fiscales.16
3.4.3 M E T H OD E S D E P R I X D E T RA NS FE R T
Les principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert présentent en détail cinq
méthodes de prix de transfert qui peuvent être utilisées pour « déterminer si les conditions
qui régissent les relations commerciales ou financières entre entreprises associées sont
conformes au principe de pleine concurrence » (OCDE 2010) :
Les trois premières méthodes sont généralement désignées sous l'expression « méthodes
traditionnelles fondées sur les transactions » tandis que les deux dernières sont
communément désignées comme les « méthodes transactionnelles de bénéfices ». Ces
méthodes, ou leurs variations, sont référencées dans le Manuel pratique de l'ONU (2013),
ainsi que dans le droit interne et les directives administratives de presque tous les pays qui
utilisent les prix de transfert. Les principes de l'OCDE applicables en matière de prix de
transfert (2010) font également référence à l'utilisation d'autres méthodes pour définir le prix
de transfert, pour autant que le résultat soit conforme au principe de pleine concurrence. Le
droit interne en vigueur définit si l'utilisation d'autres méthodes est acceptable ou non.
16
Par exemple, dans leur Annonce et rapport au sujet de l'accord sur les prix préalable (29 mars 2011), le département fiscal
des Etats-Unis a dévoilé que les sources suivantes d'informations comparables ont été utilisées (à différentes fréquences) :
Compustat ; Disclosure ; Mergent ; Worldscope ; Amadeus ; Moody’s ; Australian Business Who’s Who ; Capital IO ; Global
Vantage ; SEC ; Osiris ; Japan Accounts and Data on Enterprises (JADE) ; et « d'autres ». - http://www.irs.gov/pub/irs-
utl/2010statutoryreport.pdf
33
Cette comparaison entre les deux prix peut être réalisée entre des transactions sur le
marché libre internes ou externes (cf. ci-dessus), en fonction de l'existence de telles
transactions et de la disponibilité d'informations à leur sujet. La condition examinée lors de
l'application de la méthode du prix comparable sur le marché libre est le prix des biens ou
des services (y compris de services financiers ou de biens immatériels). Par conséquent, au
moment d'évaluer la comparabilité, il est important de savoir que même des différences de
comparabilité mineures peuvent avoir une incidence significative sur la condition soumise à
l'examen. La norme de comparabilité requise pour l'application de la méthode du prix
comparable sur le marché libre est stricte par rapport aux autres méthodes de prix de
transfert.
Les principaux atouts de la méthode du prix comparable sur le marché libre sont que le prix
effectif de la transaction est fonction de la comparaison/de l'analyse et qu'il ne s'agit pas
d'une analyse unilatérale (il n'est pas nécessaire de choisir une partie évaluée, cf. ci-
dessous). Toutefois, dans la mesure où l'application de la méthode du prix comparable sur
le marché libre requiert des informations transactionnelles détaillées qui sont rarement
accessibles au public, il peut être très difficile d'y recourir dans la pratique en l'absence de
comparables internes. Même en présence de transactions internes, il arrive souvent qu'elles
ne soient pas comparables, car, par exemple, elles ont été réalisées à différents niveaux du
marché ou elles impliquent des parties issues de marchés géographiques différents.
34
Où Marge sur le prix de revente = marge bénéficiaire brute définie en tant que
rapport entre bénéfices bruts et produits
Les principaux atouts de la méthode du prix de revente sont les suivants : la condition
examinée se situe au niveau de la marge brute, ce qui limite l'impact de variables sans
rapport avec le prix de transfert dans la transaction contrôlée (par rapport à la méthode de la
marge transactionnelle nette, ci-après). Le point de départ est un prix indépendant (à savoir,
le prix de revente) et finalement, la disponibilité relative d'informations comparables par
rapport à la méthode du prix comparable sur le marché libre (cf. ci-dessus). Toutefois, la
méthode du prix de revente est une méthode unilatérale et requiert à ce titre la sélection
d'une partie évaluée. Dans la mesure où une seule des parties à la transaction est évaluée,
il se peut que la marge sur le prix de revente en pleine concurrence pour une partie donne
un résultat extrême pour l'autre partie pour la ou les transactions contrôlées (à savoir, une
perte ou une rentabilité extrême). Etant donné que les données relatives à la marge brute
peuvent ne pas être déclarées et qu'il est parfois impossible d'introduire des ajustements
fiables à titre de compensation de différences de traitement comptables, ces données
peuvent ne pas être disponibles ou peuvent être inutiles à l'application de la méthode du prix
de revente (cf. ci-dessous). Par conséquent, la disponibilité de données fiables sur la marge
brute en vue d'appliquer la méthode du prix de revente peut poser des problèmes dans la
pratique.
Prix de pleine concurrence = Base de coût x (1 + Marge sur prix de revient majoré)
Où la marge sur prix de revient majoré est la marge bénéficiaire brute définie en tant que
rapport entre bénéfices bruts et la base de coût pertinente
La marge sur prix de revient majoré représente la marge que le revendeur des biens ou
services pertinents souhaiterait gagner afin de couvrir ses charges d'exploitation en tenant
compte des fonctions exercées, des actifs mis en œuvre et des risques encourus. La marge
appropriée sur prix de revient majoré peut être déterminée par référence aux marges
bénéficiaires brutes dégagées dans des transactions comparables sur marché libre internes
ou par référence aux marges dégagées par des parties indépendantes dans le cadre de
transactions comparables sur marché libre externes. Des marges comparables sur prix de
revient majoré peuvent intervenir à titre d'élément de comparaison pour évaluer le respect
du principe de pleine concurrence ou peuvent servir de point de référence pour déterminer
le prix dans les transactions contrôlées.
37
Les principaux atouts de la méthode du prix de revient majoré sont les suivants : la condition
examinée se situe au niveau de la marge brute, ce qui limite l'impact de variables sans
rapport avec le prix de transfert dans la transaction contrôlée (par rapport à la méthode de la
marge transactionnelle nette, ci-après). Les parties indépendantes utilisent parfois les coûts
en guise de point de référence pour déterminer les prix et finalement, la disponibilité relative
d'informations comparables par rapport à la méthode du prix comparable sur le marché libre
(cf. ci-dessus). Dans la mesure où les données relatives à la marge brute peuvent ne pas
être déclarées et que, lorsqu'elles le sont, l'ajustement fiable des différences au niveau du
traitement comptable peut ne pas avoir lieu, la méthode du prix de revient majoré est
inapplicable dans de nombreux cas. Dans la pratique, la disponibilité de données fiables sur
la marge brute en vue de l'application de la méthode du prix de revient majoré peut poser un
problème, surtout lorsqu'on sait à quel point il est important de confirmer que la base de
coûts est comparable entre les transactions qui font l'objet de la comparaison (cf. ci-après).
38
17
Certains pays, à savoir les Etats-Unis, appliquent une version légèrement différente de cette méthode désignée sous
l'expression méthode des bénéfices comparables. La méthode des bénéfices comparables ressemble beaucoup à la
méthode de la marge transactionnelle nette. Il existe toutefois une différence dans la description qu'en donnent les
réglementations américaines qui considèrent la méthode des bénéfices comparables comme une comparaison aux résultats
d'entités du marché libre tandis que la méthode de la marge transactionnelle nette, telle que définie dans les Principes de
l'OCDE applicables en matière de prix de transfert (2010), fait référence à une comparaison entre une ou plusieurs
transactions contrôlées et des transactions sur le marché libre. Alors que cette distinction est relativement claire en théorie,
dans la pratique, la méthode de la marge transactionnelle nette est souvent appliquée, par nécessité, sur la base de l'ensemble
des données de l'entité ou sur des données segmentées (pour autant que les conditions de comparabilité soient remplies).
39
40
41
Analyse des contributions : les bénéfices combinés des transactions contrôlées sont
répartis entre les parties associées en fonction de leurs contributions respectives.
Partage de bénéfice comparable : les bénéfices combinés (ou les pertes) sont
répartis en fonction de partages comparables entre des entreprises indépendantes.
Analyse résiduelle : démarche en deux phases qui attribue d'abord les bénéfices à
des activités non uniques (standard), puis qui répartit le bénéfice résiduel sur une
base économiquement valide.
Vu que la condition examinée dans la méthode de répartition des bénéfices est le partage
des bénéfices combinés, cette méthode n'est pas unilatérale. Les résultats de toutes les
parties aux transactions contrôlées sont pris en considération. Toutefois, en fonction de la
démarche adoptée, l'application de la méthode de répartition des bénéfices peut requérir
l'application d'autres méthodes unilatérales (comme la méthode du prix de revente, la
méthode du prix de revient majoré et la méthode de la marge transactionnelle nette).
Dans la pratique, la répartition des bénéfices est utilisée dans les situations où les
transactions contrôlées sont étroitement liées et ne peuvent donc être envisagées de
manière fiable de manière séparée ainsi que dans les situations où les deux parties à la
transaction réalisent des apports en terme de biens immatériels de valeur.
3.4.4 S E L E C TI O N D E L A ME TH O DE DE P RI X DE T RA NS F E RT
Au moment de choisir la méthode à appliquer, il faut tout d'abord se référer aux exigences
pertinentes du droit interne (si elles existent). Il se peut en effet que le droit interne impose
une hiérarchie de méthodes18 ; une norme de la « meilleure méthode » ou, comme c'est plus
18
Avant la version 2010, les Principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert contenaient une hiérarchie de
méthodes dans laquelle la méthode de la marge transactionnelle nette et la méthode de répartition des bénéfices étaient
considérées comme les méthodes de dernier ressort. Cette hiérarchie explicite a été éliminée en 2010 suite à une consultation
publique de grande envergure sur l'utilisation de ces méthodes.
43
Malgré l'adoption de la méthode la plus appropriée aux circonstances du cas d'espèce, les
Principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert favorisent toujours l'adoption
de la méthode du prix comparable sur le marché libre lorsque cette méthode et une autre
peuvent être appliquées « avec un degré de fiabilité identique ». Une préférence identique
est également pertinente vis-à-vis de la méthode du prix de revient majoré et la méthode du
prix de revente lorsqu'une des deux peut être appliquée avec un degré de fiabilité identique
à la méthode de la marge transactionnelle nette.
19
Voir les paragraphes 2.1 à 2.10 des Principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert (2010)
44
3.4.5 S E L E C TI O N D E L A P A R T I E E V A L UE E
Dans la pratique, la partie évaluée sera en règle générale la partie à la transaction dont le
profil fonctionnel est le moins complexe et pour laquelle les informations les plus fiables sont
disponibles. Par exemple, lors de l'examen de la vente de produits par un fabricant
complexe qui détient des biens immatériels de valeur (comme des brevets ou des marques
de commerce) à un distributeur qui réalise des fonctions générales normales, qui assume un
minimum de risque et qui ne détient aucun bien immatériel de valeur, il est probable que le
distributeur serait une partie évaluée appropriée et que la méthode du prix de revente ou la
méthode de la marge transactionnelle nette serait appliquée en conséquence. Toutefois, si
la situation est inversée et que le fabricant réalise des fonctions générales normales, qu'il
assume un risque minimum tandis que le distributeur réalise des fonctions à forte valeur
ajoutée comme une activité de commercialisation étendue et qu'il possède des biens
immatériels de valeur (comme une marque de commerce), il est probable que le fabricant
sera la partie évaluée appropriée et que la méthode du prix de revient majoré ou de la
marge transactionnelle nette serait appliquée en conséquence.
La partie évaluée peut être la partie locale ou la partie étrangère à la ou les transactions
contrôlées. Toutefois, dans la pratique, des problèmes peuvent survenir dans certains pays
quant à l'acceptabilité d'une partie évaluée qui ne se trouve pas dans ce pays, ce qu'on
appelle une partie évaluée étrangère, en raison de doutes sur la disponibilité et la fiabilité
des informations relatives à la partie étrangère.
20
Paragraphe XXX des Principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert 2010
21
Paragraphe 2.83 du code fiscal australien TR 97/20
46
La définition de l'intervalle de pleine concurrence est une question de droit interne. Certains
pays adoptent un intervalle « complet » tandis que d'autres utilisent des mesures
statistiques comme l'intervalle interquartile (cf. figure 1.5).
3.4.7 A J U S TE M E N TS D E S P R I X DE T RA NS FE RT
Le tableau ci-dessous reprend les différents types d'ajustements qui peuvent être réalisés
au niveau des prix de transfert, en fonction d'un cas particulier, du droit interne applicable et
de l'applicabilité d'une convention fiscale.
47
S'agissant des ajustements primaires, aucun ajustement du prix de transfert ne sera réalisé
en règle générale dans la majorité des pays où le prix ou la marge utilisé dans la transaction
contrôlée se trouve dans l'intervalle de pleine concurrence (cf. ci-dessus). Toutefois, si le
prix ou la marge se situe en dehors de l'intervalle de pleine concurrence, il faudra choisir un
point approprié au sein de cet intervalle.
Il existe dans la pratique plusieurs démarches qui permettent de choisir le point approprié au
sein de l'intervalle. Les Principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert
(2010) stipulent que « [i] pour déterminer ce point, lorsque l’intervalle comprend des
résultats dont le degré de fiabilité est relativement équivalent et élevé́ , on pourrait considérer
que n’importe quel point de l’intervalle satisfait au principe de pleine concurrence. » Par
conséquent dans la pratique, la sélection du point approprié de l'intervalle devrait reposer
sur les faits et les circonstances, en pondérant divers facteurs qualitatifs. Toutefois, en
l'absence de facteurs ou de circonstances en faveur d'un point de l'intervalle en particulier
ou s'il existe des défauts de comparabilité (par exemple, à cause d'un manque
d'informations ou suite à l'utilisation de comparables « inexactes »), il est souvent
recommandé dans la pratique d’utiliser des mesures de tendance centrale (par exemple la
médiane, la moyenne ou des moyennes pondérées) (cf. figure 1.6).
48
Outre les outils nationaux classiques disponibles pour éviter et résoudre les litiges fiscaux, il
existe deux mécanismes spécifiques pour l'évitement et la résolution des différends en
matière de prix de transfert.
3.5.1. A C C OR D S P R E A L A B L E S E N MA TI E RE DE P RI X DE T RA NS FE RT
L'accord préalable en matière de prix de transfert (APP) est un accord qui fixe,
préalablement, un ensemble approprié de critères pour le traitement du prix de transfert
appliqué à une transaction ou un groupe de transactions spécifique, pour une période à
venir définie et en règle générale, pour un contribuable ou un groupe de contribuables en
particulier. Les critères acceptés sont en général la méthode de prix de transfert à appliquer,
les types de comparables à utiliser, les ajustements à̀ apporter et les hypothèses de base
concernant l'évolution future. Un APP couvre en général une période allant de 3 à 5 ans,
mais il peut être plus long ou plus court en fonction du cas d'espèce et des règles et
pratiques en vigueur dans le ou les pays impliqués.
Le nombre de pays dotés de dispositifs APP (c.-à-d. qui proposent des APP) a augmenté
sensiblement au cours des dix dernières années et par conséquent, les APP sont plus
fréquents. En plus de son rôle en tant que mécanisme d'évitement des différends, un APP
49
L'article concernant la procédure amiable (PA) joue un rôle important dans l'élimination de
la double imposition en fournissant un cadre juridique qui permet aux autorités compétentes
d'un des Etats contractants de parler aux autorités compétentes de l'autre Etat contractant
pour tenter de résoudre les cas « d'imposition non conforme aux dispositions de la
Convention ». Alors que la PA peut s'appliquer également aux cas autres que le calcul des
prix de transfert comme les différends sur l'existence et l'attribution de bénéfices à un
établissement stable, une résidence ou la retenue à la source, historiquement, la majorité de
ces cas a impliqué des questions de prix de transfert.
A l'issue d'une PA, l'Etat contractant qui a réalisé l'ajustement primaire peut réduire ou
éliminer l'ajustement ou l'autre Etat contractant peut introduire l'ajustement nécessaire
correspondant afin d'éliminer la double imposition économique, ou une combinaison de ce
qui précède. Toutefois, les articles concernant la PA des conventions fiscales les plus
exhaustives actuellement en vigueur n'imposent pas aux autorités compétentes de trouver
un accord. Elles doivent seulement s'efforcer de trouver un accord. Par conséquent, aux
termes de telles conventions, rien ne garantit l'élimination d'une double imposition
économique résultant d'un ajustement du prix de transfert.
Ces dernières années, de plus en plus d'articles concernant la PA ont été rédigés en
incluant des dispositions d'arbitrage contraignantes.22 Le cas échéant, les conventions
contenant de telles dispositions peuvent imposer aux Etats contractants la mise en œuvre
d'une solution pour éliminer la double imposition. La Convention d'arbitrage de l'UE (1990),
qui porte principalement sur l'élimination de la double imposition en rapport avec
l'ajustement des bénéfices d'entreprises associées, prévoit un arbitrage contraignant pour
les différends entre ses parties contractantes.
Outre la description d'un mécanisme de résolution des différends, les articles concernant la
PA fournissent également la base juridique nécessaire pour permettre aux autorités
compétentes de négocier des accords sur les prix préalables bilatéraux ou multilatéraux
pour des contribuables en particulier. Bien que plus rares dans la pratique, ils prévoient
également des accords plus généraux qui couvrent un type de transaction ou de secteur en
particulier.
22
Notamment l'article 25, paragraphe 5, du modèle de convention fiscale de l'OCDE (2010) et l'article 25B du modèle de
convention fiscale de l'ONU (2011)
50
Dans la pratique, il peut être très difficile d'obtenir des données à la fois indépendantes,
publiques et conformes à la norme de comparabilité. En règle générale, les entreprises ne
publient pas leurs informations, sauf si elles y sont forcées, et vu la taille et le nombre de
groupes multinationaux, les transactions entre parties indépendantes deviennent rares. Par
conséquent, l'obtention d'informations sur des transactions comparables est une des plus
grandes difficultés au niveau de l'application pratique du prix de transfert. Il faut toutefois
trouver des solutions dans la pratique. Dès lors, les fiscalistes utilisent les informations qui
peuvent être obtenues au sein de ce cadre rigide. Souvent, les seules informations
disponibles sont celles qui figurent dans les informations déposées par les entreprises, à
savoir les états financiers, mais également, dans certaines juridictions, les détails des
contrats de licence et des transactions financières. Certains produits peuvent être cotés en
bourse (par exemple, les produits de base), ce qui constitue une source potentielle
d'informations transactionnelles. Leur nombre est toutefois limité.
3.6.2. COMPARABLES S E C R E TS
Les administrations fiscales ont généralement accès à des informations sur les
contribuables et sur leurs transactions qui ne sont pas accessibles au public et qui sont
soumises aux lois sur le secret fiscal. Le recours à ces informations (souvent désigné
comme le recours aux « comparables secrets ») dans le cadre de la détermination et de la
justification des ajustements des prix de transfert est un problème sérieux. Le droit interne
d'un pays peut autoriser ou non une telle utilisation. A ce sujet, les Principes de l'OCDE
applicables en matière de prix de transfert ne recommandent pas l'utilisation des
comparables secrets :23
23
Paragraphe 3.36 des Principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert (2010)
51
Dans la pratique, les pays ont développé diverses démarches pour l'utilisation des
comparables secrets. Toutefois, dans la grande majorité des cas, la législation ou les
consignes administratives interdisent explicitement l'utilisation des comparables secrets, soit
l'administration fiscale ne s'appuie pas dans la pratique sur ces comparables.
Dans la pratique, les bases de données commerciales sont une des sources d'informations
sur les comparables les plus souvent utilisées. Les bases de données commerciales
compilent les comptes ou les détails des transactions (accessibles au public par d'autres
moyens) et les présentent dans un format électronique adapté aux recherches. Bien que la
consultation de ces bases de données soit payante (ce qui peut poser un problème dans les
pays en développement où les ressources sont limitées), elles constituent une méthode plus
rentable pour identifier les comparables externes. En règle générale, les bases de données
commerciales présentent l'ensemble des données financières (à savoir, les états financiers
d'une société) d'une entité ainsi que les données portant sur des types de transaction
particuliers (comme des transactions financières (prêts) et des accords de redevance), en
fonction de la base de données en question. Une des limites inhérente à cette source tient
au fait que ces bases de données se fondent sur des informations publiques qui peuvent
être réduites, voire inexistantes dans de nombreux pays (cf. ci-dessous).
En pratique, les données disponibles sur des tiers sont souvent des données agrégées,
établies au niveau d’une entreprise ou d’un segment, en fonction des normes comptables
applicables. La question de savoir si ces données non transactionnelles sur des tiers
peuvent fournir des comparables fiables pour la transaction contrôlée d’un contribuable ou
pour un ensemble de transactions agrégées conformément aux paragraphes 3.9-3.12
dépend notamment de la question de savoir si le tiers en question effectue une gamme de
24
Paragraphe 3.37 des Principes de l'OCDE applicables en matière de prix de transfert (2010)
52
Dans la mesure où les états financiers sont la source la plus fréquente d'informations sur les
comparables potentiels (cf. ci-dessus), les méthodes de prix de transfert fondées sur les
bénéfices (à savoir, la méthode de la marge transactionnelle nette et la méthode
transactionnelle de répartition des bénéfices) sont les méthodes les plus souvent utilisées
(Cooper & Agarwall 2011). En particulier, la méthode de la marge transactionnelle nette, qui
repose sur les informations relatives à la marge nette présentée dans les états financiers,
est largement utilisée. S'il est vrai que les états financiers peuvent contenir également des
informations sur la marge brute, en raison des différences au niveau des normes
comptables et des choix, la fiabilité de ces informations en vue d'une application de la
méthode du prix de revient majoré ou de la méthode du prix de revente est souvent sujette à
caution.
Dans les cas de figure où les méthodes fondées sur les bénéfices sont utilisées, l'incidence
sur la rentabilité d'autres éléments économiques sans rapport avec les transactions
contrôlées (comme les différences de fonctions, les inefficacités et le niveau des coûts
d'exploitation) doit être prise en considération. Dans le cadre de l'analyse de comparabilité,
toute différence au niveau du modèle d'exploitation et du profil de fonction sera prise en
compte, ainsi qu'une multitude d'autres facteurs qui pourraient avoir une incidence sur la
marge nette. Les informations seront jugées comparables quand il aura été établi qu'il
n'existe aucune différence pouvant avoir une incidence significative sur la marge nette ou, si
des différences existent, lorsqu'il sera possible de réaliser des ajustements dans le but
d'éliminer l'incidence des différences existantes sur la marge nette.
53
Bien que le prix de transfert soit applicable en règle générale transaction par transaction,
ces transactions sont souvent agrégées dans la pratique en vue d'appliquer le principe de
pleine concurrence alors que l'analyse porte sur une gamme de produits ou une division. Il
faut toutefois être prudent lors de l'agrégation, surtout en cas d'application de la méthode du
prix de revente, du prix de revient majoré ou de la méthode de la marge transactionnelle
nette. Il conviendra de prêter plus particulièrement attention aux points suivants :
54
Les administrations fiscales du monde entier ont adopté diverses approches pour recueillir
les informations nécessaires en vue d’identifier les risques en matière de prix de transfert,
notamment en exigeant des informations de base sur les déclarations d’impôt annuelles ou
en obligeant les contribuables à remplir des tableaux spécifiques détaillant les transactions
entre parties liées. Dans ces tableaux annuels concernant les prix de transfert, les
contribuables doivent communiquer chaque année des informations telles que :25
3.7.2. D O C U ME N TA T I O N R E L A TI V E A U X P R I X D E TR A N S F E R T
La documentation relative aux prix de transfert est une documentation spécifique, préparée
par un contribuable et/ou ses conseillers, qui vise à fournir aux administrations fiscales les
informations nécessaires pour identifier les risques en matière de prix de transfert et pour
évaluer la conformité des contribuables à la législation sur les prix de transfert. Une grande
partie des informations généralement contenues dans la documentation relative aux prix de
transfert vise à décrire les activités commerciales des contribuables et les spécificités des
transactions entre parties liées.26
25
Voir également : OECD Draft Handbook on Transfer Pricing Risk Assessment (April 2013) -
http://www.oecd.org/ctp/transfer-pricing/Draft-Handbook-TP-Risk-Assessment-ENG.pdf
26
L’Appendice 2 décrit la teneur type de la documentation relative aux prix de transfert qui peut être utile à des fins
d’évaluation en douane.
55
27
Pour le projet de janvier 2014, voir : http://www.oecd.org/ctp/transfer-pricing/discussion-draft-transfer-pricing-
documentation.pdf
28
Disponible à l’adresse : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:C:2006:176:0001:0007:EN:PDF.
29
Disponible à l’adresse : http://www.nta.go.jp/kohyo/katsudou/shingi-kenkyu/kokusai020617/pdf/01.pdf
30
http://www.iccwbo.org/Advocacy-Codes-and-Rules/Document-centre/2003/Transfer-Pricing-Documentation-A-case-for-
international-cooperation-(2003)/
31
Disponible à l’adresse : http://www.iccwbo.org/Advocacy-Codes-and-Rules/Document-centre/2007/Transfer-Pricing-
Documentation-Model-(2008)/
56
Déclaration de recettes
Exercice terminé
le 31 décembre
Remarques 2011 2010
Activités poursuivies
Recettes 5 211 034 112 360
Coûts des ventes 6 77 366 46 682
Marge brute 133 668 65 678
Coûts de distribution 52 529 21 213
Frais administratifs 29 895 10 426
Autres recettes 7 2 750 1 259
Divers (pertes)/gains-net 8 90 63
Bénéfice d'exploitation 53 904 35 361
Produit financier 11 1 730 1 609
Frais financiers 11 8 173 12 197
Frais financiers-net 11 6 443 10 588
Part des (pertes)/profit des associés 12b 215 145
Bénéfice avant impôt sur
le revenu 47 676 24 918
Charge d'impôts 13 14 611 8 670
Bénéfice pour l'année tiré des activités
poursuivies 33 065 16 248
Activités abandonnées
Bénéfice pour l'année tiré des activités
poursuivies
(imputable aux actionnaires de la société) 25 100 120
Bénéfice pour l'année 33 165 16 368
Source : PWC, « Illustrative IFRS Consolidated Financial Statements For 2011 Year Ends »
https://pwcinform.pwc.com/inform2/show?action=informContent&id=1148143710136176 ]
Vous trouverez ci-après une sélection d'exemples de calcul d'indicateurs financiers pertinents pour
l'application des méthodes de prix de transfert abordées ci-dessus :
57
Rendement par rapport aux coûts totaux (ou « marge complète sur prix de revient majoré »)
= [Bénéfice d'exploitation / Coûts totaux] x 100 %
= [Bénéfice d'exploitation / (coûts des ventes + coûts de distribution + frais administratifs –
autre revenu
+ autres (pertes)/gains – net)] x 100 %
= [53 904 / (77 366 + 52 529 + 29 895 - 2 750 + 90] x 100 %
= [53 904 / 157 130] x 100 %
= 34,31%
Ratio de Berry
= [Bénéfice brut / Charges d'exploitation]
= [Bénéfice brut / (coûts de distribution + frais administratifs – autre revenu +autre (pertes)/
gains nets)]
= [133 668 / (52 529 + 29 895 - 2 750 + 90]
= [133 668 / 79 764]
= 1,676
58
Cools, M. 2003. “Increased Transfer Pricing Regulations: What about the Managerial Role of Transfer
Pricing?” International Transfer Pricing Journal July/August. Vol. 10 (2003), no. 4; p. 134-140
Cooper, J., and R. Agarwal. 2011. “The Transactional Profit Methods in Practice: A Survey of APA
Reports.” International Transfer Pricing Journal January/February
Lang, M. 2010. “Introduction to the Law of Double Taxation Conventions”, International Bureau of
Fiscal Documentation, Amsterdam.
OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). 2013. OECD Insights:
BEPS: why you’re taxed more than a multinational. http://oecdinsights.org/2013/02/13/beps-why-
youre-taxed-more-than-a-multinational/
OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). 2012. Multi-country
Analysis of Existing Transfer Pricing Simplification Measures, May 22. Centre for Tax Policy and
Administration, Paris.
OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). 2010. Principes de l’OCDE
applicables en matière de prix de transfert à l’intention des entreprises multinationales et des
administrations fiscales. Paris.
OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). 2010. Transfer Pricing
Methods. Paris. http://www.oecd.org/ctp/transfer-pricing/45765701.pdf
Oosterhoff, D. 2008. “Global Transfer Pricing Trends.” International Transfer Pricing Journal.
May/June V. 15, No. 3, pp 119-125
PWC, 2014. “International Transfer Pricing”
Tax Justice Network. n.d. Transfer Pricing. http://www.taxjustice.net/cms/front_content.php?idcat=139
Rotondaro, C. 2000. “The Application of Art. 3(2) in case of Differences between Domestic Definitions
of “Associated Enterprises”: A Problem of Treaty Interpretation and a Proposed Solution”,
International Transfer Pricing Journal, v.7 no. 5.
CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement). 1999. World
Investment Report 1999: Foreign Direct Investment and the Challenge of Development. New York
and Geneva: UNCTAD. http://www.unctad.org/en/docs/wir1999_en.pdf.
ONU (Organisation des Nations Unies) 2013. “Etats Membres des Nations Unies”
https://www.un.org/fr/members/
———. 2012a. “Practical Manual on Transfer Pricing For Developing Countries” E/C.18/2012/CRP.1
http://www.un.org/esa/ffd/tax/eighthsession/CRP1-practical-manual-on-transfer-pricing-for-
developing-countries.pdf
———. 2012b. “Transfer pricing: practical manual for developing countries”
http://www.un.org/esa/ffd/tax/documents/bgrd_tp.htm
———. 2012c. “Practical Manual on Transfer Pricing For Developing Countries - Foreword” (draft)
http://www.un.org/esa/ffd/tax/eighthsession/Foreword-20120928_v5_ML-accp.pdf
_________
59
4.1. R APPEL
D’après les descriptions fournies dans les Chapitres 2 et 3, on peut voir que les méthodes
d’évaluation en douane et les méthodes de fixation des prix de transfert poursuivent un
objectif très similaire : la douane cherche à établir si un prix a été ‘influencé’ par le lien entre
les parties associées tandis que l’autorité fiscale cherche à s’assurer que le prix est
conforme au ‘principe de pleine concurrence”. Chacun veut s’assurer que le prix est fixé
comme si les parties n’étaient pas liées et qu’il a été négocié dans des conditions
commerciales habituelles.
Nous avons souligné qu’il existe des similitudes notables entre les méthodes de l’OMC et de
l’OCDE pour ce qui est respectivement de l’évaluation en douane et de la fixation des prix
de transfert. Par exemple, la méthode de la valeur déductive de l’OMC (Article 5) se fonde
sur le prix de revente des marchandises, tout comme la méthode du prix de revente de
l’OCDE; la méthode de la valeur calculée de l’OMC (Article 6) est basée sur une valeur
constituée par le coût des matières, des opérations de fabrication, etc., ainsi que par les
bénéfices et frais généraux, et se révèle donc similaire à la méthode du prix de revient
majoré de l’OCDE. Bien que cela présente un certain intérêt, cela ne concerne toutefois pas
directement la question qui nous occupe. Comme il a été expliqué au Chapitre 2, la douane
s’intéresse principalement à la méthode de la valeur transactionnelle et à la question de
savoir si le prix déclaré a été influencé lorsque le vendeur et l’acheteur sont liés. Par
conséquent, la douane examinera essentiellement les données relatives au prix de transfert
dans ce contexte précis, et non pas par rapport aux autres méthodes d’évaluation de l’OMC.
Après avoir identifié les concepts similaires, on peut voir que le point de vue et l'objectif de
chaque approche sont un reflet l’un de l'autre :
60
1.78. Beaucoup d’administrations douanières appliquent dans les grandes lignes le principe de
pleine concurrence pour comparer les valeurs à attribuer aux marchandises importées par des
entreprises associées, qui peuvent être influencées par les relations particulières qui les
unissent, et la valeur d’articles similaires importés par des entreprises indépendantes. Toutefois,
les méthodes de valorisation utilisées à des fins douanières peuvent ne pas être alignées sur les
méthodes de prix de transfert de l’OCDE. Ceci étant dit, les valeurs en douane peuvent être
utiles à l’administration fiscale pour vérifier si le prix de transfert pratiqué dans le cadre d’une
transaction entre entreprises associées est bien conforme au principe de pleine concurrence et
vice versa. En particulier, les autorités douanières peuvent disposer d’informations concernant la
transaction, recueillies à la date de celle-ci, qui peuvent être utiles dans l’examen des prix de
transfert, notamment si elles ont été préparées par le contribuable, tandis que les autorités
fiscales peuvent disposer d’une documentation sur les prix de transfert qui fournit des
renseignements détaillés sur les circonstances de la transaction.
1.79. Les contribuables peuvent avoir des motivations contradictoires lorsqu’ils fixent la valeur
de leurs transactions à l’intention des autorités douanières et des autorités fiscales. En général,
un contribuable qui importe des produits peut avoir intérêt à fixer le prix de la transaction à un
faible niveau à l’intention des autorités douanières de manière que les droits de douane
applicables soient faibles (des considérations similaires peuvent jouer pour la TVA, les taxes sur
les ventes et les accises). En revanche, en matière fiscale, un prix plus élevé pour ces mêmes
biens accroîtrait ses dépenses déductibles dans le pays d’importation (tout en augmentant aussi
le chiffre d’affaires du vendeur dans le pays d’exportation). La coopération entre les
administrations fiscales et douanières d’un pays dans la vérification des prix de transfert devient
plus courante, ce qui devrait contribuer à réduire le nombre de cas dans lesquels les valeurs en
douane sont jugées inacceptables en matière fiscale ou vice versa. Un renforcement de la
coopération dans le domaine des échanges de renseignements serait particulièrement utile et ne
61
Le Manuel des Nations Unies sur les prix de transfert, approuvé en octobre 2012, qui est
destiné essentiellement aux pays en développement non membres de l’OCDE (pour plus de
précisions, voir le Chapitre 3), propose une méthodologie similaire à celle prévue dans les
Principes de l’OCDE et indique que :
“ … les deux modèles, qui constituent à eux deux la base de presque tous les traités visant
à éviter la double imposition, appliquent le “principe de pleine concurrence” (principalement
une estimation de l’établissement des prix en fonction du marché) aux prix des transactions
réalisées au sein des EMN.”
Le Chapitre 5 (Comparabilité) indique : “…il existe un conflit inhérent entre les implications
en termes de recettes et éventuellement la motivation de la douane et des autorités
chargées de la fiscalité directe.”
Et “Il importe de noter ici que les principes établis par l’OMC et l’OCDE suivent le principe de
pleine concurrence et cherchent à déterminer un “prix juste”; toutefois, les approches
adoptées par les autorités douanières et les autorités chargées de la fiscalité directe sont
souvent différentes et incompatibles en raison de leurs motivations et objectifs divergents. Il
est nécessaire de parvenir à une convergence en matière de prix de transfert et d‘évaluation
en douane par une meilleure coordination et par l’échange d’informations entre ces deux
autorités.”
Les EMN préparent des études et des rapports sur les prix de transfert dans le but
essentiellement de fournir des informations sur les activités et les finances de la société à
des fins d’audit fiscal (tant interne qu’externe).
Ces dernières années, il a été suggéré que ces études sur les prix de transfert pourraient
également être utiles aux contrôleurs douaniers au motif qu’elles comportent des
renseignements utiles concernant les transactions entre parties liées visant des
marchandises importées. Ceci réduit potentiellement la charge qui incombe aux entreprises
puisque ces renseignements sont déjà disponibles et ne doivent donc plus être préparés
spécifiquement pour la douane. Cela ne signifie pas cependant que la douane doive
uniquement compter sur la documentation relative aux prix de transfert; des preuves
62
La question qui se pose donc est de savoir si les informations en matière de prix de transfert
peuvent être utiles à la douane à ce sujet et, dans l’affirmative, comment la douane peut
interpréter et utiliser ces informations.
Une seconde question importante concerne les divers types d’ajustement opérés à des fins
de fixation des prix de transfert (voir le Chapitre 3). Dans quelle mesure et dans quelles
circonstances les ajustements apportés aux prix de transfert ont-ils une incidence sur la
valeur en douane ?
L’OMD et l’OCDE ont organisé en 2006 et 2007 deux conférences conjointes afin
d’approfondir la connaissance et la compréhension de cette question. Des experts
provenant d’administrations douanières et fiscales et du secteur privé y ont présenté et
étudié divers points de vue et propositions concernant des questions telles que la portée
d’un alignement renforcé et d’autres questions techniques.
Certains commentateurs ont suggéré que les deux méthodes fassent l’objet d’une forme
d’alignement ou de regroupement. Toutefois, il est clairement apparu, à l’issue des deux
conférences et de la réunion du Groupe spécialisé, que cette harmonisation n’était pas une
proposition réaliste, compte tenu notamment du fait que l’application de la méthodologie
énoncée dans l’Accord de l’OMC sur l’évaluation en douane est une obligation pour les pays
Membres de l’OMC et ne devrait pas être amendée/actualisée à bref ou moyen terme. Le
défi consiste donc à déterminer ce qu’il est possible de faire compte tenu des contraintes
imposées par les dispositions de l’Accord de l’OMC en vigueur.
Il a été admis que, pour examiner des transactions entre parties liées, l’utilisation des
“valeurs critères” prévues par l’article 1.2 b) et c) ne serait probablement pas utile dans le
cas des EMN qui vendent généralement des marchandises uniques. En d’autres termes, il
est peu probable que ces valeurs critères, qui se fondent sur des dispositions strictes visant
les marchandises identiques ou similaires énoncées dans l’Accord, soient disponibles. Il a
donc été décidé de se concentrer sur l’analyse des dispositions concernant les
“circonstances propres à la vente” mentionnées dans le Chapitre 2.
63
64
32
Les points de vues et opinions exprimés dans la présente Déclaration de Politique Générale de la Chambre
Internationale de Commerce (ICC) ne reflètent pas nécessairement ceux de l’OMD ou de ses Etats-Membres.
65
66
5.1. I NTRODUCTION
Ce Chapitre étudie les deux domaines clés identifiés par le Groupe spécialisé qui ont été
mentionnés dans le Chapitre 4. Si l’on suit le principe établi dans le Commentaire 23.1, qui
admet que les renseignements contenus dans une étude sur le prix de transfert peuvent être
utiles à la douane, les questions logiques qui se posent dès lors sont : quels types
particuliers de renseignements figurant habituellement dans une étude sur le prix de
transfert peuvent-ils se révéler utiles à la douane pour démontrer que le prix n’a pas été
influencé par le lien entre les parties et comment la valeur en douane devrait-elle être
déterminée, compte tenu des éventuels ajustements opérés sur les prix de transfert ?
5.2.1. RAPPEL
Comme il est indiqué au Chapitre 2, la Note interprétative relative à l’article premier fournit
des indications et des exemples en vue de déterminer si le prix a été influencé par le lien
existant entre un acheteur et un vendeur liés qui achètent et vendent l’un à l’autre. Il faut
rappeler que cet examen ne devrait être réalisé que dans les situations où la douane a des
doutes concernant l’acceptabilité du prix.
La Note interprétative relative à l’article premier précise que la douane devrait être prête à
examiner les aspects pertinents de la transaction, y compris :
67
Les études sur les prix de transfert ainsi que la documentation y relative contiennent de
nombreux renseignements susceptibles d’aider la douane à effectuer cette analyse. En
définitive, la douane prendra une décision en se basant sur ‘l’ensemble des éléments de
preuve’ qui peuvent provenir de diverses sources. Dans certains cas toutefois, la décision
peut être prise en se fondant essentiellement sur des données en matière de prix de
transfert.
Des informations concernant l’analyse fonctionnelle effectuée par l’autorité fiscale (y compris
l’examen des fonctions exercées par une partie, ainsi que ses avoirs et les risques
supportés) figurent généralement dans les études sur les prix de transfert et peuvent donc
être intéressantes pour la douane lorsqu’elle examine les circonstances propres à la vente.
5.2.2. PRINCIPAUX D E FI S
Les approches adoptées par les administrations douanières et fiscales présentent un certain
nombre de différences qui ne permettent pas de comparer ce qui est comparable.
Examinons, par exemple, la situation où les marchandises importées sont des bouilloires
électriques de marque et où la gamme de produits couverts par l’étude sur les prix de
transfert comprend divers appareils électroménagers (y compris des fours à micro-ondes,
des mixers, des grille-pain et des bouilloires).
Dans ce cas, l’étude confirme un intervalle de pleine concurrence acceptable pour ces
produits, pris en tant que groupe. La douane peut prendre en compte les critères fournis
dans le troisième exemple donné aux fins d’examiner les circonstances propres à la vente, à
savoir tous les coûts et un bénéfice réalisé « pour des ventes de marchandises de la même
nature ou de la même espèce ». L’article 15.3 de l’Accord indique que « l’expression
“marchandises de la même nature ou de la même espèce” s’entend des marchandises
classées dans un groupe ou une gamme de marchandises produites par une branche de
production particulière ou un secteur particulier d’une branche de production, et comprend
les marchandises identiques ou similaires. »
68
ii. Période
D’une manière générale, les administrations douanières et fiscales examinent des périodes
différentes lorsqu’elles effectuent des contrôles. La douane peut effectuer un contrôle
jusqu’à trois ou quatre ans après l’importation des marchandises concernées (cela varie
selon la législation nationale qui fixe une limite de temps après l’importation pour percevoir
des droits impayés ou rembourser des droits trop-perçus33). Les contrôles fiscaux peuvent
se dérouler plusieurs années après les faits (après que les comptes annuels ont été arrêtés
et contrôlés, etc.). La douane doit donc s’assurer que les données sur les prix de transfert
correspondent à la période examinée durant son contrôle. Par exemple, si la douane
contrôle des envois importés en 2013, les renseignements à prendre en compte dans les
études sur les prix de transfert doivent également se rapporter à des transactions ayant eu
lieu en 2013.
On trouvera ci-après quelques observations concernant les trois exemples présentés dans
la Note interprétative :
1. Le prix a-t-il été arrêté de manière compatible avec les pratiques normales de
fixation des prix dans la branche de production en question ?
Ce renseignement peut être obtenu, par exemple, dans l’étude sur les prix de transfert ou
grâce à des études indépendantes portant sur un secteur industriel particulier. Il est suggéré
que la douane examine, dans un premier temps du moins, les renseignements que contient
la documentation relative aux prix de transfert disponible. Il est à noter que l’Accord ne
définit pas l’expression « pratiques normales de fixation des prix dans la branche de
production »; elle peut tenir compte de la nature des marchandises ainsi que du rôle et des
fonctions des parties intervenant dans la vente.
2. Le prix a-t-il été arrêté de manière compatible avec … la façon dont le vendeur arrête
ses prix pour des ventes à des acheteurs qui ne lui sont pas liés ?
Cette option risque de n’avoir qu’une portée limitée dans la mesure où dans de nombreuses
transactions entre parties liées, l’importateur est le distributeur exclusif de la marchandise
dans la juridiction concernée, ce qui signifie qu’il n’existe pas de ventes à des parties non
liées qui permettraient de comparer les valeurs à l’importation. Néanmoins, lorsque de telles
ventes existent, elles peuvent être utilisées comme moyen d’examiner les circonstances
propres à la vente.
33
Par exemple, cette période est de trois ans dans l’Union européenne.
69
Cet exemple suggère d’examiner la façon dont le prix a été arrêté, en tenant compte des
éléments qui le composent et, en particulier, du bénéfice réalisé.
Cet exemple ne précise pas si le « bénéfice » est « brut » ou s’il s’agit d’un « bénéfice
d’exploitation », mais il donne à la douane la possibilité d’examiner ces deux types de
bénéfices, selon ce qu’elle juge utile. Normalement, le bénéfice d'exploitation est une
meilleure mesure de la rentabilité réelle, car il montre ce qui est gagné après que tous les
frais ont été payés. En outre, il s’agit de la mesure pour laquelle des informations
concernant des parties indépendantes seront le plus souvent disponibles. Le bénéfice
d'exploitation est également l’indicateur de niveau de bénéfice le plus courant lorsque la
méthode du prix de revient majoré ou la MTMN est utilisée.
Il a été souligné qu’il existe une incohérence apparente à l’égard de la « partie évaluée » qui
est prise en compte à des fins fiscales et douanières. Lorsque l’on applique des méthodes
de prix de transfert basées sur les bénéfices, telle que la MTMN, la partie évaluée est
souvent l’importateur (dans la mesure où il est la partie la moins complexe d’un point de vue
fonctionnel et en raison de la disponibilité de données comparables), ce qui met l’accent sur
le bénéfice réalisé par l’EMN dans le pays d’importation (à savoir les ventes effectuées par
l’assujetti). Cela peut être vérifié par rapport à des transactions comparables non contrôlées,
comme expliqué dans le Chapitre 4, de sorte que l’on peut déterminer si le prix en question
est un prix de pleine concurrence.
Cet exemple renvoie au bénéfice global réalisé par l’entreprise, ce qui laisse supposer qu’il
s’agit du bénéfice du vendeur (à savoir, de l’exportateur). Les données relatives aux prix de
transfert ne concernent cependant que le bénéfice réalisé par l’importateur et non pas par le
vendeur et l’on peut donc se demander si cela intéresse réellement la douane.
L’on peut avancer que, dans la mesure où la valeur d’importation constitue le point de
départ du calcul du bénéfice de l’importateur, les renseignements que l’on peut déduire du
bénéfice de l’importateur peuvent potentiellement donner à la douane l’assurance que le
bénéfice de l’exportateur/vendeur est acceptable, ce qui, à son tour, peut confirmer que le
prix des marchandises importées est suffisant pour couvrir tous les coûts et assurer un
bénéfice et donc que ce prix n’a pas été influencé par le lien.
70
- le chiffre des ventes peut être jugé fiable dans la mesure où ICO vend à des
parties indépendantes (et l’on suppose qu’ICO cherche de manière rationnelle à
maximiser ses bénéfices dans ses relations avec des parties sans lien de
dépendance);
- l'étude de comparabilité dans l'exemple établit que la marge nette du bénéfice
d’exploitation de pleine concurrence pour un importateur tel qu’ICO (à savoir,
établie d'après un examen d’importateurs comparables mais indépendants) est
de 2,5 % des ventes;
- l'étude de comparabilité dans l'exemple établit que la marge nette du bénéfice
d’exploitation de pleine concurrence pour un importateur tel qu’ICO (à savoir,
établie d'après un examen d’importateurs comparables mais indépendants) est
de 2,5 % des ventes;
- le coût des marchandises vendues (CVM) pour ICO (à savoir le prix payé ou à
payer à XCO) n’est pas une donnée de pleine concurrence (et n’est peut-être
donc pas fiable). Toutefois, en remontant à partir de la marge nette de pleine
concurrence de 2,5 %, l’on peut déduire le CMV de pleine concurrence.
En résumé, les exemples ci-dessus, qui sont présentés dans les Notes interprétatives de
l’Accord, ne sont pas exhaustifs; la douane peut envisager d’autres moyens d’examiner les
circonstances propres à la vente et exiger et prendre en compte l’ensemble des éléments de
preuves disponibles et se rapportant aux ventes en question.
« l’utilisation d’une étude sur le prix de transfert en tant que moyen éventuel d’examiner les
circonstances propres à la vente devrait être étudiée au cas par cas. En conclusion, tous les
renseignements et documents pertinents fournis par un importateur peuvent être utilisés
pour examiner les circonstances propres à la vente. Une étude sur le prix de transfert peut
constituer l’une de ces sources de renseignements. »
71
72
5.3.1. RAPPEL
Comme l’explique le Chapitre 3, les ajustements des prix de transfert 34 sont une
caractéristique courante des stratégies des EMN en matière de fixation des prix. Il est
également expliqué que ces ajustements sont effectués pour diverses raisons et aboutissent
à des résultats différents. Il est donc nécessaire que la douane s’efforce de mieux
comprendre les différents types d’ajustements des prix de transfert et qu’elle évalue dès lors
leur impact éventuel sur la valeur en douane et la manière dont il faut traiter cette question.
On peut faire valoir que, dans la mesure où un ajustement du prix de transfert a pour effet
de parvenir à un prix de pleine concurrence, dans certains cas - selon le
type d'ajustement du prix de transfert - le prix ajusté sera plus proche du prix « non
influencé » effectivement payé ou à payer à des fins d'évaluation en douane. Dans d’autres
cas, tels que les ajustements des prix de transfert à des fins fiscales uniquement, ces
ajustements peuvent prouver que le prix a bien été influencé par les liens entre les parties
concernées. Autrement dit, la douane peut ne pas être en mesure de prendre une décision
finale sur la question de l’influence subie par un prix tant que les éventuels ajustements
n’ont pas été apportés (ou quantifiés). Il est donc dans l'intérêt de la douane d’étudier
l'impact des ajustements de prix de transfert sur la valeur en douane.
Toutefois, la manière dont les administrations des douanes traitent les ajustements de prix
de transfert fait actuellement l’objet d’une certaine incohérence de par le monde. Certaines
administrations tiennent compte des ajustements de prix à la hausse et à la baisse et
opèrent les ajustements de droits correspondants selon que de besoin, d’autres ne le font
pas ou ne tiennent compte que des ajustements à la hausse (qui résultent en un paiement
de droits supplémentaires) et ne prennent pas en considération les ajustements à la baisse
(entraînant un remboursement de droits). Certaines administrations tiennent compte des
ajustements opérés à des fins uniquement fiscales, tandis que d’autres prennent
uniquement en considération les ajustements de prix effectifs. Cette incohérence constitue
l’une des principales préoccupations exprimées par la communauté commerciale.
34
Note : afin d’éviter toute confusion, il est important de comprendre la distinction entre les divers emplois du terme
‘ajustements’. Dans le contexte des prix de transfert, il est utilisé comme indiqué ci-dessus; dans le cadre de l’évaluation en
douane, ce terme désigne les ‘ajustements’ apportés au prix effectivement payé ou à payer en vertu de l’Article 8 de
l’Accord. Ce terme est également employé pour désigner un ajustement des droits, à savoir le fait que les droits de
douane payés au moment de l’importation sont modifiés ultérieurement par la douane, cette modification pouvant
entraîner un paiement de droits supplémentaires ou bien un remboursement des droits perçus.
73
Un important principe est énoncé dans l’un des instruments du CTED : le Commentaire 4.1
– Les clauses de révision de prix (voir l’Annexe IV). Cet instrument étudie l’incidence que
peuvent avoir sur la valeur en douane certains contrats comportant une « clause de révision
de prix », en vertu de laquelle le prix n'est fixé que provisoirement au moment de
l’importation, « le prix définitif à payer étant fonction de certains éléments prévus dans les
dispositions du contrat ». Cet instrument conclut que ces clauses « ne devraient pas, de par
leur nature même, empêcher de déterminer la valeur des marchandises en application des
dispositions de l’article 1 de l’Accord ». Ce scénario peut être comparé aux situations dans
lesquelles le prix déclaré à la douane au moment de l‘importation se fonde sur un prix de
transfert susceptible de subir un ajustement ultérieur (par exemple, pour atteindre une
marge bénéficiaire prédéterminée). La possibilité qu’un prix de transfert soit ajusté existe
donc au moment de l’importation.
4.18. Norme
Le remboursement est accordé lorsqu’il est établi que la prise en compte excédentaire des droits et
taxes résulte d’une erreur commise lors de la liquidation.
5.3.2. T R A I TE M E N T
E V E N TU E L P A R L A D O UA N E D E S A J US TE M E N TS DE P RI X
D E TR A N S FE R T
Lorsque l’ajustement est réalisé par le contribuable, qu’il est enregistré dans sa comptabilité
et qu’une note de débit ou de crédit est émise, cet ajustement peut, suivant sa nature, être
considéré comme ayant un impact sur le prix effectivement payé ou à payer pour les
marchandises importées à des fins d’évaluation en douane. Dans d’autres cas, notamment
lorsque l’ajustement a été réalisé par l’administration fiscale, l’impact peut se limiter aux
seules obligations fiscales et ne pas concerner le prix effectivement payé ou à payer pour
les marchandises.
Lorsqu’un ajustement est réalisé avant l’importation des marchandises, le prix déclaré à la
douane devrait prendre en compte cet ajustement.
Si, en revanche, l’ajustement est opéré après l’importation des marchandises (c’est-à-dire
que son inscription dans la comptabilité du contribuable et l’émission de la note de
débit/crédit ont lieu après le dédouanement des marchandises), la douane peut dès lors
74
Pour ce qui est des ajustements de prix de transfert qui affectent uniquement les obligations
fiscales (c’est-à-dire ceux qui n’entraînent aucune modification du montant payé pour les
marchandises), la douane peut examiner si ce fait indique que le prix a été influencé. En
d’autres termes, il est admis que le prix initial n’était pas de pleine concurrence à des fins de
fixation du prix de transfert, mais le prix effectivement payé n’a pas été ajusté.
5.3.3. D E T E R M I N A TI O N
D E F I N I TI V E DE L A V A L E UR E N D OUA NE A P RE S
A J U S T E ME N T D U P R I X D E T RA NS FE RT
En supposant que la douane convienne que la valeur en douane devrait se fonder sur le prix
établi après l’ajustement du prix de transfert et donc l’ajustement financier/comptable qui en
découle, il devient dès lors nécessaire de déterminer les procédures douanières pertinentes
à appliquer en l’occurrence.
La question se pose de savoir s’il est nécessaire d’exiger des importateurs qu’ils déposent
des déclarations en douane fondées sur une déclaration de valeur provisoire, couverte par
une garantie correspondant aux droits qui seraient potentiellement dus. Cela entraîne, pour
la douane comme pour les entreprises, des implications importantes en termes de
ressources consacrées aux procédures comptables et aux processus de rapprochement des
comptes, en particulier lorsqu’un grand nombre de déclarations en douane est concerné.
75
5.3.4. DEFIS P R A TI QU E S
Lorsque la douane décide qu’il est pertinent d’apporter un ajustement à la valeur en douane,
il devient dès lors nécessaire de déterminer le mécanisme et la méthode de calcul
applicables. La douane s’intéresse aux transactions individuelles, alors que les données sur
les prix de transfert se situent à un niveau global. Il est donc nécessaire de calculer et
d’assigner une valeur appropriée à chaque envoi.
Proposition 3 de l’ICC35
Application d’un taux moyen pondéré de droits de douane : le taux moyen pondéré des droits de
douane est calculé en divisant le montant total des droits de douane de l’année par le montant total
de la valeur en douane correspondante de la même année. Dans ce cadre, un ajustement forfaitaire à
la fin de l’année peut être possible. Par exemple, si à la fin de l’année les ajustements des prix de
transfert aboutissent à un paiement additionnel au vendeur, nous recommandons que l’importateur
puisse déclarer ce montant forfaitaire. Les douanes pourront ainsi l’imputer à toutes les déclarations
faites au cours de l’année et l’ajustement des droits sera égal au taux moyen pondéré des droits.
Ventilation de l’ajustement des prix de transfert selon la nomenclature des biens et sur la base des
renseignements fournis par l’importateur ou la communication par les autorités douanières de tous les
codes des marchandises et de toutes les données pertinentes relatives à l’importation disponibles
dans leurs statistiques nationales.
35
Les points de vues et opinions exprimés dans la présente Déclaration de Politique Générale de la Chambre
Internationale de Commerce (ICC) ne reflètent pas nécessairement ceux de l’OMD ou de ses Etats-Membres.
76
6.1. I NTRODUCTION
Il est indiqué au début de ce Guide que le CTED est l’organe chargé d’assurer
l’interprétation de l’Accord de l’OMC sur l’évaluation en douane et de fournir des avis sur les
questions techniques qui en découlent.
Il est à noter qu'un certain nombre des questions soulevées, en particulier en ce qui
concerne le traitement accordé par la douane aux ajustements de prix de transfert, ont trait
à des procédures et formalités douanières plutôt qu’à l'interprétation de l'Accord (par
exemple, les moyens d’informer la douane d’éventuels ajustements et les moyens de
répartir un ajustement des droits entre les importations concernées).
Pour ces raisons, et jusqu'à nouvel ordre, les administrations douanières sont encouragées
à examiner comment traiter cette question sur le plan national. Certaines administrations
peuvent également envisager des initiatives bilatérales ou régionales. Comme mentionné ci-
dessous, une première étape importante est d'établir des contacts avec des homologues de
l'administration fiscale.
Il est reconnu que les pays en développement sont confrontés à des défis particuliers :
le Manuel pratique des Nations Unies (sur les prix de transfert) indique que ledit
manuel : « doit refléter les réalités des pays en développement aux différents stades
de développement de leurs capacités »;
Il existe un certain nombre de bonnes pratiques que l’on peut promouvoir afin d’encourager
une collaboration plus étroite ainsi que le partage de connaissances, de compétences et
d’informations.
77
A l’échelon national, évaluer dans quelle mesure les EMN locales qui importent sont
impliquées dans des transactions avec des parties liées étrangères. Ceci
déterminera s’il est nécessaire d’investir des ressources dans ce domaine.
- créer des équipes chargées des grandes entreprises, et en particulier des EMN.
Si la douane fait partie d’une autorité fiscale, une seule équipe chargée des
grandes entreprises peut traiter les questions douanières et fiscales. Des
contrôles douaniers-fiscaux conjoints peuvent également être envisagés, mais ils
risquent de ne pas être réalisables dans la mesure où la douane et
l’administration fiscale sont susceptibles de se pencher sur des périodes
différentes;
78
Les EMN qui importent sont encouragées à s’assurer que leurs conseillers (internes
ou externes) pour les questions douanières et fiscales communiquent entre eux au
sujet des besoins mutuels des autorités douanières et fiscales en matière de prix de
transfert et d’évaluation en douane.
Coopérer avec la douane pour fournir et aider à interpréter des analyses et des
données sur les prix de transfert se rapportant aux marchandises importées.
- créer des équipes chargées des grandes entreprises, et en particulier des EMN.
Si l’administration fiscale fait partie d’une autorité fiscale, une seule équipe
chargée des grandes entreprises peut traiter les questions douanières et fiscales;
79
1. Australie
En 2013, le Service australien des douanes et de la protection des frontières a publié une
Déclaration de politique générale visant à rationaliser et à clarifier les politiques d'évaluation
en vigueur en matière de prix de transfert au profit de la communauté commerciale et à
octroyer une plus grande flexibilité aux opérateurs en vue de démontrer que les liens
existant entre des parties liées n'a pas influencé le prix des marchandises vendues entre
ces parties. Cette Déclaration décrit les circonstances dans lesquelles les renseignements
provenant d’études sur les prix de transfert peuvent être pris en compte par la douane au
cas par cas lorsqu’elle examine des transactions entre parties liées. Les importateurs
peuvent demander à la douane un Avis en matière d’évaluation (Valuation Advice ou VA -
type de décision anticipée) à cette fin. Le VA fournit également à la douane une base
permettant d’envisager un ajustement de la valeur en douane à la hausse ou à la baisse à la
suite d’un ajustement du prix de transfert. Il faut souligner qu’avant d’apporter le moindre
ajustement à la valeur en douane, un transfert effectif de fonds en rapport avec la
transaction doit avoir été effectué vers ou depuis l’Australie.
Un extrait de cette Déclaration est reproduit ci-après, le texte complet pouvant être obtenu
en suivant le lien indiqué ci-dessous36.
36
http://www.Customs.gov.au/webdata/resources/files/ACN2013TransferPricingPracticeStatementFINALFINAL.pdf
http://www.customs.gov.au/practice_statements/border/ind.asp
80
Remboursement de droits
Lorsqu’un VA en matière de prix de transfert a été publié et qu’un ajustement entraîne une diminution de la
valeur en douane, le demandeur/importateur peut avoir droit à un remboursement des droits.
2. Canada
L’Agence des services frontaliers du Canada a récemment mis en place une nouvelle
politique au sujet du traitement qu’elle accorde aux ajustements de prix à la baisse.
On en trouvera un extrait ci-après, le texte complet pouvant être obtenu en suivant le lien
indiqué ci-dessous37.
Traitement des ajustements à la baisse des prix lors des calculs de valeur en douane
Autorajustements et remboursements
5. Dans les cas où une entente écrite de réduire le PPP des marchandises importées à une date ultérieure était
en vigueur au moment de l’importation et que la diminution du prix a subséquemment lieu, une correction
doit être apportée en vertu de l’article 32.2 de la Loi sur les douanes si l’importateur obtient des informations
spécifiques qui lui donne des motifs de croire qu’une déclaration de la valeur en douane est incorrecte et si
ladite correction n’a aucun impact financier. Un importateur peut décider de présenter une demande de
remboursement de droits en vertu de l’alinéa 74(1)e) de la Loi sur les douanes si la diminution du prix aurait
pour conséquence une diminution de la valeur en douane. Une telle demande peut être présentée pour toute
importation ayant lieu dans les quatre ans suivant la date du présent avis.
6. Dans les cas où une entente de prix de transfert entre un vendeur et un acheteur lié existe, l’Agence des
services frontaliers du Canada (ASFC) considère le prix de transfert intersociétés comme étant le PPP non
influencé des marchandises importées. Pour que le PPP soit considéré comme n’ayant pas été influencé, des
corrections à la valeur en douane doivent être présentées à l’ASFC lorsque le total net des ajustements à la
hausse et à la baisse du prix de transfert ayant lieu au cours d’un exercice financier a été déterminé. C’est à ce
moment spécifique que l’importateur a des motifs de croire qu’il est nécessaire d’apporter des corrections à
des déclarations de valeur en douane. Si le total net occasionne un ajustement à la baisse des prix et que les
marchandises importées sont assujetties à des droits, une demande de remboursement peut être présentée
pour toute importation ayant lieu dans les quatre ans suivant la date du présent avis.
37
http://www.cbsa-asfc.gc.ca/publications/cn-ad/cn15-001-fra.html
81
30.3 Ajustements rétrospectifs des prix (acheteur et vendeur liés ou non liés)
Si, au moment de l'importation, il existe des accords contractuels entre vous et le vendeur prévoyant la
possibilité d'effectuer des ajustements de prix rétrospectifs, le prix indiqué sur la facture pour les
marchandises concernées sera, de fait, considéré comme provisoire.
Cela signifie que vous ne pouvez pas déterminer la valeur définitive des droits de douane au moment de
l'importation. Par conséquent, vous devez prendre des dispositions en matière de garantie (voir le paragraphe
2.5).
A défaut, vous pouvez nous demander d'accepter un arrangement par lequel vous pouvez payer des droits de
douane forfaitaires au moment de l'importation. Cet arrangement impliquerait que vous vous engagiez à nous
informer de tout ajustement des prix. Par la suite, nous pourrions mutuellement ajuster les droits de douane à
payer, à la hausse ou à la baisse selon le cas, en fonction des ajustements de prix convenus ultérieurement
notifiés.
En cas d’augmentation rétrospective du prix, nous la traiterions comme une partie du paiement total que vous
effectuez au vendeur pour les marchandises importées. Le fait que vous acceptiez de payer cette
augmentation du prix est considéré comme une confirmation qu’au moment où les marchandises ont été
commandées ou achetées, les accords contractuels impliquent qu'un tel ajustement peut se produire, ou qu’il
existe une entente implicite entre vous et le vendeur en ce sens. Dès lors, nous vous adresserons une
demande (formulaire C18) vous invitant à payer les arriérés de droits de douane.
En cas de diminution rétrospective du prix, vous pouvez introduire une demande de remboursement des
droits. Votre demande doit être accompagnée de preuves pertinentes, y compris tous les détails des accords
contractuels conclus, ainsi que les remises accordées et les notes de crédit émises par le vendeur.
4. Etats-Unis
En 2012, le Bureau des douanes et de la protection des frontières (CBP) des Etats-Unis a
actualisé sa politique concernant le traitement des transactions entre parties liées qui
impliquent des ajustements aux prix de transferts initiaux opérés après importation, en
application de la politique officielle de l’entreprise en matière de prix de transfert ou d’un
38
Version intégrale disponible à l’adresse : https://www.gov.uk/government/publications/notice-252-valuation-of-
imported-goods-for-customs-purposes-vat-and-trade-statistics
82
A l’issue d’une révision, le CBP a proposé une interprétation plus large de ce qui est
autorisé dans le cadre de la valeur transactionnelle pour permettre qu’une politique en
matière de prix de transfert/un APP soit considéré comme une « formule » applicable dans
le contexte des prix de transfert, sous réserve que certaines conditions soient remplies. Il a
été noté que la politique en matière de prix de transfert devrait en tout état de cause être
ajustée à des fins douanières dans la mesure où le principe de pleine concurrence est
différent [1) circonstances propres à la vente, ou 2) valeurs critères] de l’analyse des
autorités fiscales des Etats-Unis. Pour pouvoir demander des ajustements post-importation
à la hausse ou à la baisse dans le cadre de la méthode d’évaluation fondée sur la valeur
transactionnelle, le CBP encourage vivement les importateurs à utiliser le programme de
rapprochement en vue d’effectuer une déclaration définitive de la valeur.
« Le CBP considère désormais que, sous réserve de certaines conditions, la méthode d'évaluation en douane
fondée sur la valeur transactionnelle ne sera pas exclue quand un prix de vente entre parties liées fait l’objet
d'ajustements postérieurs à l'importation qui sont effectués conformément aux politiques officielles de fixation
des prix de transfert et qui se rapportent spécifiquement (directement ou indirectement) à la valeur déclarée de
la marchandise. Ces ajustements, à la hausse ou à la baisse, doivent être pris en compte aux fins de la
détermination de la valeur transactionnelle. »
39
http://www.cbp.gov/bulletins/Vol_46_No_23_Index.pdf
83
• Mettre à la disposition des Membres du CTED pour information les exposés et les études
de cas présentés au Groupe spécialisé.
84
E XA M E N D E L ’ E XP R E S S I ON « CI RC O NS TA NCE S P R OP RE S À L A V E NT E » A U
S E NS DE L ’ A R TI C L E 1.2 A ) D A N S L E C A D RE DE L ’ UT I L I S A T I ON D ’ É TU DE S S U R L E
P R I X DE T RA NS FE RT
2. l’importateur a la possibilité de démontrer que le prix est très proche de l’une des
trois valeurs critères mentionnées, (article 1.2 b)).
7. La question qui se pose dès lors est de savoir si une étude sur le prix de
transfert, préparée à des fins fiscales et fournie par l’importateur, peut être utilisée
85
8. D’une part, une étude sur le prix de transfert soumise par un importateur peut
constituer une source de renseignements intéressante, si elle contient des
renseignements pertinents au sujet des circonstances propres à la vente. D’autre
part, une étude sur le prix de transfert peut ne pas s’avérer pertinente ou utile en vue
d’examiner les circonstances propres à la vente du fait des différences substantielles
et significatives qui existent entre les méthodes de détermination de la valeur des
marchandises importées stipulées par l’Accord et celles figurant dans les Principes
directeurs de l’OCDE en matière de prix de transfert.
86
4. Un autre cas est celui où le prix des marchandises est fixé provisoirement
mais, là encore, conformément aux dispositions du contrat de vente, le règlement
définitif dépend d'un examen ou d'une analyse lors de la livraison (par exemple, le
degré d'acidité des huiles végétales, la teneur en métal des minerais, la teneur
effective en laine).
88
1. La société ICO établie dans le pays I a acheté et importé deux catégories d'ingrédients
utilisés pour la production de substances aromatisantes auprès de la société XCO établie
dans le pays X.
4. ICO achète à XCO un grand nombre des ingrédients nécessaires à la fabrication des
substances aromatisantes. Les ingrédients vendus par XCO à ICO relèvent de deux
catégories :
b) ceux qui sont entreposés par XCO, qui les obtient auprès d'autres fabricants et
fournisseurs. Ceux-ci ne sont ni fabriqués ni transformés par XCO, mais XCO
peut néanmoins en emballer certains en vue de les revendre.
2°) prix facturé aux acheteurs non liés 100 u.m. F.O.B.
89
a) les acheteurs non liés achètent les ingrédients au même niveau commercial et
dans les mêmes quantités que ICO et les utilisent aux mêmes fins. Ces
ingrédients importés par des acheteurs non liés ont été évalués en appliquant une
valeur transactionnelle de 100 u.m., et
b) les coûts supportés par XCO sont les mêmes qu'il vende à ICO ou aux acheteurs
non liés établis dans le pays I.
8. La douane a également établi que le prix des ingrédients ne subit pas de variations
saisonnières qui pourraient expliquer la différence de 8 % entre les prix indiqués au
paragraphe 6 ci-dessus. Par ailleurs ICO et XCO n'ont donné aucune suite à la demande de
la douane les invitant à fournir des renseignements complémentaires pour expliquer les
différences de prix.
10. En ce qui concerne les ingrédients de la catégorie b), la douane a établi que les prix
facturés à ICO comprennent bien tous les frais supportés par XCO, y compris le coût
d'acquisition, ainsi que les frais de remballage, de manutention et de transport, et qu'ils
comprennent également un bénéfice représentatif du bénéfice global de l'entreprise pendant
un laps de temps représentatif.
11. ICO et XCO sont des personnes liées au sens des alinéas a) et d) de l’article 15.4. En
vertu des dispositions de l’article premier paragraphe 1 d) ainsi que des dispositions de
l’article premier paragraphe 2., la valeur en douane sera calculée sur base de la valeur
transactionnelle des ventes entre XCO et ICO, pour autant qu'il soit établi que les liens n'ont
pas influencé le prix.
12. Aux termes de l’article 1.2 de l’Accord, il appartient à l'importateur de démontrer que
les liens n'ont pas influencé les prix. Bien que l’Accord oblige la douane à donner une
possibilité raisonnable à l'importateur pour fournir des renseignements indiquant que les
liens n'ont pas influencé les prix, il ne l'oblige pas à mener une enquête détaillée afin de
justifier la différence de prix. Dès lors, toute décision à cet égard doit reposer dans une large
mesure sur les renseignements fournis par l'importateur.
Ingrédients de la catégorie a)
13. Les renseignements disponibles dans ce cas indiquent que les prix pratiqués dans les
transactions entre ICO et XCO sont inférieurs aux prix appliqués aux parties non liées. XCO
et ICO n'ont pas répondu à la douane lorsque celle-ci les a invités à justifier ou à expliquer
les différents prix.
14. Les renseignements recueillis par la douane permettent d'établir qu'ICO et les
acheteurs non liés achètent des ingrédients en quantités similaires et au même niveau
90
15. S'agissant des ingrédients de la catégorie a), il serait donc impossible d'appliquer la
méthode de la valeur transactionnelle. Il conviendrait de recourir à une autre méthode pour
déterminer leur valeur en douane. A cet égard, la valeur transactionnelle de marchandises
identiques ou similaires importées par des acheteurs non liés peut servir de base à la
détermination de la valeur en douane.
Ingrédients de la catégorie b)
17. Pour ce qui concerne les ingrédients de la catégorie b) qui sont vendus uniquement à
ICO, l'examen des circonstances propres à la vente révèle que le prix est suffisant pour
couvrir tous les coûts et assurer un bénéfice représentatif du bénéfice global réalisé par
XCO pour des ventes de marchandises de la même nature ou de la même espèce.
Conformément au paragraphe 3 de la Note interprétative relative à l’article premier,
paragraphe 2, la valeur transactionnelle peut être acceptée à des fins douanières pour cette
catégorie d'ingrédients.
91
Dans le cadre des transactions entre parties liées, les entreprises internationales font face à
des difficultés concernant la détermination de la valeur des marchandises du fait des
réglementations douanières et fiscales divergentes. ICC appelle à plus d’uniformité et
formule des propositions concrètes en vue d’assurer une évaluation fiscale et douanière
harmonisée des transactions entre parties liées dans un contexte international.
92
Introduction
En sa qualité d’organisation mondiale des entreprises, la Chambre de commerce
internationale (ICC) constate que les multinationales sont, dans tous les secteurs et dans
toutes les régions du monde, confrontées à des difficultés touchant à la détermination de
la valeur des marchandises. Ces difficultés proviennent de ce que les transactions entre
parties liées font l’objet d’examens tant douaniers que fiscaux et sont donc soumises à
des règles divergentes et à des préoccupations contradictoires. ICC estime que ces
examens devraient avoir pour résultat une seule et même valeur et qu’il est dans l’intérêt
de toutes les parties prenantes de trouver une solution à ce problème.
Cette situation s’explique par les raisons suivantes :
1. Les administrations fiscale et douanière, y compris au sein d’un même pays et
parfois d’un même ministère, ont des approches différentes : l’administration
fiscale se concentre sur les prix de vente intragroupes qui peuvent être perçus
comme supérieurs à ce qu’ils devraient être, tandis que les autorités douanières
93
Cette dichotomie, présente tant dans les pays développés qu’en développement, crée un
climat d’incertitude et de complexité aggravé par la mondialisation de l’économie. Elle
induit aussi une hausse des coûts de mise en œuvre et de mise en conformité, un
manque de flexibilité dans la conduite des opérations commerciales, ainsi qu’un risque
significatif de pénalités. En effet, même quand une entreprise se conforme tant aux
principes de l’OCDE qu’à l’accord de l’OMC, rien ne garantit qu’il n’y aura pas de conflit
entre deux pays ou deux administrations d’un même pays quant à la détermination du prix
de pleine concurrence. De tels conflits peuvent en outre surgir non seulement avant un
contrôle, mais également après.
Sachant que les transactions interentreprises représentent, en valeur, plus de 60 % du
commerce mondial, les divergences entre la détermination de la valeur en douane et celle
du prix de transfert constituent un obstacle à la libéralisation des échanges et freinent le
développement international des entreprises de toutes tailles.
Eléments clés
Bien que l’on puisse répertorier de nombreux points de divergence entre les approches
douanière et fiscale, il est important de souligner qu’il existe aussi des points de
convergence. Nous estimons par conséquent que, sans qu’il soit forcément nécessaire de
modifier les règles de l’OMC ou les principes de l’OCDE, ceux-ci peuvent et doivent être
harmonisés en trouvant un moyen commun d’interpréter le principe de pleine
concurrence. Nous recommandons comme principe fondamental que chaque
administration (fiscale ou douanière) prenne en compte la valeur fiscale ou douanière
déterminée par l’entreprise avant de procéder à un redressement. Si le conflit entre
l’entreprise et l’administration fiscale concernée ne peut être réglé, les administrations
fiscale et douanière du pays en question devraient travailler de concert et tenter
d’harmoniser leurs valorisations respectives.
L’une des méthodes recommandées pour assurer l’harmonisation des exigences relatives
aux droits de douane et à l’impôt sur les sociétés est que l’administration douanière utilise
les renseignements figurant dans la documentation prix de transfert, pour déterminer si le
prix entre parties liées est acceptable à des fins douanières. ICC note d’ailleurs que
l’Organisation mondiale des douanes (OMD) s’est déjà penchée sur l’utilité de la
documentation sur les prix de transfert dans le commentaire 23.1 de son Comité
technique de l'évaluation en douane (CTED). Dans la mesure où l’administration
douanière estime qu’elle a besoin de renseignements supplémentaires facilement
disponibles dans le cours normal des affaires afin de compléter les données standard de
94
Et ainsi :
de réduire les coûts de mise en conformité des entreprises
d’éliminer le risque de pénalités résultant de litiges dus aux points de vue divergents
des autorités douanières et fiscales
de rationaliser les opérations interentreprises et de faciliter le commerce
international.
Propositions
Bien que les accords préalables sur les prix (APP) puissent répondre aux préoccupations
relatives à l’évaluation fiscale, ils sont souvent très rigides, chronophages, coûteux et mal
adaptés à des entreprises en constante évolution. De plus en règle générale, ils ne sont
pas non plus une solution viable pour les petites et moyennes entreprises ou pour les
transactions d’un montant peu élevé.
Afin de favoriser cette approche ICC propose donc les options suivantes pour éviter la
double valorisation :
Proposition 1
Reconnaissance par l’administration douanière du fait que les entreprises qui
déterminent des prix entre parties liées conformément au principe de pleine
concurrence (tel que posé à l’article 9 du modèle de convention fiscale de l’OCDE) ont
en général démontré que leurs liens n’ont pas influencé les prix payés ou à payer et
que ces prix peuvent être utilisés à des fins douanière.
La valeur en douane se fonde normalement sur l’Accord sur la mise en œuvre de l'article
VII du GATT de 1994, qui indique à l’article 1, Règles d’évaluation en douane :
1. La valeur en douane des marchandises importées sera la valeur transactionnelle, c'est-
à-dire le prix effectivement payé ou à payer pour les marchandises lorsqu'elles sont
vendues pour l'exportation à destination du pays d'importation, après ajustement
conformément aux dispositions de l'article 8 (…)
95
b) Dans une vente entre personnes liées, la valeur transactionnelle sera acceptée
et les marchandises seront évaluées conformément aux dispositions du paragraphe 1
lorsque l'importateur démontrera que ladite valeur est très proche de l'une des valeurs ci-
après, se situant au même moment ou à peu près au même moment :
i) valeur transactionnelle lors de ventes, à des acheteurs non liés, de marchandises
identiques ou similaires pour l'exportation à destination du même pays
d'importation ;
ii) valeur en douane de marchandises identiques ou similaires, telle qu'elle est
déterminée par application des dispositions de l'article 5 ;
iii) valeur en douane de marchandises identiques ou similaires, telle qu'elle est
déterminée par application des dispositions de l'article 6.
L’Accord précise au paragraphe 2 c) que les critères énoncés au paragraphe 2 b) ne sont
à utiliser qu’à l'initiative de l'importateur, et à des fins de comparaison seulement. La note
interprétative relative au paragraphe 2 b) indique que les valeurs « critères » doivent avoir
été précédemment déterminées, selon l’évaluation effective de la marchandise importée.
S’il n’y a pas eu d’importation précédente de marchandises identiques ou similaires ayant
été évaluées par les autorités douanières conformément aux méthodes transactionnelle,
déductive ou de la valeur calculée, il peut ne pas exister de valeurs « critères » acceptées
par l’administration douanière. Il est par conséquent courant, en pratique, d’évaluer les
circonstances propres à la vente par rapport au paragraphe 2 a) ci-dessus.
La note interprétative relative au paragraphe 2 a) donne des exemples de la manière
d’évaluer les circonstances de la vente de manière à convaincre l’administration douanière
du fait que les liens entre les parties n’ont pas influencé la valeur transactionnelle. La note
interprétative de l’article 1, 2 a) de l’Accord sur la mise en œuvre de l'article VII du GATT
indique :
96
97
Les ajustements a posteriori portant sur le prix des produits sont autorisés aussi bien par
les principes de l’OCDE que par les règles d’évaluation douanière de l’OMC. Ils peuvent
être effectués pour diverses raisons, notamment à titre volontaire, mais aussi en clôture
d’exercice afin de respecter à la fin de l’année ou d’une période donnée un niveau de
résultat prédéterminé. Les procédures de déclaration de ces ajustements aux
administrations douanières sont cependant déterminées par des règles domestiques, et il
est fréquent qu’ils ne soient pas pris en compte par les douanes quand l’importateur ajuste
le prix d’achat à la baisse.
Lorsque de tels ajustements a posteriori portant sur les prix — qualifiés d’ajustements—
sont effectués conformément aux méthodes de prix de transfert de l’OCDE, ils devraient
être reconnus par les administrations douanières comme faisant partie du prix payé pour
les marchandises, et par conséquent comme un élément de leur valeur transactionnelle.
Les entreprises devraient être autorisées à procéder à des ajustements de la valeur en
douane sans être tenues de mettre en place une procédure de valeurs provisoires ou se
voir imposer des pénalités du fait de ces ajustements.
Proposition 3
Il est recommandé qu’en cas d’ajustements a posteriori des prix de transfert (à la
hausse ou à la baisse), les administrations douanières acceptent de réviser la valeur
en douane conformément à l’une des méthodes ci-dessous, au choix de l’importateur
— ces méthodes étant applicables à la valeur des marchandises visées par
l’ajustement :
Application d’un taux moyen pondéré de droits de douane : le taux moyen pondéré
des droits de douane est calculé en divisant le montant total des droits de douane
de l’année par le montant total de la valeur en douane correspondante de la même
année. Dans ce cadre, un ajustement forfaitaire à la fin de l’année peut être
possible. Par exemple, si à la fin de l’année les ajustements des prix de transfert
aboutissent à un paiement additionnel au vendeur, nous recommandons que
l’importateur puisse déclarer ce montant forfaitaire. Les douanes pourront ainsi
l’imputer à toutes les déclarations faites au cours de l’année et l’ajustement des
droits sera égal au taux moyen pondéré des droits.
Ventilation de l’ajustement des prix de transfert selon la nomenclature des biens et
sur la base des renseignements fournis par l’importateur ou la communication par
les autorités douanières de tous les codes des marchandises et de toutes les
données pertinentes relatives à l’importation disponibles dans leurs statistiques
nationales.
Proposition 4
Il est recommandé qu’en cas d’ajustements a posteriori des prix de transfert (à la
hausse ou à la baisse), les entreprises soient dispensées :
98
Proposition 5
Il est recommandé que les méthodes de détermination des prix de transfert de l’OCDE
soient reconnues par les administrations douanières comme un cadre acceptable
pour l’évaluation des circonstances de la vente, compte tenu des éléments suivants :
Proposition 6
Reconnaissance par les administrations douanières de l’acceptabilité de la
documentation sur les prix de transfert en tant que preuve du fait que le prix payé
pour les marchandises importées n’a pas été influencé par les liens entre les parties.
La production d’une documentation sur les prix de transfert est une exigence des
réglementations fiscales dans la plupart des pays du monde. Son contenu est largement
harmonisé à l’échelle internationale et peut donc être considéré comme relativement
normalisé. La documentation comprend normalement tous les renseignements
nécessaires pour analyser les circonstances de la vente, les parties en cause, la valeur
ajoutée et les fonctions assurées par chacune des parties. Au cas où l’administration
douanière considérerait que des renseignements complémentaires — facilement
disponibles dans le cours normal des affaires — sont nécessaires, en plus de ceux
communément contenus dans la documentation sur les prix de transfert, pour évaluer si
les prix sont ou non influencés par les liens entre les parties, ICC recommande que les
renseignements complémentaires exigés soient clairement définis et publiés à l’avance par
l’administration douanière afin de permettre leur inclusion dans la documentation sur les
prix de transfert, de manière à servir les deux objectifs.
99
Les points de vues et opinions exprimés dans la présente Déclaration de Politique Générale de la Chambre
Internationale de Commerce (ICC) ne reflètent pas nécessairement ceux de l’OMD ou de ses Etats-Membres
100
101
Analyse fonctionnelle L’analyse fonctionnelle, qui implique une analyse des fonctions
exercées, des risques assumés et des actifs utilisés, peut être
considérée comme la pierre angulaire de l’analyse de
comparabilité. Dans le cadre de transactions entre des parties
indépendantes, les prix convenus entre elles reflèteront d’une
manière générale les fonctions exercées par les parties
concernées, les risques qu’elles assument et les actifs qu’elles
utilisent.
Bénéfice brut Au sens large, les recettes brutes (c’est-à-dire généralement les
ventes nettes) moins le coût des marchandises vendues
Conventions fiscales Les conventions fiscales sont des accords conclus entre les parties
contractantes (les Etats) concernant la répartition des droits
d'imposition (c’est à dire la mesure dans laquelle chaque Etat peut
lever des impôts dans certains cas spécifiques), ainsi que d’autres
points (tels que l'échange d'informations et d'autres procédures
administratives).
102
Indicateur de bénéfice Rapport du bénéfice net sur une base appropriée (par ex. charges,
net ou Indicateur de chiffre d’affaires, actifs). La méthode transactionnelle de marge
niveau de bénéfice nette repose sur la comparaison d’un indicateur de bénéfice net
approprié pour les transactions contrôlées avec le même indicateur
de bénéfice net pour des transactions comparables sur le marché
libre
Intervalle de pleine Fourchette de prix qui sont acceptables pour déterminer si les
concurrence conditions d’une transaction contrôlée respectent le principe de
pleine concurrence. Chacun des prix de la fourchette doit
également être fiable.
103
Parties associées Les transactions entre parties dont les relations peuvent leur
permettre d'influencer les conditions de la transaction (également
appelées « parties liées ») peuvent impliquer la fourniture de
biens ou de services, l'utilisation d’avoirs (y compris des biens
immatériels) et l’octroi d’un financement, tout ceci devant être
tarifé.
Parties liées Les transactions entre parties dont les relations peuvent leur
permettre d'influencer les conditions de la transaction (également
appelées « parties associées ») peuvent impliquer la fourniture
de biens ou de services, l'utilisation d’avoirs (y compris des biens
immatériels) et l’octroi d’un financement, tout ceci devant être
tarifé.
Principe de pleine Le principe de pleine concurrence exige que les conditions (prix,
concurrence marges bénéficiaires, etc.) appliquées dans des transactions entre
parties liées soient les mêmes que celles qui auraient prévalu
entre deux parties indépendantes dans une transaction similaire et
104
Procédure amiable Dispositif par lequel les administrations fiscales se consultent pour
résoudre les différends concernant l'application des conventions
de double imposition. Cette procédure, décrite et autorisée par
l'article 25 du Modèle de Convention fiscale de l'OCDE, peut être
utilisée pour éliminer la double imposition susceptible de résulter
d'un ajustement de prix de transfert.
Transaction contrôlée Transaction entre des entreprises qui sont associées l’une à l’autre
105
Transactions sur le Transactions entre des parties indépendantes qui sont jugées
marché libre comparables.
_____________
106
Remarque : Cette annexe ne vise pas à présenter une liste normative ou exhaustive du
contenu de la documentation relative aux prix de transfert mais plutôt un aperçu des
principaux éléments que l’on peut trouver dans cette documentation et qui peuvent s’avérer
pertinents à des fins d’évaluation en douane.
2. Informations financières
Principales informations financières concernant les transactions contrôlées, y compris les
états financiers (compte de résultats et bilan) des parties aux transactions et, le cas
échéant, des informations financières sectorielles.
107
7. Conclusion
Conclusion, fondée sur l’application de la méthode de prix de transfert sélectionnée,
indiquant si les transactions entre parties liées sont conformes à la législation nationale en
matière de prix de transfert.
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