PHD Badji 2008
PHD Badji 2008
PHD Badji 2008
L’Université Paris 13
Et
L’Ecole Nationale Polytechnique d’Alger
Présentée
Pour l’obtention du grade de
DOCTEUR en Mécanique
Option Matériaux
par
Riad BADJI
Thème
Influence des traitements thermiques à haute température sur
l’évolution de la texture et de la microstructure des soudures
d’acier inoxydable duplex 2205
Pendant la réalisation de ma thèse j’ai bénéficié de nombreux et divers appuis pour mener
à bien ce travail.
Mes premiers remerciements vont à Mabrouk Bouabdallah, Professeur à l’Ecole
Polytechnique d’Alger qui a dirigé mon travail en m’accordant toute sa confiance. Sa gentillesse,
sa rigueur scientifique ainsi que ses connaissances dans le domaine des transformations de phase
ont été d’une grande importance dans la réussite de cette thèse. Plus qu’un Directeur de thèse je
tiens à lui exprimer mon entière gratitude.
Si la thèse demeure une expérience très personnelle, les résultats présentés dans ce
manuscrit sont les fruits du travail d'un ensemble de personnes. Ainsi, les observations au
microscope électronique en transmission ont été patiemment réalisées par Vincent Richard. La
diffraction des rayons X et les mesures de textures par Thierry Chauveau. C'est grâce à l’aide de
Remi Chiron que j'ai pu acquérir les connaissances de microscopie électronique et d’EBSD
nécessaires à ce travail et grâce à la patience de Monique Morel que ce document contient des
résultats d'analyse EBSD. Je profite de cette occasion pour leur exprimer l’expression de ma
parfaite reconnaissance et ma profonde gratitude.
INTRODUCTION GENERALE........................................................................................ I
CHAPITRE II .......................................................................................................................
MATÉRIAUX ET PROCEDURES EXPÉRIMENTALES..............................................41
II.1. INTRODUCTION ............................................................................................................ 41
II.2. MATÉRIAUX UTILISÉS ................................................................................................... 41
II.3. PREPARATION DES EPROUVETTES POUR L’OPERATION DE SOUDAGE...........................42
II.3.1.Conditions du mode opératoire...........................................................................................43
II.3.1.1. Préchauffage ...........................................................................................................43
II.3.1.2. Température d’interpasse ......................................................................................43
II.3.1.3. Energie de soudage ................................................................................................43
II.3.1.4. Protection envers ...................................................................................................44
II.3.2.Procédés de soudage utilisés ................................................................................................44
II.3.2.1. Le procédé TIG ......................................................................................................45
II.3.2.2. Le soudage à l’électrode enrobée .........................................................................46
CHAPITRE III.....................................................................................................................
RÉSULTATS EXPÉRIMENTAUX ET DISCUSSION ...................................................59
III.1.
COMPORTEMENT MÉTALLURGIQUE DES MICROSTRUCTURES DANS LE CORDON DE
SOUDURE ............................................................................................................................ 59
III.1. 1. Introduction........................................................................................................................59
III.1. 2. Aspect maccrographique ..................................................................................................60
III.1. 3. Solidification et formation de l’austénite dans la zone fondue ...................................60
III.1.3.1. Soudure en une passe ...........................................................................................61
III.1.3.2. Soudure en trois passes ........................................................................................63
III.1.3.3. Répartition des élements d’alliages ....................................................................64
III.1. 4. Zone affectée thermiquement..........................................................................................66
III.1. 5. Estimation du taux de ferrite au niveau du cordon de soudure..................................69
III.2. TRAITEMENT THERMIQUES DES SOUDURES ................................................................70
III.2. 1. Domaine de precipitation (800-1000 °C) .......................................................................71
III.2. 2. Domaine d’homogénéisation et de transformation γ ↔ δ (1050-1250 °C).............73
III.2. 3. Analyse par diffraction des rayons X..............................................................................76
III.2. 4. Influence des traitements d’hypertrempe sur la composition chimique....................78
Introduction générale
Les aciers inoxydables austénoferritiques dits « duplex » sont des aciers biphasés
constitués d’environ 50% d’austénite γ et 50% de ferrite δ. Leur utilisation est actuellement
largement répandue en raison de leurs bonnes propriétés mécaniques et de leur grande
résistance à la corrosion. Leur composition a progressivement évolué, en particulier vers une
plus forte teneur en azote qui offre à l’acier plus de stabilité et de résistance à la corrosion par
piqûre. Ils sont aujourd'hui utilisés dans de nombreux domaines réunissant à la fois de sévères
conditions d'environnement et des sollicitations mécaniques élevées (industries offshore,
navale, chimique, pétrochimique, du papier... etc).
Du fait qu’une grande partie de leurs applications utilise le soudage comme procédé de
fabrication ou de maintenance, la compréhension de la métallurgie du soudage de ces aciers
joue un rôle primordial dans leur mise en œuvre. Différents procédés de soudage sont
appliqués aux constructions réalisées en aciers inoxydables duplex, parmi ces procédés le
soudage à l’arc électrique est largement utilisé dans le domaine pétrochimique. Lors du
soudage par fusion, les bords du métal de base adjacents à la ligne de fusion sont soumis à une
succession de cycles thermiques qui entraînent la création d’une zone affectée par la chaleur
(ZAT) où plusieurs transformations microstructurales se produisent affectant la microstructure
initiale de l’acier. L’équilibre de phase dans cette zone dépend principalement de la
température maximale atteinte lors des cycles thermiques de soudage et de la vitesse de
refroidissement depuis cette température. Ce nouvel état de microstructure influe sur les
propriétés mécaniques et la résistance à la corrosion de l’acier ; l’obtention d’une part, de
forte teneur en ferrite fragilise la ZAT et diminue sa tenue mécanique, et d’autre part la
reformation de proportions élevées d’austénite lors du refroidissement induit une forte
sensibilité à la corrosion sous contrainte.
La microstructure du métal fondu dépend du mode de solidification et des
transformations de phase se produisant à l’état solide. Ces dernières sont dépendantes
principalement de la composition chimique du métal d’apport et de la vitesse de
refroidissement. Dans le cas des soudures de fortes épaisseurs, la microstructure de
solidification ne possède pas le même ratio de phase que celui du métal de base du fait que la
i
Introduction générale
vitesse de refroidissement varie selon qu’on est au centre du bain de fusion ou dans les
régions voisines des bords du métal de base.
Contrairement aux microstructures de solidification obtenues par coulée de l’acier où
des opérations de formage à chaud suivies par des traitements thermiques d’homogénéisation
sont souvent introduites pour offrir à l’acier les propriétés voulues, les soudures d’acier
inoxydable duplex sont utilisées à leur état brut de soudage. Étant privées des phénomènes de
recristallisation et d’homogénéisation, ces soudures doivent avoir à leur utilisation des
propriétés mécaniques, structurales et de résistance à la corrosion les plus proches possible de
celles du métal de base.
Lors de la solidification de ces soudures, des grains colonnaires peuvent se former
selon des directions cristallographiques spécifiques entraînant le développement d’une texture
de solidification caractérisée par des relations d’orientation entre les phases de l’acier.
L’orientation cristallographique des grains d’une structure soudée est l’un des paramètres les
plus importants qui influe sur ses propriétés mécaniques. Comme la microstructure du joint
change de manière significative suite à l’opération de soudage, l’étude des liens entre les
textures et les microstructures des joints soudés a une importance majeure dans l’optimisation
de leurs propriétés.
Ces études de texture sont souvent complétées par l’étude de la structure des joints de
grains afin d’assurer la solidité et la fiabilité des soudures. Dans la pratique, des problèmes
tels que la fragilisation intergranulaire, les ségrégations, la corrosion intergranulaire et la
vitesse de migration des joints de grains sont liées aux caractéristiques des joints de grains.
Dans le métal fondu, ces caractéristiques jouent un rôle primordial dans le contrôle de son
comportement en fatigue, en fluage et de sa résistance à la corrosion.
A l’échelle macroscopique, la texture d’un matériau polycristallin est mesurée
conventionnellement par la diffraction des rayons X ou celle des neutrons. Malgré leur large
contribution dans l’étude et la compréhension des textures de diverses classes de matériaux,
les informations fournies par cette technique restent globales. Avec le développement récent
de la technique d’EBSD « diffraction des électrons rétrodiffusés », la détermination des
microstructures de solidification combinée aux orientations individuelles des grains devient
possible et l’étude des textures de solidification devient plus affinée et leur compréhension
plus aisée. Toutes ces implications mènent les recherches classiques de « métallurgie de
soudage » vers un nouvel axe de recherche que l’on peut appeler « détermination de
microtexture en métallurgie de soudage ».
ii
Introduction générale
iii
Introduction générale
iv
Chapitre I Etude bibliographique
Chapitre I
Etude Bibliographique
1
Chapitre I Etude bibliographique
chrome dans le fer à haute température est complète et la totalité des alliages Fe-Cr se
solidifient en mode ferritique. A de faibles teneurs en chrome, il existe une boucle d’austénite
γ dans le domaine de température 912-1394. Cette boucle sépare le diagramme en deux zones
principales :
• en dessous de 11% de Cr, les alliages subissent une transformation α→γ au chauffage
et l’inverse au refroidissement ; ils se comportent donc comme le fer ou l’acier doux,
• au dessus de 12.7 % de Cr, il n’y a plus de transformation de phases et les alliages
restent totalement ferritiques.
• Entre 11 et 13 % de chrome, les deux phases α et γ coexistent en équilibre.
Ainsi, selon la composition par rapport à la boucle γ, les aciers au chrome peuvent avoir des
structures différentes : ferritique, martensitique ou semi martensitique.
Le diagramme ci-dessus montre aussi la présence d’une autre phase appelée σ, qui se
forme en général dans les alliages ayant des teneurs en Cr supérieures à 20 %. Nous
reviendrons en détail plus tard sur la structure et les mécanismes de formation de cette phase.
Sur ce même diagramme, on montre aussi par une ligne horizontale tracée à la limite
inférieure du domaine (α + σ) la présence d’un phénomène métallurgique important connu
sous l’appellation « fragilisation à 475 °C ». Ce phénomène est caractérisé par la formation
d’un précipité très riche en chrome appelé phase α’, dans la matrice ferritique, et dont l’effet
fragilisant devient de plus en plus important lorsque la teneur en Cr passe au-delà de 14% [6].
2
Chapitre I Etude bibliographique
Figure I.2. Projections liquidus (a) et solidus (b) du système ternaire Fe-Cr-Ni [7]
3
Chapitre I Etude bibliographique
Les aciers inoxydables martensitiques : Ce sont des alliages à base Fe-Cr ; la structure
martensitique est obtenue par trempe de l’austénite située dans la boucle γ du
diagramme Fe-Cr.
Les aciers inoxydables ferritiques : Ce sont des alliages à base Fe-Cr ne subissant pas
de transformation austénitique ; l’équilibre entre les éléments alphagènes
(principalement le chrome) et gammagènes (C, N et Ni) doit être tel que l’alliage soit à
toute température à l’extérieur de la boucle γ du diagramme Fe-Cr.
Les aciers inoxydables austénitiques : Ce sont des alliages de base Fe-Cr-Ni, tels que
leur structure soit totalement austénitique à haute température (1050-1150 °C). Cette
structure est ensuite maintenue à l’état métastable par hypertrempe à l’ambiante (Ms ≤
20 °C).
Les aciers inoxydables austéno-ferritiques (duplex) : Ceux-là diffèrent des précédents
par le seul fait que leur équilibre en éléments alphagènes et gammagènes est tel que la
structure à haute température (1050-1150°C) est mixte (α + γ). Elle est de même
maintenue métastable à la température ambiante par hypertrempe ; ce qui nécessite
que la stabilité de la phase austénitique soit suffisante. Dans le cas contraire on obtient
une structure ferrite + martensite.
4
Chapitre I Etude bibliographique
Figure I.3. Processus de fabrication de l’acier inoxydable duplex 2205 par laminage
à chaud [13]
5
Chapitre I Etude bibliographique
Les aciers austéno-ferritiques laminés peuvent être classés en trois grandes nuances [8] :
Les aciers laminés à faible teneur en molybdène de type UNS S 32304 (ou Z3 CN
2304 AZ) qui peuvent être utilisés pour remplacer les aciers austénitiques AISI 304 ou
316.
Les aciers laminés standards de type UNS S 31803 (ou Z3 CND 2205 AZ) présentés
largement dans la littérature. Ils sont également connus par leur appellation
commerciale SAF 2205.
Les aciers laminés fortement alliés spécialement conçus pour les applications
maritimes, chimiques ou pétrolières. Ce sont des aciers de type UNS S 32760 (ou Z3
CNDU 2506) plus connus sous leur nom commercial Zéron 100. Ils présentent des
résistances mécaniques et à la corrosion très élevées ; leur résistance à la corrosion
estimée par le PREN (Pitting Resistance Index = Cr + 3.3 Mo + 16 N) est supérieure à
40, ce qui leur vaut la dénomination de « super duplex ».
Les aciers laminés ont en général, des teneurs en ferrite et en austénite presque égales. Leur
microstructure est très différente de celle des aciers moulés : les deux phases se présentent
sous forme de lattes allongées dans la direction de laminage .En raison de cette structure, le
matériau possède une forte anisotropie qui se répercute sur les propriétés mécaniques.
Les microstructures typiques caractérisant les états de moulage et de laminage des aciers
inoxydables duplex sont présentées dans la figure I.4.
a) b)
6
Chapitre I Etude bibliographique
X iδ
Ki = (I. 2)
X iγ
7
Chapitre I Etude bibliographique
Figure I.6. a) Effet des éléments d’alliage sur la solubilité de l’Azote dans un alliage Fe-18%
Cr-8% Ni liquide à 1600°C sous une pression de 1 atmN2 ; b) Teneur en Azote de la ferrite et de
l’austénite pour différentes nuances d’aciers inoxydables duplex [1,2].
8
Chapitre I Etude bibliographique
(réseau c.c) par rapport à l’austénite (réseau c.f.c) et à la forte concentration de la ferrite en
chrome et molybdène qui sont les principaux constituants des phases et précipités
intermétalliques [19-21],
- D’autre part, la solubilité des éléments α-gènes décroît lorsque la température diminue,
augmentant par conséquent la probabilité de la précipitation pendant les traitements
thermiques.
9
Chapitre I Etude bibliographique
10
Chapitre I Etude bibliographique
et leur formation est donc à éviter. Dans l’intervalle de température 600-1000 °C, la
décomposition de la ferrite δ est caractérisée principalement par la précipitation de la phase σ,
des carbures de chrome de types M7C3 ou M23C6, de la phase χ et de l’austénite secondaire γ2.
Le diagramme de la figure I.10 récapitule les différents précipités qui peuvent se former lors
des traitements thermiques des aciers inoxydables duplex dans différentes plages de
températures. Dans cette étude, seule la précipitation de la phase σ, des carbures de chrome
M23C6 et de l’austénite secondaire γ2, est prise en considération.
Figure I.10. Différents précipités rencontrés dans les aciers inoxydables duplex [4]
I.2.4.1. Phase σ
Découverte en 1927 par Bain et Griffith, σ est une phase intermétallique, amagnétique,
dure et fragile ; son réseau tétragonal contient 30 atomes par maille (figure I.11.a). Cette
phase précipite généralement dans un large domaine de température allant de 600 à 950 °C.
Outre le fer, la phase sigma contient du chrome et du molybdène; elle peut aussi contenir du
silicium et du tungstène [20, 21].
La précipitation de la phase σ dans l’acier duplex 2205 s’amorce préférentiellement
dans les interfaces γ/δ dès les premières minutes de vieillissement, les interfaces δ/δ peuvent
aussi être le siège d’une telle précipitation. Ce phénomène se caractérise par la diffusion des
atomes d’éléments alphagènes Cr et Mo, du grain ferritique vers les interfaces comme le
schématise les figures I.11.b et I.11.c. L’absence de toute précipitation intragranulaire de cette
phase prouve le caractère hétérogène de cette précipitation [22]. La phase σ peut aussi
précipiter dans les interfaces ferrite/carbures M23C6, et co-précipite avec l’austénite
secondaire γ2 [19, 23]. La phase σ a été observée dans les différentes zones des soudures
d’aciers duplex (métal de base, ZAT, métal fondu) [18-27].
11
Chapitre I Etude bibliographique
(c)
Figure I.11. a) Maille quadratique de la phase σ de paramètres a = 8.790 Å et c = 4.558 Å ;
b) diffusion des atomes d’éléments alphagènes du grain ferritique vers un germe σ ;
c) Schéma illustratif de la germination de la phase sigma au niveau de l’interface γ/α
et sa croissance à l’intérieur de la ferrite [2,14].
Contrainte (MPa)
12
Chapitre I Etude bibliographique
13
Chapitre I Etude bibliographique
α’. La phase α’ est très riche en chrome, jusqu'à 80%, et possède une structure cubique
centrée cohérente avec la structure de la ferrite. Elle se forme par décomposition spinodale ou
par germination et croissance selon la teneur en chrome et la température. Dans les références
[17] et [31] on trouvera plus de détails sur la fragilisation des aciers duplex par formation de
la phase α’.
D'autres précipités à base de carbone, d'azote ou de chrome principalement, et d'autres
phases intermétalliques, telles que les phases π, χ, ε, G ou R peuvent se former par maintien
en température (Figure I.10). Des informations supplémentaires sur ces précipités peuvent être
obtenues en consultant la référence [32].
14
Chapitre I Etude bibliographique
les mécanismes mis en jeu lors de la transformation. Les premiers travaux ont été entamés par
Kolmogorov [33], Johnson et Mehl en 1939 [34] puis poursuis par Avrami en 1940 [35, 36].
Cette approche, baptisée depuis la théorie de Kolmogorov-Johnson-Mehl et Avrami (KJMA),
traduit la cinétique globale de transformation au cours du temps au sein d'un matériau solide.
Basée sur le calcul statistique du volume transformé au cours du temps, la théorie de KJMA
devient encore plus performante lorsque les données intrinsèques de la nouvelle phase formée
sont intégrées, entendu les données de la théorie de la germination et de la croissance
classique.
L'emploi du modèle de KJMA s'est vu fortement généralisé par le développement des
techniques d'analyse thermique. De nombreux travaux de recherche ont été effectués pour
élargir le champ de cette théorie aux transformations non isothermes. Cette évolution a
nécessité cependant de prendre en compte l'ensemble des hypothèses énoncées par KJMA.
15
Chapitre I Etude bibliographique
et Avrami [35-37] ont concerné le suivi des mécanismes des transformations hétérogènes qui
se produisent à la suite de la variation d'un paramètre tel que la température, le temps, la
concentration … etc. Le succès de la méthode réside dans la possibilité de mesurer, au cours
de la réaction, la fraction volumique transformée à partir des connaissances apportées par la
théorie de la germination classique.
Interface
Cβ
Précipité
v
β
Croissance du
précipité
C0
Matrice α
Diffusion du Mo
Ce
x
Figure I. 13 Représentation schématique de la croissance d’une plaquette de
précipité, contrôlée par diffusion.
16
Chapitre I Etude bibliographique
Lorsque l’interface avance d’une distance dx, le précipité capte Cβdx atomes par unité de
surface. Le flux net d’atomes apportés par diffusion à l’interface est donc:
J = (C β − C e ) dx dt . (I. 3)
On définit la fraction d’atomes transformés à un instant t par unité de volume, par le rapport
du nombre d’atomes transformés à celui d’atomes susceptibles de se transformer :
C 0 − C (t ) C (t ) − C e
y= ⇒1–y= (I. 6)
C0 − Ce C0 − Ce
Le facteur (1- y) de l’équation (1. 7) rend compte de la compétition entre particules voisines
au cours de la croissance. Dans l’approximation de Johnson-Mehl-Avrami, le facteur (1- y)
peut être négligé au début de la croissance. Cette hypothèse est justifiée par le fait qu’au début
de la transformation, la fraction de soluté formée par diffusion est faible. Dans ce cas, la
vitesse de croissance d’un précipité peut s’écrire sous la forme :
1
D ⎛ C0 − Ce ⎞ 2
v= ⎜⎜ ⎟⎟ (I. 8)
2t ⎝ Cb − Ce ⎠
En supposant qu’à l’amorce de la croissance le nombre de germes stables est N et qu’aucun
autre germe ne se forme, la fraction totale d’atomes qui ont été captés par le précipité à
l’interface au temps t est donc: VN ( C β − Ce ) où V est le volume du précipité au temps t. On
peut donc exprimer la fraction transformée en fonction du volume V des précipités, ou par
leur taille. Cette dernière s’écrit sous la forme :
17
Chapitre I Etude bibliographique
4 3 C − Ce
y= πx N β (I. 9)
3 C0 − Ce
La combinaison des équations (I. 8) et (I. 9) donne
1
dy ⎛ C − Ce ⎞ 2
= 4 2 π N D⎜ 0 ⎟ Dt (I. 10)
dt ⎜C −C ⎟
⎝ β e ⎠
L’expression (I. 10) n’est valable qu’aux tout premiers instants de la transformation lorsque la
compétition entre particules voisines est faible. Lorsque le taux de transformation est
important, des corrections sont introduites à cette relation. La multiplication de l’expression
(1. 10) par le facteur (1- y) permet de respecter les conditions aux limites particulièrement à la
fin de la transformation :
dy/dt = 0 lorsque y = 1.
La séparation des variables donne :
1
dy ⎛ C − Ce ⎞ 2
= 4 2 π N D⎜ 0 ⎟ Dt dt (I. 11)
1− y ⎜C −C ⎟
⎝ β e ⎠
Après intégration on obtient l’équation caractérisant le modèle classique de Johnson Mehl
Avrami qui donne la fraction transformée y en fonction du temps par :
y = 1 − exp((−kt ) n ) (I. 12)
- n désigne l’indice d’Avrami.
- K est une constante de vitesse exprimée par l’équation d’Arrhenius en fonction de la
température par :
⎛ Q ⎞
K = K 0 exp ⎜ − ⎟ avec :
⎝ RT ⎠
- K0 est une constante.
- R est la constante des gaz.
- Q : énergie d’activation de la transformation.
En dérivant l’équation de KJMA (équation I. 12), l’expression de la vitesse de transformation
dy
= KnK nt (n −1) exp(− kt ) .
n
s’écrit : v= (I. 13)
dt
Le développement de cette équation donne :
⎛ 1 ⎞
ln ln⎜⎜ ⎟⎟ = n ln K + n ln t (I. 14)
⎝1− y ⎠
18
Chapitre I Etude bibliographique
19
Chapitre I Etude bibliographique
Il s’avère donc que plusieurs systèmes présentant des transformations à l’état solide ne suivent
pas exactement le modèle classique de KJMA, d’où la nécessité d’y apporter des
modifications afin qu’il puisse décrire des cas spécifiques de transformation de phase. La
bibliographie scientifique présente en détail les différentes modifications qui ont été apportées
à ce modèle. On cite à titre d’exemple son extension à la cristallisation surfacique proposée
par Kelton et al. [46] puis Weinberg et al. [47] et son application à la cristallisation de
particule non isotrope par Weinberg [48] ; le modèle a été modifié aussi par Shepilov et al.
[44] pour traiter la cristallisation des particules ayant des morphologies particulières et par
Lee et al. [49] pour traiter le problème d’empiétement résultant du contact mutuel des germes
en croissance.
20
Chapitre I Etude bibliographique
⎧ 1
⎪ln ln 1− y c= 0
⎪
d’où : n ln k + n ln t = ⎨ ⎡ (1− y )− c −1⎤ (I. 19)
⎪ ln ⎢ ⎥ c ≠0
⎪⎩ ⎣ c ⎦
Ainsi, lorsqu’une transformation isotherme suit le modèle modifié de KJMA, les paramètres
cinétiques n, k et c peuvent être déterminés à partir de l’équation (I. 19) ; le graphe de la
⎡ (1 − y )− c − 1⎤
fonction ln ⎢ ⎥ = f (lnt ) présente une forme linéaire de pente n.
⎣ c ⎦
21
Chapitre I Etude bibliographique
cours de la solidification. La redistribution du soluté dépend de plusieurs facteurs tels que les
conditions thermodynamiques (diagramme de phase), la cinétique (liée à la diffusion), degré
de surfusion …etc.
Lors de la solidification d’un alliage, si les conditions d’équilibre sont maintenues, le
soluté est rejeté à l’interface solide liquide et diffuse vers le liquide pour former une couche
de diffusion en avant de l’interface [52] ; on dit dans ce cas qu’on est en présence d’une
solidification à front plan. Il faut pour cela que la température réelle du liquide soit toujours
supérieure ou égale à celle du liquidus. Cela se traduit par un gradient thermique G élevé, tel
dTL
que G= , où TL est la température du liquidus, x est la distance à l’interface
dx
liquide/solide. Lorsque le refroidissement est trop rapide, la diffusion dans le solide est limitée,
l’interface solide/liquide contient donc un excédent de soluté qui a pour conséquence le
phénomène de surfusion constitutionnelle. Sur une distance x en avant du front de
solidification, la température réelle est inférieure à celle du liquidus, comme indiqué à la
figure I.14.
Cette apparente anomalie s'explique par une situation hors équilibre due à la variation
très locale de la température de liquidus, variation elle-même liée aux forts gradients de
composition à proximité de l'interface solide-liquide. Le degré de surfusion constitutionnelle
D ∗G
est en général inférieur au rapport (G: gradient thermique, R : vitesse de solidification
R
et D : coefficient de diffusion de l’élément d’alliage dans le liquide) et proportionnel à la
concentration CL en soluté dans le liquide à l’interface liquide / solide [52].
T (°C)
Température du liquidus
Température réelle
22
Chapitre I Etude bibliographique
CL
Croissance
Croissance
colonnaire
dendritique
dendritique
équiaxe Croissance
cellulaire
Croissance
cellulaire
Croissance
planaire
D ∗G
R
Figure I.15. Types de solidification en fonction des valeurs de CL et de D ∗ G [53]
R
23
Chapitre I Etude bibliographique
n, R
θ
V
(a)
Front de
A solidification
V C
R
θ
V
(b) B
Figure I.16. Représentation schématique du bain de fusion.
a) schéma en 3D, b) schéma en 2D
24
Chapitre I Etude bibliographique
Au début de la transformation, l’austénite se forme dans les joints de grains ferritiques par un
mécanisme de germination et de croissance et prend souvent des aspects de type
Widmanstatten ou allotrimorphe. Cette transformation se poursuit avec le refroidissement et
donne lieu à la formation d’austénite intragranulaire.
25
Chapitre I Etude bibliographique
Lignes isothermes
RL R
<100>
Sens de soudage
L’expression de la vitesse de croissance R, donnée dans l’équation (I. 20) ne prend pas en
considération l’anisotropie induite par la croissance cristalline au cours de la solidification. La
26
Chapitre I Etude bibliographique
littérature montre qu’il existe une vitesse de croissance locale Rc supérieure à celle donnée par
l’équation (I. 20) et qui prend en considération le phénomène d’anisotropie [61-63]. Celle-ci
est donnée par :
R v. cos θ
Rc = = (I. 21)
cosψ cosψ
Figure I.19. Cycle thermique d’un acier duplex à 0.1 % d’azote obtenu dans la
zone de surchauffe [66]
27
Chapitre I Etude bibliographique
Pour une nuance donnée, l’étendue de la transformation δ → γ dans cette zone dépend
fortement de la vitesse de refroidissement. Les refroidissements rapides empêchent
l’achèvement de cette transformation et entraînent l’obtention d’une ZAT à forte teneur en
ferrite qui affecte la ductilité et la ténacité de la soudure.
On note que la taille des grains ferritiques dans le métal fondu et la ZAT augmente avec
l’apport de chaleur utilisé dans l’opération de soudage. Dans l’acier 2205 (figure I. 20), la
taille des grains augmente de presque 5 fois quand l’apport de chaleur passe de 0.25 à 1.7
KJ/mm. L’acier superduplex 2507 présente un comportement similaire ; cependant la
croissance des grains dans la ZAT est légèrement retardée.
Figure I. 20. Effet de l’apport de chaleur sur la taille des grains ferritiques [67]
28
Chapitre I Etude bibliographique
Coulée Laminage
29
Chapitre I Etude bibliographique
(figure I. 21) tel que la solidification d’un liquide en contact d’une paroi froide, la
déformation plastique par laminage, tréfilage, forgeage, …etc
Dans le cas de la déformation par laminage (figure I. 22), ce repère est défini par trois
directions :
(RD) représente la direction de laminage et coïncide avec l’axe X.
(TD) représente la direction transverse et coïncide avec l’axe Y.
30
Chapitre I Etude bibliographique
(ND) représente la normale au plan de laminage (RD TD) et coïncide avec l’axe Z.
Si on note par {hkl} tous les plans cristallographiquement équivalents aux plans (hkl) obtenus
par symétrie du cristal, et par <uvw> la famille des directions équivalentes à la direction
[uvw] alors une orientation cristallographique décrite par les indices de Miller s’écrit:
{hkl}<uvw> où :
{hkl} : indices de Miller d’un plan du cristal parallèle au plan de la tôle (RD TD).
<uvw> : indices de Miller d’une direction du cristal parallèle à la direction de
laminage.
Ainsi sur l’exemple présenté à la figure I. 22 le cristal a l’orientation exacte (110)[001], mais
on utilise d’une manière générale la notation {110}<001> qui tient compte de la symétrie du
cristal et éventuellement de celle du procédé.
31
Chapitre I Etude bibliographique
tôles laminées se développe sous forme de fibres ; c'est-à-dire que les orientations des grains
par rapport à la tôle ont en commun un axe du cristal. L’intensité des différentes composantes
de cette texture dépend de plusieurs facteurs tels que la texture initiale de l’acier, la
température et le taux de déformation, l’énergie de défaut d’empilement, la morphologie et la
taille initiales des grains, la présence d’une seconde phase, etc… . Pour les aciers ferritiques à
bas carbone et les aciers inoxydables ferritiques, le laminage entraîne le développement de
deux composantes majeures de texture qui sont :
La fibre α qui s’étale de la composante {001}<110> jusqu’à {111}<110> le long de
<001> // RD. Cette fibre est aussi décrite par {hkl}<001>.
La fibre γ qui s’étale de la composante {111}<110> jusqu’à {111}<112> le long de
<111> //ND, elle est décrite aussi par {111}<uvw>
Une représentation schématique des principales composantes de texture rencontrées dans les
matériaux cubiques et cubiques à face centrée dans l’espace d’Euler est donnée dans la figure
I.23.
(a) (b)
Figure I.23. Représentation des différentes orientations rencontrées dans les aciers à
bas carbone dans l’espace d’Euler. a) matériaux cc, b) matériaux cfc.
32
Chapitre I Etude bibliographique
Suite à une déformation plastique, la structure de la plupart des aciers contient des
zones complexes de sous-grains allongés dans le sens de la déformation. Elle est constituée
aussi de bandes de cisaillement et de fortes densités de dislocation au voisinage des joints de
grains originaux de l’acier [76]. Lors des traitements de recuit, les fortes énergies
emmagasinées dans ces régions déformées font que la germination ne se fait pas d’une façon
aléatoire mais s’amorce dans des sites préférentiels. Les germes ainsi formés prennent des
orientations particulières pouvant affecter la texture finale de recristallisation. On peut donc
dire que le lien entre la texture de déformation et la texture de recristallisation provient de
l’orientation des germes et de leur croissance [80, 81]. Une texture formée suite à la
germination de grains ayant certaines orientations, est issue du phénomène de germination
orientée [80]. Ce phénomène explique l’existence de texture de recristallisation identique à
celle de déformation dans certains matériaux. Les textures issues de la croissance orientée
sont le résultat de la croissance privilégiée des germes possédant une certaine relation
d’orientation avec la structure de déformation (matrice) [81]. Ce comportement est
généralement observé dans les monocristaux où les grains qui se développent rapidement
présentent des relations simples avec la matrice ; par exemple une rotation de 25-27° autour
d’un axe <110> pour les matériaux à réseau cubique centré, et une rotation de 30-40° autour
d’un axe <111> pour les matériaux à réseau cubique à face centrée [76-78]. Les relations que
l’on observe dans la croissance orientée correspondent aux joints de coïncidence qui
présentent une plus grande mobilité et une énergie moindre par rapport à d’autres joints
banals. Ces joints de coïncidence apparaissent en particulier par la formation de macles
pendant le développement d’un grain dans la matrice faiblement écrouie ; ceci se produit
lorsque le maclage conduit à un joint de coïncidence entre macle et matrice et que l’énergie
du joint banal initial est supérieure à la somme des énergies des deux joints formés : joint de
macle formé (énergie très faible) et joints de coïncidence (énergie inférieure par exemple de
10 % à celle du joint banal) [79]
33
Chapitre I Etude bibliographique
34
Chapitre I Etude bibliographique
Les textures formées dans les aciers inoxydables duplex sont en général interprétées
sur la base de celles des aciers monophasés austénitiques et ferritiques. Hutchinson et al. [94]
ont observé une forte anisotropie dans un acier duplex 2205 à forte teneur en azote suite aux
processus de déformation et de recristallisation. Les textures qu’ils ont observées sont
constituées des composantes {100}<110> pour la ferrite et {100}<112> pour l’austénite.
Dans des aciers duplex à différentes teneurs en azote, Akdut et al. [95, 96] ont constaté que
contrairement aux aciers ferritiques à bas carbone où le glissement s’effectue en général sur
les plans {110}, {112} et {123}, le glissement de dislocation dans des aciers duplex à
différentes teneurs en azote devient de plus en plus difficile avec l’augmentation de la teneur
en cet élément. Ils ont conclu ainsi que le glissement de dislocation s’effectue principalement
sur la famille de plans {110} ce qui empêche la formation des textures de fibres α et γ.
Ul Haq et Bunge [97] ont aussi observé des composantes Goss {011}<100> et cube
{001}<100> lors d’une recristallisation partielle d’un acier inoxydable duplex 2205 laminé à
chaud. D’autres travaux réalisés récemment par Padilha et al. [98] et Cizek et al. [99]
convergent vers les mêmes résultats.
35
Chapitre I Etude bibliographique
La relation de Bain est la plus simple dans la mesure où elle n’implique que 3 variantes. Les
relations de KS et NW sont les plus adoptées pour les aciers même si on trouve dans certains
travaux la relation de Greninger-Troiano [104] qui est une relation intermédiaire entre K-S et
N-W. On peut aussi trouver la relation de Pitsh [105] qui a été observée récemment par
Headley et Brooks [106] dans une structure de solidification d’acier inoxydable austénitique.
Le groupe I rassemble les matériaux de structure cfc ayant une énergie de faute d’empilement
relativement faible, susceptibles de maclage thermique conduisant à des macles lamellaires.
36
Chapitre I Etude bibliographique
On trouve dans ce groupe le cuivre, certains aciers inoxydables, le nickel qui a une énergie
moyenne mais présente des macles lamellaires, …etc.
Le groupe II contient les matériaux cfc à forte énergie de faute d’empilement où les macles se
forment préférentiellement aux coins des cristaux.
Le groupe III Contient les métaux cc non soumis au maclage thermique et possédant une
énergie de faute d’empilement relativement élevée.
La structure des joints de grains peut être également définie par la densité réciproque
des sites de coïncidence ∑ évaluée sur la base de la théorie des réseaux de sites de
coïncidence (C.S.L) (appelée encore distribution du caractère de joint de grain), [109-112].
Pour cette définition on a deux caractéristiques principales :
L’indice de coïncidence ∑ qui est l’inverse de la densité de coïncidence entre les
réseaux des deux grains par rapport aux sites réels dans le plan du joint.
Δθ, qui est la déviation angulaire maximale de la coïncidence exacte, pour laquelle le
joint garde ses propriétés. Pour une valeur donnée de l’indice de coïncidence ∑, le
critère de Brandon définit cette déviation par [113] :
15°
. Δθ ≤ (I. 22)
∑
I.5.5.1 Définition du réseau de sites de coïncidence
Le réseau de sites de coïncidence peut être défini comme étant le plus petit réseau
inclus dans les réseaux de deux cristaux [107]. Afin de bien comprendre cette description
cristallographique, il faut prendre deux réseaux cristallins identiques que l’on les superpose
(figure I. 24a). On choisit un site et l’on trace une droite quelconque par ce site.
En faisant tourner les réseaux autour de cet axe l’un par rapport à l’autre, il est
possible d’observer des sites communs à ces deux réseaux ; ces sites sont appelés réseau de
coïncidence (CSL : coïncidence site lattice) ; ils forment un sur-réseau. [114].
37
Chapitre I Etude bibliographique
Joint
Maille 1
Maille 2 Cristal 1
Cristal 2
CSL
ρ est l’inverse de la densité de nœuds communs aux deux réseaux cristallins dans le réseau
CSL.
Dans les matériaux à symétrie cubique, les indices de coïncidence sont tous impairs et
sont reliés à l’angle et à l’axe de rotation θ <uvw> entre les cristaux par les expressions
suivantes [115] :
- λ = u 2 + v 2 + w2 .
38
Chapitre I Etude bibliographique
De plus l’indice ∑ est relié aux indices du plan du joint (hkl) par :
L’indice de coïncidence varie d’une manière discontinue avec l’angle de rotation entre
les cristaux autour de l’axe donné [107]. Dans le tableau I.2, nous présentons un exemple de
ces variations pour des joints de grains de matériaux à symétrie cubique et d’axes de
désorientation <111> et <110> servant de modèle de structures intergranulaires.
Tableau I.2. Exemple de certaines valeurs de l’indice ∑ pour des rotations entre cristaux
autour des axes <111> <110> d’angles inférieurs à 70°53 [107, 115].
∑ θ°<kkl>
1
0
3
60° <111>
7
38° <111>
9
38.94° <110>
11
50.48° <110>
13b
22° <111>
19
26.53° <110>
27
31.59° <110>
33
58.99° <110>
Selon les valeurs de ∑, les joints de grains sont classés en deux catégories [116] :
• Joints quelconques (∑ > 29).
• Joints spéciaux ou joints de coïncidence (∑ < 29).
Les joints spéciaux sont partagés en trois sous-catégories selon la valeur de ∑ à savoir :
• Joints de faible désorientation caractérisés par ∑1.
• Joints de macle caractérisés par ∑3n.
• Joints spéciaux autres que ∑3n caractérisés par ∑5, ∑7, ∑11 à 25 et ∑29
Les joints spéciaux présentent de meilleures propriétés physiques que les joints
quelconques, ils ont par exemple une meilleure résistance à la corrosion intergranulaire, à la
précipitation, au fluage, au glissement intergranulaire et à la fissuration par corrosion sous
contrainte. De plus, le coefficient de diffusion intergranulaire des impuretés dépend fortement
de la structure du joint de grains [114].
39
Chapitre I Etude bibliographique
40
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
Chapitre II
Matériaux et procédures expérimentales
II.1. Introduction :
De nombreuses techniques d'observation, d'analyse et de caractérisation ont été
utilisées pour caractériser la microstructure des échantillons en fonction de leur histoire
thermique. Dans cette partie nous présentons en détail ces techniques et les matériaux utilisés
pour la réalisation de ce travail.
Figure II.1. Micrographie optique de l’acier inoxydable duplex 2205 à l’état initial
41
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
Pour la réalisation des différentes soudures, nous avons utilisé un métal d’apport de nuance
ER 2209 (selon AWS). Les électrodes sont à enrobage basique ou rutile. L’analyse de la
composition chimique de ces deux métaux par spectroscopie à fluorescence X a permis
d’obtenir les pourcentages massiques des différents éléments d’alliage les constituant. Ces
quantités sont données dans le tableau II.1. En comparant les deux compositions on
remarquera que nous avons choisis un métal d’apport à plus faible teneur en carbone que le
métal de base pour minimiser le risque de précipitation des carbures de Chrome ; le taux de
Nickel y est par contre plus élevé pour stabiliser l’austénite dans la zone fondue. La légère
différence en Chrome à l’avantage du métal d’apport permettra de compenser les éventuelles
pertes causées par évaporation. On remarque enfin que les teneurs de tous les éléments sont
dans les limites recommandées pour les aciers inoxydables duplex.
2205 steel (Wt %) 0.03 0.36 1.77 5.70 2.258 22.05 0.018 0.015 0.2 0.14
Filler Metal (Wt %) 0.009 0.39 1.57 8.55 3.29 22.25 0.008 0.001 0.10 0.10
42
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
65°
2mm
2mm
Figure II.2. Forme et dimensions du chanfrein préparé
43
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
44
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
Le choix d’un procédé de soudage pour assembler les aciers inoxydables duplex est
dicté par des impératifs technologiques et économiques. Parmi les procédés utilisés pour
l’assemblage de ces aciers on trouve le SMAW, SAW, MIG, et le TIG.
Pour le soudage des tubes, il est de pratique courante d’exécuter la passe de fond par
soudage TIG puis les passes de remplissage en soudage manuel avec électrode enrobée.
Pour effectuer les soudures bout à bout de notre étude, faites en trois passes, deux
procédés ont été choisis. La première passe (passe de fond) a été réalisée en utilisant le
procédé de soudage TIG (Tungsten Inert Gas) avec un métal d’apport de type DP8T (E 2209)
les deux autres, appelés passes de bourrage, ont été exécutées au procédé de soudage à l’arc
manuel avec électrodes enrobées, SMAW (Shielded Metal Arc Welding). Dans ce qui suit
nous présentons brièvement ces deux procédés.
II.3.2.1. Le procédé TIG
Le procédé TIG est souvent utilisé pour le soudage de tubes et de tôles de faible épaisseur, il
est également utilisé dans les premières passes des structures de forte épaisseur. Le soudage
TIG assure l’intégrité de la zone fondue par sa protection gazeuse. L’absence de transfert de
métal dans l’arc assure un comportement d’arc et de bain très stable garantissant des qualités
de cordons optimales, lisses en endroit et en envers, exempts de défauts tels que les
caniveaux, les morsures ou les projections de métal. La torche de soudage (figure II.4) est
composée de l’électrode de tungstène, d’une arrivée de gaz, et d’une buse en céramique
permettant de canaliser le flux gazeux, et éventuellement d’un circuit de refroidissement. Pour
le soudage manuel, la torche est équipée d’une gâchette qui permet d’amorcer l’arc électrique
et le cycle de soudage [121].
(a) (b)
45
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
46
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
Φ
Ame Enrobage
Coupe partielle l
L
Les éléments les plus usités dans leur fabrication sont des minerais, des silicates, des
carbonates, des matières organiques, des métaux en poudres, du graphite, …etc. l’enrobage
assure trois fonctions essentielles : électrique, physique et métallurgique. La fonction
électrique est liée à l’amorçage et à la stabilisation de l'arc, et la fonction physique concerne la
viscosité et la tension superficielle du laitier qui contrôlent le transfert des gouttelettes du
métal, la protection efficace du bain de fusion ainsi que sa mouillabilité. Le rôle
métallurgique comprend les réactions chimiques entre le métal fondu et l’enrobage, c'est-à-
dire, l’affinage du métal fondu.
47
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
ND TD
RD
48
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
• Traitements entre 800-1000°C : l’objectif visé par ces traitements concerne l’étude de
la décomposition de la ferrite δ en phase σ, en carbures de chrome M23C6 et en
austénite secondaire γ2 ; l’austénite γ est stable dans cette plage de température.
T (°C) 1250
1150
1050
Mise en solution
Trempe (eau)
Maintien
isotherme
à 850 °C
Trempe (eau)
t (s)
Figure II.8. Représentation schématique des séquences
des traitements thermiques utilisées
49
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
Nous avons utilisé un microscope optique de marque ZEISS Axio Plan équipé d’une
caméra numérique avec logiciel (AXIO Cam MRc) permettant l’acquisition et la sauvegarde
50
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
des différentes images. L’estimation des proportions des différentes phases après traitement
thermique est basée sur le traitement des images obtenues de l’attaque électrolytique. Le
microscope est équipé d’un logiciel ATLAS® qui permet d’estimer les taux de ferrite δ et de
la phase σ à toutes les étapes désirées. Les taux de la phase σ sont par la suite utilisés pour
l’étude de sa cinétique de précipitation. Les étapes suivies pour obtenir une image binaire
servant à l’estimation du pourcentage de la phase σ sont regroupées dans la figure II.9:
(a) (b)
(c)
Figure II.9 : Etapes pour l’obtention d’une image binaire servant à estimer le
pourcentage de la phase σ : a) image initiale non traitée, b) image transformée en
nuances de gris, c) image finale binaire.
1. Sur l’image (a) de la figure II.9, les trois phases (δ, γ et σ) apparaissent avec
différentes couleurs,
2. L’image (b) est la transformée en nuances de gris de l’image (a),
3. L’ajustement de la luminosité et du contraste de l’image permet d’obtenir une
image finale binaire (c) où apparaît la phase σ dans la couleur que l’on désire; le
reste de la matrice demeurant en blanc.
51
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
accélérés par des tensions réglables de 0,1 à 30 kV, de le focaliser sur la zone à examiner et de
la balayer progressivement. Des détecteurs d'électrons spécifiques (secondaires, rétrodiffusés,
parfois absorbés…), complétés par des détecteurs de photons, permettent de recueillir les
signaux lors du balayage de la surface et d'en former diverses images significatives.
Pour d’autres taches liées à l’analyse des compositions chimiques des matériaux, le
microscope électronique à balayage est souvent équipé d’un système EDS (spectrométrie à
dispersion d’énergie). Cette technique permet d’analyser le spectre d’un rayonnement X au
moyen de l’énergie des photons détectés. On dispose pour cela d’un détecteur semi
conducteur, en général une diode Si-Li, soumis à une tension de pré-polarisation. Lorsqu’un
photon X pénètre dans le détecteur, il engendre des défauts (paires électron/trou) qui
permettent le passage d’un courant électrique. Plus un photon a de l’énergie, plus il crée de
défauts dans la diode Si-Li, donc plus l’impulsion générée sera forte. La hauteur de
l’impulsion est proportionnelle à l’énergie du photon, on peut ainsi immédiatement savoir de
quel photon il s’agit. Après, il suffit de compter le nombre d’impulsions d’une hauteur donnée
pour savoir le nombre de photons d’une énergie donnée que le détecteur a reçu. L’énergie des
photons reçus est par la suite déterminée par le détecteur, on obtient ainsi des
diffractogrammes contenant les spectres correspondants aux éléments chimiques détectés.
Toutes les observations et microanalyses ont été réalisées sur un microscope à
balayage de marque JEOL JSM-6360 LV avec une tension d’accélération de 25KV. Pour les
analyses EDS, la vitesse de comptage des rayons a été estimée à 2x103 coups/s. Les
pourcentages en masse de chaque élément à partir des spectres sont obtenus en utilisant la
méthode de correction « ZAF » qui tient compte des effets de matrice.
52
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
53
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
précipités, …etc. La diffraction des rayons X est l’une des techniques permettant le suivi de la
formation des phases cristallines et de leur évolution lors d'un tel traitement.
L'identification des phases cristallines par diffraction rayons X est rendue possible
grâce à la périodicité de l'arrangement atomique (structure) des cristaux qui sont uniques
d’une phase à l’autre. Ces périodicités sont dues à un empilement de plans identiques dans un
cristal et sont décrites par des longueurs correspondant aux distances entre les plans
d’empilement. Pour que la diffraction se produit, il faut que les ondes diffractées par les
différents plans soient en phase, c'est-à-dire que la différence de marche des rayons
rencontrant ces plans soit égale à un nombre entier (Figure II.11). Si l’on connaît la longueur
d’onde λ du faisceau de rayon X, on peut mesurer à partir de l’angle θ l’équidistance d et ainsi
identifier la nature du cristal. Cette distance nommée dhkl, est donnée par la loi de Bragg où
les indices hkl désignent la direction considérée dans le cristal:
2dhkl.sin θ = n.λ
avec :
n : Ordre de la diffraction.
λ: longueur d’onde du faisceau de rayons X.
d : distance entre deux plans réticulaires.
θ: angle d’incidence des rayons X.
L’ensemble des spectres de diffraction a été établi à l’aide d’un goniomètre 4 cercles
de marque INEL (figure II.12) contenant une source conventionnelle Co (foyer ponctuel). Le
rayonnement X monochromatique est produit par une anticathode graphite plan (foyer
ponctuel) de longueur d’onde λ = 1.7902 Å. La translation de l’échantillon sur lui-même a
permis d’augmenter la statistique de comptage.
54
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
55
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
électrons diffractés sortent de l’échantillon selon des directions contenues dans la surface d’un
cône dont l’axe est normal aux plans diffractants.
(a) (b)
56
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
fichier pour chaque point de mesure ses coordonnées (x, y), ses angles d’Euler (Φ1, Φ, Φ2), un
indice de qualité q lié à la finesse des diagrammes ainsi que les phases de l’acier. Une
cartographie des orientations des grains est obtenue en balayant avec le faisceau d’électrons la
surface de l’échantillon. Cette technique possède une résolution spatiale d’une centaine de nm
et une précision de quelques degrés.
Des éprouvettes de chaque tube sont préparées selon la norme AFNOR NF A89-200
(figure II.14) [122]. Les essais de traction ont été réalisés au centre de recherche en soudage
d’Alger à l’aide d’une machine d’essais hydraulique de marque INSTRON pilotée par le
software Merlin® d’une capacité de 600 kN. Ces essais ont été effectués à température
ambiante avec une vitesse de déformation constante.
57
Chapitre II Matériaux et procédures expérimentales
Rmin : 25 mm
230 mm
32 mm
20 mm
80 mm
Figure. II.14 : Dimensions de l’éprouvette de traction selon Afnor NF A89-200.
55 mm
5 mm
2 mm
10 mm
(a)
(b)
Figure. II.15 : a) Forme et dimensions de l’éprouvette de résilience.
b) zones de prélèvement d’éprouvettes.
58
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Chapitre III
Résultats expérimentaux et discussion
III.1.1. Introduction
L’étude de la structure métallurgique des soudures des aciers inoxydables duplex est
d’une importance primordiale dans la maîtrise des propriétés de tels assemblages. Dans le cas
du soudage multi-passes, la succession des cycles thermiques conduit la transformation
ferrite (δ) ↔ austénite (γ) à différents taux d’achèvement et influe sur l’équilibre δ/γ au
niveau de la soudure. Le contrôle de cet équilibre δ/γ dans les soudures d’aciers inoxydables
duplex n'est pas aussi simple que dans le métal de base. Les analyses de la microstructure des
joints soudés montrent que la proportion de chaque phase est fonction de la composition
chimique, de la température maximale atteinte lors de l’opération de soudage, et de la vitesse
de refroidissement depuis cette température. Dans la zone fondue, la microstructure peut être
contrôlée en équilibrant les effets de la composition du métal d’apport et de la vitesse de
refroidissement du joint soudé. Dans la zone adjacente (zone affectée thermiquement ZAT),
l’équilibre δ/γ est commandé principalement par la vitesse de refroidissement. Par
conséquent, la microstructure des joints soudés en acier inoxydable duplex peut changer de
manière significative par rapport à celle du métal de base. Cette variation compromet souvent
leur tenue à la corrosion et leur comportement mécanique dans les conditions de service. La
maîtrise des microstructures de la ZAT des aciers inoxydables duplex dépend d'une meilleure
compréhension des transformations de phase.
Dans ce chapitre nous présentons les différents états de structure du joint de soudure
suite à l’opération de soudage et aux traitements thermiques post-soudage. Le métal d’apport
utilisé (22Cr – 9Ni – 3Mo) permet d’obtenir des taux de ferrite pouvant aller jusqu’à 45%
dans certains endroits de la soudure.
59
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
1 2 3 4
La zone 1 est le métal de base non affecté par les cycles thermiques de soudage. Dans
cette zone le métal ne subit pas de transformation et donc conserve sa structure initiale. Les
zones 2 et 3 constituent la ZAT ; dans cette zone les cycles thermiques de soudage provoquent
à partir de l’état initial de l’acier une ou plusieurs transformations à l’état solide. Dans le cas
de l’acier inoxydable duplex 2205, on enregistre la transformation γ→δ au chauffage et δ→γ
au refroidissement. Cependant certaines structures de forte épaisseur où on a un
refroidissement lent, peuvent être sujettes à une transformation de la ferrite en phases et
composés intermétalliques (σ, χ, carbures …etc.).
La zone 4 désigne le métal fondu caractérisé par la présence d’une structure de
solidification. Dans ce qui suit nous présentons en détail l’évolution structurale dans chacune
de ces zones dans le cas de l’acier inoxydable duplex 2205.
60
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
a)
b)
Figure III.2 représentation schématique du prélèvement d’échantillons à partir des
soudures a) une passe, b) 3 passes
61
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
γδ
a) b)
Figure III.3 Cartographies EBSD du métal fondu obtenu en une seule passe de soudage.
a) cartographie d’orientation, b) cartographie en mode phase.
62
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Ligne de
fusion
Sens du soudage
Bain de
Métal fusion
de base
Joints de grains
50µm solidifiés
a) b)
Figure III.4 Illustration de la croissance épitaxique, a) micrographie optique,
b) représentation schématique.
La structure du métal fondu de cet échantillon est constituée de 67% de ferrite et 33%
d’austénite. La morphologie des grains d’austénite reflète le refroidissement rapide de la
soudure suite à la première passe.
63
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
γ
δ
Ces différentes morphologies de l’austénite ont déjà été observées dans des cas
similaires de solidification d’aciers inoxydables duplex. La présence d’une ou de toutes ces
morphologies dans les soudures de ces aciers est fonction de plusieurs facteurs,
particulièrement la taille des grains ferritiques, la vitesse de refroidissement [130, 131] et la
composition chimique de l’acier par sa teneur en azote surtout [132, 138, 170].
64
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
alphagènes et gamagènes dans chacune des phases. Un exemple de spectre d’analyse est
représenté dans la figure III.6, les pourcentages massiques correspondants sont donnés dans le
tableau III.1.
γ δ
(a) (b)
Figure III.6. Spectres d’analyse de composition chimique du
métal fondu. a) austénite, b) ferrite
D’une manière générale la répartition des éléments d’alliages dans le métal d’apport
des soudures d’acier inoxydable duplex 2205 suit le même ordre que celui du métal de base.
Dans le cas des faibles énergies de soudage, où les vitesses de refroidissement sont
relativement élevées, la répartition des éléments substitutionnels (Cr, Ni, Mo, … etc) se fait
dans la plupart des cas équitablement entre la ferrite et l’austénite, alors que les éléments
interstitiels, qui contrôlent la transformation, sont fortement concentrés dans l’austénite. Par
contre, lors de l’utilisation de forts apports de chaleur (qui entraîne de faibles vitesses de
65
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
66
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
L’état structural obtenu dans cette zone est très proche de celui du métal fondu des soudures
réalisées en une seule passe où le refroidissement rapide a entraîné une transformation δ → γ
partielle. De cette figure il ressort aussi que la teneur de la microstructure en austénite
intragranulaire est relativement faible.
Dans la zone de surchauffe, l’austénite reformée prend les aspects suivants :
- Austénite allotrimorphe.
- Austénite Widmanstatten.
- Austénite intragranulaire.
Lors du refroidissement, l’austénite allotrimorphe se forme aux interfaces δ/δ à très
haute température par un mécanisme de précipitation hétérogène. Au fur et à mesure que
le refroidissement se poursuit l’austénite Widmanstatten précipite aux interfaces δ/δ et
dans les interfaces δ/γ allotrimorphe déjà formée. Les grains d’austénite Widmanstatten
croissent selon des plans spécifiques de la matrice ferritique d’après les travaux de Chen
et al [133]
Comparée à l’austénite Widmanstatten, l’austénite intragranulaire précipite à des
températures moins élevées dans la matrice ferritique. Ces différentes formes d’austénite sont
très proches de celles observées par Hwang et al [134] dans un alliage duplex de type
Fe-Mn-Al-C et par Atamert et al [132].
Dans la zone recuite partiellement (partie droite de la figure III.7) les proportions
relatives des deux phases en chaque point dépendent du niveau atteint par le gradient
thermique en ce point.
67
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
[135] ne dépasse pas la limite du domaine biphasé δ + γ (environ 1300 à 1350 °C). Dans cette
zone on observe une faible recristallisation de la microstructure qui se traduit par une
modification de la morphologie des grains des deux phases.
Cette faible recristallisation est suivie par une légère croissance des grains particulièrement
ceux de la phase ferritique comme le montre la micrographie optique de la figure III.8.
Les micrographies électroniques à transmission des deux parties de la ZAT sont
présentées dans la figure III.9. Dans la zone de surchauffe, la figure III.9.a confirme les
résultats observés précédemment où on trouve de l’austénite Widmanstatten et intragranulaire
dans la matrice ferritique.
(a) (b)
Figure III.9. Micrographies électroniques en transmission a) zone de surchauffe,
b) zone de recuit partiel.
68
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
69
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Le tableau III.2 présente les valeurs des taux de ferrite et d’austénite correspondant à chacune
des zones de la figure III.10.
Tableau III.2 Taux de ferrite et d’austénite dans les différentes zones de la soudure.
Zone
1 2 3 4 5 6
fraction
volumique de la 44 25 35 72 58 52
ferrite (%)
fraction
volumique de 56 75 65 28 42 48
l’austénite (%)
Nous avions conclu dans un précèdent travail [136] que le centre du métal fondu, qui
correspond à la deuxième passe de soudage (zone 2 de la figure III.10), est caractérisé par un
taux élevé d’austénite (75%) dû à une faible vitesse de refroidissement dans cette zone. Ceci
donne plus de temps à la transformation δ → γ pour se produire. Nous avions montré d’autre
part que la zone de surchauffe (zone 4) est caractérisée par un taux de ferrite très élevé (72%)
qui traduit la ferritisation de cette zone sous l’effet du gradient thermique du soudage. A cause
du refroidissement rapide dans cette zone, la transformation δ → γ est interrompue et une
proportion très importante de cette ferrite est maintenue à la température ambiante.
70
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b) (c)
Figure III.12 Micrographies électroniques à balayage obtenues suite au traitement
de vieillissement à 850°C. a) ZAT, b) métal de base, c) métal fondu.
71
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
La formation de ces précipités débute dans les interfaces δ/δ et se propage à l’intérieur des
grains ferritiques. En élevant la température de vieillissement jusqu’à 1000°C on observe la
disparition graduelle de ces précipités. Au-delà de cette température la microstructure de
l’acier retrouve sa constitution biphasée. A cause de son effet néfaste sur les propriétés
mécaniques et la résistance à la corrosion, la fraction volumique de la phase σ formée suite à
chaque température de traitement est estimée au moyen de la technique de métallographie
quantitative.
35
20 métal de base
σ
δ 15
10
0
800 850 900 950 1000 1050 1100
Temperature de recuit (°C)
Figure III.13 Exemple de micrographie Figure III.14 Evolution de la fraction
optique du métal de base utilisée pour le volumique de la phase σ en fonction de la
calcul de la phase σ. température de vieillissement.
72
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (a)
73
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(b) (b)
(c) (c)
Figure III.15 Micrographies optiques du Figure III.16 Micrographies optiques de la
métal fondu après traitement d’hypertrempe. zone affectée thermiquement après traitement
a) 1050 °C, b) 1150 °C, c) 1250°C d’hypertrempe.
a) 1050 °C, b) 1150 °C, c) 1250°C
Les grains d’austénite évoluent vers une structure cellulaire au niveau des interfaces
δ/δ. Cette forme des grains d’austénite indique une réorganisation des joints de grains tendant
vers un meilleur équilibre.
Après un traitement d’hypertrempe à 1150 °C on obtient les micrographies
électroniques en transmission du métal de base et du métal fondu aux figures III.17 et III.18.
On observe nettement que les joints de grains évoluent vers l’état d’équilibre
thermodynamique qui consiste en la diminution de l’énergie d’interface. Cet état semble plus
net dans le métal de base (figure III.17b) que dans le métal fondu même si la figure III.18
montre une certaine tendance des joints de grains de cette zone à atteindre l’état d’équilibre.
La forme des joints de grains du métal de base, suite au traitement à 1250°C, est proche de
74
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
l’état d’équilibre idéal schématisé à la figure III. 19. En effet, à cette température les joints de
grains tendent à former une jonction triple qui peut être définie comme la ligne de rencontre
des joints de trois grains différents. Les angles α, β, et γ entre ces joints varient selon que la
triple jonction formée est symétrique ou asymétrique.
(a) (b)
Figure III.17 Micrographie électronique en transmission du métal de base suite à un
traitement d’hypertrempe à 1150 °C
α β
Ces évolutions morphologiques lors des traitements thermiques influent d’une manière
directe sur la fraction de la ferrite enregistrée suite à chaque température. Comme le montre la
figure III.20, la fraction volumique de la ferrite δ augmente avec la température
d’hypertrempe dans les différentes zones de la soudure. Cette augmentation s’effectue de
manière plus accentuée dans la ZAT que dans les autres zones à cause de l’historique
thermique de cette zone [65]. La différence enregistrée dans la vitesse de croissance du taux
75
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
de ferrite δ est due aussi à l’effet de la microstructure de départ (avant traitement thermique)
comme l’ont rapporté Zhang et al. [137]. Une microstructure initiale à gros grains ferritiques
(cas de la ZAT en soudage) est plus favorable à la transformation γ → δ lors des traitements
thermiques à des températures proches de celles du domaine ferritique monophasé. Cette
transformation est aussi contrôlée par la diffusion de l’azote et sa teneur dans l’acier d’après
les travaux de Park et al. [138]. Elle est par contre lente dans le métal fondu à cause de sa
composition chimique et sa teneur en austénite. Ainsi d’après cette figure on conclut que le
traitement d’hypertrempe à 1050 °C pendant 1h permet d’obtenir un meilleur équilibre de
phase γ/δ dans la ZAT et dans la zone fondue sans affecter celui du métal de base.
92
88
ZAT
84
métal de base
80
Fraction volumique de la ferrite (%)
zone fondue
76
72
68
64
60
56
52
48
44
40
1050 1100 1150 1200 1250 1300
Temperature de recuit (°C)
76
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
α (110)
γ (111)
MB-NT
MB-1050
MB-1250
α (211)
γ (220)
γ (200)
40 50 60 70 80 90 100 110
ZF-1p
ZF-2p
ZF-3p
α (211)
ZF-1050
γ (200)
ZF-1250
α (200)
40 50 60 70 80 90 100 110
Dans la zone fondue (figure III.22), on observe un effet de texture dans le cas de la
77
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
soudure réalisée en une passe. Ceci est dû au gradient de texture induit par le phénomène de
solidification de la soudure (on montrera plus tard qu’une relation d’orientation
cristallographique très marquée est obtenue pour cette soudure). On constate aussi que ces
effets de texture faiblissent avec l’augmentation du nombre de passes de soudage et le
traitement thermique. En élevant la température de traitement thermique de 1050 à 1250°C,
on remarque que la différence entre les intensités des pics (111)γ et (110)α n’est pas aussi
importante que celle enregistrée dans le métal de base ; ceci peut être lié à la répartition des
phases δ et γ dans la zone fondue et à sa composition chimique.
On remarque que la teneur de la ferrite en éléments Cr, Mo diminue tandis que celle en Ni
augmente avec la température d’hypertrempe. On remarque aussi que le métal fondu est plus
riche en Cr, Ni et Mo que le métal de base. Ceci peut être attribué à la nature du métal
78
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
28 28
24
24
Composition (% en masse)
Composition (% en masse)
20
% Cr 20
16 % Cr
% Mo
16 % Mo
% Ni
12 % Ni
12
8
4 8
0 4
1000 1050 1100 1150 1200 1250 1300 1000 1050 1100 1150 1200 1250 1300
Temperature (°C) Temperature (°C)
(a) (b)
Figure III.23. Evolution de la composition chimique de la ferrite en fonction de la
Température d’hypertrempe a) dans le métal de base, b) dans le métal fondu.
79
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
80
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
conclut ainsi d’après les trois figures analysées que la combinaison optimale des propriétés
mécaniques du joint soudé est obtenue avec un traitement d’hypertrempe à 1050°C
pendant 1h.
480 840 40
460 métal de base contrainte maximale
440 820 élongation
ZAT
420 35
zone fondue
400
Elongation (%)
30
360 780
Dureté HV
340
320 760
25
300
280 740
260 20
240 720
220
200 700 15
700 800 900 1000 1100 1200 1300 800 850 900 950 1000 1050 1100 1150 1200
Temperature de recuit (°C) Temperature de recuit (°C)
Figure III.25. Evolution de la contrainte
Figure III.24. Evolution de la dureté en
maximale en traction et de l’allongement
fonction de la température de recuit.
à la rupture en fonction de la température
de recuit.
ZAT
Zone fondue
Energie absorbée (daJ)
Métal de base
81
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
82
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
clairement indiqué par la figure III.27.a, caractérisée par un état de surface relativement lisse.
A cet échelle d’observation des fissures indiquent le seuil élevé de fragilisation de l’acier lors
de son traitement à 850 °C.
(a) (b)
Figure III.27. Vue macrographique des faciès de rupture de la ZAT.
a) traitement à 850 °C, b) traitement à 1050°C.
Figure III.28 Faciès de rupture de la ZAT Figure III.29. Faciès de rupture de la ZAT
obtenu après traitement à 850°C. obtenu après traitement d’hypertrempe
à 1050°C.
Par contre, la figure III.27.b illustre le phénomène d’arrachement de matière
caractérisant une rupture ductile. La figure III.28 montre clairement le caractère
intergranulaire de la rupture fragile. Des fissures secondaires sont aussi observées à l’intérieur
de quelques grains. Ceci montre que la rupture a eu lieu non seulement aux joints de grains
mais aussi à l’intérieur des grains, particulièrement ceux de la ferrite, suivant les interfaces
83
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
δ/σ. Cette fragilité est due à la présence des phases intermétalliques telle la phase σ qui est
dans ce cas dominante ; la phase σ a la particularité d’être très dure et son domaine de
plasticité est très réduit. Sa présence dans les interfaces δ/δ et δ/γ entraîne une forte
diminution de l’énergie de cohésion des joints de grains, donc toute sollicitation entraîne une
concentration de contraintes au niveau des interfaces δ/σ et γ/σ. Cette concentration de
contrainte provoque la naissance des microcavités, l’interconnexion de ces microcavités est à
l’origine de la propagation des fissures provoquant la rupture fragile de l’acier. La rupture
dans la ZAT à cette température est donc une rupture intergranulaire et transgranulaire. Ce
mode de rupture change en augmentant la température de traitement thermique de 850 à 1050
°C. La figure III.29 est une fractographie à cupules, elle représente le caractère de rupture
ductile accompagnée d’une déformation plastique. Les cupules ont des tailles qui varient de
quelques microns à quelques dizaines de microns. Ce mode de rupture a été observé aussi
dans d’autres cas d’aciers inoxydables duplex par Tavares et al. [140] et Sieurin et al.[141].
84
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
85
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
a) b)
Figure III.30. Micrographies optiques du métal de base vieilli à 850 °C pendant
a) 15’, b) 5h Suite à une hypertrempe à 1050 °C
a) b)
Figure III.31. Micrographies optiques du métal de base vieilli à 850 °C pendant
a) 15’, b) 5h Suite à une hypertrempe à 1150 °C
a) b)
Figure III.32. Micrographies optiques du métal de base vieilli à 850 °C pendant
a) 15’, b) 5h Suite à une hypertrempe à 1250 °C
86
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
γ
M23C6
(b) (c)
87
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
γ
γ
M23C6
M23C6
γ2 σ
δ
(a) (b)
88
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (b)
Figure III.35. Micrographie électronique à balayage après hypertrempe à 1150°C
pendant 1 h et vieillissement à 850°C pendant 15’.
a) ZAT, b) zone fondue.
89
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
σ
γ2 σ
Carbures
M23C6
γ δ γ δ γ γ δ
δ
(a) (b) (c) (d)
Stade I Stade II Stade III
Figure III.36. Illustration schématique des différents stades de la
décomposition de la ferrite
90
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (b)
Figure III.38. Micrographie électronique à transmission de la ZAT après hypertrempe à
1250°C pendant 1 h et vieillissement à 850°C pendant 1h,
91
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
uniforme et selon Ramirez et al [29, 143], cette instabilité est due à la combinaison de
plusieurs facteurs dont les plus importants sont :
1. La variation de l’énergie d’interface δ/γ, qui dépend de l’orientation des particules γ1
avec la matrice ferritique et le plan d’interface. L’amplitude de variation de l’énergie
d’interface peut rendre la réaction de croissance du film γ2 plus rapide aux endroits où
elle est la plus élevée.
2. La disponibilité et la diffusion des éléments gammagènes (Ni, N). Comme on le
constate à la figure III.38.b, lorsque l’interface δ/γ1 est située devant un large domaine
ferritique, la croissance de l’austénite intragranulaire γ2 est stimulée par la
sursaturation en éléments gammagènes de ce domaine.
En plus de ces deux facteurs, la visibilité de la largeur de l’interface δ/γ est tributaire du
positionnement spatial du plan de coupe lors de la préparation de l’échantillon pour
l’observation microscopique (polissage mécanique, électrolytique, etc… .).
Ainsi la combinaison de ces différents facteurs entraîne une épaisseur non homogène du film
γ2 qui enrobe les grains d’austénite intragranulaire γ1 comme on le voit sur la figure III.38.b
L’augmentation de la température d’hypertrempe de 1050 à 1250 °C influe sur la
décomposition de la ferrite lors du vieillissement à 850°C :
- Elle accroît la quantité de cette phase dans les différentes zones de la soudure.
- Elle augmente la taille des grains de cette phase.
- Elle modifie sa composition chimique.
Lors des traitements de vieillissement à 850°C, la transformation de la ferrite commence par
la formation des carbures de chrome et d’austénite secondaire intragranulaire due à
l’augmentation de la teneur en Ni dans les grains de ferrite selon Lai et al [16] et Lo [17].
Ainsi, la formation de la phase σ dans ce cas est repoussée vers des durées de maintien plus
longues. Ce retard de précipitation de la phase σ peut avoir deux explications possibles:
1. L’augmentation de la température d’hypertrempe de 1050 à 1250 °C entraîne une forte
croissance des grains ferritiques qui ont pour conséquence la diminution de la densité
des joints de grains. Cela entraîne l’élimination d’un nombre important de sites
privilégiés de germination et donc le retard enregistré dans la précipitation de la phase
σ. En se basant sur les travaux de Chen et al [15] on peut donc conclure que la
précipitation de la phase σ est influencée beaucoup plus par la taille des grains que par
le taux de ferrite.
92
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
93
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
des régions avoisinantes (les grains de la ferrite) vers le précipité. L’équation (I. 14) du
paragraphe I. 3. 4, obtenue de l’expression de la vitesse de croissance des précipités, nous
⎛ 1 ⎞
permet de tracer les variations de ln ln⎜⎜ ⎟⎟ en fonction de ln t pour le métal de base et le
⎝1− y ⎠
métal fondu, les résultats sont présentés dans la figure III. 39. Les courbes montrent qu’au
début de la transformation, les résultats expérimentaux sont en accord avec la droite
théorique de régression du modèle, cependant à partir d’un certain taux de transformation les
points expérimentaux s’écartent de la droite théorique. Cette déviation peut être due à l’une
des deux raisons suivantes :
• au dernier stade de la transformation, les précipités en croissance entrent en
concurrence en raison de la rencontre des fronts de croissance formant un joint de
grains ; ce phénomène peut se poursuivre jusqu’à l’empiètement des grains des
précipités
• la composition de la phase mère (ferrite δ) se rapproche de l’équilibre et les atomes du
soluté (le molybdène) atteignant le précipité deviennent de plus en plus rares. On parle
donc d’épuisement de la matrice en soluté.
⎛ 1 ⎞ ⎛ 1 ⎞
ln ln⎜⎜ ⎟⎟ ln ln⎜⎜ ⎟⎟
4
⎝1− y ⎠ 4
⎝1− y ⎠
Métal de base. Métal fondu
3 3
c=0
2 2
1
(ln t )
1
0
(ln t )
0
6 7 8 9 10 11 12 6 7 8 9 10 11 12
-1 1050 °C
-1 1050 °C
1150 °C
1150 °C
-2 1250 °C
-2 1250 °C
Linéaire (1250 °C)
Linéaire (1250 °C)
-3 Linéaire (1050 °C)
-3 Linéaire (1050 °C)
Linéaire (1150 °C)
Linéaire (1150 °C)
-4 -4
Figure III.39 : application du modèle de JMA classique à la précipitation de la phase σ après hypertrempe
depuis 1050°C et traitement isotherme à 850 °C.
94
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Lee [49] portent essentiellement sur le terme de cette fraction et ce en introduisant l’exposant
d’empiètement c.
La nouvelle expression de la vitesse de croissance donnée dans l’équation (I. 16) nous
⎡ (1 − y )− c − 1⎤
permet de tracer la courbe ln ⎢ ⎥ = f (lnt ) pour les mêmes cas étudiés
⎣ c ⎦
précédemment.
5 ⎡ (1 − y )− c − 1⎤
ln ⎢ ⎥ Méta de base
5
Méta fondu
4 ⎣ c ⎦ C = 0.3 4
C = 0.3
3 3
2 2
1 1
ln(t) ln(t)
0 0
6 7 8 9 10 11 12 6 7 8 9 10 11 12
-1 -1 1050 °C
-2 1050 °C 1150 °C
-2
1150 °C 1250 °C
-3 1250 °C -3 Linéaire (1250 °C)
Linéaire (1250 °C) Linéaire (1050 °C)
-4 -4
Linéaire (1050 °C) Linéaire (1150 °C)
⎣ c ⎦
ZAT
4
MB
1
ln(t)
0
6 7 8 9 10 11 12 13
-1 ln t
-2
-3
95
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
prise en compte de l’effet de l’empiètement, on obtient un bon accord entre les résultats
expérimentaux et la droite théorique de régression.
Dans le cas présent le paramètre c donnant la meilleure corrélation, aussi bien dans le
métal fondu que dans la ZAT ou le métal de base, est voisin de 0.3 (voir aussi figure III.41).
Le fait d’obtenir la même valeur du paramètre c dans les trois zones de la soudure,
pour les trois températures d’hypertrempe 1050, 1150 et 1250°C, montre que la croissance
des grains σ au stade final de la transformation est identique et ce malgré les évolutions
enregistrées dans la microstructure (morphologie et taille des grains) et la composition
chimique. La compétition entre les grains σ pendant leur croissance peut donc être due au
mécanisme lamellaire régissant la transformation de la ferrite δ.
1,5 1,5
dy/dt
dy/dt
1 1
0,5 0,5
0 0
100 1000 10000 100000 100 1000 10000 100000
1 1
1050 °C
0,9 0,9 Métal fondu
1050 °C 1150 °C c = 0.3
0,8 1150 °C Métal de base 0,8 1250 °C
c = 0.3
1250 °C
Transformed fraction (y)
Transformed fraction (y)
0,7 0,7
0,6 0,6
0,5 0,5
0,4 0,4
0,3 0,3
0,2 0,2
0,1 0,1
0 0
100 1000 10000 100000 100 1000 10000 100000
L’allure des courbes des vitesses de croissance (figure III. 42) et du taux de
96
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
97
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
98
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
ceux du plan RD-ND (figure III.2.a) qui, malgré leur recristallisation, restent plus allongés
dans le sens du laminage. Cet état de structure traduit l’empêchement des phénomènes de
germination et de croissance par les joints de grains de chacune des deux phases. Les grains
de la phase ferritique sont moins fragmentés. L’état structural de cette phase sur les deux
plans d’analyse, comme le montrent les figures III.44.b et III.45.b, semble moins recristallisé
que celui de la phase austénitique. Ceci est dû à la différence d’énergie emmagasinée par les
deux phases lors de la déformation et qui est plus élevée dans l’austénite que dans la ferrite
[92, 145, 146].
100 µm 100 µm
(a) (b)
(c)
99
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (b)
(a)
ND
(c)
Selon Reick et al. [145], ce type de comportement structural a trois causes principales :
(i) Les dislocations sont plus mobiles dans la ferrite (la ferrite possède un nombre de
système de glissement et une énergie de défaut d’empilement plus élevés que
l’austénite).
(ii) Les dislocations ont un arrangement plus favorable dans la ferrite (substructure de
cellules de dislocation).
(iii) La vitesse de diffusion est plus élevée dans la ferrite que dans l’austénite.
Du point de vue de l’orientation des grains, les différentes couleurs présentes sur les
cartographies indiquent l’orientation des plans perpendiculaires à la direction normale au plan
de laminage (DN). Les figures de pôles (111) et (200) de la figure III.46 correspondant à cet
100
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
état, indiquent que les orientations préférentielles de la plupart des grains de l’austénite sont
autour des directions <001>//RD et <111>//RD. Cependant la figure de pôle (110) montre
l’existence d’une autre orientation cristallographique autour de la direction <110> //ND mais
moins dominante.
Figure III.46. Figures de pôles (111), (110) et (200) de l’austénite dans le métal
de base sur le plan (RD-ND)
Figure III.47. Figures de pôles (111), (110) et (200) de la ferrite dans le métal
de base sur le plan (RD-ND)
101
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Les figures de pôles (111), (110) et (200) de la ferrite (figure III.47), indiquent que les grains
de cette phase ont une orientation autour de la direction <001>// ND. Cette orientation semble
dominante comme le montrent les figures III.45.b et III.47.
Dans le but de décrire en détail l’évolution de la texture dans les différentes zones de
la soudure, un calcul des FDO est effectué à partir des données expérimentales. Afin de
faciliter leur lecture, nous représentons schématiquement sur la figure III.48 les principales
orientations rencontrées dans la ferrite et l’austénite.
_
__ __
(001)[010]
(001)[110]
ϕ1 Cube tourné Cube (001)[110]
Cube tourné
φ
Fibre α Fibre cube
Fibre α Fibre cube
_ __
(113)[110] (113)[332]
__
_
(112)[111]
(112)[110]
Fibre γ Cuivre
_ Fibre γ
(223)[110]
_ _ __
(111)[231] (111)[132] (111)[123] __
_
(111)[112]
(111)[110]
_ _ __
(111)[121] (111)[010] (554)[225]
_ __
(332)[110] (332)[113]
_
(110)[110] (110)[001]
Goss tourné Goss
Laiton
_
(110)[112]
Figure III.48. Quelques orientations idéales des matériaux cubiques a)dans l’espace
d’Eulerb) Orientations remarquables sur une coupe à ϕ2 = 45°
102
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
103
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.49. ODF de l’austénite dans le métal de base. A) plan (RD-ND), b) plan (RD-TD)
104
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.50. ODF de la ferrite dans le métal de base. A) plan (RD-ND), b) plan
(RD-TD)
105
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Discussion :
Du point de vue des phénomènes de recristallisation, les matériaux métalliques
peuvent être classés dans quatre groupes principaux :
a) métaux purs,
b) alliages monophasés, présents souvent en solution solide,
c) alliages présentant une dispersion de particules
d) les alliages biphasés, dis duplex [145].
Dans les alliages du groupe (c) où le pourcentage volumique de particules est
généralement inférieur à 10 %, la phase constituant la matrice est généralement plus ductile et
les précipités sont considérés plastiquement non déformables. Les alliages du groupe (d) qui
se caractérisent par une haute teneur en seconde phase comprennent, entre autres, les aciers
inoxydables duplex. Pour ces aciers, il est généralement considéré que les deux phases se
déforment et recristallisent différemment en raison des cinétiques distinctes de diffusion entre
la ferrite et l’austénite. La taille moyenne des grains de ferrite est relativement plus grande
que celle des grains d’austénite en raison de la grande mobilité des atomes dans le réseau
cubique centré. Après élaboration et solidification, ces aciers sont soumis au processus de
laminage ou de forgeage à chaud selon leur utilisation industrielle. Ces opérations de formage
à chaud sont suivies par des traitements thermiques de mise en solution afin d’ajuster
l’équilibre de phase δ/γ. Dans certaines classes d’aciers, l’état final des tôles déformées à
chaud est caractérisé par une différence de morphologie de grains entre la surface externe et
l’intérieur de la tôle. Cette différence est liée généralement au caractère hétérogène des
opérations de déformation et des processus de recristallisation.
Lors des opérations de mise en forme des aciers inoxydables duplex, la déformation
plastique se produit par glissement, par maclage sur certains plans atomiques et suivant des
directions cristallographiques spécifiques appelées systèmes de glissement et de maclage. La
texture des aciers inoxydables duplex est donc issue des processus de déformation et de
recristallisation.
Avec son réseau c.f.c, l’austénite γ présente des systèmes de glissement de type
{111}<110>. Le glissement cristallographique dans la ferrite δ de réseau c.c, se fait sur les
plans {011}, {112} et {123} pour la même direction cristallographique <111>. Les aciers
ferritiques monophasés développent donc des textures de fibre suite au glissement sur ces
plans [148].
106
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
La texture de laminage des aciers inoxydables duplex est similaire à celle développée
par les aciers inoxydables monophasés austénitiques et ferritiques ou encore celle des aciers
ferritiques à bas carbone où des textures de fibre α (<011>//RD) et de fibre γ ({111}//ND),
sont généralement rencontrées ; ces textures présentent cependant des différences notables
quand on introduit les traitements thermiques de mise en solution.
Les différences enregistrées dans la texture du métal de base entre les deux plans
d’analyse, (RD-TD) et (RD-ND), sont liées à son évolution structurale lors des opérations de
déformation et de recristallisation et à sa morphologie. Parmi les théories expliquant les
textures de recristallisation ont trouve :
a) la théorie de la germination orientée
b) la théorie de croissance orientée ou sélective [149, 150, 151].
La théorie de la germination orientée exige qu’un nombre considérable de germes
faisant partie de la structure de déformation, soient capables de croître dans les régions
voisines à un stade critique du processus de recuit, à cause de leur faible densité de
dislocations. La texture de recristallisation selon cette théorie résulte de la compétition entre
la vitesse de germination de plusieurs germes qui sont eux même associés à la texture de
déformation [151]. La formation de la texture de recristallisation selon la théorie de
croissance orientée, est due à la croissance préférée des grains ayant des relations
d’orientation spécifique avec la matrice (par exemple, pour les matériaux c.f.c. 30 à 40 °
autour de <111>) [150, 151]. Comme la température à la surface externe est inférieure à celle
de l’intérieur de la tôle, la surface externe est donc caractérisée par une énergie emmagasinée
plus élevée, et donc par peu de grains recristallisés. La formation de la ferrite dans le plan de
laminage (RD-TD) est donc contrôlée par le mécanisme de germination orientée et germe
préférentiellement sur la famille de plans {011} développant ainsi une forte texture de fibre de
type <011>//RD.
D’autre part, la répartition d’un gradient thermique élevé à travers l’épaisseur de la
tôle favorise la restauration dynamique et empêche la germination et la recristallisation
primaire des grains ferritiques. Ce phénomène de restauration n’est pas seulement contrôlé
par le gradient thermique, mais aussi par l’orientation des grains en question. En effet, les
travaux de Raabe [90, 93] sur le fer pur et les aciers inoxydables ferritique, et de Dillamore
[152] sur les aciers à bas carbone ont montré que les grains d’orientation {001}<110> et
{001}<100> tendent beaucoup plus vers la restauration que vers la recristallisation. Le
comportement de cette catégorie de grains peut être dû à la structure de microbandes et de
107
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
cellules de dislocation, et aux gradients d’orientation locale résultants qui sont insuffisants
pour générer les instabilités nécessaires pour le recristallisation [91]. La recristallisation de la
ferrite est donc retardée à cause de sa faible force motrice. Par conséquent, la germination de
la ferrite dans le plan (RD-ND) est contrôlée par le mécanisme de la croissance orientée. Ceci
favorise une croissance préférentielle des grains de la ferrite dans la famille de plans {001}
permettant ainsi la formation des composantes cube et cube tourné dominantes.
La texture de l’austénite, comme nous l’avons déjà décrit, contient des composantes de
laminage et d’autres de recristallisation. Les raisons de ces différences sont liées à l’énergie
de défaut d’empilement du système [155].
L’austénite dans l’acier duplex 2205 étudié présente une composante laiton
{011}<112> très marquée sur les deux plans d’analyse (RD-TD) et (RD-ND). Lors de la
déformation de l’austénite, le maclage mécanique est l’un des facteurs qui favorise la
formation de cette composante laiton. A des taux de déformation élevés, la déformation
devient hétérogène à cause de l’augmentation de la densité des bandes de glissement ; ce
comportement est la conséquence de la suppression du glissement cristallographique, qui
d’après Chowdhury [87] et Vercammen [156], est dû au fait que :
(i) La plupart des grains d’austénite sont maclés et leurs plans de maclage sont
réorientés parallèlement au plan de laminage,
(ii) Le glissement cristallographique sur d’autres systèmes est très limité.
Ainsi, d’après Duggan et al. [157], le développement de la composante laiton se produit
lorsque les plans de macles, parallèles au plan de laminage, sont détruits par la haute densité
des bandes de cisaillement.
La composante cuivre {112}<111> obtenue dans l’acier étudié est relativement faible.
La faible intensité de cette composante peut être dû à la transition cuivre-laiton; suggestion
rapportée par Chowdhury [87], Vercammen [156], et kumar [158]. D’ailleurs ce type de
transition a été observé dans plusieurs cas de déformation [159, 160, 161].
L’observation de la composante Goss {011}<100> dans l’acier à son état de réception
confirme la formation de cette composante lors du processus de déformation. D’après les
travaux de Singh [86] et Raabe [162], la présence de cette composante est due à
l’accroissement du cisaillement à la surface du matériau lors du laminage à chaud. En effet,
lors de la déformation à chaud, comme la température à la surface du matériau est inférieure à
celle de son intérieur, l’écoulement du métal à la surface est donc limité comparativement à
l’écoulement interne. Le maximum de déformation par cisaillement se produit ainsi au niveau
108
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (b)
ND
Figure III.51. Cartographies EBSD
d’orientation dans la ZAT. a) austénite,
b) ferrite. c) code couleur, FPI (001).
(c)
109
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Figure III.52. Figures de pôles (111), (110) et (200) de l’austénite dans la ZAT
110
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Figure III.53. Figures de pôles (111), (110) et (200) de la ferrite dans la ZAT
111
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
112
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.56. ODF de l’austénite (a) et de la ferrite (b) dans le métal de base
suite au traitement de recuit à 1050°C pendant 1h.
113
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.57. ODF de l’austénite (a) et de la ferrite (b) dans la ZAT suite au
traitement de recuit à 1050°C pendant 1h.
114
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (b)
ND
(c)
115
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Figure III.60. ODF de la ferrite dans le métal de base après recuit à 1250° pendant 1h
116
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(111), (110) et (200) (figures III.61 et III.62) confirment que même après le traitement à
1250°C, les grains de cette phase gardent leur orientation initiale autour de <001>.
(b)
(a)
Figure III.62. Figures de pôle (111), (110) et (200) de la ferrite dans le métal de
base après recuit à 1250°C pendant 1h
117
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.63. ODF de l’austénite (a) et de la ferrite (b) dans la ZAT suite au
traitement de recuit à 1250°C pendant 1h.
118
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
La texture de la ferrite à cette température (figure III.63.b) est aussi caractérisée par un fort
affaiblissement de la composante cube tourné et une disparition de la fibre α, initialement
intense. A cette température on remarque l’apparition d’une nouvelle composante
{114}<110> qu’on retrouve à (0, 20, 45).
0,2
Fréquence relative
0,15
mb-1-2
0,1 ferrite
austénite
0,05
0
2 12 22 32 42 52 62
Angle de désorientation
Les joints de grains de l’austénite sont à forte désorientation et présentent deux pics
intenses à 45 et 60°. En plus d’un pic commun avec l’austénite à 45°, la ferrite présente un
pic de désorientation à moyen angle (30° environ). Les joints de grains des deux phases
présentent en outre de faibles désorientations à environ 5°. La figure III.64 montre que la
fréquence des joints à faible désorientation dans la ferrite est beaucoup plus élevée que celle
enregistrée dans l’austénite. Ces faibles désorientations comme le montre la cartographie de
la figure III.65 correspondent en premier lieu aux interfaces voisines δ/δ. La figure montre
aussi que les joints ayant des angles de désorientation entre 15 et 45° correspondent aux
119
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
interfaces δ/γ tandis que les joints ayant des désorientations supérieures à 45° correspondent
aux joints de macle et aux interfaces γ/γ qui présentent un pic de désorientation intense à 60°.
Les informations fournies par les courbes de désorientation dans le métal de base sont
étroitement liées à sont état structural déjà décrit au III.7.2. La présence des joints de grains à
faible désorientation confirme l’état partiellement recristallisé et l’existence de résidus de
déformation dans le matériau. La grande fréquence des joints de faible désorientation dans la
ferrite est liée d’une part aux larges répartitions de déformation dans cette phase lors du
processus de fabrication de l’acier [99], et d’autre part au phénomène de restauration
dynamique accru dans cette phase qui crée en général des désorientions inférieures à 20°
[164].
La présence des joints de forte désorientation dans l’austénite est liée à un état plus
recristallisé que celui de la ferrite. Ce type de désorientation (en particulier le pic de 60°) a été
déjà observé par Kumar dans un acier inoxydable austénitique de type 304L [116]. En effet, la
120
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
recristallisation et la croissance des grains qui se produisent dans cette phase éliminent un
nombre considérable de dislocations ce qui diminue remarquablement la fréquence des joints
de faible désorientation et augmente la fréquence des joints de forte désorientation.
L’introduction des traitements thermiques à quelque peu modifié les courbes de
désorientation dans le métal de base et la ZAT (figure III.66 a et b). Ces modifications
concernent principalement deux aspects:
(i) Elimination de la quasi totalité des joints de faible désorientation (moins de 15°)
dans le métal de base et la ZAT.
(ii) Augmentation des intensités des pics de désorientation de 45° et 60° dans le métal
de base et la ZAT respectivement, par élévation de la température de recuit de
1050 à 1250°C.
0,25
0,2
Fréquence relative
0,15 mb
(a) mb-1100
0,1 mb-1250
0,05
0
2 12 22 32 42 52 62
Angle de désorientation
0,25
Fréquence relative
0,2
zat-2 passes
0,15 zat-3 passes
(b) zat 1100
0,1
zat-1250
0,05
0
2 12 22 32 42 52 62
Angle de désorientation
121
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Deux facteurs principaux sont à l’origine des évolutions enregistrées dans les
fonctions de distribution de désorientation :
(i) la recristallisation in situ lors du chauffage qui élimine toute trace de déformation
dans le matériau, et
(ii) la transformation γ→δ décrite au paragraphe III.2.2 et les phénomènes de
grossissement de grains et de migration des interfaces δ/δ et δ/γ accompagnant
cette transformation.
Lors des traitements de recuit, la transformation γ→δ dans le métal de base
s’accompagne d’un fort grossissement des grains ferritiques et d’une évolution des grains
austénitiques vers une structure globulaire. Cette évolution morphologique des grains
d’austénite s’accompagne d’un phénomène de maclage très important. Ce phénomène,
souvent rencontré dans les matériaux c.f.c. à faible et moyenne énergie de défaut
d’empilement, influe sur la distribution des angles de désorientation des joints de grains.
L’augmentation de la température de recuit de 1050 à 1250° entraîne l’augmentation de la
densité de joints de macle dans les grains d’austénite.
122
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Ces joints dont les angles de désorientation sont supérieurs à 45° comme le montre la figure
III.67, sont à l’origine de l’augmentation du pic de désorientation de 60° dans la figure III.66a.
Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Gertsman [109] dans différents types d’aciers
inoxydables.
La situation dans la ZAT est différente. Comme nous l’avons décrit au paragraphe
III.1.4, la transformation γ→δ qui se produit dans cette zone lors des traitements de recuit est
accompagnée d’un grossissement excessif des grains ferritiques qui se poursuit jusqu’à leur
empiètement. Le résultat de ce phénomène est l’élimination d’un nombre considérable
d’interfaces γ/δ (dont les désorientations sont de 45°) donnant lieu ainsi à la dominance des
interfaces δ/δ dont les angles de désorientation varient de 15 à 45° (figure III.68). Par
conséquent la coalescence des grains ferritiques, en éliminant ces interfaces, est à l’origine de
l’augmentation de l’intensité du pic de désorientation de 45°. Ces résultats sont proches de
ceux obtenus par Cortina [165] et Novillo [166] lors de la transformation γ→α dans d’autres
types d’aciers.
123
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (a)
(a)
124
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Néanmoins, ces techniques nous ont permis d’avoir une idée sur la texture des soudures
d’acier inoxydable duplex 2205, de connaître avec précision la relation d’orientation
cristallographique entre les phases présentes, et de la comparer aux relations connues dans les
transformations de phase à savoir KS et NW.
Les données EBSD nous ont permis la reconstruction des cartographies d’orientation
de l’austénite et de la ferrite représentées dans la figure III.69.
Comme il a été précédemment décrit au paragraphe III.1.3.2, l’austénite est présente sous
différentes formes et est aléatoirement répartie aux joints de grains et à l’intérieur de gros
grains ferritiques. Les orientations des grains ferritiques de la figure III.69.a sont partagées
entre les directions <101> et <111>. Les grains de la phase austénitique (figure III.69.b)
présentent des orientations autour des directions <101>, <001> et <112>.
L’analyse de texture des deux phases dans cette zone a été effectuée dans un premier
temps au moyen de la diffraction des rayons X. Les figures de pôle (111), (220) et (200) de
l’austénite (figure III.70) ne donnent pas assez d’informations sur l’existence de composantes
spécifiques de texture hormis la figure de pôle (220) qui présente des renforcements proches
d’une fibre <001>.
125
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Il en est de même pour la ferrite où la grosseur excessive des grains empêche les mesures de
texture effectuées d’être vraiment exploitables comme le confirment les figures de pôle (111),
(220) et (200) de cette phase (figure III.71).
Pour les mêmes raisons, les fonctions de distribution d’orientation cristallographique,
de la ferrite et de l’austénite, calculées à partir de ces mesures ne permettent pas de se
prononcer sur le type de texture de ces phases même si dans les coupes à ϕ2 = 0 et 45°
(figure III.72) on retrouve certaines composantes existant initialement dans le métal de base.
(a) (b)
Figure III.72. Fonctions de distributions d’orientations cristallographiques
(coupes à ϕ2 = 0 et 45°) dans le métal fondu a) austénite, b) ferrite.
126
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a) (b)
127
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
111 110
Etude du plan commun
{111}γ // {110}α
KS ? 110 111
<110>γ// <111>α
Etude des directions communes
110 100
NW ?
<110>γ//<100>α
Tableau III.6 : Etude de la relation d’orientation entre deux pixels adjacents de ferrite et
d’austénite.
Avec cette première méthode, nous avons procédé à une étude très locale : nous avons
établi la relation d’orientation entre deux grains voisins d’austénite et de ferrite et nous
l’avons comparé aux relations de K-S et N-W. Ainsi, une fois que nos deux grains adjacents
sont sélectionnés, on fait coïncider la figure de pôle (fdp) {111} de l’austénite à la fdp {110}
128
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
de la ferrite afin de déterminer le plan commun (1ère ligne du tableau III.6) ; on regarde
ensuite si les directions communes aux deux phases dans ce plan commun satisfont l’une des
relations N-W ou K-S (2ème et 3 ème lignes du tableau III.6 respectivement).
L’exemple traité et présenté dans le tableau III.6 montre qu’il n’y a pas d’ambiguïté
sur le plan commun ; mais en terme de direction il n’est pas évident de conclure si on est plus
proche de la relation de K-S ou de celle de N-W. On ne peut donc pas se prononcer sur le type
de la relation d’orientation par cette méthode qui reste une méthode très qualitative.
Seconde méthode : détermination de la relation exacte entre les deux phases
Dans ce cas, on ne considère plus de relation d’orientation à priori. Cette seconde méthode
consiste à déterminer cette relation en calculant l’angle et l’axe de désorientation entre pixels
adjacents d’austénite et de ferrite.
(a) (b)
(c) (d)
Figure III.74 : Illustration de la méthode de sélection des pixels adjacents de phases différentes.
Pour ce travail on adopte la méthode développée par Cabus [78, 169] dont on donne un bref
rappel des différentes étapes. En utilisant le logiciel Channel 5 (HKL technologies) ; la
129
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
démarche s’appuie sur l’exemple illustré à la Figure III.74. Sur la cartographie initiale (Figure
III.74a) la ferrite est en bleu, l’austénite en ocre, les joints de grains (désorientation supérieure
à 2°) en noir.
• On sélectionne toute l’austénite de la cartographie étudiée, et grâce à une option du
logiciel on dilate cette sélection (i.e. on dilate la forme de cette sélection d’un pixel)
afin d’obtenir toute l’austénite ainsi que tout pixel ferritique adjacent à un pixel
d’austénite (cf. Figure III.74b).
• De manière analogue on sélectionne toute la ferrite de la cartographie et on dilate cette
sélection afin d’y ajouter les pixels adjacents d’austénite (Figure III.74c).
• Enfin on considère l’intersection de ces sélections afin de ne plus avoir que les pixels
d’austénite et de ferrite commun (cf. Figure III.74d).
Dans un premier temps nous avons donc appliqué cette méthode à la soudure réalisée
en une seule passe, le logiciel utilisé a permis le calcul de l’histogramme des désorientations
entre ces pixels et la représentation des orientations dans le triangle standard (figure III.75).
Les angles de désorientation très faibles (inférieurs à 10°) correspondent à des pixels
adjacents appartenant à la même phase et ne sont donc pas pris en compte. Cette
représentation permet de calculer l’axe de désorientation entre les deux phases.
Avec cette méthode nous avons donc pu identifier la relation d’orientation entre l’austénite et
la ferrite δ comme une rotation de 44,2° autour d’un axe de type <0.16, 0.16, 0.97>.
Cette technique présente donc l’avantage d’extraire la relation d’orientation exacte liée
à la composition chimique et aux conditions de solidification du métal étudié. Ainsi grâce à
cette méthode, le résultat précédemment trouvé par la méthode graphique est confirmé. La
relation d’orientation entre les deux phases (austénite et ferrite) dans cet acier biphasé est
proche des relations de K-S et N-W puisque ces deux relations exprimées en terme de
désorientation entre l’austénite et ses variants s’écrivent de la manière suivante :
K-S : 42,8° autour de <0.18, 0.18, 0.97>, ce qui représente une désorientation angulaire de
1,4° par rapport à la relation déduite ci dessus.
N-W : 46° autour de <0.08, 0.20, 0.98>, ce qui correspond à une désorientation de 4,9° par
rapport à cette relation.
130
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.75 : histogramme de désorientation entre les pixels adjacents
d’austénite et de ferrite (a), représentation des orientations dans le triangle
standard (b).
Nous avons par la suite appliqué cette méthode aux échantillons ayant subi plusieurs
passes de soudage et différents traitements thermiques afin de suivre l’évolution de la relation
d’orientation entre les deux phases. Les courbes de désorientation entre l’austénite et la ferrite
pour ces différents cas sont présentées dans la figure III.76. On remarque la présence de deux
importants pics d’angle de désorientation correspondant à la soudure réalisée en une passe et à
celle de la troisième passe pour la soudure multipasse.
131
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
0.45
1 passe
0.40
zf-p1
0.35 zf-p2
zf-p3
Fréquence relative
0.30
zf-1100
0.25
zf-1250
0.20 KS
0.15 NW
0.10
0.05
0.00
40 42 44 46 48 50
Angle de désorientation
Figure III.76 Courbes de désorientation entre l’austénite et la ferrite
Du point de vue des conditions thermiques, ces deux échantillons présentent une
certaine similitude du fait que la soudure dans les deux cas est soumise au refroidissement à
132
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
l’air libre. Ainsi comme le montre la cartographie de la figure III.77, la plupart des interfaces
dont les angles de désorientation varient entre 15 et 45 ° correspondent aux interfaces δ/γ ; ce
qui explique l’intensité du pic de désorientation observé à 45° pour cet échantillon.
Cependant, une dispersion de cette relation en fonction de l’opération de soudage et de
la température de traitement thermique est observée. Cette dispersion peut être liée à la
transformation austénite → ferrite et aux phénomènes de croissance des grains lors des
traitements thermiques entre 1050 et 1250°C. Dans cet intervalle de température, la
transformation est accompagnée d’une croissance normale des grains austénitiques conduisant
à la diminution de leur nombre. Comme les grains austénitiques n’ont pas de direction de
croissance privilégiée, une partie de ces grains est alors répartie aléatoirement dans la matrice
ferritique sans avoir de relation d’orientation spécifique avec elle. Comme le montre la
cartographie de la figure III.78, la proportion des interfaces ayant des angles de désorientation
compris entre 15 et 45° diminue sous l’effet combiné de la transformation de phase et de la
croissance des grains. Comme la distribution des angles de désorientation dépend du type de
relation d’orientation [168], la dispersion de la relation d’orientation est donc due à ces
changements morphologiques survenus dans le matériau.
(a)
(b)
Figure III.79. Réseaux de sites de coïncidence de l’austénite (a) et
de la ferrite (b) dans le métal de base.
134
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
La figure III.79 (a, b) donne les histogrammes de distribution des valeurs de l’indice
de coïncidence ( ∑) des joints de grains de la ferrite et de l’austénite dans le métal de base.
D’une manière générale, les joints spéciaux (dont les valeurs de ∑ sont inférieures à 29) sont
dominants dans les deux phases.
La première remarque à faire est la présence des joints de type ∑1 dans les deux
phases avec des proportions plus élevées dans la ferrite que dans l’austénite. L’austénite est
caractérisée par la dominance des joints de type ∑3 et la présence d’autres joints tels que ∑5,
∑9 et ∑49b ; La ferrite, quant à elle, est caractérisée par la présence marquée des joints de
type ∑5, ∑13b et d’autres joints tels que ∑15, ∑49b.
(a)
(b)
Figure III.80. Réseaux de sites de coïncidence de l’austénite (a) et de la ferrite
(b) dans le métal de base suite à un traitement de recuit à 1250°C pendant 1h.
135
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.81. Réseaux de sites de coïncidence de l’austénite (a) et de la ferrite (b)
dans la ZAT.
Cet état des joints de grains est maintenu dans la ZAT après l’opération de soudage
comme le montre la figure III.81 (a, b). Il reste relativement stable avec les traitements
136
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.82. Réseaux de sites de coïncidence de l’austénite (a) et de la ferrite (b)
dans la ZAT après recuit à 1250°C.
137
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
Des résultats similaires sont enregistrés dans la phase ferritique où la fraction surfacique des
joints ∑1 diminue (par rapport à celle de la ZAT non traitée) au moment où on assiste à une
augmentation de la fraction des joints de type ∑49b.
La situation dans le métal fondu diffère de celle du métal de base. Le procédé de
soudage utilisé a produit plus de joints quelconques que de joints spéciaux. Les figures
III.83-III.86 montrent la distribution de l’indice de coïncidence ∑ dans la ferrite et l’austénite
pour différents états de soudage et de traitements thermique.
(a)
(b)
Figure III.83. Réseaux de sites de coïncidence dans le métal fondu de la soudure
réalisée en 1 passe, a) ferrite b) austénite.
138
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.84. Réseaux de sites de coïncidence dans le métal fondu de la soudure
réalisée en 3 passes, a) ferrite b) austénite.
A l’état brut de soudage (figures III.83, III.84), les deux phases sont caractérisées par la
dominance des joints quelconques ∑49b, la fraction des joints spéciaux est très faible, voire
négligeable. Ces résultats sont obtenus aussi bien dans la soudure réalisée en une passe que
dans celle réalisée en trois passes. Le traitement d’hypertrempe effectué à 1050 °C a maintenu
cet état (figure III. 85), cependant l’augmentation de la température d’hypertrempe à 1250 °C
139
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
modifie la texture des joints de grains. L’apparition de joints spéciaux, dont les plus
importants sont ∑1, ∑13b, ∑17b et ∑29a, se traduit par l’augmentation de leur fraction au
détriment de celle des joints quelconques qui diminue sensiblement (figure III.86).
(a)
(b)
Figure III.85. Réseaux de sites de coïncidence dans le métal fondu après
traitement thermique d’hypertrempe à 1050 °C a) ferrite, b) austénite.
140
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
(a)
(b)
Figure III.86. Réseaux de sites de coïncidence dans le métal fondu après
traitement thermique d’hypertrempe à 1250 °C a) ferrite, b) austénite.
Discussion
La présence des joints de type ∑1 dans les matériaux recristallisés est généralement
associée aux joints de faibles désorientations [110, 167]. Ces derniers, présents dans la ferrite
avec d’importantes proportions (figure III.66.a), sont à l’origine de la présence de la fraction
élevée des joints ∑1 dans la ferrite du métal de base. Comme l’augmentation de la
température d’hypertrempe favorise la recristallisation de la ferrite et l’élimination d’un
nombre considérable de joints de faible désorientation, ces deux paramètres, en plus de la
croissance excessive des grains ferritiques, sont donc responsables de la diminution de la
141
Chapitre III Résultats expérimentaux et discussion
fraction surfacique des joints de type ∑1 et de l’augmentation de celle des joints quelconques
lors de l’élévation de la température d’hypertrempe à 1250°.
Les fractions surfaciques élevées des joints ∑3 dans l’austénite est liée au phénomène
de maclage qui se produit dans cette phase. La formation des macles de recuit renforce d’une
part l’existence des joints de type ∑3 et modifie d’autre part les désorientations locales entre
les joints de grains de la région. La densité de macle atteint son maximum au premier stade de
la croissance des grains lorsque les vitesses de migration des joints sont les plus grandes. Ce
phénomène de maclage peut se répéter plusieurs fois au cours du recuit donnant lieu au
maclage multiple qui est un facteur favorisant les joints de type ∑3. Ainsi s’explique la forte
proportion de ces joints obtenue dans le métal de base suite au recuit à 1250 °C. Dans le cas
d’une forte croissance des grains (cas de la ZAT dans la figure III.68), la densité de macle
diminue avec l’augmentation de la taille des grains à cause de l’élimination des macles par
interaction de celles-ci avec les autres joints de grains. Dans ce cas on obtient des fractions de
joints ∑3 moins importantes. Ces joints qui correspondent à une rotation de 60° autour d’un
axe <111> ont été observés dans plusieurs types de matériaux à faible et moyenne énergie de
défaut d’empilement [97, 109, 110, 111, 116].
Parmi les joints autres que ∑3n observés dans l’austénite, on note la présence de joints
∑11 en faible proportion ; ceux-ci sont en général peu observés dans les matériaux c.f.c. La
présence de ces joints s’explique par le fait que leur formation nécessite de faibles énergies
(cas des bicristaux) ce qui n’est pas le cas des polycristaux où les contraintes qui empêchent la
rotation des grains lors des traitements de recuit sont importantes.
L’absence des joints de coïncidence dans les deux phases du métal fondu peut être liée
à la conjugaison de plusieurs paramètres reliant la morphologie des grains et leur taille, leur
énergie libre et la présence ou non d’atomes de soluté. Nous avons vu précédemment qu’une
microstructure hétérogène est obtenue dans le cordon de soudure par de cours maintiens à des
températures très élevées. Ceci entraîne la diminution de l’énergie d’activation nécessaire
pour la croissance des grains ; les joints spéciaux (dont la formation nécessite plus d’énergie)
sont donc éliminés par les joints quelconques dont la mobilité est plus aisée.
En ce qui concerne l’effet de l’augmentation de la température d’hypertrempe, nous
avons vu précédemment qu’un traitement d’hypertrempe à 1250 °C entraîne un fort
grossissement des grains et une dispersion de la relation d’orientation cristallographique dans
le métal fondu. Ces deux paramètres peuvent être l’origine de l’apparition des joints spéciaux
lors des traitements thermiques à 1250 °C.
142
Conclusion générale
Conclusion générale
Le travail présenté dans cette thèse traite, sous différents aspects, les textures et les
microstructures développées dans les soudures de l’acier inoxydable duplex 2205 traitées
thermiquement. Dans ce cadre, plusieurs techniques de caractérisation ont été utilisées pour
atteindre les objectifs visés. L’analyse des résultats expérimentaux permet de faire certains
commentaires dont les principaux sont énoncés ci après.
La microstructure et l’équilibre de phase δ/γ change de manière significative lors du
soudage TIG de l’acier inoxydable duplex 2205. Dans la zone de surchauffe (partie de la ZAT
adjacente à la ligne de fusion), la microstructure de l’acier est portée jusqu’au domaine
ferritique monophasé lors du chauffage par le cycle thermique du soudage. En raison du
refroidissement rapide, une grande partie de cette ferrite persiste à température ambiante. La
microstructure résultante est donc caractérisée par de fortes teneurs en ferrite. La reformation
de l’austénite dans cette zone se fait par germination hétérogène lors du refroidissement. Dans
la zone de recuit partiel, la microstructure est sujette à des phénomènes de recristallisation et
de croissance des grains. L’équilibre de phase δ/γ dans cette zone est moins perturbé que celui
dans la zone de surchauffe.
Dans la zone fondue, la structure de solidification résulte du mode de solidification
ferritique ; elle est constituée de gros grains de ferrite δ dans lesquels précipite l’austénite
sous différentes morphologies. La microstructure finale et le rapport de phase δ/γ dans cette
zone varient d’une passe de soudage à une autre et sont principalement contrôlés par le
phénomène de régénération structurale.
La transformation δ → γ consécutive à cette solidification s’amorce par un mécanisme
de germination et croissance. La morphologie de l’austénite dépend de la vitesse de
refroidissement. Les grains d’austénite tendent plus vers la forme aciculaire lorsque la vitesse
de refroidissement est faible.
Les traitements thermiques effectués dans le domaine de température 800-1000°C
provoquent des transformations de phase complexes. Ces transformations se caractérisent par
la précipitation hétérogène de la phase σ et des carbures de chrome de types M23C6 dans les
interfaces δ/γ qui sont considérées comme des sites privilégiés de germination. On constate
143
Conclusion générale
que la quantité de phase σ entame une décroissance dès que la température de recuit passe le
cap des 850 °C, température à laquelle la fraction maximale de cette phase est enregistrée.
La précipitation de la phase σ est principalement contrôlée par le taux de ferrite et la
taille des grains de cette phase. L’élévation de la température d’hypertrempe de 1050 à
1250°C favorise la transformation γ → δ et entraîne la dilution des éléments Cr et Mo dans
la ferrite. Ceci retarde la précipitation de la phase σ et favorise la précipitation de l’austénite
secondaire lors des recuits isothermes.
L’application d’un modèle de cinétique de transformation isotherme montre que la
précipitation de la phase σ suit le modèle modifié de Johnson Mehl Avrami. Une meilleure
corrélation entre les résultats expérimentaux et la droite théorique du modèle dans les
différentes zones de la soudure est obtenue pour une valeur du cœfficient d’empiétement
c = 0.3
L’hétérogénéité de température due à l’apport ponctuel de chaleur provoque un
gradient microstructural hétérogène le long du cordon de soudure qui affecte négativement les
propriétés mécaniques de ce dernier. Un traitement thermique d’hypertrempe est nécessaire
pour éliminer les ségrégations chimiques dues à la solidification et restaurer l’équilibre de
phase δ/γ. L’estimation du taux de ferrite par des méthodes de métallographie quantitative a
montré qu’une hypertrempe à 1050°C pendant 1h permet d’atteindre cet objectif. Ce
traitement a permis d’obtenir des propriétés mécaniques dans la ZAT et le métal fondu
(dureté, ductilité et en traction) similaires à celles du métal de base sans qu’il affecte les
propriétés de ce dernier. L’augmentation du taux de ferrite, dû à la transformation δ → γ dans
le domaine de température 1050-1250°C agit de manière défavorable sur les propriétés
mécaniques.
L’étude de l’évolution de la texture a été faite dans les différentes zones du cordon de
soudure. Lorsqu’on étudie les textures de transformation de phase, la relation d’orientation est
une des premières inconnues que l’on détermine ; dans le cas des aciers en général, les
différents résultats de la littérature convergent pour dire que la relation d’orientation existant
entre l’austénite et la ferrite est très proche des relations de K-S et de N-W, sans correspondre
exactement à l’une ou à l’autre. L’analyse de la texture du métal de base par EBSD a montré
qu’il n’y a pas de relation d’orientation marquée entre l’austénite et la ferrite. Les
composantes de texture obtenues présentent des similitudes avec les textures de déformation
et de recristallisation observées dans les aciers inoxydables austénitiques et ferritiques
monophasés. Deux types de textures sont présentes dans le métal de base de l’acier étudié:
144
Conclusion générale
une texture de laminage, caractérisée par la présence des composantes cuivre et laiton et une
texture de recristallisation, caractérisée par la présence de la composante cube. Dans la ZAT,
la texture n’a pas été modifiée même dans le cas du soudage multipasse. Cet état de texture
est resté quasiment stable même après les traitements d’hypertrempe ; cependant des
changements dans les intensités de quelques composantes sont enregistrés, ils sont dus à la
morphologie des grains qui change de manière significative avec la température de traitement
Et enfin, on a pu identifier la relation d’orientation exacte, entre l’austénite et la ferrite
δ dans le métal fondu, liée à la composition chimique et aux conditions de solidification. Cette
relation est définie par une rotation de 44,2° autour d’un axe <0.16, 0.16, 0.97> et est très
proche des relations de KS et NW puisqu’elle ne présente que de faibles déviations de celles-
ci (1.4° de KS et 4.9° de NW).
Les perspectives éventuelles à envisager seraient d’approfondir les travaux entamés
sur la cinétique de précipitation en exploitant d’avantage les résultats obtenus par la
métallographie quantitative. En faisant varier la température de vieillissement, ces travaux
permettront d’une part de suivre l’évolution des paramètres de cinétique de transformation
relatifs au modèle de JMA et d’autre part, de maîtriser la compréhension des mécanismes qui
gouvernent la transformation.
Il serait aussi intéressant d’étudier par AFM et EBSD le glissement cristallographique
lors d’une déformation plastique dans les différentes zones de la soudure pour comprendre le
comportement de chaque phase sous sollicitation, et d’établir les relations existantes avec les
textures cristallographiques déjà étudiées. La microscopie à force atomique donnera la
possibilité d’évaluer le glissement cristallographique (profondeur et espacement des marches
de glissement), comme l’EBSD permettra de déterminer les systèmes de glissement et donc
d’étudier les mécanismes de déformation.
145
Conclusion générale
146
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157
158
Annexe Textures cristallographiques
Textures Cristallographiques
A.1. Généralités
La texture cristallographique d’un métal ou d’un alliage (produite après solidification,
déformation, ou développée au cours de la recristallisation) est constituée d’une ou plusieurs
orientations, définies par les indices de Miller selon une famille de plans {hkl} et une famille
de directions <uvw>. La représentation d’une texture est généralement donnée par
l’orientation des cristallites par rapport à un référentiel connu. Dans le cas des matériaux
déformés par laminage, les directions DL, DT, et DN constituent les axes de ce référentiel tel
que :
• DL est la direction de laminage de la tôle
• DT, la direction transverse.
• DN, la direction normale au plan de laminage (DL, DT), voir figure A1
DN
DL
DT
Figure A1 représentation schématique d’un repère macroscopique lié à une tôle laminée
Pour un matériau donné, une texture cristallographique peut être représentée par différentes
méthodes :
avec le plan π est le pôle du plan réticulaire étudié. Si l’on recommence avec tous les éléments
de volume du matériau, on obtient la figure de pôles {hkl} qui est rapportée à des axes liés à
l’échantillon. Pour une tôle laminée, le plan π est le plan de laminage.
La représentation la plus simple des trois angles (ϕ1, Φ, ϕ2) est celle donnée dans le système
de coordonnées cartésiennes à la figure A.3
Dans le cas d’un échantillon non texturé (isotrope), c’est-à-dire présentant une
distribution uniforme d’orientations, f(g) a une valeur constante quelle que soit g. Si l’on
prend f(g) = 1, il vient K= 1/8π2.
Le calcul de la FDO peut être réalisé en utilisant différentes approches comme la
méthode harmonique ou les méthodes discrètes. La méthode harmonique utilise un
Annexe Textures cristallographiques
développement en série sur des bases d’harmoniques. Cette transformation mathématique peut
entraîner des erreurs de troncature qui s’ajoutent aux erreurs expérimentales. Pour cette
raison, une seconde méthode consistant à associer un point (ou un ensemble de points) de
l’espace des pôles à un point de l’espace des orientations après avoir discrétisé ces deux
espaces a été proposée. Le choix du mode de discrétisation des espaces a conduit au
développement de différentes méthodes discrètes.
Annexe Textures cristallographiques
Influence des traitements thermiques à haute température sur l’évolution
de la texture et de la microstructure des soudures d’acier inoxydable
duplex 2205
RESUME
Ce travail traite de l’évolution de la texture et de la microstructure dans les soudures d’acier
inoxydable duplex 2205 traitées thermiquement. L’analyse microstructurale a montré que la ZAT est
caractérisée par une forte teneur en ferrite alors que le centre du métal fondu contient plus d’austénite.
Les traitements thermiques effectués dans le domaine 800-1000°C ont causé la précipitation de la
phase σ et des carbures de chrome M23C6 aux interfaces γ / δ qui sont les sites privilégiés de
germination. Au-delà de 1050°C la fraction volumique de la ferrite augmente avec la température. Les
propriétés mécaniques optimales du joint soudé sont obtenues suite à un traitement d’hypertrempe à
1050 °C pendant 1h. Le passage de la température d’hypertrempe de 1050 à 1250 °C retarde la
précipitation de la phase σ et favorise celle de l’austénite secondaire γ2. L’étude de la cinétique de
précipitation de la phase σ dans les différentes zones de la soudure montre que celle-ci suit le modèle
modifié de JMA. Les résultats obtenus montrent une dépendance significative de la précipitation de la
phase σ par rapport à la température d’hypertrempe. L’analyse par EBSD de la texture
cristallographique du métal fondu a permis de déterminer la relation d’orientation exacte entre
l’austénite et la ferrite comme étant une rotation de 44.2° autour d’un axe <0.16, 0.16, 0.97>. La
texture du métal de base reste quasiment stable suite à l’opération de soudage et aux traitements
thermiques effectués au moment où une petite dispersion vient perturber légèrement la relation
d’orientation dans le métal fondu.
Mots clés : Acier inoxydable duplex 2205, soudage, traitement thermique, texture cristallographique,
cinétique de précipitation
Key words: 2205 duplex stainless steel, welding, heat treatment, precipitation kinetic, crystallographic
texture.