Elle Et Le Travail Des Femmes
Elle Et Le Travail Des Femmes
Elle Et Le Travail Des Femmes
83 | 2011
Médias : La fabrique du genre
Abstracts
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Le journal Elle proclame qu’il a soutenu les luttes pour les droits des femmes dans les
années 1960, mais l’étude du discours du magazine sur la question du travail salarié
féminin oblige à nuancer le propos. Les articles représentant les femmes au travail
mettent en avant les stéréotypes de Genre. Les femmes qui travaillent sont présentées
comme des héroïnes hors du commun, les figures proposées étant peu accessibles aux
lectrices. Il faut attendre Mai 68 pour constater une évolution des représentations et un
engagement en faveur de l’insertion professionnelle des femmes. Le magazine
accompagne alors une nouvelle phase de la médiatisation de la deuxième vague du
féminisme.
While magazine Elle claims to have supported the women’s right movements of the
1960s, a study of the message conveyed by the periodical on the topic of waged
employment for women highlights a more nuanced situation. Articles featuring women
at work preeminently figure gender stereotypes; females holding a professional position
are presented as extraordinary heroines, as readers may find it difficult to directly relate
to them. With May 1968 comes a change in representations, and a commitment to the
integration of women into the workforce. Elle then becomes part of a new phase of media
coverage of the second wave of feminism.
Proclama el periódico Elle que apoyó la lucha por los derechos de las mujeres en la
década de 1960; sin embargo, el estudio de la cuestión del trabajo de las mujeres en la
revista nos hace ver una situación mucho mas matizada. Los artículos que representan a
las mujeres en el lugar de trabajo hacen hincapié en los estereotipos de género. Las
mujeres trabajadoras son retratados como heroínas inusuales, pues las lectoras pueden
tener dificultades para relacionarse directamente con ellas. No fue sino hasta mayo del
68 para ver una evolución de las representaciones y un compromiso con la
empleabilidad de las mujeres. La revista acompaña después en una nueva fase de la
cobertura de los medios de comunicación de la segunda ola del feminismo.
Full text
1 Créé en 1945 par Hélène Gordon Lazareff, Elle se présente comme
l’hebdomadaire de la femme moderne. Il vient occuper la place laissée vacante par
l’interdiction de Marie-Claire à la Libération1. Dans un paysage médiatique en
recomposition, le magazine connaît rapidement le succès. Il tire à plusieurs
dizaines, puis plusieurs centaines de milliers d’exemplaires chaque semaine.
Hélène Gordon-Lazareff forme de jeunes journalistes2, mais sait aussi attirer
régulièrement des plumes renommées. Le titre adopte dès sa naissance la forme
magazine, se rend attrayant par ses couvertures achetées aux Etats-Unis, et
s’impose dans le domaine de la mode par ses reportages en couleur. Surtout, c’est
le premier magazine féminin à diffuser des annonces publicitaires en couleur. Ces
publicités représentent près de la moitié des pages de chaque numéro, et
élaborent un discours parallèle au discours rédactionnel du titre. Elle est un
généraliste, désigné dans l’Histoire générale de la presse comme un « magazine
de documentation pratique et de lecture » (Bellanger 1976, 388). Pour la période
que nous étudions, Elle est avec Marie-Claire le premier magazine féminin en
France. Son lectorat est un peu plus jeune et plus urbain que celui de son
concurrent. En 1966, Elle tire à 591 000 exemplaires. En 1971, ce chiffre descend à
555 0003.
2 Le magazine revendique aujourd’hui d’avoir soutenu le mouvement de
l’émancipation des femmes dans les années 1960 et 1970 (Colombani et al.,
2005 ; Pringle, 1995). L’enquête réalisée dans le cadre du GMMP ayant montré la
carence de la représentation médiatique du travail des femmes, on a choisi de
revenir ici sur le regard porté par le magazine féminin sur ce travail dans les
années 1964 à 1974. La période chronologique correspond à l’évolution de la
législation sur le travail des femmes4 et à la deuxième vague du féminisme.
Symbolisée par une revendication, « Notre corps nous appartient », et par un
mouvement (le MLF), la deuxième vague du féminisme, née aux Etats-Unis, se
développe en France du milieu des années 1960 au milieu des années 19705.
3 Sur le plan de l’histoire de la presse magazine, c’est l’époque de l’apparition des
news-magazines : les hebdomadaires d’actualité imprimés sur papier journal
prennent la forme de magazine avec couverture en quadrichromie. Le Nouvel
Observateur et L’Express adopte tous deux ce nouveau format en 1964. De son
côté, Elle tente un moment de devenir un magazine d’actualité pour les femmes.
Le développement des magazines est alors très important en France et
accompagne les nouveaux modes de consommation de la fin des Trente
Glorieuses. Avec l’arrivée de la crise, 1974 marque l’entrée dans une nouvelle ère.
Cette chronologie de l’histoire des médias doit être mise en parallèle avec celle de
l’histoire des femmes : en 1964, le débat sur la légalisation de la contraception
émerge dans l’espace public. Il devient légitime lorsque le candidat Mitterrand
l’inscrit à son programme en 1965. Après la loi Neuwirth de 1967 légalisant la
contraception en France, la deuxième vague du féminisme porte la demande
d’une nouvelle loi sur l’interruption volontaire de grossesse, qui est élaborée en
1974 par Simone Veil.
4 Le travail présenté ici se fonde sur l’étude de la collection du magazine Elle de
1964 à 1974. La lecture des numéros a été systématique (pour un mois sur deux)
au cours de ces dix années, et a permis le repérage de toutes les références au
travail salarié des femmes6. On a effectué un repérage thématique des articles
montrant les femmes au travail. Le travail présenté ici est centré sur le discours
rédactionnel du magazine, les annonces publicitaires ayant été étudiées par
ailleurs. Le repérage thématique à l’intérieur du discours rédactionnel vise à
étudier les formes de représentations de ce travail, et éventuellement leur
évolution7. Les fiches thématiques d’analyse de contenu réalisées ont été
analysées en fonction de la chronologie de l’histoire sociale et militante des
femmes, et confrontées aux travaux des historiens du travail. Ces fiches ont
également été regroupées par proximité de sens, pour dégager les angles
d’approche de la question du travail par le magazine et leurs évolutions.
5 Si les femmes ont toujours travaillé, la mutation de la deuxième partie du XXe
siècle réside dans la généralisation de leur participation au marché du travail
salarié (Perrot, 1978). C’est souvent la Première Guerre mondiale et le départ des
hommes pour le front qui a obligé les femmes à trouver un emploi salarié, mais
c’est avec l’entre-deux-guerres que les femmes conquièrent leur place dans le
secteur tertiaire en développement (Wailly, 2004 ; Martin, 1987). Après la
Libération, le phénomène du travail salarié des femmes se généralise à l’ensemble
des catégories sociales (Battagliola, 2000). Le mouvement qui « arrache les
épouses et les mères à leur foyer et à leur famille pour les entraîner vers l’usine,
le bureau ou la vie publique » est dénoncé par l’Eglise (Chaperon, 2000). Le parti
communiste a, lui, fait sa mutation : après s’être longtemps opposé à la
concurrence déloyale faite par le travail féminin aux travailleurs, il défend la
nécessité pour les femmes de « se libérer de la dépendance économique de la
famille ou du mari » (Chaperon, 2000, 69). Il faut rappeler qu’en 1945 seules
17 % des femmes mariées exercent une activité professionnelle indépendante. La
politique familiale de la Libération n’encourage pas le travail des femmes ; elle fait
la promotion de la famille et, en rendant obligatoire un enseignement ménager et
familial pour les jeunes filles, montre la persistance de la division sexuelle du
travail (Chaperon, 2000).
6 Ces débats de la Libération, cèdent la place à des positions plus nuancées dans
les années 1960. Le machisme des syndicats recule (Guillaume, 1993). Le travail
salarié des femmes est présenté de manière plus positive et la présence
permanente de la mère au foyer est moins valorisée. Il faut dire que le travail
féminin est aussi une nécessité démographique : « De 1963 à 1968, la population
active n’augmenta que de 400 000 personnes. Le taux d’activité masculin
déclinait même et ne reprit qu’à la fin des années 1960 quand arrivèrent sur le
marché du travail les générations nombreuses nées après la guerre. Pour faire
face aux besoins de l’économie, il fallait faire appel aux femmes, qui formaient
34, 6 % de la population active en 1962 et 40, 7 % en 1982, et aux immigrés »
(Schor, 2004, 277). Plus que les statistiques, ce sont les représentations de ce
travail des femmes qui évoluent alors : « Entre les recensements de 1962 et 1968,
le taux d’activité des femmes de 25 à 54 ans, par exemple, passe seulement de 42,
3 % à 44, 5 %. La majorité des femmes de cet âge ne travaille donc pas, mais
l’idéal de la mère au foyer perd de sa consistance » (Chaperon, 2000). Les
magazines sont pris ici comme des fenêtres ouvertes sur les représentations
circulant dans les produits culturels de masse : retrouve-t-on dans leur discours
cette perte de consistance de l’idéal de la mère au foyer évoqué par Sylvie
Chaperon ? Comment le plus lu des magazines féminins de l’époque accompagne-
t-il ces mutations des représentations du travail des femmes ? Quelles images du
travail salarié des femmes renvoie-t-il à ses lectrices ? Peut-on parler d’un rôle
pionnier, comme celui qui est revendiqué dans l’historiographie du journal ?
7 On envisage ici la diversité des discours du magazine en direction de ses lectri-
ces. L’analyse permet de répartir les articles étudiés en trois tiers, selon l’angle
qu’ils choisissent pour représenter le travail des femmes. Cette répartition
thématique se double d’un classement chronologique, puisque la dernière
thématique n’est présente qu’après les événements de Mai 68. Une première série
d’articles montre que le magazine Elle présente tout d’abord à ses lectrices des
figures d’héroïnes du monde du travail, des femmes remarquables qui
s’accomplissent à travers une vie professionnelle hors du commun. Mais la
question centrale reste celle de l’articulation de cette vie professionnelle avec la
vie de famille, qu’on peut envisager à travers l’étude d’une deuxième série
d’articles. On verra enfin que le journal cherche, après Mai 68, à devenir lui-
même un acteur dans le monde du travail des femmes, avec des articles
informatifs sur les différents secteurs professionnels et la publication de
propositions d’emploi.
Travail ou famille ?
15 Dans les premières années de la période étudiée, on observe une opposition
entre la mère de famille et la femme qui travaille. Anne-Marie Dardigna a bien
montré que lorsque la presse féminine aborde le thème de la maternité, il s’opère
un glissement de la fonction biologique de procréation à l’éducation des enfants
(Dardigna, 1978). La femme étant présentée comme seule responsable de cet
« élevage », l’auteure trouve dans Elle une avalanche de déclarations visant à
décourager les femmes d’avoir un métier loin de leur foyer. Dans les articles
étudiés ici, il apparaît en effet que Elle publie, dès 1964, des annonces pour des
formations dans lesquelles il est bien précisé que les candidates doivent être
célibataires. Le modèle de l’entre-deux-guerres, symbolisé par l’institutrice ou
l’employée des postes qui avaient fait le choix du célibat, est donc encore
prégnant21. Cette césure dans le « métier de femme »22 est présente dans
l’ensemble du discours rédactionnel du magazine. Ainsi, « Madame France 1968 »
a repris des études, mais c’est à la maison que ses compétences sont les plus
précieuses23. Gisèle Barbaut a 35 ans et cinq enfants ; un mari artisan et une
grande maison, qu’elle a en partie construite elle-même. Elle vient d’être désignée
« Madame France 1968 » par France-Soir, et Elle lui tire le portrait. Elle prend
des cours par correspondance pour passer le CAPES car l’enseignement est pour elle
le seul secteur pouvant accueillir une femme de 35 ans avec 5 enfants. Mais elle
gère sa cuisine et sa vie en améliorant gadgets et machines : elle aurait rêvé d’être
ingénieur. Le journal lui demande comment elle fait pour accomplir tant de
choses, et la regarde admirativement préparer le dîner tout en répondant aux
questions. Le magazine entérine par là la prégnance des dichotomies (ici
travail/famille) dans les identités féminines, aujourd’hui bien étudiées en sciences
sociales (Bock, 2010).
16 Les professions intellectuelles semblent, à nouveau, permettre une meilleure
conciliation des deux versants de la vie des femmes. Le journal propose par
exemple le portrait des deux auteures du Fils de Manon Lescaut. Fatiguées
d’entendre depuis plusieurs années leurs maris imaginer cette suite de Manon
Lescaut sans jamais l’écrire, les deux mères de famille de 37 ans (7 enfants à elles
deux) se sont réparti le travail et ont pris la plume. Leur roman vient d’être
publié24. Elle porte un regard positif et bienveillant sur cette entreprise.
17 Une variante de cet aménagement du dilemme se trouverait dans le cas de
celles qui choisissent de faire du bénévolat25 : « La profession ou la maison ? Les
femmes modernes sont déchirées par ce choix. Sauf celles qui trouvent une
troisième voie. Voici l’histoire de l’une d’entre elles ». L’héroïne de l’article a
ouvert une bibliothèque et un centre culturel dans la petite ville de grande
banlieue où son mari et elle s’étaient installés depuis plusieurs années. Expliquant
ce que cet engagement a pu apporter aux habitants du village, le journal conclut :
« Au fond, c’est pour justifier leur vie que les femmes veulent travailler. Pour
avoir été quelque chose de plus qu’un relais géniteur. A J.-sur-J., commune
rurale, les femmes qui musclent en riant leurs abdominaux et la jeune fille que
Picasso ne fait plus ricaner bêtement justifient assez bien le passage terrestre de
madame E. Entre autres ». Ce sont ici les rôles traditionnels de soin des enfants
et de la maison qui sont réduits aux termes de « relais géniteur ». Le travail des
femmes chercherait une origine presque métaphysique, celui de justifier de la
place des femmes sur la Terre. Pourtant, madame E. reste bien dans des fonctions
de dévouement à la communauté et d’éducation des plus jeunes.
18 Le problème principal du travail salarié est qu’il éloigne la femme de son foyer,
c’est-à-dire certes, de ses enfants, mais aussi, dans un premier temps, de son
mari. Le magazine s’interroge : est-il possible de travailler avec ce mari ? Deux
millions de Françaises travailleraient en couple. Quatre couples répondent aux
questions du journaliste sur leur mode de vie, les contaminations entre le travail
et la maison26… La première interviewée (directrice du service conception de
l’agence de publicité dirigée par son mari) est ravie de voir son mari dans les
moments où il est le plus brillant et de passer le plus de temps possible avec lui.
La deuxième a rencontré son mari sur les bancs de la fac : ils étaient tous les deux
en stomatologie et ont ouvert leur cabinet dentaire commun en se mariant. Son
fauteuil à lui a toujours fait le plein d’adultes tandis qu’elle n’a jamais réussi à se
constituer la clientèle d’enfants qu’elle espérait. Elle est devenue l’assistante de
son mari et n’exerce plus que rarement. Lui estime qu’ils sont toujours deux
dentistes dans le même cabinet, et qu’il faut bien que quelqu’un tienne la barre.
Quand on lui dit que sa femme aurait également pu tenir la barre (elle était plus
brillante que lui), il répond : « Restons réalistes. Lorsqu’un client entre dans un
cabinet dentaire, c’est évidemment un homme qu’il compte y trouver. D’ailleurs,
ma femme est très heureuse ». Ce discours ne satisfait pas la journaliste de Elle
qui, dans son commentaire pour les lectrices, se moque du dentiste. Le troisième
couple est celui qui semble le plus pathétique pour la lectrice d’aujourd’hui. Lui
s’est lancé dans le music-hall ; elle y est devenue sa partenaire et il jalouse
maintenant le succès qu’elle rencontre. Le dernier couple : André et Coqueline
Courrège, qui travaillent ensemble depuis vingt ans. Elle semble surtout au
service du grand homme, mais, l’article souligne que tout le monde trouve son
compte dans cet arrangement ; cela fonctionne bien pour les deux. L’article se
termine sur l’avis du psychiatre qui estime que pour qu’un couple puisse travailler
ensemble, il ne faut pas qu’une des deux membres soit infériorisé. Or, ce rapport
de domination existait dans la plupart des exemples donnés par le reportage. De
la confrontation de ces exemples émerge une fois de plus l’idée que le travail des
femmes est réservé à une élite artistique et passionnée. Il ne serait donc pas
accessible à la plupart des lectrices de Elle. Dans tous les autres cas, il menace
l’identité féminine et l’équilibre des couples.
19 C’est avec le regard d’une étrangère, celui d’une adolescente américaine
séjournant en France, que le journal voit, pour la première fois, dans l’importance
du rôle domestique des femmes, une spécificité française27. Dickie a 19 ans et
vient de passer une année dans la Creuse. Elle a été accueillie par une famille
d’enseignants ayant déjà deux enfants. Elle l’interroge sur ses études, les relations
avec les garçons, mais aussi la vie de famille : « Dans la famille américaine,
chacun fait ce qui lui plaît, quand ça lui plaît. Cela ne veut pas dire qu’on ne
s’aime pas, mais cela manque de chaleur. Monsieur Corrieu (et les Français en
général) sont des hommes gâtés. Madame Corrieu porte même le petit déjeuner
au lit à son mari. En échange, il est « mignon » ! ». La qualité principale de
monsieur Corrieu serait donc cette galanterie française, mais elle n’est qu’un
retour des attentions de son épouse.
20 Ce n’est donc le type d’insertion professionnelle des femmes qui différerait d’un
pays à l’autre (puisque madame Corrieu comme la mère de Dickie sont
enseignantes), mais la place occupée par la vie conjugale et familiale. C’est
d’ailleurs pour permettre à leurs familles d’avoir un peu plus d’argent que les
femmes travaillent. C’est en tout cas le postulat d’un éditorial de Jean Duché, qui
part d’un article paru dans le numéro spécial de Population sur la famille pour
montrer que les familles françaises sont plus souvent en situation financière
délicate que celles des autres pays, et que, plus il y a d’enfants, plus il est
nécessaire que les mères travaillent. Il suggère de développer le travail
« temporaire » ainsi que les modes de garde des touts petits28. Il conclut son texte
en estimant que « concilier la maternité et l’activité extérieure est une des plus
grandes questions à résoudre dans les années qui viennent », ouvrant
effectivement le champ de la « double-journée » qui est l’enjeu des luttes des
femmes des années 1980. L’éditorialiste utilise les témoignages de ses lectrices,
qui lui ont décrit l’énergie nécessaire à la gestion conjointe de ces deux emplois du
temps29.
21 Autre pilier du journal, Rose Vincent est sur la même longueur d’ondes. Elle
publie les bonnes feuilles de son livre LeMétier de mère dans lequel elle se
demande si les femmes doivent travailler à l’extérieur de la maison30. Rose
Vincent revient sur les termes du dilemme : la mère qui travaille est surmenée, la
femme au foyer risque d’accaparer ses enfants et n’est pas armée en cas de crise.
Elle fait donc l’inventaire des mesures nécessaires pour améliorer la vie de l’une
(temps partiel, crèche, ouverture plus large des magasins) et de l’autre (halte
garderie, salaire social). Et, pour tout le monde, elle préconise la journée continue
et le partage des tâches à la maison.
22 Après l’éditorialiste et la titulaire de la rubrique d’éducation, tournons-nous
maintenant vers le courrier des lectrices. C’est Marcelle Ségal qui y répond. Elle
encourage avant tout ses lectrices à être de bonnes mères de famille. Lorsque
l’une d’entre elles écrit qu’elle plaint les jeunes femmes obligées de travailler à
l’extérieur, elle lui répond « que l’âme d’un enfant est certainement plus
précieuse qu’une machine à laver »31. On retrouve ici un discours de dénonciation
de la course à l’équipement (en particulier électro-ménager), de distance par
rapport à la modernité et aux exigences modernes du confort. Si ces arguments
sont rares dans Elle, on les retrouve dans la presse de gauche (Le Nouvel
Observateur de l’époque s’interroge régulièrement sur les réels besoins matériels
des Français), mais aussi dans la littérature32. Dans Les Petits enfants du siècle,
Christiane Rochefort montre l’engrenage dans les classes populaires, du besoin
d’équipement avec l’arrivée des enfants, et des achats possibles grâce aux
allocations familiales. Paulette Mauvin caresse ainsi son ventre rond en disant
« C’est mon frigidaire » (Rochefort, 1961).
23 Le principal enjeu du travail des femmes semble être la possibilité qu’il laisse,
ou non, aux mères de famille, de s’occuper de leurs enfants et de leur foyer. C’est
en tout cas le dilemme sans cesse mis en avant dans les articles de Elle. Au gré des
rubriques, le journal apporte des clefs différentes pour résoudre cette difficile
équation. Ce n’est qu’à la toute fin de la période étudiée, après 1971, qu’il s’engage
clairement en faveur des droits des femmes, dans la vie quotidienne et le monde
du travail.
« Le travail féminin, parmi les grands thèmes débattus, est celui que nous
avons choisi, quant à nous, de traiter en priorité. Pas par hasard : parce
qu’il est celui pour qui des solutions réelles peuvent être trouvées et
appliquées dans les délais les plus brefs. Inégalité des salaires, horaires,
recyclage, orientation professionnelle réaliste, promotion sont des
problèmes criants »43.
30 Le magazine invite ses lectrices à participer aux réunions qui se tiennent dans
toute la France et à faire part de leur expérience. Quelques mois plus tard, à la
suite de ces états généraux, Elle lance à nouveau une grande enquête sur le travail
des femmes44 : « Pour 74 % des Françaises, il est préférable que les femmes
exercent un métier (enquête IFOP). Et pour presque toutes, le travail pose un
problème. C’est lui qui a fait exploser l’univers féminin d’autrefois. C’est à lui que
nous avons choisi de consacrer nos prochains états généraux ». L’article explique
qu’une évidence est apparue dans la préparation du livre blanc qui va suivre les
états généraux, le problème du travail est la clef de tout ; il concentrerait toutes les
difficultés de la condition féminine contemporaine : « C’est le travail qui a libéré
les femmes en leur permettant d’échapper à l’univers parfois étouffant du
gynécée, donc aux servitudes de la prétendue nature féminine ; c’est lui qui les
aide à prendre conscience de leur aptitude à toutes les tâches, à se reconnaître
comme « valant bien les hommes », à se légitimer psychologiquement et
socialement. Mais c’est lui aussi qui les opprime ». Le journal veut donc lancer
une vaste enquête sur ce thème, en faisant le bilan des recherches en cours, en
questionnant les lectrices de Elle et en organisant des groupes d’études dans les
régions. Et pour commencer, le magazine crée une rubrique de petites annonces
d’emplois « féminins », en regrettant que les emplois aient un sexe mais en
expliquant que c’est une réalité et que leur travail sera déjà de déjouer les
annonces-pièges.
31 Dans les mois qui suivent, l’hebdomadaire prête une attention plus grande aux
évolutions législatives. Alors que les modifications du régime matrimonial en
1965 apparaissaient peu dans ses colonnes, Elle évoque largement le projet de loi
sanctionnant les infractions au principe « à travail égal, salaire égal »45. Agnès
Maury interviewe madame Marcelle Devaud, présidente du Comité du travail
féminin (organisme chargé de proposer des solutions pour l’insertion des femmes
dans la vie professionnelle) et vice-présidente du Sénat. Elle présente la loi que
propose Joseph Fontanet, ministre du Travail, interviewé ensuite. Madame
Devaud ne se fait pas vraiment d’illusions sur les effets de la loi, mais estime
qu’elle pourra au moins permettre de mettre fin aux scandales les plus criants.
32 Autre nouveauté de cette dernière période : Elle parle de la souffrance au
travail. Le magazine fait ainsi le portrait de Simone, souffre-douleur de ses
collègues de bureau46. L’article prend la forme d’un témoignage de cette
rédactrice dans une agence de publicité qui subit les brimades de deux de ses
chefs qui lui disent à longueur de journée qu’elle est grosse et moche. La jeune
femme seule se confie au journaliste et sanglote. La dernière partie de l’article
tente une analyse du phénomène, présenté comme inhérent à toute vie de groupe.
Le terme de « souffrance au travail » n’est jamais employé, il s’agit de parler d’une
posture psychologique. La posture de l’article entérine de plus le diktat de
l’apparence et l’injonction à être belle, dans l’ensemble des activités sociales, y
compris le travail.
33 Plus clairement engagé en faveur du développement du travail salarié des
femmes au début des années 1970, Elle s’interroge pour le développement de la
formation des jeunes filles. Dans un éditorial de févier 1972, Jean Duché souligne
qu’il faut que les formations évoluent pour que le travail des femmes change et
permette aux femmes « d’exprimer leur personnalité »47. La dénonciation de
l’inégalité entre hommes et femmes dans le monde du travail se retrouve à
l’époque dans la presse magazine généraliste. Dans la série d’articles qu’il
consacre au « Prix d’un Français », Le Nouvel Observateur dénonce par exemple
la sous-qualification des femmes, qui les cantonne dans des postes moins bien
payés48. Le même article pointe comme principal handicap à la carrière des
femmes « les soins des enfants et l’entretien du foyer ».
34 Après 1968, Elle s’engage plus fermement pour l’évolution des droits des fem-
mes. Ainsi, après avoir seulement rendu compte des débats sur la contraception,
le journal s’engage plus clairement dans la lutte pour la légalisation de
l’avortement. Il publie opinions et témoignages en faveur de la légalisation de
l’avortement. On peut parler d’une stratégie opportuniste, au moment où les
revendications de la deuxième vague du féminisme deviennent visibles. La
mutation se produit au même moment sur la question du travail des femmes : le
magazine les invite à faire respecter leurs droits, et sensibilise les mères à
l’importance de l’éducation des filles, seul chemin de l’émancipation.
35 Il faut, pour finir, souligner que ce questionnement est plus largement au cœur
des débats dans l’espace public à ce moment-là. On en donne pour dernier signe
un publi-reportage paru dans le magazine féminin49. En 1972, Bonbel50 et
Europe 1 s’associent pour parler de la vie de famille des Français. Après une
première enquête dans le numéro du 13 mars 1972 sur le thème « Etes-vous pour
ou contre l’argent de poche ? », on pose la question du travail des femmes51 :
« Dans notre numéro 1369, nous vous avons présenté l’Enquête nationale
Bonbel-Europe 1. Au cours de cette campagne d’un genre nouveau, un fromage,
apprécié des enfants et des parents, a décidé de s’intéresser aux problèmes de la
famille moderne. Comment ? En leur offrant les moyens de réfléchir sur leur vie
quotidienne. Trois fois par semaine, sur les antennes d’Europe 1 (…) et Radio
Monte-Carlo un débat public traite d’un problème concernant la vie et les mœurs
de la famille française d’aujourd’hui. En avant-première, voici deux opinions sur
le thème qui sera débattu la semaine prochaine. Vous êtes invités à prendre parti
pour ou contre ». Suivent les témoignages d’une femme ravie de poursuivre
son métier d’avocate et d’une autre enchantée d’avoir arrêté de travailler dans la
publicité. Les lecteurs peuvent renvoyer un bulletin de participation à découper
en bas de la double page pour donner à leur tour leur opinion (et gagner du
fromage, bien sûr). Tout le système médiatique de la pseudo-participation du
public et de l’orchestration d’un faux débat est présent. Les enjeux du travail des
femmes sont résumés à une prise de parole favorable et à une autre hostile. La
présence du questionnement dans une démarche publicitaire montre en revanche
que les représentations du travail des femmes se sont à la fois multipliées et
banalisées dans les discours médiatiques au cours de la période étudiée.
36 Si nous avons observé l’évolution propre du magazine Elle, qui, de 1964 à 1974
va vers plus d’engagement en faveur des droits des femmes, il faut souligner que
ce mouvement est général à l’ensemble des médias. Il correspond à une
médiatisation massive de la deuxième vague du féminisme. Après 1968, les
revendications du mouvement touchent le grand public. Le 11 juillet 1975, la loi
française autorise le divorce par consentement mutuel. « Demandé dans 55 % des
cas par la femme en 1965, il l’est dans 66 % des cas dix ans plus tard, ce qui est
lié à l’indépendance professionnelle croissante de la femme » (Guillaume, 1993).
Débute ainsi la mesure statistique des évolutions sociales engendrées par
l’extension du travail salarié des femmes. Au cours de la décennie précédente, le
magazine féminin Elle a accompagné les évolutions produites par ce phénomène
dans la vie des femmes. Il n’anticipe pas les questionnements du mouvement des
femmes, et ne s’engage qu’une fois qu’ils sont largement médiatisés par ailleurs.
Les articles étudiés montrent que Elle a présenté à ses lectrices des modèles
remarquables de femmes au travail, pris position, après Mai 68, pour les aider à
défendre leurs droits, mais surtout, a continué de s’interroger sur les mutations
produites dans les rôles sociaux de Genre par ces nouvelles pratiques. Si la
question centrale est celle de l’emploi du temps de la mère de famille (la question
de la « double journée des femmes » devient centrale dans les années 1980), c’est
l’ensemble des représentations de Genre qui sont questionnées par le salariat des
femmes. Presse des devoirs, presse des désirs, Elle incite les femmes à
l’émancipation tout en leur rappelant leurs devoirs d’épouses et de mères. Le
discours du journal dans les années 1960 et 1970 prépare ainsi les dilemmes des
doubles journées des femmes actives des années 1980. Dans le même temps, le
discours publicitaire, qui montre peu les femmes au travail mais insiste sur le
dilemme des mères de famille salariées (pour leur vendre toute une nouvelle
catégorie de produits, de l’électroménager aux plats préparés) apporte un contre-
point systématique aux pages rédactionnelles pour construire une représentation
nuancée de ces évolutions sociales. Les liens entre ces deux discours sont
complexes. Dans la période étudiée, le discours « progressiste » de Elle peut
séduire les annonceurs, proposant des appareils électro-ménagers aux femmes
qui travaillent.
Bibliography
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Paris, Flammarion, (première édition 1980).
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Notes
1 Créé en 1938 par Jean Prouvost, Marie-Claire avait en son temps apporté un véritable
renouvellement à la presse féminine en proposant l’image d’une jeune femme moderne
inspirée par les magazines américains. Il se développe avec l’envol de l’industrie
cosmétique et séduit les classes les plus aisées de la population française. Ayant
poursuivi sa publication pendant toute l’Occupation, le titre tombe sous le coup des
ordonnances de 1944 et doit attendre 1954 pour être de retour dans les kiosques. Sur la
révolution apportée par Marie-Claire dans l’univers de la presse féminine, on peut
consulter Blandin et Eck (2010). On peut aussi se demander si l’hebdomadaire de Jean
Prouvost envisage la question du travail salarié des femmes, voir à ce sujet : Claire
Blandin, « Le métier de femme dans Marie-Claire », Actes du colloque
Masculin/Féminin Presse, Lyon 2010, à paraître aux PUL en 2012.
2 Ce sont souvent des femmes, comme Françoise Giroud rédactrice en chef du magazine
de 1945 à 1953.
3 http://ipjblog.com/lapressemagazine/elle/, page consultée le 20 février 2012.
4 La réforme du régime matrimonial de 1965 permet aux femmes d’ouvrir un compte en
banque sans l’autorisation de leur mari, et de disposer donc de l’argent qu’elles gagnent.
En 1972 sont promulguées les premières lois sur l’égalité salariale entre hommes et
femmes.
5 Sur l’histoire du féminisme, voir Thébaud (2007). Pour un exemple de recherche sur la
deuxième vague : Pavard (2009). Un premier bilan de cette vague a été posé avec le
colloque organisé par Christine Bard « Les féministes de la deuxième vague, actrices du
changement social » qui s’est déroulé à Angers en avril 2010 et dont les actes vont être
publiés aux PUR.
6 Le corpus exploré se compose donc de 25 numéros par an environ, pour dix années,
soit 250 numéros de Elle. L’étude présentée ici porte sur une trentaine d’article évoquant
la question du travail des femmes, directement ou indirectement. Ce travail est extrait
d’une recherche plus large sur les représentations de la vue de famille dans la culture de
masse dans les années 1960, réalisée à partir des collections des magazines Elle, Télé 7
Jours et Le Nouvel Observateur. Il bénéficie donc également de la lecture et de
« l’imprégnation » de l’ensemble de ces publications.
7 La méthode utilisée ne cherche pas à produire des données quantitatives sur la place de
la thématique « travail » par rapport aux autres centres d’intérêt du magazine, mais à
voir comment, au sein de la presse magazine féminine la question du travail salarié est
abordée pour les lectrices.
8 Claude Le Roux, « Dans les coulisses de Gallimard : douze femmes », Elle, n° 1030, 16
septembre 1965, p. 114-117 puis 124-127. Claude Le Roux est une femme. Les reporters
de Elle sont majoritairement des femmes ; toutes les chroniques régulières sont tenues
par des plumes féminines, sauf l’éditorial régulièrement signé par Jean Duché.
9 « Madame le conservateur », Elle, n° 1052, 17 février 1966, p. 101.
10 Claude Le Roux, « Une femme-sculpteur parle de son métier : « C’est comme au
Moyen-Age » », Elle, n° 1232, 28 juillet 1969, p. 6-10.
11 Sur la place de ces figures d’intellectuelles en histoire des femmes, voir
« Intellectuelles », Clio, n° 13, 2001.
12 Contrairement à ce que nous avons vu plus haut pour les intellectuelles ou les artistes,
le terme de « carrière » n’est pas employé par le magazine pour évoquer le parcours de
ces femmes. Leur engagement est présenté comme militant, ou comme une forme de
service à la communauté.
13 François Blanc, « Quand le maire est une femme », Elle, n° 1317, 15 mars 1971, p. 90-
94.
14 Cet article fait partie d’un ensemble de publications qui montrent une médiatisation
importante des femmes candidates dans cette campagne. L’émission « Alsace
Panorama », consacre par exemple un reportage de plus de dix minutes à la question
(« Les femmes et les municipales ») le 27 février 1971.
15 Anne Kergoat, « Il faut avoir les reins solides », Elle, n° 1384, 26 juin 1972, p. 146-149.
16 Michèle Duby, « Un métier que les femmes ont conquis : vétérinaire », Elle, n° 1324, 3
mai 1971, p. 100-104.
17 Jean-Claude Buguin, « Demain, elles sauveront des vies sur les routes », Elle, n° 1326,
17 mai 1971, p. 106-109.
18 La presse magazine contribue à la construction de la représentation des femmes
comme responsable des soins, aux enfants et à l’ensemble de la famille. Sur cette
élaboration, voir Badinter, 2010, p. 391 et suivantes.
19 Françoise Tournier, « Médecin en anesthésie réanimation », Elle, n° 1375, 24 avril
1972, p. 162-171.
20 François Blanc, « Dieppe : la ville dont le « gardien » est une femme », Elle, n° 1353,
22 novembre 1971, p. 192-194.
21 Yves Lequin a en particulier travaillé sur ces figures de femmes célibataires au travail.
Voir par exemple Lequin et Vandecasteele, 1990.
22 Le Métier de femme est le titre d’un ouvrage de Ménie Grégoire, journaliste à Elle,
publié chez Plon en 1965.
23 Claude Le Roux, « Madame France 1968 : « J’aurais aimé être ingénieur en
efficacité » », Elle, n° 1215, 31 mars 1969, p. 7-11.
24 Denise Dubois-Jallais, « Deux mères deviennent un romancier », Elle, n° 1342, 6
septembre 1971, p. 134-135.
25 Claude Le Roux, « Une vie de femme avec quelque chose de plus », Elle, n° 1372, 3
avril 1972, p. 4-7.
26 Christian Bretagne, « Travailler avec son mari », Elle, n° 1372, 3 avril 1972, p. 24-34.
27 Claude Le Roux, « Dickie des USA un an à Guéret », Elle, n° 1268, 6 avril 1970,
p. 128-135.
28 Jean Duché, « Le prix des enfants », Elle, n° 1343, 13 septembre 1971, p. 5
29 Jean Duché, « Le choix des femmes », Elle, n° 1373, 10 avril 1972, p. 11.
30 Rose Vincent, « Voici pourquoi le plus beau métier de femme est en crise », Elle,
n° 1351, 8 novembre 1971, p. 72-75.
31 Marcelle Ségal, « Courrier du cœur », Elle, n° 1351, 8 novembre 1971, p. 114. Marcelle
Ségal tempère ensuite ce discours en disant que les mères trop présentes peuvent aussi
être néfastes pour leurs enfants.
32 Pour Le Nouvel Observateur, voir par exemple l’article de Jacques Ozouf, « Les
Français et le bonheur », Le Nouvel Observateur, n° 460, 3 septembre 1973, p. 37-47.
33 Fanny Deschamps, « Monsieur le ministre, ne nous protégez pas trop », Elle, n° 1038,
11 novembre 1965, p. 68-71.
34 Simone Mesnil-Grente, « Comment vivre la vie moderne. Travail », Elle, 4 mai 1967,
n° 1115, p. 75.
35 Simone Mesnil-Grente, « Savoir prendre des risques calculés », Elle, n° 1365, 21
février 1972, p. 179-180. L’interviewée suit une formation continue dans la comptabilité.
36 « Le travail féminin : des situations, des emplois », Elle, n° 1365, 21 février 1972,
p. 183.
37 Jean Duché, « Les fées Electricité », Elle, n° 1383, 19 juin 1972, p. 9. On retrouve « la
plombière » dans les études réalisées pour l’enquête GMMP présentées ici ; cette figure
féminine est donc présente dans les imaginaires depuis plus de quarante ans.
38 « La femme cette inconnue. Etes-vous pour ou contre le travail des femmes ? », Elle,
n° 1199, 9 décembre 1968, p. 101-116.
39 Sur ces figures de pionnières, voir Rennes, 2007
40 « La femme cette inconnue. Choisir votre métier », Elle, n° 1205, 20 janvier 1969,
encart p. 55 à 70.
41 Simone Mesnil-Grente, « Il y a de plus en plus de femmes qui font des métiers
intéressants », Elle, n° 1246, 3 novembre 1969, p. 17.
42 Michèle Duby, « Les pièges et les abus du travail à domicile », Elle, n° 1307, 4 janvier
1971, p. 28-31.
43 « Les états généraux de la femme : et maintenant ? », Elle, n° 1315, 1er mars 1971,
p. 33. Les Etats généraux de la femme se réunissent à Versailles, à l’invitation du
magazine Elle, en novembre 1970. Ils rassemblent 350 déléguées et plus de 1500 femmes
y assistent.
44 « Petites annonces : le travail a-t-il un sexe ? », Elle, n° 1317, 15 mars 1971, p. 94-95.
45 Agnès Maury, « La fin des inégalités de salaire entre hommes et femmes ? », Elle,
n° 1374, 17 avril 1972, p. 158-162.
46 Christian Bretagne, « Histoire d’une souffre-douleur », Elle, n° 1325, 10 mai 1971,
p. 22-25.
47 Jean Duché, « Ce vide qui nous menace », Elle, n° 1366, 28 février 1972, p. 4.
48 François-Henri De Virieu, « Le prix d’un Français », Le Nouvel Observateur, 30
septembre 1974, n° 516, p. 54.
49 Les publi-reportages sont des annonces prenant la forme d’un texte rédactionnel de
reportage. Le journal Elle en publie très régulièrement, et signale le statut du texte en
haut de page.
50 Bonbel est une marque de fromage du groupe laitier Bel.
51 Publi Informations, « Pour ou contre les femmes qui travaillent sans en avoir
besoin ? », Elle, n° 1372, 3 avril 1972, p. 136-137.
References
Bibliographical reference
Claire Blandin, “Elle et le travail des femmes”, Sciences de la société, 83 | 2011, 118-
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Electronic reference
Claire Blandin, “Elle et le travail des femmes”, Sciences de la société [Online], 83 | 2011,
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