Travail

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TRAVAIL

Thèmes d'étude :

● Faut-il rêver d'un monde sans travail ?

Sujets de concours :

● L’évaluation, une obsession ?


● Le travail est-il une valeur en voie de disparition ?
● Chômage et société
● Manque-t-on de travail ?
● « Le travail ennoblit l’homme »
Ce qui nous trouble aujourd’hui dans le rapport au travail c’est son manque.
Mais c’est aussi la problématique du travail en tant que valeur. Il a longtemps
été méprisé dans notre culture. Des mutations économiques très importantes au
court du XXème ont provoqué une rupture du modèle qui faisait que le travail
était central.
A l’analyse on fait un constat troublant. Ce que nous appelons travail n’est pas
structurant.
L’inde contemporaine : les relations entre individus l’emportent sur le travail.
La caste d’origine définit la personne. Le statut prime, et non l’activité. Le
travail dépend de la caste. Pour nous, le travail renvoie à l’idée de production.
Or il est des sociétés où cette notion n’existe pas.
Dans notre culture dont le fondement est le monde grec : il y a un mot pour
désigner le travail par sa pénibilité et un autre pour le travail en tant qu’œuvre et
enfin un dernier pour le travail qui requiert une technique.
Les latins ont la tâche effectuée (opus) et le mot (labor) pour la tâche dolosive.
La culture européenne opère une brisure : le travail devient socialement
structurant. Il définit la place, la visibilité de chacun dans la société. Longtemps,
le travail n’est pas valorisé. Il est même dévalorisé. Il y a une césure sociale qui
sépare ceux qui doivent travailler pour vivre et ceux qui peuvent s’en dispenser.
Aristophane valorise les agriculteurs et dévalorise le commerce : renversement
du monde grec. On a tiré de cette idée la figure du soldat chauvin. Le
chauvinisme est une invention du directoire : renvoie à l’image du soldat
laboureur citoyen. Le Travail de la terre est le seul qui a une légitimité. Le
travail est dans ce sens une forme de tare sociale.
Mais cette idée évolue et le travail devient une sanction qui s’impose à
l’Homme pour avoir enfreint l’interdit du Paradis Terrestre.
Par quel process explique-t-on que la pensée religieuse ait dévalorisé le travail
pour ensuite le valoriser ?
C’est un cheminement long. Le judaïsme puis le christianisme ont une répulsion
vis-à-vis du travail. Il y a une indignité du travail. Mais du monde religieux
surgit la valorisation croissante du travail. Le travail, comme Dieu, fait surgir du
néant quelque chose qui n’existait pas. Dieu est l’artisan du monde : on
commence à exposer le travail comme un concept à deux faces. Il y a la face
punitive mais également une face méliorative. Dieu a donné aux hommes la
capacité d’être artisan. Le travail est, par son acceptation de punibilité un moyen
pour les Hommes de payer leur dette, et par sa face méliorative, il est la preuve
que l’Homme est à l’image de son Dieu créateur.
• Encadrement des migrations : existence de passeports intérieurs pour
passer d’une ville à l’autre (sous le Ier Empire ! mais aussi URSS). L’idée de la
tracabilité existe déjà.
La deuxième phase de valorisation du travail : le libéralisme
La fable des abeilles (1714), Bernard MANDEVILLE : les vices privés font le
bonheur public.
1776, Adam Smith reprend cette idée dans Recherche sur les causes de la
richesse des nations avec la main invisible. « Il ne faut pas attendre notre pain
de la bienveillance du boulanger » : il faut attendre notre subsistance et notre
bien commun de leur égoïsme. C’est grâce à l’égoïsme de chacun d’entre nous
que le bien commun peut exister. L’ajustement des égoïsmes entre eux
provoque le bien commun général car il favorise le commerce. Le commerce
c’est l’envie de gagner de l’argent sur les autres, mais cette envie fait la
bienveillance générale.

Le libéralisme économique montre que la somme des volontés de gagner sa vie


par le travail génére le bien public.
Une autre idée qui fait que le libéralisme valorise le travail : la monnaie permet
d’échanger des biens. Cela valorise le travail car tous les biens sont
échangeables entre eux pour peu qu’on leur fixe un prix. Avec la monnaie on
échange plus les biens, mais leur transposition monétaire. Et au XVIIIème, ce
qui fait le prix d’un bien, c’est tout simplement la quantité de travail qui a été
nécessaire à sa production. Le travail au sens de l’économie monétaire et de
l’économie morale est le centre de nos sociétés.
Enfin, le marxisme va permettre de valoriser le travail.
La valeur d’un bien est corrélée à la quantité de travail incorporée. La différence
avec les libéraux : tient à la possession des outils de production (qui
appartiennent à l’exploitant –celui qui s’est accaparé les outils de production et
qui s’approprient également les fruits du travail. Le capitaliste possède les outils
ET la force de travail du prolétaire).
• De la matrice religieuse sort une face de valorisation du travail.
Ensuite avec les libéraux le travail fixe la valeur du prix, il est central. Et pour
Marx le travail, la pleine propriété de son travail et de ses fruits, doit être
récupérée par le prolétariat pour qu’il puisse être libre.
Voilà les 3 pensées qui expliquent que le travail, pour les européens est
valorisant. Et pourquoi l’absence de travail vous exclut de la société (on prête
au pauvre des défauts moraux comme la paresse). C’est une faute sociale que de
ne pas contribuer au bonheur collectif que le travail permet.

Aujourd’hui, il y a une double rupture du modèle où le travail était le pivot de la


société.
Qu’est-ce qui a changé ?
Le passage d’une vision collective du social a une vision individualisée.
L’individu contemporain se caractérise par sa volonté d’autonomie et
d’affranchissement.
Deuxième changement : il y a un bouleversement croissant : nous sommes
passés d’une économie de production a une économie de service en un demi
siècle.
Combien y a-t-il d’agriculteurs aujourd’hui en France (secteur tertiaire) : la
population agricole française représente 1,5% de la population active. Exode
rural : années 1950 (très tardif) = politiquement on a bloqué l’exode rural. Le
blocage se fait dans les années 1870 car on prépare ardemment la revanche = il
faut de gros bataillons et pouvoir les nourrir (rivalité franco allemande).Mais on
a tardivement bâti un outil industriel performant.
Ce qui fait transformation du marché du travail c’est le passage d’une société de
masse à une société d’individu :
• Modèle taylorien : rationalisation a l’extrême du travail et on
spécialise les tâches à l’extrême
Le Taylorisme est caractérisé par une unité de lieu qui rassemble les salariés en
UN lieu de production, unité de temps (temps fixe de travail avec une
pointeuse), unité d’action (exécution d’une tâche donné, parcellisation et hyper
segmentisation du travail)

Ce modèle s’est effondré : différenciation des tâches => nos sociétés doivent
être capable de non pas produire en masse, mais de répondre à des demandes
très particulières.
Il y a par ailleurs une démultiplication des lieux de production (notamment avec
la mondialisation qui opère la division internationale des TACHES [la
production d’un bien est divisée en étapes et chaque étape de production
appartient à un pays] et non pas du TRAVAIL [spécialisation des pays dans la
production des types de produits] :
Externalisation croissante de la production : permet l’hyperréactivité
(notamment en Italie du Nord avec les vêtements de prêt à porter où on produit
en 15 jours).
• Passage d’une économie secondaire à une économie tertiarisée. La
part du tertiaire en France est entre 70 et 75% Cela pose de façon renouvelée le
problème du chômage. En France il y a un chômage structurel massif qui ne
tient pas qu’à des causes économiques mais également culturelles (Olivennes)
Les mutations techniques se superposent aux trajectoires culturelles. C’est par le
travail que l’Homme s’institue : sans travail il est dépourvu de son outil de
légitimation à exister pleinement dans la société.
Le chômage est une catégorie socioéconomique construite tardivement, même
s’il s’agit d’un phénomène ancien.
/!\Celui qui est sans emploi n’apparaît pas forcément comme un chômeur :
certaines personnes sans emploi ne sont pas considérés comme chômeurs (ex :
les handicapés).
Pour que la notion de chômage existe il a fallu :
-une volonté politique de dénombrement des chômeurs
- une définition sociale du statut : ne pas être dans l’emploi alors qu’on le
voudrait
- un outil statistique
La notion de chômage apparaît en 1896. Pour la première fois, les pouvoirs
publics ont souhaité disposer d’un indicateur pour savoir combien de personnes
avaient perdu leur emploi après la crise économique. Les sans emplois sont
distingués des indigents et des vagabonds. Pour la première fois, le chômage est
défini juridiquement et pas seulement socialement.
Lord Beveridge en 1909 publie un livre intitulé « Unemployment a problem of
industry ». Il n’est plus question pour lui de considérer que le chômeur est un
être dégradé qui ne veut pas accepter les contraintes. Le chômage provient du
système de production.
Si on s’en tient au modèle classique : le chômage est volontaire. On est chômeur
car on n’accepte pas de travailler au prix d’équilibre du marché du travail.
Deuxième vision : Marx. Le chômage est un élément structurellement lié au
capitalisme. C’est « l’armée de réserve du prolétariat » : la machine productive
puise en fonction de SES besoins. Pourquoi le chômage ? Cela s’explique par 3
éléments du capitalisme (la recherche des gains) 1/Excédent de population par
rapport aux besoins du capital. Le capitalisme organise la production en
fonction de son intérêt (=rendre son capital productif). 2/ Les gains de
productivité liés aux progrès de la technique font que le travail est remplacé par
du capital machine. 3/ Le capitalisme génère nécessairement des crises de
surproduction (on investit dans des machines => il faut les rentabiliser)
Pour Marx, ce sont les dérèglements que portent en lui-même le capitalisme qui
construisent le chômage.

3ème analyse : Keynes. Sans être marxiste, il conteste l’analyse classique. Ce


que prétendent les libéraux classique, cad l’ajustement par le salaire, c’est pas
possible. Car les salariés sont sensibles au salaire nominal et non réel. Il y a une
donnée psychologique qui influe sur le comportement du salarié. Donc ils sont
rétifs à la baisse : l’idée de voir la fiche de paie baisser est insupportable. Il y a
un aveuglement des libéraux pour lui sur les déterminants psychologiques du
travail. De plus, si on diminue le salaire réel (mécanisme supposé, pour les
libéraux, favoriser l’emploi, on provoque une baisse de la demande globale et
on enclenche un effet de récession qui crée du chômage. Donc c’est pour lui la
demande qui détermine l’offre.
La Condition de l’Homme moderne, Arendt : c’est l’automatisation du travail
qui libérera l’Humanité du fardeau du travail qui est l’asservissement à la
nécessité. Par le progrès technique, l’Homme ne sera plus soumis au travail.
Elle dit qu’on s’est servi du progrès technique et scientifique pour « aboutir à
une société de travailleurs que l’on va délivrer des chaînes du travail ». Cela
devrait permettre à l’Homme de se consacrer à des activités plus intéressantes
en théorie (théorie du temps libéré). Mais le drame, c’est que c’est à ce moment
là que l’on considère qu’être chômeur c’est une tare. Il s’agit d’une
contradiction : la libération du travail est supposée être noble, mais cela fait
également notre malheur collectif et individuel.
C’est pourquoi le progrès technique est accusé
« je cherche le moyen d’occuper le peuple en fonction de ses facultés afin de le
faire vivre doucement (=paisiblement) de son travail et non de ravir au peuple le
peu d’occupation qu’il possède » (COLBERT est séduit par le machinisme,
mais il est en plein cas de conscience).
• En utilisant les machines nouvelles, certaines personnes ne trouverait
plus d’emploi, même si ça crée du temps libre.
Jusqu’en 1784 il sera interdit en France d’utiliser une machine qui priverait
quelqu’un de son emploi.
Schumpeter :> constate qu’il y a une coincidence entre les cycles de Kondratiev
et le progrès technique. L’innovation est un processus cumulatif : on va toujours
dans le sens du progrès. Pour Schumpeter : l’innovation crée du chômage (la
destruction créatrice d’emploi mais cette destruction d’emplois par le progrès
technique va ensuite créer de l’emploi qui est mieux qualifié, qui demande plus
de qualifications = le niveau de qualification général de la population
augmente).
2 thèses :
• Thèse inspirée de Marx : La destruction créatrice est terminée = Marx
avait raison par anticipation. L’intensité capitalistique est telle qu’on a plus
d’emplois détruits par le capital machine que d’emplois crée. Le niveau de
qualification général augmente, certes, mais on a un chômage massif
(structurel). Schumpeter avait selon cette thèse, historiquement raison, mais plus
aujourd’hui.
• Denis Olivennes publie une note : La préférence nationale pour le
chômage. Selon lui, il faut regarder les structures des appareils de production.
On a une singularité française : avec un outil de production assez similaire de
l’outil allemand, on a plus de chômage. Il y a pour des raisons qui tiennent à nos
systèmes institutionnels spécifiques un blocage. Le chômage est, pour lui,
volontairement choisi. Il est l’effet d’une préférence collective. Plutôt que
d’organiser la répartition du travail, on a préféré orgaiser un système de
protection sociale couteux car la France est caractérisée par les liens particuliers
entre les syndicats, le patronnat et les pouvoirs publics. La conséquence réelle :
les trois préférent un chômage indemnisé plutôt qu’un emploi librement offert.
Pourquoi ces trois partenaires s’entendraient-ils sur ce point ?
• Car La façon dont les gains des entreprises sont redistribuées :
profonde mutation. Jusqu’au 1980’s, les salariés acceptaient une hiérarchie de
salaires plus ressérée. Cela permettait de maintenir des emplois à bas salaires
(10 ingénieurs qualifiés qui contribuent à la productivité acceptent un salaire
plus bas comme ça les 100 jobs les moins qualifiés peuvent être rémunérés.
S’ils demandaient à être mieux payés, il faudrait supprimer ces emplois). A
l’entrée dans les années 1980, on voit le triomphe de l’argent (Stiglitz, Le
triomphe de la cupidité). Ca plus l’individualisme : cette solidarité tacite est
morte. Ceux qui sont les mieux dotés en compétences se vendent aussi chers
qu’ils le peuvent. C’est la collectivité nationale (indemnités chômage + minima
sociaux) qui va prendre en charge ceux qui sont éjectés de leur emploi (les
moins productifs car moins de compétences rares)

• Résultat : le chômage ne peut qu’augmenter mécaniquement car le


chômage des plus qualifiés augmente plus et tant que le système providentialiste
fonctionne cela se fait de façon indolore.
STIGLITZ : la croissance économique ne garantit plus l’augmentation du
nombre d’emplois. Pour réduire durablement et massivement le chômage il
faudrait en théorie plusieurs années à 4% annuelle. Le seul levier de manœuvre
des pouvoirs publics : durée individuelle du travail.
1848 : 84h par semaine
1900 : 70h par semaine
La semaine de 60h est de 1906 (mais toujours pas de congés payés, 2 semaines
de congés payés en 1936 et 40h par semaine).
1998 : adoption de la loi sur les 35 heures
Aujourd’hui on est entre 7 et 8 semaines de congés payés.
[Magistrats en France aujourd’hui : un peu moins de 10.000 en 1900 on en a
6000 pour un droit moins procédurier]
Comment on organise la notion de temps de travail : en partageant l’emploi, on
garantit l’avenir positif de tous. La Loi sur les 35 heures devait créer des
emplois, mais on a aucun moyen de savoir si ça a marché puisqu’on ne peut pas
savoir s’ils n’auraient pas été crées par l’évolution du marché.
Dominique Méda introduit en France les thèses américaines du partage du
travail pour lutter contre le chômage (ne se marie pas aux thèses libérales pour
qui le travail en quantité n’est jamais fixé : on ne peut pas réduire le taux de
chômage par le partage car c’est une vision mécaniciste il faut pour partager
qu’on ait des personnes qui aient la même formation professionnelle pour
substituer/partager).
Si sujet traite du temps libéré : penser aux mots vacuité (ce qui est sans intérêt)
et vacances (= renvoie au vide)

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