Sucre e

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SUCRE ET ELECTRONS

Et si l’électricité prenait désormais sa source dans la


nature grâce aux biopiles… Depuis dix ans, glucose,
bactéries ou plantes inspirent les chercheurs en quête
d’une source d’énergie alternative et propre.
Les avancées dans ce domaine se multiplient notamment
pour des applications biomédicales nécessitant de faibles
puissances électriques (alimentation d’un pacemaker par Biopile à glucose implantable
exemple). dans le corps humain

En 2010, des chercheurs ont ainsi réussi à mettre au point une pile uniquement alimentée par le
glucose de l’organisme. Ce dispositif de quelques millimètres permet au dioxygène et au sucre
présents dans différents liquides physiologiques du corps de réagir. Cette réaction, qui génère des
électrons, conduit à la production de courant par la pile. Le procédé, totalement naturel, est basé
sur l’oxydation du glucose par le dioxygène, avec l’utilisation d’enzymes qui recouvrent les
électrodes.
D’après le site www.lejournal.cnrs.fr

Schéma du principe de fonctionnement de la biopile au glucose :

D’après Frédéric Barrière, Université de Rennes 1

Réaction d’oxydation à l’anode : C6H12O6  C6H10O6 + 2 H+ + 2 e–

Réaction de réduction à la cathode : O2 + 4 H+ + 4 e–  2 H2O

Données :
- masses molaires atomiques :
M(H) = 1,0 g.mol-1 ; M(C) = 12,0 g.mol -1; M(O) = 16,0 g.mol -1;
- électronégativité selon l’échelle de Pauling : (H) = 2,2 ; (C) = 2,6 ; (O) = 3,4 .
1. Le glucose

Le glucose existe dans la nature sous deux formes : une forme linéaire, le D-glucose, et deux
formes cycliques :
le -D-glucopyranose et le -D-glucopyranose.

1.1. Forme linéaire du glucose


La représentation de Cram du D-glucose est donnée ci-contre.

1.1.1. Identifier sur L’ANNEXE A RENDRE AVEC LA COPIE les groupes caractéristiques de
cette molécule et nommer la fonction associée à chacun d’eux.

1.1.2. Sur la même représentation de la molécule de D-glucose (ANNEXE), identifier les


atomes de carbone asymétrique.

1.1.3. Deux stéréoisomères du glucose, le D-mannose et le D-galactose, existent dans la


nature.
Sont-ils des énantiomères du D-glucose ? Justifier.

D-mannose D-galactose

1.2. Forme cyclique du glucose


La représentation de Cram du -D-glucopyranose est donnée ci-dessous.

Les étapes du mécanisme de cyclisation permettant de passer de la forme linéaire du D-


glucose à la forme cyclique, le -D-glucopyranose, sont données ci-après.
Étape n°1 :

Étape n°2 :

Étape n°3 :

1.2.1. Sur l’ANNEXE A RENDRE AVEC LA COPIE, identifier le site donneur et le site
accepteur mis en jeu dans l’étape n°2, et représenter les flèches courbes rendant
compte de cette étape.

1.2.2. La cyclisation est d’autant plus rapide que la concentration en ion H + est importante.
Peut-on considérer que l’ion H+ est catalyseur de cette réaction ?
Justifier.

2. Rôle de l’enzyme glucose oxydase dans l’oxydation du glucose

Pour illustrer les effets de l’enzyme glucose oxydase, des élèves réalisent quatre suivis
cinétiques de l’oxydation du glucose par le dioxygène. Ils réalisent quatre mélanges identiques
de solution de glucose et de dioxygène, le dioxygène étant le réactif limitant.
Dans chaque mélange, l’enzyme est introduite avec des concentrations
c c c
différentes : c1  c , c2  , c3  , c4  , où c est une concentration de
2 4 8
référence en enzyme.
Les courbes donnant la concentration en dioxygène dans le milieu en fonction du
temps pour chaque expérience sont représentées ci-après.
O2  (mmol.L-1)

Cinétique enzymatique et concentration en enzyme (glucose oxydase)


(d’après le site académique d’Orléans-Tours)

2.1. Écrire l’équation de la réaction d’oxydation du glucose par le dioxygène, sachant que les
couples oxydant/réducteur mis en jeu sont C6H10O6/C6H12O6 et O2/H2O.

2.2. Quel est le rôle de la glucose oxydase dans la réaction d’oxydation du glucose par le
dioxygène ? Justifier.

2.3. Représenter qualitativement, sur l’ANNEXE A RENDRE AVEC LA COPIE, l’allure de la


courbe donnant l’évolution de la concentration en dioxygène dans la solution en
l’absence de glucose oxydase.

2.4. Comment évolue le temps de demi-réaction en fonction de la concentration en enzyme ?


Justifier graphiquement sur ANNEXE A RENDRE AVEC LA COPIE.

2.5. Dans la biopile au glucose, l’oxydation du glucose a lieu à l’anode et la réduction du


dioxygène, à la cathode.
L’intensité du courant étant d’autant plus grande que le débit d’électrons dans le circuit
est important, que peut-on dire de l’évolution de l’intensité du courant en fonction de la
concentration en glucose oxydase ?

2.6. En réalité, l’enzyme est opérante uniquement sous la forme cyclique principale du
glucose, le -D-glucopyranose, et inopérante sous la forme linéaire du glucose ou sur
l’autre forme cyclique du glucose, le α-D-glucopyranose.
Quelle caractéristique de sa réactivité cela illustre-t-il ?
3. Durée de fonctionnement de biopiles

L’obstacle majeur d’un développement à large échelle des


biopiles reste leurs dimensions. Pour alimenter de gros
appareils, il faut en effet en associer un grand nombre.
À titre d’exemple, l’entreprise Sony a commercialisé un lecteur
mp3 nécessitant une puissance d’alimentation égale à 150
mW alimenté par une pile composée de sucre et d’eau. La pile
avait une longueur d’environ 20 cm (voir photo ci-contre) et
www.sony.net
une réserve de 100 g de glucose.

Données :
- énergie libérée par la réaction du glucose et du dioxygène dans la biopile :
150 kJ par mole de glucose oxydé ;
- énergie E (en joule) reçue par le lecteur mp3 pendant la durée t (en seconde) :
E = P . t où P (en watt) est la puissance d’alimentation.

3.1. Déterminer la durée de fonctionnement du lecteur mp3 alimenté par la biopile au glucose
commercialisée.

3.2. On trouve du glucose dans les fruits, ce qui fait des jus de fruits un moyen de recharger
les biopiles. L’étude qui suit a pour objectif d’évaluer l’énergie disponible dans une biopile
au glucose rechargée avec un litre de jus de raisin.

On introduit dans une fiole jaugée de 50 mL, 2,0 mL de jus de raisin et 20,0 mL d’une solution de
diiode (coloration jaune en milieux aqueux) de concentration 2,0 × 10–2 mol.L-1. La fiole est
complétée par une solution d’hydroxyde de sodium. La réaction qui se produit lors du mélange a
pour équation chimique :
I2(aq) + 3 HO–(aq) + RCHO(aq)  RCOO–(aq) + 2 H2O + 2 I–(aq)
Les ions hydroxyde et le diiode sont introduits en excès.
Le glucose est noté RCHO.
Une fois la réaction terminée le diiode en excès est dosé par spectrophotométrie, l’appareil est
réglé à la longueur d’onde de 440 nm : la mesure de l’absorbance d’un échantillon de la solution
donne A = 1,6. Une courbe d’étalonnage a été tracée à cette longueur d’onde à partir de quatre
solutions de concentration connue en diiode.

Déterminer la durée de fonctionnement du mp3, alimenté par une pile au glucose composée d’un
litre de ce jus de raisin.
Le candidat est invité à présenter la démarche suivie, même si elle n’a pas abouti. Toute prise
d’initiative sera valorisée.
ANNEXE À RENDRE AVEC LA COPIE

Question 1.1.1 :

Question 1.2.1 :

Questions 2.3 et 2.4 :

O2  (mmol.L-1)
Corrigé

groupe carbonyle
1. Le glucose
1.1. Forme linéaire du glucose (fonction aldéhyde)

1.1.1.
* 5 groupes hydroxyle
1.1.2. La molécule de D-glucose possède 4 atomes * (fonction alcool)
de carbone asymétriques (identifiés par un * ci- *
contre). *

1.1.3. Le D-mannose et le D-galactose ne sont pas des énantiomères du D-glucose car ni l’un, ni
l’autre ne sont images du D-glucose dans un miroir plan.
En effet, quand on compare les représentations de Cram, on constate que pour passer du
D-glucose au D-mannose (ou au D-galactose), il faut changer la configuration d’un seul C* : ces 3
molécules sont diastéréoisomères entre elles (même enchainement d’atomes, représentation
spatiale différente et non superposables dans un miroir).

Remarque : il n’existe qu’un seul énantiomère du D-glucose : le L-glucose (les configurations des
4 C* changent).

1.2. Forme cyclique du glucose


1.2.1. Flèche 1 :
Formation d’une liaison entre O et C.
Site donneur de doublet d’électrons : l’atome d’oxygène O car il possède deux doublets non liants.
Site accepteur de doublet d’électrons : l’atome de carbone C qui porte une charge partielle positive
car il est lié à un atome d’oxygène plus électronégatif que lui.

Flèche 2 :
Rupture de la liaison double C=O.
Un doublet de la liaison C=O est accepté par l’atome d’oxygène plus électronégatif que l’atome de
carbone.

Remarque : la justification du caractère donneur ou accepteur de chaque site n’était pas


explicitement demandée mais elle est exigible.

1 2

1.2.2. On constate que - la réaction est plus rapide en présence d’ions H + (énoncé),
- les ions H+ sont consommés à l’étape n°1 puis régénérés à l’étape n°3.
On peut donc en conclure qu’ils jouent le rôle de catalyseur de la réaction de cyclisation du
D-glucose.
2. Rôle de l’enzyme glucose oxydase dans l’oxydation du glucose
Remarque : Méthode pour écrire l’équation d’une réaction d’oxydo-réduction
http://www.labotp.org/Oxydoreduction.html
2.1. On combine les demi-équations électroniques données (en 1ère page de l’exercice) pour que
le nombre d’électrons cédés par le réducteur soit égal au nombre d’électrons reçus par l’oxydant
:
Oxydation du glucose (C6H12O6 = C6H10O6 + 2H+ + 2 e– ) X2
Réduction du dioxygène O2 + 4 H+ + 4 e– = 2 H2O
-----------------------------------------------------------
2 C6H12O6 + O2  2 C6H10O6 + 2 H2O

2.2. La glucose oxydase n’est pas un réactif de la réaction d’oxydation du glucose et les suivis
cinétiques montrent que plus la concentration de cette enzyme est élevée, et plus la consommation
du dioxygène O2 est rapide.
La glucose oxydase est donc un catalyseur enzymatique de l’oxydation du glucose par le
dioxygène.

2.3. En absence de glucose oxydase (catalyseur), l’oxydation du glucose sera beaucoup plus
lente, le dioxygène sera consommé plus lentement ; sa concentration va diminuer lentement.

En absence de glucose oxydase

O2 i / 2

t1
2

t1 x t1
2
2

Remarque : les concentrations données sont totalement irréalistes, il s’agit d’une erreur d’unité sur
le sujet. Les unités sont en réalité des mmol.L-1.

2.4. Le temps de demi-réaction t1/2 est la durée nécessaire pour que l’avancement x atteigne la
moitié de sa valeur finale xf .
x
nO2ini  f
À la date t = t1/2, on a O2 t  2
1/ 2 V
La transformation est totale, alors xf = xmax.
x
nO2ini  max
O2 t1/ 2  V
2

Comme O2 est le réactif limitant, il est totalement consommé : nO2ini  xmax  0 , soit nO2ini  xmax
nO2ini nO2ini
nO2ini 
O2 t  2  2  O2 ini
1/2 V V 2
On trouve t1/2 en lisant l’abscisse du point d’ordonnée
O2 ini = 125 mmol.L-1.
2
Voir les constructions sur l’annexe reproduite ci-avant.
On constate que le temps de demi-réaction diminue quand la concentration de l’enzyme
augmente.

2.5. Plus la concentration en enzyme est importante, plus la réaction se fait rapidement, entrainant
un débit d’électrons plus grand, l’intensité est alors plus importante.

2.6. Le catalyseur n’agissant que sur une forme du glucose, c’est sa sélectivité qui est ici illustrée.
Remarque : le catalyseur est comme une serrure adaptée à une clé bien spécifique.

3. Durée de fonctionnement de biopiles


E
3.1. On cherche la durée de fonctionnement t sachant que E  P.t donc t  (avec P
P
connue).
En considérant que toute l’énergie libérée par l’oxydation du glucose est transférée au lecteur mp3,
m(glucose)
on peut écrire que E  Emolaire libérée .n(glucose)  Emolaire libérée .
M(glucose)
Emolaire libérée .m(glucose)
Ainsi t 
P.M(glucose)
150  103  100
t  3
 5,56  105 s  154 h
150  10  (6  12,0  12  1,0  6  16,0)
Cette durée est très prometteuse.

3.2. En exploitant la courbe d’étalonnage spectrophotométrique, on en déduit que la concentration


en diiode I2 restant après la réaction avec le glucose (et les ions HO – en excès) est :
I2 f  3,2 mmol.L1
On peut en déduite la quantité de I2 restante : n(I2 )f  I2 f .Vtotal (calcul inutile)
Or, on avait introduit : n(I2 )i  I2 i .V (I2 )

L’équation de réaction implique que la quantité de I2 consommée est égale à la quantité de


glucose RCHO consommée : n(RCHO)consommé  n(I2 )i  n(I2 )f
n(RCHO)consommé  I2 i .V (I2 )  I2 f .Vtotal
Or RCHO est le réactif limitant d’après l’énoncé donc
n(RCHO)dans 2,0 mL de jus de raisin  n(RCHO)consommé

Dans un litre de jus de raisin, cette quantité est 500 fois plus importante :
n(RCHO)dans 1 L de jus de raisin  500  n(RCHO)consommé

L’énergie correspondante libérée par la réaction du glucose avec le dioxygène est :


E  Emolaire libérée.n(glucose)  Emolairelibérée  500  n(RCHO)consommé
E
Et t 
P

Au final : t 
Emolairelibérée  500  n(RCHO)consommé


Emolairelibérée  500  I2 i .V( I2 )  I2 f .Vtotal 
P P

t 
 2 3 3
150  10  500  2,0  10  20,0  10  3,2  10  50,0  10
3 3

 1,2  105 s  33 h .
150  103

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