Them 1999 Restauration
Them 1999 Restauration
Them 1999 Restauration
“ restauration ” à celui de “ conservation ”. Le mot “ préservation ” s’est imposé au début des années 1990. Il est
désormais le terme le plus générique qui inclut toutes les activités entreprises pour garantir que les documents de valeur
archivistique permanente continuent d’être accessibles pour les générations futures.
Bien culturel : “ Objet d’un intérêt particulier pour des raisons d’ordre historique, artistique, social ou scientifique.
Les biens culturels peuvent se répartir en deux catégories principales :
1. Biens meubles, tel que les oeuvres d’art, les objets de fabrication humaine, les livres, les documents d’archives et
autres objets d’origine naturelle, historique ou archéologique.
2. Biens immeubles, tels que les monuments, les oeuvres architecturales et les sites archéologiques.
Conservation : “ Toute action visant à sauvegarder un bien culturel dans une perspective à long terme. Le but de la
conservation est d’étudier, de documenter, de préserver et de restaurer les caractéristiques culturelles essentielles d’un
bien culturel présentes dans sa structure physique et chimique, en limitant le plus possible l’intervention.
La conservation comprend l’examen, la documentation, la conservation préventive, la préservation, le traitement,
la restauration et la reconstruction. ”
Conservation préventive : “ L’atténuation de la détérioration et des dommages pouvant survenir à un bien culturel
grâce à la rédaction et l’établissement de politiques et de procédures appropriées en ce qui concerne les conditions
ambiantes : la manipulation, la mise en réserve, l’exposition, l’emballage, le transport ; l’utilisation ; la gestion et le
suivi du contrôle des insectes ; et la préparation et la mise en œuvre de plans de mesures d’urgence. ”
Préservation : “ Toutes les mesures destinées à retarder la détérioration ou à prévenir les dommages pouvant
survenir à un bien culturel, ce qui comprend la gestion de l’environnement et des conditions d’utilisation, et peut même
inclure les traitements destinés à maintenir un bien culturel dans un état aussi stable que possible. En ce qui concerne les
objets possédant un contenu informationnel, la préservation peut inclure le transfert à un autre medium. ”
Restauration : “ Toutes les mesures prises pour modifier la structure et les matériaux constitutifs d’un bien culturel,
dans le but de représenter un état antérieur connu. La restauration possède comme objectif de révéler les caractéristiques
culturelles essentielles d’un bien culturel ; elle se fonde sur le respect des matériaux d’origine et s’appuie sur des
renseignements précis au sujet de l’état antérieur .”
4
Voir à ce sujet, Arbido 3/2000, pp. 20-25 et Arbido 4/2000, pp. 5-9. Nous pouvons rappeler une réalisation plus
ancienne et qui avait suscité de nombreux échos, celle de la création d’un marché commun du papier et du carton non
acides en Suisse romande, auquel les Archives cantonales vaudoises avaient été associées, voir ARBIDO-R 7 (1992), 1,
pp. 11-13 et ARBIDO-R 7 (1992), 4, pp. 108-109.
En commandant en 1997 un rapport sur les conditions de conservation et sur l’état des
fonds des Archives cantonales vaudoises, à un spécialiste unanimement reconnu, M. Andrea
Giovannini, l’institution entendait à la fois établir un bilan objectif de tous les fonds
accumulés depuis l’origine et planifier les interventions pour remédier aux situations
insatisfaisantes ou créer de nouvelles pratiques. Les conclusions du rapport furent
relativement sévères et obligèrent à formuler rapidement devant les autorités des demandes
de compléments d’information : un rapport sur les possibilités d’amélioration du climat
intérieur des cellules d’archives a été établi par l’Institut de technique du bâtiment,
Laboratoire d’énergie solaire et de physiques du bâtiment, de l’Ecole polytechnique de
Lausanne (Claude-Alain Roulet et Flavio Foradini), un autre par le bureau Expert-Conseil
pour la Conservation du patrimoine bâti, à Ecublens-Lausanne, sur la présence de poussière
dans le bâtiment, en particulier en relation avec la nature des matériaux constituant l’enve-
loppe interne des dépôts. Le relevé systématique et informatisé des mesures climatiques
dans l’ensemble du bâtiment a fourni des informations décisives et convergentes. A la
faveur d’un appel d’offres pour une meilleure ventilation du bâtiment, les experts ont conclu
en mars 2000 qu’il fallait modifier le concept général de la ventilation des cellules
d’archives et installer la climatisation dans la salle de lecture et dans la salle de tri.
Les chocs thermiques entre les divers espaces ont été en effet jugés comme alarmants ; pour
les atténuer, à défaut de les résorber, des mesures drastiques sont désormais envisagées et
seront effectuées encore entre la fin de l’année 2000 et l’année 2001.
Les conclusions des divers rapports ont de plus exigé que le nettoyage des cellules soit
valorisé et effectué selon des cadences régulières. A terme, la pose de peinture sur les voies
de circulation sera exécutée pour garantir un meilleur contrôle des nettoyages et fixer les
poussières.
Dès 1996, le comptage systématique des documents empruntés et des usagers avec leur
profil et leur motivation, a permis tout à la fois de vérifier le mouvement des documents,
d’apprécier les urgences de restauration et la mise en œuvre de mesures de substitution aux
documents originaux. A cet égard, l’étude la plus achevée a été menée sur les sous-sections
des registres de plans cadastraux et des cartes. La base de données qui contient l’ensemble
des informations sur l’état sanitaire des documents et des reliures à partir d’un
échantillonnage représentatif a livré un verdict sans appel : 44 ans de travail pour la
restauratrice sont nécessaires pour restaurer les 2 500 volumes de plans cadastraux. Devant
l’impossibilité de répondre à un tel défi, la direction des Archives cantonales vaudoises a
lancé une étude sur la réalisation de la numérisation des registres des plans cadastraux et des
plans - si cette solution est retenue, il faudra néanmoins 53 semaines de restauration pour
permettre aux documents d’être scannés. Des mesures immédiates ont été prises en attendant
un support de substitution : modification du système de rangement des documents :
rayonnages mobiles, rangement horizontal, traitement particulier des grands formats et
recours à du matériel non acide6.
Des efforts importants ont été portés sur le matériel de conditionnement, le cartonnage a
été complètement réinterprété à l’examen des expériences accumulées et des possibilités
5
Pour le détail, nous renvoyons au Rapport d’activité des Archives cantonales vaudoises, en particulier dès 1996,
au chapitre Conservation et restauration. Voir également les chapitres Informatique et Utilisation.
6
Voir pour le détail Gilbert Coutaz, avec la collaboration d’Olivier Conne, “ Un enjeu informatique aux Archives
cantonales vaudoises : la numérisation de la cartographie ”, dans Informatique et Histoire 10/1999 (à paraître).
En guise de conclusion
Il faut être clair. Les masses à gérer et à vérifier nécessitent des évaluations d’ensemble
plus que des interventions au scalpel sur quelques sources, des approches à plusieurs
niveaux avant l’arrivée des archives dans les locaux des Archives cantonales vaudoises, et
une fois celles-ci réceptionnées. La restauratrice s’est muée en gestionnaire des états
sanitaires et de la rédaction des listes de dommages, en partage avec les employés de salle et
les archivistes. Elle doit être présente régulièrement dans les cellules, au moment de
l’arrivée des fonds d’archives, pour faire prendre les mesures préventives qui s’imposent et
inculquer de nouvelles pratiques. Elle doit pouvoir développer des politiques et des
procédures d’acquisition, pour les expositions, la formation du personnel, la manipulation
des documents ; elle doit pouvoir participer à des campagnes de promotion interne et externe
à l’institution sur les mesures conservatoires, par la rédaction de feuillets d’information,
le montage d’exposition et la mise à disposition de matériel de consultation7. Du dialogue
permanent de la restauratrice et des archivistes, il ressortira des politiques et des stratégies
de préservation, des mesures pour lutter contre les dégâts et arrêter des planifications
d’urgence. Une politique de la préservation présuppose une solidarité des compétences dans
l’institution et à l’extérieur de celle-ci ; elle légitime une chaîne de responsabilités entre les
producteurs d’archives et les Archives cantonales vaudoises ; elle commande une évolution
permanente des politiques et des procédures, des réajustements des objectifs et des
pratiques. Si une sensibilisation aux exigences de la conservation en amont de la réception
des archives est concevable au sein d’une administration (elle postule alors une culture de
l’archivage dans celle-ci), elle n’est pas généralement possible avec tous les producteurs
d’archives para-administratives ou privées, dont la volonté de remettre des archives ne
s’affirme le plus souvent qu’au moment de la préparation du déménagement des documents.
C’est sans doute dans cette disparité d’approches ou cette fracture entre le producteur du
document et celui qui le réceptionne et lui garantit la conservation, qu’il y a le plus grand
défi à surmonter. L’atelier de restauration des Archives cantonales vaudoises aura rempli ses
missions le jour où son rôle sera reconnu comme essentiel dans la gestion de la préservation,
et non plus seulement considéré comme un espace de soins à donner aux documents
malades.
7
Le cahier des charges de l’atelier de restauration a été défini dans l’Instruction interne des Archives cantonales
vaudoises du 2 décembre 1996 (ACV 25).