Adhesifs DR Boussalia.r
Adhesifs DR Boussalia.r
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Les adhésifs amélo-dentinaires
Plan:
Introduction
I- Définitions
IV- Classification
1- Approche historique
2- Approche rationnelle
VI- Recommandations
Conclusion
Bibliographie
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Introduction :
Les adhésifs amélo-dentinaires sont des biomatériaux d’interfaces. Ils contribuent à former un
lien idéalement adhérent et étanche entre les tissus dentaires calcifies et des biomatériaux
de restauration ou d’assemblage.
Leurs champs d’indication est donc bien établi et leur apport a l’essor de thérapeutiques plus
conservatrices, plus esthétiques et plus biocompatibles est tellement évident qu’il ne se
discute plus aujourd’hui (Roulet & Degrange 2000). Les problèmes que posent ces produits
relèvent de leur efficacité immédiate et dans la durée.
Cette efficacité dépend principalement de leur mise en œuvre, car la technique adhésive s’avère
très sensible à la manipulation.
Bien les employer, bien les exploiter requiert au préalable de bien connaitre leurs mécanismes
d’action.
I- Définitions :
1- Adhésif :
« En science de l'adhésion et dans l'industrie, c'est une substance qui, appliquée à l'état liquide
entre deux corps, contribue à les unir après durcissement. Ce durcissement est
généralement obtenu par polymérisation.
En dentisterie, les choses sont légèrement différentes. Nos adhésifs répondent plutôt à la
définition de l'agent de couplage, c'est-à dire une substance qui est capable de se lier
chimiquement, d'une part, aux tissus dentaires et, d'autre part, aux composites.
En fait, un adhésif, aujourd'hui, c'est une substance complexe qui contient des agents de
couplage, des solvants, des oligomères qui vont pouvoir copolymériser avec le composite,
parfois des charges et, bien sûr, des déclencheurs de polymérisation pour que cet adhésif
durcisse. »
Degrange, 2006.
- Epaisseur est variable selon la granularité des instruments rotatifs employés (1 à 3 μm).
Quel que soit le système adhésif, la procédure de collage commence par un traitement acide
pour:
L’éliminer (M & R).
La stabiliser (SAM).
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3- La couche hybride :
L’hybridation est un processus créant une zone d’enchevêtrement de molécules issues des tissus
dentaires (fibres de collagène) et de monomères adhésifs.
Cette couche hybride est une interphase adhérente unissant les biomatériaux aux surfaces
dentaires, elle repose sur la possibilité de diffusion des monomères au sein de la dent.
L’imprégnation de tissus minéralisés intacts par une résine est impossible, elle passe par un
conditionnement (afin d’augmenter l’affinité entre les deux substrats) qui est la dissolution
de la partie minérale.
Adhésion à l’émail :
L’émail est le tissu le plus dur de l’organisme humain. Il est constitué de prismes et de substance
interprismatique. Les valeurs d’adhésion à l’émail sont excellentes grâce au mordançage
avec l’acide orthophosphorique. L’acide agit sur une épaisseur d’émail comprise entre 5 et
50 μm, en dissolvant la zone interprismatique, ce qui permet de bien exposer les prismes.
Il en résulte la formation d’une surface irrégulière et anfractueuse, qui dispose d’une haute
énergie de surface, ce qui permet à la résine adhésive hydrophobe de mouiller les
microporosités créées dans l’émail. Une fois qu’elle a était polymérisée, une adhésion
micromécanique en résulte, capable de s’opposer aux forces antagonistes de contraction
de la résine.
Adhésion à la dentine :
À l'issue de la préparation mécanique de la cavité, la surface dentinaire est recouverte d’une
couche de boue dentinaire. Ce dépôt pénètre les canalicules et forme des bouchons,
encore appelés smear plugs.
Cette boue dentinaire est faiblement attachée à la surface de la dentine et, par conséquent, ne
peut être utile pour l’adhésion à la résine.
Le mordançage élimine la boue dentinaire et les bouchons mais, en même temps, déminéralise
la dentine intertubulaire et péritubulaire sur une profondeur de 5 à 15 μm, en exposant les
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fibres de collagène. Ce réseau de fibre de collagène privé de son soutien naturel formé par
les cristaux d’hydroxyapatite, se trouve dans des conditions d’instabilité et de faible
mouillabilité. L’application de solution appelées primaire ou primer, est indispensable pour
soutenir les fibres de collagène et augmenter la mouillabilité.
2- Adhésion et étanchéité:
Un adhésif doit avant tout coller et assurer de manière immédiate un joint adhérent
suffisamment fort pour s’opposer aux contraintes de polymérisation du composite qu’on
applique à sa surface.
Ce joint doit présenter une résistance précoce suffisante.
3- Durabilité :
Les qualités d’adhérence et d’étanchéite doivent non seulement être immédiates mais durables
pour éviter :
- Les sensibilités
- La perte de la restauration
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IV- Classification :
À cette époque, les résines acryliques sont proposées comme alternative aux ciments
d’obturation à base de silicates.
La résine acrylique n’a aucun potentiel spécifique d’adhésion aux tissus dentaires : une
adhérence de 3 Mpa.
Aux Etats-Unis et en Europe, on voit apparaître une série d’adhésifs présentant tous une
fonction terminale phosphate acide. Ce sont les produits de 2e génération.
La dentine ne subit aucun traitement préalable à leur application.
Le potentiel d'adhérence dentinaire de ces produits s'avère cependant encore faible (5 MPa)
et très inférieur à la rétention procurée par l’émail mordancé (15-20 MPa).
La résine adhésive est couplée à une ou plusieurs solutions qui sont appliquées préalablement
pour stabiliser les boues dentinaires et faciliter leur mouillage et leur infiltration sur les
parois cavitaires.
Ces systèmes ont permis d'élever la valeur moyenne de l'adhérence à la dentine, dans une
fourchette de 8 à 12 MPa.
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Il a fallu un profond changement d’esprit en occident, pour accepter ce qui est aujourd’hui une
évidence. La boue dentinaire était alors considérée comme une barrière s’opposant à la
diffusion des micro-organismes et des produits agressifs vers la pulpe.
- La troisième, c’est l’infiltration d’une résine adhésive qui doit co-polymériser avec le
composite.
S’ils sont plus rapides et apparemment plus simples d’emploi, leur pénétration requiert que la
surface de dentine déminéralisée présente une certaine humidité résiduelle pour être
suffisamment perméable.
Ils contiennent tous des monomères hydrophiles, des solvants organiques et parfois un peu
d’eau. Solvants et monomères hydrophiles contribuent à améliorer l’infiltration de
l’adhésif.
6ème génération : L’auto-mordançage par des monomères : 1995 :
Développés principalement par l’industrie japonaise.
Le mordançage et le primaire regroupés dans un seul flacon.
- L’agent de mordançage n’est plus un acide minéral ou organique classique mais des
monomères acides, aptes à déminéraliser et infiltrer simultanément les tissus dentaires
calcifiés.
- L’emploi de ces primaires acides n’est pas suivi de rinçage (les monomères qu’ils
contiennent vont contribuer à la copolymérisation)
- Leur application est suivie de celle d’une résine adhésive classique (hydrophobe) capable
d’assurer un bon degré de co-polymérisation avec le composite.
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Ils sont théoriquement susceptibles de mordancer et d’infiltrer émail et dentine tout en formant
une couche de résine apte à s’unir au composite par photo polymérisation.
Le premier à avoir décrit ces principes est Bart Van Meerbeek en 2003, reprise par Michel
Degrange en 2004.
Il est souhaitable d’employer des gels d’acide phosphorique dont la concentration est supérieure
à 20 % pour contrôler visuellement l’efficacité du mordançage sur l’émail qui présente
après rinçage et séchage, un aspect blanc mat crayeux la morphologie de l’émail
interprismatique prend l’aspect de trous de serrures (key holes).
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La surface traitée est donc principalement hydrophile ce qui pose un problème pour y infiltrer
une quantité suffisante de monomères méthacryliques hydrophobes nécessaires à l’obtention
d’une bonne co-polymérisation avec le biomatériau de restauration.
L’application d’un primaire s’avère à priori essentielle pour permettre une perméabilité de la
dentine déminéralisée après évaporation de l’eau qu’elle contient.
Une fois l’eau éliminée, la surface présente un caractère hydrophobe propice à la pénétration de
la résine.
- Eau
3) La résine adhésive :
Doit pénétrer les tubules et s’infiltrer dans les canaux du réseau protéique inter et
péri-tubulaire.
Cette interphase est constituée d’une couche hybride inter et péritubulaire de brides résineuses
intratubulaires (tags).
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-Monomères hydrophobes
-Monomères hydrophiles
-Solvants
-Des amorceurs de polymérisation.
-Des charges : parfois
Leur mise en œuvre est plus simple que celle des M&R III, mais elle est en fait délicate.
Le problème de l’élimination des excès d’eau à la surface de la dentine mordancée et rincée,
avant application de l’adhésif, devient crucial.
- En excès : l’eau s’oppose à la formation d’un joint adhésif continu phénomène du
“sur-mouillage”.
La difficulté pour le clinicien est de trouver le bon degré d’humidité dentinaire procurant une
pénétration optimale de l’adhésif.
- Absorption des excès d’eau par tamponnement à l’aide de boulette de coton humide ou de
“micro-brosses”.
Rq : Les adhésifs M&R II contenant de l’acétone sont considérés comme plus sensible à l’état
d’humidité de la dentine que ceux qui contiennent de l’alcool.
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La zone hybride contient donc à la fois les protéines de la boue dentinaire et de la dentine.
Comme le pH des monomères se situe dans la fourchette 0,8-2,5, la couche hybride est de
faible épaisseur (généralement inférieure à 2 μm) comparée à celle que l’on peut former
après attaque à l’acide phosphorique.
Il est clairement établi que l’adhérence à la dentine ne dépend pas de l’épaisseur de la couche
hybride (TANI & FINGER; 2002).
L’acidité des primaires des SAM peut être conséquente sur leur efficacité au niveau de l’émail et
sur la durabilité des joints qu’ils forment.
Ils sont constitués d’un mélange d’éléments chimiques où chacun a son propre rôle :
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- Eau : nécessaire pour activer le potentiel acide des monomères hydrophiles. Elle est
essentielle pour l’ionisation des monomères acides.
- Amorceurs de polymérisation
- Agents stabilisateurs.
- Charges : parfois.
• Par le fait qu’ils dissolvent les monomères, ils diminuent la viscosité des primaires et
résines, et déterminent leur capacité à pénétrer la structure dentaire.
Les solvants les plus utilisés sont : eau, éthanol et acétone.
- Pour que sa diffusion en profondeur soit efficace, il doit agir pendant un temps minimum
(20 à 30 secondes).
2) Après évaporation de l’eau qu’il contient par séchage, il est recouvert d’une résine dont la
majeure partie des composants est hydrophobe (généralement similaire à celle des M&R
III).
- Cette couche de résine permet d’obtenir une co-polymérisation efficace avec la matrice
des composites.
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- Elle contribue également à limiter l’incompatibilité du système adhésif avec les composites
chimio-polymérisables ou duales.
Outre cet aspect ergonomique, la réduction des séquences opératoires limite potentiellement le
risque d’erreur de manipulation que l’on peut faire à chaque étape du collage.
- Eau
- Monomères hydrophiles
- Monomères hydrophobes
La coexistence de ces constituants dans une solution homogène ne peut se faire que dans des
limites critiques de composition.
Ils peuvent être sujet à séparation de phase lors de leur procédure d’application surtout si
l’évaporation de l’eau qu’ils contiennent n’est pas suffisante.
1/ Au niveau de l’émail :
La qualité du mordançage est le principal facteur influençant la valeur de l’adhésion amélaire.
La nature de l’acide employé, sa concentration, ses temps d’application et de rinçage sont plus
conséquents que la nature de l’adhésif.
La seule exception concerne la situation particulière où il s’avère nécessaire de coller sur émail
humide, puisque la dentine doit être humide avant l’application de certains systèmes.
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Grâce à leurs primaires, certains M&R III procurent une bonne adhérence à l’émail humide.
Pour obtenir une liaison fiable et durable à l’émail, l’acide phosphorique dans une fourchette de
composition comprise entre 20 et 40 % reste la référence.
La qualité de l’adhésion à l’émail des systèmes auto-mordançants reste un sujet encore très
discuté. La plupart des auteurs s’accordent sur un point : les faciès d’attaque générés par
les SAM sur l’émail apparaissent moins rétentifs que ceux que procure l’acide
phosphorique.
Sur un émail non préparé (non fraisé) les SAM présentent de faibles valeurs d’adhérence.
L’adhérence à l’émail semble pour partie liée au pH de la solution de mordançage et à
l’amplitude de l’attaque qu’il provoque.
Mais les valeurs de pH des SAM ne permettent pas d’expliquer totalement leur performance au
niveau de l’émail.
L’adhésion des SAM à l’émail est-elle suffisante pour garantir l’étanchéité marginale des
restaurations à long terme ? Il est trop tôt pour pouvoir l’affirmer.
Rien n’empêche, en revanche, de mordancer à l’acide phosphorique les marges d’émail d’une
préparation, et uniquement ces marges, avant d’appliquer un SAM dans toute situation où l’on
estime que la restauration sera particulièrement sollicitée.
2/ Au niveau de la dentine :
D’une manière générale, un temps prolongé de mordançage rend plus aléatoire l’infiltration
complète de la zone dentinaire déminéralisée.
Si nous avons vu qu’on pouvait optimiser l’adhésion à l’émail des SAM par un mordançage
préalable, cette pratique est tout à fait contre-indiquée au niveau de la dentine. Les
monomères des adhésifs auto-mordançants ont peu de chance de pénétrer en totalité la
dentine déminéralisée.
Lorsque les SAM sont appliqués directement sur la dentine, on pourrait penser à priori que
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l’hybridation qu’ils forment est complète puisque les monomères acides polymérisables
atteignent nécessairement le front de déminéralisation.
En fait, ce n’est pas totalement le cas puisqu’une étude a montré que la déminéralisation
dentinaire provoquée par un SAM 1 à caractère acide fort pouvait se prolonger au-delà de
leur polymérisation.
(WANG & SPENCER; 2005)
Un autre problème que l’on peut rencontrer avec les SAM est l’épaisseur de la couche de boue
dentinaire formée lors du fraisage, elle dépend du type de fraise employé. Elle est de :
1 μm : fraises diamantées ultra fines
Peut atteindre 2,8 μ m avec des instruments à gros grains.
V - 2- Compatibilité :
Certains systèmes adhésifs s’avèrent incompatibles avec les colles ou composites
chimio-polymérisables, ou avec certains matériaux dual quand le manque ou l’absence
d’énergie lumineuse ne permet pas leur activation photonique.
Explication :
Plusieurs études ont montré que les adhésifs automordançants laissent facilement passer les
fluides dentinaires si on ne polymérise pas immédiatement la couche de composite placée
au-dessus apparition de bulles liquidiennes qui soufflent la surface du composite dans
le fond de la cavité.
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Ceci a lieu particulièrement avec certains M&R 2 et avec la plupart des SAM 1.
À l’inverse, les systèmes M&R 3 et SAM 2 qui impliquent l’application d’une couche de résine
intermédiaire hydrophobe et peu perméable présentent généralement une meilleure
compatibilité avec les composites chimio-polymérisables et dual.
Cela tient en premier lieu à la complexité des substrats que l’on rencontre en clinique, la surface
d’une préparation n’est que rarement constituée de dentine primaire saine.
Les parois d’une même cavité peuvent être composées de différents types de tissus modifiés :
dentines secondaires, tertiaires, sclérotiques, carieuses, déminéralisées, reminéralisées
ou hyper minéralisées.
La spécificité de ces différents états est nécessairement conséquente sur les valeurs d’adhésion
et d’étanchéité aux interfaces cavitaires.
(MARSHALL et coll; 1997)
C’est la raison pour laquelle il est conseillé de limiter le temps de mordançage de la dentine à 15
secondes pour les systèmes M&R.
À l’inverse, les monomères hydrophiles à bas poids moléculaire (type HEMA) constituent
l’essentiel de la zone d’infiltration profonde.
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Les systèmes adhésifs simplifiés ne s’avèrent pas plus tolérants, à ce titre, que les adhésifs en 3
séquences du type M&R3, bien au contraire.
La pénétration des systèmes M&R2 est très dépendante de l’état plus ou moins humide de la
dentine déminéralisée sur laquelle ils sont déposés.
Un substrat pas assez ou trop séché peut avoir des conséquences importantes sur la qualité de
l’hybridation.
D’une manière similaire, un séchage généralement insuffisant ou trop brutal après l’application
d’un SAM1 ou 2 peut dramatiquement affecter la qualité du joint collé.
Adhésifs SAM :
• Simplification de la procédure : pas de rinçage
• Collage sur dentine et émail tous deux secs
• Diminution des sensibilités postopératoires.
Mais …
• La manipulation, même simplifiée reste exigeante : évaporation de l’eau qu’il contient…
• L’adhésion à l’émail des SAM encore inférieure à celle des M&R ; il est possible de l’optimiser
en réalisant une étape de mordançage préalable de la marge amélaire périphérique. Le
système n’est plus alors aussi simple à utiliser …
Indications actuelles :
Conclusion :
Au-delà des performances strictes des adhésifs, on constate que leur mise en œuvre est encore
contraignante et très peu tolérante.
C’est pour cela que la connaissance parfaite des procédures associées aux systèmes utilisés par
chacun reste indispensable.
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