Chap 1 - Macro - Elements de Compta Nat - Fin IV

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IV.

La mesure des performances de l’économie


IV.1 Le PIB indicateur essentiel des performances d’une économie

IV.1.a Rappels

IV.1.b Les trois approches du PIB

IV.1.c La croissance économique

Plus l’écart est grand entre les deux courbes, plus l’in ation est forte!

La courbe orange est le taux de croissance :

• 30 glorieuses (1946 à 1975) - taux de croissance moyen de 5,5%


• 30 piteuses (après 1975) - taux de croissance moyen divisé par 3.

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ENCART : Méthodologie Variation en Valeur et en Volume

En valeur (on dit aussi nominale ou en euros courants) deux PIB d’années successives comme
2018 et 2019 permettent de calculer la variation du PIB en valeur :
nominal
PIB2019 nominal nominal
CMval = et donc PIB2019 = CMval × PIB2018
PIB2018
nominal

Le problème ici est que souvent les agrégats sont mesurés en monnaie. Cela implique un
problème quand on regarde les variations d’une année sur l’autre car les prix changent, on l’a
déjà vu avec le revenu.

Dans une économie fermée (pas d’échanges avec le reste du monde), on a

PIB2022 = Qtés produites en 2022 X Prix en 2022

C’est à dire un volume multiplier par des prix. Ainsi quand le PIB augmente, il augmente souvent
parce qu’à la fois la quantité produite et les prix des biens et services augmentent.

Or pour une économie, seul le volume importe, c’est parce qu’on produit plus que l’on embauche
et que donc on consomme plus - pas parce que les prix augmentent.

C’est pourquoi les économistes prennent en compte les variations du prix pour avoir une idée de
la variation en volume. On dit qu’ils « dé atent » les agrégats.

La hausse des prix est donnée par l’in ation - qui est due la plupart du temps à l’augmentation
de la demande (vu au premier semestre dem augm. ceteris paribus alors prix d’eq augm.)

Ainsi pour avoir une idée de la variation en volume et donc du PIB réel, il faut corriger par les prix :
nominal
PIB2019 CMvaleur
réel =
PIB2019 et CMvolume =
CMprix CMprix

réel = CM
PIB2019 nominal
On a aussi volume × PIB2018

Rque : On parle de valeurs nominales pour désigner les grandeurs en monnaie courante (de
l’année de calcul), on parle de valeurs réelles ou en euros constants si corrigées par les prix -
c’est à dire « dé atées ».

Rque : dans les tableaux de l’INSEE, on retrouve le plus souvent les TV en %. En revanche quand
on veut « dé ater » (corriger de l’in ation) on utilise les coe cients multiplicateurs.

Lire et travailler le document Valeur Volume Pouvoir d’achat sur AMETICE

=> Faire exercice 3 de la che d’exercices d’application.

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IV.1.d Les limites du PIB dans la mesure de la production
On va voir trois limites principales et les biais qu’elles induisent :

• Ne prend pas bien en compte la production non-marchande : ne prend pas en compte le


travail bénévole :

- Travail domestique :
Prenons l’exemple d’un sandwich :

Pour la CN, si vous l’achetez au snack, les ingrédients sont des CI et le sandwich un
bien de consommation nal qui a une VA apporter par le travail et le capital du snack.

Si vous faites vous même votre sandwich, les ingrédients sont des consommations
nales pour la CN et votre sandwich ne représente aucune valeur ajouté pour la CN
alors que la même production a été faite.

On estime à 60Md d’heure le travail domestistique. Si on prend 10€/h comme base


il représenterait à lui seul 25 à 30% du PIB.

- Associations/ISBLSM (facultatif) : Les services non-marchands étant évalués à leurs


coûts de production et le travail humain bénévole étant gratuit, ce travail n’est pas
comptabilisé dans la VA du service fourni (Ex : Resto du Coeur)

Cela implique des biais :

- Pays en développement : beaucoup de productions sont domestiques (Ex : jardinage,


bricolage, repas etc.). Cette production bien que non-prise en compte par le PIB est
importante pour évaluer le niveau de vie dans ces pays. Le PIB ne peut donc pas
rendre compte à lui seul du niveau de vie des habitants d’un pays.

- Pays développés au cours du temps : croissance « ctive » de la production.


Ex : en 1950 on préparait la gamelle à la maison ou on rentrait mangé (travail domestique
pas VA) aujourd’hui on ne prépare plus et on va acheter notre repas qui est désormais
comptabilisé et participe à l’augmentation du PIB alors que la même production (service)
était déjà réalisée en 1950.

On parle ici pour ces deux biais de monétarisation de l’économie : seul ce qui est
mesurable monétairement est compté, alors que l’économie s’intéresse, dans une perspective
plus large, à la satisfaction des besoins humains dans un contexte de ressources limités ce qui
peut n’implique pas nécessairement l’utilisation de monnaie ou le recours au marché.

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• « Non prise en compte » dans le PIB de l’économie non observée. Même si aujourd’hui le
PIB est corrigé en grande partie des biais que cela induit. Il y a 5 grands types d’activités
non observées :

- Économie souterraine (2,6% du PIB en 2012) : L’activité dissimulée par des entreprises
déclarées.
Ex :
- entreprises qui ne facturent pas tout => manque à gagner pour l’état sur la TVA et
l’imposition des béné ces
- employé non déclarés => pas de cotisations sociales.

- L’économie informelle (0,8% du PIB en 2012) : L’activité générée par des entités non
déclarées.
Ex :
- Entreprises non déclarées de di érents secteurs (13,4 Md€ en 2010) : bâtiment,
déménagement, restaurant etc.
- recours par certains ménages à l’emploi, rémunéré de façon informelle, de
personnes pour e ectuer des travaux domestiques. (2,2 Md€ en 2010)
Ex : des travaux de ménage, de repassage mais aussi des activités relevant de
l’action sociale comme la garde d’enfants ou l’aide aux personnes dépendantes.

- Activités illégales (0,03% du PIB en 2012):


- Drogues : VA = marge commerciale et marge de transport
- Contrebandes
- Prostitution

- Production manquante en raison des carences du dispositif de collecte des donn es.
(3,3% du PIB en 2012)
En e et, pour calculer le PIB, l’INSEE le fait à partir de données qu’elle recueil elle-
même ou qu’elle récupère à d’autre organisme gouvernementaux. Cependant rien
n’assure une remontée de toutes les données de l’économie (même d’UI déclarée)
jusqu’à l’INSEE.

- Travail domestique : vu au premier point. Mais pas compté par la CN

Cela implique des biais :

- Sous-évaluation de la production réelle. 10 à 25 % de la production réelle en UE, sans


intégrer le travail domestique!

- Surévaluation du chômage.

Rque : « Les manuels de comptabilité nationale, dont le Système Européen de Comptes (SEC
2010), considèrent explicitement que le caractère légal ou illégal, déclaré ou non déclaré, d’une
transaction n’est pas un motif recevable pour ne pas la décrire en comptabilité nationale. Les
comptes nationaux ont en e et vocation à retracer l’ensemble des ux e ectifs de revenus,
pourvu qu’ils retracent des transactions résultant d’un accord mutuel des parties impliquées. »

l’ conomie souterraine n’est pas mesur e en soi, mais estim e partir d’ajustements statistiques
appliqu s l’ conomie formelle

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• Non prise en compte dans le PIB des externalités environnementales négatives :
certaines consommations/productions augmentent le PIB mais ont des e ets qui peuvent
être jugés néfastes.

Cela implique des biais :

- Destruction de services rendus par la nature ou de ses ressources.


- La lutte contre les e ets négatifs peut augmenter le PIB.
Ex : la dépollution après une marée noire est un service marchand ou non qui augmente
le PIB. Pourtant rien de désirable n’a été produit dans cette augmentation du PIB

Il faudrait déduire de la VA les externalités négatives de la production de cette dernière. Mais ces
e ets négatifs sont très durs à évaluer en terme monétaire. Ex : utilisation de pesticide et coût du
services rendu par les abeilles ou les insectes.

Cela pose la question du développement durable (Rapport Bruntland de 1987) : un


développement qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs. Il s’articule autour de 3 piliers :

• Environnemental
• Économique dans une optique Nord-Sud
• Social : pauvreté, nutrition, santé et éducation

Le PIB vert ou Inclusive Wealth Index (IWI) tente en partie d’intégrer ces dimension dans le PIB

IWI = PIB + (accroissement du capital humain1) - (diminution du capital naturel)

Il n’est cependant pas mis en place car il n’y a pas de consensus sur la prise en compte
monétaire du capital naturel : coût potentiel de faire faire par l’homme les activités de la nature ou
volonté à payer recueillie lors d’enquêtes.

Rque conclusive : le PIB et le taux de croissance est un très bon indicateur des performances
économiques d’un pays. Bien sûr il a des limites mais il reste robuste, simple à comprendre et à
calculer.

1 Capital humain (voir dictionnaire Beitone, Cazorla, Hemdane) : Stock dont dispose un individu
qui est susceptible de lui générer un ux de revenu présent ou futur. Il s’agit principalement de
l’éducation et de la santé.
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IV.1.e évolution du PIB et crise COVID

La crise covid est particulière, il ne s’agit


pas d’une crise économique qui trouve ses
origines dans un « dysfonctionnement » de
l’économie comme le crack de 29 ou la
crise des subprimes. Elle résulte de la mise
en pause de l’économie pour des raisons
sanitaires et durant cette période les états
ont nancé les entreprises pour qu’elles
puissent survivre nancièrement à cette
mise en pause (Aides directes, prêts
garantis par l’état etc.). Ainsi, même si on
observe une baisse historiquement forte
du PIB au premier trimestre 2020, le PIB
regagne très rapidement son niveau de
départ avec le relâchement des contraintes
sanitaires (voir tableau).

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IV.2 Le PIB par habitant et la mesure du développement économique et social

IV.2.a Dé nition du développement


Dans cette section on s’intéresse aux pays développés. Si on se pose la question de savoir
qu’est-ce que l’on considère comme un pays développé on dirait un pays où on retrouve :

• Confort matériel
• Éducation
• Santé et Longévité
• Liberté

Dans la notion de développement, il ne s’agit plus uniquement de développement économique


mais aussi social.

Dans cette section nous procéderons à rebours. On va dé nir ex ante quels pays sont des pays
développés par rapport aux critères qualitatifs ci-dessus et essayer de voir qu’est ce qui peut être
un bon indicateur pour mesurer le développement des pays.

Donnons d’abord deux dé nitions du développement :

François Perroux (1961) : changement mentaux et sociaux d’une population permettant la


production réelle et son augmentation.

=> Ensemble de changement dans di érentes dimensions qui mène à la transformation et la


croissance économique.

Amartya Sen (1990-2000) : processus intégré d’expansion des libertés substantielles


(capabilities) en corrélation les unes avec les autres.

Ici, ce n’est pas forcement la dominante économique mais la mesure de l’augmentation des
capabilities : ensemble de capacités de choix et d’actions. Elles passent par des institutions
démocratiques, des droits civiques, une éducation, un système de santé accessible à tous etc.

Dans la suite on va voir des indicateurs qui permettent de mesurer le développement.

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IV.2.b Le PIB comme mesure du développement

Tableau : PIB 2021 en Dollars constants de 2015 - sources Banque Mondiale

Le PIB bof : exemple de la Chine vs le US ou de l’Inde vs la France. Même si leur PIB sont
proches il n’est pas réparti entre le même nombre d’habitants ce qui rend les Indiens en moyen
bien plus pauvre que les français. : il ne reste plus beaucoup d’argent par tête

IV.2.c Le PIB/habitant comme mesure du développement


Pour la suite, on va mélanger PIB et RNB. Il sont très proches, et ne di ère pas beaucoup pour
des pays comme la France.

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Facultatif : le RNB di ère du PIB dans le sens où il le corrige des revenus qui partent à l’étranger
et de ceux qui viennent de l’étranger.

Ex : une multinationale produit une voiture, sa VA est compté dans le PIB, mais une partie de cette
VA va partir à l’étranger : béné ce à la maison mère ou dividendes aux actionnaires étrangers.
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Tableau : RNB par habitant (dollars US constants 2015)
Source : https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/NY.GNP.PCAP.KD?cid=ecr_hp_worldbank_fr_ext&most_recent_value_desc=true

Le RNB/hab ou PIB/hab : beaucoup mieux que le PIB seul, le classement est meilleur. Les pays
que l’on considère comme développés se distinguent bien mais on a des exceptions : les pays
pétroliers et les paradis scaux

Avantages : parlant, facile à mettre en place, utilisé par la banque mondiale

Inconvénients : classement moyen, pas proxy pour le bonheur nom plus car omet de
nombreuses dimensions.

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IV.2.d L’IDH : l’indice de développement humain
Publier par le programme des NU pour le développement (PNUD) depuis 1999. Il s’inspire de la
dé nition du développement de Sen. C’est un nombre compris entre 0 et 1 (0 pas développé - 1
pays le plus développer possible par rapport aux autres)

C’est un indicateur tri-composite :

• RNB/hab en PPA
• Espérance de vie à la naissance (alimentation et système de soin)
• Scolarisation : temps passé à l’école à 25 ans et temps espéré pour nouvel entrant. Les
données viennent de l’UNESCO.

Depuis 2011, pour chaque indicateur/dimension, on normalise (le pays ayant le meilleur reçoit un
1, le moins bon une note basse mais pas 0) et on fait la moyenne géométrique (évite que les
bonnes notes dans d’autres dimensions masquent une mauvaise note dans une dimension).

rang IDH Pays IDH


2021
1 Switzerland 0,962
2 Norway 0,961
3 Iceland 0,959
4 Hong Kong, China (SAR) 0,952
5 Australia 0,951
6 Denmark 0,948
7 Sweden 0,947
8 Ireland 0,945
9 Germany 0,942
10 Netherlands 0,941
11 Finland 0,940
12 Singapore 0,939
13 Belgium 0,937
13 New Zealand 0,937
15 Canada 0,936
16 Liechtenstein 0,935
17 Luxembourg 0,930
18 United Kingdom 0,929
19 Japan 0,925
19 Korea (Republic of) 0,925
21 United States 0,921
22 Israel 0,919
23 Malta 0,918
23 Slovenia 0,918
25 Austria 0,916
26 United Arab Emirates 0,911
27 Spain 0,905
28 France 0,903
Tableau : classement des pays par l’IDH en 2021 - Source : PNUD

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L’IDH est le meilleur indicateur du développement des pays :

Avantages : fourni un meilleur classement des pays développé et est plus complet que le PIB en
prenant an compte des dimensions du développement social.

Inconvénients : moins parlant, surprise parfois, pas de prise en compte de la durabilité du


développement, des libertés individuelles et du statut des femmes.

Le PNUD complète donc l’IDH avec :

• ISDH (indice sexo-spéci que de développement humain) IDH homme et IDH femme
• IPF (indice de participation des femmes)
• IPH Indice de pauvreté humaine, qui est multidimensionnel.

IV.2.e Conclusion sur les indicateurs


Il n’existe pas un indicateur parfait qui résumerait tout de manière satisfaisante. Cependant un
bon indicateur doit respecter certains critères ( Sources : les nouveaux indicateurs de richesse de
Gadrey & Jany-Catrice) :

• Être parlant, facilement appropriable


• Fournir un classement robuste
• Être réalisable dans une certaine limite de coûts.
Il faut que vous connaissiez les avantages et inconvénients des indicateurs dont on a parlé.

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