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DROIT DES AFFAIRES

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 1/197


PARTIE PRELIMINAIRE

1. NOTIONS GENERALES DE DROIT

2. OHADA, SOURCE DU DDA EN AFRIQUE

3. NOTIONS SUR LE DROIT DES SOCIETES

4- TECHNIQUES DE RESOLUTION DES


EPREUVES A L'EXAMEN

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I - NOTIONS GENERALES DE DROIT

Section I : Les notions générales du droit

Le mot « droit » a deux sens.


Dans un premier sens, il signifie l’ensemble des règles qui gouvernent l’activité de
l’homme et dont la violation est sanctionnée par les autorités étatiques. Dans ce premier
sens, le droit est envisagé par rapport à l’objet qu’il réglemente et c’est pour cette raison
qu’on l’appelle droit objectif.
Dans un second sens, le droit est défini comme l’ensemble des privilèges, des
prérogatives dont une personne peut jouir en sa qualité de sujet de droit. Dans ce second
sens, l’accent est mis sur le sujet. C’est la raison pour laquelle on qualifie ce dernier
aspect de droit subjectif.
En définitive, la notion de droit s’entend à la fois du droit objectif et du droit subjectif.
On dit communément que si le droit objectif permet à un individu de faire quelque chose,
il a le droit subjectif de le faire.
Ces deux éléments qui composent la notion de droit présentent des particularités telles
qu’une étude séparée permet d’en cerner leurs contenus.

§1/- Le droit objectif

Le droit objectif est connu beaucoup plus par son synonyme qui est la règle de droit.
C’est une règle juridique qui s’applique à toute personne vivant dans une société donnée.
Il présente des caractères spécifiques et se subdivisent en plusieurs branches de droit ;
en outre il tire sa forces de différentes sources.

1.1- Les caractères de la règle de droit


La règle de droit est une règle de conduite de l’homme envers ses semblables dont il est
possible d’assurer l’observation par la voie d’une contrainte extérieure plus ou moins
intense. Elle présente trois caractères.
Elle est générale, obligatoire et permanente.

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- La règle de droit est générale, impersonnelle et abstraite : ce premier caractère de la
règle de droit signifie qu’elle s’applique à toute personne placée dans une situation
donnée. Elle a vocation à s’appliquer à tous ceux qui remplissent les conditions qu’elle
pose. Elle ne tient pas compte des situations particulières. Elle ne vise que les
circonstances générales. C’est la raison pour laquelle on dit que les individus d’un même
pays sont juridiquement égaux du seul fait qu’ils sont soumis aux mêmes lois. On dit que
la règle de droit s’applique « erga omnes ».
Qui plus est, la règle de droit n’est pas faite pour telle ou telle personne ni pour un bien
déterminé. Elle vise l’ensemble des citoyens et s’applique uniformément à tous ceux qui
entrent dans la catégorie visée.
Le caractère général, impersonnel et abstrait de cette règle de droit fera qu’elle sera
appliquée à toute personne qui commettra cet acte.
- La règle de droit est obligatoire : la règle de droit comporte une certaine force de
contrainte sociale en ce sens que sa violation expose son auteur à des sanctions. C’est
pour cela que l’on dit : « pas de sanction, pas de droit ».
Cette sanction peut avoir plusieurs formes en fonction de la nature de règles violées.
C’est ainsi qu’on a la contrainte directe qui se manifeste sous forme de châtiment
corporel comme l’emprisonnement ou pécuniaire comme l’amende contre la personne
responsable. La contrainte peut être indirecte. Dans ce cas, l’auteur du dommage doit
payer mais s’il ne le fait pas, la victime peut saisir ses biens en réparation du dommage
qui lui est causé. Cette contrainte peut être exercée par la force publique.
A côté des contraintes, il existe la nullité c’est-à-dire la sanction qui frappe un acte
irrégulièrement conclu.
En résumé, il n’y a pas de règle sans sanction. Mais toutes les règles de droit n’ont pas la
même force. C’est ainsi que l’on distingue les règles impératives des règles supplétives.
Les règles impératives : on dit que la règle de droit est impérative lorsqu’il n’est pas
possible aux particuliers d’en écarter l’application. Ici, la règle s’impose rigoureusement.
C’est pour cela que l’on dit qu’elle est d’ordre public. Exemple: Les règles relatives à l’état
des personnes sont des règles impératives.
Les règles supplétives ou interprétatives : une règle est dite supplétive, lorsque son
application peut être écartée par les particuliers. Ici la loi n’intervient que dans le cas où
les particuliers n’ont pas exprimé leur volonté. On dit communément que la règle de droit
supplée à la volonté des parties. Exemple : A la célébration du mariage, les futurs époux

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ont l’obligation de choisir un régime matrimonial parmi ceux que la loi met à leur
disposition. Dans l’hypothèse du droit Sénégalais de la famille, le choix doit s’opérer entre
trois régimes à savoir le régime de la séparation des biens, le régime de la communauté
des biens et le régime communautaire de participation aux meubles et acquêts. Lorsque
les futurs époux ne choisissent aucun de ces régimes, il leur est appliqué de plein droit le
régime de la séparation des biens. On dit que c’est le régime de droit commun parce qu’il
s’applique en l’absence de manifestation de volonté des parties.
- La règle de droit est permanente : cela signifie qu’elle s’applique aussi longtemps qu’elle
reste en vigueur c’est-à-dire aussi longtemps qu’elle n’est ni tombée en désuétude (c’est-
à-dire dans l’oubli) ni abrogée. L’abrogation est une abolition non rétroactive de la loi. La
loi abrogée n’est pas annulée pour le passé et les conséquences passées ne sont pas
remises en cause (théorie des droits acquis). On distingue deux modes d’abrogation :
l’abrogation expresse (quand la loi nouvelle déclare formellement et expressément
abroger les dispositions antérieures qu’elle spécifie) et l’abrogation tacite (lorsque la loi
nouvelle contient des dispositions contraires à celles de la loi ancienne.
On parle de droit positif lorsque l’on vise le droit qui s’applique à une société donnée.
Exemple : le droit positif ivoirien est le droit actuellement en vigueur en Côte d’Ivoire. Par
ailleurs, on parle du droit naturel lorsque l’on veut mettre l’accent sur un droit idéal qui
découle de la nature même de l’homme et qui se situe au-dessus de la règle établie par
les autorités étatiques. Exemple : Le droit à la liberté.

1.2-Les différentes branches du droit objectif


Il existe deux grandes branches du droit objectif à savoir : le droit privé et le droit public.
- Le droit privé : il régit les rapports entre les particuliers c’est-à-dire qu’il comprend
l’ensemble des règles applicables aux seuls particuliers. Il se décompose en plusieurs
disciplines.
Le droit civil : C’est le droit qui protège l’individu et son patrimoine. On l’appelle le droit
commun parce que c’est ce droit qui s’applique chaque fois qu’aucune règle particulière
n’est prévue dans un domaine donné. Exemple : le droit de propriété, le droit de la famille,
le mariage, le divorce, la filiation etc.
Le droit commercial : C’est l’ensemble des règles applicables aux commerçants et aux
activités commerciales et industrielles. (Entreprises et contrats commerciaux).C’est dans
le droit commercial que l’on trouve des droits spécialisés tels que le droit des assurances,

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le droit bancaire et le droit des affaires etc.
Le droit social : cette branche de droit englobe le droit du travail (rapports entre
employeurs et salariés) et le droit de la sécurité sociale (accidents de travail, maladies
professionnelles, allocations familiales, autres prestations en nature appliquées aux
travailleurs).
Le droit fiscal : C’est le droit qui réglemente les rapports entre le fisc (les impôts) les
salariés et les commerçants. Il règle le budget de l’Etat.
Le droit international privé : Il régit les rapports entre les individus appartenant à des
nations différentes.
Exemples : Un contrat conclu entre un sénégalais et un ivoirien ou le mariage entre une
béninoise et un malien.
Le droit pénal et la procédure pénale : cette branche de droit définit les sanctions
auxquelles est exposé un individu qui viole les règles de droit et réglemente le
déroulement du procès. Il définit les infractions et les classe en contraventions, délits et
crimes. Exemple : L’abus de confiance, le vol, l’escroquerie, l’émission de chèque sans
provision etc.
Avec l’évolution, certaines matières qui initialement faisaient partie du droit privé sont
classées parmi les branches du droit public. Il en est ainsi du droit pénal, du droit du
travail, du droit social et du droit fiscal. Mais ce classement ne rencontre pas l’adhésion
de certains auteurs qui estiment que ces types de branches du droit doivent être classés
parmi les disciplines du droit public.
- Le droit public : c’est le droit qui comprend d’un côté les règles d’organisation de l’Etat
de l’autre les règles qui régissent les rapports entre les particuliers et l’Etat. Exemple :
Les questions étudiées en instruction civique sont toutes des questions de droit public.
Le droit public comprend plusieurs branches :
Le droit constitutionnel : c’est ce droit qui détermine l’organisation de l’Etat et des organes
du gouvernement. C’est ce droit qui fixe les rapports de ces organes entre eux. Exemple :
C’est le droit constitutionnel qui prévoit que le Premier Ministre doit être choisi parmi les
députés majoritaires à l’Assemblée Nationale dans un régime parlementaire.
Le droit administratif : le droit administratif réglemente la structure de l’administration et
régit les rapports entre les particuliers et les administrations ; il définit la responsabilité de
l’Etat envers les particuliers et régit les contrats que l’Etat et ses différents
démembrements passent avec les particuliers. Le droit administratif réglemente

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également l’organisation des collectivités publiques (préfecture, canton, commune, région
etc.).Enfin c’est le droit administratif qui s’applique lorsque l’Etat est en conflit avec un
particulier. Exemple : c’est le droit administratif qui prévoit le statut des fonctionnaires.
Le droit international public : c’est l’ensemble des règles applicables dans les rapports
entre Etats souverains. Exemple : La convention ACP-UEE relève du droit international
public.
Les Finances Publiques : elles concernent l’ensemble des règles qui gouvernent les
budgets de l’Etat et des collectivités publiques.
Le droit de la fonction publique : c’est le droit qui détermine les critères d’avancement
dans la fonction publique.

1.3- Les sources du droit objectif

Il existe quatre sources du droit objectif : la loi, la jurisprudence, la doctrine et la coutume.

- La loi : elle est définie comme l’ensemble des règles de droit édictées par le pouvoir
législatif (Assemblée Nationale ou le Parlement.) pour s’appliquer à tous sous la garantie
de la force publique.
Pour être valable, la loi doit être votée par l’Assemblée Nationale ou le Parlement,
promulguée par le Chef de l’Etat, publiée au journal officiel et mise en application après
un jour franc qui est de 24 h et qui est encore appelé délai légal d’information
Une fois entrée en vigueur, la loi a une force obligatoire. Le caractère obligatoire de la loi
est une notion bien relative. En effet, il y a lieu de distinguer entre les lois impératives ou
d’ordre public (qui ont une force obligatoire absolue et n’admettent pas de dérogation) et
les lois supplétives (qui s’appliquent aux individus dès lors que ceux-ci n’ont pas
manifesté une volonté contraire : tel est le cas des lois sur les contrats.)
La loi ne s’applique, en principe, qu’à des faits survenus après sa mise en vigueur. Elle
ne régit pas des faits et actes commis antérieurement à son entrée en vigueur. C’est ce
que l’on appelle la non rétroactivité de la loi.

- La jurisprudence : par jurisprudence il faut entendre l’ensemble des solutions


généralement données par les Tribunaux (Jugement) ou par les Cours (arrêts) à une
question de droit. La jurisprudence ainsi définie présente des particularités qui font d’elle

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une source autonome du droit. Bien que n’étant pas une source du DDA ayant la même
autorité que la loi, la jurisprudence influe considérablement sur les décisions du
législateur. Cette influence se vérifie à partir de trois critères :
D’abord il y a la hiérarchie judiciaire qui fait qu’un arrêt de la Cour de Cassation a plus
d’autorité qu’un jugement d’un tribunal.
Ensuite la jurisprudence doit être appréciée en fonction de sa date de sorte que plus une
décision est récente, plus elle a d’autorité.
Enfin, l’autorité s’attache aux décisions de principe, en effet les arrêts de principe qui
consacrent au point de droit un examen plus approfondi et donnent de la solution une
formule générale ont plus d’autorité que des arrêts d’espèce. Si la jurisprudence n’a
qu’une autorité, elle représente néanmoins une autorité privilégiée. C’est pourquoi, pour
connaître le droit d’un pays, il ne suffit pas de connaître uniquement la loi de ce pays ; il
faut connaître également la jurisprudence de ce pays.
- La doctrine : c’est l’ensemble des opinions et des points de vue des auteurs sur un
problème de droit des affaires. La doctrine désigne également le corps des auteurs ayant
donné leurs points de vue sur un sujet de droit. La doctrine s’exprime par des écrits qui
peuvent prendre des formes diverses et variées : chronique ou note d’arrêt dans une
revue de jurisprudence, articles de journaux, manuels, thèse. Mais, on tend de nos jours
à ne plus considérer la doctrine comme une source directe du droit, car quelle que soit la
réputation du juriste ayant émis l’opinion, elle a besoin d’être reprise et consacrée par le
juge dans ses décisions ou par le législateur sous forme de loi.
- La coutume : c’est une règle de droit qui s’est établie par la pratique longue et répétée
des intéressés eux-mêmes. Elle est constituée par l’habitude. Son autorité lui vient de son
ancienneté et sa force obligatoire repose sur la force de la tradition.

§2 : Le droit subjectif

Le droit subjectif représente l’ensemble des prérogatives et des privilèges reconnus aux
individus par le droit objectif et dont ils jouissent sous la protection des pouvoirs. Ces
individus sont appelés sujets de droit et seuls des êtres humains peuvent être des sujets
de droit.
Exemple : Une personne peut être propriétaire d’un bien : c’est le droit subjectif. Le droit
de propriété est réglementé par le droit objectif (la loi) quant à son acquisition, ses modes

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d’exercice.

2.1-La classification des droits subjectifs


Les droits subjectifs peuvent être classés en trois catégories :
- les droits politiques : Ce sont des droits qui permettent de conférer à une personne
déterminée la qualité de citoyen.
Exemple : Le droit de vote est un droit politique.
- les droits publics : ce sont des droits qui résultent de la seule qualité d’homme. Ils sont
inhérents à la personnalité et protègent les sujets de droit contre les abus de l’Etat.
Exemple : Le droit à la vie, à la liberté et à l’honneur
- les droits privés : ce sont les droits qui appartiennent à tout particulier dans ses rapports
avec les autres. Exemple : Le droit de créance né de la vente d’un fonds de commerce.

2.2-Les sources des droits subjectifs

Il existe deux sources du droit subjectif : les actes juridiques et les faits juridiques.
- Les actes juridiques : un acte juridique est une manifestation de la volonté des individus
destinée à créer des effets de droit. Exemple : le consentement des deux parties à une
vente va entraîner le transfert des propriétés et des obligations à la charge de l’acheteur
(payer le prix) et du vendeur (livrer la chose vendue).
Il existe plusieurs sortes d’actes juridiques.
Les actes unilatéraux et les actes conventionnels : L’acte unilatéral est celui qui résulte
d’une seule volonté. Exemple : le testament
L’acte conventionnel est la manifestation d’un accord entre plusieurs volontés. L’acte
conventionnel peut être bilatéral ou multilatéral. Exemple : le contrat d’assurance, le
contrat de mariage.
Les actes à titre gratuit et les actes à titre onéreux : L’acte à titre onéreux est par contre
celui qui comporte des avantages réciproques pour chaque partenaire. Cet acte suppose
une idée d’échange, de contrepartie.
Exemple : l’assurance, la vente. L’acte à titre gratuit est celui par lequel une personne
décide volontairement d’accorder un avantage à une autre personne sans contrepartie.
Exemple : la donation
Les actes instantanés et les actes successifs : un acte est dit instantané lorsqu’il produit

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ses effets d’un seul coup. Un acte est dit successif si in écoulement de temps est
indispensable à sa réalisation. Exemple : le contrat de travail ; la location d’une maison, le
contrat de société, le contrat de service.
les actes translatifs et les actes déclaratifs : l’acte translatif transmet d’une personne à
une autre des devoirs et des obligations. Exemple : Par la vente, on transmet la propriété
d’un bien. L’acte est dit déclaratif lorsqu’il ne fait que constater officiellement un droit ou
une situation juridique donnée. Exemple : Le mariage de deux personnes qui vivent déjà
ensemble.

- Les faits juridiques : Ce sont des événements ou circonstances auxquels la loi attache
des effets de droit sans que la volonté de l’individu soit prise en considération.
Contrairement aux actes juridiques, les faits juridiques ne tiennent pas compte de la
volonté des parties.
Il existe deux sortes de faits juridiques : les faits de la nature ou les faits juridiques
involontaires et les faits juridiques volontaires.
Les faits juridiques involontaires ou les faits de la nature : ce sont des faits juridiques qui
se rattachent à la vie de l’homme. Ces faits présentent des caractères imprévisible,
insurmontable et extérieur. Exemple : la naissance, le décès, la majorité, l’incendie,
l’ouragan, la force majeure ou le cas fortuit, la prescription.
Les faits juridiques volontaires ou les faits de l’homme : A l’inverse des faits juridiques
involontaires, les faits juridiques volontaires ou les faits de l’homme font une place
importante à la volonté de celui qui les accomplit. L’individu a voulu les circonstances qui
ont provoqué la naissance du droit mais il n’a pas voulu le droit. On distingue dans cette
catégorie de faits ; les délits et les quasi-délits d’une part et les quasi-contrats de d’autre
part. Les délits et les quasi-délits constituent l’ensemble des dommages causés à une
personne et qui engagent votre responsabilité votre responsabilité. Exemple : l’accident
de voiture est un quasi-délit, renverser volontairement un piéton, voler sont des délits. Les
quasi-contrats sont les faits purement volontaires de l’homme qui créent un engagement
vis-à-vis des deux parties. Exemple 1 : la gestion d’affaire ; une personne sans avoir reçu
mandat gère les affaires d’une autre personne (faire réparer la toiture du voisin en son
absence pour que l’eau de pluie ne pénètre pas dans la maison). Exemple 2 :
L’enrichissement sans cause c’est par exemple la construction édifiée sur le terrain du
voisin qui lui appartient.

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2.3- La preuve des droits subjectifs
Pour étudier la preuve des droits subjectifs, il faut répondre aux questions suivantes : sur
qui pèse la charge de la preuve c’est-à-dire qui doit rapporter la preuve de droits
subjectifs ? Comment ou par quels moyens la preuve doit être rapportée ?

- la charge de la preuve : En droit civil, la charge de la preuve obéit à un principe qui


connaît des exceptions.

Le principe de la charge de la preuve : ce principe est énoncé de la façon suivante : celui


qui invoque un droit doit en rapporter la preuve ou celui qui réclame l’exécution d’une
obligation doit prouver l’existence de cette obligation. On exprime ce principe autrement
en énonçant que la charge de la preuve incombe au demandeur ; c’est-à-dire que celui
qui a pris l’initiative du procès. Si cette preuve est rejetée par le défendeur (celui qui est
accusé), il devra rapporter la preuve contraire.
Les exceptions : Il s’agit des hypothèses dans lesquelles la preuve est soit impossible soit
très difficile à rapporter. Dans ces hypothèses, la loi prête son aide au demandeur en
faisant la preuve à sa place. C’est le cas d’une présomption légale. La présomption est
donc un procédé de preuve par déduction. La loi, partant d’un fait connu, en déduit un fait
inconnu. Exemple : Normalement, l’enfant né d’une femme mariée devrait prouver qu’il
est l’enfant du mari pour établir sa légitimité. Mais devant la difficulté d’une telle preuve, la
loi, se fondant sur l’obligation de fidélité et de vie commune imposée aux époux, établit
une présomption selon laquelle l’enfant conçu pendant le mariage a pour père le mari :
c’est ce qu’on appelle la présomption de paternité.
Il existe trois sortes de présomptions légales :
la présomption simple ou relative qui est fondée sur la vraisemblance et qui peut être
renversée par la preuve contraire quelle qu’elle soit.
La présomption irréfragable ou absolue qui est la présomption qui ne peut pas recevoir la
preuve contraire.
La présomption mixte qui ne peut être renversée que dans les hypothèses prévues par la
loi. On l’appelle encore présomption intermédiaire.

- Les différents modes de preuve des droits subjectifs : On distingue généralement la

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preuve par écrit et la preuve orale. La preuve par écrit se fait soit par acte authentique
(acte émanant d’un officier de l’Etat civil, d’un notaire, d’un préfet etc.) soit par acte sous
seing privé (acte contresigné par deux personnes). Ex : les procurations. La preuve
orale : elle se fait par témoin et dans ce cas on parle de preuve testimoniale. Elle se fait
également par serment ou par aveu.

Section II : Les notions spécifiques du droit des Affaires

§1 : La notion de droit des Affaires


La notion « droit des affaires » fait référence à l’ensemble des règles de droit qui
régissent le monde des affaires. Mais que doit-on entendre par « affaires » dont semble
dépendre la définition même du droit des affaires ? Le mot « affaire » ne désigne pas
entre autres chose une entreprise commerciale, industrielle ou financière. C'est dans ce
sens qu’on dit communément « je suis le gérant de cette affaire ».
Cette définition littérale du droit des affaires qui, du reste, est exacte est celle que donne
l’homme d’affaires qui ne cherche pas à approfondir du moins juridiquement ce qu’il fait.
Le juriste ne se contentera pas d’une telle définition ; il cherchera plutôt à savoir ce que
recouvre cette entreprise commerciale et, pour ce faire, il analysera juridiquement cette
entreprise commerciale en partant d’exemples concrets pour appréhender l’entreprise
dans sa vie quotidienne.

1.1- La place du droit dans les affaires


Pour illustrer la place du droit dans les affaires, nous allons prendre l’exemple d’un
tenancier de bistrot qui commande à une brasserie 20 casiers de boisson. Si on lui pose
la question de savoir ce qu’il vient de faire, il répondra de la façon la plus simple qu’il vient
de passer une commande afin d’approvisionner son entreprise. Pour le juriste, le
tenancier vient d’émettre une volonté, celle d’obtenir 20 casiers de boisson. Cette
émission de volonté n’est pas sans effet puisque le tenancier s’engage à payer le prix de
20 casiers de boisson et se trouve ainsi obligé d’exécuter sa promesse. Cette émission
de volonté destinée à créer des effets de droit s’appelle un acte juridique. De son côté, la
brasserie fait savoir à notre tenancier qu’elle accepte de lui livrer les 20 casiers de
boisson. On se trouve donc en face d’un accord de volonté sur un objet bien déterminé :
c’est ce qu’on appelle un contrat. Pour le juriste, l’affaire dont il est question n’est pas

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seulement une entreprise commerciale, mais encore toute la vie commerciale vue sur
tous ses aspects (économique, sociale, juridique etc.).

1.2-Les contours du droit des affaires

Dans l’exemple cité, ci-dessus il s’est beaucoup agi plus de l’activité commerciale que de
l’entreprise en tant que personne morale. Cette activité se présente juridiquement sous la
forme d’un contrat et plus précisément d’un contrat commercial sur lequel se greffent
d’autres relations accessoires de sorte que le droit commercial « stricto sensu » ne puisse
pas les appréhender. Ce dépassement du cadre restreint du droit commercial fait
déboucher sur le droit des affaires. En réalité, le droit des affaires n’étudie pas
uniquement les rapports juridiques concernant le commerce proprement dit ; il fait
intervenir des éléments de beaucoup d’autres disciplines telles que le droit civil puisque
c’est sur des connaissances de droit civil que se greffent les contrats et les
responsabilités des affaires. Le droit des affaires présente des interférences également
avec le droit public puisque l’homme d’affaires conclut de plus en plus des contrats avec
l’Administration. Le droit des affaires ne pourra ignorer le droit fiscal, le droit pénal, ni le
droit social. Alors comment définir une discipline qui fait intervenir les éléments de
presque toutes les autres branches juridiques ?

1.3- la définition du droit des affaires

Pour certains auteurs, le DDA serait l’ensemble des règles de droit qui régissent les
relations d’affaires et qui sont propres au monde des affaires. En d’autres termes, c’est
l’ensemble des règles qui s’appliquent au monde des activités commerciales, industrielles
et financières.
Pour d’autres, il s’agit de cette branche de droit privé qui régit la vie des entreprises
commerciales, industrielles et financières sur tous ses aspects.
En définitive, le DDA tel qu’il est conçu de nos jours se rapproche davantage de la
deuxième définition en ce qu’elle laisse la porte ouverte à la prise en compte, au fil du
temps, d’autres disciplines qui pourront se révéler indispensables au bon déroulement de
la vie des affaires.
Enseigner donc le DDA aux praticiens ou aux futurs praticiens, c’est leur apprendre à lire

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juridiquement leurs affaires alors qu’ils seraient tentés de ne les lire que
commercialement. C’est moins de les transformer en juriste le temps d’un cours- que
d’attirer leur attention sur la portée juridique de leurs actes quotidiens; en un mot, c’est
leur apprendre à savoir utiliser le droit comme un outil des affaires.

§2 : L’originalité du DDA

Le DDA apparaît, à travers la définition qui lui a été donnée, comme un droit original,
autonome, un particulariste et d’exception. Il s’agit d’une branche du droit privé dont le
tronc commun se trouve constitué par le droit civil ou le droit commun. L’originalité du
DDA se vérifie à plusieurs niveaux par l’application des règles spécifiques aux activités
propres au monde des affaires.

1.1- Originalité fondée sur la rapidité des opérations dans le monde des
affaires

La rapidité des opérations relevant du domaine du droit des affaires peut être appréciée
par la formule anglaise « time is money » qui s’illustre, en la matière, par le fait que le
DDA peut se passer aisément des formalités administratives souvent trop lourdes et
paralysantes pour le monde des affaires. A cet égard, la formalité de l’écrit prescrite par le
droit civil pour certaines transactions ne paraît pas conciliable avec la rapidité admise en
DDA où la preuve peut être faite par tous les moyens, notamment par présomption ou par
témoin. De même, on sait qu’en principe la mise en demeure exige un acte extra
judiciaire, lequel doit emprunter le ministère d’un huissier. En DDA, la mise en demeure
peut résulter d’une simple lettre recommandée.

1.2- Originalité fondée sur la rigueur du DDA

La rigueur du DDA peut d’abord être appréciée au niveau de l’absence de délai de


paiement encore dénommé délai de grâce et que le droit civil accorde aux débiteurs
défaillants. Autrement dit, en DDA, le débiteur, lorsque sa dette est arrivée à échéance,
doit obligatoirement payer sans qu’il soit besoin de lui accorder le bénéfice du délai de
grâce. De plus, les intérêts dus par le débiteur en DDA sont nettement plus élevés qu’ils

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ne le sont en matière civile et le DDA a mis en place une procédure collective de
règlement pour organiser le dédommagement des créanciers d’un débiteur défaillant
tandis qu’en droit civil, on dit du même débiteur qu’il est en déconfiture et il appartient au
plus vigilant des créanciers de lui réclamer le montant de sa créance.

1.3- Originalité fondée sur la règle de la solidarité admise en DDA

La solidarité est érigée en règle dans la pratique des affaires : on dit que la solidarité se
présume en DDA contrairement au droit civil où la solidarité ne joue qu’en vertu d’une
stipulation expresse du contrat. Il s’agit de l’hypothèse où le créancier se trouve en
présence de plusieurs débiteurs commerçants. En principe, le créancier peut actionner
l’un quelconque des débiteurs en recouvrement de sa créance. C’est la règle de
l’obligation solidaire qui veut qu’un seul soit tenu pour le tout. Mais dans les rapports
entre débiteurs, l’obligation devient divisible et conjointe .En clair, celui des débiteurs qui
a payé le tout a un recours contre les autres codébiteurs en leur réclamant l’excédent de
ce qu’il a payé. Si l’un des codébiteurs est insolvable, on répartit sa charge sur celles des
autres y compris celui qui a réglé.

1.4- Originalité fondée sur les facilités de crédit en DDA

Il est notoire que toutes les activités relevant du DDA nécessitent à l’évidence de l’argent.
Le DDA s’y est préoccupé en développant la technique de la lettre de change ou traite qui
devient, non un instrument de paiement mais un instrument de crédit. L’exemple
classique est celui du fournisseur qui a livré des marchandises à un grossiste qui, à son
tour, va faire des crédits à des détaillants pour leur permettre de payer plus facilement.
Les rapports entre le grossiste et les détaillants se matérialisent par la lettre de change.
En effet, le grossiste va tirer sur le détaillant qui l’accepte une traite représentant le
montant de la créance due par le détaillant. Le grossiste va remettre cette traite en
paiement au fournisseur qui, s’il a besoin de liquidités, va l’escompter auprès de sa
banque. L’escompte de la traite consiste pour le banquier à remettre du numéraire
moyennant commission et agios.

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II– OHADA, SOURCE DU DROIT DES AFFAIRES EN AFRIQUE

L’idée d’une organisation du droit des affaires en Afrique est née de la volonté unanime
des Ministres des Finances des Etats de la zone franc de créer un outil d’intégration
économique pour mieux répondre aux attentes des opérateurs économiques. C’est ainsi
qu’en avril 1992, ils ont décidé à Ouagadougou d’étudier un projet de mise en place
progressive d’un droit harmonisé pour l’amélioration de l’environnement juridique de
l’entreprise. Partant du constat que les textes existant dans les différents Etats de la zone
franc, marqués essentiellement par une éparsité et une obsolescence caractérisées,
risquent de rebuter les opérateurs économiques, les Ministres des Finances des Etats de
la zone franc ont entrepris de briser les entraves à l’investissement et au développement
des échanges commerciaux sur la base de trois acquis essentiels : une culture juridique
commune, une monnaie commune, une volonté manifeste et déclarée d’intégration
économique. Une étude de faisabilité demandée par les Ministres des Finances des Etats
de la zone franc a été diligentée avec l’appui de la France qui en a accepté le
financement en octobre 1992. Le juriste Sénégalais Kéba MBAYE a dirigé la mission qui
devrait présenter son rapport en avril 1993 aux Ministres des Finances des Etats de la
zone franc réunis à Yaoundé. En octobre de la même année, la réforme du droit des
affaires a été validée à Libreville lors du sommet franco-africain. Un directoire a été mis
en place pour mener à bonne fin la réforme du droit des affaires. Il fut composé de M.
Kéba MBAYE, M. Martin KIRCH, Conseiller honoraire à la Cour de Cassation française,
M.Michel GENTOT, Conseiller au Conseil d’Etat français. Un an plus tard, lors du
Sommet de la Francophonie tenu à Port-Louis (Ile Maurice) du 17 au 19 octobre 1993, fut
signé le Traité créant l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
(OHADA). Le traité est entré en vigueur le 18 septembre 1998 et révisé le 17 octobre
2008 à Québec.
L’OHADA est une organisation internationale dotée de la personnalité juridique
internationale. A ce titre, elle a la capacité de contracter, d’acquérir et d’aliéner des biens
meubles et immeubles et d’ester en justice. Elle jouit sur le territoire de chaque Etat-
partie au Traité de l’immunité et des privilèges reconnus à toutes les organisations
internationales. Ainsi, les biens et avoirs qui lui appartiennent ne peuvent faire l’objet
d’aucune action en justice. Les fonctionnaires et employés des institutions de l’OHADA
jouissent, dans l’exercice de leur fonction, des privilèges et immunité diplomatiques.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 16/197


En mettant sur pied l’OHADA, les Etats-parties ont visé un triple objectif :
- Favoriser l’institution d’une Communauté Economique Africaine,
- Promouvoir l’unité africaine pour développer l’activité économique;
- Garantir la sécurité juridique au sein de cette Communauté Economique Africaine.
Pour atteindre ces objectifs, l’OHADA se doit:
- d’unifier le droit des affaires dans les Etats-parties en créant d’une part un espace
juridique commun par la promulgation d’actes uniformes applicables dans tous les Etats
membres et d’autre part un espace judiciaire commun par l’institution de la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA),
- de promouvoir l’arbitrage pour le règlement des différends contractuels et d’améliorer la
formation des magistrats et des auxiliaires de justice.
A cet égard, l’article 1er du Traité est très explicite. Il dispose :
« le présent Traité a pour objet l’harmonisation du droit des affaires dans les Etats-parties
par l’élaboration et l’adoption des règles communes simples modernes et adaptées à la
situation de leur économie, par la mise en œuvre des procédures judiciaires appropriées
et par l’encouragement au recours à l’arbitrage pour le règlement des différends
contractuels ».
Pour réaliser les missions qui lui sont assignées, l’OHADA s’est dotée de cinq
Institutions :
 La conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement instituée lors de la révision
du traité en 2008)
 Le Conseil des Ministres ;
 La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage ;
 L’Ecole Régionale Supérieure de Magistrature ;
 Le Secrétariat Permanent.
Mais compte tenu du rattachement des deux dernières institutions au Conseil des
Ministres, certains auteurs soutiennent que les deux Institutions importantes de l’OHADA
sont le Conseil des Ministres et la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage.

Section I : La conférence des chefs d’Etat et de gouvernement


La conférence des Chefs d’Etats et de gouvernement est composé des Chefs d’Etat et de
gouvernement des Etats parties. Elle est présidée par le chef de l’Etat ou de
Gouvernement dont le pays assure la présidence du Conseil des Ministres. Elle se réunit

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 17/197


en tant que de besoin, sur convocation de son président, à son initiative ou celle du tiers
des Etats-parties. Elle statue sur toute question relative au traité. La conférence ne
délibère valablement que si les deux tiers des Etats-parties sont représentés. Les
décisions de la conférence sont prises par consensus ou, à défaut, à la majorité absolue
des Etats présents.

Section II: Le Conseil des Ministres

A l’inverse des Ministres des Finances de la zone franc qui étaient les précurseurs de
l’OHADA, le Conseil des Ministres de l’OHADA est composé à la fois des Ministres des
Finances et des Ministres de la Justice des Etats-parties. Investi du pouvoir législatif à la
place des Parlements nationaux, le Conseil des Ministres joue actuellement le rôle de
Parlement de l’OHADA. A ce titre, il délibère et adopte les Actes Uniformes après avis de
la CCJA. En outre, il approuve le programme annuel d’harmonisation du droit des
affaires, élit les membres de la CCJA, nomme le Secrétaire Permanent de l’OHADA et
nomme le Directeur de l’ERSUMA. La présidence du Conseil des Ministres est exercée à
tour de rôle par chaque Etat-partie pour une durée d’un an selon des modalités
spécifiques. Le Conseil des Ministres se réunit au moins une fois par an sur convocation
de son Président, sur l’initiative du Président lui-même ou du tiers au moins des Etats-
parties. Il ne peut valablement délibérer que si les deux tiers au moins des Etats-parties
sont représentés.

Section III: La Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA)

Composée de 9 juges élus pour un mandat de 7 ans non renouvelable par le Conseil des
Ministres, la CCJA a son siège à Abidjan. Les juges sont choisis sur une liste préétablie
par les Etats-parties comprenant les Magistrats, les avocats et les professeurs de droit
ressortissant des Etats de l’UEMOA. Elle est assistée d’un greffier en chef qui assure le
secrétariat de la Cour. Elle a un triple rôle de consultant, de juge et de contrôleur. En tant
que consultant, elle est consultée sur les projets d’Acte Uniforme avant leur présentation
et leur éventuelle adoption par le Conseil des Ministres. En tant que juge, elle statue
comme juge de cassation à la place des Cours de Cassation nationales pour tout ce qui
touche au droit harmonisé des affaires. En tant que contrôleur, elle contrôle le bon

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 18/197


déroulement des procédures d’arbitrage lorsque les parties ont opté pour ce mode de
règlement de leur différend. Les juges de la CCJA sont inamovibles. Leur mandat est
renouvelable une fois et ils jouissent dans l’exercice de leurs fonctions des privilèges et
immunités diplomatiques. Par ailleurs, pour les actes accomplis en dehors de leur
fonction, ils ne peuvent être poursuivis qu’avec l’autorisation de la CCJA. La CCJA ne
peut comprendre plus d’un ressortissant d’un même Etat.
La CCJA est compétente pour statuer sur toutes les questions relatives à l’application des
Actes Uniformes et des règlements prévus par le Traité à l’exception des sanctions
pénales. C’est une Cour de Cassation qui présente la particularité de statuer au fond
sans renvoi devant une autre juridiction. Elle statue sur les décisions non susceptibles
d’appel de ces juridictions. La procédure à suivre devant la CCJA est fixée par un
Règlement adopté par le Conseil des Ministres. La CCJA peut être saisie soit directement
par l’une des parties à une instance devant une juridiction nationale, soit sur renvoi d’une
juridiction nationale statuant en cassation quand l’affaire relève de la compétence de la
Cour. Elle ne peut intervenir que sur le fondement d’une clause compromissoire ou d’un
compromis d’arbitrage. La seule condition est que la partie qui la saisit doit avoir son
domicile ou sa résidence dans un Etat-partie ou que le contrat litigieux a été ou doit être
exécuté, en tout ou partie sur le territoire d’un ou plusieurs Etats-parties. La saisine de la
Cour suspend les procédures de cassation engagées devant une juridiction nationale à
l’exception des procédures d’exécution.
La CCJA n’est pas une Cour d’arbitrage à proprement parler. Elle ne tranche pas les
litiges en tant qu’arbitre. Elle doit être tenue informée du déroulement de l’instance. Elle
examine les projets de sentence et n’est habilitée, aux termes de l’article 24 al 2 du
Traité, qu’à proposer des modifications de pure forme.
Section IV: Ecole Régionale Supérieure de Magistrature (ERSUMA)
Le siège de l’ERSUMA est à Porto-Novo. L’ERSUMA est rattachée au Secrétariat
Permanent et assure la formation des magistrats et des auxiliaires de justice en droit
harmonisé des affaires. Elle pourra aussi organiser des stages de formation spécialisée à
destination des universitaires et praticiens du droit et des opérateurs économiques.
Section : V Secrétariat Permanent
Le Secrétariat Permanent est en quelque sorte le siège de l’OHADA et dépend
directement du Conseil des Ministres auquel il est rattaché.
Son siège est à Yaoundé. L’installation du Secrétariat Permanent résulte d’un Accord

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 19/197


conclu pour une durée indéterminée, et paraphé le 30 juillet 1997 entre le Ministre des
Relations Extérieures du Cameroun et le Secrétariat Permanent de l’OHADA. Aux termes
de cet Accord, le Gouvernement camerounais reconnaît au Secrétariat Permanent la
personnalité juridique, avec tous les attributs qui en découlent (Art 2), assure la protection
de ses locaux (Art 5) qui, du reste, sont inviolables. Le Secrétariat Permanent jouit de
l’immunité de juridiction et d’exécution. Il s’est vu reconnaître le droit de détenir ou de
transférer des fonds en toutes devises et le bénéfice de divers immunités et privilèges.
Les rôles assignés au Secrétariat Permanent, par l’article 3 du Traité, sont analogues à
ceux de l’organe exécutif d’une organisation internationale.
A ce titre,
- il propose au Conseil des Ministres le programme annuel d’harmonisation du droit des
affaires (Art 11) ;
- il propose au Président du Conseil des Ministres l’ordre du jour des réunions du Conseil
des Ministres (Art 29) ;
- il prépare les Actes Uniformes en concertation avec les Etats parties (Art 6) ;
- il en communique les projets aux gouvernements des Etats parties (Art 7) ;
- il recueille leurs observations écrites, dans le délai de 90 jours ;
- il établit un rapport à leur sujet, qu’il transmet à la CCJA ;
- il recueille l’avis de la CCJA dans le délai de 60 jours, et met au point le projet définitif
d’Acte Uniforme ;
- il propose d’inscrire son examen à l’ordre du jour du plus prochain Conseil des
Ministres ;
- il est éventuellement destinataire de toute demande écrite d’amendement ou de révision
du Traité envoyée par un Etat partie (Art 61) ;
- il prête son concours à l’élection des juges de la CCJA en invitant les Etats parties à
procéder, dans un délai d’au moins quatre mois, avant les élections, à la présentation des
candidats à la CCJA, puis en dressant la liste alphabétique des personnes ainsi
présentées et en la communiquant, un mois au moins avant les élections, aux Etats
parties (Art 33) ;
En cas de décès d’un membre de la CCJA, il déclare le siège à partir de la date du décès
(Art 35)
Enfin, c’est le Secrétariat Permanent qui assure de fait la gestion du Journal Officiel de
l’OHADA.

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Pour l’assister dans ses tâches, le Secrétaire Permanent nomme ses collaborateurs
conformément aux critères de recrutement définis par le Conseil des Ministres et dans la
limite des effectifs prévus au budget (Art 40).

Chapitre II: Le Champ d’application de l’OHADA


L’OHADA est caractérisée par un espace géographique déterminé composé d’Etats qui,
ayant renoncé à l’application de leur droit interne, ont adhéré à un droit sous continental
composé d’un certain nombre de matières devant permettre l’émergence d’un nouvel
ordre économique.

Section I: Espace géographique de l’OHADA

L’OHADA regroupe les 17 Etats suivants : Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Centrafrique,


Comores, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Guinée Bissau, Guinée Equatoriale,
Mali, Niger, la RDC, Sénégal, Tchad, Togo.
Il y a lieu d'observer que géographiquement la liste de ces Etats correspond presque à
celle des Etats composant la zone franc. Mais cette liste des Etats-parties est appelée à
s’allonger puisque l’adhésion au Traité, selon l'article 53, est ouverte à tout Etat membre
de l’Union Africaine (UA) et non-signataire du Traité et à tout autre Etat non-membre de
l’UA sous réserve de recueillir l’accord unanime des Etats-parties.

Section II: Espace technique de l’OHADA

Sous ce titre, sont regroupées toutes les matières ou disciplines susceptibles de faire
l’objet d’uniformisation dans le cadre du Traité de l’OHADA. On les appelle des Actes
Uniformes (A.U.).

2.1 Les matières visées par l’OHADA

Il s’agit de toute discipline du droit des affaires de nature à promouvoir les échanges
régionaux et internationaux. En l’état actuel du Traité, la priorité est donnée aux matières
et disciplines énumérées à l’article 2 du Traité. Cet article énonce : «Entrent dans le
domaine du droit des affaires l’ensemble des règles relatives au droit des sociétés et au

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statut des commerçants, au recouvrement des créances, aux sûretés et aux voies
d’exécution, au régime de redressement des entreprises et de la liquidation judiciaire, au
droit de l’arbitrage au droit du travail, au droit comptable, au droit de la vente et des
transports et toute autre matière que le Conseil des Ministres déciderait, à l’unanimité d’y
inclure (…) ».
2.2 La procédure d’adoption des Actes Uniformes
Elle est décrite aux articles 5 à 12 du Traité :
l’A.U. est préparé par le Secrétariat Permanent de l’OHADA en concertation avec les
Etats-parties qui disposent d’un délai de 90 jours pour faire des observations écrites ;
Le Secrétariat Permanent transmet l’A.U. pour avis à la CCJA qui doit se prononcer par
observation écrite dans un délai de 60 jours ;
l’A.U. est retourné au Secrétariat Permanent pour une mise au point du texte définitif ;
Le projet d’A.U. est délibéré et adopté par le Conseil des Ministres de l’OHADA (Art.9).
L’adoption se fait à l’unanimité des représentants des Etats présents et votants. Elle n’est
valable que si les deux tiers au moins des Etats sont représentés. L’A.U. entre en vigueur
90 jours après son adoption par le Conseil des Ministres ; mais le traité a prévu une
dérogation à cette règle lorsqu’il indique que l’Acte Uniforme peut, le cas échéant,
préciser sa date d’entrée en vigueur. L’application en a été faite par l’Acte Uniforme du 17
avril 1997 relatif au droit des sociétés qui est entré en vigueur le 1er janvier 1998
(Art.920) et celui portant organisation des procédures collectives qui, adopté le 10 avril
1998, est entré en vigueur le 1er janvier 1999 (Art 258).
Il est opposable 30 jours francs après sa publication au Journal Officiel de l’OHADA. Il est
également publié au Journal Officiel des Etats-parties ou par tout autre moyen approprié.
Une fois adopté, l’A.U. jouit de la supranationalité puisqu’il est directement applicable
dans les Etats-parties nonobstant toute disposition de droit interne antérieure ou
postérieure.
III- NOTIONS SOMMAIRES SUR LE DROIT DES SOCIETES
L'avènement de l'OHADA dans le domaine du droit des sociétés a été apprécié à sa juste
valeur, car parmi les Etats de l'OHADA, seuls trois (Guinée Conakry, Mali et Sénégal)
avaient mis en place un référentiel juridique propre et ne se référaient plus au Code civil
français de 1804 et aux lois des 24 juillet 1867 pour les sociétés anonymes et du 7 mars
1925 pour les SARL.
Par cette réforme, l’OHADA a considérablement remanié un droit des Sociétés

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commerciales datant de plus d’un siècle tout en prévoyant des dispositions pertinentes
pour assurer une transition entre l’ancien droit et le nouveau droit. En effet, un délai de 2
ans est prévu pour permettre une mise en harmonie avec les dispositions de l’AU, soit par
amendement aux Statuts anciens, soit par adoption de nouveaux Statuts conformes.
Désormais, une société commerciale peut être créée par une seule personne appelée
« associé unique » par acte écrit. Les structures sociétaires sont restées classiques (SA,
SARL, SNC, SCS et SAS : Société par action simplifiée crée lors de la révision de
l’AURSC du 30 janvier 2014). Le siège social d’une société commerciale ne peut plus être
une domiciliation à une boîte postale ; il doit être localisé par une adresse géographique
assez précise. Le Groupement d’Intérêt Economique (GIE) est reconnu ainsi que la
notion de groupe de sociétés. La société peut être constituée par des apports de diverses
natures et la responsabilité civile des dirigeants sociaux est définie. En outre, cet AU est
marqué par des dispositions relatives à la vérification des apports en nature et des
avantages particuliers, au contrôle et à la certification des comptes, aux procédures
d’alerte etc. qui devront concourir à l’amélioration de l’information et de la sécurité des
partenaires de l’entreprise.
L’A.U. relatif au droit des Sociétés Commerciales et du GIE est l’A.U. le plus complet et le
plus détaillé des A.U. de l’OHADA.
Dans sa structuration, il comporte une partie préliminaire traitant de son champ
d’application et quatre parties :
- Une première partie qui traite des dispositions générales à toutes les sociétés
commerciales (constitution, fonctionnement, responsabilité civile des dirigeants, liens de
droits entre les sociétés, transformations, fusion, scission, apport partiel d’actif,
liquidation, nullités et formalités de publicité).
- Une deuxième partie relative aux dispositions particulières à chacune des formes de
sociétés commerciales (société en nom collectif-SNC-, société en commandite simple-
SCS- société à responsable limitée-SARL-, société par action simplifiée-SAS-, société
anonyme-SA-, société en participation-SEP-, société de fait), au bureau de liaison ou de
représentation et au groupement d’intérêt économique (GIE).
- Une troisième partie consacrée aux dispositions pénales et consistant uniquement à
définir les différentes infractions relatives à la constitution, à l’administration, à la direction
à la modification du capital, au contrôle, à la dissolution et à la liquidation des sociétés,
ainsi que les infractions relatives aux assemblées générales et à l’appel public à

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l’épargne.
- Une quatrième et dernière partie consacrée aux dispositions diverses, transitoires et
finales.
Dans un souci de synthèse, seules les deux premières parties retiendront notre attention
compte tenu de leur importance, l’essentiel des dispositions transitoires étant signalé plus
haut et les dispositions pénales faisant référence quant aux sanctions à des textes
applicables dans chaque Etat de l’OHADA.
Mais avant cela, donnons quelques bonnes raisons de constituer une société
commerciale :
 intérêt lié à la perpétuité des activités de l’entreprise
Le choix d’être en société permet une certaine pérennité car l’entreprise va être
déconnectée des personnes qui l’animent, parfois en cas de décès de l’entrepreneur,
l’entreprise allait être partagée entre tous les associés en indivision, ce qui était difficile et
entraînait presque la mort de l’entreprise. Si l’entreprise est constituée en société même
en cas de décès de l’entrepreneur, elle va continuer à vivre déconnectée car les héritiers
vont seulement récupérer des parts sociales.
 intérêt lié à souplesse dans le cadre de la transmission successorale
La forme sociale présente un intérêt de souplesse dans le cadre de la transmission
successorale de l’entreprise. Le décès de l’entrepreneur individuel marque souvent la fin
de l’entreprise qui serait soumise aux aléas de la liquidation et du partage, dangereux
pour sa stabilité ou sa pérennité, même avec les avantages conférés par le régime de
l’attribution préférentielle. En revanche, grâce à la structure sociale de l’entreprise, la
transmission successorale porte sur les droits sociaux, parts sociales ou actions, qui
peuvent être partagées sans que l’unité de l’entreprise sociale ne soit remise en cause.
 intérêt lié à la capacité à mobiliser les capitaux
La société permet de réunir des moyens plus importants car il y a plusieurs participants.
La société possède aussi une capacité à rassembler les capitaux. Cela est assez
efficace, notamment dans l’hypothèse où la société est admise à faire appel public à
l’épargne.
 intérêt fiscal
Une société est soumise à l’impôt sur les sociétés qui a un taux plus abordable que celui
qu’un commerçant personne physique est tenu de payer. L’impôt étant progressif, plus
les bénéfices sont importants, plus l’imposition est élevée. Par ailleurs, la cession de

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l’entreprise ayant revêtu la forme sociale est aussi plus intéressante fiscalement que celle
de l’entreprise individuelle. S’agissant d’une société, la fiscalité est moins lourde. L’Etat
favorise même certains types de société pour des raisons économiques. Ainsi les S.A et
les SARL ont un régime fiscal plus avantageux. Elles sont soumises à l’impôt sur les
sociétés alors que les sociétés de personnes telles que la SNC ont, en principe, un statut
fiscal comparable à celui des entreprises individuelles.
 intérêt financier
La société étant une technique de financement, une personne peut avoir sa propre
entreprise et à mesure que celle-ci se développe, les besoins en capitaux augmentent,
l’entreprise devra recourir au crédit bancaire, voire faire appel au marché financier. Les
risques financiers vont s’accroître avec leur répercussion sur le patrimoine ; à un stade de
développement, la fortune d’une personne ou d’une famille ne suffit plus.
Avant l’étude des règles communes, il faut s’interroger d’abord sur la nature juridique de
la société commerciale.
I. Nature juridique de la Société

La société plonge ses racines dans les temps les plus anciens, car les hommes ont
toujours cherché à grouper leurs moyens pour réaliser des projets qui les dépassaient
individuellement. La société se définit comme un groupement de personnes et de biens
constitué par contrat et doté de la personnalité morale. Le mot société revêt alors un
double sens puisqu’il désigne à la fois un contrat et une personne.
- D’une part, il désigne le contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent de mettre quelque chose en commun en vue de se partager le bénéfice ou
de profiter de l’économie qui pourra en résulter ; c’est l’acte constitutif de la société. Mais
certaines sociétés peuvent être constituées par une seule personne, c'est-à-dire qu’elles
peuvent être unipersonnelles c’est l’idée de patrimoine d’affectation qui est ainsi traduite
dans notre droit.
- D’autre part, le mot société désigne la personne juridique dite personne morale à
laquelle est affectée « la chose » mise en commun et qui est investie, après son
immatriculation au RCCM, de la capacité juridique d’agir au nom et dans l’intérêt de la
collectivité. Autrement dit, la personne morale est un acteur de la vie juridique, en tant
que tel sujet de droits et d’obligations.

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La société doit d’emblée être distinguée de la notion d’entreprise, avec laquelle le
langage courant la confond trop souvent.
Les deux notions ne sont pas de même nature. L’entreprise est une notion économique
qui désigne la réunion d’un ensemble de moyens financiers, matériels et humains
organisés en vue de la production ou de la distribution de produits ou de services. La
société est quant à elle une notion juridique impliquant, en principe, l’attribution de la
personnalité au groupement considéré. La société devient ainsi une technique
d’organisation de l’entreprise.
La société doit également être distinguée de deux autres types de groupements de droit
privé, dotés comme elle de la personnalité morale.
La société s’oppose tout d’abord à l’association qui est un groupement constitué dans un
but autre que de partager les bénéfices.
La société se distingue ensuite du groupement d’intérêt économique (GIE) qui est défini
par l’article 869 AUDSC comme le groupement dont le but est, non « de réaliser des
bénéfices par lui-même », mais « de faciliter ou de développer l’activité économique de
ses membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité ». La différence
essentielle tient donc à l’objet du GIE qui, contrairement à celui de la société, se situe
nécessairement dans le prolongement d’activités économiques préexistantes : le GIE est
un groupement de moyens permettant de mettre en commun certains aspects de l’activité
de ses membres. Il ne lui est certes pas interdit de réaliser des bénéfices, mais ceux-ci
sont alors nécessairement et immédiatement répartis entre ses membres : sur ce point, le
GIE s’oppose tant à la société, pour qui cette répartition est facultative, qu’à l’association,
à laquelle elle est interdite.
En revanche, ces trois types de groupements ont aujourd’hui en commun de pouvoir être
constitués dans le seul dessein de faire réaliser à leurs membres des économies.
Quelle est la nature juridique de la société ? Est-ce un contrat ou un acte unilatéral,
un contrat ou une institution ?
La société, contrat ou acte unilatéral ? La société, contrat ou institution ?
L’article 4 de l’AUDSGIE révisé définit la société comme un contrat. Or, la qualification
contractuelle de la société est peu compatible avec certains aspects du fonctionnement
sociétaire :
La considération d’un intérêt distinct de l’intérêt personnel de ses membres, le principe
majoritaire, le souci d’assurer la pérennité de l’entreprise ont conduit à penser que la

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société n’était pas un pur produit de la volonté égoïste de ses membres plutôt un être
social dépassant les volontés individuelles. L’intérêt social prévaut sur l’intérêt individuel
des associés.
II. Classification des sociétés
Les entreprises sociétaires peuvent être classées en plusieurs catégories :
- sociétés privées/sociétés publiques ;
- sociétés civiles/sociétés commerciales ;
- sociétés de personnes /sociétés de capitaux ;
- sociétés faisant appel public à l’épargne / ne faisant pas appel public à l’épargne.
A. SOCIETES PRIVEES ET SOCIETES PUBLIQUES
L’on peut retenir les distinctions suivantes :
 Les sociétés privées
Ce sont des sociétés civiles et commerciales relevant du droit commun, c’est-à-dire les
sociétés auxquelles s’appliquent les règles du droit civil, du code de commerce et les lois
privées relatives à ces sociétés. En règle générale, ces sociétés ont comme associés des
personnes physiques ou morales de droit privé. Elles pourraient même comprendre des
personnes morales de droit public à condition que leur présence n’entraîne pas
l’intervention de règles dérogatoires.
 Les sociétés publiques
Elles peuvent être définies comme celles qui ont pour associés en totalité ou en partie,
des personnes morales de droit public qui détiennent tout ou partie de leur capital social.
Juridiquement, ce qu’il convient de noter, c’est qu’il faut la présence de règles
dérogatoires au droit commun. En effet, l’Etat et les autres personnes morales de droit
public détiennent des participations dans de très nombreuses sociétés, notamment
depuis les extensions du secteur public. Malgré cette participation, ces sociétés
demeurent en principe régies par le droit commun de la loi sur les sociétés commerciales.
Le particularisme le plus grand se rencontre dans les sociétés d’Etat où le capital
appartient entièrement aux personnes morales de droit public. Une société d’Etat ne peut
comprendre qu’un seul associé : l’Etat.
 Les sociétés d’économie mixte
Elles sont généralement définies comme des sociétés anonymes dans lesquelles l’Etat ou
une collectivité publique intervient en qualité d’actionnaire et dans lesquelles, il entend
exercer un contrôle administratif interne, dérogatoire aux règles du droit commercial.

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Toutefois, la plupart des règles de droit privé applicable aux commerçants s’appliquent
également à ces sociétés.
B. SOCIETES CIVILES ET SOCIETES COMMERCIALES
Pendant longtemps, la distinction des sociétés civiles et des sociétés commerciales a été
la « summa divisio » du droit des sociétés. Elle était la transposition, dans ce domaine
particulier, de la distinction plus générale des commerçants et des non-commerçants.
1. Les sociétés civiles
Ce sont des sociétés qui ont un objet civil, bien évidemment toutes les activités n’ont pas
le caractère civil. Ont un caractère civil, les activités agricoles, intellectuelles telles que les
œuvres littéraires et artistiques, musicales, les brevets, marques et modèles, les œuvres
cinématographiques, les activités de recherche, les professions libérales (médecins,
avocats, expert-comptable), les activités immobilières et l’artisanat. Les sociétés civiles
ont un objet civil et une forme civile. Avoir une forme civile signifie que la société ne peut
revêtir l’une des formes déclarées commerciales. Ces deux conditions sont cumulatives.
Juridiquement, ce sont les sociétés auxquelles ne sont applicables ni les règles de
sociétés commerciales, ni les règles applicables aux commerçants. Signalons enfin que
la distinction du statut des sociétés civiles et des sociétés commerciales s’est estompée.
En effet, depuis l’adoption le 10 avril 1998 de l’Acte Uniforme portant organisation des
procédures collectives d’apurement du passif, elles sont les unes et les autres soumises
aux procédures collectives en cas de cessation des paiements.
2. Les sociétés commerciales
Le caractère commercial d’une société découle soit de son objet, c’est-à-dire de
l’accomplissement d’actes de commerce, soit de sa forme.
Ainsi, sont commerciales à raison de leur seule forme, les sociétés en nom collectif, les
SARL, les Sociétés Anonymes, la Société en commandite par actions, la société par
actions simplifiées. En conséquence, toute société qui revêt l’une de ces formes est
obligatoirement commerciale quel que soit son objet. Une société est commerciale
lorsqu’elle a pour objet l’accomplissement d’actes de commerce.
C. SOCIETES DE PERSONNES ET SOCIETES DE CAPITAUX
Cette classification concerne essentiellement les sociétés commerciales. Toutefois, l’on
peut considérer que les sociétés civiles sont des sociétés de personnes.
1. Les sociétés de personnes

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Dans les sociétés de personnes, dites encore sociétés par intérêts, les associés se
connaissent et se font confiance. L’élément caractéristique de ces sociétés, c’est
« l’intuitu personae », c’est-à-dire la considération de la personne. La considération de
la personne est également importante à l’égard des tiers, puisque les associés sont
indéfiniment et parfois solidairement tenus des dettes de la société. De l’intuitu personae,
il en découle les conséquences suivantes :

- les associés supportent une responsabilité indéfinie et solidaires vis-à-vis du passif


social ;
- le rôle des apports et du capital social est minoré, il n’y a pas de capital social
minimum ;
- le décès, l’incapacité, la faillite d’un associé entraîne en principe la dissolution de
la société ;
- la cession des parts sociales nécessitent l’accord unanime des associés.
Le type même de cette catégorie de société, c’est la Société en Nom Collectif (SNC).
2. Les sociétés de capitaux
Elles sont le contre-pied des sociétés de personnes ; l’important c’est le capital, gage des
créanciers et par conséquent les apports qu’effectuent les sociétés. Les associés portent
une responsabilité limitée à leurs apports, c’est-à-dire qu’ils ne peuvent perdre que leur
mise. Les titres sociaux des sociétés de capitaux sont librement cessibles, voire
négociables parce que la personne des associés a peu d’importance. Bien entendu, le
décès, l’incapacité ou la faillite d’un associé n’a aucune influence sur l’existence de la
société. L’organisation de la société est plus complexe, en particulier il faut qu’il y ait un
commissaire aux comptes. Le type le plus net de sociétés de capitaux est la société
anonyme. En réalité, la distinction est cependant moins tranchée. Les sociétés en
commandite simple comportent des éléments relevant des deux catégories. Les
commandités sont dans la situation des associés de Société en Nom Collectif. Les
commanditaires ont eux une responsabilité limitée. Mais de façon générale, on considère
les SCS comme des sociétés de personnes. La SARL se trouve à mi-chemin entre la
société de personnes et la société de capitaux. Toutefois, la doctrine semble pencher
davantage vers les sociétés de capitaux.
D. LES SOCIETES FAISANT OU NE FAISANT PAS PUBLIQUEMENT APPEL A
L’EPARGNE

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Cette classification, qui a de l’importance dans les pays occidentaux, concerne les
sociétés de capitaux, en particulier la société anonyme.
Les sociétés faisant appel public à l’épargne sont soumises à des règles plus
contraignantes. Par exemple, leur constitution est plus complexe. Elle fait intervenir les
organes de la Bourse des Valeurs Mobilières. Seules les SA sont habilitées à faire appel
public à l’épargne. L’ensemble des textes régissant cette matière organise un rigoureux
système d’information dans le souci de protéger l’épargnant. Le capital minimum exigé
est plus important. Il y a appel public à l’épargne si les titres émis par la société sont
cotés ou si leur émission ou leur placement donne lieu à une publicité ou à un
démarchage s’adressant à un public d’épargnants indifférencié. Pour les opérations et
informations vis-à-vis du public, elles doivent obtenir le visa de la Bourse du Marché
Financier Régional. Le délit dit des initiés frappe leurs dirigeants, par exemple lorsqu’ils
profitent d’informations non portées à la connaissance du public pour acheter ou vendre
des titres. Cette réglementation plus contraignante s’explique parce que la société qui fait
appel public à l’épargne ne met plus en cause des intérêts purement privés. Son
fonctionnement correct relève de l’ordre public économique, entendu au sens large.

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CHAPITRE I : LES REGLES COMMUNES A TOUTES LES SOCIETES COMMERCIALES
Lorsque la société est unipersonnelle, elle est créée par l’acte unilatéral de l’associé
unique. A l’inverse, si elle est pluripersonnelle, la société commerciale est un contrat par
lequel, deux ou plusieurs personnes conviennent d’affecter à une activité des biens en
numéraire ou en nature dans le but de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie
qui pourra en résulter (Selon l’article 4 de l’AUDSC révisé). Les associés s’engagent à
contribuer aux pertes dans les conditions prévues par la loi. La société commerciale doit
être créée dans l’intérêt commun des associés (l’affectio societatis). La loi prévoit les
règles de constitution dont les unes sont relatives aux conditions de fond (section 1) et
les autres aux conditions de forme (section 2), le tout sanctionné en cas de violation
(section 3).

Section 1 : Les conditions de fond


Parce que la société commerciale est un contrat, sa constitution est soumise aux
conditions générales de validité des contrats (parag. 1) et aux conditions particulières du
contrat de société. (parag. 2), les biens affectés à l’activité ou apports (parag. 3)
deviennent la propriété de la société et l’élément psychologique est exigé des apporteurs
(parag. 4).
parag. 1 : Les conditions générales de validité du contrat de société
Comme tout contrat, la validité du contrat de société est soumise au respect des
conditions de l’article 1108 du Code civil. Nous insisterons sur le consentement, la
capacité et l’objet.
A. Le consentement
Il doit être réel et non vicié.
En ce qui concerne le vice du consentement, il faut relever que l’erreur est rarement
retenue. En revanche, le dol est plus plausible et un associé peut notamment invoquer les
manœuvres frauduleuses dont il a été victime.
Quant au consentement simulé, il est plus fréquent. La simulation consiste à faire
semblant de s’associer, alors qu’en réalité on trompe tout le monde. La simulation peut
porter sur l’existence même du contrat (acte fictif), sur la nature du contrat (déguisement)
ou sur la personne du contractant (interposition de personne).
La simulation sur l’existence même du contrat marque le défaut d’intention de s’associer
ou de coopérer. La société est alors fictive et n’a aucune existence juridique.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 31/197


La simulation sur la nature du contrat marque la volonté des parties de frauder, de
dissimuler le véritable contenu de leur contrat. Celui-ci apparaît aux yeux des tiers sous
l’apparence d’une société alors qu’il s’agit notamment d’une donation portant atteinte aux
droits des héritiers ou du conjoint du donateur.
La simulation sur la personne de l’associé permet à une personne de cacher le véritable
associé en lui servant de prête-nom.
En cas de simulation, le tiers peut invoquer l’acte ostensible ou l’acte secret par le biais
de l’action en déclaration de simulation alors que la partie ne peut invoquer que l’acte
ostensible.
Les rapports entre les parties à la simulation sont régis par l’acte secret. Si la simulation a
permis la réalisation d’une opération frauduleuse, les sanctions de la fraude sont
applicables.
B. La capacité
La capacité requise varie selon le type de société.
Les sociétés dans lesquelles les associés ont la qualité de commerçant exigent la
capacité commerciale1.
Les sociétés dans lesquelles les associés ne sont pas des commerçants sont ouvertes à
tous. Toutefois, l’entrée des mineurs et des majeurs incapables suppose le respect des
règles de représentation ou d’assistance propres à chaque régime d’incapacité.
La situation des étrangers ne pose aucune difficulté dans le cadre de l’OHADA. En effet,
en raison de la liberté d’établissement, l’article 3 AUDSC-GIE permet à toute personne,
quelle que soit sa nationalité, de s’associer dans une société implantée sur le territoire
d’un Etat partie.
Pour ce qui concerne les personnes morales, qu’elles soient de droit privé ou de droit
public, elles peuvent avoir la qualité d’associé2. Toutefois, les personnes morales de droit
public peuvent souscrire au capital d’une société quelconque ou acquérir la totalité du
capital d’une société, notamment en cas de nationalisation, par le biais d’un texte
l’autorisant.
Exemple : Loi n° 2009-05 du 9 janvier 2009 autorisant la prise de participation majoritaire
de l’Etat dans la Société anonyme dénommée Aéroport International Blaise Diagne
Société anonyme « AIBD-SA », précisant les modalités d’affectation de la Redevance de

1
V. AUDSC, Art. 8 et 9.

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Développement des Infrastructures Aéroportuaires (la « RDIA ») et l’autorisation de la
grever d’un privilège.
C. L’objet social
L’objet social3 peut être défini comme le type d’activité choisi par la société dans ses
statuts ; on parle d’objet statutaire. Il s’agit de l’entreprise commune et ne se confond pas
avec la cause, l’intérêt social ou l’activité sociale.
La cause correspond au pourquoi de la création de la société. Cela résulte directement
de la définition légale de la société qui considère qu’il s’agit de l’enrichissement des
associés4.
L’objet social doit être licite5, c’est-à-dire ne pas être contraire à l’ordre public et aux
bonnes mœurs.
L’objet social doit également être déterminé6. En effet, les sociétés n’ont pas vocation à
faire n’importe quoi. Cette exigence résulte du principe de spécialité statutaire selon
lequel la société ne peut exercer que l’activité prévue dans les statuts, ce qui implique
que son objet soit délimité

Parag 2 : Les associés ou l’élément personnel


L’accès à la qualité d’associé est très largement ouvert. Peu importe en, principe, la
nature juridique de l’intéressé : toute personne physique ou morale peut être associée
dans une société commerciale à condition de ne pas faire l’objet d’une interdiction,
incapacité, ou incompatibilité visées notamment par les articles 6 à 12 de l’AUDCG.
Peu importe également la nationalité de l’associé : les étrangers peuvent, en principe,
sans conditions particulières, entrer dans les sociétés de l’espace Ohada. Mais dans
certains Etats, une autorisation préalable est en principe exigée lorsqu’il s’agit de
certaines activités ou une carte d’import-export lorsque la qualité d’associé implique celle
de commerçant.
Peu importe même, jusqu’à un certain point, la capacité de l’associé. Un incapable plus
spécialement un mineur peut entrer dans une société où sa responsabilité est limitée au
montant de son apport. Autrement dit, les mineurs et les incapables majeurs ne peuvent-

2
V. AUDSC, Art. 1.
3
V. AUDSC, Art. 19 à 22.
4
V. AUDSC, Art. 4.
5
V. AUDSC, Art. 20.
6
V. AUDSC, Art. 19.

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être associés d’une société dans laquelle ils seraient tenus de la dette sociale au-delà de
leur apport, ce qui les exclut des sociétés de personne, c'est-à-dire les sociétés en nom
collectif7 et les sociétés en commandite simple8.
Les époux ne peuvent être tous deux associés dans une société où ils seront tenus du
passif social indéfiniment et solidairement9.
Dans tous les cas, il faut que des biens soient affectés à l’activité de la société.
Parag. 3 : Les apports
Les apports sont des biens (argent, immeubles, fonds de commerce, brevets) dont les
associés transfèrent la propriété à la société et en contrepartie desquels ils reçoivent des
titres sociaux (actions ou parts sociales).
Les apports sont nécessaires à l’existence et à la validité de la société, puisqu’il n’y a pas
de société sans apports. Jusqu’à la complète réalisation de son apport, l’associé est
débiteur de la société. Les apports sont aussi nécessaires à la reconnaissance de la
qualité d’associé, car il n’y a pas d’associé sans apport.
L’objet des apports est très variable. Ainsi, selon l’article 40 de l’AUDSC révisé, l’associé
peut apporter :
- de l’argent, par apport en numéraire ;
- des droits portant sur des biens en nature, mobiliers ou immobiliers,
corporels ou incorporels, par apport en nature ;
- des connaissances techniques ou professionnelles ou des services, par apport en
industrie.
Tout autre type d’apport est interdit.
Seuls les apports en nature et en numéraire entrent dans la composition du capital
social. C’est pourquoi on les appelle apports capitalisés par opposition à l’apport en
industrie qui est non capitalisé.
A. Les types d’apport
1. L’apport en numéraire
C’est l’apport d’une somme d’argent dont la propriété est définitivement transférée à la
société en contrepartie de l’attribution d’actions ou de part sociales. Il s’agit de
l’hypothèse la plus simple et la plus fréquente.

7
V. AUDSC, Art. 270.
8
V. AUDSC, Art. 293.
9
V. Marius TCHENDJOU, Le conjoint de l’associé, RTD-Com 1996, n° 3 juillet-sept, P. 409.

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Les apports en numéraire concourant à la formation du capital social, leur souscription est
nécessairement intégrale et immédiate, sans quoi le capital serait partiellement fictif. La
libération, en revanche, peut en principe être pour partie différée, dans les conditions
prévues par les statuts et sous réserve des règles propres à certaines sociétés.
Les apports en numéraire doivent être distingués des prêts qui peuvent être consentis à
la société, notamment sous forme de versement d’avance en compte courant. Il s’agit de
l’opération par laquelle un associé met ou laisse à la disposition de la société des
sommes inscrites au solde créditeur du compte existant entre lui et la société. L’avantage
ainsi consenti est, certes, le plus souvent rémunéré ; mais il l’est par des intérêts et non
par l’attribution de droits d’associé : c’est donc à tort que la pratique désigne cette
opération sous le nom d’ « apports en compte courant ».
2. L’apport en nature
Il s’agit de tous les apports de biens meubles ou immeubles à l’exception des espèces
monétaires. Peu importe que le bien soit corporel ou incorporel. Il peut également s’agir
d’une créance dont la valeur réelle dépend de la solvabilité du débiteur cédé ou d’un
fonds de commerce notamment lorsque l’entrepreneur individuel décide de constituer une
société10.
L’apport en nature peut prendre plusieurs formes.
L’apport en nature peut être en propriété ou en jouissance ou encore en usufruit ou en
nue-propriété. Dans tous les cas, les apports en nature doivent faire l’objet d’une
évaluation.
L’évaluation de l’apport en nature est problématique, car si l’apport est surévalué,
l’apporteur est privilégié par rapport à ses coassociés et le capital social sera
artificiellement gonflé. Si l’apport est sous-évalué, l’apporteur est lésé par rapport aux
autres associés. C’est pourquoi l’article 49 AUDSC prévoit que ce sont les associés qui
évaluent les apports en nature, mais cette évaluation doit être contrôlée par un
commissaire aux apports dans les cas prévus par la loi.
Cependant, il existe des cas où l’évaluation est directement faite par les commissaires
aux apports. Ainsi, dans les SARL, l’article 312, al. 2 AUDSC prévoit l’évaluation par les
commissaires aux apports dès que la valeur de l’apport ou de l’avantage considéré ou

10
Ce dernier apport doit respecter le formalisme prévu par les articles 147 et s. de l’AUDCG.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 35/197


que la valeur de l’ensemble des apports ou avantages considérés excède cinq (5) millions
de F.CFA.
3. L’apport en industrie
Ces apports consistent dans l’engagement pris par un associé de consacrer tout ou partie
de son activité aux affaires sociales en mettant à la disposition de la société son
expérience, ses connaissances techniques ou professionnelles, son talent et sa notoriété.
Ils reviennent donc à exécuter un travail pour le compte de la société ou à lui rendre un
service. L’apporteur en industrie doit donc être un travailleur et son apport consiste en un
engagement de travailler. A la différence du salarié, l’apporteur en industrie n’est pas
subordonné à ses coassociés, il ne reçoit pas de salaires, mais une part dans d’éventuels
bénéfices comme les autres associés. N’étant pas saisissable, l’apport en industrie est
interdit dans les sociétés anonymes. Comme pour les apports en nature, les apports en
industrie posent le problème de leur évaluation. En contrepartie des apports, l’apporteur
reçoit des titres sociaux, selon la forme de la société, pour une valeur égale à celle des
apports.
B. Le régime juridique de la réalisation des apports
La réalisation des apports fait naître des obligations aussi bien à la charge de l’apporteur
qu’à la charge de la société.
1. Les obligations de l’apporteur
Selon l’article 37 AUDSC, chaque associé est débiteur envers la société de tout ce qu’il
s’est obligé à lui apporter.
2. L’obligation de la société
La société doit rémunérer l’apport effectué en émettant des parts sociales ou des actions.
Ces titres sociaux sont des biens meubles par détermination de la loi 11. Selon l’article 53
AUDSC, ces titres confèrent à leur titulaire :
- un droit sur les bénéfices lorsque leur distribution a été décidée ;
- un droit sur les actifs nets lors de leur répartition à sa dissolution ou à
l’occasion d’une réduction de son capital ;
- le cas échéant l’obligation de contribuer aux pertes dans les
conditions prévues pour chaque forme de société ;
- le droit de participer et de voter aux décisions collectives des associés.

11
V. AUDSC, Art. 52.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 36/197


Les parts sociales sont cessibles, c'est-à-dire que l’associé peut les vendre et les actions
sont en principe négociables, c'est-à-dire transmissibles sans formalités particulières12.
Les apports effectués constituent le capital social qui n’est rien d’autre que le patrimoine
de la société13. Or qui parle de patrimoine parle de personnalité juridique. Il ne peut en
être ainsi que si la société est immatriculée au RCCM.
La vocation des associés aux bénéfices et aux économies comme la contribution aux
pertes doivent se faire équitablement, c’est-à-dire en principe proportionnellement aux
apports. Les apports doivent être rémunérés par des droits sociaux, des parts sociales ou
des actions. Les titres sociaux émis sont des actions pour la société anonyme et des
parts sociales pour les autres.
 Les actions
Les actions sont immédiatement négociables, pourvu qu’elles soient intégralement
libérées. Les actions partiellement libérées doivent revêtir la forme nominative, de même
que les actions d’apport qui ne peuvent être converties en actions au porteur que deux
ans après l’apport.
 Les parts sociales
Jusqu’à une époque récente, le principe de l’incessibilité des parts sociales des sociétés
était de mise. C’est par ce moyen que les associés évitaient l’entrée de personnes
inconnues ou indésirables dans leur société.
Aujourd’hui, le législateur OHADA a un peu assoupli les règles. Ainsi, l’article 57 de l’Acte
Uniforme susvisé pose le principe que les parts sociales sont cessibles mais,
contrairement aux actions, la loi consacre leur cessibilité contrôlée et leur non-
négociabilité.
Dans les Sociétés en Nom Collectif (SNC), il faut toujours le consentement unanime des
associés. Les statuts peuvent prévoir toutefois une procédure de rachat pour permettre le
retrait de l’associé cédant.
Dans les SARL, les parts sociales sont, en principe et sauf clause statutaire limitative,
librement transmissibles entre associés ou au profit des proches parents. Elles ne
peuvent être cédées à des tiers qu’après agrément de ces derniers.
La réunion des apports forme le capital social. Le capital social revêt une extrême
importance dans les sociétés de capitaux car la responsabilité des associés ou

12
V. AUDSC, Art. 57.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 37/197


actionnaires est limitée à leur mise.
Du point de vue juridique, le capital social se caractérise par sa fixité et son intangibilité.
Cela signifie que le capital social est la valeur portée à l’actif du bilan et indiquant le
montant au-dessous duquel les associés s’interdisent tout prélèvement à leur profit. Le
capital social est le gage des créanciers, c’est-à-dire qu’il constitue une garantie de
paiement pour les créanciers. Les créanciers sont toujours préférés aux associés.
L’exigence d’un capital social minimum va dans le sens d’un accroissement de la garantie
des créanciers.
Par ailleurs, la perte des ¾ du capital social ou le fait que le capital social devienne
inférieur au minimum légal est une cause de dissolution que l’on peut éviter par la
réduction du capital ou par la transformation de la société.
Parag. 4 : L’élément psychologique
Cet élément réside, de manière générale, dans une volonté de collaboration qui ne peut à
l’évidence être exigée lorsque la société compte un seul associé. En dehors de cette
hypothèse, en revanche, la naissance d’une société constituée par plus d’une personne
suppose que les parties soient animées d’une double intention : celle de participer aux
résultats sociaux et celle de participer aux activités sociales.
A. La participation aux résultats sociaux
La participation aux résultats sociaux s’entend d’une participation tant aux résultats
positifs qu’aux résultats négatifs de la société.
1. La participation aux résultats positifs
Il s’agit de la participation aux bénéfices ou aux économies. La vocation aux bénéfices et
aux économies doit exister au profit de tous les associés. Le plus souvent, les statuts
prévoient que la répartition des bénéfices et des pertes se fera proportionnellement aux
apports. Mais cette règle n’étant pas d’ordre public, les statuts peuvent organiser un
mode de répartition inégalitaire, certains associés recevant une part de bénéfice plus
importante que la leur. Tous les associés n’ont pas la même position au sein de la
société : il est donc normal de récompenser les associés actifs.
Dès lors, les clauses d’inégalité de traitement sont valables sauf s’il s’agit de clauses
léonines.

13
V. AUDSC, Art. 61.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 38/197


La clause léonine est celle qui attribue à un associé la totalité du profit procuré par la
société ou l’exonère de la totalité des pertes ou encore exclut un associé totalement du
profit ou met sa charge la totalité des pertes14.
Une telle clause est considérée comme non écrite. Son existence ne peut entraîner la
nullité des statuts et de la société.
Les dividendes sont payés en numéraire. Leur mise en paiement doit avoir lieu dans le
délai maximal de neuf mois après la clôture de l’exercice.
2. La participation aux résultats négatifs
Lorsque la société n’enregistre pas de bénéfice mais des pertes, les associés doivent
contribuer aux pertes.
La contribution aux pertes doit être distinguée de l’obligation aux dettes sociales. En effet,
l’obligation aux dettes sociales concerne les rapports des associés avec les créanciers
sociaux. Son étendue varie selon les catégories de sociétés : dans les sociétés de
personnes, elle est illimitée alors que dans les sociétés de capitaux, elle est limitée au
montant des apports des associés.
Quant à la contribution aux pertes sociales, elle ne concerne que les rapports des
associés entre eux. Elle permet de déterminer celui qui va supporter et dans quelles
proportions le résultat négatif de la société. Comme pour le partage des bénéfices, la
contribution aux pertes sociales est en principe proportionnelle à la fraction du capital
détenue par chaque associé15.
Dans les sociétés ayant pour but de permettre à leurs membres de réaliser une économie
(comme les coopératives), la contribution aux pertes prend la forme d’une cotisation
versée régulièrement par les associés pour couvrir les frais de fonctionnement.
Dans les sociétés ayant pour but la réalisation et le partage de bénéfice, la distinction
suivante est faite :
- si, à la suite de la perte constatée dans les comptes sociaux, les capitaux propres
ne deviennent pas inférieurs à la moitié du capital social, la société poursuit son
exploitation sans qu’en principe les associés soient obligés de prendre en charge
directement la perte ;
- si, à la suite de la perte constatée dans les comptes sociaux, les capitaux propres
deviennent inférieurs à la moitié du capital social, s’applique une procédure particulière :

14
V. AUDSC, Art. 54, al. 2.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 39/197


les dirigeants doivent, dans les quatre (4) mois qui suivent l’approbation des comptes
ayant fait apparaître cette perte, convoquer l’assemblée générale extraordinaire à l’effet
de décider s’il y a lieu de dissoudre par anticipation la société. Si la dissolution est
écartée, la société est tenue, dans les deux ans qui suivent la date de clôture de
l’exercice déficitaire, de reconstituer ses capitaux propres jusqu’à hauteur de la moitié au
moins du capital social ou de réduire son capital d’un montant au moins égal à celui des
pertes qui n’ont pu être imputées sur les réserves 16.
B. La participation aux activités sociales
Quant à la participation aux activités sociales, elle n’est expressément exigée par aucun
texte, cependant, elle apparaît sous le nom d’affectio societatis, comme un élément
psychologique essentiel du contrat de société.
La notion d’affectio societatis17 est environnée d’un certain flou et constitue une de ces
« notions fuyantes »18 du droit des sociétés. Elle est généralement définie comme
l’intention de collaborer à l’entreprise commune de manière active et égalitaire. Elle est
donc proche du consentement au contrat de société, dont elle ne se distingue que par
son caractère permanent : alors que le consentement n’exprime que l’adhésion d’un
instant, l’affectio societatis semblable en cela à l’intention matrimoniale, se perpétue aussi
longtemps que dure la société19.

L’absence d’affectio societatis est de nature à mettre en péril le pacte social; c’est le socle
vers lequel convergent les autres éléments constitutifs du contrat de société : l’associé
qui a valablement effectué son apport participe à la prise de décision, en vue de concourir
à la détermination de l’intérêt social dont la finalité est le partage des bénéfices et la
contribution aux pertes.

15
V. AUDSC, Art. 54, al. 1.
16
V. AUDSC, Art. 371 et s. pour la S.A.R.L et 664 et s. pour la S.A.
17
V. sur la notion : J. Hamel, L’affectio societatis, R.T.D.Civ. 1925, p. 761 et s ; quelques réflexions sur le contrat
de société, Mélanges Dabin, T. II, p. 645 et s ; A. Amiaud, L’affectio societatis, Mélanges Simonius, Festgabe
Simonius, Bâle, 1995, p. 1 et s ; F. Terré, La distinction de la société et de l’association en droit français, Mélanges
Roger Sécrétan, Paris 1964, P. 325 et s ; S. Vaisse, La loi de la majorité dans la société anonyme, thèse Paris 1967,
spéc. P. 83 à 95 ; D. Schmidt, Les droits de la minorité dans la société anonyme, éd.Sirey, 1970, spéc. P. 70 et s ; A.
Viandier, La notion d’associé, L.G.D.J, 1978, spéc., p. 125 et s ; J. M. De Bermond De Vaulx, Le spectre de l’affectio
societatis, J.C.P. 1994, éd.E, I, 346 ; Y. Guyon, La fraternité dans le droit des sociétés, Rev. Soc. 1989, P.439 et s ;
Affectio societatis, Juris cl. Soc., Fasc 19, n° 2 ; C. Ruellan, La loi de la majorité dans les sociétés commerciales, thèse
Paris II, 1997, P. 201 et s ; P. Didier, Les entreprises en société, T. 2, coll. Thémis, PUF, Paris 1993, spéc. P. 66 et
s ; G. Cornu, Du sentiment en droit civil, Annales Faculté Lièges, 1963, P. 189.
18
V. J. Julien, Observation sur l’évolution jurisprudentielle du sort des associés dans la société civile, RTD.Com.
2001, 841 et s.
19
V. en ce sens, T.G.I. Paris, 14 mars 1973, Gaz. Pal.1973, II, P. 913, nte M. Peisse.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 40/197


L’affectio societatis a plusieurs rôles. Ce concept permet de :

- distinguer l’acte de société de contrats présentant avec ce dernier une certaine


analogie mais où l’intention de s’associer fait défaut (exemple : le prêt avec participation
aux bénéfices ou encore le contrat de travail avec intéressement aux bénéfices) ;

- caractériser une société créée de fait ;

- ou encore déceler le vice de fictivité.

Comment effectuer un apport en industrie?


L’ensemble des règles qui régissent les apports en industrie doivent figurer dans les
statuts de la société puisque «Les statuts décrivent l'apport en industrie et
déterminent les modalités de sa libération y compris la durée des prestations qui
sont fournies par l'apporteur, le nombre de titres sociaux attribués en rémunération
de ces prestations et les droits attachés à ces titres dans le partage des bénéfices
et de l'actif net. Les statuts déterminent également les modalités de liquidation de
ces titres en cas de cessation par l'apporteur de l'activité faisant l'objet de son
apport».
Comment évaluer un apport en industrie?
L’Acte Uniforme est totalement muet sur ce point et l’évaluation de ce type d’apport
s'avère être l’étape la plus compliquée dans la mesure où il s’agit d’évaluer un apport
successif et immatériel.
Ainsi, pour pouvoir évaluer un apport en industrie, il faut réussir à chiffrer le coût que la
société devrait supporter pour bénéficier d’un travail ou de connaissances similaires.
Dans ce cadre, l’intervention d’un commissaire aux apports est parfois nécessaire pour
l’évaluation des apports en industrie.
En règle générale et de manière pratique, la part des bénéfices qui revient à l'associé
ayant fait un apport en industrie est égale à celle de l'associé qui a fait l'apport le plus
faible en espèces ou en nature, sauf clause contraire des statuts.
L’apporteur en industrie étant bien un associé a droit à des parts sociales qui lui confèrent
des droits et des obligations au sein de la société : «Les apports en industrie ne
concourent pas à la formation du capital social mais donnent lieu à l’attribution de
titres sociaux ouvrant droit au vote et au partage des bénéfices et de l’actif net, à
charge de contribuer aux pertes».

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 41/197


L’associé qui effectue un apport en industrie n’obtient aucun titre représentatif du capital
social de la société, il reçoit des droits qui lui permettent:

• de bénéficier du droit au bénéfice ;

• de bénéficier du droit au partage de l’actif net et

• de participer aux décisions collectives et de voter.


Concomitamment, «l’apporteur en industrie doit rendre à la société la contribution
promise et lui doit compte de tous les gains qu’il a réalisés par l’activité faisant
l’objet de son apport».
Dans tous les cas, l’ensemble des règles qui régissent les apports en industrie doivent
figurer dans les statuts de la société.
«Les droits de vote attachés aux titres sociaux résultant d'apports en industrie ne
peuvent être supérieurs à vingt-cinq pour cent (25%) de l'ensemble des droits de
vote. La part totale attachée à ces titres sociaux ne peut excéder vingt-cinq pour
cent (25%) des bénéfices, de I' actif net et des pertes de la société». L’article 50-3, al.
2 et 3 limite des droits attachés aux titres sociaux résultant d’un apport en industrie:

• Droit de vote: ne doit pas être supérieur à 25% de l’ensemble des


droits de vote.

• Droit aux dividendes: limité à 25% des bénéfices, de l’actif net


Les titres sociaux représentatifs d’apport en industrie sont intransmissibles car ils sont liés
à l’exercice de l’activité de l’apporteur et en cas de décès de ce dernier, les titres sont
annulés.
Lorsque l’apporteur n’est plus en mesure d’exercer son activité, les droits liés à son
apport en industrie sont liquidés.
«Les titres sociaux résultant d’apports en industrie ne sont ni cessibles ni
transmissibles. Ils n’ont pas de valeur nominale» (article 50-4).
Section 2 : Les conditions de forme
Dans la plupart des cas, pour qu’une société soit valide en la forme, un écrit est exigé :
l’acte juridique de société se matérialise dans les statuts, qui constituent l’acte
instrumentaire constatant la volonté commune des associés20.

20
V. AUDSC, Art. 12.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 42/197


La nature de l’écrit est en principe indifférente21 : il peut s’agir soit d’un acte authentique,
soit d’un acte sous seing privé. L’acte authentique est cependant conseillé lorsque la
société reçoit un apport en nature portant sur un immeuble. Les statuts doivent, en
revanche, comporter un certain nombre de mentions obligatoires énumérées par la loi22 :
outre les exigences propres à certaines formes sociales, l’acte doit en toute hypothèse
préciser la forme, l’objet, l’appellation, le siège social, le capital et la durée de la société,
laquelle ne peut excéder quatre-vingt-dix-neuf ans23. Enfin les statuts doivent en principe
comporter la signature de chaque associé ou de son représentant légal ou conventionnel.
L’article 97 AUDSC pose le principe selon lequel, toute société doit être immatriculée au
RCCM. Seule échappe à cette règle la société en participation. C’est cette
immatriculation qui confère à la société la personnalité juridique (parag. 1). C’est
pourquoi les sociétés qui ne font pas l’objet d’immatriculation sont dépourvues de
personnalité juridique (parag.2).
Parag. 1 : L’immatriculation et l’acquisition de la personnalité morale
Selon l’article 98 AUDSC, toute société jouit de la personnalité juridique à compter de
l’immatriculation au RCCM à moins que l’AUDSC n’en dispose autrement.
L’immatriculation est à la fois la date de naissance et la déclaration à l’état civil de la
société. L’AUDSC comporte cependant peu de règles concernant les formalités de
l’immatriculation.
Avec l’immatriculation, la société a tous les attributs de la personnalité morale.
A. Les attributs de la personnalité morale
La société est, en tant que personne morale, dotée sinon des mêmes droits du moins des
mêmes caractéristiques essentielles qu’une personne physique. Autrement dit elle est
pourvue d’un certain nombre d’attributs qui peuvent être regroupés autour de trois
verbes : être (siège social, dénomination sociale et nationalité), avoir (patrimoine, capital
social) et agir (capacité et responsabilité de la société).
1. Etre
S’agissant de l’être, la société doit être dotée d’un siège social, d’une dénomination
sociale et d’une nationalité.
► Le siège social

21
V. AUDSC, Art. 10 et 11.
22
V. AUDSC, Art. 13.
23
V. AUDSC, Art. 28.

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Il est l’équivalent du domicile des personnes physiques et se définit par conséquent
comme le lieu du principal établissement de la société. Selon l’article 23 de l’AUDSC, une
société a un siège social qui doit être mentionné dans les statuts, il appartient aux
associés de fixer ce siège. Le choix peut porter soit sur le lieu du principal établissement,
soit sur le lieu où se trouve le centre de direction administrative et financière. Il ne peut
pas être constitué uniquement par une domiciliation à une boîte postale ; il doit être réel,
c’est pourquoi l’article 26 AUDSC précise que les tiers peuvent se prévaloir du siège
statutaire mais celui-ci ne leur est pas opposable par la société si le siège réel se trouve
en un autre lieu.
Le rôle du siège social est important ; c’est lui qui décide en principe du tribunal
territorialement compétent et du lieu de signification des actes.
► La dénomination sociale
Elle constitue l’équivalent du nom des personnes physiques et présente, comme celui-ci,
un caractère obligatoire24. Toute société est désignée par une dénomination sociale qui
est mentionnée dans les statuts. Elle est librement fixée.
Cette dénomination qui peut compter le nom d’un ou de plusieurs associés doit figurer sur
tous les actes émanant de la société et destinés aux tiers et doit être suivie ou précédée
immédiatement en caractère lisible de l’indication de la forme de la société, du montant
de son capital social, de l’adresse, de son siège social et la mention de son
immatriculation au RCCM.
Le nom des commanditaires dans les SCS ne peut être inclus dans la dénomination
sociale25. La société ne peut prendre la dénomination d’une autre société déjà
immatriculée, c'est-à-dire le nom commercial comme droit de propriété incorporelle est
protégé de tout imitation ou usurpation26/27.
► La nationalité
La notion même de nationalité peut a priori surprendre, s’agissant d’une personne
morale. Elle consiste en un lien purement juridique, à l’exclusion de toute implication
psychologique, civique ou politique. Le concept de société multinationale ou
transnationale, en effet, relève de l’économie et non du droit : à l’exception de quelques

24
V. AUDSC, Art. 14.
25
V. AUDSC, Art. 294, al. 2.
26
V. AUDSC, Art. 16.
27
V. Th. Bonneau, Conflits entre deux sociétés dont la dénomination sociale comporte le nom patronymique, J.C.P.,
éd. E, 1993, II, 522.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 44/197


rares sociétés internationales créées par convention entre Etats, toute société est
nécessairement rattachée à un Etat déterminé. Il est vrai qu’avec le droit Ohada, on peut
s’interroger sur la nécessité de rechercher la nationalité de la société, puisque
l’hypothèse d’un conflit de lois dans cet espace est exclue.
La détermination de la nationalité d’une société est, en principe, fonction du siège
social. Cependant, par exception, il arrive que le critère du siège social soit écarté
au bénéfice de la théorie dite de contrôle, qui définit la nationalité de la société par
référence à celle de ses associés ou dirigeants.
Le changement de nationalité résulte du transfert du siège social à l’étranger. Mais cette
décision, qui emporte en principe disparition de la personnalité morale, ne peut
normalement être prise qu’à l’unanimité des associés28.
2. Avoir
► Le patrimoine social
La société qui est immatriculée au RCCM acquiert la personnalité juridique. En tant
que personne morale elle a un patrimoine qui comprend l’ensemble des droits et
obligations. Ce patrimoine est distinct de celui de ses membres. Le patrimoine,
classiquement défini comme le contenant des droits et des obligations d’une personne,
est non moins classiquement présenté comme un attribut de la personnalité : seules les
personnes ont un patrimoine ; toute personne a nécessairement un patrimoine et un seul.
La société, en tant que personne morale, est donc dotée d’un patrimoine. C’est la
société elle-même qui est créancière, débitrice ou propriétaire. L’autonomie du
patrimoine de la société apparaît à deux niveaux :
D’abord et au regard des relations avec les associés, l’actif du patrimoine social se
caractérise par sa totale indépendance ; les associés ne sont pas copropriétaires des
biens apportés à la société, ils sont simplement titulaires de droits sociaux qui sont
constitués de droits patrimoniaux (droit aux bénéfices, aux bonus de liquidation, à la
restitution des apports) et des droits extrapatrimoniaux (droit au vote).
Ensuite et au regard des relations avec les tiers notamment les créanciers, au passif
du patrimoine social figurent les dettes qui ont pu être contractées par la société dans
l’exercice de ses activités. La règle, ici aussi, est celle de l’indépendance : les créanciers
de la société ont un droit de gage exclusif sur son patrimoine. Cela veut dire que les

28
V. AUDSC, Art. 359, 551 et 554, al. 3.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 45/197


créanciers personnels des associés ne peuvent pas saisir les biens de la société
inversement les créanciers de la société ne peuvent pas saisir les biens appartenant aux
associés. Si la société est en état de cessation de paiements, les associés ne sont pas en
principe concernés, sauf s’ils sont solidairement et indéfiniment responsables du passif
social. Ce qui veut dire que cette indépendance doit être atténuée, d’autant plus que la
souscription par exemple, d’un cautionnement peut ouvrir au créancier social une action
sur le patrimoine propre de l’associé ou du dirigeant caution.
► Le capital social
Toute société dispose d’un capital dont le montant est obligatoirement mentionné
dans les statuts29. Le capital social peut être défini comme l’évaluation chiffrée des
biens apportés à la société lors de sa constitution ou d’une augmentation du
capital ultérieure. Il s’agit par conséquent d’une notion abstraite, ce qui traduit
parfaitement la présentation comptable qui en est faite : alors que les biens apportés,
considérés en eux-mêmes, figurent à l’actif du bilan de la société, le capital est quant à lui
inscrit, pour un montant identique, au passif de ce même bilan ; il exprime en effet une
dette différée à la charge de la société, débitrice envers les associés de la valeur de leurs
apports.
Le capital social représente également une valeur constante et doit spécialement être
distingué de l’actif social. Les deux valeurs coïncident certes initialement, mais ce n’est
que pour un instant de raison : tandis que le capital reste inchangé, l’actif est
immédiatement affecté, à la hausse ou à la baisse, par les résultats des activités sociales.
Pour la même raison, le capital social doit également être distingué des capitaux propres
qui reflètent effectivement davantage la réalité financière de la société en ce sens qu’ils
sont déterminés en tenant compte du capital social et des autres éléments comme les
réserves et les pertes. A la différence du capital qui est en principe intangible, les
capitaux propres vont varier en permanence en fonction des résultats de la société ; on
dit qu’ils sont composés du capital augmenté des réserves ou diminué des pertes.
Le capital social doit être distingué des fonds propres qui sont des sommes mises
de façon stable à la disposition de la société et qui constituent le passif interne et,
dans le jargon financier le haut de bilan.

29
V. AUDSC, Art. 61.

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3. Agir
► La capacité de la société
Les sociétés commerciales sont a priori dotées, à l’instar des personnes physiques, d’une
pleine et entière capacité.
Cependant, dans ses rapports avec les tiers, elle est nécessairement représentée, de
manière générale et permanente, par ses organes et se trouve donc dans la même
situation qu’un mineur ou un majeur en tutelle.
► La responsabilité de la société
La société étant libre d’agir, elle est donc logiquement menacée de répondre de ses faits
dommageables ou interdits30.
La société peut engager sa responsabilité civile 31 du fait personnel toutes les fois que le
fait dommageable émane d’un dirigeant agissant dans l’exercice de ses fonctions : le fait
de l’organe est alors assimilé au fait de la personne morale elle-même.
Sur le plan pénal, la société peut aussi, selon certains textes actuels, engager sa
responsabilité : c’est la responsabilité pénale des personnes morales. Cette
responsabilité suppose certes que l’infraction soit commise par un dirigeant agissant pour
le compte de la société32.
B. La société non encore immatriculée
Celle-ci n’a pas encore la personnalité morale puisque cette dernière découle de
l’immatriculation. Mais l’absence de la personnalité morale n’empêche pas la société
d’avoir une existence de fait. Pendant la période antérieure à l’immatriculation, la société
a pu avoir une certaine activité ; la question qui se pose est de savoir quel est le sort des
actes accomplis pour le compte de cette société qui n’existe pas encore en tant que
personne morale et qui de ce fait ne peut supporter des obligations ?
Pour régler ce problème, deux situations doivent-être distinguées :
- la société est en formation avant sa constitution ;
- la société est constituée, mais non encore immatriculée.
1. Les engagements accomplis pour le compte d’une société en
formation avant sa constitution

30
La responsabilité constitue la contrepartie de la liberté.
31
Cette responsabilité civile peut être délictuelle ou contractuelle.
32
V. Loi uniforme UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, Art. 5 et 42, transposée au Sénégal
par la loi n° 2004-09 du 6 février 2004 et au Mali par la loi n° 06-066 du 29 décembre 2006.

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La constitution de la société résulte de la signature des statuts. Avant cette
signature ceux qui agissent sont appelés les fondateurs, les actes et engagements
de ces fondateurs peuvent être repris par la société, dans ce cas ils sont réputés
avoir été contractés par la société dès l’origine33. A défaut de reprise, ces actes
sont inopposables à la société et les personnes qui les ont souscrits sont tenues
indéfiniment et solidairement par les obligations qu’ils comportent34.
Comment s’effectue la reprise ? Lorsqu’il s’agit de société faisant publiquement appel à
l’épargne, les actes et engagements pris par les fondateurs doivent être portés à la
connaissance des associés lors de l’assemblée générale constitutive. La reprise fera
alors l’objet d’une résolution spéciale de cette assemblée générale constitutive 35.
Lorsqu’il s’agit de société ne faisant pas appel public à l’épargne 36, les actes et
engagements doivent être portés à la connaissance des associés avant la signature des
statuts. Au cours de l’assemblée, il faudra annexer au projet de statuts un document
intitulé « état des actes et engagements pris pour le compte de la société en
formation ». La reprise résultera dans ce cas de la signature des statuts et de l’état des
engagements, elle prend effet dès l’immatriculation37.
La reprise peut résulter aussi d’une délibération de l’assemblée générale ordinaire qui
devra être informée sur la nature et la portée de chacun des actes et engagements dont
la reprise lui est proposée. C’est ce qu’on appelle les reprises ultérieures.
Les personnes qui ont accompli les actes ne prennent pas part au vote et il n’est pas tenu
compte de leur voix pour le calcul quorum et de la majorité38. Ces dispositions ont pour
finalité la protection des tiers qui ont pu entrer en relation avec la société en formation.
Dans tous les cas, la reprise de l’engagement nécessite trois conditions. Il doit tout
d’abord prendre sa source dans un acte juridique, ce qui exclut la reprise des obligations
délictuelles, qui trouvent leur origine dans un fait juridique : spécialement, la société ne
pourrait pas décider d’assumer les conséquences des faits de concurrence déloyale
commis par ses fondateurs. Il faut ensuite que l’acte soi accompli au cours de la période

33
V. E. Paillet, L’activité de la société en formation, Rev. Soc. 1980, 419 ; R. Micha-Goudet, Clauses attributives de
compétence dans les contrats passés au nom et pour le compte de la société en formation, D. S. 1997, chr. 121.
34
V. Chr. LOPEZ, la responsabilité solidaire et indéfinie des fondateurs ; le sort des engagements pris au nom d’une
société en formation en cas de défaut de reprise des actes par la société, J.C.P., éd. E, 1998, P.408.
35
V. AUDSC, Art. 109.
36
Il ne faut pas confondre société faisant appel public à l’épargne et société faisant appel à l’épargne publique.
37
V. AUDSC, Art. 107.
38
V. AUDSC, Art. 107

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de formation de la société, ce qui suppose qu’il intervienne après que la volonté
commune des associés a été définitivement arrêtée. Enfin, l’acte doit être souscrit au nom
de la société, c’est-à-dire faire apparaître que son auteur n’agit pas pour lui-même.
Mais si les fondateurs avaient constitué frauduleusement la société, dans le but
d’échapper à leurs obligations, ils resteraient tenus39.
2. Les engagements pris pour le compte d’une société avant son
immatriculation
Le rôle des fondateurs prend fin dès la signature des statuts, à partir de ce moment, les
dirigeants sociaux se substituent à eux pour agir au nom de la société 40.
Trois conditions doivent être réunies pour que les actes accomplis par les dirigeants
soient repris :
- d’abord les dirigeants doivent avoir reçu mandat dans les statuts ou
dans un acte séparé pour prendre des engagements ;
- ensuite les engagements doivent être déterminés ;
- enfin les modalités de la reprise doivent être précisées dans le mandat.
Lorsque ces trois conditions sont réunies, l’immatriculation au RCCM emporte reprise des
engagements par la société41. Il se peut que les actes accomplis excédent les pouvoirs
conférés à ceux qui les ont accomplis où soient étrangers au mandat, dans ce cas la
société ne peut les reprendre que s’ils sont approuvés par l’assemblée générale ordinaire
sauf clauses contraires des statuts.
Ceux qui ont accompli ces actes ne peuvent pas prendre part au vote et il n’est pas tenu
compte de leur voix pour le calcul du quorum et de la majorité.
Lorsque les actes sont repris par la société régulièrement immatriculée, ils sont réputés
avoir été contractés par celle-ci dès l’origine. A défaut de reprise, les dirigeants qui les ont
accomplis, sont indéfiniment et solidairement tenus.
Cette faculté de reprise rétroactive est théoriquement remarquable puisque la société
peut ainsi se trouver engagée à une date où elle n’existait pas : cette anticipation sur une
personnalité future n’est pas sans analogie avec la règle infans conceptus. Surtout, la
reprise est pratiquement très utile, spécialement en matière fiscale où elle permet de faire

39
V. Paris, 22 nov. 1988, RTDCom 1989, 241.
40
V. AUDSC, Art. 111 et s.
41
V. Bastian, La situation des sociétés commerciales avant leur immatriculation au registre du commerce, Etudes à la
mémoire de H. Cabrillac, 1968, 23 ;

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l’économie d’un droit de mutation : l’acte repris, produisant directement ses effets dans le
patrimoine social, n’est en effet taxé qu’une seule fois.
Parag. 2 : Le statut des sociétés ne faisant pas l’objet d’immatriculation
A. La société en participation (SEP)
Selon l’article 114 AUDSC, les associés peuvent convenir que la société ne sera pas
immatriculée : c’est une société en participation. Pour autant c’est une véritable société,
et les associés sont tenus de respecter les règles impératives applicables à toutes les
autres sociétés.
Parce qu’elle n’est pas immatriculée, la société en participation n’a pas de personnalité
juridique et l’absence de personnalité morale influe sur les rapports entre associés d’une
part et les rapports entre associés et tiers d’autre part. Les rapports entre associés sont
régis par les dispositions applicables aux sociétés en nom collectif. Cette règle n’est
cependant pas d’ordre public puisqu’une organisation différente peut être prévue.
Exemple les biens nécessaires sont apportés à la société et mise à sa disposition.
Chaque associé reste propriétaire de son bien, car la société n’a pas de patrimoine. A
l’égard des tiers chaque associé contracte en son nom personnel et est seul engagé. Il
existe cependant des dérogations à cette règle, ainsi lorsque les associés agissent
expressément en cette qualité, ils sont engagés solidairement. De même lorsqu’un
associé par son immixtion a laissé entendre au cocontractant qu’il entendait s’engager à
son égard, il sera tenu vis-à-vis de lui. Exemple : A prend un engagement vis-à-vis des
tiers, B son coassocié laisse entendre qu’il va s’engager, B sera tenu. Il faut cependant
rapporter la preuve que l’engagement a tourné à son profit42.
Les causes de dissolution de la société en participation sont les mêmes que celles
prévues pour les SNC. Donc en plus des causes communes de dissolution, il y a le décès
d’un associé ou la survenance d’une incapacité chez un associé ou l’ouverture des
procédures collectives contre un associé. Malgré ces événements, la société en
participation peut cependant continuer à vivre si les associés ont prévu dans les statuts
ou par actes séparés une clause de continuation43.
Lorsque la société en participation est à durée indéterminée, sa dissolution peut résulter à
tout moment d’une notification par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre
recommandée avec accusé de réception adressée par l’un d’eux à tous les associés à

42
V. A. Picand-D’Amezec, L’obligation des associés en participation envers les tiers, Rev soc, 1990, 567.

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conditions que cette notification soit faite à temps et de bonne foi 44. Est ainsi légalement
justifiée la décision déclarant qu’un associé est en droit de provoquer unilatéralement la
dissolution de la société45.
B. La société créée de fait
Selon l’article 115 AUDSC, si le contrat de société ou l’acte unilatéral de volonté n’est pas
établi par écrit et que de ce fait, la société ne peut être immatriculée, on parle de société
créée de fait. Pour leur régime juridique, l’article 115 AUDSC renvoie aux dispositions de
l’article 864 du même acte uniforme et ce texte auquel renvoie l’article 115 AUDSC parle
des sociétés de fait.
L’expression société de fait désigne la situation dans laquelle une société, voulue par les
participants, mais nulle en droit, a fonctionné avant son annulation. La jurisprudence a
admis qu’un tel groupement pouvait avoir une certaine vie juridique bien que ne reposant
pas sur le consentement valable des participants, exprimé dans les formes légales.
On rencontre la société de fait dans deux cas, le premier est prévu dans l’article 864
AUDSC selon lequel, il y a société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes physiques
ou morales se comportent comme des associés sans avoir constitué entre elles l’une des
sociétés reconnues par la loi. Le second cas est prévu par l’article 865 AUDSC qui parle
de société de fait lorsque deux ou plusieurs personnes ont constitué entre elles une
société reconnue par la loi, mais n’ont pas accompli les formalités légales constitutives ou
ont constitué entre elles une société non reconnue par la loi
L’article 866 AUDSC prévoit que toute personne qui y a intérêt peut demander au tribunal
la reconnaissance d’une société de fait entre deux ou plusieurs personnes. L’existence
d’une telle société, précise l’article 867 AUDSC, peut être prouvée par tous moyens.
Les associés de la société de fait sont soumis aux règles de la société en nom collectif 46.
Il y a une identité de régime juridique puisque les règles de la société de fait sont
applicables à la société créée de fait. Cette identité de régime juridique ne signifie pas
cependant qu’il y a identité de nature juridique. En effet, la définition de la société de fait
est différente de celle de la société créée de fait.

43
V. AUDSC, Art. 862.
44
V. AUDSC, Art. 863.
45
V. Com 15 fév. 1994, Rev soc 1995, 521, note Libecchaber.
46
V. AUDSC, Art. 868.

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SYNTHESE DES ETAPES OU LA SUCCESSION DES OPERATIONS
CONSTITUTIVES

Les opérations constitutives sont importantes. L’existence d’une société régulière


bénéficiant de la personnalité morale dépend d’elles. Elles varient selon les formes de
sociétés. Elles sont particulièrement complexes pour les sociétés de capitaux (SA). On ne
peut que s’en tenir aux généralités et aborder les opérations dans un ordre
chronologique. Six étapes d’importance inégale peuvent être relevées.

Première Etape

Il faut réunir les futurs associés ou tout au moins les contacter pour décider du principe de
la constitution de la société et de la forme à adopter. Il faut que les futurs associés
promettent de faire partie de la société à créer. Lorsque la société fait appel public à
l’épargne, cette phase n’existe pas. A ce stade, il convient de noter le rôle primordial des
fondateurs. Les fondateurs sont ceux qui prennent l’initiative de la constitution et qui
accomplissent les démarches et formalités nécessaires à cette fin.

Deuxième Etape

Les futurs associés scellent leur engagement par la signature des statuts. Ils peuvent le
faire personnellement ou par l’intermédiaire d’un mandataire muni d’une procuration
spéciale. Les statuts, contrat entre les parties, constituent leur loi. En ce sens ils ont
autorité à l’égard de tous les associés, dès la signature du contrat. En application de
l’article 10 de l’Acte Uniforme susvisé, les statuts peuvent être constitués ou modifiés par
un acte sous seing privé. Ils doivent cependant être enregistrés au rang des minutes d’un
notaire.
a) Rôle et présentation générale des statuts

Les statuts ont pour fonction essentielle de matérialiser l’accord de volonté, de régler le
fonctionnement de la société, notamment en fixant les attributions des différents organes
sociaux et prévoir les modes de règlements des problèmes et litiges qui peuvent surgir.
Concrètement, les statuts se présentent en un document de plusieurs pages comprenant
un nombre d’articles plus ou moins importants et regroupés pour la commodité de la
consultation en plusieurs titres ou chapitres. Le nombre d’exemplaires varie selon les
sociétés et les formalités à accomplir.

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b) Les mentions obligatoires

En règle générale, les statuts doivent contenir des mentions concernant :

- la forme de la société (SARL, SNC, SA, SAS etc.) ;


- la dénomination sociale suivie le cas échéant de son sigle ;
- la nature et le domaine de son activité, qui forment son objet social. L’objet social
doit être défini de manière large afin de ne pas restreindre de façon préjudiciable,
les activités de la société. Toutefois, il convient de ne pas exagérer dans cette
voie ;
- le siège social ;
- l’identité des apporteurs en numéraire avec, pour chacun d’eux, le montant des
apports, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de chaque
apport ;
- l’identité des apporteurs en nature, la nature et l’évaluation de l’apport effectué par
chacun d’eux, le nombre et la valeur des titres sociaux remis en contrepartie de
chaque apport ;
- l’identité des bénéficiaires d’avantages particuliers et la nature de ceux-ci ;
- le montant du capital social ;
- le nombre et la valeur des titres sociaux émis, en distinguant le cas échéant, les
différentes catégories de titres créées ;
- la durée de la société. Il est prudent de la fixer au maximum possible, à savoir 99
ans. Dans tous les cas, il est possible de la proroger, mais cela nécessite la
modification des statuts ;
- les stipulations relatives à la répartition du résultat, à la constitution des réserves et
à la répartition du boni de liquidation ;
- les modalités de son fonctionnement.

c) Le choix entre statuts synthétiques et statuts développés

1) Les statuts synthétiques : ils se contentent des mentions obligatoires et des options ou
choix que la loi permet d’exercer. Ils sont brefs parce qu’ils ne reprennent pas, quand
ce n’est pas nécessaire, les dispositions impératives de la loi.

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2) Les statuts développés : outre ce qui est développé dans les statuts synthétiques, ils
reprennent les dispositions impératives de la loi.
3) Remarques : les statuts synthétiques ont l’avantage de la concision et l’avantage de
ne pas devoir être modifiés quand la loi est modifiée. Ils présentent l’inconvénient de
ne pas être complets. Il faut souvent recourir à la loi. Ce type de statuts convient aux
pays où la loi est claire et étoffée. Ce qui n’est pas le cas en France et depuis peu,
dans les pays membres de l’OHADA.
Les statuts développés présentent des avantages et des inconvénients inverses. Le
principal. Le principal avantage c’est de se suffire à eux-mêmes. Point n’est besoin de se
référer ou de recourir chaque fois à la loi. Ils conviennent surtout quand la législation est
éparse et de consultation difficile. Mais l’inconvénient majeur, c’est qu’ils doivent être
modifiés chaque fois qu’il y a modification législative applicable aux sociétés.

Troisième Etape

Les associés vont effectuer leurs apports en respectant les conditions légales, en
procédant à leur évaluation. Le problème d’évaluation se pose pour les apports en nature
et en industrie. La libération des apports se fait aux conditions prévues par les statuts,
sauf pour les apports en nature qui requièrent une libération intégrale et immédiate. En
principe, la SARL ne peut être définitivement constituée que si toutes les parts ont été
réparties entre les associés dans l’acte de société et ont été intégralement libérées. Il en
est ainsi, qu’il s’agisse des apports en nature ou des apports en numéraire. Les apports
en industrie sont en principe interdits, bien que l’Acte Uniforme n’en dise rien, car, en plus
de la responsabilité limitée, l’associé en industrie exerçant une prestation successive,
serait dans l’impossibilité de libérer immédiatement son apport. Pour les SA, la libération
minimal est du ¼ en ce qui concerne les apports en numéraires.

Quatrième Etape

Les apports en numéraires doivent être déposés dans une banque ou chez un notaire. Le
but essentiel visé c’est d’empêcher que les fonds résultant des souscriptions soient
dilapidés avant la création effective de la société. C’est pourquoi, les fonds ne peuvent
être retirés qu’après constitution effective de la société et nomination des dirigeants
sociaux. Bien entendu, si la société n’est pas constituée, les associés récupéreront leurs
apports.

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Cinquième Etape

C’est la tenue de l’assemblée constitutive ou la réunion au cours de laquelle les statuts


sont adoptés (parlant des sociétés anonymes) ou signés (cf. SNC). Il faut désigner à ce
moment les organes de la société, à savoir les gérants ou les membres du conseil
d’administration, plus éventuellement, un ou deux commissaires aux comptes. Les
statuts, dès leur signature, constituent les fondements juridiques de l’action des dirigeants
sociaux et par conséquent, la base de contrôle de l’ensemble des associés. Cependant,
pour que les statuts aient autorité à l’égard des tiers, notamment ceux qui sont
susceptibles d’entrer en relation avec la société, il faut qu’ils fassent l’objet de publicité,
mesures d’information destinées à cet effet.

Sixième Etape

Il faut qu’un certain nombre de formalités soient accomplies par les dirigeants sociaux ou
de manière générale par les mandataires sociaux. Ce sont :
- la publicité dans un journal d’annonces légales où les fondateurs doivent passer un
avis de constitution dans un journal d’annonces légales du département dans
lequel est situé le siège de la société (www.jo.gouv.sn). Exemple : la Lex de
Doudou Ndoye ; le BIE (Bulletin d’information économique) de la Chambre de
Commerce, d’industrie et d’agriculture de Dakar), le journal le Soleil ; et aussi au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM). L’immatriculation est l’acte
par lequel la société accède à la vie juridique, c’est donc sa déclaration à l’état-
civil ;
- l’enregistrement de l’acte auprès des services compétents (direction du domaine,
de l’enregistrement et du timbre) ;
- la déclaration d’existence auprès de la direction des Impôts ;
- la déclaration d’existence à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.

La constitution de la société faisant appel public à l’épargne relève de règles spécifiques.


Les fondateurs doivent, avant tout début de l’opération de souscription des actions,
publier une notice d’information dans les journaux habilités à recevoir les annonces
légales.

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La notice d’information apparaît comme la déclaration publique faite par les fondateurs
qui se proposent de constituer une société anonyme. Elle contient la description de la
personne morale à créer.
Section 3 : Les sanctions de l’inobservation des conditions de constitution des
sociétés
En sus de la nullité qui est la sanction normale, en droit commun, de l’inobservation des
conditions de constitution des actes juridiques (parag. 1), il y a la responsabilité des
auteurs de l’irrégularité (parag. 2).
Parag. 1 : La nullité de la société
En vue de protéger le lien contractuel de la personne morale et de l’entreprise sociale, la
loi définit restrictivement les causes de nullité (A), aménage l’action en nullité (B) et les
effets de la nullité (C).
A. Les causes de nullité
Selon l’article 242 AUDSC : « La nullité d’une société ou de tous actes, décisions ou
délibérations modifiant les statuts ne peut résulter que d’une disposition expresse du
présent acte uniforme ou des textes régissant la nullité des contrats en général et du
contrat de société en particulier ». Il y a à la lecture de ce texte deux séries de causes de
nullités. La nullité peut résulter tout d’abord d’une disposition expresse de l’acte uniforme.
Ainsi l’article 245 prévoit que dans les SCS et dans le SNC l’accomplissement des
formalités de publicité est requis47 à peine de nullité de la société. L’article 315 AUDSC
prévoit que l’associé unique ou les associés de la SARL doivent à peine de nullité de
l’acte de la société intervenir à l’acte constitutif de ladite société en personne ou par
mandataire justifiant d’un pouvoir spécial.
La nullité peut résulter aussi des dispositions qui régissent la nullité des contrats en
général ou du contrat de société en particulier. En effet, la constitution de la société
résulte d’un acte juridique. C’est pourquoi lorsque les conditions de formation des actes
juridiques ne sont pas réunies, la nullité de la société est encourue. Ainsi, la nullité de la
société peut être prononcée en cas d’absence de consentement, en cas d’absence ou
d’illicéité de l’objet ou en cas d’absence, d’illicéité ou d’immoralité de la cause.
S’agissant des vices de consentement et l’incapacité qui sont causes de nullité en droit
commun, il faut faire une distinction en matière de société. Dans les sociétés de

47
V. AUDSC, Art. 261 et 262.

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personnes, ils sont toujours cause de nullité. Dans les sociétés à risque limité, ils ne sont
cause de nullité que si tous les associés fondateurs sont atteints48.
Il faut aussi admettre que la fraude constitue elle aussi, en marge des textes et par
application de l’adage fraus omnia corrumpit, une cause d’annulation ou tout au moins
d’inopposabilité de la société frauduleusement constituée.
B. L’action en nullité
1. Les titulaires de l’action en nullité
Tout dépend de la nature ou du caractère de la nullité. S’il s’agit d’une nullité absolue,
tout intéressé pourra agir (par exemple en cas d’illicéité de l’objet). S’il s’agit en revanche
d’une nullité relative, seule pourra agir la personne dont la loi a voulu assurer la protection
(par exemple, la victime d’un vice du consentement). Cette action doit en toute hypothèse
être exercée à l’encontre de la société, seule défenderesse qualifiée. Le succès de cette
action est cependant rendu très incertain par l’existence d’obstacles dressés par le
législateur.
2. L’extinction de l’action en nullité
Selon l’article 251 de l’AUDSC, les actions en nullité se prescrivent par trois (3) ans à
compter de l’immatriculation ou de la publication de l’acte modifiant les statuts sauf si la
nullité est fondée sur l’illicéité de l’objet social. La nullité fondée sur l’illicéité de l’objet
social obéit à un régime plus rigoureux que le droit commun.
L’existence des sociétés exerçant des activités illicites ou immorales n’est pas
juridiquement tolérable et puisque l’irrégularité a un caractère continu dans ce cas,
l’annulation sera continuellement recevable49.
Il n’y a, en effet, pas de prescription possible ou encore lorsque la loi répute certaines
clauses non écrites cela traduit la rigueur du législateur quant à la nullité absolue.
La règle selon laquelle l’action en nullité se prescrit par trois ans peut être écartée
lorsque la nullité est fondée sur un vice du consentement ou une incapacité (article
248). En effet, l’article 248 AUDSC prévoit qu’en cas de nullité fondée sur un vice de
consentement, ou l’incapacité d’un associé, et lorsque la régularisation est possible, tout
intéressé peut mettre en demeure par acte extra judiciaire l’incapable ou l’associé dont le

48
V. AUDSC, Art. 243.
49
V. Ch. HANNOUN, L’action en nullité et le droit des sociétés : réflexions sur les sources procédurales du droit de
critique et leurs fonctions, Bull Joly, 1993, 255.

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consentement est vicié d’opérer la régularisation ou d’agir en nullité dans un délai de six
(6) mois à peine de forclusion ; cette mise en demeure est dénoncée à la société.
L’action en nullité de l’assemblée générale constitutive d’une société anonyme pour
convocation irrégulière est irrecevable lorsque tous les actionnaires étaient présents ou
représentés50. L’action en nullité est aussi éteinte lorsque la cause de nullité a cessé
d’exister le jour où le tribunal statue sur le fond en 1 ère instance sauf si cette nullité est
fondée sur le caractère illicite ou immoral de l’objet social51.

3. La régularisation de la société
Pour restreindre les cas d’annulation des sociétés, le législateur, non seulement, a réduit
les causes de nullité et les délais pour agir mais il a aussi et surtout mis en place un
dispositif permettant d’éviter les jugements d’annulation. Ainsi, selon l’article 246 de l’acte
uniforme, lorsque la cause de nullité a disparu au jour où le tribunal statue en 1 ère
instance, l’action en nullité est éteinte sauf si la nullité est fondée sur l’illicéité ou
l’immoralité de l’objet social.
Pour permettre de couvrir la nullité, trois (3) règles sont prévues :
- le tribunal saisi d’une demande en nullité ne peut prononcer celle-ci moins de deux
mois après l’acte introductif d’instance ;
- le tribunal peut même d’office fixer un délai pour couvrir la nullité ;
- si pour couvrir une nullité, une assemblée doit être convoquée et s’il est justifié
d’une convocation régulière de cette assemblée, le tribunal accorde le délai nécessaire
pour que les associés puissent prendre une décision52.
Corrélativement, le législateur a prévu des mécanismes de régularisation qui ont pour
effet de faire disparaître la nullité. On se rappelle que lorsque la nullité est fondée sur un
vice de consentement ou sur l’incapacité tout intéressé peut mettre en demeure
l’incapable ou l’associé dont le consentement est illicite soit d’opérer la régularisation soit
de demander la nullité dans un délai de six (6) mois à peine de forclusion53.
Si celui-ci décide d’agir dans le délai, la société ou tout associé peut soumettre au tribunal
saisi toute mesure susceptible de supprimer l’intérêt du demandeur notamment le rachat
de ses droits sociaux, c’est-à-dire prononcer son exclusion de la société. Le tribunal saisi

50
V. AUDSC, Art. 412.
51
V. AUDSC, Art. 246.
52
V. AUDSC, Art. 247.

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peut soit prononcer la nullité, soit rendre obligatoire les mesures proposées. L’associé
dont le rachat des droits est demandé ne prend pas part au vote54.
C. Les effets de la nullité
Une observation doit être préalablement faite, la décision qui prononce la nullité doit être
mentionnée au RCCM. Deux types d’effets s’attachent à la nullité : la disparition du
contrat de société pour l’avenir et la responsabilité des dirigeants.
L’annulation du contrat de société, rarement encourue et encore plus rarement
prononcée, produit en outre des conséquences limitées.
1. La disparition du contrat de société pour l’avenir : la nullité-dissolution
Contrairement à ce qui se passe en droit commun où la nullité entraîne l’anéantissement
rétroactif du contrat, en matière de société, la nullité opère sans rétroactivité. L’annulation
joue, à l’égard du contrat de société, à la manière d’une résiliation : il est mis fin à
l’exécution du contrat de société pour l’avenir et les statuts continuent, en dépit de
l’annulation, à régir les modalités de la liquidation.
A l’égard du groupement lui-même, l’annulation est par conséquent assimilée à une
dissolution ; la société doit être liquidée comme si elle avait été dissoute après avoir
existé. Il n’y a pas cependant de liquidation lorsque la société a l’associé unique.
A l’égard des tiers, les engagements qui ont été pris sont maintenus par conséquent ni la
société, ni les associés ne peuvent se prévaloir de la nullité à l’égard des tiers de bonne
foi, c’est-à-dire ont agi dans l’ignorance de l’irrégularité55. Cependant, le législateur a
prévu que lorsque la nullité résulte d’une incapacité ou d’un vice de consentement,
l’incapable ou ses représentants légaux ou l’associé dont le consentement est vicié
peuvent s’en prévaloir même vis-à-vis des tiers de bonne foi.
2. La responsabilité des dirigeants comme conséquence de l’annulation
Le législateur a prévu que l’annulation de la société peut entraîner la responsabilité
solidaire de ceux à qui elle est imputable56. L’action en responsabilité se prescrit
par trois (3) ans. Le point de départ de ce délai, c’est le jour où la décision
d’annulation est passée en force de chose jugée. Même si la nullité n’est pas
prononcée parce que la cause de la nullité a disparu, la responsabilité des auteurs
peut être engagée. Dans ce cas, la prescription commence à courir à compter du jour où

53
V. AUDSC, Art. 248.
54
V. AUDSC, Art. 249.
55
V. AUDSC, Art. 255.

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la nullité a été couverte. En tout état de cause, il faut que les dirigeants aient commis une
faute dans l’exercice de leurs fonctions57.
C’est cette faute qui justifie que leur responsabilité soit poursuivie même en cas de
disparition de la cause de nullité. Cette responsabilité est le prix du risque de nullité et
peut compenser un préjudice économique lié à l’incertitude dont était affecté l’être social.
Parag. 2 : La responsabilité des dirigeants indépendamment de la nullité
Même si la nullité de la société n’est pas encourue, la responsabilité des fondateurs et
des premiers dirigeants pourrait être engagée, ainsi selon les articles 75 à 80, les
fondateurs et les premiers dirigeants sont solidairement responsables du préjudice causé
soit par l’omission ou l’accomplissement irrégulier d’une formalité prescrite pour la
constitution d’une société, soit par le défaut d’une mention obligatoire dans les statuts. De
même en cas de modification des statuts, la responsabilité des personnes chargées de
l’administration ou de la gestion qui étaient en fonction peut être engagée.
L’action en responsabilité se prescrit par trois (3) ans à compter du jour de
l’immatriculation de la société au RCCM (article 80). Le législateur a prévu également
une action tendant à obtenir du tribunal une décision ordonnant la régularisation de la
constitution de la société.

Section 4 : DETERMINATION DES ORGANES DE GESTION DE LA SOCIETE

L’exercice des droits dont jouit la société suppose une volonté qui se charge de les mettre
en œuvre. La société, entité abstraite, est donc nécessairement représentée par des
personnes physiques. Cette représentation est soumise à des règles particulières selon
les types de société. Cependant, elle présente un certain nombre de traits généraux,
communs à toutes les sociétés, qui peuvent d’ores et déjà être précisés.
Paragraphe I : Définition

Dans les sociétés en nom collectif, en commandite simple ou par actions et dans les
sociétés à responsabilité limitée, la gestion de la société est confiée à une ou plusieurs
personnes appelées « gérants ». Les sociétés anonymes sont classiquement
administrées par un organe collégial appelé « conseil d’administration », lequel désigne
un président, obligatoirement administrateur, et éventuellement, un ou plusieurs

56
V. AUDSC, Art. 256, al. 1.
57
V. AUDSC, Art.78, 162 et 165.

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directeurs généraux. Une analyse plus détaillée de ces organes est faite à l’occasion de
l’étude de chaque type de société. En droit OHADA, le terme générique « d’organes de
gestion, de direction et d’administration » est fréquemment utilisé dans l’Acte Uniforme
pour faire référence aux différents dirigeants sociaux des sociétés commerciales. Dans ce
contexte, ce terme « dirigeant » peut couvrir les fonctions suivantes : administrateur
général, président du conseil d’administration, président directeur général, administrateur,
directeur général et directeur général adjoint et gérants.

Paragraphe II : Pouvoirs des dirigeants sociaux

Les dirigeants ont différents pouvoirs à l’égard de la société elle-même et à l’égard des
tiers. A l’égard de la société, les dirigeants ont en principe tous pouvoirs pour engager la
société. Toutefois, les statuts ou l’assemblée générale des actionnaires peuvent y
apporter des restrictions. A titre d’exemple, il peut être prévu que certains types de
contrats ou d’opérations bancaires pour des montants définis, requièrent l’autorisation
préalable des actionnaires ou du conseil d’administration.
Néanmoins, de telles restrictions sont inopposables aux tiers agissant de bonne foi et
contractant avec la société. Par conséquent, elles n’auront donc d’effet qu’entre les
dirigeants et les associés si les tiers sont de bonne foi.

Paragraphe III : Responsabilité de la société

A l’égard des tiers, la société est liée par tous les actes des dirigeants qui ne relèvent pas
de l’objet social, tel que défini dans les statuts, à moins qu’elle ne prouve que le tiers
savait que l’acte dépassait cet objet ou qu’il ne pouvait l’ignorer, compte tenu des
circonstances.

Section 5 : DISSOLUTION DE LA SOCIETE

La dissolution est le terme de l’existence sociale. Les liens qui unissent les associés se
dénouent et la personnalité morale s’affaiblit, puis disparaît. Par conséquent, le
patrimoine social n’a plus de titulaire. Il faut le liquider, payer les créanciers et partager le
solde entre les associés. La liquidation de la société est l’ensemble des opérations
consistant, après règlement du passif sur les éléments de l’actif, à convertir ces éléments
en argent, de manière que le partage puisse être effectué. Eventuellement, elle consiste
également à déterminer la part que chaque associé doit prendre à sa charge dans le

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passif qui ne peut être réglé sur l’actif. L’Acte Uniforme susvisé prévoit plusieurs causes
de dissolution des sociétés. D’une part, il répertorie des causes objectives telles que la
réalisation ou l’extinction de l’objet social, l’expiration du temps pour lequel la société a
été constituée (99 ans maximum, à moins d’un renouvellement). D’autre part, il
mentionne aussi des causes subjectives telles que la décision des actionnaires et des
associés, ou de la justice décrétant la dissolution anticipée de la société et ordonnant la
liquidation de ses biens. Enfin, des stipulations statutaires peuvent également justifier la
dissolution de la société. La dissolution d’une société n’est opposable aux tiers qu’après
sa publication au RCCM. Lorsque la société a plusieurs actionnaires, la dissolution
entraîne de plein droit sa mise en liquidation. En revanche, lorsque tous les titres d’une
société sont détenus par un seul associé ou actionnaire, la société n’est pas
automatiquement liquidée. Il est simplement opéré une transmission universelle du
patrimoine à cet associé ou actionnaire.

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CHAPITRE II : LES REGLES PROPRES A CHAQUE TYPE DE SOCIETE
COMMERCIALE

L’OHADA a retenu un certain nombre de sociétés qui peuvent être regroupées selon
plusieurs critères selon qu’elles sont ou non immatriculés, de personnes ou de capitaux, à
risque ou non limité. La classification retenue tiendra compte du critère de risque. Aussi
distinguerons-nous d’un côté les sociétés à risque limité et de l’autre les sociétés à risque
illimité.

I/- Les sociétés commerciales à risque illimité.

La caractéristique essentielle de ces types de sociétés est que la responsabilité des


associés n’est pas limitée à leurs apports. Elle est plutôt indéfinie et solidaire. C’est bien
la raison pour laquelle à l’heure actuelle, on y a rarement recours. Il s’agit essentiellement
des sociétés en nom collectif, des sociétés en commandite simple, des sociétés en
participation et des sociétés de fait. On peut les regrouper suivant qu’elles sont ou non
immatriculées.

a)- Les sociétés immatriculées

Il s’agit des sociétés en nom collectif (c’est une forme de société dans laquelle tous les
associés sont commerçants et répondent indéfiniment et solidairement des dettes
sociales (Art. 270 à 292 AU) et des sociétés en commandite simple caractérisée par la
coexistence de deux catégories d’associés : les commanditaires et les commandités et
se définissant comme une société dans laquelle sont associées une ou plusieurs
personnes indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales (les associés
commandités) et une ou plusieurs personnes qui ne sont responsables que dans la limite
de leurs apports (les associés commanditaires). (Art. 293 à 308)

b)- Les sociétés non immatriculées

Parmi les sociétés non immatriculées, on distingue entre la société en participation et les
sociétés de fait.
La société en participation est caractérisée par l’inexistence de personnalité morale. Elle
est définie par l’article 854 de l’Acte Uniforme comme une société dans laquelle les
associés conviennent qu’elle ne sera pas immatriculée au registre du commerce et du

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crédit mobilier et qu’elle n’aura pas la personnalité morale. Elle n’est pas soumise à
publicité et peut être prouvée par tous moyens. L’absence de personnalité morale
implique que la société n’a ni patrimoine, ni dénomination sociale, ni siège social, ni
capital. Elle demeure, par conséquent, la propriété individuelle et indivise de ses
participants.
Il y a société de fait ou « société constituée de fait lorsque deux ou plusieurs personnes
physiques ou morales se comportent comme des associés sans avoir constitué entre
elles l’une des sociétés reconnues par l’Acte Uniforme. Ainsi une société de fait existe
entre deux personnes qui n’ont pas respecté le formalisme de constitution prévu pour les
autres formes sociales ou si, malgré le respect de ce formalisme, ils n’ont cependant pas
abouti à une immatriculation au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier.

II/- Les sociétés commerciales à risque limité.

Il y a lieu d’envisager successivement la société à responsabilité limitée (S.A.R.L.) la


société anonyme (S.A.) et la société par actions simplifiée (SAS) qui sont marquées par
le fait que le risque y est en principe limité au montant des apports.

a)- La société à responsabilité limitée

Régie par les articles 309 à 384 de l’A.U., la SARL est définie comme une société dans
laquelle les associés ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de leurs
apports et dont les droits sont représentés par des parts sociales.
Elle peut être constituée par une personne physique ou morale, ou entre deux ou
plusieurs personnes physiques ou morales.
La SARL est commerciale par la forme sans qu’il soit exigé que son ou ses associé(s)
soi(en)t commerçant(s).
Le capital social peut s’élever au minimum à 1.000.000 FCFA divisés en parts sociales
dont la valeur nominale ne peut être inférieure à 5.000 FCFA. (Art. 311).
Mais face à la liberté accordée par le législateur certains Etats membres de l'OHADA ont
déjà usé de la flexibilité introduite par les dispositions, relativement au capital minimum de
la SARL et à l'intervention du notaire dans la constitution des sociétés commerciales. On

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peut mentionner, à cet égard, les textes complémentaires suivants, adoptés dans cinq
Etats pour favoriser la création des SARL :
 Bénin - Décret N° 2014-220 du 26 mars 2014 portant modalités de création
des SARL en République du Bénin : par ce texte, auquel sont annexés des statuts-
type, le législateur béninois prévoit que les statuts de la SARL unipersonnelle ou
pluripersonnelle sont établis par acte sous seing privé (article 2) et que les associés fixent
librement le montant du capital social dans ce type de société (article 6). Il est également
prévu que les fonds provenant de la libération des parts sociales sont déposés en banque
ou dans tout autre établissement de crédit ou de microfinance dûment agréé, le récépissé
de versement suffisant à constater la libération et le dépôt des fonds (articles 7 et 8). Ce
décret est entré en vigueur le 05 mai 2014.

 Sénégal - Loi N° 17/2014 du 15 avril 2014 portant fixation du capital social


minimum de la société à responsabilité limitée : la loi sénégalaise déroge à l'Acte
uniforme sur la seule question du capital social minimal de la SARL, qu'elle fixe à 100 000
F CFA (cent mille francs) (article 1er).

 Côte d'Ivoire - Ordonnance N° 2014-161 du 02 avril 2014 relative à la forme


des statuts et au capital social de la société à responsabilité limitée : le législateur
ivoirien indique que les statuts de la SARL « sont établis par acte notarié, par tout acte
offrant des garanties d'authenticité ou par acte sous seing privé », laisse aux associés la
liberté de fixer le montant du capital social (article 5) et rend facultative l'intervention du
notaire pour l'établissement de la déclaration de souscription et de versement.

 Togo - Décret N° 2014-119/PR du 19 mai 2014 déterminant la forme des


statuts et le capital social pour les sociétés à responsabilité limitée : le législateur
togolais, par ce texte, offre aux opérateurs économiques le choix entre l'acte notarié et
l'acte sous seing privé pour la constitution des SARL (article 2) et rend également
optionnelle l'intervention du notaire pour la déclaration notariée de souscription et de
versement (article 6). Le capital social minimum est fixé à 100 000 F CFA (cent mille
francs) (article 3)

 Burkina Faso - Décret N° 2014-462/PRES/PM/MJ/MEF/MICA du 26 mai 2014


portant fixation des dispositions nationales applicables à la forme des statuts et au
capital social pour les sociétés à responsabilité limitée au Burkina Faso : le

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législateur burkinabè offre le choix entre l'acte notarié et l'acte sous seing privé pour
l'établissement ou la modification des statuts des SARL (article 2), fixe à 100 000 F CFA
(cent mille francs) le capital social minimum pour cette forme de société (article 3) et rend
facultative l'intervention du notaire établir la déclaration de souscription et de versement
(articles 5 et 6).

Les apports en numéraires doivent être entièrement libérés et déposés en banque ou en


l’étude d’un notaire. (Art 313)
Les apports en nature d’une valeur globale supérieure à 5.000.000 FCFA doivent être
évalués par un commissaire aux apports
Les modalités de cession des parts peuvent être prévues par les statuts.
Le commissaire aux comptes est obligatoire pour les SARL qui remplissent l’une
quelconque des conditions suivantes :
 Capital supérieur à 10.000.000 FCFA
 Chiffre d’affaires annuel supérieur à 250.000.000 FCFA
 Effectif permanent supérieur à 50 personnes
Toutefois, en raison des critères légaux, une SARL peut commettre la mission d'un
commissaire aux comptes lorsque les conditions sont requises.
Lors de l’affectation des résultats, la réserve légale doit être dotée à raison de 10% du
bénéfice réalisé jusqu’à atteindre 20% du capital social.
Les dispositions relatives à la fusion ou à la scission sont, aux termes de l’article 382 de
l’A.U, identiques à celles applicables aux SARL.
En ce qui concerne la dissolution, l’article 384 de l’A.U. dispose que la SARL est dissoute
pour des causes communes applicables à toutes les sociétés celles liées à l’interdiction, à
la faillite ou à l’incapacité d’un associé.

b)- La société anonyme

Il ressort des dispositions de l’article 385 de l’A.U que la société anonyme (S.A) est une
société dans laquelle les actionnaires ne sont responsables des dettes sociales qu’à
concurrence de leurs apports et dont les droits sont représentés par des actions.
La S.A est une société par la forme. Peu importe son objet social. La constitution d’une
S.A requiert l’intervention d’un notaire pour le dépôt des statuts. Les statuts peuvent

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contenir les dispositions essentielles de l’A.U. concernant cette forme de société ou ne
comporter que les caractéristiques principales de la S.A considérée. Mais quelle que soit
la forme choisie, les statuts doivent contenir la dénomination, l’objet, le siège, la durée,
les apports en nature le capital, les actions, la répartition des résultats, la constitution de
réserves, les modalités de fonctionnement, etc. La mention de l’identité des apports en
numéraires et du montant de leur apport respectif ainsi que de l’attribution des titres
correspondant, est exclu pour les statuts de S.A. Les statuts doivent également
comporter l’état annexé des actes et engagements pris jusqu’à la constitution de la S.A,
ainsi que les pouvoirs nécessaires pour les actes à conclure et les engagements à
prendre entre la constitution et l’immatriculation. (Art 107 et 111) Le capital social est fixé
au minimum à 10.000.000 FCFA et, en cas d’appel public à l’épargne à 100.000.000
FCFA. En cas de perte supérieure à la moitié du capital, les associés doivent se
prononcer sur la dissolution éventuelle de la société. S’ils ne se prononcent pas, ils
disposent d’un délai de deux (02) ans pour reconstituer ce capital à hauteur de la moitié
de son montant au moins. Les parts sociales obéissent à un régime particulier : chaque
action doit avoir un montant minimal au moins égal à 10.000 FCFA ; les actions sont
négociables c’est-à-dire transmissibles par bordereau de transfert pour les actions
nominatives, ou par tradition manuelle pour les actions au porteur ; les actions souscrites
en numéraire doivent être libérées du quart au moins de leur montant nominal lors de la
souscription, le solde devant être libéré dans les trois (03) ans (et non plus cinq) qui
suivent ; les apports en nature doivent être intégralement libérées à la souscription et
vérifiées par un commissaire aux apports.
L’administration d’une S.A peut s’effectuer au moyen d’un Conseil d’Administration (de 3
à 12 membres) ou d’un seul administrateur désigné en qualité d’ « administrateur
général ». Ce dernier choix ne concerne pas les S.A de plus de trois (03) actionnaires qui
doivent être administrés par un Conseil dont le tiers des membres peut d’ailleurs être
choisis en dehors des actionnaires.
La direction générale peut être assurée par l’Administrateur général ou, en cas de conseil
d’administration, soit par un président directeur général, soit par un directeur général
distinct du président du conseil d’administration. Les dirigeants ont, vis-à-vis des tiers les
pouvoirs les plus étendus pour agir au nom de la société en toutes circonstances. Une
même personne ne peut cumuler plus de cinq mandats d’administration et trois mandats
de dirigeants dans les S.A d’un même Etat-partie.

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Enfin pour le contrôle des comptes, les S.A doivent désigner un commissaire aux
comptes titulaire et un commissaire aux comptes suppléant ( le double en cas d’appel
public à l’épargne) dont les missions et prérogatives sont clairement définies dans l’A.U.
notamment en matière de fusions, scissions, apports partiels d’actifs etc.
Lors de l’affectation des résultats, la réserve légale doit être dotée à raison de 10% du
bénéfice réalisé, jusqu’à concurrence de 20% du montant du capital social.

c)- La société par actions simplifiées (SAS)


C’est une nouveauté issue de la révision de l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique le 30 janvier 2014. La S.A.S est
régie par les articles 853-1 à 853-23 du livre 4-2 de l’AURSC et GIE.
La SAS est une société instituée par un ou plusieurs associés et dont les statuts
prévoient librement l’organisation et le fonctionnement de la société sous réserve des
règles impératives de l’Acte uniforme.
Les associés de la SAS ne sont responsables des dettes sociales qu’à concurrence de
leurs apports et leurs droits sont représentés par des actions.
Lorsque la société ne comporte qu’une seule personne, celle-ci est dénommée « associé
unique ». Il exerce seul les pouvoirs dévolus aux associés lorsqu’une décision collective
est prévue.
Les règles concernant les sociétés anonymes sont applicables à la SAS à l’exception des
règles relatives :

- au capital social minimum ;

- au mode d’administration et de direction ;

- au fonctionnement des assemblées générales ;

- à la transformation de la société anonyme ;

- au droit de vote attaché à chaque action.


A défaut de clauses statutaires spécifiques, les attributions du conseil d’administration ou
de son président sont exercées par le président de la SAS ou celui/ceux de ses dirigeants
que les statuts désignent à cet effet.
Le montant du capital social ainsi que celui du nominal des actions sont fixés par les
statuts.
Les actions peuvent représenter des apports en numéraire, en nature et en industrie.

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Les actions résultant d’apports en industrie sont inaliénables. Les statuts déterminent les
modalités de souscription et répartition de ces actions.
Les statuts fixent les conditions dans lesquelles la société est dirigée.
La société est représentée à l’égard des tiers par un président désigné dans les
conditions prévues par les statuts.
Le président est investi des pouvoirs les plus étendus pour agir en toute circonstance au
nom de la société dans la limite de l’objet social.
Dans ses rapports avec les tiers, la société est engagée même par les actes du président
qui ne relèvent pas de l’objet social.
Les clauses statutaires ou les décisions des organes sociaux limitant les pouvoirs du
président, du directeur général ou directeur général adjoint sont inopposables aux tiers.
Les statuts déterminent les décisions qui doivent être prises collectivement par les
associés dans les formes et conditions qu'ils stipulent.
Les attributions dévolues aux assemblées générales extraordinaires et ordinaires des
sociétés anonymes, en matière d'augmentation, d'amortissement ou de réduction de
capital, de fusion, de scission, d'apport partiel d'actif, de dissolution, de transformation en
une société d'une autre forme, de nomination des commissaires aux comptes, de
comptes annuels et de bénéfices sont, dans les conditions prévues par les statuts,
exercées collectivement par les associés.
Dans les sociétés ne comprenant qu'un seul associé, le rapport de gestion, les comptes
annuels et, le cas échéant, les comptes consolidés sont arrêtés par le président.
L'associé unique approuve les comptes, après rapport du commissaire aux comptes s'il
en existe un, dans le délai de six (6) mois à compter de la clôture de l'exercice.
L'associé unique ne peut déléguer ses pouvoirs. Ses décisions sont répertoriées dans un
registre spécial.
Lorsque l’associé unique, personne physique, assume personnellement la présidence de
la société, le dépôt, dans le même délai au RCCM de l'inventaire et des comptes annuels
dûment signés vaut approbation des comptes.
Les associés peuvent nommer un ou plusieurs commissaires aux comptes dans les
mêmes conditions que pour les S.A.R.L.
Les SAS qui contrôlent une ou plusieurs sociétés ou qui sont contrôlées par une ou
plusieurs sociétés sont tenues de désigner au moins un commissaire aux comptes.

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Les conventions conclues entre la société et son président, l’un de ses dirigeants, l’un de
ses associés disposant d’une fraction des droits de vote supérieure à 10%, ou d’une
société associée, font l’objet d’un rapport, établi par le président ou le commissaire aux
comptes, et présenté aux associés (conventions réglementées).
Il est interdit au président et aux dirigeants, ainsi qu’à leurs conjoints, ascendants ou
descendants et autres personnes interposées, de contracter, sous quelque forme que ce
soit, des emprunts auprès de la société, de se faire consentir par elle un découvert en
compte-courant ou autrement, ainsi que de faire cautionner ou avaliser par elle leurs
engagements envers les tiers (conventions interdites).
Cette interdiction ne s’applique pas aux personnes morales dirigeantes.
Les statuts peuvent prévoir l'inaliénabilité des actions ou des valeurs mobilières donnant
accès au capital pour une durée n'excédant pas dix (10) ans.
Les statuts peuvent, dans les conditions qu'ils déterminent, soumettre toute cession
d'actions ou de valeurs mobilières donnant accès au capital à l’agrément préalable de la
société et à un droit de préemption.
Dans les conditions qu'ils déterminent, les statuts peuvent prévoir qu'un associé peut être
tenu de céder ses actions.
Les statuts peuvent également prévoir la suspension des droits non pécuniaires de cet
associé tant que celui-ci n'a pas procédé à cette cession.
Lorsque les actions sont rachetées par la société, celle-ci est tenue de les céder dans un
délai de six (6) mois ou de les annuler.
Lorsqu’une personne morale est nommée président ou dirigeant social d’une SAS, les
dirigeants sociaux de ladite personne morale sont soumis aux mêmes conditions et
obligations et encourent les mêmes responsabilités civile et pénale que s’ils étaient
président ou dirigeant social en leur nom propre, sans préjudice de la responsabilité
solidaire de la personne morale qu’ils dirigent.
Le président et les dirigeants sociaux de la SAS sont responsables dans les mêmes
conditions que les membres du conseil d’administration des sociétés anonymes.

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TECHNIQUES DE RESOLUTION DES EPREUVES A L'EXAMEN

FICHE 1 : SAVOIR FAIRE UNE ANALYSE DE DECISION DE JUSTICE


OBJECTIFS
Une décision de justice (jugement de tribunal de 1ère instance ou arrêt de cour d’appel
ou de la Cour suprême) peut vous être proposée dans un sujet, au même titre qu’un cas
pratique, des statuts d'une société commerciale ou un contrat…
Il ne vous sera pas demandé de faire un « commentaire d’arrêt », au sens où l’entendent
les juristes ; mais simplement de comprendre la décision pour répondre aux questions
posées.
Pour ce faire, vous devez impérativement savoir construire une fiche d’arrêt, c’est-à-dire,
repérer les principaux éléments de la décision : faits, procédure, prétentions des parties,
problème juridique, solution et arguments.

QUALITES REQUISES
Lire une décision de justice est, pour les non-initiés, un exercice déroutant. Le
vocabulaire peut paraître désuet, les techniques de construction et de rédaction sont
particulières.
Néanmoins, la tâche sera facilitée si vous maîtrisez parfaitement les mécanismes de
l’organisation judiciaire. Vous n’aurez plus de difficultés à comprendre la procédure. Une
bonne connaissance du vocabulaire juridique est, par ailleurs, indispensable. Nous nous
efforcerons de recenser ici les termes techniques les plus usités (en gras dans le texte).

LES ETAPES

1ère étape : un rapide coup d’œil


D’emblée, vous pouvez repérer certains des éléments nécessaires à l’élaboration de
votre fiche d’arrêt :
1- La juridiction : Elle sera souvent indiquée dans le titre, accompagnée de la date :
Exemple : CCJA, 24 avril 2003; Ndjaména, 05 février 2001, TPI Niamey, 23 mai 2002
2- Les parties : demandeur(s) et défendeur(s): elles sont souvent identifiées dans le titre :
Exemple ; Parfums C. SARL Koffi (C.=contre). Le cas échéant, dans les premières lignes
de la décision.

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2ème étape : lecture détaillée
Cette lecture approfondie a pour but de dégager la structure du texte :
Motifs = arguments de fait ou de droit qui déterminent le juge. Ils sont généralement
introduits par attendu que ou considérant que ;
Dispositif = solution, elle figure à la fin de la décision et est introduite par ces motifs.
Une décision de justice est très souvent rédigée en une seule phrase :
Le sujet est la Cour ou le tribunal ;
Le verbe figure dans le dispositif (proposition principale), ex : déboute, confirme, infirme,
rejette, casse et renvoie ;
Les propositions subordonnées constituent les motifs.
A l’aide de stylos de différentes couleurs, vous mettrez en évidence le dispositif ; et vous
séparerez chacune des propositions introduites par « attendu que ».

3ème étape : fiche d’arrêt


A ce stade, il ne vous reste plus qu’à compléter votre fiche d’arrêt :
1-.Date – juridiction (voir 1ère étape : un rapide coup d’œil)
2- Les Parties : devant une juridiction du 1er degré, on parlera de demandeur/défendeur ;
devant la cour d’appel, d’appelant et d’intimé.
3- Les Faits : Ce sont les événements qui ont donné naissance au litige entre les parties
et incité l’une d’elles à s’adresser à la justice. Ils doivent être décrits chronologiquement. (
ils figurent en général dans les premiers attendus).
4-.Procédure antérieure: Exposée dans l’ordre chronologique, en précisant à chaque
stade, qui est demandeur, qui est défendeur, quelle a été la solution.
Le vocabulaire juridique est extrêmement précis : vous direz, pour un premier degré,
former ou intenter une action, pour un appel interjeter appel et enfin, se pourvoir en
cassation.
5-Prétentions des parties: Arguments de fait et de droit tels qu’ils sont présentés devant la
juridiction dont la décision est à étudier.
6. Problème juridique : Il doit être formulé sous la forme d’une question, dont la réponse
figure dans le dispositif.
7.-Solution: Elle figure dans le dispositif en fin de décision et s'identifie pour un Tribunal
par « Par ces motifs : dit que/déboute X », pour une Cour d'Appel par « Par ces motifs :

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confirme /infirme le jugement » et pour la Cour de cassation par « Par ces motifs : rejette
le pourvoi formé contre l’arrêt rendu le… », par ces motifs : « casse et annule l’arrêt rendu
le … » ou par « renvoie devant la cour d’appel de…». L’exposé de la solution doit être
étayé par les arguments des juges.

CONSEILS PRATIQUES

1. Consacrez un temps suffisant à la lecture de la décision.


2. Utilisez des stylos ou surligneurs de couleurs, pour mettre en évidence la structure du
texte.
3. N’employez pas un style télégraphique. Chaque partie (faits, procédure…) doit être
convenablement rédigée.
4. Contrôlez la bonne utilisation des termes juridiques.

FICHE 2 : RESOUDRE UN CAS PRATIQUE


OBJECTIFS

Vous devez proposer une solution juridique répondant au problème soulevé par les faits
exposés dans l’énoncé. Cette solution doit être argumentée par le rappel des principes et
mécanismes applicables au cas décrit.

QUALITES REQUISES
La résolution d’un cas pratique suppose une bonne maîtrise des connaissances, mais
également une aptitude à mener un raisonnement juridique, c’est-à-dire à qualifier les
situations proposées et à en tirer au plan du droit, toutes les conséquences.

LES ETAPES
Quatre étapes doivent donc être respectées pour résoudre un cas pratique :
La présentation des faits,
L’énoncé du ou des problèmes juridiques posés,
Le rappel des principes juridiques applicables,
La présentation de la solution.

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1ère étape : la présentation des faits
Elle suppose la description, à l’aide d’un vocabulaire juridique précis, de la situation telle
qu’elle ressort de l’énoncé. Vous devez, pour cela, sélectionner les informations utiles
c’est-à-dire toutes celles qui sont prises en compte dans la suite du raisonnement. Ces
informations doivent être qualifiées juridiquement, c’est-à-dire que leur signification, leur
portée sur le plan juridique doit être indiquée. Ceci évite la simple paraphrase du sujet.
Exemple : Si l’énoncé indique qu’Awa a 17 ans et demi, il faut, au niveau des faits,
traduire ceci en indiquant qu’Awa est mineure. La présentation des faits dans un ordre
chronologique est souvent source de clarté. Il faut essayer de privilégier les phrases
courtes, sans tomber dans le style « télégraphique ».

2ème étape : l’énoncé du ou des problèmes juridiques


Cette étape consiste à identifier la ou les questions générales soulevées par les faits. En
pratique, il est préférable de formuler le problème juridique sous forme de phrase
interrogative. Vous devez porter une grande attention à la formulation du problème
juridique, car elle revient à fixer les limites du champ de votre réflexion : un problème
juridique mal défini peut entraîner un hors-sujet. Attention : c’est bien le problème général
qui doit être soulevé et non celui rencontré par le ou les protagonistes du cas. Exemple :
Awa, mineure, souhaite réserver et acheter sur Internet un voyage de 15 jours aux Etats-
Unis. Le site contacté exige que les parents d'Awa donnent leur accord. Le problème
juridique retenu peut être : un mineur a-t-il la capacité juridique pour participer à la
conclusion d’un contrat ? Et non pas : le consentement des parents d'Awa est-il
nécessaire ?
Il ne faut pas hésiter à poser plusieurs problèmes juridiques si le cas s’y prête ou l’exige.

3ème étape : le rappel des principes juridiques applicables


Vous devez, à ce stade, énoncer toutes les règles juridiques répondant au problème
juridique et permettant de justifier la solution du cas. Ceci exige à la fois une capacité à
mobiliser les connaissances mémorisées et à faire preuve d’esprit de synthèse. Les
principes juridiques applicables doivent être énoncés de manière structurée. Si des
documents sont proposés en annexes par le sujet (texte de loi, arrêt, article de
doctrine…), il est généralement possible de les utiliser dans cette 3ème étape.

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4ème étape : la présentation de la solution
Il s’agit d’apporter, de la manière la plus précise possible, une réponse au cas. Vous
devez justifier cette réponse par un raisonnement juridique cohérent, résultant de
l’application des principes énoncés dans la troisième étape aux faits retenus dans la
première étape. Il ne faut pas hésiter à poser des hypothèses pour fournir une réponse
plus riche.

Exemple: Si la conclusion d’un tel contrat peut, compte tenu de l’importance du


patrimoine d'Awa, être qualifiée d’acte de la vie courante, son seul consentement peut
suffire. Dans le cas contraire, c’est son représentant légal, et donc, ici un de ses parents,
qui doit représenter Jeanne pour la conclusion du contrat.

CONSEILS PRATIQUES

La qualité de la réponse apportée dépend surtout de la cohérence du raisonnement : il


faut présenter les seuls faits importants, énoncer le bon problème juridique, rappeler tous
les principes juridiques applicables répondant à ce problème et justifier, en s’appuyant sur
ces principes, la solution proposée.
Dans certains énoncés, le cas pratique comprend une présentation des faits, assortie de
questions. Dans ce cas, seules les étapes 3 (rappel des principes juridiques applicables)
et 4 (présentation de la solution) doivent être respectées.

FICHE 3 : CONSULTER UN CONTRAT

Consulter un contrat, c’est analyser un document écrit dans lequel sont précisés les
engagements que deux ou plusieurs personnes ont pris par ce contrat les unes envers
les autres. Ce document peut être présenté de façons diverses, aucune norme
n’imposant une présentation particulière, sauf cas exceptionnels.
Les exigences de la pratique professionnelle dans chaque branche d’activité et celles de
la rigueur juridique ont donné naissance à trois types de présentation pour les contrats
qu’il convient de connaître pour les consulter efficacement.

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La consultation d’un contrat est faite pour en tirer certains renseignements. Suivant la
nature des renseignements recherchés, leur précision, la démarche de recherche ne sera
pas la même.
1. COMMENT PRESENTER LES CONTRATS ?
La forme la plus classique est celle du contrat de type notarial
Il s’agit d’un long texte dans lequel sont précisés l’identité des parties, l’objet du contrat, le
détail de l’accord, enfin la date et les signatures.
Les différentes parties sont intitulées ou tout au moins introduites par des débuts de
phrases qui laissent clairement comprendre ce qui va suivre. Par exemple, on trouve
généralement dès le départ, la mention « Entre les soussignés ». Les « soussignés » en
question, ce sont ceux qui vont signer le contrat, dont les parties. En effet, la mention
« entre les soussignés » est suivie par l’indication de l’identité de l’une des parties, puis
de l’autre, éventuellement des suivantes.
Cette partie du texte est suivie de la mention « il a été convenu ce qui suit ». Le sens de
cette mention est clair : on va maintenant expliquer de quoi les parties ont convenu, ce
sur quoi elles se sont entendues. La suite précise en général l’objet, par exemple, pour un
contrat de vente ou de location, ce qui est loué ou vendu, avec l’indication du prix. Vient
ensuite une rubrique intitulée « obligations diverses » ou « les parties s’obligent », ou tout
simplement des titres qui introduisent chaque catégorie d’obligations. A la fin se situent
les « clauses pénales » et les « élections de domicile » s’il y en a, juste avant la date et
les signatures.
La forme d’un tel contrat en facilite la consultation.
La forme la plus succincte est celle du contrat de type « document commercial pré
imprimé »
Le bon de commande, la facture, le récépissé sont les plus fréquents. Ils constatent le
plus souvent un contrat de vente ou de prestation de services. L’identité des parties se
trouve généralement en en-tête (fournisseur, client) ainsi que les conditions particulières
de paiement, de livraison, le lieu de livraison. Le corps du document (tableau à colonnes,
généralement) précise l’objet et le prix. Quant aux conditions particulières du contrat
(conditions de vente, par exemple), on les trouve soit en bas du tableau, soit au dos, en
très petits caractères. Il convient de les consulter de près, car elles sont souvent très
favorables au fournisseur et sévères pour le client.

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La forme la moins claire est celle du contrat qui se présente en deux parties séparées
l’une de l’autre
La partie la plus courte donne l’identité de la personne qui a accepté le contrat tel qu’il est
décrit dans la partie la plus longue. L’identité de l’autre contractant (celui qui a rédigé la
partie la plus longue) est généralement en en-tête : c’est la dénomination sociale de
l’entreprise qui a établi le contrat dans son ensemble pour le proposer à ses clients. Il
s’agit d’un contrat d’adhésion dont les clauses ne sont pas discutables, donc peuvent être
rédigées par une seule partie et proposées à l’autre qui ne peut que les accepter ou les
refuser. La partie la plus courte précise encore la date d’entrée en application du contrat,
éventuellement certaines dates de paiement (de primes d’assurances par exemple) et
comporte les signatures des contractants.
La partie la plus longue décrit de façon très détaillée les obligations des deux
contractants. Généralement, le texte est complexe.
Ce genre de contrat est surtout utilisé par les compagnies d’assurance.
2. QUELLE DEMARCHE ADOPTER SUIVANT LA RECHERCHE ENVISAGEE ?
Les recherches dans un contrat répondent à peu près toutes à l’une des trois questions
suivantes :
1-quelles sont les mentions essentielles, les grandes lignes, les engagements principaux
du contrat ?
2-quelles sont les dispositions du contrat sur un point précis qui pose problème, soit qu’il
soit l’objet d’un litige, soit qu’il importe énormément à l’un des contractants éventuels ?
3-quelles caractéristiques présente le contrat d’un certain point de vue : avantage-t-il l’une
ou l’autre des parties ? Présente-t-il plus d’intérêt qu’un contrat concurrent ?
Premier cas : recherche de la structure du contrat dans ses grandes lignes
Il s’agit de retrouver les clauses essentielles du contrat et, dans ces clauses, de repérer
les dispositions les plus marquantes, celles qui sont fondamentales dans le contrat. On
soulignera les passages essentiels en ne retenant pas les détails. Il faut cependant être
vigilant : une disposition essentielle peut n’avoir pas été mise en évidence dans le texte.
Deuxième cas : analyse de certaines dispositions du contrat
Il s’agit d’analyser soigneusement certaines dispositions du contrat. La lecture est donc
très précise. On ira directement chercher la partie du contrat où sont placées ces
dispositions. Cependant, le contrat formant un tout, il faudra prendre connaissance de sa

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structure générale et, avec plus de précision, des points qui pourraient avoir des
conséquences sur les dispositions qui nous intéressent particulièrement.
Troisième cas : analyse du contrat correspondant à une certaine préoccupation
Supposons que l’on veuille savoir si le contrat est avantageux. Cela suppose pour l’une
des parties une lecture minutieuse de tout le texte, mais en ne perdant pas de vue la
préoccupation qui justifie cette analyse : la lecture se fera en jugeant, clause après
clause, si les dispositions qui y sont inscrites sont ou non avantageuses à cette partie. Le
jugement d’ensemble résulte de la synthèse des jugements partiels ainsi portés.

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PROGRAMME DROIT DES AFFAIRES

1
Droit des sociétés et associations

2 Droit des procédures collectives

3 Droit du crédit

4 Droit social

5 Droit Pénal des affaires

6 Droit du Contentieux

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Restructurations de sociétés
Transformations;
1 Droit des
Fusions, sociétés et
scissions, associations
apports partiels
d’actifs;
Groupement d’intérêt économique
Liens de droit entre les sociétés

Restructurationsde sociétés
Transformations;

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s
MODULE 1: Restructurations des Sociétés

1.1 Les conditions générales des opérations de restructuration


1.2 Procédures applicables aux opérations de restructuration
2. Les différentes formes de restructuration
2.2: La transformation des sociétés
2.1.1: Mécanisme de la transformation.
2.1.2: Effets de la transformation
2.3: Fusions, scissions, apports partiels d’actifs
1.3.1 Fusions et scissions
1.3.2 : Apports partiels d'actifs

MODULE 2:Groupement d’intérêt économique

2.1: La naissance du Groupement d’Intérêt Economique


2.1.1: Les conditions de fond
2.1.2: Les conditions de forme
2.2: Le fonctionnement du GIE
2.2.1: les organes d’administration du GIE
2.2.2: les organes de contrôle du GIE.
2.3: La dissolution du GIE
2.3.1:La dissolution de plein droit du GIE
2.3.2: Les conséquences de la dissolution du GIE

MODULE 3: Liens de droit entre les sociétés


3.1: La participation dans le capital d'une autre société
3.2 : Les groupes de sociétés (société mère et filiale; groupes
contractuels, unions et accords d’entreprises)

MODULE 4 : Les Associations

4.1 Liberté d'association.


4.2. Typologie des associations.

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MODULE 1: RESTRUCTURATIONS DES SOCIÉTÉS
La restructuration des sociétés peut intervenir dans plusieurs hypothèses, mais les plus
fréquentes concernent les cas où les sociétés ont besoin de s'adapter aux réalités
économiques en vue de répondre aux exigences de la compétitivité.
1.1 CONDITIONS GENERALES DES OPERATIONS DE RESTRUCTURATION

Les sociétés participant à l’opération de restructuration peuvent être de formes sociales


différentes, ce qui ne pose pas de problème particulier. Un problème plus complexe se
pose cependant si elles sont de nationalités différentes.
1.1.1 Restructurations impliquant des sociétés de différentes formes
- Sociétés concernées
Le législateur de l’OHADA dispose que des fusions peuvent être opérées
entre des sociétés de forme différente sauf dispositions contraires de l’Acte Uniforme
(article 196). A la lecture de l’Acte Uniforme, il semble en réalité n’exister aucune
disposition contraire. Cependant, sous réserve d’examiner leur objet, il apparaît que les
sociétés en participation ou les GIE n’étant pas obligés de posséder un capital social, ne
pourraient participer à une opération de restructuration. On peut supposer que c’est
également le cas d’une société de fait, qui n’est pas immatriculée. A contrario, une
restructuration peut donc avoir lieu entre toutes les autres formes sociales réglementées
par l’Acte Uniforme, c’est-à-dire les SA, SARL, SNC, et SCS ainsi qu’entre ces dernières
et des sociétés étrangères sous réserve de dispositions impératives dans les Etats non
membres de l’OHADA et dont les sociétés seraient parties à l’opération de
restructuration.
- Sociétés publiques
Depuis que les sociétés à capital public, ayant l’Etat comme unique actionnaire, ou des
sociétés d’économie mixte dont le capital est partiellement détenu par l’Etat, sont régies
par l’Acte Uniforme (article 1), il peut être déduit qu’elles sont aussi soumises au droit
applicable aux restructurations.
1.1.2 Restructurations impliquant des sociétés dissoutes ou en cours de liquidation
- Société en dissolution ou liquidation
Une société dissoute ou en cours de liquidation peut participer à une opération de fusion
(article 189). Cependant, cette société ne pourra être qu’absorbée et en aucun cas ne
peut être une société absorbante. Il n’existe aucune règle similaire pour les scissions ou

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les apports partiels d’actifs impliquant des sociétés dans cette situation. Tout porte à
croire cependant que cette lacune résulte d’un simple oubli de l’Acte Uniforme et qu’en
conséquence, les mêmes règles devraient pouvoir s’appliquer.

1.1.3 Restructurations impliquant des sociétés de nationalités différentes


- Opérations transfrontalières
L’Acte Uniforme devrait faciliter les restructurations internationales au sein de la zone
d’application de l’OHADA puisqu’il permet, par son caractère communautaire, d’éviter les
conflits de droits applicables pour les restructurations impliquant des sociétés ayant leur
siège social dans différents Etats membres. En conséquence, le droit et les procédures
applicables seront les mêmes, à titre d’exemple, pour une restructuration entre une
société immatriculée au Sénégal et une société immatriculée en République
Centrafricaine. Une interrogation subsiste néanmoins, quant au droit applicable à une
restructuration entre une société régie par l’Acte Uniforme et une société ne possédant
pas la nationalité d’un Etat membre. Dans un tel cas de figure, bien que l’Acte Uniforme
ne précise rien, il semble possible de soumettre une telle opération aux dispositions de
l’Acte Uniforme, sauf évidemment toute disposition d’ordre public contraire dans la
législation de l’Etat tiers.
1.2 PROCEDURE APPLICABLE AUX OPERATIONS DE RESTRUCTURATION

1.2.1 PROJET DE TRAITE


Pour chaque société impliquée, la restructuration requiert l’élaboration d’un projet de
restructuration (traité de fusion, de scission ou d’apport partiel d’actifs, selon le cas), ainsi
que la nomination d’un commissaire aux comptes si une SA ou une SARL est impliquée
dans l’opération.
 Le projet de restructuration et le rapport sur la restructuration envisagée

Détails du projet
Les détails de la restructuration doivent être présentés dans un projet de restructuration
préparé par les dirigeants de chacune des sociétés impliquées dans le processus de
restructuration.
Formalités de dépôt et d’information

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Deux formalités doivent ensuite être remplies par chacune des sociétés impliquées
(article 194). Premièrement, le projet de restructuration doit être déposé au greffe du
tribunal chargé des affaires commerciales du siège social des sociétés participant à
l’opération. Deuxièmement, un avis, décrivant la restructuration envisagée doit être inséré
dans un journal d’annonces légales un mois avant la tenue de la première assemblée
générale convoquée pour statuer sur la restructuration. Ces formalités constituent la
garantie pour les actionnaires qu’aucun amendement ne pourra être apporté au projet
ainsi qu’un moyen d’informer les créanciers sur les sociétés impliquées dans l’opération.

Consultation des salariés


Des dispositions spécifiques nationales pour chaque Etat membre peuvent aussi requérir
que les institutions représentatives du personnel soient consultées ou informées du projet
de restructuration, comme nous l’avons précisé ci-dessus.
Rapport du conseil d’administration
Lorsque plusieurs SA sont impliquées dans la restructuration, le conseil d’administration
de chacune d’entre elles doit préparer un rapport indiquant les raisons juridiques et
économiques de la restructuration envisagée (article 671). Ce rapport doit être tenu à la
disposition des actionnaires quinze jours au moins avant la tenue de l’assemblée chargée
de l’approbation de la restructuration (article 674).

1.2.2 Fonction du commissaire aux comptes

Contrôle du commissaire aux comptes


L’intervention d’un ou de plusieurs commissaires dédiés à la restructuration est
obligatoire pour le cas des restructurations entre SA, entre SARL ou entre SA et SARL
(article 672). Leur mission consiste à élaborer un rapport écrit sur l’opération projetée, se
prononçant, d’une part, sur les valeurs relatives attribuées aux actions des sociétés
participant à l’opération et, d’autre part, sur le caractère équitable du rapport d’échange
des titres.
Le commissaire doit en outre vérifier la réalité du passif exigible pris en charge par la
société absorbante. En conséquence, la fonction du commissaire semble fortement
investigatrice puisque l’Acte Uniforme précise qu’il peut obtenir auprès de chaque société
impliquée dans la restructuration, communication de tous documents utiles et procéder à

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toutes vérifications nécessaires (article 672). Lorsque plusieurs commissaires
interviennent dans le cadre de la restructuration, ces derniers doivent soumettre un
rapport unique dans l’éventualité où ils auraient été nommés d’un commun accord par
toutes les sociétés impliquées dans l’opération.

1.2.3 Mode de décision des opérations de restructuration

- Compétence
En règle générale, la décision de restructuration appartient à chacune des sociétés y
participant dans les conditions prévues pour la modification des statuts et selon les
procédures applicables en matière d’augmentation de capital ou de dissolution de la
société.
- Documents mis à disposition à l’avance

Pour une SA, l’Acte Uniforme requiert que le projet de restructuration, le rapport spécial
des dirigeants, les états financiers de synthèse ainsi que les rapports de gestion des trois
derniers exercices de la société soient mis à la disposition des actionnaires au siège
social de la société au moins quinze jours avant la tenue de l’assemblée générale
appelée à statuer sur la restructuration (article 674). Ce délai est plus court que celui
prévu par le droit français qui requiert que ces documents soient mis à disposition au
moins un mois avant l’assemblée générale. L’Acte Uniforme requiert, par ailleurs, qu’un
état comptable soit établi selon la même méthode et la même présentation que le dernier
bilan annuel, si les derniers états financiers de synthèse se rapportent à un exercice dont
la fin est antérieure de plus de six mois à la date du projet de restructuration. Ce nouvel
état comptable doit être antérieur de moins de trois mois à la date du projet de
restructuration.

- Compétence et majorité au sein des SA


Lorsque plusieurs SA font partie d’une opération de restructuration, la décision appartient
de manière exclusive à l’assemblée générale extraordinaire de chacune des sociétés.
Cette disposition implique que cette assemblée ne peut en aucun cas déléguer cette
prérogative au conseil d’administration ou à l’administrateur général de la société

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participant à l’opération (article 671). Une majorité des deux tiers des voix à l’assemblée
générale est requise pour l’adoption de la décision de restructuration.

- Droits spécifiques de certains actionnaires


Dans les SA, la restructuration doit aussi être approuvée par une assemblée spéciale
d’actionnaires lorsqu’elle implique l’annulation de droits spécifiques garantis à certaines
catégories d’actionnaires (article 671).

- Compétence et majorité au sein des SARL


Dans les SARL, une assemblée générale doit être convoquée afin de prendre des
décisions collectives extraordinaires. Aux termes de l’Acte Uniforme, la décision doit être
prise par les associés détenant au moins les trois quarts du capital social (articles 215 et
358).

- Compétence et majorité au sein des SNC


Dans une SNC, la restructuration doit être approuvée à l’unanimité des
associés (articles 215 et 274).

Compétence et majorité au sein des SCS


Dans les SCS, la restructuration doit être approuvée à l’unanimité des
associés commandités et à la majorité des associés commanditaires (articles 215 et 296).

- Unanimité
L’Acte Uniforme énonce cependant une exception à la règle de majorité prévue pour les
SA, SARL et SCS, selon laquelle si l’opération projetée a pour effet d’augmenter les
engagements des associés ou des actionnaires, de l’une ou plusieurs sociétés en cause,
elle ne peut être décidée qu’à l’unanimité desdits associés ou actionnaires (article 197).

1.2.4 Procédures simplifiées de restructuration

- Absorption d’une filiale à 100 %


L’Acte Uniforme autorise une procédure simplifiée de restructuration pour les SA ou les
SARL applicable lorsque la société absorbante détient entièrement le capital social de la

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société absorbée depuis le dépôt du projet de restructuration jusqu’à la réalisation de
l’opération (article 676). En d’autres termes, la procédure simplifiée s’applique dans le cas
où la société absorbée est une filiale dont le capital est détenu à hauteur de 100 % par la
société absorbante.

- Décision de la société absorbante


Aux termes de la procédure simplifiée, il n’est pas nécessaire de recueillir l’approbation
de l’assemblée générale extraordinaire de la ou des société(s) absorbée(s). En revanche,
la restructuration doit être approuvée par l’assemblée générale extraordinaire de la
société absorbante. La nomination d’un commissaire pour la restructuration ainsi que la
rédaction d’un rapport des dirigeants ne sont pas nécessaires. Néanmoins, il pourrait être
conseillé, dans certaines circonstances, de procéder à la nomination d’un commissaire ad
hoc afin de certifier la valeur des éléments d’actif et de passif apportés par la société
absorbée tel qu’elle a été arrêtée par les dirigeants.

- Création d’une société nouvelle


La procédure simplifiée n’est pas applicable lorsque la restructuration est effectuée par
voie de création d’une société nouvelle, constituée sans autres apports que ceux des
sociétés absorbées. Dans de telles circonstances, seule l’approbation de chacune des
sociétés absorbées est requise pour la restructuration, étant entendu que celles-ci doivent
aussi approuver les statuts de la société nouvelle. Par conséquent, la société nouvelle n’a
besoin d’approuver ni les nouveaux statuts ni la restructuration (articles 677 et 685). En
outre, lorsqu’il y a scission ou apport partiel d’actifs et que les actionnaires ou associés se
voient attribuer dans la société nouvelle des droits proportionnels à ceux qu’ils
possédaient dans leur ancienne société, la production d’un rapport du commissaire n’est
pas obligatoire (article 685).

1.3 DROITS DES CREANCIERS


Dans le processus de restructuration, les droits des créanciers dépendent de leur qualité
d’obligataire ou non.
2.3.1 Créanciers non obligataires
1. Protection des créanciers

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En principe, les créanciers de la société absorbée, lorsqu’ils ne sont pas obligataires,
deviennent automatiquement créanciers de la société absorbante (article 679). Toutefois,
les créanciers de chacune des sociétés impliquées dans le processus de restructuration
qui ne sont pas obligataires de ces sociétés et dont la créance est antérieure à la publicité
du projet de restructuration dans un journal d’annonces légales, peuvent s’opposer à
l’opération dans les trente jours suivant cette publication (article 679). De telles
oppositions ne peuvent avoir pour effet d’interdire la poursuite de la restructuration (article
679), contrairement à ce qui pourrait se passer lorsque les créanciers s’opposent à une
réduction de capital (article 637). La juridiction devant laquelle toutes les objections sont
portées peut soit rejeter ces oppositions soit ordonner le paiement des créances
concernées et / ou la constitution de garanties si la société peut en offrir et qu’elles sont
jugées suffisantes.
2. Droit d’opposition

Le droit de s’opposer à une restructuration est accordé tant aux créanciers de la société
absorbée, qui cherchent à se prémunir contre un changement de débiteur, qu’aux
créanciers de la société absorbante, afin évidemment d’épargner à ces derniers un
concours fâcheux avec les créanciers de la société absorbée.

3. Remboursement
En complément, les créanciers peuvent contracter des conventions leur permettant
d’exiger le remboursement immédiat de leur créance dans le cas où la société débitrice
serait impliquée dans une opération de fusion ou de scission avec une autre société
(article 680).

1.3.2 Créanciers obligataires

- Approbation du projet
Le projet de restructuration doit être soumis aux assemblées d’obligataires des sociétés
absorbées, à moins qu’une offre ne soit publiée dans un journal d’annonces légales afin
de rembourser leurs obligations sur simple demande, auquel cas la société absorbante
deviendrait débitrice des obligataires de la société absorbée (article 678 et 686).

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- Droit d’opposition des obligataires de la société absorbante
Cette procédure d’approbation du projet n’est pas applicable au sein de la société
absorbante. Dans la société absorbante, l’assemblée générale des obligataires peut
néanmoins donner mandant aux représentants de la masse afin de former opposition à la
restructuration. De telles oppositions sont régies par les mêmes règles que celles offertes
aux créanciers non obligataires.

1.4 REALISATION DES OPERATIONS DE RESTRUCTURATION


1.4.1 Date effective de réalisation
- Date d’effet
La date effective de la restructuration dépend du jour de transfert du patrimoine de la
société absorbée. Cette date d’effet est différente si la restructuration emporte création
d’une nouvelle société (art 192). En cas de création d’une ou plusieurs sociétés
nouvelles, la restructuration prend effet à la date d’immatriculation du RCCM de la société
créée ou de la dernière d’entre elles. Lorsque la restructuration implique une absorption
par une ou plusieurs sociétés existantes, elle prend effet au jour de la dernière assemblée
générale qui a approuvé l’opération. Néanmoins, le projet peut toujours expressément
prévoir une autre date. Cette date ne peut, toutefois, être postérieure à la date de clôture
de l’exercice en cours de la ou des sociétés bénéficiaires, ni antérieure à la date de
clôture du dernier exercice clos de la ou des sociétés qui opèrent une transmission de
leur patrimoine.

1.4.2 Sanction des irrégularités de procédure


 Déclaration de régularité et de conformité
Sous peine de nullité de l’opération de restructuration effectuée et en complément des
formalités décrites ci-dessus, l’Acte Uniforme requiert que les sociétés participant à
l’opération déposent au greffe de la juridiction compétente, une déclaration récapitulative
de tous les actes de la restructuration effectués en conformité avec l’Acte Uniforme
(article 198). Cette déclaration doit être signée par les représentants des organes de
gestion, d’administration ou de direction des sociétés participant à l’opération de
restructuration.

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 Régularisations
L’Acte Uniforme ne prévoit en revanche aucun délai de régularisation en cas d’irrégularité
de la procédure de restructuration. Néanmoins, l’action en nullité d’une restructuration se
prescrit par six mois à compter de la dernière inscription au RCCM rendue nécessaire par
l’opération (article 251). Tout intéressé dispose alors dans ce délai de la possibilité de
saisir la juridiction compétente d’une action en nullité. L’action sera considérée comme
éteinte si la cause de nullité a cessé d’exister le jour où le tribunal statue sur le fond
(article 246).
 Nullité
La juridiction saisie d’une action en nullité peut fixer un délai pour permettre
de régulariser la situation, et ne pourra, dans aucun cas, déclarer la nullité de la
restructuration moins de deux mois après la date de l’exploit introductif d’instance (article
247). Dans certain cas, une assemblée générale des actionnaires devra être convoquée
afin de régulariser la situation. Le tribunal peut alors accorder, par jugement, un délai
nécessaire pour que les associés ou actionnaires puissent prendre une décision. Si cette
décision n’a toujours pas été prise à l’expiration du délai, le tribunal statue alors à la
demande de la partie la plus diligente.

2 LES DIFFERENTES FORMES DE RESTRUCTURATION

Les restructurations peuvent prendre différentes formes: il peut s'agir des transformations
de sociétés ou de fusions, scissions et apports partiels d'actif

2.1: La transformation des sociétés


La transformation peut se définir comme le fait de donner à la société une forme nouvelle,
tout en maintenant inchangée sa personnalité morale. Elle implique «essentiellement une
modification des statuts qui permet à la société d'adapter sa structure à des besoins
nouveaux. La transformation peut provenir des associés qui choisissent de changer de
forme sociale pour faire plus facilement appel à de nouveaux associés ou pour bénéficier
d'avantages fiscaux. Tel est souvent le cas lorsqu'il y a transformation d'une SARL en SA.
L'OHADA impose la transformation dans des cas où la situation de la société l'exige: si la
transformation n'intervient pas à temps, la société risque de disparaître.

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2.1.1: Mécanisme de la transformation.
La transformation s'analyse en une modification des statuts. Dès lors pour y parvenir, l'on
est tenu de respecter les conditions de fond ou de forme requises pour la modification
des statuts. Toutefois la transformation de la société dans laquelle les actionnaires ou les
associés ont une responsabilité limitée en une société dans laquelle la responsabilité
devient illimitée doit être soumise à un vote à l'unanimité des actionnaires ou des
associés en raison de l'étendue des engagements que cette nouvelle forme de société
induit.
Lorsque la société possède des immeubles soumis à la publicité foncière, l'article 265 a
énuméré les formalités à accomplir pour la transformation de la société.
Au plan du fond, il faut retenir la modification des statuts consécutive à la transformation
de la société. C'est une décision collective qui est prise soit à l'unanimité soit à la majorité
des voix suivant les cas.
- Ainsi dans la SNC, le quorum requis pour la transformation est l'unanimité des associés
sauf si les statuts prévoient une majorité spéciale pour cette opération (Art 283 AU). Le
décès d'un associé en nom collectif entraîne la transformation de la société si
l'exploitation de la société continue.
Pour la société en commandite simple, l'unanimité des associés commandités est requise
et la majorité en nombre en capital des associés commanditaires (Art.305 AU).Le décès
d'un associé commandité en traîne la transformation de la société; ce qui n'est pas le cas
dans l'hypothèse du décès d'un commanditaire (Art.308 AU).
Dans une SARL, la transformation est décidée par les associés représentant au moins les
¾ du capital social. Toutefois, la décision de transformation de la S.A.R.L en SNC ou
SAS nécessite l’unanimité des associés.
Le nouvel Acte uniforme n’exige plus que deux conditions soient remplies avant toute
transformation de la S.A.R.L (approbation des comptes des deux premiers exercices
sociaux et les capitaux propres doivent être d’un montant au moins égal au capital
social). Seule une condition est exigée maintenant : les capitaux propres doivent être
d’un montant au moins égal au capital social.
La transformation d'une SA en SARL est soumise à la règle édictée dans l'article 551 de
l'AU: la décision est prise en AGE qui est égale à 2/3 des voix exprimées. Par contre la
transformation en SNC requiert l'unanimité des actionnaires. Les articles 690 à 693 de
l'AU pose à cet égard des conditions liées aux règles de gestion notamment la nécessité

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que la société soit constituée depuis deux ans au mois, l'approbation par les actionnaires
du bilan des deux premiers exercices et la présentation du rapport du CAC de la société
attestant que l'actif net est au moins égal au capital social.
En ce qui concerne le GIE, il y a lieu de noter que toute société ou association, dont
l'objet correspond à la définition du GIE peut être transformée en GIE sans perte de la
personnalité et sans risque de dissolution. Selon l’article 882 alinéa 2 de l’AURSC et GIE
adopté le 30 janvier 2014, le GIE peut se transformer en SARL.
Transformation de la société (articles 359 et 374)
Le nouvel Acte uniforme n’exige plus que deux conditions soient remplies avant toute
transformation de la S.A.R.L (approbation des comptes des deux premiers exercices
sociaux et les capitaux propres doivent être d’un montant au moins égal au capital
social). Seule une condition est exigée maintenant : les capitaux propres doivent être
d’un montant au moins égal au capital social.
L’article 187-1 prévoit la nomination d’un Commissaire à la transformation et l’article
375 sanctionne de nullité toute transformation de S.A.R.L. intervenue en l’absence de
rapport d’un CAC.
2.1.2 Effets de la transformation
Lorsque la société a fait l'objet de transformation, sa personnalité morale subsiste. Mais
elle est tenue d'adapter ses structures à sa forme nouvelle. La décision de transformation
de la société met fin aux pouvoirs des dirigeants, mais pour le commissaire aux comptes,
sa mission subsiste si la nouvelle forme sociale de la nouvelle société requiert la
nomination d'un commissaire aux comptes. La décision de transformation ne prend effet
qu'à compter du jour où la décision la constatant est prise. Toutefois, cette décision ne
sera valide à l'égard des tiers qu'après l'accomplissement des formalités suivantes :
publication de l'opération dans un journal d'annonces légales, dépôt des procès-verbaux
auprès du greffe de la juridiction compétente en matière commerciale, inscription
modificative au RCCM et auprès du bureau des hypothèques si la société possède des
immeubles soumis à la publicité foncière.
Les délibérations relatives aux transformations des sociétés prises en violation des
dispositions légales sont nulles (article 181).

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2.2: Fusions, scissions, apports partiels d’actifs

2.2.1 Fusions et scissions

Traditionnellement, la fusion se confondait avec la scission puisque sur bien des plans,
elles présentent des similitudes; et pourtant chacune de ces deux notions recèle des
particularités que le droit OHADA a le mérite d'avoir soulevées. Il y a fusion lorsque deux
sociétés se réunissent pour n'en former qu'une soit par création d'une société nouvelle,
soit par absorption de l'une par l'autre. La scission est l'opération par laquelle le
patrimoine d'une société est partagé entre plusieurs sociétés existantes ou nouvelles.

a)- Conditions d'application de la fusion et de la scission


La fusion est possible entre sociétés de même forme ou de formes différentes. Pour la
fusion ou la scission, les sociétés doivent remplir les conditions requises pour la
modification des statuts et respecter les procédures imposées en matière d'augmentation
du capital ou de dissolution de la société. Au plan du quorum, les conditions sont
identiques à celles étudiées dans le cadre de la transformation. Toutefois, une règle
importante demeure: c'est que l'unanimité est requise lorsque l'opération a pour effet
d'augmenter les engagements des associés ou des actionnaires (Art 197 al 2). La fusion
aboutit à une augmentation du capital de la société absorbante qui émet alors des actions
nouvelles à attribuer aux actionnaires de la société en rémunération de leur apport
suivant la parité fixée dans le traité de fusion.. Les actionnaires de la société absorbée
reçoivent des actions de la société absorbante en échange des titres qu'ils perdent.
Toutes ces opérations qui nécessitent la connaissance de la valeur de chaque société,
sont effectuées par un commissaire à la fusion. Lors de l'opération, le commissaire à la
fusion peut dégager des soultes. La soulte est une somme d'argent qui doit être versée
par une partie pour compenser l'inégalité de valeur des lots à payer à l'une des parties.
Aux termes de l'article 191 al 2 de l'AU, le montant de la soulte ne peut pas dépasser
10% de la valeur d'échange des parts ou des actions attribuées.
Le projet de fusion ou de scission appelé encore traité de fusion ou de scission est
préparé par les organes dirigeants des sociétés parties à l'opération; il doit être approuvé
par les assemblées à la majorité nécessaire pour les modifications des statuts et contenir
les indications énumérées à l'article 193 al 2 de l'AU. Le projet doit être déposé au greffe

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du Tribunal de la commune du siège des sociétés concernées et publié par chacune des
sociétés concernées.
b)- Effet de la fusion et de la scission
Les effets produits par la fusion et la scission sont prévus successivement par les articles
189 al 3 et 190 al3 de l'AU.
Selon l'article 189 al 3, la fusion entraîne transmission universelle du patrimoine de la
société ou des sociétés, ces dernières se fondant après leur disparition dans la société
absorbante ou la société nouvelle.
Aux termes de l'article 190 al 3 de l'AU, la scission entraîne une transformation, à titre
universel, du patrimoine de la société scindée qui disparaît au profit des sociétés
existantes ou des nouvelles sociétés.
c)- Règles propres à la SARL et la SA
Pour la SARL, les règles qui lui sont propres sont contenues dans les articles 382 al2 et
383 en plus de celles qu'elle partage avec la SA.
Pour la SA, ce sont les articles 670 à 689 qui prévoient en cas fusion et de scission, que
la décision soit prise par l'AGE et ratifiée dans chacune des sociétés par l'assemblée des
obligataires de la société absorbée ou scindée et l'assemblée des parts de fondateurs.
Ces articles prévoient également les documents à mettre à la disposition des actionnaires
(rapport du CA, rapport du commissaire à la fusion, projet de fusion, états financiers etc.
A l'égard des créanciers de la société absorbée, la société absorbante est débitrice sans
restriction.
2.2.2 Apport partiel d'actifs
L'apport partiel d'actif est régi par l'article 195 de l'AU. Il consiste, pour une société,
d'apporter une branche autonome d'activité à une société préexistante ou à créer. C'est
une véritable transmission à titre universel, car il porte sur un ensemble de biens
composant une branche d'activité pouvant fonctionner de façon autonome.

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MODULE 3: GROUPEMENT D’INTÉRÊT ÉCONOMIQUE

Le Groupement d’Intérêt Economique est une forme juridique nouvelle qui est
réglementée par le Livre 7 de la Partie 3 de l’Acte Uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique (Art.869 à 885). C’est un
groupement de deux ou plusieurs personnes physiques ou morales pour une durée
déterminée et dans le but de faciliter ou développer l’exercice de l’activité de ses
membres et accroître ou améliorer les résultats de cette activité. L’article qui définit utilise
les termes « activités économiques » qui tend à se substituer à la notion d’ « actes de
commerce » apparue trop restrictive pour englober les activités qui ne serait pas de
nature purement commerciale (activités agricoles, professions libérales etc.) Les
termes « activités économiques » ont été utilisés en particulier dans l’art. 871 de l’AUSCG
qui est expressément consacré à la possibilité de créer des GIE entre personnes de
plusieurs corps de métiers et notamment les personnes exerçant une profession libérale.
Le GIE est une structure originale de groupement qui permet à des entreprises
juridiquement indépendantes les unes des autres, de mettre en commun certaines de
leurs activités ou de réaliser certaines actions communes, entre autres dans le domaine
de la vente, de l’importation ou de l’exportation, de la recherche, tout en conservant leur
individualité et leur autonomie.
Le GIE connaît actuellement un essor remarquable compte tenu de sa facilité de
fonctionnement. Beaucoup d’entreprises y ont recours lorsqu’elles ne veulent pas
procéder à la création d’une filiale commune, mais souhaitent réaliser en commun,
différentes opérations telles que services de recherche, études de marché, publicité,
bureaux d’achat ou de vente, bureaux d’importation ou d’exportation, service de gestion
administrative ou informatique, formation professionnelle, etc.
Les membres du GIE sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes du GIE
vis-à-vis des tiers, sauf dispositions contractuelles contraires expressément énoncées.
Le choix du législateur pour ce type de groupement correspond parfaitement aux objectifs
fixés par les africains à travers l’élaboration d’un marché commun africain marqué par la
nécessité d’une coopération entre entreprises africaines en vue de faire face à la
concurrence internationale. De plus, les avantages fiscaux offerts par le GIE constituent
des atouts majeurs à ses membres et constitue un gage de déploiement sécuritaire de
leurs activités en toute légalité. Mais force est de constater que les premiers GIE créés

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dans la zone OHADA comportent de dérives juridiques au point où il y a lieu de
s’interroger, dans la mise en place d’un GIE, si le dégrèvement fiscal qu’il offre devra
prendre le pas sur la nécessité de se conformer aux prescriptions légales en la matière.
L’ampleur prise par la profusion des GIE dont l’objet n’est pas conforme à la définition
contenue dans l’article 869 de l’AUSCG conduit à conclure que ces GIE seront
considérées comme des sociétés créées de fait.
L’étude du GIE s’articulera essentiellement autour de trois points suivants :
- la naissance du GIE ;
- le fonctionnement du GIE ;
- et la dissolution du GIE.
3.1 La naissance du Groupement d’Intérêt Economique
La constitution du GIE obéit pour l’essentiel, aux mêmes règles et aux mêmes formalités
que les sociétés. Toutefois, il y a des formalités qui lui sont particulières.
Pour constituer un GIE, un minimum de conditions de fond, de forme et de publicité
doivent être remplies.
3.1.1: Les conditions de fond
Ces conditions sont pour la plupart abordées dans l’étude des conditions générales de
constitution des sociétés commerciales ; cependant quelques précisions seront fournies
sur certaines d’entre elles.
- L’objet du GIE
L’objet du GIE doit être possible et licite. Cette condition, bien que se retrouvant au
niveau de la constitution de chaque type de société, mérite d’être précisé pour lever
l’équivoque qui pourrait exister entre l’objet des sociétés fondatrices du GIE et de celui du
GIE même. Etant donné l’autonomie de ces deux objets, il est important d’indiquer que
l’objet du GIE doit être possible et licite.
A ces deux conditions doit être ajoutée une troisième spécifique au GIE : celui de
l’existence d’un lien non équivoque entre les activités de ses membres et ses activités
propres, car l’objet du GIE est auxiliaire à l’activité de ses membres.
- Le capital du GIE
Le GIE peut être constitué avec ou sans capital aux termes de l’art. 870 al 2 de l’AUSCG.
Il n’a pas vocation à faire par lui-même des bénéfices. Il s’agit d’une mise en commun par
les membres des moyens de production en vue d’un développement plus efficace de
leurs affaires.

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- La durée du GIE
La durée du GIE est conforme à celle des sociétés commerciales sauf que la dissolution
ou le décès d’un de ses membres constitue des moyens de réduction et de limitation de
la durée de vie du GIE.
- La dénomination du GIE
La dénomination du GIE obéit aux mêmes exigences que celles des sociétés
commerciales notamment sur la nécessité d’être suivie par les mots « groupement
d’intérêt économique » ou le sigle « GIE ».
- Les membres du GIE
Selon l’article 871 de l’AUSCG, deux ou plusieurs personnes physiques ou morales
peuvent constituer entre elles un GIE y compris les personnes exerçant une profession
libérale soumis à un statut législatif ou réglementaire ou dont le titre est protégé. Les titres
négociables ne sont pas admis comme devant représenter les droits des membres du
GIE. La responsabilité des membres du GIE est illimitée et solidaire. Elle est mise en
œuvre comme dans une SNC. Chaque membre contribue aux dettes du GIE mais n’est
responsable que du passif propre au groupement et non du passif de chacune des
entreprises du groupe.
3.1.1 : Les conditions de forme
Comme pour les sociétés, la constitution du GIE s’opère généralement par la conclusion
d’un contrat. Ce contrat qui constitue l’acte de volonté des membres du groupement, doit
être rédigé par écrit, signé par tous les membres fondateurs ou par leurs représentants
dûment mandatés. Cet écrit peut être un acte authentique ou sous seing privé.
L’organisation et le fonctionnement du GIE sont librement déterminés par ce contrat qui
fixe également les proportions dans lesquelles chacun des membres du groupement
contribue aux dettes. Le contrat doit contenir notamment les indications sur le nom, raison
sociale ou dénomination sociale, la forme juridique, l’adresse du domicile ou du siège
social et le cas échéant, le numéro d’immatriculation de chacun des membres du
groupement au RCCM. Il doit également indiquer l’objet et la durée de constitution du
groupement ainsi que l’adresse de son siège social. Le contrat doit être publié au RCCM.
3.2 Le fonctionnement du GIE
Le fonctionnement du GIE est organisé autour de divers organes qui sont :
- les organes d’administration du GIE
- et les organes de contrôle du GIE.

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3.2.1 Les organes d’administration
Le GIE est géré par des administrateurs nommés par l’assemblée générale des membres
du groupement. Les dispositions de l’art. 871 de l’AU prévoient que la constitution du GIE
peut être l’œuvre de deux ou plusieurs personnes physiques ou morales y compris les
personnes exerçant une profession libérale soumise à un statut législatif ou réglementaire
ou dont le titre est protégé. Il en résulte que le minimum de membres exigé pour que le
GIE soit valablement constitué est de deux personnes. Par conséquent, une seule
personne ne peut constituer un GIE. Par ailleurs, tous les types d’entreprises peuvent
constituer un GIE. Lorsque l’objet du groupement est commercial, les membres du GIE
doivent avoir la capacité de faire le commerce.
Les droits des membres ne sont pas négociables et ils ne sont pas librement cessibles. A
cet égard, le GIE peut être rapproché de la SNC en tant que groupement basé sur
l’intuitu personae. L’entrée d’un nouveau membre dans le GIE n’est possible qu’avec le
consentement de tous.
a)- L’Assemblée Générale des membres
Comme dans les sociétés commerciales, les membres du GIE se réunissent en
assemblées pour prendre les décisions concernant le fonctionnement du groupement.
C’est l’assemblée générale des membres qui prend toutes les décisions, y compris celle
relative à la dissolution anticipée ou à la prorogation du groupement et cela dans les
conditions prévues par le contrat. L’assemblée est librement organisée par les membres
du GIE. Le contrat peut prévoir des assemblées ordinaires pour statuer sur les décisions
courantes et des assemblées extraordinaires pour les décisions extraordinaires. C’est le
contrat qui détermine les conditions de quorum et de majorité pour l’adoption des
décisions. Mais lorsqu’il ne le prévoit pas, les décisions sont prises à l’unanimité des
membres du groupement. C’est également le contrat qui détermine le nombre de voix
dont dispose chaque membre. Il peut attribuer à chaque membre un nombre de voix
différent de celui attribué aux autres pour tenir compte de l’importance de l’adhérent dans
le groupement ; mais à défaut chaque membre dispose d’une seule voix.
En ce qui concerne les convocations de l’assemblée, l’A.U édicte une règle impérative :
l’assemblée est obligatoirement réunie à la demande d’un quart au moins du nombre des
membres du groupement.
La responsabilité des membres du GIE est édictée par l’art. 873 de l’A U. Il pose le
principe de la responsabilité solidaire et indéfinie des membres du GIE envers les tiers.

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En effet, ces derniers sont tenus des dettes du groupement sur leur patrimoine propre,
sauf convention contraire avec le tiers cocontractant. A cet égard, la responsabilité des
membres du GIE présente des similitudes avec celle des associés en nom collectif. Ils ne
peuvent en aucun cas invoquer le bénéfice de division ni le bénéfice de discussion à
l’égard des créanciers. Il est à noter que dans la mesure où les membres du groupement
sont tenus indéfiniment et solidairement sur leur patrimoine propre, certaines personnes
ne peuvent y participer (mineurs non émancipés, incapables).
Par ailleurs, l’AUSCG prévoit qu’un associé ne peut être poursuivi par les créanciers du
groupement que lorsque ceux-ci auront vainement mis en demeure le groupement par
acte extrajudiciaire.
Chaque membre du GIE contribue au paiement des dettes du groupement, mais il n’est
responsable que du passif propre au groupement et ne saurait être tenu du passif
personnel de chacune des entreprises du groupe. Par ailleurs dans le cas d’un nouvel
adhérent, ce dernier peut n’être tenu que des dettes du groupement qui sont nées
postérieurement à son entrée dans le groupement. Cette exonération si elle est prévue
par le contrat, doit être publiée.
Enfin, lorsque le contrat qui détermine l’organisation du groupement ne fixe pas la
contribution de chaque membre aux dettes, chacun supporte une part égale.
Les membres du GIE peuvent céder leurs droits dans les conditions prévues par l’acte
constitutif. Le GIE peut également accepter de nouveaux membres en cours de vie
sociale dans les conditions prévues par le contrat. Tout membre a également la
possibilité de se retirer du groupement dans les mêmes conditions mais sous réserve
d’avoir exécuté ses obligations.
b)-Les Administrateurs du GIE
L’administration du GIE est prévue à l’art. 879 de l’A U. Cet article précise que le GIE est
administré par une ou plusieurs personnes physiques ou morales. Mais dans le cas où
l’administrateur serait une personne morale, cette dernière désigne un représentant
permanent qui encourt les mêmes responsabilités civiles et pénales que s’il était
administrateur en son nom propre. En dehors de cette restriction, l’assemblée des
membres du groupement est libre d’organiser l’administration du groupement comme elle
l’entend. Elle nomme les administrateurs et détermine leurs attributions, leurs pouvoirs et
les conditions de leur révocation. Ces administrateurs peuvent être membres ou non du
GIE. Lorsqu’un administrateur traite avec les tiers, il engage le groupement pour tout acte

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 99/197


entrant dans l’objet du groupement et aucune limitation de pouvoirs ne peut être opposée
aux tiers. Il s’agit ici de la transposition d’une des règles communes aux sociétés
commerciales.
3.2.2 Les organes de contrôle du GIE
C’est le contrat qui prévoit les conditions dans lesquelles est exercé le contrôle du GIE,
qu’il s’agisse du contrôle de la gestion du GIE ou du contrôle des comptes du GIE.
Néanmoins, l’A U distingue le contrôle de gestion du contrôle des états financiers de
synthèse. Il précise que lorsque le GIE émet des obligations dans les conditions prévues
par l’article 875, le contrôle de la gestion est assuré par une ou plusieurs personnes
physiques nommées par l’assemblée. Mais c’est le contrat qui détermine la durée de leur
mandat et leurs pouvoirs.
Par contre le contrôle des états financiers de synthèse est exercé par un ou plusieurs
commissaires aux comptes, choisis sur la liste officielle des commissaires aux comptes et
nommés par l’assemblée des membres du GIE pour une durée de six ans. Ceux-ci
devront exercer leur mandat dans les mêmes conditions que les commissaires aux
comptes des SA sous réserve de certaines dispositions propres aux GIE. Ce qui suppose
qu’ils doivent contrôler la régularité et la sincérité des comptes.
3.3 La transformation du GIE
L’art.882 de l’A U prévoit la possibilité de transformer un GIE en SNC sans qu’il soit
besoin de créer une nouvelle personne morale ou de dissoudre l’ancienne. Il faut en
conclure que la transformation du GIE en un autre type de société que la SNC entraîne
automatiquement sa dissolution et la création d’une nouvelle personne morale si cette
nouvelle forme de société jouit de la personnalité juridique. Ce qui exclut les sociétés de
fait et les sociétés en participation.
Par ailleurs toute société ou association dont l’objet est compatible avec celui du GIE peut
être transformer en GIE sans dissolution ou création d’un nouvel être moral. Il est à noter
que si avant la transformation les membres de la société avait une responsabilité limitée
au montant de leurs apports, la transformation en GIE devra être décidée à l’unanimité
des associés.
3.4 La dissolution du GIE
En dehors des cas de transformation en société autre que la SNC, le GIE est
dissous de plein droit dans certaines conditions. Cette dissolution entraîne également un
certain nombre de conséquence.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 100/197


3.4.1 La dissolution de plein droit du GIE
A l’instar des sociétés commerciales, la dissolution du GIE intervient pour les causes
suivantes :
 l’arrivée du terme fixé dans le contrat ;
 la réalisation ou l’extinction de son objet ;
 la décision de l’assemblée des membres ;
 la décision judiciaire pour de justes motifs ;
 le décès d’une personne physique ou la dissolution d’une personne
morale membre du groupement ;
 l’incapacité, la faillite personnelle ou l’interdiction d’un de ses membres.
Toutefois, l’AU offre la possibilité de continuation du GIE en cas de décès, d’incapacité
d’interdiction ou de faillite d’un de ses membres lorsque le contrat le prévoit ou lorsque
l’assemblée des membres le décide à l’unanimité.
Il convient d’ajouter à ces diverses causes de dissolution du GIE, le cas où le groupement
ne comprendrait plus qu’un seul membre.
3.4.2 Les conséquences de la dissolution du GIE
La dissolution du GIE entraîne automatiquement sa liquidation. Toutefois, la personnalité
du groupement subsiste pour les besoins de la liquidation. Cette liquidation est faite en
conformité avec les dispositions librement fixées dans le contrat (nomination du ou des
liquidateurs ; pouvoirs et rémunération ; approbation des comptes). Mais lorsque le
contrat ne prévoit aucune disposition à ce sujet, c’est l’assemblée générale des membres
du groupement qui nomme le liquidateur. A défaut, la nomination est faite par décision du
président de la juridiction compétente.
Lorsque les dettes ont été intégralement payées, l’excédent d’actif est réparti entre les
membres du groupement dans les conditions prévues par le contrat. Lorsque le contrat
ne prévoit aucune disposition particulière à ce sujet, l’excédent est réparti en parts égales
même si les apports sont inégaux.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 101/197


MODULE 4: LIENS DE DROIT ENTRE LES SOCIÉTÉS

4.1: La participation dans le capital d'une autre société

Aux termes des articles 176 à 178 de l'AU, une société est considérée comme ayant pris
une participation dans le capital d'une autre société lorsqu'elle possède dans cette société
une fraction de capital égale ou supérieure à 10%. La participation peut être simple (une société
détient une fraction de capital de l'autre) ou réciproque (ou croisée lorsque deux sociétés
possèdent mutuellement une fraction de capital l'une de l'autre).
4.2 : Les groupes de sociétés (société mère et filiale; groupes contractuels,
unions et accords d’entreprises)
Il y a société mère lorsqu'une société possède dans cette société qui s'appelle filiale une
participation supérieure à 50%. Si la société mère détient la majorité requise pour les décisions
en AGE, on dit que la société mère exerce une domination juridique incontournable.
L'article 180 de l'AU vise l'hypothèse de la filiale commune et précise que pour qu'il y ait
filiale commune, il faut que chacune des sociétés mères remplisse les deux conditions
cumulatives suivantes:
1. posséder séparément, directement ou indirectement, une participation financière
suffisante pour qu'aucune décision extraordinaire ne puisse être prise sans son accord:
c'est ce qu'on appelle une minorité de blocage;
2. participer à la gestion de la filiale commune.
En ce qui concerne les groupes contractuels, il y a lieu de noter que l'OHADA ne
prévoit aucune disposition juridique à leur sujet, mais il faut retenir que des sociétés
sont libres d'adopter des regroupements en vue de réaliser ponctuellement ou
durablement des affaires. C'est ainsi que nous pouvons citer:
1. les contrats d'union qui ont pour objectif des actions concertées, chaque société
membre conservant son indépendance; Ex: joint-ventures sur le plan international
2. le contrat d'intégration qui est illustré par des concessions commerciales et des
contrats de sous-traitance ou de franchising (dans lequel un franchiseur concède
au franchisé, contre paiement d'une redevance, le droit d'exploiter sa marque en
s'engageant à lui fournir son assistance);
3. les conventions d'assistance technique ou d'assistance financière (dont l'objet est
l'assistance par octroi de prêt ou par fourniture de garanties).

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 102/197


MODULE 5: LES ASSOCIATIONS

L'association est le contrat par lequel deux ou plusieurs personnes mettent en commun
de façon permanente, leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que le
partage de bénéfices.
L'association est par conséquent caractérisée par les éléments suivants:

- l'existence d'un contrat d'association entre deux ou plusieurs personnes;

- la mise en commun de façon permanente, de connaissances ou d'activités ou encore


de biens;

- le caractère non lucratif.


5.1. Liberté d'association
L'association se caractérise par la liberté. Elle se forme librement sans autorisation
préalable. Il est toutefois exigé une déclaration préalable et l'enregistrement de cette
déclaration. Par contre au Sénégal, Les associations étrangères sont soumises à
autorisation préalable. Les associations étrangères sont celles qui ont leur siège à
l'étranger ou qui, tout en ayant leur siège au Sénégal, ont un conseil d'administration
composé en majorité d'étrangers ou encore dont le ¼ des membres est de nationalité
étrangère.
Le corollaire de la liberté d'association est la liberté de démission pour les membres.
Lorsque le contrat est conclu pour une durée indéterminée, tout membre peut se retirer
de l'association à tout moment, après paiement des cotisations échues et des cotisations
de l'année en cours.
5.2. Typologie des associations
Il y a plusieurs types d'associations, allant des associations gigantesques employant des
milliers d'agents aux petites associations travaillant avec des agents bénévoles. Il existe
plusieurs critères de classement des associations.
5.2.1 Le classement suivant le domaine d'intervention
On trouve des associations à caractère humanitaire basée sur l'assistance et la
bienfaisance; des associations religieuses, culturelles, politiques, sportives,
environnementales; des associations qui interviennent dans les domaines de la santé et
de l'action sociale (associations de recherche médicale, d'assistance aux pauvres, aux
personnes handicapées, aux enfants, aux personnes âgées, aux familles et des

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 103/197


associations de soins et d'aide aux malades). Il existe également des associations
d'éducation et de recherche; de défense des droits de l'homme, etc. les associations à
caractère de syndicat sont considérées comme des types particuliers d'association.
5.2.2 Le classement suivant la durée de vie
Selon la durée de vie des associations, il existe des associations à durée indéterminée;
des associations éphémères qui sont créées de façon circonstancielle.
5.2.3 Le classement suivant le rayon d'action
On trouve dans cette catégorie, les associations internationales et les associations
locales.
5.2.4 Les associations particulières

Il existe des types particuliers d'association dont la reconnaissance se fait par voie de
décret. On peut citer:

5.2.4.1 Les associations d'utilité publique et les fondations

5.2.4.2 Les associations d'utilité publique

Une association normalement constituée avec déclaration préalable et enregistrement de


cette déclaration, peut être reconnue d'utilité publique par la suite. L'association reconnue
d'utilité publique peut bénéficier de subventions publiques et recevoir des dons et des
legs de toute personne.

5.2.4.2. Les fondations

La fondation se caractérise par le fait qu'une ou plusieurs personnes physiques ou


morales affectent de façon irrévocable, des biens, droits ou ressources à la réalisation
d'une œuvre d'intérêt général et à but non lucratif.

Les associations à but d'éducation populaire et sportive, associations à caractère


culturel et association de participation à l'effort de santé publique.

Compte tenu de leur caractère socio-culturel, ces associations peuvent, même


lorsqu'elles ne sont pas reconnues d'utilité publique, recevoir des subventions de l'Etat ou
des autres collectivités publiques.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 104/197


5.3. La personnalité morale des associations

Quelle que soit la nature de l'association, elle n'a pas la capacité juridique si elle n'a pas
la personnalité morale.
5.3.1 La personnalité morale des associations ordinaires

Les associations ordinaires soumises aux formalités dans les normes donnent droit à la
personnalité morale. L'association ainsi dotée de la personnalité morale peut recevoir des
cotisations de ses membres et acquérir à titre onéreux, tous les biens meubles et
immeubles nécessaires à son fonctionnement.
5.3.2 La personnalité morale des associations d'utilité publique

Ces associations ont la personnalité morale dès leur constitution régulière. Ce n'est donc
pas déclaration d'utilité qui leur confère la capacité juridique.
5.3.3 La personnalité morale des fondations

L'acte de fondation peut ne pas viser la création d'une personne morale. Mais lorsque
l'acte a pour but la création d'une personne morale, la fondation n'acquiert la capacité
juridique qu'à partir de la date d'entrée en vigueur du décret accordant la reconnaissance
d'utilité publique.

5.4. Fonctionnement, contrôle dissolution des associations

5.4.1 Le fonctionnement des associations

Elles fonctionnent de façon classique, avec des organes délibérants, des organes
d'administration ou de direction, un personnel.
 les organes délibérants.

Il s'agit de l'Assemblée Générale Ordinaire et de l'Assemblée Générale Extraordinaire.


L'AGO à la majorité simple joue un rôle classique comme dans les sociétés. L'AGE à la
majorité qualifiée, est convoquée pour les décisions collectives extraordinaires, telles que
les modifications des statuts, notamment la dissolution de l'association.
 les organes d'administration ou de direction.

Un conseil d'administration et son bureau sont chargés de l'animation de l'association


et de l'application de la politique définie en assemblée générale. Les membres du
bureau sont le plus souvent nommés parmi les membres du Conseil. Le bureau

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 105/197


comporte en général: un président, un secrétaire général, un trésorier et un ou deux
contrôleurs, membres de l'association.
 le personnel.
Il y a deux catégories de personnel:
Le personnel permanent salarié
Le personnel bénévole.
5.4.2 Le contrôle des associations

Ce contrôle est exercé par les «financeurs» de l'association. Ainsi, les membres de
l'association exercent leur contrôle du fait de leurs cotisations. L'Etat, les collectivités
locales et les autres bailleurs de fonds exercent également leur contrôle. Ces
différents groupes constituent les «financeurs». Un contrôle comptable est également
effectué.
5.4.3 La dissolution des associations

1. Les causes de dissolution

Elles peuvent être légales ou tirées du contrat d'association.

2. Les effets de la dissolution.

L'association dissoute est liquidée conformément aux statuts. En l'absence de


dispositions statutaires, il est procédé à la liquidation par voie juridique.

Volet Droit des procédures collectives (OHADA)

Module 1 : La prévention des difficultés des entreprises

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 106/197


1.1: L’alerte
1.1.1 : Le devoir d’alerte du commissaire aux comptes
2
a)-Exercice du devoir d’alerte dans les sociétés anonymes
Droit des procédures collectives

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 107/197


DROIT DES PROCÉDURES COLLECTIVES (OHADA)

MODULE 1 : LA PRÉVENTION DES DIFFICULTÉS DES ENTREPRISES


1.1: L’alerte

1.2 : Le Règlement préventif

MODULE 2: LE TRAITEMENT DES DIFFICULTÉS DES ENTREPRISES : LE


REDRESSEMENT JUDICIAIRE ET LA LIQUIDATION DE BIENS

2.1: Les conditions d’ouverture du redressement judiciaire et de la liquidation des biens


2.1.1: Les conditions de fond
a)-La qualité de commerçant
b)- La cessation des paiements
2.1.2: L’organisation de la procédure
a)- La saisine de la juridiction compétente
b)- La proposition de concordat
c)- Le redressement judiciaire
d)- La liquidation des biens
e)- Les organes de contrôle et de suivi des procédures collectives
2.2 : Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation de biens
2.2.1: Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation de biens
sur le débiteur
2.2.2: Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation de biens
sur le créancier
2.2.3: Les sanctions du redressement judiciaire et de la liquidation de biens
a)- Les sanctions civiles
1- La faillite personnelle
2- La levée de la faillite personnelle : la réhabilitation
b)- Les sanctions pénales
1- La banqueroute
2- Les infractions assimilées à la banqueroute

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 108/197


MODULE 1 : LA PRÉVENTION DES DIFFICULTÉS DES ENTREPRISES

Les difficultés des entreprises peuvent survenir à des périodes différentes et dans des
circonstances diverses et variées. Pour certaines d’entre elles, un cas de force majeure
(incendie, inondation, guerre etc.) peut être à l’origine de leurs difficultés en dépit de la
compétence de leurs dirigeants ou d’un choix judicieux de politique commerciale. Pour
d’autres, c’est l’incompétence des dirigeants sociaux lié à leur incurie et à leur incapacité
à anticiper sur les éventuels problèmes financiers et organisationnels que la société
pourrait être amenée à rencontrer qui compromettent sérieusement le fonctionnement
normal de la société. Aussi, l’hétérogénéité des causes des difficultés que les entreprises
pourraient connaître explique-t-elle le fait qu’elles se manifestent sous de multiples
formes Il existe plusieurs causes à l’origine des difficultés des entreprises. Elles peuvent
être juridiques ou non juridiques, accidentelles ou non accidentelles, internes ou externes
à l’entreprise. Cette dernière catégorie de causes servira de critères de distinction à
retenir dans le cadre du présent cours.
Afin de prévenir les difficultés des entreprises, deux moyens essentiels sont offerts par la
loi : il s’agit de la procédure d’alerte et du règlement préventif

1.1 La procédure d’alerte

La procédure d’alerte constitue une innovation du droit OHADA par rapport aux
législations existantes dans les Etats-parties avant son entrée en vigueur. Elle a pour but
d’attirer l’attention sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation de
la société. Eu égard au rôle délicat qu’elle est appelée à jouer, consistant à prévenir les
dirigeants sociaux des écueils prévisibles et éventuels que la société pourrait rencontrer,
on a pu soutenir que la procédure d’alerte devrait rester confidentielle pour ne pas éveiller
l’attention des concurrents, ni alimenter inutilement des rumeurs susceptibles de ternir
l’image de la société.
La procédure d’alerte n’est pas règlementée dans l’Acte Uniforme portant Organisation
des Procédures Collectives d’Apurement du Passif (AUPCAP), mais plutôt dans l’Acte
Uniforme relatif au Droit des Sociétés Commerciales et du Groupement d’Intérêt
Economique (AUSCG) en ses articles 150 à 158. Un tel choix se justifie par la notion
même de procédures collectives qui illustre la situation d’une société dont la trésorerie est

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 109/197


sérieusement compromise à l’opposé de celle où l’intervention du commissaire au compte
(CAC) pourrait permettre le redressement de l’entreprise par une meilleure détermination
des priorités ou un respect scrupuleux des règles de procédures administratives,
financières et comptables. Etudier l’exercice du droit d’alerte du CAC dans l’AUPCAP
occulterait, de façon significative, le rôle préventif qu’il est appelé à jouer dans la nouvelle
conception qui est faite de sa mission. En revanche, dans le cadre général de la détection
des difficultés d’une entreprise, il est indiqué de passer au crible l’ensemble des situations
difficiles que connaît sa trésorerie y compris celles qui requièrent l’assistance du CAC.
Il ressort des dispositions des articles 150 à 158 de l’AUSCG consacrés à la procédure
d’alerte que seuls le CAC et les associés non gérants ou actionnaires sont autorisés à la
déclencher.
A cet égard, le droit OHADA présente des différences notables avec le droit français : le
droit OHADA indique qu’un seul fait de nature à compromettre la continuité de
l’exploitation suffit pour déclencher la procédure d’alerte, contrairement au droit français
dans lequel il est fait mention d’un ensemble de faits ; ensuite le droit OHADA limite le
déclenchement de la procédure d’alerte aux CAC et aux associés ou actionnaires tandis
que le droit français l’étend en plus des deux catégories visées, aux salariés par
l’intermédiaire du Comité d’entreprise et au tribunal dans le ressort duquel se trouve le
siège de la société.

1.1.1 Le devoir d’alerte du commissaire aux comptes

L’exercice de ce devoir diffère selon le type de société dans laquelle le CAC exerce sa
mission. Dans les sociétés anonymes, l’alerte se fait dans des conditions plus précises
que dans les autres formes de société.

a)- L’exercice du devoir d’alerte dans les sociétés anonymes


A l’occasion de l’exercice de sa mission, le CAC peut être amené à déceler des risques
de cessation d’exploitation ou de mise en redressement ou liquidation judiciaire. L’article
153 de l’AUSCG lui donne le pouvoir de demander des explications au Président du
Conseil d’Administration (PCA), au Président Directeur Général (PDG) ou à
l’Administrateur Général. Cette demande se fait par lettre au porteur contre récépissé ou
par lettre recommandée avec demande d’avis de réception.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 110/197


Le dirigeant social concerné est tenu de répondre par écrit dans le délai d’un mois en
motivant sa réponse par une analyse précise de la situation et, le cas échéant,
l’énumération des mesures qu’il envisage d’entreprendre pour remédier au fait constaté
par le CAC. En l’absence de réaction de la part du dirigeant social interpellé ou lorsque sa
réponse n’est pas satisfaisante, le CAC invite dans les quinze jours suivant la lettre du
dirigeant, le Conseil d’Administration (CA) ou l’Administrateur Général à se prononcer en
sa présence, sur les faits révélés. Un extrait du procès-verbal de délibération est adressé
au CAC dans le mois qui suit la délibération du Conseil.
Lorsque ces mesures se révèlent infructueuses, le CAC établit un rapport spécial
constatant que la continuité de l’exploitation est compromise et adresse ledit rapport à la
prochaine assemblée générale ou, en cas d’urgence, à une assemblée des actionnaires
qu’il convoque lui-même après avoir vainement requis sa convocation par le CA ou
l’Administrateur Général. A titre d’illustration de la notion de « continuité d’exploitation
compromise » non définie ni par l’AUSCG ni par d’autres textes juridiques, il faudra
retenir : l’évolution de l’entreprise et du marché, les contentieux en cours, une sous-
activité notable, les conflits sociaux graves et répétés, la perte de gros clients ou de
fournisseurs importants, la perte de licences, brevets, concessions de marque, accords
de distribution, départs de dirigeants ou de cadres essentiels, troubles politiques, etc.

b)- L’exercice du devoir d’alerte dans les autres formes de sociétés


Dans les sociétés autres que les SA, la procédure d’alerte est plus souple. Elle se fait par
lettre de demande d’explication adressée au gérant sur tout fait de nature à compromettre
la continuité d’exploitation que le CAC aura relevé lors de l’examen des documents qui lui
sont communiqués ou dont il a connaissance à l’occasion de sa mission. Le gérant doit,
dans les trente jours de la réception de la lettre du CAC, répondre aux questions
soulevées et donner le cas échéant, les mesures envisagées. A défaut de réponse ou
d’inefficacité des mesures proposées par le gérant, le CAC constate que la continuité de
l’exploitation demeure compromise et établit à cet égard un rapport spécial. Ce rapport
peut être transmis aux associés ou est présenté à la prochaine assemblée générale à la
demande du CAC. Dans ce cas, le gérant procède à cette communication dans les huit
jours qui suivent la réception de la demande (art. 152).

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 111/197


1.1.2 Le droit d’alerte des actionnaires

Eu égard au caractère particulier du droit d’alerte des actionnaires, il importe dans un


premier temps de procéder à son analyse avant d’aborder les conditions dans lesquelles
il s’exerce, étant bien entendu que la distinction initialement opérée entre l’exercice de ce
droit dans la SA et dans les autres formes de société ne présente à ce niveau aucun
intérêt majeur.

a)- La nature du droit d’alerte des associés non-gérants ou des actionnaires


Contrairement à l’obligation du droit d’alerte reconnu au CAC, le déclenchement de la
procédure d’alerte est une simple faculté reconnue aux associés et aux actionnaires des
sociétés. Il leur est loisible d’en faire usage ou de renoncer à son utilisation. L’emploi
dans l’article 157 de l’AUSCG consacré aux associés du verbe «peut» à l’opposé de
l’article 150 qui traite de l’alerte déclenchée par le CAC, illustre bien que dans l’hypothèse
des associés ou des actionnaires, la procédure d’alerte est facultative.
Sur ce plan et sur plusieurs autres points, la procédure d’alerte des actionnaires présente
des similarités avec l’expertise de gestion que régissent les articles 159 et 160 de
l’AUSCG. Il s’agit de la possibilité pour les associés non-gérants d’une société d’exercer
en justice une action en vue de commettre un expert judiciaire pour établir un rapport sur
une ou plusieurs opérations de gestion. En dépit de son caractère facultatif, la mise en
œuvre de l’expertise en gestion concourt à pallier la défaillance de l’entreprise. La saisine
de l’expert judiciaire peut être le fait d’un ou de plusieurs associés représentant au moins
20% du capital social, soit individuellement, soit en se groupant. Concrètement, une
demande est adressée au président de la juridiction compétente du siège social en vue
de la désignation d’un ou de plusieurs experts pour présenter un rapport sur une ou
plusieurs opérations de gestion. Lorsque la demande est favorablement accueillie par le
juge, il détermine l’étendue de la mission et les pouvoirs des experts. Les honoraires des
experts sont supportés par la société et le rapport sanctionnant l’expertise en gestion est
adressé aux associés demandeurs et aux organes de gestion, de direction ou
d’administration de la société en vertu de l’article 160 de l’AUSCG.

b)-Les conditions d’exercice du droit d’alerte des associés ou actionnaires d’une


société

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 112/197


Aux termes des articles 157 et 158 de l’AUSCG, tout associé non-gérant peut déclencher
la procédure d’alerte en posant deux fois par exercice, par écrit, des questions au gérant
sur tout fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation de la société dans
laquelle il a pris des parts sociales ou des actions. Le gérant devra répondre par écrit aux
questions posées dans les trente jours. Les articles 157 et 158 de l’AUSCG précisent que
dans le même délai, il adresse copie de la question et de sa réponse au CAC lorsque la
forme de la société en requiert l’assistance.
En tout état de cause, quelle que soit la personne qui la déclenche, la procédure d’alerte
a pour finalité d’éveiller l’attention des organes dirigeants de la société ainsi que des
associés non-gérants ou des actionnaires sur les dangers auxquels l’entreprise s’expose
si aucune solution n’est apportée à sa gestion ou si une restructuration de ses organes
n’intervient pas dans un délai relativement bref. C’est pourquoi en réponse à la procédure
d’alerte, il est fait recours aux remèdes ponctuels ou de circonstance dont le propre est
de procéder à des ajustements et à des réglages dans le mode d’administration et de
gestion de la société plutôt que de déclencher les procédures collectives qui révèlent les
limites objectives de la manière dont la société est gérée.
1.2 Le règlement préventif
Le règlement préventif est une procédure destinée à éviter la cessation des paiements ou
la cessation d’activité de l’entreprise et à permettre l’apurement du passif au moyen d’un
concordat préventif. Il n’est pas indispensable qu’une procédure d’alerte soit déclenchée
avant l’intervention d’un règlement préventif. Inversement toute procédure d’alerte ne
débouche pas nécessairement sur un règlement préventif. Schématiquement le
règlement préventif est déclenché par le débiteur qui est tenu de produire les pièces
exigées par l’AUPCAP. Il devra, au plus tard, dans les 30 jours, produire un projet de
concordat préventif. Un expert est désigné pour établir un rapport dans les deux mois au
cours desquels toute poursuite est suspendue. Après quoi, la juridiction compétente se
prononce sur l’homologation du concordat proposé.
L’importance d’une telle procédure mérite qu’une attention particulière lui soit accordée
dans le détail. A cet égard, deux phases essentielles doivent être distinguées : celle
antérieure au règlement préventif et celle qui consacre l’homologation du concordat.

1.2.1 La phase préparatoire au règlement préventif


Cette phase est marquée par :

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 113/197


l’introduction de la demande de règlement préventif, la proposition du concordat amiable
la décision de suspension des poursuites et la désignation de l’expert.

a)- La requête introductive du règlement préventif


L’initiative du règlement préventif appartient au débiteur. Il introduit auprès du Président
de la juridiction compétente une requête aux fins de solliciter un règlement préventif. Il lui
expose la situation économique et financière de la société, présente le plan de
redressement de l’entreprise et indique les créances pour lesquelles il demande la
suspension des poursuites individuelles. Afin d’éviter les abus, l’Acte Uniforme prévoit
qu’aucune requête en règlement préventif ne peut être présentée par le débiteur avant
l’expiration d’un délai de cinq ans suivant une précédente requête ayant abouti à une
décision de règlement préventif.
Simultanément à sa requête, le débiteur devra produire un ensemble de pièces
énumérées à l’article 6 de l’AUPAP. Il s’agit des pièces suivantes :
 un extrait d’immatriculation au RCCM qui permettra de vérifier la régularité de la
situation juridique et administrative du requérant ;
 les états financiers de synthèse comprenant notamment le bilan, le compte de
résultat, un tableau financier des ressources et des emplois ;
 un état de la trésorerie ;
 l’état chiffré des créances et des dettes avec indication du nom et du domicile des
créanciers et des débiteurs ;
 l’état détaillé, actif et passif, des sûretés personnelles et réelles données ou reçues
par l’entreprise et ses dirigeants ;
 l’inventaire des biens du débiteur avec indication des biens mobiliers soumis à
revendication par leurs propriétaires et de ceux affectés d’une clause de réserve
de propriété ;
 le nombre de travailleurs et le montant des salaires et des charges salariales ;
 le montant du chiffre d’affaires et des bénéfices imposés des trois dernières
années ;
 le nom et l’adresse des représentants du personnel ;
 la liste des membres solidairement responsables de la société avec indication de
leurs nom et domicile ainsi que les noms et adresse de ses dirigeants.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 114/197


Tous ces documents doivent être datés, signés et certifiés conformes et sincères par le
requérant. De plus, ils doivent être accompagnés d’une proposition concordataire.

b)-La proposition de concordat préventif


L’article 7 de l’AUPAP prescrit l’obligation pour le requérant d’accompagner la demande
de règlement préventif d’une proposition de concordat préventif. Pour le dépôt de cette
offre de concordat, un délai maximum de trente (30) jours lui est accordé sous peine
d’irrecevabilité de sa requête. Cette proposition devra préciser les mesures et conditions
envisagées pour le redressement de la société en difficulté en l’occurrence :
les modalités de continuation de l’entreprise telles que la demande de délais et de
remises, la cession partielle d’actifs avec indication précise des biens à céder ; la cession
ou la location-gérance d’une branche d’activités formant un fonds de commerce, la
cession ou la location-gérance de la totalité de l’entreprise sans que ces mesures soient
limitatives et exclusives les unes des autres ;
les personnes tenues d’exécuter le concordat et l’ensemble des engagements souscrits
par elles et nécessaires au redressement de l’entreprise ; les modalités du maintien et du
financement de l’entreprise, du règlement du passif, ainsi que, s’il y a lieu les garanties
fournies pour en assurer l’exécution ;
les licenciements pour motif économique qui doivent intervenir dans les conditions
prévues par les dispositions du droit du travail ;
le remplacement des dirigeants
Les mesures énumérées ci-dessus sont des préalables à une décision importante que le
juge sera amené à prendre : la suspension des poursuites individuelles
c)- La décision de suspension des poursuites individuelles
La suspension provisoire des poursuites résulte d’une décision judiciaire qui suspend les
poursuites individuelles tendant à obtenir le paiement des créances désignées par le
débiteur dans sa requête et qui doivent nécessairement trouver leur origine dans la
période antérieure à ladite décision. Le contenu de l’article 8 de l’AUPAP situe, avec
précision, la période dans laquelle intervient la suspension provisoire des
poursuites : « dès le dépôt de la proposition de concordat préventif, celle-ci est transmise,
sans délai, au Président de la juridiction compétente qui rend une décision de suspension
des poursuites individuelles et désigne un expert pour lui faire un rapport sur la situation
économique et financière de l’entreprise, les perspectives de redressement compte tenu

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 115/197


des délais et remises consentis ou susceptibles de l’être par les créanciers et toutes
autres mesures contenues dans les propositions de concordat préventif (…) ».
La suspension ainsi obtenue s’applique à tous les créanciers chirographaires et munis de
privilèges généraux ou de sûretés réelles telles que notamment un privilège mobilier
spécial, un gage, un nantissement ou une hypothèque. Elle ne concerne pas les actions
tendant à la reconnaissance des droits ou des créances contestées ni aux actions
cambiaires dirigées contre les signataires d’effets de commerce autres que le bénéficiaire
de la suspension. Pendant la suspension des poursuites, le débiteur ne doit faire aucun
acte de disposition étranger à l’exploitation normale de l’entreprise, ni payer en tout ou
partie, les créances nées antérieurement à la décision de suspension. De même, les
délais impartis aux créanciers, sous peine de forclusion, de déchéance, de prescription
ou de résolution de leurs droits sont suspendus. En revanche, l’article 10 de l’AUPAP
précise que sauf remise par les créanciers, les intérêts légaux ou conventionnels ainsi
que les intérêts moratoires et les majorations continuent à courir mais ne sont pas
exigibles.
d)- La désignation de l’expert
Afin d’apprécier la situation économique et financière de l’entreprise, le Président du
Tribunal désigne un expert dont la mission est perçue sur trois points essentiels:
il apprécie la situation du débiteur : à cet égard, il faudra retenir que le secret
professionnel ne saurait lui être opposable ; en effet, il peut obtenir communication par le
CAC, les comptables, les représentants du personnel, les administrateurs de sécurité et
de prévoyance sociales, les établissements bancaires ou financiers ainsi que les services
chargés de centraliser les risques bancaires et les incidents de paiement, des
renseignements de nature à lui donner une idée exacte de la situation économique et
financière du débiteur ;
il doit, conformément à l’article 11 de l’AUPAP, signaler à la juridiction compétente les
manquements aux interdictions qui frappent le débiteur ;
il entend le débiteur et les créanciers afin de prêter utilement son concours à la
conclusion d’un accord sur les modalités de redressement de l’entreprise et l’apurement
de son passif.
L’expert ainsi désigné devra remplir les conditions prévues aux articles 41 et 42 de
l’AUPAP relatifs à la nomination et à la révocation du syndic c’est-à-dire qu’il ne doit pas
être un parent ni un allié du débiteur jusqu’au quatrième degré.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 116/197


Dans les deux mois de sa saisine au plus tard sauf autorisation judiciaire motivée de
proroger ce délai d’un mois, l’expert rédige un rapport sur la situation économique et
financière de l’entreprise contenant le concordat préventif proposé par le débiteur ou
conclu entre lui et ses créanciers. Ce rapport est déposé au greffe de la juridiction
compétente en double exemplaire. Un exemplaire est transmis au ministère public par le
greffier en chef. Avec l’accomplissement de cette diligence s’achève la phase de
préparation du règlement préventif. La procédure de règlement préventif se poursuit par
l’homologation des propositions contenues dans le concordat préventif.

1.2.2 Le déroulement du règlement préventif

Dans les huit jours suivant le dépôt du rapport sur la situation économique et financière
de l’entreprise, le Président saisit la juridiction compétente et convoque le débiteur pour y
être entendu en audience non publique. L’expert ayant rédigé le rapport et les créanciers
concernés devront également participer à l’audience. A compter de sa saisine, la
juridiction compétente dispose d’un délai maximal de trente jours pour se prononcer.
Lors du prononcé de la décision de la juridiction compétente, deux situations peuvent se
présenter : la cessation des paiements ou l’acceptation des mesures proposées pour le
redressement de l’entreprise.
En cas de cessation des paiements, le Président prononce d’office et à tout moment le
redressement judiciaire ou la liquidation des biens.
Par contre, lorsque la situation du débiteur le permet, il rend une décision de règlement
préventif et homologue le concordat en constatant les délais et remises consentis par les
créanciers et en donnant acte au débiteur du plan de redressement qu’il a proposé.
L’homologation du concordat préventif suppose la réunion d’un certain nombre de
conditions :
Les conditions de validité du concordat sont remplies ;
Aucun motif tiré de l’intérêt collectif ou de l’ordre public ne paraît de nature à empêcher le
concordat ;
Le concordat offre des possibilités sérieuses de redressement de l’entreprise, de
règlement du passif et des garanties suffisantes d’exécution ;
Les délais consentis n’excèdent pas trois ans pour l’ensemble des créanciers et un an
pour les créanciers de salaires.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 117/197


Enfin, lorsque la juridiction compétente estime que la situation du débiteur ne relève
d’aucune procédure collective ou si elle rejette le concordat préventif proposé par le
débiteur, elle annule la suspension des poursuites, ce qui remet les parties dans la
situation antérieure. La décision de justice homologuant le concordat est publiée sous le
contrôle de l’expert dans les journaux d’annonces légales, au RCCM et au journal officiel
(conformément aux dispositions des articles 36 et 37 de l’AUPCAP) et met fin à sa
mission. Mais il est loisible à la juridiction compétente de désigner un syndic et des
contrôleurs pour surveiller l’exécution du concordat préventif dans les mêmes conditions
que celles prévues pour le concordat de redressement judiciaire. Elle pourra également
commettre un juge commissaire à qui le syndic devra rendre compte de l’évolution de
l’entreprise tous les trois mois.

1.2.3 Les effets du règlement préventif

Une fois homologué, le concordat préventif est obligatoire et s’impose à tous les
créanciers antérieurs dans les mêmes conditions de délais et remises qu’ils ont
consenties au débiteur. Il en est de même à l’égard des cautions qui ont acquitté des
dettes du débiteur nées antérieurement à la décision d’homologation. Les cautions et
coobligés du débiteur peuvent se prévaloir des délais et remises du concordat préventif.
La prescription demeure suspendue à l’égard des créanciers et le débiteur recouvre la
pleine liberté d’administration et de disposition de ses biens. Sur demande du débiteur ou
sur rapport du syndic, la juridiction compétente peut décider toute modification de nature
à abréger ou à favoriser l’exécution du concordat. L’article 22 de l’AUPCAP prévoit que la
décision de suspension des poursuites individuelles n’est susceptible d’aucune voie de
recours. Les décisions de la juridiction compétente sont exécutoires par provision. L’appel
est interjeté dans les 15 jours de la décision et la Cour d’appel doit statuer dans le mois
de sa saisine. Les décisions du Président visées à l’article 11 (autorisation du débiteur à
passer outre les interdictions) ne peuvent faire l’objet que d’une opposition devant la
juridiction dans le délai de huit jours à compter de la notification et la juridiction d’appel se
prononce dans le délai de huit jours de sa saisine.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 118/197


MODULE 2: LE TRAITEMENT DES DIFFICULTÉS DES ENTREPRISES : LE
REDRESSEMENT JUDICIAIRE ET LA LIQUIDATION DES BIENS

Le redressement judiciaire et la liquidation des biens constituent la phase définitive des


difficultés de l’entreprise et son entame suppose l’échec du processus de prévention.
Le règlement judiciaire est une procédure destinée à la sauvegarde de l’entreprise si sa
situation le permet et à l’apurement de son passif au moyen d’un concordat de
redressement. La liquidation des biens a pour objet la réalisation de l’actif du débiteur
dont la situation ne permet plus d’espérer un redressement pour apurer son passif.
L’OHADA a qualifié le règlement judiciaire et la liquidation des biens de procédures
collectives d’apurement du passif
En instituant les procédures collectives d’apurement du passif, l’OHADA a visé deux
objectifs essentiels:
 organiser la prévention des difficultés des entreprises et permettre un règlement
amiable de ces difficultés ;
 privilégier la sauvegarde des entreprises dont la viabilité n’est pas contestée et
maintenir l’emploi.
Le caractère subtil des procédures collectives d’apurement du passif a imposé leur
soumission à des conditions bien déterminées afin que les conséquences qu’elles sont
amenées à produire puissent converger vers la réalisation des objectifs visés.
Par ailleurs, lorsqu’une seule procédure est ouverte dans l’espace OHADA, il ressort des
articles 248 à 256 que l’autorité de la chose jugée est reconnue de plein droit sur le
territoire des Etats-parties aux décisions rendues dans le cadre des procédures
collectives dans l’un quelconque des Etats. En cas de pluralité de procédures, deux
situations sont envisageables : d’abord une seule procédure principale est ouverte dans
l’Etat-partie où l’entreprise a son principal établissement ; ensuite une procédure
secondaire peut être ouverte dans chaque Etat-partie.
2.1 Les conditions d’ouverture du redressement judiciaire et de la liquidation des
biens
Les conditions d’ouverture du règlement judiciaire et de la liquidation des biens peuvent
être classées en deux catégories selon qu’elles portent sur des considérations de fond ou
qu’elles concernent des questions de forme ou de procédure.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 119/197


2.1.1 Les conditions de fond

Parmi les conditions de fond de l’ancien droit français de la faillite, applicable dans les
Etats-parties de l’OHADA avant l’émergence de l’AUPCAP figuraient deux éléments
fondamentaux : la qualité de commerçant et la cessation des paiements. Si la première
condition est en train d’être abandonnée, la deuxième demeure nécessaire à l’ouverture
de la procédure de règlement judiciaire et de liquidation des biens.
a)- La qualité de commerçant : condition partiellement abandonnée
Les procédures collectives sont applicables à toute personne physique ou morale
commerçante, à toute personne morale de droit privé non commerçante, à toute
entreprise publique ayant la forme d’une personne morale. Tel est, en substance, le
contenu de l’article 2 de l’AUPCAP. A travers cet article, il faudra retenir que sont
assujetties aux procédures collectives les personnes physiques ayant la qualité de
commerçant et toutes les personnes morales quelle que soit leur forme et leur objet,
qu’elles aient un but lucratif ou non. Ainsi outre les commerçants et les sociétés
commerciales, sont également visés les sociétés civiles, les associations, les syndicats
ou les Comités d’entreprise dotés de la personnalité morale. Il y a lieu de remarquer qu’à
propos des entreprises publiques, l’OHADA n’a pas limité le champ d’application des
procédures collectives aux sociétés commerciales dans lesquelles un Etat ou une
personne morale de droit public est associé(e).

b)- La cessation des paiements


La cessation des paiements est définie par l’article 25 de l’AUPCAP comme la situation
d’un débiteur se trouvant dans l’impossibilité de « faire face à son passif exigible avec son
actif disponible ». Il s’agit d’un arrêt matériel des paiements. Mais le non-paiement d’une
seule dette ne suffit pas pour constater l’état de cessation des paiements du débiteur. Il
faut qu’il se trouve dans une situation irrémédiable. Ainsi, la seule lecture du passif du
bilan ne suffit pas pour affirmer que le débiteur est en état de cessation de paiement. Un
débiteur qui ne peut honorer une dette d’un montant de 10.000.000 FCFA, mais qui
possède, en contrepartie, une créance de 20.000.000 FCFA sur un client à l’échéance de
trois mois, ne sera pas, en principe, considéré comme étant en situation
irrémédiablement compromise à moins que durant cette période, il n’ait d’autres dettes
qui arriveront à terme et dont le montant total est nettement supérieur à 20.000.000

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 120/197


FCFA. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas se limiter à la constatation matérielle de
l’arrêt des paiements, mais rechercher si le débiteur se trouve dans un moment de gêne
accidentelle et momentanée, ou au contraire, s’il ne peut pas faire face seul à ses
difficultés. A cet égard, la cessation des paiements se distingue de l’insolvabilité qui est
caractérisée par la supériorité du « passif total par rapport à l’actif total ».
En définitive, l’appréciation de la cessation des paiements procède d’un examen
comptable consistant à comparer les dettes exigibles à court terme et les valeurs
disponibles et réalisables à court terme.
En matière de procédures collectives d’apurement du passif, la date de la cessation des
paiements revêt une importance particulière puisqu’elle permet de déterminer le point de
départ et la durée de la période suspecte. Lorsqu’elle n’est pas déterminée, la date de la
cessation des paiements est réputée avoir lieu à la date du jugement qui la constate.

2.1.2 L’organisation de la procédure


a) La saisine de la juridiction compétente
La condition sine qua non au déclenchement des procédures collectives est le prononcé
d’un jugement déclaratif par la juridiction compétente. Sa compétence doit s’apprécier sur
deux plans : sur le plan de l’attribution (l’article 3 retient à cet égard la juridiction
compétente en matière commerciale) et sur le plan de territorialité (la juridiction
territorialement compétente pour connaître des procédures collectives est, selon l’art 4,
celle dans le ressort de laquelle le débiteur a son principal établissement).
L’AUPCAP a retenu trois personnes habilitées à déclencher les procédures collectives
d’apurement du passif :
le débiteur qui fait sa déclaration (art 25) : dans ce cas, on parle du dépôt de bilan et cette
saisine doit être faite dans les trente jours de la cessation des paiements et déposée au
greffe de la juridiction compétente contre récépissé accompagnée des pièces énumérées
à l’article 26 de l’AUPCAP.
les créanciers impayés (art 28),
et la juridiction compétente qui se saisit d’office (art 29).
b) La proposition de concordat
Quel que soit le mode de saisine de la juridiction compétente, le débiteur doit faire une
proposition de concordat. Lorsque les procédures sont déclenchées après assignation ou
sur saisine directe, la proposition concordataire doit être faite dans les 30 jours de la

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 121/197


saisine de la juridiction compétente. Ce délai est ramené à 15 jours en cas de requête
introduite par le débiteur. Selon le degré de fiabilité et de sincérité du concordat, la
juridiction prononce le règlement judiciaire ou la liquidation des biens.

c) Le redressement judiciaire
Le redressement judiciaire permet de préserver l’entreprise comme une unité
économique et sociale. A ce titre, il ouvre droit au débiteur au bénéfice d’un concordat de
redressement dont l’objet n’est pas uniquement de se voir accorder des délais et des
remises, mais également de prendre toutes mesures juridiques, techniques et financières
susceptibles de réaliser le rétablissement des conditions de fonctionnement normal de
l’entreprise. Trois traits caractérisent le règlement judiciaire :
tous les créanciers (chirographaires et titulaires de garanties) sont astreints à la
suspension provisoire des poursuites jusqu’à l’homologation du concordat, l’absence de
déchéance du terme de leurs créances, l’arrêt du cours des intérêts et de l’inscription des
sûretés ;
si le concordat de redressement ne consiste plus en l’obtention des délais, la juridiction
compétente peut les accorder sans vote des créanciers ; dans les autres cas, le
concordat peut être voté et homologué en des termes inégaux selon les créanciers, c’est-
à-dire selon les termes diversement acceptés par eux ;
la résolution du concordat de redressement n’est pas automatiquement prononcée en cas
de défaut d’exécution et, lorsqu’elle intervient, elle n’entraîne pas automatiquement
l’ouverture d’une liquidation des biens.

d) La liquidation des biens


La liquidation des biens consacre l’aboutissement des difficultés de l’entreprise par
l’apurement du passif à l’issue des opérations de réalisation de l’actif mobilier et
immobilier. Elle est prononcée dans trois cas suivants :
lorsque le débiteur n’a pas proposé de concordat de redressement,
lorsqu’il a prévu un concordat de redressement non suivi d’homologation,
lorsque le concordat proposé est annulé ou résolu.
Le syndic seul est chargé de représenter le débiteur et les créanciers et de réaliser l’actif
mobilier et immobilier. Les opérations de cession globale d’actifs sont précisées pour
éviter les difficultés résultant du défaut d’indication ou de précision sur la valeur des

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 122/197


différents éléments cédés. La réalisation des immeubles peut se faire par vente forcée
sur saisie immobilière, vente sur adjudication, vente amiable ou par vente de gré à gré.
L’ordre dans lequel les créanciers doivent être payés, est défini avec précision par les
articles 166 et 167 de l’AUPCAP.
e) Les organes de contrôle et de suivi des procédures collectives
Qu’il s’agisse du règlement judiciaire ou de la liquidation des biens, le jugement rendu par
la juridiction compétente désigne les organes du contrôle et du suivi de la procédure. Il
s’agit du syndic, du juge commissaire et des contrôleurs.
Le syndic représente le débiteur et protège les intérêts collectifs des créanciers. Il informe
le Tribunal sur le déroulement de la procédure en rédigeant des rapports tant à ce dernier
qu’au Procureur de la République ;
Le juge commissaire représente l’autorité judiciaire. Il est chargé de faire une enquête en
cas de besoin, avant que le jugement soit rendu. D’une manière générale, il a pour
mission de surveiller le syndic.
Trois contrôleurs, choisis parmi les créanciers, peuvent être nommés pour assister le juge
commissaire dans sa mission de surveillance du déroulement de la procédure collective.
Ils peuvent saisir le juge de toutes contestations.

2.2. Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation des biens

Les procédures collectives d’apurement du passif entraînent des conséquences tant à


l’égard du débiteur que du créancier.

2.2.1 Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation des biens


sur le débiteur
Dans l’ancien droit français de la faillite applicable dans les Etats parties à l’OHADA, les
conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation judiciaire sur le débiteur
revêtaient une importance particulière. A cette époque, le principe de l’incarcération du
débiteur était admis et on ordonnait le dépôt de la personne du failli dans la maison
d’arrêt pour des dettes ou la garde de sa personne par un officier de justice ou par un
gendarme. Avec la suppression de l'incarcération, les conséquences du redressement
judiciaire et de la liquidation judiciaire sur le débiteur sont réduites aux effets produits sur
le patrimoine du débiteur. A cet égard, il est intéressant d’indiquer que le débiteur fait

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 123/197


l’objet de dessaisissement. Bien que dans le règlement judiciaire il demeure à la tête de
son patrimoine, il l’administre avec l’autorisation du syndic, représentant des créanciers.
En revanche, lorsqu’il s’agit de la liquidation des biens, le dessaisissement est total. Le
dessaisissement concerne les biens présents et à venir du débiteur. Mais, en dépit de
son étendue, le dessaisissement connaît des limites qui tiennent notamment à la nature
des biens à saisir (biens alimentaires par exemple), et à l’incidence des régimes
matrimoniaux (le régime de la communauté des meubles et acquêts ne permet pas de
saisir l’ensemble des biens du débiteur).

2.2.2 Les conséquences du redressement judiciaire et de la liquidation des biens


sur le créancier

Les procédures collectives produisent également des conséquences à l’égard des


créanciers.
En effet, ils se regroupent en masse pour la défense de leurs intérêts conformément à
l’art 72 de l’AUPCAP qui dispose en substance : « la décision d’ouverture constitue les
créanciers en une masse représentée par le syndic qui seul agit en son nom et dans
l’intérêt collectif et peut l’engager. La masse est constituée par tous les créanciers dont la
créance est antérieure à la décision d’ouverture, même si l'exigibilité de cette créance
était fixée à une date postérieure à cette décision à condition que cette créance ne soit
inopposable en vertu des articles 68 et 69 (…) ». De plus à plusieurs reprises, l’AUPCAP
fait mention de la notion de masse : Il en est ainsi des articles 67 à 71 qui visent les
inopposabilités à la masse, des articles 74 à 135 qui sont consacrés à l’hypothèque
légale de la masse, des articles 108, 117, 142, 166 et 167 qui portent sur les créances de
la masse ou contre la masse, des articles 72 et 75 qui mettent en relief la représentation
de la masse et des articles 77 et suivants consacrés à l’arrêt du cours des intérêts. La
masse a une personnalité morale lui donnant droit d’avoir un patrimoine propre et un
intérêt distinct de ceux qui la composent, de poursuivre quiconque (créancier faisant
partie de la masse ou un tiers) qui, de par ses agissements, a contribué à retarder la
cessation des paiements, à accroître le passif ou à diminuer l’actif.
Les créanciers sont classés en trois catégories :
Les créanciers dans la masse : ceux qui participent à la procédure et dont les créances
sont nées régulièrement avant le jugement d'ouverture,

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 124/197


Les créanciers hors de la masse : ceux qui ne participent pas à la procédure parce que
leur créance est née d’une activité irrégulière du débiteur, soit antérieurement soit
postérieurement au jugement d’ouverture,
Les créanciers contre la masse : ceux dont les créances sont nées postérieurement au
jugement, d’une activité régulière du débiteur ou sur l’initiative du syndic.

2.2.3. Les sanctions du redressement judiciaire et de la liquidation des biens

Les sanctions encourues lors des procédures collectives d’apurement du passif peuvent
être distinguées selon leurs caractères. D’un côté, il y a les sanctions civiles et de l’autre
les sanctions pénales.

a) Les sanctions civiles


1-La faillite personnelle et les sanctions patrimoniales
Sous la rubrique de la faillite personnelle, l’AUPCAP range l’ensemble des déchéances et
interdictions infligées aux dirigeants lorsqu’ils ont eu un comportement anormal ou
immoral pendant une durée de trois à dix ans. Il en est ainsi par exemple lorsque les
dirigeants ont :
soustrait de leur entreprise, détourné ou dissimulé une partie de son actif,ou reconnu
frauduleusement des dettes qui n’existaient pas ;
exercé une activité commerciale personnelle, soit par personne interposée, soit sous le
couvert d’une personne morale masquant leurs agissements ;
usé des biens sociaux;
obtenu par dol pour leur entreprise ou pour eux–mêmes un concordat par la suite annulé;
manqué de déclarer dans les quinze jours l’état de cessation des paiements,
mis l’entreprise en état de liquidation des biens;
manqué d’obtenir un concordat ou le concordat obtenu est résolu.
La faillite personnelle peut consister en une interdiction générale de faire du commerce,
de diriger, administrer ou contrôler une entreprise commerciale ainsi que des interdictions
politiques électives, administratives etc. La durée de ces interdictions, est déterminée par
le juge et ne peut être inférieure à trois ans ni supérieure à dix ans.
Au titre des sanctions patrimoniales, le dirigeant peut être rendu personnellement
débiteur des dettes de l’entreprise dans certains cas. Il s’agit des sanctions suivantes :

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l’action en comblement de passif, contre les dirigeants fautifs d’avoir provoqué une
insuffisance d’actif, sachant que l’exigence d’une faute établie a remplacé l’ancienne
présomption de faute ;
l’extension des procédures collectives ouvertes contre la personne morale à ses
dirigeants lorsqu’ils se sont comportés en véritables maîtres de l’affaire ;
l’ouverture d’une procédure collective contre ceux qui n’auraient pas acquitté le passif de
la personne morale mis à leur charge ;
l’interdiction de céder leurs droits sociaux, d’exercer leur droit de vote en assemblée et,
éventuellement, l’obligation de céder ces droits.
Enfin les dirigeants sociaux peuvent voir leur responsabilité engager suite au préjudice
causé à l’entreprise par leur mauvaise gestion.

2- La levée de la faillite personnelle : la réhabilitation

La réhabilitation consiste à demander à mettre fin à la faillite personnelle. La demande de


réhabilitation est adressée au Procureur de la République qui le transmet au Président de
la juridiction compétente. Le greffier en avertit les créanciers dont les créances sont
admises. En l’absence d’opposition de leur part, la réhabilitation est prononcée par la
juridiction compétente.

2.2.4. Les sanctions pénales


L’AUPAP opère une distinction entre la banqueroute et les infractions assimilées aux
banqueroutes. L’article 226 de l’AUPCAP prévoit que les personnes coupables de
banqueroute et de délits assimilés à la banqueroute sont passibles des peines prévues
pour ces infractions par les dispositions du droit pénal en vigueur dans chaque Etat-
partie.

a) La banqueroute
La banqueroute s’applique aux commerçants personnes physiques, aux associés des
sociétés commerciales ayant la qualité de commerçants et répondant solidairement et
indéfiniment aux dettes sociales.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 126/197


On distingue la banqueroute simple (moins grave et entrant dans le champ d’application
de l’article 228) de la banqueroute frauduleuse (plus grave et supposant une intention
malicieuse à l’origine des faits répréhensibles : art 229).

b) Les infractions assimilées à la banqueroute


Les infractions assimilées sont déterminées en fonction de leurs auteurs qui sont
constituées des personnes ayant directement ou par personne interposée, administré,
géré, liquidé la société sous le couvert ou au lieu et place de ses représentants légaux.
Ces infractions de banqueroute simple sont et selon l’article 231 relatives :

- - A la consommation des sommes appartenant à la personne morale en faisant des


opérations de pur hasard ou des opérations fictives

- - pour avoir retardé la constatation de la cessation des paiements de la société

- - après cessation des paiements de la société avoir payé ou fait payer un créancier au
préjudice de la masse etc….
Sont punis des peines de la banqueroute frauduleuse les dirigeants qui ont soustrait les
livres de la société, détourné ou dissimulé une partie de son actif etc. (art 233
AURPCAP). couvert ou aux li et place de ses représentants légaux le couvert ou aux lieu
et place de ses représentants légaux.

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3
Droit du Crédit

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MODULE 1: RÉGLEMENTATION ET MÉCANISMES DU CRÉDIT
1.1 Réglementation du crédit
1.2 Mécanisme du crédit

MODULE 2: INSTRUMENTS DE PAIEMENT ET DE CRÉDIT


2.1 Le chèque, instrument de paiement
2.2 Les instruments de crédit

MODULE 3: GARANTIES DU CRÉDIT


3.1: Une sûreté personnelle : le cautionnement
3.2 : Les sûretés réelles
3.2.1: Les sûretés réelles mobilières
3.2.2 : Les sûretés réelles immobilières : les hypothèques
3.3 – L'ordre de distribution des sûretés

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MODULE 1: RÉGLEMENTATION ET MÉCANISMES DU CRÉDIT

1.1 Réglementation du crédit


Le texte de base de la réglementation du crédit dans la zone UEMOA est la Loi uniforme
Portant réglementation bancaire dans les Etats membres de l’UEMOA, modèle 1994.
Cette loi s’applique aux banques et établissements financiers exerçant leurs activités sur
le territoire de chaque Etat membre, à savoir: Bénin ; Burkina Faso; Côte d’Ivoire ; Guinée
Bissau ; Mali ; Niger ; Sénégal ; Togo.
Elle définit, en ses articles 3 et 4, les notions de banques et d'établissements financiers.
Aux termes de l'article 3 de la loi, les banques sont les entreprises qui font leur profession
habituelle de :
- recevoir des fonds utilisables au moyen de chèques ou de virements ;
- recevoir des fonds qu’elles emploient pour leur propre compte ou pour le compte
d’autrui en opération de crédit ou de placement.
Quant à l'article 4, il dispose que les établissements financiers sont des personnes
physiques ou morales autres que les banques qui font profession habituelle d’effectuer
pour leur propre compte des opérations de crédit, de vente à crédit ou de change, de
recevoir habituellement des fonds qu’elles emploient pour leur propre compte en
opérations de placements, de servir habituellement d’intermédiaires en qualité
notamment de commissionnaires ou de courtiers dans tout ou partie de ces opérations.
La loi exclut expressément les entreprises d’assurances, les organismes de retraite, les
notaires et les Agents de change. En outre, elle spécifie les conditions d'exercice de la
profession bancaire, qui peuvent être regroupées en trois selon qu'elles s'appliquent à la
banque, à l’établissement financier ou aux dirigeants et aux employés.

1.1.1Conditions relatives à la banque ou à l’établissement financier : l’agrément


La demande d’agrément doit être adressée au Ministre des finances. Elle est déposée
auprès de la Banque Centrale. La Banque Centrale instruit la demande ; elle procède à
certaines vérifications.
L’agrément est prononcé par arrêté du Ministre des Finances après avis conforme de la
Commission Bancaire de l’UEMOA, dans un délai de 6 mois, à compter de la réception
de la demande d’agrément par la Banque Centrale. Si l’agrément n’est pas prononcé

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dans ce délai, il est réputé avoir été refusé, sauf avis contraire donné au demandeur.
L’agrément a pour effet l’inscription de l’entreprise requérante sur la liste des banques ou
sur la liste des établissements financiers. Chaque banque ou établissement financier a un
numéro d’inscription, qu’il est tenu de faire figurer sur ses documents de la même
manière qu’on fait figurer le numéro d’immatriculation au Registre du Commerce et du
Crédit mobilier. Le retrait de l’agrément est prononcé par le Ministre des Finances
(parallélisme des formes) après avis de la Commission Bancaire.

1.1.2 Conditions spécifiques aux établissements financiers

Les établissements financiers sont classés en diverses catégories compte tenu de leurs
activités. Ce classement se fait par voie de décret. Une autorisation préalable est
nécessaire pour exercer les activités d’une autre catégorie. Le retrait de cette autorisation
se fait comme en matière de retrait d’agrément.

1.1.3 Conditions relatives aux organes dirigeants et aux employés

· Pour pouvoir diriger, administrer ou gérer une banque, un établissement financier ou


leurs agences, il faut avoir la nationalité d’un pays membre de l’UEMOA (sauf convention
d’établissement conférant l’assimilation aux ressortissants des pays membres) et n’avoir
encouru aucune condamnation pour certains crimes ou délits, notamment crimes de droit
commun, faux ou usage de faux, vol, escroquerie, abus de confiance, banqueroute,
détournements de deniers publics, émissions de chèques sans provision, recel de choses
obtenues à l’aide de ces infractions, toute autre infraction assimilée par la loi à l’une des
infractions énumérées dans la loi uniforme. Les banques et établissements financiers
doivent déposer et tenir à jour auprès de la Commission Bancaire et du greffier en charge
du registre du commerce et du crédit mobilier, la liste des organes dirigeants (exerçant
les fonctions de direction, d’administration ou de gérance).
· Pour pouvoir être employé par une banque ou un établissement financier, il faut remplir
la condition relative aux condamnations c'est-à-dire n'avoir pas encouru l’une des
condamnations pour faits énumérés en ce qui concerne les organes dirigeants.
En sus des points énumérés ci-dessus, les banques et établissements financiers sont
assujettis aux sept conditions complémentaires suivantes:

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1- Les banques et établissements financiers doivent en principe être constitués sous
forme de sociétés;
2- Autorisations préalables et notifications de certaines activités opérations à la
Commission bancaire et au Ministère chargé des finances (modification de la forme
juridique, de la dénomination ou raison sociale, ou du nom commercial, transfert du siège
social à l’étranger, fusion ou scission, mise en gérance ou cessation de l’ensemble des
activités de la banque ou de l’établissement financier: Art. 29 et 30 de la LB);
3- Constitution du capital et d’une réserve spéciale (Art. 23 à 28);
4- Tenue de la comptabilité selon le plan comptable bancaire (PCB);
5- Obligation d’adhésion à l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements
Financiers (APBEF) dans un délai d’un mois à compter de leur inscription sur la liste des
banques ou la liste des établissements financiers;
6- Respect du secret professionnel: interdit à toutes ces personnes d’utiliser les
informations confidentielles obtenues dans le cadre de leurs activités pour réaliser
directement ou indirectement des opérations pour leur propre compte ou en faire
bénéficier d’autres personnes;
7- Obligations de se conformer aux décisions des instances de l’UEMOA : Conseil des
Ministres de l’UEMOA ; Banque Centrale ; Commission Bancaire (Art. 44 et 45 de la LB).

1.1.4 Contrôle des banques et établissements financiers et sanction du non - respect de


la réglementation
La réglementation bancaire prévoit des contrôles et des sanctions mais elle sert
également à prévenir les difficultés des banques et établissements financiers. Les
organes de contrôle sont : la Commission Bancaire et la Banque Centrale. Trois
catégories de sanctions sont prévues : sanctions disciplinaires (prononcées par la
Commission Bancaire exécutoires de plein droit sur le territoire de l’Etat concerné),
sanctions pénales (49 à 52 de la Loi bancaire) et autres sanctions soit pour non-respect
de l’obligation d’information soit pour infraction aux obligations communautaires

1.1.5 Prévention des difficultés des banques et établissements financiers (Art. 61 à 64 de


la LB)
Lorsque la gestion de la banque ou de l’établissement financier met en péril les fonds
reçus en dépôt ou rend impossible le recouvrement des créances de la Banque Centrale,

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le Ministre des Finances peut nommer un administrateur provisoire pour assurer la
direction, l’administration ou la gérance de la banque ou de l’établissement financier. Le
Ministre prend la décision sur proposition de la Commission Bancaire, ou après avis de
ladite commission. Suivant le cas, (cas graves, voir LB notamment), le Ministre peut, sur
proposition de la Commission Bancaire, nommer un liquidateur à la banque ou à
l’établissement financier. Le Président de la Commission bancaire peut inviter les
associés ou actionnaires de la Banque ou de l’établissement financier en difficulté à
apporter leur concours pour le redressement de l’entreprise. Il peut également inviter
l’ensemble des adhérents de l’Association Professionnelle des Banques et
Etablissements Financiers à examiner les conditions dans lesquelles ils pourraient aider
au redressement de la banque ou de l’établissement financier.
1.2 Les mécanismes du crédit
1.2.1 Le compte courant
Le compte courant est défini comme une convention dans laquelle les parties décident
que leurs créances et leurs dettes réciproques donneront simplement lieu à une
inscription au débit ou au crédit du compte. Ces créances et ces dettes sont appelées à
se compenser à un solde unique à une date déterminée. L’idée à la base du compte
courant est la simplification des rapports commerciaux. C'est pourquoi il est important
d'avoir à l'esprit la notion de novation (qui veut dire remplacement, substitution) pour bien
comprendre la notion de compte courant.

a) Mécanisme du compte courant


Pour qu'il y ait compte courant, il faut deux individus, plusieurs créances et un solde
unique. Entre ces deux individus, existe un ensemble de créances et de dettes: effets de
commerce (lettre de change par exemple), factures approuvées, créances et dettes
basées sur une ouverture de crédit, un ordre de virement. Au lieu de traiter ces créances
et dettes individuellement, les deux individus en relation courante d’affaires décident de
les fondre en un solde unique à l’intérieur d’un compte appelé compte courant. On parle
dans ce cas de compte courant bancaire.

b) Fonctionnement du compte courant


Le compte courant fonctionne comme un mécanisme de règlement (dès qu’une créance
entre en compte, elle est considérée comme réglée par incorporation au solde unitaire) et

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de garantie (le solde du compte courant sert de garantie pour les deux parties, que ce soit
le solde disponible ou le solde différé).

c) Clôture du compte courant


La clôture compte courant peut être volontaire, elle peut être indépendante de la volonté
des parties. Mais quelle qu'en soit la cause, la clôture du compte courant produit un
certain nombre d'effets.
C'est ainsi que les créances du solde différé doivent entrer en compte avec pour effet la
Compensation avec le solde disponible. Par ailleurs, il n’y a plus d’effet novatoire, et
toutes les créances (une fois la compensation opérée avec le solde) retrouvent leur
individualité ainsi que les sûretés dont elles étaient pourvues. Enfin, le solde à recouvrer
tiendra compte de la couverture offerte par les garanties souscrites par les parties à cette
fin.

1.2.2 Le virement
Le virement est l’opération par laquelle un transfert de fonds ou de valeurs est effectué
par un jeu d’écritures : écriture au débit d’un compte et écriture corrélative au crédit d’un
autre compte. Il n’y a pas de déplacement matériel de fonds. Le virement peut se faire par
les banques (virement bancaire) ou par la poste (virement postal).

a)-Déroulement de l’opération de virement


L’ordre de virement peut être ponctuel, comme il peut être permanent. Quelle qu’en soit la
durée, le virement s’analyse en un mandat dans lequel le mandant s’appelle donneur
d’ordre et le mandataire la banque. C’est donc un contrat soumis à des règles de fond et
de forme qui, outre celles connues en matière de contrat (capacité, consentement, objet
et cause), sont les suivantes: existence de deux comptes, dont l’un est à débiter, et l’autre
à créditer ; existence d’une provision etc. L’ordre de virement peut être donné par
n’importe quel moyen (lettre, fax. procédé électronique, téléphone).
D'ailleurs à ce sujet l'article 19 Règlement UEMOA du 19 Septembre 2002 précise que
l’écrit sous forme électronique a la même force probante que l’écrit sur support papier.
L’ordre de virement est révocable au gré du donneur d’ordre.

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b)-Date de réalisation de l’opération de virement
Il y a lieu de retenir que le débit du compte du donneur d’ordre ne suffit pas. C’est au
moment de l’inscription au crédit du bénéficiaire que le virement est réalisé. A cet égard,
l'article 14 du Règlement distingue trois périodes: le temps de préparation de l’opération
avant remise en compensation (48 heures) ; le délai de règlement de l’opération au
compte de la banque bénéficiaire imposé par le système de compensation; et le «délai de
float» situé entre le jour où la banque a reçu les fonds sur son compte à la Banque
Centrale (résultat de la compensation) et le jour où ils sont crédités au compte du client
bénéficiaire, fixé à un maximum de 72 heures. L’inscription au crédit entraîne une
disponibilité immédiate des fonds pour le bénéficiaire. Cette date d’entrée en compte
n’est pas à confondre avec la date de valeur.

c)-Conséquences des procédures collectives sur le virement


En cas de procédures collective du donneur d’ordre, les virements en cours d’exécution à
l’ouverture de la procédure sont inscrits au débit du compte avant la décision d’ouverture,
ceux ordonnés après l’ouverture de la procédure collective doivent faire l'objet de
vérification quant à leur initiateur (débiteur assisté en cas de RJ ou syndic seul si LB). Les
virements effectués pendant la période suspecte obéissent à un régime de surveillance
particulier et sont en principe annulés en cas de préjudice causé à l'entreprise (Article 52
AUSCG). En cas de procédure collective du bénéficiaire, deux cas sont à distinguer: s'il
s'agit de redressement judiciaire, le virement est valable, puisqu’il y a continuation de
l’entreprise, mais en cas de liquidation des biens par contre, les comptes étant bloqués,
ils ne peuvent recevoir aucun virement.

1.2.3 La mobilisation des créances commerciales


Il s'agit des techniques de mobilisation des créances commerciales qui, du fait de leur
utilisation fréquente de nos jours, ont pris de formes diverses et variées. Ce sont
l’escompte ; le crédit de mobilisation des créances commerciales (CMCC) ;la cession de
créances professionnelles par simple remise de bordereau et l’affacturage ou factoring
a)- L'escompte
L’escompte est une technique qui rend immédiatement disponible la valeur des créances,
déduction faite des agios de la banque. Dans l'opération d'escompte, la banque anticipe

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les règlements de son client débiteur par rapport aux créanciers en attente des
paiements, ces paiements n’intervenant qu’au terme des délais consentis. L’escompte est
une facilité accordée par la banque à son client. Pour les entreprises l’opération assure
un crédit d’escompte dit «self liquidating», dont l’octroi est consenti plus facilement et à
un taux moindre par les banques. C’est le moyen de financement idéal pour nos
PME.
b)- Le crédit de mobilisation des créances commerciales (CMCC)
Le CMCC est une technique tendant à mobiliser les créances à court terme de
l’entreprise. Il s’agit de créances dûment facturées. Au lieu de céder plusieurs titres à sa
banque, le client, au moyen du CMCC, les regroupe en un seul appelé « billet ». Le billet
est donc émis à l’ordre de la banque. La banque et le client signent une convention cadre
qui fixe les modalités du crédit. Le montant du billet est porté au crédit du compte du
client contre remise du document. Les créances regroupées se ressemblent dans la
durée : créances nées au cours d’une période de 10 Jours et venant à l’échéance à des
dates précises ne dépassant pas 10 Jours.
Dans le CMCC, la banque n’escompte pas les titres individuellement. Ce n’est pas la
même technique.
Dans l’escompte, il y a remise de titres et paiement d’agios. Dans le CMCC les titres sont
regroupés en un billet avant remise, et les conditions sont fixées entre la banque et le
client dans une convention-cadre. Ce n’est pas un système d’agios.

c)- La cession de créances professionnelles par simple remise de bordereau


Remise par le client à une banque, d’un bordereau représentatif des créances
professionnelles du client avec toutes les garanties attachées aux créances. Le client
reçoit en contrepartie la valeur des créances cédées, déduction faite de la rémunération
bancaire. Le mécanisme utilise les techniques modernes; ainsi les créances peuvent être
identifiées par un renvoi à un document informatisé.
C’est une technique de crédit qui ne nécessite aucune formalité légale supplémentaire.
Toutefois, dans la pratique, la «cession des créances professionnelles» est précédée
d’une convention – cadre entre la banque et son client. Cette convention – cadre fixant
les modalités et conditions telles que la nature des créances à céder, le volume du
financement, les modalités de recouvrement des créances. En droit français, l’idée de la
«cession Dailly» est de favoriser la naissance d’un crédit global d’exploitation.

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d)- Le factoring ou affacturage
Il s'agit d'une technique de financement qui met en présence trois personnes : un
fournisseur qui est un commerçant vendeur ou prestataire de services appelé adhérent, le
factor (affactureur) qui est un établissement financier et les acheteurs qui sont les clients
du fournisseur. Le factoring fonctionne de la façon suivante : Le factor s'engage à régler à
l'adhérent certaines créances répondant à des factures approuvées que ce dernier a sur
ses acheteurs. Cette opération se réalise moyennant transfert des créances et le
versement des commissions du factor. Ainsi le factor réalise une opération de crédit et se
définit comme un transfert de créance commerciale de son titulaire (l'adhérent) à un factor
qui se charge d'en opérer le recouvrement et qui en garanti la bonne fin même en cas de
défaillance momentanée ou permanente du débiteur moyennant la retenue de certains
frais d'intervention.
1.3 Crédits à moyen et long terme
Ces genres de crédits servent à financer les investissements. Ce sont les opérations de
longue durée : ce qui impose que les prêts soient toujours garantis par des sûretés. Ces
opérations peuvent être réalisées par plusieurs techniques. Mais deux types sont
fréquemment utilisés : le crédit-bail mobilier et le crédit-bail immobilier.
1.3.1 Le crédit-bail mobilier
Comme toute opération de crédit-bail, il constitue une opération financière à trois
personnes : l'utilisateur de matériel, la société de crédit-bail et le fournisseur du matériel.
L'objet du contrat doit être un bien meuble. L'opération se déroule de la façon suivante :
soit un industriel désireux de renouveler son outillage mais pour certaines raisons il ne
veut pas acheter ni emprunter des fonds nécessaires à l'achat. Il va s'adresser à une
société de crédit-bail à laquelle il demandera de lui acheter cet outillage et de le lui louer
pour un temps déterminé. A l'expiration du bail l'industriel a le droit entre plusieurs
solutions : restituer le matériel, reconduire le bail ou acheter le matériel pour sa valeur
comptable.
1.3.2 Le crédit-bail immobilier
Le crédit-bail immobilier est pratiqué pour l'essentiel à propos d'immeuble à usage
commercial ou industriel. Il repose sur les mêmes structures juridiques que le crédit-bail
mobilier. Mais il peut faire l'objet d'aménagements conventionnels ou légaux. Ainsi il peut
arriver que l'investissement immobilier réalisé soit partagé entre la société de crédit-bail et

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son client. De même le crédit-bail immobilier, lorsqu'il porte sur un immeuble à usage
commercial ou industriel entraîne l'application des règles particulières aux baux
commerciaux.

1.3.3 Les crédits à l'exportation


Afin de développer l'exportation les banques ont mis en place deux formes de crédits en
plus de ceux auxquels les clients ont habituellement droit : il s'agit du crédit fournisseur et
du crédit acheteur.

a)- Le crédit fournisseur


Dans ce type de crédit la banque de l'exportation prête à l'exportateur lui-même pour lui
permettre d'accorder des délais de paiement à son client étranger. L'entreprise
exportatrice mobilise auprès de sa banque des créances de l'étranger c'est-à-dire que la
banque lui verse dès le début des travaux une somme correspondant au montant total de
la facture diminuée, le cas échéant des sommes versées au titre de préfinancement. Le
remboursement de ces sommes s'effectue au fur et à mesure du versement de l'acheteur
étranger soit par billet à ordre soit par lettre de change.

b)-Le crédit acheteur


Ici la banque consent purement et simplement un crédit à l'acheteur étranger qui paie
L’exportateur au comptant. Le prêt est représenté par des billets souscrits à l'emprunteur
à l'ordre du banquier de l'exportateur qui accorde le crédit. Ce banquier remet le billet à la
banque centrale ou à la Banque de France qui permet par se signature la mobilisation de
la créance à moyen terme.

1.3.4 Le crédit documentaire


Il s'agit du crédit qui sert à financer les importations. Le crédit documentaire est défini
comme un crédit gagé par des marchandises en cours de transport. Il s'agit d'un contrat
bancaire indépendant du contrat de vente dont il assure pourtant la réalisation.
L'importateur dénommé donneur d'ordre passe avec son banquier créditeur ou émetteur
un contrat qui fixe le montant, la nature et la durée du crédit :
Le marché pour lequel le crédit est ouvert, les documents à présenter au banquier pour
acceptation au paiement et la rémunération du banquier. En exécution de ce contrat le

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banquier fait parvenir une lettre commerciale de crédit appelée accréditif au vendeur
étranger bénéficiaire. En contrepartie des documents le banquier émetteur accepte ou
paie la lettre de change émise sur lui par le bénéficiaire. Le banquier, après vérification
des pièces, procède à l'exécution des obligations mises à sa charge par l'accréditif.

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Module 2: Instruments de paiement et de crédit

Le référentiel légal des instruments de paiement et de crédit est le Règlement


N°15/2002/CM/UEMOA relatif aux systèmes de paiement dans les Etats membres de
l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). Ce Règlement abroge et
remplace les dispositions de la loi uniforme relative aux instruments de paiement, à
l’exception de certaines dispositions pénales. (Art.244 du Règlement).
Les instruments de paiement et de crédit peuvent être regroupés en deux catégories
selon qu'ils servent uniquement d' «instrument de paiement» (le chèque) ou à la fois d'
«instrument de paiement et de crédit» (carte bancaire et les autres instruments et
procédés électroniques de paiement, les effets de commerce, lettre de change et billet à
ordre).

2.1 Le chèque, instrument de paiement (Art. 48 et s. Règlement)


Le chèque est un instrument de paiement à vue. Les formes du chèque sont soumises
aux normes définies par la Banque Centrale ou, le cas échéant, par arrêté Ministériel. Il
doit porter les mentions suivantes: la dénomination du chèque, insérée dans le texte
même du titre, le mandat pur et simple de payer une somme déterminée, le nom du tiré
(personne qui doit payer), le lieu où le paiement doit s’effectuer, la date et le lieu de la
création (émission du chèque), la signature manuscrite du tireur (celui qui émet le
chèque). En revanche, il ne doit comporter ni acceptation (car elle est payable à vue), ni
stipulation d’intérêts. Le chèque met en jeu trois protagonistes: le tireur (celui qui émet le
chèque), le tiré (la banque) et le bénéficiaire (une personne dénommée). Un chèque sans
indication du bénéficiaire est un chèque au porteur

2.1.1 Transmission du chèque


Le mode normal de transmission du chèque est l’endossement. Mais il se peut que le
chèque ait été émis avec la clause «non à ordre». Il peut y avoir deux cas de figure.
a)- Chèque stipulé payable au profit d’une personne dénommée avec la clause «non à
ordre» ou une clause équivalente.
La transmission d’un tel chèque se fait dans les formes d’une cession ordinaire et produit
les effets d’une cession ordinaire: les effets liés à la responsabilité des différents

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signataires, les recours liés au chèque ne sont pas possibles, puisqu’il n’y a pas d’endos.
Le principe de l’inopposabilité des exceptions ne s’applique pas.

b)-Chèque stipulé payable au profit d’une personne déterminée, avec la clause «à ordre»
ou sans aucune clause.
Le mode normal de transmission d’un tel chèque est l’endossement ou endos c'est-à-dire
l'apposition de sa signature sur un chèque en vue de sa transmission. L’endossement a
pour effet de transmettre tous les droits résultant du chèque, surtout la propriété de la
provision. Peut bénéficier de ces effets un porteur légitime, c’est-à-dire celui qui peut
justifier de son droit par une suite ininterrompue d’endossements. Tout endosseur est
garant du paiement du chèque et il y a inopposabilité des exceptions fondées sur des
rapports personnels avec le tireur ou des porteurs antérieurs, sauf si le porteur, ou
acquérant le chèque, a agi sciemment au détriment du débiteur.

2.1.2 Les garanties du chèque


Le paiement du chèque peut être garanti de plusieurs manières : aval ; visa du chèque ;
certification du chèque
a)-L’aval
L’aval est une garantie du paiement de tout ou partie du montant du chèque. L’avaliseur
peut être un tiers ou n’importe quel signataire du chèque. Toutefois le tiré ne peut pas
être avaliseur. L’aval s’exprime par les termes «bon pour aval» ou toute autre expression
équivalente. L’aval est donné sur le chèque ou sur une allonge, ou par acte séparé (l’aval
pour acte séparé, comportant la date et le lieu où il est intervenu.)
L’aval doit indiquer le bénéficiaire, à défaut il est réputé avoir été donné pour le tireur. A
travers l’aval, l’avaliseur est obligé de la même manière que le signataire dont il s’est
porté garant. Et il est lié par son engagement, même si l’obligation garantie est nulle.
Toutefois, le vice de forme entachant l’obligation garantie délie l’avaliseur.

b)-Le visa du chèque


Le visa garantit l’existence de la provision au moment précis où il est apposé. Tant que la
provision existe, la banque est tenue de viser le chèque présenté au visa. Mais le visa a
un caractère aléatoire, car il n’oblige pas la banque à bloquer la provision.

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c)-La certification du chèque
La certification est la meilleure garantie. Elle est faite sur accord écrit du tireur. Elle se
réalise par apposition sur le chèque, par le tiré, d’une formule comportant la signature du
tiré, le montant du chèque et d’autres mentions relatives à la garantie du paiement. Avec
la certification, la provision est bloquée sous la responsabilité du banquier jusqu’à
l’expiration du délai légal de présentation.

2.1.3 Le paiement du chèque


Le chèque doit être présenté dans les délais légaux. Le Règlement a prévu des délais
suivants pour le paiement des chèques émis dans les conditions suivantes:
· Chèque émis et payable dans le même Etat membre de l’UEMOA : 8 ou 20 jours selon
le cas (paiement au lieu d’émission ou hors du lieu d’émission)
· Chèque émis dans un Etat membre et payable dans un autre Etat membre = 45 Jours
· Chèque émis hors UEMOA et payable dans un Etat membre du l’UEMOA = 70 Jours
Le délai a pour point de départ la date d’émission.
La non présentation n’a pas pour effet d’annuler le chèque. Lorsque la provision existe, la
banque doit payer, même après l’expiration du délai de présentation.
Un chèque barré ne peut être payé qu’à une banque. On distingue deux types de
barrement: le barrement général ( le chèque ne peut être payé qu’à un banquier) et le
barrement spécial ( le nom d’un banquier est inscrit entre les deux barres).
Si la provision est inférieure au montant du chèque, le porteur a droit au paiement jusqu’à
concurrence de la provision. Il a le droit d’exiger ce paiement partiel, et de faire protester
le chèque pour la différence.
Le chèque peut faire l'objet d'opposition de la part du tireur en cas de perte ,vol,
d'utilisation frauduleuse et d'ouverture d'une procédure collective contre le porteur.
L’opposition se fait aussitôt et doit être sans délai confirmé par écrit (Art. 84, et suivants
du Règlement).

2.1.4 La prescription de l'action en matière de chèque


Les articles 109 et 110 du Règlement ont organisé la prescription de l'action en matière
de chèque comme suit:
Action du porteur du chèque contre le tiré : trois (3) ans, à partir de l’expiration du délai de
présentation;

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Action du porteur contre le tiré et les endosseurs : six (6) mois à l’expiration du délai de
présentation;
Action des divers obligés les uns contre les autres: six (6) mois à partir du jour où l’obligé
a remboursé le chèque ou du jour où il a été lui-même actionné).

2.1.5 Les incidents de paiement


Les difficultés de paiement ou le non-paiement constituent des incidents de paiement qui
peuvent entraîner des recours, des certificats de non-paiement et des sanctions. Les
incidents sont centralisés et diffusés par la Banque Centrale à laquelle les banques sont
tenues de déclarer les incidents de paiement tels que: le refus de paiement de chèque
sans provision, les régularisations, les ouvertures et clôtures des comptes sur lesquels
des formules de chèques ont été délivrées, les oppositions reçues pour perte ou vol de
chèque. Le Ministère Public (parquet) est également tenu d’un devoir d’information vis-à-
vis de la BCEAO. Il doit communiquer à la Banque Centrale les interdictions prononcées
par le Tribunal ainsi que les levées d’interdictions Le non paiement est constaté dans un
acte appelé (protêt) Le protêt est un acte authentique . Il doit être dressé par les notaires,
les huissiers, ou toutes personnes ou institutions dûment habilitées par la loi (Art. 102,
Règlement). Il doit être fait avant l’expiration du délai de présentation.
Le porteur doit donner avis du non - paiement à son endosseur et au tiré dans un délai de
4 jours ouvrables après le protêt. Chaque endosseur doit aviser son propre endosseur
dans un délai du 2 jours ouvrables après réception de l’avis de son endosseur.
Afin de permettre l'établissement du protêt, le tiré délivre au porteur du chèque et sans
frais, un certificat de non -paiement en cas de non - paiement du chèque dans un délai de
30 jours à compter de la 1ère présentation et de défaut de constitution de la provision
dans un délai de 30 jours. La signification du certificat de non - paiement au tireur par
voie d’huissier, de notaire, ou de toute personne ou institution dûment habilitée par la loi,
vaut commandement de payer.
Aux termes des articles. 113 et suivants du Règlement le non-respect de la
règlementation relative aux chèques expose à des sanctions qui peuvent être
disciplinaires ou pénales.

2.2 Les instruments de crédit


Il faut distinguer les effets de commerce d'un côté et les autres systèmes de paiement

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2.2.1 Les effets de commerce
Les effets de commerce sont à la fois des instruments de paiement (ils sont prévus
comme tels par le législateur), mais en même temps des instruments de crédit extra
bancaires (crédit entre commerçants, ce qui est différent de celui consenti par les
banques en tant que telles). On distingue la lettre de change, le billet à ordre et le
warrant.

a)- la lettre de change


En l'absence de définition de la lettre de change dans le code de commerce français et
dans le Règlement UEMOA, on admet que « la lettre de change est un ordre de paiement
établi par le créancier (tireur) sur son débiteur (tiré) obligé de s’exécuter à l’échéance du
titre au bénéfice d’un tiers (bénéficiaire). »
La lettre de change ainsi définie est un titre de commerce c’est-à-dire un papier qui
incorpore un droit, la créance du fournisseur sur son client. Un tel titre n’est pas soumis
aux règles de droit commun des obligations. Il est soumis au droit cambiaire (cambiaire =
changer, en latin) ou droit du change qui a pour objectif une mobilisation sûre et aisée de
la créance du fournisseur sur son client.
Il s’agit de faciliter la circulation du titre. Compte tenu de cet objectif de mobilisation, le
droit cambiaire privilégie le formalisme et fait prévaloir l’apparence sur la volonté réelle
des parties. Dès lors, l’acquéreur du titre est dispensé de toute vérification autre que celle
portant sur les informations figurant sur le titre.
b)- le billet à ordre
Le billet à ordre est un écrit par lequel une personne appelée souscripteur, s’engage à
payer à une autre, le bénéficiaire, ou à son ordre, une somme déterminée, à une
échéance déterminée. Le titre, grâce à la clause à ordre, est transmissible par
endossement .Comparé à la lettre de change qui fait entrer en jeu trois personnes (tireur,
tiré, bénéficiaire), le billet à ordre ne concerne que 2 personnes : souscripteur et
bénéficiaire. Le souscripteur est engagé de la même manière qu’un tiré accepteur.
c)- le warrant
Le warrant est un billet à ordre dont le souscripteur commerçant garantit le paiement par
un gage sur des marchandises déposées dans un magasin général. Le dépôt donne lieu
à un certificat de dépôt composé de deux parties détachables : le récépissé, qui constate
le dépôt et le warrant, qui peut être endossé. Le déposant peut vendre la marchandise

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 144/197


ainsi déposée en transmettant les 2 volets du titre (récépissé - warrant) endossé à l’ordre
de l’acheteur ou donner simplement la marchandise en gage en endossant la partie «
warrant » à l’ordre du prêteur (ce premier endossement transforme le warrant en billet à
ordre avec constitution de la marchandise en gage au profit de l’endossataire.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 145/197


Module 3: Les garanties du crédit
Le terme « garanties » est l’appellation générique des sûretés qui représentent les
éléments essentiels et sensibles du droit du crédit, et par conséquent, du droit des
affaires en Afrique. Leur fiabilité contribue à l’amélioration de la sécurité et de la confiance
dans les relations d’affaires.
L’OHADA en a consacré des dispositions pertinentes à l’occasion de l’élaboration de
l’Acte Uniforme portant organisation des sûretés entrés en vigueur le 1er janvier 1998 et
révisé le 15 Décembre 2010.
3.1Une sûreté personnelle : le cautionnement
Le cautionnement est défini par l’article 3 de l’AUPOS comme le contrat par lequel une
personne s’engage envers le créancier qui accepte à exécuter l’obligation du débiteur si
celui-ci n’y satisfait pas lui-même. Ainsi défini, le cautionnement présente un caractère
accessoire entraînant les conséquences suivantes :
- le cautionnement suppose l’existence d’une obligation principale valablement constituée
- l’extinction de la dette principale entraîne la disparition du cautionnement ; par exemple,
un cautionnement souscrit pour garantir le remboursement d’un découvert en compte
Courant disparaîtra à la clôture de ce compte ;
 il ne saurait y avoir de cautionnement si la dette garantie n’est pas valable.

3.1.1: La formation du cautionnement


Le cautionnement est un contrat et comme tel, il est soumis aux conditions générales de
validité du consentement, à la capacité du signataire et surtout au formalisme attaché à
l’étendue des engagements qu’il comporte. Ainsi, l’article 4 al 1er prévoit que le
cautionnement doit être convenu, de façon expresse, entre la caution et le créancier, à
peine de nullité. Il doit comporter la signature de la caution précédée de la mention, écrite
de sa main, de la somme garantie, en toutes lettres et en chiffre. En cas de différence
entre les deux montants, le cautionnement vaut pour la somme exprimée en lettre.

3.1.2: La mise en œuvre du cautionnement


Le cautionnement est réputé solidaire c’est-à-dire que le débiteur principal et la caution
sont tenus à l’égard du créancier qui peut demander à l’un ou à l’autre le paiement de la
somme cautionnée sauf convention contraire. L’article 15 al 1er de l’AUPOS dispose à
cet égard que « la caution solidaire est tenue de l’exécution de l’obligation principale dans

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 146/197


les mêmes conditions qu’un débiteur solidaire sous réserve des dispositions particulières
de l’Acte Uniforme».
Les engagements de la caution doivent être définis d’une façon précise et le créancier
doit informer la caution de toute défaillance du débiteur garanti dans le paiement ou de
l’évolution de l’endettement de celui-ci lorsque l’obligation est indéfinie avec la faculté,
pour la caution, de révoquer son engagement dans ce dernier cas.

3.2 : Les sûretés réelles


3.2.1: Les sûretés réelles mobilières
a)- Le droit de rétention
C’est la faculté accordée à un créancier qui détient légitimement un bien du débiteur, de
le retenir jusqu’à complet paiement de ce qui lui est dû. Le droit de rétention s’exerce
avant toute saisie, si la créance est certaine liquide et exigible et s’il existe un lien de
connexité entre la naissance de la créance et la chose retenue
b)- Le gage
En application de cette garantie, un débiteur remet à son créancier un bien meuble afin
que ce dernier puisse être payé, par préférence à tout autre créancier en le faisant vendre
ou en se le faisant attribuer
c)- Le nantissement
C’est une forme de gage applicable à certains types de biens (droits et valeurs
mobilières, fonds de commerce, matériel professionnel, stocks de marchandises, etc.).
d)- Les privilèges généraux et spéciaux
Ils sont accordés à certaines catégories de créances que le législateur entend protéger
Particulièrement et dont l’énumération est prévue par la loi
3.2.2 : Les sûretés réelles immobilières : les hypothèques
Ce sont des garanties consenties sur des biens immobiliers qui confèrent à leur titulaire
un droit de suite et un droit de préférence. Le droit de suite s’exerce suivant les règles de
saisie immobilière et permet au créancier hypothécaire de saisir l’immeuble garantissant
le paiement de la dette en quelque main qu’il se trouve, même entre les mains d’un tiers
acquéreur ; le droit de préférence est la faculté d’obtenir paiement, en priorité, sur le
produit de la vente du bien hypothéqué.
Les hypothèques peuvent être conventionnelles (ce qui constitue le droit commun),
légales ou judiciaires.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 147/197


a)- Hypothèque conventionnelle
Pour pouvoir consentir une hypothèque conventionnelle, il faut être titulaire du droit réel
immobilier régulièrement inscrit et avoir la capacité de disposer de ce droit réel
immobilier.
L’hypothèque doit être consentie pour la garantie de créances individualisées
représentant une somme déterminée. Elle peut se faire soit par acte authentique soit par
acte SSP dressé suivant un modèle agréé par la conservation de la propriété foncière.
Ces formes sont régies par la loi nationale de chaque Etat-partie (loi nationale de
situation de l’immeuble).L’acte constitutif établi doit être inscrit conformément aux règles
de la publicité foncière dans l’Etat-partie. Le défaut d’inscription rend l’acte inopposable
aux tiers (mais constitue entre les parties une promesse synallagmatique qui les oblige à
procéder à la publicité)

b)- Hypothèques forcées


On distingue les hypothèques forcées légales et les hypothèques forcées judiciaires
b1- Hypothèques forcées légales OHADA
- Hypothèque légale de la masse des créanciers dans le cadre des procédures collectives
d’apurement du passif (Art. 133 AUS). Elle est inscrite à la requête du greffier ou du
syndic dans un délai de 10 jours à compter de la décision d’ouverture de la procédure
collective.
- Hypothèque du vendeur, de l’échangiste ou du copartageant sur les immeubles vendus,
échangés ou partagés, pour garantir le paiement total ou partiel du prix, de la soulte, de
l’échange, ou des créances résultant du partage (Art. 134 AUS)
- Hypothèque légale des architectes, entrepreneurs et autres personnes employées pour
la construction ou la réparation des immeubles, sur l’immeuble ayant fait l’objet des
travaux (Art. 134 AUS)
Celui qui fournit les deniers pour payer ou rembourser les architectes, entrepreneurs et
autres personnes employées pour édifier, réparer ou reconstruire des bâtiments peut
obtenir une hypothèque conventionnelle ou forcée dans les mêmes conditions que ces
créanciers, dès lors qu’il est formellement constaté dans l’acte d’emprunt que la somme
était destinée à cet emploi et, par la quittance des architectes, entrepreneurs et autres
personnes, que le paiement a été fait des deniers empruntés.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 148/197


En dehors des hypothèques forcées légales, la loi nationale de chaque Etat- partie peut
en prévoir d’autres :
- propres au droit de la famille (hypothèques entre époux, hypothèques au profit des
incapables…..)
- ou au droit public (hypothèque de l’Etat sur les comptables publics….)
b2.Hypothèque forcée judiciaire
L’hypothèque forcée judiciaire est l’hypothèque conservatoire destinée à garantir une
créance non assortie de titre exécutoire et mise en péril.
c)- Effets des hypothèques
En cas de non - paiement par le débiteur à l’échéance, le créancier exerce son droit de
suite et son droit de préférence.
Droit de suite : C’est le droit de suivre le bien entre les mains des détenteurs, de le faire
saisir pour le faire réaliser en vue de se faire payer.« Le droit de suite s’exerce selon les
règles de la saisie immobilières » (Art. 117, al2 AUS)
Droit de préférence: Le droit de préférence s’exerce pour garantir le principal, les frais et
3 ans d’intérêt au même rang (voir Art. 148 AUS, distribution des deniers provenant de la
réalisation des immeubles).Le droit de préférence s’exerce également, par subrogation,
sur l’indemnité d’assurance de l’immeuble sinistré.
d)-Extinction des hypothèques
Les causes d’extinction de l’hypothèque conventionnelle ou forcée sont énumérées par
l'article 124 AUS. Il s'agit de l'extinction de l’obligation principale, de la renonciation du
créancier à l’hypothèque, de la péremption de l’inscription et de la purge de l’hypothèque
résultant du procès-verbal de l’adjudication sur expropriation forcée et du paiement ou de
la consignation de l’indemnité définitive pour cause d’utilité publique. L'effet de l’extinction
est la radiation de l’hypothèque selon les règles de la publicité foncière
3.3 – L’ordre de distribution des deniers provenant de la réalisation des sûretés
Le but des sûretés étant la réalisation du bien pour se faire payer en cas de défaillance
du débiteur, il a fallu organiser la distribution des deniers et classer les sûretés pour
respecter le droit de préférence des différents créanciers. Dans le droit OHADA, les fonds
à distribuer sont distingués selon qu’ils proviennent de la réalisation d’un bien immeuble
ou d’un bien meuble et les sûretés sont classées suivant l’ordre dans lequel les titulaires
doivent être servis.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 149/197


L’AUPOS détermine l’ordre de distribution des deniers provenant de la réalisation des
meubles et des immeubles
Pour les meubles, l’ordre de réalisation est le suivant :
 les créanciers des frais de justice engagés pour parvenir à la réalisation du bien
vendu et à la distribution du prix,
 les créanciers des frais engagés pour la conservation du bien du débiteur dont le
titre est antérieur en date;
 les créanciers des salaires super privilégiés,
 les créanciers garantis par un gage selon la date de consolidation du gage,
 les créanciers garantis par un nantissement ou privilège soumis à publicité,
 les créanciers munis d’un privilège spécial,
 les créanciers munis d’un privilège général non soumis à publicité,
 les créanciers chirographaires munis d’un titre exécutoire.

Pour les immeubles, l’ordre de réalisation est le suivant :


 les créanciers des frais de justice,
 les créanciers des salaires super privilégiés;
 les créanciers titulaires d’une hypothèque conventionnelles ou forcée;
 les créanciers munis d’un privilège général non soumis à publicité;
 les créanciers chirographaires munis d’un titre exécutoire.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 150/197


4 Droit social

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 151/197


Module 1 : LES RELATIONS COLLECTIVES DE TRAVAIL
 Représentation des salariés ;
 Participation des salariés;
 Régimes sociaux;

Module 2 : LES CONFLITS COLLECTIFS DU TRAVAIL


 Les différentes formes de conflits collectifs
 Le règlement des conflits collectifs

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 152/197


La naissance d’un véritable droit social en Afrique a été l’œuvre de la Conférence de
Brazzaville de 1944 au cours de laquelle la préoccupation majeure des hommes
politiques et des administrateurs était de modifier et d’améliorer la situation
professionnelle des africains et de les faire participer davantage aux institutions fédérales
et à la gestion de leurs propres affaires. Ainsi étaient posés le principe de la liberté du
travail, du repos hebdomadaire et de la réglementation de la durée de travail. Cette
conférence a abouti à la mise en place du décret du 18 juin 1945 qui édicta un code de
travail applicable pour la première fois à l’ensemble des travailleurs africains et dans
lequel on trouve la réglementation d’une journée de huit heures, un repos hebdomadaire,
un congé annuel, une méthode de négociation collective et une procédure de règlement
des conflits de travail. Ensuite, on enregistre le décret du 17 octobre 1947 qui institua le
code Marius MOUTET avec 167 articles sur tous les travailleurs africains et européens
avec possibilité pour le Gouverneur d’adapter les dispositions réglementaires aux
situations professionnelles et le code de 1952 qui constitue un progrès considérable par
rapport aux textes antérieurs en ce sens que c’est pour la première fois que les relations
professionnelles africaines trouvent leur source dans une loi votée par le Parlement
français. Après les indépendances, les territoires autrefois colonisés se sont préoccupés
de légiférer en matière de droit social. C’est ainsi que les premiers codes sont sortis en
Guinée et au Mali.
La liste suivante fait le point des pays ayant mis en place un code de travail après les
indépendances:
 Bénin
Ordonnance n° 33/PR/ MFPTT du 28 septembre 1967 J.O du 15 décembre 1967
 Burkina
Loi n° 26-62 AN du 7 juillet 1962 J.O du 18 Août 1962
 Cameroun
Loi n° 74-14 du 27 novembre 1974 JO du 5 décembre 1974
 République Centrafricaine
Loi n° 61-221du 2 juin 1961 JO n ° 13 du 1er juillet 1961
 Congo
Loi n° 10-64 du 25 juin 1964 JO du 9 juillet 1964
 Côte d’Ivoire

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 153/197


Loi n° 64-290 du 1er Août 1964 JO du 17 Août 1964
 Gabon
Loi n° 5/78 du 1er juin 1978 JO du 28 novembre1978
 Guinée
Loi n° 1 AN/60 du 30 juin 1960
 Mali
Loi n° 62-67 AN-RM du 19 Août 1962 JO du 15 octobre 1962
 Mauritanie
Loi n° 23 janvier 1963 JO du 20 février 1963
 Niger
Loi n° 62-12 du 13 juillet 1962 JO du 25 Août 1962
 Sénégal
Loi n° 61-34 du 15 juillet 1961 JO du 31 juillet 1961
 Tchad
Loi n° 7-66-34 du mars 1966 JO du 24 mars 1966
 Togo
Ordonnance n° 16 du 8 mai 1974 JO du mai 1974
 Rép. Pop Congo
Ordonnance-Loi n° 67/310 du 9 Août 1967 mise à jour au 1er janvier 1981

1.1: La vie des salariés dans l’entreprise

Les salariés disposent de deux moyens juridiques pour jouir de leur prérogative
d’expression directe et collective sur le contenu et l’organisation du travail ainsi que sur la
définition et la mise en œuvre d’actions destinées à améliorer les conditions de travail
dans l’entreprise: ils sont représentés au niveau des différents groupements
professionnels qui sont mis en place dans l’entreprise en même temps qu’ils participent à
la vie de l’entreprise au même titre que le chef d’entreprise.

1.1.1: Représentation des salariés

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 154/197


La représentation des salariés se réalise au moyen des conventions collective de travail
qui sont instituées dans le but de définir un cadre idéal de déroulement du travail. En
outre il leur est permis de se regrouper en syndicats pour la défense de leurs intérêts et
de se faire représenter de véritables mandants c’est-à-dire leurs propres délégués.
Les conventions collectives de travail
Les conventions collectives de travail sont des accords conclus entre, d’une part une ou
plusieurs organisations syndicales représentatives et, d’autre part entre une ou plusieurs
organisations syndicales d’employeurs ou tout autre groupement d’employeurs pour fixer
les conditions générales auxquelles devront satisfaire les contrats individuels de travail.
En Afrique, les conventions collective ont été introduites par la Loi du 15 décembre 1952
qui a institué le code de travail des territoires d’outre-mer et qui a été à l’origine de la
majorité des codes du travail des Etats de l’Afrique francophone. Afin de faciliter la
conclusion des conventions collectives, les législateurs africains ont prévu dans leurs
codes respectifs un certain nombre de règles devant être respectées pour leur
constitution. Ainsi, le champ d’application de la conventions collective peut être territorial
(local, régional ou national), professionnel (regroupement des corps de métier ayant un
but convergent) et étendu (extension de la conventions collective à des non participants à
sa conclusion).
En ce qui concerne son contenu, la conventions collective requiert des clauses
obligatoires (respect du droit syndical, respect du principe « à travail égal, salaire
égal »,conditions de travail des délégués du personnel et des membres du Comité
d’entreprise, conditions d’embauchage et de licenciement etc.) et des clauses facultatives
( clauses spécifiques au travail considéré).
La convention collective de travail doit être écrite sous peine de nullité. Elle doit
également faire l’objet d’un dépôt au greffe du Tribunal de travail du lieu où elle a été
conclue. La loi prévoit une publicité complémentaire dans les établissements soumis à
l’application d’une convention collective. L’avis d’information doit indiquer l’existence de la
conventions collective, les parties signataires, la date et le lieu du dépôt.
Les syndicats
Un syndicat est un groupement de personnes exerçant la même profession ou des
professions connexes ayant pour but la défense de leurs intérêts.
En Afrique, les syndicats ont eu leur autonomie après l’indépendance après avoir fini
d’être une extension es syndicats professionnels métropolitains.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 155/197


Le syndicat est une personne morale et en tant que telle, sa constitution est soumise à
des règles bien précises. Ainsi, parmi les conditions auxquelles il est assujetti, figurent
notamment l’exercice d’une même profession par ses membres, la nécessité pour les
dirigeants d’être des nationaux de l’Etat dans lequel se constitue le syndicat et d’avoir un
certain nombre d’années d’expérience professionnelle, le dépôt des Statuts et des noms
des dirigeants à la mairie, au chef lieu de la circonscription administrative où le syndicat
est établi, à l’inspection du travail, au Procureur de la République, au ministère de
l’intérieur etc. En sa qualité de personne morale, le syndicat jouit des droits et obligations
suivants : ester en justice, acquérir des biens, passer des contrats, affecter des biens aux
ouvres sociales et professionnelles à l’usage des membres, obligation d’informer les
autorités sur leurs activités etc.
Compte tenu de sa spécificité, le syndicat se doit d’agir dans l’intérêt exclusif de ses
membres (principe de spécialité), de se faire assister ou représenter par un de ses
membres au Tribunal du travail, de se constituer partie civile lors d’un procès pénal.

Les délégués du personnel

Les délégués du personnel sont des véritables émanations du personnel. Elus


démocratiquement au sein de l’établissement par leurs collègues, les délégués du
personnel doivent être protégés contre un licenciement abusif. D’une façon générale, ils
sont considérés comme des auxiliaires de l’Inspecteur du Travail et des lois sociales. Un
certain nombre d’heures par mois (15 h) leur est concédé pour l’exercice de leurs
fonctions qui peuvent être regroupées en quatre catégories : l’introduction des requêtes,
la saisine de l’Inspecteur du travail, les propositions en matière d’hygiène et de sécurité et
les suggestions en vue de l’amélioration des conditions de travail.
Le nombre de délégués du personnel est déterminé dans une entreprise selon
l’importance de son personnel. Ainsi à titre indicatif, on peut retenir les chiffres suivants
adoptés par la plupart des pays africains:
- 1 délégué titulaire et 1 délégué suppléant pour 11 à 25 travailleurs
- 2 délégués titulaires et 2 délégués suppléants pour 26 à 50 travailleurs
- 3 délégués titulaires et 3 délégués suppléants pour 51 à 100 travailleurs
- 5 délégués titulaires et 5 délégués suppléants pour 101 à 250 travailleurs
- 7 délégués titulaires et 7 délégués suppléants pour 251 à 500 travailleurs

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 156/197


- 9 délégués titulaires et 9 délégués suppléants pour 501 à 1000 travailleurs.
A ces chiffres s’ajoutent un délégué titulaire et un délégué suppléant par tranche
supplémentaire de 500 salariés.

1-1-2 : Participation des salariés : le Comité d’entreprise

Le Comité d’entreprise joue un rôle essentiellement constructif dans l’entreprise. Ses


attributions sont d’ordre social et économique.
Les attributions d’ordre social sont définies comme suit :
assurer ou contrôler la gestion de toutes les œuvres sociales établies dans l’entreprise au
bénéfice des salariés ou de leurs familles
participer à la gestion de toute œuvre quel qu’en soit le mode de financement ;
détenir dans le cadre de ses attributions un véritable pouvoir de décision.
Les attributions d’ordre économique sont ainsi définies :
étudier les suggestions émises par la direction ou par le personnel de l’entreprise
faire participer le Chef d’entreprise chaque fois que des modifications sont envisagées
pour l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise
En définitive, le comité d’entreprise exerce ses fonctions consultatives ou de gestion dans
six domaines essentiellement : organisation du travail, les œuvres sociales de
l’entreprise, la gestion financière, la formation professionnelle, le logement des
travailleurs et les activités de loisirs.
Le Comité d’entreprise est composé du Chef de l’entreprise ou son représentant et des
salariés élus par leurs collègues. La durée du mandat des membres du Comité
d’entreprise est généralement de deux ans, renouvelable. Son institution est obligatoire
dans les entreprises employant en moyenne 50 personnes. A l’instar des délégués du
personnel, les membres du Comité d’entreprise disposent d’un temps (20 heures) par
mois pour exercer leurs fonctions. Aucun membre du Comité d’entreprise ne peut être
licencié pendant la durée de son mandat, les trois mois qui suivent sa candidature et les
six mois suivant l’expiration de son mandat.

1.2: Les régimes sociaux des salariés dans l’entreprise

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 157/197


L’institution des régimes sociaux vise un double but à savoir la compensation des frais
médicaux et le remboursement du manque à gagner en cas d’arrêt ou de réduction de
travail. A ces deux buts correspondent deux types de prestations : les prestations en
nature et les prestations en espèces.
Les prestations en nature sont constituées de remboursement des frais médicaux, des
prothèses dentaires, d’appareillage, de cure, de frais de transport, d’intervention
chirurgicale etc.
Les prestations en espèces sont constituées des indemnités journalières, des primes, des
pensions d’invalidité etc.
Ces deux formes de prestations servent de base à l’allocation des assurances sociales à
savoir :
 assurance maladie
 assurance maternité
 assurance invalidité
 assurance vieillesse.

1-2-1 : Assurance maladie

Les prestations de l’assurance maladie permettent le remboursement des frais engendrés


par les maladies et les accidents dont les assurés sociaux peuvent être victimes.
L’assurance maladie couvre au premier chef l’assuré c’est-à-dire celui qui cotise pour une
telle assurance. Elle ne couvre le conjoint que lorsqu’il n’est pas divorcé, ni assuré lui-
même à titre quelconque. Les ayants droit de moins de 16 ans non-salariés à la charge
de l’assuré ou de son conjoint sont également couverts par l’assurance maladie. Leur
prise en considération ne tient pas compte de la nature de leur filiation. Qu’ils soient
légitimes, naturels, adoptifs ou pupilles de l’Etat, ils sont couverts par l’assurance maladie
de leur père ou de leur mère. Aux enfants sont assimilés les jeunes de moins de 18 ans
placés en apprentissage, ceux de moins de 21 ans qui poursuivent leurs études et ceux
de moins de 21 ans qui sont, par suite d’infirmité ou de maladie chronique dans
l’impossibilité permanente de se livrer à un travail salarié. Dans certaines législations, on
assimile les ascendants, les collatéraux ou les alliés jusqu’au 3ème degré ainsi que les

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 158/197


anciens salariés ou assimilés qui n’effectuent plus aucun travail salarié en raison de leur
état ou de leur âge.
Au plan des règles de fonctionnement, il y a lieu de retenir le libre choix du médecin et de
l’établissement par le malade, le paiement par le malade ou par un tiers du ticket
modérateur.
Les prestations en espèces concourent à la compensation de la perte du salaire. A ce
titre, elles ne sont versées qu’à l’assuré. Pour en bénéficier, il faut qu’il prouve qu’il est
provisoirement hors d’état de travailler et que la maladie n’a pas été intentionnellement
causé. Le droit aux indemnités n’est accordé que si le travailleur a travaillé au moins deux
cents heures pendant les trois derniers mois précédant l’interruption du travail. Le droit
cesse au bout de six mois. Au-delà de cette période, l’assuré doit prouver qu’il a occupé
un emploi salarié ou assimilé au moins 800 heures au cours des 12 mois précédant
l’interruption du travail. Sur ce total de 800 heures, il doit prouver que 200 constituent une
période où il a été immatriculé à la sécurité sociale. Ce régime durera jusqu’à 3 ans ou
au- delà et lorsque l’invalidité est constatée, l’assuré passera au régime d’assurance
invalidité. Dans ce cas , les indemnités journalières sont remplacées par une rente.
Calcul de l’indemnité : on prend pour base de calcul le jour ouvrable et généralement le
taux est égal à la moitié du gain journalier. Mais ce taux est de 2/3 du gain journalier au
bout de 31 jours après la cessation du travail, et dans l’hypothèse où l’intéressé a au
moins trois enfants à charge.

1-2-2 : Assurance maternité

L’assurance maternité sert à compenser la perte de salaire pendant la durée du congé de


maternité. Elle est accordée à toute femme salariée à toute femme d’un salarié ou à toute
femme à la charge d’un ou d’une salarié(e). L’assurance maternité est prévue et
réglementée par les articles 49 à 62 du code togolais de la sécurité sociale.
Pour avoir droit à l’assurance maternité, la femme ou son mari doit être immatriculé(e) à
la caisse 12 mois avant la date présumée de l’accouchement.
Le droit aux indemnités n’est accordé que si l’assurée ou son mari a travaillé au moins
200 heures pendant les 3 derniers mois précédent l’interruption du travail.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 159/197


La grossesse doit être déclarée avant la fin du 3ème mois de grossesse. En d’autres
termes, le 1er examen médical prénatal doit s’effectuer avant la fin du 3ème mois de
grossesse.
Le 2ème examen doit être fait à 6 mois et le 3ème à 8 mois. Faute d’avoir fait la
déclaration à temps prévu, l’assuré est frappé d’une perte de droit.
La femme enceinte bénéficie d’un congé de maternité à solde entière de 14 semaines qui
s’étalent comme suite :
8 semaines avant la date présumée de l’accouchement ;
6 semaines après la date de l’accouchement.
La femme en couches a droit aux indemnités journalières. On prend pour base de calcul
le jour ouvrable et généralement le taux est égal à la moitié du gain journalier. Ce taux est
de 2/3 lorsque l’intéressé a 3 enfants à charge.

A titre indicatif, les allocations prénatales se répartissent dans certains pays de la façon
suivante :
1 000 Fcfa après le 1er examen (3ème mois)
2 000 Fcfa après le 2ème examen (6ème mois)
1 500 Fcfa après le 3ème examen (8ème mois)

1-2-3: Assurance invalidité

L’assurance invalidité est destinée à la compensation des pertes de salaire de l’assuré


social en état d’incapacité constatée d’exercer une activité rétribuée. Elle se réalise non
seulement par le remboursement des frais engagés mais encore par le versement d’une
pension.
Le dossier d’assurance invalidité est constitué principalement d’une demande rédigée sur
un imprimé spécial fourni par la caisse de sécurité sociale accompagnée des pièces
justificatives mentionnées sur la demande.
Pour bénéficier de l’assurance invalidité, il faut être mis hors d’état de travailler avant
l’âga de la retraite, avoir été immatriculé à la caisse de sécurité sociale depuis au moins 5
ans, avoir accompli au moins 6 mois d’assurance au cours des 12 mois précédant le
début de l’incapacité conduisant à l’invalidité.

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La pension invalidité prend fin selon les pays à l’âge de 50 ou 55 ans pour faire place à
une pension de vieillesse d’un montant équivalent à la pension d’invalidité.

1-2-4 : Assurance vieillesse

L’assurance vieillesse a pour but de faire bénéficier l’assuré social arrivé à l’âge de la
retraite, d’une pension ou d’une rente calculée en fonction de la durée ; de son activité
salariale et des cotisations qu’il a versées rendant cette période. On rencontre
habituellement plusieurs régimes dans le cadre de cette assurance. Il y a d’abord le
régime pour les salariés dans lequel on verse des pensions et des rentes. Il y a des
régimes des vieux travailleurs salariés qui ont droit à une allocation pension.
Pour avoir droit à ce type d’assurance, il faut avoir atteint selon les pays 55 ou 60 ans et
remplir les conditions de la durée de l’immatriculation à la caisse de sécurité sociale (20
ans), de cotisation (60 mois d’assurance au cours des 10 dernières années précédant la
date de prétention à pension). Il est prévu dans les codes africains la possibilité d’obtenir
une pension de vieillesse anticipée. L’assuré ayant 50 ou 55 ans accomplis, atteint d’une
usure prématurée de ses facultés physiques ou mentales peut demander une pension
anticipée de vieillesse s’il réunit 12 mois d’assurance. Cette allocation est payée en une
seule fois. Les modalités de paiement et l’appréciation de l’usure prématurée sont fixées
par le Ministre du Travail après avis du Conseil ‘Administration de la Caisse de Sécurité
Sociale.
Le calcul de la pension vieillesse tient compte des éléments suivants :
 la durée de l’assurance dont justifie l’assuré lors de l’ouverture du droit à la
pension
 le salaire mensuel moyen : à titre indicatif ce salaire est le 1/36ème ou le 1/60ème
du salaire ayant donné lieu à cotisation ;
 le taux appliqué au salaire mensuel moyen c’est-à-dire, à titre indicatif, 20% pour
une durée d’assurance comprise entre 5 et 15 ans.
Il existe un régime d’assurance vieillesse pour certaines catégories de personnes qui ne
peuvent relever du régime général de l’assurance vieillesse soit en raison de la loi soit en
raison de la nature des activités du régime général de l’assurance vieillesse. Il s’agit des
mineurs de fonds atteints d’une incapacité permanente au moins égale à 30%, des
travailleurs non salariés et des salariés agricoles.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 161/197


MODULE 2 : LES CONFLITS COLLECTIFS DU TRAVAIL.

2-1 : Les différentes formes de conflits collectifs


Les conflits collectifs prennent généralement deux formes selon qu’ils sont déclenchés
par l’employeur ou qu’ils sont provoqués par les employés: il s’agit selon les cas du lock-
out et de la grève

2-1-1 :Le lock-out

Le lock-out peut se définir comme la fermeture provisoire de l’entreprise, décidée


volontairement par le chef d’entreprise. Perçu comme une mesure de rétorsion émanant
de l’employeur, le lock-out permet d’éviter la charge du fonctionnement de l’entreprise
pendant la grève. Elle s’analyse en une suspension du contrat de travail à l’initiative de
l’employeur. Cette initiative patronale peut être motivée par le souci de déjouer une grève
imminente ou de riposter à une grève déclarée. On note ainsi deux types de lock-out : le
lock-out préventif ou offensif et lock-out défensif. Mais dans un cas comme dans l’autre,
les Tribunaux sont très exigeants dans l’appréciation du caractère légitime des lock-out.
Ainsi il y a généralement licéité du lock-out dans trois hypothèses :
lorsque la fermeture de l’entreprise est imposée par la grève d’une partie du personnel,
présentant pour l’employeur les caractères de la force majeure c’est-à-dire que la grève
se déroule de telle manière que la continuation du fonctionnement de l’entreprise est
insupportable et non pas absolument impossible.
lorsque l’employeur peut se prévaloir de l’exception d’inexécution propre au contrat
synallagmatique
lorsque les mesures de fermeture sont tout à fait limitées et temporaires de sorte à
assurer « un minimum de sécurité et d’ordre »
Au plan des effets, le caractère licite joue un rôle très important : lorsque le lock-out a été
déclenché sur la base de l’une quelconques des trois raisons évoquées, il dispense
l’employeur du paiement du salaire. En revanche, lorsqu’il est non justifié, il laisse
subsister à la charge de l’employeur l’obligation de payer les heures de travail perdues
aux salariés lock outés.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 162/197


2-1-2 : La grève

La grève consiste dans un arrêt collectif du travail, destiné à exercer une pression sur le
chef d’entreprise ou sur les pouvoirs publics.
Il existe plusieurs types de grèves : la grève d’avertissement, la grève de solidarité, la
grève tournante, la grève perlée, la grève sur le tas et la grève surprise.
- la grève d’avertissement s’appelle également la grève de débrayage : elle est
généralement de courte durée et a pour but d’attirer l’attention de l’employeur sur un
malaise latent dans l’entreprise
la grève de solidarité se présente comme une manifestation de soutien aux salariés
d’autres entreprises déjà en grève : la licéité d’une grève de solidarité est fonction de la
cause défendue ; ainsi une grève de solidarité déclenchée pour soutenir la cause
purement personnelle d’un salarié est illicite ;
la grève tournante se caractérise par des débrayages de durée variable affectant
successivement les différents secteurs de l’entreprise ;
la grève perlée est réalisée par la manifestation d’un ralentissement dans la cadence du
travail, une exécution du travail dans des conditions inhabituelles, comme l’exécution
volontairement défectueuse du travail ;
la grève sur le tas : c’est la forme de grève qui s’accompagne d’une occupation des
locaux avec constitution de piquets de grève aux portes de l’entreprise ;
la grève surprise est une grève déclenchée sans préavis.
Lorsqu’elle est déclenchée dans les conditions prévues par les textes juridiques du pays,
la grève est licite et n’emporte aucune conséquence sur la rémunérations des grévistes ;
dans le cas contraire, elle entraîne sanctions disciplinaires et responsabilité civile à
l’encontre des auteurs de la grève.

2-2 : Règlement des conflits collectifs

Le règlement des conflits collectifs se déroule suivant une procédure assez particulière
qui met en relief la conciliation et l’arbitrage et dans une certaine mesure la médiation

2-2-1 : La saisine préalable de l’Inspecteur de travail

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 163/197


Lorsqu’un conflit collectif naît, il doit être immédiatement porté à la connaissance de
l’Inspecteur de travail et des lois sociales ou à son suppléant légal. La notification du
conflit doit mentionner, outre les éléments des parties, si le conflit a déjà fait ou non l’objet
de la procédure conventionnelle de conciliation.
La première mission de l’Inspecteur du Travail est la convocation immédiate des parties
pour tenter une conciliation. En cas de non comparution de l’une des parties dûment
convoquée, elle est à nouveau convoquée dans un délai qui n peut excéder 48 heures.
A l’issue de la tentative de conciliation, l’Inspecteur du Travail dresse un Procès Verbal
constatant soit l’accord , soit le désaccord total ou partiel des parties. Lorsque le
désaccord persiste, l’Inspecteur du Travail rédige un rapport sur le différend qu’il adresse
au Directeur Général du Travail qui convoque les parties dans un délai de 15 jours pour
tenter la conciliation sur les points non encore résolus. En cas d’échec de cette tentative,
le Directeur Général du Travail fait un rapport au Ministre du Travail en lui demandant de
désigner les membres du Conseil d’arbitrage. A ce niveau, il faudra signaler que les pays
africains se divisent en deux catégories : ceux qui passent directement à l’arbitrage et
ceux qui font intervenir la médiation. Dans cette dernière catégorie on compte la Côte
d’Ivoire, la Mauritanie et le Sénégal. Le rôle du médiateur est de tenter une fois de plus
de faire accorder les parties en conflit sur des points de désaccord qui subsisteront à
l’issue de l’intervention de l’Inspecteur du Travail.

2.2.2: Le Conseil d’arbitrage

Le Conseil d’arbitrage est présidé par le Président de la Cour d’Appel ou un Conseiller


délégué. Il est formé du Président du Tribunal, d’un Inspecteur de travail désigné par le
Ministre du Travail. Il ne doit pas être le même que celui qui a eu à connaître de la
conciliation.
Le Conseil d’arbitrage est composé également d’un assesseur employeur et d’un
assesseur travailleur. Son rôle est de statuer en droit dans les différends relatifs à
l’interprétation et à l’exécution des lois réglementaires et des conventions collectives en
vigueur. Dans sa mission il peut recourir aux offices d’experts et généralement de toutes
personnes qualifiées susceptibles de l’éclairer. Le Conseil d’arbitrage est tenu de se
prononcer dans les 15 jours de sa saisine. Pour rendre sa décision, le Conseil d’arbitrage
dispose, au plan des pouvoirs, de deux possibilités : le droit et l’équité. Il peut se

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 164/197


prononcer en droit sur les conflits collectifs relatifs à l’interprétation des lois règlements et
conventions collectives en vigueur. Il peut également se prononcer en équité sur les
autres conflits notamment lorsque le différend porte sur les alaires ou les conditions de
travail qui ne sont pas fixés par les dispositions des lois, règlements ou conventions
collectives en vigueur et sur les conflits relatifs à la conclusion et à la révision des clauses
des conventions collectives. En tout état de cause, il rend une sentence arbitrale qui est
soumise aux mêmes conditions et règlements qu’un jugement. La sentence acquiert force
exécutoire tantôt sous réserve d’appel ou d’opposition, tantôt après un certain délai à
compter de sa notification si aucune des parties n’a manifesté son opposition. Elle produit
effet à dater du jour de la notification du conflit à l’Inspecteur ou au directeur du travail ; la
minute de la sentence est déposée au greffe du Tribunal, de la Cour d’Appel ou publiée
au Journal Officiel selon les pays. Les grèves et lock-out sont interdits avant l’épuisement
des procédures de conciliation et d’arbitrage. Il est très important de souligner que tous
les codes africains de travail ont indiqué que la procédure de règlement des conflits
collectifs est gratuite cette gratuité étant un gage d’accès des travailleurs à la justice. La
gratuité concerne toutes les étapes de la procédure : les pièces à verser au dossier
devant être examiné lors de la résolution du conflit sont délivrées gratuitement de même
que les honoraires d’avocat le cas échéant sont supportés par l’Etat dans l’hypothèse où
les parties ne bénéficieraient pas de l’assistance judiciaire.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 165/197


5 Droit Pénal des affaires

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 166/197


Module 1 : Notions de droit pénal général
L’infraction et la peine,
L’action publique et action civile,
Les juridictions répressives;

Module 2 : Les infractions prévues par les Actes Uniformes OHADA


Banqueroute, interdictions professionnelles;
Délits en matière de sociétés : abus de biens, abus de crédits, distribution de dividendes
fictifs, délits comptables, présentation de comptes ne donnant pas une image fidèle;
Responsabilité pénale des professionnels comptables et des auditeurs légaux.

Module 3 : Les infractions non prévues par les Actes Uniformes OHADA
Droit pénal économique : ventes, chèques, publicité mensongère, usure…;
Droit pénal social;
Escroquerie, abus de confiance, faux en écriture, recel;

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 167/197


MODULE I : NOTIONS DE DROIT PÉNAL GÉNÉRAL

1 : L’infraction et la peine

1-1 : La définition de l’infraction par ses éléments constitutifs


L’infraction est commise par la violation d’une règle mise en place par les Autorités d’un
pays pour assurer la cohésion sociale et garantir la sécurité.
Sa constitution suppose la réunion de trois éléments : un élément légal, un élément
matériel et un élément intentionnel
 L’élément légal de l’infraction
L’élément légal de l’infraction signifie qu’elle a fait l’objet d’une disposition légale par les
diverses Autorités compétentes avant sa commission. L’élément légal tire son origine du
principe de la légalité des délits et des peines énoncé par toutes les législations africaines
de la même manière : « nulle contravention, nul délit, nul crime, ne peuvent être punis de
peines qui n’étaient pas prononcées par la loi avant qu’ils fussent commis » « nullum
crimen nulla poena sine lege ».Ce principe qui doit s’interpréter de la façon la plus stricte
possible implique que la loi pénale ne devra pas s’appliquer à des faits commis
antérieurement à sa mise en application. En d’autres termes, la non rétroactivité, connue
dans d’autres branches du droit, régit également la loi pénale. Toutefois, elle connaît des
exceptions comme les lois pénales plus douces (une nouvelle loi pénale qui prévoit une
incrimination plus douce que celle sous l’égide de laquelle un prévenu est incarcéré doit
s’appliquer de façon rétroactive), l’ordre de la loi (une loi nouvelle expressément
rétroactive), les lois nouvelles interprétatives et les mesures de sûreté comme une cure
de désintoxication qui sont destinées à prévenir un état dangereux.
L’élément légal de l’infraction disparaît avec les faits justificatifs de l’infraction que sont :
la légitime défense, l’état de nécessité et l’ordre de la loi et le commandement de
l’autorité légitime.
 L’élément matériel de l’infraction
Il est constitué par la manifestation extérieure de l’infraction. Par exemple, la soustraction
frauduleuse de la chose d’autrui, la coup de couteau porté à autrui, la non assistance à
personne en danger etc. L’élément matériel exige qu’il y ait des traces matérielles de

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 168/197


l’infraction, mais l’infraction manquée ou tentée est punissable au même titre que
l’infraction consommée.
 L’élément moral de l’infraction
C’est la volonté et la conscience de l’auteur d’une infraction de commettre cette infraction.
L’élément moral permet de faire une distinction entre les infractions intentionnelles (celles
dans lesquelles l’auteur a voulu accomplir un acte illégal) et les infractions non
intentionnelles (celles dans lesquelles le simple fait d’accomplir l’acte suffit à retenir la
culpabilité de son auteur). L’élément moral ou intentionnel disparaît avec l’absence de
volonté et de clairvoyance de son auteur. En revanche les co-auteurs et complices
peuvent être poursuivis dès lors qu’il est établi qu’au moment de leur participation à
l’infraction, il étaient en pleine possession de leurs facultés mentales.

1-2 : La classification de l’infraction


L’infraction se classe selon son degré de gravité : ainsi on distingue la contravention, le
délit et le crime.
La contravention est l’infraction la moins grave dans la gamme des agissements
antisociaux tels que le non respect des feux de signalisation, etc. La contravention est
jugée par un Tribunal de simple police
Le délit est une infraction d’une gravité moyenne, intermédiaire entre la contravention et
le crime et frappée d’une peine correctionnelle. Il relève de la compétence d’un Tribunal
Correctionnel
Le crime est l’infraction la plus grave. Au rang des crimes , on cite l’homicide, le viol. Il est
justiciable de la Cour d’Assises

1-3 : La sanction de l’infraction : la peine


La peine sert aussi bien à prévenir que pour punir un acte répréhensible. Ainsi un certain
nombre de fonctions lui sont attachées en vue de préserver la société des actions
dangereuses : il s’agit de la fonction d’intimidation, de rétribution et de réadaptation.
Selon les fonctions, la peine recouvre les caractères afflictif (destiné à faire éprouver au
prévenu un châtiment, une souffrance, une privation ou une gêne sensible), infamant
(réprobation publique), déterminé (dosage de la peine par rapport à la faute commise) et
définitif (lorsque la décision de justice qui la prononce a acquis l’autorité de la chose
jugée).

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 169/197


2 : L’action publique et action civile

Deux actions sont susceptibles d’être déclenchées à l’occasion de la commission d’une


infraction : selon le but recherché et la personne qui l’exerce, elle est désignée sous le
vocable d’action publique et d’action civile
 L’action publique
L’action publique est celle qui est mise en mouvement par les magistrats du Parquet ou
Ministère public au nom de la société et par la victime de l’acte répréhensible. Le but visé
est de réprimer un acte commis par un délinquant dans le but de troubler l’ordre public.
L’actions publique s’éteint par la mort du prévenu, la prescription, l’amnistie, l’abrogation
de la loi pénale et la chose jugée
L’action publique peut prendre plusieurs formes : avertissement (délivré par le Ministère
Public avec indication de l’infraction poursuivie et du texte de loi à applicable), citation
directe (assignation par exploit d’huissier, convocation en justice sur instruction du
Procureur de la République notifiée par le greffier ou par le chef de l’établissement
pénitentiaire si le prévenu est en détention préventive) réquisitoire introductif (en cas
d’infraction grave telle que le crime ou de délits complexes, d’expertise nécessaire ou de
fuite de son auteur) et convocation par procès verbal (en vue d’une comparution
immédiate.

 L’action civile
L’action civile vise la protection d’un intérêt particulier : c’est l’action exercée par la
victime tendant à faire réparer un dommage qui lui a été causé par l’auteur d’une
infraction. C’est une prérogative exclusive reconnue toute personne (physique ou
morale)victime d’une action répréhensible mais son exercice est subordonné au respect
du délai requis. En effet, la victime qui n’exerce pas l’action civile dans les délais prévus
par la répression du fait incriminé est frappé de forclusion : on dit qu’elle est forclose ou
que son action est éteinte par prescription. Son action peut être éteinte par une des
causes d’extinction des obligations prévues en droit civil : paiement, compensation,
novation, transaction, renonciation du créancier. Elle peut l’être également par l’autorité
de la chose jugée lorsqu’une décision définitive sur le fond est intervenue contre laquelle
il n’y a plus de voies de recours possible.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 170/197


3 : Les juridictions répressives.
Les juridictions répressives sont composées des juridictions d’instruction et des
juridictions de jugement.

3-1 : Les juridictions d’instruction


Elles ont pour rôle d’instruire les infractions en rassemblant le maximum d’informations
afin de permettre aux juridictions de jugement de prononcer les peines conséquentes. A
cet effet, elles font usage de tous les moyens leur permettant de procéder à la recherche
des actes d’information qu’elles jugent utiles à la manifestation de la vérité (recherche
personnelle ou commission rogatoire).
 au premier degré c’est-à-dire au niveau du Tribunal, on trouve le juge d’instruction
 au deuxième degré ou en appel, se trouve la chambre d’accusation.
A côté de ces juridictions d’instruction, il y a des juridictions d’instruction spécialisées
comme les juridictions d’instruction spécialisées pour mineurs et les juridictions
d’instruction près la Cour de Sûreté de l’Etat.

3-2 : Les juridictions de jugement


Les juridictions de jugement statuent sur l’infraction quant au fond à la suite de
l’instruction des juridictions d’instruction. Elles prononcent une décision de condamnation
à une peine, de relaxe ou d’acquittement. L’examen de l’action civile relève également de
la compétence des juridictions de jugement. On en distingue deux types : les juridictions
de jugement de droit commun de toutes les infractions d’une catégorie donnée et les
juridictions d’exception qui ne sont déclarées compétentes que par un texte spécifique.
Parmi les juridictions de jugement de droit commun, il y a :
 au premier degré, le Tribunal de simple police qui juge les contraventions
 au second degré, le Tribunal correctionnel qui juge certaines contraventions et les
délits correctionnels,
 et la Cour d’Assises qui est chargée de juger les personnes accusées d’avoir
commis un crime. Elle est composée de deux corps distincts : l’un professionnel
(juges) et l’autre populaire ou jury (les jurés sont composé de citoyens d’aptitude
physique, intellectuelle, sociale et civique irréprochable, généralement pris entre
25 et 55 ans.)

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 171/197


MODULE I : LES INFRACTIONS

I/: Les infractions prévues par les Actes Uniformes OHADA

1-1 : La banqueroute

Le délit de banqueroute est prévu par l’article 25 de l’Acte Uniforme portant sur les
Procédures Collectives d'Apurement du Passif (AUPCAP). Une personne physique ou
morale commerçante est poursuivie d’un tel délit lorsqu’elle est dans l’impossibilité «de
faire face à son passif exigible avec son actif disponible».
L'AUPCAP distingue deux cas de banqueroute :
- La banqueroute simple qui est constatée dans les cas suivants : emploi de moyens
ruineux et tenue d'une comptabilité incomplète ou irrégulière, cas où le directeur d'une
entreprise a contracté sans recevoir des valeurs en échange ou pris des engagements
trop importants eu égard à sa situation, ou si sans excuse légitime, il ne fait pas
déclaration à la juridiction compétente de son état de cessation des paiements dans les
trente jours, ou enfin si, l'entreprise a été, déclarée deux fois en état de cessation des
paiements en cinq ans, ses procédures ont été clôturées pour insuffisance d’actif.

- La banqueroute frauduleuse
Les cas de banqueroute frauduleuse sont plus nombreux :le détournement de tout ou
partie de l’actif et l’augmentation frauduleuse du passif, la soustraction de la comptabilité,
l’exercice des fonctions de commerçant contrairement aux interdictions, le paiement à un
créancier au préjudice de la masse, après la cessation des paiements, la stipulation avec
un créancier des avantages particuliers en raison de son vote dans les délibérations de la
masse.
Enfin, l’AUPCAP sanctionne des peines de banqueroute frauduleuse, toute personne
assujettie à une procédure de règlement judiciaire qui, de mauvaise foi, présente un état
financier inexact ou incomplet ou qui accomplit des actes interdits sans autorisation
judiciaire.

- Les infractions connexes

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 172/197


L’AUPCAP a prévu à côté de la banqueroute, d’autres séries d’infractions qui sont
connexes à celle-ci. C’est ainsi que les articles 230 à 239 traitent des infractions
assimilées aux banqueroutes alors que les articles 240 à 246 visent les autres infractions.
Dans cette deuxième catégorie, on retrouve des infractions commises par des tiers ou
des parents du débiteur et qui sont punies des mêmes peines que la banqueroute
frauduleuse. Ce qui semble signifier que ces infractions sont également assimilées,
comme celles qui les précèdent, à la banqueroute. Par contre, les autres infractions
peuvent être punies de peines différentes, car la loi renvoie seulement aux peines en
vigueur dans chaque Etat-partie.

- Les autres infractions


Les articles 241 et s. prévoient des infractions dont le cadre est certes la société
assujettie aux procédures collectives mais qui se distinguent de la banqueroute. Elles
relèvent plutôt du droit pénal en vigueur dans chaque Etat-partie. Malgré leur diversité,
elles sont commises soit par les parents ou conjoint du débiteur, soit par le syndic, soit
par les créanciers.
Une attention particulière sera accordée aux infractions commises par le syndic

1-2 : Les infractions commises par le syndic :

L’article 243 de l’AUPC incrimine le fait pour tout syndic d’exercer une activité
professionnelle sous le couvert de l’entreprise du débiteur masquant ses agissements, de
disposer du crédit ou des biens du débiteur comme des siens propres, de dissiper les
biens de celui-ci. En plus est sanctionné le syndic qui poursuit abusivement et de
mauvaise foi, soit directement, soit indirectement, une exploitation déficitaire de
l’entreprise du débiteur, ou qui se rend acquéreur pour son compte, directement ou
indirectement, des biens du débiteur. Dans ce dernier cas, la juridiction doit prononcer la
nullité de l’acquisition et statuer sur l’allocation des dommages-intérêts.

1-3 : L'abus des biens et du crédit de la société

L'article 891 de l'AUSC incrimine des abus portant sur des valeurs patrimoniales que
représentent les biens sociaux ou le crédit de la société. En fait, il dispose que les

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 173/197


dirigeants de sociétés commerciales "qui, de mauvaise foi, font des biens ou du crédit de
la société, un usage qu'ils savaient contraire à l'intérêt de celle-ci, à des fins personnelles,
matérielles ou morales, ou pour favoriser une autre personne morale dans laquelle ils
étaient intéressés, directement ou indirectement", encourent une sanction pénale.
S'agissant du délit d'abus des biens et du crédit sociaux, il convient de retenir que les
abus incriminés sont caractérisés par un usage contraire à l'intérêt social.

1-4 : La Distribution de dividendes fictifs

L’article 889 dispose : « encourent une sanction pénale, les dirigeants sociaux qui, en
l’absence d’inventaire ou au moyen d’inventaire frauduleux, auront sciemment, opéré
entre les actionnaires ou les associés la répartition de dividendes fictifs ». Une telle
distribution serait préjudiciable aux associés de même qu’à la société car, c’est le capital
lui-même qui sera entamé puisqu’en réalité il n'y a pas de bénéfice à partager. Ainsi
l’infraction sera consommée lorsque ses éléments matériel et moral seront réunis. En fait,
il faut un inventaire fictif ou frauduleux, une répartition de dividendes fictifs et une
mauvaise foi. Mais en vérité l’inventaire ne constitue qu’une condition préalable de
l’infraction.

1-5 : Le délit de présentation ou de publication des états financiers infidèles

L'information infidèle est réprimée par l'article 890 de l'AUSC en ces termes : "encourent
une sanction pénale les dirigeants sociaux qui auront, sciemment, même en l'absence de
toute distribution de dividendes, publié ou présenté aux actionnaires ou associés, en vue
de dissimuler la véritable situation de la situation financière et de celle du patrimoine de la
société, à l'expiration de cette période". Cet article punit le délit de présentation ou de
publication des états financiers infidèles.

L'article 890 de l'AUSC vise "des états financiers de synthèse ne donnant pas, pour
chaque exercice, une image fidèle des opérations de l'exercice, de la situation financière
et de celle du patrimoine". Les états financiers de synthèse annuelle doivent donc être
réguliers, sincères et donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et
du résultat de l'exercice, conformément à l'article 168 de l'AUSC.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 174/197


L'infidélité de l'article 890 recouvre les manquements à l'obligation principale de régularité
et de sincérité, dès lors que le but est de dissimuler la véritable situation de la société.
Cette infidélité résulte donc de toute erreur ou plus exactement de toute irrégularité
relative à l'un des postes, d'ordre matériel, formel ou d'évaluation.

II/- Les infractions non prévues par les Actes Uniformes OHADA
2-1: Les infractions relevant de l’ordre public général
Il s’agit de l’abus de confiance, de l’escroquerie, du faux et d’usage de faux et du recel de
choses
2-1-1 Abus de confiance.
Il y a abus de confiance lorsque son auteur s’approprie une chose qu’il détient ou profite
d’une situation pour détourner à son profit un bien qui lui avait été remis. Ainsi pour qu’il y
ait abus de confiance, il faut la réunion de trois éléments :
une remise : la remis doit se traduire par un transfert précaire ou passagère de propriété :
ce qui n’est pas le cas lorsqu’il y a transfert en pleine propriété.
la chose remise : la chose remise peut être un bien meuble ou immeuble corporel ou
incorporel
et le contrat en vertu duquel la chose a été remise : la plupart des lois votées par les pays
africains ont précisé que ce contrat peut constituer en un louage (ou location),un dépôt,
un mandat, un nantissement qui s’appelle gage lorsqu’il porte sur une chose mobilière ou
antichrèse lorsqu’il porte sur une chose immobilière , un prêt à usage ou commodat qui
ne peut porter que sur les choses fongibles (interchangeables), un travail salarié ou non.
Ainsi un expert comptable qui conserve les documents qui lui ont été confiés pour
l’exercice de sa mission a été jugé coupable d’abus de confiance.

2-1-2 Escroquerie
L’escroquerie est commise lorsque le coupable s’est servi d’un faux nom ou d’une fausse
qualité pour s’approprier le bien d’autrui en faisant usage de manoeuvres frauduleuses.
Le délit d’escroquerie est ainsi commise par la réunion de deux actes : le mensonge et
les manoeuvres frauduleuses. En application de ces deux actes, le PDG d’une société a
été jugé coupable d’escroquerie lorsqu’il a déclaré faussement ladite société
concessionnaire exclusive d’une maison de commerce. De même, constitue une
manoeuvre frauduleuse caractérisant le délit d’escroquerie l’intervention d’un tiers,

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 175/197


vendeur de matériel qui, pour la remise d’une facture pro forma à un acheteur éventuel,
confirme la sincérité de conditions de marché qu’il sait cependant être inexacte ou même
imaginaires.
Il existe des infractions assimilables à l’escroquerie et qui, du fait de la spécificité du droit
pénal, méritent d’être mentionnées : il s’agit :
 du recel d’escroquerie qui suppose que son auteur a recueilli un bien qu’il sait
avoir été acquis par escroquerie,
 des déclarations mensongères pour le bénéfice de sommes indues, (ex : obtention
indue des aides aux travailleurs privés d’emploi)
 des fraudes dans les ventes,
 de l’escroquerie en col blanc qui est utilisée pour des personnes hors de
soupçons, mais coupables d’escroquerie,
 des filouteries visant à sanctionner des délinquants qui, se sachant dépourvus de
tous moyens de paiement, se seront fait nourrir, véhiculer ou remplir le réservoir de
leur véhicule.

2-1-3 Le faux et usage de faux en écriture

Le faux et usage de faux en écriture est une infraction contenant deux types d’actes
répréhensibles : le faux et l’usage du faux.
Le faux peut porter sur aussi bien un acte authentique, sur un acte sous seing privé ainsi
que sur des écritures de commerce ou de banque. Elle consiste en l’altération d’un écrit
sous toutes ses formes : fausse signature, imitation ou contrefaçon de signature,
surcharge dans un registre etc.
L’usage du faux est matérialisé par un acte d’usage portant sur une pièce fausse et
causant un préjudice à autrui. Tel est le cas lorsque l’on produit en justice des
reconnaissances de dettes comportant des contre-vérités quant à la cause de la dette
dont le paiement est réclamé.

2-1-4 Le recel de choses


Le recel des choses est une infraction particulière en ce sens que le receleur n’est pas à
l’origine de l’infraction. Il est assimilé au complice de l’infraction. Le fait générateur de ce
type d’infraction est la connaissance par le prévenu de l’origine frauduleuse de l’objet

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 176/197


recélé. Ainsi, a été considéré comme receleur in individu qui a eu connaissance de la
provenance délictueuse des fonds qu’il détenait même s’il a ignoré les circonstances
précises du crime par lequel ont été obtenus les objets recelés ou la personne au
préjudice de laquelle ce crime a été commis.

2-2: Les infractions relevant de l’ordre public économique


2-2-1 : Les infractions liées à la vente
 Le refus de vente : il consiste à refuser la vente d’un produit à un consommateur
sans motif légitime. L’action en responsabilité relève de la compétence des
juridictions civiles ou commerciales
 Les ventes liées ou jumelées : dans ce type d’infraction, le vendeur tend à
subordonner la vente d’un produit à l’achat d’une quantité imposée ou à l’achat
d’un autre produit ou d’un autre service ainsi que de subordonner la prestation d’un
service à celle d’un autre service ou à l’achat d’un produit.
 Les ventes sans factures : il s’agit d’une infraction à l’obligation qui est faite au
vendeur de délivrer une facture à l’acheteur d’un produit. La facture doit être
rédigée en double exemplaire et porter le maximum d’indication sur les deux
parties
 La vente au-dessous du prix d’achat : cette infraction ne pose pas de difficultés
particulières quant à sa définition, mais il revient au revendeur de prouver que le
prix d’achat effectif est supérieur au prix de revente. De plus, cette infraction
comporte des exceptions qui tiennent à la vente des produits périssables, des fins
de saison, des ventes forcées, etc.
 La vente avec prix imposé : le délit de prix imposé est consommé lorsqu’un
vendeur impose directement ou indirectement un caractère minimal au prix de
revente d’un produit ou d’un bien
 La publicité mensongère : une telle infraction est commise lorsque son auteur fait
usage de publicités fondées sur des indications fallacieuses pour attirer la
clientèle.
Il en est ainsi lorsque les étiquettes apposées sur certains meubles exposés à la vente
contiennent des renseignement erronés.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 177/197


2-2-2 : Les infractions liées aux chèques

Les infractions relatives au chèques sont prévues par la loi sur les instruments de
paiement : mais elles portent essentiellement sur l’émission de chèques sans provision,
de falsification de chèques ou de signature

2-2-3 : Le délit d’usure

Le délit d’usure est commis lorsque lors de la conclusion ou de la concession d’un prêt,
l’emprunteur fait usage d’une stipulation d’intérêts excessifs caractérisés par le
dépassement des taux de référence déterminés par les textes juridiques d’un Etat donné.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 178/197


6 Droit du Contentieux

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 179/197


Module 1 : Les juridictions

1.1 Les juridictions de premier degré


1.1.1 Les juridictions de droit commun du premier degré
1.1.2 Les juridictions spécialisées

1.2 Les juridictions d’appel ou de deuxième degré


1.2.1 L’organisation de la Cour d’Appel
1.2.2 La compétence de la Cour d’Appel
1.2.3 Les décisions de la Cour d’Appel

1.3 Les juridictions suprêmes


1.3.1 La Cour de Cassation
1.3.2 Le Conseil Constitutionnel
1.3.3 Le Conseil d’État
1.3.4 La Cour des Comptes

Module 2 : Les procédures civile, administrative et communautaire

2.1 La procédure civile


2.2 La procédure administrative
2.3 La procédure communautaire

Module 3 : L'arbitrage
3.1 Les conventions d'arbitrage
3.1.3 La clause compromissoire
3.1.2 Le compromis d'arbitrage
3.2 L'instance arbitrale
3.3 La sentence arbitrale

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 180/197


MODULE 1: LES JURIDICTIONS

La juridiction est l’organe de l’Etat chargé de dire le droit en toute matière. Eu égard aux
multiples manières dont elle procède pour assumer cette tâche, on distingue la juridiction
de fait et la juridiction de droit, la juridiction d’instruction et la juridiction de jugement, la
juridiction civile et la juridiction pénale, la juridiction gracieuse et la juridiction
contentieuse.
Juridiction de fait et juridiction de droit : la juridiction a pour mission de constater les
circonstances dans lesquelles les faits ayant donné lieu au litige, se sont produits. Son
rôle est un préalable indispensable au règlement du litige ; comme juridiction du fait, on
peut citer le Tribunal départemental, le Tribunal régional et la Cour d’Appel. La juridiction
du droit est investie de la mission de vérifier la légalité des décisions portées à sa
connaissance et rendre uniforme l’interprétation de la règle de droit. La juridiction du droit
ne revient plus sur les circonstances de la cause souverainement appréciées par les
juges du fond. Exemple : la Cour de Cassation et la Cour Suprême.
Juridiction d’instruction et juridiction de jugement : la juridiction d’instruction est celle dont
la compétence est reconnue en matière répressive pour les affaires les plus graves et les
plus compliquées ; elle est chargée de rechercher, réunir et apprécier les preuves et de
décider du renvoi ou non de la personne poursuivie devant la juridiction de jugement ; en
première instance, il y a le juge d’instruction rattaché au Tribunal départemental ou au
Tribunal régional ; au deuxième degré il y a la chambre d’accusation. La juridiction de
jugement statue au fond sur le procès et tranche le litige en prononçant la règle de droit.
Juridiction civile et la juridiction pénale : la juridiction civile est compétente pour connaître
les litiges d’ordre privé entre deux particuliers (litiges familiaux, patrimoniaux et
commerciaux) tandis que la juridiction pénale est appelée à juger les infractions (crimes,
délits et contraventions). Toutefois, dans l’hypothèse du déclenchement d’une action de
la victime devant le juge pénal, il faut que la décision rendue au civil se conforme à ce qui
a été jugé au pénal ou que le juge civil s’abstient de statuer tant que le juge pénal n’a pas
rendu sa décision. C’est ce que l’on exprime par l’adage « le criminel (ou le pénal) tient le
civil en état ». Devant la juridiction civile, la procédure est accusatoire (ce sont les parties

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 181/197


qui s’accusent) tandis qu’en matière pénale, la procédure est inquisitoire (c’est le Parquet
chargé de défendre les intérêts de la société qui poursuit les auteurs des infractions).
Juridiction gracieuse et la juridiction contentieuse : la juridiction gracieuse ne tranche pas
un litige ; elle joue le rôle d’un officier ministériel simplement invité à intervenir pour
parfaire un certain nombre d’actes juridiques ( ex : homologation d’un concordat en
matière de procédures collectives d’apurement du passif). La juridiction contentieuse
intervient pour trancher une contestation : dans ce cas, elle est tenue de motiver sa
décision contrairement à la juridiction gracieuse.
Juridiction constitutionnelle et juridiction administrative : la juridiction constitutionnelle est
le Conseil Constitutionnel qui intervient en matière constitutionnelle soit pour trancher les
conflits de compétence entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif soit pour éviter
l’irrégularité de certaines opérations. La juridiction administrative a pour mission de régler
les litiges pouvant survenir entre l’administration et les particuliers. Une telle compétence
est reconnue à toutes les juridictions de droit commun.
Pendant la période coloniale, l’organisation judiciaire des Etats africains était caractérisée
par la diversité des juridictions. On distinguait d’un côté les juridictions d’ordre local et de
l’autre, les juridictions de droit moderne. Cette distinction correspondait aux deux
systèmes juridiques qui coexistaient à cette période à savoir le système juridique
coutumier pour la communauté africaine et le système juridique de droit moderne
applicable à la communauté européenne.
Parmi les juridictions de droit local, compétentes pour statuer en matière civile et
criminelle, on comptait : les juridictions de premier degré et les tribunaux coutumiers, les
juridictions coutumières du second degré, les tribunaux supérieurs de droit local appelés
encore les tribunaux coloniaux d’appel, les tribunaux musulmans compétents pour statuer
sur les affaires de statut personnel et de droit familial et composé d’un juge unique appelé
« Cadi » et la chambre d’annulation de l’AOF et du Togo.
Les juridictions de droit moderne se subdivisent en juridictions de l’ordre judiciaire et en
juridictions de l’ordre administratif. Sont considérées comme juridictions de l’ordre
judiciaire :
au premier degré : la justice de paix à compétence restreinte, la justice de
paix à compétence étendue, le Tribunal de première instance, la Cour
d’Assises et le Tribunal de travail ;

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 182/197


au second degré : la cour d’Appel siégeant à Dakar, mais dont le ressort
s’étendait à l’ensemble de l’Afrique Occidentale et dont les magistrats
s’appelaient Conseillers
en cassation : la Chambre d’Annulation et la Cour de Cassation (siégeant à
Paris).
Les juridictions de l’ordre administratif étaient les suivantes :
au premier degré : les juridictions administratives du premier
degré, chargées de connaître les litiges qui mettaient en cause
l’administration locale
en cassation : le Conseil d’Etat siégeant à Paris compétente en matière
administrative et de recours pour excès de pouvoir ;
le tribunal des conflits chargé de trancher les conflits de compétence qui
naissent entre les juridictions administratives et les juridictions judiciaires
A l’heure actuelle, l’organisation judiciaire du Sénégal et de l’ensemble des Etats de
l’Afrique francophone comporte trois catégories de juridiction :
 les juridictions de premier degré ;
 les juridictions d’appel ou de deuxième degré ;
 les juridictions suprêmes.
1.1: Les juridictions de premier degré
Les juridictions de premier degré occupent la première place dans la hiérarchie judiciaire
et connaissent à ce titre pour la première fois des affaires portées à leur connaissance. Ils
sont au nombre de deux : les juridictions de droit commun du premier degré et les
juridictions spécialisées.
1. : Les juridictions de droit commun du premier degré
Par juridictions de droit commun du premier degré il faut entendre les juridictions dont la
compétence est générale en ce sens qu’elles connaissent de toutes les affaires à
l’exception de celles que la loi attribue, de façon expresse, aux juridictions spécialisées. Il
s’agit du Tribunal départemental, du Tribunal régional et de la Cour d’Assises.
 Le Tribunal départemental : c’est une juridiction à juge unique qui existe
dans chaque département ; il a remplacé les anciennes justices de paix ; le
parquet est représenté par un délégué du Procureur de la République ou en
son absence par le Président du tribunal ; il a compétence pour connaître

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 183/197


des affaires civiles, commerciales et pénales. A titre d’exemple, au Sénégal
en matière de bail à usage d’habitation, le Tribunal départemental se
prononce en dernier ressort lorsque le taux du loyer est inférieur ou égal à
25.000 FCFA par mois et à charge d’appel lorsque le taux du loyer mensuel
excède cette somme sans dépasser 50.000 FCFA.
 Le Tribunal régional : est la nouvelle dénomination du tribunal de première
instance ; son ressort couvre l’ensemble de la région ; il comprend un juge
d’instruction et un parquet dirigé par le Procureur de la République assisté
des substituts ; il statue en collégialité (3 magistrats) ; il a compétence pour
connaître des affaires administratives, civiles, commerciales et pénales ; il
est le juge d’appel des jugements rendus par les Tribunaux départementaux
et le recours contre ces décisions ne peuvent faire l’objet que d’un pourvoi
devant la Cour de cassation.
 La Cour d’Assises : c’est la juridiction de droit commun en matière de crime
et des autres infractions connexes à un crime ; sa composition est mixte (la
cour composée de magistrats de carrières et le jury comportant de simples
citoyens) ; elle rend des arrêts en premier et dernier ressort ne pouvant faire
l’objet de voie de recours que devant la Cour de cassation.
2. : Les juridictions spécialisées
Ce sont des juridictions qui ne connaissent que des matières que la loi leur
attribue, de façon spéciale. Leur nombre est fonction des besoins et de la politique
de l’Etat concerné. Au Sénégal, on en distingue quatre : le Tribunal pour enfants et
le Tribunal du travail, la Haute Cour de justice et la Cour de répression de
l’enrichissement illicite
- Le Tribunal pour enfants : il se prononce sur des crimes et délits commis par les
mineurs de moins de 18 ans et peut prendre des mesures lorsque le mineur est en
danger moral ou physique c’est-à-dire lorsque sa santé, sa sécurité, sa moralité ou
son éducation sont compromises. Il est dirigé par un magistrat désigné par le
Président du Tribunal régional. Il siège seul, mais il peut recourir aux éducateurs
spécialisés et aux assistants sociaux connaissant le mineur.
- Le Tribunal du travail : il est compétent pour connaître des conflits individuels qui
peuvent s’élever entre les travailleurs et leurs employeurs à l’occasion des

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 184/197


relations de travail. Les décisions du Tribunal du travail sont rendues en premier et
dernier ressort lorsque le taux du litige est inférieur ou égal à 150.000 FCFA et en
premier ressort lorsque la somme excède cette somme. Il se compose d’un
Président et de plusieurs magistrats. A l’audience, à côté du Président siègent
deux assesseurs employés et deux assesseurs employeurs.
- La Haute Cour de justice : elle compétente pour juger le Président de la
République en cas de haute trahison et les membres du gouvernement coupables
de crime ou de délit dans l’exercice de leurs fonctions
- La Cour de répression de l’enrichissement illicite : elle connaît du délit de
d’enrichissement illicite et des infractions connexes.
2. : Les juridictions d’appel ou de deuxième degré
Conformément au principe du double degré de juridiction, une personne insatisfaite
par une décision rendue par une juridiction inférieure peut porter la même affaire à
la connaissance de la juridiction supérieure. Mis à part le Tribunal régional dont la
compétence d’appel est exceptionnelle au Sénégal, la Cour d’Appel est la
juridiction d’appel par excellence.

1. : L’organisation de la Cour d’Appel


La Cour d’Appel est composée de magistrats appartenant au siège (premier président de
la Cour, les présidents de chambre et 20 juges suppléants) et au parquet ( procureur et 4
avocats généraux et 5 substituts généraux). La cour d’Appel est divisée en plusieurs
chambres :
 deux chambres civiles et commerciales,
 deux chambres correctionnelles,
 deux chambres sociales,
 une chambre d’accusation.
2. : La compétence de la Cour d’Appel
La Cour d’Appel est compétente en matière d’instruction (chambre d’accusation) et de
jugement (appels des décisions rendu au premier degré). Elle connaît des causes
soumises à sa compétence en premier et dernier ressort suivant les procédures
particulières constituées par les lois et les règlements. Ex : litiges relatifs aux opérations
électorales, pouvoir de contrôle dans les opérations de vote.
3. : Les décisions de la Cour d’Appel

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 185/197


La Cour d’Appel peut rendre un arrêt confirmatif ou un arrêt infirmatif qui, selon les cas,
pourront faire l’objet de pourvoi en cassation devant la Cour de cassation.

2. : Les juridictions suprêmes

1. : La Cour de Cassation

La Cour de cassation est compétente pour examiner les pourvois en cassation introduits
devant elle contre les décisions rendues en dernier ressort par les juridictions du premier
degré ou celles rendues à charge d’appel par les juridictions d’appel. Elle ne procède pas
à un nouvel examen des faits soumis à l’appréciation des juges de fond. Elle vérifie
uniquement si la règle de droit a été correctement interprétée et appliquée par la
juridiction dont émane la décision attaquée. Elle peut rendre :
4) un arrêt de rejet : le pourvoi n’est pas retenu et la décision attaquée devient
irrévocable
5) un arrêt de cassation avec renvoi : la décision rendue n’est pas conforme à la
règle de droit, mais la Cour de cassation étant incompétente pour examiner les
faits, elle doit renvoyer l’affaire à une autre juridiction de même nature et de
même degré que celle dont émane la décision cassée ou à la même juridiction
autrement composée; cette juridiction peut mettre fin à l’affaire en maintenant la
solution de la première juridiction ou attaquer la décision de la juridiction de
renvoi et dans ce cas, une formation plus solennelle est saisie : les Chambres
Réunies (Assemblée Plénière).
6) un arrêt de cassation sans renvoi lorsque la Cour de cassation estime que les
juges du fond n’ont pas correctement appliqué la loi ou lorsque le Procureur
général se pourvoit en cassation dans l’intérêt de la loi.
Il arrive que la Cour de cassation soit amenée à connaître du fond d’un litige; c’est le cas
de la demande de prise à partie (action dirigée contre un magistrat afin d’établir sa
responsabilité personnelle) et dans les demandes en révision en matière criminelle ou
correctionnelle.
La Cour de cassation est également chargée de régler tous les incidents qui sont de
nature à entraver la bonne marche de la machine judiciaire comme les demandes de

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 186/197


renvoi pour cause de suspicion légitime ou de sûreté publique, les demandes en
contrariété de jugements et les demandes en règlement des juges.

2. Le Conseil d’État

Le Conseil d’État est juge de cassation pour toutes les questions administratives. Il est
juge du recours pour excès de pouvoir, du contentieux des inscriptions sur les listes
électorales et des contestations relatives aux élections aux Conseils régionaux. Il connaît
enfin des recours formés contre les décisions de la Chambre de Discipline Financière et
des autres Chambres de la Cour des Comptes ainsi que des organismes administratifs à
caractère juridictionnel.

3. Le Conseil Constitutionnel

Le Conseil constitutionnel est chargé de vérifier la régularité des textes constitutionnels. Il


règle également les conflits de compétence entre le Conseil d’État et la Cour de
cassation.

4. La Cour des Comptes

La Cour des comptes juge les comptes des comptables publics. En outre, elle vérifie par
l’intermédiaire de la Commission de vérification des comptes, les comptes des
entreprises du secteur public. Elle vérifie également les comptes de tout organisme dans
lequel l’État détient une participation au capital social permettant d’exercer un pouvoir
prépondérant de décision ou de gestion. Enfin elle exerce une fonction juridictionnelle en
matière de discipline financière.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 187/197


MODULE 2 : LES PROCÉDURES CIVILE, ADMINISTRATIVE ET COMMUNAUTAIRE

Il existe un certain nombre de principes généraux qui gouvernent les procédures


indépendamment de leur nature.
 Représentation et assistance: en règle générale, les plaideurs se font représenter
et assister par les avocats à l'occasion des procès, mais il est admis que tout
justiciable peut postuler et plaider pour lui-même ou pour ses parents, conjoints,
cohéritiers, etc... Devant les tribunaux départementaux, le ministère d'avocat n'est
pas obligatoire. En revanche, auprès des autres juridictions supérieures,
l'assistance d'un avocat est requise. Devant le tribunal du travail, l'assistance ou la
représentation des parties est possible soit par un employeur ou un travailleur, soit
par un représentant des centrales syndicales dans les conflits individuels de
travail. En matière criminelle, la représentation et l'assistance sont obligatoires.

 Frais, dépens et assistance judiciaires: les frais engendrés par le procès, (droit de
timbre, droits d'enregistrement, droits de plaidoirie, frais des officiers ministériels,
taxes des témoins, frais et vacation des experts, etc...) et les dépens (partie des
frais que le gagnant peut se faire rembourser par le perdant) sont supportés par
les parties au procès mais ils sont pris en charge par l'Etat pour les plaideurs qui
n'ont pas de moyens (assistance judiciaire).

 Double degré de juridiction : c'est le principe qui permet au justiciable de porter la


même affaire devant une juridiction de degré supérieur. En matière civile et
commerciale, l'appel n'est pas possible si la valeur en argent du litige est trop
faible, c'est-à-dire 200 000 francs CFA pour le tribunal départemental et 150 000
francs CFA pour les litiges portant sur le droit du travail.
 Motivation des décisions : toute décision contentieuse doit être motivée. Les motifs
sont exposés dans une longue suite de développement que l'on appelle « les

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 188/197


attendus » ou encore « les considérants ». Le défaut de motivation, l'insuffisance
et la contrariété des motifs sont des causes de cassation de la décision.
 Principe dispositif : il s'agit du principe selon lequel les plaideurs conservent la
liberté d'entamer un procès, de lui donner le contenu qu'ils désirent et de le
suspendre ou de l'arrêter (acquiescement, désistement).
 Intérêt à agir : l'action en justice est ouverte à tous ceux qui ont intérêt au succès
ou au rejet d'une prétention. Le défaut d'intérêt constitue une fin de non-recevoir à
l'action. Ce principe confirme les adages suivants : « pas d'intérêt, pas d'action » et
« l'intérêt est la mesure de l'action ».

2.1 La procédure civile


La procédure civile est l'ensemble des règles qui gouvernent l'organisation et le
fonctionnement de la justice civile en vue d'assurer aux particuliers la mise en œuvre et la
sanction des droits subjectifs.
2.1.1 La demande en justice
C’est l’acte de procédure au moyen duquel une personne saisit un tribunal à l’effet
d’obtenir la reconnaissance, la protection et la sanction d’un droit dont il se prétend
titulaire. Les différentes sortes de demande en justice sont : la demande introductive
d’instance (faite par voie d’assignation) appelée encore « exploit d’assignation » ; les
demandes incidentes formées pendant le procès et présentées après la demande
principale (on en distingue plusieurs types : demande additionnelle, demande
reconventionnelle, demande en intervention volontaire, demande en intervention forcée et
demande rectificative).
2.1.2 La défense en justice
La défense désigne l’ensemble des moyens dont le défendeur dispose pour réagir contre
l’attaque dont il est l’objet. Il peut s’agir des défenses au fond, c’est-à-dire tout moyen qui
tend à faire rejeter comme non justifiée la prétention de l’adversaire, comme des
exceptions de procédure qui sont :
 l’exception d’incompétence : elle est soulevée lorsque le tribunal saisi d’une affaire n’est
pas celui qui devrait normalement la connaître. Le défendeur qui invoque une telle
exception doit la motiver et désigner le tribunal qui doit connaître de l’affaire ;

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 189/197


 l’exception de litispendance : on soulève l’exception de litispendance lorsque le procès
porté devant une juridiction donnée est déjà en cours devant une autre juridiction. Dans
ce cas on demande que la juridiction saisie en 2ème lieu se dessaisisse du procès ;
 En ce qui concerne l’exception de connexité, elle est soulevée lorsqu’un rapport étroit
existe entre deux demandes formées devant deux tribunaux différents. Le tribunal saisi
en 2ème lieu doit se dessaisir au profit du 1er afin que les deux demandes soient
examinées ensemble par la même juridiction ;
 Les exceptions dilatoires : ce sont des moyens de procédure qui ont pour objet d’obtenir
certains délais. Le défendeur qui les soulève cherche à faire décider par le tribunal qu’il
soit sursis à statuer à la poursuite de la procédure pendant un certain délai ou jusqu’à la
réalisation d’un événement ;
 Les exceptions de nullité : lorsqu’un acte de la procédure est entaché d’irrégularité, l’une
des parties au procès peut s’en prévaloir pour soulever l’exception de nullité. Sont
considérées comme des irrégularités de fond affectant la validité de l’acte, le défaut de
capacité d’ester en justice, le défaut de pouvoir d’une partie ou d’une personne figurant
au procès comme représentant d’une personne morale ou d’une personne physique
atteinte d’incapacité d’exercice ; le défaut de capacité ou de pouvoir d’une personne
assurant la représentation d’une partie en justice sous réserve des règles spéciales au
désaveu.
Toutes les exceptions de procédure doivent être relevées d’office, c’est-à-dire « in limine
litis » (en début de procès).

2.1.3 Les fins de non recevoir de l’action en justice


Ce sont les moyens qui tendent à faire déclarer l’adversaire irrecevable en sa demande
sans examen au fond. Elle permet par exemple d’opposer à l’adversaire le défaut d’intérêt
légitime, d’intérêt né et actuel, de l’introduction tardive d’une opposition, d’un appel ou
d’un pourvoi en cassation.

2.1.4 Les voies de recours contre la demande en justice


Les voies de recours offrent aux parties la possibilité de remettre en cause la régularité
d’un jugement et de contester le bien-fondé d’un procès quant au fond. Ce sont des
moyens mis à la disposition d’un plaideur pour provoquer un nouvel examen du procès.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 190/197


 Les voies de recours ordinaires

 L’opposition
L’opposition est une voie de recours de droit commun qui permet au défaillant de faire
revenir l’affaire devant le Tribunal ayant statué la première fois. L’autorité de la chose
jugée dont bénéficie la première décision se trouve suspendue dès l’opposition jusqu’à
l’intervention de la nouvelle décision (effet suspensif). L’opposition ramène le litige devant
le juge qui avait prononcé la nouvelle décision (effet dévolutif). Si l’opposition est
acceptée, elle n’anéantit pas les effets les actes accomplis en exécution du premier
jugement. En revanche en cas de succès de l’opposition, le deuxième jugement qui fait
suite à la première décision.

 L’appel
L’appel est une voie de recours de droit commun et de réformation par laquelle une partie
qui se croit lésée par un jugement, demande un examen par les juges du degré
supérieur. La voie d’appel est ouverte en toute matière contre les jugements de première
instance s’il n’en est autrement disposé. On dit que le jugement est rendu à charge
d’appel par opposition à celui qui est rendu en premier et dernier ressort. L’appel obéit au
principe de la succombance c’est-à-dire que pour pouvoir former appel, il faut avoir perdu
à l’instance qui s’est déroulée devant la juridiction du premier degré. L’intimé qui est
l’adversaire de l’appelant peut également prétendre à l’appel. Son appel porte le nom
d’appel incident contrairement à l’appel principal dont l’appelant est titulaire. L’appel
produit deux effets : l’effet suspensif (qui signifie que le jugement prononcé au premier
degré ne saurait être exécuté une fois que l’appel est interjeté) et l’effet dévolutif (qui
signifie que l’appel remet la chose jugée en question devant la juridiction d’appel pour
qu’il soit à nouveau statué en fait et en droit.

 Les voies de recours extraordinaires

 Le pourvoi en cassation
Le pourvoi en cassation peut être formé par toute partie à la décision attaquée dans le
délai de deux mois. Il est valablement formé par une requête remise au greffe de la Cour
de Cassation. Les moyens du pourvoi peuvent être développés dans un document joint à

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 191/197


la requête à la requête ou produit dans les quinze jours suivant son dépôt et qui porte le
nom de mémoire ampliatif. Le pourvoi du Ministère public est formé d’un réquisitoire et
déposé au greffe de la Cour de cassation.
 La tierce opposition
Elle est ouverte aux personnes lésées ou menacées par une décision à laquelle elles
n’ont été ni parties ni représentées. Elle peut intervenir par voie principale ou incidente.
Dans le premier cas, la tierce opposition renvoie la décision attaquée devant la juridiction
qui l’a rendue. Dans le second cas, elle est tantôt une voie de rétractation si la juridiction
saisie du procès en cours est inférieure à la juridiction qui a rend la décision attaquée et
tantôt une voie de réformation si la juridiction qui connaît du procès est la même ou
supérieure à celle qui a rendu la décision.
 La requête civile
Appelée encore recours en révision, la requête civile, la requête civile permet de
demander aux juges qui ont déjà statué de modifier leur décision rendue par erreur. En
général, le délai de la requête civile est de deux mois. Il s’agit de soumettre à la juridiction
la plus élevée de l’ordre judiciaire les décisions rendues en dernier ressort pour en obtenir
leur cessation. La situation intervient notamment en cas de violation de la loi, de
contrariété de la décision ou d’inobservation des formes.

2.2 La procédure administrative


Il faut distinguer selon que le contentieux porte sur les droits subjectifs ou le droit objectif:
 le contentieux de droits subjectifs ou contentieux de pleine juridiction: il s'agit du
contentieux sur lequel statuent les juridictions du premier degré jugeant en matière
administrative (Tribunaux régionaux) et les Cours d'Appel (chambre d'accusation).
Le juge du droit en la matière est le Conseil d'Etat.
 Le contentieux du droit objectif: il s'agit des décisions ou des recours en annulation
sur les textes ou les règles d'ordre public; ex: refus de l'Ordre des experts
comptables d'inscrire un candidat au tableau. Le contentieux du droit objectif
relève de la compétence du Conseil d'Etat.

2.3 La procédure communautaire


 La procédure devant la Cour de Justice de l'UEMOA

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 192/197


La cour de Justice de l'UEMOA connaît des actions intentées contre l'UEMOA et ses
organes (organes de direction, organes consultatifs, juridictions et institutions
spécialisées),des dommages causés par les membres du personnel dans l'exercice de
leurs fonctions. Son siège est à Ouagadougou. Devant la Cour, les immunités de
juridiction et d'exécution dont bénéficient les institutions internationales en vertu des
accord de siège ne sont pas opérationnelles. La compétence de la Cour est également
reconnue lorsque l'UEMOA signe un contrat comportant une clause attributive de
compétence à la Cour. La cour est également compétente en matière de contentieux de
la concurrence, en matière arbitrale et des recours pour excès de pouvoir dirigé contre
tout organe de l'Union à l'exception de la Conférence des Chefs de l'Etat et de
gouvernement. Elle est également juge des manquements des Etats aux règles et
principes de l'Union. La procédure comporte les étapes suivantes: la commission de
l'UEMOA constate le manquement et tente d'y mettre fin; en cas de persistance, elle
saisit la Cour en vue de l'authentification judiciaire du manquement. Enfin, la Cour a
compétence en matière d'interprétation et de validité des actes de l'Union et donne des
avis et recommandations sur un texte en vigueur ou en état de projet ou sur un cas de
droit.

 La procédure devant la CCJA


Composée de 7 juges élus pour 7 ans par le Conseil des Ministres, la CCJA a son siège
à Abidjan.
Les juges sont choisis sur une liste préétablie par les Etats-parties comprenant les
Magistrats, les avocats et les professeurs de droit ressortissant des Etats de l’OHADA.
Elle est assistée d’un greffier en chef qui assure le secrétariat de la Cour. Elle a un triple
rôle de consultant, de juge et de contrôleur.
En tant que consultant, elle est consultée sur les projets d’Acte Uniforme avant leur
présentation et leur éventuelle adoption par le Conseil des Ministres.
En tant que juge, elle statue comme juge de cassation à la place des Cours de Cassation
nationales pour tout ce qui touche au droit harmonisé des affaires ;
En tant que contrôleur, elle contrôle le bon déroulement des procédures d’arbitrage
lorsque les parties ont opté pour ce mode de règlement de leur différend.
Les juges de la CCJA sont inamovibles. Leur mandat est renouvelable une fois et ils
jouissent dans l’exercice de leurs fonctions des privilèges et immunités diplomatiques.

DESCOGEF- Droit des Affaires Cours de MM. GABIAM et NZOUABETH 193/197


Par ailleurs, pour les actes accomplis en dehors de leur fonction, ils ne peuvent être
poursuivis qu’avec l’autorisation de la CCJA.
La CCJA ne peut comprendre plus d’un ressortissant d’un même Etat.
La CCJA est compétente pour statuer sur toutes les questions relatives à l’application des
Actes Uniformes et des règlements prévus par le Traité à l’exception des sanctions
pénales.
C’est une Cour de Cassation qui présente la particularité de statuer au fonds sans renvoi
devant une autre juridiction. Elle statue sur les décisions non susceptibles d’appel de ces
juridictions.
La procédure à suivre devant la CCJA est fixée par un Règlement adopté par le Conseil
des Ministres. La CCJA peut être saisie soit directement par l’une des parties à une
instance devant une juridiction nationale, soit sur renvoi d’une juridiction nationale
statuant en cassation quand l’affaire relève de la compétence de la Cour. Elle ne peut
intervenir que sur le fondement d’une clause compromissoire ou d’un compromis
d’arbitrage. La seule condition est que la partie qui la saisit doit avoir son domicile ou sa
résidence dans un Etat-partie ou que le contrat litigieux a été ou doit être exécuté, en tout
ou partie sur le territoire d’un ou plusieurs Etats-parties. La saisine de la Cour suspend
les procédures de cassation engagées devant une juridiction nationale à l’exception des
procédures d’exécution.
La CCJA n’est pas une Cour d’arbitrage à proprement parler. Elle ne tranche pas les
litiges en tant qu’arbitre. Elle doit être tenue informée du déroulement de l’instance. Elle
examine les projets de sentence et n’est habilitée, aux termes de l’article 24 al 2 du
Traité, qu’à proposer des modifications de pure forme.

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MODULE 3: L’ARBITRAGE

L’arbitrage est un mécanisme alternatif de règlement des conflits. Il est défini comme
l’institution de justice privée en vertu de laquelle les litiges sont soustraits aux juridictions
de droit commun pour être résolus par des personnes revêtues pour la circonstance, de
la mission de juges.
L’arbitrage ainsi défini, se distingue de certaines notions qui ont tendance à lui être
assimilées.
 Arbitrage et expertise : l’arbitrage et l’expertise se ressemblent car ils consistent à
demander à des tiers d’intervenir en vue de permettre le règlement d’un litige ; il
existe des différences importantes entre les deux institutions. Les arbitres ont pour
mission de trouver une solution au litige et leur décision qui est revêtu de l’autorité
de la chose jugée, s’impose aux parties et aux Tribunaux d’Etat. En revanche, les
experts sont seulement chargés par les parties ou par les juges de donner leur
avis qui n’a pas forcément un caractère obligatoire. C’est le cas, à quelques
nuances près, de la médiation et de la conciliation
 Arbitrage et transaction : comme l’arbitrage, la transaction a pour but de mettre fin
à un litige, mais une personne désignée pour transiger, ne doit pas comprendre.
La transaction est un contrat est un contrat par lequel les parties mettent elles-
mêmes fin à un différend qui les oppose. Elles doivent se conformer aux
dispositions qui ont été prises. En cas de violation, chacune des parties peut
demander aux Tribunaux de condamner l’autre à exécuter ce qui a été prévu dans
la transaction ; une sentence arbitrale, au contraire, devient directement exécutoire
dès qu’elle est revêtue de la formule exécutoire.

3.1: Les conventions d’arbitrage


Pour recourir à l’arbitrage, les parties doivent signer une convention d’arbitrage. Les
conventions d’arbitrage se distinguent suivant leur position par rapport au litige : si elles
sont conclues antérieurement au litige, elles portent le nom de clause compromissoire ;
lorsqu’elles sont conclues après la survenance du litige, on les appelle compromis
d’arbitrage.
3.1.1- La clause compromissoire

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La clause compromissoire est la convention par laquelle les paries à un contrat décident
que les conflits qui pourront naître de l’exécution du contrat seront portés, non devant une
juridiction, mais devant des arbitres. Il ressort de cette définition un certain nombre de
conséquences engendrées par la clause compromissoire:

- elle doit être stipulée par écrit dans le contrat principal ou dans un document auquel
celui-ci se réfère ;

- elle doit désigner les arbitres soit prévoir leur mode de désignation ;

- elle est valable seulement en matière commerciale et non en matière civile ou mixte ;

- elle rend incompétente la juridiction qui’ en son absence, aurait dû connaître du litige ;

- elle entraîne la mise en œuvre directe de l’arbitrage sans passer par le compromis ;

- elle est inopposable aux tiers.


3.1.2 Le compromis d’arbitrage
Le compromis d’arbitrage est la convention par laquelle les parties à un litige déjà né
s’accordent pour le soumettre à l’arbitrage. Ainsi, le compromis d’arbitrage suppose qu’il
s’applique à un seul litige bien déterminé et ne peut être conclu qu’après la naissance du
litige.
3.2 L’instance arbitrale
La mission d’arbitre ne peut être confiée qu’à une personne physique ayant le plein
exercice de ses droits civils et civiques. S’il s’agit d’une personne morale, elle n’a que le
pouvoir d’organiser l’arbitrage. C’est le cas de la CCJA qui régule l’arbitrage dans les
Etats-parties à l’OHADA. La constitution du tribunal arbitral n’est parfaite que lorsque le
ou les arbitres acceptent la mission qui leur est confiée. Il est constitué d’un seul arbitre
ou de plusieurs arbitres en nombre impair. L’arbitre qui suppose, en sa personne une
cause de récusation doit en informer les parties et, il ne peut accepter sa mission qu’avec
l’accord des parties. Pour l’instruction de l’affaire les arbitres sont tenus de respecter le
caractère contradictoire de la procédure.

3.2.1- La mission des arbitres


En principe, les arbitres doivent trancher les litiges conformément aux règles de droit ;
dans ce cas, ils sont soumis aux mêmes obligations que les magistrats des juridictions et
leur décision est susceptible d’appel. Toutefois, les parties peuvent leur demander

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d’écarter les règles de droit lorsque leur application serait de nature à entraîner des
conséquences inéquitables et de fonder leur décision sur l’équité et les usages du
commerce interne ou international. Dans cette hypothèse, on dit qu’ils statuent en
amiable composition ou comme amiables compositeurs.
L’amiable composition produit les conséquences suivantes :
 La décision rendue par les arbitres statuant en amiable composition n’est pas
susceptible d’appel ;
 L’arbitre amiable compositeur n’est pas tenu de respecter les termes du contrat, mais
il doit se conformer aux règles d’ordre public ;
 Il est tenu de motiver sa décision.
L’instance arbitrale prend fin par le prononcé de la sentence arbitrale.

3.2.2- La sentence arbitrale

La sentence arbitrale est la décision rendue par les arbitres sur le litige que les parties
leur ont soumis. Elle a tous les caractères d’un jugement à ces exceptions près qu’elle
n’est pas publiée (mais seulement déposée au greffe du Tribunal du lieu où elle a été
rendue) et qu’elle n’a pas automatiquement la force obligatoire, bien qu’ayant l’autorité de
la chose jugée. La sentence arbitrale peut faire l’objet d’une exécution amiable ou d’une
exécution forcée. L’exécution amiable peut se manifester par un acquiescement :
chacune des parties effectue alors les prestations mises à sa charge par les arbitres.
L’exécution forcée nécessite une ordonnance d’exequatur : c’est un acte par lequel le
juge appose sur la minute de cette sentence la formule exécutoire. Il n’y a pas de recours
possible contre l’ordonnance qui rend l’exequatur, mais celle qui la refuse peut être
frappée d’appel. Quant à la sentence elle-même, elle n’est susceptible que d’appel et de
recours en annulation.

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