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Mémoire présenté le :

pour l’obtention du Diplôme Universitaire d’actuariat de l’ISFA


et l’admission à l’Institut des Actuaires

Par : Anwar CHAKHAR


Titre : Gestion du développement dans un cadre ORSA
Confidentialité : ⇥ NON ⇤ (Durée : ⇤ 1 an ⇤ 2 ans)
Les signataires s’engagent à respecter la confidentialité indiquée ci-dessus
Entreprise : ASIGMA
Membres présents du jury de Signature Nom : M. Younes ELABDI
l’Institut des Actuaires
Signature :
Mme Maryse LE PEVEDIC
Directeur de mémoire en entre-
M. Ferreol BAUDONNIERE prise : M. Frédéric PLANCHET
Nom :
Signature :

Membres présents du jury de


l’ISFA

M. Stéphane LOISEL Autorisation de publication et


de mise en ligne sur un site de
diffusion de documents actua-
riels (après expiration de l’éventuel
délai de confidentialité)
Signature du responsable entreprise

Signature du candidat
Table des matières

Résumé 2

Abstract 3

Introduction 4

1 ORSA, quelques rappels 5


1.1 Sources réglementaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Orientations EIOPA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.3 Appétence aux risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Présentation des compagnies 9


2.1 Activités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2 Profils de souscription . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.3 Profils d’investissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2.4 Cartographie des risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.4.1 Risques financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.4.2 Risques de souscription en vie . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.4.3 Risques de souscription en santé . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.4.4 Risques opérationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.5 Appétence aux risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

3 Modélisation du Besoin Global de Solvabilité 14


3.1 Les fonds propres économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.1.1 Principes d’évaluation des fonds propres . . . . . . . . . . 15
3.1.2 Principes d’évaluation des passifs . . . . . . . . . . . . . . 17
3.1.3 Marge pour Risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
3.2 Le capital économique Solvabilité 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2.1 Risque de marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.2.2 Risques de contrepartie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.2.3 Risques Vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.2.4 Intangibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.2.5 Risques opérationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.2.6 Capacité d’absorption . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.2.7 Agrégation totale du SCR . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.3 Modèles de projection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.3.1 Ruine économique à T années . . . . . . . . . . . . . . . . 25

ii
3.3.2 SCR à T années . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.3.3 SCR à T années, multi-déterministe . . . . . . . . . . . . . 27
3.3.4 Approche multi-déterministe simplifiée . . . . . . . . . . . 27

4 Cadre de projection du BGS 29


4.1 Taux de couverture de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
4.1.1 Les fonds propres économique en t0 . . . . . . . . . . . . . 30
4.1.2 Le capital réglementaire en t0 . . . . . . . . . . . . . . . . 30
4.1.3 Taux de couverture initial . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
4.1.4 Application des scénarios de stress ORSA . . . . . . . . . 32
4.2 Prévemp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
4.2.1 Projection des fonds propres de base . . . . . . . . . . . . 33
4.2.2 Projection de la VIF, du SCR et de la RM . . . . . . . . . 36
4.2.3 Tiering . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4.2.4 Hypothèses de projection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
4.3 Éparuni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4.3.1 Projection des fonds propres . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.3.2 Projection du SCR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4.3.3 Hypothèses de projection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

5 Applications 60
5.1 Prévemp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
5.1.1 Scénario central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
5.1.2 Scénarios de stress ORSA . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
5.1.3 Scénarios alternatifs de chiffre d’affaires . . . . . . . . . . . 66
5.1.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.2 Éparuni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
5.2.1 Vision finale du portefeuille . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
5.2.2 Scénarios financiers adverses . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
5.2.3 Scénarios de stress transverses . . . . . . . . . . . . . . . . 73
5.2.4 Scénarios de stress ORSA . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
5.2.5 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76

6 Analyse critique 77
6.1 Éparuni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
6.2 Prévemp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
6.2.1 Impact des scénarios financiers sur les résultats projetés . . 78
6.2.2 Impact de la collecte sur les résultats projetés . . . . . . . 79
6.2.3 Impact sur l’évaluation du BGS . . . . . . . . . . . . . . . 80
6.2.4 Impact de la déformation de la rentabilité sur l’évaluation
du BGS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
6.2.5 Impact du SCR « primes et réserves » . . . . . . . . . . . 81

Conclusion 83

Annexes 85

iii
A Textes réglementaires 86
A.1 Directive Solvabilité II : Article 45 . . . . . . . . . . . . . . . . . 86

B Modèles internes pour le calcul du capital réglementaire Solva-


bilité 2 88
B.1 Formule standard revisitée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
B.2 La méthode « simulations dans les simulations » . . . . . . . . . . 89
B.3 L’accélérateur SdS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
B.4 La méthode des portefeuilles répliquants . . . . . . . . . . . . . . 92
B.5 Approches formes paramétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

1
Résumé

Mots-clés : Solvabilité II, ORSA, Besoin global de solvabilité, Taux


de couverture, Fonds propres, Capital économique, Simulation, Plan
stratégique, Pilotage.

Avec l’entrée en vigueur de Solvabilité II et la mise en place du processus d’évalua-


tion interne des risques et de la solvabilité (ORSA), la majorité des compagnies
ont pu gérer et piloter leurs activités sous le prisme de cette nouvelle norme.

L’objectif de ce mémoire, dédié à l’ORSA, est de mettre en valeur son apport


dans le pilotage d’un business assurantiel à travers la mise en perspective des
approches adoptées par deux compagnies d’assurance. Ces approches se matéria-
lisent par l’utilisation d’un modèle d’évaluation et de projection du besoin global
de solvabilité. Bien que ces compagnies aient un positionnement différent sur le
marché assurantiel, et qu’elles n’aient pas procédé à un partage de connaissance
au préalable, les modèles utilisés possèdent un socle théorique et pratique com-
mun très important. Malgré leurs simplicités et leurs limites, ces modèles ont
permis d’orienter des choix stratégiques.

Nous abordons à travers notre mémoire les compagnies concernées, les modèles
utilisés, les questions stratégiques soulevées par les organes exécutifs et enfin les
impacts financiers des décisions prises en réponse à ces questions. Nous pourrons
alors apprécier la pertinence de l’utilisation de ces modèles et du processus ORSA
dans la gestion du développement d’une compagnie d’assurance à court et moyen
terme.

2
Abstract

Keywords : Solvency II, ORSA, Overall solvency needs, Solvency


ratio, Own funds, Economic capital, Simulation, Business plan,
Management.

The entry into force of the Solvency 2 directive and the implementation of the
Own Risk and Solvency Assessment process (ORSA), has presented complexity
for many businesses. Nevertheless, most of them have been able to manage and
steer their activities appropriately in light of these new requirements.

The purpose of this thesis, focused on ORSA, is to highlight the contribution of


this process in the insurance business management, considering the approaches
adopted by two insurance companies. Although these companies have different
positioning in the insurance market, and that knowledge has not been previously
shared between them, the models that were used have both key theoretical and
practical common ground. Despite both models being relatively simple and ha-
ving identified limitations, they have made it possible for both businesses to make
appropriate strategic choices in their risk management.

This thesis addresses the studied companies, the used models, the strategic ques-
tions raised by the executive bodies and finally the financial impacts of the de-
cisions taken in response to those questions. This thesis then provides an assess-
ment of the relevance of using these models and the ORSA process to manage
insurance compagnies development for the short and mid term.

3
Introduction

Dans le contexte de missions de conseil, nous avons produit l’exercice ORSA


pour deux compagnies ayant des profils de risques et des positionnements diffé-
rents sur le marché de l’assurance. À cette occasion, nous avons pu mettre en
valeur l’apport de l’ORSA dans la gestion à court et moyen terme d’un business
assurantiel.

Plus qu’une contrainte supplémentaire, l’ORSA apparait comme la formalisation


dans un cadre normé, des évaluations prospectives habituellement menées par
les gestionnaires du risque. Elle offre également un outil de pilotage permettant
d’orienter les décisions stratégiques du développement commercial et c’est cette
valeur ajoutée que nous souhaitons mettre en exergue à travers notre mémoire.

Pour commencer, nous rappellerons brièvement ce que sont les aspirations et


les idéaux de l’évaluation interne des risques et de la solvabilité. Le chapitre
suivant donnera le contexte dans lequel ces idéaux devront être mis en place en
présentant les compagnies concernées ainsi que leurs problématiques propres.

Deux chapitres seront ensuite consacrés aux modèles utilisés dans le processus
ORSA. Le premier décrira le cadre général dans lequel peut être évalué le besoin
global de solvabilité avec les différentes méthodologies disponibles. Le second sera
majoritairement centré sur les mécanismes réellement appliqués par les compa-
gnies étudiées d’une part, et les hypothèses de projection utilisées d’autre part.

La dernière partie sera consacrée aux résultats obtenus durant le processus


ORSA. Nous aborderons les décisions stratégiques adoptées à la suite de ces ré-
sultats ainsi que leurs conséquences sur l’évolution du business assurantiel pour
chaque entreprise étudiée.

Avant de conclure notre étude, nous reviendrons dans un chapitre dédié sur
certaines limites des modèles afin d’offrir une analyse critique et d’éventuelles
optimisations ainsi que leurs impacts.

4
Chapitre 1

ORSA, quelques rappels

L’évaluation interne des risques et de la solvabilité, communément appelé


ORSA 1 , recouvre l’ensemble des processus d’identification, de mesure, de sur-
veillance, de gestion et de reporting des risques à court et à moyen terme. La
détermination du niveau des fonds propres requis en adéquation avec le pro-
fil d’activités et de risque ainsi que les limites de tolérance au risque en font
également partie.

1.1 Sources réglementaires

D’un point de vue réglementaire, l’article 45 de la directive solvabilité 2 présente


les principes qui gouvernent l’évaluation interne des risques et de la solvabilité.
Cette évaluation porte sur au moins trois élèments tels que définis dans le premier
paragraphe de l’article :
1. le besoin global de solvabilité, compte tenu du profil de risque
spécifique, des limites approuvées de tolérance au risque et de
la stratégie commerciale de l’entreprise ;

2. le respect permanent des exigences de capital (. . .) et des exi-


gences concernant les provisions techniques (. . .) ;

3. la mesure dans laquelle le profil de risque de l’entreprise s’écarte


des hypothèses qui sous-tendent le capital de solvabilité requis
(. . .) calculé à l’aide de la formule standard (. . .) ou avec un
modèle interne partiel ou intégral (. . .).

directive Solvabilité II - article 45 paragraphe 1


1. Own Risk & Solvency Assessment

5
Les points précédents découvrent les principaux objectifs et attentes d’un pro-
cessus ORSA. Les paragraphes suivants de l’article 45 1 (6 au total) traiteront
de l’importance d’avoir des procédures proportionnées aux risques auxquels l’en-
treprise est exposée, une approche prospective et une utilisation opérationnelle
pérenne dans la gestion des risques au quotidien.

Le rôle de l’ORSA n’est donc pas de calculer un montant de capital requis -


comme explicitement spécifié au paragraphe 7 - mais d’apporter une approche
complémentaire permettant d’évaluer aussi bien les facteurs de risques exogènes
que les facteurs de risques endogènes, tels que le risque de réputation ou le risque
induit par la stratégie commerciale.

L’article 45 établit les fondements du processus ORSA. Pour la mise en lien entre
ces fondements et la pratique opérationnelle, des orientations EIOPA viendront
aiguiller les acteurs de l’assurance dans l’accomplissement des idéaux de l’ORSA.

Nous évoquons ces orientations plus en détails dans la section suivante.

1.2 Orientations EIOPA

Les orientations 2 communiquées par l’EIOPA ont été transposées sous forme de «
notice Solvabilité II » précisant les exigences réglementaires en matière d’ORSA.

Ces précisions sont regroupées autour de trois volets :


1. Considérations générales
2. Besoin global de solvabilité
3. Spécificités pour les groupes
Les considérations d’ordre générale éclairent tout d’abord sur la nécessité d’avoir
une démarche unique et adaptée à la structure et aux risques de l’entreprise
(orientation 1). Elles soulignent ensuite les contraintes en terme de documenta-
tion, reporting et audit (orientations 3, 5 et 6) ainsi qu’en terme d’organisation
décisionnelle (orientation 2). Elles abordent enfin la mise en place d’une poli-
tique interne approuvée par le conseil d’administration, ayant pour objectif la
formalisation des aspects tout aussi bien qualitatifs que quantitatifs relatifs à
l’accomplissement de l’ORSA (orientation 4).

La dernière orientation mentionnée mérite une attention particulière car elle


donne une idée sur les attentes réglementaires d’un point de vue opérationnel.
Outre la formalisation des procédures appliquées pour mener un exercice ORSA,
certaines contraintes méthodologiques sont abordées telles que l’évaluation des
1. L’ensemble des articles a été reproduit en annexe A.1.
2. L’EIOPA a produit au total vingt orientations destinées à aider les compagnies d’assu-
rance à mettre en oeuvre le processus ORSA.

6
simulations de crises, de crises inversées, ou encore l’analyse de sensibilités tech-
niques et financières. Ces élèments nous permettent de faire la transition avec le
deuxième volet des orientations EIOPA qui portent sur l’aspect plus quantitatif
du processus ORSA et plus particulièrement sur l’évaluation du besoin global de
solvabilité (BGS).

L’évaluation du BGS s’entend de manière plus étendue que le seul calcul du


capital réglementaire sous Solvabilité 2. D’une part, le BGS doit prendre en
compte les risques importants qu’ils soient quantifiables ou non (orientation 7).
D’autres part, il doit avoir une portée prospective car il se doit d’informer sur les
capacités de l’entreprise à couvrir les risques auxquels elle se trouve exposée sur -
idéalement - l’horizon du business plan (orientation 7 et 10). Enfin, les décisions
stratégiques allant de l’orientation du business jusqu’à la conception des produits,
et ayant un impact sur l’évolution du profil de risque de l’entreprise doivent être
prises en compte dans l’évaluation du BGS (orientation 10 et 13).

Le troisième volet des orientations EIOPA traite des sujets relatifs à l’ORSA
Groupe. Ces sujets sont hors scope et ne seront pas abordés dans notre mémoire 1 .

L’ensemble de ces orientations offre une prespective un peu plus palpable des
attentes ORSA mais laisse un pan entier entre la théorie et la pratique. Un
élèment majeur permettant de faire le lien entre ces deux aspects pour une en-
treprise réside dans la définition d’une appétence aux risques et sa déclinaison
opérationnelle. Ces deux composantes font l’objet de notre prochaine section.

1.3 Appétence aux risques

L’appétence au risque en complément du profil de risque de l’entreprise et de sa


stratégie commerciale composent le coeur de l’évaluation du BGS.

L’appétence au risque correspond au niveau de risque cible défini par les organes
exécutifs permettant une poursuite optimale de l’activité de l’entreprise. Dans le
cadre de l’ORSA, chaque décision stratégique doit être appréciée au regard de
son impact sur les indicateurs propres à l’entreprise et en particulier l’exigence en
capital. La déclinaison opérationnelle de l’appétence permet inversement de gui-
der les instances dans leur processus de décision, via l’identification des décisions
tratégiques optimales permettant d’atteindre le niveau cible global.

Cette déclinaison se fait à travers la définition d’indicateurs et de limites asso-


ciées. Le pilotage de l’entreprise se fera alors en cohérence avec ces indicateurs
et son propre profil de risque. Une qualité recherchée dans la définition d’un
indicateur est sa capacité à communiquer simplement une réalité économique
permettant la mise en place d’actions concrètes. Les indicateurs économiques ou
techniques serviront de base pour le choix final :
1. Le lecteur intéressé peut retrouver ces orientations en annexes.

7
• Volume d’exposition (montant, duration, etc.)
• Données techniques (NBV 1 , taux de rachats, taux de mortalité, etc.)
• Solvabilité (taux de couverture, niveau des fonds propres, etc.)
Parmi l’ensemble des choix d’indicateurs offerts aux gestionnaires des risques,
nous retrouvons le taux de couverture comme une métrique incontournable sur
le marché de l’assurance et qui plus est, utilisée au sein des deux compagnies
étudiées dans notre mémoire.

Nous verrons au prochain chapitre comment chaque compagnie définit son appé-
tence au risque grâce à cet indicateur et l’utilise dans l’évaluation de son besoin
global de solvabilité.

1. New Business Value : richesse apportée par les affaires nouvelles.

8
Chapitre 2

Présentation des compagnies

Ce chapitre est consacré à la présentation des deux compagnies étudiées, Pré-


vemp et Éparuni 1 . Nous abordons pour chacune d’elle les activités assuran-
tielles principales, les engagements pris au passif, les investissements effectués à
l’actif, ainsi que l’ensemble des risques induits par chaque activité. Ces élèments
serviront de contexte aux méthodologies de modélisation du BGS présentées aux
chapitres 3 et 4, permettant au lecteur de mieux saisir la portée de chaque option
envisagée et/ou adoptée.

2.1 Activités

Prévemp opère exclusivement dans les assurances de personnes avec un chiffre


d’affaires total d’environ 71 M€ au Q4 2019. Les principaux secteurs d’activité
sont présentés au tableau 2.1, avec un portefeuille de contrats composé à 80 %
de produits de prévoyance collective. Le périmètre restant correspond à l’activité
emprunteur issue d’un traité de coassurance entre Prévemp et l’entité Groupe,
dont 40 % est pris en charge par la filiale.

La couverture des fonctionnaires représente 72 % du chiffre d’affaires, dont 63 %


pour la couverture en complément du statut. Cette implantation dans la fonc-
tion publique se retrouve également dans l’activité de prévoyance. Les contrats
de prévoyance complémentaire de fonctionnaires sont composés de garanties ca-
pital décès, obsèques, rentes éducation, capital invalidité permanente et absolue,
incapacité-invalidité et dépendance.

Les contrats d’assurance emprunteurs sont souscrits par des mutuelles de la fonc-
1. Les noms ont été anonymisés. Les noms choisis reflètent la nature des produits commer-
cialisés par chaque compagnie. Éparuni commercialise des contrats d’ÉPARgne UNIquement
tandis que Prévemp intervient sur les périmètres de la PRÉVoyance collective et de l’assu-
rance EMPrunteur.

9
Segment Prévemp Éparuni

Prévoyance complémentaire de fonctionnaires 63 % 0%


Prévoyance entreprises 8% 0%
Prévoyance statutaire de fonctionnaires 8% 0%
Assurance des emprunteurs 21 % 0%
Epargne 0% 100 %

Total 100 % 100 %

Table 2.1 – Chiffre d’affaires par segment d’activité

tion publique et couvrent des prêts immobiliers et des prêts à la consommation.


Ils prévoient le versement d’un capital en cas de décès et d’une rente en cas
d’arrêt de travail. La prévoyance entreprises constitue les 8 % restant du chiffre
d’affaires. Ce dernier périmètre prévoit des garanties capital décès, obsèques,
capital invalidité permanente et absolue, rentes éducation, rentes conjoint, et
incapacité-invalidité.

Concernant Éparuni, son portefeuille est constitué à 100 % de produits d’assu-


rance vie classiques avec des contrats d’épargnes dédiés aux particuliers.

2.2 Profils de souscription

Prévemp souhaite fidéliser les partenaires existants sur le périmètre de la


fonction publique d’état et diversifier ses activités sur le périmètre du secteur
privé/entreprises. Certains contrats nécessitant un redressement, les échéances
à venir permettraient d’améliorer leurs profitabilités. Le périmètre emprunteur,
comme présenté à la section précédente, provient directement de la quote-part
couverte par Prévemp du traité de coassurance souscrit avec l’entité Groupe.
Ce quota peut servir d’ajustement pour le calcul de la solvabilité de Prévemp et
a été par exemple diminué lors de l’exercice ORSA précédent du fait d’un poids
trop important dans le calcul du SCR 1 .

Contrairement à Prévemp, la stratégie actuelle d’Éparuni ne prévoit pas de


souscriptions d’affaires nouvelles.

2.3 Profils d’investissement

L’intégralité des investissements des deux compagnies se situe dans la zone Euro.
Ces investissements sont majoritairement portés vers l’obligataire avec un com-
1. Une annulation de ce traité peut être envisagée si la solvabilité de la compagnie est en
jeu.

10
plément en monétaire et une légère exposition en actions. Le tableau 2.2 présente
en détails pour chaque compagnie les expositions observées sur les marchés fi-
nanciers.

Actif Prévemp Éparuni

Obligations 86 % 94 %
Monétaire 11 % 0%
Action 2% 6%
Autre 1% 0%

Table 2.2 – Proportion investie par classe d’actif

2.4 Cartographie des risques

Les risques liés aux activités des deux compagnies sont répartis en plusieurs ca-
tégories : risques financiers, risques de souscription en vie et en santé, risques
opérationnels et autres risques. Cette identification, fondée sur la formule stan-
dard Solvabilité 2, nous permettra de mettre en perspective les principaux risques
pour chaque compagnie et le poids qu’ils représentent dans le calcul du capital
réglementaire final.

2.4.1 Risques financiers

Les risques financiers sont fortement liés aux investissements à l’actif. Au vu


de l’exposition sur le marché obligataire impliquée par les stratégies d’investis-
sements (cf. tableau 2.2), le risque de spread représente le plus gros driver du
SCR marché. Pour les deux compagnies, le risque financier répresente près d’un
cinquième du capital réglementaire solvabilité 2. La figure 2.1 détaille l’ensemble
des risques pour chaque entreprise.

Prévemp
Éparuni et Prévemp
Risques financiers

Concentration Actions Taux d’intérêts Change Spread

Figure 2.1 – Répartition des risques financiers

11
2.4.2 Risques de souscription en vie

Au travers de son traité de coassurance sur le périmètre emprunteur, Prévemp


est exposée au risque de mortalité et dans une moindre mesure au risque de
catastrophe. Éparuni est quant à elle exposée principalement au risque de mor-
talité. En plus de ces risques spécifiques à chacune, les risques frais et rachats
complètent l’ensemble des risques techniques à considérer pour le capital régle-
mentaire.

Éparuni
Prévemp
Risques de souscription en vie Éparuni et Prévemp

Mortalité Longévité Rachats Frais Catastrophe

Figure 2.2 – Répartition des risques techniques en vie

2.4.3 Risques de souscription en santé

Ces risques concernent uniquement les activités de Prévemp avec la commercia-


lisation de produits destinés au périmètre de la prévoyance collective notamment.
Les principaux risques couverts et auxquels l’entreprise est sensible 1 sont pré-
sentés en figure 2.3.

Risques de souscription en santé Prévemp

Santé non-SLT Santé SLT Catastrophe santé

Primes et Réserves Longévité

Invalidité

Cessation

Dépenses

Révision

Figure 2.3 – Répartition des risques techniques en santé

1. Pour lesquels un capital réglementaire positif a été calculé.

12
2.4.4 Risques opérationnels

Les risques opérationnels sont définis comme les risques de pertes résultant d’une
inadéquation ou d’une défaillance attribuable à des procédures, au personnel, à
des systèmes internes ou des événements extérieurs. Nous serons amenés dans le
cadre de ce mémoire à aborder un risque opérationnel structurant auquel doit
faire face Éparuni.

2.5 Appétence aux risques

Comme présenté à la section 1.3, la définition de l’appétence au risque est au


coeur de l’évaluation du Besoin Global de Solvabilité. L’indicateur commun choisi
par les deux compagnies est le taux de couverture du SCR par les fonds propres.

Prévemp définit son appétit au risque à travers le maintien d’un taux de cou-
verture supérieur à 110 % du SCR sur l’horizon du plan stratégique, même en
cas de réalisation d’aléas défavorables et combinés sur l’ensemble des principaux
facteurs de risques. Éparuni a quant à elle choisit d’utiliser quelque peu dif-
férement cet indicateur, et a défini son appétit au risque comme une variation
maximale du taux de couverture sur l’horizon du plan. Cette variation est fixée
à une baisse de 128 points de taux de couverture après un choc extrême. Elle a
également défini deux autres limites de risques :
• La limite d’actifs illiquide est fixée à 20 %
• La limite globale par émetteur est fixée à 350 K€ pour le risque de concen-
tration.
Nous ne retiendrons dans la suite, et notamment pour l’évaluation du BGS, que
l’appétit au risque directement lié au calcul du taux de couverture.

13
Chapitre 3

Modélisation du Besoin Global


de Solvabilité

Le chapitre précédent rappelle une composante récurrente à travers laquelle une


grande majorité des entreprises d’assurances évalue et étudie leur Besoin Globale
de Solvabilité. Cette composante également centrale sous la norme Solvabilité 2
est le taux de couverture 1 .

Le taux de couverture étudié sous la norme S2 sera utilisé comme indicateur


principal pour l’évaluation du BGS sur l’horizon considéré pour l’ORSA. Ce
chapitre est dédié aux mécanismes qui nous permettent de calculer ce taux à un
instant t entre le point de départ, date d’évaluation du Capital Réglementaire
S2, et le terme défini par l’horizon du plan stratégique.

Pour commencer, rappelons que le taux de couverture est simplement défini


comme le rapport des fonds propres économiques 2 par le montant du capital
réglementaire de solvabilité.

Pour la suite du mémoire, nous utiliserons les notations suivantes :


• F Pt : Fonds propres économiques en date t
• SCRt : Capital réglementaire de solvabilité 3 en date t
F Pt
• RSt = SCRt
: Ratio de solvabilité en date t
Les deux prochaines sections sont respectivement consacrées aux fonds propres
économiques puis au capital réglementaire de solvabilité. La projection de ces
deux composantes du taux de couverture fait l’objet de la dernière section.
1. Nous utiliserons indifférement les termes « ratio de solvabilité » ou « taux de couverture
» pour désigner cet indicateur.
2. En pratique, un tiering doit être appliqué aux fonds propres pour connaitre la part finale
éligible à la couverture du capital réglementaire. Comme nous le verrons par la suite dans notre
cas, seule une part négligeable des fonds propres sera exclue de la couverture du SCR.
3. L’abbréviation provient de son équivalent en anglais : Solvency Capital Requirement.

14
3.1 Les fonds propres économiques

Les fonds propres (FP) correspondent au montant de capital économique dispo-


nible permettant d’absorber les pertes liées à des évènements de stress 1 . Ils sont
définis comme l’excédent des actifs par rapport aux passifs en valeur de marché
comme illustré dans la figure 3.1.

Fonds Propres éco-


nomiques disponibles

Actif (valeurs Marge pour risque


de marché)

Best Estimate

Figure 3.1 – FP : Surplus des actifs par rapport aux passifs

Nous détaillons dans la suite la valorisation de chacune de ces composantes.


Le contenu de ces sous-sections ne se veut pas exhaustif mais contient unique-
ment les élèments pertinents pour l’étude de nos cas pratiques ou essentiels à
la compréhension globale. Lorsque nécessaire, les spécificités liées à l’une des
deux compagnies seront mises en avant. Le cas contraire, les élèments présentés
s’appliquent communément aux deux.

À noter qu’aucun plan de réassurance ne concerne les compagnies étudiées.

3.1.1 Principes d’évaluation des fonds propres

Le bilan économique inclut tous les actifs et passifs évalués selon les principes
de l’IFRS, à l’exception des actifs liés à des affaires nouvelles mais y compris les
passifs éventuels, mesurés avec une méthodologie market consistent. Les fonds
propres du bilan économique représentent l’excédent, en valeur de marché, des
actifs par rapport aux passifs. Ils n’incluent, par convention, que la valeur du
portefeuille, soit une vision partielle de la valeur de l’entreprise.

Nous décomposons dans la suite les différents éléments entrant dans le calcul des
fonds propres.
1. Comme souligné précédemment, seuls les fonds propres éligibles peuvent réellement ab-
sorber l’intégralité des pertes.

15
Fonds propres de base Les fonds propres de base sous Solvabilité 2 corres-
pondent aux fonds propres disponibles avant restrictions liées à la classification
(Tiering) et après limitation liée à la non disponibilité de certains éléments du
capital.

Les fonds propres de base sont classés sous trois niveaux (« Tier ») en application
de critères définis par la directive Solvabilité 2.

L’approche actuelle retenue est la suivante :


• Tier 1 : tous les composants des fonds propres économiques sauf ceux ci-
dessous
• Tier 2 : dette subordonnée à durée déterminée
• Tier 3 : impôts différés actifs nets d’impôts différés passifs
Des limites peuvent mener à une reclassification des fonds propres et à un écrê-
tement des FP disponibles (exprimées en pourcentage du SCR) :
• au moins 50 % des éléments de fonds propres classés en Tier 1
• au plus 15 % de fonds propres classés en Tier 3
• et au plus 50 % de fonds propres classés en Tier 2 et Tier 3
Des limites spécifiques s’appliquent aux fonds propres couvrant le MCR (expri-
mées en pourcentage du MCR) :
• au moins 80 % des fonds propres classés en Tier 1
• au plus 20 % des fonds propres classés en Tier 2

Actifs investis Le principe général est que tous les actifs doivent être évalués
à leur juste valeur dans le bilan économique Solvabilité 2.

Comme la plupart des actifs investis (actions, obligations, . . .) sont classés comme
« disponibles à la vente » et déjà évalués à leur juste valeur dans le bilan IFRS,
les ajustements nécessaires sont peu nombreux :
• Les biens immobiliers de placement, d’exploitation et destinés à la vente,
sont enregistrés à leur coût (après dépréciation) dans le bilan. Leur valeur
est donc ajustée à la juste valeur.
• Pour tous les autres actifs investis, y compris les prêts, qui ne seraient pas
enregistrés à la juste valeur, un ajustement doit être effectué.

Dettes financières Les dettes subordonnées sont reconnues en fonds propres


dans l’environnement Solvabilité 2 (en Tier 1 ou Tier 2 selon leurs caractéris-
tiques). En revanche, les dettes seniors restent classées en dettes mais doivent
être réestimées à leur juste valeur hors variation de risque de crédit propre.

16
Impôts différés sur les actifs et les passifs Tout élément du bilan Solva-
bilité 2 qui fait l’objet d’une valorisation différente des éléments pris en compte
dans la détermination du résultat fiscal génère la constatation d’un impôt différé.
La recouvrabilité des Impôts Différés à l’Actif (IDA) est ensuite vérifiée.

Provisions Techniques Les provisions techniques en valeur de marché sont


composées des provisions techniques économiques actualisées (BEL 1 ) et d’une
marge pour risque (RM 2 ). Ces deux notions sont précisées ci-après.

3.1.2 Principes d’évaluation des passifs

Le calcul des BEL (Vie/Santé) est basé sur la projection des flux de trésorerie
futurs. Les élèments projetés sont ceux qui constituent le bilan comptable de
l’entreprise en vision sociale et permettent de construire à chaque pas de temps,
et pour chacun des scénarios, un bilan et un résultat sur la partie engagements
techniques et actifs en représentation. Nous verrons que certaines particularités
de modélisation dépendront du périmètre considéré.

Gestion actif/passif et choix de simulation Pour l’épargne individuelle


ainsi que pour les collectives (prévoyance et santé), sont utilisés les modèles les
plus complexes, notamment parce que les clauses de participation aux bénéfices
et les contraintes d’intérêts techniques impliquent des algorithmes d’optimisa-
tion de la gestion de l’actif en fonction du passif (appelée communément gestion
actif/passif ou ALM). Les options financières qui caractérisent ces clauses né-
cessitent des simulations stochastiques (c’est-à-dire prenant en compte un grand
nombre de scénarios économiques différents) afin d’établir des BEL qui tiennent
compte de l’effet de conditions déviant significativement du scénario central. Il
s’agit donc pour ces modèles en particulier de projeter de manière fidèle les actifs
en portefeuille et de répliquer les règles de gestion du portefeuille d’actif.

Pour le périmètre de la santé et de la prévoyance individuelle, une projection


dite « passif seul » sans gestion ALM et selon un scénario déterministe central
est effectuée pour obtenir le BEL

Projection de la sinistralité Pour l’épargne individuelle, les sinistres projetés


voient leur occurrence déterminée par la combinaison de l’âge du model point de
passif et de la table de mortalité utilisée.

Pour la prévoyance et la santé, en assurance individuelle et collective, l’hypo-


thèse statistiquement déterminée à la maille model point passif d’un ratio si-
1. Best Estimate Liabilities.
2. Risk Margin.

17
nistres/primes permet de prévoir à chaque pas de temps, en fonction de l’antici-
pation de chiffre d’affaires les sinistres pour chaque année de projection.

Hypothèses de projection L’outil de simulation projette les flux futurs sui-


vants, chacun étant lié aux hypothèses d’entrée du modèle, qui sont principale-
ment :
• Les flux de trésorerie du portefeuille : primes futures en application des
principes Solvabilité 2 (voir plus bas « frontière des contrats »), capitaux
versés, rentes, rachats, intérêts techniques / participation aux bénéfices
• Les flux de trésorerie revenant à l’entreprise : prélèvements au titre des
frais et marges (résultats techniques et/ou financiers)
• Les flux de trésorerie liés aux frais généraux et commissions
• Les flux de trésorerie relatifs aux actifs : dividendes, coupons, rembourse-
ments
• Les impôts
Les hypothèses Best Estimate 1 sont définies comme étant la valeur pour laquelle
la probabilité que le réel soit supérieur à cette hypothèse est équivalente à la pro-
babilité qu’il soit inférieur. Elles ne sont ni prudentes ni optimistes. Elles sont
déterminées à partir des données historiques et de l’expérience de l’entreprise,
éventuellement ajustées pour tenir compte des changements liés à l’environne-
ment ou des tendances observées. Dans certains cas, lorsque par exemple les
données sont insuffisantes, les jugements d’expert sont introduits.

Les hypothèses Best Estimate sont parmi les suivantes :


• S/C, c’est-à-dire le ratio entre les sinistres et le montant des primes versées
notamment pour la projection de la sinistralité
• Lois de résiliations et de rachats
• Lois de comportements, lois d’expérience « biométriques » (rachat dyna-
mique, mortalité, autonomie etc.)
Exemple de la mortalité : Les hypothèses de mortalité sont basées sur des
tables officielles, ajustées par l’expérience de la profession et de l’entreprise
(sur certains portefeuilles, des tables d’expérience certifiées sont utilisées).
Elles intègrent, dans certains cas, des futures améliorations de la mortalité.
• Marges contractuelles
• Commissions et frais généraux
Exemple des frais : Les frais projetés sont basés sur les coûts comptables
retraités des boni/mali. Selon leur nature (coûts d’acquisition, coûts d’ad-
ministration, coûts de gestion sinistres, coûts de placement, autres coûts),
1. Littéralement : meilleure estimation.

18
les frais sont projetés en fonction de clés d’activité (PM, CA) ou avec les
hypothèses d’inflation qui dépendent des scénarios stochastiques.
• Chargements sur primes
• Modélisation des actifs - les hypothèses financières intègrent :
— La valeur des actifs à la date du calcul
— Les scénarios stochastiques en risque neutre (sur 40 ou 60 ans) qui
sont élaborés à partir des données du marché (sauf dans des conditions
anormales de marché)

Frontières de contrat La frontière des contrats est cohérente avec les règles
Solvabilité 2 qui stipulent qu’aucune prime n’est projetée lorsque l’assureur a la
capacité unilatérale de résilier ou de majorer sans restriction les primes.

En pratique, aucune prime n’est projetée sur les périmètres des collectives (hors
assurance emprunteur) pour Prévemp et seules les primes périodiques sont
prises en compte sur l’épargne individuelle pour Éparuni. Les versements libres
sont exclus du modèle.

Décisions de gestion Des décisions de gestion dynamique peuvent être me-


nées chaque année. Elles peuvent concerner la gestion actif/passif, la politique
de distribution de la participation aux bénéfices, l’intégration des hypothèses du
plan stratégique en matière de frais généraux ou encore la tarification dynamique
de certains produits 1 . Un exemple de décision de gestion a été abordé au cha-
pitre 2 avec la revue de la quote-part du traité de coassurance afin d’améliorer
la solvabilité de Prévemp.

Valorisation des options contractuelles et des garanties financières Les


options et garanties financières sont proprement modélisées avec notamment les
taux d’intérêt garantis en épargne et sur les rentes, les règles de participation aux
bénéfices ainsi que le comportement dynamique des assurés. Il est en effet prévu
dans les modèles des deux compagnies la possibilité que les assurés modifient
leur comportement (en particulier leur propension à racheter leur épargne ou
leur prêt) en fonction des conditions économiques.

Scénarios stochastiques Afin de valoriser les options et garanties, il est né-


cessaire de recourir à des simulations stochastiques. Les scénarios sont cohérents
avec le marché, en risque neutre et libres d’arbitrage. Dans l’évaluation « risque
neutre », le taux de rendement et le taux d’actualisation sont stochastiques et
sont considérés comme inséparables. Ces groupes d’hypothèses économiques sto-
chastiques sont appelés scénarios économiques.
1. Principalement sur le périmètre de la dépendance individuelle.

19
Ces scénarios économiques sont construits en utilisant un générateur de scénarios.
Sont modélisés de façon stochastique les actions, les obligations, les spreads de
crédit, les défauts de crédit, l’immobilier, le taux de change et l’inflation.

La construction de scénarios économiques risque neutre cohérents avec le marché


demande une calibration précise des paramètres sous-jacents du marché, afin
de s’assurer que la valorisation réplique correctement les prix des actifs. Les
trois zones clés de calibrations comprennent les taux de référence initiaux, les
volatilités implicites cohérentes avec le marché et enfin les corrélations entre les
classes d’actifs et les économies.

L’approche des deux compagnies pour établir les cibles de volatilité vise à s’ali-
gner avec la nature long terme des options et garanties incluses dans le portefeuille
au passif. Elle reflète la profondeur des marchés utilisée pour déduire les volatili-
tés implicites, ainsi que les anomalies sur les transactions qui pourraient résulter
occasionnellement de marchés étroits. Dans des conditions normales de marché,
les hypothèses de volatilités implicites des actions et des options de swap sont
déterminées à partir des données de place observables à la date du calcul. Il n’y
a pas de corrélations implicites de marché observables pour la valeur des actifs.
Les hypothèses utilisées sont basées sur des données historiques et des prévisions
pour le futur.

Les scénarios stochastiques sont fournis par l’entité Groupe de chaque filiale et
sont utilisés comme une donnée en entrée du modèle.

3.1.3 Marge pour Risque

La marge pour risque est définie comme le montant de provisions complémen-


taires à ajouter aux provisions Best Estimate, calculé de telle manière que le
montant total des provisions inscrites au bilan corresponde à celui qu’exigerait
une tierce partie pour honorer les engagements à la charge de l’assureur. La
marge pour risque est évaluée en actualisant le coût annuel généré par l’immo-
bilisation du SCR non réplicable (c’est-à-dire technique, crédit réassurance et
opérationnel) estimé à 6 % par an sur la durée de vie des engagements utilisés
pour le calcul du Best Estimate. La marge pour risque est ajoutée aux BEL, afin
d’obtenir un passif d’assurance en valeur de marché.

Nous avons défini l’ensemble des élèments nous permettant de calculer les fonds
propres économiques disponibles et éligibles (après tiering) pour la couverture du
capital réglementaire de solvabilité. Nous définissons ce dernier dans la section
suivante.

20
3.2 Le capital économique Solvabilité 2

Le capital économique Solvabilité 2 est défini à l’article 101 de la directive :


Le capital de solvabilité requis correspond à la valeur en risque (Value-
at-Risk) des fonds propres de base de l’entreprise d’assurance ou de
réassurance, avec un niveau de confiance de 99,5 % à l’horizon d’un
an.

directive Solvabilité 2 - article 101 paragraphe 3

Autrement dit, il correspond au montant de fonds propres dont doit disposer la


compagnie pour faire face à une ruine économique à horizon 1 an avec un niveau
de confiance de 99,5%.

Dans le cadre de notre mémoire, nous nous intéresserons non seulement à l’ap-
proche monopériodique préconisée par la directive (horizon d’un an) mais égale-
ment à l’approche multipériodique dans le cadre de l’ORSA. Les méthodologies
nous permettant de répondre à la première approche peuvent être séparées en
deux groupes : Formule Standard (FS) et Modèle Interne. Les deux compagnies
étudiées utilisant la Formule Standard pour le calcul de leur capital réglemen-
taire de solvabilité, nous détaillerons dans la suite uniquement cette méthode.
Les méthodes dites « Modèle Interne » sont elles décrites en annexe B.

Le calcul de la formule standard est basé sur une approche modulaire. Le SCR
de base couvre les catégories de risque majeures suivantes :
• Risque de marché
• Risque de contrepartie
• Risque Vie
• Risque Santé
• Intangibles
Les premières catégories de risque sont agrégées via une matrice de corrélation,
puis le risque sur les intangibles est ajouté. Les risques opérationnels et des
ajustements sont ensuite pris en considération. La figure 3.2 présente une vision
de l’ensemble des risques considérés par la formule standard.

3.2.1 Risque de marché

Le module marché regroupe les risques de taux d’intérêt, actions, immobilier,


spread, change et concentration.

21
SCR

Ajustements BSCR Opérationnel

Marché Vie Santé Contrepartie Intangible

Taux
Mortalité Santé SLT
d’intérêts

Longévité Santé
Actions
Non SLT

Immobilier Invalidité Catastrophe

Spread Cessation

Change Dépenses

Concentration Révision

Catastrophe

Figure 3.2 – Ensemble des risques couverts par la formule standard

Les risques sur taux d’intérêt, actions, immobilier et change sont calculés via
une approche par scénario, alors que l’estimation des risques de spread et de
concentration provient d’un modèle factoriel. L’agrégation des risques de marché
est basée sur une matrice de corrélation.

3.2.2 Risques de contrepartie

Le risque de contrepartie correspond au risque de perte provenant du défaut


imprévu, ou de la détérioration de la notation de crédit, de contreparties ou
débiteurs de l’entreprise dans les 12 prochains mois. Les risques au sein du module
contrepartie sont répartis en deux groupes : expositions de type 1 et de type 2.

L’agrégation entre ces 2 types d’exposition s’effectue grâce à un coefficient de


corrélation. Le risque de contrepartie ne prend pas en compte le risque de défaut
sur les obligations d’entreprises, ce risque étant inclus dans le risque de spread.
Le risque de contrepartie est calculé ligne à ligne. Pour chaque contrepartie, une
perte en cas de défaut doit être calculée.

22
3.2.3 Risques Vie

Le module Vie regroupe les risques de mortalité, longévité, rachats, dépenses et


catastrophe.

Le SCR Vie pour chacun des risques est calculé par différence entre les FP
économiques et les FP après choc, brut d’impôt et de marge pour risque. Les
hypothèses de choc correspondent aux 99, 5ème quantile de la distribution de
risque. Cette différence de fonds propres est égale à l’évolution du BEL net des
instruments d’atténuation du risque, c’est-à-dire net des évolutions des actifs de
réassurance et des instruments de titrisation si la valeur de ces instruments est
impactée par les risques.

L’agrégation des risques Vie s’effectue grâce à une matrice de corrélation.

3.2.4 Intangibles

Le SCR sur les intangibles est évalué à 80 % du montant des intangibles pris en
compte dans le calcul des fonds propres pour Éparuni. Prévemp n’a pas de
risque lié à des immobilisations incorporelles.

3.2.5 Risques opérationnels

Le risque opérationnel est calculé via une formule factorielle simple basée sur les
primes acquises brutes, les provisions techniques brutes, ainsi que les dépenses
annuelles pour les UC. Il découle du maximum entre un calcul lié aux primes et
un calcul lié aux provisions. Un plafond de 30 % du SCR de base est appliqué.
Pour finir, un montant dépendant des dépenses annuelles pour les contrats en
UC est ajouté.

3.2.6 Capacité d’absorption

L’ajustement pour capacité d’absorption par les provisions techniques ou les


impôts différés correspond à la possibilité de compensation des pertes potentielles
par ces postes de bilan.

Capacité d’absorption par les provisions techniques L’ajustement pour


capacité d’absorption par les provisions techniques est autorisé pour les modules
suivants uniquement : marché, vie, santé (SLT et CAT) et contrepartie de type
1. Le calcul est effectué en faisant l’hypothèse que l’entreprise peut faire varier
son taux de participation aux bénéfices futurs en réponse au choc considéré, en

23
prenant en compte des décisions de gestion réalistes d’imputation et de distribu-
tion, intégrant notamment les contraintes réglementaires et contractuelles, ainsi
que les pratiques actuelles.

Capacité d’absorption par les impôts différés L’ajustement pour impôt


différé est calculé comme un changement dans les impôts différés actifs et passifs,
selon les principes de comptabilisation du bilan Solvabilité 2 suite à une perte
instantanée du montant du SCR.

3.2.7 Agrégation totale du SCR

Les cinq premières catégories de risque (marché, contrepartie, vie, santé, IARD)
sont agrégées via une matrice de corrélation, puis le risque sur les intangibles
est ajouté afin d’obtenir le SCR de base (BSCR pour Basic Solvency Capital
Requirement).

Module Marché Contrepartie Vie Santé Non-Vie

Marché 100 % 25 % 25 % 25 % 25 %
Contrepartie 25 % 100 % 25 % 25 % 50 %
Vie 25 % 25 % 100 % 25 % 0%
Santé 25 % 25 % 25 % 100 % 0%
Non-Vie 25 % 50 % 0% 0% 100 %

Table 3.1 – Matrice de corrélation des sous modules du SCR

Le SCR total est obtenu en additionnant le SCR de base, le risque opérationnel


et les ajustements via les impôts différés ou la capacité d’aborption des pertes
par les provisions techniques.

3.3 Modèles de projection

Les sections 3.1 et 3.2 présentent respectivement d’une part la décomposition


et la détermination des fonds propres économiques et d’autre part le calcul du
capital réglementaire Solvabilité 2. Ce dernier peut être calculé de deux ma-
nières selon la méthodologie choisie : par obtention d’une distribution des fonds
propres en t1 (méthode dite de « Simulations dans les Simulations » - SdS ci-
après - et alternatives 1 , présentées en annexe B) ou par application de chocs
instantanés type « formule standard » en t+ 0 . Le BGS, contrairement au calcul

1. En pratique, les alternatives à l’approche SdS ne sont pas nécessairement utilisées pour
le calcul du SCR en projetant les FP sur une durée d’un an. Un RP peut également être calibré
sur des chocs instantanées en t+ 0 permettant de calculer un SCR en t0 et non en t1 .
+

24
du capital réglementaire, est évalué sur un horizon supérieur à un an. En effet,
l’ORSA implique l’adoption d’une approche multi-périodique et un choix perti-
nent concernant l’horizon considéré. Cet horizon correspond le plus souvent à la
durée du plan stratégique.

Nous introduisons dans la suite trois méthodologies, présentées dans le mémoire


de Benkhalfa et al. (2016), permettant la projection des fonds propres et du
SCR sur un horizon T 1 :
• Ruine économiques à T années
• SCR à T années
• SCR à T années, multi-déterministe
Ces méthodes formeront un socle d’options sur lequel sera construit pour chaque
compagnie étudiée un cadre spécifique d’évaluation du BGS au chapitre 4.

3.3.1 Ruine économique à T années

L’approche « ruine économique à T année » est une prolongation de la méthode


SdS 2 sur un horizon plus long. La probabilité de ruine est en effet considérée sur
un horizon T au lieu d’une seule année uniquement.
Bilan en T
Bilan en 2 AT F PT
Bilan en 1 A2 F P2 BET
A1 F P1 BE2
BE1 n1
simulatio
Bilan en 0
simulation i
A0 F P0
BE0
simulatio
Bilan en 1 nP

A1 F P1 Bilan en 2
BE1 A2 F P2 Bilan en T
BE2 AT F PT
BET

t=0 t=1 t=2 t=T

Simulations primaires « monde-réel »

Figure 3.3 – Ruine économique à T années

Cette approche, schématisée dans la figure 3.3, se base sur la méthode SdS avec
quelques adaptations :
• Simulations primaires en monde réel sur l’horizon T du plan
• Estimation des BE pour chaque simulation primaire et chaque date inter-
médiaire à travers des simulations secondaires risque-neutre ou l’utilisa-
tion des méthodes alternatives (portefeuilles répliquants, approches para-
métriques)
1. Pour nos deux compagnies, l’horizon du plan stratégique est fixé à cinq années.
2. Approche détaillée en annexe B.

25
• Construction d’un bilan économique pour chaque simulation primaire et
chaque date t entre 0 et T
Cette approche permet donc d’obtenir une distribution des fonds propres à
chaque horizon du plan stratégique. Elle permet de définir avec justesse le ni-
veau de fonds propres requis afin de respecter l’appétence au risque fixée par la
compagnie d’assurance. Cette appétence doit être néanmoins définie à travers la
notion de ruine économique, peu utilisée en pratique.

3.3.2 SCR à T années

Dans cette alternative, nous ne nous intéressons plus à l’évènement de ruine éco-
nomique mais à la non-couverture du SCR ou d’un pourcentage (>100 %) du
SCR. En complément de l’approche précédente, nous calculons à chaque pas de
temps en plus du BE, un SCR en utilisant les différentes méthodologies intro-
duites section 3.1. Cette approche, présentée en figure 3.4, permet d’obtenir la
distribution des SCR et des fonds propres à chaque horizon du plan stratégique.
Les compagnies dont l’évaluation du BGS fait appel à l’indicateur de taux de
couverture privilégieront cette approche à celle qui précède.

Estimation des fonds propres


éligibles et du SCR

Bilan en t+
A t+ F P t+
BEt+
Simulations
« primaire
Simulations « primaires secon-
primaire »
daires » ou chocs de la formule
standard
Bilan en t+
Bilan en t A t+ F P t+
At F Pt BEt+
BEt

n1
latio
Bilan en 0 simu
simulation i
A0 F P0
simulatio
BE0 nP

t=0 t=1 t=2 t=T

Simulations primaires « monde-réel »

Figure 3.4 – SCR à T années

Il est néanmoins nécessaire d’introduire un second niveau de simulations en


monde réel lorsque le SCR de la compagnie est calculé à l’aide d’un modèle
interne ou d’appliquer les chocs de la formule standard à chaque horizon du plan
stratégique. Cette importante complexité rend cette pratique inenvisageable opé-
rationnellement.

26
3.3.3 SCR à T années, multi-déterministe

Afin de palier à la complexité de l’approche précédente, cette méthode prescrit


d’évaluer uniquement quelques scénarios de stress en monde réel au lieu de la
totalité des scénarios primaires potentiels. En ce point, elle se rapproche de l’op-
timisation proposée pour accélérer les SdS, en déterminant les trajectoires de
stress particulièrement adverses prenant en compte le profil de risque propre de
l’entreprise.

Calcul à t = 1 Bilan en 1+ ou en 2 Calcul à t = T Bilan en T + ou en T + 1


A1+ F P1+ AT + F PT +
BE1+ BET +

Scénario de stress Scénario de stress


déterministe Simulations « primaires » ou déterministe Simulations « primaires » ou
chocs de la formule standard chocs de la formule standard

Bilan en 1+ ou en 2 Bilan en T + ou en T + 1
Bilan en 0 A1+ F P1+ Bilan en 0 AT + F PT +
A0 F P0 BE1+ A0 F P0 BET +
BE0 BE0

t=0 t=1 t = 1+ ou 2 t=0 t=1 t=2 t=T t = T + ou T + 1

Simulations primaires « monde-réel » Simulations primaires « monde-réel »

Figure 3.5 – SCR à T années multi-déterministe

L’approche schématisée en figure 3.5 permet d’obtenir une chronique des SCR
et des fonds propres à chaque horizon du plan stratégique sur les scénarios de
stress déterministes selectionnés. Le tableau 3.2 compare les charges de calcul
correspondant à chaque approche.
Approche 1 Approche 2 Approche 3
Probabilité de ruine à T SCR à T années -
SCR à T années
années multi-déterministe

Simulations « monde-réel » 5000 5000


Simulations « risque-neutre » (BE) 1000 1000 1000
Nombre de chocs FS (SCR) 10 10
Durée de projection 5 ans 5 ans 5 ans

Nombre total de simulations 25 millions 250 millions 150 mille

Charges de calcul (en multiple de


25 000 fois 250 000 fois 150 fois
Best Estimate)

Table 3.2 – Charges de calcul par approche (Documentation Milliman)

Les deux premières approches représentent des charges de calcul conséquentes.


Outre cet aspect, le choix de l’indicateur pour nos compagnies étudiées, celui-
ci étant le taux de couverture, oriente vers les deux dernières approches car
nécessitant le calcul du SCR pour chaque horizon du plan. L’approche 3 semble
être l’option la plus pertinente et c’est celle-ci qui servira de base théorique pour
les modèles utilisés par les deux compagnies.

3.3.4 Approche multi-déterministe simplifiée

Nous avons dit plus haut que l’approche multi-déterministe SCR à T années
servait de base théorique aux modèles utilisés par les deux compagnies. Cette ap-

27
proche est en effet appliquée de manière stricte, mais uniquement au niveau du
Groupe pour chaque filiale, que ce soit avec l’utilisation de la formule standard re-
visitée (Groupe Prévemp) ou les portefeuilles répliquants (Groupe Éparuni).
L’approche initiale suppose une projection primaire déterministe suivie d’une
projection secondaire stochastique. Au sein des filiales, une approximation est
utilisée en remplacement de la projection secondaire stochastique. Cette appli-
cation simplifiée de l’approche multi-déterministe s’explique par des raisons de
proportionnalité, Prévemp et Éparuni représentant respectivement 1% et 2%
des provisions techniques au niveau de l’entité Groupe, et se matérialise différe-
ment en fonction de la compagnie.

Prévemp utilise un modèle de projection mis à disposition par le Groupe.


Ce modèle embarque en lui même les simplifications de modélisation que l’on
détaillera au prochain chapitre.

Éparuni utilise son propre modèle pour la projection des fonds propres mais
récupère les facteurs d’évolution des différents sous-module du capital régle-
mentaire de la part du Groupe. Ces facteurs d’évolution sont calculés grâce
aux portefeuilles répliquants et en prenant en compte des hypothèses telles que
l’évolution des marchés financiers, les expositions aux différents risques (alloca-
tion/désallocation), ou encore la vision du management en terme de limite de
risque. Ces facteurs bien qu’ils soient calculés au niveau Groupe, par la simila-
rité des contrats en portefeuille entre le Groupe et la filiale, sont directement
appliqués par cette dernière pour la projection du SCR global.

L’hypothèse principale sur laquelle est fondée l’intégralité des simplifications sup-
pose une linéarité des composantes projetées du taux de couverture et les risques
sous-jacent. Dans l’approche multi-déterministe simplifiée, les filiales influeront
donc principalement à travers la vision stratégique du business, celle-ci étant à
leur main, et dans une moindre mesure sur les scénarios adverses ayant trait au
business plan. Les risques adverses en lien avec l’évolution des marchés financiers
étant transverses à toutes les filiales, les paramètres d’évolutions de ces risques
sont fixés par le Groupe.

28
Chapitre 4

Cadre de projection du BGS

Nous avons présenté l’approche multi-déterministe simplifiée adoptée par Pré-


vemp et Éparuni. Cette approche s’appuie sur la sélection de scénarios adverses
propres au risque de chaque entreprise, et l’évaluation du taux de couverture à
chaque horizon du plan stratégique. Malgré une mise en pratique quelque peu
différente selon l’entreprise concernée, nous notons une structure commune :
• Horizon du plan fixé à cinq années
• Trois groupes de scénarios choisis : un scénario central, un scénario à la
hausse des taux et un scénario à la baisse des taux
• Évaluation de scénarios complémentaires avec la définition de scénarios de
stress techniques et financiers
• Utilisation d’un modèle simplifié sous Excel
• Utilisation de scénarios économiques provenant de l’entité Groupe
À ce socle commun, viennent s’ajouter quelques spécificités liées au secteur d’ac-
tivité (périmètre prévoyance-santé uniquement sur Prévemp) ou à des préoccu-
pations différentes à court terme (voir sections sur les perspectives d’évolutions).

Avant d’approfondir ces élèments, utilisés pour la projection du taux de couver-


ture, nous décomposons d’abord le taux de couverture en t0 . Nous introduisons
ensuite les proxies utilisés pour la projection des fonds propres et du capital ré-
glementaire, avec pour chaque compagnie une section dédiée. Il s’agit, comme
nous l’avons décrit en section 3.3.4 d’une adapatation simplifiée de l’approche
mutli-déterministe.

4.1 Taux de couverture de référence

Le taux de couverture de référence correspond à la valorisation de la variable RSt


en t0 qui est l’année 0 du plan stratégique de chaque entreprise. Cette évaluation

29
ne pose aucune difficulté en t0 . Elle sert néanmoins, comme nous le verrons dans
la suite, à comprendre les modèles de projection du BGS implémentés par les
deux compagnies. La figure 4.1 présente l’ensemble des composants entrant dans
le calcul du ratio de solvabilité. Ces élèments sont présentés séparément dans la
suite avec un tableau récapitulatif sur l’utilisation que fait chaque compagnie de
ces élèments.

Fonds propres IFRS (F P0,IF RS )


Valeur du portefeuille (V IF0 )



 F P0


 marge pour risque (RM0 )







 
Ajustements



 
SCR Taux d’intérêt (SCR0,ir )
 
F P0 
RS0 =


SCR Actions (SCR0,equity )

SCR0  



. . .

 


SCR Mortalité (SCR0,mortality )



SCR0
SCR Longevité (SCR0,longevity )

 


 
...

 


 

SCR Intangibles (SCR0,intangibles )

 


 

SCR Opérationnel (SCR0,ope )

Figure 4.1 – Décomposition des élèments pour le calcul du ratio de solvabilité

4.1.1 Les fonds propres économique en t0

Plusieurs élèments composent les fonds propres éligibles à la couverture du capital


réglementaire. Pour la projection du taux de couverture, chaque entreprise adopte
une granularité différente. Nous retrouvons néanmoins à un niveau agrégé les trois
composantes principales que sont les fonds propres de base (FPb), la richesse du
portefeuille de contrats (VIF 1 ) et la marge pour risque (RM).

Fonds propres éligibles Prévemp Éparuni

F Pb 85 327 k€ 105 959 k€


VIF 15 091 k€ 65 428 k€
RM -8 008 k€ -12 752 k€
Total 92 410 k€ 158 635 k€

Table 4.1 – Fonds propres éligibles à la couverture


du capital réglementaire en t0

4.1.2 Le capital réglementaire en t0

Les deux compagnies utilisent la formule standard pour le calcul du capital ré-
glementaire. Les risques importants ont été introduits au chapitre 2. Nous pré-
1. Value Of Inforce : correspond à la richesse apportée par les contrats en portefeuille et les
affaires nouvelles.

30
sentons ici les valeurs calculées pour l’année d’initialisation du plan stratégique.

Capital Réglementaire Prévemp Éparuni

SCR post Tax 50 703 k€ 45 488 k€


Adj Taxe 0 k€ -23 885 k€
SCR pré tax 50 703 k€ 69 373 k€
BSCR 46 102 k€ 96 176 k€
opérationnel 4 601 k€ 7 212 k€
Market risk 10 596 k€ 45 078 k€
contrepartie 5 896 k€ 6 149 k€
vie 5 510 k€ 29 849 k€
santé 38 107 k€ 0 k€

Table 4.2 – Capital réglementaire en t0

Nous notons une exposition au risque différente entre Prévemp et Éparuni


expliquée par les secteurs d’activités de chaque entreprise. Éparuni est expo-
sée au risque vie (produits d’épargne) alors que Prévemp l’est au risque santé
principalement puis au risque vie avec le périmètre emprunteur.

4.1.3 Taux de couverture initial

Le tableau 4.3 présente les taux de couvertures obtenus pour l’année initial de
projection.

Taux de couverture en t0 Prévemp Éparuni

Fonds propres 92 410 k€ 158 635 k€


SCR 50 703 k€ 45 488 k€
Taux de couverture 182,3 % 348,7 %
BGS 55 773 k€ 113 719 k€
Surplus 36 637 k€ 44 916 k€

Table 4.3 – Taux de couverture en t0

L’appétence au risque est respectée pour les deux compagnies. Le BGS pour
Prévemp est défini avec 110 % du SCR alors que celui d’Éparuni est fixé à 250
% du SCR. En prenant en compte ces seuils, les fonds propres actuels de chaque
compagnie couvrent leur besoin global de solvabilité instantané. À la suite de la
projection, le BGS final sera égal au montant du BGS le plus élévé observé sur
l’ensemble des scénarios et pas de temps considérés. Le surplus/deficit sera alors
calculé par différence avec les fonds propres initiaux.

31
4.1.4 Application des scénarios de stress ORSA

Dans le cadre de l’ORSA, plusieurs scénarios de stress sont évalués afin d’estimer
leurs impacts sur la solvabilité de la compagnie. Ces scénarios 1 , propres à chaque
compagnie, sont appliqués quelque peu différement.

Éparuni évalue les scénarios de stress uniquement en utilisant des hypothèses


de projection spécifiques. Mécaniquement, la solvabilité en début de projection
du scénario central et des scénarios de stress ORSA est identique. C’est au cours
de la projection que les spécificités des chroniques ORSA feront la différence.

D’un autre côté, en plus de l’utilisation d’hypothèses spécifiques aux scénarios de


stress ORSA, Prévemp applique un choc instantané en début de projection. Ce
choc correspond à une perte opérationnelle fixée à 30% du capital réglementaire
du risque opérationnel. Cette perte est ajustée en fonction des provisions mathé-
matiques projetées par rapport à celles de référence. Dès lors, nous constatons
en date t0 du plan stratégique une situation dégradée par rapport au scénario
central.

Nous verrons dans la section qui lui est dédiée qu’Éparuni évalue également
l’impact de chocs instantanés sur le taux de couverture. Néanmoins, ces chocs ne
sont pas embarqués directement dans les scénarios ORSA et font l’objet d’ana-
lyses spécifiques.

4.2 Prévemp

Pour la projection du taux de couverture, nous traitons habituellement de ma-


nière séparée les fonds propres et le capital réglementaire 2 . Dans le cas de Pré-
vemp, les mécanismes de projection de la VIF et du SCR sont étroitement liés,
le SCR étant exprimé comme une variation de VIF entre un scénario central et
un scénario choqué. Nous présenterons donc d’une part la projection des fonds
propres de base (fonds propres hors VIF/RM) et d’autre part celles de la VIF
et du SCR. La RM étant diretement définie à partir du SCR hors marché, elle
fera partie du dernier groupe. Nous aborderons ensuite le tiering. Prévemp pro-
jette effectivement l’ensemble des élèments sans considération de tiering, facteur
important dans la détermination des FP réellement éligibles à la couverture du
capital réglementaire. Nous verrons une fois l’ensemble de ces élèments présen-
tés, comment ce tiering est appliqué en pratique. Enfin, nous aborderons les
hypothèses qui viendront alimenter le modèle de projection.
1. Cette section vise uniquement les deux scénarios « hausse des taux » et « baisse des taux
» que l’on présentera plus loin. Ce sont les seuls scénarios communs aux deux compagnies.
2. À l’exclusion d’un modèle interne, où le capital réglementaire est directement déduit de la
variation des fonds popres à horizon 1 an. Cette exclusion s’applique aux compagnies étudiées.

32
4.2.1 Projection des fonds propres de base

Nous entendons par « fonds propres de base » (F P b) dans le cadre de la pro-


jection, les fonds propres hors VIF et hors marge pour risque. Nous présentons
dans la suite l’intégralité des élèments prévus dans le modèle de projection de
Prévemp. Nous retrouvons parmi ceux-ci les résultats financiers (Rt ), les divi-
dendes (Dt ), les augmentations de capitaux propres (Ct ) ainsi que les plus ou
moins value latentes (P M V Lt ).

Le tableau 4.4 indique pour chaque variable si celle-ci est recalculée ou est issue
d’une donnée utilisateur tout au long de la projection.

Nom variable t0 t>1

Fonds propres IFRS (F PIF RS ) input calcul


Dividendes (Dt ) input input
Augmentation de Capital (Ct ) input input
Résultat (Rt ) input input
Perte Opérationnelle (P Ot ) input calcul

Table 4.4 – Impacts modélisés pour chaque compagnie

Pour une meilleur compréhension du modèle global, nous présentons d’abord


chaque variable primaire, utilisée comme input dans le modèle, puis pas à pas,
nous construirons les variables intermédiaires jusqu’à atteindre les fonds propres
de base.

Dividendes (Dt ) et Capitaux propres (Ct ) Le versement de dividendes ou


l’injection de capitaux propres en date t sont des variables d’ajustements. Ces
ajustements font partie des considérations du plan stratégique et sont abordés
dans la section 4.2.4.3.

Résultats financiers (Rt ) Le résultat financier en t correspond à une donnée


en entrée du modèle et provient de la projection des résultats dans un scénario
central déterministe. Les scénarios stressés seront pris en compte à travers les
impacts opérationnels et techniques, ainsi que les P M V L définis ci-dessous.

Pertes opérationnelles (P Ot ) Une perte observée uniquement lors de l’éva-


luation des scénarios ORSA :
P Mt

SCR × 30% × Si scénario ORSA


Operational,t0
P Ot = P Mt0 (4.1)

0

Si scénario central

33
Comme introduit dans la section 4.1.4 dédiée à l’application des scénarios de
chocs ORSA, la perte opérationnelle est fixée à 30% du capital réglementaire du
risque opérationnel. Cette perte est ensuite ajustée avec l’évolution des provisions
mathématiques au moment de l’évalution. L’évolution de la PM fait partie du
plan stratégique et est fixée en même temps que l’évolution du chiffre d’affaires.

Fonds Propres IFRS (F PIF RS ) Les fonds propres IFRS sont construits à
partir du bilan social de l’entreprise. Ils sont facilement détérminés en t0 , mais
nécessitent l’ajout d’élèments complémentaires dans le cadre Solvabilité 2. Les
élèments nécessaires au calcul et leurs définitions ont été introduits prédécem-
ment. Le modèle de projection définit les fonds propres IFRS comme suit à chaque
pas de temps :

F PIF RS,t = F PIF RS,t−1 − Dt−1 + Ct + Rt + P Ot (4.2)

Les fonds propres IFRS représentent un socle important pour le calcul des fonds
propres de base. A ce socle, viennent s’ajouter les plus ou moins values latentes,
les dividendes de l’année et les impôts différés non recouvrables. Ces élèments
sont définis dans la suite.

Plus ou Moins Values Latentes (P M V Lt ) Les plus ou moins values latentes


sont par définition égales à la différence entre la valeur de marché des actifs (M Vt )
et leur valeur comptable (BVt ). Elle est définie comme :

P M V Lt = M Vt − BVt (4.3)

Cette variable permet de capter l’effet des marchés financiers sur les fonds propres
de base. Les actifs qui composent les fonds propres de base sont projetés ligne à
ligne à travers l’outil Excel et à chaque horizon du plan sont calculées les valeurs
de marché et les valeurs comptables. Ces deux élèments permettent de déduire le
montant de plus ou moins values latentes impactant les fonds propres de base. Il
est à noter que les chocs ORSA sont également pris en compte faisant par exemple
baisser les fonds propres de base à travers l’augmentation de moins-value ou la
diminution de plus-value.

Impôts Différés Nets (IDNt ) Le bilan prudentiel est basé sur des valeurs
de marché alors que les impôts sont calculés à partir des comptes sociaux. Les
écarts d’évaluation enregistrés dans le bilan se traduiront pour l’entreprise par
des suppléments ou des déductions d’impôts dans l’avenir. Ces suppléments ou
déductions sont à prendre en compte dans le bilan prudentiel sous forme d’im-
pôts différés. Par exemple, pour les actifs en plus-values latentes, il convient de
comptabiliser un flux d’impôt futur correspondant à la taxation que l’entreprise
subira au moment de la réalisation de la plus-value. A l’inverse, lorsque le pas-

34
sage des comptes actuels au bilan prudentiel conduit à la diminution de la valeur
d’un actif, cette diminution peut être atténuée par l’évaluation d’impôts différés
actifs (IDAt ). Toutefois, il convient de vérifier que les impôts différés actifs nets
d’impôts différés passifs (IDPt ) sont effectivement recouvrables. L’entreprise doit
ainsi démontrer qu’elle serait en mesure de dégager des bénéfices lui permettant
d’imputer ces crédits d’impôts futurs à la charge fiscale associée auxdits béné-
fices 1 .

Les impôts différés nets sont définis comme suit :

IDNt = IDAt − IDPt (4.4)

À chaque pas de temps de la projection, le modèle construit un bilan des impôts


différés de l’entreprise en prenant en compte les élèments suivants :
• IDN0 les impôts différés nets calculés en t0
• IDARR les impôts différés liés aux variations des provisions tech-
niques
• IDAP M V L les impôts différés liés à la variation des plus ou moins values
latentes
• IDPV IF les impôts différés liés au variations de la VIF
Le modèle de projection considère un niveau seuil que les impôts différés à l’actif
ne peuvent pas dépasser. Ce niveau seuil est défini par la variable IDN0 qui
représente le niveau initial des IDN. En prenant en compte cette contrainte, les
IDN pour la période t sont déduits comme suit :

IDNt = min (IDN0 , IDAt − IDPt )

= min(IDN0 , IDN0 + IDARR,t + IDAP M V L,t (4.5)

−IDPV IF,t )

Impôts différés non recouvrables (IDN Rt ) Les impôts différés non recou-
vrables correspondent au surplus constaté lors du dépassement du seuil maximal
fixé pour les impôts différés à l’actif. La variable IDN Rt représente ce surplus
non recouvrable et est définie comme suit :

IDN Rt = max (0, min (IDNt , IDNt − IDN0 )) (4.6)

Fonds propres de base (F P bt ) Nous nous servons de l’ensemble des variables


qui précèdent dans la définition des fonds propres de base avant tiering :

F P bt = F PIF RS,t + P M V Lt − Dt + IDN Rt (4.7)


1. source : ACPR, s. d.

35
Avec :
• F PIF RS,t les fonds propres IFRS en t
• P M V Lt les plus ou moins values latentes
• Dt les dividendes
• IDN Rt les impôts différés non recouvrables
Comme expliqué en introduction, le modèle de Prévemp projette les fonds
propres avant tiering. Pour l’application du tiering, il est convenu que les im-
pôts différés appartiennent au troisième tiers. Les fonds propres de base pour
chaque tiers sont définis comme suit :

F P bT 1,t = F P bt − IDNt
(4.8)
F P bT 3,t = IDNt

Avec :
• F P bT n,t les fonds propres de base pour le tiers n
• IDNt les impôts différés nets

4.2.2 Projection de la VIF, du SCR et de la RM

Prévemp modélise deux portefeuilles séparement, les contrats de prévoyance-


santé d’une part et les contrats emprunteurs d’autre part. Le modèle fait évoluer
les indicateurs de chaque périmètre 1 en fonction d’impacts financiers (noté Iφ )
et d’un impact volume (noté ICA ). Les impacts financiers intègrent l’évolution
des marchés (taux, spread) tandis que l’impact volume intègre la projection du
chiffre d’affaire sous-jacent (plan stratégique).

L’équation suivante schématise l’approximation appliquée à la VIF et au SCR :

V IFt = V IFt0 × Iφ,V IF,t × ICA,t


(4.9)
SCRt = SCRt0 × Iφ,SCR,t × ICA,t

Alors que l’impact volume est identique aux deux indicateurs, les impacts fi-
nanciers sont modélisés différement pour la VIF et le SCR. Nous détaillons plus
loin les spécificités pour chaque indicateur. Avant d’aborder le calcul de l’impact
volume, notons que les impacts financiers sont tous basés sur l’évolution d’un ou
plusieurs drivers. Le tableau 4.5 présente le driver utilisé pour chaque élèment
projeté.
1. Nous entendons par indicateur indifférement VIF et SCR.

36
Elément projeté Driver

Action Dampener, Indice Action


Immobilier Indice immobilier
Taux Courbe des Taux
SCR
Spread Spread Corporate
Rachat Massif Taux, Spread, PVL Action
Prime d’illiquidité Niveau de la Prime d’illiquidité
Autres SCRs Taux, Spread, PVL Action

VIF Taux, Spread, PVL Action


RM Niveau des Taux, SCRs hors marché

Table 4.5 – Driver utilisé pour chaque élément projeté

Nous présentons dans les sections dédiées à la projection de la VIF (4.2.2.2) et


du SCR (4.2.2.3) l’utilisation pratique de ces drivers.

4.2.2.1 Impact volume

L’impact volume est défini à travers le plan stratégique. Ce dernier comprend


des chroniques de chiffres d’affaires en fonction de plusieurs scénarios (croissance
stable, perte de référencement, etc. . .). En notant CAt le chiffre d’affaires projeté
en date t, l’impact volume est obtenu par le rapport entre l’année considérée et
l’année de référence :
CAt
ICA,t = (4.10)
CAt0

Cet impact est combiné à posteriori avec l’ensemble des impacts financiers pré-
sentés dans la suite.

4.2.2.2 Impact financier VIF

Comme l’indique le tableau 4.5, l’impact financier VIF est déterminé par l’évo-
lution de la courbe des taux, l’écartement des spreads corporate ou govies ou
encore l’évolution de l’indice action. Nous rappelons l’approximation générale
(4.9) utilisée 1 :
V IFt = V IFt0 × Iφ,t × ICA,t

L’impact financier VIF se décompose en fonction du nombre de drivers utilisés :

Iφ = IAction × IT aux × ISpread,Gov × ISpread,Corp (4.11)


1. Dans les sections spécifiques à la VIF et au SCR, nous omettons volontairement l’indice
V IF (resp. SCR) de Iφ,V IF,t (resp. Iφ,SCR,t ) pour une meilleure lisibilité.

37
Les différents impacts sont déterminés séparément et indépendamment les uns
des autres. Cela a pour conséquence la non-prise en compte de l’effet de corréla-
tion entre les différents drivers.

Driver Action La prise en compte de l’évolution de l’assiette action dans la


VIF se traduit par l’application de l’évolution de l’indice action au SCR net
du sous-module « risque action ». Le modèle suppose une linéarité de l’effet du
risque action sur la VIF. L’équation 4.12 donne le principe de l’impact action
sur la VIF initiale.
!
SCRnet,Action,t0 IndiceAction,t
V IFt = V IFt0 + × −1 (4.12)
ChocAction,t0 IndiceAction,t0

La variable ChocAction,t représente le niveau du choc action appliqué pour le


calcul du SCR action au pas de temps t. La variable IndiceAction,t représente la
valeur de l’indice action projeté dans le modèle. Le driver action se déduit alors
comme égal à :
!
SCRnet,Action,t0 IndiceAction,t 1
DriverAction,t =1+ × −1 × (4.13)
ChocAction,t0 IndiceAction,t0 V IFt0

La particularité du choc action appliqué lors du calcul du capital réglementaire


réside dans la prise en compte d’un ajustement appelé dampener. La variable
ChocAction comprend cet ajustement pour sa valeur de référence (en t0 ).

Le tableau 4.6 donne un exemple de l’application du proxy.

t0 t

Choc Action yc dampener 49 %


SCR Action Net 50
Indice Action 2100 2300
VIF 100 109

Table 4.6 – Exemple d’application du proxy pour le calcul de l’impact action

En utilisant l’équation 4.13, la VIF après impact est obtenue comme suit :
50 2300
 
V IFt = 100 + × −1
49% 2100 (4.14)
= 109, 7

38
Driver Taux Selon le niveau des taux en t, la V IFt est obtenue par interpo-
lation entre le niveau des taux en t et le niveau des taux en t choqué à la hausse
ou à la baisse. L’hypothèse de linéarité est reprise pour l’effet du risque taux sur
la VIF. L’équation 4.15 décrit le principe de l’impact taux sur la VIF.

rt + rt0
V IFt = V IFt0 × × (−SCRt0 ) (4.15)
rchoc,t0 + rt0

En utilisant le taux rchoc,t0 comme le taux en cas de choc à la hausse ou à la


baisse en t0 , le driver pour l’impact des taux est déduit comme suit :
!
rt + rt0 SCRt0
Drivert = 1 + × − (4.16)
rchoc,t0 + rt0 V IFt0

Le modèle effectue une interpolation linéaire entre les points connus, qui se com-
posent de la VIF dans le scénario central (Base Case), et selon le cas, de la VIF
issue du choc « Hausse des taux » ou celle issue du choc « Baisse des taux ».

Driver Spread Govies-Corporate La prise en compte de l’évolution des


PMVL liées aux obligations d’état (respectivement d’entreprises) dans la VIF se
traduit par l’écartement des spreads govies (respectivement spreads corporate)
appliqué au SCR net Spread. La valeur boursière de ces obligations par porte-
feuille ainsi que la durée moyenne pondérée associée sont utilisées dans le calcul
de cette approximation.

L’équation 4.17 traduit le principe de l’impact du spread des obligations d’état


ou d’entreprises sur la VIF.

V IFt = V IFt0 − ImpactSpread,t (4.17)

Le driver est donc défini comme :


1 − ImpactSpread,t
DriverSpread,t = (4.18)
V IFt0

L’impact de l’écartement des spreads est obtenu à partir de l’écartement du


spread implicite ayant servi au calcul du SCR Spread à la date de référence.

Le choc est appliqué au stock des actifs en ligne à ligne et dépend de la notation
et de la duration de chaque actif. Le modèle détermine d’abord le niveau du

39
spread implicite du SCRspread de référence :

SCRspread,t0 = V Mt0 × S × Spread Implicite


SCRt0 (4.19)
Spread Implicite =
V Mt0 × S

La variable S représente la sensibilité de l’obligation. Connaissant le spread im-


plicite et sous l’hypothèse que ce dernier reste constant, on peut dès lors appliquer
le proxy suivant (par exemple pour une obligation noté « AAA ») :

V Mt0 ,AAA st0 ,AAA Spreadt,AAA


SCRt,AAA = × × (4.20)
V Mt0 st0 Spread Implicite

La même formule est appliquée à l’ensemble des notations présentes en porte-


feuille et aux deux types d’obligations qu’elles soient d’état ou d’entreprise.

4.2.2.3 Impact financier SCR

L’effet financier appliqué au SCR, en pratique aux sous-modules du SCR et par


périmètre, résulte de la variation des indices de référence au cours de la projec-
tion. Chaque sous module du risque marché est lié à un indice en particulier.
En prenant l’hypothèse d’une évolution linéaire du capital réglementaire, l’effet
financier traduit l’écart entre le niveau projeté de l’indice de référence par rap-
port à son niveau initial. Le choix de l’indice se fait par rapport à la nature du
risque considéré. Le SCR action sera par exemple naturellement porté par l’in-
dice action. En plus de cette composante principale, certains ajustements sont
effectués lorsque l’indice seul ne permet pas d’évaluer parfaitement la variation
du risque ou celle du capital réglementaire requis. Pour reprendre l’exemple du
choc action, l’ajustement dampener est également projeté et pris en compte dans
l’évolution du capital réglementaire du risque action.

Nous présentons ci-dessous la projection des différents sous-modules du risque


marché avec les spécificités de chacun.

SCR actions L’évolution du SCR action est basée sur celle du choc action y
compris dampener et sur l’évolution de l’indice action.

Le principe de l’approximation s’écrit comme suit :


Choct Indicet
SCRt = SCRt0 × × (4.21)
Choct0 Indicet0

40
Le driver du risque est alors déduit comme suit :
Choct Indicet
Drivert = × (4.22)
Choct0 Indicet0

Nous montrons un exemple de l’application du proxy en tableau 4.7.

t0 t

Choc action yc dampener 49 % 34 %


Indice action 2100 2300
SCR action net 100 SCRt

Table 4.7 – Exemple d’application du proxy pour le calcul de l’impact action

Le SCR après impact est déduit comme suit en utilisant l’équation 4.21 :

34% 2300
SCRt = 100 × ×
49% 2100 (4.23)
= 76

SCR taux d’intérêts Le principe diffère légèrement des autres SCR. Au lieu
d’appliquer une variation directe sur le SCR, l’idée est de recréer une VIF centrale
et une VIF choquée (hors effet volume) puis d’en déduire par différence un SCR
approximé. Selon le niveau des taux en t, la V IFt est obtenue par prorata entre
le niveau des taux en t et le niveau des taux en t choqué à la hausse ou à la
baisse des taux.

Le principe de l’approximation s’écrit comme suit :


rt + rt0  
V IFt = V IFt0 × × −SCRt0 ,u/d
rt0 ,u/d + rt0
rt,u/d + rt0   (4.24)
V IFt,u/d = V IFt0 × × −SCRt0 ,u/d
rt0 ,u/d + rt0

Le driver de l’impact sur le SCR taux se déduit comme suit :


! !
rt + rt0 SCRt0 ,u/d rt,u/d + rt0 SCRt0 ,u/d
Drivert = × − − × − (4.25)
rt0 ,u/d + rt0 V IFt0 rt0 ,u/d + rt0 V IFt0

SCR spread L’approximation concernant le SCRspread suit le même principe


que celle appliquée à la VIF. Le modèle utilise l’écartement des spreads par
rapport au choc spread implicite et l’applique au SCRspread de référence.

41
Le principe de l’approximation du SCRspread est comme suit :

∆spread,t
SCRt = SCRt0 × (4.26)
ChocSpread Implicit,t0

Le driver se déduit ensuite comme suit :


∆spread,t
Drivert = (4.27)
ChocSpread Implicit,t0

Autres SCR marchés Les risques de change et de concentration sont faibles


et sont considérés constants.

SCR Vie et SCR Santé Pour les riques vie et santé, les sous-modules sont
uniquement impactés par l’effet volume. Nous présentons au chapitre 5 les diffé-
rents plans stratégiques envisagés avec les effets volumes correspondants.

4.2.2.4 Cas de la marge pour risque

Le modèle calcule à chaque horizon du plan le SCR hors marché afin d’appliquer
son évolution à la marge pour risque. Le modèle n’applique pas d’effet volume
supplémentaire car cet effet est déjà pris en compte dans l’évolution de chaque
sous-module du SCR.

4.2.3 Tiering

Afin de déduire le montant final des fonds propres exigibles à la couverture du


capital réglementaire, le modèle applique le tiering. Le tiering pose une contrainte
sur la proportion de capital réglementaire potentiellement couvrable par chaque
tier. Le tier 3 pourra notamment couvrir au maximum 15 % du capital.

La projection se fait donc d’abord sans tiering en projetant toutes les compo-
santes et puis le tiering permet d’obtenir les fonds propres éligibles à la couverture
du capital réglementaire.

Avant le tiering, les fonds propres éligibles à la couverture du SCR sont la somme
des fonds propres de base sous Solvabilité 2, de la VIF et de la marge pour risque.

Les fonds propres à un instant t sont définis comme suit :

F Pt = F PT 1,t + F PT 2,t + F PT 3,t (4.28)

42
La VIF et la marge pour risque font partie du Tiers 1 :

F PT 1,t = F P bT 1,t + DST 1,t + V IFt + RMt


F PT 2,t = F P bT 2,t + DST 2,t
F PT 3,t = F P bT 3,t + DST 3,t

Avec :
• F P bk,t : les fonds propres de base pour le tier k (1, 2 ou 3) en t
• DSk,t : les dettes subordonnées pour le tier k en t
• V IFt : la Value of Inforce en t
• RMt : la marge pour risque en t
Prévemp n’ayant pas de dettes subordonnées et de fonds propres catégorisés en
Tiers 2, l’équation 4.28 peut se réécrire :

F Pt = F P bT 1,t + F P bT 3,t + V IFt + RMt

4.2.4 Hypothèses de projection

Nous avons présenté dans les sections 4.2.1 et 4.2.2 les mécanismes permettant de
projeter respectivement les FP et le capital réglementaire et puis par déduction le
ratio de solvabilité, en partant d’hypothèses d’évolutions données. Ces hypothèses
sont explicitées dans les prochaines sections. Les scénarios présentés comprennent
l’évolution des marchés financiers sur l’horizon du plan stratégique, des scénarios
de stress financiers et techniques ainsi que différentes perpsectives d’évolution en
terme de stratégie commerciale.

Pour rappel, Prévemp souhaite évaluer plusieurs scénarios et certains


concernent notamment ses perspectives de développement. Nous commencons
par aborder le scénario économique central qui représente notre référentiel, la
stratégie d’allocation choisie, les perspectives d’évolutions du chiffre d’affaires
des périmètres collectives et emprunteur et enfin les scénarios de stress.

4.2.4.1 Scénario central

Le scénario central des marchés financiers est fondé sur les hypothèses fournies
par le Groupe.

Il a été projeté sur le marché obligataire un redressement progressif pour atteindre


un taux swap 10 ans à 2 % en 2022 avec une hypothèse de remontée des taux
directeurs en 2023. Les courbes sont présentées en figure 4.2.

43
3,5 %

3%

2,5 %

2%

1,5 %

1%

0,5 %

0%

−0,5 %
0 5 10 15 20 25 30
2019 2020 2021 2022 2023 2024

Figure 4.2 – Courbe centrale des taux swap spot

Sur le marché actions, il a été calibré une progression à rythme modéré en Europe
avec comme indice référentiel le DJ Eurostoxx. La figure 4.3 présente l’évolution
de cet indice.

5000

4800

4600
4431

4400 4274

4200
4122
4000
3835 3976
3800
3699

3600
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Figure 4.3 – Projection de l’indice DJ Eurostoxx

En complément, l’ajustement dampener a également été projeté en tableau 4.8.

Les spreads des obligations souveraines et des obligations d’entreprises ont été

44
Variation 2019 2020 2021 2022 2023 2024

Adj dampener -5,2% -2,7% -2,9% -3,5% -4,9% -5,1%

Table 4.8 – Évolution de l’ajustement dampener

distinguées comme le prévoit le modèle. La figure 4.4 présente l’évolution des


spreads souverains avec une légère baisse pour les obligations françaises et ita-
liennes (maturité 10 ans) compensée par une augmentation sur les obligations
espagnoles (principalement 5 ans) et italiennes (maturité 5 ans).

100 bps

80 bps

60 bps
FRA10Y
ESP10Y
ITA10Y
40 bps IRL10Y
FRA5Y
ESP5Y
20 bps ITA5Y
IRL5Y

0 bps

−20 bps

2019 2020 2021 2022 2023 2024


Figure 4.4 – Projection des spreads souverains

La figure 4.5 présente l’évolution des spreads corporate. On note une augmen-
tation commune de l’ensemble des notations en début de projection puis une
stagnation jusqu’à la fin de l’horizon du plan.

Les hypothèses d’allocation d’actifs retenues dans les projections correspondent


à un maintien de l’allocation initiale présentée dans le tableau 4.9.

Actif Allocation cible

Obligation 86 %
Monétaire 11 %
Action 2%
Diversification 1%

Table 4.9 – Allocation cible pour Prévemp

45
400 bps

350 bps

300 bps

250 bps
AAA
AA
200 bps A
BBB
BB
150 bps

100 bps

50 bps

0 bps
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Figure 4.5 – Projection des spreads corporates

4.2.4.2 Scénarios de stress

Stress financier
Les stress financiers sont supposés comme étant corrélés et sous-tendent une
dégradation conjointe des conditions de marché. Les différents facteurs de risques
considérés prennent en compte des risques qui ne sont pas présents dans la for-
mule standard mais qui ont été identifiés par le groupe (spread souverain par
exemple).

Le tableau 4.10 présente les principaux stress financiers projetés.

Niveau de stress ORSA 2019


Q4 2018 Q4 2019
Baisse Hausse

Taux swap euro 10 ans 0,50% 4,00 % 0,66 % 0,88 %

Spread souverain France 10 ans 30 bps 2 bps - 15 bps


Spread souverain Espagne 10 ans Pas de stress 275 bps 72 bps 70 bps
Spread souverain Italie 10 ans ORSA 250 bps 115 bps 97 bps
Spread corporate A 120 bps 23 bps 5 bps

Choc immobilier - 23% n.a. n.a.


Indice action 2 631 2 891 3 699

Table 4.10 – Définition des scénarios de stress ORSA

Stress techniques
Les stress techniques ORSA sont appliqués uniquement sur la VIF, au titre

46
de l’ensemble des facteurs de risques techniques pris en compte dans la formule
standard. L’ensemble des impacts VIF sous modulaires sont ensuite agrégés selon
les corrélations de la formule standard afin d’obtenir l’impact global sur la VIF.

Actions de management
Par le passé, une modification de la part de la coassurance sur le périmètre
de l’assurance des emprunteurs a été opérée. Cette action a permis d’augmenter
le ratio de solvabilité de la filiale. Une action similaire pourrait être envisagée
à nouveau dans le cadre des scénarios dégagés. Toutefois, aucune n’est pour le
moment à l’étude.

4.2.4.3 Perspectives de développement

Sur la base des évolutions financières présentées dans les sections précédentes
et qui représentent des facteurs de risques exogènes, la compagnie souhaite éva-
luer plusieurs scénarios de développement de son activité et de déterminer quel
est le meilleur scénario pour augmenter sa solvabilité. Le portefeuille de Pré-
vemp comprend plusieurs contrats de prévoyence collective dont le terme arrive
à échéance et dont le renouvellement (ou pas) est un facteur déterminant dans
le maintien du profil de risque de la compagnie. Le chiffre d’affaires sur le péri-
mètre de l’assurance emprunteur est supposé constant. La projection du chiffre
d’affaires dans le scénario central est présenté au tableau 4.11, celle des scénarios
alternatifs est présentée au chapitre 5.

Périmètre 2019 2020 2021 2022 2023 2024

Emprunteur 14 524 k€ 14 524 k€ 14 524 k€ 14 524 k€ 14 524 k€ 14 524 k€


Collective 56 330 k€ 62 782 k€ 63 654 k€ 62 878 k€ 67 415 k€ 72 343 k€

Total 70 854 k€ 77 306 k€ 78 178 k€ 77 402 k€ 81 939 k€ 86 866 k€

Table 4.11 – Évolution du chiffre d’affaires dans le scénario central

Plan de gestion du capital et versement de dividendes


Nous ne considérons aucune injection de capital ou de versement de dividendes
durant toute la durée du plan stratégique.

4.3 Éparuni

Le modèle d’Éparuni projette indépendamment les fonds propres d’une part et


le SCR d’autre part. La projection du SCR est simplifiée par la mise à disposition

47
par le Groupe des facteurs d’évolution pour chaque sous-module de risque comme
nous le verrons dans la section 4.3.2.

4.3.1 Projection des fonds propres

Contrairement à Prévemp, Éparuni utilise une granularité moins fine pour la


projection des fonds propres. Le portefeuille étant composé à 100% de produits
d’épargnes classique et en run-off, les impacts financiers modélisés s’appliquent
au global et aucun impact volume n’est pris en compte 1 . Il n’y a également
aucune notion de tiering, la décomposition projetée des FP est considérée comme
totalement éligible à la couverture du capital réglementaire. Nous rappelons la
décomposition de base des FP :

F Pt = F P bt + V IFt + RMt (4.29)

Nous détaillons dans la suite comment le modèle projette chaque composante


des FP.

4.3.1.1 Projection des fonds propres de base

La projection des fonds propres de base est régie par la formule de récurrence
suivante :

F Pbase,t+1 = F Pbase,t + Rt + Rt,N B + Ct − Dt + Iφ,F P,t (4.30)

Avec les notations suivantes :


• Rt Résultat en t
• Rt,N B Résultat lié aux affaires nouvelles en t
• Ct Augmentation du capital en t
• Dt Versement de dividende en t
• Iφ,F P,t Impacts financiers sur les fonds propres de base en t

Rt Le résultat en t correspond à une donnée en entrée du modèle et provient de


la projection des résultats dans un scénario central déterministe. Les scénarios
stressés seront pris en compte à travers les impacts financiers Iφ,F P . Ce résultat
ne comprend pas la richesse apportée par les nouveaux versements 2 au-delà de t0
1. Le modèle prend en compte uniquement les nouveaux versements des contrats déjà en
portefeuille à travers une chronique de résultats du New Business.
2. Pour rappel, le portefeuille d’Éparuni est en run-off.

48
qui sont modélisés à travers Rt,N B . Nous retrouvons la variable Rt dans le calcul
de la VIF, par exemple en t0 1 :
X
V IF0 = Rt × δt
t>0

Rt,N B Éparuni différencie la richesse apportée par les affaires nouvelles (Rt,N B )
et celle liée aux contrats en portefeuilles (Rt ). Les affaires nouvelles comprennent
uniquement les nouveaux versements. Avec ces élèments, nous obtenons le résul-
tat de première année R1,N B et la valeur actualisée des résultats au delà de la
première année V IFt+1,N B = i>t+1 Ri,N B × δi . Le premier intervient dans le
P

calcul des fonds propres de base et le dernier dans le calcul de la VIF. En appli-
quant l’évolution de la collecte à ces deux élèments, nous projetons les résultats
et VAN 2 de résultats liées aux affaires nouvelles :

RN B,t = RN B,t−1 × ∆CA,t (4.31)

Avec ∆CA,t l’évolution du chiffre d’affaire en t :

CAt
∆CA,t = (4.32)
CAt−1
Le modèle suppose le maintien d’une rentabilité similaire entre affaires en por-
tefeuille et affaires nouvelles.

Ct et Dt Le versement de dividendes ou l’injection de capitaux propres t sont


des variables d’ajustements. Ces ajustements font partie des considérations du
plan stratégique et sont abordés dans la section 4.3.3.3.

Iφ,F P,t Cette variable regroupe l’ensemble des effets financiers de la période t
impactant les fonds propres de base. Les effets financiers comprennent l’évolution
des taux swap, du niveau des spreads, de l’indice immobilier et de l’indice des
actions. À l’aide de sensibilités calculées en amont à l’image des chocs de la
formule standard, le modèle établit une correspondance entre une variation de
référence et un niveau de perte/gain sur les fonds propres de base 3 . Le tableau
4.12 présente pour chaque choc l’impact financier en volume et en pourcentage.

Afin d’illustrer l’utilisation de ces sensibilités dans la projection, nous pouvons


prendre l’exemple d’une hausse de l’immobilier de 10% qui impacterait positive-
ment les fonds propres de base de 983 k€.
1. Avec δt le facteur d’actualisation en t.
2. Valeur actualisée nette.
3. Un exercice similaire est effectué sur la partie VIF.

49
Sensibilités FP Base ∆

Scénario central 102 097 k€


+10 % action 1 648 k€ 2%
-10 % action -1 648 k€ -2 %
+10 % immobilier 983 k€ 1%
-10 % immobilier -983 k€ -1 %
+100 bps taux -7 698 k€ -8 %
-100 bps taux 6 744 k€ 7%
+50 bps spread -813 k€ -1 %
-50 bps spread 955 k€ 1%
+50 bps Inflation 207 k€ -2 %

Table 4.12 – Sensibilités des fonds propres de bases

4.3.1.2 Projection de la VIF

La richesse du portefeuille est projetée en utilisant la formule de récurrence sui-


vante :
V IFt+1 = V IFt − Rt + V IFt+1,N B + Iφ,V IF,t+1 (4.33)

Avec :
• Iφ,V IF,t les impacts financiers sur la VIF en t
Comme introduit plus haut, Éparuni utilise une mécanique similaire entre la
projection de la VIF et celle des fonds propres de base. Le résultat de l’année t
est déduit au préalable de la VIF car intégré par ailleurs aux fonds propres de
bases. En ce qui concerne la VIF issue des affaires nouvelles, elle est calculée en
appliquant l’évolution du CA à la VIF de référence. Cette évolution, présentée au
tableau 4.13, correspond au rapport de la collecte entre deux années consécutives.

Période Évolution de la collecte

2018 100 %
2019 95 %
2020 95 %
2021 95 %
2022 95 %
2023 0%

Table 4.13 – Hypothèses d’évolution du CA

En réutilisant l’évolution du CA (∆CA ) au cours de la période t, la richesse


apportée par les affaires nouvelles est déduite comme suit :

V IFN B,t = V IFN B,t−1 × ∆CA,t (4.34)

50
Les impacts financiers Iφ,V IF,t sont calculés de manière identique à ceux des fonds
propres de base. Le tableau 4.14 présente les sensiblités calculées sur la VIF
pour la date de référence t0 . Deux adaptations ont été faites par rapport à la
projection des fonds propres de base. La première concerne les sensibilités qui sont
appliquées en absolu (montant) et non en pourcentage. Ceci est dû à un montant
faible de VIF (-1,2 M€). La deuxième concerne le nombre d’impacts financiers
comptabilisés. Les sources de richesse du portefeuille étant plus diversifiées que les
actifs que composent les fonds propres de base, les aléas financiers sont légèrement
plus nombreux. En plus des risques de base (taux swap, spread, immobilier et
action), le modèle évalue également la volatilité des taux, des actions ainsi que
l’ajustement de volatilité.

Sensibilités VIF ∆

Scénario central -1 220 k€


+10 % action 2 700 k€ 3 920 k€
-10 % action -5 642 k€ -4 422 k€
+10 % immobilier -1 219 k€ 1 k€
-10 % immobilier -1 219 k€ 1 k€
+100 bps taux 790 k€ 2 010 k€
-100 bps taux -25 310 k€ -24 090 k€
+50 bps spread -6 002 k€ -4 782 k€
-50 bps spread 3 463 k€ 4 683 k€
+25 % volatilité action -4 266 k€ -3 046 k€
+25 % volatilité taux -7 806 k€ -6 586 k€
Sans prime d’illiquidité -9 312 k€ -8 092 k€

Table 4.14 – Sensibilités de la VIF aux aléas financiers

4.3.1.3 Projection de la marge pour risque

En ce qui concerne la marge pour risque, et comme nous le verrons plus loin avec
le SCR, Éparuni récupère les facteurs d’évolution calculés par le Groupe sur un
fonds 1 similaire au portefeuille d’Éparuni. Ces facteurs d’évolution sont alors
appliqués directement à la marge pour risque de référence.

4.3.2 Projection du SCR

La projection du SCR est le résultat de la composition de trois effets au niveau


sous-modulaire :
• l’évolution du risque (noté ∆R )
1. Un fonds correspond à une vision groupée des contrats commercialiés par le Groupe dans
le cadre des calculs Solvabilité 2.

51
• l’évolution des conditions financières (noté ∆φ )
• l’évolution de l’exposition (noté ∆ALM )
Les facteurs d’évolution du risque et des conditions financières sont fournies par
le Groupe tandis que l’exposition sur les marchés reste déterminée par Éparuni.

En reprenant les notations qui précèdent, le modèle calcule un sous-module du


SCR en t comme suit :

SCRt = SCR0 × ∆R,t × ∆φ,t × ∆ALM,t (4.35)

Nous détaillons chaque élément dans une section spécifique.

4.3.2.1 Évolution du risque

L’évolution du risque fournie par le Groupe est obtenue grâce à l’utilisation des
portefeuilles répliquants (voir annexe B.4). Les facteurs d’évolution du risque
sont produits à l’aide des étapes suivantes :
• Calibration d’un portefeuille répliquant le BE sur un ensemble de contrats
au niveau Groupe
• Simulation de 11000 trajectoires sur l’horizon du plan stratégique (5 an-
nées)
• Calcul pour chaque classe d’actif et à chaque pas de temps du quantile 99.5
• Déduction des facteurs d’évolution pour chaque risque en rapportant le
niveau du quantile observé en t au quantile 99.5 calculé en t0 (SCR initial
pour le risque considéré)
Le portefeuille répliquant est calibré au niveau du Groupe et sur un portefeuille
d’assurance vie. Les garanties et les produits étant représentatifs du portefeuille
d’Éparuni les facteurs d’évolution pour chaque risque sont donc utilisés tels
quels.

4.3.2.2 Évolution des conditions financières

Les facteurs d’évolution du risque issus de la projection du portefeuille répliquant


se basent sur une vision initiale des conditions financières telle que la courbe des
taux en t0 . La variation future de ces conditions est modélisé à travers la variable
∆φ . Elle permet d’appliquer des éléments de stress aux conditions centrales uti-
lisées pour la projection des facteurs de risques.

52
4.3.2.3 Évolution de l’exposition

Outre les conditions financières, l’allocation d’actifs stratégique adoptée par la


compagnie influe grandement sur l’évaluation globale de chaque sous-risque du
SCR. Une stratégie de désengagement total d’une exposition en action pourrait
par exemple à terme réduire à zéro le SCR action. La variable ∆ALM a pour
objectif de saisir les visées en terme d’exposition pour chaque classe d’actif, et
plus précisement pour chaque sous module de risque.

Allocations,t
∆ALM,s,t = (4.36)
Allocations,0
Avec :
• Allocations,t l’allocation cible pour la période t et la classe d’actif s
• Allocations,0 l’allocation initiale pour la classe d’actif s
L’allocation cible émane de la direction des investissements et se présente sous
la forme d’une chronique par classe d’actif donnant pour chaque période de pro-
jection la proprotion à atteindre. Notons toutefois qu’aucune classe d’actif n’est
introduite durant la projection et seules les proportions des différentes classes
initialement présentes varient.

4.3.2.4 Évolution globale

Comme présenté en préambule, l’évolution globale est obtenue en combinant les


trois effets. Puisqu’il n’y a pas d’effet cumulé entre deux années consécutives dans
le calcul du capital réglementaire (contrairement aux fonds propres par exemple),
nous pouvons exprimer le niveau des effets par rapport à l’année de référence t0
(ou simplement 0).

Une fois l’ensemble des sous-modules projetés, nous utilisons la matrice de cor-
rélation afin d’obtenir le capital réglementaire final projeté.

4.3.3 Hypothèses de projection

Comme pour Prévemp nous présentons dans cette section l’ensemble des hy-
pothèses utilisées dans le modèle de projection. Une spécificité liée au porte-
feuille d’Éparuni comprend l’évaluation d’un risque opérationnel non compta-
bilisé dans la formule standard.

Nous rappelons qu’Éparuni commercialise uniquement des produits d’épargne


et que le portefeuille est actuellement en run-off 1 . L’impact sur le développement
1. Le portefeuille n’est pas ouvert à de nouvelles souscriptions.

53
concerne un risque opérationnel que l’on spécifie en section 4.3.3.3. Comme pour
Prévemp, nous abordons les hypothèses financières en scénario central, les scé-
narios de stress financiers et techniques, les perspectives de développements et
enfin les scénarios de stress complémentaires appelés « scénarios transverses ».

4.3.3.1 Scénario central

Les hypothèses financières utilisées pour la projection des fonds propres et du


SCR d’Éparuni sont présentées dans le tableau 4.15. Comme l’allocation le
montre, les évolutions les plus impactantes seront celles concernant les taux swap
10 ans et celles du spread over swap à 5 ans.

Scénario central 2018 2019 2020 2021 2022 2023

Taux swap 10 ans 0,17 % 0,35 % 0,45 % 0,82 % 1,21 % 1,21 %


Spread over swap (5 ans) 55 bps 60 bps 65 bps 68 bps 70 bps 70 bps
Actions -1,60 % 3,50 % 5,75 % 5,75 % 5,75 % 5,75 %
Immobilier 5,00 % 3,00 % 4,05 % 4,05 % 4,05 % 4,05 %

Table 4.15 – Hypothèses de projection en scénario central

L’allocation d’Éparuni rappelée au tableau 4.16 est majoritairement portée vers


l’obligataire. Les risques principaux sont donc les risques de taux et de spread.

Actif Éparuni

Obligations 94 %
Monétaire 0%
Action 6%
Autre 0%

Table 4.16 – Proportion investie par classe d’actif

4.3.3.2 Scénarios de stress

Nous présentons ci-dessous l’ensemble des impacts appliqués aux hypothèses fi-
nancières du scénario central. En plus de ce dernier, deux scénarios supplémen-
taires sont définis :
1. Hausse des taux
2. Baisse des taux
La hausse et la baisse des taux correspondent comme le nom l’indique à une
augmentation et à une baisse des taux constatés sur les marchés financiers. Les
chocs appliqués aux risques actions et immobiliers seront néanmoins communs à
ces deux scénarios. L’objectif est d’avoir un scénario de stress de base et d’évaluer

54
l’évolution du taux de couverture en cas de remontée des taux ou de leur maintien
à un bas niveau.

Taux Swap La figure 4.6 met en perspective les taux swap pour les trois
scénarios définis ci-dessus.

3,5 % 3,35%
3,2%

2,92%
3% 2,77%
2,65%

2,5 %

2%

1,5 %
1,21% 1,21%

1% 0,82%
0,9%
0,45%
0,5 % 0,35%
0,17% 0,39% 0,37%
0,29% 0,27%
0%
2018 2019 2020 2021 2022 2023
Central Hausse des taux Baisse des taux

Figure 4.6 – Taux swap 10 ans par scénario

Spread La figure 4.7 met en perspective le niveau des spreads par scénario.

Actions Comme expliqué plus haut, les scénarios stressés pour l’indice action
sont identiques pour les scénarios hausse et baisse des taux. Ils sont présentés
dans la figure 4.8.

Immobilier La figure 4.9 présente les scénarios stressés pour l’indice immobi-
lier.

4.3.3.3 Perspectives de développement

Dans le cas d’Éparuni, les perspectives de développements sont évaluées à tra-


vers le prisme du Groupe. Le risque opérationnel de bascule d’une partie du
portefeuille en garanti à taux fixe porte un aléa sur le devenir de la filiale. Cet

55
80 bps
75
70 70
70 bps 68
65
67
60
60 bps
55
50
50 bps

40 bps 42

31
30 bps
25 25

24
20 bps
18 18
10 bps

2018 2019 2020 2021 2022 2023


Central Hausse des taux Baisse des taux

Figure 4.7 – Niveau de spread par scénario

5,75% 5,75% 5,75% 5,75%


3,5%
5,75% 5,75% 5,75%

0% −1,6%

−6,5%
−10 %

−20 %

−30 %

−36,1%
−40 %
2018 2019 2020 2021 2022 2023
Central Hausse/Baisse des taux

Figure 4.8 – Indices des actions par scénario

56
5%
4,05% 4,05% 4,05% 4,05%
5% 3%

0%
−5% −5% −5%
−5 %
−10%
−10 %

−15 %

−20 %
−25%
−25 %

2018 2019 2020 2021 2022 2023


Central Hausse/Baisse des taux

Figure 4.9 – Performance de l’indice immobilier par scénario

aléa a deux résultats potentiels comme impact : la filiale est recapitalisée et/ou
absorbée au sein de l’entité mère.

Les perspectives de développements ici ne s’entendent donc pas en terme de


chiffre d’affaires mais en terme de pérennité et de pertinence sur la structure
filiale/groupe. Ces perspectives dépendent de deux visions du portefeuille que
l’on précise plus loin.

Portefeuille de base Le portefeuille initial est composé principalement de


contrats d’épargne à un taux minimum garanti annuel variable avec une provision
mathématique estimée à 1 332M€.

Portefeuille alternatif Selon le risque opérationnel, une partie des contrats


du portefeuille basculerait en contrats à taux minimum garanti fixe au lieu d’un
TMGA. Nous évaluons plusieurs scénarios qui sont présentés dans le tableau
4.17.

Éparuni a identifié le scénario 1 comme ayant une probabilité de survenance


élevée. Le scénario 2 est moins probable mais le risque existe. Le scénario 3 où
l’intégralité du portefeuille basculerait en contrats à taux minimum garanti à 4
% est un scénario extrême qui nous permettra d’avoir une borne supérieure dans
nos analyses.
1. Le montant total n’est pas égale à celui de la clôture car la valorisation a été légérement
décalée dans le temps. Les écarts restent néanmoins négligeables.

57
Type taux garanti Clôture Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3

TMGA 1 329 263 k€ 906 156 k€ 553 459 k€


]0% - 1%[ 17 289 k€ 17 289 k€
[1% - 2%[ 23 681 k€ 23 681 k€
[2% - 3%[ 74 911 k€ 74 911 k€
[3% - 3,5%] 309 606 k€ 332 601 k€
4% 1 329 263 k€
4,5% 334 189 k€

Total PM € 1 329 263 k€ 1 331 644 k€ 1 1 336 130 k€ 1 329 263 k€

Table 4.17 – Réparition des PM par taux garanti et par scénarios

4.3.3.4 Scénarios complémentaires

Scénarios financiers adverses L’entreprise a souhaité évaluer l’impact de


scénarios financiers adverses prédéfinis sur le taux de couverture dans les cas
suivants :

• Baisse de 40% des marchés actions


• Baisse de 50 bps des taux d’intérêt
• Hausse de 50 bps des taux d’intérêt
• Hausse de 200 bps des taux d’intérêt

Scénarios de stress transverses Les scénarios transverses permettent d’éva-


luer la sensibilité du portefeuille à plusieurs risques dont l’occurence est simul-
tanée. Les sensibilités calculées permettent également d’évaluer l’écart entre le
capital issu de la formule standard grâce à la matrice de corrélation et celui
calculé dans ces scénarios. Les scénarios transverses sont les suivants :
• Crise financière combinée avec une hausse des rachats
• Hausse des taux d’intérêts déclenchant une hausse des rachats
• Baisse des taux avec une population vieillissante et une détérioration de la
santé
• Pandémie et détérioration de la santé
• Hausse de la sinistralité et crise financière

Crise financière combinée avec une hausse des rachats Ce premier scé-
nario comprend une hausse des rachats (rachats massifs +22 % et hausse des
rachats structurels +22 %) et d’arbitrage vers les comptes à capital garanti. Ceci

58
est combiné à une baisse des taux de 50 bps, une forte baisse des actions, de
l’immobilier (baisse allant de -10 % à -30 %) ainsi qu’à une hausse significative
des spreads de 150 bps.

Hausse des taux d’intérêts déclenchant une hausse des rachats Ce


scénario correspond à une hausse importante des taux d’intérêts de 200 points,
combinée avec un choc important sur les actions, l’immobilier (baisse allant de
-20 % à -40 %), ainsi qu’une hausse significative des spreads de 150 bps. La
hausse des taux d’intérêts entraîne un rachat massif et une hausse des rachats
de 22 % ainsi que la sécurisation des encours vers des fonds garantis (+33 %
d’arbitrage).

Baisse des taux avec vieillissement et détérioration de la santé de la


population Ce scénario est une combinaison d’une baisse des taux d’intérêts
de 50 bps, d’une crise financière (baisse des actions de -30 %) et d’une hausse de
la longévité de 24 %.

Pandémie et détérioration de la santé Ce scénario est un évènement de


pandémie extrême combiné à une détérioration de la santé, (une augmentation de
la mortalité de 14 %). Cette pandémie entraîne une baisse des marchés financiers
sur les actions de -30 % et une légère baisse de 25 pts des taux d’intérêts.

Hausse de la sinistralité et crise financière Ce scénario correspond à une


hausse de la sinistralité associée à une crise financière. La hausse de la sinistralité
se matérialise par une hausse de 22 % des rachats la première année et d’un
choc catastrophe de 0,12 %. La crise financière est représentée par une baisse
importante des actions, de l’immobilier (baisse allant de -10 % à -40 %) et une
hausse des spreads de 100 bps.

Nous évaluons dans le cadre de notre mémoire uniquement l’impact au niveau


du taux de couverture de chacun de ces scénarios.

59
Chapitre 5

Applications

Nous avons présenté au chapitre 3 le cadre général de l’évaluation du besoin


global de solvabilité puis au chapitre 4 les mécanismes particuliers ainsi que les
hypothèses de projection utilisées par chacunes des compagnies étudiées. Nous
analysons à travers le présent chapitre les résultats obtenus et abordons les im-
pacts de ces résultats sur la gestion du business sur le court et moyen terme.

5.1 Prévemp

5.1.1 Scénario central

Avant d’aborder la projection des taux de couverture sur l’horizon du plan, nous
rappelons au tableau 5.1 les données de l’année de référence. Cette image de la
solvabilité représente le point de départ dans le scénario central.

Poste t0

Fonds Propres 92 410 k€


SCR 50 703 k€
Ratio de couverture 182 %
BGS 55 773 k€
Surplus (110%) 36 637 k€

Table 5.1 – Prévemp : état de la solvabilité en t0

En vision centrale et au départ de la projection, le BGS défini par l’appétence


au risque comme étant égal à 110 % du SCR (51 M€) est évalué à 56 M€.
Les fonds propres initiaux (92 M€) couvrent ce besoin avec un surplus de 39
M€ représentant un coussin confortable permettant d’absorber d’éventuels chocs
futurs.

60
Afin de mieux comprendre les variations constatées lors de la projection des taux
de couverture, nous décomposons la base de départ présentée au tableau 5.1.

Nous commencons par le SCR et ses sous-modules présentés en figure 5.1. Nous
retrouvons pour chaque risque le montant du capital requis ainsi que sa propor-
tion par rapport au SCR final 1 .

SCR En millions d’euros

50,7 100 %

Ajustements BSCR Opérationnel


0 0% 46 91 % 4,6 9%

Marché Vie Santé Contrepartie


10,6 21 % 5,5 11 % 38,1 75 % 5,9 12 %

Taux d’intérêts Mortalité SLT


1,8 4% 1,7 3% 24,4 48 %

Action Cessation NSLT


1,5 3% 2,7 5% 16,7 33 %

Spread Dépenses Catastrophe


9 18 % 0,7 1% 6,3 12 %

Change Catastrophe
0,1 0% 3 6%

Concentration
1,5 3%

Figure 5.1 – Décomposition du SCR de Prévemp

Le SCR de Prévemp est principalement porté par les modules santé (75 %),
marché (21 %) et vie (11 %). Les sous-modules invalidité ainsi que celui des
primes et réserves expliquent l’intégralité de l’impact du module santé. Côté
marché, l’exposition majoritaire sur les obligations expliquent l’importance du
choc spread qui représente 85 % du SCR marché.

Le tableau 5.2 présente la décomposition pour les fonds propres. Notons l’im-
1. Nous entendons par « SCR final » le capital réglementaire de solvabilité après application
de la matrice de corrélation ainsi que l’ajout du SCR opérationnel et des ajustements liés aux
impôts différés ou à l’absorption des provisions techniques.

61
portance des fonds propres de base et des PMVL dans la couverture du capital
réglementaire.

Fonds Propres Prévemp

Fonds Propresbase 85 327 k€


VIF 15 091 k€
dont PMVL 5 291 k€
RM -8 008 k€

Total 92 410 k€

Table 5.2 – Décomposition initiale des fonds propres

La projection du taux de couverture sur l’horizon du plan présentée au tableau 5.3


permet de constater une nette amélioration du taux de couverture avec un gain
de 23 points. Ce gain est principalement porté par une hausse des fonds propres
(+21 M€), le capital réglementaire évoluant très peu (+5 M€). Nous analysons
dans la suite de manière spécifique les impacts pour chaque composant du taux
de couverture.

Poste t0 t1 t3 t5 t5 − t0

Fonds Propres 92 410 k€ 96 076 k€ 101 654 k€ 113 362 k€ 20 952 k€


SCR 50 703 k€ 52 730 k€ 51 963 k€ 55 264 k€ 4 561 k€
Ratio de couverture 182 % 182 % 196 % 205 % +23 pts
BGS 55 773 k€ 58 003 k€ 57 159 k€ 60 791 k€ 5 017 k€
Surplus (110%) 36 637 k€ 38 073 k€ 44 494 k€ 52 571 k€ 15 934 k€

Table 5.3 – Projection du BGS en scénario central

5.1.1.1 Impacts sur les fonds propres

Le gain de couverture détaillé au tableau 5.4 correspond au résultat du rapport


de l’évolution des fonds propres par le capital réglementaire initial. L’intégralité
de l’amélioration de la couverture s’explique par l’évolution très favorable des
fonds propres de base et de la VIF.

Poste t0 t1 − t0 t3 − t1 t5 − t3 t5 − t0 Impact couverture

Fonds Propres 92 410 k€ 3 666 k€ 5 578 k€ 11 708 k€ 20 952 k€ +41 pt

dont FPif rs 85 327 k€ 2 700 k€ 4 059 k€ 8 235 k€ 14 993 k€ +30 pt


dont VIF 15 091 k€ 1 444 k€ 1 001 k€ 3 592 k€ 6 037 k€ +12 pt
dont RM -8 008 k€ -478 k€ 518 k€ -119 k€ -79 k€ +0 pt

Table 5.4 – Projection des fonds propres en scénario central

62
Le tableau 5.5 détaille les facteurs d’évolution par périmètre en distinguant les
effets volumes et les effets financiers. Nous rappelons que les hypothèses de dé-
veloppements dans le scénario central, abordées en section 4.2.4.3, impliquent
un chiffre d’affaires constant sur le périmètre emprunteur et une augmentation
progressive de la collecte sur celui de la prévoyance collective.

t1 t3 t5
Périmètre t0 t0 t0

Emprunteur 99 % 102 % 110 %


dont ∆V olume 100 % 100 % 100 %
dont ∆F inancier 99 % 102 % 110 %
Collective 108 % 116 % 146 %
dont ∆V olume 111 % 112 % 128 %
dont ∆F inancier 97 % 104 % 113 %

Table 5.5 – Facteurs d’évolution de la VIF par périmètre

L’impact VIF sur l’horizon du plan (+6 M€) provient premièrement de l’effet
volume du périmètre prévoyance collective (+3 M€ 1 ) et de l’effet bénéfique des
marchés financiers. Bien qu’il y ait eu une légère diminution des actifs en début
de projection, la remontée des taux (+219 bps en cumulé en t5 par rapport à t0 )
apporte un impact positif de 2 M€. La composition des deux effets permet un
gain complémentaire d’un million d’euros.

Le tableau 5.6 présente les sources d’évolution des fonds propres de base. Les
deux principaux sont le résultat projeté 2 et les plus ou moins values latentes.
Ces deux grandeurs expliquent 91 % de l’impact final constaté.

Poste t1 − t0 t3 − t1 t5 − t3 total

F Pif rs 2 700 k€ 4 059 k€ 8 235 k€ 14 993 k€

dont PMVL -2 475 k€ -1 494 k€ -686 k€ -4 656 k€


dont Résultat 5 617 k€ 5 654 k€ 6 963 k€ 18 234 k€

Expliqué 116 % 103 % 76 % 91 %

Table 5.6 – Vecteurs d’évolution des fonds propres de base

Pour rappel, la chronique des résultats projetés provient des calculs Solvabilité
2 effectués au cours de l’exercice de clôture pour l’évaluation du Best Estimate.
Étant une donnée en entrée du modèle, nous pouvons constater qu’elle participe
fortement à l’obtention d’une évolution favorable du taux de couverture.
1. Le chiffre d’affaires du périmètre prévoyance collective en t0 étant de 10,7 M€, et l’effet
volume en t5 étant de 128 % (cf. tableau 5.5), nous déduisons l’impact avec +28 % × 10,7 M€
= 3 M€.
2. Pour rappel, la chronique de résultat projeté correspond aux résultats projetés dans le
scénario central au moment des calculs Solvabilité 2.

63
Nous renviendrons dans la suite sur l’importance d’évaluer la sensibilité du mo-
dèle aux données ayant un grand impact sur les taux de couverture projetés, la
chronique des résultats faisant partie de ces données.

5.1.1.2 Impacts SCR

Contrairement aux FP, le capital réglementaire évolue très peu (+5 M€ versus
+21 M€). Le tableau 5.7 détaille l’évolution du capital requis pour chaque sous-
module de la formule standard. L’impact global (+4,6 M€) est porté par le
sous-module Santé (+5,4 M€) avec notamment l’effet volume sur le périmètre de
la prévoyance collective - également abordé pour l’évolution des fonds propres -
compensée par une baisse du sous-module Marché.

Poste t0 t1 t3 t5 t5 − t0 Impact couverture

SCR 50 703 k€ 52 730 k€ 51 963 k€ 55 264 k€ 4 561 k€ -15 pts

SCR Opérationnel 4 601 k€ 4 601 k€ 4 601 k€ 4 601 k€ 0 k€ 0 pts


BSCR 46 102 k€ 48 129 k€ 47 363 k€ 50 664 k€ 4 561 k€ -15 pts

SCR Marché 10 596 k€ 10 280 k€ 8 609 k€ 8 620 k€ -1 976 k€ 6 pts


SCR Vie 5 510 k€ 5 743 k€ 5 798 k€ 6 239 k€ 728 k€ -2 pts
SCR Santé 38 107 k€ 40 305 k€ 40 301 k€ 43 546 k€ 5 439 k€ -18 pts
SCR Contrepartie 5 896 k€ 5 896 k€ 5 896 k€ 5 896 k€ 0 k€ 0 pts

Table 5.7 – Évolution des capitaux requis par brique de risque

La baisse du SCR Marché s’explique par les mécanismes de réallocation utilisées


d’une part et de la hausse progressive des taux d’autre part. Le maintien de
l’allocation cible se fait par un réinvestissement/désinvestissement de la valeur
de marché en utilisant de nouveaux actifs calibrés avec les taux au moment de
l’investissement. L’écart entre le niveau initial des taux en début de projection
et la cible à terme diminue au cours de la projection rendant ces nouveaux actifs
légérement moins sensibles aux risques de spread et hausse des taux.

Nous pouvons constater au tableau 5.8 la bascule de la sensibilité du portefeuille


d’un risque à la hausse des taux à un risque à la baisse des taux. Le niveau des
spreads est également en baisse (-2,6 M€). L’augmentation du montant des actifs
actions suite aux réinvestissements impacte le capital requis correspondant (+0,4
M€) mais ne compense pas les gains de SCR constatés par ailleurs.

5.1.1.3 Évaluation du BGS

La situation économique allant en s’améliorant dans le scénario central, le besoin


global de solvabilité est défini en fin de projection à 61 M€. Les fonds propres
actuels couvrent ce besoin.

64
Poste t0 t1 t3 t5 t5 − t0

SCR Marché 10 596 k€ 10 280 k€ 8 609 k€ 8 620 k€ -1 976 k€

SCR Taux d’intérêts 1 843 k€ 1 392 k€ 392 k€ 590 k€ -1 253 k€


Baisse des taux 167 286 392 590 423

Hausse des taux 1843 1392 343 -160 -2003

Actions 1 492 k€ 1 705 k€ 1 756 k€ 1 891 k€ 399 k€


Spread 9 059 k€ 8 629 k€ 6 760 k€ 6 536 k€ -2 523 k€

Table 5.8 – Évolution des capitaux requis pour le sous-module marché

5.1.2 Scénarios de stress ORSA

La figure 5.2 présente les résultats de la projection des taux de couverture pour les
scénarios de stress ORSA avec une hausse et une baisse des taux. Nous rappelons
que les deux scénarios, présentés au tableau 4.10 page 46, embarquent également
des chocs sur les indices actions et immobiliers.

205%
196%
200 %
182% 182%

162%
153%
150 % 139% 138% 153%
148%
134% 135%

Seuil d’appétence

100 %

50 %

0%
2019 2020 2021 2022 2023 2024
Scénario central Baisse des taux Hausse des taux

Figure 5.2 – Taux de couverture en cas de stress ORSA

Comme expliqué dans la section 4.1.4, Prévemp applique un choc instantané en


début de projection afin de prendre en compte la perte d’une partie des capacités
d’absorption. Cette perte, outre qu’elle impacte directement la VIF (-19,8 M€)
puisqu’il y a moins de PB discrétionnaire pour absorber les stress ORSA, impacte
également les fonds propres à travers les impôts différés à l’actif. La diminution
de la VIF aboutit à un impôt au passif non recouvrable de 7,2 M€, ce qui
complète l’impact global constaté en début de projection. Nous observons comme
sur le scénario central une bascule d’une sensibilité à la hausse des taux vers une

65
sensibilite à la baisse des taux. Malgré les impacts en début de projection, les
taux de couvertures s’améliorent progressivement. La chronique des résultats «
non choquée » explique en grande partie cette évolution. L’appétence au risque
est ainsi respectée sur l’ensemble des scénarios considérés.

Évaluation du BGS Le scénario à la baisse des taux étant le plus défavorable,


nous déterminons sur ce scénario le surplus des fonds propres observé sur l’horizon
du plan ainsi que le BGS. Les fonds propres et le SCR projetés dans le scénario
à la baisse sont repris dans le tableau 5.9. Le BGS est évalué à 60 Millions €.

Poste t0 t1 t3 t5

Fonds Propres 70 098 k€ 72 112 k€ 76 264 k€ 84 003 k€


SCR 50 450 k€ 52 445 k€ 51 623 k€ 54 904 k€
Ratio de couverture 139 % 138 % 148 % 153 %
BGS 55 495 k€ 57 690 k€ 56 785 k€ 60 395 k€
Surplus (110%) 14 603 k€ 14 423 k€ 19 479 k€ 23 608 k€

Table 5.9 – Projection du BGS dans le scénario « baisse des taux »

5.1.3 Scénarios alternatifs de chiffre d’affaires

L’évolution du chiffre d’affaires dans le scénario central a été abordé dans la


section 4.2.4.3. Nous présentons ici les scénarios complémentaires par lesquels la
compagnie a souhaité évaluer son BGS en cas de perte ou de gain de certains
contrats stratégiques.

En coordination avec les équipes commerciales, deux scénarios envisageant res-


pectivement une perte et un gain de chiffre d’affaires ont été conçus. La perte
correspond au défaut de renouvellement de certains contrats stratégique. Ces
simulations ne concernent que le périmètre de la prévoyance collective, celui de
l’emprunteur étant considéré constant.

Scénario t0 t1 t2 t3 t4 t5

Central 70 854 k€ 77 306 k€ 78 178 k€ 77 402 k€ 81 939 k€ 86 866 k€


Baisse du CA 70 854 k€ 55 332 k€ 46 351 k€ 33 387 k€ 48 231 k€ 50 695 k€
Hausse du CA 70 854 k€ 83 584 k€ 84 543 k€ 83 689 k€ 95 422 k€ 101 335 k€

Table 5.10 – Scénarios de CA pour la prévoyance collective

La figure 5.3 présente la projection du taux de couverture avec les scénarios de


chiffre d’affaires alternatifs dans le scénario économique central.

Quelque soit le scénario considéré, l’appétence au risque est bien vérifiée. L’évo-
lution du taux de couverture est néanmoins contre intuitive car l’augmentation

66
252% 248%
250 %

205% 205%
196%
200 % 182% 182%
190% 190%
177%
150 %

Seuil d’appétence
100 %

50 %

0%
2019 2020 2021 2022 2023 2024
CA Central Baisse du CA Hausse du CA

Figure 5.3 – Projection du ratio couverture par scénario de CA

du chiffre d’affaires (respectivement la baisse) induit une baisse du taux de cou-


verture (respectivement une hausse).

Le tableau 5.11 présente le détail du taux de couverture pour le scénario avec


une hausse de CA. Comparativement au scénario central du chiffre d’affaires,
l’augmentation du CA impacte deux fois plus l’évolution du SCR (+5,6 M€) que
celle des fonds propres (+2,6 M€).

Poste 2019 2020 2022 2024 t5 − t0 BCt5 −t0 ∆

Fonds Propres 92 410 k€ 97 249 k€ 103 012 k€ 115 906 k€ 23 496 k€ 20 952 k€ 2 544 k€
SCR 50 703 k€ 55 063 k€ 54 330 k€ 60 864 k€ 10 161 k€ 4 561 k€ 5 599 k€
Ratio de couverture 182 % 177 % 190 % 190 % +8 pts +23 pts -15 pts
BGS 55 773 k€ 60 569 k€ 59 763 k€ 66 950 k€ 11 177 k€ 5 017 k€ 6 159 k€
Surplus (110%) 36 637 k€ 36 680 k€ 43 249 k€ 48 956 k€ 12 319 k€ 15 934 k€ -3 615 k€

Table 5.11 – Décomposition du taux de couverture dans le scénario hausse de CA

La décomposition des impacts montre que l’évolution est principalement portée


par le sous-module « primes et réserves » du module santé. Ce module, recalculé
à chaque pas de projection en utilisant le montant des primes et provisions, est
directement lié au chiffre d’affaires projeté. Le tableau 5.12 présente le détail des
capitaux requis projetés pour le module Santé. L’évolution du chiffre d’affaires
sur l’horizon du plan, estimée à +30 M€ dans le scénario hausse du CA, augmente
de 9 M€ le capital NSLT. Du côté de la VIF, l’augmentation n’a qu’un impact
limité sur la durée du plan stratégique (+3 M€) par rapport au scénario central.

67
Poste 2019 2020 2022 2024 t5 − t0

SCR Santé 38 107 k€ 42 483 k€ 42 483 k€ 48 671 k€ 10 564 k€


SLT 24 446 k€ 25 218 k€ 25 182 k€ 26 241 k€ 1 795 k€
NSLT (Primes et réserves) 16 695 k€ 20 468 k€ 20 499 k€ 25 729 k€ 9 034 k€
Catastrophe 6 251 k€ 7 663 k€ 7 675 k€ 9 633 k€ 3 382 k€

Table 5.12 – Décomposition du SCR Santé dans le scénario hausse de CA

De manière symétrique, une baisse du chiffre d’affaires impacte favorablement le


taux de couverture avec une perte faible au niveau de la richesse du portefeuille
acompagnée d’une diminution prononcée du capital réglementaire portée par le
sous-module santé.

Pour compléter notre analyse de sensiblité, la figure 5.4 présente l’évaluation


des scénarios de chiffre d’affaires alternatifs dans le cadre des scénarios de stress
ORSA.
ORSA Hausse des taux ORSA Baisse des taux
207%
194% 196% 199%
200 %

162% 161%
152% 153% 153%
148%
150 % 135% 139% 138%
134% 149% 151%
142% 140%
131% 132%
Seuil d’appétence

100 %

50 %

0%
2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024
CA Central Baisse du CA Hausse du CA CA Central Baisse du CA Hausse du CA

Figure 5.4 – Projection du taux de couverture en hausse des taux

Le scénario le plus adverse en terme de taux de couverture correspond à une aug-


mentation du chiffre d’affaires couplé à une baisse des taux. Le taux de couverture
atteint dans ce scénario 140 %. Il correspond également au scénario projetant le
plus important montant de capital réglementaire. Nous nous basons sur ce scé-
nario pour l’évaluation du besoin global de solvabilité estimé à 67 M€. Les fonds
propres initiaux couvrent ce besoin.

5.1.4 Conclusion

Prévemp a pu évaluer son besoin global de solvabilité sur l’ensemble des scéna-
rios envisagés par les organes exécutifs. Ces scénarios ont pris en compte aussi
bien des chocs au niveau financier que des pertes au niveau des parts de mar-
ché. Quelque soit le scénario considéré, le BGS est couvert par les fonds propres

68
Poste 2019 2020 2022 2024

Fonds Propres 70 098 k€ 72 251 k€ 76 406 k€ 84 380 k€


SCR 50 450 k€ 54 770 k€ 53 960 k€ 60 464 k€
Ratio de couverture 139 % 132 % 142 % 140 %
BGS 55 495 k€ 60 247 k€ 59 356 k€ 66 511 k€
Surplus (110%) 14 603 k€ 12 004 k€ 17 051 k€ 17 869 k€

Table 5.13 – Taux de couverture en cas de baisse des taux


et une augmentation du CA

actuels. Avant d’aborder les décisions stratégiques adoptées suite à ces résultats,
nous souhaitons revenir sur une limite importante du modèle utilisé.

Cette limite réside dans la forte asymétrie entre la sensibilité du capital réglemen-
taire aux hypothèses de chiffre d’affaires et sa sensibilté à l’évolution des marchés
financiers. Dès lors, une baisse drastique du chiffre d’affaires devient presque une
source de satisfaction avec un gain important au niveau du taux de couverture.
En pratique, il est important de maintenir un niveau de collecte satisfaisant car
elle est la source principale de profitabilité pour la compagnie. Afin de palier à
cette limite au prochain processus ORSA, Prévemp considère l’utilisation de
plusieurs chroniques calculées en amont permettant de mieux saisir les impacts
de la collecte sur le résultat courant 1 .

En attendant cet ajustement, Prévemp a choisi de privilégier le maintien des


contrats actuels sur le périmètre prévoyance collective dont la rentabilité est
connue en renforçant la fidélisation client. En ce qui concerne le périmètre em-
prunteur, la quote-part du traité de coassurance est maintenue inchangée.

5.2 Éparuni

Le taux de référence d’Éparuni, présenté au chapitre 4 et rappelé au tableau


5.14, a été calculé dans le cadre des travaux réglementaires du pilier 1 de Solva-
bilité 2. Un risque opérationnel déclaré durant l’année n’a pas été pris en compte
dans ces travaux de clôture. Ce dernier, abordé en section 4.3.3.3, introduit une
vision différente de la modélisation du portefeuille : un portefeuille alternatif dont
32 % des contrats incluent un taux minimum garanti entre 1 % et 4,5 % selon le
contrat.

Nous avons présenté au chapitre 4 le taux de couverture de référence en t0 pour


Éparuni. L’un des scénarios qu’Éparuni souhaite évaluer concerne le risque
qu’une partie du portefeuille bascule en modélisation à taux minimum garanti.
1. En supposant des contrats rentables, une baisse de la collecte diminuerait les fonds
propres à travers la diminution de la richesse du portefeuille, et limiterait par conséquent
le gain en taux de couverture observé par Prévemp.

69
Taux de couverture en t0 Éparuni

Fonds propres 158 635 k€


SCR 45 488 k€
Taux de couverture 348,7 %
BGS 113 719 k€
Surplus 44 916 k€

Table 5.14 – Taux de couverture en t0

Ce risque est évalué en priorité car il peut être amené à revoir les données de
référence initiale. Il fait l’objet de notre première section.

5.2.1 Vision finale du portefeuille

Nous rappelons les deux visions complémentaires du portefeuille envisagées par


le management dans le tableau 5.15 avec la répartition des provisions mathéma-
tiques par type de taux garanti.

TMG Scénario 1 Scénario 2

TMGA 1 329 263 k€ 906 156 k€

]0% - 1%[ 17 289 k€


[1% - 2%[ 23 681 k€
[2% - 3%[ 74 911 k€

[3% - 3.5%[ 309 606 k€ 332 601 k€


[4.5%] 0 k€ 334 189 k€

Total 1 331 644 k€ 1 336 130 k€

Table 5.15 – Répartition de la PM par taux technique

Avant d’évaluer l’impact de chaque scénario, le tableau 5.16 présente la variation


du taux de couverture entre l’exercice courant et l’exercice précédent. Malgré une
légère baisse au Q4 2018, Éparuni affiche une solvabilité solide (+249 points de
surplus). Cette baisse s’explique par un double effet entre la hausse du SCR (+5
M€) portée par une hausse du SCR marché et la hausse des fonds propres en
l’absence de versement de dividendes (10 M€ versées au Q4 2017). La hausse
plus importante en proportion du SCR explique la baisse du taux de couverture.

Cette image de la solvabilité offre une très bonne base pour l’absorption des
chocs dans le cadre de l’ORSA. L’évaluation du risque opérationnel mentioné
plus haut, qui doit son origine à certaines clauses présentes dans les conditions
générales de ventes de plusieurs générations de contrats, est présentée au tableau
5.17.

70
Poste Q4 2017 Q4 2018 ∆

Fonds Propres 152 805 k€ 158 635 k€ 4%


SCR 40 415 k€ 45 488 k€ 13%
Ratio de Couverture 378% 349% -29 bps
Surplus (100%) 112 390 k€ 113 148 k€ 1%

Table 5.16 – Evolution du taux de couverture entre 2017 et 2018

Poste Q4 2018 Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3

Fonds Propres 158 635 k€ 75 156 k€ 342 k€ -285 120 k€


SCR 45 488 k€ 86 758 k€ 106 127 k€ 311 891 k€
Ratio de Couverture 349 % 87 % 0% -91 %
Surplus 113 148 k€ -11 603 k€ -105 785 k€ -597 012 k€

Table 5.17 – Taux de couverture pour les scénarios de portefeuilles alternatifs

Pour rappel, le scénario 3 correspond à un portefeuille intégralement modélisé


en TMG 4 %. La modélisation des taux minimums garantis fixes a un impact
important sur le taux de couverture. Nous avons d’abord un impact sur le résul-
tat central dû à la charge financière des taux garantis allant croissant selon les
scénarios (-17 M€ sur le scénario 1 et -32 M€ sur le scénario 2). Le scénario 3
démontre que l’impact des taux techniques n’est pas linéaire en fonction de leurs
proportions dans le portefeuille. D’un autre côté, la charge financière des taux
techniques apparait clairement sur le montant du SCR et particulièrement pour
le scénario « baisse des rachats » comme le montre le tableau 5.18.

Poste Q4 2018 Scenario 1 Scenario 2 Scenario 3

SCR Vie 29 849 k€ 27 429 k€ 58 962 k€ 190 972 k€

SCR Longévité 0 k€ 4 225 k€ 14 572 k€ 0 k€


SCR Cessation 20 407 k€ 19 126 k€ 46 707 k€ 178 533 k€
SCR Dépenses 13 764 k€ 10 382 k€ 11 360 k€ 22 827 k€

Table 5.18 – Décomposition du SCR Vie pour chaque portefeuille alternatif

La société Éparuni a décidé de retenir le scénario 1 comme étant la vision offi-


cielle du portefeuille. La probabilité qu’une partie supplémentaire du portefeuille
bascule également en TMG (scénario 2) a été captée à travers le SCR opération-
nel par l’utilisation d’un capital add-on.

Cette décision implique deux conséquences dont la première porte sur la solva-
bilité de la compagnie et la deuxième sur le respect de son appétence au risque.
Concernant la solvabilité, Éparuni passe effectivement d’un surplus (+113 M€)
à un déficit (-11 M€) de couverture après l’adoption de cette nouvelle modélisa-
tion. Une recapitalisation est donc nécessaire conformément à l’article 138 de la
directive Solvabilité 2. Elle devra à minima compenser le déficit constaté, mais

71
comme nous le verrons plus loin, l’appétence initialement définie n’étant plus
respectée, une recapitalisation plus importante pourrait être effectuée.

Pour rappel, l’appétence au risque définie en section 1.3 fixe le seuil minimal de
taux de couverture à 250 %, synonyme d’une perte de 128 points au Q4 2018.
L’impact de la nouvelle modélisation dépasse significativement l’appétence au
risque avec une baisse de 262 points du taux de couverture comme le montre le
tableau 5.19.

Poste Q4 2018 Scénario 1 ∆

Fonds Propres 158 635 k€ 75 156 k€ -83 480 k€


SCR 45 488 k€ 86 758 k€ 41 270 k€
Ratio de Couverture 349 % 87 % -262 %
Surplus 113 148 k€ -11 603 k€ -124 750 k€

Table 5.19 – Impacts des taux minimums garantis fixes

L’appétence au risque ne peut plus être maintenue à l’identique eu égard à ce


changement important de profil de risque. La nouvelle définition en cours de fina-
lisation 1 devrait proposer au conseil d’administration un appétit pour le risque
à hauteur de 108 % de taux de couverture Solvabilité 2. Ce niveau devrait éga-
lement être atteint lors de la recapitalisation, portant le besoin de fonds propres
additionnels à 18,6 M€ 2 , soit un complément de 7 M€ par rapport à la contrainte
réglementaire.

Dès lors que la vision finale du portefeuille a été validée, nous avons évalué
sur cette base les scénarios de stress complémentaires composés de sensibilités
financières et de scénarios de stress transverses. Nous présentons dans la suite
les impacts financiers de ces scénarios avant d’aborder pour finir les résultats
obtenus pour les scénarios de stress ORSA.

5.2.2 Scénarios financiers adverses

Pour rappel, deux facteurs de risque ayant un impact sur le taux de Solvabilité
2 ont été étudiés :
• Baisse de 40 % des marchés actions
• Baisse de 50 bps des taux d’intérêts
• Hausse de 50 bps des taux d’intérêts
• Hausse de 200 bps des taux d’intérêts
1. Au moment de notre étude.
2. Le montant additionnel des fonds propres est calculé comme suit : 18 543 = 86 758 ×
108 % − 75 156.

72
Le tableau 5.20 présente la sensibilité du taux de couverture à chacun de ces
scénarios.

Sensibilité Fonds propres SCR Taux de couverture

Scénario central (portefeuille alternatif) 75 156 k€ 86 758 k€ 87 %


Baisse de 40 % des marchés actions 58 218 k€ 93 915 k€ 62 %
Baisse de 50 bps des taux d’intérêts 66 849 k€ 89 776 k€ 74 %
Hausse de 50 bps des taux d’intérêts 78 232 k€ 86 671 k€ 90 %
Hausse de 200 bps des taux d’intérêts 63 798 k€ 94 895 k€ 67 %
Sans ajustement de volatilité 68 930 k€ 89 511 k€ 77 %

Table 5.20 – Sensibilités financières du taux de couverture

Une hausse (+50 bps) et une baisse (-50 bps) impactent respectivement de ma-
nière positive (+3 M€) et négative (-8 M€) les fonds propres. L’impact négatif
de la sensibilité +200 bps (-11,4 M€) provient de la hausse de la volatilité qui
accompagne ce scénario impactant fortement à la baisse la VIF et les Fonds
Propres. Une sensibilité supplémentaire a été produite concernant l’ajustement
de volatilité qui est l’unique option du paquet dit « branches longues » utilisée
par Éparuni. Sans cet ajustement, le taux de couverture est estimé à 77 %.

Les scénarios financiers les plus adverses induisent directement (baisse des mar-
chés actions) ou indirectement (hausse de 200 bps des taux) une baisse de la
richesse des actifs financiers. Cette baisse de valeur qui a pour corollaire une
baisse de rendement, rend difficile l’atteinte des taux cibles garantis aux client.
Prévemp doit alors compenser avec sa marge ou ses fonds propres 1 pour tenir
ses engagments.

5.2.3 Scénarios de stress transverses

Le résultat des évaluations des scénarios transverses est présenté au tableau 5.21.
Ces estimations sont instantanées et n’intègrent pas l’effet du déclenchement d’un
plan d’actions du management.

Avec la nouvelle vision du portefeuille, Éparuni modèlise deux types de contrat :


les contrats à taux minimum garanti (TMG) et les contrats à taux minimum ga-
ranti annuel (TMGA). Les premiers ne sont pas rentables et pèsent aussi bien
sur la richesse du portefeuille global que sur le calcul du capital réglementaire.
L’ensemble des chocs induisant une baisse de la richesse des actifs 2 et/ou l’aug-
mentation de la duration des engagements pour ces contrats au passif 3 impactent
très défavorablement le taux de couverture de référence. De manière symétrique,
1. Lorsque le marge devient nulle.
2. Choc action, hausse de volatilité, . . .
3. Chocs longévité, baisse des rachats, . . .

73
Définition Fonds Propres SCR Ratio S2 ∆

Scénario central 75 156 k€ 86 758 k€ 87 %


Crise financière combinée avec une hausse des
64 944 k€ 85 423 k€ 76 % -11 pts
rachats
Hausse des taux d’intérêts déclenchant une
46 723 k€ 104 658 k€ 45 % -42 pts
hausse des rachats
Baisse des taux avec une population vieillis-
49 649 k€ 97 244 k€ 51 % -36 pts
sante et une détérioration de la santé
Pandémie et détérioration de la santé 52 251 k€ 98 222 k€ 53 % -33 pts
Hausse de la sinistralité et crise financière 58 552 k€ 93 129 k€ 63 % -24 pts

Table 5.21 – Ratios de couverture par scénario transverse

les contrats TMGA considérés comme rentables, vont être sensibles aux chocs
diminuant la duration des engagements au passif 1 . La maille utilisée pour déter-
miner le capital réglementaire pour chaque brique de risque contient le niveau du
taux minimum garanti comme variable discriminante. Un capital est retenu dès
lors qu’au niveau de cette maille, l’impact ait été défavorable. Cette approche
empêche la mutualisation lors des chocs de la formule standard entre les contrats
« rentables » et les contrats « non rentables ». La faible proportion des TMG
(32 %) du portefeuille global est compensée par la non-linéarité des chocs sur ces
garanties à taux fixes comme montré en section 5.2.1 à l’aide du scénario 3. Dès
lors, quelque soit le scénario envisagé, l’impact final sera principalement véhiculé
par une seule partie du portefeuille (TMG ou TMGA).

En complément de la définition détaillée de chaque scénario donnée en section


4.3.3.4, ces élèments de contexte sur le cacul du capital réglementaire à une maille
fine permettent de mieux comprendre les impacts très défavorables obtenus dans
les scénarios transverses.

Le tableau 5.22 présente une approximation de l’effet bénéfique d’une éventuelle


recapitalisation 2 des fonds propres sur les impacts des scénarios transverses.

Nous approximons les taux de couvertures Ratiomin et Ratiomax de la manière


suivante : 0
FP
Ratioi,min = SCR0i × FF PP0i
0
F P0
Ratioi,max = SCRi

Avec :
• F P0 les fonds propres initiaux avant recapitalisation
• F P0 0 les fonds propres après recapitalisation
• F Pi les fonds propres après l’application du scénario transverse i
1. Chocs mortalité, hausse des rachats, . . .
2. Comme envisagé par Prévemp, la recapitalisation permettant d’atteindre 108 % de taux
de couverture porte les Fonds Propres à 93,7 M€.

74
Définition Ratio S2 Ratiomin Ratiomax

Scénario central 87 % 108 % 108 %


Crise financière combinée avec une hausse des
76 % 95 % 110 %
rachats
Hausse des taux d’intérêts déclenchant une
45 % 56 % 90 %
hausse des rachats
Baisse des taux avec une population vieillis-
51 % 64 % 96 %
sante et une détérioration de la santé
Pandémie et détérioration de la santé 53 % 66 % 95 %
Hausse de la sinistralité et crise financière 63 % 78 % 101 %

Table 5.22 – Intervalles pour le taux de couverture après recapitalisation

• SCRi le capital réglementaire après l’application du scénario transverse i


Malgré les limites de cette approximation, il apparaît assez clairement que la
recapitalisation envisagée ne suffira pas à absorber les chocs des scénarios testés.
Aucune contrainte réglementaire n’oblige Éparuni à recapitaliser différement.
Ces constatations seront néanmoins prises en compte pour l’élaboration d’un
plan de gestion de crise ainsi que pour les décisions stratégiques finales.

5.2.4 Scénarios de stress ORSA

Nous utilisons le nouveau portefeuille de référence afin de projeter les taux de


couvertures sur l’horizon du plan stratégique. La figure 5.5 présente les taux
projetés pour chaque scénario de stress ORSA.

100 %
92% 92% 92% 92%
90%
87%

80 %

69%
60 % 63% 64% 64%
61% Scénario central
57%
Ratio

Hausse des taux


50% Baisse des taux
40 %
39% 37% 37%

20 %

0%
2019 2020 2021 2022 2023 2024

Figure 5.5 – Projection des ratios de couvertures par scénario

75
Le taux de couverture en scénario central atteint 92 % en 2024 (+5 pt), prin-
cipalement tiré par les performances attendues de la poche actions ainsi qu’une
baisse de la volatilité (actions et obligations). On observe une forte baisse les pre-
mières années dans les scénarios de crise. Pour le scénario à la hausse des taux,
le taux de couverture se dégrade atteignant 37 % en 2024. Ceci est dû à la forte
remontée des taux dans ce scénario (+300 bps) impactant de manière négative
les fonds propres à travers les fonds propres de base. Le niveau de choc étant
moins important dans le scénario à la baisse des taux, une légère amélioration du
taux de couverture est observée comparé au scénario à la hausse des taux avec
une projection à 64 % en 2024.

Évaluation du BGS Pour l’évaluation du besoin global de solvabilité, nous


utilisons la nouvelle définition de l’appétence au risque adoptée par Éparuni,
soit le maintien d’un taux de couverture de 108 % quelque soit la trajectoire
considérée. Suivant cette définition, le scénario à la hausse des taux présente le
déficit projeté le plus important au niveau des fonds propres.

Poste 2018 2019 2020 2021 2022

Fonds Propres 75 156 k€ 47 553 k€ 42 957 k€ 35 582 k€ 35 776 k€


SCR 86 758 k€ 83 389 k€ 86 218 k€ 91 016 k€ 95 554 k€
Ratio de couverture 87 % 57 % 50 % 39 % 37 %
Appétence (108%) 93 699 k€ 90 060 k€ 93 115 k€ 98 298 k€ 103 199 k€
Surplus/Déficit -18 543 k€ -42 507 k€ -50 159 k€ -62 715 k€ -67 423 k€

Table 5.23 – Taux de couverture ORSA à la hausse taux

Le besoin global de solvabilité est estimé à 142,6 M€ 1 . Les fonds propres actuels,
y compris en intégrant la recapitalisation envisagée, ne couvrent pas ce besoin.

5.2.5 Conclusion

La situation financière d’Éparuni au début du processus ORSA ne pouvait


laisser présager une perte aussi marquée d’un point de vue financier et également
en terme de solvabilité. Cette perte est le résultat d’un risque opérationnel que
l’on pourrait qualifier de statique, car ne dépend ni des hypothèses financières
projetées ni du modèle d’évaluation du BGS utilisé. Bien qu’une recapitalisation
seule ait été initialement envisagée, les organes exécutifs ont finalement décidé
d’intégrer Éparuni au sein du Groupe. Cette décision, motivée par les résultats
obtenus dans les scénarios transverses et les scénarios de stress ORSA, vise à
compenser le poids technique et financier des contrats TMG par la richesse du
Groupe, et d’éviter d’autres recapitalisations dans la perspective de nouveaux
aléas défavorables.
1. En K€ : 142579 = 75156 − (−67423). -67 423 représente le montant du plus grand déficit
atteint en fin de projection.

76
Chapitre 6

Analyse critique

Nous avons présenté dans ce qui précède les modèles utilisés par chaque com-
pagnies, les hypothèses, ainsi que les résultats obtenus dans le processus ORSA.
Ces résultats ont mené à des décisisions stratégiques cruciales pour la gestion du
développement du business.

L’ensemble de ces travaux ont été produits dans le cadre de missions de conseils
et pour répondre à un besoin spécifique du client. Ce besoin, au-delà de la réalité
probable des éléments projetés, peut être orienté par des intérêts subjectifs. Nous
nous proposons dans le cadre de ce chapitre, d’apporter une analyse critique
sur ce qui nous semble être des points d’améliorations des modèles ou des choix
alternatifs d’hypothèses, et qui n’ont pas pu être traités durant l’accomplissement
des travaux ORSA initiaux. Nous nous intéressons particulièrement aux aspects
qui peuvent changer les conclusions de l’étude, sur lesquels nous pouvons influer
et qui ont une réalité potentiellement observable.

6.1 Éparuni

Deux élèments correspondent à ces critères concernant Éparuni :


• la chronique statique de résultat
• l’allocation stratégique
La chronique des résultats liés au NB 1 , comme soulevée précédemment, n’est
pas impactée par les scénarios ORSA évalués 2 . En ceci, elle aboutit à une sur-
estimation du taux de couverture dans les scénarios stressés. Son apport dans
la constitution des fonds propres a été néanmoins fortement diminué lors de la
bascule du portefeuille en modélisation à taux minimum garanti.
1. Pour rappel, le NB pour Éparuni correspond uniquement aux versements et non à des
affaires nouvelles, le portefeuille étant en run-off.
2. Scénario à la hausse des taux et scénario à la baisse des taux.

77
L’allocation stratégique, quant à elle, permettrait de diminuer les sous-risques
à fort coût en capital réglementaire en réduisant l’exposition de la compagnie à
ces derniers. Dans le même temps, ils sont également les principaux vecteurs des
performances financières et réduire leurs parts dans l’allocation stratégique aura
un effet défavorable sur la VIF déjà fortement impactée par le nouveau poids des
TMG.

Les décisions stratégiques adoptées par les organes exécutifs, de recapitaliser et


d’intégrer Éparuni au Groupe, ne peuvent être remises en cause à travers les li-
mites soulevées du modèle actuel d’Éparuni ou à travers les hypothèses utilisées.
En plus d’un impact négligeable en cas d’optimisation de ces limites/hypothèses,
les décisions prises sont d’abord motivées par la nouvelle modélisation du porte-
feuille, et puis dans une moindre mesure par les ratios projetés dans les scénarios
de stress financiers. Avec une perte de richesse et de couverture très marquée
après la modélisation des contrats à TMG, la revue des deux hypothèses ci-
dessus ne permettrait en aucun cas de rattraper un tel déficit.

6.2 Prévemp

La limite concernant la chronique statique des résultats abordée pour Éparuni


concerne également Prévemp. Cette chronique n’est ni impactée par le scénario
financier (ORSA à la hausse ou à la baisse des taux), ni par l’évolution de la
collecte dans les scénarios alternatifs du développement du business.

Nous nous proposons d’optimiser cette chronique dans la suite en prenant en


compte pas à pas les impacts des scénarios financiers, de l’évolution de la collecte
et une éventuelle déformation de la rentabilité des affaires nouvelles. Les taux de
couvertures projetés sont réactualisés et présentés à chaque optimisation. Nous
comparons ensuite le résultat de ces optimisations avec l’évaluation initiale du
besoin global de solvabilité et l’éventuel impact sur les choix stratégiques adoptés.
Nous finirons par aborder le poids du sous-module « primes et réserves » dans
les conclusions de l’étude.

6.2.1 Impact des scénarios financiers sur les résultats pro-


jetés

Nous appliquons à travers cette optimisation des sensibilités financières afin d’im-
pacter le résultat calculé initialement pour l’année t en prenant en compte la
variation équivalente observée au niveau de la V IF sur la même période. La
variation de la VIF a été retraitée du choc opérationnel appliqué dans les scé-
narios ORSA afin de ne pas double compter cet effet. De cette manière, nous
prenons en compte uniquement les effets financiers que l’on applique à la chro-
nique des résultats utilisés en entrée du modèle. Les taux de couvertures obtenus

78
avec l’application de cette optimisation, présentés en figure 6.1, montrent une
variation positive de quatre points dans le scénario à la hausse des taux et une
perte de deux points dans le scénario à la baisse des taux. Ces variations sont
en ligne avec l’évolution observée des indices financiers sur chaque scénario de
stress. Nous embarquons cette optimisation qui sera appliquée pour la suite en
combinaison avec les optimisations restantes.
ORSA Baisse des taux ORSA Hausse des taux
220 %

200 % 205% 205%


196% 196%

180 % 182% 182% 182% 182%


166%
160 % 156%
153% 162%
148%
151% 153%
139% 138% 147% 137%
140 % 134%
139% 137%
134% 135%

120 %
Seuil d’appétence

100 %
2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024
Scénario central ORSA initial ORSA optimisé Scénario central ORSA initial ORSA optimisé

Figure 6.1 – Optimisation de la chronique des résultats en fonction du scénario financier

6.2.2 Impact de la collecte sur les résultats projetés

L’objet de cette optimisation est l’ajout d’une corrélation entre le résultat projeté
et le scénario de CA envisagé. En effet, la chronique initiale des résutlats projetés
présume un volume donné de CA. Ce volume correspond au scénario central de
CA dans les visions alternatives du développement du business.

Scénario financier central


260 % 252%
248%
240 % 246%
237%
220 %
205% 205%
200 % 196%
203%
182% 192%
191%
180 %
177%
160 % CA central
Baisse du CA
Baisse du CA optimisée
140 % Hausse du CA
Hausse du CA optimisée
120 %
Seuil d’appétence

100 %
2019 2020 2021 2022 2023 2024

Figure 6.2 – Optimisation de la chronique des résultats en fonction de la collecte

79
En ce qui concerne les deux autres scénarios (hausse et baisse du CA), aucune
variation n’est apportée à la chronique des résultats. Afin d’y remedier, nous
appliquons à la chronique initiale la variation constatée entre le scénario central
de CA et le scénario baisse/hausse du CA.

Les taux de couvertures obtenus, présentés en figure 6.2, montre naturellement et


toutes choses égales par ailleurs 1 , une hausse (resp. une baisse) de la couverture
lors d’une hausse (resp. une baisse) de la collecte.

6.2.3 Impact sur l’évaluation du BGS

Le résultat de la combinaison des deux optimisations précédentes dans le cadre


de l’évaluation du besoin global de solvabilité est présenté en figure 6.3.
ORSA Baisse des taux ORSA Hausse des taux
220 %
207% CA central
199% .. optimisée
196%
200 % 194%
200% Baisse du CA
.. optimisée 192% 189%
180 % 186% Hausse du CA
.. optimisée
166%
161%
160 % 156%
151% 152%
159% 147%
156%
137% 137% 152%
140 % 142% 139%
132%
133%
120 %
Seuil d’appétence

100 %
2019 2020 2021 2022 2023 2024 2019 2020 2021 2022 2023 2024

Figure 6.3 – Impact des optimisations sur l’évaluation du BGS

En fonction des scénarios, certains effets vont se cumuler et d’autres se com-


penser. Une baisse de CA et une baisse des taux vont par exemple se cumuler
donnant une perte de dix points (comparé à l’évaluation non optimisée) tandis
qu’une baisse des taux et une hausse de CA vont se compenser avec une perte
de couverture inférieure à un point.

Nous observons sur ce dernier scénario, ayant initialement servi à déterminer le


BGS (67 M€), une très faible variation des taux de couvertures projetés.

Les optimisations abordées jusqu’ici ne permettent donc pas de remettre en cause


la conclusion de l’étude concernant Prévemp.
1. Aucune optimisation n’a été appliquée au calcul du capital réglementaire.

80
6.2.4 Impact de la déformation de la rentabilité sur l’éva-
luation du BGS

Une dernière sensibilité a été produite afin d’évaluer l’impact d’une dérive de la
rentabilité de la nouvelle collecte sur les taux de couvertures. Nous supposons à
travers deux scénarios complémentaires une hausse puis une baisse de 30 % de
la rentabilité de la collecte. L’évaluation faite sur le scénario de référence 1 est
présentée en figure 6.4.

ORSA Baisse des taux


150 %
146% 145%

140 % 142%
139% 138% 139%
134%
134%
130 % 130%

120 % Hausse du CA optimisée


Avec hausse de rentabilité
Avec baisse de rentabilité

110 %

100 %
2019 2020 2021 2022 2023 2024

Figure 6.4 – Impact de l’évaluation du BGS en cas de hausse/baisse de la rentabilité

Bien que dix points de couvertures séparent le scénario le plus favorable du scé-
nario le plus défavorable, et malgré une forte hypothèse de perte de rentabilité,
l’appétence au risque de Prévemp est toujours respectée. Ces élèments per-
mettent une fois de plus de conforter les conclusions de l’étude à l’exception du
point abordé au paragraphe suivant.

6.2.5 Impact du SCR « primes et réserves »

Un point soulevé durant le chapitre 5 concerne le poids du sous module « primes


et réserves » dans le calcul du capital réglementaire final. Une limite du modèle
est apparue lorsqu’une hausse de la collecte conduisait mécaniquement à l’évolu-
tion défavorable des taux de couvertures. Néanmoins, le sous-module « primes et
réserves » est recalculé à chaque pas de temps et non approximé, et en l’espèce
ne peut être réellement considéré comme une source d’optimisation.

La limite provient plutôt d’un manque de perspective induit par la définition


même de l’appétence au risque, au travers d’un seul indicateur qu’est le taux de
1. Baisse des taux et hausse du CA.

81
couverture. Afin de palier à cette limite, la compagnie peut envisager l’appétence
au risque comme une combinaison entre un indicateur résultat (VIF par contrat)
et un indicateur risque (taux de couverture). Dans cette optique, bien que la
hausse des volumes de CA puisse induire une hausse du capital réglementaire
et une baisse du taux de couverture, la vision résultat peut compenser la vision
risque et aboutir à un scénario finalement privilégié par les organes exécutifs.

82
Conclusion

En utilisant des modèles actuariels pertinents mais pas nécessairement com-


plexes, chaque entreprise a su évaluer les avantages et inconvéniants des différents
choix d’orientations stratégiques. Chaque choix impliquant une vision risque et
une vision profit, l’accroissement du profit par le gain de nouvelles parts de mar-
ché ne peut être envisagé quelque soit le prix. Les modèles utilisés ne permettent
malheureusement pas, dans leurs états actuels, de prendre en compte de manière
fine la richesse générée par l’augmentation de la collecte contrairement au risque
qu’elle représente.

Au delà du choix des hypothèses prospectives, de conditions financières ou d’évo-


lution de la collecte, le processus ORSA trouve son intérêt également dans l’éva-
luation de risques non comptabilisés par ailleurs. Ces risques peuvent se révéler
structurant comme l’a montré l’expérience d’Éparuni.

Suite aux résultats obtenus lors de l’exercice ORSA, les décisions prises par les
organes exécutifs ont eu des impacts concrets d’un point de vue business. Pré-
vemp a revu ses priorités en renforçant la fidélisation des contrats en portefeuille
au détriment du gain de nouvelles part de marché. Éparuni devra quant à elle
faire l’objet d’une recapitalisation et sera intégrée à l’entité Groupe. Ces im-
pacts immédiats rendent l’exercice ORSA beaucoup plus ancré dans la réalité
contrairement à d’autres processus de la directive Solvabilité 2.

Les conséquences humaines 1 pour nos compagnies ont été nulles. Ce lien avec le
réel rend important l’évaluation de la robustesse de nos modèles, dont les limites
ont été soulevées durant notre mémoire. L’analyse critique de certaines de ces
limites, dans un chapitre dédié et à travers les optimisations envisagées, n’a pas
abouti à une remise en question des conclusions de l’étude.

De plus, la complexité des évènements rend quasiment impossible l’évaluation fine


de l’ensemble des décisions prises. Il est néanmoins pertinent pour les décisions
ayant un grand impact, que les hypothèses ainsi que les résultats soient validés
de manière plus complète afin de s’assurer qu’aucun impact n’ait été négligé.
Avec l’augmentation de l’historique des processus ORSA produits par chaque
compagnie, une systématisation du backtesting peut venir combler ce manque.

1. En terme de perte d’emplois.

83
Bibliographie

ACPR (s. d.). Analyses et synthèses. Solvabilité 2 : principaux enseignements


de la cinquième étude quantitative d’impact (QIS5).
Benkhalfa, M. et J. Nicolini (2016). « ORSA, faire d’une contrainte règle-
mentaire un outil de pilotage ». Mém. de mast. Centre d’Etude Actuarielle,
p. 20-22.
Devineau, L. (2017a). « Modélisation et Agrégation des risques. Mise en appli-
cation dans le cadre Solvabilité II ». In : t. 1. Formation ERM.
Devineau, L. (2017b). « Modélisation et Agrégation des risques. Obtention de la
distribution des Fonds Propres à un an : analyse des différentes approches ».
In : t. 2. Formation ERM.
Devineau, L. (2017c). « Modélisation et Agrégation des risques. Mise en appli-
cation dans le cadre Solvabilité II ». In : t. 3. Formation ERM.
Devineau, L. (2017d). « Modélisation et Agrégation des risques. Mise en appli-
cation dans le cadre Solvabilité II ». In : t. Support de synthèse. Formation
ERM.
Devineau, L. et M. Chauvigny (2010). « Replicating portfolios : techniques
de calibrage pour le calcul du capital économique Solvabilité II ». In : hal-
00508517.
Devineau, L. et S. Loisel (2009). « Construction d’un algorithme d’accéléra-
tion de la méthode des "simulations dans les simulations" pour le calcul du
capital économique Solvabilité II ». In : Bulletin Français d’Actuariat, p. 188-
221.
Schrager, D. (avr. 2008). « Replicating Portfolios for Insurance Liabilities ».
In : Aenorm. Actuarial Sciences 59, p. 57-61.

84
Annexes

85
Annexe A

Textes réglementaires

A.1 Directive Solvabilité II : Article 45

Évaluation interne des risques et de la solvabilité


1. Dans le cadre de son système de gestion des risques, chaque entreprise d’as-
surance et de réassurance procède à une évaluation interne des risques et
de la solvabilité. Cette évaluation porte au moins sur les éléments suivants :
(a) le besoin global de solvabilité, compte tenu du profil de risque spéci-
fique, des limites approuvées de tolérance au risque et de la stratégie
commerciale de l’entreprise ;
(b) le respect permanent des exigences de capital prévues au chapitre VI,
sections 4 et 5, et des exigences concernant les provisions techniques
prévues au chapitre VI, section 2 ;
(c) la mesure dans laquelle le profil de risque de l’entreprise s’écarte des
hypothèses qui sous-tendent le capital de solvabilité requis prévu à
l’article 101, paragraphe 3, calculé à l’aide de la formule standard
conformément au chapitre VI, section 4, sous-section 2, ou avec un
modèle interne partiel ou intégral conformément au chapitre VI, sec-
tion 4, sous-section 3.
Aux fins du paragraphe 1, point a), l’entreprise concernée met en place des
procédures qui sont proportionnées à la nature, à l’ampleur et à la com-
plexité des risques inhérents à son activité et qui lui permettent d’identifier
et d’évaluer de manière adéquate les risques auxquels elle est exposée à
court et long terme, ainsi que ceux auxquels elle est exposée, ou pour-
rait être exposée. L’entreprise démontre la pertinence des méthodes qu’elle
utilise pour cette évaluation.
2. Dans le cas visé au paragraphe 1, point c), lorsqu’un modèle interne est
utilisé, l’évaluation est effectuée parallèlement au recalibrage qui aligne les

86
résultats du modèle interne sur la mesure de risque et le calibrage qui
sous-tendent le capital de solvabilité requis.
3. L’évaluation interne des risques et de la solvabilité fait partie intégrante de
la stratégie commerciale et il en est tenu systématiquement compte dans
les décisions stratégiques de l’entreprise.
4. Les entreprises d’assurance et de réassurance procèdent à l’évaluation visée
au paragraphe 1 sur une base régulière et immédiatement à la suite de
toute évolution notable de leur profil de risque.
5. Les entreprises d’assurance et de réassurance informent les autorités de
contrôle des conclusions de chaque évaluation interne des risques et de la
solvabilité, dans le cadre des informations à fournir en vertu de l’article 35.
6. L’évaluation interne des risques et de la solvabilité ne sert pas à calculer
un montant de capital requis. Le capital de solvabilité requis n’est ajusté
que conformément aux articles 37, 231 à 233 et 238.

87
Annexe B

Modèles internes pour le calcul


du capital réglementaire
Solvabilité 2

L’utilisation d’un modèle interne peut être envisagée lorsque le profil de risque de
l’entreprise s’écarte significativement des hypothèses qui sous-tendent le capital
de solvabilité requis calculé à l’aide de la formule standard 1 .

Dès lors, l’entreprise peut recourir à deux options :


• Adapter les paramètres de risques utilisés dans le cadre de la formule stan-
dard pour mieux refléter son propre risque
• Adopter une des méthodes permettant d’obtenir la distribution des fonds
propres économique à horizon 1 an
Dans le premier cas, nous verrons quelques exemples des adaptations pouvant
permettre aux entreprises cibles d’altérer les bases de calcul de la formule stan-
dard et de calculer leur SCR sans pour autant devoir adopter un processus plus
lourd induit par un modèle interne.

Dans le deuxième cas, nous introduisons les techniques dont l’objectif est le
calcul du capital économique à travers l’établissement de la distribution des fonds
propres sur un horizon 1 an. Ces techniques sont plus en ligne avec la définition
théorique du capital économique mais présente des contraintes plus ou moins
importantes en fonction de la méthode considérée.
1. Conformément au chapitre VI, section 4, sous-section 2 de la directive Solvabilité 2.

88
B.1 Formule standard revisitée

La formule standard fixe des niveaux de chocs et méthodologies d’application


similaire à l’ensemble des enteprises dont le profil de risque (ou grâce au principe
de proportionnalité) justifierait l’utilisation de celle-ci.

Dans certaines mesures, un assureur peut être amené à définir son propre niveau
de choc. Pour faciliter notre exposé, prenons en exemple le sous-module cessation
du risque de souscription en vie. Ce risque est un exemple représentatif des
risques pouvant différer en fonction du profil de l’entreprise. Une entreprise avec
une politique aggressive de participation aux bénéfices aura un risque de rachats
plus faible que la moyenne du marché. Le raisonnement à appliquer aux autres
sous-modules sera similaire.

Pour rappel, les chocs 1 à appliquer pour le sous-module cessation sont définis
comme suit :
• Hausse soudaine permanente de 50 % des options de cessation
• Baisse soudaine permanente de 50 % des options de cessation
Dans le cas où l’assureur dispose d’une loi lui permettant de modéliser les taux
de cessations au sein de son portefeuille, il peut en utilisant cette loi calculer ses
pertes théoriques et grâce au quantile 99,5 % déduire son propre niveau de choc.

L’entreprise peut réitérer ce mécanisme concernant l’ensemble des chocs de la


formule standard afin que le niveau de capital calculé reflète mieux son profil de
risque.

Cette adaptation de la formule standard présente une première étape à moindre


coûts (opérationnel et technique) vers un modèle interne (partiel ou intégral). Les
méthodes sous-jacentes à l’utilisation d’un modèle interne sont présentées dans
les prochaines sections. Nous commencons par la solution la plus adapatée pour
le calcul du capital économique et que l’on nomme la méthode des « simulations
dans les simulations » ou Nested Simulations.

B.2 La méthode « simulations dans les simula-


tions »

La méthode dite des « simulations dans les simulations » 2 (SdS) est d’un point de
vue théorique la solution idéale pour calculer la distribution des fonds propres à
horizon 1 an. Cette méthode prescrit de faire deux tours de simulations appelées
1. Nous omettons pour simplifier le choc de cessation de masse.
2. Nous reprenons ici de manière succinte les notions présentées dans l’article Devineau et
Loisel (2009).

89
respectivement simulations primaires et simulations secondaires. Les simulations
primaires ont pour objectif d’évaluer en monde-réel les scénarios d’évolution du
bilan à horizon 1 an. Les simulations secondaires doivent quant à elle permettre
d’évaluer en risque-neutre les engagements assurantiels.

La figure B.1 présente schématiquement la mise en oeuvre de cette méthode.

Bilan en 1 - simulation 1
A1 1 F P1 1
BE1 1

n1
tio
ula Bilan en 1 - simulation i

...
sim
Bilan en 0 A1 i F P1 i
simulation i BE1 i
A0 F P0
BE0
sim Bilan en 1 - simulation P

...
ula
tio
nP A1 P F P1 P
BE1 P

t=0 t=1

Simulations primaires « monde-réel » Simulations secondaires « risque-neutre »

Figure B.1 – Schéma des simulations dans les simulations

Le recours à des méthodes de type Monte-Carlo est justifié par l’impossibilité


de prendre en compte les intéractions actif-passif dans un modèle complexe avec
notamment les mécanismes de participation aux bénéfices ou de rachats dyna-
miques. Même si l’actif dont les vecteurs d’évolutions sont souvent calibrés grâce
à des méthodes Black & Scholes, et dont la valorisation est instantanée à t=1, le
passif de par les interactions sus-mentionnées est plus délicat à estimer à la fin
de la première période.

Nous rappelons les notations introduites dans l’article Devineau et Loisel


(2009) permettant de formaliser les calculs cibles de la méthode SdS :
• Rup,s le résultat de la date u > 1 pour la simulation primaire p ∈ 1, . . . , P
et secondaire s ∈ 1, . . . , S,
• R1p le résultat de la première période pour la simulation primaire p,
• Pup,s le cash-flow de passif de la date u > 1 pour la simulation primaire p
et secondaire s,
• δup,s le facteur d’actualisation de la date u > 1 pour la simulation primaire
p et secondaire s,
• δ1p le facteur d’actualisation de la première période pour la simulation pri-
maire p,

90
• F1p l’information de première année contenue dans la simulation primaire
p,
• F P1p les fonds propres économiques en fin de première période pour la
simulation primaire p,
• BE1p la valeur économique des passifs en fin de première période pour la
simulation primaire p.
Les postes du bilan économique en t = 1, pour la simulation primaire p sont
alors calculés de la manière suivante :
 
X δu 1 X X δup,s p,s
F P1p = R1p + E  Ru |F1p  ≈ R1p + R , (B.1)
u≥2 δ1 S s=1 u≥2 δ1p u

Et,  
X δu 1 X X δup,s p,s
BE1p =E  Pu |F1p  ≈ P . (B.2)
u≥2 δ1 S s=1 u≥2 δ1p u

Les simulations secondaires ont pour objectif la valorisation des espérances condi-
tionnelles F P1p et BE1p alors que les simulations primaires ont pour but d’obtenir
une distribution empirique de la loie de F P1 pour le calcul du quantile 0,5 %.
La complexité en P × S rend l’application des SdS très couteuse en réalité et
pratiquement impossible d’un point de vue opérationnel. Plusieurs alternatives 1
s’offrent à nous, et la première d’entre elles se base sur les SdS mais permet de
réduire le nombre des simulations en se concentrant uniquement sur les scénarios
adverses.

B.3 L’accélérateur SdS

Nous présentons ici de manière succinte la solution d’accélération des SdS pro-
posée par Devineau et Loisel (2009).

Pour revenir à la définition du capital réglementaire, il s’agit de trouver le quantile


0,5 % sur un certain nombre de scénario P . Sur un nombre de scénarios primaires
P donné, impliquant P variations de fonds propres à horizon un an, nous devons
récupérer le i ème pire scénario défini par i = P × 0, 5 %.

Le raccourci qui peut être utilisé dans la méthode SdS est le suivant : au lieu de
calculer l’ensemble des scénarios primaires (P ), pourrions-nous évaluer unique-
ment les N scénarios que l’on sait être défavorables ? Si nous sommes capables
d’extraire les facteurs de risques inhérents à chaque scénario considéré et d’éva-
luer l’intensité de leur impact sur les fonds propres, nous serions alors en mesure
1. Un travail sur l’agrégation des models points du passif peut améliorer la mise en oeuvre
opérationnelle. Ce travail n’étant pas spécifique à une méthode en particulier peut être mis en
place indépendament du choix de la méthode.

91
de réduire notre jeu de simulation primaire P initial à un subset beaucoup plus
petit composé uniquement des scénarios les plus adverses.

Nous reprenons le séquencement présenté dans l’article :


• Construction de facteurs de risques élémentaires (actions, taux, mortalité,
. . .) véhiculant l’intensité du risque de chaque simulation primaire et dé-
termination de la norme associée.
• Définition d’une région d’exécution associée à un seuil fixé : lorsque les
facteurs de risques appartiennent à la région d’exécution, les simulations
primaires sont effectuées.
• Itération sur le seuil de la région de manière à intégrer à chaque étape un
nombre supplémentaire de scénarios à exécuter.
L’algorithme accélérateur des SdS s’arrête lorsque les N « pires valeurs » des
fonds propres économiques sont stabilisées. Dans le pire des cas, l’algorithme
sera amené à évaluer l’ensemble des scénarios primaires.

Scénario favorable Bilan en 1 - simulation 1


Scénario légérement défavorable
A1 1 F P1 1
Scénario très défavorable
BE1 1

Bilan en 1 - simulation i

Bilan en 0 A1 i F P1 i

A0 F P0 BE1 i

BE0
Bilan en 1 - simulation P
A1 P F P1 P
BE1 P

t=0 t=1

Simulations primaires « monde-réel » Simulations secondaires « risque-neutre »

Figure B.2 – Accélérateur SdS - Choix de scénario

En ce qui concerne l’extraction des facteurs de risques, le choix des scénarios


adverses et la définition d’une mesure d’intentisté des risques, nous renvoyons le
lecteur à l’article Devineau et Loisel (2009) pour une présentation détaillée.

B.4 La méthode des portefeuilles répliquants

Un portefeuille répliquant (RP) est un portefeuille d’actifs reproduisant certaines


caractéristiques des engagements au passif. Il peut être utilisé pour répliquer les
cashflows du passif pour chaque simulation et à chaque pas de temps, la VAN des

92
cashflows pour chaque simulation ou encore une moyenne des VAN des cashflows
pour l’ensemble des scénarios RN 1 .

Quelque soit la composante que l’on souhaite répliquer, les étapes de mise en
place peuvent être résumées comme suit (Source Devineau, 2017d) :
• Calibration et production des scénarios économiques
• Projections ALM à l’aide des modèles de la compagnie
• Sélection des actifs candidats
• Algorithme de calibration / d’optimisation
• Validation de la réplication de la variable cible
Une fois ces étapes validées, la valeur du RP correspond à la valeur du Best Esti-
mate des passifs. Nous disposons donc d’un portefeuille répliquant parfaitement
la variation de la variable BE et qui nous servira de proxy au calcul des fonds
propres. En effet, dans notre nouveau schéma B.3, la variable BE est estimée
par notre RP et non plus par des simulations risque-neutre. La valorisation du
RP étant faite principalement par formules fermées, l’obtention de la distribution
des FP à une date t 2 est immédiate 3 .

Bilan en 1 - simulation 1
A1 1 F P1 1
RP1 1

n 1
tio
ula Bilan en 1 - simulation i
...

sim
Bilan en 0 A1 i F P1 i
simulation i RP1 i
A0 F P0
BE0
sim Bilan en 1 - simulation P
...

ula
tio
nP A1 P F P1 P
RP1 P

t=0 t=1

Simulations primaires « monde-réel » Simulations secondaires « risque-neutre »

Figure B.3 – Estimation de la variable BE par un portefeuille répliquant

Certaines notions telles que le choix des actifs de réplication en fonction des ca-
ractéristiques des contrats au passif (avec ou sans garanties) et leurs calibrations
sont hors scope et ne seront pas abordées dans ce mémoire. Nous renvoyons le
lecteur à Devineau et Chauvigny (2010) pour plus de détails.
1. Cette approximation est généralement calculée en t+ 0 ou en t1
2. t+
0 ou t 1 en fonction de la cible choisie par la compagnie.
3. Relativement par rapport à des milliers de simulations RN.

93
B.5 Approches formes paramétriques

Bien que ces approches ne soient pas directement utilisées dans le cadre de notre
mémoire par les compagnies concernées, elles font partie de l’arsenal à disposition
des actuaires pour calculer la distribution des fonds propres.

Nous entendons par approche paramétrique l’utilisation de formules fermées et


de polynômes notamment. Nous avons deux approches que l’on nomme Curve
Fitting et LSMC (Least Squares Monte Carlo) dont la sélection dépendra de la
variable cible à répliquer. La méthode Curve Fitting est utilisée pour répliquer
les valeurs des fonds propres alors que la méthode LSMC est utilisée pour celles
des VAN de marges.

En fonction de la méthode choisie, la calibration se fera quelque peu différement.


Pour l’approche Curve Fitting peu de valeurs de FP sont calculées en utilisant le
nombre de simulations RN courant 1 . Au contraire, l’approche LSMC nécessite
le calcul d’un très grand nombre de VAN de marge sur une simulation RN 2 .

La figure B.4 présente un schéma des deux méthodes.

F P 1 (1)
Approche purement simulatoire
(SdS) 1
ion
u lat
Sim
F P i (1)
Approche Curve Fitting
Peu de simulations monde-réel Sim
1

ula
ion

Nombre usuel de simulations RN t ion


at

M
M << N F P M (1)
ul
m
Si

VAN marges1 (1)

1
t ion
ula
Approche LSMC Sim
Si
m
ul

Très grand jeu de simulations


at

VAN margesi (1)


ion

monde-réel
N

1 simulation RN 3
N << P
Sim
ula
tio
nP
VAN margesP (1)
Simulations Simulations
primaires secondaires
« monde-réel » « risque-neutre »

Figure B.4 – Schéma des approches Curve Fitting et LSMC (Documentation Milliman)

Nous renvoyons le lecteur à Devineau (2017b) pour plus de détails sur la mise
en pratique et la comparaison avec l’approche SdS en terme de calcul de capital
réglementaire.

1. Une simulation RN comprend généralement entre 1000 et 4000 scénarios économiques.


2. Il s’agit donc de calculer par exemple sur une simulation RN, 4000 VAN de marges,
chaque VAN correspondant à un scénario économique particulier.
3. Ou un trés faible nombre selon les variantes.

94

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