Coursintegralesseries
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INTÉGRALES ET SÉRIES
Philippe Lebacque
Laboratoire de mathématiques de Besançon, 16 route de Gray, 25000 Besançon, France.
E-mail : philippe.lebacque@univ-fcomte.fr
INTÉGRALES ET SÉRIES
Philippe Lebacque
TABLE DES MATIÈRES
L’intégration a vu le jour dans l’antiquité avec les calculs d’aires. Avec la fondation du calcul
infinitésimal, des avancées remarquables ont été faites par Newton et Leibnitz. Le premier a compris
qu’on pouvait calculer des aires en inversant la dérivation, tandis que le second les calcule à l’aide de
rectangles infinitésimaux. Puis, au XIXème , Cauchy et ensuite Riemann ont mis en forme ces idées et
ont donné une définition précise de l’intégrale dans un contexte assez général. C’est ce que nous allons
étudier ici. Il est à noter cepedant que la notion moderne d’intégration est née au XXème siècle avec
la théorie de Lebesgue qui lui offre un cadre bien plus général. Nous ne l’aborderons pas ici, mais elle
fera sans doute l’objet de cours ultérieurs.
Le cours d’intégrales et séries est l’étude de l’intégrale sur des intervalles non nécessairement bornés.
Après avoir posé les bases de l’intégration au sens de Riemann sur un segment, nous étudierons
les intégrales sur des intervalles ouverts, semi-ouverts ou fermés comme limites d’intégrales sur un
segment. Enfin, nous terminerons par l’analogue « discret » des intégrales impropres, qui sont les
séries numériques. Les résultats présents dans l’un et l’autre des chapitres seront donc en bien des
points analogues.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous voulons insister sur la méthodologie à employer pour
manipuler ce cours. Lorsque le lecteur aborde un nouveau résultat, il est important qu’il en maîtrise
non seulement l’énoncé mais qu’il sache le redémontrer. En effet c’est là qu’il piochera les pierres
avec lesquelles il bâtira ses propres démonstrations. De plus, lors de son apprentissage, il faut qu’il
s’interroge sur la portée des résultats, sur leurs éventuelles significations et implications, et ainsi avoir
une vision claire et structurée du cours et de ses applications. Les exercices présents dans ce recueil
ont pour but d’aider le lecteur dans cette tâche, c’est pourquoi il faut donc absolument les chercher.
A la fin des chapitres 2 et 3 se trouvent des « méthodes ». Elles sont là pour vous aider à aborder
ces exercices. Les solutions données ici ne devraient pas être lues avant d’avoir proposé soi-même
une solution. Chaque chapitre contient un devoir ; il est essentiel de les faire, car ils permettent non
seulement au lecteur de se tester, d’apprendre à rédiger, mais mais aussi de rythmer son apprentissage.
A la fin de chaque chapitre, nous listons quelques unes des erreurs les plus fréquentes. Testez vous
absolument !
Nous incluons des commentaires entre crochets []. Ils donnent des précisions, complètent des ar-
guments, ou font le point sur la méthode qu’on a employée pour résoudre un exercice. Les exercices
marqués d’un (∗) sont réputés plus difficiles.
Le lecteur qui voudrait aller plus loin pourrait se rapporter au livre d’Arnaudiès et Fraysse intitulé
Cours de mathématiques-2 Analyse.
Les prérequis incontournables sont la maîtrise de la notion de limite, de dérivation et des
développements limités, ainsi que les primitives des fonctions usuelles.
Enfin, nous encourageons le lecteur à nous communiquer toute coquille ou toute erreur qui se serait
glissée dans ce cours.
– Dans le chapitre 2 : connaître les intégrales de référence ; déterminer si une intégrale impropre
converge ou non au moyen du théorème de comparaison ; savoir calculer des intégrales impropres ;
savoir rédiger des preuves epsilonesques.
– Dans le chapitre 3 : connaître les séries numériques de référence ; déterminer si une série converge
ou non au moyen du théorème de comparaison ; connaître les liens intégrales impropres- séries
numériques ; savoir calculer des sommes de séries ; savoir rédiger des preuves epsilonesques.
Notations et conventions
– On rappelle qu’une somme prise sur l’ensemble vide est nulle et qu’un produit pris sur l’ensemble
vide vaut 1 (ainsi 0! = 1).
– Si x ∈ R, on note E(x) sa partie entière, c’est à dire l’unique entier n ∈ Z vérifiant n ≤ x < n + 1.
– Si z ∈ C, on note <(z) sa partie réelle et =(z) sa partie imaginaire.
– La notation (a, b) désigne l’un des intervalles ]a, b[, [a, b[, ]a, b] ou [a, b]. On l’emploiera lorsqu’au-
cune distinction n’est nécessaire pour la validité d’un résultat.
– La donnée d’un intervalle ]a, b[, [a, b[, ]a, b] ou [a, b] supposera toujours que a ≤ b.
– Pour ne pas alourdir l’exposition des résultats, on considérera dans le deuxième chapitre des
éléments de la droite numérique achevée. Ainsi la notation « −∞ ≤ a < b ≤ +∞ » signifie que a
désigne soit un réel, soit −∞, et que b désigne soit un réel strictement plus grand que a si a ∈ R,
soit +∞. « I = (a, b), −∞ ≤ a < b ≤ +∞ » désigne alors tout type d’intervalle non vide non
réduit à un point. « −∞ ≤ a < b < +∞ » signifie que a est ou bien réel, ou bien −∞, et que b
est un réel, plus grand que a dans le cas où a est réel.
– Si a ∈ R (resp. b ∈ R), on écrira que « x → a+ »(resp. « x → b− ») pour signifier : le réel x tend
vers a par valeurs supérieures à a (resp. x tend vers b par valeurs inférieures à b). Si a = −∞ ou
b = +∞, « x → a+ »(resp. « x → b− ») signifie que le réel x tend vers −∞ (resp. +∞).
– Si J = [a, b] est un segment, on note |J| = b − a. Pour tout intervalle I, on note
|I| = sup |J| (∈ R ∪ {+∞}).
J segment
J⊂I
– (un ) désignera la suite (un )n∈N ou parfois (un )n≥n0 si les n0 premiers termes de la suite ne sont
pas définis.
– Sauf mention du contraire, lorsqu’on dira qu’une suite ou une fonction admet une limite, elle sera
toujours supposée finie.
– Si f est une fonction n fois dérivable, f (n) désigne sa dérivée nème et f n sa puissance nème .
Relations de comparaison entre fonctions
Définition 0.1. — On dit que f est dominée par g au voisinage de a, et on note f = Oa (g) si :
∃C > 0, ∃α > 0, ∀x ∈ I∩]a − α, a + α[, |f (x)| ≤ C|g(x)|
On dit que f est négligeable devant g au voisinage de a, et on note f = oa (g), si :
∀ε > 0, ∃α > 0, ∀x ∈ I∩]a − α, a + α[, |f (x)| ≤ ε|g(x)|
On dit que f est équivalent à g au voisinage de a, et on note f ∼a g, si f − g = oa (g).
Définition 0.2. — On dit que f est dominée par g au voisinage de +∞, et on note f = O+∞ (g)
si :
∃C > 0, ∃M > 0, ∀x ∈ I ∩ [M, +∞[, |f (x)| ≤ C|g(x)|
On dit que f est négligeable devant g au voisinage de +∞, et on note f = o+∞ (g), si :
∀ε > 0, ∃M > 0, ∀x ∈ I ∩ [M, +∞[, |f (x)| ≤ ε|g(x)|
On dit que f est équivalent à g au voisinage de +∞, et on note f ∼+∞ g, si f − g = o+∞ (g).
On définit de manière analogue les relations de comparaison en −∞.
Nous allons présenter dans ce chapitre l’intégration sur un segment au sens de Riemann. Cette
notion est un des aboutissements de l’effort produit par de nombreux mathématiciens au XIXième
siècle pour poser des bases solides à l’analyse réelle.
Cette partie, qui forme la base du chapitre suivant, n’a pas pour raison d’être de rappeler le cours
d’intégration d première année. En effet, nous définirons en toute généralité l’intégrale de Riemann,
afin de pouvoir intégrer ce que l’on appelle des fonctions réglées. Nous choisissons à cette fin le point
de vue des sommes de Darboux pour ne pas lasser le lecteur lors des rappels inéluctables de l’année
passée.
Certaines preuves présentées ici sont hors-programme. Toutefois leur intérêt mathématique est tel
qu’il nous a paru nécessaire de les faire figurer ici. Le lecteur est bien sûr encouragé à les maîtriser.
Remarque:
(
∀x ∈ P, x ≤ m (m est un majorant de P )
i. m = sup P ⇔
∀α < m, ∃ x ∈ P, α < x(≤ m) (et il n’y en a pas de plus petit)
ii. sup P n’appartient pas nécessairement à P.
On définit de manière analogue la borne inférieure d’une partie P non vide minorée de R, comme
étant le plus grand des minorants de cette partie. On la note inf P.
Exemples:
– Si P =
[0, 1[ alors inf P = 0 et sup P = 1.√ √
– Si P = x ∈ Q | x2 ≤ 2 alors inf P = − 2 et sup P = 2.
14 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
n o
x
– Si P = y = x+1 | x ≥ 0 alors inf P = 0 et sup P = 1.
Définition 1.3. — On dit qu’une fonction f : E → R est majorée sur E si l’ensemble {f (x) | x ∈ E}
est majoré. On note alors sup f ou encore sup f (x) le réel sup {f (x) | x ∈ E} .
E x∈E
On dit qu’une fonction f : E → R est minorée sur E si l’ensemble {f (x) | x ∈ E} est minoré.
On note alors inf f ou encore inf f (x) le réel inf {f (x) | x ∈ E} .
E x∈E
On dit qu’une fonction f : E → C est bornée sur E si l’ensemble {|f (x)| | x ∈ E} est majoré. On
note alors sup |f | ou encore sup |f (x)| le réel sup {|f (x)| | x ∈ E} .
E x∈E
1.2. Subdivisions
Soit [a, b] ⊂ R un segment.
Définition 1.4. — On appelle subdivision de [a, b] tout sous-ensemble fini de [a, b] contenant a et
b. Un tel sous-ensemble σ est identifié avec l’unique suite strictement croissante (a0 = a < a1 < · · · <
am = b) formée par les éléments de σ.
Définition 1.5. — Le pas de la subdivision (a0 < · · · < am ) est la longueur aj+1 − aj du plus
grand des m sous intervalles [aj , aj+1 ]. Une subdivision est dite régulière si tous les m sous inter-
b−a
valles précédents sont de même longueur . Pour tout η > 0, on désignera par Ση l’ensemble des
m
subdivisions de pas ≤ η.
On peut munir l’ensemble des subdivisions de [a, b] d’une relation d’ordre définie par l’inclusion :
Définition 1.6. — On dira qu’une subdivision σ 0 de [a, b] est un raffinement d’une subdivision σ
de [a, b] si σ ⊂ σ 0 . On dit aussi que σ 0 est plus fine que σ.
Définition 1.7. — Une subdivision pointée (σ, ξ) de [a, b] est la donnée d’une subdivision σ = (a0 <
m−1
Y
· · · < am ) et d’un m-uplet de points ξ = (x0 , . . . , xm−1 ) ∈ [ai , ai+1 ]. Le pas de (σ, ξ) est le pas de
i=0
σ, et on dira qu’une subdivision pointée (σ 0 , ξ 0 ) est un raffinement d’une subdivision pointée (σ, ξ) si
σ ⊂ σ0 .
Définition 1.8. — Une fonction f : I → R est dite continue sur I si f est continue en tout point
x0 ∈ I :
∀ε > 0, ∃α > 0, |x − x0 | ≤ α ⇒ |f (x) − f (x0 )| < ε.
De façon équivalente, f est continue sur I si pour toute suite (xn ) convergente d’éléments de I,
(f (xn )) converge vers f (lim xn ) (on appréciera la commutation avec la limite).
Rappelons le théorème suivant :
1.3. QUELQUES CLASSES DE FONCTIONS RÉELLES DÉFINIES SUR UN SEGMENT 15
Théorème 1.9. — Toute fonction f : I → R continue est bornée et atteint ses bornes : il existe
x0 , x1 ∈ I tels que f (x0 ) = inf f et f (x1 ) = sup f.
I I
– Une fonction continue par morceaux sur un segment est toujours bornée.
Preuve : (hors programme, mais toutefois très instructive, puisqu’elle concerne les limites uniformes
et la compacité)
Démontrons d’abord le sens réciproque : toute fonction uniformément approchable par des fonctions
en escalier est réglée. Soient une application f : I → R, une suite de fonctions en escalier (gn ) telle que
sup |gn − f | → 0 et enfin x0 ∈ I. Il est suffisant, par symétrie, de se placer dans le cas où x0 ∈ [a, b[
I
et dans le cas des limites à droite. Soit ε > 0. Il existe alors n ∈ N telle que sup |gn − f | ≤ ε. Comme
I
gn est une fonction en escalier, il existe une subdivision (a0 , . . . , am ) telle que gn est constante sur
les intervalles de la forme ]ak , ak+1 [. Il existe α > 0 tel que ]x0 , x0 + α[ soit contenu dans l’un de ces
intervalles [si x0 n’est pas l’un des ak , on peut même avoir ]x0 − α, x0 + α[ ], et donc tel que gn soit
constante sur ]x0 , x0 + α[. Alors on a, pour tous x, y ∈]x0 , x0 + α[ :
|f (x) − f (y)| = |f (x) − gn (x) + gn (x) − f (y)|
≤ |f (x) − gn (x)| + |gn (x) − f (y)|
≤ |f (x) − gn (x)| + |gn (y) − f (y)| [car gn est constante sur ]x0 , x0 + α[ ]
≤ 2ε [car |fn (t) − gn (t)| ≤ ε pour tout t ∈ I]
16 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
Le critère de Cauchy pour les fonctions nous assure alors que la limite à droite de f existe en x0 .
Montrons à présent que toute fonction réglée est limite uniforme de fonctions en escalier. Soit f
une fonction réglée. f admet donc des limites à droite et à gauche en tout point x ∈]a, b[, une limite
à droite en a et une limite à gauche en b. Soit ε > 0. Pour tout x ∈ [a, b], il existe αx > 0 tel que :
(
pour tout y ∈ I∩]x − αx , x[, |f (y) − f (x−
0 )| ≤ ε
+
pour tout y ∈ I∩]x, x + αx [, |f (y) − f (x0 )| ≤ ε.
Pour tout x ∈ I, on note alors Bx = I∩]x−α, x+α[. On a ∪x∈I Bx = I (les Bx forment un recouvrement
de I par des ouverts). Admettons d’abord le lemme suivant, nous y reviendrons à la fin :
Lemme 1.13. — Tout segment I = [a, b] ⊂ R a la propriété suivante : pour toute famille I d’ouverts
Bi =]ai , bi [∩I, i ∈ I, ai , bi ∈ R, telle que ∪i∈I Bi = I, il existe une sous famille finie J ⊂ I telle que
∪i∈J Bi = I.
Terminons la preuve du théorème. Ainsi, il existe x0 < · · · < xn tels que I = ∪ni=1 Bxi . On suppose
en outre qu’aucune de ces boules n’est incluse dans une autre, de sorte que ]xi , xi+1 [⊂ Bxi ∪ Bxi+1 .
Remarquons qu’il existe alors x0i ∈]xi , xi+1 [ tel que x0i ∈ Bxi ∩ Bxi+1 . On définit alors la fonction en
escalier φ : [a, b] → R ainsi :
On a alors, si x est l’un des xi , |f (x) − φ(x)| = 0, et sinon x ∈]xi , xi+1 [ et donc x ∈ Bxi ou x ∈ Bxi+1 .
On suppose que x ∈ Bxi , l’autre cas se traitant de même. Dans ce cas,
0 0
|f (x) − φ(x)| = |f (x) − f (x+ + + +
i ) + f (xi ) − f (xi )| ≤ |f (x) − f (xi )| + |f (xi ) − f (xi )| ≤ 2ε.
Ainsi on peut approcher f par φ à ε près :sup |f − φ| ≤ ε. Comme c’est vrai pour tout ε > 0, le
I
résultat s’ensuit.
Preuve du lemme: 1.13 [en termes savants, on va (presque) démontrer que le segment I a la propriété de
Borel-Lebesgue]. Reste donc à prouver le lemme. Soit M ⊂ I le sous-ensemble des éléments m ∈ [a, b]
tel qu’il existe une sous famille finie Jm ⊂ I telle que [a, m] ⊂ ∪i∈Jm Bi . a ∈ M puisqu’il existe i avec
{a} ⊂ Bi . De plus, M est un intervalle puisque si m ∈ M et a ≤ m0 ≤ m alors [a, m0 ] ⊂ ∪i∈Jm Bi .
M est bien un segment : en effet, supposons que M = [a, c[. Comme c ∈ [a, b], il existe i0 ∈ I
tel que c ∈ Bi0 =]ai0 , bi0 [∩I. ai0 ∈ M donc il existe J fini tel que [a, ai0 ] ⊂ ∪i∈J Bi . Mais alors
[a, c] ⊂ ∪i∈J∪i0 Bi , ce qui est absurde car c ∈/ M. Si M = [a, c] et si c < b on montre de même en
c + min(b, bi0 )
utilisant ∈ M que c’est absurde. Ainsi M = [a, b] et on a prouvé le lemme.
2
Exercice 1.3. — Montrer qu’une fonction réglée n’a au plus qu’un nombre dénombrable de points de
discontinuité (c’est à dire que cet ensemble est fini ou en bijection avec N).
Corollaire 1.14. — Toute fonction réglée sur un segment est bornée sur ce segment.
Preuve : Soit f une fonction réglée sur le segment [a, b]. D’après le théorème 1.12, il existe alors φ une
fonction en escalier de [a, b] telle que supI |f − φ| ≤ 1. Ainsi, pour tout x ∈ I, |f (x)| ≤ |φ(x)| + 1.
Comme φ est bornée, disons par M, on a : pour tout x ∈ I, |f (x)| ≤ M + 1 et f est donc bornée sur
I.
1.4. SOMMES DE RIEMANN, INTÉGRALE D’UNE FONCTION RÉGLÉE 17
1.4.2. Sommes de Darboux et intégrabilité selon Riemann. — Étant donné une subdivision
σ = (a0 < · · · < am )= de [a, b], et une fonction f bornée sur [a, b], on définit les sommes suivantes :
– la somme majorante minimale
m−1
X
S σ (f ) = (ak+1 − ak )wk ,
k=0
où wk = sup[ak ,ak+1 ] f,
– la somme minorante maximale
m−1
X
S σ (f ) = (ak+1 − ak )wk ,
k=0
Définition 1.15. — Étant donnée une fonction réelle bornée f sur [a, b], on définit l’intégrale supé-
rieure de f par
b
I a (f ) = inf S σ (f ), σ subdivision de [a, b] ,
et son intégrale inférieure par
I ba (f ) = sup {S σ (f ), σ subdivision de [a, b]}
Une fonction bornée f : [a, b] → R est dite intégrable au sens de Riemann (ou Riemann-intégrable)
b b
sur [a, b] si I a (f ) = I ba (f ). Dans ce cas, son intégrale de Riemann est alors Iab (f ) = I a (f ) = I ba (f ).
Rb R
Elle est également notée a f (t)dt ou [a,b] f.
Définition 1.16. — Une fonction à valeurs réelles ou complexes définie sur un intervalle J quel-
conque de R est dite localement intégrable si elle est Riemann-intégrable sur tout segment contenu
dans J.
18 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
Proposition 1.17. — Intégrale d’une fonction en escalier. Soit σ = (a0 < · · · < am ) une
subdivision du segment [a, b]. Soit g une fonction en escalier associée à cette subdivision, et notons,
pour tout k = 1, . . . , m, tout t ∈]ak−1 , ak [, g(t) = gk . Alors g est intégrable au sens de Riemann, et
son intégrale est alors
Z b Xm
g(t)dt = (ak − ak−1 )gk .
a k=1
Si i ∈ B, on a la majoration
|(ai+1 − ai )f (xi )| ≤ η sup |f |,
[a,b]
d’où
X X
(ai+1 − ai )f (xi ) ≤ |(ai+1 − ai )f (xi )| ≤ |B|η sup |f |.
i∈B i∈B [a,b]
Pour tout i ∈ {0, . . . , n − 1}, soit yi ∈ [ai , ai+1 ]. On a les mêmes inégalités pour les yi que pour les
xi et l’on obtient :
n−1
X n−1
X X X
(ai+1 − ai )f (xi ) − (ai+1 − ai )f (yi ) = (ai+1 − ai )f (xi ) − (ai+1 − ai )f (yi )
i=0 i=0 i∈A i∈A
X X
+ (ai+1 − ai )f (xi ) − (ai+1 − ai )f (yi )
i∈B i∈B
X
≤ (ai+1 − ai )(v(xi ) − u(yi ))
i∈A
X X
+ (ai+1 − ai )f (xi ) − (ai+1 − ai )f (yi )
i∈B i∈B
On fait tendre chaque xi vers sup f et chaque yi vers inf f. Le passage de l’inégalité précédente
[ai ,ai+1 ] [ai ,ai+1 ]
à la limite nous donne exactement iii.
Corollaire 1.19. — Soit f : [a, b] → R une fonction intégrable au sens de Riemann et soit ((σn , ξn ))
une suite de subdivisions pointées de [a, b] dont le pas tend vers 0. Alors la suite de sommes de Riemann
(S(σn ,ξn ) (f )) associées à (σn , ξn ) et f tend vers Iab (f ).
20 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
Preuve : Soit f : [a, b] → R une fonction intégrable au sens de Riemann et soit (σn , ξ) une suite de
subdivisions de [a, b] dont le pas ησn tend vers 0. Soit ε > 0. iii) nous indique qu’il existe η > 0 tel
que, pour tout σ ∈ Ση , [S σ (f ), S σ (f )] ⊂ [Iab (f ) − ε, Iab (f ) + ε]. Il existe alors n0 , tel que, pour tout
n ≥ n0 , ησn ≤ η. On a alors, pour tout n ≥ n0 , S(σn ,ξn ) (f ) ∈ [S σn (f ), S σn (f )] ⊂ [Iab (f ) − ε, Iab (f ) + ε].
Exemple: La fonction de Dirichlet f : [0, 1] → R définie par :
(
1 si x ∈ Q ∩ [0, 1]
f (x) =
0 si x ∈ [0, 1] \ Q
n’est pas intégrable au sens de Riemann sur [0, 1]. En effet, comme Q est dense dans R, on voit
que pour toute subdivision σ de [a, b], S σ (f ) = 1 et S σ (f ) = 0.
Exemple: La fonction f : [0, 1] → R définie par :
(
1 p
si x ∈ Q ∩ [0, 1] s’écrit sous forme irréductible
f (x) = q q
0 si x ∈ [0, 1] \ Q
est intégrable au sens de Riemann sur [0, 1] et Iab (f ) = 0.
En effet, on a de même S σ (f ) = 0. Il suffit donc d’exhiber, pour tout ε > 0 une subdivision σ
de [0, 1] telle que S σ (f ) ≤ ε. Soit ε > 0 et soit un entier q0 > 2ε . Soit
p
A= | (p, q) ∈ N × N∗ , pgcd(p, q) = 1, q ≤ q0 , p ≤ q .
q
A étant fini et contenant 0 et 1, on peut considérer la subdivision τ = (0 = a0 < · · · < am = 1)
donnée par A. On considère alors
σ = (a0 + γ < a1 − γ < a1 < a1 + δ < · · · < am − γ < am ),
ε
où γ = min η, . On a alors
4m
1
S σ (f ) ≤ + 2γm ≤ ε,
q0 + 1
1
puisque sup f≤ et sup[0,1] f = 1.
[ak +γ,ak+1 −γ] q0+1
Pour montrer que c’est bien une forme linéaire, considérons trois suites de sommes de Riemann
(Sn (f ) = S(σn ,ξn ) (f )), (Sn (g) = S(σn ,ξn ) (g)), (Sn (λf + µg) = S(σn ,ξn ) (λf + µg)) associées respecti-
vement à f, g, λf + µg et aux mêmes subdivisions pointées (σn , ξn ) dont le pas tend vers 0. Alors
Sn (f ) → Iab (f ), Sn (g) → Iab (f ) et Sn (λf + µg) → Iab (λf + µg), d’après le corollaire 1.19. On a
Sn (λf + µg) = λSn (f ) + µSn (g) d’où Iab (λf + µg) = λIab (f ) + µIab (g) en passant à la limite, une
nouvelle fois en vertu du corollaire 1.19.
Remarque: Attention, l’intégrale d’un produit n’est pas toujours le produit des intégrales.
Preuve : On s’appuie sur le lemme suivant.
Supposons le lemme, et démontrons alors la proposition. f et g sont bornées, donc m1 = inf [a,b] f
et m2 = inf [a,b] g existent. Alors (f − m1 ), (g − m2 ) et (f + g − m1 − m2 ) sont trois fonctions positives
intégrables au sens de Riemann, donc, d’après le lemme, de carré intégrable. Comme
2f g = (f − m1 + g − m2 )2 − (f − m1 )2 − (g − m2 )2 + 2m1 g + 2m2 f − m1 m2 ,
on voit que f g est intégrable.
Preuve du lemme: Soit h : [a, b] → R positive Riemann-intégrable. Soient ε > 0 et σ = (a0 < · · · < am )
une subdivision de [a, b] telle que S σ (h) − S σ (h) ≤ ε sup[a,b] h.
On a
m−1
!
X
S σ (h2 ) − S σ (h2 ) = (ak+1 − ak ) sup (h2 ) − inf (h2 )
[ak ,ak+1 ] [ak ,ak+1 ]
k=0
m−1
!
X
2 2
= (ak+1 − ak ) ( sup h) − ( inf h)
[ak ,ak+1 ] [ak ,ak+1 ]
k=0
m−1
X
= (ak+1 − ak )( sup h− inf h)( sup h+ inf h)
[ak ,ak+1 ] [ak ,ak+1 ] [ak ,ak+1 ] [ak ,ak+1 ]
k=0
m−1
X
≤ sup h (ak+1 − ak )( sup h− inf h) ≤ ε,
[a,b] [ak ,ak+1 ] [ak ,ak+1 ]
k=0
| {z }
S σ (h)−S σ (h)
Proposition 1.23. — Relation de Chasles : Soit f : [a, b] → R. et c ∈]a, b[. Alors f est intégrable
au sens de Riemann sur [a, b] si et seulement si f est intégrable au sens de Riemann sur [a, c] et sur
[c, b]. Dans ce cas Iab (f ) = Iac (f ) + Icb (f ).
Preuve :
(⇒) Soit f : [a, b] → R Riemann-intégrable sur [a, b]. Soit ε > 0. On considère une subdivision σ
contenant c telle que S σ (f ) − S σ (f ) ≤ ε, ainsi que les deux subdivisions σ1 = [a, c] ∩ σ et σ2 = [c, b] ∩ σ
(c’est possible, d’après le théorème 1.18 iii.). On a donc
ε ≥ S σ (f ) − S σ (f ) = S σ1 (f ) + S σ2 (f ) − S σ1 (f ) − S σ2 (f ) = S σ1 (f ) − S σ1 (f ) + S σ2 (f ) − S σ2 (f ),
| {z } | {z }
≥0 ≥0
22 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
Proposition 1.24. — Positivité : Soit f : [a, b] → R Riemann-intégrable telle que pour tout x ∈
[a, b], f (x) ≥ 0. Alors Iab (f ) ≥ 0.
Exercice 1.4. — i. Montrer que si f, g : [a, b] → R sont Riemann-intégrables et si, pour tout
Rb Rb
x ∈ [a, b] f (x) ≤ g(x) alors a f (t)dt ≤ a g(t)dt.
ii. Montrer que si h : [a, b] → R+ est une fonction Riemann-intégrable telle qu’il existe c > 0 avec
1
h(x) ≥ c pour tout x ∈ [a, b], alors h 2 est intégrable au sens de Riemann (on pourra s’inspirer du
lemme 1.22).
1
iii. En déduire que si h : [a, b] → R+ est une fonction positive Riemann-intégrable, h 2 est Riemann
intégrable (on pourra considérer h + δ, pour un δ > 0 bien choisi).
iv. En déduire que si f : [a, b] → R est Riemann-intégrable, |f | l’est aussi et
Z b Z b
f (t)dt ≤ |f (t)|dt.
a a
Rb
Preuve : f −m et M −f sont deux fonctions positives Riemann-intégrables et on a donc a
(f (t)−m)dt ≥
Rb
0 et a (M − f (t))dt ≥ 0. Par linéarité de l’intégrale on obtient le résultat souhaité.
Z b
1
Définition 1.26. — Le nombre f (t)dt est appelé valeur moyenne de f sur [a, b].
b−a a
1.5. INTÉGRALE D’UNE FONCTION RÉGLÉE 23
1.4.4. Cas des fonctions à valeurs complexes. — L’intégration de fonctions à valeurs complexes
se fait en se ramenant au cas réel.
Définition 1.27. — Soit f : [a, b] → C. On appelle partie réelle (respectivement partie imaginaire)
de f, et on note < f (resp. =f ) la fonction t 7→ <(f (t)) (resp. t 7→ =(f (t))).
Définition 1.28. — On dira qu’une fonction f : [a, b] → C est intégrable au sens de Riemann si
sa partie réelle et partie imaginaire sont intégrables au sens de Riemann, et dans ce cas, on pose
Iab (f ) = Iab (< f ) + i Iab (= f ).
1.5.1. Généralités. —
Théorème 1.29. — Toute fonction réglée sur [a, b] est intégrable au sens de Riemann sur [a, b].
Preuve : Soit f : [a, b] → R une fonction réglée non identiquement nulle (le cas où f est nulle étant
trivial). On va démontrer que la condition ii). du théorème 1.18 est satisfaite. Soit ε > 0. D’après le
ε
théorème 1.12, il existe une fonction en escalier φ : [a, b] → R telle que sup |f − φ| ≤ . Soit
[a,b] 4(b − a)
σ = (a0 < · · · < am ) une subdivision!de pas η adaptée à φ.
η ε
Soit α = min , et la subdivision
2 8mα sup[a,b] |f |
De plus,
m−1
X
S τ (f ) − (ak+1 − α − (ak + α)) sup f ≤(a0 + α − a0 ) sup |f |
k=0 [ak+1 −α,ak +α] [a,b]
(∗) pour tout ε > 0, il existe [α, β] ⊂ [a, b](α < β), tel que, pour tout x ∈ [α, β], f (x) < ε.
Conclure à une absurdité en construisant une suite de segments emboités.
Rb
ii. En déduire que si f ≥ 0, a f (t)dt est nulle si et seulement si l’ensemble de ses zéros Z = {x ∈
[a, b] | f (x) = 0} est dense dans [a, b].
Proposition 1.32. — Formule de la moyenne. Soit f : [a, b] → R continue et soit g : [a, b] → R
Riemann-intégrable et positive sur [a, b]. Alors
Z b Z b
il existe x0 ∈ [a, b], f (t)g(t)dt = f (x0 ) g(t)dt.
a a
Preuve : f est continue donc réglée et ainsi Riemann-intégrable. Comme Iab est une R algèbre, f g est
Rb Rb
Riemann intégrable, donc a f (t)g(t)dt existe. Si a g(t)dt = 0, alors
Z b Z b Z b Z b
| f (t)g(t)dt| ≤ |f (t)g(t)|dt ≤ g(t) sup |f |dt = sup |f | g(t)dt = 0,
a a a [a,b] [a,b] a
d’où le résultat.
Sinon, on considère m = min f et M = max f (ils existent car f est continue). On a alors
[a,b] [a,b]
Z b Z b Z b
m g(t)dt ≤ f (t)g(t)dt ≤ M g(t)dt
a a a
Rb
a
f (t)g(t)dt
d’où m ≤ Rb ≤ M. Le théorème des valeurs intermédiaires pour f nous assure qu’il existe
a
g(t)dt
Rb
f (t)g(t)dt
alors x0 ∈ [a, b] tel que f (x0 ) = aR b , d’où le résultat.
a
g(t)dt
26 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
Si, de plus, f et g sont continues et g non identiquement nulle, cette inégalité est une égalité si et
seulement si il existe α ∈ C tel que f = αg.
Preuve : Toutes les intégrales intervenant ici existent bien car on a vu (dans le cas réel, et le cas
complexes s’en déduit immédiatement) que Iab était une algèbre. Soit H : C → R+ définie par
Z b
H(λ) = (f (t) + λg(t))(f (t) + λg(t))dt
a
Z b Z b Z b Z b
= |λ|2 |g(t)|2 + λ f (t)g(t)dt + λ f (t)g(t)dt + |f (t)|2 dt
a a a a
Rb
Rb f (t)g(t)dt
Si a
f (t)g(t)dt = 0, le résultat est clair. Sinon, spécialisons en λ = ρ Rab , ρ ∈ R (on
a
f (t)g(t)dt
Rb
f (t)g(t)dt
considère H sur la droite réelle engendrée par Rab ). H(λ) devient
a
f (t)g(t)dt
Z b Z b Z b
H ∗ (ρ) = ρ2 |g(t)|2 + 2ρ f (t)g(t)dt + |f (t)|2 dt.
a a a
∗
Mais H(λ) ≥ 0, donc le trinôme H (ρ) est ≥ 0. Son coefficient dominant (positif ou nul) n’est pas nul
Rb
car sinon H ∗ serait affine donc constant, et donc a f (t)g(t)dt 6= 0, ce qui est exclu. Son discriminant
doit donc être ≤ 0, ce qui donne exactement l’inégalité souhaitée.
Supposons à présent que f et g soient continues, g non identiquement nulle, et que l’inégalité de
Rb
Cauchy-Schwartz soit une égalité. Comme g est continue, on a a |g(t)|2 dt > 0. Le discriminant du
trinome H ∗ est nul, donc H ∗ a un zéro ρ0 , et par suite, il existe α ∈ C tel que 0 = H(−α) =
Z b
|f − αg|2 dt. Comme |f − αg|2 est continue, |f − αg|2 est nulle et f = αg.
a
ii. Si de plus, f est réglée, F est dérivable à droite et à gauche en tout point de ]a, b[, dérivable à
droite en a et à gauche en b.
iii. Si de plus, f est continue, F est dérivable et vérifie, pour tout x ∈ [a, b], F 0 (x) = f (x).
Preuve :
i. On a déjà prouvé que F était bien définie. Soient x, y ∈ [a, b]. On a
Z y
|F (y) − F (x)| = f (t)dt ≤ |y − x| sup |f |,
x [a,b]
Rappelons la proposition suivante décrivant l’ensemble des primitives d’une fonction f lorsqu’il est
non vide.
Preuve : Soit F, G deux primitives de f . Alors (F −G)0 = 0 donc, d’après le théorème des accroissements
finis, F − G est constante. Reciproquement, si F est une primitive de f , pour tout c ∈ R F + c est
clairement une primitive de f. Z Z
Notation : Lorsque F est une primitive de f, on note f = F (t)+c, ou encore f (t)dt = F (t)+c.
Cette notation signifie que l’ensemble des primitives de f est constitué de fonctions de la forme
t 7→ F (t) + c, où c est une constante.
La connaissance d’une primitive permet alors de calculer une intégrale :
28 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
Corollaire 1.39. — Toute application continue f : [a, b] → R admet au moins une primitive, et pour
toute primitive F de f sur [a, b] et on a
Z b
f (t)dt = F (b) − F (a) := [F ]ba .
a
n
X k2
Exercice 1.10. — i. Montrer que la suite (an ) n∈N∗ définie par an = est convergente et
n3
k=1
calculer sa limite.
n−1
X 1
ii. Montrer que la suite (bn )n∈N∗ définie par bn = √ est convergente et calculer sa limite.
k=0
n2 + kn
n
X n
iii. Montrer que la suite (cn )n∈N∗ définie par cn = converge et calculer sa limite `.
n2 + k 2
k=0
Donner un équivalent de ` − cn lorsque n → +∞.
Théorème 1.40. — Intégration par parties. Soient u, v : [a, b] → R deux fonctions de classe C 1 .
Alors
Z b Z b
u0 (t)v(t)dt = [uv]ba − u(t)v 0 t)dt.
a a
Z b
Exercice 1.11. — Soit f de classe C 1 sur [a, b]. Montrer que lim f (t)eint dt = 0. [Le résultat
n→+∞ a
est vrai plus généralement pour f intégrable et est connu sous le nom de lemme de Lebesgue].
I2n
iii. Montrer que lim = 1 et en déduire la formule de Wallis :
n→+∞ I2n+1
2
1 2n(2n − 2) · · · 2
lim = π.
n→+∞ n (2n − 1)(2n − 3) · · · 1
r
π
iv. Montrer que, lorsque n → +∞, In ∼ .
2n
Z b Z φ(b)
f (φ(t))φ0 (t)dt = f (u)du.
a φ(a)
Preuve : Soit F une primitive de f : [φ(a), φ(b)] → R. On applique le corollaire 1.39 à la fonction
continue [a, b] → R, t 7→ f (φ(t))φ0 (t) dont une primitive est F ◦ φ :
Z b Z φ(b)
0
f (φ(t))φ (t)dt = F (φ(b)) − F (φ(a)) = f (t)dt.
a φ(a)
Exemple: Le changement de variables suivant permet le calcul des intégrales des fractions ration-
Rb
nelles en sin, cos, et tan . L’idée est de transformer une intégrale du type a R(sin t, cos t, tan t)dt
t
en l’intégrale d’une fraction rationnelle que l’on sait donc calculer. On pose u = tan . On a
2
1
du = (1 + u2 )dt.
2
30 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
1 sin t
t/2 t
1 O cos t
iπ πh
Soit t ∈ , \ {0}. On a (cf la formule donnant tan 2a en fonction de tan a)
2 2
2 tan 2t
tan t = ,
1 − tan 2t tan 2t
d’où
2u
tan t = .
1 − u2
De plus (cf dessin)
t sin t sin t
= tan = sin t
.
2 1 + cos t 1 + tan t
sin t
On en déduit donc que sin t = 1 + u, puis que
tan t
u u 2u
sin t = u = 2 = .
1 − tan t 1−u
1− 2 1 + u2
sin t 1 − u2
Finalement cos t = = . On vérifie que ces formules sont correctes aussi en t = 0.
tan t 1 + u2
Exercice 1.13. — Calculer les intégrales suivantes :
Z 1 Z 1 π
dt
Z
p 2 dt
i. A = 1− t2 dt. iii. C = . v. E = .
0 0 (1 + t2 )2 π
3
sin t
Z π Z π
2 4
ii. B = sin2 t cos4 tdt. iv. D = ln(1 + tan t) dt.
0 0
Exercice 1.14. — Donner les primitives des fonctions suivantes en précisant leur domaine de vali-
dité
1.5. INTÉGRALE D’UNE FONCTION RÉGLÉE 31
1 1
p
i. a(x) = iv. d(x) = vii. g(x) = 1 − x2
2
x −1 x − 3x2 − 4
4
1
1 x2 viii. h(x) = √
ii. b(x) = 2 v. e(x) = 6 4 − x2
x − 2x + 1 x −1
1 1 arctan x
iii. c(x) = 2 vi. f (x) = ix. i(x) =
x − 2x + 5 cos x 1 + x2
Théorème 1.42. — Formule de Taylor avec reste intégral. Soient a, b ∈ R, a < b. Alors pour
tout f : [a, b] → R de classe C n+1 , on a
f 0 (a) f (n) (a)
f (b) = f (a) + (b − a) + · · · + (b − a)n + Rn ,
1! n!
où
b
f (n+1) (t)
Z
Rn = (b − t)n dt.
a n!
Preuve : On montre le résultat par récurrence.
Pour les fonctions C 1 , c’est le corollaire 1.39 appliqué à la fonction continue f 0 . Supposons vraie la
formule à l’ordre n (c’est à dire que pour tout f de classe C n ) et montrons qu’elle est vraie à l’ordre
n + 1. Soit f : [a, b] → R de classe C n+1 . f est aussi de classe C n donc vérifie la formule à l’ordre n :
f 0 (a) f (n−1) (a)
f (b) = f (a) + (b − a) + · · · + (b − a)n−1 + Rn−1 ,
1! (n1 )!
où
b
f (n) (t)
Z
Rn−1 = (b − t)n−1 dt.
a (n − 1)!
Comme f (n) est C 1 , on peut intégrer Rn−1 par parties (v = f (n) dans la formule) :
b Z b
(b − t)n (n) (b − t)n (n+1)
Rn−1 = − f (t) + f (t)dt,
n! a a n!
d’où la formule à l’ordre n + 1.
Terminons notre étude par le résultat technique suivant.
Théorème 1.43. — Deuxième formule de la moyenne : Soient f : [a, b] → R+ une fonction
positive décroissante et g : [a, b] → R une fonction Riemann-intégrable. Alors il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b Z c
f (t)g(t)dt = f (a) g(t)dt.
a a
Preuve : [Toute la difficulté de la preuve réside dans le fait que g n’est pas nécessairement positive.]
f est décroissante donc réglée, et par conséquent intégrable. Comme Iab est une R-algèbre f g est
intégrable. Rx
Soit G : [a, b] → R, x 7→ a g(t)dt. On a vu que G est une fonction continue, elle est donc
bornée sur [a, b], et ainsi m = min[a,b] G et M = max[a,b] G existent. Il suffit de démontrer que
Z b
f (a)m ≤ f (t)g(t)dt ≤ f (a)M et d’appliquer alors le théorème des valeurs intermédiaires à f (a)G.
a
On peut même se contenter de démontrer
Z b
f (t)g(t)dt ≤ f (a)M
a
l’autre inégalité pouvant s’obtenir en considérant −g.
Soit ε > 0. f g et g sont intégrables, donc il existe η > 0 tel que pour tout τ ∈ Ση ,
32 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
S τ (f g) − S τ (f g) ≤ ε et S τ (g) − S τ (g) ≤ ε.
Soit alors (σ, ξ) une subdivision pointée de [a, b] de pas ≤ η. Notons σ = (a0 < · · · < am ) et
ξ = (x0 , . . . , xm−1 ), où x0 ∈ [a0 , a1 ], . . . , xm−1 ∈ [am−1 , am ]. On a (cf preuve du corollaire 1.19)
Z b
S(σ,ξ) (f g) − f (t)g(t)dt ≤ ε.
a
Or,
m−1
X m−1
X m−1
X
(ai+1 − ai )f (xi )gi − S(σ,ξ) (f g) ≤ (ai+1 − ai )f (xi )|gi − g(xi )| ≤ (ai+1 − ai )f (a)(Mi − mi ),
i=0 i=0 i=0
m−1
X m−1
X
Reste donc à estimer (ai+1 − ai )f (xi )gi = (G(ai+1 ) − G(ai ))f (xi ).
i=0 i=0
m−1
X m−1
X m−1
X m
X m−1
X
(ai+1 − ai )f (xi )gi = G(ai+1 )f (xi ) − G(ai )f (xi ) = G(ai )f (xi−1 ) − G(ai )f (xi )
i=0 i=0 i=0 i=1 i=0
[C’est la première sommation d’Abel que nous effectuons.] Nous obtenons donc
m−1
X m−1
X
(ai+1 − ai )f (xi )gi = G(ai ) (f (xi−1 ) − f (xi )) +G(am ) f (xm−1 ) − G(a0 )f (x0 )
| {z } | {z } | {z }
i=0 i=1
≥0 car f & ≥0 car f ≥0 =0 car G(a)=0
On obtient donc
m−1 m−1
!
X X
(ai+1 − ai )f (xi )gi ≤ M f (xm−1 ) + (f (xi−1 ) − f (xi )) = M f (x0 ) ≤ M f (a).
i=0 k=1
Rb
Ainsi a f (t)g(t)dt ≤ M f (a) + (1 + f (a))ε. Comme c’est vrai pour tout ε > 0, on obtient la majoration
souhaitée et on a prouvé le théorème.
Exercice 1.15. — Démontrer le théorème autrement en supposant de plus que f est C 1 et g continue.
1.6. QUELQUES ERREURS FRÉQUENTES 33
1.7. Exercices
Exercice 1.1. — Constuire une fonction réglée qui n’est pas continue par morceaux.
Exercice 1.2. — Montrer que toute fonction monotone sur [a, b] est réglée.
Exercice 1.3. — Montrer qu’une fonction réglée n’a au plus qu’un nombre dénombrable de points de
discontinuité (c’est à dire que cet ensemble est fini ou en bijection avec N).
Exercice 1.4. — i. Montrer que si f, g : [a, b] → R sont Riemann-intégrables et si, pour tout
Rb Rb
x ∈ [a, b] f (x) ≤ g(x) alors a f (t)dt ≤ a g(t)dt.
ii. Montrer que si h : [a, b] → R+ est une fonction Riemann-intégrable telle qu’il existe c > 0 avec
1
h(x) ≥ c pour tout x ∈ [a, b], alors h 2 est intégrable au sens de Riemann (on pourra s’inspirer du
lemme 1.22).
1
iii. En déduire que si h : [a, b] → R+ est une fonction positive Riemann-intégrable, h 2 est Riemann
intégrable (on pourra considérer h + δ, pour un δ > 0 bien choisi).
iv. En déduire que si f : [a, b] → R est Riemann-intégrable, |f | l’est aussi et
Z b Z b
f (t)dt ≤ |f (t)|dt.
a a
Exercice 1.6. — Donner un exemple de fonction Riemann-intégrable qui n’est pas réglée.
Exercice 1.7. — Si f : [a, b] → R est continue, positive et non identiquement nulle sur [a, b], montrer
que
Z b
f (t)dt > 0.
a
n
X n
iii. Montrer que la suite (cn )n∈N∗ définie par cn = converge et calculer sa limite `.
n2 + k2
k=0
Donner un équivalent de ` − cn lorsque n → +∞.
Z b
Exercice 1.11. — Soit f de classe C 1 sur [a, b]. Montrer que lim f (t)eint dt = 0. [Le résultat
n→+∞ a
est vrai plus généralement pour f intégrable et est connu sous le nom de lemme de Lebesgue].
Exercice 1.12. — Intégrale de Wallis. Pour tout n ∈ N, on pose
Z π2
In = sinn t dt
0
n
i. Montrer que, pour tout n ≥ 2, In = In−2 .
n−1
ii. En déduire une expression de In pour tout n ∈ N.
I2n
iii. Montrer que lim = 1 et en déduire la formule de Wallis :
n→+∞ I2n+1
2
1 2n(2n − 2) · · · 2
lim = π.
n→+∞ n (2n − 1)(2n − 3) · · · 1
r
π
iv. Montrer que, lorsque n → +∞, In ∼ .
2n
Exercice 1.13. — Calculer les intégrales suivantes :
Z 1 Z 1 π
dt
Z
p 2 dt
i. A = 1− t2 dt. iii. C = . v. E = .
0 0 (1 + t2 )2 π
3
sin t
Z π Z π
2 4
2 4
ii. B = sin t cos tdt. iv. D = ln(1 + tan t) dt.
0 0
Exercice 1.14. — Donner les primitives des fonctions suivantes en précisant leur domaine de vali-
dité
1 1
p
i. a(x) = 2 iv. d(x) = 4 vii. g(x) = 1 − x2
x −1 x − 3x2 − 4
1
1 x2 viii. h(x) = √
ii. b(x) = 2 v. e(x) = 6 4 − x2
x − 2x + 1 x −1
1 1 arctan x
iii. c(x) = vi. f (x) = ix. i(x) =
x2 − 2x + 5 cos x 1 + x2
Exercice 1.15. — Démontrer la seconde formule de la moyenne autrement en supposant de plus que
f est C 1 et g continue.
36 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
1.8. Solutions
Exercice 1.1. — Constuire une fonction réglée qui n’est pas continue par morceaux.
Solution : [Il s’agit de construire une fonction qui a un nombre infini (dénombrable) de discontinuité,
de sorte qu’elle ne sera pas continue par morceaux, mais suffisamment régulière pour être réglée ;
par exemple une fonction monotone convient.] Soient a < b deux réels. On considère la fonction
f : [a, b] → R définie par f (x) = b−a b−a b−a
n si x ∈ [b − n , b − n+1 [ et f (b) = 0. Montrons que f est réglée.
Sur tout intervalle [a, c], c ∈]a, b[, f est une fonction en escalier, et admet donc des limites à droite
et à gauche en tout point de ]a, c[, et à droite en a. Comme c’est valable pour tout c ∈]a, b[, il reste
seulement à voir que f a une limite à gauche en b. Soit ε > 0. Il existe n0 , pour tout n ≥ n0 , b−an ≤ ε.
Pour tout x ∈ [b − b−a n0 , b], on a alors |f (x)| ≤ ε. Donc f admet une limite à gauche en b. [On aurait
aussi pu dire que f est décroissante donc réglée ! (voir exercice 1.2)]
f n’est pas continue par morceaux, puisqu’une fonction continue par morceaux n’a qu’un nombre fini
de points (au plus) de discontinuité, alors que f est discontinue en tout point de la forme b− b−a
n , n ∈ N.
Exercice 1.2. — Montrer que toute fonction monotone sur [a, b] est réglée.
Solution : [On va vérifier qu’une fonction monotone vérifie la condition de la définition d’une fonction
réglée] Soit f : [a, b] → R une fonction monotone. Quitte à considérer −f, on suppose que f est
croissante. On va montrer que f admet en tout point de ]a, b] une limite à gauche, un raisonnement
analogue (ou considérer f (−x)) montrant alors que f admet une limite à droite en tout point de [a, b[.
Soit c ∈ [a, b[. f|[a,c[ : [a, c[→ R est croissante, majorée par f (c) donc admet une limite finie en c
(valant supx<c f (x)). Ainsi f admet une limite à gauche en c. Par suite, f est réglée.
Exercice 1.3. — Montrer qu’une fonction réglée n’a au plus qu’un nombre dénombrable de points de
discontinuité (c’est à dire que cet ensemble est fini ou en bijection avec N).
Solution : [On peut montrer qu’une fonction monotone a au plus un nombre dénombrable de points
de discontinuité, en considérant ses « sauts »f (c+ ) − f (c− ) qui ont tous le même signe. Pour les
fonctions réglées, c’est plus délicat, donc on utilise la convergence uniforme de fonctions en escalier] Soit
f : [a, b] → R une fonction réglée. Soit (φn ) une suite de fonctions en escalier telle que sup |φn −f | → 0.
[a,b]
Pour tout n ∈ N, on note Dn l’ensemble fini des points de discontinuité de φn . Soit D = ∪n∈N Dn . Alors
D est fini ou dénombrable, comme réunion d’ensembles finis [pour voir cela, il suffit de numéroter les
éléments : une application injective convenable sera ici ψ : ∪n∈N Dn → N, ψ(x) = # ∪k−1 n=0 Dn + #{y ∈
Dk \ ∪k−1 D
n=0 n , y < x}, si x ∈ D k \ ∪ k−1
D
n=0 n ]. Soit c ∈
/ D. Soit ε > 0. Il existe n tel que :
ε
pour tout x ∈ [a, b], |f (x) − φn (x)| ≤ .
3
Comme φn est continue en c, il existe α > 0 tel que :
ε
pour tout x ∈ [a, b] tel que |x − c| ≤ α, |φn (x) − φn (c)| ≤ .
3
On a alors, pour tout x ∈ [a, b] tel que |x − c| ≤ α :
|f (x) − f (c)| = |f (x) − φn (x) + φn (x) − φn (c) + φn (c) − f (c)|
≤ |f (x) − φn (x)| + |φn (x) − φn (c)| + |φn (c) − f (c)| ≤ ε.
| {z } | {z } | {z }
ε ε ε
3 3 3
ii. Montrer que si h : [a, b] → R+ est une fonction Riemann-intégrable telle qu’il existe c > 0 avec
1
h(x) ≥ c pour tout x ∈ [a, b], alors h 2 est intégrable au sens de Riemann (on pourra s’inspirer du
lemme 1.22).
1
iii. En déduire que si h : [a, b] → R+ est une fonction positive Riemann-intégrable, h 2 est Riemann
intégrable (on pourra considérer h + δ, pour un δ > 0 bien choisi).
iv. En déduire que si f : [a, b] → R est Riemann-intégrable, |f | l’est aussi et
Z b Z b
f (t)dt ≤ |f (t)|dt.
a a
Solution :
i. Soient f, g : [a, b] → R sont Riemann-intégrables telles que pour tout x ∈ [a, b], f (x) ≤ g(x).
Rb
Alors g(x) − f (x) ≥ 0 donc a (g(t) − f (t))dt ≥ 0 et donc, par linéarité,
Z b Z b
g(t)dt ≥ f (t)dt.
a a
ii. Soit h est une fonction Riemann-intégrable telle qu’il existe c > 0 tel que pour tout x ∈ [a, b],
h(x) ≥ c.
√
Soient ε > 0 et σ = (a0 < · · · < am ) une subdivision de [a, b] telle que S σ (h) − S σ (h) ≤ cε.
On a
m−1
!
1 1 1 1
X
S σ (h ) − S σ (h ) =
2 2 (ak+1 − ak ) sup (h ) − inf (h )
2 2
On écrit alors
1 1 1
1
1
1
S σ h 2 − S σ h 2 = − S σ (h + δ) 2 + S σ (h 2 ) + S σ (h + δ) 2 − S σ (h + δ) 2
1
1
+ S σ (h + δ) 2 − S σ (h 2 ) ≤ 3ε.
1
Ainsi h 2 est intégrable au sens de Riemann.
p
iv. Soit f : [a, b] → R Riemann-intégrable. Alors |f | est Riemann-intébrable car |f | = f 2 (le
produit de deux fonctions Riemann-intégrables est Riemann-intégrable). Appliquons i. à (f ≤ |f |)
Z b Z b Z b
et (−|f | ≤ f ). On obtient alors − |f (t)|dt ≤ f (t)dt ≤ |f (t)|dt, et le résultat s’ensuit.
a a a
Exercice 1.6. — Donner un exemple de fonction Riemann-intégrable qui n’est pas réglée.
Solution :[Il s’agit d’exhiber une fonction intégrable qui n’a pas de limite à droite ou à gauche en un
point et qui pourtant est Riemann-intégrable.] Considérons f : [0, 1] → R, définie par
(
sin x1 si x 6= 0
f (x) =
0 si x = 0.
f n’a pas de limite à droite en 0 et donc n’est pas réglée. Montrons qu’elle est intégrable au sens de
Riemann.
1.8. SOLUTIONS 39
Soit ε > 0. Posons η = min(ε, 21 ). Alors f est intégrable au sens de Riemann sur [η, 1] car continue.
Il existe donc une subdivision σ = (a0 < · · · < am ) de [η, 1] telle que S σ (f ) − S σ (f ) ≤ ε. Considérons
alors la subdivision τ = σ ∪ {0} de [0, 1]. On a :
S τ (f ) − S τ (f ) = η sup f +S σ (f ) − η inf f −S σ (f ) ≤ η + ε ≤ 2ε.
[0,η] [0,η]
| {z } | {z }
=1 =0
Ainsi, f est bien Riemann-intégrable sur [0, 1]. [En fait, ce serait le cas pour toute fonction localement
intégrable sur ]0, 1[ et bornée sur [0, 1] ]
Exercice 1.7. — Si f : [a, b] → R est continue, positive et non identiquement nulle sur [a, b], montrer
que
Z b
f (t)dt > 0.
a
Solution : [La preuve se fait naturellement après traduction des hypothèses.] Soit f : [a, b] → R est
continue, positive et non identiquement nulle sur [a, b]. Alors il existe c ∈ [a, b] telle que f (c) > 0.
f (c)
Comme f est continue, il existe α > 0 tel que, pour tout x ∈ [c − α, c + α] ∩ [a, b], f (x) > . On
2
considère la fonction continue par morceaux g : [a, b] → R définie par
(
f (x) si x ∈ [a, b] ∩ [c − α, c + α]
g(x) = .
0 sinon.
Alors pour tout x ∈ [a, b], g(x) ≤ f (x) et donc
Z b Z b Z
f (t)dt ≥ g(t)dt = f (t)dt ≥ min(α, b − a)f (c) > 0
a a [a,b]∩[c−α,c+α]
Exercice 1.8. — Soit f : [a, b] → R une fonction Riemann-intégrable.
Z b
i. On suppose que, pour tout x ∈ [a, b], f (x) > 0 et que f (t)dt = 0. Montrer l’assertion :
a
(∗) pour tout ε > 0, il existe [α, β] ⊂ [a, b](α < β), tel que, pour tout x ∈ [α, β], f (x) < ε.
Conclure à une absurdité en construisant une suite de segments emboités.
Rb
ii. En déduire que si f ≥ 0, a f (t)dt est nulle si et seulement si l’ensemble de ses zéros Z = {x ∈
[a, b] | f (x) = 0} est dense dans [a, b].
Solution :
i. Soit f : [a, b] → R une fonction Riemann-intégrable tel que pour tout x ∈ [a, b], f (x) > 0.
Z b Z b
[On a déjà vu que f (t)dt ≥ 0.] Supposons que f (t)dt = 0. Soit ε > 0. f est Riemann
a a
intégrable d’intégrale nulle donc il existe σ = (a0 < · · · < am ) une subdivision de [a, b] telle que
S σ (f ) ≤ b−a
2 ε. Supposons que pour tout k, sup f ≥ ε. Alors S σ (f ) ≥ (b − a)ε, ce qui est
[ak ,ak+1 ]
absurde. Ainsi il existe k ∈ {0, . . . , m − 1} tel que sup f < ε, d’où l’existence de [α, β] tel que,
[ak ,ak+1 ]
pour tout x ∈ [α, β], f (x) < ε.
Pour conclure à une contradiction, on va construire par récurrence une suite de segments
emboités [αi , βi ] ⊂ [αi−1 , βi−1 ] avec sup[αi ,βi ] f ≤ 1i . Soit [α1 , β1 ] le segment obtenu en appliquant
Rβ
(∗) à ε = 1. Supposons construit [αi , βi ]. On a pour tout x ∈ [αi , βi ], f (x) > 0 et αii f (t)dt = 0
40 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
1
(car f est positive). On peut donc appliquer (∗) au segment [αi , βi ] et à ε = i+1 . On a alors
1
l’existence d’un segment [αi+1 , βi+1 ] ⊂ [αi , βi ] vérifiant sup f ≤ . Cette suite étant
[αi+1 ,βi+1 ] i+1
constuite, on invoque le théorème des segments emboités : ∩i∈N [αi+1 , βi+1 ] 6= ∅. Soit alors c ∈
1
∩i∈N [αi+1 , βi+1 ]. On a f (c) ≤ pour tout i ∈ N donc f (c) = 0, ce qui est absurde.
i
ii. Soit f une fonction positive Riemann-intégrable.
(⇒) Supposons que Z ne soit pas dense. Alors il existe un segment [α, β] tel que Z ∩ [α, β] = ∅.
Rβ Rb Rβ
Ainsi f (x) > 0 pour tout x ∈ [α, β] et donc α f (t)dt > 0. Ainsi a f (t)dt ≥ α f (t)dt > 0.
(⇐) Supposons que Z soit dense dans [a, b] et considérons une subdivision σ = (a0 < · · · < am )
quelconque de [a, b]. Pour tout k ∈ {0, . . . , m − 1}, Z ∩ [ak , ak+1 ] 6= ∅ et donc inf f = 0. Ainsi
[ak ,ak+1 ]
S σ (f ) = 0. Soit n ∈ N∗ . f est Riemann-intégrable donc il existe une subdivision σn de [a, b] telle
Z b Z b
1 1
que f (t)dt ≤ S σn (f ) + = . Comme c’est vrai pour tout n > 0, f (t)dt = 0.
a n n a
d’où le résultat.
n
X k2
Exercice 1.10. — i. Montrer que la suite (an )n∈N∗ définie par an = est convergente et
n3
k=1
calculer sa limite.
n−1
X 1
ii. Montrer que la suite (bn )n∈N∗ définie par bn = √ est convergente et calculer sa limite.
k=0
n2 + kn
n
X n
iii. Montrer que la suite (cn )n∈N∗ définie par cn = converge et calculer sa limite `.
n2 + k2
k=0
Donner un équivalent de ` − cn lorsque n → +∞.
Solution :[Lorsque les termes d’une somme mêlent n et k, penser aux sommes de Riemann !]
1.8. SOLUTIONS 41
i. Considérons la
fonction x2 . Pour tout
f : [0, 1] → R,f (x) = n on considère la subdivision poin-
1 1 2
tée régulière σn = 0 < < · · · < 1 , ξn = , ,...,1 de pas n1 . La somme de Riemann
n n n
associée est
n−1 n−1 2
1X k+1 1 X k+1
Sn (f ) = S(σn ,ξn ) = f = = an .
n n n n
k=0 k=0
f étant continue, elle est Riemann-intégrable sur [0, 1], et la suite des sommes de Riemann (Sn )
Z 1
1
dont le pas tend vers 0 converge vers t2 dt = [t3 ]10 = . D’où la convergence de (an ) vers 31 .
0 3
1
ii. Considérons la fonction f : [1, 2] → R, f (x) = √ . Pour tout n ∈ N∗ on considère la subdivi-
x
1 1 1
sion pointée régulière σn = 1 < 1 + < · · · < 2 , ξn = 1, 1 + , . . . , 2 − de pas n1 . La
n n n
somme de Riemann associée est
n−1 n−1
1X k 1X 1
Sn (f ) = S(σn ,ξn ) = f 1+ = q = bn .
n n n 1 + nk
k=0 k=0
f étant continue, elle est Riemann-intégrable sur [1, 2], la suite des sommes de Riemann (Sn ) dont
Z 2
1 √ √
le pas tend vers 0 converge vers √ dt = [2 t]21 = 2( 2 − 1). D’où la convergence de (bn ) vers
√ 1 t
2( 2 − 1).
1
iii. Considérons la fonction f : [0, 1] → R, f (x) = . Pour tout n on considère la subdivi-
1 + x2
1 1 2
sion pointée régulière σn = 0 < < · · · < 1 , ξn = , ,...,1 de pas n1 . La somme de
n n n
Riemann associée est
n−1 n−1 n
1 X n2
1X k+1 1X 1
Sn (f ) = S(σn ,ξn ) = f = (k+1)2
= = cn .
n n n n n2 + k 2
k=0 k=0 1 + n2 k=1
Z 1
Comme f est continue, f est intégrable et les sommes de Riemann Sn convergent vers f (t)dt =
0
π π
[arctan x]10 = . D’où la convergence de (cn ) vers .
4 4
Il s’agit d’estimer la vitesse de convergence des sommes de Riemann cn vers l’intégrale de f.
On considère une primitive F de f de telle sorte que
n−1
X k + 1
k
` = F (1) − F (0) = F −F .
n n
k=0
Z π Z π2
2 π
ii. I0 = 1 dt = , I1 = sin t dt = 1. Soit n ≥ 1. D’après la relation de récurrence, on a
0 2 0
(2n − 1) 2n − 1 2n − 3 2n − 1 2n − 3 1 π
I2n = I2(n−1) = I2(n−2) = · · · = ··· . ,
2n 2n 2n − 2 2n 2n − 2 2 |{z}
2
I0
et
2n 2n − 2 2
I2n+1 = · · · |{z}
1 .
2n + 1 2n − 1 3
I1
iii. [On va encadrer I2n par des termes en I2n+1 ] Comme pour tout t ∈ [0, π2 ], 0 ≤ sin t ≤ 1, on a,
pour tout n ≥ 1,
0 ≤ sin2n+1 t ≤ sin2n t ≤ sin2n−1 t.
L’intégration de ces fonctions nous donne
2n + 1
I2n+1 ≤ I2n ≤ I2n−1 = I2n+1 ,
2n
I2n 2n + 1 I2n
d’où 1 ≤ ≤ , et on a donc lim = 1. Comme
I2n+1 2n n→+∞ I2n+1
Solution :
√
i. [On reconnait immédiatement en voyant 1 − t2 qu’il est judicieux de faire un changement de
variable
√ trigonométrique]
x 7→ 1 − x2 est continue sur [0, 1], donc Riemann-intégrable. Pour calculer l’intégrale, on effectue
d’abord le changement de variable sinu = t [dt = cos udu]. On a alors
Z π2 Z 12 π
1 + cos 2t 1 sin 2t 2 π
A= cos u cos u du = dt = t+ = .
0 0 2 2 2 0 4
44 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
ii. [Il s’agit ici de linéariser] f : x 7→ sin2 x cos4 x est continue sur [0, π2 ] donc Riemann-intégrable.
On a de plus
4 ix 6
e + e−ix e + e−ix
ix
f (x) = cos4 x − cos6 x = −
2 2
1 i4x
e + e−i4x + 4 ei2x + e−i2x + 6
=
16
1 i6x
e + e−i6x + 6 ei4x + e−i4x + 15 ei2x + e−i2x + 20
−
64
1 1
= (2 cos(4x) + 8 cos(2x) + 6) − (2 cos(6x) + 12 cos(4x) + 30 cos(2x) + 20) .
16 64
De plus, pour tout k ∈ N∗ ,
Z π2 π2
1
cos(2kt)dt = sin(2kt) = 0 − 0 = 0.
0 2k 0
iii. [On ne reconnaît pas de primitive classique, mais on peut en faire apparaître facilement.] x 7→
1
est continue sur [0, 1] donc Riemann-intégrable. De plus, on a
(1 + x2 )2
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
dt 1 + t2 − t2 1 + t2 t
C= 2 2
= 2 2
dt = 2 2
dt − t dt.
0 (1 + t ) 0 (1 + t ) 0 (1 + t ) 0
|{z} (1 + t2 )2
u | {z }
v0
hπ πi
1
v. x 7→ sin x est continue sur, , donc intégrable. Comme « toujours » pour les fractions ration-
3 2
2u
nelles en sin et cos, on effectue le changement de variable u = tan 2t . On a alors sin t = ,
1 + u2
1 t 1
du = 1 + tan2 dt = (1 + u2 )dt. Alors
2 2 2
Z 1 2du Z 1 √
1+u2 du 1
E= 2u = = ln 3 = ln 3.
√1
1+u2 √1 u 2
3 3
Exercice 1.14. — Donner les primitives des fonctions suivantes en précisant leur domaine de vali-
dité
1 1
p
i. a(x) = iv. d(x) = vii. g(x) = 1 − x2
x2 − 1 x4 − 3x2 − 4
1
1 x2 viii. h(x) = √
ii. b(x) = 2 v. e(x) = 6 4 − x2
x − 2x + 1 x −1
1 1 arctan x
iii. c(x) = 2 vi. f (x) = ix. i(x) =
x − 2x + 5 cos x 1 + x2
Solution :
1 1 1 1
i. a(x) = = − est continue sur ] − ∞, −1[, ] − 1, 1[ et [1, +∞[, donc admet
x2 − 1 2 x−1 x+1
des primitives sur chacun de ces intervalles. Elle sont données par
Z
1
a = (ln |x − 1| − ln |x + 1|) + constante
2
sur chacun de ces intervalles.
1 1
ii. b(x) = 2 = est continue sur ] − ∞, 1[ et ]1, +∞[ donc admet des primitives
x − 2x + 1 (x − 1)2 Z
sur chacun de ces intervalles, et l’ensemble de ses primitives est constitué des fonctions b=
1
+ constante.
1−x
1 1 1 1
iii. c(x) = 2 = = est continue sur R donc admet des primitives
x − 2x + 5 (x − 1)2 + 4 4 1 + x−1 2
2
x−1
Z
1
sur R, données par c = arctan( ) + constante.
2 2
iv. [On décompose la fraction rationnelle en éléments simples]
1 1 1 1 1
d(x) = = 2 = −
x4 − 3x2 − 4 (x − 4)(x2 + 1) 5 x2 − 4 x2 + 1
1 1 1 1 1
= − − 2
5 4 x−2 x+2 x +1
est continue sur ] − ∞, −2[, ] − 2, 2[ et ]2, +∞[ et admet donc des primitives sur chacun de ces
intervalles, et on a
|x − 2| 1
Z
1
d= ln − arctan x + constante
20 |x + 2| 5
sur chacun de ces intervalles.
46 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
x2
v. e(x) = est continue sur ] − ∞, −1[, ] − 1, 1[ et ]1, +∞[ donc admet des primitives sur
x6
−1
chacun de ces intervalles. Pour les calculer, on pose u = x3 de sorte que du = 3x2 dx. Elles sont
alors données, sur chacun des intervalles, par
x2 1 |u − 1| x3 − 1
Z Z Z
1 du 1
e= 6
dx = 2
= ln = ln 3 + constante.
x −1 3 u −1 6 |u + 1| 6 x +1
1
vi. f (x) = est continue sur chacun des intervalles ](2k − 1) π2 , (2k + 1) π2 [, et admet donc des
cos x
primitives sur chacun de ces intervalles. Pour les calculer, on pose [comme d’habitude avec les
2
fractions rationnelles en cos et sin] u = tan x2 , de sorte que cos x = 1−u 1 2
1+u2 et du = 2 (1 + u )dx. On
obtient alors
1−u 1 − tan x2
Z Z Z
dx du x π
f= =2 = ln = ln = ln tan + + constante,
cos x 1 − u2 1+u 1 + tan x2 2 4
cette expression étant valable sur chacun des intervalles précédents.
p
vii. g(x) = 1 − x2 est continue sur ] − 1, 1[ donc admet des primitives sur cet intervalle, données
par :
−x2 dx (1 − x2 ) − 1
Z Z p p Z p Z
g= 2
1 − x dx = x 1 − x − 2 √ =x 1−x − 2 √ dx
1 − x2 1 − x2
p Z
= x 1 − x2 + arcsin x − g.
D’où Z
1 p
g= x 1 − x2 + arcsin x + constante.
2
1
viii. h(x) = √ est continue sur ] − ∞, −2[ et ]2, +∞[ et admet donc des primitives sur chacun
x2 − 4
de ces intervalles. Elles sont données par
Z q
2
h = ln x + (x) − 4 + constante.
d’où, en sommant,
Z b
mf (a) ≤ f (t)g(t)dt ≤ M f (a),
a
et on conclut comme dans le preuve du théorème 1.43.
48 CHAPITRE 1. INTÉGRATION SUR UN SEGMENT
1.9. Devoir n◦ 1
Exercice 1. — Calculer les limites des suites suivantes
n n n1
e− k
X (2n)!
i. un = n ii. vn =
k2 n!nn
k=1
2. Soit x ∈]1, +∞[. Calculer, après avoir prouvé qu’elle est définie, l’intégrale
Z π
ln(x2 − 2x cos t + 1) dt
0
(on pourra utiliser des sommes de Riemann).
CHAPITRE 2
Dans ce chapitre, nous allons étudier l’intégration sur un intervalle quelconque. L’intégrale y est
alors définie naturellement par passage à la limite de l’intégrale définie sur un segment.
Les fonctions utilisées ici sont définies sur un intervalle I quelconque (non vide) de R, à valeurs
réelles ou complexes et localement intégrables (par exemple continues, continue par morceaux ou
encore réglées).
On rappelle que f : I → C est dite localement intégrable si f est Riemann-intégrable sur tout
segment contenu dans I.
2.1. Généralités
Définition 2.1. — Soient [a, b[ un intervalle de R (−∞ < a < b ≤ +∞) et f : [a, b[→ C localement
intégrable.
Z x Z b
i. Si la limite I = lim f (t)dt existe et est finie, on dit que l’intégrale impropre f (t)dt
x→b a a
x<b
Z +∞
converge, ou « existe ». On note alors f (t)dt = I). Sinon on dit qu’elle diverge.
a
Z x Z b
ii. Si la limite lim |f (t)|dt existe et est finie, on dit que l’intégrale impropre f (t)dt converge
x→b a a
x<b
absolument.
Rx
Remarque: La question est donc de savoir si l’application continue F : [a, b[→ C, F (x) = a f (t)dt
admet une limite finie à gauche en b. Si c’est le cas, l’intégrale converge, sinon, elle diverge.
De même,
Définition 2.2. — Soient ]a, b] un intervalle de R (−∞ ≤ a < b < +∞) et f :]a, b] → C localement
intégrable.
Z b Z b
i. Si la limite I = x→a
lim f (t)dt existe et est finie, on dit que l’intégrale impropre f (t)dt
x>a x a
Z b
converge, ou « existe ». On note alors f (t)dt = I). Sinon on dit qu’elle diverge.
a
Z b Z b
lim
ii. Si la limite x→a |f (t)|dt existe et est finie, on dit que l’intégrale impropre f (t)dt converge
x>a x a
absolument.
50 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
Rx
Remarque: La question est donc de savoir si l’application continue F :]a, b] → C, F (x) = b f (t)dt
admet une limite finie à droite en a. Si c’est le cas, l’intégrale converge, sinon, elle diverge.
Définition-Proposition 2.3. — Soient ]a, b[ un intervalle de R (−∞ ≤ a < b ≤ +∞) et f :]a, b[→
Z α Z b
C localement intégrable. S’il existe α, β ∈]a, b[, tels que les intégrales f (t)dt et f (t)dt sont
Z c Z b a β
convergentes, alors, pour tout c ∈]a, b[ la somme J = f (t)dt + f (t)dt est bien définie et ne
Z b a c Z b
dépend pas de c. On dit alors que l’intégrale f (t)dt est convergente et l’on note J = f (t)dt.
a a
Rα Rb
Preuve : Supposons qu’il existe α, β ∈]a, b[ tels que les intégrales a f (t)dt et β f (t)dt sont conver-
Rc Rα Rc Rc
gentes. Soient c ∈]a, b[. Alors, pour tout x ∈]a, b[, x f (t)dt = x f (t)dt+ α f (t)dt et donc x→a
lim x f (t)dt
x>a
Rc Rα Rc Rb Rβ
existe et vaut a f (t)dt = a f (t)dt + α f (t)dt. De même c f (t)dt converge et vaut c f (t)dt +
Rb Rc Rb
β
f (t)dt. Ainsi J = a f (t)dt + c f (t)dt est bien définie, vaut
Z α Z c Z β Z b Z α Z β Z b
J = f (t)dt + f (t)dt + f (t)dt + f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt + f (t)dt
a α c β a α β
Remarque: (Important !) Les propriétés élémentaires satisfaites par l’intégrale de Riemann res-
tent vraies pour les intégrales impropres convergentes : linéarité, positivité, relation de Chasles...
Elles s’obtiennent par passage à la limite des relations connues pour les intégrales sur un segment.
1
ii. Considérons fα (t) = , α ∈ R, I =]0, 1]. Alors
tα
h
1−α 1
Z 1 i 1−α
dt t1−α = 1−x 1−α si α 6= 1
α
= x .
x t 1
[ln t] = − ln x si α = 1.
x
R1
Ainsi 0
fα est convergente si et seulement si α < 1, et dans ce cas,
Z 1
1
fα (t)dt = .
0 1−α
Z b
dt
iii. Plus généralement, pour a, b ∈ R, l’intégrale est convergente si et seulement si α < 1.
a (t − a)α
Z +∞
dt
iv. De même l’intégrale est convergente si et seulement si α > 1. En effet,
1 tα
1−α x
h i 1−α
dt t1−α = x 1−α−1 si α 6= 1
Z x
α
= 1 .
1 t [ln t]x = ln x si α = 1.
1
Les exemples ii et iv sont appelées les intégrales de Riemann. Elles joueront un rôle crucial
dans l’étude des intégrales impropres, car on s’efforcera autant que possible de s’y ramener via le
théorème de comparaison (voir théorème 2.12).
Remarque: Ce théorème est souvent donné en définition, car c’est une façon naturelle d’étendre
la définition d’intégrabilité sur un segment.
Preuve : Soit I l’intervalle ouvert, semi-ouvert ou fermé (a, b), −∞ ≤ a < b ≤ +∞, et c ∈]a, b[. Le fait
que f : I → R+ soit localement intégrable nous assure que pour tout segment J ⊂ I, f est intégrable
au sens de Riemann R bsur J.
Supposons que a f (t)dt converge. Soit un segment J = [d, e] ⊂ I. D’après la relation de Chasles
pour les intégrales impropres, on a ;
Z Z d Z Z b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt + f (t)dt.
I a J e
Rd Rb R R
Par
Z positivité de l’intégrale,
Z a
f (t)dt et e
f (t)dt sont positives, et on a alors I
f (t)dt ≥ J
f (t)dt et
f (t)dt ≥ sup f (t)dt.
I J⊂I J
J segment
R Réciproquement, supposons qu’il existe une constante absolue AR telle que pour tout segment J ⊂ I
I
f (t)dt ≤ A. Considérons alors le réel (≤ A) S = sup J⊂I J
f (t)dt. Soit c ∈ I. Les fonctions
Rc J segmentR
x
F1 :]a, c] → R F1 (x) = x f (t)dt et F2 : [c, b[→ R, F2 (x) = c f (t)dt sont bornées par A (J =
[x, c] est un segmet). F1 étant décroissante et F2 croissante, elles admettent donc des limites en a
2.3. COMPARAISON DES INTÉGRALES IMPROPRES DE FONCTIONS POSTIVES 53
Rb
et b respectivement. On en déduit que l’intégrale a f (t)dt converge. Soient (xn ) et (yn ) deux suites
d’éléments de I convergentes vers a et b respectivement. On a alors
Z b Z yn
f (t)dt = lim f (t)dt ≤ S,
a n→+∞ xn
Z b
d’où f (t)dt = S, d’après la première partie de la preuve.
a
On en déduit immédiatement la conséquence suivante :
Preuve : Il suffit d’appliquerR le critère du théorème. L’idée est de se ramener à la comparaison R d’inté-
grales sur un R segment. Si
R I g(t)dt converge, il existe A tel que pour tout segment
R J ⊂ I J
g(t)dt ≤ A.
Mais alors J f (t)dt ≤ JR g(t)dt ≤ A pour tout segment J ⊂ I et donc I f (t)dt R converge. Récipro-
quement,
R soit
R A ∈ R. Si
R I f (t)dt diverge, il Rexiste un segment J ⊂ I tel que J
f (t)dt > A. Comme
J
f (t)dt ≤ J
g(t)dt, J
g(t)dt > A, et donc I
g(t)dt diverge.
0
Remarque: Toute fonction à valeurs positives Cmx dont on connaît l’intégrabilité sur I devient
une fonction de référence permettant d’obtenir l’intégrabilité d’autres fonctions via le théorème.
R f : I = [a, +∞[→ R localement intégrable sur I ayant une limite finie ` > 0
Exercice 2.1. — Soit
en +∞. Montrer que I f n’est pas convergente.
Exercice 2.2. — Construire un exemple de fonction continue intégrable sur [a, +∞[ qui n’ait pas de
limite nulle en +∞. On verra ensuite que cela ne peut pas se produire si f est uniformément continue.
Corollaire
Z 2.9. — Si f est fonction localement intégrable bornée sur un intervalle borné I, alors
f (t)dt est convergente.
I
Preuve : Soit I = (a, b) un intervalle borné, c’est à dire ouvert, semi ouvert ou fermé avec −∞ < a <
b < +∞. R f étant bornée, il existeR M > 0 telle que, pour tout xR∈ I, |f (x)| ≤ M. Pour tout segment
J ⊂ I, J M dt ≤R M (b − a) donc I M dt est convergente. Ainsi I |f (t)|dt est convergente, et d’après
le corollaire 2.6 I f (t)dt converge.
1
Exemple: Considérons f (t) = 1 + sin 1t sur ]0, 1]. 0 f (t)dt est convergente car f est bornée par 2,
R
mais elle ne l’est pas sur [1, +∞[ car f est alors minorée par 1.
R R
Proposition 2.10. — Si f est continue sur I à valeurs positives telle que I f converge, alors I f =
0 si et seulement si f = 0̃.
R
R : Soit f continue positive sur I. Il est évident que si f = 0 alors I f = 0. Supposons maintenant
Preuve
que I f = 0 et qu’il existe c tel que f (c) > 0. f étant continue, il existe 0 < δ < |I| que pour tout
f (c) R
x∈J = R [c − δ, c +Rδ] ∩ I f (x) ≥ 2 . Alors J f (t)dt ≥ δf (c) > 0. C’est absurde car f étant positive
sur I, I f (t)dt ≥ J f (t)dt.
54 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
Z b
ii. Si g(t)dt diverge alors, lorsque x → b− ,
a
Z x Z x Z x Z x Z x Z x
f (t)dt ∼ g(t)dt resp. f (t)dt = o g(t)dt , resp. f (t)dt = O g(t)dt .
a a a a a a
Preuve :
Rb
i. Supposons que a g(t)dt converge. Supposons qu’il existe M > 0 et c ∈ [a, b[ tels que, pour tout
x ∈ [c, b[ f (x) ≤ M g(x). C’est le cas dès que f (x) ∼b− g(x) (resp. f (x) = ob− (g), resp. f (x) =
Rx Rc Rx Rb
Ob− (g).) Alors, pour tout x ∈ [c, b[, a f (t)dt = a f (t)dt + c f (t)dt. Comme c M g(t)dt est
Rb Rb
convergente, c f (t)dt est convergente en vertu du corollaire 2.8. a f (t)dt est donc convergente.
Rb Rb
De plus on a, pour tout x ∈ [c, b[, x f (t)dt ≤ M x g(t)dt. Par conséquent, si f = Ob− (g),
Rb Rb
x
f (t)dt = Ob− ( x g(t)dt).
Supposons que f = ob− (g). Soit ε > 0. Il existe d ∈ [a, b[ tel que, pour tout x ∈ [d, b[
Rb Rb
f (x) ≤ εg(x). Alors pour tout x ∈ [d, b[, x f (t)dt ≤ ε x g(t)dt. Comme les intégrales sont
Rb Rb
positives, on a donc x f (t)dt = ob− ( x g(t)dt).
Supposons que f ∼b− g, c’est à dire que f − g = ob− (g). Soit ε > 0. Il existe alors d ∈ [a, b[ tel
que, pour tout x ∈ [d, b[ |f (x) − g(x)| ≤ εg(x). On a donc, pour tout x ∈ [d, b[
Z b Z x Z b Z b Z b
f (t)dt − g(t)dt = (f (t) − g(t))dt ≤ |f (t) − g(t)| dt ≤ ε g(t)dt.
x b x x x
Rb Rb Rb Rb Rb
On a donc f (t)dt − x x
g(t)dt = ob− ( x g(t)dt), d’où x f (t)dt ∼ x g(t)dt.
Rb
ii. Supposons que a g(t)dt diverge, c’est à dire que la fonction croissante (puisque g est positive)
Rx
x 7→ a g(t)dt a pour limite +∞ en b. Supposons que f = Ob− (g), c’est à dire qu’il existe M > 0
et c ∈ [a, b[ tel que pour tout x ∈ [c, b[, f (x) ≤ M g(x). On a alors
Z x Z c Z x Z c Z x
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt ≤ f (t)dt + M g(t)dt
a
Zac c
Z x a
Z c c
Z x
Comme g(t)dt → +∞, il existe d ∈ [c, b[, tel que, pour tout x ∈ [d, b[,
a
Z x Z c Z c
1
g(t)dt ≥ f (t)dt − g(t)dt.
a M a a
Z +∞
nous assure alors que f (t)dt est convergente. Comme f est localement intégrable,
max(a,1)
Z max(a,1) Z +∞
f (t)dt existe, et f (t)dt est donc également convergente.
a a
R
iv. Pour établir la convergence de l’intégrale impropre I f (t)dt d’une fonction positive f sur un
intervalle quelconque I = (a, b) avec −∞ ≤ a < b ≤ +∞, on procède en général ainsi :
– on commence par montrer que f est intégrable sur tout segment contenu dans I. Pour cela,
un argument de continuité, de continuité par morceaux ou de monotonie suffit souvent
[au pire, on montre que f est réglée sur tout segment].
– On s’intéresse au comportement de f aux bornes a et b [si I = [a, b[ (resp. I =]a, b])
il suffit de s’intéresser au problème en b (resp. en a)]. On cherche un équivalent ou une
majoration de f au voisinage de a et b, bien souvent du même type qu’en iii. On conclut
alors en utilisant le théorème de comparaison.
v. Pour établir la divergence d’une telle intégrale, on cherchera à donner un équivalent (aux
bornes) g de f dont l’intégrale diverge, ou encore à minorer f par une fonction h positive
Rd
dont l’intégrale diverge, ou enfin à minorer c f (t)dt par une quantité tendant vers +∞ avec
c → a+ ou d → b− .
vi. Si f n’est pas positive, on peut tout de même appliquer le théorème à |f | et avoir des infor-
mations sur l’absolue convergence. Rappelons que f = O(g) si et seulement si |f | = O(g). Par
Z +∞
exemple, si f : [1, +∞[ est localement intégrable et si f = O+∞ (t−2 ), l’intégrale |f (t)|dt
Z +∞ 1
est convergente d’après le théorème et, par conséquent, l’intégrale f (t)dt est absolument
1
convergente (donc convergente).
Théorème 2.13. — (Intégration par parties). Soient u, v : [a, b[→ C deux fonctions de classe
Z b Z b
C 1 . Si lim u(x)v(x) existe, les intégrales u(t)v 0 (t)dt et u0 (t)v(t)dt sont de même nature. De
x→b a a
x<b
plus, si elles convergent, on a
Z b Z b
0
u(t)v (t)dt = [uv]ba − u0 (t)v(t)dt,
a a
2.4. PROPRIÉTÉS DES INTÉGRALES IMPROPRES 57
Preuve : On applique le théorème 1.40 aux fonctions u et v sur tout intervalle [a, x] ⊂ [a, b[. On a
alors, pour tout x ∈ [a, b[,
Z x Z x
0
u(t)v (t)dt = u(x)v(x) − u(a)v(a) − u0 (t)v(t)dt.
a a
Z x Z x
0
Comme lim u(x)v(x) existe, lim u(t)v (t)dt existe si et seulement si lim u0 (t)v(t)dt existe, et
x→b x→b a x→b a
x<b x<b x<b
dans ce cas, on a bien l’égalité :
Z b Z b
u(t)v 0 (t)dt = [uv]ba − u0 (t)v(t)dt.
a a
Z +∞
Exercice 2.4. — On considère pour tout n ∈ N In = tn e−t dt.
0
i. Justifier l’existence de In .
ii. Calculer In .
Exercice 2.5. — On considère le logarithme intégral, qui est l’application définie par
Z x
dt
∀x ≥ 2 li(x) = .
2 ln t
[Cette application approche très bien le nombre de nombres premiers ≤ x, c’est pourquoi son étude est
importante.] Pour tout n ∈ N∗ , donner un développement asymptotique de li(x) à n termes lorsque
x → +∞.
Théorème 2.14. — Changement de variable. Soient φ un C 1 difféomorphisme croissant de [α, β[
Z β
sur [a, b[ (−∞ < α < β ≤ +∞) et f : [a, b[→ C continue. Alors les intégrales f (φ(t))φ0 (t)dt et
Z b α
Z +∞ Z +∞ √
1
i. A = dt vi. F = te− t
dt
0 t2 + 4 0
Z +∞
Z +∞
1 1
ii. B = dt vii. G = dt, a, b > 0.
(t + 1)(t + 2) 0 a2 + b2 t 2
0 Z +∞
dt
Z +∞
2t ln t viii. H = √
iii. C = dt 1 t 1 + t2
0 (1 + t2 )2 +∞
ln(1 + t2 )
Z
1 ix. I = dt
t2
Z
ln t 0
iv. D = √ +∞
1−t
Z
0 1
x. J = dt
Z +∞ −∞ cht
v. E = e−t cos tdt R1 √
0
xi. K = 0 arctan 1 − t2 dt.
Z π
2 t t
xii. L = ln(sin t)dt. (Intégrale de Dirichlet) [Indication : on pourra écrire sin t = 2 sin cos ]
0 2 2
Exercice 2.7. — Intégrales de Bertrand. Soient α et β des nombres réels.
i. Montrer que
Z +∞
dt
converge ⇔ (α > 1 ou (α = 1 et β > 1))
e tα lnβ t
ii. Montrer que
Z 1
!
e dt
converge ⇔ (α < 1 ou (α = 1 et β > 1))
0 tα | ln t|β
Z +∞
1 2
Exercice 2.8. — On considère, pour tout λ ≥ 0, f (λ) = e−λt dt.
0 1 + t2
i. Calculer f (0) et justifier l’existence de f (λ) pour tout λ ∈ R∗+ .
1
ii. Montrer que f (λ) = O √ lorsque λ → +∞.
λ
Z a Z a
∗ 1 −λt2 1
iii. Soit a ∈ R+ . Montrer que lim e dt = dt [indication : noter que pour tout
λ→0 0 1 + t2 0 1+t
2
2 2
t ∈ [0, a], e−λt ≥ e−λa ].
iv. Montrer que limλ→0 f (λ) = f (0).
Z +∞
1 ε
[Indication : fixer ε > 0 et choisir a ∈ R+ tel que dt ≤ ]
a 1 + t2 3
Z +∞
2
Exercice 2.9. — Intégrale de Gauss. Soit I = e−t dt.
0
i. Justifier l’existence de I.
√
ii. Soit n ∈ N∗ . Pour tout t ∈ [0, n], montrer que
n −n
t2 t2
−t2
1− ≤e ≤ 1+ .
n n
2.5. INTÉGRALES SEMI-CONVERGENTES 59
Preuve : Soit ε > 0. f est uniformément continue sur [a, +∞[ donc il existe α > 0 tel que, pour tous
ε R +∞
x, y ∈ [a, +∞[ vérfiant |x − y| ≤ α, |f (x) − f (y)| ≤ . De plus, a f (t)dt converge donc, d’après le
2 Z y
αε
critère de Cauchy, il existe A > a tel que, pour tous x, y ∈ [A, +∞[, f (t)dt ≤ .
x 2
Soit x > A. Alors
Z x+α Z x+α Z x+α
1 1
|f (x)| = f (x)dt = (f (x) − f (t))dt + f (t)dt
α x α x x
Z x+α Z x+α Z x+α Z x+α
1 1
≤ (f (x) − f (t))dt + f (t)dt ≤ |f (x) − f (t)| dt + f (t)dt
α x x α x x
Z x+α
1 ε εα
≤ dt + ≤ ε.
α x 2 2
D’où lim f (x) = 0.
x→∞
Z +∞
Exercice 2.11. — Soit f : R+ → R une fonction de classe C 1 telle que les intégrales f (t)dt et
Z +∞ 0
Z b
alors f (t)g(t)dt est convergente.
a
ε
Preuve : Soit ε > 0. D’après i, il existe c tel que, pour tout x ∈ [c, b[, f (x) ≤ . Soient x, y ∈ [c, b[
A
tels que x < y. Vu les hypothèses, on peut appliquer la seconde formule de la moyenne 1.43, il existe
Z y Z d
alors d ∈ [x, y] tel que f (t)g(t)dt = f (x) g(t)dt. On a alors
x x
Z y
f (t)g(t)dt ≤ f (x)A ≤ Aε,
x
d’où le résultat d’après le critère de Cauchy.
Exemple: On considère la fonction g : [a, +∞[→ C définie par g(t) = eiλt , où a ∈ R, λ ∈ R∗ . Pour
tout x > a, on a Z x
eiλx − eiλa 2
g(t)dt = ≤ .
a λ |λ|
Ainsi pour toute fonction f : [a, +∞[ décroissante tendant vers 0 à l’infini (par exemple f (t) =
Z +∞
1
, α > 0), f (t)eiλt dt est convergente.
tα a
Théorème 2.17. — Critère d’Abel (bis). Soit f : [a, b[→ R et g : [a, b[→ C des applications
localement intégrables sur [a, b[. Si, elles satisfont aux deux conditions :
i. f ≥ 0, f décroissante,
Z b
ii. g(t)dt est convergente,
a
Z b
alors l’intégrale f (t)g(t)dt est convergente.
a
Rb
Preuve : Soit ε > 0. a g(t)dt est convergente, donc il existe c ∈ [a, b[ tel que, pour tout x, y ∈ [c, b[
Ry
| x g(t)dt ≤ ε. Soient x, y ∈ [c, b[ tels que x < y. Vu les hypothèses, on peut appliquer la seconde
Z y Z d
formule de la moyenne 1.43, il existe alors d ∈ [x, y] tel que f (t)g(t)dt = f (x) g(t)dt. On a alors
x x
Z y Z d
f (t)g(t)dt ≤ f (x) g(t)dt ≤ f (a)ε,
x x
Rb
Soit a
f (t)dt une intégrale, −∞ ≤ a < b ≤ +∞.
1. Observation : les bornes a, b sont elles finies, infinies ? f est-elle positive ? f est-elle continue, continue
par morceaux, réglée sur ]a, b[? Dans ce cas f est localement Riemann-intégrable sur ]a, b[. Quel est
le comportement de f en a, b?
2. Localiser les problèmes : si a = −∞, ou bien si a ∈ R et si f n’a pas une limite finie en a, un
problème se pose. De même si b = +∞ ou si b ∈ R et f n’a pas de limite finie en b, il y a un problème
Rc Rb
en b. On traite alors chaque problème l’un après l’autre (il faut la convergence de a f et de c f pour
Rb
un certain c ∈ R pour avoir la convergence de a f.
2.7. Exercices
Exercice 2.1. — RSoit f : I = [a, +∞[→ R localement intégrable sur I ayant une limite ` > 0 en
+∞. Montrer que I f n’est pas convergente.
Exercice 2.2. — Construire un exemple de fonction continue intégrable sur [0, +∞[ qui n’ait pas de
limite nulle en +∞. On verra ensuite que cela ne peut pas se produire si f est uniformément continue.
Exercice 2.3. — Déterminer si les intégrales suivantes existent :
Z +∞ Z 1 Z +∞
ln t ln t t
i. dt iv. −√ dt vii. t− t+1 dt
1 t2 0 t − t2 1
Z 1 +∞ Z +∞
dt dt
Z
2
ii. v. e−(ln t) dt viii.
0 | ln t| 1 0 1 + | cos t|
+∞ π +∞
1 + t2
Z Z Z
dt
iii. dt vi. √ dt. ix. e−t sin t dt
1 t5 − 1 0 sin t 0
Z +∞
Exercice 2.4. — On considère pour tout n ∈ N In = tn e−t dt.
0
i. Justifier l’existence de In .
ii. Calculer In .
Exercice 2.5. — On considère le logarithme intégral, qui est l’application définie par
Z x
dt
∀x ≥ 2 li(x) = .
2 ln t
[Cette application approche très bien le nombre de nombres premiers ≤ x, c’est pourquoi son étude est
importante.] Pour tout n ∈ N∗ , donner un développement asymptotique de li(x) à n termes lorsque
x → +∞.
Exercice 2.6. — Justifier l’existence puis calculer les intégrales suivantes :
Z +∞ Z +∞ √
1
i. A = dt vi. F = te− t
dt
0 t2 + 4 0
Z +∞
Z +∞
1 1
ii. B = dt vii. G = dt, a, b > 0.
(t + 1)(t + 2) 0 a2 + b2 x2
0 Z +∞
dt
Z +∞
2t ln t viii. H = √
iii. C = dt 1 t 1 + t2
0 (1 + t2 )2 +∞
ln(1 + t2 )
Z
1 ix. I = dt
t2
Z
ln t 0
iv. D = √ +∞
1−t
Z
0 1
x. J = dt
Z +∞ −∞ cht
v. E = e−t cos tdt R1 √
0
xi. K = 0 arctan 1 − t2 dt.
Z π
2 t t
xii. L = ln(sin t)dt. (Intégrale de Dirichlet) [Indication : on pourra écrire sin t = 2 sin cos ]
0 2 2
Exercice 2.7. — Intégrales de Bertrand. Soient α et β des nombres réels.
64 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
i. Montrer que
Z +∞
dt
converge ⇔ (α > 1 ou (α = 1 et β > 1))
e t lnβ t
α
Z +∞
1 2
Exercice 2.8. — On considère, pour tout λ ≥ 0, e−λt dt.
f (λ) =
2
0 1 + t
i. Calculer f (0) et justifier l’existence de f (λ) pour tout λ ∈ R∗+ .
1
ii. Montrer que f (λ) = O √ lorsque λ → +∞.
λ
Z a Z a
1 −λt2 1
iii. Soit a ∈ R∗+ . Montrer que lim e dt = dt [indication : noter que pour tout
λ→0 0 1 + t2 0 1 + t2
2 2
t ∈ [0, a], e−λt ≥ e−λa ].
iv. Montrer que limλ→0 f (λ) = f (0).
Z +∞
1 ε
[Indication : fixer ε > 0 et choisir a ∈ R+ tel que 2
dt ≤ ]
a 1+t 3
Z +∞
2
Exercice 2.9. — Intégrale de Gauss. Soit I = e−t dt.
0
i. Justifier l’existence de I.
√
ii. Soit n ∈ N∗ . Pour tout t ∈ [0, n], montrer que
n −n
t2 t2
−t2
1− ≤e ≤ 1+ .
n n
iii. Montrer que pour tout n ∈ N∗ ,
Z π2 √ π
√
Z n √
Z 2
2n+1 −t2
n sin u du ≤ e dt ≤ n sin2n−2 v dv.
0 0 0
√ √ cos v
[Indication : on pourra effectuer les changements de variable t = n cos u et t = n ].
sin v
iv. En déduire la valeur de I [Indication : penser aux intégrales de Wallis].
Exercice 2.10. — Soit f : [0, +∞[→ R une fonction de classe C 2 nulle en 0 telle que les intégrales
Z +∞ Z +∞ Z +∞
002
I0 = 2
f (t)dt et I2 = f (t)dt convergent. Montrer que l’intégrale I1 = f 02 (t)dt
0 0 0
converge et que I12 ≤ I0 I2 .
Z +∞
1
Exercice 2.11. — Soit f : R+ → R une fonction de classe C telle que les intégrales f (t)dt et
Z +∞ 0
2.8. Solutions
Exercice 2.1. — RSoit f : I = [a, +∞[→ R localement intégrable sur I ayant une limite ` > 0 en
+∞. Montrer que I f n’est pas convergente.
`
Solution : Il existe c ∈ [a, +∞[ tel que pour tout x ∈ [c, +∞[, f (x) ≥ . On a alors, pour tout
2
x ∈ [c, +∞[,
Z x Z c Z x Z c
`
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt ≥ f (t)dt + (x − c) . .
a a c 2
|a {z } | {z }
constante →+∞
Z x R +∞
Ainsi lim f (t)dt = +∞ et a
f (t)dt n’est pas convergente.
x→+∞ a
Exercice 2.2. — Construire un exemple de fonction continue intégrable sur [0, +∞[ qui n’ait pas de
limite nulle en +∞. On verra ensuite que cela ne peut pas se produire si f est uniformément continue.
de sorte que f soit continue, nulle hors des intervalles du type [n − n21n , n + n21n ], n ≥ 2, de maximum
Z x E(x)+1
X 2
égal à n sur chacun de ces intervalles. On a alors f (t)dt ≤ n où E(x) est le plus grand
0 n=2
n2n
E(x)+1 n−1 m
X 1 X 1 1 − 21m
entier plus petit que x. De plus est bornée par 1 car 2−n = ≤ 1. Ainsi
n=2
2 n=1
2 1 − 12
Z x
f (t)dt est majorée et donc converge lorsque x → +∞. Pourtant, f n’est pas bornée.
0
Solution : [On va utiliser le théorème de comparaison, comparant aux bornes nos fonctions avec des
fonctions de référence (de Riemann).]
ln t 3
i. t 7→ lnt2t est continue sur [1, +∞[ donc localement intégrable. En t → +∞, on a 2 = O t− 2 .
Z +∞ t
− 32
R +∞ ln t
Comme l’intégrale de Riemann t dt converge, 1 t2 dt est convergente d’après le théo-
1
rème de comparaison (thérorème 2.12).
66 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
1 1
ii. f : t 7→ 1
| ln t| est continue sur ]0, 1[ donc localement intégrable. En t → 0+ , = O t− 2 ,
| ln t|
Z 1
R 12 1 − 1 1 1
et ainsi 0 | ln t| est convergente. Cependant, lorsque t → 1 , ∼ . Comme dt
| ln t| 1−t 1 1 − t
2
Z 1
R1
n’est pas convergente, f (t)dt n’est pas convergente et 0 f (t)dt ne l’est pas non plus.
1
2
2
1+t
iii. t 7→ t5 −1est continue sur ]1, +∞[ donc localement intégrable. Étudions son comportement en
Z 2
1 + t2 2 dt R2 2
+
1 . On a 5 ∼ . Comme l’intégrale est divergente, l’intégrale 1 t1+t
5 −1 dt est
t −1 5(t − 1) 1 t−1
divergente d’après le théorème de comparaison.
− ln t − ln t
iv. t 7→ √−t−t
ln t
2
est continue sur ]0, 1[ donc localement intégrable. En 0+ , on a √ ∼ √ =
t−t 2 t
Z 12 Z 12
3 3 − ln t
O t− 4 . Comme t− 4 dt est convergente, √ dt existe d’après le théorème de com-
0 0 t − t2
paraison.
Z 1 Z 1
− √ − ln t 1−t
√ − ln t − ln t
En 1 , t−t2 ∼ 1−t = 1 − t, donc
√ √ dt existe. Ainsi √ dt est convergente.
1 t−t 2 t − t2
2 0
2
v. t 7→ e−(ln t) est continue sur [1, +∞[ donc est localement intégrable. Pour tout t ≥ e2 , ln t ≥ 2
2 1 R +∞
donc ln2 t ≥ 2 ln t et donc e− ln t ≤ e−2 ln t = 2 . Comme 1 t−2 dt converge, on en déduit la
t
Z +∞
2
convergence de e− ln t dt.
1
1
vi. t 7→ √ est continue sur ]0, π[ donc localement intégrable. Étudions son comportement en 0+
sin t Z 1
1 1 dt
et π − . On a, en 0+ , √ ∼ √ car sin t ∼ t. Ainsi √ est convergente d’après le théorème
sin t t 0 sin t Z
π
1 1 dt
de comparaison. En π − on a de même √ ∼√ , et donc √ est convergente. Ainsi
Z π sin t π − t 1 sin t
dt
√ est convergente.
0 sin t
t t
vii. f : t 7→ t− t+1 = exp − ln t est continue sur [1, +∞[ donc est localement intégrable.
t+1
Étudions son comportement en +∞. On a, lorsque x → +∞,
t (t + 1) − 1 ln t 1
f (t) = exp − ln t = exp − ln t = exp (− ln t) exp ∼ .
t+1 t+1 t+1 t
R +∞ −1 R +∞
L’intégrale 1 t dt étant divergente, l’intégrale 1 f (t)dt est divergente d’après le théorème
de comparaison.
dt R +∞
viii. f : t 7→ est continue donc localement intégrable, mais l’intégrale 0 f (t)dt n’est pas
1 + | cos t|
convergente car f (t) ≥ 12 pour tout t ∈ R+ .
ix. f : e−t sin t est continue sur [0, +∞[, donc localement intégrable. On va minorer cette fonction sur
certains intervalles. Soit k ∈ N∗ . Remarquons que pour tout t ∈ [(2k − 1)π, 2kπ], −t sin t ≥ 0 et
donc f (t) ≥ 1. Soit n ∈ N∗ . Comme f est une fonction positive, on a
Z 2nπ 2n−1
X Z (i+1)π Xn Z 2kπ Xn Z 2kπ
f (t)dt = f (t)dt ≥ f (t)dt ≥ 1dt = nπ.
0 i=0 iπ k=1 (2k−1)π k=1 (2k−1)π
2.8. SOLUTIONS 67
Z 2nπ Z +∞
Ainsi lim f (t)dt = +∞ et donc l’intégrale f (t)dt est divergente.
n→+∞ 0 0
Z +∞
Exercice 2.4. — On considère pour tout n ∈ N In = tn e−t dt.
0
i. Justifier l’existence de In .
ii. Calculer In .
Solution :
n −x 1
i. Soit n ∈ N. fn : x 7→ x e est continue sur [0, +∞[ et vérifie fn (x) = O+∞
. Le théorème
x2
Z +∞
de comparaison nous assure alors de la convergence de In pour tout n ∈ N, puisque t−2 dt
1
est convergente.
ii. Soit n ∈ N. On intègre par parties In+1 . On a alors
Z +∞ Z +∞
n+1 −t
n+1 −t +∞
In+1 = t e dt = −t e + (n + 1)tn e−t dt = (n + 1)In .
0 | {z 0 } 0
=0−0=0
Z +∞
Comme I0 = e−t dt = [−e−t ]+∞
0 = 1, Par récurrence immédiate, on a pour tout n ∈ N
0
In = n!.
Exercice 2.5. — On considère le logarithme intégral, qui est l’application définie par
Z x
dt
∀x ≥ 2 li(x) = .
2 ln t
[Cette application approche très bien le nombre de nombres premiers ≤ x, c’est pourquoi son étude est
importante.] Pour tout n ∈ N∗ , donner un développement asymptotique de li(x) à n termes lorsque
x → +∞.
Solution : On intègre par parties :
Z x x Z x
dt t 1
li(x) = = + 2 dt.
2 ln t ln t 2 2 ln t
∗
Observons que, pour k ∈ N
Z x x Z x
dt t 1
k
= k
+ k k+1
dt.
2 ln t ln t 2 2 ln t
Par récurrence immédiate, on obtient alors, pour tout n ≥ 1,
n−1 x Z x
X t 1
li(x) = (k − 1)! k
+ (n − 1)! n dt.
k=1
ln t 2 2 ln t
Rx
Estimons le terme 2 ln1n t dt. [C’est une intégrale divergente, donc il suffit de trouver un équivalent de
1 1 1 n
n qu’on sait intégrer.] On a, lorsque t → +∞, n ∼ n − n+1 . D’où d’après le théorème
ln t ln t ln t ln t
de comparaison, on a, lorsque t → +∞ :
Z x Z x x
1 1 n t
n dt ∼+∞ − dt = .
2 ln t 2 lnn t lnn+1 t lnn t 2
68 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
On en déduit que
n
X x x
li(x) = (k − 1)! + o .
lnk x lnn x
k=1
Exercice 2.6. — Justifier l’existence puis calculer les intégrales suivantes :
Z +∞ Z +∞ √
1
i. A = dt vi. F = te− t
dt
0 t2 + 4 0
Z +∞
Z +∞
1 1
ii. B = dt vii. G = dt, a, b > 0.
(t + 1)(t + 2) 0 a2 + b2 x2
0 Z +∞
dt
Z +∞
2t ln t viii. H = √
iii. C = dt 1 t 1 + t2
0 (1 + t2 )2 +∞
ln(1 + t2 )
Z
1 ix. I = dt
t2
Z
ln t 0
iv. D = √ +∞
1−t
Z
0 1
x. J = dt
Z +∞ −∞ cht
v. E = e−t cos tdt R1 √
0
xi. K = 0 arctan 1 − t2 dt.
Z π
2 t t
xii. L = ln(sin t)dt. (Intégrale de Dirichlet) [Indication : on pourra écrire sin t = 2 sin cos ]
0 2 2
Solution :
1
i. a : t 7→ dt est continue sur [0, +∞[ donc localement intégrable. Comme on a 0 ≤ a(t) ≤
t2 + 4R
1 +∞ −2 R +∞
t2 et comme 1 t dt est convergente, 1 a(t)dt est convergente (d’après le théorème de
R +∞
comparaison). Étant localement intégrable, 0 a(t)dt est aussi convergente. De plus, on a :
Z +∞
1 +∞
Z
1 1 dt
A= dt = .
t2+4 2 t 2 2
0 0 1+ 2
t
On effectue alors le changement de variables u = , et on obtient
2
1 +∞ du
Z
1 +∞ π
A= 2
= [arctan u]0 = .
2 0 1+u 2 4
1
ii. b : t 7→ est continue sur [0, +∞[ donc localement intégrable. Lorsque t → +∞,
(t + 1)(t + 2)
+∞ 1 R +∞
on a b(t) ∼ t12 . 1
R
t2 dt étant convergente, 1 b(t)dt est convergente (d’après le théorème de
R +∞
comparaison). On en déduit (de même que pour a) que 0 b(t)dt est convergente. De plus, on a
Z +∞ +∞
1 1 t+1
B= − dt = ln = ln 2.
0 t+1 t+2 t+2 0
2t ln t
iii. c : t 7→ est continue sur ]0, +∞[ donc localement intégrable. Il s’agit d’étudier la fonction
(1 + t2 )2
1 R1
en 0 et en +∞. Lorsque t → 0+ , on a |c(t)| ∼ 2|t ln t|. t ln t = O(t 2 ) donc 0 |tln t|dt
est conver-
R1 1 R +∞
gente. 0 c(t)dt est donc aussi convergente. Lorsque t → +∞, on a c(t) = O 2 , 1 c(t)dt
t
2.8. SOLUTIONS 69
R +∞
est donc convergente d’après le théorème de comparaison. 0 c(t)dt est donc convergente. On
propose deux méthodes de calculs pour C, l’une très naturelle et l’autre plutôt astucieuse.
On effectue le changement de variable u = t2 . On a
1 +∞ ln u
Z
C= du.
2 0 (1 + u)2
Soient ε, x > 0. En intégrant par parties,on a :
Z x x Z x x Z x
ln u ln u du ln u 1 1
2
dt = − + = − + − du
ε (1 + u) 1+u ε ε u(1 + u) 1+u ε ε u 1+u
x x
ln u u ln x x ln ε
= − + ln =− + ln + − ln ε + ln(1 + ε) .
1+u ε 1+u ε 1+x x+1 1+ε | {z }
→0
| {z } | {z }
→0 quand x→+∞ = ε1+ε
ln ε
→0
1
vii. g : t 7→ est continue sur [0, +∞[ car a 6= 0 et b ≥ 0. Elle est donc localement intégrable
a2 +b2 x2
1 R +∞ dt
sur [0, +∞[. On a, lorsque t → +∞, g(t) ∼ 2 2 (b 6= 0). Comme 1 b2 t2 est convergente,
Z +∞b t
R +∞ 1 dt
0
g(t)dt est convergente. On a G = 2 2 . On effectue le changement de variable
a 0 1 + ab t
b
u = t, et on a alors
a
Z +∞
1 1 1 +∞ π
G= du = [arctan u]0 = .
ab 0 1 + u2 ab 2ab
1
viii. h : t 7→ √ est continue sur [1, +∞[, et on a, lorsque t → +∞, h(t) ∼ t12 , donc (de même)
t 1 + t2
R +∞ √
1
h(t)dt est convergente. Pour calculer H on effectue le changement de variable u = 1 + t2
(c’est bien un C 1 -difféomorphisme). On a alors
Z +∞ Z +∞ Z +∞
tdt udu du
H= √ = √ 2
= √ 2
.
1
2
t 1−t 2
2 (u − 1)u 2 u −1
On obtient alors
+∞ √
Z +∞ √
1 1 1 1 u−1 1 2+1
H= √ − du = ln √
= ln √ = ln(1 + 2).
2 2 u−1 u+1 2 u+1 2 2 2−1
ln(1 + t2 ) 2 R1
ix. t 7→ est continue sur ]0, +∞[. Lorsque t → 0, ln(1+t t2
)
∼0 1. Comme 0 1dt est
t2 Z
1
ln(1 + t2 )
convergente, dt est convergente d’après le théorème de comparaison. Lorsque t →
0 t2
ln(1 + t2 ) 3
+∞, = O +∞ t− 2 . Le théorème de comparaison assure alors la convergence de
Z +∞ t2 Z +∞
ln(1 + t2 ) 3
2
dt, puisque t− 2 dt converge. Donc I est bien convergente. En intégrant par
1 t 1
parties [inté,grant t−2 et dérivant ln(1 + t2 )] on obtient pour tous réels 0 < ε < x,
Z x x Z x x
ln(1 + t2 ) − ln(1 + t2 ) − ln(1 + t2 )
2 x
dt = + dt = + 2 [arctan t]ε .
ε t2 t ε ε 1+t
2 t ε
En faisant tendre ε vers 0 et x → +∞, on obtient I = 0 − 0 + 2( π2 − 0) = π.
1 2 1
= O t12 lorsque t → +∞ et t →
x. t 7→ = t −t
est continue sur R et on a ch(t)
ch(t) e +e
Z +∞ Z −1
−2
−∞. De plus les intégrales t dt et t−2 dt sont convergentes. D’après le théorème de
1 −∞
2.8. SOLUTIONS 71
Z +∞ Z −1
1 1
comparaison, dt et dt sont donc convergentes, et J est alors convergente. ch
1 ch(t) −∞ ch(t)
Z +∞
1
étant paire, on voit qu’on a J = 2 dt [pour s’en convaincre, on effectue le changement
0 cht
de variable t 7→ −t].
On effectue alors le changement de variable u = φ(t) = et (dt = du u ). φ : [0 + ∞[→ [1, +∞[ est
un C 1 -difféomorphisme croissant et on a alors
Z +∞ Z +∞ Z +∞
1 2 du du +∞
π π
J =2 dt = 2 = 4 = 4 [arctan u] 1 = 4 − = π.
0 cht 1 u + u−1 u 1 1 + u2 2 4
√
xi. [Notons qu’une expression en 1 − t2 pousse à effectuer un changement de variable trigono-
métrique, et qu’arctan nous√ contraint à intégrer par parties pour se ramener à une fraction
rationnelle.] t 7→ arctan 1 − t2 est continue sur [0, 1] donc Riemann-intégrable. Effectuons le
changement de variables t = sin u. On obtient
Z π2
K= (cos u) arctan(cos u) du.
0
On intègre alors K par parties. On a
Z π2 Z π2 Z π2
π sin2 u 2 − (1 + cos2 u) 1 π
K = [(sin u) arctan(cos u)]02 + 2
du = 2
du = 2 2
du − .
| {z } 0 1 + cos u 0 1 + cos u 0 1 + cos u 2
=0−0=0
Z π
2 1 π
Reste à calculer 2
du. On effectue le changement de variables v = tan u. [tan : [0, [→
0 1 + cos u 2
[0, +∞[ est un C 1 difféomorphisme croissant ; cos2 u = 1/(1 + v 2 ), dv = (1 + v 2 )du.]. On a alors
Z π2 Z +∞ Z +∞
1 +∞
Z
1 1 dv dv dv
2u
du = 1 2
= 2
= 2
1 + cos 1 + 1 + v 2 + v 2
0 0 1+v 2 0 0 1 + √v2
+∞
1 v π
= √ arctan √ = √ .
2 2 0 2 2
√
2−1
Ainsi K = π.
2
xii. t 7→
ln(sin(t)) est continue sur ]0, π2 ] donc localement intégrable. En 0+ , on a ln sin t ∼ ln t =
1
Rπ
O t− 2 et donc 02 ln(sin(t))dt est convergente. [On ne sait pas donner de primitive de ln(sin(t))
à l’aide de fonctions usuelles, toutefois on peut calculer cette intégrale] Suivant l’indication, on a
Z π2 Z π2 Z π2 Z π2
t t t t
L= ln 2 + ln sin + ln cos dt = ln 2 dt + ln sin dt + ln cos dt
0 2 2 0 0 2 0 2
(toutes les intégrales convergent bien).
De plus, le changement de variable u = 2t conduit à
Z π2 Z π4
t
ln sin dt = 2 ln sin u du,
0 2 0
Rπ Rπ
et le changement de variable v = π2 − 2t à 02 ln cos 2t dt = 2 π2 ln sin v dv. On obtient donc
4
Z π4 Z π2
π π
L = ln 2 + 2 ln sin u du + 2 ln sin v dv = ln 2 + 2L.
2 0 π
4
2
72 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
Finalement L = − π2 ln 2.
Exercice 2.7. — Intégrales de Bertrand.
i. Montrer que
Z +∞
dt
converge ⇔ (α > 1 ou (α = 1 et β > 1))
e tα lnβ t
ii. Montrer que
Z 1
!
e dt
converge ⇔ (α < 1 ou (α = 1 et β > 1))
0 tα | ln t|β
Solution :
1
i. – Si α > 1, alors on écrit α = 1 + 2ε, ε > 0. Comme lim = 0 pour tout β ∈ R,
t→+∞ tε (ln t)β
1 1 1 1
β
= 1+ε =o .
α
t ln t t t lnβ t
ε t1+ε
Z +∞ Z +∞
dt dt
L’intégrale converge donc (théorème de comparaison) l’intégrale
e t1+ε e tα lnβ t
converge aussi.
tε
– Si α < 1, alors on écrit α = 1 − 2ε, ε > 0. Comme lim = +∞ pour tout β ∈ R, on
t→+∞ ln tβ
a, pour t assez grand,
1 1 tε 1
β
= 1−ε β ≥ 1−ε .
tα ln t t ln t t
Z +∞ Z +∞
dt dt
L’intégrale diverge donc (théorème de comparaison) l’intégrale di-
e t1−ε
e t lnβ t
α
verge.
– Si α = 1, deux cas se présentent.
Si β > 1, on écrit, pour tout x ≥ e :
Z x x
dt 1 1 1 1
β
= = − 1 .
e t ln t 1 − β lnβ−1 t e 1 − β lnβ−1 x
L’intégrale converge donc [cette expression a une limite finie lorsque x → +∞], et on a
Z +∞
dt 1
β
= .
e t ln t β − 1
Si β ≤ 1, on écrit, pour tout x ≥ e :
Z x Z x
dt dt x
β
≥ = [ln ln t]e = ln ln x.
e t ln t e t ln t
Z x
dt
Comme ln ln x → +∞ lorsque x → +∞, l’intégrale β
diverge.
e t ln t
ii. On utilise le théorème de changement de variable pour se ramener au cas précédent. On considère
φ : [e, +∞[→]0, 1e ] définie par φ(x) = x1 . φ est un C 1 difféomorphisme décroissant, et. on a
φ0 (x) = − x12 . Ainsi
Z 1e Z +∞ Z +∞
dt 1 dt dt
et =
α
0 t | ln t|
β
e t2 1t α | ln 1t |β e t2−α lnβ t
sont de même nature. On peut alors conclure par i.
2.8. SOLUTIONS 73
Z +∞
1 2
Exercice 2.8. — On considère, pour tout λ ≥ 0, e−λt dt.
f (λ) =
2
0 1+t
∗
i. Calculer f (0) et justifier l’existence de f (λ) pour tout λ ∈ R+ .
1
ii. Montrer que f (λ) = O √ lorsque λ → +∞.
λ
Z a Z a
1 −λt2 1
iii. Soit a ∈ R∗+ . Montrer que lim e dt = dt [indication : noter que pour tout
λ→0 0 1 + t2 0 1+t
2
2 2
t ∈ [0, a], e−λt ≥ e−λa ].
iv. Montrer que limλ→0 f (λ) = f (0).
Z +∞
1 ε
[Indication : fixer ε > 0 et choisir a ∈ R+ tel que 2
dt ≤ ]
a 1+t 3
Solution :
R +∞ 1 1 2
i. 0 +∞
1+t2 dt existe et vaut f (0) = [arctan t]0 = π
2. e−λt est continue
Soit λ ∈ R+ . t 7→
1 + t2
1 2 1
sur [0, +∞[ donc localement intégrable. De plus, pour tout t ∈ R+ on a 0 ≤ 2
e−λt ≤ ,
1+t 1 + t2
donc f (λ) existe (et on a f (λ) ≤ f (0)).
ii. Soit λ > 0. On a Z +∞ Z +∞
1 2 2
f (λ) = 2
e−λt dt ≤ e−λt dt.
0 1+t
|0 {z }
convergente car
2
e−λt =O(t−2 )
√
Le changement de variable u = λt conduit à
Z +∞ Z +∞ Z +∞
2 2 du 1 2
f (λ) ≤ e−λt dt = e−u √ = √ e−u du.
0 0 λ λ
|0 {z }
constante
Ainsi f (λ) = O √1 .
λ
2 2
iii. On a : pour tout t ∈ [0, a], 1 ≥ e−λt ≥ e−λa et donc
1 1 2 1 2
∀ t ∈ [a, b] ≥ e−λt ≥ e−λa
1 + t2 1 + t2 1 + t2
Donc, en intégrant, on obtient :
Z a Z a Z a
1 1 −λt2 −λa2 1
2
dt ≥ 2
e dt ≥ e 2
dt.
0 1+t 0 1+t 0 1+t
2
Comme lim e−λa = 1, on obtient
λ→0
Z a Z a
1 2 1
lim e−λt dt = dt.
λ→0 0 1 + t2 0 1 + t2
Z +∞
R +∞ 1 1 ε
iv. Soit ε > 0. 0 1+t2 dt
est convergente donc il existe a ≥ 0 tel que 2
dt ≤ . On a
a 1 + t 3
Z +∞
1 −λt2 ε
alors, pour tout λ ∈ R+ , e dt ≤ . Enfin, d’après iii., il existe α > 0 tel que pour
a 1 + t2 3
74 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
Solution :
2
: [0,+∞[→ R+ , t 7→ e−t est continue, donc localement intégrable. En +∞, on a f (t) =
i. f
Z +∞ Z +∞
1 2
O 2 . Comme t−2 dt converge, I = e−t dt converge.
t 1 0
∗
√
ii. Soit n ∈ N . Comme ln(1 + x) ≤ x pour tout x ∈] − 1, 1[, on a, pour tout t ∈ [0, n[,
t2 t2 t2
ln 1 − ≤ − ≤ − ln 1 + ,
n n n
d’où
n −n
t2 t2
2
2
n ln 1− tn 2 −n ln 1+ tn
1− =e ≤ e−t ≤ e = 1+ .
n n
iii. Soit n ∈ N∗ . Intégrons l’inégalité précédente. On a
Z √n n Z √n Z √n −n Z +∞ −n
t2 −t2 t2 t2
1− dt ≤ e dt ≤ 1+ dt ≤ 1+ dt.
0 n 0 0 n 0 n
| {z }
converge car O(t−2 )
2.8. SOLUTIONS 75
√ √
On effectue le changement de variable t = n cos u dans le membre de gauche et t = n cos v
sin v
dans le membre de droite de l’inégalité. On a alors
Z π2 Z √n Z π2 −n
√ √ cos2 v
2 1
n 2 n
sin u (1 − cos u) dt ≤ e−t dt ≤ n 1 + dv.
0 0 0 sin2 v sin2 v
| {z }
−n
=( sin12 v )
C’est à dire π √ π
√
Z 2
Z n √
Z 2
2n+1 −t2
n sin u du ≤ e dt ≤ n sin2n−2 v dv.
0 0 0
π √
√
Z r
2 π π
iv. Soit In = sinn u du. On a (cf intégrales de Wallis) In ∼ . D’où lim nI2n+1 = et
0 √ 2n n→+∞ 2
√ π
lim nI2n−2 = . Comme on a
n→+∞ 2
Z √n
√ 2 √
nI2n+1 ≤ e−t dt ≤ nI2n−2 ,
0
on en déduit que
Z +∞ Z √
n √
−t2 2 π
e dt = lim e−t dt = .
0 n→+∞ 0 2
Exercice 2.10. — Soit f : [0, +∞[→ R une fonction de classe C 2 nulle en 0 telle que les intégrales
Z +∞ Z +∞ Z +∞
002
I0 = 2
f (t)dt et I2 = f (t)dt convergent. Montrer que l’intégrale I1 = f 02 (t)dt
0 0 0
converge et que I12 ≤ I0 I2 .
Solution : Notons d’abord que f, f 0 et f 00 et leurs valeurs absolues sont localement intégrables car
continues. Montrons que I1 est convergente. Pour tout x > 0, f 0 est C 1 , et on a, en intégrant par
parties : Z x Z x Z x
f 02 (t)dt = [f f 0 ]x0 − f (t)f 00 (t)dt = f (x)f 0 (x) − f (t)f 00 (t)dt. (∗)
0 0 0
De plus, d’après l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a pour tout x > 0 :
Z x Z x Z x 21 p
|f (t)||f 00 (t)|dt ≤ f 2 (t)dt f 002 (t)dt ≤ I0 I2 .
0 0 0
Z +∞ Z +∞
Ainsi |f (t)||f 00 (t)|dt est convergente. On en déduit que l’intégrale f (t)f 00 (t)dt est conver-
0 Z x 0
R +∞
gente et donc que la limite lim f (t)f 00 (t)dt existe. Supposons par l’absurde que 0 f 02 (t)dt
x→+∞ 0
Z x
n’est pas convergente, on a alors lim f (x)f 0 (x) = +∞. On a alors lim f (t)f 0 (t)dt = +∞ [En
x→+∞ x→+∞ 0
Rx Ra Rx
effet, il existe a tel f f 0 ≥ 1 sur [a, +∞[ et alors 0 f f 0 ≥ 0 f f 0 +(x−a).]. Mais f 2 (x) = 2 0 f (t)f 0 (t)dt
+∞
donc limx→+∞ f 2 (x) = +∞ et donc 0 f 2 (t)dt diverge, ce qui est absurde. D’où la convergence de
R
I1 . Rx
Ainsi, d’après (∗), f (x)f 0 (x) a une limite finie ` lorsque x → +∞. Si ` 6= 0, alors 0 f (t)f 0 (t)dt est
divergente et, d’après le théorème de comparaison, on a : lorsque x → +∞,
Z x Z x
1 2 0
f (x) = f (t)f (t)dt ∼ `dt = `x,
2 0 0
76 CHAPITRE 2. INTÉGRATION SUR UN INTERVALLE : INTÉGRALES IMPROPRES
Z +∞
ce qui est absurde comme précédemment. On a donc ` = 0 et I1 = − f (t)f 00 (t)dt. Cette dernière
√ √
0
intégrale étant majorée en valeur absolue par I0 I1 , on obtient I1 ≤ I0 I2 .
Z +∞
Exercice 2.11. — Soit f : R+ → R une fonction de classe C 1 telle que les intégrales f (t)dt et
Z +∞ 0
2.9. Devoir n◦ 2
Exercice 1. — Déterminer si les intégrales suivantes existent :
Z +∞ Z +∞ Z 1
dt sin t ln t
i. ii. √ dt iii. 1 3 dt
1 t(1 + ln t)2 1 t 0 t (1 − t) 2
2
Ce chapitre est consacré à l’étude des séries numériques. Il est analogue en bien des points au
chapitre sur les intégrales impropres.
Les séries sont des objets aussi naturels qu’utiles. Dans un corps (R, C), la somme d’un nombre fini
d’éléments a bien un sens. On peut alors se demander quel sens donner à une somme infinie d’élements.
L’étude des séries numériques a pour but de comprendre sous quelles conditions de telles sommes
existent et de déterminer quelles valeurs elles prennent. D’autre part, les séries numériques offrent
la possibilité d’approcher de mystérieux nombres réels par des nombres plus habituels (rationnels).
On en a alors une bien meilleure compréhension. Par exemple, on a découvert de nombreuses séries
permettant de donner une approximation de π par des rationnels aussi bonne que l’on veut. L’une
d’elles est la suivante :
4 4 4 4 4
π = − + − + − ···;
1 3 5 7 9
elle permet de calculer (lentement certes) les décimales de π avec une précision arbitraire. Bien qu’on
n’en reparlera pas ici, notons que l’écriture décimale des nombres réels est une autre illustration de
n
X +∞
X
l’utilisation des séries numériques : tout réel s’écrit bk 10k + ak 10−k , où n ∈ N et où les ak et
k=0 k=1
bk sont des éléments de {0, . . . , 9}.
Enfin, signalons que la plupart des résultats exposés ici se trouvent déjà dans le Cours d’analyse
de Cauchy (1821), ce qui témoigne de l’intérêt des mathématiciens de l’époque pour ce sujet.
P
Définition 3.2. — On dit que la série un est convergente si la suite des sommes partielles (Sn )
+∞
X
est convergente. Dans ce cas, sa limite lim Sn , notée un , est appelée somme de la série. Le
n→+∞
n=0
80 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
+∞
X P
reste d’indice n de la série est alors uk . Si la série un n’est pas convergente, on dira qu’elle
k=n+1
est divergente.
Remarque: On ne change pas la nature (son caractère convergent ou divergent) d’une série en
modifiant un nombre fini de ses termes, ou en multipliant les termes par une même constante non
nulle.
Exemple: P n
– Série géométrique : soit q ∈ C. q converge ⇔ |q| < 1 et dans ce cas
+∞
X 1
qn =
n=0
1−q
+∞ n
X 1
(ainsi = 1).
n=1
2
X1
– Série harmonique : La série harmonique est divergente. En effet,
n
n≥1
1 1 1 1
S2n − Sn = + ··· + ≥n· = ,
n+1 2n 2n 2
donc la suite (Sn ) est divergente.
P
Proposition 3.3. — Si la série un converge, alors lim un = 0.
n→+∞
P
Preuve : Soit un une série convergente. On a, pour tout n ≥ 1, un = Sn − Sn−1 . Si (Sn ) converge,
lim Sn − Sn−1 = 0, d’où le résultat.
n→∞
La réciproque à cette proposition est n’est pas vérifié, comme le montre l’exemple de la série
harmonique.
Remarque: L’étude d’une suite (un ) peut se faire par une série : (un ) converge si et seulement si
n
X
P
la série (un+1 − un ) converge. En effet, Sn = (uk+1 − uk ) = un+1 − u0 .
k=0
P
Théorème 3.4. — Critère de Cauchy pour les séries. La série un est convergente si et seule-
ment si pour tout ε > 0, il existe n0 ∈ N tel que :
pour tout n ≥ N, tout p ∈ N |un + · · · + un+p | ≤ ε.
Preuve : Ce n’est rien d’autre que le critère de Cauchy pour la suite (Sn ) : un +· · ·+un+p = Sn+p −Sn−1 .
P
Exercice 3.1. — Soit (un ) une suite décroissante à termes positifs. Montrer que si un converge,
1
alors un = o .
n
Définition
P 3.5. — Une série de terme général un est dite absolument convergente si la série
|un | converge.
Exemple: P n
– Si q ∈ C, la série q est absolument convergente si et seulement si |q| < 1.
P einθ
– Si θ ∈ R, la série n n’est pas absolument convergente.
3.2. SÉRIES À TERMES POSITIFS 81
P
Théorème 3.6. — Toute série un absolument convergente de nombres réels ou complexes est aussi
convergente, et dans ce cas
+∞
X +∞
X
un ≤ |un |
n=0 n=0
P P
Preuve : Soit un une série absolument convergente. Soit ε > 0. |un | satisfait au critère de Cauchy
donc il existe n0 ∈ N tel que pour tout n ≥ n0 , tout p ∈ N, |un | + · · · + |un+p | ≤ ε. Ainsi, pour tout
n ≥ n0 et tout p ∈ N
|un + · · · + un+p | ≤ |un | + · · · + |un+p | ≤ ε,
d’où la converengence en utilisant le critère de Cauchy. Pour prouver l’inégalité, on remarque que
Xn X n
uk ≤ |uk |. En passant à la limite, on a le résultat.
k=0 k=0
Définition 3.7. — On appelle série semi-convergente toute série convergente qui n’est pas abso-
lument convergente.
Faisons un premier lien avec la convergence des intégrales impropres :
Théorème 3.8. — Soient [a, b[ un intervalle de R (−∞ < a < b ≤ +∞) et f : [a, b[→ C localement
intégrable. Les assersions suivantes sont équivalentes :
Rb
i. L’intégrale a f (t)dt converge.
Z xn
ii. Pour toute suite (xn ) d’éléments de [a, b[ tendant vers b, la suite f (t)dt converge.
a n
X Z xn+1
iii. Pour toute suite (xn ) d’éléments de [a, b[ tendant vers b, la série f (t)dt converge.
xn
iv. Pour tout ε > 0, il existe c ∈ [a, b[ tel que
Z y
∀x, y ∈ [c, b[, f (t)dt ≤ ε.
x
Preuve : i.⇔ ii.⇔ iv. sont déjà connues. Montrons donc l’équivalence ii.⇔ iii. Supposons ii. Soit (xn )
une suite d’éléments de [a, b[ tendant vers b. D’après la relation de Chasles, on a :
Xn Z xk+1 Z xn+1
Sn = f (t)dt = f (t)dt.
k=0 xk x0
Z xn+1 Z xn+1 Z x0 Z xn+1
Comme pour tout n ∈ N f (t)dt = f (t)dt − f (t)dt, la limite lim f (t)dt existe
x0 a a n→∞ x0
(et est finie) en vertu de ii. La suite (Sn ) converge donc.
Réciproquement, supposons iii. Soit (xn ) une suite d’élémentsZ xde [a, b[ tendant vers b. Alors la
n+1
Pn R xk+1
suite (Sn = k=0 xk f (t)dt) est convergente, et donc lim f (t)dt existe, et donc la suite
n→+∞ x
R xn+1 0
( a f (t)dt) est convergente.
Proposition 3.9. — Une série à termes positifs converge si et seulement si la suite de ses sommes
partielles est majorée.
Proposition 3.10. — Comparaison terme à terme. Soient (un ) et (vn ) deux suites à termes
positifs. On suppose qu’il existe n0 ∈ N tel que, pour tout n ≥ n0 , 0 ≤ un ≤ vn . Alors :
+∞
X +∞
X
P P
– si vn converge, un converge, et dans ce cas un ≤ vn ,
P P n=n 0 n=n 0
– si un diverge, vn diverge.
Preuve :
n
X +∞
X
P
– Si vn converge, la suite ( uk ) est croissante et majorée par vk . Elle converge, donc et
k=n0 k=n0
+∞
X +∞
X
sa limite vérifie uk ≤ vk .
k=n0 k=n0 !
X n n
X
P
– Si un diverge, ( uk ) n’est donc pas majorée, et vk ne l’est donc pas non plus, et
Pk=n0 k=n0
par conséquent, vn diverge.
Exemple:
X 1
– Étude de un avec un = .
n2
n≥1
m +∞
1 1 1 X 1 X
Posons, pour n ≥ 2, vn = = − . Comme vn = 1 − , on a vn = 1.
n(n − 1) n−1 n n=1
m n=2
X +∞
X +∞
X
De plus, pour tout n ≥ 2 un ≤ vn . On en déduit que un converge et un ≤ vn . .
n≥2 n=2 n=2
X +∞
X
Ainsi un converge et un ≤ 2.
n≥1 n=1
1 1 X1 X 1
– Comme, pour tout n ≥ 1 √ ≥ et est divergente, √ est divergente.
n n n n
n≥1 n≥1
Proposition 3.11. — Comparaison terme à terme. Soient (un ) et (vn ) deux suites à termes
positifs.
POn suppose
P qu’il existe c, C > 0 et n0 ∈ N tel que, pour tout n ≥ n0 , 0 ≤ c vn ≤ un ≤ C vn .
Alors un et vn sont de même nature.
P
Preuve :X
C’est une conséquence immédiate de 3.10, vu que pour toute série an , tout α 6= 0, et tout
P
n0 ∈ N αan et an sont de même nature (noter qu’il est important que c, C > 0).
n≥n0
P P
Corollaire 3.12. — Si un et vn sont deux séries à termes positifs tels que un ∼ vn , alors elles
sont de même nature.
un
Corollaire 3.13. — Si (vn ) est à termes strictement positifs et si → ` > 0, alors les deux
vn
suites sont de même nature.
3.2. SÉRIES À TERMES POSITIFS 83
` un
Preuve : En effet, il existe alors n0 ∈ N tel que, pour tout n ≥ n0 ,
≤ ≤ 2` c’est à dire que, pour
2 vn
tout n ≥ n0 , 2` vn ≤ un ≤ 2`un . On peut donc appliquer la proposition précédente, et on a alors le
résultat.
Exemple: X x x x
– Soit x ∈]0, π[. La série sin diverge. En effet sin ∼n→+∞ et la série harmonique
n n n
n≥1
diverge (x 6= 0).
x2 x2
X
∗
– Soit x ∈ R . La série ln 1 + 2 converge. En effet, lorsque n → +∞, ln 1 + 2 ∼n
n n
n≥1
x2 X 1
2
et la série converge. Si x = 0, c’est la série nulle, elle converge donc aussi.
n n2
n≥1
Le théorème suivant est très important, puisqu’il va nous permettre en particulier d’établir la
convergence ou la divergence de séries sans avoir à les calculer.
P P
Théorème 3.14. — Théorème de comparaison. Soient un et vn deux séries à termes po-
sitifs telles que un ∼ vn (respectivement un = o(vn ), resp. un = O(vn )).
+∞
X +∞
X
P P
i. Si vn converge, alors un converge (dans les trois cas ci-dessus), et on a uk ∼ vk ,
k=n+1 k=n+1
+∞ +∞
! +∞ +∞
!!
X X X X
resp. uk = o vk , resp. uk = O vk .
k=n+1 k=n+1 k=n+1 k=n+1
n n n n
! n n
!!
P X X X X X X
ii. Si vn diverge, alors uk ∼ vk resp. uk = o vk , resp. uk = O vk .
k=0 k=0 k=0 k=0 k=0 k=0
Preuve :
i. Si un ∼ vn , un = o(vn ) ou un = O(vn ), il existe
P M > 0 et n0 > P 0 tels que, pour tout n ≥ n0 ,
un ≤ M vn . D’après la proposition 3.10, si vn converge, alors un converge. On note alors
+∞
X +∞
X
Rn = uk et Tn = vk .
k=n+1 k=n+1
– Cas un = O(vn ). Pour tout n ≥ n0 , on a (en sommant les inégalités puis en passant à la
+∞
X +∞
X
limite) uk ≤ M vk ce qui signifie que Rn = O(Tn ).
k=n+1 k=n+1
– Cas un = o(vn ). Soit ε > 0. Il existe alors N tel que, pour tout n ≥ N, un ≤ εvn . Alors on
a, pour tout n ≥ N, Rn ≤ εTn et donc Rn = o(Tn ).
– Cas un ∼ vn . Soit ε > 0. Il existe alors N tel que, pour tout n ≥ N, (1 − ε)vn ≤ un ≤
(1 + ε)vn . En sommant les inégalités et en passant à la limite, on obtient pour tout n ≥ N,
(1 − ε)Tn ≤ Rn ≤ (1 + ε)Tn . Ainsi Rn ∼ Tn .
P Pn Pn
ii. Supposons maintenant que vn diverge. Notons Un = k=0 uk et Vn = k=0 vk .
– Cas un = O(vn ). Il existe M > 0 et N > 0 tels que, pour tout n ≥ N un ≤ M vn . En
sommant termes à termes, on obtient, Ppour tout n ≥ N Un − UN ≤ M (Vn − VN ), c’est à dire
Un ≤ (UN − M VN ) + M Vn . Comme vn diverge, Vn a pour limite +∞ lorsque n → +∞, il
1
existe donc N1 ≥ N tel que, pour tout n ≥ N1 , Vn ≥ M (UN −M VN ). On a alors Un ≤ 2M Vn
pour tout n ≥ N1 , et donc Un = O(Vn ).
84 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
– Cas un = o(vn ). Soit ε > 0. Il existe N > 0 tel que, pour tout n ≥ N un ≤ εvn . En
sommant termes à termes, on obtient, P pour tout n ≥ N Un − UN ≤ ε(Vn − VN ), et donc
Un ≤ (UN − εVN ) + εVn . Comme vn diverge, il existe donc N1 ≥ N tel que, pour tout
n ≥ N1 , Vn ≥ 1ε (UN − εVN ). On a alors Un ≤ 2εVn pour tout n ≥ N1 , et donc Un = o(Vn ).
– Cas un ∼ vn . Soit ε > 0. Il existe alors N tel que, pour tout n ≥ N, (1−ε)vn ≤ un ≤ (1+ε)vn .
En sommant termes à termes, on obtient, pour tout n ≥ N,
(1 − ε)(Vn − VN ) ≤ Un − UN ≤ (1 + ε)(Vn − VN ),
et donc
(UN − (1 − ε)VN ) + (1 − ε)Vn ≤ Un ≤ (UN − (1 + ε)VN ) + (1 + ε)Vn .
P
Comme vn diverge, il existe donc N1 ≥ N tel que, pour tout n ≥ N1 ,
1 1
Vn ≥ (UN − (1 + ε)VN ) et − Vn ≤ (UN − (1 − ε)VN ).
ε ε
On a alors
(1 − 2ε)Vn ≤ Un ≤ (1 + 2ε)Vn .
Ainsi, on a Un ∼ Vn .
P
Remarque: Lorsqu’une série un n’est pas à termes positifs, on peutP toutefois essayer de prouver
son absolue convergence à l’aide du théorème précédent appliqué à |un |.
Afin de pouvoir utiliser toute la force du théorème, il nous faut des séries de référence. On va les
obtenir en application du chapitre précédent et de la proposition suivante.
Proposition 3.15. — Comparaison série-intégrale.
X Soit f continue positive décroissante sur
[a, +∞[. Soit n0 ∈ N tel que n0 ≥ a. La série f (n) converge si et seulement si l’intégrale
n≥n0
Z +∞
f (t)dt converge.
a
Z +∞
Preuve : Supposons que l’intégrale f (t)dt converge. Alors, d’après le théorème 3.8, la série
a
X Z n+1
f (t)dt est convergente. Comme f est positive décroissante,
n≥n0 n
Z n+1 Z n+1
f (n + 1) = f (n + 1)dt ≤ f (t)dt.
n n
P P
Ainsi n≥n0 f (n + 1) est convergente, et donc n≥n0 f (n) est convergente.
X
Réciproquement, supposons qu’il existe n0 ≥ a tel que f (n) converge. Soit un segment J ⊂
n≥n0
[a, +∞[. Alors il existe N ≥ n0 + 1 tel que J ⊂ [a, N ]. Comme f est positive, on a
Z Z N Z n0 Z N Z n0 N
X −1 Z n+1
f (t)dt ≤ f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt ≤ f (t)dt + f (t)dt
J a a n0 a n=n0 n
Z n0 N
X −1 Z n+1 Z n0 +∞
X
≤ f (t)dt + f (n)dt ≤ f (t)dt + f (n).
a n=n0 n a n=n0
R R +∞
J
f (t)dt est donc borné indépendamment de J, a
f (t)dt est donc convergente.
3.2. SÉRIES À TERMES POSITIFS 85
Preuve :
i. Si α ≤ 0, la suite (n−α ) ne tend pas vers 0 donc n≥1 n−α est divergente. Si α > 0, l’application
P
fα : [1, +∞[→ R+ , x 7→ x−α est positive et décroissante. Alors n≥1 n−α est convergente si et
P
R +∞
seulement si 1 fα (t)dt converge, c’est à dire si et seulement si α > 1.
ii. La fonction gαX : [2, +∞[→ R+ , x 7→ x−1 (log x)−α est décroissante (il suffit de calculer g 0 ) et
R +∞
positive, ainsi gα (n) est convergente si et seulement si 2 gα (t)dt est convergente, c’est à
n≥2
dire si et seulement si α > 1.
Ces séries sont les séries de référence. On les utilisera sans cesse tout au long des exercices pour
établir la convergence ou la divergence d’autres séries.
Exercice 3.2. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
ln n 1 n2
i. un = v. un = n sin n
n2 n viii. un =
n+1
1
ii. un = 1 √ 1 1
ln n vi. un = ln(1 + n) ix. un = tan √ − sin √
n ln n n n
n2
iii. un = n 1
2 π x. un = si n est un carré, 0
√ √ n
iv. un = n n + 1 − n n vii. un = 1 − cos sinon.
n
Exercice 3.4. — Justifier la convergence et calculer la somme des séries terme général suivant :
1 1
i. un = iv. un =
n! (n + 1)(n + 2)(n + 3)
(−1)n 1 2 1
ii. un = v. un = − +
(2n + 1)! ln n ln (n + 1) ln (n + 2)
(−1)n
iii. un = ln 1 + , n≥2 n3
n vi. un =
n!
1
tan a − tan b
vii. arctan n2 +n+1 [Indication : on pourra utiliser la formule bien connue tan(a−b) = ]
1 + tan a tan b
sin(nα)
viii. un = , α ∈ R [indication : on pourra se ramener au calcul d’une série géométrique]
2n
86 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
n
!
∗
X 1 1
Exercice 3.5. — On pose pour tout n ∈ N , un = − ln n. Montrer que un+1 − un = O n2
k
k=1
et en déduire que (un )n∈N∗ converge. γ = lim un s’appelle la constante d’Euler.
√
nn e−n n
Exercice 3.6. — Soit la suite (un )n∈N définie par un = .
n!
un+1
i. Étudier la nature de la série de terme général vn = ln .
un
√
ii. En déduire l’existe d’un réel α > 0 tel que n! ∼ α nnn e−n lorsque n → +∞.
iii. En utilisant la formule de Wallis, calculer α.
Z +∞
Exercice 3.7. — Soit f :]0, +∞[→ C de classe C telle que 1
|f 0 (t)|dt converge.
Z n 1
X
1. Montrer que f (n) et f (t)dt sont de même nature.
n≥1 1 n
X R +∞
2. En déduire que f (n) et 1
f (t)dt sont de même nature.
n≥1
√
1 X ei n
3. En déduire, pour α > , la nature de la série .
2 nα
n≥1
sin (nα )
4. Soient 0 < α < β ≤ 1. Montrer que la série de terme général un = est convergente si et
nβ
seulement si α + β > 1.
Donnons à présent quelques critères de convergence. Ils sont particulièrement utiles dans le cas où
la suite est donnée par un produit ou une puissance.
Proposition 3.17. — Règle de Cauchy. Soit (un ) une suite à termes positifs. S’il existe un réel
1 P
λ < 1 et n0 ∈ N, tels que pour tout n ≥ n0 , unn ≤ λ, alors un converge.
1 P
S’il existe n0 ∈ N tel que, pour tout n ≥ n0 , un ≥ 1, alors
n
un diverge.
1
Preuve : Supposons qu’il existe un réel λ < 1 et n0 ∈ N, tels quePpour tout n ≥ n0 , unn ≤ λ. Alors
, un ≤ λn . Comme |λ| < 1, la série géométrique
pour tout n ≥ n0P λn converge. La proposition 3.10
nous assure que un converge.
1
Supposons qu’il existe n0 ∈ N tel que, pour tout n ≥ n0 , unn ≥ P1. Alors un ≥ 1 pour tout n ≥ n0
et donc (un ) ne converge donc pas vers 0. Par conséquent, la série un ne converge pas.
Proposition 3.18. — Règle de d’Alembert. Soit (un ) une suite à termes strictement positifs. S’il
un+1 P
existe un réel λ < 1 et un entier n0 ∈ N tels que, pour tout n ≥ n0 , ≤ λ, alors un converge.
un
un+1 P
Si, pour tout n ≥ n0 , un ≥ 1, alors un diverge.
un+1
Preuve : Supposons qu’il existe un réel λ < 1 et un entier n0 ∈ N tels que, pour tout n ≥ n0 , ≤ λ.
X un un
Par récurrence immédiate, on a pour tout n ≥ n0 , un ≤ λn−n0 un0 . Comme la série 0
λn converge
P λn0
(λ < 1), un converge d’après la proposition 3.10.
S’il existe n0 tel que pour tout n ≥ n0 , uun+1
n
≥ 1, alors la suite (un ) est croissante à partir du rang
P
n0 et donc ne tend pas vers 0. On en déduit que un diverge.
Remarque: On peut utiliser ces critères pour montrer qu’une série à termes complexes est abso-
lument convergente.
3.2. SÉRIES À TERMES POSITIFS 87
Exemple:
X n2
1
i. La série 1− converge. En effet, on applique la règle de Cauchy :
n
n≥1
n2 ! n1 n
1 1 1
1− = 1− → < 1.
n n e
X zn
ii. Soit z ∈ C. La série est absolument convergente. En effet, si |z| = 0, c’est trivial, et si
n!
n≥0
[z| > 0, on applique la règle de d’Alembert :
|z|(n+1)
(n+1)! |z|
|z|n
= < 1 si n ≥ |z|.
n+1
n!
x n X
iii. Soient z ∈ C et un = n! . Alors la série un converge si et seulement si |z| < e. En
n
n≥1
effet, on applique la règle de d’Alembert :
|un+1 | |z| |z|
= n → .
|un | 1 + n1 e
Ainsi la série est absolument convergente pour |z| < 1. Si |z| > e, la suite (un ) ne converge pas
car |un+1 /un | ≥ 1.
Exercice 3.8. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
nln n
i. un =
(ln n)n
n!
ii. un = n
n
P P
Définition 3.19. — Soient
P aP
n et bn deuxPséries de nombres complexes. On appelle produit de
Cauchy de deux séries an et bn la série cn définie par
n
X
∀n ∈ N cn = ak bn−k .
k=0
Remarque: Cette définition n’est pas sans rappeler le produit de deux polynômes. En fait, c’est le
produit de deux séries entières qui motive cette définition (une série entière est une somme infinie
P+∞ n
n=0 an X ).
P P
Théorème
P 3.20. — Soient an et bn deuxPséries absolument convergentes de nombres complexes
et cn leur produit de Cauchy. Alors la série cn est absolument convergente et sa somme vérifie
+∞ +∞
! +∞
!
X X X
cn = an · bn .
n=0 n=0 n=0
Preuve : Supposons d’abord que (an ) et (bn ) sont deux suites de réels positifs. Fixons les notations :
Xn Xn Xn
considérons les sommes partielles An = ak , Bn = bk et Cn = cn , ainsi que leurs limites
k=0 k=0 k=0
88 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
Lorsque n → +∞, les membres de gauche et de droite de l’inégalité ont AB comme limite, (Cn )
converge donc aussi vers AB. P P
Traitons à présent le cas général et gardons les notations précédentes. an et bn sont absolument
Pn
convergentes donc convergentes, donc A et B sont bien définis. Notons de plus Ãn = k=0 |ak |,
Xn
Pn P
B̃n = |bk |, C̃n = k=0 p+q=k |ap ||bq |, et leurs limites respectives à = lim Ãn , B̃ = lim B̃n et
n→∞ n→∞
k=0
C̃ = lim C̃n = ÃB̃ (d’après la première partie de la preuve). On a alors
n→∞
X X
|An Bn − Cn | = ap bq ≤ |ap ||bq | = Ãn B̃n − C̃n ,
| {z }
(p,q)∈{0,...,n}2 \Jn (p,q)∈{0,...,n}2 \Jn →0
d’où le résultat.
Théorème 3.21. — Critère des séries alternées. Soit (an ) une suite de réels satisfaisant :
i. ∀n ∈ N an ≥ 0.
ii. (an ) est décroissante.
iii. lim an = 0.
n→+∞
+∞
X
(−1)n an converge et, pour tout n, le reste Rn = (−1)k ak vérifie |Rn | ≤ an+1 .
P
Alors la série
k=n+1
3.3. SÉRIES SEMI-CONVERGENTES 89
Pn
Preuve : Notons Sn = k=0 (−1)k ak les sommes partielles de la série. La suite (S2n ) est décroissante
puisque pour tout n, S2n+2 − S2n = a2n+2 − a2n+1 et (an ) décroissante. De même, la suite (S2n+1 )
est croissante puisque pour tout n, S2n+3 − S2n+1 = −a2n+3 + a2n+2 > 0. De plus, pour tout n,
S2n ≥ S2n+1 et lim S2n − S2n+1 = 0 puisque S2n − S2n+1 = a2n+1 . Ainsi, les suites sont adjacentes,
n→+∞
et donc convergent vers la même limite S vérifiant S2n+1 ≤ S ≤ S2n . Ainsi la suite (Sn ) converge vers
S. De plus, on a, pour tout n ≥ 0 :
|R2n | = |S − S2n | = S2n − S ≤ S2n − S2n+1 = a2n+1
et pour tout n ≥ 1,
0 ≤ S − S2n−1 = R2n−1 ≤ S2n − S2n−1 = a2n .
Ainsi, pour tout n ∈ N |Rn | ≤ an+1 .
P (−1)n
Exercice 3.10. — i. Montrer que la série n+1 est semi-convergente.
ii. Calculer sa somme (on pourra utiliser la formule de Taylor).
1
iii. Déterminer α ∈ Q tel que | ln 2 − α| ≤ .
10
Exercice 3.11. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
√
(−1)n (−1)n (−1)E( n)
i. un = √ ii. un = √ iii. un =
n n + (−1)n n
n
(−1) P
Exercice 3.12. — On considère la série de terme général un = √ . Rappeler pourquoi un
P P n+1
converge. Montrer que le produit de Cauchy de un avec un n’est pas convergent.
P
3.3.2. Transformation
Pn d’Abel. — Soit un une série. Ecrivons,
P pour tout n, un = αn vn et
posons Sn = k=0 vk . Effectuer une transformation d’Abel sur un est écrire, pour n > 0 :
n
X n
X n
X
uk = αk vk = α0 v0 + αk (Sk − Sk−1 )
k=0 k=0 k=1
n
X n−1
X n
X n−1
X
= α0 v0 + αk Sk − αk+1 Sk = αk Sk − αk+1 Sk
k=1 k=0 k=0 k=0
n−1
X
= αn Sn + (αk − αk+1 )Sk .
k=0
On peut grandement améliorer le critère des séries alternées par le théorème suivant :
P
Théorème 3.22. — Règle d’Abel. Soit un une série de nombres complexes. On suppose que,
pour tout n, un s’écrit un = αn vn , où
– (αn ) est une suite de nombres réels positifs, déroissante, tendant vers 0.
– La suite (SPn = v0 + · · · + vn ) est bornée.
Alors la série un est convergente.
P
Preuve : On effectue une transformation d’Abel sur un . On obtient, pour n > 0,
n
X n−1
X
uk = αn Sn + (αk − αk+1 )Sk .
k=0 k=0
90 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
n−1
X n−1
X n−1
X
|(αk − αk+1 )||Sk | ≤ M |αk − αk+1 | = M (αk − αk+1 ) = M (α0 − αn ),
k=0 k=0 k=0
X
puisque (αn ) est décroissante. La série (αk − αk+1 )Sk est donc convergente. On en déduit enfin
Pn
que la suite ( k=0 uk )n converge comme somme de deux suites convergentes.
Exemple:
– On retrouve le critère des séries alternées avec αn = an et vn = (−1)n .
X einθ
– Soit θ ∈ R \ 2πZ. La série est semi-convergente (la série harmonique n’étant pas
n
convergente,
X elle n’est pas absolument convergente). Plus généralement, toute série de la forme
inθ
αn e , où (αn ) est une suite de réels positifs, décroissante, tendant vers 0, est convergente.
En effet, la suite (Sn = 1 + eiθ + · · · + einθ ) est bornée :
1 − ei(n+1)θ 2 1
|Sn | = ≤ = .
1 − eiθ 1 − eiθ sin θ2
On a alors
n0
! n0 n1
! n1
!
X X X X
0 0
|S − S | = S− uk + uk − uφ(k) + uφ(k) − S
k=0 k=0 k=0 k=0
n0
X n0
X n1
X n1
X
≤ S− uk + uk − uφ(k) + uφ(k) − S 0
k=0 k=0 k=0 k=0
+∞
X X +∞
X
≤ |uk | + |uφ(k) | + |uφ(k) |
k=n0 +1 k∈{0,...n1 }, k=n1 +1
/ −1 ({0,...,n0 })
k∈φ
+∞
X +∞
X +∞
X
≤ |uk | + |uk | + |uk | ≤ 3 ε.
k=n0 +1 k=n0 +1 k=n0 +1
P
Soit un une série.
P
1. Observation : un est-elle à termes positifs, a-t-elle l’air d’une série alternée ?
P
2. Comportement de (un ) en +∞. Est-ce que lim un = 0? Sinon, un diverge.
4. Si on n’a pas encore pu déterminer la nature de la série, on peut essayer de pousser l’estimation
asymptotique de un un peu plus loin, et appliquer le théorème de comparaison à partir du premier
(−1)n
terme dont on connait l’absolue convergence. C’est le cas de la série définie par un = ln 1 +
n
(−1)n −2
P
par exemple. On considère wn = un − et on a wn = O(n ), donc wn converge. On se
n n
(−1)
ramène ainsi à l’étude de la série alternée .
n
6. Le calcul de la somme est en général astucieux. On peut utiliser différentes méthodes : sommes
de Riemann, formule de Lagrange avec reste intégral, annulation des termes de la série deux à deux
(dans le cas d’une série commutativement convergente)...
normale, uniforme (etc) n’a pas lieu d’être pour les séries numériques, pour lesquelles on a la
convergence (absolue) et la semi-convergence.
94 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
3.5. Exercices
P
Exercice 3.1. — Soit (un ) une suite décroissante à termes positifs. Montrer que si un converge,
1
alors un = o .
n
Exercice 3.2. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
ln n 1 n2
i. un = v. un = n sin n
n2 n viii. un =
n+1
1
ii. un = 1 √ 1 1
ln n vi. un = ln(1 + n) ix. un = tan √ − sin √
n ln n n n
n2
iii. un = n 1
2 π x. un = si n est un carré, 0
√ √ n
iv. un = n n + 1 − n n vii. un = 1 − cos sinon.
n
Exercice 3.4. — Justifier la convergence et calculer la somme des séries terme général suivant :
1 1
i. un = iv. un =
n! (n + 1)(n + 2)(n + 3)
(−1)n 1 2 1
ii. un = v. un = − +
(2n + 1)! ln n ln (n + 1) ln (n + 2)
(−1)n
iii. un = ln 1 + , n≥2 n3
n vi. un =
n!
1
tan a − tan b
vii. arctan n2 +n+1 [Indication : on pourra utiliser la formule bien connue tan(a−b) = ]
1 + tan a tan b
sin(nα)
viii. un = , α ∈ R [indication : on pourra se ramener au calcul d’une série géométrique]
2n
n
!
∗
X 1 1
Exercice 3.5. — On pose pour tout n ∈ N , un = − ln n. Montrer que un+1 − un = O n2
k
k=1
et en déduire que (un )n∈N∗ converge. γ = lim un s’appelle la constante d’Euler.
√
nn e−n n
Exercice 3.6. — Soit la suite (un )n∈N définie par un = .
n!
un+1
i. Étudier la nature de la série de terme général vn = ln .
un
√ n −n
ii. En déduire l’existe d’un réel α > 0 tel que n! ∼ α nn e lorsque n → +∞.
iii. En utilisant la formule de Wallis, calculer α.
Z +∞
Exercice 3.7. — Soit f :]0, +∞[→ C de classe C 1 telle que |f 0 (t)|dt converge.
Z n 1
X
1. Montrer que f (n) et f (t)dt sont de même nature.
n≥1 1 n
3.5. EXERCICES 95
X R +∞
2. En déduire que f (n) et 1
f (t)dt sont de même nature.
n≥1
√
1 X ei n
3. En déduire, pour α > , la nature de la série .
2 nα
n≥1
sin (nα )
4. Soient 0 < α < β ≤ 1. Montrer que la série de terme général un = est convergente si et
nβ
seulement si α + β > 1.
Exercice 3.8. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
nln n
i. un =
(ln n)n
n!
ii. un =
nn
Exercice 3.9. — Justifier la convergence et calculer la somme des séries suivantes.
2n
i. un =
n!
n
X 4k
ii. un = 2−n
k!
k=0
P (−1)n
Exercice 3.10. — i. Montrer que la série n+1 est semi-convergente.
ii. Calculer sa somme (on pourra utiliser la formule de Taylor).
1
iii. Déterminer α ∈ Q tel que | ln 2 − α| ≤ .
10
Exercice 3.11. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
√
(−1)n (−1)n (−1)E( n)
i. un = √ ii. un = √ iii. un =
n n + (−1)n n
n
(−1) P
Exercice 3.12. — On considère la série de terme général un = √ . Rappeler pourquoi un
P P n+1
converge. Montrer que le produit de Cauchy de un avec un n’est pas convergent.
Exercice 3.13. — L’objet de cet exercice est de démontrer la réciproque au théorème 3.24 dans le
cas des suites réelles : toute série de nombres réels commutativement convergente est absolument
convergente.
P
Soit un une série semi-convergente. [Nous allons réordonner les termes de (un ) de sorte à avoir
beaucoup plus de termes positifs que négatifs dans les sommes partielles obtenues et qu’elles soient
alors arbitrairement grandes.] Soient I l’ensemble des n ∈ N tel que un ≥ 0 et J l’ensemble des n ∈ N
tel que un < 0.
i. Montrer qu’il existe deux bijections croissantes φ : N → I et ψ : N → J.
P P
ii. Montrer que les séries uφ(n) et uψ(n) sont divergentes (indication : on pourra raisonner par
l’absurde).
PNk
iii. Construire par récurrence une suite croissante d’entiers distincts (Nk )k∈N vérifiant i=0 uφ(i) ≥
2k .
96 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
3.6. Solutions
P
Exercice 3.1. — Soit (un ) une suite décroissante à termes positifs. Montrer que si un converge,
1
alors un = o .
n
Solution :[La preuve se fait naturellement, on reformule le résultat à démontrer,P on traduit les hypo-
thèses, et l’on conclut.] Il s’agit de montrer que nun → 0. Soit ε > 0. La série un étant convergente,
n
X
il existe n0 > 0, tel que, pour tout n ≥ n0 uk ≤ ε. (un ) étant décroissante, ∀k ≤ n, uk ≥ un .
k=n0 +1
On en déduit que (n − n0 )un ≤ ε. Ainsi, pour tout n ≥ 2n0 , nun ≤ 2(n − n0 )un ≤ 2ε.
Exercice 3.2. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
ln n 1 n2
i. un = v. un = n sin n
n2 n viii. un =
n+1
1
ii. un = 1 √ 1 1
ln n vi. un = ln(1 + n) ix. un = tan √ − sin √
n ln n n n
n2
iii. un = n 1
2 π x. un = si n est un carré, 0
√ √ n
iv. un = n n + 1 − n n vii. un = 1 − cos sinon.
n
Solution : X
ln n 1 1
i. 2 = O 3 et 3 converge donc le théorème de comparaison nous assure la convergence
nP n2 n2
de un .
1 1 X 1 P
ii. Pour n ≥ 2, ≥ 1 et 1 diverge donc un diverge.
ln n n 2 n 2
iii. un = O n12 et
P 1 P
n2 donc un converge.
iv. On va chercher
√ un équivalent de cette différence via le théorème des accroissements finis. Soit
fn (x) = n x. Pour tout n, il existe cn ∈]n, n + 1[ tel que
√ √ 1 1 1 1 ln cn
n
n + 1 − n n = fn0 (c) = e( n −1) ln cn = en .
n ncn
√ √ 1
Comme cn ∼ n, on a n n + 1 − n n ∼ 2 , et donc
P
un est convergente.
P n
v. un diverge car (un ) tend vers 1 lorsque n → +∞.
3.6. SOLUTIONS 97
1 ln n 1 1 1 X1 P
vi. On a un = + ln 1 + √ ≥ . La série diverge donc un diverge (on
2 n ln n n ln n n 2n n
pourra plus tard utiliser les séries de Bertrand).
π2
P −2 P
vii. On a un ∼ 2n 2 (développement limité de cos) et n converge donc un converge d’après le
théorème de comparaison.
viii. On a uP −n2 ln(1+ n
1
) = e−n2 ( n1 − 2n12 +o( n12 )) = e−n e 12 +o(1) ∼ e 12 e−n . Comme la série géomé-
n = e
e−n converge, le théorème de comparaison nous assure la convergence de
P
trique un .
1 1 1 − 32 1 1 1 − 23 1 − 32 P 1
ix. On a un = √ + 3 + o(n )− √ − 3 + o(n ) = 3 + o(n ). Comme 3
P n 3 n 2 n 6 n 2 6n 2 n2
converge, un converge d’après le théorème de comparaison.
n
X X 1
x. Posons Sn = uk . D’après la définition de un , on a Sn = . L’ensemble des carrés de
k
k=1 k≤n
√ √ k carré
{1, . . . , n} est en bijection avec {1, . . . , E( n)} (x 7→ x), donc on a
√
E( n) +∞
X 1 X 1
Sn = 2
≤ 2
.
j=1
j j=1
j
| {z }
fini
P
Sn est croissante ((un ) est à termes positifs) et majorée, donc converge, et ainsi n≥1 un converge.
n
X 1
ln 1 + 2 . Comme ln 1 + n12 ∼ n12 et que la série
P 1
Solution : On a ln un = n2 converge, on
k
k=0
ln 1 + n12 c’est à dire de la suite des sommes partielles (ln un ) de la série, et
P
a la convergence de
donc finalement de la suite (un )
Exercice 3.4. — Justifier la convergence et calculer la somme des séries terme général suivant :
1 1
i. un = iv. un =
n! (n + 1)(n + 2)(n + 3)
(−1)n 1 2 1
ii. un = v. un = − +
(2n + 1)! ln n ln (n + 1) ln (n + 2)
(−1)n
iii. un = ln 1 + , n≥2 n3
n vi. un =
n!
1
tan a − tan b
vii. arctan n2 +n+1 [Indication : on pourra utiliser la formule bien connue tan(a−b) = ]
1 + tan a tan b
sin(nα)
viii. un = , α ∈ R [indication : on pourra se ramener au calcul d’une série géométrique]
2n
Solution :
98 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
i. un = O(n−2 ) donc
P
un converge d’après le théorème de comparaison. Pour calculer sa somme,
on applique la formule de Taylor à exp . On a
n Z 1
X exp(0) (1 − t)n
exp(1) = + exp(t)dt.
n! 0 n!
k=0
1 n Z 1 n
(1 − t) (1 − t)n
Z
exp(1) X 1
Comme exp(t)dt ≤ exp(1) dt = , on a lim = exp(1).
0 n! 0 n! (n + 1)! n→+∞ n!
k=0
1
= O(n−2 ) donc la série un est absolument convergente. Pour calculer la somme,
P
ii. On a (2n+1)!
on va procéder comme précédemment, c’est à dire qu’on va reconnaître une fonction usuelle dont
le développement de Taylor donne les sommes partielles. Ici on reconnaît la fonction C ∞ f = sin .
On a, d’après la formule de Taylor
n Z 1
X (−1)k (1 − t)2n+1 (2n+2)
sin 1 = sin 0 + + f (t)dt
(2k + 1)! 0 (2n + 1)!
k=0
donc
n Z 1
X (−1)k (1 − t)2n+1 1
sin 1 − ≤ sup |f (2n+2) | dt ≤ .
(2k + 1)! [0,1] 0 (2n + 1)! (2n + 2)!
k=0
P+∞ k
(−1)
D’où sin 1 = k=0 (2k+1)! en passant à la limite.
n
(−1)n
(−1) 1 X
iii. un = ln 1 + = + gn , où gn = O . Comme n−2 converge, le théorème de
n n n2
P X (−1)n
comparaison nous assure la convergence de gn . Montrons que converge [plus tard,
n
n
X (−1)k
on pourra utiliser directement le critère des séries alternées]. Posons Sn = . On a, en
k
k=1
groupant les termes par deux,
n n
X 1 1 X 1 1
S2n = − =− et S2n+1 = S2n − (∗).
2k 2k − 1 2k(2k − 1) 2n + 1
k=1 k=1
X 1
D’après le théorème de comparaison, la série est également convergente, puisque
2n(2n − 1)
1
= O(n−2 ). On en déduit que (S2n ) converge. D’après (∗), (S2n+1 ) converge vers la
2n(2n − 1) P
même limite. On en déduit alors la convergence de (Sn ). Ainsi, un converge comme somme de
deux séries convergentes.
2n + 1
De plus, on constate que u2n = ln = ln(2n + 1) − ln(2n) et de même u2n+1 =
2n
2n+1
X Xn +∞
X X
ln(2n) − ln(2n + 1). D’où uk = (u2k + u2k+1 ) = 0. D’où uk = 0 [car un est
k=2 k=1 k=2 n≥2
convergente donc la suite de ses sommes partielles converge vers une limite `, et alors toute
sous-suite converge aussi vers `. On en déduit que ` = 0].
1 X 1
iv. La série est (absolument) convergente puisque un ∼ 3 et que est convergente. On va
n n3
α β γ
décomposer un en « éléments simples », c’est à dire sous la forme un = + + .
n+1 n+2 n+3
3.6. SOLUTIONS 99
En mettant sous même dénominateur, on voit que α, β et γ doivent satisfaire l’équation suivante
pour tout n ∈ N :
α(n + 2)(n + 3) + β(n + 1)(n + 3) + γ(n + 1)(n + 2) = 1,
c’est à dire
n2 (α + β + γ) + n(5α + 4β + 3γ) + (6α + 3β + 2γ) = 1.
1
Pn
On obtient donc : α = 2 β = −1 et γ = 12 . Pour tout n ∈ N, posons Sn = k=0 uk . On a alors
n n n n n+1 n+2
X 1 X 1 X 1 X 1 X 1 X 1
Sn = − + = − +
2(k + 1) k+2 2(k + 3) 2(k + 1) k+1 2(k + 1)
k=0 k=0 k=0 k=0 k=1 k=2
n n+1
! n+1 n+2
!
1 X 1 X 1 1 X 1 X 1
= − − −
2 k+1 k+1 2 k+1 k+1
k=0 k=1 k=1 k=2
1 1 1 1 1 1
= 1− − − → .
2 n+1 2 2 n+3 4
+∞
X 1
Ainsi, un = .
n=0
4
n
X
v. Considérons les sommes partielles Sn = uk . On a
k=2
n Xn
X 1 1 1 1 1 1 1 1
Sn = − + − = − + − .
ln k ln (k + 1) ln (k + 2) ln (k + 1) ln 2 ln(n + 1) ln(n + 2) ln 3
k=2 k=2
1 1
On voit alors que Sn → − lorsque n → +∞, d’où la convergence de la série et sa somme
ln 2 ln 3
+∞
X 1 1
un = − .
n=0
ln 2 ln 3
vi. un = O(n−2 ) donc la série
P
un converge. Ramenons nous à des sommes bien connues en sim-
plifiant l’expression [En fait, la méthode générale est d’exprimer le polynôme (ici X 3 ) en n dans
la base adaptée au factoriel : ici X, X(X − 1) X(X − 1)(X − 2)] On a, si n ≥ 3,
n2 (n − 1)(n − 2) + 3(n − 1) + 1 1 3 1
un = = = + + .
(n − 1)! (n − 1)! (n − 3)! (n − 2)! (n − 1)!
On en déduit donc que
+∞ +∞ +∞ +∞
X X 1 X 3 X 1
un = + + = e + 3(e − 1) + (e − 2) = 5e − 5.
n=3 n=3
(n − 3)! n=3 (n − 2)! n=3 (n − 1)!
+∞
X
Ainsi un = u0 + u1 + u2 + 5e − 5 = 5e.
n=0
1
d’où arctan n2 +n+1 = arctan n1 − arctan n+1
1
. On a donc
n n
X 1 X 1 1 1 π
arctan 2 = arctan − arctan = arctan 1 − arctan →n→+∞ .
k +k+1 k k+1 n+1 4
k=1 k=1
+∞ +∞
X 1 X 1 π
On en déduit que arctan = arctan 1 + arctan 2 = .
n=0
n2 + n + 1 n=1
n + n + 1 2
sin(nα) 1 P −n P
viii. On a ≤ n et 2 converge donc la série un converge absolument. On va calculer
2n 2 inα
e
sa somme en se ramenant à une série géométrique, utilisant l’identité un = = . La série
2n !
X einα +∞ +∞ ikα
X X e
est également absolument convergente donc convergente, et on a uk = = .
2n 2k
k=0 k=0
Comme
+∞ iα k
X e 1 1 2 − cos α + i sin α
= iα = 2 =2 ,
k=0
2 1− 2 e 2 − cos α − i sin α (2 − cos α)2 + sin2 α
+∞
X 2 sin α
on a uk = .
k=0
(2 − cos α)2 + sin2 α
n
!
∗
X 1 1
Exercice 3.5. — On pose pour tout n ∈ N , un = − ln n. Montrer que un+1 − un = O n2
k
k=1
et en déduire que (un )n∈N∗ converge. γ = lim un s’appelle la constante d’Euler.
Solution : On a
1 n+1 1 1 1 1 1 1
un+1 − un = − ln = − ln 1 + = − +O =O .
n+1 n n+1 n n+1 n n2 n2
| {z }
−1
= n(n+1)
n
X
P
ii. Les sommes partielles de vk = ln un+1 − ln u0 . (Vn ) converge donc (ln un )
vn sont Vn =
k=0 √
nn e−n n
converge vers un réel β et donc (un ) converge vers eβ . On en déduit que un = ∼ eβ et
√ n!
donc n! ∼ e−β nn e−n n, d’où le résultat avec α = e−β > 0.
iii. On a la formule de Wallis :
2
1 2n(2n − 2) · · · 2
lim = π.
n→+∞ n (2n − 1)(2n − 3) · · · 1
Mais
2n(2n − 2) · · · 2 (2n(2n − 2) · · · 2)2 (2n · 2(n − 1) · · · 2)2 22n (n!)2
= = = .
(2n − 1)(2n − 3) · · · 1 2n(2n − 2) · · · 2(2n − 1)(2n − 3) · · · 1 (2n)! (2n)!
On a donc
2 2
22n (n!)2 1 24n α4 n4n e−4n n2 α2
1 2n(2n − 2) · · · 2 1
= ∼ = .
n (2n − 1)(2n − 3) · · · 1 n (2n)! n α2 (2n)4n e−4n 2n 2
α2 √
On a donc = π, c’est à dire α = 2π, et finalement
2
√
n! ∼ 2πnnn e−n .
Z +∞
Exercice 3.7. — Soit f :]0, +∞[→ C de classe C 1 telle que |f 0 (t)|dt converge.
Z n 1
X
1. Montrer que f (n) et f (t)dt sont de même nature.
n≥1 1 n
X R +∞
2. En déduire que f (n) et 1
f (t)dt sont de même nature.
n≥1
√
1 X ei n
3. En déduire, pour α > , la nature de la série .
2 nα
n≥1
sin (nα )
4. Soient 0 < α < β ≤ 1. Montrer que la série de terme général un = est convergente si et
nβ
seulement si α + β > 1.
Solution : 1. Pour établir le résultat, il est suffisant de montrer que la suite (un ) définie par un =
Z n+1 n
X
f (t)dt − f (k) est convergente [il s’agit ici d’une astuce classique]. Remarquons d’abord que
1 k=1
n
!
X Z k+1
un = f (t)dt − f (k) ,
k=1 k
Z n+1
et ainsi (un )n∈N est la série de terme général f (t)dt − f (n) . Montrons qu’elle converge ab-
R +∞ n
solument. [Nous avons une information sur 1 |f 0 (t)|dt, il s’agit de nous en servir !] On intègre alors
par parties [on intègre 1 par t − n − 1 et non par t]
Z n+1 Z n+1
n+1
f (t)dt = [(t − n − 1)f (t)]n − (t − n − 1)f 0 (t)dt,
n n
102 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
On a ainsi la convergence.
1
3. [Il s’agit d’appliquer 1. donc de vérifier que les hypothèses sont satisfaites.] Soit α > . Considérons
√ 2
ei x √
l’application fα :]0, +∞[→ C définie par fα (x) = α
= ei x−α ln x . On a, pour x > 0,
x
r r
1 α i√x−α ln x 1 α2 −α 1 α2 −α− 1
|fα0 (x)| = i √ − e = + 2 x = + x 2.
2 x x 4x x 4 x
En x → +∞, r 1
1 α2 −α− 1 x−α− 2
+ x 2 ∼ .
+∞
4 x 2
Z +∞ Z +∞
dt 1
L’intégrale de Riemann 1 est convergente puisque α > , et donc |fα0 (t)|dt est conver-
1 tα+ 2 2 1
gente. √
n +∞
ei t
Z Z
Étudions alors fα (t)dt . Cette suite converge si l’intégrale
dt est convergente.
1 n 1 tα
On effectue le changement de variables t = u2 . D’après le théorème de changement de variables,
Z +∞ i√t Z +∞ iu
e e
α
dt est convergente si et seulement si 2udu est convergente. Cette dernière est
1 t 1 u2α
3.6. SOLUTIONS 103
1 X
convergente pour tout α > en vertu du critère d’Abel 2.16. Ainsi la série fα (n) est convergente
2
n≥1
1
pour α > .
2
sin tα
4. Considérons l’application (de classe C 1 ) g : [1, +∞[→ R, définie par g(t) = . On a g 0 (t) =
tβ
αtα−1 cos tα sin tα α β
β
− β β+1 d’où |g 0 (t)| ≤ 1+β−α + 1+β . Comme α < β et α > 0 on a la convergence de
t Z +∞ t t Z +∞t
0 P
l’intégrale |g (t)|dt. Ainsi f (n) et g(t)dt ont même nature.
1 Z x 1
β+α−1
D’après le critère d’Abel pour les intégrales impropres [et l’exemple qui suit], si > 0, alors
Z +∞ α
sin u
β+α−1 du est convergente. G a alors une limite lorsque x → +∞, et on en déduit finalement
1 u α
β+α−1
= 0, G(x) = α1 (sin xα − sin 1) et G(x) n’a donc pas
P
que la série f (n) est convergente. Si
α
β+α−1
de limite lorsque x → +∞. Si < 0, alors l’intégrale ne vérifie pas le critère de Cauchy car
α
Z π2 +2kπ
sin u π π − β+α−1
β+α−1 du ≥ + 2kπ − − 2kπ infπ sin inf π u α
π
6 +2kπ u α 2 6 [π
6 +2kπ, 2 +2kπ] u∈[ π
6 +2kπ, 2 +2kπ]
π 1 π − β+α−1
α
≥ + 2kπ → +∞,
32 6
Z +∞
sin u
lorsque k → +∞. β+α−1 du n’est donc pas convergente. D’où l’équivalence.
1 u α
Exercice 3.8. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
nln n
i. un =
(ln n)n
n!
ii. un = n
n
Solution :
√ 1 ln2 n
i. n un = e n → 0 donc, d’après la règle de Cauchy, la série converge.
ln n
n −n
nn
ii. On a uun+1n
= (n+1)!
n! (n+1)n+1 = n
n+1 = 1 + n1 → e−1 < 1. D’après la règle de d’Alembert,
P
la série un est convergente.
Exercice 3.9. — Justifier la convergence et calculer la somme des séries suivantes.
2n
i. un =
n!
n
X 4k
ii. vn = 2−n
k!
k=0
104 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
Solution :
−2
1
P −2 P
i. On considère
P an = n! . On a an = O(nP ) et P n converge
P donc an converge absolument.
Soit cn le produit de Cauchy de an et de an . cn converge absolument, et sa somme
P+∞ P 2
+∞
vaut n=0 cn = n=0 an = e2 . On a
n n n
X 1 X 1 X k 2n
cn = ak an−k = = Cn = = un .
k!(n − k)! n! n!
k=0 k=0 k=0
P+∞
un converge (absolument) et on a k=0 un = e2 .
P
Ainsi,
n
X 2k k−n
ii. On forme a présent le produit de Cauchy de un et de 2−n . Son terme général est
P P
2 =
k!
P k=0
vn . vn converge donc puisque les deux séries sont absolument convergentes, et on a
+∞ +∞
! +∞ !
X X X
−n
vn = un 2 = 2e2 .
n=0 n=0 n=0
P (−1)n
Exercice 3.10. — i. Montrer que la série n+1 est semi-convergente.
ii. Calculer sa somme (on pourra utiliser la formule de Taylor).
1
iii. Déterminer α ∈ Q tel que | ln 2 − α| ≤ .
10
Solution
:
1
i. est une suite décroissante tendant vers 0, on peut donc appliquer le critère des séries
n + 1 n∈N
P (−1)n 1
alternées à n+1 . Cette série converge donc et son reste d’ordre n − 1 vérifie |Rn−1 | ≤ n+1 .
P 1 P (−1)n
De plus, la série harmonique n+1 diverge, donc la série n+1 est semi convergente.
ii. Appliquons la formule de Taylor à l’ordre n à f : [0, 1] → R, f (x) = ln(1 + x) entre 0 et 1. La
(−1)(n−1) (n − 1)!
fonction f est de classe C ∞ et on a, pour tout n ≥ 1, f (n) (x) = . La formule
(1 + x)n
de Taylor nous donne alors :
n Z 1 n−1
X (−1)k Z 1 (−1)n (1 − t)n
X f (k) (0) (1 − t)n (n+1)
ln 2 = ln(1) + + f (t)dt = + dt .
k! 0 n! k+1 0 (1 + t)n+1
k=1 k=0 | {z }
noté Tn
Estimons alors Tn . On a
1 1
(1 − t)n
Z Z
1
|Tn | = dt ≤ (1 − t)n dt = .
0 1 + t)n+1 0 n+1
+∞
X (−1)n
Ainsi Tn → 0 lorsque n → +∞. Donc ln 2 = .
n=0
n+1
n−1 8
X (−1)k 1
X (−1)k
iii. Comme ln 2 − = |Rn−1 | ≤ n+1 , on peut prendre α = .
k+1 k+1
k=0 k=0
Exercice 3.11. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
3.6. SOLUTIONS 105
√
(−1)n (−1)n (−1)E( n)
i. un = √ ii. un = √ iii. un =
n n + (−1)n n
Solution :
i. ( √1n ) est une suite positive décroissante tendant vers 0, donc
P
un est une série alternée. Elle
converge donc.
ii. On ne peut pas utiliser de théroème de comparaison car un n’est pas positive. Mais on va utiliser
n
le fait que un est proche de (−1)
√
n
. (n ≥ 2) On écrit
√ √
(−1)n (−1)n ( n − n − (−1)n 1
un − √ = √ √ =− √ .
n ( n + (−1)n ) n n + (−1)n n
1 1 X 1
√ ∼ . La divergence de la série n−1 implique alors celle de
P
On a n
√
n + (−1) n n n + (−1)n n
X (−1)n P
(théorème de comparaison). Comme √ converge (d’après i), un diverge.
n
√
iii. [Il s’agit déjà de comprendre ce que vaut E( √n)] Remarquons d’abord que si m et n sont deux
entiers tels que m2 ≤ n < (m + 1)2 , alors E( n) = m. Décomposons ainsi les sommes partielles
Xn
de la série. Pour tout n, posons Sn = uk . Soit n ∈ N. On écrit n = m2 +q, avec 0 ≤ q < 2m+1
k=0√
[Tout entier n s’écrit ainsi avec m = E( n)]. On a alors
√ 2 √
n
X (−1)E( k) m−1 X−1
X (p+1) (−1)p Xn
(−1)E( k)
Sn = = + .
k p=0
k k
k=0 k=p2 k=m2
| {z } | {z }
S0 S 00
Écrivons
m−1 (p+1)2 −1 m−1 2p
0
X
p
X 1 X X 1
S = (−1) = (−1)p 2+j
p=1
k p=1
p
k=p2 j=0
| {z }
vp
de sorte à faire apparaître une série alternée. On va montrer que (vp ) est une suite décroissante
tendant vers 0. Pour cela, comparons vp avec des intégrales. Soit p ≥ 2. On a, pour tout j ≥ 0,
Z j+1 Z j
1 1 1
2+t
dt ≤ 2+j
≤ 2+t
dt,
j p p j−1 p
et donc, en sommant :
Z 2p+1 Z 2p
1 1
dt ≤ vp ≤ dt.
0 p2 + t −1 p2 + t
On en déduit que
p2 + 2p + 1 p2 + 2p
ln ≤ v p ≤ ln .
p2 p2 − 1
106 CHAPITRE 3. SÉRIES DE NOMBRES RÉELS ET COMPLEXES
Exercice 3.13. — L’objet de cet exercice est de démontrer la réciproque au théorème 3.24 dans le
cas des suites réelles : toute série de nombres réels commutativement convergente est absolument
convergente.
P
Soit un une série semi-convergente. [Nous allons réordonner les termes de (un ) de sorte à avoir
beaucoup plus de termes positifs que négatifs dans les sommes partielles obtenues et qu’elles soient
alors arbitrairement grandes.] Soient I l’ensemble des n ∈ N tel que un ≥ 0 et J l’ensemble des n ∈ N
tel que un < 0.
i. Montrer qu’il existe deux bijections croissantes φ : N → I et ψ : N → J.
P P
ii. Montrer que les séries uφ(n) et uψ(n) sont divergentes (indication : on pourra raisonner par
l’absurde).
PNk
iii. Construire par récurrence une suite croissante d’entiers distincts (Nk )k∈N vérifiant i=0 uφ(i) ≥
2k .
iv. Posons N−1 = −1. Soit f : N → N définie par :
(
φ(n − k) si n ∈ {Nk−1 + k + 1, . . . , Nk + k}
f (n) =
ψ(k) si n = Nk + k + 1.
Vérifier que f est bijective.
v. Pour tout n > N0 , notons kn le plus grand entier tel que Nkn + kn < n. Montrer qu’il existe
M ≥ 0 tel que
X n
uf (i) ≥ 2kn − (kn + 1)M.
i=0
vi. Conclure.
Solution :
3.6. SOLUTIONS 107
N
X X X X X
u` = u` + u` = u` + u`
`=0 `∈I∩{0,...,N } `∈J∩{0,...,N } `∈φ(N)∩{0,...,N } `∈ψ(N)∩{0,...,N }
X X X X
= uφ(k) + uψ(k) = uφ(k) + uψ(k)
k,φ(k)∈{0,...,N } k,ψ(k)∈{0,...,N } k∈φ−1 {0,...,N } k∈ψ −1 ∈{0,...,N }
n ψ(n)
X X X
uψ(k) − S + ` = un − S − uφ(k) + `
k=0 k=0 k∈φ−1 {0,...,ψ(n)}
ψ(n)
X X
≤ un − S + uφ(k) − ` ≤ 2ε.
k=0 k∈φ−1 {0,...,ψ(n)}
| {z } | {z }
≤ε car ψ(n)≥n0 ≤ε car 0,...,n0 ∈φ−1 {0,...,ψ(n)}
P
uψ(n) converge donc aussi (vers S − `). Mais alors un est absolument convergente, car on a
n
X X X
|un | = uφ(k) − uψ(k) ,
k=0 k∈φ−1 ({0,...,n}) k∈φ−1 ({0,...,n})
| {z } | {z }
tend vers ` avec n tend vers S−` avec n
iv. f est bien définie car {{Nk−1 + k + 1, . . . , Nk + k}, {Nk + k + 1}, k ∈ N} est une partition de N,
c’est à dire que tous ces ensembles sont deux à deux disjoints et de réunion égale à N :
N = {0, . . . , N0 } ∪ {N0 + 1} ∪ {N0 + 2, . . . , N1 + 1} ∪ {N1 + 2} ∪ · · · ∪
∪ {Nk−1 + k + 1, . . . , Nk + k} ∪ {Nk + k + 1} ∪ {Nk + k + 2, . . . , Nk+1 + k + 1} . . . .
Représentons aussi son image pour une meilleure compréhension :
imf = {φ(0), . . . , φ(N0 )} ∪ {ψ(0)} ∪ {φ(N0 + 1), . . . , φ(N1 )} ∪ {ψ(1)} ∪ · · · ∪
∪ {φ(Nk−1 + 1), . . . , φ(Nk )} ∪ {ψ(k)} ∪ {φ(Nk + 1), . . . , φ(Nk+1 )} . . . .
f est surjective puisque imf = imφ ∪ imψ = I ∪ J = N. f est injective car φ et ψ sont injectives
d’images disjointes.
P
v. Comme un est convergente, (un ) → 0 et donc (|un |) est donc bornée, disons par M. On a
n Nkn n−k n −1 kn
X X X X
uf (i) = uφ(k) + uφ(k) + uψ(k) ≥ 2kn − (kn + 1)M.
i=0 k=0 k=Nkn +1 k=0
n
X P
vi. Comme kn → +∞, lim uf (i) = +∞ et donc un n’est pas commutativement convergente.
n→+∞
i=0
On a alors prouvé le résultat.
3.7. DEVOIR N◦ 3 109
3.7. Devoir n◦ 3
1 1 (−1)n
i. rn = iii. tn = v. vn = sin √
n3 n ln n n
1 1
ii. sn = 1 − cos iv. un =
n 1 + n + (ln n)2 vi. wn = sin n
πn
1
i. un = ii. vn = ln 1 − 2
n! n
4.1. Devoir 1
Z 1 Z ln 2 √ Z 1
tdt
Exercice 1. — 1. Calculer les intégrales |t|(1 + t2 )n dt, et − 1dt et 2
dt.
Z −1 Z 0 0 t + 4t + 3
dt t
2. Calculer les primitives suivantes : t
et 2
dt.
1+e t +t+1
Solution : 1. f : t 7→ |t|(1 + t2 )n est continue sur [−1, 1], donc Riemann-intégrable. f est paire
Z 0 Z 1
(f (−t) = | − t|(1 + (−t)2 )n = |t|(1 + t2 )n = f (t)) donc f (t)dt = f (u)du [se voit en effectuant
−1 0
le changement de variables u = −t]. On a donc
Z 1 Z 0 Z 1 Z 1
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt = 2 f (t)dt.
−1 −1 0 0
Ainsi 1
1 1
(1 + t2 )n 2n+1 − 1
Z Z
f (t)dt = 2 t(1 + t2 )n dt = = .
−1 0 n+1 0 n+1
[Il fallait faire attention ici à la valeur absolue : si t < 0, |t| = −t. Notons aussi que l’intégrale sur un
segment non trivial d’une fonction continue positive est nulle si et seulement si la fonction est nulle,
ce qui n’est pas le cas ici.]
Z ln 2 √
√
t
t 7→ e − 1 est continue sur [0, ln 2], donc est Riemann-intégrable. Pour calculer et − 1 dt,
√ 0
on effectue le changement de variables u = et − 1. Lorsque t décrit [0, ln 2], u décrit [0, 1]. On a
t 2
u2 = et − 1 et du = 2√eet −1 = u2u +1
dt. On a ainsi :
Z ln 2 √ Z 1 Z 1
2u2
2 π
t
e − 1 dt = 2+1
du = 2− 2 du = 2 − [2 arctan u]10 = 2 − .
0 0 u 0 u + 1 2
[Il est naturel ici d’effectuer un changement de variables, puisqu’on n’est pas en présence d’une ex-
pression « usuelle »]
Remarquons que t2 + 4t + 3 = (t + 3)(t + 1). (t + 3)(t + 1) ne s’annule pas sur [0, 1]. La fonction
t
t 7→ 2 est donc continue sur [0, 1], et ainsi Riemann-intégrable. Décomposons la fraction en
t + 4t + 3
éléments simples : il existe α, β ∈ Q,
t t α β
= = + .
t2 + 4t + 3 (t + 3)(t + 1) t+3 t+1
112 CHAPITRE 4. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2010-2011
−3
En multipliant par (t + 3) et en prenant la valeur en t = −3, on voit alors que −3+1 = α + 0. En
−1
multipliant cette fois par (t + 1) et en prenant la valeur en t = −1, on voit que −1+3 = 0 + β. On
conclut que α = 32 et β = − 12 . Calculons à présent l’intégrale. On a
Z 1 Z 1
tdt 1 3 1
2
dt = − dt.
0 t + 4t + 3 0 2 t+3 t+1
On a alors
Z 1
tdt 1 1 1 5 3
dt = [3 ln(t + 3) − ln(t + 1)]0 = (3 ln 4 − 3 ln 3 − ln 2) = ln 2 − ln 3.
0 t2 + 4t + 3 2 2 2 2
[L’intégration de fractions rationnelles s’effectue d’abord en les décomposant en éléments simples dans
R(X).]
1
2. Pour trouver les primitives de , on pose u = et . On a du = udt, et
1 + et
et
Z Z Z
dt du 1 1 u
= = − du = ln + cste = ln + cste.
1 + et (1 + u)u u u+1 1+u 1 + et
Z
t
Déterminons dt. On a
t2 + t + 1
Z Z Z
t 1 2t + 1 1 1
dt = dt − dt.
t2 + t + 1 2 t2 + t + 1 2 t2 + t + 1
D’un côté, Z
2t + 1
2
dt = ln(t2 + t + 1) + cste.
t +t+1
De l’autre,
Z Z Z √2 dt
1 dt 2 3
dt = 2 = √ 2 .
t2 + t + 1 t + 12 + 34
3 √ t + √1
2
+ 1
3 3
On pose u = √2 t + √1 .
On a du = √23 dt. On a alors
3 3
Z Z
1 2 du 2 2 2 1
dt = √ = √ arctan u + cste = √ arctan √ t + √ + cste.
t2 + t + 1 3 u2 + 1 3 3 3 3
On a donc Z
t 1 2 1 2 1
dt = ln(t + t + 1) − √ arctan √ t + √ + cste
t2 + t + 1 2 3 3 3
[Ces deux calculs de primitives se ramenaient encore au calcul classique de primitives de fractions
rationnelles].
Exercice 2. — Irrationnalité de π 2 n
1. Soit g un polynôme à coefficients entiers. On considère le polynôme défini par h(X) = X n! g(X)
.
Montrer que, pour tout k ∈ N, h(k) (0) est entier.
2. On suppose que π 2 est rationnel, c’est à dire qu’il existe p, q ∈ N∗ tel que π 2 = pq . Pour tout n ∈ N∗ ,
on pose
fn : [0, 1] → R
n n
x 7→ x (1−x)
n!
Z 1
et on considère In = πpn fn (t) sin(πt)dt.
Z 1 0 Z 1
fn (1) + fn (0) 1
2.a. Montrer que fn (t) sin(πt)dt = − 2 f 00 (t) sin(πt)dt.
0 π π 0 n
4.1. DEVOIR 1 113
!
(2n) (2n)
f 00 (1) + fn00 (0) fn (1) + fn (0)
2.b. Montrer que In = p n
fn (1) + fn (0) − n 2
+ · · · + (−1)n .
π π 2n
2.c. En déduire que In ∈ Z.
2.d. Remarquer qu’il existe n ∈ N∗ , 0 < In < 1. Conclure.
(i)
Solution : 1. Posons g0 (X) = X n . Si i ≤ n, g0 = n(n − 1) · · · (n − i + 1)X n−i . Si i < n, on a donc
(i) (n) (i)
g0 (0) = 0. Si i = n, g0 (0) = n!. Enfin, si i > n, g0 = 0 puisque g0 est un polynôme de degré n.
D’après la formule de Leibniz, on a, pour tout k ∈ N :
k
X 1 ` (`)
h(k) (X) = C g (X)g (k−`) (X).
n! k 0
`=0
Z 1
n
Comme In = πp fn (t) sin(πt)dt, on en déduit que
0
!
(2n) (2n)
f 00 (1) + fn00 (0) fn (1) + fn (0)
In = p n
fn (1) + fn (0) − n 2
+ · · · + (−1)n .
π π 2n
pn X n (1 − X)n
2.c. Pour tout k ≤ n, 2k
= pn−k q k ∈ Z. Soit le polynôme Fn (X) = . On peut lui
π n!
(k)
appliquer 1. puisque (1 − X)n est à coefficients entiers : pour tout k ∈ N, Fn (0) ∈ Z. De plus,
(k) (k) (k)
Fn (X) = Fn (1 − X), donc Fn (X) = (−1)k Fn (1 − X), et donc Fn (1) ∈ Z. Comme fn est la
(k) (k)
fonction polynôme de [0, 1] associée à Fn , on en déduit que fn (1) et fn (0) sont deux entiers.
In = pn (fn (1) + fn (0)) − pn−1 q(fn00 (1) + fn00 (0)) + · · · + (−1)n q n (fn(2n) (1) + fn(2n) (0)),
est donc une somme d’entiers, et est donc un entier.
2.d. fn (t) sin(πt) est une fonction continue positive sur [0, 1]. Comme fn (t) sin(πt) est non nulle,
Z 1
fn (t) sin(πt)dt > 0 [cf exercices]. Comme π > 0, p > 0 et on a donc In > 0. On écrit
0
1
πpn
Z
In = tn (1 − t)n sin(πt) dt.
n!
|{z} 0 | {z }
≤1
→0
πpn
→ 0 lorsque n → +∞ [comparaison exponentielle-factoriel], et 0 ≤ tn (1 − t)n sin(πt) ≤ 1 pour
n! R1
tout t ∈ [0, 1], donc 0 ≤ 0 tn (1 − t)n sin(πt)dt ≤ 1. On en déduit que In → 0. Il existe donc n ∈ N,
0 < In < 1. C’est absurde car In ∈ Z. π 2 est donc irrationnel.
Exercice 3. — 1. Montrer qu’il existe f : [0, 1] → R dérivable sur [0, 1] telle que f 0 ne soit pas
Riemann-intégrable.
2. Soit f dérivable sur [0, 1] telle que f 0 soit Riemann-intégrable sur [0, 1]. Montrer que
Z 1
f 0 (t)dt = f (1) − f (0).
0
[Indication : on pourra utiliser l’égalité des accroissements finis et des sommes de Riemann]
Solution : 1. Il suffit de trouver une fonction dérivable de dérivée non bornée. En effet, une fonction
non bornée n’est pas Riemann-intégrable. Considérons
f: [0, 1] → R
(
x2 sin x12 si x 6= 0
x 7→
0 si x = 0
f est continue, dérivable sur ]0, 1], de dérivée
1 2 1
f 0 (x) = 2x sin − cos 2 .
x2 x x
f (x) f (x) − f (0)
De plus, ≤ |x| donc lim+ existe et vaut 0. f est donc dérivable en 0 de dérivée
x x→0 x
√
1
f 0 (0) = 0. Enfin f 0 √ = −2 2kπ → −∞ lorsque k → +∞, donc f 0 n’est pas bornée.
2kπ
1 1 1
2. Soit n ∈ N. On considère la subdivision de [0, 1] σn = 0, , . . . , 1 − , 1 de pas . f est dérivable
n n n
4.2. DEVOIR 2 115
4.2. Devoir 2
Exercice 1. — 1. Déterminer la nature des intégrales suivantes :
Z 1 Z +∞
1 | sin t|
√ dt et 3 dt.
0 1− t 0 t2
2. Justifier la convergence des intégrales suivantes et les calculer :
Z +∞ Z +∞
1
√ dt et t2 e−t cos tdt.
0 t(1 + t) 0
1
Solution : 1. La fonction f : t 7→ √ est continue sur [0, 1[ donc localement intégrable sur
1− t
[0, 1[. Étudions son comportement en 1. Posons t = 1 − h. On a, lorsque h → 0+ ,
1 1 2
f (1 − h) = √ ∼0+ 1 = .
1− 1−h 2h
h
Z 1
2 R1 2
Ainsi lorsque t → 1− , f (t) ∼1− . De plus l’intégrale 0 1−t dt est divergente, donc f (t)dt est
1−t 0
aussi divergente d’après le théorème de comparaison.
| sin t|
g : t 7→ 3 est continue sur ]0, +∞[ donc est localement intégrable sur ]0, +∞[. Étudions son
t2
comportement en 0+ et en +∞. Lorsque t → 0+ ,
t 1
g(t) ∼0+ 3 = t− 2 car | sin t| ∼0+ t.
t2
Z 1
1 R1
L’intégrale t− 2 dt converge comme intégrale de Riemann, 0 g(t)dt est donc convergente d’après
0 Z +∞
1 1
le théorème de comparaison. De plus, on a |g(t)| ≤ 3 puisque | sin t| ≤ 1. L’intégrale 3 dt
Zt 2+∞ 1 t2
est convergente comme intégrale de Riemann, donc g(t)dt est absolument convergente, donc
Z +∞ 1
1
2. La fonction f : t 7→ √ est continue sur ]0, +∞[ donc localement intégrable sur cet intervalle.
t(1 + t)
Z 1 Z +∞
√
Nous allons étudier f (t)dt et f (t)dt. On effectue le changement de variables u = t. C’est
0 1
un C 1 difféomorphisme de ]0, 1] sur ]0, 1] et de [1, +∞[ sur [1, +∞[ (d’inverse t = u2 ). On a du =
Z 1 Z +∞
1 2 2 1
√ dt. Les intégrales 2
du et 2
du sont convergentes. En effet, h : u 7→
2 t
0 1+u 1 1+u 1 + u2
Z +∞
est continue sur [0, 1] et et h(u) ≤ u−2 nous assure la convergence de h(u)du via le théorème
Z 11 Z +∞
de comparaison. D’après le théorème de changement de variables, f (t)dt et f (t)dt sont
0 1
convergentes, Zet ont pour valeur celles des deux intégrales précédentes. On en déduit la convergence
+∞
de l’intégrale f (t)dt et sa valeur :
0
Z +∞ Z +∞
2 +∞
f (t)dt = du = [2 arctan u]0 = π.
0 0 1 + u2
[Ici, pour plus de prudence, il peut être judicieux de vérifier la convergence de l’intégrale de f via
le théorème de comparaison, puis d’effectuer le changement de variables qui est une opération plus
délicate]
La fonction g : t 7→ t2 e−t cos t est continue sur [0, +∞[ donc est localement intégrable sur cet intervalle.
Z +∞
Remarquons que |g(t)| ≤ t2 e−t . t2 e−t = O(t−2 ) donc l’intégrale t2 e−t dt est convergente. Le
Z +∞ 1
théorème de comparaison nous assure que g(t)dt converge absolument donc converge. g étant
Z +∞ 1
Z +∞ Z +∞
2 −t+it
g(t)dt = < t e dt
0 0
(cette dernière intégrale converge absolument de même que g). Calculons alors cette intégrale. On
intègre alors deux fois par parties, et on obtient :
+∞ +∞ Z +∞
t2 (i−1)t e−t+it
Z
2 −t+it
t e dt = e − 2t dt
0 i−1 0 0 i−1
+∞ Z +∞
e−t+it
2t (i−1)t
=0−0− e + 2 dt
(i − 1)2 0 0 (i − 1)2
+∞
2 (i−1)t 2 1
= −0 + 0 + e =0− = (1 + i)3
(i − 1)3 0 (i − 1) 3 4
1 1
= (1 + 3i − 3 − i) = − (1 − i).
4 2
Z +∞
(i−1)t −t 1
Notons que e =e → 0 lorsque t → +∞. On en déduit que g(t)dt = − .
0 2
4.2. DEVOIR 2 117
Z +∞
Exercice 2. — Soit f : R → R une fonction continue sur R telle que l’intégrale |f (t)|dt
−∞
converge. Montrer que
Z +∞
lim |f (t + a) − f (t)| = 0.
a→0 −∞
D’où le résultat. [L’uniforme continuité joue un rôle crucial ici. En effet, on a besoin d’un α indépendant
du point choisi, vu qu’on considère t parcourant tout un segment. C’est l’utilisation la plus classique
de l’uniforme continuité.]
118 CHAPITRE 4. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2010-2011
+∞
1 − cos t −xt
Z
Exercice 3. — Pour tout réel x tel que e dt converge, on note
0 t2
+∞
1 − cos t −xt
Z
φ(x) = e dt
0 t2
la valeur de cette intégrale.
1. Montrer que φ(x) existe pour tout x ∈ [0, +∞[.
2. Préciser le signe de φ(x) − φ(y) pour 0 ≤ x < y. En déduire que φ : [0, +∞[ admet une limite finie
λ en +∞.
1 − cos t
3. Montrer qu’il existe M > 0 tel que, pour tout t > 0, ≤ M. En déduire la valeur de λ.
t2
4.(∗) Montrer que φ est continue.
1 − cos t −xt
Solution :1. Pour tout x ≥ 0, on considère la fonction fx : t 7→ e . fx est continue sur
t2
2
1 − cos t 1 t
]0, +∞[. De plus, lorsque t → 0+ , → puisque 1 − cos t ∼0 . Donc fx est prolongeable par
t2 2 2
1
continuité en 0 en posant fx (0) = . Ainsi, fx est continue sur [0, +∞[ donc localement intégrable
2
sur [0, +∞[. On observe que 0 ≤ fx (t) ≤ f0 (t) pour tout t ∈ R+ . Il suffit donc de démontrer que
R +∞
f (t)dt converge pour en déduire, via le théorème de comparaison, la convergence des intégrales
Z0 +∞ 0
2 R +∞
fx (t)dt pour tout x ≥ 0. On a 0 ≤ f0 (t) ≤ 2 . L’intégrale 1 t−2 dt est convergente comme in-
0 t
Z +∞
tégrale de Riemann. On en déduit, en utilisant le théorème de comparaison, que f0 (t)dt converge,
Z +∞ 1
et par suite f0 (t)dt converge. Finalement, φ(x) est donc bien définie pour tout x ≥ 0.
0
2. Soient x, y ∈ R+ tels que x < y. Pour tout t ∈ R+ , 0 ≤ fy (t) = f0 (t)e−yt ≤ f0 (t)e−xt = fx (t)
puisque e−yt ≤ e−xt et f0 (t) ≥ 0. De plus, si t 6= 2kπ, k ∈ N, l’inégalité est stricte puisque e−yt < e−xt
et f0 (t) > 0. En intégrant les fonctions continues [le résultat est vrai même dans le cas où les fonctions
ne sont pas continues, mais c’est plus délicat, voir exercice 1.8.], on obtient
Z +∞ Z +∞
φ(y) = fy (t)dt < fx (t)dt = φ(x).
0 0
x 7→ φ(x) est donc strictement décroissante. Minorée par 0, cette fonction admet donc une limite
finie λ en +∞. [la décroissante est ici suffisante pour conclure, donc on n’a pas vraiment besoin des
inégalités strictes]
2
3. f0 est continue sur [0, 1] donc bornée : pour tout t ∈ [0, 1], 0 ≤ f0 (t) ≤ m. Si t ≥ 1, |f0 (t)| ≤ .
1
Ainsi, en posant M = max(m, 2), on a, pour tout t ∈ R+ , f0 (t) ≤ M. On a alors
Z +∞ Z +∞ t=+∞
−xt −xt −1 −xt M
φ(x) = f0 (t)e dt ≤ M e dt ≤ M e = →x→+∞ 0.
0 0 x t=0 x
D’où λ = 0. Z +∞ Z +∞
4. Soit ε > 0. Comme f0 (t)dt converge, il existe A > 0 tel que 0 ≤ f0 (t)dt ≤ ε.
0 A
Nous avons besoin d’un résultat classique concernant les fonctions continues ayant une limite finie
en +∞ [on montre qu’elles sont uniformément continue sur [0, +∞[.] Montrons qu’il existe α > 0, tel
ε
que, pour tous X, Y ∈ R, |X − Y | ≤ α, |e−X − e−Y | ≤ . e−t tend vers 0 en +∞ donc il existe
φ(0)
ε ε
B tel que, pour tout X ≥ B, |e−X | ≤ (notons que φ(0) > 0). On a donc |e−X − e−Y | ≤
2φ(0) φ(0)
4.3. DEVOIR 3 119
dès que X, Y ≥ B. e−t est continue sur [0, B + 1] donc uniformément continue sur [0, B + 1]. Donc il
ε
existe 0 < α < 1, tel que, pour tous X, Y ∈ [0, B + 1] vérifiant |X − Y | ≤ α, |e−X − e−Y | ≤ . On
φ(0)
vérifie qu’on a alors le résultat, car tous X, Y satisfaisant |X − Y | ≤ α se trouvent tous les deux dans
l’un des intervalles [0, B + 1] ou [B, +∞[.
α
Soient x, y ∈ R, vérifiant |x − y| ≤ A . On a alors, pour tout t ∈ [0, A], |tx − ty| ≤ α. On a donc
Z +∞
|φ(x) − φ(y)| ≤ f0 (t)|e−xt − e−yt |dt
0
Z A Z +∞
−xt −yt
≤ f0 (t)|e |dt +−e f0 (t)|e−xt − e−yt |dt
0 A
Z +∞ Z +∞
ε ε
≤ f0 (t) dt + 2 f0 (t)dt ≤ φ(0) + 2ε = 3ε.
0 φ(0) A φ(0)
φ est donc uniformément continue, donc continue sur R [On pourra démontrer ce résultat ultérieure-
ment à l’aide d’intégrales à paramètres].
4.3. Devoir 3
Exercice 1. — Étudier la convergence des séries de terme général
(−1)n
p
un = ln 1 + √ et vn = sin π n2 + 1 .
n ln n
n
Solution : on peut écrire [cf développement limité de ln(1 + u) en 0] un = √(−1) n ln n
+ gn , où gn =
1 X 1
O √ . La série de Bertrand est convergente, donc (théorème de comparaison),
( n ln n)2 n(ln n)2
n≥2
P P X (−1)n
n≥2 gn converge absolument donc converge. n≥2 un converge donc si et seulement si √
n ln n
n≥2
1
converge. Posons u∗n = √ . (u∗n )n≥2 est clairement positive, décroissante et tend vers 0. Le critère
n ln n
des séries alternées implique donc la convergence de n≥2 (−1)n u∗n . n≥2 un est donc convergente.
P P
On écrit
r !
p 1 1
1
2
vn = sin(π n + 1) = sin nπ 1 + 2 = sin nπ 1 + 2 + o
n 2n n3
| {z }
√
1+u=1+ u 2
2 +O0 (u )
π 1 n π 1 nπ 1
= sin nπ + +o = (−1) sin +o = (−1) +o .
2n n2 2n n2 2n n2
| {z } | {z }
sin(nπ+u)=(−1)n sin u sin u=u+o0 (u2 )
π
[On ne peut pas faire un DL de sin en +∞, on se ramene en 0] On pose hn = vn − (−1)n 2n . Le calcul
1
P
précédent nous assure que hnP = o n2 . On en déduit que hn converge absolument (théorème P de
π
comparaison) donc converge. (−1)n 2n converge comme série alternée, on en déduit donc que vn
converge.
Exercice 2. — Calcul de ζ(2)
X 1 +∞
X 1
1.a. Justifier la convergence de 2
. On note ζ(2) = .
n n2
k=1
120 CHAPITRE 4. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2010-2011
1.b. Après avoir justifié leur existence, calculer en fonction de ζ(2) les sommes
+∞ +∞
X (−1)n
X 1
V = et W = .
(2n + 1)2 n2
k=0 k=1
1 sin (n + 21 )x
Dn (x) = .
2 sin x2
Z π
∗
Pour tout entier n ∈ N , on note Ln = tDn (t)dt.
Z π 0
x
5.a. Montrer qu’on peut prolonger x 7→ par continuité en une fonction continue f : [0, π] → R.
sin x2
5.b. Montrer que f est de classe C 1 .
6.a. Démontrer que lim Ln = 0.
n→+∞
6.b. En déduire la valeur de ζ(2).
+∞ +∞ +∞ +∞ +∞
X 1 X 1 X 1 1X 1 X 1
2
= 2
+ 2
= 2
+ .
n=1
n n=1
(2n) n=1
(2n + 1) 4 n=1
n n=1
(2n + 1)2
| {z } | {z }
termes pairs termes impairs
1 cos (n+1)x
2 sin( n2 x) sin x2 + 2 cos (n+1)x
2 sin( n2 x)
On a donc Dn (x) = + = . En utilisant la formule
2 sin x2 2 sin x2
bien connue sin(a − b) + sin(a + b) = 2 sin a cos b, avec a = n2 x, b = (n+1)x
2 , on obtient :
sin n + 21 x
Dn =
2 sin x2
3.a Soit k ≥ 1. On a, en intégrant par parties,
Z π π
1 π
Z
1 1 π 1
Ik := t cos ktdt = t sin kt − sin ktdt = 0 + 2 [cos kt]0 = 2 ((−1)k − 1)
0 k 0 k 0 k k
3.b On a
n
! n n
π π Z π
π 2 X 1 − (−1)k
Z Z
1 X t X
Ln = tDn (t)dt = t + cos(kt) dt = dt + Ik = − .
0 0 2 0 2 4 k2
k=1 k=1 k=1
2
3.c (Ln ) est laP Psuite constante π /4 et des suites des sommes partielles des séries conver-
somme de la
gentes (cf 1.) −n−2 et (−1)n n−2 . La suite (Ln ) converge donc, et on a
π2 π2 3
lim Ln = − ζ(2) + W = − ζ(2).
n→+∞ 4 4 2
1
4. Comme φ est C , l’intégrale est bien définie, et on peut l’intègrer par parties :
Z π
1 π 0
Z
1 π
φ(t) sin(λt) dt = − [φ(t) cos(λt)]0 + φ (t) cos(λt) dt.
0 λ λ 0
On en déduit que
Z π Z π
1
φ(t) sin(λt) dt ≤ φ(0) − φ(π) cos(λπ) + φ0 (t) cos(λt) dt
0 |λ| 0
Z π
1
≤ |φ(0)| + |φ(π)| + |φ0 (t)| dt → 0 quand λ → +∞.
|λ|
| {z 0 }
∈R
x x x
5.a En 0, on a sin ∼ donc x 7→
2 2 admet pour limite 2 en 0. Elle est continue sur ]0, π], donc
sin x
2
elle est prolongeable en une fonction continue f : [0, π] → R, en posant
(
2 si x = 0,
f (x) = x
sin x si x 6= 0
2
122 CHAPITRE 4. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2010-2011
3n 3n
X σ(k) 1 X 1 1
≥ 2 σ(k) ≥ 2 n · n = > 0.
k2 9n 9n 9
k=n+1 k=n+1
P σ(n)
La série n2 diverge donc.
P
Exercice 4. — (∗) Soit un une série à termes strictement positifs.
P X un
1. Supposons que un diverge. Discuter en fonction du paramètre α la nature de la série , où
Snα
Xn
Sn = uk .
k=0
P X un
2. Supposons que un converge. Discuter en fonction du paramètre α la nature de la série ,
Rnα
+∞
X
où Rn = uk .
k=n
4.3. DEVOIR 3 123
On en déduit que
n n Z Sk Z Sn Z +∞
X uk X 1 1 1
≤ dt = dt ≤ dt .
Skα Sk−1 t α
S0 t α
u0 tα
k=1 k=1 | {z }
convergente car α>1
X un
La suite des sommes partielles de la série à termes positifs est majorée, cette série converge
Snα
donc.
Supposons α ≤ 1. On va contredire le critère de Cauchy. Sn → +∞ donc il existe n0 tel que, pour
tout n ≥ n0 , Sn ≥ 1. Ainsi, pour tout n ≥ n0 , Snα ≤ Sn . On a, pour tous n0 ≤ p < q,
q q q q
X un X un X un 1 X 1 Sp
α
≥ ≥ ≥ un = (Sq − Sp ) = 1 − .
S
n=p+1 n n=p+1
Sn n=p+1
Sq Sq n=p+1
Sq Sq
De plus, Sn → +∞, donc pour tout p ≥ n0 , il existe q tel que Sq ≥ 2Sp . On a alors
q
X un 1
∀ p ≥ n0 , ∃q > p, α
≥ .
S
n=p+1 n
2
X un
P un
α
Sn ne satisfait pas au critère de Cauchy et donc diverge. Ainsi converge si et seulement si
Snα
α > 1. P
2.POn raisonne de la même façon quePprécédemment. D’abord, un converge donc Rn est bien défini
( un a pour somme R0 ). De plus, un est à termes strictement positifs donc (Rn ) est strictement
décroissante. En outre, elle tend vers 0.
Supposons α < 1. Soit n ∈ N. Pour tout k, on a
Z Rk
uk Rk − Rk+1 1
= ≤ dt.
Rkα Rkα Rk+1 t
α
Donc on a
n n Z Rk Z R0 Z R0
X uk X 1 1 1
≤ dt = dt ≤ dt .
Rkα Rk+1 t
α
Rn+1 t
α
0 tα
k=1 k=1 | {z }
convergente car α<1
P un
La série α converge donc de même qu’en 1.
Rn
Supposons α ≥ 1. Raisonnons de même qu’en 1. Soit n0 tel que, pour tout n ≥ n0 , Rn ≤ 1. Soient
n0 ≤ p < q. On a
q−1 q−1 q−1 q−1
X un X un X un 1 X 1 Rq
α
≥ ≥ ≥ un = (Rp − Rq ) = 1 − .
R
n=p n
R
n=p n
R
n=p p
Rp n=p Rp Rp
124 CHAPITRE 4. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2010-2011
Rappelons que Rn → 0. Ainsi, étant donné p, il existe q > p tel que 2Rq ≤ Rp . Ainsi :
q−1
X un 1
∀ p ≥ n0 , ∃q > p, α
≥ .
R
n=p n
2
P un P un
On a donc montré que la série α ne satisfait pas au critère de Cauchy : elle diverge. Ainsi
Rn α
Rn
converge si et seulement si α < 1.
Exercice 2
et les calculer.
Exercice 3
Exercice
Z +∞
Soit f : R∗+ → R continue telle que f (t)dt converge.
1 Z x
1. Que peut-on dire de la fonction F : R∗+
→ R définie par F (x) = f (t)dt?
Z +∞ 1
f (t)
2. Soit a > 0. Montrer que dt converge (on pourra utiliser la fonction F ).
1 ta
Problème
Z 1
1. Étudier, suivant les valeurs des paramètres a, b ∈ R, la convergence de ta | ln t|b dt (on pourra
0
utiliser sans justification la convergence des intégrales de Riemann).
Z +∞
2. Soit x ∈ R. Montrer que l’intégrale impropre e(x−1) ln t e−t dt est convergente si et seulement
0
si x > 0.
On définit alors la fonction
Γ : R∗+ → R
R +∞
x 7 → Γ(x) = 0 tx−1 e−t dt
3. Montrer que, pour tout x > 0, Γ(x) > 0 et Γ(x + 1) = xΓ(x). En déduire la valeur de Γ(n) pour
tout n ∈ N∗ ainsi qu’un équivalent de Γ en 0.
4. Soit α ∈ R∗+ . On se propose de montrer que Γ est continue en α.
4.a. Montrer que, pour tout u ≥ 0, |eu − 1| ≤ ueu et que, pour tout u < 0, |eu − 1| ≤ |u|.
iα h
4.b. Soit x ∈ , α . Après avoir justifié la convergence des intégrales suivantes, montrer que :
2
Z 1 Z +∞
α
−1 −t α−1 −t
|Γ(x) − Γ(α)| ≤ |x − α| t 2 e | ln t| dt + t e ln t dt
0 1
4.c. Soit x ∈ ]α, 2α[ . Après avoir justifié la convergence des intégrales suivantes, montrer que :
Z 1 Z +∞
α−1 −t 2α−1 −t
|Γ(x) − Γ(α)| ≤ |x − α| t e | ln t| dt + t e ln t dt
0 1
4.d. Déduire de ce qui précède que Γ est une fonction continue sur R∗+ .
5.(∗) Montrer que Γ est dérivable, et que
Z +∞
0
Γ (x) = tx−1 e−t ln t dt
0
(on pourra utiliser cette fois la formule de Taylor à l’ordre 2 et raisonner comme en 4).
126 CHAPITRE 4. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2010-2011
1 1
6. Montrer que la série de terme général − ln 1 + est convergente. On pose alors
n n
+∞
X 1 1
γ= − ln 1 + .
n=1
n n
7. Montrer que !
n
X 1
γ = lim − ln n .
n→+∞ k
k=1
1. Donner, sans justification, une condition nécessaire et suffisante sur a ∈ R pour que la série de
1
terme général un = a converge.
n
2. Donner, sans justification, une condition nécessaire et suffisante sur (α, β) ∈ R2 pour que l’intégrale
Z 1e
dt
α | ln t|β
converge.
0 t
Exercice 1
Z 1 p
1. Calculer l’intégrale 1 − t2 dt.
0
2. Donner les primitives de la fonction suivante en précisant leur domaine de validité :
x2
f (x) = .
x6 − 1
Exercice 2
Exercice 3
ln n
r
1. rn = √ (−1)n
n n 4. un = 1 + −1
n
nln n 1
2. sn = 5. vn =
(ln n)n n ln n
1
sin n
3. tn = n ln 1 + 6. wn =
n n ln n
Exercice 2
(−1)n
1. Montrer que la série de terme général est semi-convergente. On notera S sa somme.
n+1
2. Rappeler la formule de Taylor avec reste intégral à l’ordre n pour une fonction f : [a, b] → R de
classe C n+1 .
3. Choisissant f = ln (1 + x), en déduire que S = ln 2.
Exercice 3
Z +∞
1 2
On considère, pour tout λ ≥ 0, f (λ) = e−λt dt.
0 1 + t2
1. Calculer f (0) et justifierl’existence
de f (λ) pour tout λ ∈ R∗+ .
1
2. Montrer que f (λ) = O √ lorsque λ → +∞. On pourra effectuer le changement de variable
√ λ
u = λt.
Z a Z a
1 −λt2 1
3. Soit a ∈ R∗+ . Montrer que lim e dt = dt. On pourra utiliser le fait que pour
λ→0 0 1 + t2 0 1 + t2
2 2
tout t ∈ [0, a], e−λt ≥ e−λa .
Z +∞
1
4. Montrer que limλ→0 f (λ) = f (0). On pourra fixer ε > 0, choisir un réel a ∈ R+ tel que dt ≤
a 1 + t2
ε
et utiliser la question 3.
3
CHAPITRE 5
5.1. Devoir 1
Exercice 1. — Calculer les limites des suites suivantes
n n n1
e− k
X (2n)!
i. un = n ii. vn =
k2 n!nn
k=1
Solution :
i. [un est une somme mêlant k et n. On va donc essayer de faire apparaître une somme de Riemann.]
On a
−1
n
1 X e−( n )
k
un = ,
n k 2
k=1 n
n −1
e−x
1X k
on voit donc que un = f , avec f (x) = . f est Riemann-intégrable sur [0, 1]
n n x2
k=1
car elle est continue sur ]0, 1] et prolongeable par continuité en 0 en posant f (0) = 0, puisque
lim f (x) = 0. [ou, de façon équivalente, lim y 2 e−y = 0, avec y = x−1 ]. La suite des sommes
x→0+ y→+∞
k 1
de Riemann (un )n∈N associée à f et aux subdivisions σn = , k = 1 . . . n de pas converge
n n
donc, et on a :
Z 1
lim un = f (t)dt.
n→+∞ 0
Reste à calculer l’intégrale de f. Une primitive sur [0, 1] de f est la fonction définie par g(x) =
−1
e−x si x 6= 0, et g(0) = 0. Alors
Z 1
1
lim un = f (t)dt = [g]0 = e−1 .
n→+∞ 0
130 CHAPITRE 5. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2011-2012
ii. [vn est un produit mêlant k et n. Pour transformer un produit en somme, on passe au ln . On va
alors essayer de faire apparaître une somme de Riemann pour ln vn .] On a
1 (2n)! 1 2n(2n − 1) . . . (n + 1) 1 n+1n+2 2n − 1 2n
ln vn = ln = ln = ln ...
n n!nn n nn n n n n n
1 1 2 n−1 n
= ln 1 + + ln 1 + + · · · + ln 1 + + ln 1 +
n n n n n
n
1X k
= ln 1 +
n n
k=1
On voit donc que ln vn est lasomme de Riemann associée à la fonction h = ln(1 + x) et à
k 1
la subdivision , k = 1 . . . n de pas . La fonction h est continue sur [0, 1] donc Riemann-
n n
Z 1
intégrable, et la suite (ln vn )n∈N de sommes de Riemann converge vers h(t)dt. De plus, une
0
primitive de h est la fonction H(x) = (1 + x) ln(1 + x) − x, on a donc
Z 1
1
lim (ln vn ) = h(t)dt = [H]0 = 2 ln 2 − 1.
n→+∞ 0
Solution :
i. [On part de l’observation qu’on saurait calculer l’intégrale si on avait u et non ln t dans l’intégrale.]
1
La fonction t 7→ t(1+ln t)((ln t)2 +1) est continue sur [1, e] donc Riemann-intégrable. On effectue le
dt
changement de variable u = ln t. Lorsque t décrit [1, e], u décrit [0, 1]. On a du = , et l’intégrale
t
s’écrit donc : Z e Z 1
dt du
2
= 2
.
1 t(1 + ln t)((ln t) + 1) 0 (u + 1)(u + 1)
[On s’est donc ramené au calcul de l’intégale d’une fraction rationnelle.] Décomposons la fractions
1
en éléments simples. Les polynômes X + 1 et X 2 + 1 sont irréductibles dans
(X + 1)(X 2 + 1)
R[X] donc, d’après le théorème de décomposition en éléments simples, il existe a, b, c ∈ R (même
dans Q) tels que
1 a bX + c
2
= + 2 .
(X + 1)(X + 1) X +1 X +1
En multipliant par X + 1 l’égalité, puis en faisant X = −1, on voit que
1 (b(−1) + c)(−1 + 1
2
=a+ ,
((−1) + 1) (−1)2 + 1
1
et donc que a = . En multipliant cette fois par X 2 + 1 et en faisant X = i, on voit que
2
1 a(i2 + 1)
= + bi + c
(1 + i) 1+i
5.1. DEVOIR 1 131
1−i 1 1 1
et donc que bi + c = = (1 − i). On en conclut que b = − et c = . On écrit alors
(1 + i)(1 − i) 2 2 2
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
du 1 du 1 u du 1 du
2 + 1)
= − 2
+
0 (1 + u)(u 2 0 1 + u 2 0 1 + u 2 0 1 + u2
1
1 1 1 1 1 1
= [ln(1 + u)]0 − ln(1 + u2 ) + [arctan u]0
2 2 2 0 2
1 1 π ln 2 π
= ln 2 − ln 2 + = +
2 4 8 4 8
ii. [Il ne s’agit pas a priori d’un polynôme fois une exponentielle (ou fois un logarithme), mais il va
toutefois falloir intégrer par parties pour se débarasser du ln]. t 7→ (t3 +3t2 +t+1)et ln t est continue
sur [1, 2] donc est Riemann-intégrable. Pour calculer l’intégrale, effectuons une intégration par
parties, en remarquant qu’une primitive de (t3 + 3t2 + t + 1)et est (t3 + t)et [puisque l’expression
est de la forme (P (t) + P 0 (t))et , avec P (t) = t3 + t]. On a donc, par intégration par parties (on
dérive ln t et on intègre l’autre terme),
Z 2 Z 2
2 1
(t3 + 3t2 + t + 1)et ln t dt = (t3 + t)et ln t 1 − (t3 + t)et dt
I=
1 1 t
Z 2
= 10e2 ln 2 − (t2 + 1)et dt
1
Reste à calculer le membre de droite. Par intégration par parties successives (on dérive le polynôme
et on intègre et ), on a
Z 2 Z 2 Z 2
t 2 t 2
2 t
2 t
2 t 2
et dt
(t + 1)e dt = (t + 1)e 1 − 2te dt = (t + 1)e 1 − 2 te 1 + 2
1 1 1
2 2 2
= (t2 + 1)et 1 − 2 tet 1 + 2 et 1 = (5 − 4 + 2)e2 + (−2 + 2 − 2)e
= 3e2 − 2e.
On en déduit que I = (10 ln 2 − 3)e2 + 2e.
t
iii. [il s’agit d’une fraction rationnelle en cos . Le changement de variables u = tan est un moyen
2
1
est continue sur 0, π3 donc est Riemann-intégrable. Pour
sûr d’arriver au résultat.] t 7→
cos t
t 1 − u2
calculer son intégrale, on effectue le changement de variable u = tan . On a cos t = , et
2 1 + u2
2du √
= dt. Lorsque t décrit [0, π3 ], u décrit [0, 33 ].
1 + u2
On a ainsi
Z π3 Z √33 Z √33
dt 2du 2du
= 2
=
0 cos t 0 1−u 0 (1 − u)(1 + u)
Z √33 √
1 1 3
= + du = [ln |1 + u| − ln |1 − u|]03
0 1 + u 1 − u
√ !
3+ 3
= ln √
3− 3
En effet, une décomposition en éléments simples élémentaire montre que
2 1 1
= + .
(1 + X)(1 − X) 1+X 1−X
132 CHAPITRE 5. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2011-2012
nX n−1
Exercice 3. — 1. Décomposer en éléments simples n dans C[X].
Z 2π X −1
dt
2. En déduire la valeur de en fonction de z ∈ C \ {Z ∈ C | |Z| = 1}.
0 z − eit
n−1
Y n−1 Y
2kπ 2`π
X
Solution : 1. On a P = X n − 1 = X − ei n . On a donc, en dérivant, P 0 = X − ei n .
k=0 k=0 `6=k
On en déduit que
n
nX n−1 P0 X 1
= = .
n
X −1 P i 2kπ
k=1 X − e
n
[C’est la dérivée logarithmique de P ] C’est la décomposition en éléments simples de P dans C[X], par
unicité de celle-ci.
1
2. Soit z ∈ C \ {Z ∈ C | |Z| = 1}. f : t 7→ est continue puisque |z| =6 1, c’est donc une fonction
z − eit
n−1
2π X 1
Riemann-intégrable sur [0, 2π]. Ainsi, les sommes de Riemann Sn = de f associées
n i 2kπ
k=0 z − e
n
2kπ 2π
aux subdivisions , k = 0, . . . , n − 1 (de pas tendant vers 0) convergent vers l’intégrale de
n n
f. Or
n−1
2π X 1 2π P 0 (z) z n−1
Sn = 2kπ = = 2π n .
n i n n P (z) z −1
k=0 z − e
z n−1 z n−1 1 1
Si |z| < 1, lim = 0 puisque |z n | ≤ |z|n → 0. Si |z| > 1, n = tend vers
n
n→+∞ z − 1 z −1 1 z
z−
z n−1
1
puisque tend vers 0. On en déduit que
z n−1
Z 2π
dt 0 si |z| < 1
= 2π .
0 z − eit si |z| > 1
z
x2
Exercice 4. — 1. Montrer que, pour tout x ∈ R, |x − sin x| ≤ .
2
n
X k k
2. En déduire lim sin sin 2 .
n→+∞ n n
k=1
Z x
Solution : 1. D’après la formule de Taylor avec reste intégral, on a : sin x = x − (x − t) sin tdt. On
0
a donc
x x x
x2
Z Z Z
| sin x − x| = (x − t) sin tdt ≤ |x − t|| sin t|dt ≤ (x − t)dt = ,
0 0 0 2
car | sin t| ≤ 1 et x − t a un signe constant sur t ∈ [0, x].
k k
2. [On saurait calculer la somme si l’on avait 2 à la place de sin 2 via les sommes de Riemann. On
n n
5.1. DEVOIR 1 133
On va estimer les deux sommes. Commençons par la première. [Comme on a vu en questions 1 que
2
|x − sin x| ≤ x2 , la somme doit être très petite, et donc on va montrer qu’elle tend vers 0.]
On a
n n
X k k k X k k k
sin 2 − 2 sin ≤ sin 2 − 2 sin
n n n n n n
k=1 k=1
n n
X k2 k 1 X 1
≤ sin ≤ 1= →0
2n4 n 2n2 2n
k=1 k=1
k
car sin ≤ 1 et k ≤ n.
n
Estimons à présent à seconde somme. La fonction t 7→ t sin t est continue donc Riemann-intégrable
n
1Xk k k
sur [0, 1]. Ainsi, ses sommes de Riemann Sn = sin associées aux subdivisions ,k = 1...n
n n n n
k=1
Z 1
1
de pas convergent vers t sin t dt. On a donc (après intégration par parties)
n 0
n Z 1 Z 1
X k k 1
lim sin = t sin t dt = −[t cos t] 0 + cos t dt = − cos 1 + sin 1.
n→+∞ n2 n 0 0
k=1
On a donc
n
X k k
lim sin sin 2 = sin 1 − cos 1.
n→+∞ n n
k=1
∗
Exercice 5. — 1. Montrer que, pour tout n ∈ N ,
n−1
Y
2 kπ X − 1 2n
X − 2X cos +1 = (X − 1)
n X +1
k=0
2. Soit x ∈]1, +∞[. Calculer, après avoir prouvé qu’elle est définie, l’intégrale
Z π
ln(x2 − 2x cos(t) + 1) dt
0
(on pourra utiliser des sommes de Riemann).
2n−1
2kπ
Y
Solution :1. On a X 2n − 1 = (X − ei 2n ). En isolant 1 et −1, et en groupant les autres racines
k=0
avec leurs conjuguées, on a :
n−1 n−1
Y
2n
Y
i kπ −i kπ 2 kπ
X − 1 = (X − 1)(X + 1) (X − e n )(X − e n ) = (X − 1)(X + 1) X − 2X cos +1 .
n
k=1 k=1
2. Soit x > 1. Alors x2 − 2x cos t + 1 = (x − cos t)2 + 1 − cos2 t > 0, pour tout t, puisque x − cos t > 0.
On en déduit que l’application f : t 7→ ln(x2 − 2x cos t Z + 1) est bien définie et continue sur [0, π],
π
elle est donc Riemann-intégrable sur [0, π]. L’intégrale ln(x2 − 2x cos(t) + 1) dt est donc bien
0
n−1
πX kπ
définie. Soit Sn = ln(x2 − 2x cos + 1) la somme de Riemann de f associée à la subdivision
n n
k=0
kπ π
, k = 0, . . . , n − 1 de pas tendant vers 0 avec n. Comme f est intégrable sur [0π], la suite
n Rπ n
(Sn ) converge vers 0 f (t)dt. Pour calculer cette intégrale, il suffit de calculer la limite de (Sn )n∈N .
Or, d’après 1,
n−1
π Y 2 kπ π x − 1 2n
Sn = ln x − 2x cos + 1 = ln (x − 1)
n n n x+1
k=0
π x−1 π
= ln + ln(x2n − 1)
n x+1 n
| {z }
tend vers 0
π π π
Comme ln(x2n − 1) = ln(x2n ) + ln(1 − x−2n ) = 2π ln x + o(1), lorsque n → +∞, on en déduit
n n n
que (Sn ) → 2π ln x, et donc que
Z π
ln(x2 − 2x cos(t) + 1) dt = 2π ln x.
0
5.2. Devoir 2
Exercice 1. — Déterminer si les intégrales suivantes existent :
Z +∞ Z +∞ Z 1
dt sin t ln t
i. ii. √ dt iii. 1 3 dt
1 t(1 + ln t)2 1 t 0 t 2 (1 − t) 2
Solution :
1
i. La fonction f : t 7→ est continue sur [1, +∞[ donc localement intégrable. De plus,
t(1 + ln t)2
Z +∞
1 dt
lorsque t → +∞, f (t) ∼ 2
. est convergente d’après les résultats sur les inté-
t(ln t) 2Z t(ln t)2
+∞
grales de Bertrand, on en déduit que f (t)dt existe [on peut aussi redémontrer la convergence
1
de cette intégrale comme cela a été fait en exercice].
Z +∞
1
ii. [La majoration évidente | sin t| ≤ 1 conduit à considérer t− 2 dt : elle est divergente donc
1
on ne peut rien en conclure sur l’intégrale de départ. On remarque que sin t change souvent de
signe : on peut tenter d’utiliser le critère d’Abel pour
√ faire apparaître ces compensations.] On va
appliquer le critère d’Abel. g : t 7→ sin t et h : t 7→ t sont continues sur [1, +∞[ donc localement
intégrable sur [1, +∞[. h est positive et décroit vers 0. de plus,
Z x
g(t)dt = |cos 1 − cos x| ≤ 2,
1
5.2. DEVOIR 2 135
R +∞
et ainsi 1
g(t)h(t)dt converge d’après le critère d’Abel.
iii. [Attention, la fonction n’est pas positive, mais négative. Cependant, vu que son signe est constant,
ln t
le théorème de comparaison reste vrai] a : t 7→ 1 3 est continue sur ]0, 1[ et donc est
t (1 − t) 2
2
ln t 3
localement intégrable sur ]0, 1[. Lorsque t → 0+ , on a a(t) ∼ 1 et on a donc a(t) = O t− 4 .
Zt 21
2
Z 12
− 34
t dt converge en tant qu’intégrale de Riemann donc a(t)dt est convergente d’après
0 0
le théorème de comparaison. En 1− , on pose u = 1 − t. D’après le théorème de changement de
Z 1 Z 21
ln(1 − u)
variables, a(t)dt est convergente si et seulement si 1 3 du est convergente. Lorsque
1
2 0 (1 − u) 2 u 2
Z 12
ln(1 − u) −u − 12 1
u → 0+ , 1 3 ∼ 3 = −u . − u− 2 du converge comme intégrale de Riemann, on en
(1 − u) 2 u 2 u2 0
Z 1 Z 1
déduit donc la convergence de a(t)dt puis de a(t)dt. [On aurait pu se contenter d’un DL
1
2 0
en 1, mais on choisit ici cette méthode pour bien fixer les esprits ].
Solution :
t2 + t + 1
i. f : t 7→ est continue sur [0, +∞[ donc est localement intégrable. Lorsque t → +∞,
(1 + t2 )2
Z +∞
1
f (t) ∼ 2 . De plus, t−2 dt est convergente en tant qu’intégrale de Riemann. D’après le
t 1 Z +∞ Z +∞
théorème de comparaison, on en déduit que f (t)dt converge, et donc l’intégrale f (t)dt
1 0
est convergente. On a
Z +∞ Z +∞
1 + t2
t 1 t
A= + dt = + dt
0 (1 + t2 )2 (1 + t2 )2 0 1 + t2 (1 + t2 )2
+∞
1 π 1
= arctan t − = + .
2(1 + t2 ) 0 2 2
Z x
[Attention, si vous séparez les deux termes de l’intégrale, il faut calculer f (t)dt puis faire tendre
Z +∞ 0 Z +∞
dt tdt
x vers +∞, ou alors justifier la convergence des deux intégrales 2
et ]
0 1 + t 0 (1 + t2 )2
arctan t
ii. g : t 7→ est continue sur [1, +∞[ donc localement intégrable. Lorsque t → +∞, on
t2 Z +∞
π π
a g(t) ∼ 2 . Comme 2
dt converge en tant qu’intégrale de Riemann, le théorème de
2t 1 2t
Z +∞
comparaison nous assure que g(t)dt converge. Reste à calculer cette intégrale.
1
136 CHAPITRE 5. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2011-2012
On effectue une intégration par parties, dérivant arctan t et intégrant t−2 [afin de faire dispa-
arctan t
raître le terme problématique en arctan t]. Comme lim − = 0 existe, on a
t→+∞ t
Z +∞ +∞ Z +∞ Z +∞
arctan t 1 π 1
B= g(t)dt = − + 2
dt = 0 + + dt,
1 t 1 1 t(1 + t ) 4 1 t(1 + t2 )
Z +∞ Z +∞
1
la convergence de dt étant garantie par la convergence de g(t)dt. Décompo-
1 t(1 + t2 ) 1
1
sons en éléments simples. 1 + t2 étant irréductible dans R[X], le théorème de décompo-
t(1 + t2 )
sition en éléments simples nous assure qu’il existe a, b, c ∈ R tels que
1 a bt + c
= + .
t(1 + t2 ) t 1 + t2
[Attention, ici il ne faut surtout pas séparer les intégrales si on raisonne avec comme borne +∞
Z +∞
dt
car diverge. Le moyen le plus sûr de ne pas se tromper, si vous ne vous sentez pas à
1 t Z x
l’aise, est de calculer des puis que faire x → +∞.]
1
Z 1
Exercice 3. — Étudier, suivant les valeurs des paramètres a, b ∈ R, la convergence de ta | ln t|b dt
0
(on pourra utiliser sans justification la convergence des intégrales de Riemann).
Solution : fa,b : t 7→ ta | ln t|b est continue sur ]0, 1[ donc localement intégrable. On a vu (exercice 2.7)
Z 1e
que fa,b (t)dt est convergente si et seulement si a > −1, ou (a = −1 et b < −1). On n’en écrit
0
pas la preuve ici, le lecteur se reportera à la correction de l’exercice sur les intégrales de Bertrand.
Lorsque t → 1− , on a fa,b (t) ∼ (t − 1) puisque ta ∼ 1 et | ln t| = − ln(1 + (t − 1)) ∼ 1 − t. Le théorème
Z 1 Z 1
de comparaison nous assure donc que fa,b (t)dt converge si et seulement si (1 − t)b dt converge.
1 1
2 2
On effectue le changement de variables u = 1 − t. Le théorème de changement de variables établit
Z 1 Z 21
que (1 − t)b dt converge si et seulement si ub dt converge, c’est à dire si et seulement si b > −1
1
2 0
d’après le critère des intégrales de Riemann.
R 1 Les deux conditions qu’on a trouvées doivent être satisfaites simultanément. On conclut donc que
f (t)dt converge si et seulement si a > −1 et b > −1 (le second cas ne pouvant se produire).
0 a,b
5.3. DEVOIR 3 137
Z +∞
Exercice 4. — Soit f : R∗+ → R continue telle que f (t)dt converge.
1 Z x
∗
1. Que peut-on dire de la fonction F : R+ → R définie par F (x) = f (t)dt?
Z +∞ 1
f (t)
2. Soit a > 0. Montrer que dt converge (on pourra utiliser la fonction F ).
1 ta
Z +∞
Solution : 1. F est la primitive de f s’annulant en 1. De plus, comme f (t)dt converge, lim F (x)
1 x→+∞
existe (et est finie). En particulier, F est bornée.
f (t)
2. t 7→ a est continue sur [1 + ∞[ donc est localement intégrable. On va utiliser le théorème d’in-
t
tégration par parties, intégrant f et dérivant t−a . On a lim F (x)x−a = 0 puisque F est bornée et
x→+∞
Z +∞
f (t)
a > 0, donc, d’après le théorème d’intégration par parties, dt converge si et seulement si
1 ta
Z +∞ Z +∞
−aF (t) −1−a −1−a 1
a+1
dt converge. Lorsque t → +∞, on a F (t)t = O(t ). Comme a > 0, 1+a
dt
1 t 1 t
est convergente
Z +∞ comme intégrale de Riemann, le théorème de comparaison nous assure donc la conver-
Z +∞
F (t) f (t)
gence de a+1
dt. On en conclut que dt converge.
1 t 1 ta
[On aurait aussi pu utiliser le critère d’Abel]
5.3. Devoir 3
Exercice 1. — Étudier la convergence des séries dont le terme général est :
1 1 (−1)n
i. rn = iii. tn = v. vn = sin √
n3 n ln n n
1 1
ii. sn = 1 − cos iv. un =
n 1 + n + (ln n)2 vi. wn = sin n
Solution :
1
i. La série de terme général rn = convege comme intégrale de Riemann (3 > 1, elle converge
n3
même absolument).
1 1 P 1
ii. sn = 1 − cos ∼ 2 . La série n2 converge comme série de Riemann donc, d’après le théorème
n P 2n P
de comparaison, 2sn converge (absolument aussi) et donc sn converge.
1
iii. La série de terme général tn = diverge comme série de Bertrand.
n ln n
1 1 P1
iv. un = 2
∼ et la série harmonique n diverve donc, d’après le théorème de
1 + n +P (ln n) n
comparaison, un diverge.
(−1)n (−1)n 3
v. Un DL en zéro de sinus indique que vn = sin √ = √ + f (n), où f (n) = O n− 2 .
n n
P (−1)n P (−1)n
√ est une série alternée puisque √1 décroit vers 0, et donc √ converge. Comme
n 3 n n
−2
P −3
f (n) = O n et comme la série n 2 converge comme série de Riemann, le théorème de
P P
comparaison implique que f (n) converge. Alors vn converge comme somme de deux séries
138 CHAPITRE 5. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2011-2012
πn
1
i. un = ii. vn = ln 1 − 2
n! n
Solution :
i. [L’écriture an /n! nous rappelle l’expression de la formule de Taylor avec reste intégrale] Le critère
de d’Alembert est bien adapté à la situation. (un ) est P une suite à termes strictement positifs, et
on a uun+1
n
= π
n+1 ≤ π
4 < 1 si n ≥ 3 donc (d’Alembert) un converge. La formule de Taylor avec
reste intégrale appliquée à exp entre 0 et π nous donne à l’ordre n :
Z π
e0 e0 e0 (π − t)n t
eπ = e0 + π + π2 + · · · + πn + e dt .
1! 2! n! n!
|{z} |{z} |0 {z }
exp0 (0) exp(n) (0)
1!
Rn
n!
π π n
(π − t)n t (π − t)n eπ π n+1 πk
Z Z X
Comme |Rn | = e dt ≤ eπ dt = → 0, on voit que =
0 n! 0 n! (n + 1)! k!
k=0
∞
X πk
eπ − Rn , avec Rn → 0, et donc = eπ .
k!
k=0
n
(−1) 1
[on rappelle que un − =O ].
n n2
2n+1
X X
1.b. Calculer S2n+1 = uk . En déduire la somme de la série un .
k=2 n≥2
√ 1
2.a. Étudier la convergence de la série de terme général n sin .
n
2.b. Montrer que, pour tout k ∈ N∗ ,
Z k+1 Z k
dt 1 dt
√ ≤√ ≤ √ .
k t k k−1 t
n √
X 1
En déduire un équivalent, lorsque n → +∞, de Vn = k sin .
k
k=1
(−1)n (−1)n
P (−1)n
Solution : 1.a. On a un = ln 1 + = + g(n), où g(n) = O(n−2 ). La série n
n n
−1
P
converge comme série alternée ((n ) est décroissante et tend vers P 0).−2La série g(n) converge
(absolument) d’après le théorème
P de comparaison, puisque la série n converge comme série de
Riemann. On en déduit que un converge comme somme de deux séries convergentes.
1.b.On a
2n+1 n 2n+1
X X X 2k + 1 2k + 1 − 1
S2n+1 = uk = u2k + u2k+1 = ln + ln
2k 2k + 1
k=2 k=1 k=2
n
X
= ln 1 = 0.
k=1
Ainsi (S2n+1 ) converge vers 0. Comme (Sn ) converge, la suite (Sn ) a même limite que sa sous-suite
P+∞
(S2n+1 ), c’est à dire 0.√On en déduit que n=2 un = 0.
√ 1 n 1 X 1
2.a. On a n sin ∼ = √ . La série n− 2 divergeant comme série de Riemann, le théorème
n n n
X√ 1
de comparaison nous assure que n sin diverge et qu’alors
n
n √ n
X 1 X 1
Vn = k sin ∼ √ .
k k
k=1 k=1
d’où Z n+1 n Z n
dt X 1 dt
√ ≤ √ ≤ √
1 t k=1 k 0 t
n n
√ X 1 √ X 1 √
et donc 2( n + 1 − 1) ≤ √ ≤ 2 n. On en déduit que √ ∼ 2 n et finalement (d’après 2.a.)
k=1
k k=1
k
que √
Vn ∼ 2 n.
5.4. Examen
Le sujet comporte deux pages. On rappelle qu’on définit ty , pour tout t > 0 et tout y ∈ R, par
t := ey ln t . La notation tiendra compte de la qualité de l’exposition.
y
Questions de cours :
Exercice 1 :
Exercice 2 :
Parmi les intégrales suivantes, lesquelles sont convergentes, lesquelles sont divergentes ? (Justifier votre
réponse)
Z +∞ Z +∞ Z +∞
dt dt
i. ln t dt, iii. , v. ,
0 2 t ln t 0 1 + | sin t|
Z +∞ Z 1 Z +∞
ln t dt cos t
ii. dt, iv. p , vi. dt.
1 t 2 0 |t ln t| 1 t
Exercice 3 :
5.4. EXAMEN 141
+∞ √ +∞
et + e−t
Z Z
− t dt
i. e dt, ii. , où ch(t) = .
0 −∞ cht 2
5.5. EXAMEN : 2NDE SESSION 143
Exercice 4 :
Parmi les séries de termes généraux suivants, lesquelles sont convergentes, lesquelles sont divergentes ?
(Justifier votre réponse)
1
(−1)n
en sin n
i. rn = , iii. t n = √ , v. v n = ln 1 + ,
n n n
3 (−1)n
√
ii. sn = n− 2 ln n, iv. un = e n − 1, vi. wn = sin n.
Exercice 5 :
n
X
Soit (an )n∈N une suite décroissante de réels positifs, on note Sn = an .
k=0
i. Justifier les inégalités, pour tout n ∈ N∗ ,
S2n − Sn ≥ na2n
S2n+1 − Sn ≥ (n + 1)a2n+1
P
ii. En déduire que si la série an converge, alors la suite (nan )n∈N converge vers 0.
iii. Est-ce que la réciproque est vraie ? (Justifier votre réponse)
iv. L’implication du 2. est-elle encore vraie sans l’hypothèse « (an ) décroissante » ?
Exercice 6 :
1
Montrer que la série de terme général converge, et que si
n3
+∞ n
X 1 X 1
S= 3
et Sn = ,
k k3
k=1 k=1
on a
1
0 < S − Sn <
2n2
(on pourra comparer séries et intégrales).
Exercice 7
(−1)n π 2n
Après avoir démontré que la série de terme général un = , n ≥ 0 (avec 0! = 1), converge,
(2n)!32n
calculer sa somme (on pourra utiliser la formule de Taylor avec reste intégral pour la fonction cos).
Questions de cours :
144 CHAPITRE 5. ARCHIVES : DEVOIRS ET EXAMENS 2011-2012
i. Donner la définition d’une fonction intégrable au sens de Riemann sur le segment [a, b].
ii. Soit a ∈ R et f : [a, +∞[→ R, une fonction continue.
Z +∞
(a) Si f (t)dt converge, a-t-on toujours lim f (x) = 0 (justifier votre réponse) ?
a x→+∞
(b) Même question avec f : [a, +∞[→ R uniformément continue (justifier votre réponse).
P
(c) Soit (un )n∈N une suite de réels tels que un converge. Que peut-on dire de lim un ?
n→+∞
iii. Rappeler le critère de convergence des séries de Riemann.
Exercice 1 :
Exercice 2 :
Parmi les intégrales suivantes, lesquelles sont convergentes, divergentes ? (Justifier votre réponse)
Z +∞ Z +∞ Z 1 Z +∞
dt ln t dt sin t
i. √ , ii. dt, iii. p , iv. √ dt.
0 t2 + t + t 2 t 0 | tan(t) ln t| 1 t
Exercice 3 :
Exercice 4 :
Parmi les séries de termes généraux suivants, lesquelles sont convergentes, divergentes ? (Justifier votre
réponse)
Exercice 5 :
+∞
1 − cos t −xt
Z
Pour tout réel x tel que e dt converge, on note
0 t2
Z +∞
1 − cos t −xt
φ(x) = e dt
0 t2
la valeur de cette intégrale.
i. Montrer que φ(x) existe pour tout x ∈ [0, +∞[.
ii. Préciser le signe de φ(x) − φ(y) pour 0 ≤ x < y. En déduire que φ : [0, +∞[ admet une limite
finie λ en +∞.
1 − cos t
iii. Montrer qu’il existe M > 0 tel que, pour tout t > 0, ≤ M. En déduire la valeur de λ.
t2
iv. Montrer que φ est continue.
Exercice 6 :
(−1)n+1 π 2n+1
Après avoir démontré que la série de terme général un = , n ≥ 1, converge, calculer sa
(2n + 1)!32n+1
somme (on pourra utiliser la formule de Taylor avec reste intégral pour la fonction sin).