Réduction

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Réduction DM MP*

Dans tout ce problème, K est un corps, n un élément de N∗ , E un K-espace vectoriel de dimension n, u


un endomorphisme de E de polynôme minimal πu et de polynôme caractéristique χu . On note du le degré
de πu . Si V est un sous-espace de E stable par u, on note u|V l’induit de u sur V .

Si P est un polynôme unitaire de degré n de K[X], on appelle matrice compagnon de P et on note CP la


matrice :
0 · · · · · · 0 −a0
 

1 . . .
 .. .. 
 . .  n−1

CP := 0 . . . . .
. .
.
 n
X
ak X k .
 . . . .  où P (X) := X +

.
. .. .. k=0

. . . 0 −an−2 

0 ··· 0 1 −an−1
On pourra utiliser sans démonstration la relation χCP = P .

Le but de ce problème est de démontrer un théorème résolvant le problème de la réduction des endomor-
phismes et d’appliquer ce résultat à l’étude du commutant de u 1 .

I Polynôme minimal ponctuel


Pour x ∈ E \ {0E }, soient :
Iu,x := {P ∈ K[X] | P (u)(x) = 0E } et Vu,x := {P (u)(x) , P ∈ K[X]}.
1. Montrer qu’il existe un unique polynôme unitaire non constant πu,x ∈ K[X] tel que Iu,x soit l’ensemble
des multiples de πu,x ∈ K[X]. Comparer, pour la relation de divisibilité, les polynômes πu et πu,x .
On notera désormais du,x le degré de πu,x .
2. Montrer que Vu,x est un sous-espace vectoriel de E stable par u dont (ui (x))0≤i≤du,x −1 est une base.
3. On se propose de montrer que l’ensemble {x ∈ E | πu,x = πu } =
̸ ∅.
(a) Traiter le cas où πu est de la forme P α où P est un polynôme irréductible unitaire de K[X] et
α ∈ N∗ .
(b) Traiter le cas général.

II Endomorphismes cycliques
On dit que u est cyclique s’il existe x ∈ E \ {0E } tel que Vu,x = E.
4. Montrer que u est cyclique si et seulement s’il existe une base β de E et un polynôme unitaire P de
degré n de K[X] tel que Matβ (u) = CP .
5. Montrer que les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) u est cyclique ;
(ii) πu = χu :
(iii) πu est de degré n.
6. (a) A quelle condition un endomorphisme diagonalisable de E est-il cyclique ?
(b) A quelle condition un endomorphisme nilpotent de E est-il cyclique ?
1. Ces résultats ont été en substance découverts par Frobenius à la fin du dix-neuvième siècle.

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III Dualité
7. (a) Si V est un sous-espace de E, il est clair que :

V ⊥ := {µ ∈ E ∗ | ∀x ∈ E , µ(x) = 0}

est un sous-espace 2 de E ∗ . Vérifier que l’application φ de E dans Kn définie par

∀x ∈ E, φ(x) = (µ1 (x), ..., µn (x))

est un isomorphisme d’espaces vectoriels. En déduire l’existence d’une base de E dont (µ1 , ..., µn )
est la duale.
(b) Si W est un sous-espace de E ∗ , il est clair que :

W ◦ := {x ∈ E | ∀µ ∈ W , µ(x) = 0}

est un sous-espace 3 de E. Calculer la dimension de W ◦ en fonction de n et de la dimension de


W.
(c) Montrer que les applications
V 7−→ V ⊥ et W 7−→ W ◦
définies respectivement sur l’ensemble des sous-espaces vectoriels de E et sur l’ensemble des
sous-espaces vectoriels de E ∗ sont deux bijections réciproques.

8. Soit :

u⊤ : E ∗ −→ E ∗
λ 7−→ λ ◦ u

Vérifier que u⊤ est un endomorphisme de E ∗ . Si V est un sous-espace de E, montrer que V est stable
par u si et seulement si V ⊥ est stable par u⊤ .

IV Invariants d’un endomorphisme


9. Soit x ∈ E \ {0E } tel que πu,x = πu (il découle immédiatement de la question 3 qu’un tel x existe).
On se propose de construire un supplémentaire de Vu,x dans E stable par u.

(a) Vérifier qu’il existe µ ∈ E ∗ telle que :

∀i ∈ {0, ..., du − 1}, µ(ui (x)) = δi,du −1 .

(b) Justifier que {P (u⊤ )(µ) , P ∈ K[X]} est un sous-espace de E ∗ stable par u⊤ ; calculer sa
dimension.
(c) Conclure.

10. (a) Montrer que l’on peut trouver r ∈ N∗ , des vecteurs x1 , ..., xr ∈ E \ {0E }, des polynômes de
K[X] unitaires et non constants P1 , ..., Pr tels que :
r
M
(i) E = Vu,xi ;
i=1

2. On dit que V ⊥ est l’orthogonal de V dans E ∗ au sens de la dualité.


3. On dit que W ◦ est l’orthogonal de W dans E au sens de la dualité.

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(ii) Si 1 ≤ i ≤ r, πu|Vu,x = Pi ;
i

(iii) Si 1 ≤ i ≤ r − 1, Pi+1 | Pi .
D’après les questions 2 et 10.(a), on obtient en juxtaposant les familles

(uj (xi ))0≤j≤du,xi −1

pour i ∈ {1, ..., r} une base de E. Déterminer la matrice de u dans cette base et exprimer χu
en fonction de P1 , ..., Pr .

11. On se propose de montrer que r et les Pi sont déterminés de façon unique par u. A cet effet, on
suppose qu’il existe s ∈ N∗ , des polynômes Q1 , ..., Qs unitaires de K[X] non constants, des vecteurs
y1 , ..., ys ∈ E \ {0E } tels que :
r
M
(i) E = Vu,yi ;
i=1

(ii) Si 1 ≤ i ≤ r, πu|Vu,y = Qi ;
i

(iii) Si 1 ≤ i ≤ r − 1, Qi+1 | Qi .

On veut établir que s = r et que Pi = Qi pour i ∈ J1, rK.

(a) Montrer que P1 = Q1 .


(b) On suppose qu’il existe j ∈ {2, ..., min(r, s)} tel que :

∀i ∈ {1, ..., j − 1} , Pi = Qi .

Montrer en considérant Pj (u)(E), que Qj | Pj .


(c) Conclure 4 .

12. Quel résultat déduit-on des questions 10 et 11 si l’endomorphisme u est nilpotent ?

V Invariants d’une matrice carrée


13. (a) Soit M ∈ Mn (K).
Montrer qu’il existe r ∈ N∗ et des polynômes (Pi )1≤i≤r unitaires non constants de K[X] tels
que :
CP1
 

 CP2 (0) 

 .. 
(i) M est semblable à

 . ;

..
 
(0) .
 
 
CPr
(ii) si 1 ≤ i ≤ r − 1, Pi+1 | Pi .
Montrer en outre que r et les Pi pour 1 ≤ i ≤ r sont uniquement déterminés par M . Ces
polynômes sont appelés invariants de similitude de M .
Des résultats de cette question, il en découle que deux matrices de Mn (K) sont semblables si
et seulement si elles ont même invariants de similitude 5 .
4. On appelle les polynômes (Pi )1≤i≤r les invariants de similitude de u.
5. On obtient en particulier, l’inertie de similitude : soient F un sous-corps de K, M et M ′ dans Mn (F). Alors si M et
M ′ sont semblables sur K, elles le sont sur F. Si F est infini, on peut donner une preuve plus directe de ce résultat.

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(b) Quels sont les invariants de similitude d’une matrice diagonalisable ?


14. Montrer que, si P est un polynôme unitaire de degré n de K[X], l’ensemble
{M ∈ Mn (K) | χM = P }
est une réunion finie de classe de similitude de Mn (K).
15. Montrer que toute matrice de Mn (K) est semblable à sa transposée.

VI Commutant et bicommutant d’un endomorphisme


On note
C (u) := {v ∈ L (E) | u ◦ v = v ◦ u}.
L’ensemble C (u) est manifestement une sous-algèbre de L (E), contenant K[u], que l’on se propose de
déterminer précisément. On définit r, x1 , ..., xr , P1 , ..., Pr comme dans la question 10. Si 1 ≤ i ≤ r, on note
ni le degré de Pi .
16. (a) Soit v ∈ C (u). Montrer, si 1 ≤ j ≤ r, que v(xj ) s’écrit :
r
X
Pi,j (u)(xi )
i=1

où les Pi,j sont dans K[X] et vérifient :


∀(i, j) ∈ J1, rK2 , Pi | Pj Pi,j .
(b) Inversement, soit (Pi,j )1≤i,j≤r une famille de polynômes de K[X] telle que :
∀(i, j) ∈ J1, rK2 , Pi | Pj Pi,j .
Montrer qu’il existe un unique élément v ∈ C (u) tel que :
r
X
∀j ∈ J1, rK, v(xj ) = Pi,j (u)(xi )
i=1

17. (a) Si (i, j) ∈ {1, ..., r}2 , soit :


Ei,j := {P (u)(xi ) ; P ∈ K[X] tel que Pi | Pj P }.
Calculer la dimension de Ei,j .
(b) En déduire :
r
dim C (u) =
X
(2j − 1)nj .
j=1

18. (a) Montrer que dim C (u) ≥ n et caractériser le cas d’égalité.


(b) Quels sont les u ∈ L (E) tels que C (u) = K[u] ?
Soit C ′ (u) le bicommutant de u, c’est-à-dire l’ensemble des v ∈ L (E) qui commutent à tous les éléments
de C (u).
19. Il est clair que C ′ (u) est une sous-algèbre de L (E) contenant K[u], et on se propose de prouver que
C ′ (u) = K[u].
(a) Si 1 ≤ i ≤ r, montrer qu’il existe εi ∈ C (u) tel que :
∀j ∈ {1, ..., r}, εi (xj ) = δj,1 xi .
(b) Conclure.
20. Quels sont les u ∈ L (E) tels que l’algèbre C (u) soit commutative ?

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