Droit Forrestier
Droit Forrestier
Droit Forrestier
EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE
DU CONGO
GARRY SAKATA
ETUDE JURIDIQUE
EN LIGNE #72
juin 2008
La série des Etudes juridiques de la FAO en ligne
(FAO Legal Papers Online) est constituée d'articles et de rapports concernant des questions
juridiques d'actualité dans les domaines de la politique alimentaire et du développement agricole et
rural, ainsi qu'en matière de gestion de l'environnement et des ressources naturelles.
Les observations et suggestions que les lecteurs souhaitent formuler sur les
Etudes juridiques en ligne sont les bienvenues.
Les appellations employées dans ce document et la présentation des données qui y figurent
n'impliquent de la part de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture aucune
prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni
quant au tracé de leurs frontières ou limites.
Les opinions présentées expriment les vues des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles de
l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture.
© FAO 2008
Ce texte constitue un résumé d’un des chapitres de la thèse que rédige l’auteur, laquelle porte sur
« La gouvernance des ressources forestières en République démocratique du Congo ».
L’auteur remercie les professeurs HAUMONT Francis et MEKOUAR Ali pour
la relecture du manuscrit de ce texte.
SOMMAIRE
Résumé
I. Introduction
1. 1. Brève présentation de la République démocratique du Congo
1. 2. Présentation des forêts
1. 2. 1. Etendue
1. 2. 2. Les traits physiques
1. 2. 3. L’érosion du couvert forestier
1. 2. 4. La dépendance des populations des forêts
Conclusion
4 Le droit forestier en Republique Democratique du Congo
Résumé
La République démocratique du Congo forêts de production permanente) ; établit
dispose d’un nouveau code forestier depuis une distinction entre la concession forestière
le 29 août 2002. Il remplace celui du 11 avril et la concession foncière ; impose
1949 qui est devenu désuet et inefficace. Le l’acquisition de la concession par voie
nouveau code s’inscrit dans la logique des d’adjudication comme mode principal en lieu
codes élaborés entre la Conférence de Rio et place du gré à gré qui est devenu un
et celle de Johannesburg. Il introduit, par mode exceptionnel ; met en place une
exemple, les concepts de planification fiscalité forestière distincte de la fiscalité
forestière et de gestion durable, d’inventaire ordinaire. Après six ans, l’administration
et d’aménagement forestiers. Il institue un forestière et les populations, faute de
cadastre forestier tant au niveau national vulgarisation, ignorent encore le contenu et
que provincial, des conseils consultatifs les innovations apportées par le nouvel
nationaux et provinciaux ; procède à une instrument légal. La présente analyse,
triple classification forestière en lieu et place essentiellement juridique, tente de
de deux (forêts classées, forêts protégées et contribuer à cette vulgarisation.
des oiseaux, et la troisième pour la diversité fait osciller ce rétrécissement entre 0,15 et
floristique, après Madagascar et l’Afrique du 0,33 pour cent du territoire forestier 16 . Il
Sud. Elle compte notamment 409 espèces faudrait signaler que l’érosion des espaces
de mammifères, 1117 espèces d’oiseaux, forestiers conserve un rythme constant –
400 espèces de poissons, et plus de 10 000 peut-être aussi en légère augmentation –
espèces végétales 11 . parce que durant la période 1990-2000 (soit
pendant dix ans), la perte fut de l’ordre de
La RDC compte quatre sites naturels du 532 milliers hectares, soit 0,4 pour cent du
patrimoine mondial : les parcs de Virunga territoire forestier 17 . Les principales causes
(depuis 1979), de Garamba (1980), de de déforestation connues sont l’agriculture
Kahuzi-biega (1980) et de la Salonga itinérante sur brûlis, la coupe de bois pour
(1984) 12 . Ces sites abritent des espèces les besoins d’énergie domestique,
rares et spectaculaires. Le taux l’exploitation industrielle illégale et sans
d’endémisme parmi les plantes et les petits aménagement forestier préalable ainsi que
mammifères est également élevé: les feux de forêts.
6 pour cent de ses mammifères et
10 pour cent de ses plantes n’ont été 1. 2. 4. La dépendance des populations
trouvés qu’en RDC. La RDC contient 12 des forêts
parmi les 30 « centres d’endémisme
végétal » identifiés en Afrique par l’IUCN et Approximativement, 35 à 40 millions de
le WWF. Elle contient aussi deux « régions Congolais, soit plus de 60 pour cent de la
d’endémisme » d’oiseaux identifiées par population, vivent de manière quotidienne
13 18
Birdlife International . de la forêt . En 1997, le secteur forestier
contribuait pour 10 pour cent du PNB 19 . En
1. 2. 2. Les traits physiques 1998, la valeur totale du bois exporté en
grumes et en sciage a atteint près de 41
Les principaux traits physiques connus sont millions de dollars des EU 20 . Le bois et le
les forêts denses et humides, les forêts de charbon de bois procurent 80 pour cent de
montagne, les forêts denses sèches, les l’énergie domestique et servent à la
forêts bambou, les forêts claires, les forêts construction des maisons d’habitation et des
sur sol hydromorphe, les galeries pirogues. Les exploitants artisanaux utilisent
forestières, les forêts de mangrove, diverses pour la plupart du bois vendu sur le marché
forêts secondaires 14 . Il est fort probable – local pour divers besoins, notamment
pour des raisons liées au manque l’ameublement, l’outillage, l’ornement et
d’inventaire et de statistiques fiables – que l’artisanat. Donc, le bois de forêt est la
la forêt congolaise n’ait pas encore fini de principale source d’énergie
dévoiler ses facettes et ses multiples économiquement accessible et
secrets. Aussi, serait-il prudent de culturellement acceptée.
considérer ces traits comme indicatifs.
Par ailleurs, le gibier fournit probablement la
1. 2. 3. L’érosion du couvert forestier principale source de viande dans les zones
forestières, avec une consommation estimée
21
Dans son dernier rapport sur l’état des forêts à plus d’un million de tonnes par an . En
du monde, la FAO souligne que la RDC a termes de valeur économique, il a été
perdu un total de 319 milliers d’hectares estimé que le gibier extrait de la forêt
entre 2000 et 2005, soit une réduction
15
de 0,2 pour cent du total de forêts . Le
rapport sur les forêts du Bassin du Congo 16
Etat des forêts du Bassin du Congo 2006, p. 84.
17
FAO, Etat des forêts du monde 2007, p. 109.
11 18
L. DEBROUX et al., La forêt en RDC post-conflit. Th. TREFON, « Industrial logging in the Congo. Is
Analyse d’un agenda prioritaire, op.cit., p. 13. a stakeholder approach possible? », South African
12
Source : Ministère de l’environnement de la RDC, Journal of International Affairs, Vol. 3, Issue 2, 2006,
p. 63. Voir également le site sur la biodiversité en p. 103; également
RDC: www.biodiv.org/doc/world/cd/cd-nr-01-fr.pdf. www.greenpeace.org/belgium/fr/afrique sous le titre:
13
Idem. “Cap sur la RDC”.
14 19
Lire notamment Y. IPALAKA, « Amélioration et Source : Ministère de l’environnement de la RDC,
diffusion des connaissances et des techniques Rapport sur la stratégie de développement rural,
relatives à la forêt », in Forum national sur la programme de relance du secteur forestier. Note de
politique forestière en RDC, Ministère de cadrage, mai 2000.
20
l’environnement et forêt, 2000, p. 6. Idem.
15 21
FAO, Etat des forêts du monde 2007, p. 109. Idem.
Charles Nelson Goodyear et plus tard par alliés 33 . Cette donnée à caractère
l’irlandais John Duncol. Ainsi, entre 1885 et économique a obligé les autorités coloniales
1908, son exploitation constitue l’un des à adapter la législation forestière. C’est dans
domaines le plus légiféré, à côté des droits cet esprit que fut élaboré et promulgué le
fonciers et de la poste et la communication. décret du 11 avril 1949 sur les forêts.
Entre 1885 et 1888, les lois foncières
régissent également les ressources Ce décret consacre vingt-cinq de ses
naturelles. C’est à partir de 1889 qu’un quarante-six articles à l’exploitation du bois
décret – édicté le 17 octobre 29 – est pris et dénote dans sa lettre et son esprit, le
dans le domaine des ressources naturelles. caractère économique et utilitariste qui a
Il porte sur l’exploitation du caoutchouc et entouré sa rédaction, ignorant ainsi les
autres produits végétaux. C’est le premier autres valeurs telle que celles morale,
texte de base en la matière. Il a été suivi par écologique et sociale. Le rapport du Conseil
plusieurs autres textes ayant pour objectif colonial indique qu’au cours du débat
principal l’exploitation industrielle du bois, général, un membre a déclaré que « le
dont notamment les suivants : décret forestier a été accueilli favorablement
dans les milieux coloniaux intéressés, parce
- décret du 7 juillet 1898 : il réserve qu’il établit comme règle que les exploitants
l’exploitation des bois dans les forêts devront posséder des moyens industriels
34
domaniales aux entreprises agissant par nécessaires (…) » .
30
voie de concession d’exploitation ;
31
- décret du 4 avril 1934 : il constitue le Sous ce décret, le sort social des
premier instrument juridique en matière populations ainsi que les préoccupations
forestière pris par le Parlement belge ; environnementales n’étaient pas intégrés
- décret du 13 juin 1936 32 : il complète le dans le corpus juridique. Si une société
décret de 1934 et tente de mettre sur un d’exploitation forestière menait une activité
même pied d’égalité tous les indigènes sociale, celle-ci était considérée comme un
en ce qui concerne les droits d’accès et acte de charité et d’humanisme 35 à l’égard
d’usage des forêts. Toutes les autres d’une population pauvre et dépourvue de
dispositions sont maintenues et axées besoins élémentaires. Davantage, ces
sur les modalités d’exploitation actions sociales visaient le maintien d’une
industrielle du bois. Le texte ne traite « paix sociale » entre la population riveraine
pas de la protection ni de la et l’exploitant pour permettre à ce dernier
conservation forestière. d’exploiter dans les conditions, tant soit peu,
tranquilles.
Entre-temps, la guerre mondiale est
intervenue et les pays occidentaux ont Après l’indépendance, les différentes
davantage eu besoin du latex pour la autorités qui se sont succédées ont tenu à
fabrication des pneus des automobiles. Le bénéficier des mêmes privilèges que les
secteur a ainsi dû se conformer aux autorités coloniales. Aussi, n’ont-elles pas
exigences de l’époque, d’où l’élaboration du modifié ledit décret malgré ses
décret de 1949. imperfections. Au fil des années, le décret
devenait désuet, inefficace et inadapté au
2. 2. De 1949 à 2002 contexte politique, économique, social et
surtout à l’environnement mondial et sous-
L’apport du Congo Belge pendant la régional. Il a engendré plusieurs conflits
deuxième guerre mondiale a été significatif. entre les populations vivant de la forêt et les
Les puissances alliées se sont souvent exploitants. Ces conflits ont souvent trouvé
procuré du latex provenant des forêts de ce leur source dans l’allocation des forêts
pays pour la fabrication du caoutchouc
destiné aux pneus des véhicules des
33
S. BULA BULA, « Les institutions de gestion des
forêts au Zaïre », in Droit, forêts et développement
durable, op. cit., p. 295.
34
BO n° 5, 15 mai 1949, p. 908.
35
G. SAKATA, Le code forestier et le code minier de
29
BO 1889, n° 11, p. 218. la RDC : rôle des acteurs et impacts socio-
30
Article 1er du décret du 7 juillet 1898, BO 1898, n° économiques et environnementaux. Essai
7, p. 182. comparatif, Rapport d’étude pour le Musée royal
31
BO n° 5, 15 mai 1934, p. 421. d’Afrique centrale, Tervuren, Bruxelles, mars 2007,
32
BO n° 7, 15 juillet 1936. p. 2.
« sans consultations locales, sans bénéfice d’un instrument légal moderne en matière
équitable pour les populations riveraines ni forestière.
pour le pays, et sans considération pour des
usages alternatifs. Ces concessions 2. 3. 1. Les influences externes
servaient principalement des intérêts
spéculatifs. Elles chevauchaient des Dans les années 1980, il y eut plusieurs
villages, des terres agricoles et des sites tentatives d’élaboration d’un code forestier
critiques pour la biodiversité. Il n’y avait pas en RDC. En effet, en avril 1988, au cours
de disposition pour la participation publique d'une réunion du Comité de direction du
dans la gestion forestière. Sauf changement projet AGEF (Appui à la gestion forestière),
radical de politique, cette situation ouvrait la la partie canadienne a financé une expertise
porte à une aggravation des pertes sociales, pour élaborer un projet de loi réformant le
36
économiques et environnementales » . En régime forestier. Trois juristes congolais
fin de compte, le décret n’était plus avaient été recrutés à cette fin. En 1989, un
applicable quoique non abrogé. comité de lecture a formulé des remarques
intégrées ensuite dans le projet de texte. Le
A partir des années 1980, le secteur est régi projet ainsi corrigé a été présenté au
par un ensemble de normes et procédures symposium sur le bois qui s'est tenu à
du Ministère de l’environnement et Kinshasa du 26 au 30 septembre 1989. Le
conservation de la nature datant de 1984 et projet de loi forestière a fait l'objet de
1986, intitulés « Normes d’inventaires plusieurs forums, avec la participation de
d’allocations forestière », « Normes tous les acteurs du secteur forestier : le
d’inventaires d’exploitation forestière » et secteur public, le secteur privé et la société
« Guide de l’exploitant forestier ». Ces civile. Mais dans le contexte du régime
instruments n’ayant pas une valeur juridique d’alors, les tentatives de la coopération
contraignante, un contentieux devant le canadienne visant l’organisation et le
tribunal ramènerait les parties au décret de développement du secteur forestier, au
37
1949 . besoin par la modification de la loi forestière,
ont été vaines. Il a fallu attendre le
Cette situation devenait anachronique par changement de régime politique pour voir se
rapport à l’évolution mondiale, régionale et décanter la question de l’élaboration d’un
sous-régionale de la gestion du secteur cadre législatif en matière d’environnement.
forestier. Plusieurs pays de la sous-région
comme le Cameroun, s’étaient déjà dotés A partir de 1998, le PNUD, la FAO, les
d’une importante législation en matière Coopérations canadienne, belge,
forestière 38 . Il devenait urgent de mettre en allemande, américaine, française et
place un cadre législatif plus approprié et suédoise appuient l’organisation à Kinshasa
adapté au potentiel national des forêts en des forums en vue de l’élaboration d’un
RDC. A défaut d’une volonté politique code forestier congolais.
interne, il fallait une influence de la part des
partenaires étrangers. A partir de 2000, la Banque mondiale et de
l’Union européenne estiment que l’adoption
2. 3. De 2002 à ce jour d’un code forestier permettra la bonne
redistribution des ressources forestières.
Le code forestier du 29 août 2002 a été Cette distribution équitable pourrait servir au
élaboré avec l’aide des partenaires maintien de la paix et la stabilité en RDC.
extérieurs qui, de longue date, exerçaient
déjà des pressions pour que la RDC dispose Plusieurs réunions ont lieu entre les acteurs
précités pour établir les principales lignes du
code à élaborer. C’est notamment le cas des
36
L. DEBROUX et al. La forêt en RDC post-conflit. réunions du 6 mars, 25 avril et 20 juin 2002
39
Analyse d’un agenda prioritaire, op. cit., p. IX. à Kinshasa . L’influence des organismes
37
Il n’existe pas à notre connaissance de
contentieux en matière forestière. Bien souvent, les
villageois estiment, à tort ou à raison, qu’ils perdront
39
toujours le procès face aux industriels du bois Rapport des réunions de concertation sur le
capables d’influencer le cours de la procédure secteur forestier en RDC. La stratégie mise en
judiciaire. œuvre ne provenait pas du Gouvernement dans la
38
Exemple : loi n° 94/01 du 20 janvier 1994 portant mesure où ces réunions ont eu lieu entre les
régime des forêts, de la faune et de la pêche au représentants de la Banque mondiale, la FAO, le
Cameroun. PNUD, l’USAID, les ambassades à Kinshasa de
avant l’exercice de leurs fonctions, de prêter mesures d’exécution, ou une atteinte, selon
serment. Lorsqu’ils recherchent et les accords et conventions internationaux
constatent les infractions, ils en consignent ratifiés par la RDC et causant un préjudice
la nature, le lieu, les circonstances ainsi que direct ou indirect aux intérêts collectifs
les déclarations des personnes poursuivies qu’elles ont pour objet de défendre ».
sur procès-verbal. Le droit de transiger par
les agents forestiers est admis 69 . L’autorité Le code forestier accorde aux ONG la
compétente pour transiger est fonction du possibilité de se constituer partie civile pour
montant maximum prévu par la loi. Les solliciter la réparation des dommages
inspecteurs et agents forestiers peuvent causés à la forêt ou à l’environnement. Pour
transiger lorsque l’infraction au code les mêmes motifs, il est logique qu’elles
forestier n’est pas de nature à entraîner le soient autorisées à saisir directement le
payement d’une amende dépassant tribunal par citation directe lorsque le
100 000 70 francs congolais. L’initiative de la parquet s’abstient de déclencher les
transaction appartient au directeur de poursuites, ou de manière inopportune,
l’administration centrale pour les infractions classe sans suite une affaire. L’exercice de
assorties d’une amende de moins de ce droit est assorti des conditions suivantes :
500 000 francs congolais. Pour les amendes l’ONG concernée doit être nationale et
de plus de 500 000 francs congolais, c’est le agréée ; sont donc exclues les ONG
ministre des forêts qui est compétent. internationales. Ensuite, l’ONG doit
contribuer à la protection de
Le parquet l’environnement. Cette condition semble
Le code forestier confère aux officiers de subjective dans la mesure où son
police judiciaire les mêmes prérogatives que appréciation dépend de l’autorité judiciaire
celles reconnues aux agents forestiers qui statue et doit tenir compte des activités
assermentés. L’officier du ministère public effectives de l’ONG. Une ONG est
conserve ses prérogatives traditionnelles de considérée comme ayant rempli les deux
mise en mouvement de l’action publique. premières conditions si elle figure dans la
Les agents forestiers assermentés n’étant liste publiée chaque année par le ministre
chargés que de rechercher et constater les de l’environnement conformément à l’article
infractions, la suite de l’instruction revient au 32 du code forestier. Enfin, l’ONG doit
ministère public. A ce titre, il reçoit les démontrer qu’elle a subi un préjudice. Celui-
procès-verbaux établis par les agents ci doit être direct ou indirect par rapport aux
forestiers assermentés. En matière de intérêts collectifs que l’ONG défend. On peut
transaction, l’extinction de l’action publique considérer que les défrichements illicites
est subordonnée à l’accord de l’officier du constituent un préjudice direct pour une
ministère public. ONG qui a pour objet la protection des
forêts. Le préjudice est indirect, par exemple
Les droits reconnus aux ONGs lorsqu’une ONG qui défend une espèce rare
Le code forestier reconnaît aux ONG de de singes estime que l’exploitation forestière
protection de l’environnement ainsi qu’aux en cours perturbe les habitats des espèces
associations représentatives des qu’elle protège. De même, les actions en
communautés locales d’importantes justice émanant de riverains protégeant un
prérogatives par rapport aux ONGS agissant cours d’eau seront recevables si elles
d’autres domaines. Aux termes de l’article dénoncent la destruction de forêts
134, « les associations représentatives des adjacentes au cours d’eaux. Il convient de
communautés locales et les organisations préciser que cette disposition légale ne
non gouvernementales nationales agréées concerne pas seulement le secteur forestier
et contribuant à la réalisation de la politique mais l’ensemble du domaine
gouvernementale en matière environnemental. Ces dispositions ne
environnementale peuvent exercer des connaissent pas encore des cas
droits reconnus à la partie civile en ce qui d’application pratique. Ceci est dû
concerne les faits constituant une infraction essentiellement au manque de
aux dispositions de la présente loi et ses sensibilisation et d’information sur la mise en
œuvre de ce nouveau droit. Au lieu de faire
appliquer cette disposition, les ONG
69
Articles 1 à 7 de l’arrêté ministériel n° 260/2002 continuent à rédiger des mémorandums
du 3 octobre 2002 fixant la procédure des qu’elles adressent aux autorités politiques
transactions en matière forestière.
70
Un dollar des EU vaut 500 francs congolais.
71
Pendant les mois de février et mars 2007, des
ONG de Bumba dans la province de l’Equateur ont
par exemple adressé des mémorandums au
gouvernement et au Président de la République
pour dénoncer le non-respect du code forestier par
une société d’exploitation industrielle
(www.radiookapi.net/article.php?id=7103). Bien
souvent, ces démarches ne trouvent pas l’issue
attendue.
VII. Conclusion :
nécessité d’une
gestion
transparente des
ressources
forestières
A l’instar des codes post-Rio, le code
forestier est bien taillé. Il prône une
approche programmatique 72 fondée sur la
durabilité et la planification. En disposant
que « le régime forestier vise à promouvoir
une gestion rationnelle et durable des
ressources forestières de nature à accroître
leur contribution au développement
économique, social et culturel des
générations présentes et futures » 73 , le code
forestier intègre « les trois piliers
interdépendants et complémentaires
désormais indissociables que sont le
développement durable, le développement
économique et la protection de
l’environnement » 74 . Inscrite sous le titre
premier relatif aux « dispositions
générales », la notion de gestion durable est
considérée comme un principe général de
base qui sous-tend l’ensemble du code.
Pour l’avenir, il apparaît nécessaire – ce qui
fait défaut actuellement – que les autorités
politico-administratives assurent la
transparence dans l’administration et la
gestion des ressources forestières afin que
les populations locales en ressentent les
effets bénéfiques.
72
A propos des caractéristiques communes aux lois
forestières post-Rio, lire MEKOUAR, A. « Evolution
du droit forestier de Rio à Johannesburg : un aperçu
comparatif », in Le droit forestier au XXIème siècle.
Aspects internationaux, Paris, L’Harmattan, 2004,
pp. 137-167.
73
Article 2 du CF.
74
A. MEKOUAR, « Evolution du droit forestier de
Rio à Johannesburg : un aperçu comparatif »,
op.cit., p. 147.
Bibliographie
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- MEKOUAR, A. « Evolution du droit forestier de Rio à Johannesburg : un aperçu comparatif », in
Le droit forestier au XXIème siècle. Aspects internationaux, Paris, L’Harmattan, 2004.
- PRIEUR, M., « Les forêts et l’environnement en droit français », in Forêts et environnement, Paris,
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- PRIEUR, M. et DOUMBE-BILLE, S. (sous la dir.), Droit, forêts et développement durable,
Bruxelles, Bruylant, 1996.
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- Rapport final du Fonds fiduciaire pour le renforcement de la gouvernance dans le secteur forestier
dans la situation post-conflit en RDC, juin 2005, p. 5, point 8.
- SAKATA, G., Le code forestier et le code minier de la RDC : rôle des acteurs et impacts socio-
économiques et environnementaux. Essai comparatif, Rapport d’étude pour le Musée royal
d’Afrique centrale, Tervuren, Bruxelles, mars 2007.
- SAKATA, G., « Code forestier : analyse du statut juridique de la forêt et des acteurs de gestion »,
in Quel avenir pour les forêts de la République démocratique du Congo ? Instruments et
mécanismes innovants pour une gestion durable. Coopération belge au développement, CIFOR,
CIRAD et Africa Tervuren. Reflection and Discussion Paper, 2007/1.
- TREFON, Th., « Industrial logging in the Congo. Is a stakeholder approach possible? », South
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