07 Philosophie Et Dogmatisme M. Ndour 2024

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DISSERTATION PHILOSOPHIQUE CORRIGEE N°07


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« La philosophie se trahit elle-même lorsqu'elle dégénère en dogmatisme » ?


Qu'en pensez-vous ?

INTRODUCTION
La philosophie signifie la recherche et la non possession du savoir ; en ce sens, il évoque l'idée de mouvement
de l'esprit tendant toujours vers de nouvelles connaissances, se remettant perpétuellement en cause. C’est dans cette
dynamique que notre sujet nous invite à analyser la question selon laquelle : « La philosophie se trahit elle-même
lorsqu'elle dégénère en dogmatisme » ? En d’autres termes la philosophie s’oppose-t-elle le doute et la critique ? Le
sentiment d'insatisfaction qu'éprouvent perpétuellement les philosophes devant les savoirs, incite à les assimiler à
des sceptiques toujours en proie à des inquiétudes. Quelle est la nature du conflit entre ces deux manières de penser.
Pour mieux élucider cette problématique nous répondrons à ces questions : La philosophie n'est- elle qu'une suite
d’interrogations ? Le philosophe reste-t-il toujours enfermé dans l’incertitude ? Que penser de l’idée la philosophie
se trahit-elle elle-même lorsqu'elle dégénère en dogmatisme ?
DEVELOPPEMENT
Le dogmatisme désigne l'attitude de celui qui est convaincu qu'il y a des vérités, des valeurs, des principes
absolus, parfaits auxquels on doit se soumettre comme à des articles de fois et que toute croyance contraire à la
sienne est fausse irrationnelle ; c'est pourquoi la dogmatique ne peut éviter l'arrogance, le fanatisme ou l'intolérance.
L'expression « se trahir soi-même » traduit l'idée de reniement, de négation de soi ou d'autodestruction. Cette analyse
donne à comprendre la phrase proposée de la façon suivante : quand le philosophe renonce à la recherche pour se
contenter de ce qu'il sait et fait pour porter le manteau du conformiste, de l'homme qui se cramponne à des idées, à
des valeurs, il se dénature, il perd sa qualité essentielle. Dans cette perspective, philosopher reviendrait à tenir
toujours l'esprit en éveil, à se résoudre constamment à « regarder naïvement en soi et autour de soi », le mot de
BERGSON ; seul mériterait donc le qualificatif de philosophe celui qui à tous moments, se montrer ouvert à la
discussion, au dialogue et exclurait toute attitude d'enfermement. De ce point de vue, le philosophe serait le contraire
du religieux et du savant qui admettent dans leurs domaines respectifs des principes fixes. Réflexion critique
impitoyable, liberté de penser voilà ce à quoi se réduirait l'activité philosophique. Ceci indique que dans notre sujet
le mot de philosophie est pris dans sons originel de désir inextinguible de la vérité, c'est autour de cette idée que la
réflexion doit s'exercer. Prospère Issiaka LALLEYE déclare déjà : « La philosophie ne doit jamais se refermer
sur elle-même, même décrétant pour toujours résolu un problème auquel le philosophe s’est attelé avec succès ».
Un exemple illustratif, Socrate était parvenu à l’âge de soixante-dix ans lorsqu’il fut accusé par MELETOS,
ANYTOS et LYCON. Il argue de son innocence d’une rhétorique et ne ménage ses juges : il leur démontre leur
cécité, morale et politique, et révéle à ses concitoyens l’incohérence de leurs opinions et de leur conduite. L'idée
que la philosophie est questionnement incessant, distanciation vis-à-vis des savoirs et de pratiques quotidiennes a
traversé les âges. A l'origine donc, le mot de philosophie cache un mépris et une volonté : le mépris de la suffisance

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intellectuelle de l'orgueil et la volonté de s'élever à un savoir toujours plus vrai, toujours plus rigoureux. Au fond il exprime la
prise de conscience de notre finitude, de notre ignorance et l'aspiration à en sortir. A cet égard, rien n'est plus étranger au
philosophe que la complaisance par rapport à soi que le repli sur. Parce qu'il prend conscience de ses limites, parce qu'il ne se
fait pas d'illusion sur son propre compte le philosophe repousse l'extravagance, l'arrogance et accède à une conduite humble,
modeste. C'est de là qu'il tire sa force. Faisant toujours montre de flexibilité de souplesse, il cultive la tolérance et va en disant
comme Socrate : « Tout ce que je sais, c'est ce que je ne sais rien ». Adopter ce principe, c'est éviter de prendre position avant
d'analyser, avant de réfléchir, c'est refuser la soumission aveugle, l'acceptation naïve.
Le philosophe, au contraire du religieux ne se voue à aucun saint ; pour lui, rien sacré tout peut et doit faire l'objet d'une
analyse, seul ce que la raison décrète mérite le respect, la confiance. Socrate à travers ses conversations déconcertait ses
interlocuteurs convaincus de leurs savoirs parce qu'il les invitait à réfléchir à douter d'eux-mêmes à problématiser leurs leur
pseudo savoirs. Descartes dans ses méditations se proposait de renverser la tradition scolastique afin de trouver un fondement
solide pour la science. Tout en portant son regard critique sur tout, l'art, la mythologie, la religion, la science brève sur toutes
les autres manifestations culturelles, la philosophie s'en prend à elle -même, fait son autocritique. De cette autocritique
témoigne les querelles les contradictions qui ont existé jusqu'ici entre les philosophes. Si le dogmatique connait une existence
paisible, tranquille, le philosophe lui s'angoisse, souffre : le premier s'installe confortablement dans ses convictions puisqu'il
est sûr de posséder la vérité tandis que le second poursuit inlassablement la recherche se comporte en « pèlerin de vérité » de
ce fait il interroge continuellement tout héritage culturel. C'est entièrement pour cette raison que Jean Baufret qualifie la
philosophie de « document de l'inquiétude humaine ». Une telle entreprise qui aux yeux de Marcien Towa est « sacrilège »
comporte évidemment des risques dans la mesure où les sociétés voient d'un mauvais œil ceux qui leur demandent de se
débarrasser de leurs préjugés, de leurs croyances. Il n'est donc pas étonnant que la plupart du temps, les grands philosophes se
soient heurtés à l'hostilité de leurs contemporains: pour avoir confirmé la relativité de toutes les valeurs culturelles, le
philosophe grec Protogoras fut menacé de mort et dut son salut qu'à la fuite les questions de Socrate à l'endroit de ces
concitoyens ont dérangé au point qu'il fut condamné à mort terme d'un procès; les prises de position courageuses de Spinoza
contre les textes sacrés du judaïsme et du christianisme lui ont valu d'être excommunié. Développer notre sens critique de façon
à nous permettre de dominer notre existence tel est le but que s'assigne la philosophie. C’est dans cette perspective que Karl
JASPERS déclare que « La philosophie se trahit elle-même lorsqu’elle dégénère en dogmatisme, c'est-à-dire en un savoir,
mis en formule définitif, complèt . Faire de la philosophie,cest etre en route ; les questions en philosophie sont plus
essentielles que les reponses et chaque reponse peut devenir une nouvelle question ».
Le philosophe a - t-il les moyens de tout mettre en question ? Le commun des mortels se trompe sur le compte du
philosophe en le considérant comme un être abstrait ou quasi divin. En réalité celui-ci n'est qu'un homme et en tant que tel, il
est un être social, en ce sens qu'il appartient à une société et à une époque d'une part et à l'humanité tout entière d'autre part. Il
porte donc toujours des traces de ces dernières qu'il en soit conscient ou pas. Ainsi ses théories, ses concepts contiennent
toujours des éléments qui lui viennent de ces réalités. On sait depuis Karl Marx que philosophie est historiquement déterminée,
reflet idéologique, étroitement tributaire de son époque. Cela veut dire que l'idée d'une philosophie complètement libre, ne
retenant rien de la culture antérieure n'est qu'une vue de l'esprit, c'est-à-dire une illusion. Par exemple l'intention avouée de
Descartes à travers son doute radical était de se défaire entièrement de la scolastique médiévale à laquelle reprochait d'être
stérile, mais il n'a réussi à se délivrer ni des concepts, ni des thèmes de cette dernière ; la critique sévère adressée par Aristote
à Platon ne lui a pas permis à détourner carrément le dos à l'idéalisme platonicien. Qu'il le veuille ou pas le philosophe reste
donc prisonnier de certains dogmes de son époque, de sa société qu'il intègre par le canal de l'éducation, des multiples
influences qu'il subit. On peut dire alors avec A. Rivaud qu’« une grande philosophie ne s'oppose jamais complètement aux
idées de son époque ». Dans cette optique, la grande philosophie a toujours un côté conservateur ou réactionnaire. Par ailleurs
celle-ci se montre dogmatique dans son attitude vis-à-vis de la raison en tant faculté de comprendre. Cette attitude a un caractère
religieux car chaque philosophe fait confiance en cette faculté au point d'élever au rang d'autorité suprême. En ce sens Diderot
écrit : « la raison est à l'égard du philosophe ce que la grâce est à l'égard du chrétien. La grâce détermine le chrétien à agir,
la raison détermine le philosophe ». Toutes les batailles menées jusqu'ici par les philosophes ont visé à faire triompher aussi
bien chez les individus que dans les communautés humaines la raison.
CONCLUSION
Cette analyse a permis de montrer que la philosophie se présente comme méthode de pensée et ensemble de
doctrines. En tant que méthode, démarche cognitive, elle est activité réflexive à finalité critique qui interdit toute
fixité ; mais en tant qu'ensemble de thèses, d'idées produites par des individus toujours conditionnés celle s'accroche
à des valeurs. Il apparait donc que son opposition au dogmatisme est relative et non absolue. Réduire la philosophie
à une interrogation sans fin c'est ne pas voir qu'elle débouche toujours sur des résultats qu'elle fige. Kant lorsqu'il
écrivait au XVIIème siècle « il est contre nature de la philosophie d'être un gagne- pain », il émettait par-là l'idée
que l'activité philosophique ne peut se préserver en tant que domaine de liberté en se professionnalisant.

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