1G HC2 Cours
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Entre 1870 et 1914, la société française connaît des mutations majeures : progrès
techniques, amélioration générale du confort, développement d''une société bourgeoise et de loisir.
On a appelé rétrospectivement "Belle-Epoque" cette période (puisqu’après : Première Guerre
mondiale). Mais l'expression passe sous silence les difficultés d'une grande partie de la population
dont les conditions ne changent pas : pauvreté des paysans où le travail est encore manuel,
difficultés des ouvriers dans les usines. L'époque n'est pas belle pour tout le monde.
A partir des années 1880, la France entre dans la deuxième phase de l'industrialisation ou
deuxième révolution industrielle : c'est une série de mutations techniques qui reposent sur le
pétrole et l'électricité (la première révolution industrielle reposait sur le charbon). En 1889 et 1900,
la IIIe République organise à Paris deux expositions universelles destinées à montrer les avancées
techniques du temps.
- 1889 : construction de la Tour Eiffel, plus haut bâtiment du monde jusqu'en 1931, 7300 tonnes de fer fondues dans les
usines de Lorraine, célèbre la maîtrise du métal. Pas encore l'électricité : la lumière est au gaz et les ascenseurs
hydrauliques. Donc pousse à son paroxysme les progrès de la 1ère révolution industrielle.
- 1900: principalement l'électricité via le palais de l'électricité (il s'illumine chaque soir avec des ampoules électriques) et
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la 1ère ligne de métro électrique (porte Maillot - porte de Vincennes, dessert donc l'exposition via les champs Elysées et
le JO d'été organisés dans le bois de Vincennes). S'ajoute aussi le cinéma (les frères Lumières multiplient les prises de
vue de l'exposition et des salles projettent leurs films).
+ les galeries des machines présentent les nouveautés. C'est une époque d'innovations effrénées: moteur à explosion et
automobile, ampoule électrique, téléphone, avion, médicaments (molécules chimiques, vaccins).
2) Que recherche la république française en organisant ces expositions universelles ? Pourquoi invite-t-elle les autres
pays ?
La IIIe République cherche d'abord à faire l'éloge du travail et du progrès de manière universelle. Il y a à la fin du
XIXe siècle une croyance très forte dans la science capable d'améliorer la société et l'humanité. Les romans de Jules
Verne témoignent de la fascination des lecteurs pour les innovations (il imagine l'invention de la fusée et le sous-marin,
c'est l'un des écrivains français les plus lus dans le monde, largement devant Zola !). La philosophie d'Auguste Comte, le
positivisme, fait de la science le moteur de l'histoire (selon ce courant le progrès - bonheur, quête de la vérité - vient de la
science et non de la religion ou des croyances).
La IIIe République veut également montrer la puissance de la France : la Tour Eiffel est de conception française
en 1889, tout l'espace du Champ de Mars est consacré aux machines françaises en 1900. Par ailleurs, les Petit et Grand
Palais montrent la beauté des arts français et les expositions du Trocadero vantent la puissance de l'empire colonial.
La France invite les autres pays car la recherche du progrès technique fait l'objet d'une compétition entre les
nations. Chaque pays souhaite montre sa puissance. A cet égard, on remarque que l'exposition de 1889 a rassemblé moins
d'Etats que celle de 1900. 1889 marquait aussi la célébration du centenaire Révolution à laquelle ne voulaient pas être
associés des pays comme l'Allemagne ou la Russie (ont donc boycotté).
3) Montrez que les expositions universelles sont aussi des évènements touristiques qui marquent le début de la civilisation
des loisirs.
Les expositions universelles ont duré plusieurs mois et ont attiré des dizaines de millions de visiteurs (un même
visiteur peut être compté plusieurs fois bien sûr). L'entrée est payante. C'est une sorte de grand parc d'attraction avec
aussi des enjeux économiques. En 1889, la montée dans les ascenseurs hydrauliques de la Tour Eiffel est le clou des
attractions. En 1900, ce sont la grande roue ou le trottoir roulant. A cela s'ajoutent des spectacles folkloriques et le cinéma.
Les visiteurs viennent de la France (affiche publicitaire de la PLM) et du monde entier (début d'un tourisme
mondialisé). Mais le reportage montre bien qu'il s'agit de classe moyenne ou bourgeoise émergente (haut de forme,
costume, ombrelle). Une partie des Français reste à l'écart de cette société des loisirs car c'est couteux et ils n'ont pas de
congé. Néanmoins, ils n'en sont pas totalement exclus : des cinémas, des cirques ou des démonstrations d'aviation
ambulantes sillonnent la France rurale à la veille de la Première guerre mondiale. (+ dossier p. 202-203)
4) Les expositions universelles de 1889 et 1900 ont marqué le paysage de Paris à tout jamais. Justifiez cette affirmation.
Les expositions universelles ont vocation à être démontées une fois terminées. Néanmoins, certains
aménagements sont restés et ont transformé à jamais le paysage parisien: la Tour Eiffel en 1889 malgré les critiques de
nombreux artistes qui auraient voulu qu'elle soit retirées voire jamais construites, le Petit et le Grand Palais, et le métro
avec ses bouches d'entrées réalisées par Hector Guimard, symbole de l'art nouveau (utilisation du métal, du verre et des
lignes courbes).
Les expositions universelles organisées par la IIIe République en 1889 et 1900 à Paris sont
les vitrines des innovations de la fin du XIXe siècle. Il s'agit de faire l'éloge du progrès et de montrer
la puissance technologique de la France dans un contexte de compétition économique entre les
nations.
Toutefois, ces innovations ne se répandent pas rapidement partout en France. En 1900, les
Parisiens se déplacent encore majoritairement en chemin de fer ou en fiacre (voir début de la vidéo)
et ils s'informent par le journal. Les automobiles et les cinémas restent rares à la veille de la
Première guerre mondiale.
Graphique population active et urbaine/rurale: comment ces documents témoignent du triomphe de l'industrie ?
Après 1870, la croissance du monde ouvrier se poursuit : le nombre d'actifs travaillant dans
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l'industrie passe de 28% (environ 5 millions) à 33% (environ 7 millions) à la veille de la guerre,
rattrapant presque le nombre de paysans. Cela renforce le processus d’urbanisation : le nombre
d'urbains passe d'environ 30% vers 1870 à 45% en 1914.
Le textile et la sidérurgie dominent encore l'industrie française. Elles se localisent dans les
grandes villes (Lyon, Paris) et les régions houillères (Nord, Est). La ville du Creusot en Bourgogne
symbolise triomphe de l'industrie et de la croissance du monde ouvrier. Il faut l'étudier pour
comprendre comment a évolué le monde ouvrier depuis le 2nd empire.
Activité sur les conditions de vie des ouvriers et leurs relations avec le patron
Selon les contremaîtres - les accidents sont fréquents - on l'aime bien, jamais de grève
- mais la vie est bonne car le patron - fidélité car apporte des avantages
pourvoit aux soins gratuits, à la sociaux qui n'existent pas ailleurs
retraite (à partir de 65 ans, sans + photographie du vitrail de l'église du
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Les conditions de travail des ouvriers du Creusot sont difficiles : journées longues,
fatigantes, marquées par des accidents fréquents. Elles ont peu évolué par rapport au Second
empire. Mais il y a peu de contestations. Les ouvriers obéissent aux Schneider qui exercent sur
eux une emprise sociale et politique. Ces derniers utilisent le paternalisme.
Paternalisme : technique de gestion d'une entreprise qui consiste à donner des avantages sociaux
en échange de la fidélité (= le père de ses ouvriers).
2) Doc 3: Selon H. Schneider, l'état doit-il intervenir dans la relation entre le patron et ses ouvriers ? Pourquoi ?
Henri Schneider considère que l'Etat n'a pas à intervenir dans l'économie de façon à favoriser la croissance des usines.
Les lois sociales (interdiction du travail des enfants, réduction du temps de travail) augmenteraient les prix ou feraient
baisser les salaires. Le patron est donc un adepte du libéralisme: doctrine économique privilégiant la liberté des individus
et des entreprises par rapport aux contraintes de l'Etat.
Entre 1870 et 1914, le nombre d'ouvriers a continué d'augmenter mais les conditions de vie et de
travail n'ont guère évolué. Dans la grande industrie, des patrons libéraux et paternalistes arrivent à
soumettre une grande partie du monde ouvrier. Mais attention, les usines du Creusot ne doivent
pas masquer la réalité : la taille médianes des usines en France en 1914 est de 45 salariés.
Graphique d'évolution de la population active et de la proportion urbain/rural : peut-on parler de déclin des campagnes ?
Texte de l'historien M/ Vigreux: quelles sont les causes de l'exode rural ? qui quitte en priorité les campagnes ?
L'exode rural s'explique par les crises (baisse des prix) qui frappent régulièrement les
campagnes à la fin du siècle et font chuter les revenus des paysans. D'autre part, l'apparition
des premières machines (faucheuses) fait diminuer le besoin de main d'œuvre.
Les premiers à quitter les campagnes sont les plus pauvres : ouvriers agricoles,
saisonniers, petits exploitants. En gros, ceux qui ne possèdent pas la terre ou qui en possèdent
une toute petite et sont les premiers frappés par la baisse des revenus. S'ajoutent les artisans
concurrencés par les usines en ville et parfois les fils de paysans qui réussissent à l'école primaire.
Certains se rendent à l'école normale du chef-lieu de département pour devenir instituteur (rêve
de la promotion sociale).
Pour eux, l'arrivée du train dans leur campagne est un appel à l'exode : il facilite le départ
en ville et renforce la volonté d'aller vers la modernité.
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La révolte des vignerons du Languedoc en 1907 : pourquoi est-elle un signe de la difficulté du monde rural ?
En 1907, les vignerons du Languedoc manifestent et se révoltent contre l'Etat. Organisés en syndicats de
coopérative (celle de Thézan et Bizanet sur la photographie de gauche), ils crient leur misère : « Abèré tant de boun bi et
pas pourré mangea de pan ! » (en langue d'oc: "Avoir tant de bon vin et pas pouvoir manger du pain"), "le cri du ventre", "les
agonisants". Ils menacent le gouvernement de ne pas payer d'impôt (visible sur une banderole sur la photographie) s'ils
n'obtiennent pas satisfaction.
Les vignerons de la région sont de tout petits exploitants. Ils ont été frappés vers 1900 (comme le reste de la
France) par le phylloxera, un puceron venu des Etats-Unis qui a massacré les cépages. Tous les plans ont dû être replantés
à force d'investissement et d'emprunts. Mais en 1906, la production augmente tellement que les vignerons n'arrivent plus
à l'écouler: les prix sont divisés par trois. C'est la ruine. Ils doivent licencier leurs ouvriers agricoles et sont menacés
d'expropriation par les banques car ils ne peuvent plus rembourser leur crédit. Ils demandent donc à l'Etat de faire quelque
chose, notamment une hausse d'impôt sur le vin venant d'Algérie qui les concurrence fortement et une suspension des
dettes dans l'attente des jours meilleurs. Face au refus du gouvernement Clémenceau, ils menacent de ne plus payer
l'impôt et les maires de démissionner en bloc. En juin, une manifestation dégénère à Bézier: la police tire sur la foule faisant
5 mort. A Agde, le régiment d'infanterie mobilisée pour aider la police se mutine et prend partie des manifestants (il y avait
beaucoup d'enfants de vignerons en train de faire leur service militaire).
En 1907, la crise des vignerons du Languedoc est le signe de cette crise des campagnes.
Des dizaines de milliers de petits exploitants, ruinés par la baisse du prix du vin, se révoltent. Une
manifestation dégénère faisant 5 morts.
Dans beaucoup de régions et surtout pour la majorité des petits exploitants, le travail
agricole reste inchangé depuis le début du siècle. Le travail se fait toujours à la main : sur le
tableau, des faneuses ramassent le foin avec des fourches, travail fastidieux réalisé après le
fauchage. Il faut beaucoup de main d'œuvre. La productivité est faible. Cela entraîne donc la
pauvreté et l'exode rural.
Néanmoins, les progrès techniques de la fin du siècle touchent aussi le travail agricole.
Les engrais chimiques et les machines (mécanique sur l'affiche n°2, mais parfois à vapeur)
apparaissent, souvent en provenance des Etats-Unis. Les grands exploitants du bassin parisien
les adoptent, permettant une forte croissance de la production.
L'Etat a encouragé ces changements par la recherche et l'enseignement (institut
national d'agronomie, 1876) et surtout en ordonnant la création des comices agricoles.
Comices agricoles : organisation réunissant les exploitants d'une région, chargé de partager les
bonnes pratiques (publicité comme celle du calendrier, concours agricole pour stimuler le progrès).
Affiche CGT: qui porte le mouvement ouvrier ? quelle revendication spécifique ici ?
- mouvement n'est pas porté de manière individuelle ou désorganisée, mais par des organisations
- ici la CGT. Confédération générale du travail née en 1895. Union de presque tous les syndicats français : possible car les
syndicats sont autorisés depuis une loi de 1884. Le but du syndicat : coordonner les actions, financer les grèves (par des
caisses de soutien pour que les grévistes aient de quoi vivre), négocier en position de force avec l'Etat (pour des lois
sociales) ou les patrons (pour des conventions dans l'entreprise)
- ici, revendication sur la journée de 8h : un des grands combats avant la guerre. Apporterait le bonheur à l'ouvrier (moins
fatigant + plus de temps passé en famille) or on a vu dans le I. B. que l'ouvrier travaillait plus de 10h/jour en l'absence de
loi.
- depuis 1889, demande de manifester chaque 1er mai en hommage aux manifestants condamnés à mort à Chicago suite
à l'attentat anarchiste de Haymarket. Recommandé par l'internationale des travailleurs, le mouvement ouvrier international
Mouvement ouvrier : ensemble des organisations (partis politiques, syndicats …) qui, à partir de la
révolution industrielle ,luttent pour améliorer les conditions de vie et de travail des ouvriers: temps
de travail, salaires, sécurité des travailleurs …
Syndicats du mouvement ouvrier : autorisés depuis 1884. 1895 : création de la CGT qui rassemble
de nombreuses organisations.
Partis politiques du mouvement ouvrier : SFIO créée par Jean JAURES en 1905 qui unifie de
nombreux petits partis.
Moyens d’action du mouvement ouvrier : élections (pour les partis politiques), grève (droit obtenu
en 1864), manifestation. A partir des années 1890, le 1er mai devient la fête internationale des
revendications des travailleurs et un jour de manifestations en France.
La fusillade de Fourmies, 1er mai 1891, un moment fort du mouvement ouvrier: video retronews (site de la BNF :
https://www.retronews.fr/video/1891-le-massacre-des-ouvriers-de-fourmies )
1er mai 1891, manifestation d'ouvriers et d'ouvrières principalement des filatures de Fourmies dans le nord de la France. La
police est présente, sur la demande des patrons, pour encadrer la manifestation. Un mouvement de foule survient : la
police tire de manière disproportionnée, 10 morts dont deux enfants. Il n'y a eu aucune violence de la part des manifestants
au départ.
- Choc immense en France. Tous les journaux font la une. 1ère fois depuis la commune que la police tire sur des Français,
en l'occurence des ouvriers. Choc aussi car les manifestants étaient pacifiques.
- Soude la classe ouvrière, renforce le mouvement ouvrier : a eu lieu un 1er mai. Fait définitivement de cette date venue
des Etats-Unis la fête des travailleurs en France
- Hommes politiques comme Clémenceau s'inquiète : les ouvriers ne resteront pas passifs après cet évènement. Propose
de leur donner des gages (amnistier les manifestants qui ont réagi et ont ensuite commis quelques violences, des lois
sociales) et ne pas leur répondre par la force, sinon ils vont vouloir faire la révolution. C'est le retour de la Commune et de
la guerre civile
Evolution du nombre de grèves + Charte d'Amiens de la CGT (1906) : montrez que le mouvement ouvrier se durcit à partir
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de 1905.
+ déclaration d'unification des partis socialistes au sein de la SFIO pour préciser marxisme, socialisme révolutionnaire et
socialisme réformiste
CGT et SFIO sont donc devenus des organisations socialistes révolutionnaires qui
s'inspirent du philosophe allemand Karl Marx. Ils veulent transformer totalement la société par une
révolution pour collectiviser les richesses. Ils s'opposent aux socialistes réformistes qui veulent
seulement des lois sociales pour améliorer les conditions de travail.
Révolution : bouleversement social et politique par la force. Pour les socialistes, il vise à faire
avancer la société vers le socialisme (« Grand Soir »).
Marxisme : Théorie politique fondée par Karl MARX, selon laquelle les prolétaires (les travailleurs
pauvres) qui ne possèdent que leur force de travail doivent renverser l'ordre social capitaliste par la
révolution pour organiser une société sans classe sociale, à travers la lutte des classes.
Prolétariat : Ensemble des travailleurs qui ne possèdent rien sinon leur force, qu'ils vendent pour
vivre.
Lutte des classes : Pour Karl MARX, opposition violente entre les détenteurs de l'outil de travail (la
bourgeoisie) et ceux qui ne possèdent que leur force physique (prolétaires), à l'origine, selon MARX,
de toutes les révolutions dans l'histoire du monde.
A partir de 1910, les socialistes révolutionnaires appellent même, avec le mouvement ouvrier
européen (congrès de l'Internationale), à une grève générale contre la guerre si elle venait à éclater.
Internationale ouvrière : association internationale fondée en 1864 liant tous les partis socialistes
et anticapitalistes.
Le mouvement ouvrier obtient des progrès sociaux avant la guerre : limitation du travail des
enfants, obligation d'un jour de repos hebdomadaire ou lois créant des retraites pour tous.
Mais il s'agit de progrès timides: pas de lois sur la journée de 8h (sauf dans les mines), ni
sur les salaires, ni évidemment de mesures révolutionnaires.
En réalité, les partis au pouvoir s'inquiètent énormément de ce mouvement. Il rappelle la
commune et la guerre civile. Il s'agit de lui donner de petites satisfactions mais également de le
museler: après 1906 les grèves diminuent car les patrons font systématiquement appel à des
ouvriers pour remplacer les grévistes, "les jaunes", qui rendent donc la grève inutile.
L'essentiel des jaunes sont des immigrés belges dans le nord de la France. Période marquée
aussi par les débuts de l'immigration: quand ils remplacent les travailleurs français, les
immigrés ne sont pas toujours bien vus. C'est aussi un moment fort de la xénophobie en
France.
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Les étrangers sont de plus en plus nombreux en France à partir de 1850 : ils passent de
400 000 à cette date à presque 1,2 millions à la veille de la Première guerre mondiale. Leur
nombre a donc pratiquement triplé.
Etranger : personne qui n’a pas la nationalité du pays dans lequel il vit.
Immigré : personne qui vit dans un pays dans lequel il n’est pas né.
Avant 1900, il s'agit essentiellement de Belges. Après 1900, ce sont surtout des Italiens. A
la marge, s'ajoutent des Espagnols et des Allemands. Il s'agit d'une immigration de proximité.
Carte de la répartition des étrangers : où les étrangers sont-ils les plus nombreux ? Pourquoi ?
Graphique d'évolution de la population européenne : pourquoi l'Etat français encourage-t-il aussi l'immigration ?
Sur le plan juridique, l'Etat cherche à intégrer les étrangers en facilitant leur naturalisation.
La France utilise le droit du sol depuis la Révolution française et l'Empire : selon le code civil de
1804, est Français, celui qui est né en France et veut vivre en France à sa majorité [concept de
l’universalisme républicain français : idée des premiers révolutionnaires : sont Français tous ceux
qui veulent adhérer aux principes de la révolution française, le sang importe peu. Il suffit de vivre
en France et de prêter serment pour devenir citoyen : ex. Thomas Paine, anglais élu à la convention
en 1792].
A la fin du XIXe siècle, la législation s'assouplit encore pour encourager l'immigration : le
mariage ou la simple résidence sur une longue période permettent d'obtenir la nationalité.
Il n'y a ni contrôles aux frontières ni quotas avec des visas de travail : les étrangers doivent
simplement s'enregistrer dans leur lieu de résidence. L'Etat peut ainsi les compter et les surveiller.
Vidéo du musée de l'immigration sur le massacre d'Aigues-Mortes, 17 août 1893: intégration juridique ne signifie pas
intégration sociale (https://www.youtube.com/watch?v=8fQS7ibcecs )
1) Racontez l'évènement
- 16-17 août 1893, massacre d’une vingtaine d'ouvriers italiens par des ouvriers français
- à Aigues-Mortes, dans le Gard (entrée de la Camargue)
- les ouvriers sont employés dans les salines : métier pénible, 7 jours/7, 12 heures par jour.
- une simple rixe se transforme en massacrent : les Italiens se moquent d'ouvriers français qui ne tiendraient pas la
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cadence. Réaction en chaîne provoque une émeute parmi les Français beaucoup plus nombreux qui lynchent et tuent des
Italiens
3) Montrez que les presses italiennes et françaises portent un regard différent sur l'évènement
- les Italiens: presse italienne (l'illustrazione) titre sur "meurtres et massacres", tait le rôle des policiers français qui ont
essayé de protégés les ouvriers italiens et exagère le nombre de victimes (100 blessés)
- les Français: presse française (le Petit parisien) minimise en parlant de "troubles", prétend que ce sont les Italiens qui ont
commencé la rixe et ont provoqué le massacre, réduit le nombre de morts (8 alors qu'on sait qu'il y en a eu au moins 20).
=> c'est une période de nationalisme très fort. D'ailleurs, la justice française relaxe les 17 manifestants accusés de meurtre
lors du procès qui se tient en octobre.
Cependant, intégration juridique (celle de l'Etat) ne signifie pas intégration sociale (celle de
la population). Au contraire, dans un contexte de montée du nationalisme et de crise économique,
la xénophobie est forte en France entre 1870 et 1914. Les rixes sont nombreuses entre ouvriers
étrangers et ouvriers français qui craignent pour leur emploi. En 1893, une de ces rixes dégénère
à Aigues-Mortes dans le Gard : 20 Italiens sont tués.
Dans le nord, les Belges sont mal vus car ils apparaissent souvent comme les briseurs de
grèves: en effet, les patrons ont souvent recours à eux pour remplacer les mineurs qui cessent le
travail.
Dans beaucoup d'endroits, les étrangers, notamment les Italiens et les Polonais, vivent donc
entre eux : ils se marient entre eux et ont leur quartier, leurs lieux de vie, leur culture. Aujourd'hui,
on parlerait de communautarisme : volonté d'une minorité de vivre séparé du reste de la population
pour préserver sa culture et s'entraider.
Les femmes ont une place croissante dans le monde du travail (42% à 48% sur la période
selon ce graphique). Les secteurs reflètent ceux des hommes : elles sont progressivement moins
nombreuses dans l'agriculture et tiennent un rôle croissant dans l'industrie et les services.
Cette évolution s'explique par la pauvreté : pour les catégories populaires, à la campagne,
comme à la ville, le travail de l'épouse ou des filles est essentiel à la survie économique de la famille.
Lithographie de Breitweiser: ce dessin montre-t-il l'amélioration de la place de la femme dans le monde du travail
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- ce dessin montre une amélioration de la place des femmes dans le monde du travail car il insiste sur les nombreux métiers
qu'elles peuvent occuper. Il montre aussi une hiérarchie, avec les anciens métiers (paysannes, ouvrières, domestiques) et
les nouveaux, plus élevées socialement, auxquelles elles peuvent prétendre (marchande, institutrice)
- néanmoins, il y a des limites à l'amélioration selon ce dessin : les femmes occupent des métiers dans quelques secteurs
exclusivement = l'enfance (sage-femme, institutrice), le textile (marchande, ouvrière de filature) ou le service (servante,
religieuse au service de Dieu). Certains métiers sont inaccessibles aux femmes, les plus élevés socialement : médecin (par
la coutume) ou avocat (interdit par l'ordre jusqu'en 1900) ou les métiers de la finance.
- autres limites à la place des femmes sur le marché du travail : les salaires. A la campagne ou dans l'artisanat, la femme
n'en perçoit même pas. Seul le mari qui possède le champ ou la boutique le perçoit. A l'usine, elle le touche mais n'a pas
le droit, selon la loi, d'en disposer sans l'autorisation du mari. Enfin, les salaires sont toujours inférieurs à ceux des hommes
(environ 2 fois moins) : à partir de la 3e année, un instituteur touche plus qu'une institutrice pour le même métier.
L'évolution de la place des femmes dans le monde du travail apparaît comme un progrès,
d'autant plus que de nouveaux métiers s'offrent à elles : marchandes, institutrices. Néanmoins, la
plupart des métiers élevés socialement leur restent fermés (finance, médecine, droit) et dans les
services, elles exercent souvent des emplois liés à l'enfance. Par ailleurs, leurs salaires sont deux
moins élevés que ceux des hommes et elles n'ont pas le droit d'en disposer sans l'autorisation de
leur mari.
Extraits du code civil de 1804: pourquoi peut-on parler d'incapacité juridique des femmes ?
Sur le plan juridique, la place de la femme n'a pas évolué depuis le début du siècle. Selon le
code civil napoléonien (1804), toujours en vigueur, elles doivent obéissance à leur mari, n'exercent
pas l'autorité parentale, ne peuvent disposer librement des biens du couple (acheter, vendre). On
peut parler d'incapacité juridique car elles doivent passer par le mari, ou obtenir son autorisation,
pour l'essentiel des démarches juridiques et économiques.
Extraits de l'instruction morale des jeunes filles : montrez que l'incapacité juridique des femmes et l'infériorité dans le
monde du travail sont le résultat des représentations
L'infériorité dans le monde du travail et sur le plan juridique est la conséquence des
représentations. Culturellement, la femme est inférieur à l'homme : elle doit rester humble, ne pas
montrer ses idées politiques, s'occuper du foyer, des enfants, du mari. L'éducation qu'elle reçoit la
conditionne (les écoles primaires de Jules Ferry ne sont pas mixtes: les filles reçoivent une
éducation conforme au futur qu'on attend d'elles: couture, cuisine etc.). La société française du
début du XXe siècle est culturellement misogyne.
- Discours d'H. Auclerc + Une du Petit Journal: quels sont les combats d'Hubertine Auclerc ?
A la fin du XIXe siècle, un courant féministe se développe, porté par Hubertine Auclerc. Cette
dernière multiplie les discours et actions d'éclat pour obtenir l'égalité homme-femme. Notamment,
elle se bat pour l'égalité scolaire (la même éducation), salariale (droit de disposer de son salaire)
et civique (le droit de vote). En 1908, elle brise une urne lors des élections municipales de Paris en
s'inspirant des "suffragettes" (militantes luttant pour obtenir le droit de vote des femmes)
britanniques et américaines.
Chronologie: peut-on parler de progrès du droit des femmes entre 1870 et 1914 ?
Néanmoins, ce mouvement féministe reste marginal et les progrès des droits des femmes
très minces : en 1907, elles obtiennent le droit de disposer de leur salaire, mais elles n'obtiennent
ni le droit de vote, ni le droit de disposer des biens ou de divorcer librement.
ENTRE 1870 ET 1914, LA SOCIETE FRANÇAISE EST MARQUEE PAR DE NOMBREUSES MUTATIONS :
PROGRES TECHNIQUES DE LA DEUXIEME REVOLUTION INDUSTRIELLE, DEVELOPPEMENT CONSIDERABLE DE
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