Saint Athanase DAlexandrie - Lettres A Serapion
Saint Athanase DAlexandrie - Lettres A Serapion
Saint Athanase DAlexandrie - Lettres A Serapion
LETTRES
" A
SÉRAPION
Lettres à Sérapion.
LETTRES A SÉRAPION
SUR LA
DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
NIHIL OBSTAT :
IMPRIMATUR !
ATHANASE D'ALEXANDRIE
LETTRES
A SÉRAPION
SUR LA
DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
INTRODUCTION ET TRADUCTION DE
Joseph LEBON
PROFESSEUR A L'UNIVERSITÉ DE LoUVAIN
INTRODUCTION
Les personnages
II
Les textes
Lettres à Sérapion. 2
18 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
ou utiles ont été exécutées ou sont en voie de l'être. Cet
immense travail est de nature à assurer à la nouvelle
édition des bases critiques incomparablement plus larges
et plus sûres que celles des éditions précédentes. Malheu
reusement, ce qui a paru jusqu'à présent de cette publi
cation ne comprend pas encore nos lettres1. Il faut donc
bien, pour les traduire, suivre le texte d'une des éditions
antérieures.
Deux seulement reposent sur l'utilisation directe et,
jusqu'à un certain point, critique de témoignages manu
scrits; les autres ne furent que des reproductions plus ou
moins complétées, parfois amendées mais aussi altérées,
des précédentes. La première est aussi Yediiio princeps
de textes grecs athanasiens, dont on n'avait publié aupa
ravant que des traductions latines2 : c'est la Commeliana,
parue en deux in-folio, chez Jérôme Commelin, à Heidel-
berg, en 1600-1601. La seconde est la Benedictina, donnée
par B. de Montfaucon, en trois in-folio, à Paris, en 1698.
La Commeliana fut réimprimée à plusieurs reprises au
cours du xvii6 siècle, mais d'après une reproduction
bouleversée et défectueuse, qui en avait été faite à Paris,
en 1627. La Benedictina fut reproduite, augmentée des
enrichissements que les découvertes postérieures avaient
1 Des neuf livraisons, qui ont paru de 1934 à 1941, les deux
premières appartiennent à la première partie du vol. III, les sept
autres à la première partie du vol. II. Il n'a encore rien été publié
du vol. I, dans lequel doivent prendre place, parmi les écrits dogma
tiques et ascétiques, nos lettres à Sérapion.
2 Qu'il nous suffise de signaler ici les traductions latines qui con
cernent nos lettres à Sérapion : celle de la première lettre, œuvre
d'Omnibonus de Longino, parue dans l'édition de Vienne, en 1482;
celle de la troisième et de la quatrième lettre donnée par Érasme
dans l'édition de Bâle, en 1527; enfin et surtout, celle des quatre
lettres préparée par un professeur de Louvain, Pierre Nauninck
(Nannius) pour l'édition de Bâle de 1556. Cette dernière traduction,
qui avait de réels mérites, accompagna les textes grecs dans la
Commeliana, tandis que la Benedictina en adopta une nouvelle.
INTRODUCTION 19
fournis, dans les quatre volumes de l'édition publiée à
Padoue, en 1777. Ce sont les textes de cette dernière qui,
autrement répartis, ont pris place dans les t. XXV-XXVIII
de la Patrologia graeca de J.-P. Migne (Paris, 1857).
Pour mesurer les progrès maintenant réalisés par l'in
formation critique, il faut se rendre compte des ressources
manuscrites dont disposèrent les deux grandes éditions
signalées plus haut. Contentons-nous d'envisager, à titre
d'exemple, les bases sur lesquelles elles établirent leur texte
de nos lettres à Sérapion; on peut encore, en effet, les
reconnaître1! Grâce à l'aide prêtée par un collaborateur
érudit, Pierre Felckmann, qui lui fournit plusieurs colla
tions, l'éditeur Commelin disposa de cinq manuscrits
d'amplitude variée. Ce furent : a) pour la série complète
et continue des quatre lettres entières2, un Codex Gobleria-
nus, qui est l'actuel Codex Musaei Britannici Harleianus,
5579, copie, exécutée en 1320-1321, du Codex Seguerianus,
manuscrit du xne siècle, dont il sera question plus loin;
b) pour la série complète, mais distinguée en trois sections
(Epp. I-II; Ep. IV, 8-23; Epp. III-IV, 1-7) des quatre lettres
entières, le Codex Basiliensis A III 4, du xme siècle;
c) pour les deux sections Epp. I-II et Ep. IV, 8-23 : le t. I
du Codex Geneoensis gr. 29, du xvie siècle, portant un texte
très apparenté à celui d'un manuscrit du xve siècle de la
Laurentienne de Florence, et une copie du Codex Marcianus
gr. 50 (actuellement 369) qui date du xie siècle; d) enfin,
pour Ep. I, le t. III du Codex Genevensis gr. 29 déjà cité
III
Les documents
1 Ils sont dans le volume publié par le P. Isaïe Tajezi sous le titre
qui se traduit : « Discours, lettres et écrits polémiques de saint Atha-
nase, patriarche d'Alexandrie», à Venise, en 1899. On trouve dans ce
volume, mais en deux sections séparées (pp. 88-116 et pp. 243-257),
la version arménienne de presque toute la première lettre à Sérapion
(manquent les n. 29, 32 et 33), avec des lacunes plus ou moins con
sidérables en certains passages et aussi des doublets partiels pour
les n. 5-6 (pp. 245-248). Ce qu'écrit R. P. Casey (art. cit., p. 44) touchant
l'absence totale de la deuxième lettre dans l'édition de Tajezi n'est
pas absolument exact, car on trouve dans ce volume (pp. 251-253),
entre les n. 27 et 28 de la première lettre, quelques passages des
n. 1-4 de la deuxième.
* F. Cavallera (Saint Athanase, dans la collection La pensée
chrétienne, 2e éd., Paris, 1908, p. 188-204), en exposant la théologie
du Saint-Esprit d'après saint Athanase, en a traduit un certain
nombre de passages, tous tirés de la première lettre.
3 Des heiligen Athanasius ausgewâhlte Schriflen, t. I, p. 391-497.
Berlin et Munich, 1913 (dans la Bibliothek der Kirchenvâter, 2e éd.,
t. XIII).
INTRODUCTION 23
circonstances de leur composition. Cette tâche est celle de
la critique historique et littéraire; elle s'en acquitte en
s'efforçant de donner des réponses objectivement fondées
aux questions, nombreuses et variées, que le souci de
justesse dans l'interprétation et l'appréciation des sources
l'amène à se poser. Essayons d'éclairer successivement ces
divers points quant à nos pièces1.
1 Montfaucon, qui a édité les deux pièces comme formant une seule
lettre, a exposé ses raisons d'en agir ainsi dans le paragraphe V
de son avertissement déjà cité (P. G., XXVI, 527-528). C'est l'étude
de A. Stulcken (Athanasiana, pp. 59-60) qui a orienté décidément
la critique actuelle dans la voie opposée; cet auteur a cru avoir détruit
les arguments de Montfaucon, lui a donné tort et a déclaré sans
ambages que l'unité littéraire de notre Ep. IV devait, à son avis, être
absolument abandonnée. La dissertation exégétique est un fragment,
détaché d'un autre écrit que Sttilcken ne détermine pas davantage.
Cette opinion a pénétré dans les histoires littéraires récentes : ainsi
par exemple, O. Bardenhewer (o. c, t. III, p. 71) l'a reçue en
conjecturant que le fragment appartient peut-être à une autre lettre
de saint Athanase à Sérapion. G.-H. Opitz (o. c, p. 3 et 163) déclare
catégoriquement qu'il est hors de doute que le fragment n'appar
tenait pas originellement à notre Ep. IV, et qu'on ne sait à qui il était
adressé.
* Ainsi, par exemple, A. Stûlckën (o. c, p. 60) et G.-H. Opitz
(o. c, p. 163) traitent la section comme authentique et fragmentaire.
La formule du début (n. 8 : -nepl ôe oS ypd<f>aiv èStfXwoas) marque
nettement ce qui suit comme une nouvelle partie d'une lettre déjà
commencée.
Lettres à Sérapion. 3
34 LETTRES SUR LA DIVINITE DU SAINT-ESPRIT
« Au même Sérapion », parfois enfin avec l'indication
marginale du passage évangélique. Sans détruire les faits
critiques notés par Montfaucon, l'information actuelle
a élargi et complété son enquête dans la tradition manu
scrite et littéraire et elle se croit autorisée de ce chef à en
changer la conclusion. Elle constate, en effet, que notre
pièce n'est reliée à Ep. IV, 1-7 que dans des manuscrits
d'une seule famille, celle des principaux témoins suivis par
Montfaucon; dans les autres, elle est transcrite à part et
porte souvent un titre spécial qui la caractérise comme un
traité sur le texte évangélique que l'on connaît. Ce dernier
état, assure-t-on, est décelable dans la tradition textuelle
et littéraire à une date aussi ancienne que le ve siècle;
il montre que l'union de notre pièce avec la première
partie de notre Ep. IV est l'œuvre d'un compilateur
postérieur, incité sans doute à l'opérer par le fait que la
troisième lettre à Sérapion se termine par la citation du
texte évangélique en cause1.
Il ne semble pas que cette argumentation, empruntée à
l'état de la tradition du texte, soit apodictique et conduise
à une conclusion certaine quant au problème ici posé2.
Même'si l'on admet comme démontrée pour le ve siècle
déjà trop, car cette pure possibilité est positivement exclue par le
caractère clairement complet de la lettre susdite, et la conjecture
n'a aucune raison d'être, comme le montre la traduction exacte de
notre texte. La mention spéciale des Psaumes en cet endroit s'explique
peut-être comme amenée par le fait que saint Athanase a déjà en tête
la pensée du texte du Ps. CXXV, 6, par lequel il veut terminer, et
termine réellement, sa lettre.
INTRODUCTION 39
notre Ep. IV. Comment saint Athanase a-t-il été amené
à lar composer de deux parties, il faut le reconnaître, si
différentes par les sujets traités et si peu manifestement
reliées entre elles? A cette question, qu'on ne veut nulle
ment esquiver, une réponse satisfaisante sera faite lorsqu'on
retracera, preuves à l'appui, les circonstances dans les
quelles cette lettre fut écrite pour terminer cette corres
pondance. Celle-ci comprit donc trois lettres de la plume
de saint Athanase : notre Ep. I, nos Epp. II et III qui n'en
formaient qu'une, et notre Ep. IV dans son intégrité1.
ainsi après la dissertation exégétique (676 B), ces mots sont alors
naturellement relatifs à cette dernière.
1 Cf. supra, pp. 43-45.
3 Ep. IV, n. 7 (648 B). Acace fut évêque de Césarée de c. 340 à
c. 366. Patrophile était évêque de Scythopolis déjà au temps du
concile de Nicée et la date de sa mort n'est pas connue.
* Cf. supra, p. 13.
Lettres à Sérapion. 4
50 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
362. Ce sont là les deux dates extrêmes entre lesquelles on
placera la composition des Lettres à Sérapion sur la divinité
du Saint-Esprit. Il est peut-être possible de restreindre
encore ces limites chronologiques et de s'arrêter à l'année
359 comme à la date la plus probable d'une correspondance,
dont les pièces ont dû se succéder sans de longs intervalles
de temps1.
1 Ep. IV, n. 5 (645 A), saint Athanase cite Eunomius entre d'autres
personnages importants dans la propagande en faveur de l'arianisme.
Il n'est guère probable qu'il ait connu Eunomius avant que celui-ci
vint à Alexandrie se joindre à Aétius, qui l'intruisit de sa doctrine
arienne, ce qui arriva en 356 ou 357. Nous croyons que Ep. III
résume les argumentations principales des Discours contre les Ariens,
supposant ainsi que ces Discours sont, sans doute depuis peu de
temps, entre les mains de Sérapion et de ses fidèles; nous pensons
aussi que cet ouvrage a été composé par saint Athanase en 358.
Dès lors, la correspondance avec Sérapion semble bien à rapporter
à l'année 359, date la plus communément reçue par les auteurs.
INTRODUCTION 51
lourdes pourvu qu'elles atteignent leur but. Les lettres
mêmes que nous connaissons de lui en grec, ne font pas
exception; elles traitent des affaires, dirait-on, et révèlent
rarement un trait furtif de son intimité. Nos Lettres à
Sérapion sont d'ailleurs si peu des lettres! Elles sont,
comme on l'aura vu, de véritables traités ou des disser
tations dogmatiques, méthodiquement ordonnées, et tissées,
en quelque sorte, de citations scripturaires que l'auteur
excelle à découvrir, à rapprocher, à dérouler en de longs
florilèges1. La polémique y met cependant une certaine
vie, une certaine animation : saint Athanase fait parler
ses adversaires, il les interpelle, leur lance des défis (336 C;
537 C), les montre hésitants devant les questions qu'il leur
rétorque (640 A-B), leur rend plaisanterie pour plaisanterie
(568 B), crée pour les désigner une sorte de sobriquet
inspiré du faux-fuyant accoutumé de leur exégèse, se
moque de ces prétentieux « qui disent facilement toutes
choses » (572 C; 592 C) et à qui la meilleure réponse à faire
serait le silence, afin qu'ils reconnaissent leur ignorance
(640 C). Tout entier à la question doctrinale qu'il traite,
l'évêque d'Alexandrie discute, raisonne, réfute, parfois
visiblement agacé et indigné par l'obstination des adver
saires à méconnaître une vérité pour lui évidente2; à peine
1 Le meilleur de la force, comme un des charmes, de la théologie
athanasienne réside certainement dans son caractère scripturaire.
Saint Athanase connaît à merveille les Saintes Écritures; on sent
partout qu'il les a longuement méditées et qu'il les a pénétrées à fond.
Son érudition scripturaire est étonnante; à propos de chaque point
de doctrine, les textes se pressent sous sa plume avec une abondance
et un à-propos qu'on ne peut qu'admirer. Et il en a remarqué tous
les détails! Qu'on examine, par exemple, le long florilège dans lequel
il relève (Ep. I, n. 4-6) les manières diverses dont l'Écriture marque
qu'elle entend désigner par le terme irvevixa le Saint-Esprit : ne le
croirait-on pas établi au fil de la consultation d'une de nos concor
dances bibliques? Il sait ainsi, par d'heureux rapprochements,
éclairer l'Écriture par elle-même : voir, par exemple, Ep. I, n. 12,
comment il montre que l'Esprit est Dieu, et non un ange, parce que
c'est lui qui a conduit le peuple d'Israël au désert.
* C'est cette indignation qui lui arrache l'exclamation qui termine
52 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
songe-t-il à Sérapion, qui est pourtant son ami. On aurait
tort de juger l'homme, ses sentiments, sa piété même1
d'après des lettres officielles, qui ne font connaître que le
docteur et son dévouement passionné à la vérité. Une
traduction qui viserait à l'élégance changerait la physio
nomie de ces documents; la nôtre se contentera d'essayer
de les présenter avec la fidélité et l'exactitude que
requièrent leur rôle et leur valeur de sources de l'histoire
des doctrines.
IV
Lea doctrines
Lettres à Sérapion. 5
66 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
ment dans les mots et les noms, et comprenant l'Esprit-
Saint avec le Père et le Fils (596 A-B). Elle est encore mise
en lumière et énergiquement maintenue lorsque saint Atha-
nase écarte les questions impertinentes des adversaires, qui
demandent comment le Saint-Esprit, s'il n'est pas une
créature, n'est pas fils lui aussi, frère ou fils du Fils et petit-
fils du Père (Ep. IV, n. 3-6). En cette matière mystérieuse,
déclare-t-il, on doit s'en tenir à l'enseignement de l'Écri
ture et, évitant toute curiosité imprudente et indécente,
admettre la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, une seule
divinité, révélée par Dieu lui-même (641 A-B). L'Écriture
ne mêle jamais ces noms; il faut les garder distincts (645 B;
648 B). L'hérésie de Sabellius doit être rejetée aussi bien
à propos de l'Esprit qu'à propos du Père et du Fils (644 C).
Dans l'ordre substantiel, le rapport que saint Athanase
reconnaît et affirme pour le Saint-Esprit avec le Père et
le Fils est, si l'on peut ainsi parler, un rapport d'identité,
d'unité numérique : la substance, la réalité est, dans
les trois Personnes divines, rigoureusement unique et la
même. On pourrait en noter de multiples preuves de
détail dans ses déclarations et ses explications : toutes
reviennent à l'affirmation de l'unité, certainement numé
rique, de la divinité dans la Trinité, dans le Père, le Fils et
le Saint-Esprit (569 B; 641 B; 648 B). Cette unité est
une conséquence nécessaire de l'enseignement de saint
Athanase touchant l'homogénéité de la Trinité, à laquelle
le Saint-Esprit appartient et qui est tout entière un seul
Dieu (596 C), une seule divinité (565 B; 569 B), unifiée en
elle-même (565 A), sans mélange d'élément différent,
étranger à elle (636 A); elle est impliquée dans l'affirmation
de la circuminsession des trois Personnes divines (577 A;
629 A-B) et de la possession par l'Esprit de tout ce que
possèdent le Père et le Fils (625 B). La nature du Saint-
Esprit, dit encore saint Athanase, n'est pas celle des
iNtTRÔDUCTlOfc 6?
créatures, mais celle de Dieu, du Père et du Fils (585 C;
588 A); par sa nature et sa substance1, il n'a rien de commun
avec les créatures, rien qui leur soit propre (593 C), mais
il est propre2 au Père, à la divinité du Père, propre aussi
au Verbe, à la substance et à la divinité du Fils, par laquelle
il appartient aussi à la Trinité (589 A-B; 605 A). La doctrine
qui fait du Saint-Esprit le « propre de la substance, de la
divinité » du Père et du Fils3 se rapproche à tout le moins
de la confession de sa consubstantialité avec les deux
autres Personnes divines. Cette consubstantialité, d'ailleurs,
saint Athanase, dans ses lettres à Sérapion, l'enseigne
équivalemment, en niant que le Saint-Esprit soit, dans
la Trinité, un élément de substance étrangère et différente
(àXXo-rpioovmov, 636 A; irepoovoiov, 533 A), et formelle
ment, en déclarant qu'il est unique, propre et consubstan-
A SÉRAP10N
1 II Cor., I, 3.
• Le « blasphème contre le Fils de Dieu » est ici la négation de sa
divinité par les Ariens.
» Cf. Hebr., I, 14.
'1
Lettres à Sérapion. 6
82 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
B de Dieu1, qui est formée de démiurge et de créature?
Ou bien, en effet, il n'y a pas Trinité, mais Dyade
et, pour le reste, créature, ou bien, s'il y a Trinité,
comme il en est en réalité, pourquoi rangent-ils avec
les créatures, qui viennent après la Trinité, l'Esprit
de la Trinité? Car c'est là, une fois encore, diviser
et ruiner la Trinité. Mauvaise au sujet du Saint-Esprit,
leur doctrine n'est donc pas bonne non plus au sujet
du Fils, car si elle était correcte au sujet du Fils,
elle serait saine également au sujet de l'Esprit,
qui procède du Père2 et qui, étant propre au Fils,
est donné par lui à ses disciples et à tous ceux qui
croient en lui3. Ainsi égarés, ils n'ont pas non plus
la foi saine touchant le Père, car ceux qui résistent
c à l'Esprit, comme disait le grand martyr Étienne4,
ceux-là nient aussi le Fils et, niant le Fils, ils n'ont
pas non plus le Père.
536 A 3. D'où tirez-vous donc, vous, le prétexte d'une
audace si grande que vous ne craigniez pas ce qu'a
dit le Seigneur : « Qui aura blasphémé contre l'Esprit-
Saint n'aura de rémission ni en ce siècle, ni dans le
siècle à venir6 »? Les Ariens, sans doute, ne com
prenaient pas la présence du Verbe dans la chair ni
les paroles dites en raison de cette présence; ils en
tirèrent pourtant prétexte pour aller à leur erreur
et furent ainsi convaincus d'être des ennemis de
Dieu et de proférer des choses vaines d'inspiration
1 Rom., VII, 25-VIII, 1-2. 2 Act., VIII, 30. • Num., XIV, 24.
♦ Ezech., XVIII, 31. « Is.( VII, 2. • Cf. Ion., I, 4.
96 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESP.RIT
Lettres à Sérapiôn. 7
98 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ÈSPRif
disent donc, si le Père provient d'un père et qu'un autre soit engendré
avec lui et qu'ils soient frères [provenant] d'un [seul père], quel est le
nom de ce dernier et qui est son père et son grand-père, leur ancêtre ».
1 J'adopte la leçon yew<t>fievos signalée dans certains manuscrits
grecs et suivie par le traducteur arménien.
* Il faut, semble-t-il, placer une virgule entre dis yéypairrai et
zinrpooBev, rapporter la référence, non à un passage antérieur de
la présente lettre, mais à Is., XLIII, 10 : efiirpooBév (lov ovk
iyeverÔ âXXos deos, et rattacher ijxirpoBev, comme l'a fait aussi le
traducteur arménien, à rov fièv yàp tlarpos.
PREMIÈRE LETTRE À SÉRAPION lll
Lettres à Sérapion. 8
-
1 Eccles., m, 11.
.PREMIÈRE LETTRE A SÉRAPION 115
1 Cf. Joh., III, 16. » Cf. ibid., XVI, 7. » Cf. Joh., XVII, 4.
4 Ibid. 6 Ibid., VIII, 26. « Ibid., XVI, 14. 7 Ibid., V, 43.
6 Ibid., XIV, 26.
• Comme il parle ici de « judaïsme à la manière de Caïphe » à propos
de l'hérésie des Ariens, ainsi plus loin (596 B) saint Athanase appellera
ces hérétiques des « Juifs à la manière de Caïphe », également sans
expliquer son expression. On trouve cette explication dans l'écrit
Sur l'opinion de Denys, n. 3 (P. G., XXV, 484 A; édit. Opitz, t. II,
P. 1, pp. 47-48), où saint Athanase accuse aussi les Ariens de ressembler
PREMIÈRE LETTRE A SÉRAPION 121
1 Le texte grec de la fin de cette phrase n'est pas très sûr; il faudrait
peut-être comprendre : « soit différent des créatures et propre et
unique [Esprit] de la divinité, [qui existe] en la Trinité ».
* Gen., I, 1. 3 Cf. I Cor., II, 11-12. 4 Cf. Psalm. XIII, 1.
PREMIÈRE LETTRE A SÉRAPION 123
Lettres à Sérapion. 9
130 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
1 Ephes., IV, 6.
2 Les « Juifs à la manière de Caïphe » sont, comme il a été dit plus
haut (p. 120, n. 9), les Ariens, qui nient la divinité du Christ. Ainsi,
ils " pensent moins » que l'Église catholique au sujet de la Trinité,
de laquelle ils excluent le Verbe, et d'ailleurs aussi l'Esprit. Sabellius
« pense moins » que l'Église en n'admettant, comme on le sait, qu'une
Trinité de noms et non pas de personnes réellement distinctes.
* Les païens • imaginent plus » que la Trinité enseignée par l'Église
catholique, en admettant la pluralité de dieux.
PREMIÈRE LETTRE A SÉRAPION 135
Lettres à Sérapion 10
DEUXIÈME LETTRE
A SÉRAPION
1 Joh., XIV, 9.
1 Lire : kcli rrjv ravrorrjra éxofiev, tovtwv k<Ù àfioovowi
iojxev, et voir V Introduction, supra, p. 68, n. 2.
» Psalm. XVIII, 2. 4 Psalm. XXIII, 1. 6 Psalm. CXIII, 3.
DEUXIÈME LETTRE A SÉRAPION 151
Lettres à Sérapion. 11
TROISIÈME LETTRE
A SÉRAPION
n'est pas non plus une créature, car il n'est pas [un]
d'entre beaucoup, mais il est unique, lui aussi.
4. I^'Apôtre le savait bien lorsqu'il écrivait :
« Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui
l'opère, distribuant en particulier à chacun comme
il lui plaît1 »; et peu après : .« Tous nous avons été
baptisés en un unique Esprit, pour faire un corps
unique, et tous nous avons été abreuvés d'un unique
Esprit2 ».
Et puisqu'il faut prendre du Fils la connaissance
de l'Esprit, il convient de lui en emprunter aussi les
preuves. Or donc, le Fils est partout, puisqu'il est
dans le Père et que le Père est en lui. En effet, il tient
et contient toutes choses, et il est écrit que c'est en lui
que toutes choses, visibles ou invisibles, subsistent,
et qu'il est lui-même avant toutes 'choses3. Au
contraire, les créatures sont en des lieux déterminés :
d le soleil, la lune et les autres corps lumineux au firma-
632 a ment, dans le ciel les anges, et les hommes sur la terre.
Que si le Fils, parce qu'il n'est pas présent [seulement]
en des lieux déterminés, mais est dans le Père, est
présent partout, et si, parce qu'il est en dehors de
toutes choses, il n'est pas une créature, il s'ensuit
que l'Esprit non plus n'est pas une créature, puisqu'il
n'est pas [seulement] en des endroits déterminés,
mais remplit tout et est en dehors de toutes choses.
En effet, c'est ainsi qu'il est également écrit :
« L'Esprit du Seigneur a rempli l'univers4 », et que
David chante : « Où irai-je [pour me dérober] à ton
1 -Psalm. CXXXVIII, 7.
• Voir 1" Lettre à Sérapion, 26 (supra, 592 B-C).
» Cf. Joh., V, 19. 4 Ibid., I, 3.
• Psalm. CIII, 29-30.
170 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
1 Cf. I Cor., XII, 4-6. 2 II Cor., XIII, 13. > Luc, I, 35.
4 Cf. I Cor., I, 24. 6 Cf. Joh., XIV, 23. • Cf. Ephes., IV, 6.
172 LETTRES SUR LA DIVINITÉ PU SAINT-ESPRIT
A SÉRAPION
Lettres à Sérapion. 12
178 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
Lettres à Sérapion. 13
194 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
1 Matth., XIII, 55. • Joh., VII, 15. » Cf. Joh., VI, 30.
4 Matth., XXVII, 42. * Cf. Marc, III, 5. • Cf. Lwc, XIX, 42.
198 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
Lettres à Sérapion. 13 •
202 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT '
1 Cf. Joh., X, 38. • Cf. Matth., XX, 18. » Ibid., XXVI, 45.
* Il s'agit, comme dans le texte évangéllque qui va être cité,
de « flls » au sens large, des exorciste?, juifs qui étaient, pour les
Pharisiens, les leurs.
» Matth., XII, 27-28.
206 LETTRES SUR LA DIVINITÉ DU SAINT-ESPRIT
«
QUATRIÈME LETTRE A SÉRAPION 211
Introduction • 6
I. — Les personnages . 8
II. — Les textes 17
III. — Les documents 22
Genre littéraire et contenu 23
Authenticité 29
Distinction des pièces 31
Cause de la correspondance 39
Ordre et objet des lettres 43
Chronologie des lettres 49
Langue et style des lettres 50
IV. — Les doctrines 52
La pneumatologie des Tropiques 53
La pneumatologie de saint Athanase 56
Traduction 79
Première lettre à Sérapion 79
Deuxième lettre à Sérapion 147
Troisième lettre à Sérapion 163
Quatrième lettre à Sérapion 175
Déjà paras :
1. Grégoire de Nysse : Vie de Moïse.
Introduction et traduction de Jean Daniélou. s. j. (En réimpression).
2. Clément d'Alexandrie : Protreptique.
Introduction et traduction de Claude Mondésert, s. j.
(En réimpression avec le texte grec).
3. Athénagore : Supplique au sujet des Chrétiens.
Introduction et traduction de Gustave Bardy 60 fr.
4. Nicolas Cabasilas : Explication de la divine Liturgie.
Introduction et traduction de S. Salaville, A. A. (En réimpression).
5. Diadoque de Photicé : Cent chapitres sur la perfection
spirituelle.
Introduction et traduction de Édouard des Places, s. j. . 40 fr.
6. Grégoire de Nysse : La création de l'homme.
Introduction et traduction de Jean Laplace, s. j. Notes de
J. Daniélou, s. j 60 fr.
7. Origène : Homélies sur la Genèse.
Introduction de Henri de Lubac, s. j. Traduction de Louis Dou-
treleau, s. j (En réimpression).
8. Nicetas Stethatos : Le Paradis spirituel.
Texte établi, traduit et commenté par Marie Chalendard . 42 fr.
9. Maxime le Confesseur : Centuries sur la charité.
Introduction et traduction de Joseph Peoon, s. j 90 fr.
10. Ignace d'Antioche : Lettres.
Texte grec, tntrod., traduction et notes de Th. Camelot, o.p. 130 fr.
Introduction, traduction et notes (Épuisé).
11. Hippolyte de Rome : La tradition apostolique.
Texte latin, tntrod., traduct. et notes de Dora B. Botte, o.s.b. 70 fr.
12. Jean Moschus : Le pré spirituel.
Introduction et traduction du P. Rouêt de Journel. s. j. 220 fr.
13. Jean Chrysostome : Lettres à Olympias.
Introduction et traduction (avec Texte grec) de A.-M. Malinorey.
14. Hippolyte de Rome : Commentaire sur Daniel.
Introduction de Gustave Bardy.
Traduction (avec texte grec) de Maurice Lefevre.
15. Athanase d'Alexandrie : Lettres à Sérapion.
Introduction et traduction de J. Lebon.