MC - KEE - Story - Chap11 - Analyse - de - Scene McKee - Chap11
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ANALYSE DE SCENE
•237
►
MA DE vmsTOIRE
LES PRINCIPES DU SCHE
238,
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'IDSTOIR
E
•239
►
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'IDSTOIRE
240 •
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
Les personnages peuvent dirent et faire tout ce que vous pouvez imaginer.
Mais il est impossible pour un être humain de dire ou d'accomplir un acte
abs ol u ment vrai, car il Y a toujours au moins une dimension inconsciente que
l'auteur doit intégrer dans le sous-texte. Et lorsque le public est sensible à ce
sous-texte, la scène fonctionne.
Ce principe joue aussi dans les romans à la première personne, les
mon ologues théâtraux, les enregistrements en direct ou les narrations en voix
off. Car si les personnages nous parlent directement, cela ne signifie pas qu'ils
connaissent la vérité ou qu'ils soient capables de la dire.
ANNIE HALL: Lorsqu'Alvy Singer (Woody Allen) s'adresse directement
au public et " confesse " ses craintes de ne pas être à la hauteur, il se ment à
lui-même. Il exagère et rationalise tout ceci au cours d'un effort pour se
convaincre et nous convaincre qu'il a fait le bon choix sentimental.
Le sous-texte est présent, même lorsqu'un personnage est seul, car si
personne d'autre ne nous observe, nous nous le faisons. Nous portons des
masques pour nous cacher à nous-mêmes qui nous sommes vraiment.
Non seulement les individus portent des masques, mais les institutions le
font aussi et elles embauchent des experts en relation publique. La satire de
Paddy Chayefsky, HÔPITAL, explore cette vérité de manière incisive. Le
personnel des hôpitaux porte des blouses blanches et se conduit en
professionnel. Ils sont attentionnés et scientifiques. Mais s'il vous est arrivé de
travailler au sein d'une institution médicale vous savez qu'il y règnent la
cupidité, l'ego et une certaine dose de folie. Si l'on a envie de mourir, le plus
sûr c'est de séjourner dans un hôpital.
La dualité constante de la vie est vraie même pour les objets inanimés.
Dans l'adaptation de Robert Rossen de Buddy Budd de Melville, un navire de
guerre mouille dans les eaux tropicales la nuit. D'innombrables étoiles brillent
et elles se reflètent magnifiquement dans la mer calme et noire. Une pleine
lune basse illumine la mer de l'horizon jusqu'à la proue du navire. La voile
détendue tremble dans la brise chaude. Le cruel maître d'armes, Claggart
(Robert Ry am) est de garde. Billy (Terence Stamp) ne peut pas dormir. Il sort
sur le pont, se tient près de la rambarde avec Clag�art et fait ':111e r:marqu� sur
la beauté de la _
soirée. Clagg art lui répon d : " Om, Bi lly, om, mais souviens-
.
t01, sous cette '
horde de mons tres. M eme M ere
Il
une
A
•241
A
U:S PRINCIPES DU SCltt:MA DF. L'HISTOIRE
Exprimez ce désir (ou selon l'idiome des acteurs : l'objectif de la scène) sous
la forme d'un verbe à l'infinitif tel que faire ceci... ou faire cela".
11 11 11
l'infinitif: Ne pas faire cela. " ou Obtenir cela à la place ... " Si la scène est
11 11
242 •
◄
1
LF.S PRINCIPES D SCHEMA
DE L'JllSTOIRE
. . .
qu ' i l est servil e et desespéré .
Les expressions qui expriment l'action dans 1e sous-texte ne de· cnv · ent pas
. . , .
1'act1v1te du ,personnage
.
de façon littérale, eIles atteignent un ntvea· u P 1us
pr ofo nd et des1gnent l'action essentiell e du personnage avec des connotations
,emot·ives.
Maintenant regardez la réaction produite par cette act·10n et decnve .
. z-la au
,
present : " Eli e ·ignore ses supplications ".
Cet échange entre l'action et la réaction correspond a' un temps 1ort. "' pendant
cette phase le personnage A" rampe à ses pieds" mai·s le personnage B"'ignore
. . ,, � . ,
ses supphcat1ons . Meme st leur echange se répète un certain nombre de 101s, "- ·
_ , . .
11 s agi ra toujours du même temps fort. Un nouveau temps fort ne se produira
pas avant que le comportement du personnage ait clairement changé.
Si l'action du personnage A: " il rampe " se transforme en" il menace de
la qui�er " et qu'en réaction à cela, l'action du personnage B " elle ignore ses
_
supphcatlons" se transforme en" cette menace la fait rire", alors le deuxième
temps fort de la scène serait " Il la menace " /" Ça la fait rire "jusqu'à ce que
le comportement de A et de B change pour la troisième fois. Continuez
l'analyse tout au long de la scène, d'un temps fort au suivant.
•243
p
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
CASABLANCA
SYNOPSIS
Rick Blaine, un partisan antifasciste et Ilsa Lund, une expatriée
norvégienne se rencontrent à Paris en 1940. Ils tombent amoureux et
commencent une liaison. Il lui demande de l'épouser, mais elle élude la
question. La Gestapo le recherche. La veille de l'invasion nazie les amants
décident de se rencontrer à la gare et de quitter la ville ensemble. Mais llsa ne
vient pas. Elle fait parvenir à Nick un message dans lequel elle lui dit qu'elle
l'aime mais qu'elle ne le reverra jamais.
Un an plus tard, Rick tient un café à Casablanca. Il est devenu un reclus,
qui choisit volontairement de rester neutre, et refuse de s'impliquer dans quoi
que ce soit de personnel ou de politique. Comme il le dit lui-même : " Je ne
prendrai de risques pour personne. " Il boit trop et a l'impression d'avoir tué
son ancien moi. llsa entre alors dans son café, au bras de Victor Laszlo, un
célèbre chef de la résistance. Les anciens amants se retrouvent. Derrière leur
conversation de salon, on sent leur passion. ! Isa repart avec Laszlo, Rick reste
assis dans l'obscurité à l'attendre en buvant toute la nuit.
Quelques heures après minuit, elle réapparaît. Rick est larmoyant et tout à fait
saoul. llsa est sur ses gardes, elle lui dit admirer Laszlo mais ne pas l'aimer. Puis,
avant qu'elle ne puisse lui dire que c'est lui qu'elle l'aime, Rick sujet à l'amertum e
liée à l'alcool, réduit l'histoire d'llsa à une mauvaise romance de bordel. Il la fix e
des yeux d'un regard mauvais et, non content de l'avoir blessée, il l'injurie:" Dis
moi. Pour qui m'as-tu quitté ? Était-ce Laszlo ? Ou y en a-t-il eu d'autres entr e
temps ? Peut-être n'es-tu pas du genre à en parler ? " Humiliée d'être traitée de
pute, elle part et il s'écroule en larmes.
244 •
.,
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
LE CLIMAX CENTRAL
Le jour suivant Ilsa et Laszlo recherchent des visas de sortie au marché
noir. Alors qu'il essaie d'en négocier un dans un café, Ilsa l'attend à un stand de
linge. Rick s'approche d'elle.
TEMPS FORT N° 1
V ENDEUR ARABE
Vous ne trouverez pas un tel trésor
dans tout le Maroc, Mademoiselle.
•245
r....__
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
LE VENDEUR ARABE
Ça ne fait que 700 francs.
RICK
C'est du vol.
Ilsa prend une seconde pour se calmer. Elle regarde Rick, puis de façon polie
mais formelle, elle se tourne vers le vendeur.
ILSA
Ce n'est pas grave, merci.
tâche de
A.fin de reconquérir flsa qui est désormais avec Laszlo, la première
donné ses
Rick consiste à briser la glace. Ce n'est pas facile étant
r derniè:�
récriminations et la colère dont il a fait preuve au cours de leu
être assimile
scène. Le fait qu'il la mette en garde contre le Vendeur Arabe peut
insult e à l'égar d de celui-ci. Mais il ne s'ojji,s que pas, o r da ns le sous
à une
texte Rick fait allusion a bien plus que cela.
246 •
U:S PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOfRE
TEMPS FORT N 3
°
LE VENDEUR ARABE
Ah ... la dame est une amie de Rick ? Pour les amis
de Rick,
nous faisons une petite remise.
J'ai dit 700 francs ?
(Il lui montre une nouvelle pancarte).
Vous pouvez l'avoir pour 200 francs.
RICK
Je suis désolé, je n'étais pas en état de recevoir
des visiteurs lorsque tu m'as rendu visite hier soir.
ILSA
Ce n'est pas grave.
LE VENDEUR ARABE
Ah ! Pour les grands amis de Rick, nom� faisons
une remise spéciale.
Il remplace la seconde pancarte par une troisième qui dit 100 francs.
TEMPS FORT N° 4
RICK
Ton histoire m'a laissé un peu confus.
À moins qu'il se soit agi du whisky.
•247
'
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
LE VENDEUR ARABE
J'ai des nappes, des serviettes...
ILSA
Merci, cela ne m'intéresse vraiment pas.
LE VENDEUR ARABE
(qui s'éloigne rapidement)
Un moment. .. juste un moment, s'il vous plait. ..
TEMPS FORT N ° 5
RICK
Pourquoi es-tu revenue ?
Afin de m'expliquer pourquoi
tu ne m'a pas rejoint à la gare ?
ILSA
(calmement)
Oui.
. , GÈREMENT
La réaction d'llsa : ELLE ENTROUVRE TRES LE
LA PORTE.
248 •
LES PRJNClPES DU SCHEMA DE L'HJSTO[RE
Après /'avoir entendu lui " dire non " quatre fois de suite, Rick aimerait
l'entendre dire oui à n'importe quoi. Il pose alors une question qui contient sa
propre réponse. Son " oui " calme entrouvre une porte, tout en gardant " la
chaine ", mais on sent qu'elle accepte la discussion.
RICK
Eh bien, tu peux me le dire maintenant.
Je suis relativement sobre.
ILSA
Je ne pense pas que je le ferais, Rick.
Pour la troisième fois, Rick, le taciturne s'insulte lui-même pour avoir bu.
Pour quelqu'un d'aussi dur que lui, cela revient à mendier et cela marche. !Isa
hésite. Elle lui fait front poliment et délicatement tout en faisant semblant de
s'intéresser à la dentelle. Si l'on veut paraphraser son sous-texte, on pourrait
dire: "Supplier, c'est plutôt bien. Ça change. Continues un peu. "
TEMPS FORT N° 7
RICK
Pourquoi pas ? Après tout, ça m'a coûté un ticket de
train.
Je pense que j'ai le droit de savoir.
ILSA
La nuit dernière, j'ai vu ce qui t'est arrivé.
J'aurais pu expliquer ce qui s'est passé au Rick que·
j'avais connu à Paris. 11 aurait compris -
mais le Rick qui me regardait avec tellement de
haine ...
•249
'
TEMPS FORT N° 8
ILSA
(Elle se retourne pour regarder Rick)
Je vais bientôt quitter Casablanca.
Nous ne nous reverrons jamais plus.
Nous ne savions pas grand-chose l'un de l'autre
lorsque nous étions amoureux à Paris.
Si nous en restons là, nous nous souviendrons
peut-être de ces jours - et pas de Casablanca - pas
de la nuit dernière.
Dans le sous-texte, les paroles d'Ilsa, ce pardon gentil résonne en fait comme
un au revoir clair. Même si elle est extrêmement polie et que ses mots laissent
entrevoir son amour pour Rick, ils sonnent comme un adieu : 11 Soyons amis,
souvenons-nous des moments heureux et oublions les mauvais. "
Rick ne peut pas l'accepter. Il réagit en refusant de réagir car le fait d'ignorer
l'action de quelqu'un est une réaction. Au lieu de cela, il déclenche le prochain
temps fort.
TEMPS FORT N° 9
RICK
(d'une voix basse et intense)
Es-tu partie parce que tu n'assumais pas ? Parce
que tu savais à quoi cela ressemblerait de se cacher
de la police et de fuir tout le temps ?
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
ILSA
Tu n'as qu'à croire cela, si c'est ce que tu veux.
Rick a eu toute une année pour essayer de comprendre pourquoi elle l'a
abandonné, et ce qu'il a trouvé de mieux, c'est de penser qu'elle a été lâche
alors qu'aux côtés de Laszlo elle affronte la mort tous les jours. Si bien qu'elle
l'insulte à son tour en répliquant de façon sarcastique : "Peu importe ce que
tu penses ; seul un idiot pourrait croire quelque chose d'aussi stupide : si tu
veux jouer ce rôle, vas-y. "
RICK
Et bien, je ne m'enfuis plus. Je me suis fixé
maintenant - au-dessus du salon, c'est vrai - tu n'as
qu'à monter à l'étage supérieur. Je t'attendrai.
Ilsa baisse les yeux et se détourne de Rick, son visage dissimulé par son
chapeau aux larges bords.
Malgré ses refus, il se rend compte que ses sentiments l'entraînent vers lui. Il
se remémore parfaitement leur vie sexuelle à Paris et il a vu �aszlo, détaché
et distant. Il tente sa chance et lui fait une proposition. A nouveau, cela
marche. //sa se souvient aussi, elle rougit et tente de le dissimuler en se
cachant derrière son chapeau aux larges bords. L'espace d'un instant Rick sent
qu'elle est accessible, mais il ne peut pas s'empêcher de l'insulter .
TEMPS FORT N° 11
RICK
C'est égal, un jour tu mentiras à Laszlo - et tu
viendras me retrouver.
•251
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
ILSA
Non Rick. Tu vois, Victor Laszlo est mon mari. Et
c'était. .. (un temps, froidement) le cas même lorsque
je t'ai connu à Paris.
Rick ne peut pas contenir la douleur causée par l'abandon d'Jlsa. Comme au
cours du climax de leur scène précédente, il l'insulte sur le plan sexuel, en
suggérant qu'elle trahira Laszlo pour revenir coucher avec lui. Traitée de
pute pour la seconde fois, llsa a recours à son arme la plus violente et en
frappe Rick le plus fort possible. Remarquez cependant qu'il s'agit d'une
demi-vérité ; elle n'ajoute pas qu'elle croyait que son époux était mort. Au
lieu de cela, elle laisse une implication terrible dans le sillage de cette
phrase : Elle se présente comme une femme mariée qui n'a fait qu'utiliser
Rick à Paris, puis l'a abandonné quand son mari est revenu. Ce qui sous
entend qu'elle ne l'a jamais aimé. Nous savons grâce au sous-texte que ce
n'est pas le cas, bien au contraire, mais Rick est totalement désemparé.
À TRAVERS LE MIROIR
SYNOPSIS
Bergman a conçu une multi-intrigue à partir de six histoires qui se
recoupent. La plus puissante d'entre elles traite du conflit entre Karin et son
"Dieu". Karin souffre de schizophrénie hallucinatoire. Au cours d'une période
de lucidité, on lui permet de sortir de l'hôpital pour passer de courtes vacances
avec sa famille dans une petite maison sur une île de la Baltique. Alors qu'elle
s'efforce de ne pas sombrer dans la folie, elle est entourée d'hommes faibles et
perturbés qui se tournent vers elle dans l'espoir de trouver un soutien.
David, le père de Karin, est apparemment gentil mais c'est quelqu'un qui
réprime ses émotions.Ce romancier a un certain succès mais il est hanté par
l'absence d'une véritable reconnaissance de la part des critiques. Il préfère
•253
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
K.AR1N
Tes chemises sont lavées mais elles n'ont pas été
repassées.
MARTIN
J'ai des chemises en ville de toute façon.
K.AR1N
Aide-moi à fermer la valise, s'il te plaît.
MARTIN
Ce sont mes chaussures. On peut les laisser ici.
•255
LES PRfNC[PES DU SCHEMA DE L'HJSTOLRE
KARJN
Pourquoi ne portes-tu pas celles-ci? Tu laisseras
les autres.
MARTIN
(montrant celles qu'il porte)
Il faut les faire réparer.
Il laisse tomber les chaussures sur le sol et met précipitamment sa veste. Karin
referme lentement le couvercle de la valise.
Ce temps fort est presque comique. Karin est habillée. Elle a fait sa valise,
mais Martin, semblable à un enfant qui a besoin de sa mère, s'agite. Karin est
une patiente d'un hôpital psychiatrique qui retourne à l'hôpital pour y subir
des électrochocs, mais elle reste calme et agit de façon pratique. Quant à lui,
il a beau être docteur, il est terriblement agité parce qu'il ne sait pas quelles
chaussures choisir. Dans le texte, Karin fait ses bagages. Or, dans le sous
texte, elle est en train de préparer sa prochaine action. Il est tellement
perturbé par son sentiment de culpabilité, qu'il ne voit pas que le calme
extérieur de sa femme dissimule un esprit qui se prépare à atteindre son "
miracle "dans le grenier.
KARIN
As-tu une pilule pour le mal de tête?
MARTIN
(il jette un coup d'œil dans la pièce)
Où est la valise marron?
KARfN
Dans la cuisine.
LES PRJNCIPES DU SCHEMA DE L'HJSTOIRE
MARTIN
(Il se souvient)
Oui, c'est le cas.
Et il p�se son kit n:1édical sur la table. Il prend quelques pilules, remplit un
.
verre d eau et se dirige rapidement vers :
et il revient vers :
D'un coup d'œil, il s'aperçoit que Karin est partie. Martin pose l'eau et les
pilules et se précipite à nouveau vers :
Il la cherche.
Karin est plus perspicace que Martin, mais il est tellement absorbé par lui
même qu'elle arrive à lui fausser compagnie facilement. Il sait pourtant qu'il
ne faut pas laisser les schizophrènes seuls, mais il se sent tellement coupable
de la ramener à l'hôpital qu'ilferait n'importe quoi pour luifaire plaisir. Il fait
preuve d'attention à son égard, non pas pour elle, mais pour calmer sa propre
souffrance.
MARTIN
Tu as vu Karin?
•257
'
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
DAVID
Non.
Alors que Martin l'aide, il sort complètement paniqué, David le suit vers
P uis soudain, ils entendent la voix de Karin qui MURMURE ... là-haut.
HALL À L'ÉTAGE
KARIN
(répète la même phrase)
Oui, je vois, je vois ...
TEMPS FORT N 5
°
KARIN
(qui parle au mur)
Oui, je vais très bien.
Il regarde fixement sa fille, il est transposé par la scène qu'il est en train de
créer.
Martin amène son kit médical, il rejoint David à la porte. Il regarde, sidéré,
Karin qui parle à un auditeur imaginaire.
KARIN (HC)
C'est bien de savoir cela. Mais l'attente a été
heureuse.
•259
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
Karin supplie devant les voix derrière la tapisserie fissurée, mais elle se rend
compte des efforts qu'ils ont fait pour la trouve,; et elle a conscience du regard
attentif de son père et de la colère contrôlée de son mari.
TEMPS FORT N ° 6
Martin se précipite dans la pièce et vers Karin qui tord nerveusement les perles
de son collier. Elle regarde fixement et avec beaucoup de respect le mur et la
porte du placard.
KARIN
(à Martin)
Marche calmement ! Ils disent qu'il ne va pas
tarder.
Nous devons être prêts.
TEMPS FORT N ° 7
MARTIN
Karin, nous rentrons à la ville.
KARIN
Je ne peux pas partir maintenant.
TEMPS FORT N °8
MARTIN
Tu as tort Karin.
(regardant la porte fermée)
li ne se passe rien ici.
(Il la prend par les épaules)
Aucun Dieu ne surgira à travers cette porte.
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
KARIN
Il ne va pas tarder à arriver. Et je dois être ici.
MARTIN
Karin, ce n'est pas comme cela.
TEMPS FORT N° 9
KARIN
Ne parle pas si fort ! Si tu ne peux pas rester
tranquille va-t-en.
MARTIN
Viens avec moi.
KARJN
Tu veux vraiment tout gâcher ? Laisse-moi
tranquille.
Alors que David regarde de la porte, Karin s'éloigne de Martin qui se dirige
vers une chaise, s'assoit et nettoie ses lunettes.
Karin est plus forte que Martin. Incapable d'être à la hauteur de l'immense
volonté de Karin, il abandonne et se retire.
TEMPS FORT N° 10
Karin se met à genoux face au mur et rassemble ses mains en un geste de
prière.
KARIN
Martin, très cher, pardonne-moi d'être si en colère.
•261
LES PRINCIPES DU SCIIEI\IA DE L'HISTOIRE
Des larmes se forment dans les yeux de Martin, dans un moment d'angois se,
désemparé, il s'approche à nouveau d'elle et s'agenouille.
Karin veut que tout soit parfait pour l'arrivée de son Dieu, si bien qu'elle attire
Martin dans son étrange rituel, bien que celui-ci ny croie pas.
Martin prend Karin par les épaules et se love au creux de son cou, en frottant
son visage rempli de larmes contre sa peau.
MARTIN
Karin, très chère, très chère, très chère.
TEMPS FORT N° 12
TEMPS FORT N° 13
Karin se lève avec respect et sourit à quelque chose qui semble émerger du
placard vide.
TEMPS FORT N° 14
Karin regarde fixement dans le placard. Son visage se fige à la vue de quelque
chose qui sursaute.
•263
LES PRINCIPES DU SCHEMA DE L'HISTOIRE
Soudain, prise de terreur, elle se met à crier et comme si elle était poursuivie
elle traverse la pièce en courant, se terre dans un coin et se recroqueville en
cherchant à se protéger.
TEMPS FORT N° 15
Martin la saisit.
TEMPS FORT N° 16
Cotnme si quelqu'un remontait le long de son corps, elle serre les poings le
long de son aine puis lance les bras dans les airs violemment pour se défendre
contre un attaquant invisible.
TEMPS FORT N° 17
Soudain, Minus arriv e en bas des escaliers .. Il lui bloque le passage. Karin
.
s'arrête et regarde fixement son frère.
TEMPS FORT N° 18
David la sai�it et lui fait descendre ·tes escaliers. Martin arrive avec une
seringue. Karin se débat comme un animal pris au piège.
MARTIN
Tiens ses jambes !
Elle leur donne des coups de poing, afin d'échapper à la piqûre que Martin
essaie de lui administrer.
TEMPS FORT N° 19
Elle s'appuie contre son père et regarde fixement le visage anxieux de son
frère.
•265
LES PRINClPES DU SCHEMA DE L'IDSTOlRE
KARIN
( qui explique lentement à son frère)
La porte s'est ouverte. Mais le Dieu qui est sorti
était une araignée. Il est venu vers moi et j'ai vu
son visage. C'était un visage horrible, un visage de
pierre. Il a grimpé le long de moi et a essayé de me
pénétrer. Mais je me suis défendue. Tout ce temps
là j'ai vu ses yeux. Ils étaient calmes et froids.
Comme il n'arrivait pas à me pénétrer, il a grimpé
jusqu'à ma poitrine, jusqu'à mon visage et il est
parti le long du mur.
(Elle observe lentement les yeux de Minus) J'ai vu Dieu.
--
•267
1
manquent parfois de conflit parce que les désirs ne s'opposent pas. Ils pe uve
\ ne pas faire avancer la scène parce qu'ils fonctionnent de façon rép étitive �t
u
circulaire. Ces scènes sont bancales parce que leurs Pivots Dramatique
viennent trop tôt ou trop tard, ou elles sont peu crédibles parce que le dialogu:
et l'action sont trop " directs ". Mais l'analyse d'une scène problématique qui
confronte les temps for ts aux objectifs de la scène, modifie les co mpo rte ments
afin de coller aux désirs ou modifie les désirs pour s'adapt er aux
comportements, ceci conduira à une réécriture susceptible de rend re cett e
scène vivante.