Étude de Faisabilité Technico-Économique D'installation D'une Filière de Régénération de Batteries Stationnaires Solaires Au Plomb Acide Au Bénin

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ISSN 1813-548X, http://www.afriquescience.net

Étude de faisabilité technico-économique d’installation d’une filière de


régénération de batteries stationnaires solaires au plomb acide au Bénin
Ahmed ISSOUFOU IMADAN 1 *, Guy Clarence SEMASSOU 1, Alain Kossoun TOSSA 1
et Hamidou AROUNA SALEY 2
1
University of Abomey-Calavi (UAC), Laboratory of Energetics and Applied Mechanics (LEMA),
01BP 2009, Cotonou, Bénin
2
Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi (UDDM), Faculté des Sciences Techniques (FST),
Département de Physique (DP), BP 465, Maradi, Niger

(Reçu le 10 Janvier 2024 ; Accepté le 19 Février 2024)

_________________
* Correspondance, courriel : ahmedissoufimadan@gmail.com

Résumé
Prolonger la durée de vie des batteries au plomb utilisées dans les systèmes solaires est un projet de
recherche important pour le développement futur du solaire en raison de l’efficacité énergétique et
économique des systèmes photovoltaïques, de la nature limitée des ressources pour la fabrication des
nouvelles batteries (le plomb), mais aussi pour une meilleure réussite de la transition énergétique. En partant
de l’hypothèse que la détérioration des batteries est causée par la sulfatation au niveau des anodes, il est
possible d’appliquer la régénération par le procédé électrique sur les batteries afin de les activer, les
réutiliser et donc prolonger leur durée de vie. Cette action bi-objective rendra les systèmes photovoltaïques
autonomes plus économiques donc plus compétitifs et préservera notre environnement des déchets chimiques
polluants et dangereux. Notre travail vise donc à utiliser cette action de régénération pour traiter les
gisements des batteries endommagées qui prolifèrent depuis 2010 dans la sous-région ouest-africaine. Au
Bénin, un potentiel total de 15 000 batteries gel 12 V / 150 Ah et 5 000 batteries gel OPzV 2V / 2000 Ah
régénérables et immédiatement exploitables a été évalué, à sa suite, les résultats de l’analyse financière
montrent que l’installation d’une filière de régénération serait rentable déjà à partir de sa 3ème année
d’exploitation sur une période 5 ans. On peut conclure qu’un projet d’installation d’une telle filière est
réalisable autant sur le plan financier que technique. Une telle filière permettrait non seulement d’aider à la
protection de l’environnement par la réduction massive des déchets des batteries endommagées, mais aussi
aider au niveau social par la création de plus de vingt (20) emplois directs avec de bons revenus. Son champ
d’action pourrait atteindre à long terme toute la sous-région ouest africaine.
Mots-clés : régénération, batteries, stationnaires, solaires, Bénin.

Ahmed ISSOUFOU IMADAN et al.


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Abstract
Technical and economic feasibility study for the installation of a regeneration process
for stationary solar lead-acid batteries in Benin
Extending the life of lead-acid batteries used in solar systems is an important research project for the future
development of solar energy, in view of the energy and economic efficiency of photovoltaic systems, the
limited nature of the resources for manufacturing new batteries (lead), and the success of the energy
transition. Based on the assumption that battery deterioration is caused by sulfation at the anodes, it is
possible to apply electrical regeneration to batteries in order to activate them, reuse them and thus extend
their service life. This bi-objective action will make stand-alone photovoltaic systems more economical and
therefore more competitive, and preserve our environment from polluting and hazardous chemical waste.
Our work therefore aims to use this regeneration action to treat the deposits of damaged batteries that have
been proliferating since 2010 in the West African sub-region. In Benin, a total potential of 15,000 12 V / 150
Ah gel batteries and 5,000 OPzV 2V / 2,000 Ah gel batteries that can be regenerated and used immediately
has been assessed, and the results of the financial analysis show that the installation of a regeneration plant
would be profitable from its 3rd year of operation over a 5-year period. It can be concluded that a project to
install such a plant is both financially and technically feasible. Such a plant would not only help to protect the
environment by massively reducing waste from damaged batteries, but would also help on the social level by
creating over twenty (20) direct jobs with good incomes. In the long term, its scope of action could extend to
the entire West African sub-region.
Keywords : regeneration, batteries, stationary, solar, Benin.

1. Introduction
Les batteries solaires au plomb acide représentent le maillon faible des systèmes photovoltaïques actuels
lorsqu’on tient compte de la durée de vie des autres composants. Elles constituent à elles seules plus de 30%
du coût initial d’investissement. De plus, leur renouvèlement constitue pratiquement le seul coût du
fonctionnement des systèmes PV autonomes [1]. D’un autre côté, la durée de vie de ces batteries dépend non
seulement de la technologie (ouverte, étanche, Gel, AGM etc.) mais aussi des conditions de fonctionnement
(température, décharge profonde etc.). Bien dimensionnées et entretenues, les meilleures batteries solaires
au plomb acide peuvent atteindre une durée de vie allant de 7 à 15 ans [1]. Très souvent, les durées de vies
observées sur le terrain, sont plus faibles. Cependant parmi les causes de dégradation de batteries au plomb
acide, citées par [2], la sulfatation est à elle seule à plus de 80 % la principale cause de la perte de capacité
de batteries au plomb. Cette dernière se traduit par le dépôt de sulfate de plomb sur les plaques positives et
négatives de la batterie pendant la décharge. Ce dépôt est normalement très finement divisé et facile à
récupérer pendant la recharge, mais avec le temps et les cycles, il a tendance à s'agglomérer et devient plus
difficile à recharger, ce qui entraîne finalement une perte de capacité. Il y aura donc une augmentation de la
résistance interne de la cellule et une perte de performance. La sulfatation sera accrue si la batterie est
laissée dans un état de décharge partielle ou totale pendant de longues périodes [3]. Le processus permettant
de récupérer et de redonner une nouvelle vie aux batteries sulfatées est appelé la régénération ou
désulfatation. Cette régénération peut se réaliser par trois procédés différents qui ont tous comme effet de
faire éclater le dépôt de sulfate de plomb sur les plaques et de le faire dissoudre dans l’électrolyte de la
batterie pour que cette dernière retrouve enfin ses performances initiales. On peut citer : le procédé
électrique, le procédé chimique et le procédé combiné (électrochimique) [4]. En plus, ces procédés peuvent
être utilisés dans trois domaines d’applications pour prolonger la durée de vie des batteries à savoir : (1) les

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batteries neuves, (2) les batteries en cours d’utilisations et (3) les batteries endommagées destinées à être
remplacées [5]. Dans ce cas, le choix stratégique du meilleur procédé doit forcément prendre en compte les
contraintes locales. Comme l’équipement existe déjà, breveté et commercialisé, nous nous sommes lancés
dans l’étude de faisabilité d’installation d’une usine de régénération de batteries solaires au plomb acide afin
d’évaluer la taille et les critères de rentabilités d’un tel projet qui a deux objectifs principaux à savoir : la
réduction des coûts d’exploitation de systèmes photovoltaïques autonomes (en réduisant les coûts liés au
remplacement des batteries par la réutilisation des batteries régénérées) et la réduction massive de déchets
dangereux et polluants dans notre environnement (en traitant de la plus bonne manière les batteries en fin
de vie), puisqu’il n’en existe pas du tout des politiques favorables au traitement de déchets des batteries
solaires dans presque tous nos pays de la sous-région ouest-africaine [6].

2. Méthodologie
Notre méthodologie est basée sur les points suivants : évaluation de potentiel des batteries régénérables,
choix du procédé de régénération, le montage d’un business model passant par la définition des hypothèses
nécessaires à la réalisation d’étude, mais aussi spécifiques à la zone d’étude concernée.

2-1. Évaluation de potentiel de batteries à régénérer


Cette évaluation se fait à travers les différentes réalisations et infrastructures disponibles au Bénin dans le
domaine des énergies renouvelables et le solaire photovoltaïque notamment [7]. Pour le faire, nous nous
sommes servis des rapports obtenus auprès des institutions compétentes à savoir le : Ministère de l’Énergie
du Bénin (MEB) et l’Agence Béninoise d’Electrification Rurale et de la Maitrise d’Energie (ABERME) grâce à la
réalisation de deux grands projets qui sont PRODERE (Programme Régional de Développement de Energies
Renouvelables et de l’Efficacité Energétique) & PROVES (Projet de Valorisation de l’Energie Solaire) dans la
période 2015-2020 [8]. Ces rapports indiquent dans un premier temps l’ensemble des installations réalisées
en matière de lampadaires solaires et microcentrales solaires sur le territoire Béninois et dans le second
temps la quantité des batteries endommagées. Ainsi il a été recensé un total de 20 783 lampadaires solaires
PV & 80 microcentrales solaires PV déjà installés sur l’ensemble du territoire entre 2015 et 2018. Puis en
tenant compte de la durée de vie des batteries au Bénin [9], nous avons déterminé un potentiel intéressant
des batteries au plomb déjà endommagées sur l’ensemble de ces installations. En prenant en compte les
critères de régénération et un taux de régénérabilité de 80 % [10], nous avons déterminé le potentiel de
batteries régénérables qui est donné dans le Tableau 1 ci-après :

Tableau 1 : Potentiel de batteries régénérables


Batteries Quantité
12 V / 150 Ah (Lampadaires) 15 305
2 V / 2000 Ah (Microcentrales) 5009

2-2. Choix du procédé de régénération


2-2-1. État de l’art des procédés de régénération
Trois procédés de désulfatation (régénération) ont été identifiés au cours de cette étude à savoir le procédé
chimique, le procédé électrique et le procédé combiné (électrique et chimique). Ci-dessous sont présentés les
modes de fonctionnement de ces trois procédés

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2-2-1-1. Procédé chimique de régénération


Ce procédé met en œuvre uniquement une composante chimique. Le procédé chimique consiste à ajouter à l'électrolyte
de la batterie une petite quantité de polymère organique [5], sulfate de magnésium, EDTA, ou peroxyde d’hydrogène
[4], entre autres sous forme de liquide, de poudre ou de gélules. Ces composés chimiques vont dissoudre la croute de
sulfate de plomb dans l'électrolyte. L’inconvénient de ce procédé réside dans la détermination complexe du volume
spécifique de l’additif à ajouter et variable selon les caractéristiques et l’état de la batterie à régénérer ainsi que dans
la manipulation des produits chimiques toxiques et dangereux [11]. Le traitement par le procédé chimique se fait
généralement en vidant l'électrolyte, puis rinçage, puis adjonction de la solution de nettoyage, vidange, puis
réinjection de l'électrolyte filtré. Il est également possible d'ajouter directement le composé chimique dans
l'électrolyte sans le vidanger (en prenant la précaution de ne pas dépasser le niveau d'électrolyte). Quant aux
professionnels, chacun a sa propre manière de faire, mais l’ensemble a des points communs à partir desquels on a pu
réaliser le schéma synoptique de la Figure 1 suivante.

Figure 1 : Synoptique type du procédé chimique [10]


Lors de la préparation, un examen visuel de la batterie est réalisé, afin de s’assurer qu’elle peut être
régénérée (désulfatée). Il s’agit notamment d’éliminer d’emblée les batteries présentant des fuites, de la
corrosion ou des cosses abîmées, ou toute autre dégradation visible et irréversible. Des tests de tension,
d’impédance, d’intensité et de densité de l’électrolyte viennent clôturer la phase préparatoire.

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La désulfatation (régénération) en tant que telle peut alors commencer : les acteurs injectent un additif chimique dans
l’électrolyte. La quantité versée est calculée en fonction des paramètres de la batterie (principalement sa capacité).
De l’eau distillée peut également être ajoutée pour ajuster le niveau de l’électrolyte. Pour finaliser la
désulfatation, la batterie est chargée à 100 %. Cette action permet d’activer l’additif puis de réutiliser la batterie.

2-2-1-2. Procédé électrique de régénération


Le procédé électrique met en œuvre uniquement une composante électrique. La régénération électrique exploite
la fréquence de résonnance propre de la batterie. Un équipement spécial appelé régénérateur (désulfateur) émet
des impulsions de fréquences variées alternativement positives et négatives, pour faire éclater les cristaux de
sulfate de plomb. Une fois détachés des plaques de plomb de la batterie, ces cristaux vont se dissoudre dans
l'électrolyte, la résistance interne de la batterie va baisser, et la recharge en sera plus aisée [12]. L'inconvénient
de cette méthode réside dans le fait que la fréquence des impulsions ne peut être fixe, car la fréquence de
résonnance propre de la batterie va changer au fur et à mesure de l'avancement du processus de la régénération.
Un équipement de traitement électronique devra donc être capable d'identifier à tout instant la fréquence de
résonnance propre de la batterie en cours de traitement, et d'ajuster les fréquences d'impulsions en conséquence
d’où l’intérêt des derniers régénérateurs [13]. Le traitement se fait essentiellement par branchement sur
régénérateur. Ainsi d’après les professionnels, le synoptique de la Figure 2 suivante peut être retenu.

Figure 2 : Synoptique type du procédé électrique [10]

Les étapes préparatoires sont identiques à celles du procédé chimique, une fois cette préparation effectuée,
la batterie peut être désulfatée. La régénération est provoquée par l’application de pulsations électriques.

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Ces pulsations sont d’intensité variable selon les acteurs : forte le plus souvent (120-300 A), elle est faible pour
d’autres (8 A) [14]. À l’issue de la désulfatation, la batterie est refroidie et sa tension stabilisée. Les éventuels
éléments endommagés et identifiés sont remplacés s’ils ne l’ont pas été au préalable. Des contrôles finaux sont
ensuite réalisés, notamment un test de décharge (qui permet de vérifier la capacité de la batterie régénérée pour
les batteries industrielles), ainsi que des tests de tension, d’intensité et du niveau de l’électrolyte [15].

2-2-1-3. Procédé combiné de régénération


Ce procédé met en œuvre une combinaison électrique et chimique. Il consiste donc à brancher une batterie
contenant des additifs chimiques sur un régénérateur qui émet des impulsions électriques de fréquences
variées [16]. Lorsque le régénérateur a la capacité de déterminer la fréquence propre de la batterie,
l’inconvénient de ce procédé reste toujours la détermination du volume spécifique de l’additif chimique à
injecter. Le traitement se fait en deux ou trois temps selon les acteurs : injection de l’additif chimique,
branchement sur régénérateur et branchement d’un boitier électronique aux bornes de la batterie. Ce
processus est décrit sur la Figure 3 suivante.

Figure 3 : Synoptique type du procédé Combiné [10]

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Les différentes étapes de préparation sont identiques aux procédés chimique et électrique : examen visuel,
nettoyage puis tests électriques et test de densité de l’électrolyte (selon le type de batterie). Ce procédé a la
particularité de proposer une désulfatation en deux, ou en trois temps (selon les acteurs). Un additif chimique
est d’abord injecté dans la batterie. De l’eau distillée et/ou de l’électrolyte est parfois ajouté suite à
l’ouverture des bouchons de la batterie. Dans un second temps, la batterie est branchée sur une machine de
désulfatation. Certains acteurs connectent en troisième lieu un boîtier électronique aux bornes de la batterie :
celui-ci envoie en permanence des impulsions électriques. Pour les professionnels qui l’utilisent, ce boîtier fait
partie intégrante du procédé de désulfatation. Suite à un temps de refroidissement, des tests identiques aux tests
initiaux sont menés en fin de procédé. Un test de décharge est réalisé de façon courante pour toutes les batteries.

2-2-2. Étude comparative des trois procédés


Avant de porter notre choix sur le procédé électrique, nous avons d’abord soumis tous les trois procédés de
régénération dans une série de trois comparaisons (technique, environnementale et économique). Le résultat
de cette série de comparaisons est résumé dans le Tableau 2 suivant, qui justifie également le choix
stratégique du procédé électrique par ses avantages par rapport à deux autres.

Tableau 2 : Comparaison des trois procédés


Caractéristiques Chimique Electrique Combiné
Application Une fois Une fois Une fois
Usage préventif Oui Oui Oui
Types de batteries Ouvertes Ouvertes et éttanches Ouvertes et étanches
Taux de succès 70 à 90 % 85 à 100 % 80 à 95 %
Capacité possible 85 à 95 % 95 à 100 % 90 à 98 %
Durée d’usage Fois 1,5 Fois 2 Fois 1,75
Durée de procedé 7 à 14 jrs 1 à 4 jrs 3 à 5 jrs

Outre les avantages techniques que présente le procédé électrique, il est aussi le plus rapide car le processus
est automatique, le plus économique car il utilise moins de mains d’œuvres et encore le plus respectueux de
l’environnement car il ne généré pas de déchets après traitement, le plus expérimenté et immédiatement
disponible sur le marché.

2-3. Méthode d’évaluation des critères de rentabilité


En finance, toute activité nécessitant un investissement au départ est considérée comme un projet
d’investissement dont l’évaluation de la rentabilité est nécessaire avant tout engagement, qu’il s’agisse des
projets potentiels générateurs de revenu et non générateurs de revenu [17]. Pour un projet d’investissement,
la décision d’investissement repose en partie sur un calcul permettant de s’assurer que les flux futurs de
trésorerie anticipés ont une valeur actuarielle supérieure au coût des moyens nécessaires à la réalisation de
l’investissement [18]. Les critères d’évaluation de la rentabilité financière d’un projet en fonction de son coût
d’investissement sont [19] : Le Coût d’Investissement (CI) : est l’ensemble des coûts engendrés par l’achat
des équipements et fournitures, la construction des infrastructures. C’est le coût global du projet. La Valeur
Actuelle Nette (VAN) : Indicateur financier qui permet de mesurer la profitabilité d’un investissement. La VAN
permet de s’assurer de la capacité d’un investissement à créer de la valeur dans le temps compte tenu du
taux de rentabilité exigé par l’entreprise. Une VAN positive est synonyme d’un projet rentable. L’Indice de
Profitabilité (IP) : il est un indicateur de rentabilité, qui permet de mesurer la valeur crée par chaque franc
dépensé dans l'investissement. Un indice profitabilité supérieur à 1 est l'équivalent d'une valeur actuelle

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nette positive. Le Délai de Récupération du Capital Investi (DRCI) : permet de connaître le nombre de périodes
nécessaires à la récupération d'un investissement, en mois ou années. L'investissement à privilégier est celui
pour lequel le délai de récupération est le plus rapide. Le Taux Interne de Rentabilité (TIR) : C’est le taux de
rentabilité minimum que doit avoir un projet d'investissement, pour qu'il ait une équivalence entre son coût
d’investissement initial et ses flux de trésorerie future, autrement dit, c'est le taux pour lequel la VAN est
nulle. Il mesure donc la rentabilité d'un investissement. Pour évaluer tous ces critères, nous avons monté un
business modèle à l’aide de logiciel Excel.

2-3-1. Hypothèses de business model


Puisque nous connaissons déjà la quantité de batteries à régénérer et que nous voyons clairement le procédé
idéal pour notre étude, il nous faut donc faire des hypothèses permettant de régénérer par le procédé
électrique la totalité de nos batteries endommagées en 5 ans. Plusieurs hypothèses et paramètres seraient
pris en compte lors de la réalisation cette évaluation financière dont les plus importantes sont :
• Durée d’exploitation : 5 ans ;
• Prestation annuelle : régénération de 3 000 batteries de 12 V / 150 Ah et 1000 batteries de 2V / 2 Ah
par an soit donc un total de 4000 batteries à régénérer par an ;
• Prix de régénération variable : de 20 à 60 % du prix d’une batterie neuve de même type tenant
compte de la zone et un prix de régénération de 30 à 60 % selon les professionnels [20].

3. Résultats
En fonction du pourcentage du prix de régénération nous avons pu évaluer les différents critères de prise de
décision d’investissent de notre projet à savoir : le CI (en francs CFA), la VAN (en francs CFA), l’IP, la DRCI et
le TIR qui sont présentés dans le Tableau 3 suivant.

Tableau 3 : Critères d’évaluation de rentabilité


Prix (%) CI (FCFA) VAN (FCFA) IP DRCI TIR (%)
20 305 741 545 -27 900 114 0,90 Plus de 5 ans -4
25 315 978 532 139 875 514 1,44 2 ans 9 mois 14 jrs 16
30 326 215 518 307 651 141 1,94 2 ans 3 mois 16 jrs 31
35 336 452 504 475 426 769 2,41 1 an 11 mois 11 jrs 44
40 346 689 490 643 202 397 2,85 1 ans 6 mois 10 jrs 56
45 356 926 477 810 978 025 3,27 1 ans 3 mois 7 jrs 66
50 367 163 463 978 753 652 3,66 1 ans 1 mois 4 jrs 76
55 377 400 449 1 146 529 280 4,03 11 mois 26 jrs 85
60 387 637 436 1 314 304 908 4,39 11 mois 2 jrs 94

4. Discussion
En référence aux définitions des critères évalués, on peut noter qu’à 20 % du prix de régénération,
l’investissement ne serait pas rentable et qu’à partir de 25 % le projet est rentable sur 5 ans. La première
ligne du tableau 3 (prix de régénération à 20 % du prix d’une batterie neuve de même type) indique que le
projet n’est pas rentable sur 5ans puisque qu’on se retrouve avec une VAN négative (ce qui veut dire qu’à la
fin de projet sur 5 ans, on aurait perdu une somme de 27 900 114 FCFA), un IP inférieur à 1 qui prouve

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l’incapacité de chaque francs investi de créer au moins la valeur du même francs, un DRCI qui dépasse les 5
ans d’exploitation et un TIR (-4 %) négatif ; ce qui est bien normal puisque ce prix de régénération est hors
de portée des prix standards de la régénération en général. Cependant, à partir de 25 % du prix de
régénération, l’investissement est rentable déjà vers la fin de sa 3ème année et que le projet peut être
profitable avec un gain global de 139 875 514 FCFA estimé à la fin de la 5ème année du projet. A partir de
25 %, plus on augmente le prix de régénération, plus le projet est économiquement et financièrement
rentable puisque l’appréciation des différents critères devient de plus en plus pertinente. Néanmoins, la
décision du prix de prestation revient aux bailleurs et différents acteurs et surtout en fonction de leur
stratégie de financement et de la zone. Il peut toutefois être possible en cas des subventions intéressantes
que le projet soit réalisable à n’importe quel pourcentage puisque la protection, la préservation et la gestion
de notre environnement n’ont pas de prix face aux crises climatiques actuelles.

5. Conclusion
Le Bénin importe presque la totalité de son électricité en provenance du Nigéria voisin. Mais, avec sa lancée
dans la transition énergétique et compte tenu des programmes engagés dans les installations solaires à
l’échelon du pays, les besoins en sauvegarde pour les industriels, les institutions et administrations en cas
de coupures de réseau, les installations solaires hors réseau se multiplient compte tenu du potentiel solaire
considérable du pays. Ce qui permet de dire que le marché de la régénération des batteries a de beaux jours
devant lui. Cette étude a été réalisée dans le but de pouvoir régénérer les batteries sur l’ensemble du
territoire Béninois, mais aussi dans la perspective de pouvoir étendre l’activité de régénération des batteries
solaires au plomb dans la sous-région ouest africaine à long terme, car il y existe pour l’instant que quelques-
unes. Après traitement des données pour l’évaluation de potentiel des batteries à régénérer et le choix
stratégique de procédé de régénération et l’analyse financière du projet, à l’issu de différents résultats, il
serait juste de dire que l’atelier de régénération de batteries est rentable à partir de sa 3ème année
d’exploitation. En plus de l’aspect financier rentable, un tel projet apportera beaucoup au Bénin en termes de
création d’emplois notamment les emplois verts.

Références
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[18] - F. DELAHAYE-DUPRAT et J. DELAHAYE, « Finance d’entreprise », Manuel, 7e Ed, Éditions Francis
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[19] - B. LUCIE, « Elaboration d’une méthode de calcul de retour sur investissement applicable aux projets
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[20] - AFRIQUE AVENIR, « Régénérer des batteries au plomb acide, le coup de pouce de Marly Diallo à
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Ahmed ISSOUFOU IMADAN et al.

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