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Rimbaud , Les Cahiers de Douai

Sujet de dissertation :
Les Cahiers de Douai sont-ils pour Rimbaud une entreprise d’émancipation ?

Analyse du sujet :
-le mot « entreprise » doit être pris ici au sens de « commencement » , « début d’une action , d’une
démarche ; entreprendre = commencer à exécuter une action ( dictionnaire Larousse)
- le mot « émancipation » est à rattacher au parcours étudié pour l’oeuvre ; penser aux synonymes
( affranchissement , libération …) ; penser que pour Rimbaud l’émancipation prend diverses formes
Reformulation : dans quelle mesure le recueil Les Cahiers de Douai est-il pour Rimbaud , jeune poète , le
début d’une démarche d’émancipation , et de quelle émancipation s’agit-il ?

Parce qu’il composa l’essentiel de son œuvre poétique , fulgurante mais dense et géniale , entre 16 et 20
ans , parce qu’il renonça soudainement à l’écriture , Arthur Rimbaud reste aujourd’hui encore dans la
littérature française tout à la fois un poète reconnu et une sorte de mythe .
C’est au cours de l’année 1870 que le jeune homme de Charleville , alors âgé de 16 ans , remet à Paul
Demeny les deux liasses de poèmes qui composent Les Cahiers de Douai . Cet ensemble présente des
œuvres de jeunesse encore empreintes d’une fidélité au patrimoine littéraire . Pourtant, le lecteur y perçoit
déjà cet esprit de liberté et de modernité que Rimbaud développera plus tard dans la suite de son œuvre .
Nous pouvons alors nous demander si Les Cahiers de Douai sont le début d’une émancipation pour
Rimbaud ? En d’autres termes, le recueil est-il le fruit d’une véritable émancipation ou est-il l’oeuvre
d’un jeune poète encore influencé par ses modèles et fidèle à la tradition ?
Afin de répondre à cette question nous verrons d’abord que le recueil témoigne d’une certaine fidélité à la
tradition littéraire du XIXième siècle qui a formé Rimbaud , tout en montrant déjà les indices de sa volonté
de s’en affranchir . Puis nous considérerons que cette émancipation s’exerce aussi plus largement dans une
remise en cause de la pensée dominante sociale , politique et religieuse . Enfin nous verrons que cette
entreprise d’émancipation exprime le désir de créer , en liberté , une poésie moderne et audacieuse .

Plan détaillé ( non rédigé ici )


I – Un recueil qui témoigne encore d’une certaine fidélité à la tradition littéraire , tout en
entreprenant déjà une forme d’émancipation :
Rimbaud, bon élève et grand lecteur , a une importante culture personnelle : il est influencé par les
auteurs qu’il admire ( aussi bien du passé , que de son époque) ; il utilise souvent des thèmes traditionnels
de la poésie , et possède déjà , à 17 ans , une bonne maîtrise des formes poétiques .Il est donc d’une
certaine façon fidèle à la tradition littéraire , mais dans ses poèmes nous trouvons aussi des indices de sa
volonté de s’affranchir des modèles , des normes.

a) Des poèmes qui font écho à des modèles littéraires et/ou artistiques , à des références culturelles,
mais de façon originale :
● par exemple les références culturelles à la mythologie La mythologie est une source d’inspiration
classique de la poésie et par exemple les poètes parnassiens du XIX ème siècle ( que Rimbaud fréquenta un
temps ) y faisaient souvent référence .

EX : Dans le poème « Soleil et chair » , Rimbaud reprend la figure mythologique de la déesse Vénus .
C’ est un hymne à l’Amour comme principe créateur de l’univers . Or dans la mythologie Vénus est la mère
du dieu Amour . Le Soleil renvoie à la vie , la chair au corps et à la sensation.
Mais pour le jeune poète il s’agit de montrer que l’Homme a oublié la puissance de l’amour , de la
nature et des sensations , et que le christianisme en a donné une image trop culpabilisatrice ( le « péché de
la chair » ) .Donc une référence à la mythologie déjà assez originale et revendicatrice de la liberté du
corps , des sensations et du désir en harmonie avec la nature .

EX : Dans le poème Vénus anadyomène : Vénus anadyomène = « Vénus née des eaux » ( sujet souvent
traité dans la mythologie et dans les arts ; exemple du tableau de Botticelli , peintre de la Renaissance
italienne ) = Vision idéalisée de la déesse , symbole de l’amour et de la beauté .
Mais dans le poème de Rimbaud : Il parodie le genre traditionnel du blason ( poème faisant l’éloge du
corps ou d’une partie du corps) pour rompre avec l’image idéalisée d’une façon provocante et
irrévérencieuse , notamment à la fin avec la rime « Vénus » /« Anus »
De plus la laideur devient un sujet poétique, ici une création étonnante et dérangeante , donc novatrice .

●Des références à des modèles littéraires :


EX : le poème « Le Bal des pendus » fait une référence évidente au poète du Moyen Âge François
Villon et à un de ses poèmes les plus célèbres « La Ballade des pendus » Dans ce poème Villon fait parler
des bandits ( parmi lesquels il se place) pendus à un gibet ( une potence) ; ils y expriment leur souffrance
de façon pathétique et réclament du passant la pitié et de Dieu la grâce .
Mais dans le poème de Rimbaud : Rimbaud reprend l’image du gibet et des pendus , mais il ne traite pas
cela de façon pathétique . Dans une sorte d’humour noir , la ballade devient le bal des pendus ( ils
« dansent » car le vent les fait bouger) ; c’est une danse macabre dans laquelle le diable ( Belzébuth)
intervient comme un chorégraphe ou un marionnettiste . Certains termes sont inattendus et fantaisistes («
hurrah ! « , « hop » ) ; on note aussi un registre fantastique avec des visions inquiétantes ( ossements) .
Les hommes, quels qu’ils soient , deviennent à leur mort le jouet du vent et du diable. Le jeune poète
Rimbaud détourne ici le texte de Villon peut-être pour s’amuser de façon presque insolente avec l’idée de
la mort et du péché .
C’est donc encore une fois pour Rimbaud une façon moderne d’utiliser ses références littéraires .
EX : la référence à Hugo : le poème « Le Forgeron » fait songer à l’influence de Victor Hugo .
- A travers le discours du « forgeron » personnification du peuple , le poème, au souffle épique, devient un
texte de revendication politique et sociale . Rimbaud a lu les Misérables ( œuvre romanesque de Hugo ds
laquelle figurent aussi la critique et la revendication sociale).
+ autres points communs avec Hugo : ♦l’opposition à Napoléon III ♦ introduire en poésie des mots
jugés jusques-là indésirables, car trop prosaïques ou trop « vulgaires » ( voir dossier et texte annexe de
Hugo) Rimbaud lui aussi fait preuve de modernité car il ne s’interdit aucun type de lexique.

b) L’utilisation de thèmes traditionnels , notamment ceux de la poésie romantique ( le voyage , la


mélancolie , l’amour …) , mais traités avec une certaine audace et modernité .
EX : les poèmes dans lesquels il évoque des désirs , des fantasmes d’amours ( « Première soirée » , « Les
réparties de Nina » , « Roman » , « Au Cabaret vert » , « La Maline » ) . Rimbaud évoque les émois
amoureux, avec de nombreuses figures féminines ; il peint différentes étapes de la relation amoureuse :
premiers sentiments et désirs , séduction , jeux amoureux . Dans ces poèmes le lyrisme amoureux est
présent , souvent associé à la fugue , au voyage , et aussi aux plaisirs des sens au sein de la nature .Mais
Rimbaud crée sa propre forme de lyrisme assez particulière : ♦ parfois il accentue l’aspect érotique et
les connotations sexuelles avec une certaine provocation ♦ le poète semble aussi s’ amuser avec cette
évocation de l’amour et prendre une certaine distance avec le lyrisme Par exemple dans « Les réparties
de Nina » D’abord le jeune homme (Lui) est décrit comme plein de désir et d’attente vis-à-vis de la jeune
femme ; l’amour s’y exprime dans une grande liberté d’expression de la sensualité et du désir . Puis à la fin
du poème , après des pointillés , le couple revient dans la réalité d’un village , avec des évocations bien
moins romantiques et plus prosaïques ( « Une vache fientera , fière / à chaque pas « ) Le poète casse dès
lors le romantisme de la scène . Et dans le dernier vers la jeune fille déçoit l’attente de l’adolescent et
brise le rêve en revenant à la réalité ( « Et mon bureau ? » )

c) L’utilisation de formes d’écriture poétique traditionnelles , mais avec une certaine liberté dans le
détail :
♦ - utilisation majoritaire du sonnet dans le recueil : 11 poèmes sur 22
♦ utilisation fréquente de l’alexandrin , avec parfois des vers rythmés de façon très classique . Ex vers 1
et 2 de « Sensation »
Mais Rimbaud ne respecte pas toujours la forme canonique ( traditionnelle ) du sonnet ; et plus
largement nous avons des exemples de poèmes où il crée des rythmes inattendus ou très audacieux
( enjambements , rejets et contre-rejets , effets de sonorités …)
Ex : - le sonnet « Rêvé pour l’hiver » présente des vers hétérométriques ( alternance d’alexandrins et de
sizains : 12 / 6 ; mais aussi octosyllabes aux vers 6 et 8 ), ce qui crée un rythme léger en accord avec le
thème de la découverte du plaisir amoureux et sensuel .
- Dans le sonnet « Au cabaret vert » , Rimbaud ne respecte pas la règle qui veut que les deux tercets soient
indépendants grammaticalement des deux quatrains ; en effet une phrase commence à la fin du deuxième
quatrain et se finit dans le premier tercet (vers 8 à 11)
- Nous avons vu aussi dans « le Mal » ou dans « Ma Bohème » qu’il ne gardait pas le même système de
rimes dans les deux quatrains contrairement à la règle classique .
- Enfin le Dormeur du val est un bon exemple de l’utilisation très fréquente des rejets qui donnent un
rythme si particulier aux vers .
Tous ces libertés sont autant d’audaces qui montrent le désir d’exercer une émancipation créatrice en
prouvant par ailleurs sa parfaite maîtrise de la versification .

Ex : la liberté poétique de Rimbaud s’exprime aussi dans le choix d’utiliser :


- des sujets plus quotidiens , plus prosaïques ( qu’on trouve moins dans la poésie classique) , comme
par exemple la mention d’un simple repas dans « Au Cabaret vert » ( « tartines, beurre / jambon…)
- Une langue plus courante , voir familière ou vulgaire : « Merde à ces chiens-là » ( Le Forgeron) ; ou
des interjections « Oh!La ! La ! » ( Ma Bohème )

Transition : nous voyons donc que , si le jeune Rimbaud est encore influencé par sa culture littéraire à
travers des références , des modèles et des formes poétiques , les poèmes de ce recueil témoignent déjà
d’un désir de libération et d’affranchissement poétique . Mais l’émancipation n’est pas seulement littéraire ,
et la quête de liberté est aussi manifestée dans une révolte plus large .

II -Une émancipation sociale , politique, religieuse qui passe par la critique , la satire et/ou la révolte
Le désir d’émancipation du poète passe aussi par la remise en cause de certaines réalités et de certaines
idéologies de cette société de la fin du XIX ème siècle dans laquelle il vit . De nombreux poèmes sont
porteurs d’une critique assez virulente .
a) Une remise en cause de l’ordre social :
♦ Rimbaud a grandi dans une petite ville de province , au sein d’une société bourgeoise étriquée qu’il
rejette et ridiculise dès qu’il le peut .
EX : le poème « A la musique » - satire de la bourgeoisie de province , de ces habitudes , de ces rituels ,
de sa bêtise ( en opposition avec la jeunesse et la spontanéité du poète adolescent qui se met en scène ) et
de son goût pour l’argent.
♦ Rimbaud est aussi sensible aux inégalités qui écrasent les plus humbles .
EX : le poème « Les effarés » - Critique de l’injustice sociale , d’une certaine forme de misère , ici
rendue plus criante du fait qu’il s’agit d’enfants ( émerveillés à la vue du pain dont ils manquent)

b) Une critique sur le plan politique :


♦ Favorable aux idées républicaines , Rimbaud critique le Second empire de Napoléon III comme un
régime qui prive de liberté et qui a provoqué un conflit meurtrier .
EX : le poème « La Rage des Césars » : Car l’Empereur est soûl de ses vingt ans d’orgie !
Il s’était élit : « je vais souffler la liberté
Bien délicatement , ainsi qu’une bougie ! »
EX : « L’éclatante victoire de Sarrebrück » : l ‘adjectif « éclatante » est ironique , car cette victoire
française fut sans lendemain et , en 1870 , la défaite française à Sedan est complète , entraînant la chute du
Second empire . Rimbaud présente un portrait ridicule et satirique de Napoléon III ( « raide sur son dada »)
et montre une armée tout aussi ridicule.
♦ A cela s’ajoute la critique de la guerre :
EX : les poèmes Le mal et Le dormeur du val ( voir les explications de ces textes et dossier )

c) Une critique religieuse appuyée :


La religion catholique est très présente au XIX ème siècle , et Rimbaud a été élevé par sa mère dans
cette atmosphère , mais très vite il se révolte contre cette contrainte et cette idéologie ; et il tient souvent un
discours anticlérical .
EX : Les deux tercets du poème Le Mal viennent ajouter une critique de l’Église à celle de la guerre .
Rimbaud met en contraste la violence de la guerre avec la richesse et l’inaction de l’Église . Il dénonce
aussi une l’absence de charité ou de pitié , qui sont pourtant des valeurs revendiquées en général par
l’Église catholique .
EX : Le poème « Le châtiment de Tartuffe » : ( voir dossier pour le personnage Tartuffe de Molière) ;
Rimbaud reprend le personnage de Molière pour critiquer l’hypocrisie religieuse ; son Tartufe est un
personnage pris en flagrant délit de convoitise sexuelle .Sous l’apparence de sa soutane noire de religieux ,
Tartufe est plein de désirs inassouvis : « Tisonnant son coeur amoureux sous/ sa chaste robe noire »
Et le dernier vers le décrit , avec dégoût , « nu du haut jusques en bas » , ce qui le ridiculise complètement
.
Transition : toute cette entreprise d’émancipation poétique par rapport à la tradition littéraire , toute cette
volonté de remise en cause des réalités sociales , politiques ou religieuses , bien présentes dans le recueil ,
disent aussi un désir ardent de créer une poésie nouvelle , moderne et audacieuse qui corresponde à une
profonde aspiration à la liberté .

III - Cette entreprise d’émancipation exprime le désir de créer , en liberté , une poésie moderne et
audacieuse .
A la suite d’une fugue , Rimbaud écrit le 2 novembre 1870 à son professeur Georges Izambard : « Que
voulez-vous , je m’entête affreusement à adorer la liberté libre... »

Liberté libre : polyptote et hyperbole qui met l’accent sur un désir de liberté absolu qui se retrouve
sous diverses formes dans le recueil .
a) Une liberté de mouvement qui se manifeste par exemple avec l’évocation de la marche , du voyage du
jeune poète vagabond, en rupture avec sa famille , son cadre de vie , et en recherche d’une autre voie pour
sa vie personnelle , mais aussi pour sa poésie
EX : « Sensation » , « Ma Bohème »
+ importance du thème de la liberté physique dans la nature accueillante , qui n’est pas seulement pour
Rimbaud un lieu de refuge ou de consolation ( comme souvent chez les poètes romantiques) , mais qui est
le lieu où se révèle toute l’étendue possible des sensations et une sensualité heureuse ( poèmes sur
l’amour) .
b) Une liberté qui se manifeste souvent par la provocation , . l’irrévérence, et l’auto-dérision
EX Vénus anadyomène : provocation du contre-blason , du dernier vers …
EX Le Forgeron : irrévérence de la parole du peuple qui se libère pour dénoncer , mais aussi pour dire
l’espoir d’un changement , d’une révolution à venir .
EX : dans le poème « Roman » le poète se moque de ses émois amoureux et de sa naïveté , mais aussi
tourne en dérision les codes du lyrisme romantique avec ironie « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept
ans » .
c ) Une liberté de créer une nouvelle poésie :
- Utiliser une langue libérée : utilisation des interjections ( « Hurrah ! Ds le Bal des pendus » ) , des
onomatopées ( « frou-frou » ds Ma Bohème) , des mots crus ou grossiers ( « Anus » ds Vénus
anadyomène ; les « culs en ronds » ds Les Effarés …)
- Utilisation d’une versification et un rythme inattendus et donc créatifs ( par exemple ds « Au Cabaret
vert » )
Conclusion Bien que les poèmes des Cahiers de Douai gardent encore certaines marques des influences
académiques , des références classiques que le jeune Rimbaud a hérité de ses prédécesseurs , nous voyons
bien que ce recueil révèle déjà une véritable émancipation en marche qui passe par une certaine remise en
cause des règles et des normes , par le refus de ce que Rimbaud appelait les « vieilleries poétiques » , par
la revendication d’une poésie qui ne s’interdit aucun sujet , qui mêle les registres de langue , qui provoque
parfois et surprend souvent . Ce n’est pas encore le poète des Illuminations et de Une Saison en Enfer qui
bientôt choisira d’écrire en vers libres et même en prose et qui voudra se faire « voyant » , mais c’est le
début très fulgurant et génial d’une aventure poétique qui hélas finira trop tôt ...
Un poème extrait du recueil Les Illuminations ( 1886)

Un poème extrait de Une Saison en Enfer ( 1873)

MATIN
N’eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque, fabuleuse, à écrire sur des feuilles d’or, – trop de
chance ! Par quel crime, quelle erreur, ai-je mérité ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes
poussent des sanglots de chagrin, que des malades désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de
raconter ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus m’expliquer que le mendiant avec ses
continuels Pater et Ave Maria. Je ne sais plus parler !
Pourtant, aujourd’hui, je crois avoir fini la relation de mon enfer. C’était bien l’enfer ; l’ancien, celui dont le
fils de l’homme ouvrit les portes.
Du même désert, à la même nuit, toujours mes yeux las se réveillent à l’étoile d’argent, toujours, sans que
s’émeuvent les Rois de la vie, les trois mages, le cœur, l’âme, l’esprit. Quand irons-nous, par-delà les grèves
et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons,
la fin de la superstition, adorer – les premiers ! – Noël sur la terre !
Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves, ne maudissons pas la vie.

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