Aux Archives de L'animisme
Aux Archives de L'animisme
Aux Archives de L'animisme
Mélanges de la Casa de
Velázquez
Nouvelle série
45-1 | 2015
Langues indiennes et empire dans l'Amérique du Sud coloniale
Miscellanées
Resumos
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En 1871, Edward Tylor rejeta les récits de son temps qui niaient l’existence de croyances
religieuses chez certains peu-ples alors considérés comme sauvages. C’était le cas, en
particulier, de l’explorateur victorien Samuel Baker, dont l’autorité ethnographique fut
mise en cause à travers la citation de quelques voyageurs européens qui avaient
également observé les peuples nilotiques - dont les Nuer. Contrairement à d’autres sources
de Primitive Culture, la qualité de ces ethno-graphies oubliées était, hélas, tout à fait
médiocre ; mais elles permirent à Tylor de faire l’une des affirmations les plus décisives de
son œuvre, celle de l’universalité de l’animisme. Cette problématique est indissociable
d’une perspective ethnographique cumulative qui représente aussi l’une des questions
grandioses de Tylor et un défi pour la sensibilité anthropologique dominante à l’heure
actuelle, notamment en ce qui concerne la critique postcoloniale des contenus
ethnographiques des archives.
En 1871, Edward Tylor rechazó los relatos de su época que negaban la existencia de
creencias religiosas en algunos pueblos por entonces considerados salvajes. Era el caso, en
particular, del explorador victoriano Samuel Baker, cuya autoridad etnográfica fue
cuestionada por las descripciones de algunos viajeros europeos que también habían
observado a los pueblos nilóticos, entre ellos los nuer. Al contrario que otras fuentes de
Primitive Culture, la calidad de estas etnografías olvidadas era, por desgracia,
absolutamente mediocre, pero permitieron a Tylor realizar una de las afirmaciones más
decisivas de su obra, la de la universalidad del animismo. Esta problemática es
indisociable de una perspectiva etnográfica acumulativa y representa una de las
cuestiones más importantes en Tylor; un desafío para la sensibilidad dominante en la
actualidad, en especial respecto a la crítica poscolonial de los contenidos etnográficos de
los archivos.
In 1871, Edward Tylor rejected the narratives of his time which denied the existence of
religious beliefs among certain peoples then considered savages. One such narrative was
that of the Victorian explorer Samuel Baker, whose authority as an ethnographer was
called into question by the reports of some European travellers who had also observed the
Nilotic peoples—among them the Nuer. Unlike other sources on Primitive Culture, the
quality of these forgotten ethnographic works was unfortunately quite mediocre; but they
did support Tylor in one of the most decisive assertions of all his works—namely the
universal nature of animism. These issues cannot be separated from a cumulative
ethnographic perspective which also represents one of the the great questions posed by
Tylor, and a challenge to the prevailing anthropological thinking of the present moment,
particularly as regards post-colonial criticism of the ethnographic contents in the archives.
Entradas no índice
Mots clés : animisme, archives, Edward Tylor, évolutionnisme, histoire de l’ethnologie,
peuples nilotiques
Keywords: animism, archives, Edward Tylor, evolutionism, history of ethnology, Nilotic
peoples
Palabras clave: animismo, archivos, Edward Tylor, evolucionismo, historia de la etnología,
pueblos nilóticos
Texto integral
We cannot escape from him in any field of activity; we repeat his theories
without knowing.
Andrew Lang, « Edward Burnett Tylor », 1907.
une section qui reprendra le texte d’Andrew Lang déjà cité, dans le but
de révéler que Tylor, contrairement à des idées reçues, était disposé à
admettre l’existence de versions sauvages du monothéisme ;
une section qui abordera le moment capital de Primitive Culture où il
réfutait la parole des observateurs qui niaient l’existence d’idées
religieuses chez certains peuples « primitifs » (comme les Nuer, devenus
célèbres au xxe siècle), alors que justement il y avait d’autres récits
— quoique fragmentaires — indiquant leur croyance en un être spirituel
suprême et démiurgique ;
et enfin une section qui attire l’attention sur les différences qualitatives
des sources ethnographiques de l’époque, en vue d’une réflexion sur les
risques de sous-estimer leur dimension descriptive.
Développement, survivance, résurgence :
les transformations du legs animiste
5 Tylor était persuadé que la notion d’âme, issue de processus nécessaires
d’association d’idées, avait constitué dans la Préhistoire une sorte de prototype a
partir duquel avaient été forgées, également dans la Préhistoire, toutes les
croyances à des êtres spirituels. S’il a été fort critiqué au xxe siècle pour avoir
parlé de « philosophes sauvages », en réalité il n’employait pas ce terme pour
caractériser l’intelligence ou la curiosité intellectuelle au dessus de la moyenne
de figures singulières du passé préhistorique de l’humanité. Il s’agissait plutôt de
mécanismes psychologiques élémentaires et universels. Le philosophe sauvage
était l’humanité toute entière, puisque la psychologie humaine penchait
naturellement vers l’animisme. Tylor introduisait le concept de « religion
naturelle » pour exprimer cet aspect inévitable et universel4. Associant
l’anthropologie à la philosophie matérialiste ou moniste sous-jacente à la science
— justement par opposition à la philosophie spiritualiste ou animiste — il voyait
sans doute la religion comme un processus de création d’images fantaisistes sur
la réalité, quoiqu’à travers une logique compréhensible, qui n’était pas non plus
l’exclusivité d’un esprit infantile, mais proprement humain.
6 Il y avait en particulier deux conceptions fondamentales qui dérivaient
directement de l’idée d’âme et qui permettaient de comprendre le surgissement
de toutes les autres catégories, y compris les différents types de dieux. D’un côté,
c’était l’animation ou la personnification de la nature, c’est-à-dire l’attribution
d’une âme à des animaux, à des plantes, à des montagnes ou à tous autres objets
extérieurs. D’un autre côté, c’était la formation quasiment spontanée de la notion
d’esprit à partir de la notion d’âme détachée du corps. En somme, ce n’est pas
Dieu qui a créé l’homme à son image, mais l’inverse5. Il n’était guère surprenant
que les ancêtres préhistoriques eussent inventé tout ce qu’il y avait à inventer en
cette matière. Il était même difficile d’admettre que les choses eussent pu se
passer autrement.
7 Ce qu’il faut relever, c’est que Tylor ne voyait pas le concept d’âme et ses
dérivations comme des étapes de l’évolution religieuse de l’humanité ; et qu’il n’a
jamais utilisé l’ethnographie contemporaine dans ce sens-là. Les croyances
élémentaires n’étaient pas remplacées par des créations nouvelles suivant un
ordre séquentiel. Au contraire, toutes les ramifications de l’animisme avaient eu
lieu à l’époque préhistorique, c’est pourquoi on pouvait les déceler parmi les
populations les plus primitives encore existantes. L’un des principes
fondamentaux de l’anthropologie de Tylor était précisément l’idée de
« développement » des différents articles de foi sauvages. Au lieu d’une séquence
d’étapes, il était question d’une permanence d’idées préhistoriques, soumises à
de nombreuses adaptations progressives, d’ordre moral, philosophique,
esthétique, etc. Tylor avait conscience que ces parcours répondaient aux
idiosyncrasies historiques des différents peuples, mais l’objet principal de sa
recherche était autre. Primitive Culture était avant tout une encyclopédie des
catégories religieuses de l’humanité, à chaque fois repérables à tous les niveaux
de civilisation et, dans ce sens, nous devons en extraire l’image puissante d’un
vaste patrimoine idéologique d’origine préhistorique.
8 Il s’agissait ainsi d’une accumulation originelle de toutes les idées animistes de
l’histoire humaine, de la notion d’âme jusqu’aux différents types de divinités, en
passant par quelques dizaines de catégories qui concernaient la nature, les
fonctions et les attributs d’êtres animés ou spirituels, du totem au vampire, du
fétiche à l’esprit du volcan, de l’ange gardien au dieu de la mer. La table des
matières de Primitive Culture représentait à elle seule une entreprise
classificatrice6. Malheureusement, cette spécificité de l’évolutionnisme tylorien a
échappé à nombreux de ses lecteurs (aussi bien au xixe qu’au xxe siècle), alors
qu’il ne faut pas mettre sur le même pied Tylor et, par exemple, un John
Lubbock, qui proposait dans son Origin of Civilization, de 1870, une séquence
proprement unilinéaire d’étapes religieuses se succédant les unes aux autres. À
vrai dire, chacun peut trouver dans Primitive Culture la séquence d’évolution
qu’il désire, en attribuant aux chapitres encyclopédiques des étapes qui
n’existent que dans l’imagination ou dans le préjugé du lecteur, et non pas dans
le texte original. Par exemple, Marcel d’Hertfelt découvre chez Tylor l’ordre
évolutif suivant : croyance à l’incarnation d’esprits, conception de dieux de la
nature, conception de dieux de l’activité humaine, et conception d’un dieu
unique7. Or, dans Primitive Culture, les divinités du polythéisme
anthropomorphique intégraient une catégorie animiste décelable chez des
populations sauvages :
Étonnamment, ce concept tylorien vieux d’un siècle apparaît dans toutes ces
sources bien diverses (qui oscillent entre le populaire et l’académique, le
général et le spécifique) sans qu’il fasse à peine l’objet d’une révision13.
16 Andrew Lang, de son côté, croyait que le « vrai » Dieu était aux sources du
déisme primitif, non pas à travers une révélation directe, mais par la nature
humaine elle-même, susceptible de percevoir la figure du créateur et sa bonté
essentielle à l’égard des hommes. La pomme de la discorde était donc
l’indépendance du déisme par rapport à l’animisme en tant que matrice
intellectuelle responsable de toute catégorie religieuse. Si les propos de Lang
contredisaient le point de vue de Tylor, selon lequel toute religion était animiste,
c’est finalement parce que, en raison de sa propre religiosité, le premier avait un
concept moral de religion, plutôt qu’intellectuel. En toute rigueur, il rejetait
subtilement la définition du maître :
17 Nous sommes à l’épicentre d’un dialogue quelque peu saugrenu, mais capital,
de l’histoire de l’anthropologie, entre l’évolutionnisme de Tylor et le néo-
dégénérationnisme d’Andrew Lang. Celui-ci admettait que les High Gods
n’étaient pas facilement repérables à l’heure actuelle, puisque leur importance
avait dû diminuer sous l’emprise de conceptions rivales, proprement animistes,
d’esprits immiscés dans les trivialités mondaines de la vie des hommes. D’où la
puissante formule : « The less animism, the more theism; the more animism, the
less theism »19. Même sans tomber dans les excès des vieux dégénérationnistes
bibliques, qui pouvaient facilement considérer qu’il n’y avait plus chez les
sauvages contemporains aucun vestige de la révélation divine, Andrew Lang
risquait de restreindre à nouveau les critères d’identification universelle de
croyances religieuses. Subordonner ces critères à la vénération d’un Dieu
surveillant, sous forme d’Être Suprême ou High God, c’était détruire le travail, la
mission anthropologique de Tylor, fondée justement sur la critique de ceux qui
parlaient de l’irréligiosité de certaines populations. Si Lang dénonçait lui-même
cette erreur, c’est parce qu’il n’admettait en aucun cas que la dégénération soit
complète. Hélas, les risques de sa démarche étaient évidents. Le cadeau
d’anniversaire était, en quelque sorte, empoisonné. En lisant le texte d’Andrew
Lang qui portait son nom, Edward Tylor fut peut-être hanté par de vieux
fantômes du combat évolutionniste...
Entre 1840, quand Werne, Arnaud et Thibaut entreprirent leur voyage plein
de surprises, et 1881, l’année où la révolte victorieuse du Mahdi Mohamed
Ahmed ferma le Soudan à de nouvelles explorations, plusieurs voyageurs
ont pénétré dans le territoire nuer par l’un ou l’autre des trois grands
fleuves qui le traversent26…
À côté du grand précepte connais-toi toi-même, il en est un autre qui n’a pas
une portée moins élevée, quoique n’ayant pas été inscrit aussi souvent. C’est
celui-ci, connais au moins tes semblables. Et ce précepte […] ne se borne pas
à nous prescrire d’étudier les hommes au milieu desquels nous vivons […]. Il
nous dit encore que des millions d’hommes qui habitent la même terre que
nous nous sont complètement inconnus, que nous ne savons rien de leurs
mœurs, de leurs habitudes, de leurs coutumes28…
24 Selon ses propres dires, Brun-Rollet a « gagné la confiance des Chelouk », mais
pour tenir la conversation avec eux il devait compter sur un drogman
arabophone. Il est indiscutable que ses remarques à leur propos étaient fondées
sur l’observation, notamment celles concernant « la mystérieuse habitation du
roi » et les intrigues des prétendants au trône. Curieusement, il devançait, avant
la lettre, l’argument central d’Evans-Pritchard, quand celui-ci a voulu discréditer
les interprétations intellectualistes, frazériennes, de la mise à mort du roi sacré
Shilluk. Il n’était pas question d’éviter la décadence du monde, associée au
vieillissement d’un homme-dieu, mais tout simplement de mener un combat
politique entre des factions dynastiques régionales :
[…] il arrive souvent que les héritiers, pressés de jouir d’un titre trop
longtemps attendu, l’acquièrent par la violence et le meurtre, ce qui leur est
d’autant plus facile qu’ils ont un apanage de villages nombreux où ils
peuvent recruter des partisans29.
Les Nouer ne reconnaissent qu’un seul Dieu, qu’ils appellent Néar. Le chef
du culte, appelé Dowa, est une sorte de pape pour lequel on professe une
vénération extrême, voisine de l’adoration. Les Nouer s’imaginent qu’il est
non seulement inaccessible aux besoins de la nature humaine, comme par
exemple à la faim, mais encore ils le croient immortel ; aussi lorsque sa
mort arrive, elle est soigneusement cachée par ses disciples, ou prêtres
auxiliaires, dont le plus âgé le remplace. Sa demeure est entourée de
palissades et inaccessible à tout autre qu’à ses disciples et aux rois ou chefs
guerriers. […] Rien ne se fait dans la tribu sans qu’il soit consulté ; il passe sa
vie, disent ses ouailles, à communiquer avec les esprits qui dominent ce
monde30…
26 Tylor eut le réflexe de ne citer que la première phrase de ce passage, mais c’est
semble-t-il par un pur hasard que Brun-Rollet a annoncé l’idée d’un
monothéisme Nuer, laquelle réapparaîtra dans des récits ultérieurs, notamment
au xxe siècle. Par la main du missionnaire Giuseppe Pasquale Crazzolara (1884-
1976), auteur de Zur Gesellschaft und Religion der Nueer, de 1953, l’être suprême
des Nuer est même entré dans le circuit néo-dégénérationniste du Père Wilhelm
Schmidt (1868-1954), très redevable à Andrew Lang. Nous savons que dans sa
monographie sur la religion des Nuer, Evans-Pritchard parlait lui aussi de la
« tendance fort monothéiste de leur pensée religieuse », même si leur dieu
n’avait pas de nom31.
27 Quant aux rois et au pape, il est vrai que plusieurs visiteurs du pays Nuer, y
compris les militaires britanniques au début du siècle dernier, crurent par
moments que les Nuer avaient des chefs – des cheiks, pour employer le
vocabulaire en vogue dans le milieu soudanais. Mais la littérature accumulée va
dans le sens d’une corroboration de la longue durée de l’organisation tribale
égalitaire, reconstituée tant bien que mal par Evans-Pritchard dans un moment
de transition vers l’ordre colonial. La désignation même de chefs à peau de
léopard était contredite par des références explicites à leur manque d’autorité
politique32. « L’absence de toute figure ayant une autorité suffisante », a écrit
Evans-Pritchard en 1940, « fut constatée en des termes très nets par les premiers
officiers britanniques qui entrèrent dans le territoire nuer »33. Seulement les
prophètes, et sûrement pas les chefs à peau de léopard (kuaar muon), auraient pu
correspondre quelque peu à la fantaisie de Brun-Rollet, mais les historiens du
prophétisme Nuer, en particulier Douglas Johnson, n’admettent guère que ce
mouvement ait des antécédents dans les premières décennies du xixe siècle34. On
pourrait encore citer Percy Coriat (1898-1960), District Commissioner des Nuer
dans les années 1920, pour qui les kuaar muon auraient eu, jadis, des pouvoirs
« autocratiques et demi-divins ». Il fut un ethnographe d’une certaine envergure,
mais il s’agissait là d’une pure conjecture : il était parfaitement conscient que ce
n’était pas du tout le cas dans le présent35.
28 Bref, Edward Tylor ne se gênait nullement de citer un exemple de
monothéisme « sauvage » pour affirmer l’universalité de l’animisme ; sauf que
les fondements ethnographiques de sa démonstration s’avéraient fragiles.
Passons cependant à l’explorateur français Guillaume Lejean (1828-1871), qui
remonta lui aussi le Nil Blanc et alla jusqu’au Bahr al Ghazal en 1860. Avant la
publication de son Voyage aux deux Nils, entre 1865 et 1868, il publia dans la
Revue des deux mondes l’article « Le Haut-Nil et le Soudan. Souvenirs de voyage »,
que citait Tylor dans Primitive Culture. Encore une fois, il était question d’un être
suprême, cette fois-ci chez les Dinka, ce que confirmeront les anthropologues
professionnels du xxe siècle, en particulier Godfrey Lienhardt (1921-1993). Lejean
commençait par dire que « le nègre du Nil » pouvait paraître « dépourvu d’idées
religieuses ». Une telle impression était néanmoins contrebalancée par cette
autre révélation :
Ils pensent que tout se finit au moment de la mort. Ils ne croient pas à
l’immortalité de l’âme. L’âme n’est qu’un souffle, un soupir. La chanson
Dinka traduit parfaitement ce concept. (…) Donc, l’homme ne revient
jamais ; avec la mort, tout se termine. Beaucoup d’années seront nécessaires
pour que la confiance dans le missionnaire se transforme en foi ; pour qu’ils
croient en une vérité sans en avoir des preuves, puisqu’ils n’ont que la
parole du missionnaire40.
33 Or, ajoutait Tylor, l’ethnologue averti devait plutôt se méfier du chant Dinka et
de tout ce genre de tirade, puisque « le sauvage qui déclare que les morts ne
reviennent plus, peut vouloir dire tout simplement qu’ils sont décédés »41.
Richard Burton (1821-1890), par exemple, précisait que, dans la région des
grands lacs, la réponse indigène à sa question sur le destin des ancêtres enterrés
— « ils sont finis » — ne voulait pas dire que leurs fantômes ne survivent pas42.
Mais Tylor avait cette fois-ci la satisfaction de citer, à l’appui de sa thèse, une
ethnographie d’une autre qualité.
36 Il était question d’un culte des ancêtres, les Amatongo, qui effectivement ne se
levaient plus, car ils prenaient la forme de serpents, comme en témoignent ces
paroles d’Ufulatela Sitole, l’un des informateurs de Callaway :
Les Amadhlozi, les hommes morts, au moment où ils sont décédés, ils ont
changé de nouveau et sont devenus des Amatongo, et ils rampent sur leur
ventre, et donc les vieux disent qu’un homme mort transformé de cette
manière est un Itongo. C’est un serpent46.
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Notas
1 Par exemple Erickson, Murphy, 2008 ; McGee, Warms, 2008.
2 Voir Stringer, 1999, p. 542.
3 Il est curieux de constater que, dans Par-delà Nature et Culture, Descola n’évoque le nom
de Tylor qu’à deux reprises. Il a eu néanmoins d’autres occasions pour laisser comprendre
que l’acception originale du terme, trop collée à l’idée de religion, lui semble inutile (voir
par exemple 2006-2007).
4 Tylor, 1876 [1871], vol. 2, p. 142.
5 Voir Stocking Jr., 1987, p. 195.
6 Le cadre était complété par une référence à la magie, qui n’était point, il faut préciser,
un phénomène animiste ou religieux, puisqu’elle n’impliquait pas en elle-même des êtres
spirituels. Elle dérivait toutefois d’un processus d’association d’idées tout aussi
élémentaire, pour ne pas dire inéluctable, faisant partie intégrante du patrimoine
idéologique préhistorique au même titre que les manifestations animistes.
7 D’Hertfelt, 1992, p. 58.
8 Tylor, 1903 [1871], vol. 2, p. 248.
9 Id., 1871, vol. 2, p. 64.
10 Burrow, 1966, p. 256-257.
11 Voir Stocking, Jr., 1987, p. 188-197.
12 Tylor, 1903 [1871], vol. 1, p. 159.
13 Bird-David, 1999, p. 67.
14 Lang, 1887, vol. 1, p. 338.
15 Id., 1907, p. 6.
16 Voir Id., 1898.
17 Tylor, 1903 [1871], vol. 2, p. 332.
18 Lang, 1907, p. 11 ; les italiques sont de nous.
19 Id., 1899, p. 1016.
20 Tylor, 1871, vol. 1, p. 423.
21 Pour une mise en contexte du voyage de Baker et d’autres initiatives européennes dans
le sud du Soudan pendant la période ottomane, voir Moore-Harell, 2010.
22 Baker, 1867, p. 231.
23 Id., 1866, p. 41.
24 Id., 1867, p. 237.
25 Tylor, 1871, vol. 1, p. 423.
26 Evans-Pritchard, 1969 [1940], p. 1.
27 Id., 1956, p. V.
28 Brun-Rollet, 1855, p. 10.
29 Ibid., p. 94-95 ; voir Evans-Pritchard, 1948.
30 Brun-Rollet, 1855, pp. 223-224.
31 Evans-Pritchard, 1956, p. 49.
32 Voir Maxse, 1899, p. 6 ; Hawker, 1902, p. 5 ; Gordon, 1903, p. 12.
33 Evans-Pritchard, 1969 [1940], p. 172.
34 Voir Johnson, 1994.
35 Coriat, 1993 [1931], p. 198. À part Brun-Rollet, le seul auteur qui affirmait que les Nuer
obéissaient à un roi « comme les Schéllouks », c’était Hadji Abd-el-Hamid Bey, alias Louis-
Laurent du Couret (1812-1867), un voyageur français qui signa en 1854 un ouvrage intitulé
Voyage au pays des Niam-Niams ou hommes à queue (Du Couret, 1854, p. 82). Dans A
Biographical Dictionary of the Anglo-Egyptian Sudan, Richard Leslie Hill nous prévient que
Du Couret était probablement un charlatan, que ses voyages et même son identité sont
douteuses et qu’il existe la suspicion de l’interférence d’Alexandre Dumas (père) dans son
œuvre (Hill, 1967, p. 117).
36 Lejean, 1860, p. 760.
37 Kaufmann, 1862, p. 124.
38 Beltrame, ms. cité dans Lejean, 1860, p. 761 ; voir Tylor, 1871, vol. 2, p. 21.
39 Tylor, 1871, vol. 2, p. 20.
40 Kaufmann, 1862, p. 125.
41 Tylor, 1871, vol. 2, p. 20.
42 Ibid.
43 Callaway, 1870, p. 83.
44 Tylor, 1871, vol. 2, pp. 20-21 ; voir Callaway, 1870, p. 84.
45 Ibid.
46 Voir Callaway, 1870, p. 7.
47 Du reste, ce contraste était aussi bien quantitatif que qualitatif. Il ne s’agissait pas de
quelques pages ou de quelques paragraphes, mais d’une monographie de 448 pages,
entièrement consacrée aux croyances et aux pratiques rituelles des Zoulous.
48 Tylor, 1905, p. 142. Les italiques sont de nous.
49 Quoiqu’elle en soit devenue le canon dans l’historiographie de l’anthropologie, nous ne
sommes donc pas d’accord avec l’interprétation de Stocking, Jr., selon laquelle Tylor
n’avait pas cette notion plurielle (Stocking, Jr., 1968).
50 Manganaro, 1990, p. VI.
51 Axel, 1981, p. 13.
52 Id., 2002, p. 21
53 Ibid, p. 20.
54 Voir Sahlins, 2000.
Referência eletrónica
Frederico Delgado Rosa, «Aux archives de l’animisme », Mélanges de la Casa de Velázquez
[Online], 45-1 | 2015, posto online no dia 01 janeiro 2018, consultado o 18 outubro 2024. URL:
http://journals.openedition.org/mcv/6228; DOI: https://doi.org/10.4000/mcv.6228
Autor
Frederico Delgado Rosa
CRIA-FCSH/NOVA – Centro em Rede de Investigação em Antropologia (Lisbonne)
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