05-Moeschler nclf9

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PRAGMATIQUE CONVERSATIONNELLE
ET
PRAGMATIQUE DE LA PERTINENCE

Jacques Moeschler
Université de Genève

0. Introduction

Dans quelques travaux récents, j'ai tenté de montrer en


quoi la pertinence - telle qu'elle est définie chez Sperber
et wilson <cf. Sperber a wilson 1986) - intervient dans le
traitement des faits conversationnels. J'ai essayé notamment
de préciser une notion nouvelle - celle de pert inence
conversât ionnelle -. en l'opposant a celle de pertInence
contextuel le a travers la distinction entre statut fonction-
nel et statut interprétatif d'un énoncé (cf. Moeschler 1987a>.
Dans un deuxième temps, j'ai essayé de voir quel rôle Jouait
la notion de pertinence en pragmatique, et J'ai opposé, dans
ce cadre-la, approches dlscurslves et approches interprétât Ives.
ou plus simplement. cohérence et pertinence (cf. Moeschler
1986a>. Dans un troisième temps. J'ai fait l'hypothèse que les
approches du type analyse du discours vs. analyse
conversationnel le relevaient du domaine de la cohérence vs.
de la pertinence, mais qu'il était possible d'engager les
analyses du discours sur le terrain des approches interprétatives
de la pertinence <cf. Moeschler 1986b>. Enfin, à propos d'un
texte de Stendhal, j'ai essayé de formuler quelques hypothèses
sur l'articulation entre faits structurels et faits
interprétatifs (cf. Moeschler & Reboul 1987).

Tous ces travaux avaient. Implicitement ou explicitement,


les objectifs suivants:

<i> reconnaître la contribution fondamentale, du point de vue


théorique, de lu pragmatique de la pertinence;

<ii> conserver les principaux acquis de la pragmatique conver-


sationnel le;
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< 11 ! >trouver un mode d'articulation intéressant entre ces deux
approches pragmatiques <cf. les oppositions pertinence
conversationnelle/ contextuelle, cohérence/ pertinence).

La prise en compte du modèle de la pragmatique de la pertinence


ne va cependant pas de sol. surtout si l'on tient â conserver
un minimum d'acquis de la pragmatique conversationnelle.
J'aimerais ici indiquer rapidement les écueils que l'on rencontre
inévitablement et suggérer un mode de conciliation possible
<1>

1. PeserlPtlvisme et ascrlptlvisme

Le premier ècuei1 concerne la nature de la théorie


pragmatique. Dans le cadre décrit par Sperber et Wilson, la
pragmatique est une théorie descrjptiviste. Sa fonction
principale est de déterminer la valeur Informative des énoncés.
en expliquant les principes par lesquels les calculs inférentiels
ont lieu. Donner un sens â un énoncé, c'est dire ce qu'il
communique informativement <cf. les notions d'intention
communicative et d'intention informative). Mais du coup. la
perspective descriptiviste de sperber et wilson les amène à
modifier l'image traditionnelle de la communication, en insistant
sur sa structure infèrentlel1e vs. codique (voir la distinction
entre code model et inferential model>.

Dans sa version standard, la pragmatique conversationnelle


genevoise s'est fortement Inspirée des théories des actes de
langage et de l'argumentation. donc de deux théories
ascript1vlstes. Les notions de fonction lllocutoire (et également
de fonction interactive) et d'orientation argumentâtive ont
reçu un rôle central dans le modèle hiérarchique et fonctionnel
de la conversation. Plus spécifiquement. la complètude
Interactive et la complètude interactlonnel1e ont été définies
principalement de manière argumentâtive (cf. le rôle de la
fonction interactive "argumentation" dans l'intervention et
du double accord dans l'échange) ** . Corol lai renient.
l'importance accordée â la description des connecteurs
pragmatiques a permis d'étendre les faits argumentâtifs au
traitement de différents types de discours, et de légitimer
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ainsi le caractère ascriptivlste de la théorie de


1 'argumentation.

2. Modèles structuralistes et modèles procéduraux

Le deuxième êcuei1 concerne la méthodologie. voire


1'épistémologie sous-Jacente aux deux approches. La façon
d'articuler les observables conversationnels Mes hypothèses
externes) et les éléments du modèle d'analyse du discours (les
hypothèses internes) relève d'une épistémologie de la simulation,
que O. Ducrot a très bien décrite dans son projet de pragmatique
intégrée (cf. notamment Ducrot et al. 1980. chap.l). De plus,
la stratégie de description de la conversation est fortement
structuraliste: la conversation est considérée comme un objet
autonome, un tout, marqué par un début et une fin. et l'analyse
met. volontairement ou non, de côté la dimension temporelle
et linéaire de la production verbale: preuve en est le caractère
doublement orienté de l'analyse, i.e. par en haut et par en
bas (cf. Moeschler 1985. chap.3).

De façon contrastive. la pragmatique de la pertinence


n'appartient pas au paradigme des approches structuralistes.
Elle se situe au contraire dans le champ de la psychologie
(3)
cognitive , où la description concerne les aspects procéduraux
du traitement de l'information. L'interprétation est donc
considérée comme un processus, se déroulant dans le temps, de
mc'-me qu'un énoncé est envisagé comme une séquence d'unités,
dont le traitement est obligatoirement contraint par la dimension
linéaire du signal linguistique.

3. Théories discursives et théories coanltives

Le troisième ècuei1 concerne le domaine de référence des


théories. La pragmatique conversationnelle, comme la pragmatique
intégrée, est une théorie du discours. Non seulement son objet
de description est constitué par des discours, mais il est
réservé aux seules productions discursives. Le caractère
ascriptivlste et l'orientation structuraliste de la modélisation
limitent fortement son domaine d'étude. Ainsi, à l'inverse des
approches conversationnelles qui peuvent émettre des hypothèses
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sur le fonctionnement social ou psychologique des sujets
parlants, l'analyse du discours ne peut faire d'hypothèses que
sur le modèle qu'elle élabore: les règles concernent des objets
abstraits (phrases, morphèmes) et non des sujets parlants.

A l'inverse, la pragmatique de la pertinence est une théorie


coonitive. Son objet est la modélisation, a l'aide d'un système
formel non complet, des processus inférentiels déclenchés par
le traitement des énoncés en contexte. Les hypothèses sur la
modélisation sont donc des abstractions, mais des abstractions
dotées d'un contenu psychologique. Si par exemple deux solutions
s'offrent â la résolution d'un problème, le choix se fera en
termes d'efficience psychologique: le modèle interprétatif n'est
pas une description de ce qui "se passe dans la tète des gens",
mais plutôt un ensemble d'hypothèses sur ce que peut ou doit
être le fonctionnement de machines "intelligentes". De plus,
le modèle inférentiel n'est pas spécifique â l'interprétation
des énoncés. Relevant du système central de la pensée. Il est
censé concerner l'ensemble des activités rationnelles de nature
infèrentielle (d'origine langagière ou non langagière).

4. Pragmatique cotextuelle et pragmatique contextuelle

Enfin, le dernier écueil réside dans l'importance donnée


aux faits cotextuels vs. contextuels pour l'interprétation dans
la pragmatique conversationnelle. Les notions de contraintes
intra- et inter-interventionts) Illustrent parfaitement la
volonté de fonder une théorie du discours basée sur la notion
de bonne formation discursive, ou d'appropriété cotextuelle
(cf. Moeschler 1982. Roulet et al. 1985). Les faits de nature
contextuelle ont toujours été, implicitement, réduits â des
ensembles d'indications spatio-temporelles non descriptlblés
d'un point de vue linguistique. De même, la notion de loi de
discours intervient, dans la description du sens des énoncés.
comme la dernière étape après les indications de nature
conventionnel le.

La pragmatique de la pertinence, quant à elle, envisage


la notion de contexte comme constitutivement liée au processus
d'interprétation des énoncés. Le contexte intervient pour tout
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énonce a traiter. Ceci tl*»nt au format mémo du picrcssiis
interprétatif, qui est décrit en termes des Implications
contextuelles (synthétiques et non triviales^ produites par
l'union d'une proposition et d'un contexte. Comme il s'agit
d'un processus infèrentiel, le contexte est constitué par un
ensemble de propositions (par exemple, (si P alors Q, si Q alors
R} peut être un contexte pour l'Interprétation de (P)>. De plus,
â chaque énoncé n'est pas associé un contexte particulier, mais
un ensemble de contextes. parmi lesquels le principe de
pertlnence permet de choisir le plus accessible. La notion de
contexte est donc envisagée comme une variable, et non une
constante.

Ces différences, fondamentales, devraient laisser prévoir


une incompatibilité entre l'approche conversationnelle et
l'approche de la pertinence. Ce que J'aimerais montrer, c'est
au contraire qu'il est possible d'envisager une pragmatigue
conversationnel le d'orientation descript ivi ste. procédurale .
cogni t ive et contextuel le. De plus, cela implique que les objets
principaux qui nous ont occupés - structure de la conversation,
rôle des connecteurs pragmatiques, rôle de l'implicite, règles
d'enchaînement et d'Interprétation. complétudes Interactive
et interactIonnel1e, etc. - seront encore des objets pertinents,
mais qu'ils recevront un éclairage tout différent. et un
traitement plus simple.

5. Discours et information

Le premier point â indiquer est donc en quoi la notion


d'information, et a fortiori celle de pertinence, peut intervenir
dans le traitement des faits de discours. Je vois essentiellement
deux ancrages â l'idée d'information. La première est liée aux
faits de mise en séquence des énoncés dans le discours, le
deuxième faisant référence a 1'interprétation des énoncés.

<i> Dans le troisième chapitre de Roulet et al. (1985). A.


Auchlln et moi-même avions envisagé un principe général d'analyse
séquentielle du discours, appelé principe de traitement linéaire
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de l'Information conversationnelle (PTLIO. Le PTLIC dit en
substance que pour toute occurrence d'un nouveau constituant
minimal. il faut chercher s'il satisfait les contraintes
conversationnelles et répéter l'opération jusqu'à ce que
l'ensemble des contraintes le soient: les informations dont
il s'agit sont d'ordre thématique, proposltionnel. i1locutoi re
et argumentât 1f. Partis de la prééminence des faits argumentâtifs
(cf. le rôle du principe de non-contradiction argumentâtive
pour la complétude Interactive, et celui de la coortentation
argumentâtive des interventions pour la complétude
interactionnelle). nous nous sommes récemment orientés vers
l'aspect strictement informatlf des relations entre constituants
(cf. les travaux d'A. Auchlin sur le rôle des relations d'"â
propos" thématique pour l'interprétation pragmatique - Auchlin
1986a et 1986b - et mes analyses de parce que comme marque de
renforcement de la pertinence d'une activité - Moeschler 1987b).

(ii) AU niveau strictement interprétatlf. Je prendrai le cas


des connecteurs pragmatiques, et plus particulièrement celui
de quand même. Les descriptions que N. de Spengler et moi-même
en avions données (cf. Moeschler & de Spengler 1981 et 1982)
visaient en fait à "Informâtlviser" le fonctionnement de ce
connecteur. En opposant ainsi d'un côté mais - emploi
argumentatif - a pourtant et quand même - emplois logiques -
il s'agissait d'opposer deux modes de présentation de
l'implicite: l'un directement lié aux conclusions argumentatives
(mals>. l'autre lié aux relations entre les contenus sémantiques
ou propositionnels présentés par le connecteur (quand même.
pourtant). Cette distinction me semble pouvoir s'expliquer
aisément dans le cadre de la pragmatique de la pertinence: dans
les cas de pourtant et de quand même. l'infèrence porte sur
l'existence d'une relation de contradiction entre le contenu
impliqué et l'assertion du contenu contradictoire: dans le cas
de mats, l'infèrence donne lieu a un contenu dont seul l'accès
au contexte permet la mise en relation contradictoire.

Ceci dit. j'aimerais maintenant commenter avec plus de


détail les emplois suivants de quand même, qui posent des
problème importants dans la perspective argumentâtive:
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<1> Il fait quand même sacrement beau!


<2> Paul est quand môme un imbécile!

L'analyse argumentative oblige à faire intervenir un contenu


implicite impliquant une conclusion contradictoire â (1) et
à (2), par exemple:

(l"> "On a annoncé du mauvais temps" > "il ne fait pas beau".

<2'> "Paul sait garder les secrets" > "ce n'est pas un Imbé-
cile".

On perçoit immédiatement le caractère artificiel de l'analyse:


dans les deux cas. il faut définir un contexte très spécifique
pour retrouver une cohérence dans les relations entre les
contenus- De plus, cette cohérence se fait via l'opposition,
résolue, de deux propositions contradictoires. Dans l'absolu,
rien ne nous interdit d'envisager de tels contextes spécifiques
pour l'emploi de ces énoncés, et de supposer qu'il y a bien
quelque chose comme une opposition et une résolution d'opposition
à l'intérieur de ces relations. Mais quelle que soit l'adéquation
descriptive de ces propositions, 11 n'en reste pas moins qu'elles
ne pourront pas expliquer pourquoi le locuteur pose une telle
relation de contradiction, et pourquoi il revient à quand même,
et non â pourtant par er.eraple. de la communiquer.

il me semblé que le problême peut recevoir une explica-


tion dans le cadre de la pragmatique de la pertinence. Que nous
dit cette théorie â propos de 1'acte de communication? Tout
d'abord, que tout acte de communication véhicule une garant i e
de pertinence optimale. et cela en vertu du principe de
pert lnence. Elle nous dit aussi que tout acte de communication
vise fondamentalement à modifier l'environnement coonltlf. â
savoir contribuer soit â l'adjonction, soit â la suppression
d'assompt i ons. Elle nous dit enfin que le degré de pertinence
d'un énoncé se mesure en termes d'efforts et d'gffets: les
efforts concernent le traitement cognitif nécessaire a
l'interprétation, les effets l'adjonction ou la suppression
d'assomptions produite par l'union de l'énoncé â Interprêter
et du contexte, ainsi que la modification de la force des
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assoraptions. Dans les cas de <1) et (2). l'Interlocuteur va


donc, dans le processus interprétatif, présumer la pertinence
optimale de cet énoncé. Cette pertinence étant fonction de
l'équilibrage effort-effet. 11 va devoir accéder a un contexte
optimalisant la pertinence. Imaginons maintenant les deux
contextes suivants, pouvant servir de base A l'interprétation
de (1) - on laissera le lecteur s'amuser à reconstruire les
contextes possibles pour (2>:

<3> a. Si la météo annonce du mauvais temps, alors 11 fera


mauvais,
b. La météo a annoncé du mauvais temps.

(4) a. Si la météo annonce du beau temps, alors 11 fera mauvais,


b. La météo a annoncé du beau temps.

Par rapport à <3> et â*<4). on dira que (l) est plus pertinent
dans le contexte <3>. car l'adjonction à (3) de la proposition
"il fait beau" pose â la fois une relation de contradiction
(celle que signale quand même) et implique contextuellement
(5):

<5> La météo s'est trompée.

Dans le contexte U ) par contre, la relation de contradiction


ne semble plus concerner les prédictions de la météo, mais plutôt
ce qu'en tire le locuteur et la situation effective. Et une
implication du type <6) sanctionne-t-elle vraiment la pertinence
de 1'énoncé?

<6) Je me suis trompé dans mes prédictions.

Mais rien ne nous interdit d'avoir un contexte opposé â <4>.


du type (7):

<7> a. Si la metéo annonce du mauvais temps, alors 11 fera


beau.
b. Laraètéoa annoncé du mauvais temps.
c. Il fera probablement beau.
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Dans ce contexte, la proposion "il fait beau" est fortement


pertinente, dans la mesure où elle ajoute à la force avec
laquelle 1'assomption contextuelle <7a> est entretenue. Mais
ce qui parait bizarre, c'est que (l), fortement pertinent dans
le contexte (7). semble se passer d'indication concernant
l'opposition et la résolution de la contradiction (en fait,
celle-ci apparaît dans 1'assomption contextuelle <7a)>. De plus,
sa pertinence est liée â la confirmation d'une des assomptlons
contextuelles. à savoir (7a>, qui. associée â (7b) permet
d'ajouter au contexte la proposition (7c), entraînant par la
suite des implications contextuelles comme (Sa) et <8b>:

(S) a. La météo s'est a nouveau trompée.


b. J'avais raison.

On pourrait multiplier les contextes, mais tous nous mèneraient


aux conclusions suivantes:

(1) 11 existe un grand nombre de contextes rendant (l) perti-


nent;

(ii) Tous les contextes ne font pas intervenir l'idée d'opposi-


tion et de résolution de contradiction. Cela implique que
l'adéquation descriptive n'est pas atteinte par la descrip-
tion discursive.

Ces conclusions peuvent néanmoins recevoir une objection majeure,


prévue Justement par la pragmatique intégrée, qui concerne la
possibilité d'enchaîner sur 1'énonclation. On pourrait très
bien dire que ce â quoi s'oppose <l). c'est a une loi (loi de
discours ou norme sociale) du type (9):

(9) Ce qui fait l'objet d'une évidence n'a pas â être mentionné.

Le locuteur de (1) violerait donc cette loi. et le rôle de quand


même serait Justement de souligner cette violation â travers
une opposition et sa résolution. Mais ceci n'est pas réellement
une objection. Rien ne nous empêche en effet d'envisager un
contexte du type (10). dont les contenus renvoient â l'acte
d'enonclation:
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< 10) Si un état de chose est évident, alors il n'est pas néces-
saire de communiquer son existence.

Dans ce cadre-la. le beau temps étant une évidence, il n'y a


pas lieu de le mentionner, et comme c'est Justement ce que fait
le locuteur, il utilise la marque quand même qui lui permet
de résoudre la contradiction. Ceci dit. ce traitement et celui
suggéré en <9> renvoient au tout premier que J'ai donné (cf.
(1") et (3)>. et comme le contexte (?) constitue un contre-
exemple â ces descriptions, le raisonnement en terme de loi
de discours et de contexte méta-énonciatif est caduc et doit
donc être abandonné.

6. Analyse procédurale de la conversation

Une perspective procédurale est-elle compatible avec la


pragmatique conversationnelle? Dans sa version standard. ou
modèle statique. la pragmatique conversât 1onnnelle n'est pas
procédurale: le système de règles sous-Jacent â la production
des structures ne correspond en effet â aucun processus de
production des énonclations. Est-elle alors, dans sa version
dynamique, compatible avec une approche procédurale? Mais que
faut i 1 entendre par approche procédurale de la conversation?
Une telle approche devrait remplir les conditions suivantes:

(1> faire des prédictions sur la suite du discours, â la fois


au niveau de son contenu et au niveau de sa structure;

(li> être capable d'expliquer les modifications de sens du dis-


cours par l'occurrence d'un nouvel énoncé;

(iii)traiter les informations conversationnelles de façon li


néaire. de gauche à droite.

Un bon candidat semble être 1'analyse stratégique, telle qu'elle


a été développée dans Roulet et al. (1985. chapitre 3>.
cependant, certaines propriétés de ce modèle semblent poser
des problèmes. D'une part, le traitement linéaire des
Informations conversationnelles est uniquement fonction de la
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relation d'imposition/satisfaction des contraintes


d'enchaînement. D'autre part, les mécanismes interprétatifs
sont envisagés en termes de contraintes conventionnelles
(instructions) et/ou conversationnelles (lois de discours),
et ne donnent pas un statut clair â la notion de pertinence.
Reprenons chacun de ces deux points.

(a) Telle qu'elle est formulée, l'analyse stratégique est une


analyse de la cohérence. La notion centrale, sous-Jacente, est
celle de complétude. Celle-ci est déterminée par la satisfaction
intégrale des contraintes d'enchaînement. SI les trois conditions
sur l'approche procédurale semblent satisfaites (les notions
de programmation. d'Intégration et de principe de traitement
linéaire de l'information conversationnelle correspondent en
effet a chacune des conditions). le traitement dont il est
question est loin d'être un traitement au sens computationnel
du terme. Aucun calcul n'est en effet possible, aucune procédure
de calcul envisagée, si ce n'est l'indication générale d'un
format stratégique a remplir.

(b) Le deuxième problème de l'analyse stratégique est lié â


la place de 1'Interprétation dans le processus d'organisation
conversationnelle. AUX stratégies interactives et
interactionnelles «liées respectivement â la complétude
Interactive et à la complétude interact1onnel 1e>. s'opposent
les stratégies interprétatives. Celles-ci ont pour condition
de déclenchement l'existence d'une stratégie Interactive. Le
problème de l'interprétation est donc subordonné a l'existence
d'une relation discursive, ce fait est motivé de la manière
suivante: les interprétations sont déclenchées soit de manière
conventionnelle (par la présence de marques pragmatiques du
type connecteur argumentât 1f. opérateur argumentât 1f. marqueur
de structuration de la conversation). soit de manière
conversationnelle (via une loi de discours a la Grlce). Cette
stratégie de description est donc tout a fait traditionnelle,
dans la mesure où elle subordonne le traitement pragmatique
au traitement sémantique. De plus. l'interprétation dont 11
est question est en fait une Indication du statut fonctionnel
vs. Interprétatif du constituant discursif: la machinerie, très
complexe, aboutit â des résultats souvent triviaux du point
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de vue interprétatif, car les interprétations concernent le


statut fonctionnel des énoncés. Dernier point enfin. la
pertinence y est vue comme une propriété discursive, et non
commuuicative: un énoncé pertinent est celui qui s'est vu ratifié
par un énoncé de l'interlocuteur, ici aussi. la perspective
semble trop étroite, ou tout au moins réductionniste. Pourquoi
recourir à la notion de pertinence pour la limiter à ces
conditions d'emploi conversationnelles?

Pour résumer. Je dirai que l'analyse stratégique:

ti> ne peut satisfaire les conditions d'une approche computa-


tionnelle. bien qu'elle satisfasse les conditions d'une
approche procédurale:

M i ) ne peut satisfaire les conditions d'une approche i nterpré-


tat ive. puisque $es sorties sont d'ordre fonctionnel vs.
Informationnel.

Ce constat négatif ne doit cependant pas être interprété


comme un enterrement de première classe. Le développement qu'a
constitué le modèle stratégique doit être regardé comme
l'extension maximale d'une approche ascriptiviste.
structuraliste. discursive et cotextuelle appliquée à la
conversation, sa complexité et la difficulté de sa manipulation
tiennent aux trop grandes contraintes liées aux théories
pragmatiques dont elle est issue.

Pour envisager une approche procédurale de la conversa-


tion qui supplée aux carences de l'analyse stratégique, il me
semble nécessaire de changer de cap. et de s'engager dans la
direction d'une approche descriot iviste. cognitIve.
i nterprêtâtive et contextuel 1e de la conversation. Je crois
à cet égard que la pragmatique de la pertinence peut nous donner
un cadre général satisfaisant. De plus, il n'est pas exclu
ce qui serait spectaculaire - que certains principes de> In
pragmatique conversationnelle soient conservés (par oxempln
la valeur heuristique du modèle hiérarchique et fonctionnel,
le rôle prédominant, des connecteurs pragmatiques et des marqueurs
de structuration de la conversation pour l'interprétation, la
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notlon de complétude).

7. Eléments pour une approche coonltlve et contextuelle de la


conversation

Une approche cognitlve et contextuelle de la conversation


devra satisfaire certaines conditions:

<iJ elle devra donner une place centrale a la notion de pertl-


nence:

<li> elle devra faire intervenir les notions de contexte et


d'implication contextuelle pour l'interprétation des cons-
tituants conversationnels;

(iii)elle devra reformuler les problèmes de cohérence en termes


interprétati fs:

(tvï elle devra faire des prédictions sur la nature des relations
entre faits interprétatifs et faits d'organisation discur-
sive.

Prenons chacun de ces points l'un après l'autre.

(i> L'insertion de la problématique de la pertinence dans


l'analyse du discours conversationnel va modifier sensiblement
d'une part les observables, mais également les questions sous-
jacentes au traitement de ces observables. Au niveau des
observables, la question "qu'a fait L en énonçant E?" va faire
place à "ciu'a communiqué L à l'aide de E?". En bref, l'observable
ne sera pas un produit (un sens» mais un processus ( Infèrentlel>.
De façon corollaire, la question de la nature cohérente de
l'enchaînement sera remplacée par celle du degré de pertinence
de l'énoncé relativement aux contextes accessibles par
l'Interprétant, le contexte pouvant, mais ne devant pas. être
composé «les propositions tirées de 1 ' Interprétât ion des énoncés
précédents.

L"ex»?mple des connecteurs pragmat tques me semble être un


bon exemple de ce renversement. Plutôt que d'y voir des marques
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de la cohérence, de la non contradiction, etc.. les connecteurs
peuvent être envisagés comme des marques instructlonnelles de
oert inence. facilitant le traitement cognitlf <1'effort> et
orientant la recherche des implications contextuelles (1'effet>.
si donc on conserve l'idée que les connecteurs pragmatiques
sont des marques Instructionnelles. leur fonction principale
est de permettre l'accès à des contextes particuliers
optimalisant la pertinence des énoncés connectés. Par exemple,
pour reprendre un exemple fameux de Ducrot. <11> sera plus
pertinent dans le contexte <12> que dans le contexte <13>. car
il donnera lieu aux implications <ii). plus informatises que
( 15> :

M l ) Il fait beau, mais je suis fatigué.

>12' a. Quand 11 fait beau, je sors.


b. Quand Je suis fatigué. Je me repose.
c. J'ai envie de 1 ire.
d. Si l'on se repose, on peut lire.

» U ) a. S'il fait beau, Je suis content.


b. Si Je suis fatigué. Je suis de mauvaise humeur.

ilU) a. Je vais me reposer plutôt que sortir,


b. Je vais pouvoir lire.

<15> Je suis de mauvaise humeur et je ne suis pas content.

<ii> La notion de contexte ne va pas simplement Intervenir pour


1 'interprétât ion des connecteurs pragmatiques, mais également
Pour 1 'interprétation des constituants conversationnels. la
stratégie sera la suivante: â chaque énoncé est associé un
ensemble de contextes possibles parmi lesquels le principe de
pertinence sélectionne celui qui optimalise la pertinence de
l'énoncé. On peut se demander, â ce stade, si la notion de
contexte ne pourrait pas s'assimiler a celle de cotexte. La
réponse est complexe, et loin d'être évidente, A strictement
parler, il exisiu une différence de nature importante entre
contexte et COtoxte. Le contexte est une notion proposltlonnelIe,
alors que le cotexte est une notion discursive. si donc
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comparaison 11 y a. encore faut-il prévoir une procédure de


traduction des informations conversationnelles en Informations
propositlonnelles. En second lieu, l'interprétation des énoncés
fait nécessairement Intervenir des adjonctions d'informations.
Mais d'un autre côté, on peut faire l'hypothèse qu'une grande
partie des informations pertinentes pour l'interprétation des
énoncés sont justement celles qui ont fait l'objet d'un acte
de communication. Un des buts de la description conversationnelle
serait donc de décrire les stratégies de création de contextes
en termes conversationnels. Je pense à cet égard que les cas
de parce que en reprise dlaloglque constituent un bon exemple
de ce type de phénomène (cf. Moeschler 1986c et 1987b). Ce qui
est en Jeu dans ces exemples, c'est l'Indication rétroactive
- a l'aide d'une Justification énonclatlve introduite par parce
que • de la pertinence d'un acte de communication antérieur,
pertinence dans un premier temps garantie par le principe du
même nom, et qui se volt confirmée par le constituant introduit
par parce que. Dans ce genre de séquences, le contexte
d'Interprétation est donc enrichi ultérleusement.

<iii>La troisième condition nous impose de repenser les faits


de cohérence en termes de pertinence. Cela signifie notamment
l'abandon de notions comme approprlèté cotextuelle. et même
contrainte d'enchaînement. Prenons ce dernier cas, et voyons
si nous pouvons reformuler. en termes de pertinence, la
problématique des contraintes d'enchaînement. Celle-ci, Je le
rappelle, avait pour but de classer différents types d'énoncés
réactifs, relativement au degré de satisfaction des contraintes
thématique, de contenu propositionnel. illocutoire, d'orientation
argumentât Ive. Soient les exemples suivants, où la satisfaction
des contraintes augmente au fur et a mesure des énoncés de B;

il6> A: Quelle heure est-Il?


Bl: Vous n'avez pas de montre?
B2: Je ne sais pas.
B3: Est ce qu'il n'est pas déjà midi?
B4: Il est midi.

Ce qui est frappant, dans la perspective de la théorie de la


pertinence, c'est que l'Interprétation de chacune de ces réponses
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va contenir des informations pertinentes pour la suite de la


conversation, ce que ne fait pas une approche centrée sur la
cohérence. En effet, celle-ci nous dit simplement si l'énoncé
réactif est ou n'est p a s une réponse satisfaisante. Par contre,
la vertu prédictive du traitement en termes de pertinence
s'explique par le caractère comparatif de cette notion, par
opposition â l'aspect graduel de la s a t i s f a c t i o n d e s contraintes
d'enchaînement.

Q u e n o u s dit en effet la t h é o r i e d e la p e r t i n e n c e ? Imaginons


le c o n t e x t e suivant, permettant â B l'interprétation de l'énoncé
de A :

<17> a. A n e sait p a s q u e l l e h e u r e 11 e s t .
b. A d é s i r e savoir l'heure qu'il est.

Dans un tel contexte, les é n o n c é s B3 et BA sont pertinents pour


A. car ils lui permettent de procéder â un calcul inférentlel.
et notamment de tirer la conclusion < 18) â partir du contexte
( 17a - c > :

(17> c. A a un r e n d e z - v o u s a m i d i .

<18> Je d o i s m e d é p ê c h e r pour a r r i v e r â l'heure a u r e n d e z - v o u s .

L'effet de Bl est de renvoyer au contexte < I7a-b). et de court-


circuiter le processus interprétatif. Mais cela ne signifie
pas que Bl soit non pertinent. En effet, Bl est tout â fait
pertinent dans un contexte «pour A) plus large constitué par
l'ajout à <17) des prémisses Impliquées (19>:

i 19) a. Si on demande l'heure â quelqu'un, alors on n'a pas


d e m o y e n de s e la p r o c u r e r par s o i - m ê m e ,
b. Se procurer cette information est un moyen d'agir sur
les é v é n e m e n t s .

Ce que fait Bl. c'est interroger (19a), donc vérifier une dus
propositions du contexte <a savoir <17a>>. Le caractère
surprenant de cette Intervention tient Justement en ce qu'elle
fait Intervenir un type d'activité de contrôle qui n'est pas
- 81 -
nécessaire dans la communication quotidienne. contrôle qui
explique bien la nature des suites conversationnelles â cette
réponse.

Quant â B2. on constate qu'il est tout aussi pertinent


que B3 ou Bà: l'Implication contextuelle évidente peut être
formulée en < 20):

(20) A doit demander â quelqu'un d'autre.

On voit donc apparaître une différence Importante entre l'analyse


en termes de cohérence et celle en termes de pertinence. Dans
le deuxième cas. B2 est tout aussi pertinent que B3 ou B4, même
s'il ne satisfait pas toutes les attentes de A (â savoir obtenir
une information exacte). Par contre, dans l'analyse en termes
de contraintes. l'énoncé B2 sera dit moins satisfaisant
(Inapproprié propos!tionnellement). car l'Information demandée
n'est pas octroyée.

(Iv) Dernière condition: poser une relation entre faits


interprétatifs et faits structurels. Je ne développerai pas
ce point-la, étant donné qu'il a fait l'objet de quelques
propositions â propos de l'analyse d'un texte de Stendhal 'cf.
Moeschler S Reboul 1987).

8. complétude et pertinence

Le dernier point que J'aimerais aborder concerne la notion


de complétude, telle qu'elle a été envisagée dans le modèle
genevois «cf. notamment Roulet et al. 1985. chap.l). La notion
de complétude a été Introduite pour décrire le caractère complet
des constituants complexes. l.e. l'intervention (plus grand
constituant monologique) et l'échange (plus petit constituant
dlalogique). La complétude de l'échange est désignée par
l'expression complétude interactlonnelle. et celle de l'Inter-
vention par l'expression complétude Interactive, qui reçoivent
respectivement les définitions suivantes ribld.. 15 et 16):

(21) "Nous qualifierons de complétude lnteract1onnelle la satis-


faction de cette contrainte du double accord qui autorise
- 82 -

la clôture d'une négociation (et. par conséquent, de l'é-


change qui la constitue)**.

<22> "Le terme de complétude interactive caractérise précisément


cette propriété d'une initiative, d'une réaction ou d'un
contre d'être suffisamment "complet" de ces deux points
de vue (être clair et justifié) pour permettre à l'interlo-
cuteur de prendre position et autoriser ainsi la poursuite
linéaire de la négociation".

Définies ci-dessus en termes interactionnels et argumentât 1fs.


les notions de complètudes interactlonnelle et interactive me
semblent pouvoir également recevoir un statut cognitlf. Prenons
tout d'abord le cas de la complétude interactive, puis nous
aborderons celui de la complétude interactlonnelle.

(1) si l'expansion d'une Intervention peut fort bien être moti-


vée par la recherche de clarté ou même d'arguments. Il appa-
raît qu'une autre motivation, tout aussi importante de l'expan-
sion d'une intervention, est liée au principe de pertinence.
Celui-ci postule en effet la garantie de pertinence optimale
associée a tout acte de communication. Si tout acte de
communication, et donc a fortiori un acte directeur d'une Inter-
vention constitutive d'échange, se voit complété, c'est qu'il
constitue un indice de faible pertinence, ou tout au moins
l'indication du risque d'une Interprétation comme faiblement
pertinente. Un exemple particulièrement frappant de ce phénomène
(à mon avis non traltable en termes simplement lnteractionnels
ou argumentâtlf s) est réalisé par les cas de Justification
énonciative en parce que <cf. Moeschler 1986c. et 1987b. exemple
<2>). Une tentative de définition de la complétude Interactive
en termes cognitlfs pourrait donc être la suivante:

(23) La complétude Interactive est atteinte lorsque toutes les


informations pertinentes pour l'interprétation ont été
données ou sont accessibles. Lorsque l'effort cognitlf
requis est trop grand, ou les effets cognitlfs trop faibles,
il y a expansion de l'intervention, soit sollicitée par
l'interlocuteur, soit anticipée par le locuteur.
- 83 -
Les cas d'anticipation correspondent par exemple aux
enchaînements â l'aide de parce gue et les expansions sollicitées
aux cas de relance par l'interlocuteur â l'aide d'une question
du type pourquoi?.

(11> Le cas de la complétude interactionnelle semble a priori


plus difficilement traitable dans un cadre cognitif. Ceci dit.
plutôt que de voir, comme Je l'ai fait personnellement 'cf.
Moeschler 1982 et 1985). la contrainte du double accord comme
fondamentale pour la complétude interactionnelle. Je propose
de l'envisager en terme de ce qui est mutuellement manifeste
pour le locuteur et l'interlocuteur (cf. Sperber & Wilson 1986
pour la notion de mutuallv manifesta. Cette perspective a un
avantage considérable. Dans la définition traditionnelle. la
contrainte du double accord ne peut être envisagée que comme
une condition suffisante. Jamais comme une condition nécessaire,
puisque nombre d'échanges se terminent sur un désaccord. Par
contre, dans cette nouvelle optique, on dira que le double accord
est une condition nécessaire et suffisante, puisque ce qui est
manifeste pour les Interlocuteurs, c'est leur accord sur un
objet de discours et donc leur accord sur la clôture de
l'échange. En cas de désaccord, l'échange sera augmenté non
pas Jusqu'à l'obtention du double accord (celui-ci n'étant Jamais
une condition nécessaire â la clôture», mais Jusqu'au moment
où il sera mutuellement manifeste que toutes les informations
pertinentes ont été échangées. En bref, ce que traduit la clôture
d'un échange n'est plus un accord ou un desaccord, mais plutôt
le fait que le stock des informations pertinentes pour contrer
ou argumenter est épuisé. Encore une fois. le double accord
qui peut résulter a la suite d'une polémique n'est pas une
condition suffisante, mais l'effet d'une contrainte cognitive
fondamentale sur la communication, a savoir le fait que les
informations pertinentes soient mutuellement manifestes aux
partenaires de la communication. La complétude interactionnelle
peut donc se reformuler de la façon suivante:

(2i> La complétude interactionnel1e est atteinte lorsque toutes


les informations pertinentes pour l'Interprétation ont
été échangées. c'est â dire mutuellement communiquées.
Lorsque des informations ne sont pas mutuellement mani-
- 84 -
festes. il peut y avoir expansion de l'échange.

9. conclusion

Certaines propositions de cet article auront semblé ra-


pides et peu ou pas assez argumentées. En fait, le but du pré-
sent travail n'était pas de traduire l'ensemble des résultats
de la pragmatique intégrée et de la pragmatique conversation-
nelle en termes de la pragmatique de la pertinence. 11 s'agis-
sait simplement de montrer que malgré les oppositions de do-
maines, de disciplines, d'épistémologies apparemment radicales,
il est possible de trouver des analogues en termes cognltifs
des principaux résultats des théoriques pragmatiques stricte-
ment linguistiques. L'avantage de cette procédure apparaît
immédiatement. Plutôt que de chercher des explications sophisti-
quées et coûteuses du points de vue de leurs généralisations,
ne serait-il pas plus Judicieux d'envisager des explications
simples et économiques dans le cadre d'une théorie générale
de la communication?

HOTES
<1> Je ne tenterai pas une synthèse de l'approche pragmatique
cognltive de Sperber et Wilson. Je renvoie à A. Reboul (ici-
même) pour une présentation générale de leur modèle.

(2) Cf. paragraphe 8 pour une redéfinition de la notion de


complétude en termes cognltifs.

(3) Et plus particulièrement dans le cadre théorique esquissé


par J. Fodor dans Fodor <1986).

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