Dignitatis Humanae Sur La Liberté Religieuse
Dignitatis Humanae Sur La Liberté Religieuse
Dignitatis Humanae Sur La Liberté Religieuse
Avec le siècle des Lumières, l’homme tend à sortir de la tutelle des valeurs
traditionnelles (la religion, la morale…) et à s’autodéterminer. Seulement, cette émancipation
tend parfois à assujettir ces valeurs ou pire à les annihiler. C’est dans l’optique de préserver
l’intégrité de sa doctrine et de ses pratiques que l’Eglise va prôner avec zèle le droit à la
liberté religieuse dans le respect de la dignité de la personne humaine.
Face aux phénomènes de « laïcité de l’Etat » et de « pluralité des religions » dont elle
est le témoin, l’Eglise invite les pouvoirs civils non seulement à sauvegarder le libre choix et
l’exercice responsable de la religion de tout homme, mais aussi à redécouvrir la nature des
rapports entre l’Etat et la religion. Ainsi quels sont les raisons de la rédaction de cette
déclaration ? Qu’entend-t-on par liberté religieuse ? Quelles sont ses limites ? Existe-t-il des
difficultés à son application ? Voilà autant de questions auxquelles nous voulons apporter des
réponses à la suite de notre travail au moyen d’un plan tripartite. D’abord les considérations
générales autour de la notion de liberté religieuse ; ensuite les droits et les devoirs qu’exige la
liberté religieuse, ainsi que les difficultés liées à son application ; et enfin, l’étude concrète de
la liberté religieuse dans le cadre des relations entre le Vatican et le Cameroun.
1. Contexte historique
Bien que le droit à la liberté religieuse ait été fortement soutenu par le Concile Vatican
II dans la seconde moitié du XXe siècle, il est important de savoir que son plaidoyer remonte à
bien plus longtemps. En effet, du temps des persécutions (du I er au IVe siècle), l’Eglise qui
joignait l’empire romain au même moment que le judaïsme a farouchement été marginalisée :
sa doctrine était refoulée dans l’empire romain qui adorait les divinités païennes, les chrétiens
étaient considérés comme des étrangers, et son expansion était surtout redoutée par tous les
empereurs. Nombreux sont les « christophores » qui perdirent la vie lors de ces atrocités, mais
un seul retient particulièrement notre attention. Il s’agit de Tertullien.
Considéré comme le plus grand apologiste de son époque (II e – IIIe), il fut le premier
en sa qualité de juriste à plaider pour la liberté religieuse et à réclamer pour le christianisme le
même statut que le judaïsme dans l’empire. Face au refus que lui opposera les dirigeants de
l’empire, il ira même jusqu’à demander aux chrétiens de ne pas craindre la torture et au
besoin, de l’affronter avec foi et dignité. C’est partant de là que nous gardons en mémoire sa
célèbre maxime : « le sang des martyrs est semence des chrétiens. »1 Cette quête sera
soutenue par d’autres figures emblématiques du christianisme (Ignace d’Antioche, Irénée de
Lyon, Polycarpe de Smyrne, Cyprien de Carthage…) et sera finalement concédée en 313 avec
l’ « édit de la paix religieuse » promulgué par l’empereur Constantin, qui met non seulement
fin aux persécutions du christianisme, mais aussi la reconnaît comme une religion légale,
licite et de fait, ne subira plus aucune persécution de la part de l’Etat qui en est le protecteur
dorénavant. C’est à partir de ce moment que le droit à la liberté religieuse entre effectivement
en vigueur, donnant libre choix au citoyen quant à la pratique de sa religion.2
Les conditions de vie de l’Eglise s’améliorant, cette question sera perdue de vue (le
christianisme étant considéré comme la religion d’Etat dans la plupart des pays européens)
jusqu’à l’avènement de la Révolution française en 1789 et la naissance de l’Etat laïc en 1848,
où il faudra repréciser la nature des rapports entre l’Eglise et l’Etat. Mais son adoption n’a pas
toujours fait l’unanimité chez les Pères conciliaires, craignant qu’elle conduise au relativisme.
Il fallut quatre sessions au Concile Vatican II (de 1962 à 1965) avant qu’elle soit acceptée par
vote (2208 voix contre 70, le 07 décembre 1965) et promulguée sous la forme d’une
déclaration connue sous le nom de « Dignitatis Humanae ».3 Nul doute que la liberté
religieuse a connu un véritable périple historique. Mais comment la comprendre ? Quel est
son contenu ?
Le vocable « liberté religieuse » est une association de deux mots notamment liberté et
religion. La liberté peut se définir comme l’état d’une personne ou d’un peuple qui ne subit
1
Tertullien, Apologétique, 50, 1.
2
Messina J. P., Cours d’histoire de l’Eglise, 1ère année de théologie, 2017/2018, Inédit.
3
Dignitatis Humanae, in www.Wikipedia.org.
pas de contraintes, de soumissions, de servitudes exercées par une autre personne, par un
pouvoir tyrannique ou par une puissance étrangère. C’est l’autonomie et la spontanéité d’une
personne douée de raison « à pouvoir agir ou ne pas agir ».4 La liberté peut également être
perçue comme « le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d’agir ou de ne pas agir, de
faire ceci ou cela, de poser ainsi par soi-même des actions délibérées. »5 Quant à la religion,
elle se conçoit comme « le fait de s’occuper d’une nature supérieure que l’on appelle divine
et de lui rendre un culte »6 C’est l’ensemble des croyances relatives à un ordre surnaturel ou
supra-naturel, des règles de vie, éventuellement des pratiques rituelles, propre à une
communauté déterminée et constituant une institution sociale plus ou moins fortement
organisée. Elle est « la vertu par laquelle l’homme rend à Dieu le culte et l’hommage qui lui
sont dus dans un esprit de soumission et de révérence profonde. »7
Mis ensemble, la liberté religieuse « consiste en ce que tous les hommes doivent être
soustraits à toute contrainte de la part soit des individus, soit des groupes sociaux et de
quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé
d’agir contre sa conscience, ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en
privé comme en public, seul ou associé à d’autres. »8 Elle confère donc à toute personne la
possibilité d’adopter la religion de son choix et de l’exprimer librement dans l’espace public
ou privé. Cependant, sur quoi s’appuie-t-elle pour réclamer et prôner avec ardeur cette
disposition ?
3. Fondement et objet de la liberté religieuse
A proprement parler, l’Ecriture Sainte ne fait pas mention du droit à l’immunité contre
toute contrainte ou pression extérieure en matière de religion. C’est sur la base de la « dignité
de la personne humaine », droit inviolable de l’homme, que le droit à la liberté religieuse est
posé, ce qui le rend aussi inaliénable. Le Pape Jean XXIII disait à ce propos : « le droit à la
liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine. »9 Par
ailleurs, reconnaître que la liberté religieuse prend appui sur la dignité de la personne
humaine, c’est admettre qu’elle est d’inspiration divine. Ne dit-on pas communément que
« Dieu nous a créés libres ? » Bien qu’il désire faire participer l’homme à sa vie
4
Corneille, Andromède, III, 3.
5
Catéchisme de l’Eglise catholique, 1731.
6
Cicéron, De l’invention oratoire, II, 53, in Grondin J., La philosophie de la religion, Paris, PUF, 2009, p. 66.
7
Bremond H., Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. 3, Paris, Bloud et Gay, 1921, p. 346
8
Déclaration Dignitatis humanae sur la liberté religieuse, 2, 1.
9
Jean XXIII, Pacem in terris, in « Acta Apostolicae Sedis », no 55, 11 Avril 1963, p. 260.
bienheureuse,10 il désire encore plus que cet homme adhère en esprit et en vérité, en toute
conscience et en toute liberté à son dessein. Par conséquent, la réponse de foi que l’homme
adresse à Dieu ne peut et ne doit être influencée par quelques pressions que ce soit, elle doit
être strictement libre, volontaire et personnelle, puisque créé libre c’est aussi librement qui
doit suivre son propre jugement et opéré ses choix.
En outre, le droit à la liberté religieuse n’est pas une faculté subjective mais naturelle,
puisqu’il s’impose à l’homme dans la mesure où sa composition (corps et âme) fait de lui un
être religieux par essence. Puisqu’il est également un roseau pensant11 (animé de volonté
libre, de conscience et de responsabilité personnelle), il est aussi naturellement porté vers la
vérité. Et c’est attrait pour la vérité (en priorité celle de la religion) ne peut être satisfait si il
est marginalisé ou entravé. C’est pourquoi la liberté religieuse en son objet, exige d’être
reconnue dans toutes les sociétés civiles de manière à devenir un droit civil. Et l’article 9 de la
Communauté Européenne approuve et à protège ce droit. Il dit en effet : « Toute personne a
droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de
changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa
conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte,
l'enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites. »12 Suivant l’article 9 de la
Communauté Européenne, ce serait donc lutter à la fois contre Dieu et l’Etat que d’opposer
une certaine résistance à l’exercice libre et conscient de la liberté religieuse. Toutefois, s’il est
concédé le droit à la liberté religieuse pour toute personne, celui-ci doit-il s’appliquer de façon
anarchique ?
S’il est vrai que « rien de grand ne s’est fait sans passion »13 comme l’affirmait
Hegel, il est d’autant plus vrai que rien de grand ne peut se construire dans l’anarchie. Ainsi,
nous entendons montrer dans cette seconde articulation, que la mise en vigueur de la liberté
religieuse respecte une certaine déontologie aussi bien de la part du citoyen que de l’Etat, et
que comme toute œuvre humaine elle connaît des imperfections.
10
CEC, 1.
11
Pascal B., Pensées, fragments 347-348, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la pléiade », 1976, p. 1156.
12
Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, article 9, 1950.
13
Hegel G.W.F., La raison dans l’histoire, Paris, Hatier, 2007, p. 56.
Dans cette section, notre intérêt sera de montrer que le droit à la liberté religieuse
comporte une dimension personnelle et communautaire, pouvant s’appliquer aussi bien à une
personne, une famille, à un groupe religieux qu’à l’Eglise.
Le principe régulateur suprême de toute vie humaine est la loi divine. C’est par elle
que « Dieu appelle l’homme, l’aide à le chercher, à le connaître et à l’aimer de toutes ses
forces »14 C’est cette loi divine qui prédispose l’homme à rechercher sans cesse et à accéder à
l’immuable vérité qu’est Dieu. Raison pour laquelle il est un impératif pour l’homme de
rechercher librement la vérité en matière religieuse et dans le respect de la dignité de la
personne humaine, car la réponse qu’il devra donner est strictement personnelle. Puisque c’est
par sa conscience que l’homme perçoit les intuitions de la loi divine, il est capital qu’il ne soit
pas contraint à agir contre elle ou même privé d’agir selon elle ; d’où cette assertion du
Concile : « l’exercice de la religion consiste avant tout en des actes intérieurs volontaires et
libres par lesquels l’homme s’ordonne directement à Dieu : de tels actes ne peuvent être
imposés ni interdits par aucun pouvoir purement humain. »15 Ce serait donc une injure pour
l’homme et une violation de sa dignité, que de ne pas pouvoir exercer en toute liberté sa
religion dans la société qui l’abrite. Le droit à la liberté religieuse est d’autant plus complexe à
concevoir quand il s’agit des groupes religieux.
La liberté de l’Eglise est intrinsèquement liée à la personne du Christ de qui elle tient
son mandat missionnaire (Mt 28, 18-20). L’Eglise, en tant que garante du salut des hommes,
jouit de la liberté dans son action, de sorte que sa mission ne puisse être interrompue ou
empêchée par quelle que autorité que ce soit et sous aucun prétexte. « Se mettre au travers de
l’action de l’Eglise, c’est s’attaquer directement à la volonté de Dieu. »18 De fait, elle
revendique sa liberté à deux niveaux : en premier lieu comme « autorité spirituelle » instituée
par le Christ et envoyée en mission annoncer l’Evangile ; en second lieu comme « association
d’hommes » ayant droit à la vie sociale selon les préceptes de la foi chrétienne. Ainsi, la
liberté de l’Eglise est inaliénable puisque son autorité spirituelle dépasse toute autorité
temporelle et parce que, les hommes qui s’y trouvent rassemblés ont des droits au même titre
que tous les autres citoyens. C’est pourquoi, « elle reconnaît et enseigne la liberté religieuse
conforme à la dignité de l’homme et à la révélation divine reçue des apôtres. »19 Cependant,
reconnaître aux sujets de la liberté religieuse des droits, c’est également leur rappeler leurs
devoirs, les deux évoluant dans une parfaite complémentarité.
17
18
19
que la liberté religieuse exige des droits, celle-ci est par le fait même soumis à des devoirs
qu’elle devra observer scrupuleusement, et que nous nous proposons de découvrir dans cette
section.
De prime abord, il est important de rappeler que le droit à la liberté religieuse est un
droit comme tous les autres droits, et donc a la même valeur et le même degré d’application
que ceux-ci. Ainsi, les groupes religieux ne doivent en aucun cas (même pas sous le prétexte
de la liberté religieuse) mettre en péril, par leurs pratiques, les exigences de l’ordre public
donnant lieu à un tumulte social. S’il arrive qu’une activité religieuse entraîne des troubles
publics, l’Etat est en droit de la réprouver en vue de préserver l’intégrité de la nation.
Par ailleurs, les groupes religieux ne doivent pas, dans la propagation de la foi et
l’introduction des pratiques religieuses, exercer une quelconque influence sur les personnes
(persuasion malhonnête, manque de loyauté…) surtout celles analphabètes et dépourvues de
ressources, pour susciter leur adhésion. Cette pratique est monnaie courante chez les témoins
de Jéhovah, où l’on paierait les adeptes en contre partie de leur adhésion. Puisque les
communautés religieuses doivent veiller à la conservation de l’intégrité de l’Etat dans
l’exercice de leurs pratiques, quelles mesures l’Etat prend-t-il pour faciliter et encourager
l’exercice de leur droit ?
D’emblée, l’Etat est le garant des droits de tous ses citoyens. Dans ce sillage, le
pouvoir civil en tant que défenseur de bien commun, doit « veiller à reconnaitre et à favoriser
la vie religieuse de citoyens, en prônant de justes lois dans la société, la protection efficace de
la liberté religieuse de tous les citoyens et la promotion des conditions favorables à l’exercice
20
de la religion »21, de sorte qu’ils puissent exercer d’une manière effective leurs droits et
remplir leurs devoirs religieux.
Par ailleurs, l’Etat doit veiller à ce que la reconnaissance spéciale qu’elle accorde à
l’une ou l’autre communauté religieuse soit respectée par tous, promouvoir l’égalité juridique,
afin qu’il ne puisse pas y avoir des discriminations ou des querelles entre les communautés
religieuses.
D’entrée de jeu, il faut préciser que les difficultés recensées dans l’exercice libre de la
religion opposent dans la plupart des cas l’Etat et les citoyens ou les communautés religieuses,
et rarement deux citoyens ou deux communautés religieuses nécessitant l’intervention de
l’Etat. On les retrouve en milieu scolaire, en famille, en milieu professionnel.
En milieu scolaire, il arrive quelquefois que certains enfants soient soumis à des
pratiques et programmes scolaires contraires à leur conviction religieuse, ou même qu’ils
soient empêchés d’exercer librement leur confession. Les filles musulmanes sont dépourvues
du port du voile dans les institutions catholiques par exemple, les musulmans sont contraints à
assister aux prières catholiques dans leurs institutions et quelquefois même empêchés
d’effectuer leurs prières souvent en désaccord avec les horaires des cours. Pour résoudre ce
problème, il faudrait que l’on mette à la disposition des adeptes d’autres confessions une fiche
de reconnaissance et d’engagement, afin que ceux-ci ne se sentent pas offusqués dans leur
droit.
21
22
De même, certaines familles mixtes (les parents étant de confessions différentes)
n’arrivent pas à s’accorder sur l’orientation religieuse à donner aux enfants. Ou encore, il est
fréquent que l’un des conjoints prive et de façon catégorique, l’autre de l’exercice libre de sa
religion. Dans les cas échéants, la formation religieuse donnée aux enfants devra être celle du
conjoint qui est fortement enraciné dans la foi au Dieu vivant, afin que celle-ci porte du fruit
en eux ; aussi l’engagement au mariage pour les conjoints de confessions différentes, doit
accorder et par une lettre d’engagement, la possibilité à chaque partie de continuer à exercer
librement sa religion.
Le milieu professionnel n’est pas exempté non plus, puisque certains jours déclarés
officiellement fériés par l’Etat en raison des fêtes religieuses, ne sont pas pris en considération
par certaines entreprises, qui soumettent leurs employés au travail comme à un jour ouvrable,
et dont le refus serait suivi d’une sanction ipso facto. L’Etat, en des occasions pareilles doit
sauvegarder le droit du citoyen en infligeant une pénalité à ces sociétés et les inviter au
respect strict de la réglementation officielle du gouvernement sous peine de fermeture.
Par ailleurs, il arrive aussi que dans les pays possédant une religion d’Etat, notamment
dans les pays ou les régions islamiques, ceux-ci n’admettent pas d’autres religions et dans la
mesure où celles-ci parviennent à se hisser une petite brèche, elles ne jouissent aucunement de
la protection et de l’approbation de l’Etat. Ces pays laissent très peu d’ouverture ou presque
pas à la liberté religieuse pour les citoyens, les obligeant de fait à adhérer à la religion
officielle de l’Etat. C’est cette situation qu’a vécu le Cardinal Christian Tumi au Nord-
Cameroun23 et que l’on retrouve encore aujourd’hui dans les pays comme le Maroc, l’Arabie
saoudite, l’Egypte… Dans le cas présent, la communauté internationale, non sans ingérence,
doit inviter les pays concernés au respect des lois fondamentales de l’homme.
Toutefois, il est indispensable que les hommes soient formés à l’usage de la liberté, de
sorte qu’ils puissent connaître leurs droits et accomplir avec une plus grande responsabilité
leurs devoirs au sein de la société. Une telle formation a pour but d’éviter que les uns
subissent des pressions dans l’exercice libre de leur jugement personnel, et que les autres
rejettent toute soumission ou manque d’obéissance où besoin se fera sous prétexte de la
liberté religieuse. Ayant étudié le déploiement de la liberté religieuse dans une perspective
générale, nous voulons en dernier recours l’aborder de manière plus spécifique dans le cadre
des relations entre le Cameroun et le Vatican.
23
Tumi C., Les deux régimes politiques d’Ahmadou Ahidjo, de Paul Biya et Christian Tumi, prêtre, Douala,
Macacos, 2006, p. 31.
III. ACCORD-CADRE ENTRE LE VATICAN ET LE CAMEROUN
CONCLUSION
En seconde analyse, nous avons démontré que la liberté religieuse, entendue comme
l’exercice libre et volontaire de la religion de son choix est propre aux individus, aux groupes
religieux, aux familles, à l’Eglise, et exige de la part de ces derniers le respect de l’ordre
public dans la pratique de leur confession. Mais, malgré les dispositions prises pour le respect
de la liberté religieuse, il demeure toujours que celle-ci rencontre des obstacles dans sa mise
en application, que ce soit en milieu scolaire, professionnel ou familial, et requiert
l’intervention de l’Etat en tant que garant des droits des citoyens, afin de veiller à la
reconnaissance et à la protection de la liberté religieuse, et par la même occasion à l’intégrité
de son territoire.
En dernière analyse, nous avons étudié la liberté religieuse dans une perspective
concrète des rapports entre l’Eglise et L’Etat, avec la signature de l’accord-cadre entre le
Cameroun et le Saint Siège. Il découle de cet accord, la reconnaissance mutuelle des
personnes juridiques et la séparation de leurs pouvoirs respectifs, la reconnaissance des
institutions religieuses et la non-ingérence dans les affaires religieuses, la participation de
l’Eglise au développement socioculturel de l’Etat. La signature du présent accord prouve de
fait, que la coexistence pacifique entre l’Eglise et l’Etat en un territoire donné est possible, et
donc n’est plus à craindre.