Arithmétique

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Chapitre 3

Arithmétique

3.1. | Notions d’arithmétique d’un anneau intègre

• Dans toute cette section, (A, +, ×) est un anneau commutatif intègre. Le


produit a × b de deux éléments a et b de A sera aussi noté ab s’il n’y a aucune
confusion.
Définition. 3.1.1. Idéal d’un anneau commutatif intègre

On appelle idéal de (A, +, ×) toute partie I de A telle que


i) I est un sous-groupe de (A, +).
ii) ∀a ∈ A, ∀x ∈ I, ax ∈ I (propriété d’absorption).

Proposition. 3.1.1.

Une partie I de A est un idéal de (A, +, · ) si, et seulement si,


i) I 6= ∅ ;
ii) ∀(x, y) ∈ I 2 , x − y ∈ I ;
iii) ∀a ∈ A, ∀x ∈ I, ax ∈ I.

1
2 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

Proposition. 3.1.2.
Soit A0 un autre anneau. Pour tout morphisme d’anneaux f : A −→ A0 ,
ker f est un idéal de (A, +, ×).

Remarque 3.1.1 Inversement, on démontre (en utilisant la notion d’anneau


quotient), que tout idéal est le noyau d’un morphisme d’anneaux.
Remarque 3.1.2 Soit I un idéal de (A, +, ×). Alors
1. Si I contient 1A alors I = A.
2. Si I contient un inversible de A alors I = A.
3. Les seuls idéaux d’un corps (K, +, ×) sont les idéaux triviaux {0K } et K.
N.B.. On comprend ainsi que la notion d’idéal n’est intéressante que dans
les anneaux qui sont pauvres en éléments inversibles. Les idéaux sont utilisés
pour définir une arithmétique dans un anneau intègre donné.

Proposition. 3.1.3.

1. L’intersection de toute famille d’idéaux de (A, +, ×) est un idéal


de A.
2. Si I et J sont des idéaux de A alors l’ensemble

I + J := {x + y / x ∈ I et y ∈ J}

est un idéal de A. Plus généralement, la somme finie d’idéaux est


un idéal.

Exemple 3.1.1 1. L’ensemble des fonctions de RR qui s’annulent en 0 est


un idéal de (RR , +, · ).
2. A × {0A } est un idéal de l’anneau produit A × A.

Proposition. 3.1.4.
Pour tout x ∈ A, l’ensemble

xA := {xa / a ∈ A}

est un idéal de A. C’est le plus petit idéal de A contenant x. On l’appelle,


pour cela, l’idéal de A engendré par x.

Définition. 3.1.2.
i) Un idéal I de A est dit idéal principal s’il est engendré par un
élément i.e, s’il existe a ∈ A tel que I = aA.
ii) Un anneau commutatif et intègre dont tous les idéaux sont princi-
paux est dit anneau principal.
3.2. L’ANNEAU Z/N Z 3

Théorème. 3.1.1. idéaux de Z


(Z, +, · ) est un anneau principal.

Remarque 3.1.3 On verra aussi que l’anneau des polynômes K[X] à coeffi-
cients dans un corps est un anneau principal.

Définition. 3.1.3. Divisibilité dans un anneau commutatif in-


tègre
Soient x et y des éléments de A.
i) On dit que x divise y s’il existe a ∈ A tel que y = ax. On dit aussi,
que y est un multiple de x dans A.
ii) On dit que y est associé à x s’il existe a ∈ A× tel que y = ax.

Exemple 3.1.2 Pour tout x ∈ A, on a


1. 0A divise x ⇔ x = 0A ,
2. x divise 0A ,
3. 1A divise x,
4. x divise 1A ⇔ x ∈ A× .

Propriétés 3.1.1 (Relations entre divisibilité et les idéaux) Soient deux


éléments x et y de A.
1. x divise y si, et seulement si, yA ⊂ xA.
2. les assertions suivantes sont équivalentes
(a) x et y sont associés ;
(b) x divise y et y divise x ;
(c) xA = yA.
N.B. La propriété iii) Ci-dessus implique, entre autres, que les générateurs
de l’idéal I = xA sont les éléments de A associés à x.

Exercice 3.1.1 Montrer que Z[X] est un anneau intègre. Quels sont ses in-
versibles ? Est-il un anneau principal ? On pourra considérer l’idéal I = {2P +
XQ : P, Q ∈ Z[X]}.

3.2. | L’anneau Z/nZ

Dans toute cette section, n désignera un entier non nul. On rappelle que
(Zn , +) est un groupe cyclique engendré par 1. Comme pour l’addition, on peut
justifier que la congruence modulo n est aussi compatible avec la multiplication
4 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

dans Z, ce qui permet de définir une deuxième loi de composition interne sur
Z, qu’on notera aussi ×. On obtient alors aisément :

Théorème. 3.2.1. L’anneau Z/nZ

Muni de son addition et de la multiplication définie ci-dessus,


(Z/nZ, +, ×) est un anneau commutatif et fini de cardinal n. Son élé-
ment unité est 1.

Exemple 3.2.1 1. Dresser la table de la multiplication dans Z/6Z. L’an-


neau Z/6Z est-il intègre ? un corps ?

2. Mêmes questions pour Z/5Z.

Proposition. 3.2.1.
Soit k ∈ Z. Alors, dans Zn les assertions suivantes sont équivalentes :
1. k est un générateur du groupe (Zn , +).
2. k est inversible dans l’anneau (Zn , +, ×).
3. k est un élément régulier dans l’anneau (Zn , +, ×).
4. k ∧ n = 1.
En particulier, le nombre des générateurs du groupe (Zn , +) coïncide
avec celui des inversibles de l’anneau (Zn , +, ×) et c’est égal à ϕ(n).

Théorème. 3.2.2.
Pour un entier naturel n, il y a équivalence entre
i) (Zn , +, ×) est un corps.
ii) (Zn , +, ×) est un anneau intègre.
iii) n est un nombre premier.

Théorème. 3.2.3. théorème d’Euler

∀k ∈ Z, k ∧ n = 1 =⇒ k ϕ(n) ≡ 1 [n].
3.2. L’ANNEAU Z/N Z 5

Théorème. 3.2.4. théorème chinois


1. Soient m et n deux entiers strictement positifs premiers entre eux.
Soient a et b deux entiers quelconques. Le système d’équations

x ≡ a [n]
(

x ≡ b [m]

admet comme ensemble de solutions une classe de congruence mo-


dulo mn. Plus précisément, il existe x0 ∈ Z tel que

x ≡ a [n]
(
⇐⇒ x ≡ x0 [mn].
x ≡ b [m]

2. L’application

Z/nmZ −→ Z/nZ × Z/mZ


nm
k 7−→ (n k,m k)

est bien définie et elle constitue un isomorphisme d’anneaux.

Corollaire. 3.2.1.
Si m et n sont des entiers naturels non nuls premiers entre eux alors

ϕ(mn) = ϕ(m)ϕ(n).

Corollaire. 3.2.2. expression de l’indicatrice d’Euler

1. Pour tout nombre premier p et pour tout entier strictement positif


α ϕ(pα ) = pα−1 (p − 1).
2. Soit une entier n ≥ 2 et soient p1 , p2 , . . . , pr ses diviseurs premiers
(distincts). Alors
r 
1

ϕ(n) = n 1−
Y
.
k=1 pk

Exercice 3.2.1 Résoudre


x ≡ 1 [3]



x ≡ 4 [5] .
x ≡ 2 [7]

Exercice 3.2.2 Étudier le caractère cyclique des groupes (Z/11Z)× , (Z/12Z)×


et (Z/18Z)× .

Exercice 3.2.3 Montrer que (Z/4Z)× est cyclique mais que (Z/2n Z)× ne l’est
pas si n > 2.
6 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

Exercice 3.2.4 Si (Z/nZ)× est cyclique, quel est le nombre de ses généra-
teurs ?

Exercice 3.2.5 Soit un entier n > 2. Justifier que ϕ(n) est paire. Montrer
Alors que (Z/nZ)× est cyclique si et seulement s’il existe a ∈ Z tel que aϕ(n)/2 ≡
−1 [n].

3.3. | Arithmétique dans K[X] : Rappels et compléments

Rappel et notations. On considère dans la suite un corps K (dans la pra-


tique K = R ou K = C). On note K[X] l’ensemble des polynômes à coefficients
dans K et on rappelle que
• ∀(P, Q) ∈ (K[X])2 , deg(P Q) = deg P + deg Q.
• ∀(P, Q) ∈ (K[X])2 , deg(P + Q) ≤ max(deg P, deg Q), avec égalité si
deg P 6= deg Q.
• Théorème de la division euclidienne : Pour tout couple de polynômes
(A, B) ∈ K[X]×(K[X]\{0}), il existe un unique couple (Q, R) ∈ (K[X])2
tel que
A = QB + R et deg Q < deg B.
n
• Par définition, le polynôme dérivé de P = ak X k ∈ K[X] est
P
k=0

n
P0 = kak X k−1 .
X

k=1

On note P (k) le k ème polynôme dérivé de P .


N.B. Cette définition n’utilise pas la notion de limite. Elle est purement
algébrique.

n
• Soit un polynôme P = ak X k ∈ K[X]. On appelle fonction polyno-
P
k=0
miale associée à P , l’application, notée également P s’il n’y a pas de
confusion, définie sur K par
n
∀x ∈ K, P (x) = ak x k .
X

k=0

N.B. Il est essentiel de distinguer entre la variable x et l’indéterminée


X, entre le polynôme P lui même et la fonction polynomiale associée. Il
n’est pas, par exemple, acceptable d’écrire quelque choses comme « pour
X = 1. . . »
3.3. ARITHMÉTIQUE DANS K[X] : RAPPELS ET COMPLÉMENTS 7

3.3.1. Structures de K[X]

Proposition. 3.3.1.

1. (K[X], +, ×) est un anneau intègre.


2. (K[X], +, ×, · ) est une K-algèbre.
3. Les inversibles de K[X] sont les polynômes constants non nuls.

Exemple 3.3.1 Donner des exemples de sous-anneaux et de sous-algèbres de


K[X].

3.3.2. Les idéaux de K[X]

Rappels. Les notions de divisibilité, d’idéal et d’éléments associés sont les


mêmes que celles vues dans le cadre d’un anneau intègre en général.
• Pour deux polynômes A et B de K[X]
B divise A ⇐⇒ ∃Q ∈ K[X] ; A = QB
⇐⇒ AK[X] ⊂ BK[X]
N.B. tout polynôme divise 0. Seul 0 est divisible par 0.

• Si A et B sont deux polynômes non nuls de K[X] alors


A est B sont associés ⇐⇒ ∃λ ∈ K∗ ; B = λA
⇐⇒ B divise A et A divise B
⇐⇒ B divise A et deg A = deg B
⇐⇒ AK[X] = BK[X]

Remarque 3.3.1 Soit P ∈ K[X] un polynôme non nul. Les générateurs de


l’idéal I = P K[X] sont tous les polynômes associés à P . Il y en a en particulier
un seul qui est unitaire, le polynôme a1 P où a est le coefficient dominant de P .

Théorème. 3.3.1. important

(Idéaux de K[X]) Pour tout idéal non nul I de K[X], il existe un unique
polynôme unitaire π tel que

I = πK[X].

Ainsi, K[X] est un anneau principal.


8 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

3.3.3. PGCD et PPCM de deux polynômes

Théorème. 3.3.2. définition du pgcd

Soient deux polynômes P et Q de K[X].


1. On suppose que P ou Q est non nul. On appelle plus grand commun
diviseur de P et Q, et on note P ∧ Q, l’unique polynôme unitaire
D ∈ K[X] tel que

P K[X] + QK[X] = DK[X].

N.B. Lorsque P = Q = 0, on prend P ∧ Q = 0.

2. On suppose que, P et Q sont non nuls. Alors, on appelle plus petit


commun multiple de P et Q, et on note P ∨ Q, l’unique polynôme
unitaire M ∈ K[X] tel que

P K[X] ∩ QK[X] = M K[X].

L. orsque P ou Q est nul, on convient que P ∨ Q = 0.

Remarque 3.3.2 Comme dans Z, dans la pratique, la détermination du plus


grand commun diviseur de deux polynômes se fait grâce à l’algorithme d’Eu-
clide.

Propriétés 3.3.1 Avec les notations du théorème précédent, si D = P ∧ Q


alors il existe U et V dans K[X] tels que D = U P + V Q.
Attention. La réciproque est fausse. Elle est vraie lorsque D = 1 i.e., lorsque
les deux polynômes sont premiers entre eux (voir plus loin).

Proposition. 3.3.2.
Soient P et Q deux polynômes non nuls et D un polynôme unitaire de
K[X]. Les trois assertions suivantes sont équivalentes :
i) D est le pgcd de P et Q,
D divise P et D divise Q
(
ii) ,
∀A ∈ K[X], A divise P et A divise Q =⇒ A divise D,
D divise P et D divise Q
(
iii) ,
∀A ∈ K[X], A divise P et A divise Q =⇒ deg(A) ≤ deg(D).

Propriétés 3.3.2 Soient deux polynômes non nuls P et Q de K[X]. Alors


3.3. ARITHMÉTIQUE DANS K[X] : RAPPELS ET COMPLÉMENTS 9

1. ∀R ∈ K[X], RP ∧ RQ = R(P ∧ Q), (à un coefficient multiplicatif non


nul près).
P Q P ∧Q
2. Soit A un diviseur commun de P et Q. Alors : ∧ = ,
A A A
P = DA,



3. Soit D ∈ K[X]. Alors : D = P ∧Q ⇐⇒ ∃(A, B) ∈ K[X] :  Q = DB,
2

A ∧ B = 1.
De plus, dans ce cas, on a P ∨ Q = DAB.
4. (P ∧ Q)(P ∨ Q) = P Q .
5. ∀S ∈ K[X], P ∧ Q = P ∧ (Q + SP ) En particulier, si R est le reste de
la division euclidienne de P par Q alors, P ∧ Q = Q ∧ R. Ce qui justifie
l’algorithme d’Euclide.

Définition. 3.3.1.
Deux polynômes P et Q sont dits premiers entre eux lorsque P ∧ Q = 1.

Théorème. 3.3.3. de Bézout


Soient deux polynômes non nuls P et Q de K[X].

P ∧ Q = 1 ⇐⇒ ∃(U, V ) ∈ (K[X])2 ; U P + V Q = 1.

Exemple 3.3.2 Pour tout a, b ∈ K distincts les polynômes X − a et X − b


sont premiers entre eux.

Proposition. 3.3.3.

Si A ∧ B = 1 alors An ∧ B m = 1 pour tout (m, n) ∈ N2 .

Théorème. 3.3.4. de Gauss


Soient des polynômes P , Q et R de K[X].

R divise P Q
(
=⇒ R divise Q.
R∧P =1

Théorème. 3.3.5.
Soit P un polynôme de K[X]. Si Q1 , Q2 , . . . , Qr sont des diviseurs deux
à deux premiers entre eux de P alors leurs produit Q1 Q2 · · · Qr est un
diviseur de P .
10 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

3.3.4. PGCD d’une famille finie de polynômes

Définition. 3.3.2.
Soient P1 , P2 , . . . , Pr des polynômes non tous nuls. On appelle PGCD de
P1 , P2 , . . . , Pr et on note pgcd(P1 , P2 , . . . , Pr ) l’unique polynôme unitaire
D tel que

P1 K[X] + P2 K[X] + · · · + Pr K[X] = DK[X].

N.B. P1 K[X] + P2 K[X] + · · · + Pr K[X] est un idéal non nul de K[X],


d’où l’existence et l’unicité du polynôme D. Lorsque tous les polynômes,
Pk , k = 1, . . . r, sont nuls, on convient que leur pgcd est le polynôme nul,
puisque c’est l’unique générateur de l’idéal nul.

Proposition. 3.3.4.
Soient P1 , P2 , . . . , Pr des polynômes non tous nuls. Soit D un polynôme
unitaire. Alors D est le pgcd de P1 , P2 , . . . , Pr si, et seulement si,

∀k ∈ [[1, r]], D divise Pk


(

∀A ∈ K[X], (∀k ∈ [[1, r], A divise Pk ) =⇒ A divise D.

D est aussi, l’unique polynôme unitaire diviseur commun de P1 , . . . , Pr


ayant le plus grand degré.

Vocabulaire. Les polynômes P1 , P2 , . . . , Pr sont dit premiers entre eux dans


leur ensemble si leurs pgcd est 1.

Remarque 3.3.3 Il faut faire la différence entre les deux situations :


— P1 , P2 , . . . , Pr sont premiers entre eux dans leur ensemble ;
— P1 , P2 , . . . , Pr sont deux à deux premiers entre eux.
La deuxième situation implique la première.
Exemple 3.3.3 X(X − 1), (X − 1)(X − 2) et (X − 2)(X − 3) sont premiers
entre eux dans leur ensemble mais ne sont pas deux à deux premiers entre eux.

Théorème. 3.3.6. théorème de Bézout généralisé

Soient P1 , P2 , . . . , Pr des polynômes non nuls de K[X]. Ils sont premiers


entre eux dans leur ensemble si, et seulement si,

∃(U1 , U2 , . . . , Ur ) ∈ (K[X])r ; U1 P1 + U2 P2 + · · · + Ur Pr = 1.
3.3. ARITHMÉTIQUE DANS K[X] : RAPPELS ET COMPLÉMENTS 11

Remarque 3.3.4 De même, lorsque les polynômes Pk , k = 1, . . . , r sont


tous non nuls, alors, l’unique générateur unitaire de l’intersection des idéaux
Pk K[X], 1 ≤ k ≤ r s’appelle Le plus petit commun multiple des polynômes
r
P1 , P2 , . . . , Pr et se note pppcm(P1 , P2 , . . . , Pr ) ou ∨ Pk , c’est le multiple com-
k=1
mun unitaire ayant le plus bas degré.

3.3.5. Polynômes irréductibles

Définition. 3.3.3.
Un polynôme non constant de K[X] est dit irréductible sur K si, ses
seuls diviseurs sont les polynômes constants non nuls et ses polynômes
associés.

Remarque 3.3.5 Un diviseur de P qui n’est pas constant et qui n’est pas
associé à P est dit un diviseur strict ou un un diviseur propre de P . Un
diviseur strict de P est donc un diviseur Q de P tel que 0 < deg Q < deg P .
On en déduit qu’un polynôme non constant P est irréductible sur K si, et
seulement si,

∀Q ∈ K[X], Q divise P =⇒ deg Q = 0 ou deg Q = deg P.

Exemple 3.3.4 Tous les polynômes du premiers degré sont irréductibles.

Propriétés 3.3.3 Soient des polynômes non nuls P, A, B de K[X].


1. Si P est irréductible alors soit P divise A, soit il est premier avec A.
2. Deux polynômes irréductibles sont soient associés soient premiers entre
eux.
3. Deux polynômes irréductibles unitaires non associés sont premiers entre
eux.
4. Si P est irréductible et P divise AB alors P divise A ou P divise B.
5. Si P est irréductible alors, il divise un produit de polynômes si, et seule-
ment si, il divise l’un d’eux.
6. Un polynôme irréductible P divise un produit de polynômes eux mêmes
irréductibles si, et seulement si, il est associé à l’un d’eux.

Lemme 3.3.1 Tout polynôme non constant de K[X] admet au moins un di-
viseur irréductible.
12 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

Théorème. 3.3.7. théorème fondamental de l’arithmétique des


polynômes

Tout polynôme non constant de K[X] est un produit de polynômes irré-


ductibles. Plus précisément, si P est un polynôme non constant de K[X],
il existe r ∈ N∗ , des polynômes irréductibles unitaires P1 , P2 , . . . , Pr deux
à deux distincts et des entiers strictement positifs α1 , α2 , . . . , αr tels que

P = aP1α1 P2α2 . . . Prαr ,

où a est le coefficient dominant de P . Cette écriture est unique à l’ordre


des facteurs près. Elle est dite décomposition de P en facteurs irréduc-
tibles.

Proposition. 3.3.5.

Soient P et Q deux polynômes non nuls de K[X]. On pose

P = aP1α1 P2α2 . . . Prαr et Q = bP1β1 P2β2 . . . Prβr (3.3.1)

où, a et b sont les coefficients dominants respectifs de P et de Q,


P1 , P2 , . . . , Pr sont des polynômes irréductibles unitaires et α1 , . . . , αr ,
β1 , . . . , βr sont des entiers positifs non forcément non nuls. Alors

P ∧ Q = P1m1 P2m2 . . . Prmr et P ∨ Q = P1M1 P2M2 . . . PrMr ,

avec mk = min(αk , βk ) et Mk = max(αk , βk ) pour tout k ∈ [ 1, r,]].


N.B. Dans l’écriture (3.3.1), αk = 0 si Pk ne divise pas P et βk = 0
si Pk ne divise pas Q. La liste (P1 , P2 , . . . , Pr ) est formée des diviseurs
irréductibles à la fois de P et de ceux de Q.

Corollaire. 3.3.1.
Deux polynômes A et B sont premiers entre eux si et seulement s’ils
n’ont aucun diviseur irréductible en commun.

3.3.5. Exercices d’approfondissement

Exercice 3.3.1 Soient deux polynômes premiers entre eux P et Q. Montrer


qu’il existe un couple de polynômes (U0 , V0 ) unique tel que
U0 P + V0 Q = 1 deg U0 < deg Q .
Montrer que forcément deg V0 < deg P . Exprimer tous les autres couples de
Bezout en fonction de U0 et V0 .
Exercice 3.3.2 Soient deux éléments distincts a et b de K. Soient m, n ∈ N∗ .
Déterminer des coefficients de Bezout de (X − a)n et (X − b)m .
3.3. ARITHMÉTIQUE DANS K[X] : RAPPELS ET COMPLÉMENTS 13

Exercice 3.3.3 (indépendance du corps de base) Soit L un sous-corps de K


et soient P et Q deux polynômes non nuls de L[X]. Montrer que le pgcd et le
ppcm de P et Q sont les mêmes dans L[X] et dans K[X].

Exercice 3.3.4 Soient P1 , P2 , . . . , Pr des polynômes non constants. On pose


pour tout k ∈ [ 1, r,]], Qk = i6=k Pi . Montrer que si P1 , . . . , Pr sont deux à
Q

deux premiers entre eux alors Q1 , . . . , Qr sont premiers entre eux dans leur
ensemble.

3.3.6. Racines et multiplicités

Définition. 3.3.4.
Soient P ∈ K[X] et a ∈ K. On dit que a est une racine de P si, et
seulement si, P (a) = 0.

Proposition. 3.3.6.
a est une racine de P si, et seulement si, X − a divise P .

Définition. 3.3.5.
Soient P ∈ K[X] \ {0}, a ∈ K et α ∈ N∗ . On dit que a est racine
d’ordre de multiplicité α, ou plus simplement de multiplicité α, de P si,
et seulement si,

(X − a)α | P et (X − a)α+1 - P.

vocabulaire. une racine de multiplicité 1 est dite une racine simple.


Une racine de multiplicité 2 est dite une racine double.

Proposition. 3.3.7.
Avec les notations de la définition précédente, a est une racine de mul-
tiplicité α de P si, et seulement si,

∃Q ∈ K[X] ; P = (X − a)α Q et Q(a) 6= 0.

N.B. Dans la suite on suppose que le corps K est un sous-corps de C.


14 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

Théorème. 3.3.8. formule de Taylor pour les polynômes

Pour tout polynôme P de K[X] et pour tout a ∈ K


n
P (k) (a)
P = (X − a)k (n ≥ deg P ).
X

k=0 k!

Corollaire. 3.3.2.
Soient P ∈ K[X], a ∈ K et α ∈ N∗ . Alors a est une racine de multiplicité
α de P si, et seulement si,

P (a) = P 0 (a) = · · · = P (α−1) (a) = 0 et P (α) (a) 6= 0.

Remarque 3.3.6 Soient P ∈ K[X] non constant, a ∈ K et α ∈ N∗ .


1. Par convention, a est une racine de multiplicité 0 de P si a n’est pas une
racine de P .
2.
a est une racine de P multiplicité ≥ α ⇐⇒ (X − a)α divise P
⇐⇒ ∀k ∈ [ 0, α − 1, , ] P (k) (a) = 0.

3. Si a est une racines de multiplicité α de P alors elle est une racine de


multiplicité α − k de P (k) pour tout k ∈ [ 0, α,]].

3.3.7. Polynômes scindés

Définition. 3.3.6.
Un polynôme P de K[X] de degré n est dit scindé sur K s’il est non
constant et s’il admet exactement n racines dans K, chaque racine étant
comptée autant de fois que sa multiplicité.

Remarque 3.3.7 Il est d’usage d’écrire un polynôme scindé P sous l’une des
deux formes
n r
P =a (X − yk ) ou P = a (X − xk )αk .
Y Y

k=1 k=1

Dans la deuxième écriture, on précise que les racines x1 , . . . , xr sont deux à


deux distinctes et donc que α1 , . . . , αr sont leurs multiplicités respectives. Dans
la première écriture, les racines sont répétées chacune autant de fois que sa
multiplicité dans la liste y1 , . . . , yn . Dans les deux écritures a est le coefficient
dominant de P .
3.3. ARITHMÉTIQUE DANS K[X] : RAPPELS ET COMPLÉMENTS 15

Proposition. 3.3.8.

(relations entre coefficients et racines d’un polynôme scindé) Soit P un


polynôme scindé
n n r
P = ak X k = an (X − yk ) = an (X − xk )αk .
X Y Y

k=0 k=1 k=1

1. = k=1 αk xk = − an .
an−1
Pn Pr
k=1 yk
2. = k=1 xk = (−1) an .
αk
Qn Qr n a0
k=1 yk
3. En général
an−p
yi1 yi2 · · · yip = (−1)p Ce sont les formules de Viète.
X

i1 <i2 <...<ip an

Exemple 3.3.5 Résoudre, dans R3 , le système d’équations suivant :


x+y+z =2



x +y +z =2 .
2 2 2

x + y3 + z3 = 2
 3

3.3.8. Factorisation dans C[X] et dans R[X]

Théorème. 3.3.9. de D’Alembert-Gauss


Tout polynôme non constant à coefficients complexes admet au moins
une racine complexe. N.B. La démonstration de ce résultat très impor-
tant est admise.

Corollaire. 3.3.3.
Les seuls polynômes irréductibles sur C sont les polynômes de degré 1.

Théorème. 3.3.10. théorème fondamental de l’algèbre

Tous polynôme non constant de C[X] est scindé sur C. Vocabulaire.


On dit, pour cela, que C est un corps algébriquement clos.

Lemme 3.3.2 Soit P un polynômes non constant à coefficients réels. Si z


est une racine complexe non réelle de P alors z est aussi une racine de P et
elle a la même multiplicité que z. Attention. les racines d’un polynôme à
coefficients complexes ne sont pas forcément deux à deux conjuguées.
16 CHAPITRE 3. ARITHMÉTIQUE

Corollaire. 3.3.4.
Les polynômes irréductibles de R[X] sont les polynômes de degré 1 et
les polynômes de degré 2 à discriminant (∆) strictement négatif.

Corollaire. 3.3.5.
Soit P un polynôme non constant à coefficients réels. Sa décomposition
en facteurs irréductibles dans C[X] est de la forme
r s
P =a (X − xk )αk (X − zk )βk (X − zk )βk
Y Y

k=1 k=1

où, x1 , . . . , xr sont les racines réelles éventuelles de P et z1 , . . . , zs ses


racines complexes non réelles éventuelles.
Sa décomposition en facteurs irréductibles dans R[X] est alors
r s
P =a (X − xk ) αk
(X 2 − 2X Re(zk ) + |zk |2 )βk .
Y Y

k=1 k=1

Remarque 3.3.8 1. Deux polynômes de C[X] sont premiers entre eux si et


seulement s’ils n’ont aucune racine en commun dans C. Mais si K 6= C,
deux polynômes de K[X] peuvent n’avoir aucune racine en commun dans
K et ne pas être premiers entre eux.

Exemple 3.3.6 X 2 + 1 et (X 2 + 1)(X + 1) dans R[X].

2. Si K 6= C, un polynôme de K[X] peut n’avoir aucune racine dans K bien


que P ne soit pas irréductible sur K.

Exemple 3.3.7 (X 2 + 1)2 dans R[X].

3.3.8. Exercices d’approfondissements

Exercice 3.3.5 (technique de recherche de racines rationnelles) Soit P =


an X n + an−1 X n−1 + · · · + a1 X + a0 un polynôme à coefficients dans Z. Soit r
un nombre rationnel.
1. Montrer que si P est unitaire et r est une racine de P alors r est un
entier et r divise a0 .
2. Dans le cas général, on écrit r sous sa forme irréductible r = pq . Montrer
que si r est une racine de P alors p divise a0 et q divise an .

Exercice 3.3.6 Montrer qu’un polynôme de degré 2 ou 3 est irréductible sur


K si et seulement s’il n’admet aucune racine dans K.

Exercice 3.3.7 Prouver que tout polynôme réel de degré impaire admet au
moins une racine réelle de multiplicité impaire.
3.3. ARITHMÉTIQUE DANS K[X] : RAPPELS ET COMPLÉMENTS 17

Exercice 3.3.8 Montrer que si un polynôme réel P est scindé sur R alors
pour tout k ∈ [ 0, deg P − 1,]], le polynôme P (k) est scindé sur R.
 (n)
Application : Montrer que le polynôme Ln = (X 2 − 1)n est scindé
sur R.

Exercice 3.3.9 Soit P un polynôme scindé


p
P =a (X − xk )αk .
Y

k=1

1. Montrer que les racines de P sont simples si, et seulement si, P ∧P 0 = 1.


2. Exprimer le polynôme Q = k=1 (X − xk ) en fonction de P et de P 0 .
Qp

Exercice 3.3.10 Soit un polynôme non constant P ∈ C[X] de degré n.


1. Montrer que la fraction Q = X n P (1/X) est un polynôme. Préciser ses
racines en fonction de celles de P .
2. On note y1 , y2 , . . . , yr les racines non nulles éventuelles de P répétées
avec leurs multiplicités. Exprimer y11 +· · ·+ y1r en fonction des coefficients
de P .

Exercice 3.3.11 Montrer que pour tout n ∈ N∗ , le polynôme X n − 2 est


irréductible sur Q. C. et exemple prouve, contrairement au cas de R[X] et
C[X], que pour tout n ∈ N∗ , il y a des polynômes irréductibles de degré n dans
Q[X].

Exercice 3.3.12 Soit (K, +, ×) un corps fini de cardinal q. Montrer que K


est l’ensemble de racines du polynôme X q − X ∈ K[X].

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