Document 548919
Document 548919
Rapport de synthèse
bibliographique
Décembre 2008
Les graines de Jatropha contiennent cependant des produits toxiques dont les principaux sont la
curcine (voisine de la ricine), poison violent quand il est administré à de faibles quantités (3 ou 4
graines pour un enfant et 7 ou 8 pour un adulte), et des esters de phorbol. Il existerait toutefois une
variété non toxique, d‘origine mexicaine, dont les graines ne contiendraient pas d'esters de phorbol et
pourraient être consommées après avoir été bouillies ou grillées. D‘une manière générale, la toxicité
des graines et de l‘huile exclut à l‘heure actuelle la valorisation du tourteau de pressage en
alimentation animale. Bien que des recherches sur la détoxification aient été menées par plusieurs
laboratoires, les procédés ne sont encore pas au point et les coûts sont prohibitifs. Les autres
possibilités de valorisation sont l‘utilisation en tant qu‘engrais organique (comme c‘est le cas pour le
tourteau de ricin, également toxique), ou la production d‘énergie (combustion, cogénération).
En 2007, avec l'augmentation des cours du pétrole, l‘intérêt pour la plante est réapparu en tant
qu‗agrocarburant. L'huile, après filtration, peut en effet être utilisée dans différents types de moteurs
de conception classique. Une estérification est cependant nécessaire pour son usage dans les
moteurs diesel modernes.
Ce rapport est une synthèse des informations bibliographiques disponibles sur la plante :
origine géographique, écologie, pratiques culturales, extraction et utilisation de l’huile et des
coproduits. Il a été réalisé par le CIRAD à la demande la société AGROGénération dans le cadre
d’une étude sur les potentialités de développement de la culture du Jatropha à grande échelle.
Le Jatropha est une plante ancienne. Des formes fossiles datant de l'ère tertiaire auraient été
découvertes au Pérou. Son origine est néanmoins controversée puisque certains auteurs la situent
dans les régions sèches du Brésil (Caatingao, Etat de Ceara) alors que pour d'autres, ce serait plutôt
l'Amérique centrale ou le Mexique (Wilbur, 1954 ; Aponte, 1978). Il semble que ce soit cette dernière
1
origine qui soit officiellement retenue . Cependant, son existence très ancienne établie par les traces
fossiles remonte à la période où les continents n'étaient pas encore individualisés, aussi beaucoup
d'hypothèses peuvent être envisagées.
e
Il semble que la plante fut introduite au 16 siècle aux îles du Cap Vert par les marins portugais, puis
en Guinée Bissau pour se répandre ensuite en Afrique et en Asie. On la trouve actuellement dans
toutes les régions tropicales et intertropicales ainsi que sur les îles tropicales.
Son aire de distribution naturelle se situe principalement dans les zones arides et semi-arides (Jones
et Miller, 1992 ; Makkar et al., 1997) mais on la rencontre également dans les régions tropicales
humides comme le Guatemala (> 4000 mm/an), ou le Nord du Vietnam et de la Thaïlande. Ainsi,
Rijssenbeek et al. (2007) situent son aire de culture entre les latitudes 30°N et 35°S.
1
Certains auteurs prétendent que la plante aurait été présente dans l'Ancien monde avant la découverte de
l'Amérique (références dans les documents de la médecine de l'époque)
I.2.1.Germination
D‘après Münch (1986), la germination est induite par le changement d‘humidité dans l‘air, à la suite
d‘une période de sécheresse. Heller (1996) n'a pas réussi à mettre en évidence de période de
dormance. Il faut compter 1 à 4 semaines pour la germination. Le tégument externe éclate pour
laisser passer la racine principale pivotante qui se courbe pour s'enfoncer dans le sol. Puis 4 petites
racines apparaissent latéralement. Les cotylédons, après s'être nourris de l‘albumen, peuvent avoir
des difficultés à se libérer de l‘épiderme intérieur, ce qui peut freiner le développement de la jeune
pousse. Ce problème peut être résolu en augmentant la température et l‘humidité de l‘air (si c'est
possible en aspergeant les plantes), en tenant toutefois compte du fait que cela peut favoriser
l‘émergence de maladies et parasites.
I.2.2.Développement végétatif
La germination est suivie du développement de l‘axe principal, des feuilles et du système racinaire.
La croissance est favorisée, comme pour beaucoup de plantes, par l'humidité du sol, sa fertilité, et
une température élevée. Ces bonnes conditions entraînent un développement arborescent plus rapide
de la plante, avec une cime large (plusieurs metres de haut avec des ramifications). En sols
caillouteux et secs, c'est le port buissonnant qui prédomine avec une cime moins large (peu de
ramifications). Le vent ne semble pas avoir d‘influence sur son port.
Si le Jatropha est conduit en arbre avec une taille adéquate, un tronc de 3 m de haut peut atteindre 35
cm de diamètre à la base.
En général, dans les régions où alternent les saisons sèches et humides, la pousse des feuilles se fait
un peu avant les premières pluies, lorsque l'humidité de l'air augmente. Les premières jeunes feuilles
sont souvent rougeâtres. La chute des feuilles est due à la sécheresse et s'observe généralement
après le milieu de la saison des pluies. Dans les zones toujours humides, la plante garde ses feuilles
toute l'année. Les fleurs se situent au bout des jeunes branches. On compte au moins 3 axes
verticaux de pousse avant la floraison.
La racine est un pivot bien développé juste en dessous de la graine. Ensuite, quatre racines latérales
prennent naissance et vont explorer la partie superficielle du sol. Les racines ont une grande faculté à
contourner les obstacles (pierres) mais préfèrent les sols légers. En cas d'érosion, elles ne semblent
pas souffrir de leur mise à l'air libre.
Le développement des racines à la base des boutures est différent de celui des plantes issues de
graine. Les racines se forment sur la partie pointue de la bouture et sont moins nombreuses si la
coupe est oblique. Si elle est droite, elles se forment d'une façon uniforme tout autour du plan de
coupe. Elles sont cependant de formes inégales et de tailles différentes. Cette différence
morphologique entraîne souvent une moins bonne résistance à des conditions difficiles.
L'inflorescence est le plus souvent proche de l‘extrémité des jeunes pousses ou à la périphérie de la
cime. D'après Vidal et al., (1962) la première fleur d'une plante issue d'une graine se formerait 4 à 5
ans après la germination. Cette observation est surtout valable pour des conditions climatiques arides
(Iles du Cap Vert par exemple). Sur le terrain, si les conditions environnementales sont correctes,
quelques fleurs peuvent apparaître dès la première année. Ceci dit la floraison a toute son ampleur la
seconde et troisième année.
Les plantes issues de boutures fleurissent plus tôt que celles issues de graines. Adam (1953) a
observé des productions 4-5 mois après la plantation (soit une floraison vers 2-3 mois).
Description de la fleur
Le Jatropha est une plante monoïque à fleurs diclines : les fleurs sont de sexes séparés mais se
trouvent sur la même plante. Le bouquet floral est appelé racème.
On observe parfois des fleurs hermaphrodites, d'après des informations personnelles du Professeur
Ferao, obtenues par Münch. Ces fleurs hermaphrodites peuvent être auto-pollinisées (Heller, 1996).
Dans les régions où alternent les saisons sèches et humides, la floraison semble induite par le début
de la saison des pluies. Ainsi, différents auteurs mentionnent que certains arbres fleurissent (et donc
produisent) 2 fois par an, en fonction du site considéré et de l'écotype. La plante peut également
fleurir à l'occasion de précipitations qui tombent en dehors de la saison des pluies habituelle. La
reproduction s‘arrête dès que la saison sèche commence.
Lors du projet Biomasa au Nicaragua (Sucher, 1999), il a été observé jusqu‘à 5 pics de floraison
durant l‘année (avec 2 pics plus importants, en mai-juin et août-septembre). Selon les auteurs, le
nombre de pics de floraison dépend non seulement de l‘humidité, mais est également de la
disponibilité en éléments nutritifs. La limitation en éléments nutritifs provoque la fin de la floraison
(Aker, 1997), mais aussi des avortements de fleurs et de fruits, phénomène fréquent en Inde,
notamment si la disponibilité en hydrates de carbone (glucides) est insuffisante. La floraison peut par
ailleurs être induite par l‘application de l‘hormone GA 3 (Kumari et Kumar, 2007).
Durée de la floraison
Les fleurs mâles s‘ouvrent pendant 8-10 jours, alors que les fleurs femelles s‘ouvrent seulement pour
2-4 jours (Prakash et al., 2007). La même remarque est faite par Deghan (1976) qui parle en plus de
protogynie (ouvertures des fleurs femelles avant les fleurs mâles). Au Sénégal, Heller (1996) a
également observé que sur la même inflorescence, les fleurs mâles s‘ouvraient plus tard que les
fleurs femelles. Ce mécanisme favoriserait la pollinisation croisée. A Fogo (îles du Cap Vert), Münch
(1986) observe au contraire qu'un décalage entre floraisons mâle et femelle pourrait être dû aux
conditions environnementales.
La pollinisation est faite par les insectes. Dans le cas d'absence d'insectes (en serre), il n'y a pas de
pollinisation (Deghan, 1976), ce qui voudrait dire qu'il n'y a pas d'autofécondation naturelle. Dans le
cas d'arbre isolé, la pollinisation se fait entre fleurs de la même plante (gitonogamie). Dans les cas de
haies ou de plantations, la pollinisation entre arbres différents est possible (xénogamie) avec la
présence d'insectes volants. Dans tous les cas, l'allogamie est la règle générale. La pollinisation par le
vent n‘a pas été observée, mais elle n‘est pas à exclure.
Tableau 2 : les insectes pollinisateurs du Jatropha curcas L., d‘après différents auteurs
I.2.4.Fruit
Selon Münch (1986), la maturité du fruit est atteinte 3 à 4 mois après la fécondation. Le fruit est une
capsule presque sphérique, de 4 cm de long et 3 cm d'épaisseur, à trois loges séparées (les
carpelles) contenant chacune une graine. Le fruit est vert lorsqu‘il se forme, puis il jaunit et devient
rouge-noir ridé et rugueux. Il contient 1, 2 ou 3 graines séparées les unes des autres par une cloison.
Sur 50 fruits observés par Cuhna Da Silveira (1934) au Cap Vert, 26 avaient 3 graines, 15 en
contenaient 2 et 9 n‘en possédaient qu‘une. Les fruits secs et mûrs restent sur la plante et libèrent
rarement les graines, même en tombant au sol, car les carpelles restent soudés du côté du pédoncule
des graines.
Les fruits mûrs ont un poids moyen de 2,16 g (1,53 à 2,85) avec un rapport graines / péricarpe de 53
à 62 % (José Cuhna Da Silveira, 1934). L'auteur ne donne pas d'indication sur le degré de séchage
du fruit mais des observations faites par le projet Biomasa au Nicaragua (Sucher, 1999) donnent des
rapports graines sèches / fruits frais d'environ 15 %. On peut conclure sans se tromper que les fruits
observés par Da Silveira étaient secs.
Description de la graine
Les graines mûres, 1 à 3 par fruit, sont de couleur brun foncé à noir. Elles présentent quelques
analogies avec les graines de ricin. De forme ovale allongée, elles sont enveloppées d‘un tégument
extérieur très dur à cassure nette, souvent appelé coque. Sous ce tégument, une pellicule blanche
(tégument intérieur) recouvre l'amande. Cette dernière est formée d'un albumen huileux blanchâtre
contenant l'embryon pourvu de 2 larges cotylédons aplatis. Les graines représentent 53 à 62 % du
poids du fruit sec (Cuhna Da Silveira, 1934, Cap Vert) et 15 % du fruit frais (Sucher, 1999)
Poids, taille et teneur en huile des graines selon différents auteurs (tableaux 4 et 5)
La plupart des auteurs indiquant des valeurs de poids ne précisent pas le taux d‘humidité de la graine
(tableaux 4 et 5). Les graines issues de fruits frais ont des taux d'humidité d‘environ 35 % alors que
pour les graines séchées à l'air, ce taux est de 5 à 10 % (7-8 % pour le projet Biomasa au Nicaragua).
On peut supposer que les poids sont donnés pour des graines sèches. Cela dit, le taux d'humidité
peut varier d'un endroit à l'autre.
D‘après Ferrao (1962), il existe un lien entre l‘aridité du climat et la teneur en huile des graines, ce qui
expliquerait la teneur en huile plus importante au Cap Vert. Plusieurs auteurs ont ainsi décrit l‘aridité
comme un facteur favorisant les plantes à entreposer des réserves en lipides. Ceci dit, les mesures
effectuées au Sénégal, dans un climat voisin de celui du Cap Vert, ne confirment pas cette hypothèse.
Des observations complémentaires seraient à entreprendre.
2
Ce chiffre, donné par le projet Biomasa, est anormalement élevé. Après vérification, il s'avère que le décorticage de la graine a laissé le tégument intérieur. Si l'on considère que le décorticage
enlève aussi ce tégument, l'amande occupe 59,9 % du poids de la graine et l'huile 49,4% du poids de l'amande, ce qui concorde avec les ordres de grandeurs de la littérature.
D'après Prabakanran et al. (1998), il existerait des hybrides naturels de Jatropha curcas L. avec
d'autres espèces du même genre. Ainsi, Jatropha tanjorensis serait un hybride naturel entre J. curcas
et J. gossypifolia. Mais cet hybride ne donne pas de graines et il est surtout utilisé pour des haies
décoratives. Il y aurait aussi un autre hybride naturel entre J. curcas et J. canascens, également
stérile. L'hybridation interspécifique avait été rapportée par Ruppert et al. (1970). Deghan, en 1984, a
répétée l‘expérience à des fins botaniques en croisant Jatropha curcas L. avec d'autres espèces de
Jatropha. Enfin, Basha et Sujatra (2007) l'ont réitérée, cette fois à des fins d'amélioration variétale : ils
ont obtenu des hybrides avec J. integerrima qui donnent des graines dont il faut évaluer les
propriétés.
Une attention particulière est à porter à la variété dite mexicaine qui ne serait pas toxique. Schmook et
Serralta-Peraza (1997) affirment que dans les régions de Quintana Roo et de Campeche au Yucatan
(Mexique), les graines sont utilisées en alimentation humaine après avoir été grillées, ou dans d'autres
cas, l'huile est extraite des amandes pour être utilisée dans la cuisine.
Des études réalisées par Makkar et Becker (1997) sur l'utilisation des tourteaux de cette variété en
alimentation animale ont montré que si la toxicité n'était pas aussi élevée que celle des autres
écotypes, il était difficile d'affirmer qu'elle était inexistante. Il semble possible de la réduire encore par
le chauffage (ce qui confirme l'intérêt du chauffage dans le processus de détoxification).
Une étude indienne par marqueurs moléculaires (Basha et al., 2007) a pu distinguer les provenances
mexicaines et les provenances indiennes d'un lot de graines étudiées. De même, des travaux de Da
Camara Macahdo et al. (1997) montrent, contrairement aux autres écotypes de Jatropha, une
mauvaise aptitude de celui du Mexique pour la micropropagation.
Si toutes ces observations confirment bien une originalité de la forme mexicaine, les travaux
concernant cet écotype restent dispersés et n'ont pas été entrepris de façon systématique. Il est vrai
que si cette graine se révélait comestible, son intérêt pour l'énergie s'en trouverait sérieusement
atténué… L'utilisation du tourteau pour l'alimentation animale serait en revanche intéressante.
Les méthodes de sélection traditionnelles utilisant les caractères morphologiques pour l'établissement
de la diversité génétique sont en grande partie infructueuses avec le Jatropha à cause de la trop
grande influence de l'environnement pédoclimatique sur les caractères héritables (Heller 1996).
Par contre les marqueurs neutres moléculaires de l‘ADN permettent de mesurer la diversité génétique
de plusieurs écotypes et aident à les choisir pour entreprendre un programme de croisement et de
sélection.
Basha et al (2007) ont ainsi mené une étude pour évaluer la diversité génétique de 42 écotypes de
Jatropha curcas : 41 écotypes en provenance d‘Inde et 1 écotype de la variété mexicaine non toxique.
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Le polymorphisme moléculaire de 42% avec 400 amorces RAPD et de 33.5 % avec 100 amorces
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Random Amplification of Polymorphic DNA
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Inter Simple Sequence Repeat
L‘aire d‘expansion de la plante montre que le Jatropha aime la chaleur. L‘arbre tolère une température
moyenne annuelle de 11 à 28 °C, mais sa température optimale se situe entre 20 et 28 °C. La
résistance à un gel léger est probablement un facteur variétal et les différents écotypes ne présentent
pas la même sensibilité. Cette faculté d‘adaptation est à prendre en compte en cas de plantation dans
des zones d‘altitude. Münch (1986) note que la plante existe sur des zones d‘altitude à Fogo et à Cha
das Caldeiras (1 700 m). Il en déduit qu‘elle peut supporter un gel léger, après une phase
d‘adaptation. Ullenberg (2007) qui a réalisé des observations sur ce point à Madagascar remarque
que même s‘il existe des variétés résistantes au gel provenant d‘Amérique du Sud, les variétés locales
sont sensibles au froid et au gel.
II.1.2. Eau
La pluviométrie est un important facteur du rendement. Des études montrent que le Pourghère donne
une production faible avec un régime pluviométrique minimal de 500 à 600 mm/an, et elle devient
optimale avec un niveau de précipitations de 1 200 à 1 500 mm (Euler et Gorriz, 2004).
Les besoins minimums pour sa survie sont de 300 mm/an (une exception est toutefois relevée dans
les conditions des îles du Cap Vert, où les précipitations ne sont que de 250 mm, mais où l‘humidité
de l‘air est très importante). D‘après Larochas (1948), l‘arbre peut traverser de longues périodes de
sécheresse sans péricliter, il perd simplement une partie de ses feuilles. Cette résistance est attestée
par la présence de vieilles plantes de Jatropha à Fogo au Cap Vert, où les précipitations sont très
rares. D‘après Ouedrago (2000), les principaux caractères adaptatifs permettant au Jatropha de
résister à la sécheresse sont :
- le développement racinaire de surface et de profondeur, qui assure à la plante un bon
approvisionnement en eau ;
- la protection cuticulaire ;
- la réduction ou l‘élimination du feuillage en saison sèche, qui limite au maximum les pertes
par transpiration.
Pour Münch (1986), les mécanismes de cette adaptation sont également expliqués par la
classification du Jatropha parmi les plantes succulentes : ses racines, ou son tronc, peuvent stocker et
accumuler beaucoup d‘eau en peu de temps quand les conditions d‘humidité le permettent, par
exemple à la suite d‘une forte pluie. Des essais sous serre menés à l‘Université de Hohenheim
confirment cette hypothèse : le diamètre des jeunes troncs de la plante diminue pendant les phases
de sécheresse pour reprendre leurs dimensions normales pendant les phases d‘irrigation.
Certains auteurs modèrent cependant sa résistance à la sécheresse, comme Freitas (1906) qui
rapporte qu‘au Cap Vert une maladie attribuée à la sécheresse par la population autochtone se traduit
par la déhiscence de l‘écorce de l‘arbre. Cette maladie se répand par bouturage, provoquant la mort
précoce de beaucoup de plants.
Même si, d‘après l‘ensemble des auteurs, le Jatropha s‘accommode bien de la plupart des conditions
édaphiques, la plante préfère les sols profonds, de texture sableuse, à structure grumeleuse, où son
système racinaire peut se développer de manière optimale. Elle est également capable de croître
entre les rochers sous lesquels il y a un peu de terre, et on peut la cultiver sur des sols secs et
caillouteux (Godin et Spensley, 1984).
Les sols argileux conviennent mal au Jatropha, sa croissance racinaire est en effet réduite dans les
sols lourds et compacts (Vidal et al. 1962), et la plante est sensible à l‘engorgement qui peut se
produire dans ce type de sol (Daey Ouwens, 2007). D‘une manière générale, le Jatropha ne doit pas
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être implanté dans un sol présentant un risque d‘engorgement, même éphémère (Vertisols , sols
argileux lourds) (Achten et al., 2007).
Les sols peu profonds ne conviennent pas aux plants produits à partir de graines, qui développement
une longue racine pivot centrale : la profondeur doit être au minimum de 45 cm (Gour et al., 2006). Ils
peuvent éventuellement convenir pour les boutures, dont le système racinaire ne se développe qu‘en
surface, à condition d‘avoir une pluviométrie suffisante tout au long de l‘année, ou un dispositif
d‘irrigation.
Le pH du sol ne doit pas être supérieur à 9 (Tewari, 2007). Dans des sols très acides, la plante peut
avoir besoin d‘un apport en calcium et en magnésium (Biswas et al., 2006)
Lors d‘observations réalisées sur l‘île de Fogo, Münch (1986) remarque que la plante n‘a jamais
présenté de symptômes de manque d‘éléments nutritifs et en déduit qu‘elle possède un système
d‘absorption particulièrement performant, compte tenu de la pauvreté des sols, notamment en
phosphore. Selon lui, des mycorhizes de type VA (mycorhizes à Vésicules et Arbuscules) pourraient
jouer un grand rôle, comme c‘est le cas pour l‘alimentation d‘un proche parent du Jatropha, le Manioc.
A noter que si cette hypothèse est vérifiée, la culture du Jatropha en plein champ risque d‘épuiser les
réserves du sol en phosphore en l‘absence d‘apport complémentaire. Des essais de mycorhization
arbusculaire des plants ont été menés par certains auteurs afin d‘étudier son effet sur les paramètres
de croissance du jeune plant (voir paragraphe II.3.1.5 ).
Le Jatropha est adapté aux sols marginaux, c‘est-à-dire peu fertiles et impropres à la culture, avec
une faible teneur en éléments nutritifs (Heller, 1996). Son système racinaire développé lui permet en
effet de mobiliser les éléments des couches profondes du sol. Ce système racinaire, grâce à sa
croissance rapide et sa forte ramification, semble également intéressant pour lutter contre l‘érosion
(Achten et al., 2007). L‘adaptation de la plante aux sols marginaux est l‘un des principaux enjeux
avancés pour le développement de culture intensive de Jatropha curcas, notamment en Inde. Les
expériences menées dans ce type de sol montrent que le Pourghère peut donner une production
raisonnable, à condition de lui apporter l‘entretien nécessaire en phase de croissance, de maintenir la
production par des intrants (azote et phosphore) (Shekhawat et al., 2007 ; Patolia et al., 2007 ; Daniel,
2005), et de sélectionner des écotypes adaptés (Patolia et al., 2007).
5
- Sol caractérisé par une forte teneur en argile (40 à 45 %) une couleur brun foncé, et un pH neutre (7 à 7,5).
Sa grande profondeur et la présence d'argiles gonflantes (smectinites) lui confèrent une capacité d'absorption et
de rétention en eau élevée avec une réserve utile de 180 mm pour une épaisseur de sol de 80 cm.
La densité de plantation doit être choisie de manière à éviter la compétition entre les plantes. Les
densités les plus courantes relevées dans la bibliographie sont les suivantes:
- 2 * 2 m (2 500 arbres /ha) ;
- 2 * 3 m (1 700 arbres / ha) ;
- 3 * 3 m (1 111 arbres / ha).
La densité doit être choisie en fonction des conditions pédo-climatiques du site d‘implantation, qui vont
influer sur la croissance des plantes. En zone de pluviométrie abondante, il est conseillé de choisir un
grand écartement. Le rapport « Handbook on Jatropha Curcas L. » de Fact Fuel (2006) préconise en
conditions humides une densité de 3 * 3 m, car une densité de 2,5 * 2,5 m donnerait une végétation
trop dense qui affecterait la production. Selon Gokhale (2008), l‘expérience menée dans la région
Nashik en Inde pendant 17 ans a montré qu‘un espacement de 3 * 3 m est nécessaire, et que les
densités de 2 * 2 (2 500 plants/ha) et 3 * 2 m (1 666 plants/ha) ne sont pas adaptées.
En Inde, dans la zone semi-aride de Gujarat (540 mm/an, 31 °C en été et 22,8 °C en hiver), une
expérience a comparé la productivité individuelle du Jatropha à différentes densités de plantation
(Chikara et al., 2007) :
- 1 * 1 m (10 000 plants/ha)
- 2 * 1 m (5000 plants/ha)
- 1,5 * 1,5 m (4 444 plants/ha)
- 2 * 2 m (2 500 plants/ha)
- 3 * 2 m (1 666 plants/ha).
Le rendement individuel le plus élevé a été obtenu pour la densité la plus faible (1 666 pieds/ha) avec
94,23 g de graines sèches par plante. La densité 1 * 1 m n‘a donné qu‘un rendement de 31,87 g par
plante. Toutefois, si l‘on ramène ce rendement à l‘hectare, c‘est cette densité qui donne la plus haute
production : 318,7 kg de graines sèches à l‘hectare, contre 156 kg pour les 1 666 pieds. Les auteurs
reconnaissent ne pas pouvoir tirer de recommandation de densité optimale à partir de cette
expérience puisque les observations ont été faites sur des plantations de 1 an et demi. Selon eux, les
densités les plus fortes connaîtront une sévère compétition qui sera défavorable au rendement
individuel.
6
Sol sans horizon diagnostique, peu évolué, souvent sableux
La multiplication du Jatropha peut s'effectuer par graine (multiplication sexuée) ou par bouture
(multiplication végétative). Compte tenu du caractère allogame de l‘espèce, la multiplication sexuée ne
peut donner une plante génétiquement identique à celle dont la graine est issue. On peut espérer une
certaine homogénéité phénotypique en semant des graines d‘écotypes stabilisés qui présentent un
certain degré d‘homozygotie. Seule la multiplication végétative permettra d‘obtenir un individu
génétiquement identique à la plante mère. Le bouturage permettrait également de gagner plusieurs
mois sur la première production.
D‘après différents auteurs, la plantation en graine donne des plants plus résistants, du fait de la racine
pivot centrale qui se développe profondément, alors que les plants issus de boutures ne produisent
que des racines superficielles (photos 1 et 2). Lors du bouturage, le déséquilibre entre la partie
aérienne et souterraine entraîne un stress, qui est probablement la cause de la faible rusticité et du
rendement moins élevé observé par la suite.
Photos 1 et 2 : comparaison des systèmes racinaires d‘un plant obtenu à partir d‘une bouture (à gauche), et d‘un
plant issu de graine plantée directement dans le sol (à droite) (Soares Severino, 2007).
Des observations de la première production ont été faites (tableau 6) sur des plants sauvages qui
n‘ont pas bénéficié de soins particuliers (irrigation, fertilisation). La variabilité des dates de première
floraison ou de première production est à imputer aux conditions environnementales (faible
pluviométrie). Ainsi, en zone sèche non irriguée, on suppose que la première floraison et la première
production se trouvent largement retardées, comme c‘est le cas au Cap Vert, où les différents auteurs
observent une première production au bout de seulement 3 à 5 ans.
Tableau 6 : avantages et inconvénients des techniques de multiplication. Observations faites en zones semi-
arides
L'origine des semences doit être choisie en fonction de l'environnement pédoclimatique de la zone de
plantation. Les semences doivent remplir les exigences suivantes :
- pureté ;
- absence de germes ;
- taux élevé de germination.
D‘après Saturnino et al. (2005), la taille des graines influence différents paramètres de croissance
mesurés 90 jours après plantation : hauteur des plants, profondeur d‘enracinement, nombre de
feuilles, poids de matière verte. En 1949, Avila recommandait déjà l‘utilisation de grosses graines
nettoyées, dépourvues de débris et de corps étrangers, puis séchées.
Selon Münch (1986), les fruits dont les graines sont destinées au semis doivent être récoltés
immédiatement après maturation, afin d‘éviter les risques de contamination par des champignons.
Sharma (2007) note un effet écotype important sur le pouvoir germinatif et le temps de germination.
Lors de son expérience, menée sur 7 écotypes indiens, il a observé 3 pics de germination à 3, 6 et 9
jours après semis.
L‘ensemble des auteurs préconise un pré-trempage des graines dans de l‘eau froide (12 ou 24 heures
selon les auteurs) pour faciliter la germination. Sharma (2007) a obtenu une augmentation moyenne
de 30 % du taux de germination en effectuant un pré-trempage des graines pendant 24 heures. Il note
cependant que le pré-trempage n‘a eu aucun effet sur l‘un des 7 écotypes testé.
La graine sera ensuite placée à quelques centimètres de profondeur : 2 cm pour Avila (1949) et 3 cm
selon Vidal et al. (1962). Les graines de Jatropha peuvent germer à des profondeurs plus importantes,
mais sous irrigation ou en zones très humides, les faibles profondeurs d‘ensemencement sont
probablement plus favorables car les germes utilisent moins d‘énergie pour sortir du sol (Münch,
1986). Une fois les graines semées, il faut les recouvrir de terre et les arroser.
B - Semis direct
Le semis direct peut être envisagé en zones humides ou en zones à forte humidité relative, juste
avant la saison des pluies (Münch, 1986). Le succès d‘une plantation en semis direct dépend
principalement de la qualité des semences, de la période de semis, de l‘humidité de la terre et de
qualité du travail du sol. Cette technique nécessite moins d‘investissement que l‘élevage de plants en
pépinières, mais une quantité de graines proportionnellement plus élevée. La première production
débutera seulement en deuxième année.
Sur un sol nettoyé des adventices, Avila (1949) recommande au Cap Vert de creuser des trous de 20
cm de rayon. La terre de ces trous doit être légèrement meuble. Vidal et al. (1962) préconisent de
placer 2 à 5 graines par trou. Le nombre de graines est choisi en fonction des conditions climatiques.
Dans tous les cas, les graines sont équidistantes les unes des autres dans le trou, avec un écart de
10 cm minimum. La profondeur d‘ensemencement est de 1 à 2 cm.
Les prédateurs des semis sont les oiseaux, les poules et les souris qui creusent dans les trous de
semis (Vidal et al., 1962). Le bétail peut également causer des dégâts en piétinant les jeunes
plantules.
D‘après Münch (1986), les deux premières années, le sol doit être désherbé dans un rayon de 50 cm
autour de la plante. S‘il s‘agit d‘herbes de grande taille, il faut pratiquer un désherbage sur toute la
superficie. En seconde année, deux désherbages sont encore nécessaires. Au premier désherbage
de la seconde année, le démariage est effectué à une plante, la plus vigoureuse. Le sol doit être
humide de manière à ne pas blesser les racines des plantules, celle qui reste comme les plantules
enlevées qui peuvent être utilisées en remplacement d‘un pied manquant ou pour une nouvelle
plantation.
C - Semis en pépinière
La durée d‘élevage des plants en pépinière varie, selon les différents auteurs, de 6 semaines à 5
mois. Joker et Jepsen (2003) recommandent de laisser grandir les plants en pépinière pendant 3
mois, jusqu‘à ce qu‘ils aient atteint une taille de 30 à 40 cm car, à partir de ce stade, ils commencent à
développer leur odeur repoussante et ne risquent plus d‘être pâturés par les animaux.
Le nombre de plants doit tenir compte du taux de germination des graines et d‘une sécurité pour
assurer le remplacement. Il est nécessaire de prévoir 15 à 20 % supplémentaire par rapport au besoin
calculé. La quantité de semences est déterminée à partir du poids de 100 graines.
Pépinière en plein
Les pépinières en plein produisent des plants à racine nues. La confection de planches est la
technique la moins coûteuse. Elle présente l‘avantage de réduire les temps de transport des plants
jusqu‘au champ lors du repiquage.
Distance de semis
La distance entre les graines doit être de 10 * 10 cm (100 plants/m²) selon Avila (1949) et de 15 * 15
cm (44 plants/m²), selon Vidal. Cette distance dépend de la durée prévue de la pépinière. Pour une
durée de 6 semaines, une densité de 100 plantes conviendra. Pour une durée plus longue, il est
préférable d‘augmenter la distance de manière à ne pas entraver le développement des jeunes plants.
Par ailleurs, le semis en triangle utilise mieux les zones de bordures et optimise le développement
(Münch, 1986).
Le développement racinaire de plants semés dans 2 types de containers (tube et sachet) a été
comparé à celui de plants semés en pleine terre (photos 3 à 7) (Soares Severino et al., 2007).
- Dans le cas des plants semés en tubes cannelés (volume 0,28 l), on observe la formation d‘un
nœud, probablement à cause du volume limité. Les racines primaires ont un diamètre normal
mais elles sont moins nombreuses que celles du plant en pleine terre. Les cannelures du tube
tendent à faire pousser les racines verticalement, et aucune racine latérale ne se développe
superficiellement.
- Dans le cas des plants semés en sachet (volume 2 l), le développement racinaire est similaire à
celui du plant élevé en tube, mais les racines sont davantage courbées. Les racines latérales sont
moins nombreuses. On observe un nombre plus élevé de fines racines par rapport au tube,
probablement en raison du plus grand volume de substrat.
Le choix des dimensions du sachet représente un compromis qui doit permettre une croissance
adéquate des racines tout en optimisant les coûts de production et de transport. La profondeur des
sachets généralement relatée dans les expériences de pépinières est d‘environ 30 cm, pour une
durée de 2 à 4 mois. Handreck et Black (1991) et Apud Souza (1995) recommandent de ne pas
utiliser des sachets de moins de 22 cm de haut. Le diamètre doit être supérieur à 10 cm. Une
expérience menée par de Lourdes Silva de Lima et al. (2007) a montré une croissance maximale du
plant dans un sachet de 2 litres (24 * 16 cm), atteignant une hauteur de 25 cm au bout de 35 jours
alors qu'elle était de 16,25 cm dans le sachet de 20 * 13 cm.
Selon Avila et al. (1949), le repiquage peut se faire quand les plants perdent leur aspect de
broussaille, c'est-à-dire quand la coloration passe du vert au gris et quand la formation du bois dans le
tronc a eu lieu. A cette période, de la sève s‘écoule du tronc après incision.
Münch (1986) préconise d‘arrêter l‘irrigation 2 à 3 semaines avant l‘enlèvement des plants pour le
repiquage sur le site définitif. Le repiquage a lieu en début de saison des pluies. Cependant, si une
irrigation complémentaire est possible, l‘auteur recommande un repiquage un peu avant le début de la
saison des pluies. Ceci permet de libérer du temps de travail en début de saison des pluies et laisse
aux plants plus de temps pour se développer et résister à une éventuelle sécheresse.
Il est conseillé d‘arroser les planches la veille de l‘arrachage afin de faciliter leur enlèvement.
L‘arrachage doit être précautionneux : Avila (1949) recommande de creuser un fossé sur la largeur de
la planche suffisamment profond pour atteindre les racines de la plante. Les jeunes plants peuvent
ensuite être enlevés les uns après les autres en les soulevant. Avila conseille le trempage des racines
aussitôt après arrachage dans un mélange d‘eau, de bouse de vache, d‘argile ou de terre. Calvino
(1925) recommande de couper les racines à quelques centimètres, exception faite de la racine
principale. Les plants doivent être transportés rapidement, à l'ombre et avec précaution.
Transplantation
La parcelle à implanter doit avoir été débarrassée de ses adventices, notamment Lantana Camara L.
et Dichrostachys Sineria L., qui sont des adventices concurrentes du Jatropha (voir paragraphe
II.3.4.2). Des trous auront préalablement été creusés selon la densité choisie (voir paragraphe
II.3.1.1). La dimension des trous conseillée par les différents auteurs varie de 30 * 30 * 30 cm à 40 *
40 * 40 cm (Münch, 1986). Ils devront être rebouchés avec de la terre de surface. A noter qu'en
période sèche, ces trous doivent être creusés au fur et à mesure de l‘implantation et non en avance,
sinon la terre s‘assèche complètement à l‘intérieur et provoque un stress à la reprise.
Si la plantation est réalisée avant le début de la saison des pluies et si aucune irrigation n'est
envisageable, il est possible de réduire l‘évaporation en plaçant 3 pierres autour de la plante (Avila,
1949) ou par d‘autres méthodes telles que le mulching ou le paillage plastique.
E - Comparaison des taux de survie des plants pour chaque méthode de plantation
Des comparaisons des taux de survie à la plantation pour les différentes méthodes ont été faites par
Kobilke (1989) au Cap Vert et par Heller (1992) au Sénégal. Les taux de survie les plus bas sont ceux
obtenus avec le semis direct : entre 5 et 50 %, avec une moyenne annuelle de 19,8 %. Selon Heller,
ce taux dépend non seulement de la date de semis et de la profondeur d‘ensemencement, mais
également de l‘année d‘essai. Les essais ont confirmé que le semis devrait être fait après le début de
la saison des pluies. Pour les plants issus de pépinière, les taux de survie vont de 79 à 100 %, et on
La multiplication par bouturage doit avoir lieu pendant la période dite de repos végétatif, c‘est-à-dire
lorsque l‘arbre a perdu ses feuilles en région semi-aride. Cette période varie selon les sites : par
exemple, elle s‘étend de mars à juin au Cap Vert (Avila, 1949 ; Freitas, 1906). A cette période, les
branches du Jatropha sont sans feuilles et les boutures peuvent former des racines avant la formation
de nouvelles feuilles et approvisionner celles-ci en eau.
D‘après Münch (1986), les boutures doivent être choisies de la manière suivante :
- provenir de la partie la plus proche possible du tronc ;
- ne pas être trop grosses ;
- avoir de courtes distances d'entrenœuds ;
- être les plus droites possible, avoir une écorce lisse, grise et brillante (Avila, 1949, rappelle de
ne jamais utiliser les branches tachetées ou aux écorces soulevées car elles sont malades).
Les boutures traditionnellement utilisées au Cap Vert ont une longueur de 1 à 1,5 m (Münch, 1986).
Plusieurs auteurs critiquent ce choix car de trop longues boutures présentent le risque d‘être
renversées par le vent ou par les animaux, ce qui rend leur enracinement plus difficile. Selon Freitas
(1905), les grandes boutures sont davantage menacées par la sécheresse, en raison du plus grand
nombre d‘yeux et de la plus grande surface de transpiration. Si les boutures trop longues ne sont pas
appropriées, il en est de même pour les boutures trop courtes.
Au Sénégal, Samba Arona N'Diaye et al. (2007) ont comparé les taux de survie de boutures de 3, 5,
10 et 15 cm de longueur. Les boutures de moins de 10 cm ont un taux de survie très bas, 20 % pour
celles de 5 cm et 0 % pour celles de 3 cm. Les boutures de 10 et 15 cm ont un taux de survie de 60
%. Le taux de survie peut être amélioré par un prétraitement aux hormones de croissance (Kochhar,
2008). Un prétraitement à l‘auxine a permis d‘obtenir un taux de survie de 93 % après 45 jours de
plantation, alors qu‘il était de 60 % pour les témoins.
Les expériences de terrain dans d'autres régions (Rakotovao, 2005, à Madagascar) conseillent de
prendre des boutures de 30 à 40 cm (4 à 6 yeux) à partir de branches âgées d‘un an. Cela permet
d‘en couper plusieurs à partir d‘une même branche, mais l‘inconvénient est une plus grande perte de
sève pour les boutures à 2 aires de coupures. Sans produit de cicatrisation, cela réduit les chances de
survie après plantation.
La coupure doit être effectuée avec un couteau très tranchant de manière à être nette. Il faut éviter les
cassures et les fentes. Selon Münch, une ligne de coupe perpendiculaire à la branche est préférable à
une ligne oblique, car elle donne un meilleur enracinement et la surface de coupe est plus petite, ce
qui réduit la plaie et les risques d‘infection.
Aussitôt coupées, les boutures doivent être apportées à l‘ombre, dans un lieu frais. Il est conseillé de
les conserver avec la zone de coupe dirigée vers le haut pour ne pas perdre de sève. La sève sèche
dans la zone du cambium et y forme une couronne d‘où partiront les premières racines (Avila, 1949).
On peut recouvrir les coupes de paille pour les protéger de la transpiration jusqu‘à la plantation.
L‘humidité ambiante doit être faible pour éviter qu‘elles ne commencent à germer. Il n‘existe pas
d‘information sur la durée de stockage des boutures. Il est préférable de les planter le plus tôt possible
après la coupe.
La densité de plantation (voir paragraphe II.3.1.1) peut être plus élevée pour les plants issus de
bouture que ceux issus de graines, dans la mesure où la partie aérienne est moins développée. La
distance optimale dépend là encore de la qualité du sol et de son état hydrique.
L‘induction de racines par application d‘auxine a été rapportée par de nombreux auteurs sur d‘autres
espèces. Kochhar et al. (2005) ont testé l‘action de différentes hormones sur le développement
racinaire de boutures de Jatropha curcas. D‘après leurs travaux, un prétraitement avec de l‘auxine
avant la plantation (trempage de 24 heures dans une solution diluées à 100 mg/l d‘IAA) permet
d‘obtenir un développement racinaire chez 75 % des plants 30 jours après plantation, et 100 % 45
jours après, alors que seules 60 % des boutures témoins ont commencé à développer des racines.
Des tests similaires réalisés sur 2 espèces de Jatropha ont permis de montrer que la réponse au
traitement hormonal est différente en fonction de l‘espèce : alors que l‘auxine est plus efficace dans le
développement racinaire de Jatropha curcas, Jatropha glandulifera montre une meilleure réponse
avec de l‘acide naphthalèneacétique (NAA).
La micropropagation in vitro consiste à reproduire un individu à partir d'un fragment qui est placé sur
un milieu nutritif synthétique. Cette technique permet d'obtenir rapidement un grand nombre
d‘individus à partir d‘une plante mère présentant un génotype sélectionné pour sa performance. Elle
peut se faire selon deux voies :
- la multiplication par bourgeonnement axillaire : en provoquant le développement de bourgeons
axillaires présents naturellement à la base des feuilles. Le même développement peut être
provoqué à partir de tiges ou d'inflorescences pour autant qu'ils comportent des nœuds. Cette
technique ne fait donc qu'accélérer in vitro le fonctionnement normal des méristèmes déjà formés
sur une plante ;
- la multiplication par bourgeonnement adventif : en provoquant l'apparition de bourgeons adventifs
en des endroits inhabituels. L'initiation de tels bourgeons peut être en principe induite sur
n'importe quel type d'organe ou de tissu (feuille, tige, racine...).
Le rôle des régulateurs de croissance, cytokinine et auxine, dans les différentes étapes de
l‘embryogenèse a été démontré, mais la proportion idéale entre leurs concentrations, qui varient selon
les types de tissus, est difficile à établir.
Si de nombreuses plantes peuvent aujourd'hui être multipliées par culture in vitro, Jatropha Curcas L.
reste l‘une des plus difficiles à multiplier. La difficulté pour obtenir des racines a notamment été
soulevée. Sanket (2004) donne les conclusions suivantes :
- l‘utilisation de bourgeons de jeunes pousses est idéale pour l‘initiation de la culture ;
Le choix de l‘organe qui servira d‘explant a également son importance. Samba Arona et al. (2007) au
Sénégal ont montré que la multiplication in vitro à partir de graines est difficile à réaliser en raison
d‘infections. Même après désinfection des explants (avec Hg Cl2 1% seul ou en combinaison avec du
NaClO4), les auteurs ont obtenu un taux de germination nul avec des graines non décortiquées et de
20 % seulement avec des graines décortiquées. Ensuite, 95 % des explants placés sur un milieu de
culture ont montré une réactivation des bourgeons axillaires, produisant une ou deux feuilles au bout
de 10 jours. Jha et al. (2007) ont obtenu une induction d‘embryons somatiques de 58 % à partir
d‘explants de feuilles. Ils ont ensuite obtenu un enracinement puis une acclimatation des plantules
avec un taux de survie de 90 % en plein champ. Datta et al. (2007) ont cultivé des explants nodaux de
Jatropha et sont arrivés à une induction racinaire de 52 % en 2-3 semaines. Les plantules
transplantées en pot après 12-16 semaines se sont acclimatées avec un taux de survie de 87 %.
Münch constatait en 1986 une mobilisation extrêmement élevée de certains éléments minéraux par la
plante. Il supposait l‘action de mécanismes impliquant des mycorhizes.
En Inde, Suhas P Wani et al. (2006) ont testé l‘effet de l‘inoculation de graines de Jatropha avec une
souche locale de champignons mycorhiziens à arbuscules. Les paramètres de croissance « hauteur
des jeunes plants », « circonférence du pseudo-tronc » et « nombre de feuilles » ont été observés 3
mois après semis. La croissance des plants inoculés a été supérieure à celle des plants non inoculés :
hauteur + 34 %, circonférence du pseudo tronc + 10 %, nombre de feuilles + 33 %. Sharma (2007) a
observé que l‘inoculation de Jatropha avec des mycorhizes augmente significativement la mobilisation
de phosphore et des autres ions métalliques : aluminium, zinc, chrome, cuivre, fer et plomb. Cette
observation pourrait présenter un intérêt environnemental. Toutefois, les mycorhizes ne font que
mobiliser le phosphore déjà présent dans le sol : sans fertilisation, cela peut provoquer
l‘appauvrissement du sol à moyen ou long terme.
II.3.2. Fumure
Actuellement, on ne connait pas la fertilisation optimale pour la culture de Jatropha. Les études
menées sur le sujet permettent toutefois de dégager des recommandations.
Le calcul des exportations peut donner de précieuses indications sur la fertilisation requise par la
culture pour les compenser. On considère que la principale exportation de la culture est induite par les
fruits (les exportations dues à la chute des feuilles en saison sèche et aux bois de taille ne sont pas
prises en compte). Plusieurs auteurs ont réalisé des analyses de la teneur en éléments NPK des fruits
(tableau 7).
Tableau 7 : Teneur en éléments nutritifs de fruits secs de Jatropha selon différents scénarios de production
(fruits à 7% d‘humidité) (Reinhardt, 2008)
Reinhardt (2008) a ensuite évalué les exportations de la culture en extrapolant ces valeurs selon
différents scénarios de rendements :
- un scénario reflétant les conditions actuelles de culture du Jatropha ;
- un scénario « optimisé », reflétant les rendements qui seraient obtenus avec une amélioration
des pratiques agronomiques ;
- un scénario « idéal » : extrapolant les rendements qui pourraient être obtenus avec à la fois
des pratiques agronomiques optimales, et une amélioration variétale (pour ce dernier
scénario, la teneur des fruits en éléments NPK est également extrapolée, car on considère
que l‘amélioration variétale aura permis d‘augmenter le pourcentage d‘huile dans la graine).
Cette étude donne une évaluation intéressante des besoins de la culture, comme le montre le tableau
8.
2 81 31 89 3 811 2 382
3 6 572 4 436
141 89 139
Tableau 8 : Besoins en fertilisation selon les exportations théoriques calculées pour chaque scénario
(Reinhardt, 2008)
Le tableau 9 résume les recommandations trouvées dans la bibliographie. Une étude menée en Inde
sur la fertilisation minérale (Patolia et al., 2007) montre qu‘elle contribue efficacement à l'augmentation
du rendement. Quatre niveaux d‘azote et de phosphore ont été testés sur des parcelles de Jatropha
(densité de plantation 2 * 2 m) dans la région semi-aride de Gujarat (précipitation annuelle : 540 mm).
Patolia et al., 2007 (Inde) 45 20 0 Essais de comparaison de fertilisation - la potasse n‘a pas
été testée
Joshi, 2005 (Inde) 46 48 24 Fertilisation préconisée à partir de la seconde année de
plantation
Tableau 9 : Récapitulatif des apports en fertilisation minérale préconisés dans la bibliographie (kg/ha)
D‘autres essais menés sur la station expérimentale de l‘ICRISAT à Patancheru en Inde (Suhas P
Wani et al., 2006) ont révélé qu‘un apport de 100 g d‘urée et de 38 g de superphosphate par plant à la
plantation a significativement amélioré les paramètres de la croissance, 21 mois après la plantation (la
densité n‘étant pas précisée) :
- nombre de branches par plant : 3,8 branches pour les témoins et 8,7 pour les plants ayant
reçu l‘engrais ;
- hauteur du plant : + 60 cm en moyenne pour les plants fertilisés.
Enfin, les recommandations de Fact Fundation (2006) sont les suivantes pour l‘Inde :
- à l‘implantation, mélanger le sol en surface avec 0,5 kg de superphosphate ;
e
- tous les ans à partir de la 2 année : une application de 250 g NPK (15-15-15), par plante au
début de la saison humide.
Le tourteau de Jatropha, dont la teneur en azote est élevée, peut être épandu comme engrais
organique (tableau 10). Cuhna Da Silveira (1934) mentionne qu‘au Cap Vert il était utilisé sur le blé
(mélangé avec du superphosphate) et sur le maïs (mélangé avec du sulfate de potasse). Au
Zimbabwe, il est commercialisé comme fertilisant pour sa haute teneur en NPK.
Tableau 10 : Composition de tourteaux de Jatropha analysés par différents auteurs et comparaison avec d‘autres
fertilisants organiques
7
Leaf Area Index
Dans la région humide d‘Orissa en Inde, sur sol sableux à pH 7,2, Arup Ghosh et al. (2007) ont testé 4
niveaux d‘apport de tourteau sur une culture de Jatropha : témoin sans apport, 0,75 t/ha, 1,5 t/ha, 2,25
t/ha, 3 t/ha. Les essais ont été menés sur 2 densités de plantation : 4 * 3 m et plants âgés de 2,5 ans,
3 * 2 m et plants âgés de 2 ans. Les plants avaient reçu un apport minéral avant l‘essai de 45 N – 30
P - 20 K. La composition du tourteau était la suivante : 3,2 % N, 1,2 % P2O5 et 1,4 % K2O (% MS).
L‘application de tourteau a eu un effet élevé sur le rendement. Les plantes ayant reçu 3 t/ha/an ont
donné un rendement individuel de 1,52 kg de graines pour la densité de 4 * 3 m soit 120 % de plus
que la parcelle témoin.
II.3.3. Taille
Il existe deux formes de taille : la taille de formation, destinée à donner une forme à l‘arbre afin de
faciliter les opérations culturales notamment la récolte, et la taille de fructification, pour augmenter et
régulariser la floraison, donc le rendement.
Lors du projet Biomasa au Nicaragua (Sucher et Holzer, 1999), les auteurs ne disposaient d‘aucune
information sur la taille. Elle a été réalisée lorsque les arbres sont devenus trop grands pour récolter
dans de bonnes conditions. La taille a été pratiquée sur les plants adultes ayant atteint 3 m
(approximativement après 3 ans, en fonction des conditions culturales). Les auteurs préconisaient
alors la taille des parties hautes de l‘arbre pour limiter sa hauteur entre 2 et 2,5 m. Ils recommandaient
également de couper les branches latérales entrecroisées entre les rangs de manière à permettre
l'entrée de lumière et la circulation de l'air entre les plantes. Une observation intéressante a été
rapportée lors de cette expérience : la flexibilité des jeunes rameaux, une des caractéristiques du
Jatropha, facilite la récolte manuelle des parties hautes de la plante mais se perd avec le temps. Il est
donc important de couper les branches avant qu‘elles ne grossissent trop, d‘autant que lorsque la
branche se casse, elle produit un écoulement de latex irritant pour le ramasseur.
Afin d‘évaluer le potentiel de plusieurs écotypes indiens, Patolia (2007) a observé les caractéristiques
morphologiques de plants issus de graines de différentes provenances. Il note une corrélation positive
entre le rendement en graines et le nombre de branches tertiaires par plant et, dans une moindre
mesure, une corrélation positive entre rendement et nombre de branches secondaires par plant. La
ramification est donc bien corrélée avec le rendement.
Les essais confirment qu‘il y a une forte interaction entre la variété et l‘environnement, car les
écotypes observés par Patolia, bien que n‘ayant subi aucune opération de taille, montrent des
nombres de branches secondaires et tertiaires significativement différents.
Protocoles de taille
Les protocoles de tailles proposés pour augmenter le nombre de branches diffèrent selon les auteurs.
Quelques-uns sont décrits ci-dessous.
A – Henning (2007) : Pour obtenir une ramification précoce telle qu‘il l‘a observée chez un producteur
brésilien dont la plantation présente un rendement intéressant (photo 8), Reinhard Henning conseille
de tailler les nouvelles pousses durant les 3 premières années. Lorsqu‘elles atteignent une longueur
de 60 cm, il préconise de couper 50 cm et de laisser 10 cm de manière à ce que de nouvelles
branches puissent se développer. L‘avantage de cette taille est de permettre de garder un port assez
bas qui facilite la récolte des fruits, facteur important à prendre en compte dans la faisabilité d‘une
plantation de Jatropha curcas L. (voir paragraphe récolte).
B – Gour (2006) propose le protocole suivant : Dès l‘âge de 6 mois, pratiquer un pincement des
terminaux à environ 30 cm de l‘apex, afin d‘induire des rameaux latéraux. A la fin de la première
année, les branches secondaires et tertiaires doivent être à leur tour pincées, ou taillées, de manière à
obtenir un minimum de 25 branches. En deuxième année, chaque branche doit être coupée aux 2/3
(obtention de 35 – 40 branches en fin de deuxième année). Les années suivantes, la taille peut être
poursuivie, en fonction de la croissance de la plante.
C – Dans le rapport de Fact Fuel « Handbook on Jatropha curcas First draft » (2006), Shri Vinayakaro
Patil donne les recommandations suivantes pour l‘Inde :
- Pratiquer une première coupe sur les arbustes de 1 an (avant que l‘arbre n‘ait commencé à former
de nouvelles feuilles). Les arbustes sont alors coupés à la même hauteur entre 30 et 45 cm au-dessus
de sol. Le but est de permettre la croissance des branches latérales jusqu‘au début de la saison des
pluies suivante.
- sur les arbres de 2 ans, les branches latérales sont coupées au 2/3 (1/3 reste sur l‘arbre), afin de
permettre la formation de nouveaux rameaux et obtenir un port « en ombrelle ».
On a assez peu de recul sur l‘âge des plantations ayant subi ces protocoles pour savoir s‘ils sont
vraiment adaptés et efficaces. On peut citer une expérience brésilienne (Ungaro et al., 2007), qui
compare une parcelle témoin sans taille à 2 types de taille :
- élagage des branches secondaires à 1 an ;
- élagage des branches apicales à 1 an.
Elle n‘a montré aucune influence significative avantageuse de la taille sur la production, pour des
arbres de 4 ans. Cependant, cet essai a été conduit sur de très petites parcelles comprenant chacune
3 lignes de 6 plants.
Quoiqu‘il en soit, les protocoles de taille assez sévères préconisés par Henning ou Rijssenbeek et al.
(2007) entraînent une productivité réduite pendant les 2 ou 3 premières années alors qu‘un arbre non
taillé entre en production dès la première année de plantation.
Période de taille :
La période recommandée pour la taille est la période où l‘arbre a perdu ses feuilles, appelée période
de repos végétatif par la plupart des auteurs, bien que le peu d‘observations dont on dispose sur cette
période laisse plutôt entendre qu‘il s‘agit d‘une adaptation de l‘arbre à la sécheresse plutôt qu‘une
période de dormance. Au Nicaragua, la meilleure période a été estimée entre le 15 février et le 15
mars.
Si l‘on envisage une taille sévère, il faut la pratiquer suffisamment tôt pour que la plante ait le temps
de se rééquilibrer et donner une récolte lors de la saison des pluies.
Il est recommandé d‘utiliser un instrument bien aiguisé. La coupure doit être propre, réalisée en
diagonale, sans fendre la branche pour ne pas favoriser l‘entrée des insectes et maladies
(cryptogamiques, bactériennes) ou provoquer de pourrissement.
De plus, le Jatropha appartient à la famille des Euphorbiacées, qui comprend de nombreuses espèces
sauvages et cultivées comme l‘hévéa et le manioc, ce dernier étant plus sensible que le Jatropha à
certaines affections. Les maladies ou prédateurs peuvent facilement s‘installer dans des espèces
hôtes. Le risque d'infestation et de transmission entre ces plantes et une culture de Jatropha proche
est réel. Il est donc important d‘évaluer de façon critique l'installation de Jatropha par rapport à
l‘environnement naturel et à la proximité éventuelle de plantations de manioc.
Les risques d‘infection sont augmentés lors de la taille ou du bouturage à cause des plaies. Un certain
nombre de champignons pathogènes du Jatropha curcas L. ont déjà été identifiés (tableau 11).
Contrairement à la croyance selon laquelle la toxicité et les propriétés insecticides de la plante lui
épargnent la présence de ravageurs, beaucoup d‘insectes n‘y sont pas sensibles, et l‘on trouve
notamment des insectes de l‘ordre des Hétéroptères sur les arbres de Jatropha dans la plupart des
aires de distribution (Grimm et Maes, 1997).
Les auteurs ont tendance à diviser la faune d‘arthropodes entre les nuisibles et les espèces « utiles » :
prédateurs des nuisibles et pollinisateurs. En fait, les interactions sont complexes : la majorité des
insectes a un effet neutre qui n‘interfère pas avec le rendement de la culture. D‘autres peuvent
connaître des changements de comportement au cours de leur cycle, et tour à tour se retrouver
prédateurs, pollinisateurs et ravageurs.
Durant le projet Biomasa (Nicaragua), qui a duré 10 ans, de nombreuses observations intéressantes
ont été recueillies sur les ravageurs qui ont été observés tout au long de leur cycle. On peut s‘appuyer
sur les observations qui en sont tirées concernant les infestations.
A - Les ravageurs
D‘après Grimm et Maes (1997), le groupe de ravageurs potentiels le plus fréquemment observé au
cours du projet Biomasa sont les punaises. Ces Hétéroptères sont présents à chaque stade de la
culture, quelle que soit la taille des arbres. L‘espèce la plus importante relevée est Pachychoris klugii,
qui peut être considéré comme le principal ravageur du Jatropha curcas L. au Nicaragua. L‘insecte
rouge et noir réalise l‘ensemble de son cycle sur le Jatropha et n‘a pas été retrouvé sur d‘autres
plantes voisines. Ses œufs sont disposés par groupes d'environ 60 à 70 sur la face inférieure des
feuilles. Ils sont enveloppés de secrétions maternelles les protégeant des prédateurs. Au stade
larvaire, les nymphes s‘alimentent principalement des fruits, sans quitter l'arbre. La dispersion a lieu
e
après la mue finale (5 stade du cycle), lorsque les insectes sont adultes. Cette espèce, dont la
distribution en Amérique du Sud s‘étend du Mexique au Nicaragua, peut être trouvée sur le Jatropha à
n‘importe quel moment quand les fruits sont présents. A la saison sèche, les adultes peuvent quitter
l‘arbre et se dissimuler. Mais si les conditions sont favorables, tous les stades du cycle peuvent être
observés sur la plante à tout moment de l‘année. La ponte a lieu à la première saison des pluies.
Plusieurs générations se développent ainsi durant l‘année. Lors du projet Biomasa, une densité
maximale de 145 000 individus/ha a été enregistrée, entraînant de fortes baisses de rendement, avec
notamment des dégâts sur les fruits et les graines (avortement, graines vides ou malformées).
Le second ravageur le plus observé au Nicaragua est l‘Hétéroptère Leptoglossus zonatus, qui peut
également attaquer le sorgo, le maïs, les tomates et le soja. Cette espèce peut réaliser tout son cycle
sur le Jatropha curcas L., mais la plus grande fréquence des adultes, par rapport aux nymphes et aux
œufs, indique un mouvement vers d‘autres cultures ou d‘autres plantes sauvages. Les œufs sont
dispersés en chaînes de 50 et plus, la plupart du temps sur les branches mais ils peuvent également
se trouver sur les feuilles et les pédoncules. Les larves sont agrégées durant les deux premiers
stades, et se dispersent ensuite. Les dégâts causés sont similaires à ceux du P. klugii avec un
nombre plus élevé d‘avortement des fruits.
D‘autres espèces de punaises ont été relevées sur les fruits mais uniquement au stade adulte. Les
plus fréquents sont : Acrosternum marginatum, Nezara viridula, Chelisomidea variabilis et
Hyalymenus tarsatus. Les Hétéroptères Hypselonotus intermedius et H. lineatus detersus se
nourrissent des fleurs. Ils ont à la fois la fonction de pollinisateurs et de ravageurs, car ils réduisent le
nombre de fruits arrivant à maturation.
Uredo jatrophicola Les dommages causés par les champignons provoquant la rouille ne sont pas
Cuba Calvino, 1925 Provoque la rouille
Arth mortels car le développement du mycélium se limite à la zone infectée
Phyllosticta calvinoi
Ciferri
Cuba Calvino, 1925 Feuilles Tâches sèches, rondes, de 2 à 3 mm sans limites distinctes
Pestalotiopsis
Singh, 1983 Feuilles
paraguarensis
Tâches de 1 cm de diamètre
Pestalotiopsis
Inde Phillips, 1973 Feuilles Centre de couleur gris blanc, dans lesquels de petits points sont visibles.
versicolor
Pathogène démontré : parasite des plaies
Cercospora jatrophae
Le scarabée Lagocheirus undatus, qui touche également le manioc, est un autre ravageur
représentant une menace potentielle importante. Les femelles, nocturnes, sont attirées par le bois
mort et les plantes endommagées dont elles dévorent l‘écorce et où elles pondent des œufs. Les
larves blanches creusent des galeries parallèles à l‘axe du bois, provoquant progressivement le
pourrissement du tronc et des branches, puis la mort de l‘arbre. Au Nicaragua, les adultes ont été
relevés dans les plantations, de mai à septembre. Les blessures mécaniques sur les arbres,
provoquées par exemple lors d‘un sarclage, augmentent le risque d‘infestation par cette espèce. Il est
recommandé d‘éliminer tout foyer possible d‘infestation (le bois mort, les arbres attaqués) pour éviter
la contamination des arbres sains.
Quelques insectes attaquent les feuilles du Jatropha curcas. Les sauterelles Schistocera nitens et
Idiarthron sp dévorent les feuilles et les fruits non mûrs, mais les dégâts causés sont mineurs par
rapport à ceux des hétéroptères. Pantomorus femoratus est également fréquemment observé sur les
feuilles, mais on a relevé des dégâts importants uniquement sur des plantations à grande échelle.
B - Les prédateurs
Il est important d‘identifier la faune de prédateurs dans la mesure où elle contrebalance celle des
ravageurs. Le groupe le plus important est celui des araignées, qui se divise entre les araignées à
toile et les araignées de chasse. L‘espèce la plus fréquente dans le premier groupe est Leucauge sp
(Araneida : Tetragnathidae), qui a été observée pour prendre dans sa toile C. variabilis. Les araignées
de chasse trouvées sur le Jatropha sont de la famille des Salticidae, Thomisidae, Oxyopidae et
Heteropodidae. Peucetia viridans (Araneida : Oxyopidae) a en particulier été identifiée comme
prédateur de Nezara Viridula, de même qu‘une espèce non identifiée de la famille des Thomisidae se
nourrit des larves de L. zonatus.
Conomyrma sp. a été observé comme pollinisateur. D‘autres fourmis ont au contraire été enregistrées
comme ravageur très important sur les plantules au Brésil (Saturnino, 2005).
.
II.3.4.3. Lutte phytosanitaire
A - Lutte biologique
Grimm et al. (1997) ont testé le potentiel d‘efficacité des champignons entomopathogènes Beauveria
bassiana et Metarhizium anisopliae pour lutter contre les hétéroptères Leptoglossus zonatus et
Pachychoris klugii. L‘élimination des insectes avec les champignons prend plus de temps qu‘avec un
traitement chimique : 20 à 24 jours pour P. klugii et 13 à 16 jours pour L. zonatus, mais l‘activité des
insectes est réduite dès le début d‘infection. Les expériences de laboratoire ont démontré une
mortalité de 99 % chez L. zonatus et 64 % chez P. klugii. Les essais en plein champ réalisés au
Nicaragua ont confirmé l‘efficacité de cette méthode qui, d‘après les auteurs, serait facilement
applicable en milieu paysan. A noter que l‘on utilise également Beauveria bessiana et Metarhizium
anisopliae pour le contrôle des termites.
Remarque : l‘huile et les feuilles de Jatropha sont connues pour leurs propriétés insecticides. Minengu
(2007) donne les préconisations suivantes pour lutter contre la cochenille et d‘autres insectes
responsables d‘attaques : employer des l'extrait de feuilles de Jatropha écrasées, mélangées à de
l‘huile de Jatropha dans les proportions suivantes : 10 kg de feuilles broyées dissoutes dans 2 à 3 l
d'eau ajouté à 10 cl d'huile de jatropha. Cependant, l‘auteur ne fait aucune mention des résultats
obtenus avec cette technique, ni des espèces exactes qui sont traitées. Cette technique de lutte
biologique mériterait d‘être expérimentée.
B - Lutte chimique
Les expériences de cultures intercalaires de Jatropha ne sont pas nombreuses, mais ne semblent pas
présenter de contre indication particulière, si ce n‘est d‘éviter une association avec une autre
euphorbiacée, comme le Manioc ou l‘Hévéa (le Jatropha pourrait être une plante hôte pour les mêmes
bioagesseurs).
Pour la mise en place d‘une culture intercalaire, il est préférable que les plants de Jatropha soient
issus de graines et non de boutures, car celles-ci développeraient des racines latérales de surface
entrant en concurrence avec celles de la culture associée.
Saturnino et al. (2005), recommandent d‘implanter des cultures annuelles entre les rangs pendant les
deux premières années de plantation, afin d‘amortir la mise en place de la culture de Jatropha en
permettant la rémunération du producteur avant l‘entrée en production.
Comme exemples de cultures associées, Drummond et al. (1984) citent la plantation de haricots,
d‘arachide ou de sorgho. Saturnino et al. (2005) ont testé avec succès deux cultures intercalaires de
maïs (destiné à l‘alimentation des vaches) et de concombre (destiné à l‘industrie), mais ne précisent
pas les densités de plantation. Bhojvaid (2006) recommande l‘interculture avec des cultures
fourragères. Des essais d‘interculture avec du piment au Belize ont montré une réduction de la
présence d‘insectes ravageurs sur le piment, qui est par ailleurs bien adapté à l‘ombrage du Jatropha
(Baumgart, 2007).
Là encore, les auteurs se limitent à la mise en place d‘une culture intercalaire pendant les 2 premières
années de plantation, afin de rentabiliser la surface occupée et de limiter la concurrence avec les
e
adventices. A partir de la 3 année, avec une distance de 3 m entre les rangs, le Jatropha occupe trop
d‘espace pour permettre une culture associée. Si l‘on souhaite mettre en place une culture intercalaire
permanente, la distance entre les rangs devra être supérieure
Ordre/ Genre Espèce Lieu Auteur Photo Dégâts Nom commun/ Lutte biologique
Remarques Prédateur connu
Cap Vert Münch et al.,
Hétéroptère Calidea 1986 Fruits Peut représenter un facteur de
Scutelleridae Stigmata Non disponible dégâts importants
Nord Sao Ferrao, 1984 Insecte fréquent en Afrique
Tomé occidentale
Hétéroptère Calidea Nicaragua Heller, 1996 Fruits
Non disponible
Scutelleridae Dregei
Fruits et fleurs Insecte rouge et noir champignons
Hétéroptère Pachycoris Grimm et Maes, Avortement des fruits Espèce la plus observée lors entomopathogènes
Scutelleridae klugii Nicaragua 1997 Malformation des graines du projet Nicaragua. Densité Beauveria bassiana et
de 1 234 à 3 455 insectes/ha. Metarhizium anisopliae
Principal ravageur de la (Grimm et al., 1997)
culture Pseudotelenomus pachycoris
Vit tout son cycle sur le (Hyménoptère : Scelionidae) :
Jatropha. prédateur des oeufs (Gabriel
et al., 1988).
Pachycoris Brésil et Foidl et al., Fruits et fleurs Insecte qui présente une
Hétéroptère torridus Nicaragua 1996 grande variabilité de couleurs
Scutelleridae Grimm et al, et de taches, la forme la plus
1997 fréquente est rouge et noire,
et vert métallique sur la partie
ventrale. Attaque également
le manioc, l’eucalyptus, le riz
(Ungaro et al., 2007)
Hétéroptère Leptoglossus Nicaragua Grimm et Maes, Fruits et fleurs Seconde espèce la plus espèce non identifiée de la
coreidae zonatus 1997 observée lors du projet famille des Thomisidae
Nicaragua. (Araneida) : se nourrit de ses
Attaque d’autres cultures : larves
mais, sorgho, tomates, soja
Le Jatropha peut être un hôte champignons
pour tout le cycle de cet entomopathogènes
insecte, et peut l’héberger Beauveria bassiana, et
tout au long de l’année tant Metarhizium anisopliae
que les fruits sont présents (Grimm et al, 1997)
sur l’arbre (Grimm et al. 1999)
Coléoptère Lagoceirus Nicaragua Grimm et Maes, Ses larves creusent le bois Scarabée aux longues cornes
Cerambycidaeatr undatus 1997 Peut tuer l‘arbre entier
op
Lépidoptère Spodoptera Inde Meshram et al, Feuilles Seule chenille qui défolie le
noctuidae litura (chenille) 1994 Jatropha
Stegodyphus sp (Eresidae :
Arachnida) : capture
l’insecte dans sa toile
Haut : larve
Bas : adulte
Hymenoptère Atta sexdens Brésil Saturnino et al , feuilles Fourmi Les auteurs recommandent
Formicidae rubropilosa 2005 A été enregistré comme le d‘éliminer les fourmilières,
ravageur le plus important de la avant la plantation, et
Honduras Alfonso, 2007 plantation au Brésil. également de laisser une
Gros dégâts sur les plantules bande de culture de 80 à 100
Non disponible
(surtout en cas de semis direct). m entre la plantation et la
Dévore l‘écorce de l‘arbre. végétation indigène.
Egalement signalé comme
ravageur au Honduras, sur les
jeunes plants
Thysanoptère Selenothrips Brésil Saturnino et al , Trips
Thripidae rubrocinatus 2005 Larves rouges et
caractérisées par la présence
d'une excrétion rouge à
l'extrémité de l'abdomen.
Non disponible
Forment des colonies bien
visibles à l'œil nu.
L'adulte est noir.
Egalement ravageur du
cacaoyer
Podagrica spp Zimbabwe Openshaw, 2000 Non disponible
Coccina Fogo Münch, 1986 Dégâts très importants sur les jeunes Observés à Fogo sur 2 plantes
Pseudococcid pousses et les feuilles voisines du Pourghère
Non disponible
és Répandu dans les régions
tropicales et subtropicale
La maturité est échelonnée. Elle l‘est d‘autant plus dans les zones où la saison des pluies est
étendue. La couleur de la capsule du fruit passe du vert au jaune, puis vire au marron.
En Inde, Kaushik et al. (2001) ont mené une étude de détection des indices de maturité du fruit en
effectuant des observations sur le poids de la graine, sa taille, sa couleur et son taux de germination.
La capsule du fruit reste verte jusqu‘à 47 jours après pollinisation (JAP), puis vire au jaune à 57 JAP.
Les graines à l‘intérieur sont blanches jusqu‘à 27 JAP, puis deviennent marrons (37 - 47 JAP) et enfin
e
noires (57 JAP). C‘est précisément à ce 57 JAP (lorsque la capsule vire au jaune et les graines au
noir) que les paramètres maximums de taille et de poids sont atteints, et que la graine présente un
taux de germination maximal. La maturité physiologique de la graine semble donc atteinte quand la
capsule du fruit se colore en jaune, c'est-à-dire 57 jours après pollinisation dans les conditions de
cette expérience indienne. Chez d‘autres espèces (soja, blé), on considère que la qualité maximale de
la graine est atteinte avec la maturité physiologique. Il faudrait réaliser une étude plus poussée sur le
Jatropha pour savoir si la teneur maximale en huile est atteinte à cette période.
Plusieurs auteurs s‘accordent sur le fait qu‘il faut effectuer la récolte lorsque le fruit se colore en jaune.
Le nombre de jours pour arriver à maturation varie en fonction des conditions pédoclimatiques. Selon
Reyadh (1997), la coloration jaune du fruit se produit environ 4 mois après la pollinisation en Egypte,
alors que pour Ratree (2004), elle est atteinte 2 à 3 mois après pollinisation en Thaïlande.
Au Nicaragua (projet Biomasa), les fruits étaient également récoltés lorsqu‘ils se coloraient en jaune,
car, d‘après les auteurs, à ce stade, les graines ne sont pas encore attaquées par des bactéries ou
champignons, et sont plus faciles à décortiquer. Selon eux, une fois la maturité optimale dépassée, la
capsule du fruit adhère aux graines ce qui rend le décorticage plus difficile, et les graines commencent
à être attaquées par des champignons. Deux ou trois passages par semaine étaient alors réalisés,
afin d‘éviter les pertes et ne pas laisser sur les arbres des fruits trop mûrs.
Au Honduras, pour récolter le fruit dans des conditions optimales, Mejia (2006) rapporte que
l‘intervalle entre 2 passages était de 4 jours au maximum pendant la saison des pluies, alors qu‘il
pouvait être de 6 jours au début de la saison sèche.
II.3.6.2. Récolte
La récolte est l‘un des points clés de la faisabilité économique de la production d‘huile de Jatropha, le
prix des graines dépendant du temps de récolte (Rijssenbeek et al., 2007). Le moment et la durée de
la période de récolte varient beaucoup en fonction des conditions du site. Dans les régions semi-
arides, la récolte s‘étend sur 2 mois environ, avec une fréquence de passage quotidienne à
hebdomadaire. Dans des conditions où la saison des pluies est longue, l‘arbre donne des fruits toute
l‘année.
Cette maturité échelonnée représente un frein à beaucoup de formes de récoltes mécaniques.
D‘après Saturnino et al. (2005), le contrôle de la disponibilité en eau, à supposer qu‘il soit possible,
pourrait permettre d‘obtenir une maturité plus regroupée et éventuellement d‘envisager une récolte
mécanique. Ce point est cependant discutable car il faudrait tellement limiter la disponibilité en eau
pour regrouper la maturité que la production risquerait d‘être trop faible. On pourrait également
imaginer arriver à regrouper la maturité par amélioration génétique.
La récolte manuelle
Le ramassage s‘effectue en cueillant les fruits soit directement sur l‘arbre soit en provoquant leur
chute avec un bâton lorsque l‘arbre est trop haut pour pouvoir atteindre ses parties supérieures. Au
Brésil, les ramasseurs étaient équipés d‘une perche avec un sac de toile au bout pour récolter les
fruits trop hauts (Saturnino et al., 2005).
Les estimations de temps de travaux pour le ramassage varient considérablement (tableau 13). Ces
estimations sont données pour des quantités de graines sèches ramassées à l‘heure (ou à la
journée). Cependant, lors de la récolte, ce sont les fruits qui sont ramassés, et non les graines. On
peut donc se demander si dans les estimations de temps de récolte, il n‘y a pas eu de confusion entre
Tableau 13 : Estimations des temps de travaux pour le ramassage, répertoriés dans la bibliographie
les terminologies fruits, graines humides ou graines sèches dans les quantités rapportées. Les
données de temps de récolte sont hétérogènes. Elles dépendent de nombreux facteurs : hauteur, port
de l‘arbre, méthode de ramassage, densité de plantation et également productivité de l‘arbre (la
collecte est plus efficace pour les variétés à haut rendement). Il faut également apporter une nuance
entre les données réellement mesurées sur le terrain et les données estimées, par exemple par des
enquêtes auprès des paysans, dont la fiabilité est discutable.
En Tanzanie, Henning (1992) a mesuré des temps de récolte sur des haies et rapporte qu‘une
personne peut récolter 3 kg de graines fraîches par heure. Pour une plantation en plein champ, il
estime le temps de récolte moyen à 2 kg de graines sèches par heure (Henning, 2008, communication
personnelle).
L‘expérience au Nicaragua fait état de 30 kg fruits jaunes par heure pour les « meilleurs récolteurs ».
Cette estimation semble élevée. Les auteurs expliquent leur méthode pour optimiser le rendement de
leurs récolteurs. La récolte était au départ effectuée à l‘aide de paniers : les récolteurs marchaient le
long des rangs, mais perdaient beaucoup de temps à aller et venir pour charger les paniers et à les
déplacer autour de l‘arbre. Les responsables du projet ont donc envisagé l‘utilisation de « besaces »
accrochées à la ceinture (comme pour le café), ou dans le dos du cueilleur (comme pour la récolte du
raisin). Pour récolter les parties centrales de la plante, les cueilleurs plaçaient la besace dans leur dos
à cause des branches latérales.
Les responsables du projet Biomasa ont rapporté que la maturité échelonnée, nécessitant des
passages réguliers tout au long de la saison des pluies, a été véritable frein au bon déroulement de la
récolte. Les paysans, peu habitués à ce rythme de ramassage, ont parfois laissés les fruits sur l‘arbre,
ou les ont récoltés trop tardivement pour qu‘ils puissent être traités (les responsables du projet
précisent toutefois que les paysans manquaient de qualification et de formation).
A l‘aspect contraignant de la régularité des passages s‘est ajoutée la difficulté du ramassage en lui-
même, déjà abordé au paragraphe II.3.3 : les branches vieillissantes perdent leur flexibilité et
deviennent cassantes, provoquant en se rompant un écoulement de latex, urticant au contact direct
de la peau. Cet écoulement de latex n‘a pas seulement été observé lors de la section de rameaux
mais également au niveau de la grappe, au point de ramassage (Saturnino et al., 2005).
Ces particularités du Pourghère sont de véritables contraintes qui compliquent le ramassage. La taille
de l‘arbre est essentielle, car elle permet d‘éviter ce phénomène de rameaux cassants et donner à
Les auteurs brésiliens (Saturnino et al., 2005) évoquent une possibilité de récolte mécanique à l‘aide
d‘un vibreur, telle qu‘elle se pratique pour l‘olivier ou le caféier. Cette option pourrait être envisagée si
l‘on arrive à regrouper la maturité. En pratique, ce type de récolte utilise une machine pour faire
vibrer :
- soit le tronc de l‘arbre : vibreur mécanique accouplé à la prise de force du tracteur,
- soit les branches (moins traumatisant) : cas du vibreur porté.
D‘après ces auteurs, la vibration provoque la chute des fruits mûrs uniquement, récupérés dans une
toile préalablement placée sous l‘arbre. Cette technique est mentionnée, mais il n‘est pas précisé si
elle a véritablement été expérimentée sur le terrain. Plusieurs questions peuvent se poser quant à son
applicabilité sur le Jatropha. Cette pratique n‘est pas utilisable sur tous les arbres car elle peut
provoquer un déracinement. Elle serait donc certainement à proscrire pour les plants issus de
boutures, dont le système racinaire est superficiel. Elle mériterait peut être d‘être testée sur les plants
issus de graines mais, dans ce cas, sur des arbres adultes bien enracinés.
Le dépulpage est l‘opération de séparation des graines (seeds) du péricarpe (husk). Cette opération
peut être réalisée manuellement ou mécaniquement.
Münch (1986) relate que la méthode traditionnelle au Cap Vert consistait à exposer les fruits au soleil
très longtemps, afin de provoquer leur déhiscence, avant de les trier à la main. Une alternative
consistait à mettre les fruits dans un sac et lui administrer des coups de bâton. La séparation se
poursuivait alors par vannage, tamisage ou par simple tri. On ne dispose pas d‘information sur le
temps de travail relatif au dépulpage manuel.
Dépulpage mécanique
Il n‘existe pas à l‘heure actuelle d‘appareil spécifique pour le dépulpage mécanique du Jatropha. Au
Nicaragua (projet Biomasa), la séparation s‘effectuait immédiatement après récolte sur les fruits
jaunes, à l‘aide d‘une décortiqueuse mécanique, ou dépulpeur, semblable à celle utilisée pour le café
(mais sans humidifier les fruits préalablement comme pour le café). Des appareils destinés au
dépulpage d‘autres graines oléagineuses sont en cours de test.
Différents principes de décorticages ont été mis au point pour les graines oléagineuses : écrasement
cisaillement sur cylindres cannelés, impact sur cage d‘écureuil, fatigue mécanique par variation de
pression d‘air. Cependant, l‘opération n‘est pas aisée et les résultats sont aléatoires : le décorticage
laisse subsister des fractions intermédiaires difficiles à séparer (graines partiellement ou non
décortiquées, très fines particules d‘enveloppes et d‘amandes), qu‘il est nécessaire de réaffecter dans
les fractions terminales.
Le cas de décorticage de la graine de Jatropha n‘a été abordé dans la bibliographie que pour
l‘extraction traditionnelle de l‘huile (voir partie III-3), et les graines sont dans ce cas décortiquées à la
main. Il n‘est pas nécessaire de décortiquer les graines pour l‘extraction de l‘huile par pressage (voir
partie III – 3). Le décorticage mécanique des graines n‘est donc pas une technologie à développer.
Les semences d‘euphorbiacées, à l‘exception de l‘hévéa, sont classées parmi les semences dites
orthodoxes (Ellis et al., 1985, Heller, 1996) : elles subissent une forte déshydratation au cours de leur
maturation et survivent parfaitement dans cet état. Elles sont capables de supporter une dessiccation
extrême et une conservation au froid sous des températures pouvant aller jusqu‘à -196 °C (permettant
de les conserver par cryoconservation, seule technique disponible à l'heure actuelle qui permette
d'assurer la conservation de ressources génétiques à long terme). A l‘inverse des semences
récalcitrantes, la conservation des semences orthodoxes ne pose généralement pas de problème
important. Leur longévité est accrue par la réduction de leur teneur en eau et la conservation à basse
température (Hong et al., 1996).
Conservation :
Remarque : les tests de conservations cités dans le paragraphe qui suit se sont uniquement
intéressés à l’évolution de la capacité de germination des graines en fonction du stockage.
Malheureusement, aucune expérience n’a été menée sur l’influence de la durée de stockage des
graines sur la qualité de l’huile. Ce paramètre est pourtant le plus intéressant lorsqu’on se place dans
un but de production d’huile, et non de production de semences. Concernant les autres graines
oléagineuses, destinées à la production d’huile à destination carburant, Vaitilingom (2008,
communication personnelle) rapporte que les graines doivent être ventilées régulièrement pour éviter
l’acidification et les échauffements, et que les lots sont considérés comme stabilisés à une humidité
inférieure à 9 %, qui est le taux d’humidité maximal des graines pour le bon fonctionnement de la
plupart des presses artisanales disponibles sur le marché.
Malgré la bonne capacité de conservation de graines, leur pouvoir germinatif diminue avec le temps.
Heller a réalisé des tests de conservation en stockant des graines âgées de 2 à 6 mois dans des
sachets plastiques non fermés à température ambiante (environ 20°C) pendant 5 mois. Le taux de
germination moyen relevé a été de 62 %. Après un stockage de 7 ans dans les mêmes conditions, les
graines avaient encore un pouvoir germinatif de 47 %. Leur analyse a montré une teneur en eau de
6,2 % (moyenne de toutes les provenances).
Kobilke (1989), qui a comparé le pouvoir germinatif de graines âgées de 1 à 24 mois, a quant à lui
observé un pouvoir germinatif inférieur à 50 % pour les graines de plus de 15 mois. Ce faible pouvoir
germinatif est cependant expliqué par le fait que ces graines n‘avaient pas été stockées, mais étaient
restées au champ, elles ont donc été exposées à de fortes variations d‘humidité et de températures,
qui ont affecté leur viabilité.
Ratree et al. (2004) ont établi une corrélation significative entre le taux de germination et la durée du
stockage (à température ambiante), comme le montrent leurs résultats consignés dans la figure 4.
En conclusion, le taux de germination des graines en fonction de la durée de stockage rapporté par
les différents auteurs est variable. Il dépend des conditions de températures et d‘humidité (la
température ambiante de l‘expérience en Thaïlande n‘est pas mentionnée). D‘une manière générale,
les conditions de préparation et de stockage vont directement influencer la qualité des graines.
Lorsque ces opérations sont réalisées dans de mauvaises conditions, les conséquences peuvent se
ressentir à plusieurs niveaux :
- attaque des moisissures ;
- perte du pouvoir germinatif ;
- réduction de la teneur en huile ;
- diminution de la qualité de l‘huile.
% de germination
70
60
50
40
30
20
10
0
0 7 14 21 28 56 84 112
Nombre de jours de stockage
Figure 4 : Comparaison du taux de germination en fonction de la durée du stockage des graines, en Thaïlande
(Ratree, 2004)
Séchage :
Les semences fraîchement récoltées peuvent présenter un taux d‘humidité élevé, qui stimule la
respiration, la croissance des embryons des graines et les champignons. Les graines doivent donc
être séchées en utilisant des techniques qui n‘affectent pas leur viabilité, afin de réduire leur taux
d‘humidité à des niveaux recommandés pour le stockage. Cette déshydratation doit avoir lieu le plus
tôt possible après la récolte.
Plusieurs méthodes sont disponibles pour sécher des semences : utilisation d‘un dessiccateur
(déshydratation déshumidifiée), séchage au silicagel ou au chlorure de calcium. On peut également
utiliser des méthodes moins onéreuses, par exemple le séchage naturel à l‘ombre. Il doit être réalisé
dans un environnement où l‘humidité relative est basse (inférieure à 40 %). Il est parfois mentionné
dans des documents techniques d‘exploitation du Pourghère que le séchage des semences est
effectué au soleil. Cette méthode est cependant à éviter, car l‘exposition directe au soleil affecte leur
pouvoir germinatif (Joker et Jepsen, 2003). Les semences fraîches sont étalées en une seule couche
sur un drap ou une natte, dans un endroit bien aéré. Si cette opération est effectuée en plein air, il est
recommandé de recouvrir les graines d‘un filet protecteur pour empêcher la prédation par les animaux
(oiseaux, rats, etc.). Cette opération peut durer plusieurs jours.
Stockage :
Une fois séchées, les graines peuvent être conservées dans des sacs de jute ou de polyéthylène
tissé. Elles doivent être stockées dans un endroit sec et aéré, et à des températures les plus basses
possibles. Une température de stockage inférieure à 20 °C permet de réduire la respiration et
d‘empêcher la détérioration rapide des graines (Ratree, 2004). Il est important de veiller à ce que
celles ci ne soient pas ré-humidifiées pendant le stockage.
Dans cette sélection, certaines études de rendements présentent des informations (pluviométrie, âge
des plants) et des mesures réelles, soit sur plusieurs hectares, soit sur quelques individus (essais
agronomiques). Dans ce dernier cas, la productivité mentionnée est individuelle (par plant), et cette
valeur n‘est pas extrapolée. On notera que les rendements répertoriés sont malheureusement souvent
issus d‘essais sur des plantations juvéniles (1 à 3 ans), qui ne sont pas encore en pleine production.
e
Le rendement du Jatropha se stabiliserait à partir de la 7 année (Gokhale, 2008).
Un autre projet mené sur plusieurs années (1986-2003) dans la région de Nashik en Inde
(pluviométrie de 610 mm/an), sur une surface totale de plus de 8 000 ha fait état d‘un rendement
moyen inférieur à 500 kg/acre (avec des variétés d‘origines diverses, non précisées), soit moins de 1
250 kg/ha de graines sèches, sur les arbres en pleine production après 7 ans de culture (Gokhale,
2008) Ce rendement bien inférieur aux espoirs de départ a conduit à l‘arrêt du projet au bout de 17
ans.
Lors de la conférence de Wageningen (mars 2007), les chercheurs travaillant sur Jatropha en
provenance du monde entier se sont accordés sur une échelle de rendement de 3 à 5 t/ha/an. Mais
on ne peut pas parler de rendement indépendamment des conditions pédoclimatiques du milieu. Il
serait plus juste de parler de rendement potentiel dans une zone pédoclimatique donnée.
En Inde, des données non publiées de l‘Institut for Rural Development de Karnataka, dans des sols
marginaux sans irrigation (et une pluviométrie de 1140 mm) et avec une fertilisation limitée (non
précisée) apportent les informations suivantes (Daniel, 2005) :
e
- La 5 année de culture, le rendement est de 500 kg/ha de graines pour la variété locale
(Karnataka) avec une densité de 2 500 plants/ha, et de 300 kg/ha pour une densité de 4 000
plants/ha ;
e
- la 6 année, avec irrigation, le rendement passe alors à 1,2 t/ha de graines pour la densité de
2 500 plants/ha.
L‘auteur considère qu‘on pourrait atteindre un rendement moyen de 2 t/ha avec des apports d‘engrais,
d‘eau et une conduite de culture adaptée. Malheureusement, il ne donne aucune précision concernant
les conditions climatiques et les modalités de cet essai. Dans les mêmes conditions de culture, une
variété en provenance du Nicaragua n‘a donné qu‘un rendement très faible de 50 kg/ha. Ceci atteste
que l‘adaptation variétale au milieu est un facteur primordial à prendre en compte. Cependant, vu
l‘extrême faiblesse de ce rendement, on peut se demander si d‘autres facteurs n‘en sont pas
responsables (maladie, etc.).
Tableau 15 : rendement en graines sèches à 5,8% d‘humidité (t/ha/ an) selon 3 scénarios de culture (source
IFEU, 2007)
Conclusion
Une étude réalisée par l‘IFEU (Reinhardt, 2008), à partir des données du Central Salt and Marine
Chemicals Research Institute (Inde) et de l‘Université de Hohenheim (Allemagne), donne des
prédictions de rendements en graines sèches selon 3 scénarios de production : un scénario actuel, un
scénario « optimisé », et un scénario « idéal » (tableau 15). Il ressort que le rendement de 5 t/ha de
graines sèches, souvent annoncé comme facilement réalisable, est en réalité à considérer comme un
niveau de rendement optimal avec des techniques culturales optimisées et des écotypes performants
et adaptés à la zone considérée.
Remplissage
FACTEURS ET CONDITIONS
Alimentation
hydrique
Floraison
Développement
végétatif
Nutrition
minérale NPK
Etablissement
de la culture
Mauvaises Prédateurs
Enracinement herbes maladies
Fertilisation Fertilisation
Implantation Travail Traitement
Plantation à la Taille Désherbage en cours de
Semis direct du sol phyto
plantation culture
Plants de pépinière
Bouture
Remplacement
des plants morts
Choix écotype TECHNIQUES CULTURALES
Schéma d‘élaboration du rendement du Jatropha curcas L. (d‘après les connaissances bibliographiques actuelles)
Roland PIROT, Marjorie DOMERGUE (2008)
Figure 5 : schéma d‘élaboration du rendement du Jatropha curcas L., d‘après les connaissances bibliographiques actuelles
(Roland PIROT, Marjorie DOMERGUE, 2008)
Pour l‘extraction de graines oléagineuses à des fins commerciales, on utilise le pressage mécanique
ou l‘extraction par solvant. La première méthode permet d‘extraire entre 90 et 95 % de l‘huile de la
graine avec une presse, et la seconde 99 % (Shahidi, 2005).
IV.1.1. Le pressage
Voire Annexe 2 : comparatif des presses à huile végétales disponibles sur le marché, pouvant être
utilisées pour le Jatropha.
Le processus d‘écrasement de graines oléagineuses pour en extraire l‘huile est très ancien.
Aujourd'hui, on distingue 2 types de pressages mécaniques : le pressage en continu et les pressage
en discontinu.
Les presses agissent par écrasement des graines placées dans une chambre de compression munie
d‘orifices pour permettre l‘écoulement de l‘huile. Après le pressage, la chambre est vidée de son
contenu. Ce sont souvent des presses hydrauliques, elles fonctionnent grâce à un vérin qui écrase les
graines disposées dans la chambre de compression. La pression est de l‘ordre de 400-500 bars. Ce
type de presse s‘utilise pour des faibles tonnages, généralement pour des huiles de valeur.
Photo 11 : presse hydraulique ADMGA, adaptée au Jatropha (source : site Internet Vivre au Village, projet
Ingalan)
La presse hydraulique ADMGA est une presse rustique fabriquée au Burkina Faso. On charge ses
cylindres avec environ 8 kg de graines de Jatropha, puis on actionne les vérins. L‘huile s‘écoule dans
un récipient. Le pressage terminé, on vide le cylindre de la matière restante, les tourteaux. L‘opération
prend environ 10 minutes, ce qui donne une capacité de 40 kg par heure. La presse ADMGA peut être
utilisée par des non spécialistes. Son fonctionnement en fractionné est une garantie sur le plan de la
sécurité (source : site Internet Vivre au Village, Burkina Faso).
Koreissi et al. (2005) ont réalisé des tests avec cette presse au Mali, et ont comparé l‘effet de 3
prétraitements des graines de Pourghère sur le rendement en huile (tableau 17). Le processus
optimal est celui qui consiste à concasser avec le tamis à petits trous, chauffer dans une marmite,
presser à 350 bars et filtrer avec un sac de filtrage. Toutefois, les auteurs reconnaissent qu‘au niveau
statistique, il aurait été préférable d‘étudier les variables individuellement (par exemple faire un test
avec le tamis à grand trou avec et sans vannage), mais expliquent qu‘ils ont essayé d‘optimiser le
processus complet. Les auteurs font les remarques suivantes :
- le vannage prend beaucoup de temps et entraîne une perte de matière ;
- le filtrage est préférable à la décantation (la nature des filtres utilisés n‘est pas précisée) ;
- Les graines utilisées pour les essais étaient vieilles.
Note : ces essais apportent des informations intéressantes mais sont à prendre avec précaution
compte tenu du manque de rigueur à différents niveaux : dispositif de départ et utilisation de graines
trop âgées.
Tableau 17 : comparaison de prétraitement des graines sur le rendement en huile (Koreissi et al., 2005). Note : le
concassage a été réalisé à l‘aide d‘un concasseur ADMGA, moulin à marteaux
Cette presse manuelle a été développée dans le début des années 1980 par Karl Bielenberg pour une
utilisation artisanale. Elle a connu un certain succès pour des projets de petites tailles (types projets
villageois d‘ONG) grâce à son coût concurrentiel et à sa maintenance assez simple.
Son principe de fonctionnement est simple (figure 5) : les graines sont stockées dans le cône. Le
levier permet de créer un mouvement d‘aller retour :
1. à l‘aller, le piston recule et laisse rentrer les graines dans un tube ;
2. au retour, le piston avance, écrase les graines et sous l‘effet de la pression, l‘huile sort par les
interstices de la cage et le tourteau sort par l‘extrémité. La contre-pointe permet de doser
l‘effort pour écraser les graines.
La longueur du levier permet de transformer la force de l‘homme en une pression importante sur
l‘extrémité du piston. L'huile tombée dans le réceptacle est récupérée directement dans un récipient.
Une décantation est nécessaire pour éliminer les matières en suspension.
Le rendement mesuré après décantation est de l‘ordre de 0.15 kg d‘huile pour 1 kg de graines de
Jatropha (Freslon, 2006).ce qui représente en moyenne la moitié de l'huile contenue dans la graine.
Des variations de rendement peuvent être dues à :
- la teneur en huile des graines et leur propreté ;
- le chauffage des graines au soleil avant pressage permet d‘augmenter le rendement ;
- la conception de la presse ;
- la fréquence du mouvement de l‘opérateur (12 à 14 mouvements par minute en moyenne) ;
- le réglage de la contre-pointe : la position de la contre-pointe pendant l‘extraction détermine la
pression optimale dans la cage ainsi que l‘expulsion de l‘huile.
graines
piston
tourteau
compact
contre-pointe
tourteau
« poussière »
huile
Tableau 16 : rendements et vitesses d‘extraction obtenus avec différents modèles de presses (Freslon, 2006)
Le tableau 16 présente les résultats de rendement et vitesses d‘extraction obtenus avec différents
modèles de presses mis en concurrence avec le modèle original, issu de Tanzanie (résultats pour 1
kg de graines, Freslon, 2006). L‘auteur remarque que les tests ont été effectués sur des graines
stockées pendant de longues périodes. Un test supplémentaire réalisé avec la presse SFX sur des
graines fraîches a permis d‘obtenir un rendement supérieur (174 g pour 1 kg de graines).
Des tests de prétraitement ont permis à Freslon d‘observer que le préchauffage des graines a un effet
positif sur le rendement. Par contre, le décorticage manuel, opération fastidieuse, a donné un
rendement moins bon (134,6 g d‘huile après décantation). La présence de la coque semble avoir un
effet sur la pression et l‘expulsion de l‘huile en améliorant le drainage.
Enfin, le rendement en huile et la vitesse d‘extraction dépendent fortement de l‘opérateur (des essais
avec deux opérateurs ont montré des différences notables sur la vitesse et le rendement de
l‘extraction). Freslon note qu‘il est important de bien former l‘opérateur. Il faut surtout préciser que
l‘actionnement d‘une presse Bielenberg est un travail éprouvant, qui ne peut être répété par la même
personne trop longtemps (c‘est pourquoi elle ne convient qu‘aux projets de faible ampleur).
Les presses à vis peuvent être divisées en 2 modèles : les presses à barreaux (ou à anneaux) et les
presses à cylindre perforé. Leur principe général est le suivant : les graines sont chargées dans une
trémie d‘approvisionnement, elles tombent dans une cage dans laquelle elles sont transportées et
écrasées par une vis tournante en direction d‘un orifice de sortie. La limitation de l'orifice de sortie
provoque une compression de la matière et une augmentation de pression. Cette pression dans une
presse à vis varie entre 40 et 350 bars (Bereens, 2007). Il se produit également un dégagement de
chaleur, qui évolue en fonction de la nature de la graine et des réglages de la presse, comme nous le
verrons par la suite. Le tourteau s‘échappe par l'extrémité de la presse, réglable. Plus cette sortie est
fermée, plus les tourteaux ont des difficultés à passer, mais plus le taux d‘extraction est élevé. Avec la
pression, la température d‘extraction s‘élève aussi (mais une huile obtenue à température plus élevée
présente souvent un risque de dégradation plus important).
Sur la figure 7, on voit que la vis a un diamètre intérieur croissant et un pas décroissant, ce qui permet
une augmentation de la pression en sortie des tourteaux. Une autre alternative est d‘avoir une vis à
diamètre constant, insérée dans un cylindre conique (ces particularités dépendent du fabricant, mais
le principe de la presse reste le même). Pour plus de flexibilité dans les réglages, différents types de
vis sont disponibles et des sections de la presse peuvent être remplacées. Les presses à anneaux
disponibles sur le marché ont des capacités allant de 15 à 2000 kg/h de graines (Ferchau, 2000).
Note : selon le même système, il existe aussi des presses à barreaux (des barreaux horizontaux
remplacent les anneaux réglables). Les presses à barreaux sont meilleur marché car les barreaux, qui
sont des pièces d‘usure tout comme les anneaux, sont moins coûteux à remplacer.
La vis tourne dans un tube cylindrique garni de trous à travers lesquels l‘huile sort. La pression
croissante fait sortir le tourteau par un orifice circulaire à l‘extrémité du tube cylindrique. Afin d‘éviter le
blocage de la presse, la partie située vers la sortie des tourteaux) est préchauffée avant le pressage
pour diminuer la viscosité de la pâte.
En plus des presses à vis conventionnelles, il existe d‘autres adaptations, avec notamment l‘utilisation
d‘une double vis (deux vis coaxiales tournent en sens inverse). Ce type de presse est reconnu pour
avoir un rendement d‘extraction supérieur aux presses à vis traditionnelles (Dufaure et al., 1999), et
permettrait de supprimer les prétraitements des graines (chauffage, concassage…). Aucune étude n‘a
cependant été menée sur les performances de ce type de presse avec des graines de Jatropha. Par
ailleurs, Foidl (2007) rapporte qu‘il serait possible d‘obtenir un rendement d‘extraction exceptionnel
(0.3% d‘huile résiduelle dans le tourteau) en injectant un solvant (dans l‘extracteur ?) pendant le
pressage. Malheureusement, il n‘y a aucune publication officielle de ces résultats ainsi que du
protocole utilisé. Ceci dit c'est un procédé hautement dangereux.
Un certain nombre de facteurs doivent être pris en compte pour optimiser le rendement en huile dans
les presses à vis, selon Beerens (2007) :
- la vitesse de la rotation de la vis. Avec une vitesse de rotation plus élevée, on laissera plus
d‘huile dans les tourteaux, puisque l‘huile aura moins de temps pour s‘écouler ;
- le réglage de la sortie de presse (« choke », étranglement, ou bec de sortie des tourteaux
pour les presses à barreaux, buses de sorties pour les presses à cylindre perforé). Comme
nous l‘avons vu plus haut, le fait de réduire cette ouverture augmente la pression, et diminue
l‘huile résiduelle dans le tourteau ; mais augmente l'énergie consommée et la température.
- le pourcentage de coques des graines. Les coques sont supposées affecter non seulement le
rendement en huile, mais aussi la consommation d‘énergie pour le pressage. En enlevant une
partie de ces coques, assez dures, moins d‘énergie sera utilisée pour les broyer et les presser
(Zheng et al., 2005).
- le taux d‘humidité des graines. Pour la graine de colza, le taux d‘humidité optimal pour le
pressage est d‘environ 7 % (Bargale et Singh, 2000). Selon Vaitilingom (2008, communication
personnelle), les petites presses sont très sensibles à l‘humidité des graines et ne
fonctionnent bien que si l‘humidité est inférieure à 9 % ;
- le préchauffage des graines. Sans être une cuisson, le préchauffage présente de l‘intérêt. Il
permet notamment de rompre la paroi cellulaire et donc de faciliter la sortie de l‘huile. Il a été
mis en évidence une augmentation de rendement de trituration et de production de l‘huile de
40 % sur tournesol préchauffé à 60 °C sans modification de la qualité de l‘huile produite.
Les facteurs précédemment cités ont une influence sur le rendement d‘extraction mais également les
variables suivantes :
- la température.
Les forces à l‘intérieur de la presse génèrent de la chaleur qui chauffe également l‘huile. Au-
dessus d‘une certaine température, le niveau important de phospholipides et l'évolution de
l‘acidité de l‘huile détériore la qualité de cette huile utilisée en tant que carburant.
- la pression.
Plus elle est élevée, plus d‘huile sera récupérée, mais sa qualité évoluera
- le taux d‘huile résiduelle dans les tourteaux ;
- la consommation d‘énergie.
Elle dépend de la pression (donc de la viscosité du matériau à presser) et de la vitesse de
rotation de la vis.
Bereens (2007) a étudié l‘influence des facteurs précédemment citées sur le rendement d‘extraction
de graines de Jatropha avec 2 types de presses : une presse à cylindre perforé danoise (type BT 50),
de faible capacité (environ 12 kg/h avec des graines de jatropha), et une presse Sayari/Sundhara de
La pression à froid peut se réaliser avec des presses industrielles. Dans ce cas, on ne pratique pas de
cuisson ni d‘aplatissage préalable des graines, mais seulement un nettoyage, éventuellement un
broyage. La « pression à froid » est réalisée à température ambiante (avec éventuellement un léger
préchauffage des graines qui ne dépasse pas 60 °C). Les presses tournent à des vitesses lentes et la
sortie de presse (choke) est réglée pour limiter l‘échauffement de l‘huile (en réalité, le terme « à froid »
porte à confusion car il y a quand même un échauffement). L‘huile ainsi obtenue est peu chargée en
phospholipides. Le taux d‘extraction est généralement diminué. Les constructeurs ayant testé des
procédés de pressage à froid avec des graines de Jatropha donnent les indications suivantes
concernant la quantité d‘huile résiduelle dans les tourteaux (Saint Girons, 2008, communication
personnelle):
- Olier: presse de capacité 100 kg/ heure: huile résiduelle dans le tourteau de 7 à 8% pour un 1er
essai et de 10 à 11% pour le second essai. Presse de capacité 60 kg/ heure, huile résiduelle 6.8%
avec une température de sortie de 55°C
- Harburg Freundberger : presse de capacité 100 kg/ heure huile résiduelle 6.4% avec un "craking"
(fracture de la coque) réalisé auparavant.
En procédé industriel classique, les graines d'oléagineux sont d’abord broyées, aplaties et
chauffées. On obtient une pâte – déjà huileuse – qui est injectée dans la presse. La
température de pressage est très importante (environ 180°C). Les composés liposolubles
(phospholipides, tocophérols…) se retrouvent dans l’huile qu’il faudra ensuite raffiner.
Presses à barreaux ou presses à cylindre perforés ? Sur le plan de la qualité de l‘huile et des
tourteaux, les presses à barreaux sont adaptées du modèle industriel et ont en principe de meilleurs
résultats que les presses à cylindre perforé. Elles sont particulièrement préconisées pour des projets
d‘une dimension importante (gros volumes d‘huile). Certaines presses à cylindre présentent de très
bons résultats mais sont plus chères à l'achat et l'entretien. Il existe une grande diversité de matériel
et la plus grande vigilance est conseillée concernant les presses « bon marché » compte tenu du
manque de références et de suivi après vente.
Température du corps de presse : l‘objectif est de presser à une température la plus basse
possible, pour limiter la présence de composés indésirables dans l‘huile (dont les phospholipides).
Capacité de pressage : à adapter selon la dimension du projet. Pour des gros volumes, privilégier
une presse à barreaux.
A la suite du pressage, l‘huile doit être purifiée avant raffinage. Pour les huiles alimentaires, l'épuration
comprend généralement cinq opérations : neutralisation, dégommage, filtration, désodorisation,
décoloration. Pour une utilisation en tant que carburant, les composés à éliminer prioritairement sont
les particules solides et les phospholipides.
Filtration et décantation
La filtration permet d‘éliminer les particules solides ou trop visqueuses entraînées lors du pressage.
La taille des pores du filtre dépend directement de l‘utilisation de l‘huile :
- 5 µm pour une huile végétale alimentaire ;
- 10 µm pour une huile végétale utilisée comme carburant,
- 200 µm pour une huile qui sera estérifiée, puisque la suite du procédé permettra d‘éliminer le
reste des impuretés, que l‘on retrouvera dans la glycérine.
Les résidus de coques et de graines sont riches en phospholipides et en cires (les cires cristallisent à
froid dans les moteurs). Il convient de les extraire assez rapidement de l‘huile de pression pour qu‘ils
n‘augmentent pas les taux de ces composés indésirables. La qualité dépend du type d‘oléagineux
traité (par exemple une huile de colza ne contient pas de cires mais des phospholipides, pour le
tournesol c‘est l‘inverse), et du procédé d‘extraction utilisé : les huiles brutes industrielles sont
chargées de phosphore et de cires, ce qui n‘est pas le cas des huiles artisanales.
Deux méthodes existent : une filtration directe en sortie de presse ou une décantation suivie d‘une
filtration.
La filtration à chaud bénéficie de la faible viscosité de l‘huile chaude en sortie de presse (50 – 60 °C).
Elle nécessite un grand filtre. Cette solution d‘un coût plus élevé à l‘investissement peut correspondre
à des projets d‘une dimension importante. L‘huile peut être "tamisée" afin d‘éliminer les résidus de
graines qui restent après le pressage (presses à barreaux notamment). Cette filtration permet d‘avoir
une qualité constante de l‘huile filtrée (Vaitilingom, communication personnelle). Ensuite, seule une
opération de nettoyage du filtre sera nécessaire.
Note : lors de la filtration à chaud, les phospholipides sont plus solubles et passent à travers les pores
du filtre.
L‘huile est d‘abord décantée pendant une durée déterminée (une semaine à un mois) dans des cuves
opaques, propres et chimiquement neutres. Cette opération permet d‘éliminer à moindre frais
certaines impuretés, qui tombent en fond de cuve. La décantation ne doit pas être faite dans des
cuves en PVC non traitées, ni dans des cuves métalliques, car les phospholipides se fixent aux
métaux et catalysent des réactions d‘oxydation et d‘acidification de l‘huile.
Après la décantation, l‘huile est filtrée par un procédé mécanique (pompe + système de filtration) ou
par simple gravité à travers des filtres papiers. Il est conseillé de filtrer à une température inférieure à
14 °C, car les cires se cristallisent et sont faciles à piéger (les cires sont des impuretés qui posent
problème à froid dans les moteurs). Cependant, à des températures trop basses, la viscosité de l‘huile
peut rendre la filtration difficile.
Quelle que soit la technique utilisée, le contact avec l‘air et la lumière doit être le plus bref possible.
Ces 2 facteurs accélèrent l‘oxydation et l‘acidification de l‘huile. Le « pied de presse », qui se situe au
fond des bacs de décantation, est chargé en particules solides et en impuretés qui représentent
environ 5 % de la masse d‘huile récupérée. Il est possible de l‘insérer à l‘entrée de la presse pour en
extraire l‘huile résiduelle et ainsi réduire la perte de matière.
La méthode d‗extraction par solvant est plus complète que la méthode mécanique par presse et elle
est réalisée à température modérée, alors que le pressage mécanique dégage de la chaleur
susceptible d‘altérer la qualité de l‘huile. Elle est cependant plus coûteuse et dangereuse.
L‘extraction industrielle au solvant fonctionne sur le même principe que l‘extraction de laboratoire au
soxhlet (figure 8).
Principe
Selon Adriaans et al. (2006), les techniques d‘extraction à l‘éthanol, l‘alcool isopropylique et
l‘extraction aqueuse semblent prometteuses pour l'application dans les pays en voie de
développement. Le CO2 supercritique est également intéressant en raison de sa nature non toxique.
L‘utilisation commerciale de ces solvants nécessite cependant des travaux de recherche
supplémentaires.
A l‘échelle industrielle, l‘extraction au solvant peut être réalisée en continu ou par lots (extraction
discontinue). Adriaans (2006) a comparé les besoins et les ressources nécessaires pour chaque type
d‘extraction (tableau 18). La taille de l‘activité détermine le choix du procédé :
en dessous de 200 t/j de graines, le choix économique doit être fait entre l‘extraction discontinue
et le pressage. Compte tenu des risques de l‘extraction au solvant, c‘est l‘extraction par presse
qui est préférée pour les petites installations ;
à partir de 200 t/j, l‘extraction continue par solvant est le seul système rentable.
Tableau 18 : estimation des besoins pour l‘extraction d‘huile végétale par solvant.
Comparaison des procédés continus et discontinus (Adriaan, novembre 2006)
L'huile de Jatropha est jaune. Sa couleur vire au rougeâtre par chauffage ou exposition prolongée à
l'air. Son odeur dépend du procédé d'extraction et de son âge, sa saveur est douceâtre et son goût se
rapproche celui de l'huile de ricin.
IV.2.1. Historique
L'utilisation industrielle des graines de Jatropha a toujours été assez limitée. Cependant, dans les
années 1930, les produits d'origine pétrolière ou de synthèse étant peu répandus, Droit et François
(1932) avaient étudié les propriétés physico-chimiques appliquées de l'huile de Pourghère, résumées
ci-après.
- Siccativité
L'huile ne possède pas de propriétés siccatives. Elle ne peut donc pas être utilisée seule dans les
peintures. Elle a été utilisée en mélange avec de l'huile de tung (Aleurites fordii) pour l'entretien de
matériels ferroviaires pendant la deuxième guerre mondiale. On fabriquait ainsi des vernis, des
bâches, des linoléums et de l'encre d'imprimerie.
Des essais d‘amélioration de la siccativité par mélange avec de l'huile d'abrasin (Aleurite montana)
n'ont pas donné de résultats. Des essais de cuisson avec des composés organiques de manganèse
et du plomb ont en revanche amélioré la siccativité. Ce résultat recoupait l'utilisation du Jatropha pour
la préparation des laques qu'en faisaient les Chinois après y avoir ajouté de l'oxyde de fer.
- Lubrifiant
Contrairement à ce que certains documents prétendent, et à l'inverse de l'huile de ricin, l'huile de
pourghère ne peut servir de lubrifiant car sa viscosité est trop faible et les risques de formation de
résines trop importants du fait de sa forte teneur en acides gras non saturés.
- Carburant
Son intérêt comme carburant avait déjà été souligné et des essais avaient été réalisés dans les
laboratoires de Ségou au Mali au début des années 1940 puis repris en 1949 dans les laboratoires du
Centre d'étude technique de l‘automobile et du cycle (Martin et al., 1985).
D'autres pistes avaient été explorées, notamment la carbonisation et la pyrolyse (François, à Ségou).
Les résultats suivants ont été obtenus pour 1 t de graines de Jatropha :
- Carburant raffiné (essence ou pétrole) 70 kg
- Gas-oil léger 40 kg
- Gas-oil lourd 40 kg
- Brai sec (servait comme colorant) 35 kg
- Semi-coque 270 kg
- Eau ammoniacale 200 kg
+ gaz, créosote, etc.
La densité de l’huile de Jatropha, de 0,920, est dans la moyenne des huiles végétales.
Le point éclair de l'huile de Jatropha est de 236°C. C'est la température à partir de laquelle se produit
l'inflammation des vapeurs en présence d'une flamme. Bien au-dessus du gazole ou du méthyle ester
de colza, le point éclair du Jatropha fait partie des plus faibles des huiles végétales.
Le pouvoir calorifique, (de 40 MJ/kg) est parmi les plus hauts des huiles végétales.
Ces caractéristiques physiques permettent d'envisager son utilisation comme huile carburant en climat
chaud. Pendant la deuxième guerre mondiale, dans les anciennes colonies françaises, les
responsables locaux en avaient déjà vu l'intérêt lors de pénurie de pétrole.
Constituants principaux
D'une façon générale, les huiles végétales sont des mélanges complexes dont la composition varie
avec la nature de l'huile. Elles sont constituées de 95 % de triglycérides (triesters des acides gras et
du glycérol) mélangés à 5 % de constituants minoritaires (acides gras libres, stérols de cires et autres
composants minoritaires). Elles peuvent être saturées, mono ou polyinsaturées. Elles se divisent en 4
grands groupes déterminés par leur indice d‘iode (quantité d‘iode fixée par 100 g du corps gras
analysé). L'indice d'iode donne une image globale de l'insaturation de l'huile : plus une huile est
insaturée, plus l'indice d'iode est élevé. L'huile de Jatropha a un indice d'iode autour de 100, ce qui la
situe dans la moyenne des huiles, comme le colza (figure 10).
L'huile de Jatropha comprend autour de 80 % d'acides gras insaturés (acide oléique et acide
linoléique en quantité voisine) et le reste en acides gras saturés (acide palmitique et stéarique). Cette
forte proportion d'acides insaturés a tendance à la rendre instable et à faciliter oxydation et
acidification (par comparaison, l'huile de colza, bien qu'ayant un indice d'iode équivalent, contient plus
d'acides gras insaturés, plus de 90 %, et surtout près de 10 % d'acide linolénique tri-insaturé).
.
Auteurs Vaitilingom Vaitilingom Vaitilingom Tapanes Nasirullah Kpoviessi Chedchant Liennard Kpoviessi Gaydou
2007 2007 2007 2007 1987 2004 2004 1994 2004 1982
Saturés
Laurique C12:0 0,1
Myristique C14:0 1 ε
Palmitique C16: 5 6-11 42-48 16 max 12-17 15,2 14,7 15,2 15 28,4
0
Stéarique C18:0 1-2 3-18 5-6 6-7 5-6 9,1 6,9 6,6 6 3,9
Monoinsaturés
Palmitoléique C16:1 0,2 0,2-0,6 0,2 1-3,5 0,8 1,5
Di-insaturés
Linoléique C18:2 22 17-34 6-10 33-34,4 19-40 38 35,2 32,6 35 30,1
Tri-insaturés
Linolénique C18:3 8-10 0,2 >0,8 0,7 ε
coprah 10
palmiste 20
palme 45
karité 58
olive 84
ricin 85
arachide 93
jatropha 105
colza 105
coton 106
noix 110
maïs 120
tournesol 125
soja 130
lin 180
Les constituants minoritaires sont des produits issus de la dégradation des huiles et des constituants
lipidiques des membranes.
- Les produits de dégradation sont des acides gras. Ils résultent de l'altération des triglycérides
pendant le stockage des graines et des huiles brutes, qui libère des glycérides partiels. L'oxydation
produit des composés volatiles (fonctions aldéhydes et cétoniques) et des acides oxydés. Ces
produits peuvent influer sur la qualité de l'huile en tant que carburant (voir plus loin).
La mesure de l'acidité est l‘un des principaux moyens pour évaluer l'altération d'une huile. La teneur
en acides gras libres s'exprime par l'acidité, qui est le pourcentage d'acides gras libres exprimé selon
la nature de l'huile en acide oléique, acide palmitique ou de, et par l'indice d'acide, qui est la quantité
de potasse (mg) pour neutraliser l'acidité d'un gramme de produit. Plus l‘indice d‘acide est élevé, plus
l'huile est altérée.
L'indice de peroxyde IP permet d'apprécier les premières étapes de détérioration oxydative d'un corps
gras. Il est donné en milligrammes de peroxyde actif contenu dans 1 gramme du produit ou en
milliéquivalent par kilogramme. Plus il est élevé, plus le produit est oxydé. En produits alimentaires, en
dessous de 10 meq/kg, le produit n'est pas considéré comme altéré par oxydation (Abulude et al.,
2007).
Plus il est élevé, plus l'huile est altérée. L‘acidification est facilitée par la présence d'eau et une
exposition aux UV, des températures élevées et le contact avec des substances oxydantes comme
des métaux. Peu de travaux ont été faits sur le vieillissement de l'huile de Jatropha. Ubulude (2007) a
suivi l'évolution d'huile stockée dans des récipients de différente nature dans les conditions
ambiantes, mais pendant 6 mois seulement. Il a observé cependant une dégradation générale de
l'huile surtout quand elle est stockée dans un récipient métallique.
Selon Shah et al. (2006), l'acidité de l‘huile de Jatropha inférieure à 1 à la récolte peut atteindre 12%
au bout de 2 ans de stockage, et même plus quand l'huile a été stockée dans de mauvaises
conditions pendant longtemps (Berchmans et al 2007).
Par ailleurs, l‘indice d‘acide de l‘huile tend à augmenter avec l‘humidité de la graine (Bereens, 2007).
Les valeurs en gras dans le tableau 21 sont celles obtenues sur une huile qui n‘a pas subi de
stockage, et provenant de graines pressées (ou extraites) immédiatement après récolte. Ces valeurs
donnent un ordre d‘idée de l‘acidité naturelle de l‘huile de Pourghère, qui est comprise entre 0.29 et
1.75% ou entre 0.58 et 3.5 mg de KOH/g, en indice d‘acide.
D'une façon générale, les huiles végétales sont de bons carburants pour les moteurs diesel, comme
e
l'avait affirmé au début du 20 siècle Rudolf Diesel, inventeur du moteur qui porte son nom et conçu
pour fonctionner avec des huiles végétales. La viscosité importante et les mauvaises propriétés
d'écoulement à froid des huiles végétales cantonnent cependant leur utilisation aux climats chauds
sinon, en climat tempéré à froid, il faut un dispositif de réchauffement adapté.
L'aptitude à l'auto-inflammation est un aspect à prendre en compte dans l'évaluation d'un carburant.
Elle engendre un délai d'inflammation plus ou moins long du carburant injecté dont il faut tenir compte
dans le réglage des moteurs. Cette aptitude peut être représentée par l'indice de cétane (plus il est
élevé, plus le délai sera court). Celui du gazole est de 50, celui des huiles varie entre 30 et 50, celui
du Jatropha est de 40. Des travaux ont également montré la forte corrélation entre le pourcentage
d'acides gras saturés et le faible délai d'inflammation (Vaitilingom, 2007). Le point éclair des huiles
végétales est élevé. Celui de l'huile de Jatropha, bien que parmi les plus bas des huiles végétales,
induit des difficultés pour sa vaporisation et implique un environnement chaud, supérieur à 500 °C, au
niveau de la chambre de combustion, sous peine de provoquer des dépôts importants.
Plus l'huile est saturée, plus elle est apte à être un bon carburant (indice d'iode faible). Mais les huiles
saturées présentent des températures de solidification élevées et posent des problèmes pratiques
d'utilisation. Pour une utilisation plus aisée, il faudra donc une proportion d'huiles insaturées. Mais une
mauvaise stabilité à l'oxydation entraîne une détérioration de la qualité, tant des huiles que de leurs
esters (Knothe 2004).
En prenant en compte ces contraintes, Vaitilingom (2007) a imaginé la composition d‘une huile
végétale idéale pour être utilisée comme carburant diesel (ou sous forme de biodiesel) (tableau 23).
On remarque de l'huile de Jatropha est plus proche de huile idéale que l'huile de colza (qui a trop
d'acides insaturés).
Tableau 23 : Composition en acides gras d‘une huile végétale optimale pour un carburant diesel,
par rapport aux huiles de colza et de Jatropha (d'après Vaitilingom 2007)
L'influence des composés minoritaires a aussi été évaluée : la présence d'acides gras libres, de
diglycérides et de phospholipides a plutôt un effet positif sur la qualité du carburant. Cela peut être
différent si l'huile doit être estérifiée. Les éléments issus des membranes ont tendance à provoquer un
charbonnement dans les chambres de combustion.
Vaitilingom (2007) a montré qu'on pouvait utiliser les huiles végétales pures dans les moteurs diesel
moyennant quelques précautions. Pour favoriser la qualité de l'huile, il faut privilégier une extraction à
basse température afin de limiter la libération des phospholipides ou des cires, facteurs
d'encrassement des moteurs. Elles doivent ainsi respecter les exigences suivantes, après décantation
puis filtration :
- peu de matières solubles, moins de 500 ppm après filtration à 10 μm ;
- teneur en phosphore < 50 ppm ;
- teneur en cires < 500 ppm.
Les moteurs à injection indirecte sont adaptés à l'utilisation d'huiles végétales pures comme carburant.
Pour les moteurs à injection directe, mal adaptés à l'usage d'huiles pures comme carburant,
l'utilisation de piston avec chambre spéciale en acier s'est révélée très efficace. Une autre voie est
celle de l'adoption d'un circuit d'alimentation en bicarburation, gazole et huile. Un kit régule l'admission
de l'huile carburant en fonction de la température des gaz d'échappement pour prévenir le dépôt de
matières charbonneuses.
L'utilisation des huiles végétales pures comme carburants de substitution au gazole n'est pas toujours
possible et dépend du type d'huile et de l'environnement d'utilisation. Pour contourner ces difficultés,
un procédé a été mis au point : l'huile est transformée pour obtenir un produit plus proche du gazole et
utilisable sans modification des moteurs. Il s'agit de la transestérification de l'huile par un alcool, on
parle aussi d'alcoolyse. Le produit obtenu est un ester. Ce procédé permet de réduire la masse
moléculaire à environ 1/3 de celle de l'huile, ainsi que la viscosité et la densité. Actuellement, l'alcool
le plus utilisé dans cette transestérification est le méthanol, le procédé avec l'éthanol pourtant plus
facilement disponible, n'étant pas entièrement maîtrisé du point de vue industriel. C'est une réaction
réversible, catalysée par une base ou un acide. Pour rendre la réaction complète on utilise un excès
d'alcool qui sert souvent de solvant. L‘équation avec le méthanol est la suivante :
Le tableau 24 présente quelques propriétés du méthyl ester de Jatropha. On remarque que la plupart
de leurs valeurs sont homogènes sauf pour celle du point éclair (?). La différence importante avec
l'ester de colza est le point de trouble, qui est plus bas. Cet ester est donc mieux adapté à des
utilisations dans les pays avec des hivers rigoureux.
La transestérification catalysée par une base (soude, potasse) est la plus courante parce que plus
rapide. C'est le procédé le plus utilisé dans tous les pays produisant du biodiesel (USA, Brésil, pays
européens). Le temps d'estérification est de 1 à 2 heures alors qu‘avec des catalyseurs acides,
l‘estérification prend plus de 10 heures (Sivaprakasam et al., 2007). La transestérification catalysée
par une base a cependant des désavantages : elle nécessite un taux faible d'acides gras libre
(inférieur à 3 % d'après Meher et al., 2004, voire 1 % d'après Berchmans et al., 2007) et l'utilisation
d'alcool anhydre à cause des risques de saponification. La formation de savon diminue la production
d'esters, gène la séparation et la purification de l'ester et du glycérol et l'étape de lavage du produit
final.
Dans le cas de présence d'acide gras libre en trop grande quantité, le procédé est plus complexe.
Berchmans et al. (2007) ont étudié la transestérification d'huile de Jatropha contenant 15 % d'acide
gras libres en testant 2 procédés, en une étape avec un catalyseur basique, ou en deux étapes avec
un catalyseur acide puis basique.
Tableau 24 : propriétés des méthyl esters de Jatropha, par rapport à celles du colza et du gazole
L'estérification en une étape est optimale pour 3,3 % de catalyseur basique et 70 % de méthanol en
poids (température 65 °C, temps de réaction 2 heures), avec un rendement de 55 % de méthyl ester.
L'estérification en deux étapes consiste en une première estérification acide pour convertir les
acides gras libres en méthyl esters avec un catalyseur acide (acide sulfurique). La réaction est
effectuée à 50 °C pendant une heure avec une proportion de 60 % de méthanol par rapport à l'huile et
une concentration de 1 % du catalyseur. Le produit obtenu contient moins de 1 % d'acides gras libres.
Avec une proportion de 40 % de méthanol, le taux des acides gras se situe à 3 %. La deuxième étape
est plus classique et arrive à un rendement de 90 % avec un traitement à 55 °C pendant 2 heures
pour 24 % en poids de l'huile pour le méthanol, et 1,4 % pour le catalyseur.
Chitra et al. (2005) ont effectué sur un pilote une transestérification avec de l'huile de jatropha
contenant 3 % d'acides gras libres. Ils ont obtenu un rendement de 96 % avec 20 % en poids de l'huile
pour le méthanol et 1 % pour le catalyseur. La réaction a duré 90 minutes à la température de 60 °C.
Transestérification enzymatique
La transestérification de l'huile a été réalisée en présence d'une lipase d'origine commerciale : la
lipase extraite de Pseudomonas cepacia sur différents supports (Shah et al., 2007). Le meilleur
rendement, de 98 %, a été obtenu en en 8 heures à 50 °C en présence de 4-5 % d'eau. Le procédé a
l'avantage de fonctionner avec l'alcool éthylique du commerce (hydraté) et de ne pas être affecté par
le taux d'acides gras libres. De plus la lipase peut être utilisée plusieurs fois de suite. Compte tenu de
sa rusticité, c'est un procédé qui peut avoir un avenir certain.
L'utilisation de cette huile dans la fabrication traditionnelle du savon était répandue. La solution
alcaline utilisée est issue de cendres végétales qui contiennent du carbonate de potassium (tronc de
bananier) qui peut être utilisé tel quel (mais donne une solution basique faible), ou transformé en
potasse avec de la chaux (et donne alors une solution forte). Le savon obtenu est mou, à cause des
acides gras insaturés, et rancit facilement.
Mais l'huile de Jatropha seule est mal adaptée à la production de savon pour les raisons suivantes
(Cossel et al., 1982) :
- la dureté du savon est insuffisante ;
- des phénomènes d'oxydation secondaire peuvent se produire ;
- le stockage est hypothétique ;
- les propriétés lessivantes sont insuffisantes.
C'est pour ces raisons que si l'on veut dépasser le stade artisanal de production de savon, il faut
limiter à 30 % la proportion d'huile de Jatropha dans le produit initial. Les corps gras complémentaires
sont généralement l'huile de coco ou le suif.
En 1952, Vyas a décrit les étapes de la fabrication de savon à base d'huile de Jatropha et de coco par
la méthode dite « à froid » avec un excès de solution alcaline. Le niveau de saponification dépassait
90 % pour les 2 huiles utilisées.
Tata Oil Mill Co. Ltd a testé l'utilisation d‘huile de Jatropha hydrogénée (75 %) avec 15 % d'huile de
Jatropha purifiée, et 10 % d'huile de coco pour réaliser un savon dont les propriétés étaient
équivalentes à celles d'un savon courant. Ceci dit, le coût du procédé supplémentaire d'hydrogénation
de l'huile rendait la méthode non concurrentielle.
L'éclairage est un service de première nécessité en milieu rural et le pétrole n‘étant pas toujours
disponible, l‘huile de Jatropha trouve également une utilisation comme pétrole lampant. Ainsi, deux
types de lampes à huile de Jatropha ont été développés (Henning, 2005), comme l‘illustrent les
photos 12 :
- La lampe à pétrole « modifiée »: le mécanisme pour déplacer la mèche est monté à l‘envers pour
réduire la distance qui sépare l‘huile et la flamme ;
- Le "Binga-Oil-Lamp", conception simple développée par l‘ONG Binga Trees Trust au Zimbabwe,
fabriquée à partir d‘un verre rempli d‘huile, au centre duquel ou bouchon est placé, à l‘aide
d‘allumettes ou d‘épingles, avec une mèche en coton fixée au centre. La flamme obtenue, 1 ou 2 mm
au-dessus de la surface d‘huile, donne une lumière régulière. Il semble que l‘odeur émise par cette
lampe éloigne les moustiques.
Photos 12 et 13 : lampe à pétrole modifiée pour utilisation avec de l‘huile de Jatropha et « Binga-Oil-
Lamp » développée par Binga Trees Trust (Henning, 2006)
La connaissance et l‘utilisation traditionnelle de l‘huile de Jatropha comme pétrole lampant est variable
selon les régions. A Madagascar, Sahler (2004) rapporte que les villageois de Mahazava-Ambalalova
ont déjà utilisé le Jatropha à la place du pétrole dans les « lampes madco » traditionnelles. D‘après
eux, l‘huile brûle sans odeur ni fumée, mais la consommation est trois fois celle du pétrole, et
finalement les villageois ont préféré en rester au pétrole pour ce type de lampe. L‘huile de Jatropha
est par contre utilisée dans de rudimentaires lampes à huile : sur un support en métal, un petit bout de
tissu imprégné d‘huile sert de mèche. À Ambatovaky, les gens ne savent pas extraire l‘huile des
graines de Jatropha. Ils ont par contre l‘habitude d‘utiliser directement les graines pour s‘éclairer, en
les piquant sur une petite pique en bois et en y mettant le feu, ce qui permettrait d‘après eux de
s‘éclairer un bon moment.
Fruits Feuilles
- usage médicinal
Graines Pulpes
- insecticides - combustibles
- alimentation - production de biogaz
(variétés non toxiques) - fertilisant
Huile
- carburant (huile pure Tourteau
ou biodiesel après Coques
transestérification) - engrais organique
- production de savon - alimentation animale - biocombustible
- insecticide - production de biogaz - synthèse de charbon actif
- usage médicinal - biocombustible
- pétrole lampant
V.1. Introduction
En dehors de son usage en pharmacopée traditionnelle, le Jatropha a toujours été utilisé pour la
réalisation de haies vives afin de délimiter des parcelles. L'huile est extraite des graines récoltées par
des procédés simples, consistant à faire bouillir les amandes dans de l'eau : l'huile surnageant dans le
récipient est alors facile à récupérer. Cette huile a des usages médicinaux mais elle est surtout utilisée
pour faire du savon ou pour l'éclairage en remplacement du pétrole, dont l‘odeur est désagréable.
Aujourd'hui, avec l'intérêt porté à cette plante, l'huile est devenue la production prioritaire et les autres
utilisations du Jatropha sont passées au second plan. La valorisation de la plante est désormais
principalement celle du fruit avec ses graines et celle de ses coproduits :
- la pulpe humide ou sèche (en fonction du type de récolte) ;
- le tourteau avec ou sans les coques, obtenu après le pressage des graines pour en extraire l'huile ;
- éventuellement, les coques seules en cas de décorticage des graines avant pressage.
La récolte des fruits frais a été une pratique du projet Tempate au Nicaragua. L'objectif était d'obtenir
des graines de bonne qualité en évitant de les laisser tomber au sol. Ce type de récolte nécessitait
des interventions supplémentaires telles que le dépulpage en frais et le séchage des graines.
Traditionnellement, les fruits se récoltent plutôt en sec, l'extraction des graines se faisant facilement à
la main ou par simple battage. Il semble que les différents écotypes n'aient pas tous le même
comportement quand à la chute ou à la déhiscence des fruits secs et que certains fruits restent
accrochés à l'arbre.
Le mode d'extraction de l'huile a une incidence sur sa qualité et celle du tourteau. En mode artisanal,
la graine est décortiquée avant d'être pressée. Le tourteau obtenu est de meilleure qualité
nutritionnelle puisqu‘il ne contient pas de coques. Le rendement à l'extraction reste cependant faible.
En mode industriel, la graine est prétraitée (broyage, aplatissage…) avant pressage mais
généralement, elle n‘est pas décortiquée. La qualité du tourteau est alors moindre mais l'extraction est
meilleure. Le principal défaut du tourteau de Jatropha est de ne pas être valorisable en alimentation
animale, bien que des essais de détoxification aient été menés depuis longtemps. Aussi, d'autres
destinations ont été étudiées telles que la fertilisation, la combustion, la fermentation...
Enfin, devant l'utilisation très diversifiée de toutes les parties de la plante en médecine traditionnelle,
les scientifiques se sont penchés sur les constituants de la plante pour en évaluer les effets et essayer
d'en extraire les principes actifs. A côté de leurs intérêts biocides, la mise en évidence de la présence
de produits prometteurs pour lutter contre les cellules cancéreuses reste l'information majeure à
retenir.
Graines 402 kg
(62.5%) Pressage
Fruits
secs Dépulpage 1 418 kg Tourteau
(71.6%)
852 kg
Figure 12 : répartition des masses (en matière sèche) des différents produits obtenus pour 1 ha de culture de Jatropha,
dans un scénario d‘exploitation actuel, pour les conditions pédo-climatiques de la zone de Bhavnagar, en Inde
e
*moyenne obtenue sur 20 ans en considérant la pleine production obtenue dès la 5 année (source IFEU 2007)
Note : selon Cuhna Da Silveira (1934, Cap Vert), les graines représentent 53 à 62 % du poids du fruit sec.
Huile
4.45 kg
Figure 13 : répartition des masses en matière fraîche des différents produits obtenus pour 100 kg de fruits frais
Jatropha (source : Proyecto Biomasa, 1999)
Source :Figure 11: répartition
projet Tempate des
Nicaragua masses (en matière fraîche) des différents produits obtenus pour
(1999)
100 kg de fruits frais Jatropha,
Source : projet Tempate Nicaragua (1999)
- La curcine : lectine et plus précisément toxalbumine, proche de la ricine du ricin. Cette lectine
inhibe la synthèse de la protéine ribosomale, entraînant la mort rapide à faible dose. La curcine
est considérée comme moins toxique que la ricine et l‘abrine, autres lectines très connues
(Mourgue et al., 1961).
- Le phytate : substance de réserve de phosphore que l'on trouve dans les graines des végétaux et
dans bon nombre de racines et tubercules (Dipak et al., 1986). L'acide phytique a la capacité de
lier le calcium, le zinc, le fer et d'autres minéraux et réduit leur assimilabilité dans l'organisme
(Davis et al., 1979 ; O'Dell et al., 1960). En outre, la formation complexe de l'acide phytique avec
des protéines peut inhiber la digestion enzymatique de la protéine (Singh et al., 1982).
- Les saponines : substances très communes dans les plantes médicinales. Elles se caractérisent
par un radical glucidique (glucose, galactose) joint à un radical aglycone. Leur propriété physique
principale est de réduire fortement la tension superficielle de l'eau. Toutes les saponines sont
fortement moussantes et constituent d'excellents émulsifiants. Elles ont une autre propriété
caractéristique : celle d'hémolyser les globules rouges (érythrocytes), ce qui explique l'effet
toxique de certaines d'entre elles, qui les rend inconsommables. Les saponines irritent les
muqueuses, causent un relâchement intestinal et augmentent les sécrétions muqueuses
bronchiales.
- D'autres composés toxiques sont présents dans la graine, il s'agit de β-glucoronidase, de xanthine
oxidase et de l'acide curcaniléique, un acide gras voisin de l'acide ricinoléique (substance
purgative).
D‘après Siegel (1893) et Cano Asselieh et al. (1989), la lectine curcine serait le principal composé
responsable de la toxicité. Cette affirmation est nuancée par l‘expérience d‘Aregheore et al. (1998),
qui ont comparé l‘activité de la lectine pour des tourteaux d‘une variété toxique (Cap Vert) et d‘une
variété non toxique (Mexique). La toxicité respective de ces tourteaux a préalablement été déterminée
sur des rats et des poissons. Les auteurs de cette étude observent que l‘activité de la lectine n‘est pas
différente entre les variétés toxiques et non toxiques, et suggèrent que la toxicité du tourteau de
Jatropha ne peut pas être attribuée à la lectine seule, bien que sa présence aggrave la toxicité.
Mexique (Papantla), 27,2 58,5 3,8 4,3 31,1 26,5 1,7 3,4 8,9 nd
variété dite non
toxique
Tableau 25 : propriétés physico-chimiques des amandes de Jatropha et mesures de quelques toxines de l'amande déshuilée
(Extraits du tableau de Makkar et al., 1997)
Compte tenu de sa forte teneur en protéines (tableau 26), le tourteau pourrait être utilisé en
alimentation animale, à condition de le débarrasser de ses substances toxiques (Makkar et Becker
1997). Plusieurs études ont mis en évidence la toxicité du tourteau lors de la consommation par les
animaux (Adam, 1974 ; Ahmed et Adam, 1979a, b ; Liberalino et al., 1988) y compris pour les
poissons (Makkar et Becker, 1997).
Les graines de la variété non toxique (provenance : Papantla au Mexique) ont une teneur en
protéines, lipides, énergie de croissance comparable à celle des variétés toxiques (Cap Vert et
Nicaragua – dont la toxicité é été observée par Becket et Makkar lors d‘observations non publiées).
Les compositions en acides aminés des tourteaux des variétés du Mexique, du Cap Vert et du
Nicaragua sont également similaires, et les valeurs apportées en acides aminées – excepté pour la
lysine – sont comparables avec celles des références données par la FAO. (tableau 27).
La valeur en protéines (63.8 %), énergie métabolisable (10.7 MJ/kg) et en matière organique
digestible (77.3 %) du tourteau de la variété non toxique équivaut à celle des meilleurs tourteaux
oléagineux (Makkar et al., 1997). Ces résultats suggèrent que le tourteau de la variété mexicaine peut
être une excellence source de protéines pour les animaux et l‘huile extraite pourrait également être
utilisée en consommation humaine. Pour la consommation humaine, des études plus poussées
Lectine : thermolabile
D‘après d‘Aregheore et al. (1998)., l‘inactivation de la lectine peut être obtenue par des traitements à
la chaleur. Un traitement à la chaleur humide est plus efficace qu‘un traitement à la chaleur sèche. La
lectine des deux types de variétés a été complètement inactivée par un traitement à la chaleur
humide : 66 % d‘humidité, à 121 °C, pendant 30 minutes.
Aregheore et al. (2003) ont réalisé des combinaisons de traitements thermiques et chimiques pour
détoxifier des tourteaux issus de graines de variétés du Cap Vert et du Nicaragua. La concentration
en ester de phorbol a été réduite avec 2 traitements, sans incidence sur l‘appétence de la nourriture
pour les rats :
- traitement chimique au méthanol : 4 lavages avec du méthanol à 92 %, suivi d‘un traitement
thermique à 121°C pendant 30 min ;
- traitement chimique à l‘hydroxyde de sodium (NaOH) + hypochlorite de sodium (NaOCl), suivi
d‘un traitement thermique à 121°C pendant 30 min.
Le traitement thermique puis chimique avec du méthanol à 92 % a réduit la teneur initiale d‘ester de
phorbol de 1.78 mg/g à un niveau tolérable de 0.09 mg/g. Le tourteau ainsi obtenu présente un taux
de protéines pures de 68 %, qui est beaucoup plus élevé que le taux de protéines habituellement
trouvé dans les autres tourteaux oléagineux (45.7 % pour le soja).
Le Jatropha pourrait ainsi se substituer aux tourteaux oléagineux conventionnels comme le tourteau
de soja, très coûteux. Le traitement est prometteur, mais pour l‘instant coûteux à mettre en œuvre. Il
pourrait être envisagé à une petite échelle de production. Le prix peut être réduit si le méthanol est
réutilisé.
Le tableau 28 présente une comparaison des valeurs nutritionnelles pour les ruminants et des
composés toxiques de 2 tourteaux de Jatropha (variétés toxiques du Cap vert et du Nicaragua),
partiellement dégraissés (extraction par presse) et complètement dégraissés (extraction par solvant),
après différents traitements thermiques. Les tourteaux non traités à la chaleur sont pauvres en
protéines dégradables dans le rumen, mais présentent une différence de dégradabilité des protéines
dans le rumen (la variété du Cap Vert a une valeur supérieure à celle du Nicaragua). Les teneurs en
inhibiteurs de trypsine et en phytates sont élevées pour le tourteau de Jatropha, comparé au tourteau
de colza. Les traitements thermiques permettent d‘inactiver les inhibiteurs de trypsine et d‘augmenter
la dégradabilité des protéines dans le rumen. La présence d‘huile diminue toutefois l‘effet de la
chaleur sur cette dégradabilité.
Sur la base de ces résultats, les auteurs suggèrent 2 traitements efficaces pour la détoxication du
tourteau de la variété du Cap Vert, partiellement dégraissé ou entièrement dégraissé, en vue de
l‘incorporer dans l‘alimentation de ruminants :
- un traitement thermique humide à 67 % d‘humidité à 100 °C pendant 60 min ;
- un traitement thermique humide à 80 % d‘humidité à 130 °C pendant 30 min. Ce dernier est
légèrement meilleur pour la variété Cap Vert dégraissé, car il augmente la dégradabilité des
protéines dans le rumen, et diminue les inhibiteurs de trypsine.
Ces traitements diminuent les inhibiteurs de trypsines à des niveaux similaires à ceux retrouvés dans
le tourteau de soja, couramment utilisé en alimentation animale sans effet nocif. Cependant, il faut
Les traitements testés ici peuvent s‘appliquer lors de procédés industriels. A noter que les coques et
autres coproduits obtenus avec le tourteau peuvent être une source d‘énergie combustible permettant
de réduire le coût de ces traitements thermiques.
Tableau 28 : comparaison des valeurs nutritionnelles et des composés toxiques de tourteau de Jatropha
partiellement dégraissé (extraction par presse) et complètement dégraissé (extraction par solvant), après
différents traitements thermiques et chimiques (Aderibidge et al., 1997)
(Voir tableau 10 : composition de tourteaux de Jatropha analysés par différents auteurs et comparaison avec
d’autres fertilisants organiques)
Au Mali, Henning (1996) mentionne que les paysans ont reconnu très tôt la valeur du tourteau comme
engrais et que ces derniers emportaient la totalité des quantités produites au niveau des presses. Afin
d‘avoir une appréciation concrète de cette valeur, des essais d‘application du tourteau sur des
cultures de maïs, sorgho et coton en milieu paysan ont été menés en collaboration avec l‘IPR de
Katibugu sur 3 sites pilotes (tableau 29). Les auteurs observent que sur coton, le tourteau seul donne
de meilleurs résultats que le fumier ou la fumure minérale vulgarisée. Les meilleurs rendements ont
été obtenus avec une combinaison de tourteau + fumure minérale vulgarisée.
Tableau 29 : augmentation du rendement (%) après épandage de tourteau de Jatropha par rapport à des
parcelles témoins sans apport (Mali) (Henning, 1996)
Note : les résultats présentés dans ce tableau sont issus de résultats provisoires, probablement en cours de
culture.
L‘ICRISAT a par ailleurs étudié l‘effet du tourteau sur la croissance et le comportement végétatif du riz
en Inde, en système de riziculture intensive (SRI), et système de riziculture améliorée (SRA). Les
résultats sur le rendement de riz paddy sont significatifs quel que soit le système de culture considéré
(figure 13).
6
Système RSI
5
Système RSA
4
0
ha
a
ha
ha
n
/h
oi
T/
T/
T/
ém
T
,5
:1
:2
:3
:t
:0
T0
T2
T3
T4
T1
Figure 14 : effet du tourteau sur le rendement du riz paddy, en Inde (t/ha) (ICRISAT)
En plus d‘être un excellent engrais organique, le tourteau de Jatropha, grâce à sa teneur résiduelle en
huile, contient des mêmes substances biocides (voir partie IV.5.1 – Propriétés biocides de Jatropha
curcas), ce qui lui confère des propriétés insecticides et réduit la quantité de nématodes dans le sol.
Le tourteau de ricin, parent proche du Jatropha, est utilisé comme engrais organique à effet répulsif
pour les taupes et rongeurs. Il est agréé en agriculture biologique en France.
Cependant, les substances toxiques qu‘il contient peuvent être néfastes pour les plantes : des essais
de phytotoxicité des tourteaux de Jatropha et de ricin sur la germination de graines tomates, de
pastèques, de petits pois et de maïs dans des récipients contenant du sable avec différentes teneurs
en tourteau, ont montré un effet toxique sur les semis, particulièrement sur les graines de tomates
(Münch, 1986).
Aucune étude n‘a été menée sur un éventuel risque de contamination des cultures vivrières par ces
substances toxiques, ni sur les conséquences à moyen et long terme de l‘épandage d‘un engrais
toxique sur le sol ou les nappes d‘eau souterraines. Des recherches doivent être menées sur
l’éventuelle toxicité des résidus issus des épandages de tourteau de Jatropha sur des cultures
destinées à l’alimentation humaine.
Le tourteau de pressage étant fermentescible, il peut être utilisé pour la production de biogaz.
Staubmann et al. (1997) ont étudié la possibilité la production de biogaz par méthanisation à partir de
tourteau (tableau 30). Une suspension aqueuse de résidu de tourteau sans addition de composés
chimiques a été utilisée comme substrat, après séparation des coques par sédimentation. Les auteurs
ont jugé nécessaire d‘enlever les coques car ils se sont aperçus lors d‘une expérience préliminaire
qu‘elles causaient l‘obstruction des pipes et étaient à peine fermentescibles, probablement à cause de
leur teneur en lignine.
Tableau 30 : composition (%) du tourteau de jatropha avec et sans les coques (Staubman et al., 1997)
Trois types de réacteurs ont été comparés : un réacteur UASB (Upflow Anaerobic Sludge Blanket), un
biodigesteur de type contact anaérobie et un réacteur filtre anaérobie, d‘un volume de 110 l chacun
(tableau 31). Le meilleur rendement en biogaz a été obtenu avec le filtre anaérobie, avec un niveau de
Tableau 31 : comparaison de la production de biogaz obtenue à partir de tourteau de jatropha avec trois types de
réacteurs (Staubman et al., 1997)
Echantillons :
1 : tourteau pressé avec une taille d‘ouverture de bec de 9 mm, graines non décortiquées (100 % de coques)
2 : tourteau pressé avec une taille d‘ouverture de bec de 7 mm, graines non décortiquées (100 % de coques)
3 : tourteau pressé avec une taille d‘ouverture de bec de 7 mm à partir de graines complètes et décortiquée (dans
un ratio de 2 pour 1) (67 % de coques)
4 : tourteau pressé avec une taille d‘ouverture de bec de 7 mm, à partir de graines décortiquées dans un ratio de
1 pour 2 (33 % de coques)
Tableau 32 : résultats des essais de digestibilité de 4 échantillons de tourteau de Jatropha (Visser et al., 2007)
L‘expérience plus récente de Visser et al. (2007, Fact fuels, tableau 32) a permis de comparer la
digestibilité anaérobique et la production de biogaz de 4 échantillons de tourteau de Jatropha, obtenus
par différentes méthodes de pressage. Ces essais ont été menés à l‘échelle expérimentale dans des
réacteurs de 1 l. Les résultats obtenus donnent un taux de décomposition et une production biogaz
faible : le temps de réaction de 60 jours n‘a pas suffit à convertir totalement la fraction digestible des
échantillons. Le rendement obtenu est par contre élevé, grâce à la quantité élevée de matière
organique. Les auteurs font remarquer que le rendement en méthane mesuré n‘est pas représentatif
d‘une installation industrielle. Selon eux, la valeur à retenir pour une installation industrielle de biogaz
à partir de tourteau de Jatropha serait plutôt la production d‘un gaz avec 50-60 % de méthane, un
3
rendement de 0.5 à 0.6 m /kg de matière organique, avec un pouvoir calorifique compris entre 18 et
22 MJ/kg.
Lopez et Foidl (1997) ont testé la production de biogaz à partir de la pulpe des fruits, à échelle
expérimentale également. Le réacteur utilisé, d‘un volume de 23,8 l est composé d‘une cuve
contenant un filtre anaérobique en pierres volcaniques de 20 à 30 mm de diamètre. L‘alimentation,
réalisée par une pompe péristaltique, a été réglée pour que le produit séjourne environ 3 jours dans le
réacteur. A l‘état d‘équilibre, la production de biogaz obtenue a été de 2.5 l/l/j. La teneur en méthane
était de 70 %, et la dégradation de la fraction digestible comprise entre 70 et 80 %. Les coques ont dû
être soumises à un prétraitement, pour séparer les fibres de la pulpe et pour éviter l‘obstruction du
réacteur.
Le sous-produit de la digestion peut être utilisé en fertilisant organique. Cependant, aucune étude n‘a
à ce jour été menée sur la valeur du compost issu de la digestion du tourteau ou des pulpes de
Jatropha.
Les voies de valorisations thermochimiques des coproduits du Jatropha sont diverses, mais on ne
dispose pas encore de réelles études scientifiques sur le sujet, compte tenu de l‘intérêt récent pour ce
type de biomasse. Les expériences connues sont des applications artisanales – car les quantités
produites actuellement sont insuffisantes pour avoir donné lieu à des utilisations industrielles. On
manque encore de recul pour évaluer l‘intérêt relatif des différents procédés.
Le tourteau de Jatropha peut être utilisé comme combustible à la place du charbon de bois dans les
ménages, ou comme combustible pour les chaudières dans les industries, en mélange avec d‘autres
combustibles (bois). Le pouvoir calorifique du tourteau est d‘environ 18 MJ/kg.
A Madagascar, des essais de combustion des tourteaux pour des foyers domestiques (pour la cuisson
des aliments en substitution au charbon) ont été réalisés dans le cadre du projet Bamex en
collaboration avec D1 Oil. Mais la combustion dégageait une fumée noire très épaisse, ce qui n‘est
pas compatible avec une utilisation quotidienne dans les ménages (Perrine Burnod, 2008,
communication personnelle).
Les pulpes et les coques sont également mentionnées comme combustibles. Le pouvoir calorifique
des pulpes de fruits est évalué à 14.5 MJ/kg et celui des coques à 18 MJ/kg (Makkar, 2007).
Dans plusieurs pays, les tourteaux, pulpes et coques servent à fabriquer des briquettes d‘allumage
pour le feu. Aux Philipines (Bayanihan), la mise en place d‘une usine de Jatropha a par exemple
développé la production et la commercialisation locale de ces briquettes.
Le bois de Jatropha est quand à lui réputé pour être un piètre combustible. Très léger, il est rarement
utilisé comme bois de chauffe pour les besoins domestiques et culinaires. Dans le cas d‘une utilisation
à cette fin, il est préférable de couper le tronc en petits morceaux afin d‘accélérer le processus de
séchage.
Les coques étant des matériaux poreux, elles peuvent être utilisées pour produire des charbons actifs,
qui présentent une très grande surface spécifique confèrant un fort pouvoir adsorbant. Le charbon
actif est utilisé dans différents domaines d‘application : filtration (eau potable, masque à gaz),
industrie, chimie (décoloration des eaux, décoloration du sucre, décaféination du café), médecine. La
fabrication du charbon nécessite une première étape de pyrolyse, puis une seconde étape
d‘activation, qui consiste à augmenter le pouvoir adsorbant, notamment en éliminant les goudrons qui
obstruent les pores, selon deux procédés distincts :
La taille des pores dépend de la nature de la biomasse et des conditions de pyrolyse. Les coques de
noix de coco donnent des micropores (< 2 nm), le bois des mésopores (entre 2 et 50 nm) ou des
macropores (> 50 nm). L'adsorption des gaz nécessite des pores de 1 à 2 nm, alors que des pores de
2 à 10 nm suffisent pour l'adsorption des liquides.
Il n‘existe pas encore d‘étude sur cette voie de valorisation des coques, mais un projet est en cours au
Burkina sur l‘étude des deux voies d‘activation chimique et physique au Burkina Faso (laboratoire
2IE). Le but est de produire des charbons peu onéreux, même si leur surface spécifique n‘est pas très
grande, à l‘opposé des charbons actifs du commerce, très coûteux, qui doivent être reconditionnés
lorsqu‘ils deviennent saturés (ce qui impose des équipements spécifiques et coûteux). La porosité et
la surface spécifique des charbons obtenus à partir de simples coques et de coques ayant subi un
traitement thermique préalable sera comparé avec les charbons issus de biomasses couramment
utilisées. Les charbons à bas prix issus des coques des graines de Jatropha ne seraient pas
reconditionnés mais remplacés. Après avoir été séchés, ils pourraient ensuite être utilisés comme
combustibles (selon le type de polluant qui a été traité).
Compte tenu de la grande diffusion de cette plante et de la présence de toxines dans la plupart de ses
constituants, les propriétés biocides du Jatropha ont attiré l'attention des utilisateurs puis des
scientifiques pour lutter contre des insectes prédateurs des cultures ou des stocks, ou contre des
vecteurs de maladies. C'est ainsi que les moustiques (vecteurs de nombreuses affections) ont été
visés ainsi que les mollusques transmetteurs de la bilharziose dont il existe plusieurs espèces.
De nombreuses observations et tests ont été réalisés sur divers insectes dits nuisibles. Les
expérimentations complètes se sont efforcées de montrer l'intérêt de la démarche comme substitut à
un produit synthétique, sans effet sur l'environnement. Toutes les parties de la plante ont fait l'objet
d'études : les feuilles, l'écorce mais surtout l'huile.
Solsoloy et al. (2000) ont testé des émulsions d'huile en milieu expérimental, contre les insectes
nuisibles des stocks de grains de maïs, Sitophilus zeamays, et de haricot mungo: Callosubruchus
chinensis. Les semences étaient pulvérisées puis séchées. Les dilutions testées étaient de 0.5, 1.0,
2.5 et 10 %. La toxicité directe du traitement est faible mais l'efficacité du produit augmente avec le
temps. Ainsi, après 2 mois, les dommages aux graines ne sont plus que de 10 % avec un dosage à
10 % pour S. zeamays et un dosage de 5 % pour C. chinensis. Le nombre d'œufs déposés diminue,
probablement à cause d‘une capacité de reproduction en diminution et d‘une répulsion du produit de
traitement pour le dépôt des œufs. Il a été vérifié que la qualité germinative de la graine n'était pas
affectée par le traitement.
Ratnadass et al. (1997) se sont penchés sur les nuisibles des cultures alimentaires et plus
précisément sur Busseola fusca et Sesamia calamistis, foreurs des tiges de sorgho causant de
nombreux dégâts au Nigeria et au Burkina Faso. L'efficacité de l'huile de Jatropha (1 % du milieu
nutritif) a été comparée à celle d'esters de phorbol à 0.025, 0.05 et 0,1 % incorporé au milieu nutritif
pour S. calamistis et 0.01, 0.1 et 1 % du milieu nutritif pour B. fusca. Les taux de nymphose ont été
nuls pour S calamistis pour tous les traitements ayant reçu un produit, comme pour B. fusca pour les
traitements à 0.1 et 1.0 % d'huile alors qu'il était de 55 % sur le traitement supplémenté à 0.01 % et de
70 % sur le témoin (pas de différence significative entre ces deux derniers). Cette approche de
laboratoire est toutefois éloignée de ce qui pourrait se passer en conditions de culture. En effet, autant
l'application directe d'extraits insecticides pour B. Fusca pourrait avoir un effet significatif puisque la
larve commence par s'alimenter dans le cornet foliaire, autant celle de S. calamistis, qui trouve un abri
dans la tige en forant aussitôt après l'éclosion, est inaccessible à des produits de contact.
Solsoloy (2000) s'est intéressé à la lutte contre les nuisibles du coton. Deux niveaux de concentration
d'huile de Jatropha en pulvérisation (800 et 1 250 ml/ha) ont été comparés à des insecticides
couramment utilisés (profenofos à 400 g/ha et deltamétrine à 12,5 g/ha). Les populations d'insectes
nuisibles et utiles ont été évaluées avant et après les traitements. La récolte a aussi été évaluée, tant
d'un point de vue quantitatif que qualitatif. Trois prédateurs étaient concernés : une sauterelle
(Amrarsca biguttula), un aphide (Aphid gossypii) et une chenille (Helicoverpa armigera). A gossypii a
mieux été contrôlée avec l'huile de Jatropha qu'avec la deltamétrine, ce qui n'est pas le cas de A.
biguttula. Au début des traitements, les insecticides de synthèse ont été plus efficaces que l'huile de
Jatropha sur H. armigera ; l'huile ayant un effet sur la croissance des insectes, son effet est plus lent
que les produits de synthèse. Les parcelles traitées avec les produits de synthèse ont donné des
rendements supérieurs. Un effet phytotoxique a été observé sur la parcelle traitée avec la plus forte
concentration d'huile de Jatropha. Parallèlement, la production du témoin a été bien supérieure à la
moyenne paysanne. Cette situation s'explique par l'augmentation des ennemis naturels pour contrôler
les nuisibles, attribuée à l'innocuité de l'huile à leur égard. A ce sujet, des observations ont montré un
effet négatif important de la deltamétrine sur les insectes utiles, alors que les produits à base d'huiles
de Jatropha ont maintenu ces populations à un niveau suffisant pour que leur action soit sensible
dans le contrôle des insectes nuisibles. L'auteur suggère que ce sont les acides gras qui auraient des
propriétés insecticides naturelles, et qu'ils pourraient remplacer les insecticides de synthèse.
La lutte contre les larves des moustiques est également un sujet d‘étude. Kambou et al. (2008) ont
testé des extraits de graines et d'écorce de jatropha sur des larves du moustique Ochlerotatus
triseratus, tandis que Rahuman et al. (2007) ont expérimenté des extraits de feuilles et d'écorce sur
Anopheles aegypti et Culex quinquefasciatus.
Kambou et al. (2008) ont comparé des extraits par n-hexane, acétate d'éthyle et méthanol à la
concentration de 250 μg d'extrait par millilitre d'eau. Les résultats ont été spectaculaires puisque pour
tous les types d'extraits, la mortalité était totale au bout de 24 heures. L'évaluation de la toxicité du
traitement sur l'environnement n'a pas été réalisée, pas plus que l'identification de la substance active.
Ces auteurs ont testé les mêmes produits sur des chenilles d‘Helicoverpa virescens et Helicoverpa
zea, nuisibles du coton. Les extraits ont été inefficaces sur H virescens mais actifs sur H. zea avec
une réduction de 60 à 70 % du poids des chenilles après 15 jours d'alimentation à une concentration
de 250 μg/ml.
Rahuman et al. (2007) ont expérimenté différentes concentrations aqueuses d'une solution de 1 g
d'extrait dans 100 ml d'éther de pétrole. Les extraits étaient obtenus soit avec de l'acétate de méthyle,
soit du butanol soit de l'éther de pétrole. Les observations étaient effectuées après 24 heures et les
doses létales 50 et 90 calculées. L'éther de pétrole a été le seul extrait efficace. Celui correspondant
Figure 15 : efficacité de divers extraits de Jatropha curcas sur le mollusque Biomphalaria glabrata (10 mortalités
correspondent à 100 % d'efficacité) (Rug et al., 1997)
La plupart des essais réalisés visaient les mollusques d'eau douce, hôtes de l‘agent infectieux de la
bilharziose, un ver du genre Schistosoma, qui comprend plusieurs espèces infectieuses. Ces
mollusques sont des passages obligés pour le développement de la larve de Schistosoma mansoni ou
de S. haematobium, avant leur libération dans l'eau et leur passage à travers la peau chez l'homme.
En 1997, Vassiliades rédige une note à l'ISRA sur les propriétés molluscicides de deux
Euphorbiacées, dont Jatropha curcas, sur Lymnaea natalensis (hôte intermédiaire de Fasciola
gigantea ou douve du foie) et Bulinus guernei (hôte intermédiaire de Schistosomes et de
Paramphistomes, similaires à la douve). Les premiers essais remontaient en 1933 au Soudan mais
avec une autre plante, la Balanite. Des tests ont été réalisés en 1982 et 1983, non publiés alors qu'ils
ont donné des résultats satisfaisants. Dans un aquarium contenant de l'eau pure, on introduisait les
plantes hachées ou écrasées à des concentrations différentes. En même temps que les mollusques,
on plaçait des Guppys (petits poissons) pour vérifier l'iniquité du traitement. Parallèlement, l'eau de
l'aquarium a été donnée à boire à des souris.
Les feuilles fraîches à la concentration de 0.3 g/l ont provoqué la mort de tous les mollusques de
Lymnaea natalensis en 7 jours. Avec des tiges hachées, la mortalité a atteint 80 % des mollusques,
avec les graines entières, 100 % de mortalité à 0.2-0.3 g/l, de même avec les amandes à 0.1-0.2 g/l.
Dans tous les cas, il n‘y a eu aucun effet sur les Guppys. Un effet similaire a été observé sur B.
guernei. Aucun trouble n‘a été observé chez les souris.
D'autres expérimentations ont été réalisées par différentes équipes. Rug et al. en 1997 ont testé l'effet
de l'huile de Jatropha sur les mollusques Biomphalaria glabrata et Oncomelania hupensis, hôtes des
larves de schistosomes (figure 15). Ils ont utilisé des extraits de graines et de tourteaux ainsi que
Les auteurs ont poursuivi leurs recherches en étudiant l'effet d'extraits de Jatropha sur les larves de
Schistosoma mansoni au premier stade larvaire (miracidium) et au stade infectieux (cercaria). Ils ont
évalué les effets des traitements utilisés sur les populations des eaux fréquentées par les mollusques
hôtes. Ils ont exposé les larves à l'huile brute, à un extrait aqueux et un extrait au méthanol. C'est ce
dernier qui s'est montré le plus efficace au bout de 2 heures : les cercariae sont hautement sensibles
à des concentrations de 25 ppm, 10 fois plus sensibles que les miracidia. L'extrait aqueux nécessite
une concentration 10 fois plus élevée pour être aussi efficace. En présence d'extrait au méthanol, les
larves de S. mansoni développent des vésicules en surface conduisant à leur mort à plus ou moins
long terme. Parallèlement, des tests simples ont été réalisés pour estimer la tolérance écologique des
traitements. L'huile brute et l'extrait aqueux n'ont pas d'effet sur l'environnement, alors que l'extrait au
méthanol a une influence sur certains crustacés comme Polyphemus sp. Des travaux
complémentaires sont cependant nécessaires pour affiner les résultats.
Ogbebor et al. (2006) ont étudié les propriétés antifongiques des feuilles de 21 plantes pour lutter
contre le Collentotrichum gloeosporioides, agent pathogène de l'hévéa. Un premier test in vitro a
retenu le Jatropha parmi les 5 plantes les plus efficaces. Des infestations ont alors été réalisées sur
des pépinières dont les plants ont été traités par des extraits à différentes concentrations de broyat de
feuilles de Jatropha. Le Jatropha a été relativement efficace sur la maladie à la concentration la plus
forte (100 g de feuilles pour 100 g d'eau) avec un indice d'infestation des feuilles un peu plus faible
que le témoin, 3 semaines après l'infestation.
En pharmacopée traditionnelle, le Jatropha est utilisé pour de nombreuses affections. L'huile, les
feuilles et l'écorce sont utilisées comme purgatif. L'huile a des vertus abortives. Elle permet de traiter
les rhumatismes et toutes sortes d'infections dermatologiques malgré les irritations qu'elle peut
provoquer sur la peau. Le latex est réputé pour soigner les plaies, les ulcères, l'eczéma, les
dermatomycoses, la gale, aussi pour soulager les piqûres d'insectes. Les feuilles sont utilisées
fraîches sur les plaies ou en décoction contre le paludisme, contre l'hypertension ou pour faire monter
le lait chez les femmes. Les racines en décoction servent à traiter les diarrhées.
De ce fait, c'est une plante qui a fait l'objet d'investigations importantes par de nombreuses équipes de
recherches médicales tant privées que publiques. Les résultats obtenus ne sont pas tous accessibles.
Les informations qui suivent sont donc partielles.
C'est une propriété connue utilisée traditionnellement pour soigner les blessures. Osoniyi et al. (2003)
ont étudié le temps de coagulation de différentes concentrations de latex. Le latex entier diminue
notablement le temps de coagulation alors que dilué, il le prolonge. A haute dilution il n'y a plus de
coagulation. Ils en ont déduit que le latex devait contenir des constituants coagulant et anticoagulant.
Ils ont séparé les constituants avec de l'acétate d'éthyle pour celui qui est responsable de
l'accélération de la coagulation, et du butanol pour celui qui ralentit la coagulation.
En 1997, Nath et al. avaient mis en évidence l'effet toxique de la curcine extraite du latex quand elle
était administrée par voie péritonéale. Par contre, utilisée mélangée à un onguent pour soigner des
blessures, elle accélère leur cicatrisation en développant l'activité biologique de restauration des
tissus.
Luo et al. (2007) ont mis en évidence la possibilité d'utiliser la curcine comme agent cytotoxique sur
des cellules cancéreuses à des niveaux de concentration très faibles. Ils ont trouvé que cette protéine
pouvait inhiber le déplacement des cellules tumorales et pensent qu‘elles étaient aussi capables de
provoquer la mort de ces cellules par apoptosie. Cet effet a été aussi noté par Faria et al. en 2006.
Staubmann et al. (1997, 1998) ont mis en évidence un effet anti-inflammatoire important d'extrait de
feuilles de Jatropha. Ils ont isolé 2 produits actifs.
Mujumdar et al. (2004) ont testé ces mêmes effets anti-inflammatoires avec de la poudre de racine
brute et des extraits concentrés au méthanol. Plusieurs types d'inflammations ont été étudiées et 2
modes de traitements ont été appliqués : le premier sous forme de poudre de racine en pâte étalée
sur la partie enflammée et le second sous forme systémique par voie orale ou par injection. Des
traitements de référence étaient associés à chaque expérience. Un test préalable avait fixé la dose
maximale d'extrait à administrer sous forme systémique (1g/kg). Les résultats ont montré un effet
équivalent aux traitements de référence. Les doses efficaces étaient largement inférieures la dose
maximale (entre 50 et 200 mg/kg).
Ces mêmes auteurs, en 2000, ont évalué l'effet anti-diarrhéique avec les mêmes produits issus du
Jatropha. L'origine de cette affection est de même nature que celle des inflammations. L'expérience a
consisté à provoquer une diarrhée par administration d'huile de ricin chez des souris et à étudier la
possibilité d'y remédier avec des extraits au méthanol de poudre de racine de Jatropha. Les résultats
ont été probants puisqu'en injectant 100 ml/kg d'extrait, les effets de l'affection ont diminué
significativement.
Ces travaux ont confirmé l'intérêt des pratiques traditionnelles utilisées dans certaines régions de
l'Inde.
Goonasekera et al. (1995) a mis en évidence que l'action de différents l'extraits de fruits frais et secs
avaient la possibilité d'arrêter la gestation. Cependant, plusieurs cas de mortalité ont été observés
pendant l'expérience avec certains types d'extraits. Aussi des investigations supplémentaires sont
nécessaires pour faire la part des choses entre produits actifs et produits toxiques.
Alors que le Jatropha présente des intérêts potentiels pour la production de biocarburant en apportant
un complément de revenus aux communautés rurales, la question de l‘impact potentiel de cette
culture sur l‘environnement est à prendre en compte.
Jatropha et biodiversité
Risques phytosanitaires
- Augmentation des risques phytosanitaires sur les cultures vivrières
Comme indiqué dans le paragraphe II.3.4, la mise en culture de grandes superficies présenterait une
augmentation du risque d‘infestation massive par des ravageurs et maladies, comparé à ce qui a
été observé jusqu‘alors, non seulement pour le Jatropha, mais également pour les cultures vivrières
locales, notamment pour le manioc qui appartient à la même famille des euphorbiacées.
- Utilisation massive de produits phytosanitaires :
L‘emploi éventuel de produits phytosanitaires à grande échelle pour contrôler ces ravageurs aura
également un impact sur la faune locale spécifique de ces zones.
La toxicité du tourteau de Jatropha, relevée au paragraphe V.3.2, est à prendre en compte en cas
d‘utilisation du tourteau comme engrais organique. Aucune étude n‘est aujourd‘hui disponible sur les
risques de contamination du sol, des nappes phréatiques, ou des cultures alimentaires par les
substances toxiques présentes dans le tourteau.
Remarque : le tourteau de ricin est utilisé comme engrais organique en agriculture biologique en
France. Cependant, aucune étude de toxicité n‘a été réalisée préalablement (Maura, 2008, Ecocert,
communication personnelle)
Une étude récente a été réalisée en Afrique du Sud par Holl et al (2007) sur l'impact de la culture de
Jatropha sur le milieu naturel. Elle a évalué les besoins en eau de la culture par un suivi régulier de la
consommation de plants de Jatropha de 4 et 12 ans. L'extrapolation des résultats obtenus a permis de
comparer les besoins en eau d'une culture de Jatropha avec ceux de la végétation naturelle qu'elle
est censée remplacer et ce pour différents contextes pédoclimatiques. Il s'avère que dans la plupart
des cas, la consommation de la culture (entre 200 et 1200 mm) est largement inférieure à celle de la
végétation en place sur un pas de temps annuel. L'étude en déduit que le risque de diminution de
débit en eau des bassins versants n'est pas à retenir et que, de ce point de vue, la culture pluviale du
Jatropha n'aura pas d'impact négatif sur l'environnement. L'irrigation de telle culture n'étant pas
envisagée, l'auteur considère que, pour être économiquement intéressante, elle ne peut s'envisager
qu'à partir d'une pluviométrie minimum de 800 mm.
L'auteur estime cependant qu'il est nécessaire de confirmer les résultats dans la mesure où les
observations ont été effectuées pendant 2 années sèches et où il a fallu extrapoler les résultats pour
pouvoir arriver à une conclusion en année normale.
Annexe 2 : Comparatif des presses à huile végétale (trituration en pression unique à froid)
Le Ricin commun
Le ricin commun (Ricinus communis) est un arbuste de la famille des Euphorbiacées d'origine
tropicale. C'est la source de l'huile de ricin, qui a de nombreuses applications, et de la ricine, un
poison violent.
Origine
Il est originaire d'Afrique tropicale, il s'est répandu un peu partout dans le monde, là où le climat le
permettait. On le retrouve ainsi sous des climats subtropicaux, mais également sous les climats
tempérés.
Description
Le nom générique Ricinus signifie « tique » en latin : la graine est appelée ainsi à cause de son
aspect. Le ricin se présente sous la forme d'une plante arborescente, annuelle ou vivace suivant les
conditions climatiques de la région. Sa hauteur peut atteindre 10 mètres dans son pays d'origine (elle
serait de 2 à 3 mètres en France.). C'est une plante allogame sensible au milieu où elle vit, cependant
les sélectionneurs nord américains ont réussi à stabiliser des variétés naines peu sensibles à
l'environnement. La totalité de la plante semble toxique en raison de la présence d'une lectine
glycoprotéique : la ricine.
- Feuilles : Elles sont portées par de longues tiges, sont palmatilobées (5 à 12 lobes) et leur bord est
denté. Elles sont également vertes et rouges, palmées, verticillées et caduques. Certaines variétés
ornementales ont des feuilles dont la face inférieure et le pétiole sont colorés en rouge.
- Fleurs : Elles sont regroupées en grappes ou racèmes réunissant fleurs males (30 à 50%) à la
périphérie et fleurs femelles sur la partie supérieure, la floraison a lieu en été et dure 15 à 20 jours
pour chaque grappe et un mois pour la plante entière.
- Graines: Les fruits sont des capsules tricoques hérissées de pointes (parfois absentes). La graine
est ovoïde, luisante, marbrée de rouge ou de brun, elle présente une ligne saillante sur la face
ventrale. Le poids moyen de 100 graines est d'environ 300 g pour les types cultivés. . La
concentration en ricine est maximale dans les graines qui renferment par ailleurs des protéines, de
l'eau et des lipides. Elle contient entre 40 et 60 % d'huile riche en triglycérides, principalement la
ricinoléine. Le rendement en huile du Ricin peut atteindre de 1200 à 2000 litres à l'hectare et par an
sous climat tropical.
Culture
Les premières améliorations étaient basées sur la sélection massale et généalogique. Elles ont
produit des plants nains par introduction de gènes de diminution de la taille des entre noeuds trouvés
dans les génotypes brésiliens, et augmenté les teneurs en huile.
La découverte de systèmes de stérilité male, s'exprimant dans certaines conditions
environnementales a permis dans les années soixante la mise au point de semences hybrides. De
plus, plupart des plantes hybrides F1 présentent une tendance féminine forte qui accroît le nombre de
capsules et de graines par grappe.
En zones tropicales, traditionnellement le ricin est plutôt cultivé en plante pérenne de 2-3 ans sous
une pluviométrie de 1100 à 1400 mm avec une saison sèche en fin de cycle qui favorise la
maturation. Il préfère l'altitude entre 1000 et 1500 m. Il fait généralement l'objet de cultures associées.
En agriculture mécanisée, la culture est annuelle. Le sol est labouré au tracteur pour faciliter
l'enracinement. La plantation s'effectue en carrés de 1 à 2 m avec plusieurs graines par poquet. Le
démariage se fait quand les plants ont une vingtaine de cm. Binage et buttage sont réalisés à la
demande pour garder un sol propre. Quand le plant a entre 1,5 et 1,7 mètre de haut, il est procédé à
l'écimage pour favoriser la ramification et rendre la récolte manuelle plus facile.
Les variétés précoces mûrissent en trois mois, les tardives en six ou sept mois (plutôt des pérennes).
Les variétés déhiscentes sont préférées pour la récolte manuelle. On récolte alors les grappes qu'on
laisse sécher au soleil pour qu'elles éclatent. L'emploi d'hybrides indéhiscents permet la récolte
mécanique mais nécessite ensuite l'usage de décortiqueuses rapidement après la récolte pour éviter
l'humidification des graines et le rancissement et l'acidification des graines. Cette récolte mécanique
des capsules peut s'effectuer avec des moissonneuses batteuses classiques moyennant quelques
Toxicité
L'huile de ricin contient de l'acide ricinoléique qui altère la muqueuse intestinale et provoque des
pertes importantes en eau et en électrolytes (sels minéraux), d'où son action purgative intense et
irritante. La ricine, présente dans la plante et les graines, est une toxine redoutable. Les graines
renferment également un allergène plus difficile à rendre inactif que la ricine et pouvant provoquer une
hypersensibilité chez les humains en contact avec ce produit. Cet allergène semble peu nocif pour les
animaux. Le passage à l'autoclave de la farine pendant 15 minutes à 125° C détruit la ricine.
L'ingestion de graines, souvent accidentelle chez les jeunes enfants, peut provoquer des intoxications
graves (en raison de la présence de ricine) nécessitant impérativement une prise en charge
hospitalière. On considère que trois graines peuvent être fatales à un enfant, quatre graines peuvent
déterminer une intoxication sérieuse chez l'adulte et six à huit graines pourront lui être fatales. Dans
certains pays on a déjà signalé l'usage des graines de ricin à des fins criminelles. Parfois, les graines
de ricin peuvent se retrouver accidentellement mêlées à des céréales, provoquant ainsi des
intoxications.
Utilisation
Le ricin est cultivé dans de nombreux pays (Chine, Brésil, Inde, etc). L'huile de ricin est obtenue à
partir des graines par pression à froid, c'est un purgatif puissant, très irritant dont l'usage est à
proscrire absolument. L'huile possède par ailleurs des propriétés lubrifiantes très intéressantes que
l'on utilise dans l'industrie. Elle fut utilisée pendant longtemps pour lubrifier les moteurs de voitures de
course et les moteurs deux temps en particulier de modèles réduits, son utilisation est caractérisée
par une odeur très forte et unique. Elle sert également pour fabriquer des peintures et des surfactants.
Elle entre dans la fabrication de produits de parfumerie et de cosmétologie. On l'utilise également
comme matière première pour préparer l'acide décylénique qui est un fongicide utilisé en usage
externe Elle est aussi utilisée dans la fabrication d'une matière plastique de la famille des polyamides
aux caractéristiques particulières, le Rilsan.
En pharmacie, cette huile est utilisée pour ses effets laxatifs et anesthésiants. On l'emploie aussi
comme solvant pour préparations injectables, mais elle peut induire des réactions anaphylactiques
graves.
Enfin, on l'employait jadis comme combustible pour l'éclairage. Dans certains pays on consomme les
graines de ricin grillées.
En horticulture, le tourteau de ricin est utilisé comme engrais organique et comme répulsif contre les
rongeurs.
D'une façon générale, les nombreuses applications de l'huile de ricin en font un produit
particulièrement apprécié parmi les oléagineux et l'industrie des corps gras.
Production
On désigne sous l'appellation savon les sels de sodium ou de potassium des acides gras saturés ou
insaturés, solubles dans l'eau. Ils peuvent être durs ou mous, les savons durs sont des sels de sodium
des acides gras à longues chaînes. Ils sont surtout utilisés dans les savons de toilette et savons
domestiques. Les savons mous sont eux, des sels de potassium des mêmes acides gras. Ils sont
obtenus en faisant agir une solution basique sur un ou plusieurs acides gras :
Les produits obtenus (savon, glycérine et excès de solution basique) ne sont pas toujours séparés ou
séparables parce que les précédés à mettre en œuvre sont souvent compliqués. De plus, l'ajout de
glycérine peut donner au savon une certaine valeur ajoutée.
Les procédés de fabrication sont assez complexes si l'on veut obtenir su savon de bonne qualité.
Trois principaux types de fabrications sont utilisés :
Chaque corps gras a ses propres caractéristiques ou propriétés physiques qui sont déterminées par
les poids moléculaires de leurs acides gras. Ces caractéristiques déterminent à leur tour en grande
partie, les caractéristiques du savon, notamment le pouvoir moussant, le pouvoir détergent, l‘effet sur
la peau, la consistance, la solubilité dans l‘eau, la stabilité de la mousse.
Sur base de la composition d'acides gras, il y a trois grandes catégories de corps gras :
Les huiles de noix contiennent une proportion importante d'acide laurique. Les deux huiles de cette
catégorie importantes pour la savonnerie sont l'huile de coco (coprah) et l'huile de palmiste. Elles sont
9
plus aptes au procédé à froid et se saponifient facilement avec des bases fortes (30 à 40 °Bé ).
Cependant, ces deux huiles, mais surtout l'huile de coco, donnent des savons cassant et agressifs
pour la peau. Alors ces huiles sont le plus souvent mélangées à d'autres huiles mais à des quantités
limitées (de 10 à 20 %),
8
D'après l'ouvrage de Lisette Cauberg aux éditions Atol (Belgique)
9
Le degré Baumé est une unité de mesure indirecte de concentration, via la densité, inventée par
Antoine Baumé. On le note par °B, °Be ou °Bé.
Les huiles douces renferment des quantités appréciables d'acides non saturées : acide oléique et
acide linoléique. Les huiles douces connues dans la savonnerie sont l'huile de soja, l'huile d'arachide,
l'huile de coton, l'huile de ricin, l'huile d'olive et l'huile de lin. Elles sont mélangées avec les huiles de
noix pour la production de savons durs.
A ces 3 grandes familles s'ajoute les huiles dites non comestibles parmi lesquelles :
L'huile de neem
Cette huile est obtenue à partir des graines du neem (Azadirachta Indica). Le contenu en huile du
noyau est à peu près 45%. Elle est toujours employée en mélange à cause de son odeur désagréable
Huile de ricin
L'huile de ricin est obtenue à partir des graines du ricin. La graine renferme entre 45 à 55 % d'huile
que l'on peut mélanger avec les autres huiles dans la fabrication du savon.
Huile de pourghère
Cette huile est obtenue à partir des graines du pourghère, La graine renferme entre 28 et 38 %
d'huile. Le savon de cette huile est relativement mou.
Il existe quelques indices qui caractérisent les corps gras et qui sont utiles à connaître dans l'objectif
de faire la composition ‗idéale‘ pour obtenir le savon désiré.
Indice de saponification
Chaque huile ou corps gras est caractérisé par un indice de saponification. Cette valeur indique la
quantité de potasse nécessaire pour saponifier une quantité donnée du corps gras.
L’indice d’iode
Cet indice indique la présence d‘acides gras non saturés dans les corps gras et se traduit en
centigrammes d'iode absorbé par un gramme d'huile.
Les corps gras avec un INS extrême ne peuvent être utilisés seuls dans la fabrication de savon, les
huiles avec un coefficient moyen sont mieux adaptées mais produisent des savons a pouvoir
moussant limité. Il faut donc mélanger des corps gras à coefficient INS réduits (mais dont le savon est
mou) avec des corps gras dont le savon augmente la fermeté de l'ensemble :
Ainsi on part du principe que pour obtenir un bon savon, le coefficient INS de l'ensemble des corps
gras doit se rapprocher de 145. On peut donner comme exemple d'un bon mélange :
- 20% d'huile de palme 0,2x231=46,2
- 50% d'huile de palmiste 0,5x149=74,5
- 30% d'huile de coton 0,3x85=25,5
Soit un total de 146,5
L'huile de palmiste aurait pu être remplacée par les graisses d'origine animale qui donnent
d'excellents savons
A - Définition : la biomasse
Dans le domaine de l'énergie, le terme biomasse regroupe l'ensemble des matières organiques
pouvant devenir des sources d'énergie. On distingue trois familles principales, auxquels
correspondent des procédés de valorisation spécifiques :
- la biomasse lignocellulosique,
- la biomasse oléagineuse (colza, palmier à huile)
- la biomasse à glucides (céréales, betteraves, cannes à sucre).
Chaque type de biomasse a une composition en cellulose, hémicellulose et lignine qui lui est propre
et contient des composés minéraux communément appelés « cendres ». Elle se caractérise aussi par
sa teneur en eau variable au cours du temps.
Si la composition en C, H et O est assez constante entre les biomasses, le taux d‘azote varie de
manière importante. Le pourcentage de cendres peut également varier dans de grandes proportions
comme le montre le tableau suivant
Différents procédés de valorisation correspondent aux différents types de biomasse. On distingue les
voies biochimiques et les voies thermochimiques.
B – La voie biochimique
Elle est utilisée pour la valorisation des biomasses oléagineuses et à glucides. On trouve
principalement trois procédés :
- l’extraction d’huiles végétales qui peuvent être utilisées comme biocarburant soit directement ou
travaillées (estérification).
Elle a pour finalité la production de biogaz (un mélange de méthane et de dioxyde de carbone). La
biomasse est enfermée dans un digesteur où se trouvent des bactéries. On distingue 3 plages de
production de biogaz en fonction de la température.
psychrophile: 15-25 °C
mésophile: 25-45 °C
thermophile: 45-65 °C
La digestion anaérobie peut être mise en place pour traiter des rejets organiques divers : eaux usées,
boues de station d‘épuration, déjections animales, déchets d‘industries agro-alimentaires, ordures
ménagères, etc.
Pour les solides, le taux de digestion de la matière organique va surtout dépendre de la granulométrie
et de la teneur en lignine qui va jouer un rôle défavorable. Ce taux peut atteindre 70% de la matière
entrante et les temps de séjour appliqués sont généralement de 10 à 20 jours.
Concernant l‘utilisation du biogaz : différentes voies sont envisageables : chaleur seule, production
d'électricité seule, cogénération, carburant automobile, injection dans le réseau de gaz naturel. La
seule fraction valorisable étant le méthane, les autres composants sont inutiles, voire nuisibles, et
nécessitent une ou plusieurs étapes d'épuration (notamment pour la vapeur d‘eau et le souffre – H2S).
C - La voie thermochimique
La gazéification du bois consiste à décomposer en présence d‘un gaz réactif (air, O 2, CO2,…) le
matériau initial pour obtenir des produits gazeux. A la différence de la pyrolyse, la gazéification met en
jeu des réactions d‘oxydation partielle du matériau initial. Les produits gazeux obtenus sont
principalement composés de H2, CO, CO2 et CH4. Les gaz produits seront brûlés pour la production
de chaleur, ou injectés dans un moteur ou turbine pour la production d‘électricité.
La combustion du bois est une transformation en présence d‘oxygène qui décompose de façon
complète le matériau carboné en CO2 et H2O tout en libérant de l‘énergie. L‘agent oxydant employé
est toujours de l‘oxygène. Les réactions de combustion sont toujours exothermiques.
Voies Voies
biochimiques thermochimiques
Milieu inerte Air, H20, 02 en défaut 02, air en excès
Charbon
Huiles Gaz +
Chaleur
Chaleur
Estérification Raffinage
FT
BIOCARBURANTS
PAC
Biogaz
Méthane
ELECTRICITE
(cogénération)
Les différentes filières de valorisation de la biomasse
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