VD de Berail Pierre
VD de Berail Pierre
VD de Berail Pierre
YouTubers
Pierre de Bérail
Je tiens à remercier grandement en premier lieu la Professeure Catherine Bungener pour avoir
accepté de diriger cette thèse de doctorat. L’encadrement précis et soutenant qu’elle m’a apporté
dès le travail de mémoire de recherche en Master 2 m’a motivé à poursuivre mes recherches
dans le cadre d’un travail de thèse et m’a également soutenu tout au long des quatre années de
thèse.
Je remercie ensuite les professeurs Lydia Fernandez et Laurent Auzoult-Chagnault pour avoir
Je remercie également les maîtres de conférences HDR Claire Hofer et Lionel Brunel pour avoir
Je remercie Jean Davis pour avoir relu, corrigé et commenté tous mes articles. Son travail
précieux m’a été d’une grande aide pour améliorer la qualité de ces articles et leur permettre
Je remercie Samatha Polar qui a participé au codage des vidéos pour le deuxième article pendant
recherche.
Je tiens également à remercier les maîtres de conférences Céline Bonnaire et Cyril Thomas ainsi
qu’une nouvelle fois la Professeure Catherine Bungener pour m’avoir fait confiance en me
Apprentissage Par la Recherche. C’est une expérience d’enseignement qui a été très
et David Brami pour leur réactivité concernant l’examen du protocole de recherche en période
de Covid-19. La rapidité avec laquelle ils ont traité notre demande nous a permis de mener une
2
recherche dans le contexte du premier confinement qui a abouti à la publication d’un article
Je remercie également toutes les personnes qui se sont intéressées à mon sujet de thèse lors des
Je tiens tout particulièrement à remercier Marlène Guillon, mon épouse, la femme que j’aime,
ma fidèle relectrice et même co-auteur, qui s’est investie énormément à bien des niveaux dans
ce travail de thèse, mais également plus généralement dans ma reprise d’études. Je n’aurais
probablement pas fait ce travail si elle n’avait pas été à mes côtés. Je la remercie pour ses apports
nombreux, pour les discussions - parfois peut être trop nombreuses, je le reconnais – concernant
mon sujet de thèse qui m’ont permis d’avancer mes réflexions et surtout je la remercie pour son
soutien et sa disponibilité pendant cette période particulière de notre vie comme dans les
Je remercie ensuite mes parents, Olivier et Sabine de Bérail, qui ont toujours été présents pour
me soutenir, dans cette période de ma vie comme dans les précédentes. Je profite de cette
occasion pour vous remercier globalement pour tout ce que vous avez fait pour moi depuis
toujours.
Je remercie aussi mes sœurs, Brune et Ambre de Bérail, et leurs familles pour leur présence qui
Je remercie tous mes amis qui m’ont accompagné ces quatre dernières années avec qui j’ai pu
parler de ma thèse parfois et avec qui j’ai pris plaisir à faire d’autres choses que ma thèse
souvent. Merci d’avoir partagé avec moi des moments agréables et légers.
Je remercie l’ensemble des personnes qui ont accepté de participer à mes recherches et tout
Enfin, je remercie également tous les YouTubers et streameurs avec qui j’ai établi des relations
parasociales et que j’ai eu plaisir à regarder tout au long de ma thèse, pour la recherche et le
loisir.
3
Liste des éléments sous droits
Articles
Associations of parasocial
phenomena with social Article 4 127 - 155
media use: a scoping review
Table des matières
RESUME ................................................................................................................................... 7
ABSTRACT .............................................................................................................................. 8
INTRODUCTION .................................................................................................................... 9
4
PARTIE III : DISCUSSION GENERALE ........................................................................ 158
1. SYNTHESE DES OBJECTIFS DE LA THESE ET DES ORIENTATIONS DES ARTICLES .............. 159
2. LE ROLE DES RELATIONS PARASOCIALES DANS L’ADDICTION A YOUTUBE ..................... 160
3. RELATION PARASOCIALE ET CONFIANCE DANS LES FIGURES MEDIATIQUES ................... 164
4. YOUTUBE : UN RESEAU PARASOCIAL ................................................................................ 165
5. LIMITES .............................................................................................................................. 172
6. PERSPECTIVES DE RECHERCHE ET APPLICATIONS CLINIQUES ......................................... 173
6.1 AXE DU RESEAU PARASOCIAL ............................................................................................ 173
6.2 AXE DE LA RELATION PARASOCIALE ET DE LA CLINIQUE ................................................... 174
6.3 AXE DE LA RELATION PARASOCIALE ET DE LA COMMUNICATION EN MATIERE DE SANTE ... 176
5
Liste des figures
Figure A. Diagramme représentant les relations entre les différents phénomènes
parasociaux……………………………………………………………………………………24
Figure D. Axes pour de futures recherches et applications cliniques sur le thème des relations
parasociales et des médias sociaux………………………………………………………….178
6
Etude des relations parasociales entre viewers et YouTubers
Résumé :
YouTube, un des medias sociaux les plus populaires au monde, permet à ses utilisateurs de
diffuser des vidéos de leur création. En publiant régulièrement des vidéos, ces utilisateurs, que
l’on nomme des YouTubers, favorisent le développement de relations avec les utilisateurs qui
regardent ces vidéos, les viewers. Ces relations sont regroupées sous le terme de relations
parasociales et représentent les relations non réciproques qu’établissent des spectateurs envers
des figures médiatisées, fictives ou réelles. D’après l’hypothèse de compensation parasociale,
les individus avec un déficit de compétences sociales ont tendance à développer davantage leurs
relations parasociales afin de satisfaire un besoin social fondamental, le besoin d’appartenance.
Ce travail de thèse explore les relations parasociales avec les YouTubers à travers quatre études.
La première étude, qui inclut 932 participants internationaux, met en lumière l’existence de
liens entre anxiété sociale des viewers, intensité de la relation parasociale avec le YouTuber
favori et niveau d’addiction à YouTube. En se basant sur une approche cognitive et
comportementale de l’utilisation problématique d’applications en ligne, les résultats de cette
étude montrent que les relations parasociales avec les YouTubers jouent un rôle de renforçateur
de l’addiction à la plateforme. Plus un individu présente un niveau d’anxiété sociale élevé, plus
il a tendance à développer des relations parasociales intenses et plus il rapporte un niveau
d’addiction à YouTube important.
La deuxième étude, qui compte 370 participants français, porte sur les liens entre les
caractéristiques des viewers, les caractéristiques des vidéos des YouTubers, le niveau
d’addiction à la plateforme et l’intensité des relations parasociales. En complément des données
des participants, 360 vidéos de YouTubers ont été analysées et codées pour cette étude. Trois
dimensions des relations parasociales avec les YouTubers sont identifiées : le désir de processus
parasociaux, le sentiment d’intimité avec le YouTuber favori et le sentiment d’attraction. Les
résultats de l’étude montrent que le désir de processus parasociaux est la seule dimension
associée positivement à l’addiction à YouTube. Concernant les caractéristiques des YouTubers,
plus le niveau de révélation de soi des YouTubers est important, plus le sentiment d’intimité
ressenti par les viewers est élevé. Cependant, ce sentiment d’intimité n’est pas associé au niveau
d’addiction à la plateforme.
La troisième étude, qui dénombre 596 participants français, a été menée pendant le premier
confinement en France en réponse à la pandémie de Covid-19. Les résultats de cette étude
soutiennent l’existence d’un lien entre la confiance accordée à la figure médiatisée et l’intensité
de la relation parasociale. Plus cette relation est forte, plus la confiance accordée est importante.
Cette étude montre que le YouTuber favori est une source d’information de confiance non
négligeable pour les participants, y compris concernant des informations de santé.
Enfin, les résultats de la revue de littérature qui porte sur 24 articles, montrent que les
phénomènes parasociaux semblent effectivement liés à l’utilisation des médias sociaux. Cette
revue de littérature souligne également l’importance de bien définir les phénomènes
parasociaux étudiés car des confusions existent entre les concepts.
L’ensemble de ces travaux de thèse souligne l’importance de prendre en considération les
relations parasociales avec les figures médiatisées des médias sociaux dans l’étude de
l’utilisation de ces médias. Le terme de « réseau parasocial » est proposé et défini afin de mieux
rendre compte de l’utilisation qui peut être faite de certains médias sociaux comme YouTube.
Plusieurs perspectives de futures recherches sont également abordées sur les thèmes de l’apport
des relations parasociales en psychologie clinique et en communication en santé.
Mots clefs : Relations parasociales, YouTube, YouTubers, Addiction, Médias sociaux, Anxiété
sociale, Communication
7
Study of parasocial relationships between viewers and YouTubers
Abstract :
YouTube, one of the world's most popular social media platforms, allows its users to post videos
of their own creation. By regularly posting videos, these users, called YouTubers, foster
relationships with the users who watch these videos, the viewers. These relationships are called
parasocial relationships and are defined as non-reciprocal relationships that viewers establish
with mediated figures, fictional or real. According to the parasocial compensation hypothesis,
individuals with a deficit in social skills tend to further develop their parasocial relationships in
order to satisfy a basic social need, the need to belong.
This dissertation explores parasocial relationships between viewers and YouTubers through
four studies.
The first study, which includes 932 international participants, shows the existence of links
between viewers' social anxiety, the intensity of the parasocial relationship with the favorite
YouTuber and the level of addiction to YouTube. Based on a cognitive-behavioral approach to
problematic use of online applications, the results of this study show that parasocial
relationships with YouTubers play a role in reinforcing addiction to the platform. The more
socially anxious individuals are, the more likely they are to develop intense parasocial
relationships and the more they report being addicted to YouTube.
The second study, which includes 370 French participants, examines the links between viewer
characteristics, characteristics of YouTubers' videos, level of addiction to the platform and
intensity of parasocial relationships. In addition to the participants' data, the content of 360
YouTubers' videos was analyzed and coded for this study. Three dimensions of parasocial
relationships with YouTubers are identified: the desire for parasocial processes, the feeling of
intimacy with the favorite YouTuber, and the feeling of attraction. The results of the study show
that the desire for parasocial processes is the only dimension positively associated with
YouTube addiction. Regarding YouTubers' characteristics, the higher the level of self-
disclosure of YouTubers, the higher the sense of intimacy felt by the viewers. However, this
feeling of intimacy was not associated with the level of addiction to the platform.
The third study based on 596 French respondents was conducted during the first Covid-19
national lockdown of spring 2020 in France. The results of this study support the existence of
a link between the level of trust in the mediated figure and the intensity of the parasocial
relationship. The stronger this parasocial relationship is, the greater the trust granted to the
YouTuber is. Overall, this study shows that the favorite YouTuber is a nontrivial source of
trusted information for the participants, included for health information.
Finally, the results of the literature review, which includes 24 articles, show that parasocial
phenomena do seem to be related to the use of social media. This literature review also
highlights the importance of properly defining the parasocial phenomena studied, as confusion
exists between existing concepts.
All of the dissertation chapters underline the importance of taking into consideration the
parasocial relations users establish with mediated figures on social media when studying the
use of these media. The term “parasocial network” is proposed and defined to better account
for the use that can be made of certain social media such as YouTube. Several perspectives for
future research, related to the contribution of parasocial relationships in clinical psychology and
health communication, are also discussed.
8
Introduction
Lancé en 2005, YouTube est un site internet de partage de vidéos avec plus deux milliards
d'utilisateurs par mois et plus d’un milliard d'heures de vidéos vues chaque jour (YouTube,
2022). YouTube est également un des médias sociaux les plus populaires en France, aux côtés
de Facebook et WhatsApp, avec plus de 47 millions d’utilisateurs uniques dans le mois de juillet
2022 (Médiamétrie, 2022a). Les médias sociaux peuvent être décrits comme des applications
en ligne qui permettent aux utilisateurs de créer et d’échanger du contenu avec d’autres
utilisateurs (Kaplan & Haenlein, 2010). Chaque média social possède sa propre architecture et
sa propre culture qui définissent son utilisation spécifique (Smith, Fischer & Yongjian, 2012).
Avec l’utilisation grandissante d’internet et des médias sociaux, des comportements d’addiction
aux applications en ligne ont commencé à être identifiés et étudiés (Cerniglia et al., 2016 ; Kuss
& Griffiths, 2017). Ces comportements addictifs semblent être motivés par la satisfaction en
d’expression de soi (Kuss & Griffiths, 2017 ; Turel et al., 2012). Bien qu’étant un des médias
sociaux les plus utilisés, YouTube a été relativement peu étudié par rapport à d’autres médias
sociaux (Khan, 2017). Cependant, de récentes études ont commencé à analyser spécifiquement
ce média (Balakrishnan & Griffiths, 2017 ; Ferchaud, Grzeslo, Orme, & LaGroue, 2018 ;
YouTube est classiquement associé aux médias sociaux tels que Facebook ou Twitter.
Cependant, l'utilisation de YouTube est très différente de l'utilisation d'autres médias sociaux.
Le visionnage de contenu est central sur YouTube, alors que les médias sociaux comme
Facebook sont plus axés sur les relations entre les utilisateurs (Khan, 2017). La principale
activité des utilisateurs de YouTube est effectivement de regarder des vidéos créées par d’autres
utilisateurs. Il est alors intéressant de s’interroger sur le lien qui lie les utilisateurs qui visionnent
les vidéos, les viewers, et les utilisateurs créateurs de contenu, les YouTubers. La relation qui
9
unit un spectateur avec une personne médiatisée est définie dans la littérature comme une
relation parasociale (Horton & Wolh, 1956). YouTube apparaît comme un média propice au
& LaGroue, 2018). L’hypothèse de compensation parasociale soutient que les individus ayant
des difficultés à établir des relations sociales ont tendance à développer davantage de relations
que les relations parasociales permettent de satisfaire le besoin d’appartenance des individus.
Ce travail de thèse s’est déroulé pendant la survenue de la pandémie de Covid-19. Avec les
mesures d’isolement mises en place pendant cette période, l’utilisation des médias sociaux a
pris de l’importance ainsi que l’intensité des relations parasociales avec les figures médiatisées
(Bond, 2021). Les relations parasociales sont connues pour leur pouvoir d’influence sur le
comportement des individus, que ce soit dans le domaine commercial (e.g. Munnukka et al.,
2019 ; Sokolova & Kefi, 2020) ou de la santé (e.g. Brown & Basil, 2010 ; Sakib et al., 2020).
Ce contexte d’isolement général et de crise sanitaire a été l’occasion d’étudier le rôle des
2) Explorer les déterminants de l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers ;
3) Evaluer le lien entre l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers et le
4) Faire l’état des lieux des connaissances concernant le lien entre relations parasociales et
10
Dans un premier temps, une revue de littérature synthétise les connaissances actuelles
Ensuite, quatre articles originaux répondant à ces objectifs sont présentés. Le premier article se
base sur les résultats d’une étude qui inclut 932 participants internationaux. L’article met en
lumière le rôle des relations parasociales dans l’addiction à YouTube et explore également les
multidimensionnel des relations parasociales ainsi que l’influence des caractéristiques des
YouTubers sur ces relations. Pour ce faire, l’article repose sur des données issues des réponses
de 370 participants français à un questionnaire en ligne ainsi que sur l’analyse de 360 vidéos de
YouTubers. Le troisième article explore le lien entre les relations parasociales avec les
YouTubers et la confiance qui leur est accordée dans le contexte du premier confinement en
France. Cette troisième étude compte 596 participants français. Le quatrième article consiste en
une revue de littérature qui inclut 24 articles sur le thème du lien entre phénomènes parasociaux
et utilisation des médias sociaux. Un projet de cinquième article portant sur une étude de la
nature des relations parasociales avec les YouTubers est également présenté.
Dans un dernier temps, une discussion générale sur l’ensemble des travaux ainsi qu’une
définition du terme de « réseau parasocial » sont proposées. Les limites et les perspectives
qu’ouvre ce travail de thèse pour de futures recherches et des applications cliniques sont
également discutées.
11
Partie I : Cadre théorique
12
1. Les différents phénomènes parasociaux
Les phénomènes parasociaux décrivent différents phénomènes qui peuvent émerger entre un
individu et une figure médiatisée. Différents concepts ont été identifiés dans la littérature pour
étudier les phénomènes parasociaux. Le premier concept à avoir été introduit dans la littérature
est celui d’interaction parasociale par Horton et Wohl (1956). L’interaction parasociale décrit
une interaction unilatérale entre un public et une figure médiatisée. L’interaction parasociale
est alors décrite comme similaire à l’interaction entre deux individus au détail près qu’elle n’est
pas réciproque contrairement à l’interaction sociale qui est bidirectionnelle. Au cours d’une
interaction parasociale entre deux individus, un individu reçoit l’information qu’un autre lui
transmet sans que ces rôles puissent être intervertis au cours de l’interaction, contrairement à
l’interaction sociale où, à tour de rôle, les individus peuvent à la fois recevoir et transmettre des
informations. Par la suite, les chercheurs ont étendu le concept d’interaction parasociale en
définissant celui de relation parasociale. Alors que l’interaction parasociale se produit au cours
parasociale décrit la relation de long terme qui peut s’établir au-delà de la simple exposition
médiatique. Par la suite, d’autres concepts ont vu le jour afin de décrire avec toujours plus de
Alors que la littérature décrit aujourd’hui de manière bien distincte les concepts d’interaction
parasociale et de relation parasociale, cela n’a pas toujours été le cas. Les deux termes ont
13
al., 2016). Encore aujourd’hui, il arrive que le terme d’interaction parasociale soit employé pour
décrire une relation parasociale. Le signe le plus marquant de cette confusion est probablement
le nom de l’outil le plus utilisé dans la littérature mesurant l’intensité d’une relation
parasociale : Parasocial Interaction Scale (PSI-Scale) (Rubin et al., 1985). Bien que portant
dans son nom une référence au concept d’interaction parasociale, il est reconnu que cet outil
mesure l’intensité d’une relation parasociale et non d’une interaction parasociale aux sens
spectateur par exemple, est exposé à une figure médiatique. Au cours de cette interaction
parasociale, deux grands types de phénomènes identifiés dans la littérature peuvent être
2008, Schramm & Hartmann, 2008). Dans la littérature, le terme d’interaction parasociale se
Concernant les processus parasociaux, de manière générale, ils font référence aux réponses
médiatisée. De même, les processus parasociaux sont définis comme le degré auquel un
individu interagit psychologiquement avec une figure médiatisée (Schramm & Hartmann,
2008). Plus précisément, un modèle en deux niveaux des interactions parasociales, basé sur
l’intensité des processus parasociaux, a été proposé (Hartmann et al., 2004 ; Klimmt et al.,
2006). Le premier niveau est le niveau bas d’interaction parasociale, où les processus
14
parasociaux s’expriment faiblement. Le deuxième niveau est le niveau haut d’interaction
identifient les processus parasociaux qui correspondent aux réponses cognitives, affectives et
attention sur la figure médiatisée et peut rentrer dans une démarche active de recherche
situation et les actions de la figure médiatisée à des circonstances vécues par la figure
l’évaluation de la figure médiatisée et de ses actions (e.g. le spectateur juge les pensées,
les dires et les actions de la figure médiatisée, ce qui permet au spectateur de se créer
les réactions empathiques (e.g. le spectateur peut ressentir la même émotion que celle
exprimée par la figure médiatisée s’il est en accord moralement avec cette figure, ou à
15
l’inverse, ressentir une émotion opposée à celle exprimée par la figure s’il est en
ses propres émotions en lien avec la figure médiatisée (e.g. ressentir des émotions vis-
à-vis de ce que vit la figure médiatisée par rapport à la relation établie avec cette figure) ;
l’activité motrice (e.g. le fait de garder son attention focalisée sur la figure médiatisée
l’activité physique (e.g. en particulier les mimiques et les gestes, comme sourire en
les déclarations verbales (e.g. le spectateur peut verbaliser des commentaires, des
peuvent être adressées indirectement aux autres spectateurs présents lors de l’exposition
également pour communiquer une information sur son état émotionnel ou ses pensées).
La paracommunication est définie comme une expérience illusoire de l'utilisateur d’un média
en situation d'exposition médiatique. En tant que réponse non volontaire et automatique d’un
reconnu que la paracommunication s’appuie sur des processus parasociaux généraux, il est noté
que ce phénomène repose également sur des processus dits paracommunicationnels propres
réciprocité de la part du spectateur. L’utilisateur a l’impression qu’il vit une expérience d’une
interaction réciproque alors que la figure médiatique à laquelle il est exposé n’a pas
16
connaissance de ses potentielles réactions au cours de l’interaction. Plus une expérience de
paracommunication est intense, plus l’utilisateur a la sensation d’être dans une interaction
sociale classique. Par exemple, lorsqu’un présentateur d’une émission télévisée oriente son
regard vers l’objectif de la caméra qui le filme, le spectateur peut avoir la sensation que le
spectateur est théoriquement expliquée par l’activité automatique de lecture des pensées des
individus impliqués dans une interaction (Hartmann & Goldhoorn, 2011). Les individus
infèrent automatiquement les états mentaux des personnes avec qui ils sont en interaction.
L’hypothèse est que cette activité automatique se déclenche également au cours d’interactions
parasociales et qu’elle serait donc à l’origine de cette sensation illusoire d’être dans une
interaction sociale. Les individus ont la sensation que la figure médiatique est consciente de
leur présence pendant l’interaction. Ils peuvent également avoir la sensation que la figure
médiatique s’ajuste à leur comportement, comme cela serait le cas naturellement au cours d’une
interaction sociale. L’expérience d’une paracommunication peut être considérée comme une
réponse naturelle et immédiate. Plusieurs éléments sont également supposés intensifier cette
corporelles (la communication non verbale), le style d’adressage verbal (en s’adressant
censés intensifier ce phénomène (Hartmann & Goldhoorn, 2011). Côté caractéristiques des
d’un même continuum (Giles, 2002). Les interactions sociales se trouvent à une extrémité de
17
ce continuum et les interactions parasociales à l’autre extrémité. A l’extrémité « sociale » de ce
continuum, les interactions sont essentiellement des dyades où deux individus s’engagent dans
une communication réciproque, médiatisée ou non. Plus nous avançons vers l’extrémité
parasociale, plus la taille du groupe qui constitue cette interaction grandit. Ainsi, plus le groupe
continuum nous trouvons les interactions avec des figures médiatisées. Moins le spectateur à
une interaction avec un personnage médiatisé fictif avec qui il n’y a de fait aucune chance de
contact. Cette théorie souligne l’idée que les interactions ne sont pas toujours uniquement
sociales ou parasociales, elles sont composées plus ou moins de ces deux caractéristiques. De
même, en tant que produit d’interactions répétées, les relations avec autrui peuvent également
être considérées comme étant sur un même continuum allant de « sociale » à « parasociale ».
Par exemple, une personne publique d’une communauté, comme un président d’association ou
un élu local, peut être connu de loin par les autres membres de la communauté à travers des
interventions publiques (Stever, 2013). Un autre membre peut alors développer une relation
Alors que l’interaction parasociale décrit un phénomène qui se déploie exclusivement pendant
de long terme qui dépasse le simple moment d’exposition. La relation parasociale peut être
décrite comme une relation sociale asymétrique de telle sorte qu’une relation parasociale
positive se rapproche d’une relation amicale. La relation parasociale peut d’ailleurs être positive
ou négative.
18
Plusieurs auteurs s’accordent sur l’idée qu’une relation parasociale se renforce au fur et à
mesure d’interactions parasociales (Giles, 2002 ; Klimmt et al., 2006). Au cours d’une
interaction parasociale, plusieurs processus parasociaux s’activent et créent une expérience plus
ou moins positive pour le spectateur. Le résultat de cette interaction parasociale est mémorisé
par le spectateur et vient développer un schéma de relation parasociale envers une figure
médiatique précise. Cette relation parasociale participe en retour aux désirs que les individus
ont de répéter de nouvelles interactions parasociales, ce qui renforce d’autant plus la relation
Comme pour une relation sociale, avec la répétition d’interactions parasociales, une relation
relation parasociale. Plus la relation parasociale évolue, plus ces auteurs parlent d’attachement
parasocial pour désigner l’idée que cette relation devient de plus en plus importante pour
l’individu.
va se former un jugement initial sur la figure médiatisée à partir des éléments perçus lors de
jugement. C’est à cette phase que le spectateur va décider d’approfondir la relation parasociale
ou non. La phase suivante est alors la phase d’expérimentation. Au cours de cette phase, le
Le sentiment d’être en relation avec la figure médiatisée commence réellement à prendre forme
19
lors de cette phase. Le spectateur peut alors être amené sur d’autres médias que le média initial
dans sa recherche d’informations complémentaires. Par exemple, dans le cas d’une relation
parasociale établie avec un YouTuber, un viewer à cette phase aura tendance à aller consulter
le contenu que ce YouTuber met éventuellement en ligne sur d’autres plateformes, comme
Twitch par exemple. Le spectateur commence à développer des sentiments positifs à l’égard de
commencer à nourrir une relation avec la figure médiatisée qui dépasse de plus en plus les
moments d’exposition à cette figure médiatique. Par exemple, le spectateur va être amené à
penser de plus en plus à cette figure médiatisée en dehors des moments d’exposition. Le
spectateur peut également imaginer des discussions avec cette figure médiatisée. La figure
médiatisée apparaît alors de plus en plus comme un proche, un ami en qui on a confiance et qui
peut nous réconforter. Afin de satisfaire l’envie croissante d’être exposé à cette figure
médiatique, le spectateur peut être amené à visionner de nouveau des contenus qu’il aura déjà
vus. La phase suivante est dite d’intégration. Le spectateur a alors l’impression de bien
connaître la figure médiatisée et devient moins critique à son égard, même en cas de scandale.
peut également nourrir des sentiments négatifs à l’égard des individus qui critiqueraient la
dépasser le cadre de la relation parasociale en développant une relation sociale avec la figure
Les phénomènes parasociaux sont des phénomènes normaux et inévitables lorsque des
spectateurs sont exposés à des figures médiatisées. Cependant, il arrive que les relations
20
parasociales prennent des formes extrêmes. Le terme de « Celebrity worshipping », que l’on
peut traduire par « l’adoration de célébrités », est notamment utilisé dans la littérature pour
désigner une relation parasociale ayant pris une forme plus intense. Le terme se définit comme
une préoccupation excessive pour une célébrité qui se manifeste à travers divers comportements
et émotions (Zsila et al., 2021). Trois sous dimensions sont classiquement identifiées : la
dimension Sociale/Divertissement (e.g. le fait d’apprécier une célébrité au même niveau que
ses amis), la dimension Intense/Personnelle (e.g. le fait de se sentir triste lorsqu’il arrive un
d’apprendre les habitudes personnelles et les détails de la vie privée de sa célébrité favorite).
Une relation parasociale extrême est jugée dysfonctionnelle dans deux cas de figure (Hartmann,
2016). Le premier cas de figure est lorsque l’individu est amené à s’isoler de ses relations
sociales dans le but de maintenir sa relation parasociale. Les effets positifs à court terme de
cette relation parasociale sont en général dépassés par les effets négatifs à long terme de
l’isolement social. Le deuxième cas de figure est lorsque la relation parasociale devient
délirante, avec un individu qui ignore l’aspect asymétrique de la relation établie avec la figure
médiatisée. L’individu commence alors à rechercher, voir à exiger, une réciprocité de la part de
l’individu mais également à des situations où la figure médiatisée elle-même peut subir du
harcèlement.
concept d’attachement parasocial est un concept introduit par Stever (2013) et qui se rapproche
de celui de relation parasociale tout en y ajoutant une notion d’intensité supérieure. Interactions
parasociales, relations parasociales et attachement parasocial sont alors considérés comme des
21
états progressifs, de sorte que ce qui commence comme une interaction parasociale peut
catégoriser l’attachement parasocial comme une forme supplémentaire d’attachement aux côtés
l’adulte. Les qualités et caractéristiques qui définissent ces deux autres formes d'attachement
d’attachement et le fait que la figure d’attachement représente une base de sécurité sont des
éléments qui peuvent se retrouver dans une relation parasociale (Stever, 2013).
« Para-friendship », que l’on peut traduire par « l’amitié parasociale », et « para-love », que
l’on peut traduire par « l’amour romantique parasocial », sont des concepts qui distinguent
parasociale peut être considérée comme le fait d’apprécier la figure médiatique, de lui faire
confiance et de se sentir solidaire avec elle, ainsi que d’avoir le désir de partager des
informations personnelles avec elle. L’amour romantique parasocial est une autre forme de
relation parasociale. Comme l’amitié, l’amour est fondé sur la confiance, la révélation de soi et
l’intimité. La différence entre l’amour et l’amitié peut être comparé à la différence entre le fait
d’apprécier et le fait d’aimer. L’amour implique un fort désir d’être en présence de l’autre, de
par l’attraction sexuelle et émotionnelle intense qui l’accompagne. L’amour comme l’amitié ne
sont pas des phénomènes homogènes. Il existe par exemple différentes formes d’amour, comme
l’amour maternel ou encore l’amour platonique. Cette diversité des types d’amour et d’amitié
22
médiatique (fictive ou réelle) (Cohen, 2004). Une relation parasociale peut s’interrompre
lorsque la figure médiatisée n’est plus médiatisée. Par exemple, dans le cadre de figures fictives,
cela peut être le cas lorsque le personnage meurt ou disparait de la fiction. Dans le cadre de
figures réelles, cela peut être également lorsque la personne décède ou arrête d’être
médiatiquement présente. La réponse à la rupture d’une relation proche comprend à la fois des
chaque individu, elle peut inclure généralement de la colère, de la tristesse, des regrets, de
à ces émotions, selon les caractéristiques individuelles de l’individu et des éléments contextuels
à la relation (e.g. qui a initié la séparation…), l’individu vivant une rupture peut tenter de faire
face à cet évènement en se concentrant sur ses émotions négatives, en tentant de s’accrocher
malgré tout à son partenaire ou bien en cherchant des méthodes plus positives et constructives
pour faire face à la séparation comme, par exemple, chercher d’autres partenaires ou se
concentrer sur d’autres aspects de la vie. Une rupture parasociale suscite également ces
émotions négatives et pousse l’individu à devoir y faire face. Plus la relation parasociale est
intense, plus la rupture parasociale le sera également (Cohen, 2004). En effet, plus
l’attachement à une relation est intense, plus il existe une notion de dépendance à la relation et
plus cela explique les réactions de l’individu lorsqu’il est privé de cette relation.
La figure A synthétise les différents phénomènes parasociaux et leurs interrelations. Une fois
les termes définis, il est intéressant d’explorer les facteurs affectant le développement des
relations parasociales. Les caractéristiques des spectateurs mais également les caractéristiques
23
Figure A. Diagramme représentant les relations entre les différents phénomènes parasociaux.
Interactions parasociales
Exposition à la personne/au personnage
(à travers des médias ou autres contextes asymétriques)
PRODUIT
Alimentent Renforcent
la relation le désir de
parasociale processus
parasociaux
Relations parasociales
INTENSITE
Relation parasociale
amicale ou romantique
Attachement parasocial
Adoration
X Rupture parasociale
Fin des possibilités de nouvelles
interactions parasociales avec la figure
24
2. Les relations parasociales : l’influence des caractéristiques des
l’individu et peuvent s’établir tout au long de la vie (Giles, 2002 ; Theran et al., 2010 ; Stever,
2011). Plusieurs études soutiennent l’idée que les relations parasociales s’établissent avec une
plus grande intensité lors de périodes de transitions, comme à l’adolescence ou à la période dite
de « jeune adulte » (Giles & Maltby, 2004 ; Liebers & Schramm, 2019 ; Stever, 2011). Plus
précisément, les adolescents qui traversent une crise identitaire avec une recherche de modèles
aux pairs, ont tendance à développer des relations parasociales plus intenses (Giles & Maltby,
2004 ; Stever, 2011). De même, les jeunes adultes entre 18 et 29 ans, aussi appelés « adultes
émergents » (Arnett, 2014), font l’expérience d’une période de vie extrêmement riche en
explorations identitaires. Dans ce contexte, les relations parasociales avec des figures
médiatisées peuvent servir de support pour accompagner ces jeunes adultes dans leurs
explorations (Stever, 2011). Il a également été noté que les individus qui ont tendance à utiliser
davantage un média ont également tendance à former davantage de relations parasociales via
ce média (Schiappa et al., 2007). Aussi, comme les adolescents et les jeunes adultes sont les
plus grands utilisateurs de médias sociaux (Anderson & Jiang, 2018 ; Pew Research Center,
2021), il est probable que cela explique également pourquoi ils développent davantage de
relations parasociales.
25
Concernant l’influence du sexe sur les relations parasociales, les résultats dans la littérature ne
permettent pas de tirer une conclusion claire (Giles, 2002). Dans certaines études, les hommes
rapportent une intensité de relation parasociale plus importante que les femmes (McCutcheon,
Lange & Houran, 2002), tandis que dans d’autres études les femmes rapportent une intensité de
relation parasociale plus importante que les hommes (Eyal & Cohen, 2006 ; Bond, 2018 ; 2016),
alors que d’autres études encore ne trouvent pas de lien entre sexe des participants et intensité
de la relation parasociale (Bond, 2021 ; Greenwood & Long, 2011 ; Greenwood, 2008 ; Tolbert
& Drogos, 2018). Une autre étude montre que les femmes ont tendance à développer davantage
solitude chronique (Wang et al., 2008). Le sexe des individus influence aussi la relation
parasociale en fonction du type de relation parasociale étudié. Ainsi, dans le cadre d’une relation
d’amitié parasociale, les individus ont tendance à rapporter une relation plus intense avec une
figure médiatisée de même sexe qu’eux, tandis que dans le cadre d’une relation romantique
parasociale, les individus hétérosexuels ont tendance à rapporter une relation plus intense avec
parasociale
L’hypothèse de compensation parasociale repose sur le postulat que les relations parasociales
individu (Hartmann, 2016 ; Liebers & Schramm, 2019). Le besoin d’appartenance se définit
comme le besoin de former et de maintenir des relations fortes et stables avec des interactions
stipule que les individus ayant des difficultés à établir des relations sociales, avec notamment
26
des caractéristiques de sociabilité désavantageuses (comme de l’anxiété sociale ou de
l’introversion par exemple), auraient tendance à développer des relations parasociales plus
intenses. Cependant, les résultats dans la littérature sont indécis concernant cette hypothèse
théorique. Certaines études montrent ainsi que les individus avec des difficultés pour établir des
relations sociales ont également des difficultés pour établir des relations parasociales et que ce
sont plutôt les individus qui ont des inclinaisons à développer des relations sociales qui auraient
tendance à développer des relations parasociales plus intenses (Ashe & McCutcheon, 2001 ;
Cohen, 2004 ; Tsao, 1996). Une étude en particulier montre des résultats allant tantôt dans le
sens de l’hypothèse de compensation parasociale et tantôt dans le sens opposé (Tsao, 1996).
Cette étude montre en premier lieu, chez les hommes et les femmes, que l’empathie cognitive
qui est en désaccord avec l’hypothèse de compensation parasociale. Cependant, cette même
étude montre également que pour les hommes, le niveau de névrosisme est positivement associé
les conditions au cours desquelles cette compensation peut s’effectuer (Bond, 2022 ; Madison
& Porter, 2016). Dans le cadre d’interactions imaginées, les relations parasociales jouent un
rôle de compensation des relations sociales lorsqu’elles ont pour fonction de s’entrainer ou de
répéter une interaction spécifique et de mieux se comprendre soi-même (Madison & Porter,
sociales (Bond, 2022). De plus, le fait que les interactions sociales pendant cette période se
déroulent par écrans interposés aurait tendance à rendre flou la différence entre relations
sociales et relations parasociales. Ce flou entre ces deux types de relations augmenterait
l’importance des relations parasociales pour les individus par rapport aux relations sociales
27
(Bond, 2022). Les variables qui ont été les plus étudiées en lien avec l’hypothèse de
compensation parasociale sont le sentiment de solitude, le soutien social, l’anxiété sociale et les
styles d’attachement.
Dès le début de la théorisation des relations parasociales, le sentiment de solitude était imaginé
comme un moteur de l’établissement de ces relations. Horton et Wohl (1956) supposaient ainsi
que les personnes qui se sentent seules et isolées cherchent naturellement des liens sociaux et
que les relations parasociales complètent leurs relations sociales. Plusieurs études ont trouvé
des résultats montrant une association positive entre sentiment de solitude et relations
parasociales (Jennings et al., 2008 ; Greenwood & Long ; 2009 ; Baek et al., 2013 ; Wang et
al., 2008). Cependant, d’autres études ne trouvent pas de tel lien (Hartmann, 2016). Au-delà du
sentiment de solitude, la notion de soutien social a également été étudiée en lien avec les
relations parasociales. Les relations parasociales semblent apporter un soutien social aux
individus qui diminue les sentiments d’exclusion et de solitude, ce qui est cohérent avec l’idée
que les relations parasociales satisfont le besoin d’appartenance (Hartmann, 2016). Avec la
pandémie de Covid-19, des études se sont penchées sur le soutien social que pouvaient procurer
les relations parasociales (Bond, 2021 ; Woznicki et al., 2021). Pendant la pandémie, les
individus qui ont rapporté une baisse de leurs interactions en face à face rapportent également
une intensification de leur relation parasociale avec leur figure médiatique préférée (Bond,
2021). Egalement pendant cette période, dans une autre étude, les individus en situation
d’isolement important ont tendance à rapporter un niveau de dépression plus faible lorsque
l’intensité de leur relation parasociale avec leur YouTuber LGBTQ préféré est plus élevée
(Woznicki et al., 2021). Par contre, les individus qui ne sont pas en situation d’isolement
important, avec un niveau élevé de soutien familial par exemple, rapportent un niveau de
dépression plus important lorsque les relations parasociales sont plus intenses. Ces résultats
28
sont expliqués par les auteurs comme le signe que les relations parasociales peuvent servir de
compensation aux relations sociales dans des situations d’isolement sans pour autant se
L’anxiété sociale est définie comme une peur excessive et persistante dans des situations
sociales ou de performance dans lesquelles la personne peut être observée par les autres
(American Psychiatric Association, 2013). La peur et l’inconfort ressentis par les individus
souffrant d’anxiété sociale rend l’établissement de relations sociales plus difficile (Davila &
Beck, 2002 ; High & Caplan, 2009 ; La Greca & Lopez, 1998 ; Sparrevohn, & Rapee, 2009).
Ainsi, les personnes présentant de l’anxiété sociale ont tendance à préférer les interactions par
l’intermédiaire d’un ordinateur car elles leur offrent un sentiment de protection et de confort
par rapport aux interactions sociales traditionnelles (Prizant-Passal et al., 2016). Les relations
parasociales pourraient donc apparaitre également comme une forme relationnelle permettant
de satisfaire le besoin d’appartenance sans s’exposer aux situations sociales stressantes. Comme
les relations parasociales sont non réciproques, l’individu qui établit une relation parasociale
est préservé de toute interaction sociale potentiellement stressante, sans pour autant être privé
l’association entre l’anxiété sociale et les relations parasociales n’est pas claire dans la
Le style d’attachement est une caractéristique importante de la personnalité d’un individu qui
se développe au cours des premières interactions avec les donneurs de soins (Bolwby, 1973).
Quatre styles d’attachement ont été identifiés : l’attachement sécure, préoccupé, évitant et
désorganisé (Bartholomew & Horowitz, 1991). Ces quatre styles d’attachement peuvent
29
également être décrits à partir d’un modèle à deux dimensions : la dimension d’anxiété et la
1991). Les personnes avec un style d’attachement sécure ont un niveau d’anxiété et d’évitement
faible. Ce sont des personnes optimistes vis-à-vis des relations proches qui ne ressentent ni
anxiété ni ne cherchent à éviter ce type de relations. Les individus avec un style d’attachement
évitant sont caractérisés par un niveau d’évitement élevé et un faible niveau d’anxiété. Ce sont
des individus qui valorisent beaucoup leur indépendance et qui se sentent inconfortables dans
les relations proches et qui donc ont tendance à éviter ce type de relation. Les individus avec
d’évitement. Ce sont des individus qui sont motivés à établir des relations proches avec les
autres mais qui ressentent en même temps une peur intense d’être blessés ou abandonnés. Enfin,
les individus avec un style désorganisé sont des individus avec un niveau élevé d’anxiété et
d’évitement. En théorie, les individus qui sont motivés à développer des relations proches mais
qui sont également anxieux par rapport à ces mêmes relations proches, devraient être attirés par
les relations parasociales (Hartmann, 2016). Des études ont ainsi montré que les individus avec
un style d’attachement préoccupé rapportaient les relations parasociales les plus intenses
(Cohen, 2004 ; Cole & Leets, 1999 ; Greenwood & Long, 2011).
Le caractère fictif ou réel de la figure médiatisée (ou médiatique) est un facteur considéré
comme important dans le développement de la relation parasociale (Liebers & Schramm, 2019).
Plus la figure médatisée est fictive, plus la relation établie peut être considérée comme
parasociale (Giles, 2002). Une étude a relevé que les individus ont tendance à nommer plutôt
30
des figures fictives lorsqu’on leur demande de citer leur figure médiatique préférée
(Tukachinsky, 2010).
Il est aussi supposé dans la littérature que l’authenticité perçue d’une figure médiatique renforce
la relation parasociale envers cette dernière (Ferchaud et al., 2018 ; Giles, 2002, Hartmann,
2008 ; Liebers & Schramm, 2017 ; Tukachinsky, 2010). Bien que les figures médiatiques
réelles, comme les présentateurs d’émissions télévisuelles par exemple, jouissent a priori d’un
fort niveau de réalisme (Giles, 2002), le caractère fictif de la figure médiatisée et son
authenticité perçue par le public ne sont pas forcément opposés puisqu’il est possible de
percevoir comme authentique une figure médiatique fictive (Tukachinsky & Stever, 2019 ;
Hartmann, 2008). De plus, une figure perçue comme authentique peut perdre son caractère
authentique en fonction de son comportement, comme par exemple lorsqu’une célébrité fait la
promotion d’un produit jugé comme inapproprié par le public (Alperstein, 1991).
sociale (Altman & Taylor, 1973). Au fur et à mesure des interactions sociales, deux individus
vont livrer de plus en plus d’informations les concernant. Ce faisant, la relation deviendra de
plus en en plus proche et les individus auront tendance à progressivement révéler des
informations de plus en plus intimes. Il s’agit dans ce contexte d’un échange d’informations
n’est pas possible. Cependant, le développement d’une relation parasociale est également
supposé reposer sur la révélation de soi de la figure médiatisée (Hoffner, 2008). Que ce soit par
l’individu collecte des informations à propos de cette figure et renforce ce faisant la relation
31
Il existe dans la littérature différentes façons de décrire la révélation de soi. Il est possible de
soi correspond à la diversité des sujets de révélation de soi alors que la profondeur correspond
au degré d’intimité des informations personnelles révélées. Une autre façon de catégoriser la
révélation de soi est de s’intéresser à la nature de ce qui est révélé. Il est possible alors de
différencier la révélation de soi factuelle de la révélation de soi évaluative (Reis & Shaver,
1988). La révélation de soi factuelle correspond à la révélation de faits sur l’individu, comme
son âge, sa taille, ce qu’il a fait. La révélation de soi évaluative correspond à la révélation des
opinions et des émotions d’une personne, ce qu’elle pense et ce qu’elle ressent. La révélation
de soi évaluative est ainsi considérée comme plus intime que la révélation de soi factuelle
(Laurenceau et al., 1998 ; Reis & Shaver, 1988). Des études récentes montrent que la révélation
de soi des figures médiatiques sur les médias sociaux renforce les relations parasociales avec
ces figures (Kim & Kim, 2020 ; Kim & Song, 2016). Eyal et al. (2020) montrent que le manque
de révélation de soi de la part des célébrités sur les médias sociaux constitue un frein au
développement de relations parasociales. Ils expliquent ce résultat par le fait qu’une moindre
révélation de soi pourrait être associée à une plus faible authenticité perçue de la célébrité.
Révéler des informations sur soi, c’est apparaître comme plus authentique aux yeux du public,
D’une manière générale, les attributs des figures médiatisées ont une influence sur l’intensité
des relations parasociales puisqu’ils influencent la manière dont ces figures sont perçues. Les
attributs qui permettent de renforcer les relations parasociales dépendent en premier lieu des
spectateurs. En effet, chaque spectateur valorise à sa façon les attributs d’une figure médiatisée.
Chaque spectateur aura ses propres motivations, besoins et préférences qui lui feront préférer
tel ou tel attribut chez une figure médiatisée (Liebers & Schramm, 2019). Une récente étude
32
montre que les spectateurs ont tendance à avoir les mêmes traits de personnalité que leur
personnalité médiatique préférée (Rarity et al., 2022). Les auteurs expliquent cela soit par le
fait que les spectateurs ont tendance à préférer les figures médiatiques qui leur ressemblent, soit
par le fait que les spectateurs ont tendance à modifier certains aspects de leur personnalité pour
correspondre davantage à leurs idoles. Cela étant dit, la littérature arrive tout de même à
identifier certains attributs qui ont tendance à renforcer les relations parasociales. L’attractivité
physique de la figure médiatisée (Klimmt et al., 2006 ; Knoll et al., 2015), la similarité perçue
avec la figure médiatisée (Klimmt et al., 2006 ; Liebers & Schramm, 2017 ; Tian & Hoffner,
2010 ; Turner, 1993) ou encore le fait que la figure médiatisée soit considérée comme ayant de
l’humour (Tolbert & Drogos, 2019) renforcent l’intensité des relations parasociales.
Concernant les attributs des figures médiatiques, certains attributs sont supposés renforcer
médiatisée, son style d’adressage verbal (un style direct) et sa communication non verbale
l’expérience parasociale lors d’une interaction parasociale (Hartmann & Goldhoorn, 2011).
d’interactions sociales, il est possible de supposer que les attributs qui influencent les
33
3. Médias sociaux et relations parasociales
parasociales
Les médias sociaux, tels que YouTube mais également Twitter, Facebook, Instagram, TikTok
ou encore SnapChat, permettent aux utilisateurs de développer deux types de relations avec les
autres utilisateurs : des relations sociales médiatisées et des relations parasociales (Baek et al.,
2013 ; Stever, 2013). D’un point de vue théorique, la différence entre une relation sociale et
une relation parasociale réside dans le caractère réciproque de la relation. Ainsi, une relation
réciproque où les deux utilisateurs de médias sociaux impliqués dans la relation communiquent
médiatisée. Par contre, si seulement un des deux utilisateurs connaît l’autre, si seulement un des
deux communique des informations, la relation est dite non réciproque et peut être définie
comme parasociale. En pratique, il y aurait donc des relations sociales médiatisées et des
relations parasociales distinctes qui pourraient se développer sur les médias sociaux. Par
exemple, une relation sociale médiatisée pourrait être une relation établie entre un individu A
B échangent soit par messages privés, soit en communiquant publiquement sur le groupe.
médiatisées par la plateforme Facebook. Une relation parasociale sur Facebook entre un
individu A et un individu B pourrait être une relation établie par l’individu A envers l’individu
communique des informations le concernant à l’ensemble des personnes inscrites sur cette page.
34
L’individu A peut envoyer des messages en privé à l’individu B, ou en public sur sa page
officielle. L’individu B fait seulement des messages généraux et n’a jamais répondu
Cependant, la différence peut devenir plus trouble lorsque, dans le dernier exemple, l’individu
B reconnaît l’existence de l’individu A. Il a remarqué que cet utilisateur lui envoie des messages
poster publiquement des informations à son sujet, et l’individu A continue de les consulter.
Lorsque l’individu A lit les messages publics ou regarde les vidéos mises en ligne par l’individu
B, il fait l’expérience d’interactions parasociales. Voici donc une relation qui mêle interactions
sociale et relation parasociale est particulièrement utile pour concevoir les relations sur les
médias sociaux. Le fait que les plateformes permettent à la fois d’établir des relations sociales
et des relations parasociales participent à la délimitation floue entre ces deux types de relation
Les relations parasociales établies sur les médias sociaux ont été étudiées sous différents angles.
de ces relations a été étudié par de nombreuses études (e.g. Munnukka et al., 2019 ; Sokolova
& Kefi, 2020). L’intensité des relations parasociales est associée à l’influence potentielle des
célébrités sur leur audience pour promouvoir des marques ou des produits. Cette influence a
aussi été étudiée dans le contexte de la communication en matière de santé (e.g. Brown & Basil,
35
2010 ; Sakib et al., 2020). Les relations parasociales sont donc une sorte d’indicateur du pouvoir
De manière plus générale, Hoffner et Bond (2022) ont synthétisé plusieurs fonctions des
relations parasociales établies sur les médias sociaux ayant des effets positifs et négatifs sur le
bien être des individus. Selon ces auteurs, les relations parasociales sur les médias sociaux
impactent quatre grands domaines du bien-être d’un individu : la santé, les connections sociales,
le « coping » (le fait de faire face) et le bien-être eudémonique (forme de bien-être centré sur le
considérées comme favorisant la connaissance du public sur les problèmes de santé en lien avec
les figures médiatisées, l’adoption de comportements de santé dont les figures médiatisées font
la promotion et la réduction des préjugés concernant les troubles physiques et mentaux que les
figures médiatisées abordent dans leurs contenus. Par contre, les relations parasociales sont
des comparaisons sociales ascendantes en ligne. Dans le domaine des connections sociales, les
domaine du « coping », ces relations donnent le sentiment d’être écouté et soutenu lors d’un
épisode de vie douloureux. Dans le domaine du bien-être eudémonique, les individus ont
tendance à prendre comme modèle les figures médiatisées ce qui peut encourager leur
envers certains groupes sociaux. Par contre, prendre comme modèle des figures médiatisées
peut également engendrer des attitudes considérées comme négatives pour l’individu (comme
36
3.3 Addiction aux médias sociaux
Les termes d’addiction aux médias sociaux, d’utilisation problématique des médias sociaux ou
encore d’utilisation compulsive des médias sociaux sont des termes interchangeables qui
décrivent le phénomène d’une utilisation inadaptée des médias sociaux (Sun & Zhang, 2021).
domaine des addictions et de la perte de contrôle. L’utilisation du terme « addiction » est parfois
contestée dans le contexte des médias sociaux car certains auteurs considèrent que l’utilisation
traditionnels (Carbonell & Panova, 2017 ; Sun & Zhang, 2021). L’addiction aux médias sociaux
sociales instables et à une diminution de la satisfaction de vie (Sun & Zhang, 2021).
Dans une revue de la littérature récente dédiée aux théories liées à l’addiction aux médias
sociaux, 25 théories différentes sont répertoriées (Sun & Zhang, 2021). Ces 25 théories sont
théories centrées sur les réseaux sociaux et les modèles spécifiques à internet.
La perspective des différences dispositionnelles repose sur l’hypothèse selon laquelle les
comportements addictifs. Les dispositions les plus mises en avant dans la littérature sont les
sur l’idée que l’utilisation des médias sociaux est guidée par certaines motivations et certains
37
besoins psychologiques. La théorie des usages et des gratifications fait par exemple partie de
cette perspective. Les individus qui utilisent les médias sociaux essentiellement dans le but
d’obtenir des informations (Balakrishnan & Griffiths, 2017), pour se divertir (Klobas et al.,
2018a) ou encore pour se présenter soi-même (Kircaburun et al., 2018) sont à risque de
les comportements addictifs sont associés à des changements d’activités neurobiologiques. Par
d’expositions à un stimulus agréable, comme le fait de passer du temps sur les médias sociaux,
incitative envers des signaux liés à l’utilisation de ces plateformes (Turel, 2015). La perspective
de la prise de décision est l’idée qu’un individu s’engage dans un comportement après avoir
évalué les bénéfices et les coûts de ce comportement. Cependant, cette évaluation peut reposer
sur des perceptions biaisées comme par exemple le fait de surévaluer les bénéfices de
l’utilisation des médias sociaux. Dans la perspective d’apprentissage, l’addiction aux médias
sociaux est considérée comme un comportement appris par répétition qui se renforce du fait
d’expériences positives. La perspective centrée sur l’utilisation des technologies suggère que
les médias sociaux peuvent être considérés de différentes manières selon le contexte. Par
exemple, les médias sociaux peuvent à la fois être considérés comme un stresseur et comme un
moyen de faire face au stress, selon les différentes fonctionnalités de la plateforme. Le fait
qu’un individu considère les médias sociaux à la fois comme un stresseur et comme un moyen
(Trafadar et al., 2020). Les théories centrées sur les réseaux sociaux font l’hypothèse que les
liens sociaux que les individus établissent en ligne, et qui leur apportent du soutien, peuvent
engendrer une utilisation problématique des médias sociaux. Enfin, il y a les modèles
spécifiques à internet qui décrivent comment une addiction à internet de manière générale peut
38
se développer. Parmi ces modèles, il y a notamment le modèle de Davis (2001) et le modèle de
Caplan (2003) qui constitue un prolongement du modèle de Davis. Le modèle de Davis souligne
contact avec le clavier par exemple) qui favorisent le développement de cognitions inadaptés
qui engendrent un comportement addictif. Dans son modèle d’addiction à internet, Caplan
(2003) souligne en particulier les rôles de facteurs de vulnérabilité que jouent la présence de
Suite à une revue de la littérature présentée dans l’article 4 au sein de la partie « Contribution
médias sociaux et au moins un phénomène parasocial ont été identifiés. Parmi ces 24 articles,
un phénomène parasocial (Baek et al., 2013 ; de Bérail et al., 2019 ; Wan & Wu, 2020 ; Vally
et al., 2021 ; Zsila et al., 2021). Ces cinq articles présentent tous une association positive entre
Baek et al. (2013) argumentent que l’addiction aux réseaux sociaux est liée à la dépendance des
individus aux relations établies en ligne, que ces relations soient sociales ou parasociales. Selon
eux, les individus qui ont tendance à dépendre davantage des relations parasociales sur les
médias sociaux rechercheraient à s’échapper de leurs relations amicales. Vally et al. (2021) et
Zsila et al. (2021) considèrent les formes extrêmes de relations parasociales comme
pathologiques et associent donc l’addiction à internet de manière générale avec ces relations
sur le principe que l’addiction à internet a tendance à être associée avec des psychopathologies.
Wan et Wu (2020) montrent que les relations parasociales établies avec des streamers (des
39
figures médiatisées qui diffusent du contenu vidéo en direct sur des plateformes comme Twitch
par exemple), à travers le plaisir que les individus ont à les regarder, constituent le principal
facteur de développement de l’addiction au média social. Enfin, dans notre premier article (de
Bérail et al., 2019), les résultats de l’étude soutiennent l’hypothèse que les relations parasociales
Selon la plateforme, plus de deux milliards de personnes consultent YouTube chaque mois
(YouTube, 2022). En France, en juin 2022, YouTube est la deuxième plateforme la plus visitée,
devant Facebook et derrière Google, avec plus de 48 millions d’utilisateurs uniques durant ce
mois (Médiamétrie, 2022b). Cela fait donc de YouTube le média social avec le plus
d’utilisateurs actifs en France en juin 2022. YouTube, créé en 2005, héberge des vidéos à la
demande postées par ses utilisateurs. Il s’agit de sa fonctionnalité la plus connue ce qui fait de
YouTube en premier lieu une plateforme en ligne de vidéos à la demande. Depuis sa création,
YouTube crée YouTube Live qui permet de diffuser du contenu vidéo en direct et depuis 2020
YouTube a lancé YouTube Shorts qui permet de poster des vidéos en ligne n’excédant pas 60
secondes.
Il existe deux façons d’utiliser la plateforme YouTube : soit pour partager du contenu, soit pour
visionner du contenu. Ces deux formes d’utilisation ne sont pas exclusives l’une de l’autre. De
ces deux formes d’utilisation découlent deux grands types d’utilisateurs individuels de la
plateforme : les YouTubers et les viewers. Les YouTubers sont des créateurs de contenus
indépendants. Ce sont des individus ou des groupes d’individus qui créent des vidéos et les
mettent en ligne sur la plateforme YouTube. Il existe d’autres types de créateurs de contenus,
40
comme des institutions (e.g. Organisation Mondiale de la Santé), des chaînes d’informations
télévisuelles ou radios ou encore des entreprises privées. En France, le YouTuber avec le plus
d’abonnés est Squeezie avec plus de 17 millions d’abonnés (Social Blade, 2022). Tous les
YouTubers sont également des viewers, c’est à dire qu’ils regardent les vidéos postés par
d’autres utilisateurs de la plateforme. Par contre, la grande majorité des viewers ne sont pas des
YouTubers. Les viewers ont donc une utilisation plus passive de la plateforme. La principale
utilité de la plateforme pour les viewers est d’accéder aux contenus postés par les créateurs. Les
viewers, lorsqu’ils sont connectés à leur compte YouTube (qui est un compte Google), peuvent
évaluer les vidéos et poster des commentaires. Lorsqu’ils ne sont pas connectés à leur compte,
les viewers peuvent tout de même regarder la majorité des vidéos de la plateforme (seules les
vidéos ayant été identifiées comme présentant des contenus sensibles nécessitent, pour être
Les médias sociaux peuvent être définis comme un groupe d'applications ou de plateformes en
ligne qui reposent sur les fondements idéologiques et technologiques du Web 2.0, aussi appelé
Web participatif, et qui permettent la création et l'échange de contenus générés par les
utilisateurs (Kaplan & Haenlein, 2010). Facebook, Twitter, TikTok ou encore YouTube
correspondent donc à cette définition. Dans l’univers des médias sociaux, il existe différents
types de plateformes. Kaplan et Haenlein (2010) définissent six catégories de médias sociaux :
les réseaux sociaux, les blogs, les communautés de contenus, les projets collaboratifs, les
mondes virtuels ludiques et les mondes virtuels sociaux. Le premier type de média social est le
réseau social. Les réseaux sociaux sont des applications qui permettent aux utilisateurs de se
connecter en créant un profil individuel, d’inviter d’autres utilisateurs à accéder à son profil et
de s’envoyer des messages entre utilisateurs. Facebook est un exemple de réseau social. Un
autre type de média social est le blog. Un blog est une plateforme qui permet de mettre en ligne,
41
le plus habituellement de manière chronologique, différents types de contenus. La plupart des
blogs sont générés par un seul utilisateur et permettent des échanges entre utilisateurs à travers
la section des commentaires. Les communautés de contenus sont des plateformes dont l’objectif
principal est de partager du contenu entre utilisateurs. YouTube est un exemple de média social
de cette catégorie. Les projets collaboratifs permettent aux utilisateurs de créer collectivement
entrées de l’encyclopédie. Les mondes virtuels ludiques sont des univers virtuels où les
utilisateurs se retrouvent pour jouer ensemble, selon les règles du jeu en question. Un exemple
d’un tel jeu est « World of Warcraft ». Le joueur crée un avatar et peut interagir avec les avatars
des autres joueurs. Les mondes virtuels sociaux diffèrent des mondes virtuels ludiques en ce
sens que ces mondes comportent moins de règles qui régissent les interactions entre utilisateurs.
Les utilisateurs ont davantage de liberté pour créer leur avatar et interagir avec les autres
utilisateurs. Un exemple de monde virtuel social est Second Life. Les utilisateurs de Second
Life peuvent créer différents types de contenus (comme par exemple des vêtements virtuels),
échanger librement avec d’autres utilisateurs ou encore échanger du contenu ou des services
contre une monnaie virtuelle, le Linden Dollars (1 euro équivaut environ à 326 Linden Dollars).
Kaplan et Haenlein (2010) différencient ces six catégories selon deux variables : 1) le niveau
révélation de soi. La présence sociale est le fait de se sentir en présence d’autres personnes. Ce
sentiment est influencé par la synchronicité et l’aspect interpersonnel des échanges. Par
exemple, plus un média permet un échange simultané entre les utilisateurs et des échanges en
face-à-face, avec des avatars par exemple, plus le sentiment de présence sociale est important.
quantité d’information qu’un média autorise dans un certain intervalle de temps. L’autre
42
variable est le niveau de présentation de soi et de révélation de soi. Chaque média permet à ses
Selon les auteurs, les projets collaboratifs correspondent à un niveau bas à la fois de présence
élevé et un niveau de présence sociale bas, les réseaux sociaux correspondent à un niveau élevé
les mondes virtuels ludiques correspondent à un niveau élevé de présence sociale et un niveau
bas de présentation de soi et les mondes virtuels sociaux correspondent à un niveau élevé de
Concernant YouTube, Kaplan et Haenlein (2010), qui catégorisent cette plateforme comme une
communauté de contenus, considèrent donc que le niveau de présence sociale est moyen et le
niveau de présentation de soi et de révélation de soi est faible. Cette catégorisation a donc été
établie en se basant sur l’expérience d’utilisation de la plateforme des viewers plutôt que des
créateurs de contenus comme les YouTubers. Effectivement, les viewers peuvent utiliser la
plateforme sans même être connectés à un compte individuel, rendant faible voire inexistant le
niveau de présentation de soi les concernant. Par contre, les YouTubers ont une présentation de
soi et une révélation de soi qui peuvent être très élevées (Chen et al., 2016 ; Ferchaud et al.,
2018). Le plus notable sur YouTube est finalement l’écart qui peut exister entre un viewer
anonyme et un YouTuber qui peut poster quotidiennement des vidéos sur sa vie. Cette asymétrie
qui existe sur d’autres plateformes, mais est particulièrement marquée sur YouTube, est
relations parasociales.
43
3.4.3 Les caractéristiques propices au développement de relations parasociales
parasociales avec les YouTubers (Ferchaud et al., 2018 ; Hartmann, 2016 ; Rihl & Wegener,
2017). Comme les relations parasociales sont des relations asymétriques, marquées par le
principe de non réciprocité des échanges, les fonctions qui accentuent cette caractéristique
le fait de pouvoir interagir avec la figure médiatisée est supposé renforcer la relation parasociale
(Hartmann, 2016 ; Rihl & Wegener, 2017). Rihl et Wegener (2017) soutiennent que les
utilisateurs qui utilisent les fonctionnalités de YouTube pour interagir avec les YouTubers
(évaluer les vidéos et poster des commentaires) rapportent une relation parasociale plus forte.
De plus, ils remarquent que le fait que les YouTubers répondent directement aux commentaires
des utilisateurs ne semble pas renforcer la relation parasociale. Ils concluent donc que les
relations parasociales avec des YouTubers sont renforcées par le fait d’être actif dans la
communication et par la sensation que les YouTubers les remarquent davantage que par le fait
que les YouTubers les remarquent effectivement. Ainsi, plusieurs éléments propres aux
Permettre aux utilisateurs de se présenter, de faire de la révélation de soi (de devenir des
figures médiatisées) ;
Accentuer l’asymétrie entre les utilisateurs qui se présentent (les figures médiatisées) et
Le fait de pouvoir interagir avec la figure médiatisée et d’avoir la sensation qu’elle nous
d’une relation parasociale non réciproque. Le modèle théorique du développement des relations
44
parasociales (Tukachinsky & Stever, 2019) reflète bien ce paradoxe en identifiant comme
dépasser le cadre d’une relation parasociale pour établir une relation sociale réciproque avec la
figure médiatisée. YouTube, comme d’autres médias sociaux, offrent donc à ses utilisateurs des
outils leur donnant l’illusion de pouvoir établir une réciprocité avec les YouTubers qui, la
45
Partie II : Contribution empirique
46
Présentation article 1
Le modèle d’utilisation problématique d’internet (Davis, 2001) permet de théoriser les liens qui
peuvent exister entre relations parasociales avec les YouTubers et utilisation problématique de
YouTube. D’après ce modèle, les prédicteurs de l’utilisation problématique d’internet sont à la fois
des vulnérabilités individuelles comme en particulier l’anxiété sociale, mais également le produit
de l’expérience de l’utilisateur qui peut renforcer une utilisation problématique. Dans son modèle,
Davis (2001) cite comme exemple des stimuli situationnels, comme le son associé lors d’une
connexion à une plateforme en ligne, ou encore la sensation tactile de l’utilisateur avec le clavier.
des sensations aux utilisateurs selon les fonctions de cette plateforme, comme par exemple une
sensation de divertissement, qui peuvent alors agir comme des renforçateurs des comportements
addictifs en ligne (Turel & Serenko, 2012). Etant donné que les relations parasociales sont conçues
comme le produit de l’exposition à une figure médiatisée, et que cette exposition est une fonction
même de la plateforme YouTube (visionner des vidéos), les relations parasociales avec les
YouTubers peuvent être considérées comme un produit de l’utilisation de YouTube. En tant que
produit de l’expérience de l’utilisation de YouTube, les relations parasociales avec les YouTubers
pourraient donc être conçues comme des renforçateurs d’une addiction à la plateforme YouTube.
Afin d’explorer ces liens qui peuvent exister entre l’utilisation de YouTube et les relations
parasociales avec les YouTubers, une enquête en ligne a été mise en place sur la plateforme
Limesurvey. L’enquête a été diffusée auprès de 163 groupes Facebook d’étudiants français et
d’autres nationalités. Les participants devaient avoir 18 ans ou plus pour remplir le questionnaire
47
et les réponses sont restées anonymes. Finalement, 932 participants (558 français et 374
Dans cette enquête, les principales variables à avoir été mesurées sont l’intensité de la relation
Interaction Scale (PSI Scale) (Rubin et al., 1985) au contexte des YouTubers, l’anxiété sociale des
participants, avec l’échelle de Liebowitz (LSAS) (1987) et l’addiction à YouTube qui a été mesurée
en adaptant les 20 items de l’Internet Addiction Test (IAT) au contexte de YouTube (Young, 1998).
Des régressions linéaires et des équations structurelles ont été menées afin de tester les liens
supposés entre les variables d’intérêt. Finalement, les résultats de l’article montrent que l’anxiété
sociale et les relations parasociales avec les YouTubers sont des prédicteurs positifs de l’addiction
à YouTube. Plus précisément, les relations parasociales jouent le rôle de variable médiatrice entre
l’anxiété sociale et l’addiction à YouTube. De plus, l’anxiété sociale joue également le rôle de
modérateur sur le lien entre relation parasociale et addiction à YouTube. Ces résultats sont
plus, le fait que l’anxiété sociale soit positivement associée à l’intensité de la relation parasociale
avec le YouTuber favori est également cohérent avec l’hypothèse de compensation parasociale qui
stipule que les personnes avec des difficultés pour établir des relations sociales ont tendance à
développer davantage les relations parasociales. Cette étude permet également d’identifier l’aspect
parasocial d’un réseau comme YouTube, qui, de par son architecture, tient plus du réseau
parasocial que du réseau social. En effet, l’asymétrie structurelle qui existe entre les YouTubers
d’un côté et les viewers de l’autre, rend propice le développement de relations non réciproques.
48
Article 1
État: Publié
Référence complète : de Bérail, P., Guillon, M., & Bungener, C. (2019). The relations between
YouTube addiction, social anxiety and parasocial relationships with YouTubers: A moderated-
mediation model based on a cognitive-behavioral framework. Computers in Human Behavior, 99,
190-204. https://doi.org/10.1016/j.chb.2019.05.007
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Présentation article 2
Les résultats du précédent article montrent l’existence de liens entre les caractéristiques des
caractéristiques des figures médiatisées (e.g. des YouTubers) sont également supposées
influencer ces relations (Liebers & Schramm, 2019). L’objectif de l’article 2 était donc
d’explorer dans quelle mesure certaines caractéristiques des YouTubers peuvent influencer
l’intensité des relations parasociales qu’établissent les viewers. Pour ce faire, une analyse des
contenus vidéo de YouTubers a été réalisée. A partir de la base de données recueillie pour
l’article 1, un total de 600 viewers français a cité 302 YouTubers favoris différents. Afin, de
rendre réalisable le codage des vidéos, nous avons sélectionné tous les YouTubers mentionnés
par deux participants minimum. Nous avons ainsi un échantillon de 370 viewers et 72
YouTubers. Pour chacun de ces 72 YouTubers, les 5 dernières vidéos mises en ligne au moment
de la passation de l’enquête par les participants ont été retenues pour l’analyse de contenu. Ces
cinq vidéos sont supposées être représentatives du style de contenu des YouTubers au moment
de l’étude. Ainsi, 360 vidéos de YouTubers ont été visionnées et codées pour cette étude, soit
environ 90 heures de vidéos. Les variables codées sont le niveau de révélation de soi des
transmise par les YouTubers concernant des faits personnels (révélation de soi factuelle) ou des
jugements, des opinions ou des émotions (révélation de soi évaluative). Le niveau de présence
physique correspond à la fréquence à laquelle les YouTubers sont physiquement présents lors
desquels les YouTubers proposent un contenu fictif (comme lorsque les YouTubers jouent un
rôle tels des acteurs). Lors de cette étude, le concept de relation parasociale a été étudié de
65
manière multidimensionnelle. Trois dimensions ont été distinguées : le désir de processus
Des équations structurelles ont été réalisées sur les données afin de tester les liens entre les
parasociale et l’addiction à YouTube. Les résultats de cette étude montrent que la révélation de
soi évaluative des YouTubers est positivement associée au sentiment d’intimité avec le
YouTuber favori. Plus le YouTuber livre des informations sur ses pensées, ses opinions et ses
émotions, plus le viewer aura tendance à développer un sentiment d’intimité avec lui, à avoir
l’impression d’être en présence d’un ami. L’anxiété sociale des viewers est positivement
ce dernier résultat, plus un individu est évitant moins il aura tendance à vouloir passer d’une
relation parasociale à une relation sociale, c'est-à-dire à rencontrer son YouTuber favori.
De plus, parmi les trois dimensions de la relation parasociale identifiées, seule la dimension du
est importante. Enfin, il peut être noté que le sentiment d’attraction avec la figure médiatisée
est négativement associé à l’addiction à YouTube. Plus un viewer souhaite dépasser la relation
parasociale pour établir une relation plus réciproque, moins l’utilisation qu’il fait de la
Cette étude souligne l’intérêt de prendre en compte à la fois les caractéristiques des viewers
mais également des YouTubers lors de l’étude des relations parasociales dans ce contexte. En
particulier, la révélation de soi faite par les YouTubers semble pouvoir influencer l’intensité de
66
Article 2
État: Publié
Référence complète : de Bérail, P., & Bungener, C. (2022). Parasocial relationships and
YouTube addiction: The role of viewer and YouTuber video characteristics. Psychology of
Language and Communication, 26(1), 169-206. https://doi.org/10.2478/plc-2022-0009
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Présentation article 3
gouvernements et les organisations sanitaires ont communiqué sur les précautions à prendre
vis-à-vis du virus et ont appliqué des mesures pour tenter d’endiguer la pandémie. En France,
officielles comme le gouvernement, les experts médicaux ou encore les journalistes, les
célébrités des médias sociaux, dont les YouTubers font partie, parfois également appelés
influenceurs, ont relayé des informations concernant la Covid-19 et les différentes mesures aux
utilisateurs des médias sociaux. Certains gouvernements, comme les gouvernements Finlandais
communication afin de toucher une audience plus jeune que par les canaux de communication
traditionnels (Abidin et al., 2021). Les YouTubers et autres influenceurs sont connus pour
influencer les comportements des personnes qui les suivent à travers les relations parasociales
qui s’établissent avec eux (Ferchaud et al., 2018). Les relations parasociales permettent de faire
la promotion de certains produits de consommation (Munnuka et al., 2019 ; Sokolova & Kelfi,
2020) mais elles permettent également de faire la promotion de comportements de santé (Brown
& Basil, 2010 ; Sakib et al., 2020). Les relations parasociales s’accompagnent d’un sentiment
de confiance envers la figure médiatisée qui permet de relayer des informations à l’audience de
Cette étude avait pour objectif d’explorer le rôle des YouTubers dans la communication sur les
bénéfices du confinement en France ainsi que le lien qui peut exister entre intensité de la relation
parasociale avec le YouTuber favori et confiance dans les informations communiquées par ce
YouTuber. Le recueil de données s’est déroulé en ligne en mai 2020, pendant le premier
ligne leur demandant d’évaluer, entre autres variables, leur confiance envers des informations
106
provenant de différentes sources (gouvernement, journalistes, famille, YouTubers…). Parmi
ces 596 participants, 251 ont déclaré avoir un YouTuber favori. Des tests de rang de Wilcoxon
ont été réalisés pour comparer la confiance envers ces différentes sources d’information. Des
régressions ordinales ont été réalisées pour tester le lien entre intensité de la relation parasociale
et confiance envers le YouTuber favori. Enfin, des régressions logistiques ont été menées pour
tester dans quelle mesure le fait d’avoir reçu des informations sur les bénéfices du confinement
Les résultats de cette étude montrent que le YouTuber favori est une source d’information de
confiance puisque c’est la deuxième source d’information dans laquelle les participants ont le
plus confiance après les experts médicaux pour des informations en général. Dans le cas
d’informations de santé, comme c’est le cas pour les informations concernant les bénéfices du
confinement, les YouTubers favoris sont au même niveau que les journalistes, derrières les
favori concernant des informations en général ainsi que des informations concernant les
bénéfices du confinement. Enfin, les régressions logistiques montrent que le fait d’avoir reçu
des informations sur le confinement jugées dignes de confiance de la part de son YouTuber
Cette étude s’inscrit ainsi à la fois dans la littérature sur les relations parasociales en soulignant
matière de santé en mettant en avant le potentiel d’impact des messages des YouTubers dans
ce domaine.
107
Article 3
information
État: Publié
Référence complète : de Bérail, P., & Bungener, C. (2022). Favorite YouTubers as a source
of health information during quarantine: viewers trust their favorite YouTubers with health
information. Social Network Analysis and Mining, 12(1), 1-16. https://doi.org/10.1007/s13278-
022-00925-5. Reproduced with permission from Springer Nature.
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Présentation article 4
L’utilisation des médias sociaux devient de plus en plus présente dans le quotidien de toutes les
classes d’âge, et en particulier chez les jeunes (Anderson & Jiang, 2018 ; Pew Research Center,
2021). Certaines fonctionnalités des médias sociaux favorisent des interactions non réciproques
ou faiblement réciproques qui engendrent des relations parasociales (Stever & Lawson, 2013).
Ces plateformes permettent de maintenir ou de prolonger ces liens avec les célébrités. De plus,
d’appartenance des individus (Hartmann, 2016), à travers les relations parasociales, l’utilisation
des médias sociaux permettraient donc de satisfaire ce besoin social, ce qui pourrait rendre
L’objectif de cette étude est de faire le point sur la littérature existante traitant du lien entre
utilisation des médias sociaux et phénomènes parasociaux. Compte tenu du faible nombre
d’articles traitant du sujet et de l’objectif de l’étude qui est également de clarifier les concepts
clefs de la littérature, la méthodologie d’une « scoping review » a été retenue. Une recherche
systématique comprenant des mots clefs concernant les médias sociaux, les phénomènes
parasociaux et des termes correspondant à l’utilisation, a été menée dans quatre bases de
données (PsychINFO, PubMed, Scopus, Web of Science). Un total de 383 documents a été
extrait en premier lieu. Après suppression des doublons et des documents n’étant pas des
articles publiés, les abstracts de 208 articles ont été examinés. Seulement 53 abstracts d’articles
ont été retenus après examen pour une lecture approfondie de l’article pour s’assurer qu’ils
traitent bien du lien entre utilisation des médias sociaux et phénomènes parasociaux.
Finalement, seulement 24 articles ont été conservés après lecture approfondie, dont deux
articles cités dans d’autres articles retenus et qui n’étaient pas apparus dans la recherche initiale.
Les résultats de cette revue de la littérature soulignent en premier lieu le caractère récent de ce
sujet de recherche. Le plus ancien article de cette revue date de 2013 et 9 des 24 articles ont été
125
publiés entre 2020 et 2021. Elle montre également une certaine concentration géographique des
études avec plus de la moitié des études sur le sujet qui ciblent des populations provenant de
pays asiatiques (n=13). Concernant la clarification des termes, il apparait que de nombreux
pour décrire des relations parasociales. Cette étude est par conséquent une occasion
supplémentaire de redéfinir ces termes et encourage les futures études sur le sujet à prêter
des médias sociaux, 23 des 24 études rapportent une association positive entre ces variables.
Ces résultats soutiennent l’idée que plus une relation parasociale se développe, plus l’individu
va utiliser les médias sociaux pour rechercher des interactions parasociales avec la figure
médiatisée. Les cinq études traitant de l’utilisation problématique des médias sociaux
rapportent toutes un lien positif entre addiction aux médias sociaux et phénomènes parasociaux.
Ces résultats sont en accord avec l’hypothèse selon laquelle les relations parasociales satisfont
de générer des comportements addictifs chez certains individus. Un individu qui utiliserait les
médias sociaux pour combler ce besoin d’appartenance serait à risque de développer des
Cette étude conclut ainsi sur l’intérêt pour les futures études de diversifier les zones
géographiques d’où proviennent les participants afin de mieux généraliser les résultats mais
également de prêter davantage attention aux définitions des phénomènes parasociaux étudiés.
Il semble également intéressant que de futures études se penchent sur les fonctionnalités propres
à chaque média social pour identifier l’impact de ces fonctionnalités différentes sur le
126
Article 4
a scoping review
127
Présentation article 5
plus utilisé pour mesurer ce concept, le questionnaire PSI-Scale (Rubin, Perse, & Powell, 1985),
révèle des groupes d’items faisant référence à des dimensions distinctes de la relation
parasociale : le désir de s’engager dans des processus parasociaux avec le YouTuber préféré, le
préféré (de Bérail & Bungener, 2022a). Les dimensions identifiées sont néanmoins dépendantes
des items du questionnaire utilisé. Une étude basée sur des questions à réponses ouvertes et des
entretiens permettrait d’explorer plus librement la relation qui s’établit entre les viewers et les
Le premier objectif de cette recherche est d’identifier les thèmes qui définissent la nature de la
relation parasociale entre les viewers et les YouTubers. Le second objectif de cette recherche
est d’explorer les différences de thématiques définissant la nature de cette relation entre viewers
en fonction de variables socio-démographiques (âge, sexe, temps passé sur YouTube en une
Une telle analyse permettrait de mieux comprendre les relations parasociales dans le contexte
Le protocole pour cette recherche a été validé par le Comité d’ Éthique de la Recherche (CER)
(cf. annexe 5). Le recueil des données s’est effectué en ligne et compte 106 participants ayant
156
répondu à l’ensemble des items. Le questionnaire en ligne comporte trois questions à réponses
(Young, 1998 ; IAT) et l’intensité de la relation parasociale (Rubin, Perse, & Powell, 1985 ;
PSI-Scale). L’analyse thématique a été retenue comme méthode d’analyse des contenus des
trois questions ouvertes à réponses libres de cette première étude. Des entretiens semi-directifs
en visio avec cinq participants ont également pu avoir lieu. Les analyses des questions à
réponses ouvertes et des entretiens semi-directifs sont prévues pour l’année 2023.
157
Partie III : Discussion générale
158
1. Synthèse des objectifs de la thèse et des orientations des articles
Ce travail de thèse étudie les relations parasociales établies par les viewers avec les YouTubers.
2) Explorer les déterminants de l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers ;
3) Evaluer le lien entre l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers et le
4) Faire l’état des lieux des connaissances concernant le lien entre relations parasociales et
Le premier article montre le rôle de renforçateur des relations parasociales avec les YouTubers
sur l’addiction à YouTube. En se basant sur une approche cognitive et comportementale, cet
article, qui inclut 932 participants internationaux, décrit les liens entre relations parasociales
YouTuber. De plus, à travers des données issues de l’analyse du contenu de 360 vidéos de
YouTubers et des réponses à un questionnaire en ligne de 370 participants français, cet article
montre l’influence de la révélation de soi des YouTubers sur les relations parasociales établies
par les viewers. Le troisième article s’intéresse au lien entre la confiance accordée au
YouTubers et l’intensité des relations parasociales établies avec eux. Un total de 596 adultes
français a participé à cette étude en ligne lors du premier confinement en France au printemps
2020. Les résultats montrent que plus la relation parasociale est intense avec un YouTuber, plus
le niveau de confiance accordé à cette figure médiatisée est important. Le dernier article
consiste en une revue de la littérature sur le thème du lien entre l’utilisation des médias sociaux
159
2. Le rôle des relations parasociales dans l’addiction à YouTube
Les résultats des deux premiers articles (de Bérail et al., 2019 ; de Bérail & Bungener, 2022a)
apportent des éléments pour définir le rôle que peuvent jouer les relations parasociales dans
plateforme YouTube est ainsi associée au développement des relations parasociales avec des
cette utilisation et de conséquences négatives sur la vie de l’individu, telles qu’une productivité
réduite ou un isolement social (Klobas et al., 2018a). Cependant cette définition ne permet pas
de savoir réellement à quoi l’individu est dépendant au-delà de la plateforme elle-même, c’est-
à-dire quelle sont ses motivations pour utiliser cette plateforme. Trois motivations différentes
pour utiliser YouTube ont été identifiées dans la littérature (Klobas et al., 2018a) : le fait de
maintien de relations parasociales avec les YouTubers peut constituer pour certaines personnes
article (de Bérail et al., 2019) montrent que l’intensité des relations parasociales avec le
précisément, les relations parasociales influencent directement l’addiction à YouTube mais sont
également une variable médiatrice du lien entre l’anxiété sociale des viewers et l’addiction à
YouTube. L’influence de l’anxiété sociale sur l’addiction à YouTube est en partie due au fait
que plus une personne présente un niveau d’anxiété sociale élevé, plus elle a tendance à
développer une relation parasociale intense, ce qui en retour contribue à augmenter le niveau
d’addiction à YouTube. De plus, les résultats montrent également que l’anxiété sociale est une
160
l’anxiété sociale d’un individu est élevée, plus le lien entre relation parasociale et addiction à
YouTube est fort. En termes théoriques, il est possible d’expliquer ce résultat en faisant
l’hypothèse que les relations parasociales répondent davantage à un besoin pour les personnes
ayant de l’anxiété sociale. L’hypothèse de compensation parasociale stipule d’ailleurs que les
personnes avec des difficultés à établir des relations sociales ont tendance à développer
davantage des relations parasociales pour combler leur besoin d’appartenance que d’autres
individus. Plus un comportement répond à un besoin, plus il est susceptible de devenir addictif
(Griffiths, 1997), ce qui peut expliquer pourquoi l’anxiété sociale modère le lien entre la relation
parasociale et l’addiction à YouTube. Les résultats du deuxième article (de Bérail & Bungener,
2022a) montrent plus précisément que seul le désir de processus parasociaux est associé
besoin social qu’elles aident à satisfaire, les relations parasociales avec des YouTubers
apparaissent donc comme un des facteurs pouvant renforcer une addiction à YouTube, parmi
parasociales ne sont pas addictives en dehors de tout contexte, et il est possible de développer
un sentiment d’intimité fort envers un YouTuber sans pour autant développer une addiction à
la plateforme. Cependant, lorsque l’environnement d’un individu fait qu’il dépend de plus en
plus des relations parasociales pour répondre à son besoin d’appartenance, le risque d’une
addiction aux plateformes lui permettant d’entretenir ces relations parasociales augmente. Il est
161
le développement d’une addiction, en particulier les fonctionnalités qui permettent un
visionnage et une recherche de vidéo illimités (Montag et al., 2019). Par exemple, sur YouTube,
par défaut, lorsqu’une vidéo se termine, une nouvelle vidéo sélectionnée selon les préférences
de l’utilisateur est automatiquement lancée après huit secondes. Le fait d’arrêter l’utilisation de
YouTube demande donc une action de la part de l’utilisateur, la passivité entrainant une
l’utilisation de YouTube et rend par conséquent plus difficile le contrôle de son temps
d’utilisation de la plateforme. YouTube est aussi connu pour proposer des vidéos de manière
illimitée sur une même page. Il est possible de faire défiler indéfiniment une page YouTube
pour avoir accès à toujours plus de vidéos proposées par la plateforme, en fonction de ce qu’elle
a identifié de nos préférences à partir notre historique de visionnage. Ces fonctionnalités sont
dites addictives car elles encouragent une utilisation extensive des plateformes sur lesquelles
d’addictions aux plateformes lorsqu’elles sont combinées avec une motivation personnelle
forte, comme par exemple le développement de relations parasociales pour combler un besoin
addiction à un média. Les chiffres indiqués sur la figure correspondent aux explications
associées aux chiffres dans le texte ci-après. Cette figure montre en premier lieu le lien entre
1) Plus une relation parasociale s’intensifie, plus l’individu a l’envie de faire l’expérience
d’interactions parasociales.
2) Plus l’individu vit des interactions parasociales positives avec la figure médiatisée, plus sa
162
3) Le fait de vivre des interactions parasociales implique l’utilisation d’un média. Ainsi, plus
l’individu souhaite vivre des interactions parasociales, plus il utilise le ou les médias lui
4) L’anxiété sociale agit comme un facteur de vulnérabilité. Les individus avec un fort niveau
5) vont avoir tendance à dépendre davantage des relations parasociales pour satisfaire leur
besoin d’appartenance.
6) Finalement, plus les relations parasociales avec des figures médiatisées satisfont le besoin
d’appartenance, plus le risque d’addiction au média qui permet de maintenir ces relations
163
3. Relation parasociale et confiance dans les figures médiatiques
Les résultats du troisième article (de Bérail & Bungener, 2022b) de cette thèse montrent une
parasociale avec ce YouTuber. Plus la relation parasociale d’un individu est forte avec une
personnalité médiatisée, plus cet individu aura tendance à faire confiance aux informations
communiquées par cette personnalité. Cette notion a largement étudiée dans le champ du
marketing (e.g. Munnukka et al., 2019 ; Sokolova & Kefi, 2020). Les YouTubers et autres
influenceurs sont connus pour avoir le pouvoir de faire la promotion de certains produits et de
certaines marques, encourageant ainsi leur audience à consommer ces produits. L’article 3 (de
Bérail & Bungener, 2022b) montre que la confiance envers le YouTuber concerne à la fois des
informations générales mais également des informations spécifiques ayant trait au domaine de
la santé. Dans le cadre de l’étude, il s’agit des bénéfices des mesures de confinement. Ces
résultats sont en lien avec la littérature sur l’association entre relations parasociales et
comportements de santé (e.g. Brown & Basil, 2010 ; Sakib et al., 2020). Les figures médiatisées
sont également connues pour sensibiliser leur audience sur certaines problématiques en santé
intensification des relations parasociales avec les figures médiatisées sur les médias sociaux,
comme les YouTubers (Bond, 2022). Dans la mesure où confiance et relation parasociale
confiance que l’on accorde à ces figures médiatisées. La confiance est nécessaire pour qu’une
information soit efficace, notamment en matière de santé (Thiede, 2005). Sans confiance,
l’information n’est pas crue et, par conséquent, elle n’est pas prise en compte par l’individu.
Au-delà du simple fait d’apprécier ces figures médiatisées, la confiance qui leur est accordée
leur donne donc un potentiel de vecteur d’information de tout type. Pendant la pandémie de
164
Covid-19, plusieurs états, comme la Grande-Bretagne ou encore la Finlande, ont officiellement
mobilisé leurs influenceurs (Abidin et al., 2021). En France, bien que le gouvernement n’ait pas
communiqué ouvertement sur le fait d’avoir rémunéré des influenceurs pour qu’ils diffusent
gouvernement et les YouTubers et autres influenceurs (Fresard, 2022 ; Pougin, 2021), tandis
qu’un autre article soutient que le gouvernement aurait directement rémunéré des influenceurs
YouTube est souvent catégorisé comme un média social, et parfois même comme un réseau
social. Un réseau social est défini comme un site internet qui permet aux individus de créer un
profil public ou semi-public, de gérer une liste d’utilisateurs avec lesquels ils sont en connexion
et de visualiser et parcourir leur liste de connexions et celles faites par d'autres utilisateurs au
sein du système (Boyd & Ellison, 2007). Cependant, YouTube semble davantage favoriser le
C’est pourquoi le terme de réseau parasocial pourrait davantage correspondre à YouTube que
De la même façon qu’il existe un continuum entre relation sociale et relation parasociale, il
existe un continuum entre réseau social et réseau parasocial. Un média social est ainsi plus ou
moins réseau social et plus ou moins réseau parasocial selon ses fonctionnalités. Cependant, la
nature d’un média social dépend à la fois des fonctionnalités qu’il propose mais également des
fonctionnalités qui sont utilisées par un utilisateur donné. Par exemple, un individu A peut
utiliser YouTube uniquement pour voir des vidéos de YouTubers populaires alors qu’un
individu B peut utiliser YouTube pour visionner et partager des vidéos avec des proches.
L’individu A utilise davantage YouTube comme un réseau parasocial alors que l’individu B
165
utilise YouTube plutôt comme un réseau social. Cela étant dit, même si l’utilisation d’un média
social peut varier d’un individu à l’autre, les médias sociaux proposent tout de même des
fonctionnalités et une architecture qui favorisent davantage tel ou tel type de relation.
Différents critères peuvent être retenus pour évaluer si un média social est plus proche d’un
réseau parasocial ou d’un réseau social. Dans la suite de cette discussion, je propose d’identifier
plusieurs caractéristiques des médias sociaux à considérer pour évaluer le potentiel parasocial
d’un média social. Ces caractéristiques seront systématiquement illustrées en prenant le cas de
YouTube et parfois discutées en prenant comme exemples comparatifs d’autres médias sociaux
La première caractéristique est le fait que le média social ait des fonctionnalités qui permettent
utilisateur de se médiatiser que d’autres. YouTube permet aux utilisateurs de poster des vidéos
qui peuvent être visionnées potentiellement par tous les utilisateurs de la plateforme. Un
utilisateur qui diffuse une vidéo peut associer des mots clefs à sa vidéo afin de la rendre plus
facilement accessible par le plus grand nombre d’utilisateurs. Par comparaison, une plateforme
comme WhatsApp, qui est considéré comme un média social, permet plus difficilement à ses
utilisateurs de devenir des figures médiatisées. Cette application est avant tout centrée sur
l’envoi de messages privés entre utilisateurs et ne permet pas de créer un contenu qui sera par
la suite facilement accessible par l’ensemble des utilisateurs de la plateforme. Sur ce point, les
fonctionnalités de WhatsApp.
Un deuxième critère porte sur l’asymétrie entre les profils des utilisateurs du média social. Une
étude objective de la différence entre une utilisation active et passive de la plateforme permet
d’évaluer le potentiel parasocial du média social. Le terme d’utilisation active définit ici un
utilisateur qui va utiliser principalement les fonctionnalités offertes par la plateforme pour créer
166
et partager du contenu aux autres utilisateurs. Le terme d’utilisation passive définit par
opposition un utilisateur qui utilise principalement les fonctionnalités offertes par la plateforme
pour consulter le contenu des autres utilisateurs. Au niveau d’un même utilisateur pour un
média social donné, ces deux formes d’utilisations ne sont pas exclusives, c’est-à-dire qu’un
même utilisateur peut utiliser activement et passivement une même plateforme. C’est une
différence avec d’autres média, comme la télévision par exemple, où la frontière entre
utilisation passive et active est beaucoup plus rigide. Un téléspectateur ne peut pas devenir
facilement diffuseur de contenu à la télévision. Par contre, un viewer peut facilement mettre en
ligne du contenu s’il le souhaite. C’est principalement l’écart autorisé par la plateforme entre
ces deux types d’utilisation qui va permettre d’apprécier le potentiel parasocial d’une
plateforme. Dans le cas de YouTube, concernant l’utilisation passive, la plateforme autorise les
utilisateurs à consulter les vidéos de la plateforme sans avoir à créer de compte individuel. Un
utilisateur sans compte peut accéder à la page d’accueil de YouTube et rechercher du contenu.
L’utilisateur dans cette situation est parfaitement anonyme mais ne dispose d’aucune possibilité
d’interagir avec les autres utilisateurs sur YouTube. Une utilisation active de YouTube consiste
principalement à créer et mettre en ligne des vidéos partagées publiquement avec d’autres
utilisateurs. Pour ce faire, l’utilisateur doit créer un compte Google, qui sert de compte
YouTube. Il existe par conséquent potentiellement une asymétrie très importante entre un
utilisateur anonyme et un YouTuber qui se met en scène en vidéo. Pour comparer avec d’autres
médias sociaux, une telle asymétrie n’est pas possible sur Facebook dans les mêmes conditions.
Un utilisateur qui n’est pas connecté à un compte Facebook ne peut pas accéder à une page
d’accueil du site pour commencer à chercher du contenu. Il est possible d’accéder à certaines
pages publiques sans être connecté, mais il faut pour cela avoir l’adresse des pages en dehors
du site Facebook (comme avec un moteur de recherche par exemple). En ce sens, les
167
fonctionnalités de YouTube encourage davantage une asymétrie entre les utilisateurs passifs et
Un troisième critère concerne la non-réciprocité de la liste des connexions sur le média social.
Les médias sociaux et, en particulier les réseaux sociaux, permettent de se constituer un réseau
d’autres utilisateurs. En général, le fait d’être dans un réseau en commun avec un autre
utilisateur ouvre de nouvelles fonctionnalités. Sur YouTube, les utilisateurs peuvent s’abonner
à d’autres utilisateurs sans restriction. Une fois abonné à un autre utilisateur, il est possible
d’être alerté par des notifications lorsque cet utilisateur poste du contenu sur la plateforme.
L’utilisateur auquel on s’abonne n’a pas de confirmation à donner pour que la connexion soit
établie. La gestion de cette liste de connexion sur YouTube est par conséquent non réciproque.
Dans le cas de Facebook, il n’est pas possible de se connecter à n’importe quel utilisateur sans
l’autorisation de ce dernier. Il est certes possible de créer des pages Facebook publiques qui
autorisent n’importe quel autre utilisateur à s’y connecter librement, cependant, il n’est pas
possible de se connecter à un autre utilisateur sans son autorisation. La gestion de la liste des
connexions sur Facebook est donc plus réciproque qu’elle ne l’est sur YouTube.
Un quatrième critère est le caractère non ciblé et asymétrique des interactions entre utilisateurs.
En d’autres termes, il s’agit de vérifier dans quelle mesure un média social permet de faire
l’expérience d’interactions sociales médiatisées. Dans une interaction sociale médiatisée entre
deux personnes, les personnes ont conscience de s’adresser l’une à l’autre, le message est
d’envoyer des messages privés à un autre utilisateur. Dans l’espace commentaire d’une vidéo,
il est seulement possible de faire référence à un autre utilisateur pour lui indiquer que le
168
Pour contacter un créateur de contenu via YouTube, le seul moyen est d’écrire un commentaire
en dessous d’une vidéo. La capacité d’interagir avec d’autres utilisateurs de manière ciblée et
symétrique est donc très faible sur YouTube. Les messages ne peuvent pas être privés et sont
dépendants davantage du contenu que de l’utilisateur ciblé, puisque les pages de commentaires
correspondent toujours à une vidéo en particulier. Sur Facebook, il est possible d’envoyer des
symétrique sur Facebook qui n’existe pas sur YouTube. Les interactions possibles sur YouTube
Une cinquième caractéristique est le fait de donner la sensation de pouvoir être remarqué par
les figures médiatisées. Les relations parasociales sont renforcées par le fait d’être actif dans la
communication et par la sensation que la figure médiatisée puisse remarquer les viewers (Rihl
& Wegener, 2017). Dans le cas de YouTube, le fait de pouvoir poster des commentaires à une
vidéo participe à cet effet. Il est possible de se demander si le caractère synchrone des échanges
peut exacerber cette caractéristique. Dans le cas d’une plateforme de streaming, comme Twitch,
les viewers peuvent envoyer des messages en direct aux streamers. Les streamers peuvent alors
réciproque entre la figure médiatisée et le viewer devient donc possible. Néanmoins, ce mode
d’échange ne permet pas d’établir une relation sociale qui serait réciproque entre la figure
médiatisée et un viewer lorsque le nombre de viewers est important, car la figure médiatisée
doit potentiellement interagir avec un grand nombre de personnes. En ce sens, plus les viewers
sont nombreux, plus la relation que chacun pourra établir avec la figure médiatisée sera
asymétrique, et donc plus parasociale que sociale. Le caractère synchrone de l’échange peut
donc soit favoriser des interactions réciproques et symétriques lorsqu’il y a peu d’utilisateurs
concernés, soit favoriser la sensation d’être remarqué par une figure médiatisée, ce qui renforce
169
Un média social peut ainsi se définir comme un réseau parasocial lorsque ce réseau 1) permet
nombre d’utilisateurs, 2) autorise une grande asymétrie entre des profils d’utilisateurs les plus
n’importe quel autre utilisateur sans condition de réciprocité, 4) permet davantage des
interactions unidirectionnelles que bidirectionnelles avec les utilisateurs les plus médiatisés, 5)
donne la sensation de pouvoir être remarqué par les utilisateurs les plus médiatisés. En prenant
cette définition, des médias sociaux comme YouTube et Twitch peuvent être définis comme
des réseaux parasociaux plutôt que comme des réseaux sociaux. Un média social comme
Facebook se situe entre le réseau social et le réseau parasocial, avec peut-être une plus grande
potentialité pour être utilisé comme un réseau social que parasocial. Par contre, un média social
comme WhatsApp, de par ses fonctionnalités, a une plus grande potentialité pour être utilisé
Il est important de souligner qu’il s’agit d’une utilisation potentielle. En effet, bien que les
réseau parasocial, il est malgré tout possible d’utiliser cette plateforme comme un réseau social.
Par exemple, un utilisateur pourrait mettre des vidéos en mode privé en limitant l’accès à
seulement certaines personnes, qui elles-mêmes pourraient poster des vidéos privées en
réponse. Cependant, même si cela est techniquement possible, il est peu probable que des
individus utilisent YouTube de cette façon, WhatsApp étant probablement plus adapté à ce type
d’utilisation. Plus un site est extrême dans ses caractéristiques de réseau parasocial, moins il y
aura d’individus qui utiliseront ce site comme un réseau social et inversement. Par contre, dans
le cas de plateformes moins extrêmes sur ces caractéristiques, comme Facebook par exemple,
il peut exister une grande disparité dans les différentes formes d’utilisation. Un utilisateur A de
Facebook peut majoritairement se connecter à des personnes qu’il connait ou avec qui il
170
souhaite échanger régulièrement. Cet utilisateur envoie et reçoit des messages privés. Lorsqu’il
poste des messages, ses messages ne sont jamais publics mais seulement réservés à ses
connecter à des pages de personnalités connues ou rejoindre des groupes d’utilisateurs qu’il ne
connait pas bien. Lorsqu’il se connecte à Facebook, l’utilisateur B passe son temps à regarder
les messages publics postés par d’autres utilisateurs, qu’il finit par connaitre petit à petit bien
que lui-même ne poste jamais de message. L’utilisateur B utilise Facebook comme un réseau
171
5. Limites
Plusieurs limites peuvent être identifiées à ce travail de thèse. Une première limite réside dans
la méthodologie en analyse transversale des études de cette thèse. Des études proposant une
analyse longitudinale permettraient de mettre davantage en lumière les liens de causes à effets
entre variables. Une deuxième limite est constituée par l’environnement principal des études de
cette thèse, la plateforme YouTube. De nos jours, les célébrités des médias sociaux sont souvent
présentes sur plusieurs plateformes. Les relations parasociales avec les YouTubers pourraient
donc être associées à des utilisations problématiques d’autres plateformes que YouTube. Le
choix d’étudier uniquement l’utilisation de YouTube dans les études empiriques de cette thèse
en ligne pour les participants. Le fait d’étudier spécifiquement les relations parasociales établies
par les viewers est une quatrième limite de ce travail. Tout d’abord, seul le point de vue des
viewers est considéré dans ces études alors que les relations parasociales peuvent aussi être
étudiées du point de vue des figures médiatisées. De plus, il existe d’autres phénomènes
parasociaux que les relations parasociales qui pourraient être étudiées dans le contexte des
médias sociaux, comme par exemple les interactions parasociales. Une cinquième limite porte
sur l’âge des participants. Pour faciliter le recrutement des participants, les études empiriques
de cette thèse sont basées sur les données de participants majeurs. Cependant, des individus
plus jeunes établissent eux aussi des relations parasociales avec des célébrités des médias
sociaux. Des études portant sur cette population pourraient être menées pour voir dans quelles
mesures les résultats obtenus sont similaires aux résultats présentés dans cette thèse.
172
6. Perspectives de recherche et applications cliniques
De manière générale, il existe encore peu d’articles traitant du lien entre relations parasociales
et utilisation des médias sociaux. L’article 4 de la thèse (de Bérail & Bungener, 2022c), la
scoping review sur ce sujet, identifie 24 articles publiés entre 2013 et 2021 sur le sujet, dont 9
publiés entre 2020 et 2021. Avec 10 des 24 articles utilisant incorrectement le terme
nécessaire à effectuer dans les futures recherches. Concernant les thématiques de recherche,
trois axes principaux pour les futures recherches peuvent être identifiés : l’axe du réseau
de la communication en santé.
Une première perspective pour de futures recherches est de poursuivre l’étude qualitative sur
les relations parasociales avec les YouTubers qui a débuté avec ce travail de thèse. L’objectif
de cette étude est de décrire la nature qualitative de ce type de relation. Les données issues de
ce type d’études permettront éventuellement d’élaborer une échelle pour évaluer les relations
parasociales avec les YouTubers et autres célébrités des médias sociaux. Plusieurs dimensions
propres à la nature de ces relations parasociales pourraient être identifiées, ce qui permettrait
de développer par la suite une échelle multidimensionnelle pour mesurer la relation parasociale.
Avec une telle échelle, il serait alors possible de comparer la forme des relations parasociales
entre des célébrités se médiatisant essentiellement sur différentes plateformes. Cela permettrait
fonctionnalités des plateformes sont associées avec les différentes dimensions de ces relations.
173
Ces études participeraient à développer une connaissance plus précise sur les phénomènes
Dans le prolongement de cet axe de recherche, il semble également intéressant de mener des
études pour tester empiriquement l’effet des fonctionnalités des médias sociaux sur les relations
parasociales. Les études dans le cadre de cette thèse ont essentiellement porté sur des
YouTubers, donc ce sont les fonctionnalités de YouTube qui ont a priori le plus contribué au
développement des relations parasociales établies avec ces personnalités. Cependant, les
YouTubers et autres célébrités des médias sociaux sont présents sur de nombreuses plateformes.
Avec un objectif de comparaison entre plateformes, les méthodologies des futures études sur le
sujet devront faire attention à bien cibler les figures médiatiques étudiées afin de pouvoir
associer une figure médiatique avec une plateforme. Sans cette précaution, il sera difficile de
pouvoir identifier l’impact de telle ou telle plateforme sur la nature de la relation parasociale
établie. Un autre moyen de résoudre cette difficulté méthodologique serait de demander aux
viewers quels médias sociaux ils utilisent pour suivre leurs personnalités favorites. Une telle
étude pourrait permettre de créer des profils de viewers selon leurs utilisations des médias
entre relations parasociales avec des YouTubers et addiction à la plateforme. Le fait d’identifier
les relations parasociales comme un facteur possible d’une addiction à un média social a des
implications cliniques. Dans une approche cognitive et comportementale, le fait que, pour un
individu, les relations parasociales soient un moteur de l’addiction à un média social permet de
faire l’hypothèse que l’utilisation de ce média social a pour fonction de satisfaire un besoin de
174
socialisation, le besoin d’appartenance. Cette hypothèse permet alors de penser des projets
Klobas et al. (2018b) décrivent déjà qualitativement dans leur étude les différents aspects d’une
addiction à YouTube. Les individus ayant une addiction à YouTube décrivent une perte de
contrôle sur leur utilisation de la plateforme. Pour ces personnes, l’utilisation de YouTube finit
par avoir des conséquences négatives sur plusieurs aspects de leur vie : ils font état d’une
détérioration de leur santé physique, de leurs relations avec leurs proches, de leurs relations
professionnelles et plus globalement de leur satisfaction personnelle (Klobas et al., 2018b). Les
résultats des études présentées dans cette thèse invitent les praticiens prenant en charge des
avec des célébrités des médias sociaux. Le recueil d’études de cas cliniques semble nécessaire
Le fait que les personnes présentant de l’anxiété sociale aient davantage tendance à développer
une relation parasociale forte avec une figure médiatisée peut ouvrir sur de nouvelles recherches
en lien avec le traitement de l’anxiété sociale. Il existe des modalités à la fois à distance et en
l’anxiété sociale est composé de trois phases : les deux premières phases de psychoéducation
et de traitement guidé en ligne s’effectuent à distance tandis que la dernière phase consiste en
des séances de thérapie cognitive et comportementale en face à face (Nordgreen et al., 2016).
Lors de la deuxième phase du traitement, les patients peuvent interagir par mail avec un
thérapeute. Cependant, un fort taux d’attrition, de 41,2%, est identifié lors de cette prise en
charge (Nordgreen et al., 2016). En s’appuyant sur l’idée que les personnes présentant de
l’anxiété sociale développent des relations parasociales intenses, il serait possible de faire en
sorte que lors des phases à distance, les patients puissent commencer à élaborer une relation
175
parasociale avec un thérapeute. Cette relation parasociale pourrait peut-être venir renforcer
phase de psychoéducation que les patients pourraient consulter et également commenter. Des
sessions de diffusion vidéo en direct pourraient ensuite être programmées pour la phase de
relation thérapeutique qui renforcerait l’adhésion au traitement des patients. Des études
cliniques implémentant de telles modalités de prises en charge sont nécessaires pour pouvoir
l’adhérence à un traitement. Les résultats de la troisième étude de cette thèse montrent déjà une
association positive entre relation parasociale et confiance (de Bérail & Bungener, 2022b) qui
est reconnue comme un élément important de l’alliance thérapeutique (Trasmundi & Philipsen,
2020). Des études spécifiques s’intéressant au lien entre relation parasociale et alliance
santé
L’association positive entre les relations parasociales avec les YouTubers et la confiance qui
leur est accordée encourage aussi les recherches sur le rôle que pourraient jouer des figures
médiatisées dans le domaine de la santé. Il existe déjà différentes initiatives menées par des
YouTubers et autres célébrités des médias sociaux. En premier lieu, il y a les appels aux dons
pour des institutions de santé qui permettent de lever des fonds parfois conséquents, comme
avec l’édition 2019 de l’évènement en ligne Zevent qui a permis de recueillir plus de trois
millions d’euros pour l’institut Pasteur. L’édition 2022 de cet évènement a recueilli plus de dix
176
millions d’euros pour des associations de protection de l’environnement. Les figures
médiatisées peuvent ainsi mobiliser leur audience sur différents sujets, dont la santé. Ensuite,
certains YouTubers ont déjà créé des vidéos avec un but de prévention en matière de santé. Par
exemple, une vidéo musicale des YouTubers McFly et Carlito publiée en février 2021,
explicitement soutenue par le président de la République Française qui apparait lui-même dans
la vidéo, concernant les gestes barrières, a comptabilisé plus de 15 millions de vues. Il existe
également des YouTubers professionnels de santé qui font un travail de vulgarisation auprès de
leur audience. Dans le domaine de la santé mentale, plusieurs psychologues YouTubers créent
des vidéos pour expliquer les symptômes et les principes de prise en charge des différents
troubles mentaux. La chaîne du YouTuber PsykoCouac, qui compte 176 000 abonnés, propose
actuellement 97 vidéos à ce sujet. Ses trois vidéos les plus populaires sont respectivement :
« Borderline (trouble de la personnalité) » avec 727 000 vues, « La dépression » avec 449 000
vues et « L’hypersensibilité, c’est quoi ? » avec 315 000 vues. Au-delà d’un travail qui
d’initiatives innovantes comme le fait de proposer des vidéos d’accompagnement pendant des
YouTube de courtes vidéos de moins de 5 minutes entre le 18 mars 2020 et le 8 mai 2020 (38
vidéos en tout) pour accompagner son audience tout au long du premier confinement en France.
Dans ses vidéos, elle propose des exercices et donne des conseils pour mieux vivre le
confinement. Ces psychologues YouTubers, qui ont une pratique clinique en parallèle,
thérapeutique. Une étude qualitative pour recueillir leurs expériences individuelles de la place
de la relation parasociale dans la rencontre clinique pourrait être un premier axe de recherche
utile pour cette thématique. La figure D récapitule les différents axes proposés pour de futures
recherches.
177
Figure D. Axes pour de futures recherches et applications cliniques sur le thème des relations
parasociales et des médias sociaux
178
Conclusion
Au travers de quatre articles, ce travail de thèse explore la notion de relations parasociales avec
des YouTubers et plus largement dans le contexte des médias sociaux. Les relations
En accord avec l’hypothèse de compensation parasociale, l’anxiété sociale des individus est
concept de réseau parasocial est proposée afin de poser les bases de futurs travaux de recherche
ayant pour objectif d’identifier plus précisément les fonctionnalités des médias sociaux
favorisant ce type de relation. Outre l’apport de telles recherches pour la littérature sur les
phénomènes parasociaux, ces recherches peuvent également avoir des implications cliniques et
développement et de maintien des relations parasociales sur les médias sociaux pourrait aboutir
au développement de nouveaux protocoles de prise en charge pour des individus présentant une
addiction aux médias sociaux mais également pour des individus présentant d’autres troubles,
comme l’anxiété sociale par exemple. De manière générale, les recherches sur les phénomènes
parasociaux pourraient être bénéfiques pour tout type de prise en charge à distance. Bien que
l’article 3 (de Bérail & Bungener, 2022b) de cette thèse montre un lien entre intensité de la
relation parasociale et confiance accordée à la figure médiatisée, des études préalables sur le
lien entre relation parasociale et alliance thérapeutique semblent être une première étape pour
cet axe de recherche. Un nombre croissant de personnes utilisent les médias sociaux et cela de
plus en plus tôt dans leur vie. Les relations parasociales avec les personnalités des médias
sociaux jouent donc un rôle grandissant dans le développement d’un individu. Avec la
pandémie de Covid-19 et les isolements qui ont été imposés à tous, cette tendance semble s’être
accentuée. Parfois soutien dans des moments de vie difficiles, ou modèles dont on souhaite
179
s’inspirer, ces amis qui ne nous connaissent pas occupent une place importante dans nos vies.
Les relations parasociales pour les viewers ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi. Il s’agit
d’un phénomène qui se met en place pour satisfaire un besoin social fondamentalement humain.
Ce travail de thèse s’est essentiellement centré sur le point des vue des viewers vis-à-vis des
relations parasociales. Cependant, il existe tout un autre axe de recherche portant sur les autres
acteurs des relations parasociales, les figures médiatisées. Il est de nos jours de plus en plus
futures études portant sur les apports et les risques d’une telle exposition en fonction de l’âge
nécessaires.
180
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189
Annexes générales
190
Table des Annexes générales
ANNEXE 1 : PRESENTATION DES ECHELLES UTILISEES DANS LES ETUDES ............................... 192
ANNEXE 2 : RESUME POUR UNE PRESENTATION ORALE AU 60EME CONGRES DE LA SOCIETE
FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE.................................................................................................. 197
ANNEXE 3 : POSTER POUR UNE PRESENTATION AFFICHEE AU COLLOQUE DE LA FEDERATION
FRANÇAISE DES PSYCHOLOGUES ET DE PSYCHOLOGIE ............................................................ 199
ANNEXE 4 : AVIS FAVORABLE DU COMITE D’ETHIQUE POUR LA RECHERCHE (ARTICLE 3) .... 200
ANNEXE 5 : AVIS FAVORABLE DU COMITE D’ETHIQUE POUR LA RECHERCHE (ARTICLE 5) .... 201
ANNEXE 6 : RESUME POUR UNE PRESENTATION ORALE AU 11EME CONGRES DE L’ASSOCIATION
FRANCOPHONE DE PSYCHOLOGIE DE LA SANTE ...................................................................... 202
ANNEXE 7 : POSTER POUR UNE PRESENTATION AFFICHEE AU 11EME CONGRES DE L’ASSOCIATION
FRANCOPHONE DE PSYCHOLOGIE DE LA SANTE ...................................................................... 204
ANNEXE 8 : PORTFOLIO .......................................................................................................... 205
191
Annexe 1 : Présentation des échelles utilisées dans les études
Références :
Khazaal, Y., Billieux, J., Thorens, G., Khan, R., Louati, Y., Scarlatti, E., ... & Zullino, D.
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192
LSAS-SR
N° Items
1 Téléphoner en public
2 Participer au sein d’un petit groupe
3 Manger dans un lieu public
4 Boire en compagnie dans un lieu public
5 Parler à des gens qui détiennent une autorité
6 Jouer, donner une représentation ou une conférence
7 Aller à une soirée
8 Travailler en étant observé(e)
9 Ecrire en étant observé(e)
10 Contacter par téléphone quelqu’un que vous ne connaissez pas très bien
11 Parler à des gens que vous ne connaissez pas très bien
12 Rencontrer des inconnu(e)s
13 Uriner dans les toilettes publiques
14 Entrer dans une pièce alors que tout le monde est déjà assis
15 Etre le centre d’attention
16 Prendre la parole à une réunion
17 Passer un examen
18 Exprimer son désaccord ou sa désapprobation à des gens que vous ne connaissez pas
très bien
19 Regarder dans les yeux des gens que vous ne connaissez pas très bien
20 Faire un compte-rendu à un groupe
21 Essayer de « draguer » quelqu’un
22 Rapporter des marchandises dans un magasin
23 Donner une soirée
24 Résister aux pressions d’un vendeur insistant
Il est demandé aux participants d’évaluer chaque item sur deux échelles à quatre options de
réponse selon leur niveau d’anxiété et leur fréquence d’évitement par rapport à la situation
décrite.
Pour l’anxiété, les options de réponse sont : aucune (0), légère (1), moyenne (2), sévère (3)
Pour l’évitement, les options de réponse sont : jamais (0), occasionnel (1), fréquent (2), habituel
(3)
Référence :
Liebowitz, M. R. (1987). Social phobia. In Anxiety (Vol. 22, pp. 141-173). Karger Publishers.
193
PSI-Scale adaptée aux YouTubers
N° Items
1 Mon YouTuber préféré me fait me sentir à l'aise, comme si j'étais avec un ami
2 Je considère mon YouTuber préféré comme une personne nature et terre à terre
3 J'ai hâte de regarder mon YouTuber préféré dans sa prochaine vidéo
Si mon YouTuber préféré apparaissait dans une vidéo sur une autre chaîne
4
YouTube, je regarderais cette vidéo
Mon YouTuber préféré semble comprendre le genre de choses que je veux
5
connaître
Si je voyais une histoire sur mon YouTuber préféré dans un journal ou un
6
magazine, je la lirais
7 Mon YouTuber préféré me manque quand il est malade ou en vacances
8 J’aimerais rencontrer mon YouTuber préféré en personne
9 J’ai de la peine pour mon YouTuber préféré quand il fait une erreur
10 Je trouve que mon YouTuber préféré est séduisant
Les options de réponses sont : (1) pas du tout d’accord, (2) pas d’accord, (3) ni en désaccord ni
d’accord, (4) d’accord, (5) tout à faitd’accord.
Références :
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Rubin, A. M., Perse, E. M., & Powell, R. A. (1985). Loneliness, parasocial interaction, and
local television news viewing. Human Communication Research, 12(2), 155-180.
194
Relationship Questionnaire
Items
A
Je me sens facilement proche des autres quand je partage des émotions avec eux. Je me sens
bien lorsque je dépends d’eux et qu’eux dépendent de moi. Je n’ai pas peur d’être seul(e). Je
n’ai pas peur que les autres ne m’aiment pas.
B
Je ne suis pas à l’aise lorsque je suis proche des autres. J’aimerais des relations proches
lorsqu’il s’agit d’émotions mais je trouve difficile de faire complètement confiance aux gens
ou d’être dépendant(e) d’eux. J’ai peur, si je me permets d’être proche des gens, d’être
blessé(e) par eux.
C
J’aimerais ne pouvoir faire qu’un(e) avec les gens mais j’ai souvent l’impression que eux ne
veulent pas être aussi proches de moi que je le souhaiterais. Je ne me sens pas bien lorsqu’il
n’y a personne autour de moi dont je me sente proche. Mais, en même temps, j’ai parfois
peur de tenir plus aux gens que eux à moi.
D
Je suis bien sans avoir de proches autour de moi. C’est très important pour moi de me sentir
indépendant(e) et de me suffire à moi- même. Je préfère ne pas dépendre des gens et qu’eux
ne dépendent pas de moi.
Il est demandé aux participants d’indiquer leur degré d’accord avec chaque description à partir
d’une échelle en sept points : 1 (pas du tout comme moi), 4 (à peu près comme moi), 7 (tout à
fait comme moi).
Référence :
Bartholomew, K., & Horowitz, L. M. (1991). Attachment styles among young adults: a test of
a four-category model. Journal of Personality and Social Psychology, 61(2), 226.
Il est demandé aux participants d’indiquer à quelle fréquence ils ressentent ce qui est décrit dans
les items : jamais (1), rarement (2), parfois (3), souvent (4)
Références :
Hughes, M. E., Waite, L. J., Hawkley, L. C., & Cacioppo, J. T. (2004). A short scale for
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structure. Journal of Personality Assessment, 66(1), 20-40.
195
MSPSS
N° Items
1 Il y a une personne en particulier qui est là quand j’en ai besoin
2 Il y a une personne en particulier avec laquelle je peux partager mes joies et mes peines
3 Ma famille essaie vraiment de m’aider
4 Je reçois de ma famille toute l’aide émotionnelle et le soutien dont j’ai besoin
5 Je connais une personne en particulier qui est une vraie source de réconfort pour moi
6 Mes amis essaient vraiment de m’aider
7 Je peux compter sur mes amis quand les choses vont mal
8 Je peux parler de mes problèmes avec ma famille
9 J’ai des amis avec lesquels je peux partager mes joies et mes peines
10 Il y a quelqu’un de spécial dans ma vie qui s’inquiète de ce que je ressens
11 Ma famille est prête à m’aider à prendre des décisions
12 Je peux parler de mes problèmes avec mes amis
Il est demandé aux participants d’indiquer leur degré d’accord avec les propositions proposées
à partir d’une échelle en sept points : très fortement en désaccord (1), fortement en désaccord
(2), en désaccord (3), indifférent (4), d’accord (5), fortement d’accord (6), très fortement
d’accord (7)
Références :
Zimet, G. D., Powell, S. S., Farley, G. K., Werkman, S., & Berkoff, K. A. (1990). Psychometric
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Zimet, G. D., Dahlem, N. W., Zimet, S. G., & Farley, G. K. (1988). The multidimensional
scale of perceived social support. Journal of Personality Assessment, 52(1), 30-41.
196
Annexe 2 : Résumé pour une présentation orale au 60ème congrès
Etude des relations entre addiction à YouTube, anxiété sociale et relations parasociales
avec des YouTubers : un modèle de médiation modérée basé sur une approche
cognitivo-compertementale
Introduction
Bien que YouTube soit le média social le plus utilisé au monde devant Facebook et Twitter, il
reste très peu étudié (Khan, 2017). L’architecture de YouTube favorise le développement de
relations entre les créateurs de contenu, les « YouTubers » qui créent et mettent en ligne des
vidéos, et les spectateurs généralement anonymes, appelés « viewers ». Les relations
asymétriques qui se créent entre « viewers » et « YouTubers » sont appelées des relations
parasociales (Hartmann, 2016).
L’hypothèse de compensation parasociale stipule que les individus ayant des difficultés à établir
des relations sociales, par exemple les personnes ayant un fort niveau d’anxiété sociale, ont
davantage tendance à satisfaire leur besoin d’appartenance par l’établissement de relations
parasociales (Hartmann, 2016). La littérature a également montré que l’anxiété sociale constitue
un facteur de vulnérabilité pour le développement d’addictions en ligne (Davis, 2001). Ainsi,
plus un individu a un niveau d’anxiété social élevé, plus il a tendance à établir des relations
parasociales fortes et plus il est à risque de développer une addiction en ligne.
Basée sur une approche théorique cognitivo-comportementale (Davis, 2001), cette étude teste
empiriquement un modèle de médiation modérée de l’addiction à YouTube (Hayes, 2017). Ce
modèle définit l’anxiété sociale comme un facteur de vulnérabilité à l’addiction à YouTube qui
modère le lien entre la relation parasociale avec le YouTuber favori et le niveau d’addiction à
cette plateforme. La relation parasociale est définie comme le produit de l’expérience
d’utilisation de YouTube qui renforce l’addiction au média social en satisfaisant le besoin
d’appartenance des individus.
Méthodologie
L’échantillon est composé de 932 participants internationaux, dont 558 français, ayant répondu
à un questionnaire en ligne via les sites Facebook et Reddit. L’âge moyen des participants est
de 21.3 ans (EC=4.0). Le degré d’addiction à YouTube, le niveau d’anxiété sociale et l’intensité
de la relation parasociale avec le YouTuber favori ont été respectivement mesurés à l’aide des
échelles Internet Addiction Test (IAT), Liebowitz Social Anxiety Scale (LSAS-SR) et
Parasocial Interaction Scale (PSI-Scale). Le modèle de médiation modérée de l’addiction à
YouTube est testée à l’aide de régressions linéaires et par un modèle d’équations structurelles.
Toutes les analyses statistiques incluent les variables de contrôle suivantes : dimensions
197
d’attachement, niveau de solitude, soutien social perçu, isolement social, niveau d’activité sur
YouTube, temps passé sur YouTube, âge, sexe et nationalité.
Résultats
Les résultats des régressions linéaires montrent que l’anxiété sociale prédit significativement
l’intensité de la relation parasociale avec le YouTuber favori (β=0.16, p<0.001) et que l’anxiété
sociale (β=0.23, p<0.001) et l’intensité de la relation parasociale (β=0.23, p<0.001) prédisent
significativement le degré d’addiction à YouTube. Le terme d’interaction entre l’anxiété sociale
et la relation parasociale prédit également significativement le degré d’addiction à YouTube
(β=0.08, p<0.01), confirmant le rôle modérateur de l’anxiété sociale. Dans un second temps,
les résultats de la modélisation par équations structurelles montrent que l’effet indirect de
l’anxiété sociale sur le niveau d’addiction à YouTube par la relation parasociale est significatif
(β=0.0690, b=0.0262, LI=0.0136, LS=0.0414), confirmant le rôle médiateur de la relation
parasociale. Enfin, l’effet modérateur de l’anxiété sociale sur l’effet médiateur de la relation
parasociale sur l’addiction à YouTube a été examiné pour cinq valeurs de l’anxiété sociale (la
moyenne, plus un, plus deux, moins un et moins deux écart-types). Cet effet est significatif pour
les cinq valeurs. Ces résultats confirment le modèle proposé de médiation modérée de
l’addiction à YouTube.
Discussion
Bibliographie
Khan, M. L. (2017). Social media engagement: What motivates user participation and
consumption on YouTube? Computers in Human Behavior, 66, 236-247.
198
Annexe 3 : Poster pour une présentation affichée au colloque de la
199
Annexe 4 : Avis favorable du Comité d’Ethique pour la Recherche
(Article 3)
200
Annexe 5 : Avis favorable du Comité d’Ethique pour la Recherche
(Article 5)
201
Annexe 6 : Résumé pour une présentation orale au 11ème congrés
202
203
Annexe 7 : Poster pour une présentation affichée au 11ème congrés
204
Annexe 8 : Portfolio
Portfolio du doctorant
Le but du Portfolio est de valoriser les compétences des doctorants acquises au cours
de leurs années de doctorat. Aujourd’hui ce portfolio a été rendu obligatoire par l’arrêté
du 25 mai 2016 : Article 15 de l'Arrêté du 25 mai 2016 fixant le cadre national de la
formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat :
« Un Portfolio du doctorant comprenant la liste individualisée de toutes les activités du
doctorant durant sa formation, incluant enseignement, diffusion de la culture scientifique
ou transfert de technologie, et valorisant les compétences qu'il a développées pendant la
préparation du doctorat, est réalisé. Il est mis à jour régulièrement par le doctorant. »
Liens utiles :
- https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2016/5/25/MENS1611139A/jo/text
e
- https://www.francecompetences.fr/recherche/rncp/31417/#ancre3
- http://mydocpro.org/fr
- http://www2.agroparistech.fr/abies/Carnet%20de%20Competences.pdf
205
1. Fiche de renseignement
a. Doctorant
Courriel : pierredeberail@hotmail.fr
Téléphone : 0650289452
206
b. Directeur(s)/Directrice(s) et/ou co-encadrants/tuteurs de thèse :
Nom : Bungener Prénom : Catherine
Courriel : catherine.bungener@u-paris.fr
Nom : Prénom :
Courriel :
Laboratoire :
c. Thèse
Jury :
rapporteur : PR Lydia FERNANDEZ - U Lyon
rapporteur : PR Laurent AUZOULT-CHAGNAULT - U Bourgogne
examinatrice : Mme Claire HOFER - MC-HDR - U Lille
examinateur : M Lionel BRUNEL - MC-HDR - U Montpellier
Résumé de la thèse : Cette thèse a pour objectif d’étudier les relations parasociales
établies par les viewers avec des YouTubers à travers quatre articles. YouTubers,
établissent des relations avec les utilisateurs qui regardent ces vidéos, les viewers. Les
relations parasociales se définissent comme des relations asymétriques qu’établissent
des spectateurs envers une figure médiatisée, fictive ou réelle. Les différentes études
menées au cours de la thèse montrent que les relations parasociales sont associées à
l’addiction à YouTube, à l’anxiété sociale des participants et à la confiance accordée aux
YouTubers. Les résultats de ces études s’inscrivent dans la littérature sur les phénomènes
parasociaux, l’addiction aux médias sociaux et la communication en santé. Ce travail a des
implications théoriques et cliniques avec notamment la définition du concept de réseau
parasocial, l’identification du rôle de renforçateur des relations parasociales dans
l’addiction à un média social et une discussion sur l’élaboration de prises en charge pour
l’addiction aux médias sociaux et l’anxiété sociale.
207
2. Concevoir, développer et gérer un projet de recherche
a. Démarches administratives (CER, CPP, amendement, lieu de recherche,
enregistrement…)
208
3. Diffusion scientifique nationale et internationale
209
b. Communications (orales et affichées)
c. Vulgarisation
210
4. Formations scientifiques
211
5. Enseignement
212
8. Compétences transversales et complémentaires
b. Encadrement de stagiaires
213
e. Autre : (à préciser)
J’ai pour objectif l’année prochaine de concilier mon activité clinique en libéral
avec un travail de recherche en psychologie en temps partiel au sein d’une entreprise
privée. J’espère également pouvoir faire l’analyse des données qualitatives recueillies
pendant la thèse et aboutir à la rédaction d’un article. Par la suite, à moyen terme,
j’aimerais retrouver une activité d’enseignement si possible à l’université.
214