VD de Berail Pierre

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Etude des relations parasociales entre viewers et

YouTubers
Pierre de Bérail

To cite this version:


Pierre de Bérail. Etude des relations parasociales entre viewers et YouTubers. Psychologie. Université
Paris Cité, 2022. Français. �NNT : 2022UNIP7094�. �tel-04227884�

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teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires
abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Université Paris Cité
Ecole doctorale « Cognitions, comportements, conduites humaines » (ED 261)
Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé (UR 4057)

Étude des relations parasociales entre


View ers et You Tubers

Par Pierre DE BÉRAIL

Thèse de doctorat de Psychologie

Dirigée par la Professeure Catherine BUNGENER

Présentée et soutenue publiquement le 13 décembre 2022

Devant un jury composé de :

Laurent AUZOULT- Professeur des Université de Bourgogne Rapporteur et


CHAGNAULT Universités Président

Lydia FERNANDEZ Professeure des Université Lumière Lyon 2 Rapporteur


Universités

Claire HOFER Maître de conférences Université de Lille Examinatrice


HDR

Lionel BRUNEL Maître de conférences Université Paul-Valéry Examinateur


HDR Montpellier 3

Catherine BUNGENER Professeure des Université Paris Cité Directrice de


Universités thèse
Remerciements

Je tiens à remercier grandement en premier lieu la Professeure Catherine Bungener pour avoir

accepté de diriger cette thèse de doctorat. L’encadrement précis et soutenant qu’elle m’a apporté

dès le travail de mémoire de recherche en Master 2 m’a motivé à poursuivre mes recherches

dans le cadre d’un travail de thèse et m’a également soutenu tout au long des quatre années de

thèse.

Je remercie ensuite les professeurs Lydia Fernandez et Laurent Auzoult-Chagnault pour avoir

accepté d’être les rapporteurs de ce travail de thèse.

Je remercie également les maîtres de conférences HDR Claire Hofer et Lionel Brunel pour avoir

accepté de faire partie de mon jury en qualité d’examinateurs.

Je remercie Jean Davis pour avoir relu, corrigé et commenté tous mes articles. Son travail

précieux m’a été d’une grande aide pour améliorer la qualité de ces articles et leur permettre

d’être acceptés dans des revues.

Je remercie Samatha Polar qui a participé au codage des vidéos pour le deuxième article pendant

un stage de L3 au Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé. Sa participation a

permis de s’assurer de la fidélité de cette méthode de codage et de l’utiliser dans le cadre de ma

recherche.

Je tiens également à remercier les maîtres de conférences Céline Bonnaire et Cyril Thomas ainsi

qu’une nouvelle fois la Professeure Catherine Bungener pour m’avoir fait confiance en me

permettant d’être vacataire de plusieurs groupes de travaux dirigés en Psychopathologie et en

Apprentissage Par la Recherche. C’est une expérience d’enseignement qui a été très

enrichissante pour moi et qui a confirmé mon plaisir d’enseigner.

Je remercie le Comité d’Ethique pour la Recherche et tout particulièrement Jacqueline Fagard

et David Brami pour leur réactivité concernant l’examen du protocole de recherche en période

de Covid-19. La rapidité avec laquelle ils ont traité notre demande nous a permis de mener une

2
recherche dans le contexte du premier confinement qui a abouti à la publication d’un article

présenté dans cette thèse.

Je remercie également toutes les personnes qui se sont intéressées à mon sujet de thèse lors des

conférences ou des présentations au Laboratoire et dont les interventions m’ont permis

d’approfondir mon travail.

Je tiens tout particulièrement à remercier Marlène Guillon, mon épouse, la femme que j’aime,

ma fidèle relectrice et même co-auteur, qui s’est investie énormément à bien des niveaux dans

ce travail de thèse, mais également plus généralement dans ma reprise d’études. Je n’aurais

probablement pas fait ce travail si elle n’avait pas été à mes côtés. Je la remercie pour ses apports

nombreux, pour les discussions - parfois peut être trop nombreuses, je le reconnais – concernant

mon sujet de thèse qui m’ont permis d’avancer mes réflexions et surtout je la remercie pour son

soutien et sa disponibilité pendant cette période particulière de notre vie comme dans les

précédentes et dans les futures. Merci beaucoup.

Je remercie ensuite mes parents, Olivier et Sabine de Bérail, qui ont toujours été présents pour

me soutenir, dans cette période de ma vie comme dans les précédentes. Je profite de cette

occasion pour vous remercier globalement pour tout ce que vous avez fait pour moi depuis

toujours.

Je remercie aussi mes sœurs, Brune et Ambre de Bérail, et leurs familles pour leur présence qui

a toujours été réconfortante.

Je remercie tous mes amis qui m’ont accompagné ces quatre dernières années avec qui j’ai pu

parler de ma thèse parfois et avec qui j’ai pris plaisir à faire d’autres choses que ma thèse

souvent. Merci d’avoir partagé avec moi des moments agréables et légers.

Je remercie l’ensemble des personnes qui ont accepté de participer à mes recherches et tout

spécialement ceux qui ont accepté de relayer mes enquêtes en ligne.

Enfin, je remercie également tous les YouTubers et streameurs avec qui j’ai établi des relations

parasociales et que j’ai eu plaisir à regarder tout au long de ma thèse, pour la recherche et le

loisir.
3
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Liste de tous les éléments retirés de la version complète de la thèse


faute d’en détenir les droits

Articles

Titre du document N° (si numéroté) Page(s) dans la thèse

Associations of parasocial
phenomena with social Article 4 127 - 155
media use: a scoping review
Table des matières

LISTE DES FIGURES ............................................................................................................. 6

RESUME ................................................................................................................................... 7

ABSTRACT .............................................................................................................................. 8

INTRODUCTION .................................................................................................................... 9

PARTIE I : CADRE THEORIQUE ..................................................................................... 12

1. LES DIFFERENTS PHENOMENES PARASOCIAUX ................................................................... 13


1.1 EVOLUTION DES TERMES ..................................................................................................... 13
1.2 CONFUSION ENTRE INTERACTION PARASOCIALE ET RELATION PARASOCIALE ...................... 13
1.3 DEFINITIONS ACTUELLES DES TERMES ............................................................................ 14
2. LES RELATIONS PARASOCIALES : L’INFLUENCE DES CARACTERISTIQUES DES
SPECTATEURS ET DES FIGURES MEDIATIQUES ........................................................................ 25
2.1 L’INFLUENCE DES CARACTERISTIQUES DES SPECTATEURS ................................................... 25
2.2 L’INFLUENCE DES CARACTERISTIQUES DES FIGURES MEDIATIQUES ..................................... 30
3. MEDIAS SOCIAUX ET RELATIONS PARASOCIALES ............................................................... 34
3.1 DIFFERENCES ENTRE RELATIONS SOCIALES MEDIATISEES ET RELATIONS PARASOCIALES .... 34
3.2 LES MEDIAS SOCIAUX ET LES RELATIONS PARASOCIALES .................................................... 35
3.3 ADDICTION AUX MEDIAS SOCIAUX ...................................................................................... 37
3.4 L’ENVIRONNEMENT DE YOUTUBE ....................................................................................... 40

PARTIE II : CONTRIBUTION EMPIRIQUE ................................................................... 46

PRESENTATION ARTICLE 1 ...................................................................................................... 47


ARTICLE 1: THE RELATIONS BETWEEN YOUTUBE ADDICTION, SOCIAL ANXIETY AND
PARASOCIAL RELATIONSHIPS WITH YOUTUBERS: A MODERATED-MEDIATION MODEL BASED
ON A COGNITIVE-BEHAVIORAL FRAMEWORK ......................................................................... 49

PRESENTATION ARTICLE 2 ...................................................................................................... 65


ARTICLE 2: PARASOCIAL RELATIONSHIPS AND YOUTUBE ADDICTION: THE ROLE OF
VIEWER AND YOUTUBER VIDEO CHARACTERISTICS .............................................................. 67

PRESENTATION ARTICLE 3 .................................................................................................... 106


ARTICLE 3: FAVORITE YOUTUBERS AS A SOURCE OF HEALTH INFORMATION DURING
QUARANTINE: VIEWERS TRUST THEIR FAVORITE YOUTUBERS WITH HEALTH INFORMATION
................................................................................................................................................ 108

PRESENTATION ARTICLE 4 .................................................................................................... 125


ARTICLE 4: ASSOCIATIONS OF PARASOCIAL PHENOMENA WITH SOCIAL MEDIA USE: A
SCOPING REVIEW.................................................................................................................... 127

PRESENTATION ARTICLE 5 .................................................................................................... 156

4
PARTIE III : DISCUSSION GENERALE ........................................................................ 158

1. SYNTHESE DES OBJECTIFS DE LA THESE ET DES ORIENTATIONS DES ARTICLES .............. 159
2. LE ROLE DES RELATIONS PARASOCIALES DANS L’ADDICTION A YOUTUBE ..................... 160
3. RELATION PARASOCIALE ET CONFIANCE DANS LES FIGURES MEDIATIQUES ................... 164
4. YOUTUBE : UN RESEAU PARASOCIAL ................................................................................ 165
5. LIMITES .............................................................................................................................. 172
6. PERSPECTIVES DE RECHERCHE ET APPLICATIONS CLINIQUES ......................................... 173
6.1 AXE DU RESEAU PARASOCIAL ............................................................................................ 173
6.2 AXE DE LA RELATION PARASOCIALE ET DE LA CLINIQUE ................................................... 174
6.3 AXE DE LA RELATION PARASOCIALE ET DE LA COMMUNICATION EN MATIERE DE SANTE ... 176

CONCLUSION ..................................................................................................................... 179

BIBLIOGRAPHIE GENERALE........................................................................................ 181

ANNEXES GENERALES ................................................................................................... 190

5
Liste des figures
Figure A. Diagramme représentant les relations entre les différents phénomènes
parasociaux……………………………………………………………………………………24

Figure B. Relations entre besoin d’appartenance, relations parasociales et addiction à un


média………………………………………………………………………………………...163

Figure C. Continuum de la parasociabilité/sociabilité des fonctionnalités d’un média


social………………………………………………………………………………………...171

Figure D. Axes pour de futures recherches et applications cliniques sur le thème des relations
parasociales et des médias sociaux………………………………………………………….178

6
Etude des relations parasociales entre viewers et YouTubers
Résumé :
YouTube, un des medias sociaux les plus populaires au monde, permet à ses utilisateurs de
diffuser des vidéos de leur création. En publiant régulièrement des vidéos, ces utilisateurs, que
l’on nomme des YouTubers, favorisent le développement de relations avec les utilisateurs qui
regardent ces vidéos, les viewers. Ces relations sont regroupées sous le terme de relations
parasociales et représentent les relations non réciproques qu’établissent des spectateurs envers
des figures médiatisées, fictives ou réelles. D’après l’hypothèse de compensation parasociale,
les individus avec un déficit de compétences sociales ont tendance à développer davantage leurs
relations parasociales afin de satisfaire un besoin social fondamental, le besoin d’appartenance.
Ce travail de thèse explore les relations parasociales avec les YouTubers à travers quatre études.
La première étude, qui inclut 932 participants internationaux, met en lumière l’existence de
liens entre anxiété sociale des viewers, intensité de la relation parasociale avec le YouTuber
favori et niveau d’addiction à YouTube. En se basant sur une approche cognitive et
comportementale de l’utilisation problématique d’applications en ligne, les résultats de cette
étude montrent que les relations parasociales avec les YouTubers jouent un rôle de renforçateur
de l’addiction à la plateforme. Plus un individu présente un niveau d’anxiété sociale élevé, plus
il a tendance à développer des relations parasociales intenses et plus il rapporte un niveau
d’addiction à YouTube important.
La deuxième étude, qui compte 370 participants français, porte sur les liens entre les
caractéristiques des viewers, les caractéristiques des vidéos des YouTubers, le niveau
d’addiction à la plateforme et l’intensité des relations parasociales. En complément des données
des participants, 360 vidéos de YouTubers ont été analysées et codées pour cette étude. Trois
dimensions des relations parasociales avec les YouTubers sont identifiées : le désir de processus
parasociaux, le sentiment d’intimité avec le YouTuber favori et le sentiment d’attraction. Les
résultats de l’étude montrent que le désir de processus parasociaux est la seule dimension
associée positivement à l’addiction à YouTube. Concernant les caractéristiques des YouTubers,
plus le niveau de révélation de soi des YouTubers est important, plus le sentiment d’intimité
ressenti par les viewers est élevé. Cependant, ce sentiment d’intimité n’est pas associé au niveau
d’addiction à la plateforme.
La troisième étude, qui dénombre 596 participants français, a été menée pendant le premier
confinement en France en réponse à la pandémie de Covid-19. Les résultats de cette étude
soutiennent l’existence d’un lien entre la confiance accordée à la figure médiatisée et l’intensité
de la relation parasociale. Plus cette relation est forte, plus la confiance accordée est importante.
Cette étude montre que le YouTuber favori est une source d’information de confiance non
négligeable pour les participants, y compris concernant des informations de santé.
Enfin, les résultats de la revue de littérature qui porte sur 24 articles, montrent que les
phénomènes parasociaux semblent effectivement liés à l’utilisation des médias sociaux. Cette
revue de littérature souligne également l’importance de bien définir les phénomènes
parasociaux étudiés car des confusions existent entre les concepts.
L’ensemble de ces travaux de thèse souligne l’importance de prendre en considération les
relations parasociales avec les figures médiatisées des médias sociaux dans l’étude de
l’utilisation de ces médias. Le terme de « réseau parasocial » est proposé et défini afin de mieux
rendre compte de l’utilisation qui peut être faite de certains médias sociaux comme YouTube.
Plusieurs perspectives de futures recherches sont également abordées sur les thèmes de l’apport
des relations parasociales en psychologie clinique et en communication en santé.

Mots clefs : Relations parasociales, YouTube, YouTubers, Addiction, Médias sociaux, Anxiété
sociale, Communication

7
Study of parasocial relationships between viewers and YouTubers
Abstract :
YouTube, one of the world's most popular social media platforms, allows its users to post videos
of their own creation. By regularly posting videos, these users, called YouTubers, foster
relationships with the users who watch these videos, the viewers. These relationships are called
parasocial relationships and are defined as non-reciprocal relationships that viewers establish
with mediated figures, fictional or real. According to the parasocial compensation hypothesis,
individuals with a deficit in social skills tend to further develop their parasocial relationships in
order to satisfy a basic social need, the need to belong.
This dissertation explores parasocial relationships between viewers and YouTubers through
four studies.
The first study, which includes 932 international participants, shows the existence of links
between viewers' social anxiety, the intensity of the parasocial relationship with the favorite
YouTuber and the level of addiction to YouTube. Based on a cognitive-behavioral approach to
problematic use of online applications, the results of this study show that parasocial
relationships with YouTubers play a role in reinforcing addiction to the platform. The more
socially anxious individuals are, the more likely they are to develop intense parasocial
relationships and the more they report being addicted to YouTube.
The second study, which includes 370 French participants, examines the links between viewer
characteristics, characteristics of YouTubers' videos, level of addiction to the platform and
intensity of parasocial relationships. In addition to the participants' data, the content of 360
YouTubers' videos was analyzed and coded for this study. Three dimensions of parasocial
relationships with YouTubers are identified: the desire for parasocial processes, the feeling of
intimacy with the favorite YouTuber, and the feeling of attraction. The results of the study show
that the desire for parasocial processes is the only dimension positively associated with
YouTube addiction. Regarding YouTubers' characteristics, the higher the level of self-
disclosure of YouTubers, the higher the sense of intimacy felt by the viewers. However, this
feeling of intimacy was not associated with the level of addiction to the platform.
The third study based on 596 French respondents was conducted during the first Covid-19
national lockdown of spring 2020 in France. The results of this study support the existence of
a link between the level of trust in the mediated figure and the intensity of the parasocial
relationship. The stronger this parasocial relationship is, the greater the trust granted to the
YouTuber is. Overall, this study shows that the favorite YouTuber is a nontrivial source of
trusted information for the participants, included for health information.
Finally, the results of the literature review, which includes 24 articles, show that parasocial
phenomena do seem to be related to the use of social media. This literature review also
highlights the importance of properly defining the parasocial phenomena studied, as confusion
exists between existing concepts.
All of the dissertation chapters underline the importance of taking into consideration the
parasocial relations users establish with mediated figures on social media when studying the
use of these media. The term “parasocial network” is proposed and defined to better account
for the use that can be made of certain social media such as YouTube. Several perspectives for
future research, related to the contribution of parasocial relationships in clinical psychology and
health communication, are also discussed.

Keywords: Parasocial relationships, YouTube, YouTubers, Addiction, Social media, Social


anxiety, Communication

8
Introduction
Lancé en 2005, YouTube est un site internet de partage de vidéos avec plus deux milliards

d'utilisateurs par mois et plus d’un milliard d'heures de vidéos vues chaque jour (YouTube,

2022). YouTube est également un des médias sociaux les plus populaires en France, aux côtés

de Facebook et WhatsApp, avec plus de 47 millions d’utilisateurs uniques dans le mois de juillet

2022 (Médiamétrie, 2022a). Les médias sociaux peuvent être décrits comme des applications

en ligne qui permettent aux utilisateurs de créer et d’échanger du contenu avec d’autres

utilisateurs (Kaplan & Haenlein, 2010). Chaque média social possède sa propre architecture et

sa propre culture qui définissent son utilisation spécifique (Smith, Fischer & Yongjian, 2012).

Avec l’utilisation grandissante d’internet et des médias sociaux, des comportements d’addiction

aux applications en ligne ont commencé à être identifiés et étudiés (Cerniglia et al., 2016 ; Kuss

& Griffiths, 2017). Ces comportements addictifs semblent être motivés par la satisfaction en

ligne de besoins humains fondamentaux comme le besoin de soutien social ou encore

d’expression de soi (Kuss & Griffiths, 2017 ; Turel et al., 2012). Bien qu’étant un des médias

sociaux les plus utilisés, YouTube a été relativement peu étudié par rapport à d’autres médias

sociaux (Khan, 2017). Cependant, de récentes études ont commencé à analyser spécifiquement

ce média (Balakrishnan & Griffiths, 2017 ; Ferchaud, Grzeslo, Orme, & LaGroue, 2018 ;

Klobas, McGill, Moghavvemi, & Paramanathan, 2018, 2019).

YouTube est classiquement associé aux médias sociaux tels que Facebook ou Twitter.

Cependant, l'utilisation de YouTube est très différente de l'utilisation d'autres médias sociaux.

Le visionnage de contenu est central sur YouTube, alors que les médias sociaux comme

Facebook sont plus axés sur les relations entre les utilisateurs (Khan, 2017). La principale

activité des utilisateurs de YouTube est effectivement de regarder des vidéos créées par d’autres

utilisateurs. Il est alors intéressant de s’interroger sur le lien qui lie les utilisateurs qui visionnent

les vidéos, les viewers, et les utilisateurs créateurs de contenu, les YouTubers. La relation qui

9
unit un spectateur avec une personne médiatisée est définie dans la littérature comme une

relation parasociale (Horton & Wolh, 1956). YouTube apparaît comme un média propice au

développement de relations parasociales entre viewers et YouTubers (Ferchaud, Grzeslo, Orme,

& LaGroue, 2018). L’hypothèse de compensation parasociale soutient que les individus ayant

des difficultés à établir des relations sociales ont tendance à développer davantage de relations

parasociales en compensation (Hartmann, 2016). Cette hypothèse théorique suppose également

que les relations parasociales permettent de satisfaire le besoin d’appartenance des individus.

Ce travail de thèse s’est déroulé pendant la survenue de la pandémie de Covid-19. Avec les

mesures d’isolement mises en place pendant cette période, l’utilisation des médias sociaux a

pris de l’importance ainsi que l’intensité des relations parasociales avec les figures médiatisées

(Bond, 2021). Les relations parasociales sont connues pour leur pouvoir d’influence sur le

comportement des individus, que ce soit dans le domaine commercial (e.g. Munnukka et al.,

2019 ; Sokolova & Kefi, 2020) ou de la santé (e.g. Brown & Basil, 2010 ; Sakib et al., 2020).

Ce contexte d’isolement général et de crise sanitaire a été l’occasion d’étudier le rôle des

relations parasociales dans le domaine de la communication en santé et ainsi d’explorer une

autre facette de ces relations, le lien entre relation parasociale et confiance.

Les principaux objectifs de cette thèse sont les suivants :

1) Identifier le rôle des relations parasociales dans l’addiction à YouTube ;

2) Explorer les déterminants de l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers ;

3) Evaluer le lien entre l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers et le

niveau de confiance accordé aux YouTubers dans le contexte du premier confinement ;

4) Faire l’état des lieux des connaissances concernant le lien entre relations parasociales et

utilisation des médias sociaux.

10
Dans un premier temps, une revue de littérature synthétise les connaissances actuelles

concernant trois thématiques principales :

1. Les différents phénomènes parasociaux ;

2. L’influence des caractéristiques des spectateurs et des figures médiatiques sur le

développement de relations parasociales ;

3. Les relations parasociales dans le contexte des médias sociaux.

Ensuite, quatre articles originaux répondant à ces objectifs sont présentés. Le premier article se

base sur les résultats d’une étude qui inclut 932 participants internationaux. L’article met en

lumière le rôle des relations parasociales dans l’addiction à YouTube et explore également les

déterminants de l’intensité de ces relations. Le deuxième article étudie le caractère

multidimensionnel des relations parasociales ainsi que l’influence des caractéristiques des

YouTubers sur ces relations. Pour ce faire, l’article repose sur des données issues des réponses

de 370 participants français à un questionnaire en ligne ainsi que sur l’analyse de 360 vidéos de

YouTubers. Le troisième article explore le lien entre les relations parasociales avec les

YouTubers et la confiance qui leur est accordée dans le contexte du premier confinement en

France. Cette troisième étude compte 596 participants français. Le quatrième article consiste en

une revue de littérature qui inclut 24 articles sur le thème du lien entre phénomènes parasociaux

et utilisation des médias sociaux. Un projet de cinquième article portant sur une étude de la

nature des relations parasociales avec les YouTubers est également présenté.

Dans un dernier temps, une discussion générale sur l’ensemble des travaux ainsi qu’une

définition du terme de « réseau parasocial » sont proposées. Les limites et les perspectives

qu’ouvre ce travail de thèse pour de futures recherches et des applications cliniques sont

également discutées.

11
Partie I : Cadre théorique

12
1. Les différents phénomènes parasociaux

1.1 Evolution des termes

Les phénomènes parasociaux décrivent différents phénomènes qui peuvent émerger entre un

individu et une figure médiatisée. Différents concepts ont été identifiés dans la littérature pour

étudier les phénomènes parasociaux. Le premier concept à avoir été introduit dans la littérature

est celui d’interaction parasociale par Horton et Wohl (1956). L’interaction parasociale décrit

une interaction unilatérale entre un public et une figure médiatisée. L’interaction parasociale

est alors décrite comme similaire à l’interaction entre deux individus au détail près qu’elle n’est

pas réciproque contrairement à l’interaction sociale qui est bidirectionnelle. Au cours d’une

interaction parasociale entre deux individus, un individu reçoit l’information qu’un autre lui

transmet sans que ces rôles puissent être intervertis au cours de l’interaction, contrairement à

l’interaction sociale où, à tour de rôle, les individus peuvent à la fois recevoir et transmettre des

informations. Par la suite, les chercheurs ont étendu le concept d’interaction parasociale en

définissant celui de relation parasociale. Alors que l’interaction parasociale se produit au cours

d’une interaction donnée entre un spectateur et un personnage médiatisé, le concept de relation

parasociale décrit la relation de long terme qui peut s’établir au-delà de la simple exposition

médiatique. Par la suite, d’autres concepts ont vu le jour afin de décrire avec toujours plus de

précisions certains phénomènes parasociaux.

1.2 Confusion entre interaction parasociale et relation parasociale

Alors que la littérature décrit aujourd’hui de manière bien distincte les concepts d’interaction

parasociale et de relation parasociale, cela n’a pas toujours été le cas. Les deux termes ont

fréquemment été utilisés de manière interchangeable dans la littérature scientifique (Dibble et

13
al., 2016). Encore aujourd’hui, il arrive que le terme d’interaction parasociale soit employé pour

décrire une relation parasociale. Le signe le plus marquant de cette confusion est probablement

le nom de l’outil le plus utilisé dans la littérature mesurant l’intensité d’une relation

parasociale : Parasocial Interaction Scale (PSI-Scale) (Rubin et al., 1985). Bien que portant

dans son nom une référence au concept d’interaction parasociale, il est reconnu que cet outil

mesure l’intensité d’une relation parasociale et non d’une interaction parasociale aux sens

actuels des termes (Dibble et al., 2016).

1.3 Définitions actuelles des termes

1.3.1 Interaction parasociale, paracommunication et processus parasociaux

L'interaction parasociale est définie ici comme un moment où un utilisateur de média, un

spectateur par exemple, est exposé à une figure médiatique. Au cours de cette interaction

parasociale, deux grands types de phénomènes identifiés dans la littérature peuvent être

expérimentés par un individu : la paracommunication et les processus parasociaux (Hartmann,

2008, Schramm & Hartmann, 2008). Dans la littérature, le terme d’interaction parasociale se

confond souvent avec la définition attribuée au phénomène de paracommunication. Dans le

cadre de cette thèse, les termes « interaction parasociale », « paracommunication » et

« processus parasociaux » seront utilisés de manière différenciée.

Concernant les processus parasociaux, de manière générale, ils font référence aux réponses

cognitives, affectives et comportementales des spectateurs en situation d’exposition à la figure

médiatisée. De même, les processus parasociaux sont définis comme le degré auquel un

individu interagit psychologiquement avec une figure médiatisée (Schramm & Hartmann,

2008). Plus précisément, un modèle en deux niveaux des interactions parasociales, basé sur

l’intensité des processus parasociaux, a été proposé (Hartmann et al., 2004 ; Klimmt et al.,

2006). Le premier niveau est le niveau bas d’interaction parasociale, où les processus

14
parasociaux s’expriment faiblement. Le deuxième niveau est le niveau haut d’interaction

parasociale, où les processus parasociaux s’expriment fortement. Klimmt et al. (2006)

identifient les processus parasociaux qui correspondent aux réponses cognitives, affectives et

comportementales des individus.

Les processus parasociaux qui correspondent aux réponses cognitives sont :

 l’allocation de l’attention envers la figure médiatisée (e.g. le spectateur maintient son

attention sur la figure médiatisée et peut rentrer dans une démarche active de recherche

de nouvelles informations à son propos) ;

 la compréhension et la reconstruction (e.g. le spectateur essaye de comprendre les buts

et les attitudes de la figure médiatisée) ;

 l’activation d’expériences médiatiques et de vie passées (e.g. le spectateur compare la

situation et les actions de la figure médiatisée à des circonstances vécues par la figure

médiatisée dans le passé ou à des expériences que le spectateur a lui-même vécu) ;

 l’observation anticipatoire (e.g. le spectateur réfléchit et analyse le futur de la figure

médiatisée en fonction de ses actions) ;

 l’évaluation de la figure médiatisée et de ses actions (e.g. le spectateur juge les pensées,

les dires et les actions de la figure médiatisée, ce qui permet au spectateur de se créer

une image de cette figure) ;

 la construction de relations entre la figure médiatisée et soi (e.g. le spectateur se compare

avec la figure médiatisée ou encore s’imagine appartenir à un groupe social commun

avec la figure médiatisée).

Les processus parasociaux qui correspondent aux réponses affectives sont :

 les réactions empathiques (e.g. le spectateur peut ressentir la même émotion que celle

exprimée par la figure médiatisée s’il est en accord moralement avec cette figure, ou à

15
l’inverse, ressentir une émotion opposée à celle exprimée par la figure s’il est en

désaccord moral avec cette figure) ;

 ses propres émotions en lien avec la figure médiatisée (e.g. ressentir des émotions vis-

à-vis de ce que vit la figure médiatisée par rapport à la relation établie avec cette figure) ;

 la contagion émotionnelle (e.g. un transfert automatique et non intentionnel de

l’émotion d’une personne à l’autre).

Les processus parasociaux qui correspondent aux réponses comportementales sont :

 l’activité motrice (e.g. le fait de garder son attention focalisée sur la figure médiatisée

en tournant la tête, bougeant les yeux…) ;

 l’activité physique (e.g. en particulier les mimiques et les gestes, comme sourire en

réponse à la figure médiatisée ou pointer un élément important. Ce sont des

comportements a priori automatiques et non conscients) ;

 les déclarations verbales (e.g. le spectateur peut verbaliser des commentaires, des

recommandations, des expressions d’accord ou de désaccord… ces verbalisations

peuvent être adressées indirectement aux autres spectateurs présents lors de l’exposition

également pour communiquer une information sur son état émotionnel ou ses pensées).

La paracommunication est définie comme une expérience illusoire de l'utilisateur d’un média

en situation d'exposition médiatique. En tant que réponse non volontaire et automatique d’un

spectateur en situation d’exposition à la figure médiatisée, il est possible de soutenir que la

paracommunication est un sous-type de processus parasocial. Cependant, bien qu’il soit

reconnu que la paracommunication s’appuie sur des processus parasociaux généraux, il est noté

que ce phénomène repose également sur des processus dits paracommunicationnels propres

(Hartmann, 2008). La paracommunication se définit comme une sensation illusoire de

réciprocité de la part du spectateur. L’utilisateur a l’impression qu’il vit une expérience d’une

interaction réciproque alors que la figure médiatique à laquelle il est exposé n’a pas

16
connaissance de ses potentielles réactions au cours de l’interaction. Plus une expérience de

paracommunication est intense, plus l’utilisateur a la sensation d’être dans une interaction

sociale classique. Par exemple, lorsqu’un présentateur d’une émission télévisée oriente son

regard vers l’objectif de la caméra qui le filme, le spectateur peut avoir la sensation que le

présentateur le regarde personnellement. L’origine de cette sensation illusoire ressentie par le

spectateur est théoriquement expliquée par l’activité automatique de lecture des pensées des

individus impliqués dans une interaction (Hartmann & Goldhoorn, 2011). Les individus

infèrent automatiquement les états mentaux des personnes avec qui ils sont en interaction.

L’hypothèse est que cette activité automatique se déclenche également au cours d’interactions

parasociales et qu’elle serait donc à l’origine de cette sensation illusoire d’être dans une

interaction sociale. Les individus ont la sensation que la figure médiatique est consciente de

leur présence pendant l’interaction. Ils peuvent également avoir la sensation que la figure

médiatique s’ajuste à leur comportement, comme cela serait le cas naturellement au cours d’une

interaction sociale. L’expérience d’une paracommunication peut être considérée comme une

réponse naturelle et immédiate. Plusieurs éléments sont également supposés intensifier cette

expérience de paracommunication. Côté caractéristiques de la figure médiatique, les attitudes

corporelles (la communication non verbale), le style d’adressage verbal (en s’adressant

directement à l’audience par exemple) et l’attractivité perçue de la figure médiatique sont

censés intensifier ce phénomène (Hartmann & Goldhoorn, 2011). Côté caractéristiques des

spectateurs, la capacité d’empathie cognitive des spectateurs, c’est-à-dire la capacité à adopter

la perspective d’autrui, serait également associée positivement à l’intensité de l’expérience de

paracommunication (Hartmann & Goldhoorn, 2011).

1.3.2 Continuum entre interaction sociale et interaction parasociale

Interaction parasociale et interaction sociale peuvent être regroupées théoriquement le long

d’un même continuum (Giles, 2002). Les interactions sociales se trouvent à une extrémité de

17
ce continuum et les interactions parasociales à l’autre extrémité. A l’extrémité « sociale » de ce

continuum, les interactions sont essentiellement des dyades où deux individus s’engagent dans

une communication réciproque, médiatisée ou non. Plus nous avançons vers l’extrémité

parasociale, plus la taille du groupe qui constitue cette interaction grandit. Ainsi, plus le groupe

s’élargit, plus la part de parasociale dans l’interaction grandit. Ensuite, à mi-chemin de ce

continuum nous trouvons les interactions avec des figures médiatisées. Moins le spectateur à

l’opportunité de communiquer avec la figure médiatisée, plus l’interaction se déplace vers

l’extrémité parasociale du continuum. Ainsi, l’extrémité parasociale du continuum pourrait être

une interaction avec un personnage médiatisé fictif avec qui il n’y a de fait aucune chance de

contact. Cette théorie souligne l’idée que les interactions ne sont pas toujours uniquement

sociales ou parasociales, elles sont composées plus ou moins de ces deux caractéristiques. De

même, en tant que produit d’interactions répétées, les relations avec autrui peuvent également

être considérées comme étant sur un même continuum allant de « sociale » à « parasociale ».

Par exemple, une personne publique d’une communauté, comme un président d’association ou

un élu local, peut être connu de loin par les autres membres de la communauté à travers des

interventions publiques (Stever, 2013). Un autre membre peut alors développer une relation

avec un plus ou moins fort niveau de parasociabilité en fonction de la réciprocité de la relation

qui s’établit avec cette figure publique.

1.3.3 La relation parasociale comme produit de la répétition d’interactions parasociales

Alors que l’interaction parasociale décrit un phénomène qui se déploie exclusivement pendant

une situation d’exposition médiatique, la relation parasociale décrit un phénomène de relation

de long terme qui dépasse le simple moment d’exposition. La relation parasociale peut être

décrite comme une relation sociale asymétrique de telle sorte qu’une relation parasociale

positive se rapproche d’une relation amicale. La relation parasociale peut d’ailleurs être positive

ou négative.

18
Plusieurs auteurs s’accordent sur l’idée qu’une relation parasociale se renforce au fur et à

mesure d’interactions parasociales (Giles, 2002 ; Klimmt et al., 2006). Au cours d’une

interaction parasociale, plusieurs processus parasociaux s’activent et créent une expérience plus

ou moins positive pour le spectateur. Le résultat de cette interaction parasociale est mémorisé

par le spectateur et vient développer un schéma de relation parasociale envers une figure

médiatique précise. Cette relation parasociale participe en retour aux désirs que les individus

ont de répéter de nouvelles interactions parasociales, ce qui renforce d’autant plus la relation

parasociale. De cette manière, les relations parasociales s’intensifient avec le temps et la

répétition des interactions parasociales. Ainsi, la succession d’interactions parasociales

positives va engendrer une relation parasociale positive.

1.3.4 Les phases de développement d’une relation parasociale

Comme pour une relation sociale, avec la répétition d’interactions parasociales, une relation

parasociale se développe qualitativement avec le temps. Tukachinsky et Stever (2019) ont

proposé un modèle de développement d’une relation parasociale en cinq étapes : l’initiation,

l’expérimentation, l’intensification, l’intégration et, en dernière étape, le fait de dépasser la

relation parasociale. Plus la relation parasociale évolue, plus ces auteurs parlent d’attachement

parasocial pour désigner l’idée que cette relation devient de plus en plus importante pour

l’individu.

La phase d’initiation correspond à la phase de rencontre de la figure médiatisée. Le spectateur

va se former un jugement initial sur la figure médiatisée à partir des éléments perçus lors de

cette première rencontre, de stéréotypes sociaux ou de tout autre élément permettant un

jugement. C’est à cette phase que le spectateur va décider d’approfondir la relation parasociale

ou non. La phase suivante est alors la phase d’expérimentation. Au cours de cette phase, le

spectateur va chercher à apprendre davantage d’informations concernant la figure médiatisée.

Le sentiment d’être en relation avec la figure médiatisée commence réellement à prendre forme

19
lors de cette phase. Le spectateur peut alors être amené sur d’autres médias que le média initial

dans sa recherche d’informations complémentaires. Par exemple, dans le cas d’une relation

parasociale établie avec un YouTuber, un viewer à cette phase aura tendance à aller consulter

le contenu que ce YouTuber met éventuellement en ligne sur d’autres plateformes, comme

Twitch par exemple. Le spectateur commence à développer des sentiments positifs à l’égard de

la figure médiatisée. La phase suivante est la phase d’intensification. Le spectateur va

commencer à nourrir une relation avec la figure médiatisée qui dépasse de plus en plus les

moments d’exposition à cette figure médiatique. Par exemple, le spectateur va être amené à

penser de plus en plus à cette figure médiatisée en dehors des moments d’exposition. Le

spectateur peut également imaginer des discussions avec cette figure médiatisée. La figure

médiatisée apparaît alors de plus en plus comme un proche, un ami en qui on a confiance et qui

peut nous réconforter. Afin de satisfaire l’envie croissante d’être exposé à cette figure

médiatique, le spectateur peut être amené à visionner de nouveau des contenus qu’il aura déjà

vus. La phase suivante est dite d’intégration. Le spectateur a alors l’impression de bien

connaître la figure médiatisée et devient moins critique à son égard, même en cas de scandale.

Le sentiment d’intimité avec la figure médiatisée se développe et le spectateur peut alors se

définir lui-même comme un « fan » et chercher à rencontrer la figure médiatisée. Le spectateur

peut également nourrir des sentiments négatifs à l’égard des individus qui critiqueraient la

figure médiatisée. La dernière phase de ce modèle est la phase où le spectateur cherche à

dépasser le cadre de la relation parasociale en développant une relation sociale avec la figure

médiatisée. L’individu va alors chercher des interactions interpersonnelles répétées avec la

figure médiatisée, des interactions sociales.

1.3.5 Le cas du « Celebrity worshipping »

Les phénomènes parasociaux sont des phénomènes normaux et inévitables lorsque des

spectateurs sont exposés à des figures médiatisées. Cependant, il arrive que les relations

20
parasociales prennent des formes extrêmes. Le terme de « Celebrity worshipping », que l’on

peut traduire par « l’adoration de célébrités », est notamment utilisé dans la littérature pour

désigner une relation parasociale ayant pris une forme plus intense. Le terme se définit comme

une préoccupation excessive pour une célébrité qui se manifeste à travers divers comportements

et émotions (Zsila et al., 2021). Trois sous dimensions sont classiquement identifiées : la

dimension Sociale/Divertissement (e.g. le fait d’apprécier une célébrité au même niveau que

ses amis), la dimension Intense/Personnelle (e.g. le fait de se sentir triste lorsqu’il arrive un

malheur à une célébrité) et la dimension Borderline/Pathologique (e.g. le fait de se sentir obligé

d’apprendre les habitudes personnelles et les détails de la vie privée de sa célébrité favorite).

Une relation parasociale extrême est jugée dysfonctionnelle dans deux cas de figure (Hartmann,

2016). Le premier cas de figure est lorsque l’individu est amené à s’isoler de ses relations

sociales dans le but de maintenir sa relation parasociale. Les effets positifs à court terme de

cette relation parasociale sont en général dépassés par les effets négatifs à long terme de

l’isolement social. Le deuxième cas de figure est lorsque la relation parasociale devient

délirante, avec un individu qui ignore l’aspect asymétrique de la relation établie avec la figure

médiatisée. L’individu commence alors à rechercher, voir à exiger, une réciprocité de la part de

la figure médiatisée. Ce comportement peut également amener à un isolement social de

l’individu mais également à des situations où la figure médiatisée elle-même peut subir du

harcèlement.

1.3.6 Les autres termes : l’attachement parasocial, l’amour romantique parasocial,

l’amitié parasociale et la rupture parasociale

D’autres phénomènes parasociaux ont également été conceptualisés dans la littérature. Le

concept d’attachement parasocial est un concept introduit par Stever (2013) et qui se rapproche

de celui de relation parasociale tout en y ajoutant une notion d’intensité supérieure. Interactions

parasociales, relations parasociales et attachement parasocial sont alors considérés comme des

21
états progressifs, de sorte que ce qui commence comme une interaction parasociale peut

potentiellement devenir une relation parasociale et ensuite un attachement parasocial. Le terme

attachement est utilisé pour rattacher ce concept à la littérature classique de l’attachement et

catégoriser l’attachement parasocial comme une forme supplémentaire d’attachement aux côtés

de l’attachement entre le nourrisson et le donneur de soin et de l’attachement romantique de

l’adulte. Les qualités et caractéristiques qui définissent ces deux autres formes d'attachement

s'appliquent également à l'attachement parasocial. La recherche de proximité avec la figure

d’attachement et le fait que la figure d’attachement représente une base de sécurité sont des

éléments qui peuvent se retrouver dans une relation parasociale (Stever, 2013).

« Para-friendship », que l’on peut traduire par « l’amitié parasociale », et « para-love », que

l’on peut traduire par « l’amour romantique parasocial », sont des concepts qui distinguent

qualitativement différentes formes de relations parasociales (Tukachinsky, 2010). L’amitié

parasociale peut être considérée comme le fait d’apprécier la figure médiatique, de lui faire

confiance et de se sentir solidaire avec elle, ainsi que d’avoir le désir de partager des

informations personnelles avec elle. L’amour romantique parasocial est une autre forme de

relation parasociale. Comme l’amitié, l’amour est fondé sur la confiance, la révélation de soi et

l’intimité. La différence entre l’amour et l’amitié peut être comparé à la différence entre le fait

d’apprécier et le fait d’aimer. L’amour implique un fort désir d’être en présence de l’autre, de

proximité physique, d’approbation et d’attention. L’amour romantique en particulier est motivé

par l’attraction sexuelle et émotionnelle intense qui l’accompagne. L’amour comme l’amitié ne

sont pas des phénomènes homogènes. Il existe par exemple différentes formes d’amour, comme

l’amour maternel ou encore l’amour platonique. Cette diversité des types d’amour et d’amitié

peut se retrouver dans le cadre des relations parasociales (Tukachinsky, 2010).

Enfin, le terme de « parasocial break-up » ou « rupture parasociale » en français, décrit le

phénomène où une relation parasociale s’interrompt entre un spectateur et une figure

22
médiatique (fictive ou réelle) (Cohen, 2004). Une relation parasociale peut s’interrompre

lorsque la figure médiatisée n’est plus médiatisée. Par exemple, dans le cadre de figures fictives,

cela peut être le cas lorsque le personnage meurt ou disparait de la fiction. Dans le cadre de

figures réelles, cela peut être également lorsque la personne décède ou arrête d’être

médiatiquement présente. La réponse à la rupture d’une relation proche comprend à la fois des

éléments émotionnels et comportementaux. Bien que cette réponse diffère en fonction de

chaque individu, elle peut inclure généralement de la colère, de la tristesse, des regrets, de

l’anxiété, de la jalousie, de la solitude et du ressentiment (Barbara & Dion, 2000). En réponse

à ces émotions, selon les caractéristiques individuelles de l’individu et des éléments contextuels

à la relation (e.g. qui a initié la séparation…), l’individu vivant une rupture peut tenter de faire

face à cet évènement en se concentrant sur ses émotions négatives, en tentant de s’accrocher

malgré tout à son partenaire ou bien en cherchant des méthodes plus positives et constructives

pour faire face à la séparation comme, par exemple, chercher d’autres partenaires ou se

concentrer sur d’autres aspects de la vie. Une rupture parasociale suscite également ces

émotions négatives et pousse l’individu à devoir y faire face. Plus la relation parasociale est

intense, plus la rupture parasociale le sera également (Cohen, 2004). En effet, plus

l’attachement à une relation est intense, plus il existe une notion de dépendance à la relation et

plus cela explique les réactions de l’individu lorsqu’il est privé de cette relation.

La figure A synthétise les différents phénomènes parasociaux et leurs interrelations. Une fois

les termes définis, il est intéressant d’explorer les facteurs affectant le développement des

relations parasociales. Les caractéristiques des spectateurs mais également les caractéristiques

des figures médiatiques sont des facteurs influençant ces relations.

23
Figure A. Diagramme représentant les relations entre les différents phénomènes parasociaux.

Interactions parasociales
Exposition à la personne/au personnage
(à travers des médias ou autres contextes asymétriques)

PRODUIT

Processus parasociaux, paracommunication

Alimentent Renforcent
la relation le désir de
parasociale processus
parasociaux

Relations parasociales
INTENSITE

Relation parasociale
amicale ou romantique

Attachement parasocial

Adoration

X Rupture parasociale
Fin des possibilités de nouvelles
interactions parasociales avec la figure

24
2. Les relations parasociales : l’influence des caractéristiques des

spectateurs et des figures médiatiques

2.1 L’influence des caractéristiques des spectateurs

2.1.1 Relation parasociale, âge et sexe

Les phénomènes parasociaux sont des phénomènes normaux dans le développement de

l’individu et peuvent s’établir tout au long de la vie (Giles, 2002 ; Theran et al., 2010 ; Stever,

2011). Plusieurs études soutiennent l’idée que les relations parasociales s’établissent avec une

plus grande intensité lors de périodes de transitions, comme à l’adolescence ou à la période dite

de « jeune adulte » (Giles & Maltby, 2004 ; Liebers & Schramm, 2019 ; Stever, 2011). Plus

précisément, les adolescents qui traversent une crise identitaire avec une recherche de modèles

à imiter ou qui font l’expérience de la transition entre l’attachement familial et l’attachement

aux pairs, ont tendance à développer des relations parasociales plus intenses (Giles & Maltby,

2004 ; Stever, 2011). De même, les jeunes adultes entre 18 et 29 ans, aussi appelés « adultes

émergents » (Arnett, 2014), font l’expérience d’une période de vie extrêmement riche en

explorations identitaires. Dans ce contexte, les relations parasociales avec des figures

médiatisées peuvent servir de support pour accompagner ces jeunes adultes dans leurs

explorations (Stever, 2011). Il a également été noté que les individus qui ont tendance à utiliser

davantage un média ont également tendance à former davantage de relations parasociales via

ce média (Schiappa et al., 2007). Aussi, comme les adolescents et les jeunes adultes sont les

plus grands utilisateurs de médias sociaux (Anderson & Jiang, 2018 ; Pew Research Center,

2021), il est probable que cela explique également pourquoi ils développent davantage de

relations parasociales.

25
Concernant l’influence du sexe sur les relations parasociales, les résultats dans la littérature ne

permettent pas de tirer une conclusion claire (Giles, 2002). Dans certaines études, les hommes

rapportent une intensité de relation parasociale plus importante que les femmes (McCutcheon,

Lange & Houran, 2002), tandis que dans d’autres études les femmes rapportent une intensité de

relation parasociale plus importante que les hommes (Eyal & Cohen, 2006 ; Bond, 2018 ; 2016),

alors que d’autres études encore ne trouvent pas de lien entre sexe des participants et intensité

de la relation parasociale (Bond, 2021 ; Greenwood & Long, 2011 ; Greenwood, 2008 ; Tolbert

& Drogos, 2018). Une autre étude montre que les femmes ont tendance à développer davantage

de relations parasociales lorsqu’elles ressentent de la solitude vis-à-vis de la famille alors que

les hommes rapportent davantage de relations parasociales lorsqu’ils subissent un sentiment de

solitude chronique (Wang et al., 2008). Le sexe des individus influence aussi la relation

parasociale en fonction du type de relation parasociale étudié. Ainsi, dans le cadre d’une relation

d’amitié parasociale, les individus ont tendance à rapporter une relation plus intense avec une

figure médiatisée de même sexe qu’eux, tandis que dans le cadre d’une relation romantique

parasociale, les individus hétérosexuels ont tendance à rapporter une relation plus intense avec

des figures médiatisées de sexe opposé (Tukachinsky, 2010).

2.1.2 Relation parasociale et compétences sociales : l’hypothèse de compensation

parasociale

L’hypothèse de compensation parasociale repose sur le postulat que les relations parasociales

pourraient satisfaire un besoin de sociabilité particulier, le besoin d’appartenance, diminuer le

sentiment de solitude et par conséquent compenser le manque de relations sociales d’un

individu (Hartmann, 2016 ; Liebers & Schramm, 2019). Le besoin d’appartenance se définit

comme le besoin de former et de maintenir des relations fortes et stables avec des interactions

fréquentes et agréables (Baumeister & Leary, 1995). L’hypothèse de compensation parasociale

stipule que les individus ayant des difficultés à établir des relations sociales, avec notamment

26
des caractéristiques de sociabilité désavantageuses (comme de l’anxiété sociale ou de

l’introversion par exemple), auraient tendance à développer des relations parasociales plus

intenses. Cependant, les résultats dans la littérature sont indécis concernant cette hypothèse

théorique. Certaines études montrent ainsi que les individus avec des difficultés pour établir des

relations sociales ont également des difficultés pour établir des relations parasociales et que ce

sont plutôt les individus qui ont des inclinaisons à développer des relations sociales qui auraient

tendance à développer des relations parasociales plus intenses (Ashe & McCutcheon, 2001 ;

Cohen, 2004 ; Tsao, 1996). Une étude en particulier montre des résultats allant tantôt dans le

sens de l’hypothèse de compensation parasociale et tantôt dans le sens opposé (Tsao, 1996).

Cette étude montre en premier lieu, chez les hommes et les femmes, que l’empathie cognitive

et l’empathie affective sont positivement associées à l’intensité de la relation parasociale, ce

qui est en désaccord avec l’hypothèse de compensation parasociale. Cependant, cette même

étude montre également que pour les hommes, le niveau de névrosisme est positivement associé

à l’intensité de la relation parasociale, ce qui est en accord avec l’hypothèse de compensation

parasociale. D’autres études soutiennent l’hypothèse de compensation parasociale en précisant

les conditions au cours desquelles cette compensation peut s’effectuer (Bond, 2022 ; Madison

& Porter, 2016). Dans le cadre d’interactions imaginées, les relations parasociales jouent un

rôle de compensation des relations sociales lorsqu’elles ont pour fonction de s’entrainer ou de

répéter une interaction spécifique et de mieux se comprendre soi-même (Madison & Porter,

2016). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et de la distanciation sociale que cette

pandémie implique, les relations parasociales servent de compensation au manque de relations

sociales (Bond, 2022). De plus, le fait que les interactions sociales pendant cette période se

déroulent par écrans interposés aurait tendance à rendre flou la différence entre relations

sociales et relations parasociales. Ce flou entre ces deux types de relations augmenterait

l’importance des relations parasociales pour les individus par rapport aux relations sociales

27
(Bond, 2022). Les variables qui ont été les plus étudiées en lien avec l’hypothèse de

compensation parasociale sont le sentiment de solitude, le soutien social, l’anxiété sociale et les

styles d’attachement.

2.1.3 Solitude et soutien social

Dès le début de la théorisation des relations parasociales, le sentiment de solitude était imaginé

comme un moteur de l’établissement de ces relations. Horton et Wohl (1956) supposaient ainsi

que les personnes qui se sentent seules et isolées cherchent naturellement des liens sociaux et

que les relations parasociales complètent leurs relations sociales. Plusieurs études ont trouvé

des résultats montrant une association positive entre sentiment de solitude et relations

parasociales (Jennings et al., 2008 ; Greenwood & Long ; 2009 ; Baek et al., 2013 ; Wang et

al., 2008). Cependant, d’autres études ne trouvent pas de tel lien (Hartmann, 2016). Au-delà du

sentiment de solitude, la notion de soutien social a également été étudiée en lien avec les

relations parasociales. Les relations parasociales semblent apporter un soutien social aux

individus qui diminue les sentiments d’exclusion et de solitude, ce qui est cohérent avec l’idée

que les relations parasociales satisfont le besoin d’appartenance (Hartmann, 2016). Avec la

pandémie de Covid-19, des études se sont penchées sur le soutien social que pouvaient procurer

les relations parasociales (Bond, 2021 ; Woznicki et al., 2021). Pendant la pandémie, les

individus qui ont rapporté une baisse de leurs interactions en face à face rapportent également

une intensification de leur relation parasociale avec leur figure médiatique préférée (Bond,

2021). Egalement pendant cette période, dans une autre étude, les individus en situation

d’isolement important ont tendance à rapporter un niveau de dépression plus faible lorsque

l’intensité de leur relation parasociale avec leur YouTuber LGBTQ préféré est plus élevée

(Woznicki et al., 2021). Par contre, les individus qui ne sont pas en situation d’isolement

important, avec un niveau élevé de soutien familial par exemple, rapportent un niveau de

dépression plus important lorsque les relations parasociales sont plus intenses. Ces résultats

28
sont expliqués par les auteurs comme le signe que les relations parasociales peuvent servir de

compensation aux relations sociales dans des situations d’isolement sans pour autant se

substituer complètement aux relations sociales (Woznicki et al., 2021).

2.1.4 Anxiété sociale

L’anxiété sociale est définie comme une peur excessive et persistante dans des situations

sociales ou de performance dans lesquelles la personne peut être observée par les autres

(American Psychiatric Association, 2013). La peur et l’inconfort ressentis par les individus

souffrant d’anxiété sociale rend l’établissement de relations sociales plus difficile (Davila &

Beck, 2002 ; High & Caplan, 2009 ; La Greca & Lopez, 1998 ; Sparrevohn, & Rapee, 2009).

Ainsi, les personnes présentant de l’anxiété sociale ont tendance à préférer les interactions par

l’intermédiaire d’un ordinateur car elles leur offrent un sentiment de protection et de confort

par rapport aux interactions sociales traditionnelles (Prizant-Passal et al., 2016). Les relations

parasociales pourraient donc apparaitre également comme une forme relationnelle permettant

de satisfaire le besoin d’appartenance sans s’exposer aux situations sociales stressantes. Comme

les relations parasociales sont non réciproques, l’individu qui établit une relation parasociale

est préservé de toute interaction sociale potentiellement stressante, sans pour autant être privé

de la satisfaction de son besoin d’appartenance. Comme pour le sentiment de solitude,

l’association entre l’anxiété sociale et les relations parasociales n’est pas claire dans la

littérature (Rosaen & Dibble, 2016).

2.1.5 Styles d’attachement

Le style d’attachement est une caractéristique importante de la personnalité d’un individu qui

se développe au cours des premières interactions avec les donneurs de soins (Bolwby, 1973).

Quatre styles d’attachement ont été identifiés : l’attachement sécure, préoccupé, évitant et

désorganisé (Bartholomew & Horowitz, 1991). Ces quatre styles d’attachement peuvent

29
également être décrits à partir d’un modèle à deux dimensions : la dimension d’anxiété et la

dimension d’évitement (Bartholomew & Schoppe-Sullivan, 2016 ; Bartholomew & Horowitz,

1991). Les personnes avec un style d’attachement sécure ont un niveau d’anxiété et d’évitement

faible. Ce sont des personnes optimistes vis-à-vis des relations proches qui ne ressentent ni

anxiété ni ne cherchent à éviter ce type de relations. Les individus avec un style d’attachement

évitant sont caractérisés par un niveau d’évitement élevé et un faible niveau d’anxiété. Ce sont

des individus qui valorisent beaucoup leur indépendance et qui se sentent inconfortables dans

les relations proches et qui donc ont tendance à éviter ce type de relation. Les individus avec

un style d’attachement précoccupé ont un niveau d’anxiété élevé et un faible niveau

d’évitement. Ce sont des individus qui sont motivés à établir des relations proches avec les

autres mais qui ressentent en même temps une peur intense d’être blessés ou abandonnés. Enfin,

les individus avec un style désorganisé sont des individus avec un niveau élevé d’anxiété et

d’évitement. En théorie, les individus qui sont motivés à développer des relations proches mais

qui sont également anxieux par rapport à ces mêmes relations proches, devraient être attirés par

les relations parasociales (Hartmann, 2016). Des études ont ainsi montré que les individus avec

un style d’attachement préoccupé rapportaient les relations parasociales les plus intenses

(Cohen, 2004 ; Cole & Leets, 1999 ; Greenwood & Long, 2011).

2.2 L’influence des caractéristiques des figures médiatiques

2.2.1 Caractère fictif et authenticité

Le caractère fictif ou réel de la figure médiatisée (ou médiatique) est un facteur considéré

comme important dans le développement de la relation parasociale (Liebers & Schramm, 2019).

Plus la figure médatisée est fictive, plus la relation établie peut être considérée comme

parasociale (Giles, 2002). Une étude a relevé que les individus ont tendance à nommer plutôt

30
des figures fictives lorsqu’on leur demande de citer leur figure médiatique préférée

(Tukachinsky, 2010).

Il est aussi supposé dans la littérature que l’authenticité perçue d’une figure médiatique renforce

la relation parasociale envers cette dernière (Ferchaud et al., 2018 ; Giles, 2002, Hartmann,

2008 ; Liebers & Schramm, 2017 ; Tukachinsky, 2010). Bien que les figures médiatiques

réelles, comme les présentateurs d’émissions télévisuelles par exemple, jouissent a priori d’un

fort niveau de réalisme (Giles, 2002), le caractère fictif de la figure médiatisée et son

authenticité perçue par le public ne sont pas forcément opposés puisqu’il est possible de

percevoir comme authentique une figure médiatique fictive (Tukachinsky & Stever, 2019 ;

Hartmann, 2008). De plus, une figure perçue comme authentique peut perdre son caractère

authentique en fonction de son comportement, comme par exemple lorsqu’une célébrité fait la

promotion d’un produit jugé comme inapproprié par le public (Alperstein, 1991).

2.2.2 Révélation de soi

La révélation de soi progressive constitue un élément essentiel du développement d’une relation

sociale (Altman & Taylor, 1973). Au fur et à mesure des interactions sociales, deux individus

vont livrer de plus en plus d’informations les concernant. Ce faisant, la relation deviendra de

plus en en plus proche et les individus auront tendance à progressivement révéler des

informations de plus en plus intimes. Il s’agit dans ce contexte d’un échange d’informations

personnelles progressif et réciproque. Dans le cadre des relations parasociales, la réciprocité

n’est pas possible. Cependant, le développement d’une relation parasociale est également

supposé reposer sur la révélation de soi de la figure médiatisée (Hoffner, 2008). Que ce soit par

l’observation de la figure médiatisée ou la recherche active d’informations la concernant,

l’individu collecte des informations à propos de cette figure et renforce ce faisant la relation

qu’il établit avec elle.

31
Il existe dans la littérature différentes façons de décrire la révélation de soi. Il est possible de

décrire la révélation de soi en termes de largeur et de profondeur. La largeur de la révélation de

soi correspond à la diversité des sujets de révélation de soi alors que la profondeur correspond

au degré d’intimité des informations personnelles révélées. Une autre façon de catégoriser la

révélation de soi est de s’intéresser à la nature de ce qui est révélé. Il est possible alors de

différencier la révélation de soi factuelle de la révélation de soi évaluative (Reis & Shaver,

1988). La révélation de soi factuelle correspond à la révélation de faits sur l’individu, comme

son âge, sa taille, ce qu’il a fait. La révélation de soi évaluative correspond à la révélation des

opinions et des émotions d’une personne, ce qu’elle pense et ce qu’elle ressent. La révélation

de soi évaluative est ainsi considérée comme plus intime que la révélation de soi factuelle

(Laurenceau et al., 1998 ; Reis & Shaver, 1988). Des études récentes montrent que la révélation

de soi des figures médiatiques sur les médias sociaux renforce les relations parasociales avec

ces figures (Kim & Kim, 2020 ; Kim & Song, 2016). Eyal et al. (2020) montrent que le manque

de révélation de soi de la part des célébrités sur les médias sociaux constitue un frein au

développement de relations parasociales. Ils expliquent ce résultat par le fait qu’une moindre

révélation de soi pourrait être associée à une plus faible authenticité perçue de la célébrité.

Révéler des informations sur soi, c’est apparaître comme plus authentique aux yeux du public,

facilitant ainsi l’établissement de relations parasociales.

2.2.3 Autres caractéristiques (humour, attractivité, similarité)

D’une manière générale, les attributs des figures médiatisées ont une influence sur l’intensité

des relations parasociales puisqu’ils influencent la manière dont ces figures sont perçues. Les

attributs qui permettent de renforcer les relations parasociales dépendent en premier lieu des

spectateurs. En effet, chaque spectateur valorise à sa façon les attributs d’une figure médiatisée.

Chaque spectateur aura ses propres motivations, besoins et préférences qui lui feront préférer

tel ou tel attribut chez une figure médiatisée (Liebers & Schramm, 2019). Une récente étude

32
montre que les spectateurs ont tendance à avoir les mêmes traits de personnalité que leur

personnalité médiatique préférée (Rarity et al., 2022). Les auteurs expliquent cela soit par le

fait que les spectateurs ont tendance à préférer les figures médiatiques qui leur ressemblent, soit

par le fait que les spectateurs ont tendance à modifier certains aspects de leur personnalité pour

correspondre davantage à leurs idoles. Cela étant dit, la littérature arrive tout de même à

identifier certains attributs qui ont tendance à renforcer les relations parasociales. L’attractivité

physique de la figure médiatisée (Klimmt et al., 2006 ; Knoll et al., 2015), la similarité perçue

avec la figure médiatisée (Klimmt et al., 2006 ; Liebers & Schramm, 2017 ; Tian & Hoffner,

2010 ; Turner, 1993) ou encore le fait que la figure médiatisée soit considérée comme ayant de

l’humour (Tolbert & Drogos, 2019) renforcent l’intensité des relations parasociales.

Concernant les attributs des figures médiatiques, certains attributs sont supposés renforcer

également l’expérience d’interaction parasociale. L’attractivité physique de la figure

médiatisée, son style d’adressage verbal (un style direct) et sa communication non verbale

(orientation du regard, orientation du corps vers le spectateur) influencent l’intensité de

l’expérience parasociale lors d’une interaction parasociale (Hartmann & Goldhoorn, 2011).

Dans la mesure où les relations parasociales se développent à partir d’une répétition

d’interactions sociales, il est possible de supposer que les attributs qui influencent les

interactions parasociales, influencent également les relations parasociales.

33
3. Médias sociaux et relations parasociales

3.1 Différences entre relations sociales médiatisées et relations

parasociales

Les médias sociaux, tels que YouTube mais également Twitter, Facebook, Instagram, TikTok

ou encore SnapChat, permettent aux utilisateurs de développer deux types de relations avec les

autres utilisateurs : des relations sociales médiatisées et des relations parasociales (Baek et al.,

2013 ; Stever, 2013). D’un point de vue théorique, la différence entre une relation sociale et

une relation parasociale réside dans le caractère réciproque de la relation. Ainsi, une relation

réciproque où les deux utilisateurs de médias sociaux impliqués dans la relation communiquent

réciproquement et se reconnaissent mutuellement peut être caractérisée de relation sociale

médiatisée. Par contre, si seulement un des deux utilisateurs connaît l’autre, si seulement un des

deux communique des informations, la relation est dite non réciproque et peut être définie

comme parasociale. En pratique, il y aurait donc des relations sociales médiatisées et des

relations parasociales distinctes qui pourraient se développer sur les médias sociaux. Par

exemple, une relation sociale médiatisée pourrait être une relation établie entre un individu A

et un individu B sur Facebook à l’intérieur d’un groupe d’utilisateurs. L’individu A et l’individu

B échangent soit par messages privés, soit en communiquant publiquement sur le groupe.

L’individu A adresse directement des messages à l’individu B et vice et versa. La

communication est réciproque et se développe au fur et à mesure des interactions sociales

médiatisées par la plateforme Facebook. Une relation parasociale sur Facebook entre un

individu A et un individu B pourrait être une relation établie par l’individu A envers l’individu

B. L’individu A s’abonne à la page officielle de l’individu B. Sur cette page, l’individu B

communique des informations le concernant à l’ensemble des personnes inscrites sur cette page.

L’individu A connaît l’individu B, mais l’individu B n’a pas connaissance de l’individu A.

34
L’individu A peut envoyer des messages en privé à l’individu B, ou en public sur sa page

officielle. L’individu B fait seulement des messages généraux et n’a jamais répondu

directement à un message de l’individu A. La relation est asymétrique, non réciproque et peut

être définie comme parasociale.

Cependant, la différence peut devenir plus trouble lorsque, dans le dernier exemple, l’individu

B reconnaît l’existence de l’individu A. Il a remarqué que cet utilisateur lui envoie des messages

et il lui arrive également de lui répondre directement. Certaines interactions deviennent

réciproques et deviennent donc des interactions sociales. Cependant, l’individu B continue de

poster publiquement des informations à son sujet, et l’individu A continue de les consulter.

Lorsque l’individu A lit les messages publics ou regarde les vidéos mises en ligne par l’individu

B, il fait l’expérience d’interactions parasociales. Voici donc une relation qui mêle interactions

parasociales et interactions sociales médiatisées. Ainsi, le concept de continuum entre relation

sociale et relation parasociale est particulièrement utile pour concevoir les relations sur les

médias sociaux. Le fait que les plateformes permettent à la fois d’établir des relations sociales

et des relations parasociales participent à la délimitation floue entre ces deux types de relation

sur les médias sociaux (Hoffner & Bond, 2022).

3.2 Les médias sociaux et les relations parasociales

Les relations parasociales établies sur les médias sociaux ont été étudiées sous différents angles.

En particulier, le pouvoir d’influence sur les comportements de consommation des utilisateurs

de ces relations a été étudié par de nombreuses études (e.g. Munnukka et al., 2019 ; Sokolova

& Kefi, 2020). L’intensité des relations parasociales est associée à l’influence potentielle des

célébrités sur leur audience pour promouvoir des marques ou des produits. Cette influence a

aussi été étudiée dans le contexte de la communication en matière de santé (e.g. Brown & Basil,

35
2010 ; Sakib et al., 2020). Les relations parasociales sont donc une sorte d’indicateur du pouvoir

d’influence des célébrités sur les comportements de leur audience.

De manière plus générale, Hoffner et Bond (2022) ont synthétisé plusieurs fonctions des

relations parasociales établies sur les médias sociaux ayant des effets positifs et négatifs sur le

bien être des individus. Selon ces auteurs, les relations parasociales sur les médias sociaux

impactent quatre grands domaines du bien-être d’un individu : la santé, les connections sociales,

le « coping » (le fait de faire face) et le bien-être eudémonique (forme de bien-être centré sur le

développement personnel). Dans le domaine de la santé, les relations parasociales sont

considérées comme favorisant la connaissance du public sur les problèmes de santé en lien avec

les figures médiatisées, l’adoption de comportements de santé dont les figures médiatisées font

la promotion et la réduction des préjugés concernant les troubles physiques et mentaux que les

figures médiatisées abordent dans leurs contenus. Par contre, les relations parasociales sont

également considérées comme pouvant faire la promotion de comportements néfastes pour la

santé (comme la consommation d’alcool) ou encore pouvant engendrer de la dépression à cause

des comparaisons sociales ascendantes en ligne. Dans le domaine des connections sociales, les

relations parasociales créent le sentiment d’appartenir à une communauté et constituent une

source de connections sociales alternatives en période d’isolement ou d’exclusion. Dans le

domaine du « coping », ces relations donnent le sentiment d’être écouté et soutenu lors d’un

épisode de vie douloureux. Dans le domaine du bien-être eudémonique, les individus ont

tendance à prendre comme modèle les figures médiatisées ce qui peut encourager leur

développement personnel et leur sentiment d’efficacité personnelle. Les relations parasociales

sont également un support à l’exploration identitaire et permettent de diminuer les préjugés

envers certains groupes sociaux. Par contre, prendre comme modèle des figures médiatisées

peut également engendrer des attitudes considérées comme négatives pour l’individu (comme

par exemple le matérialisme).

36
3.3 Addiction aux médias sociaux

3.3.1 Les différentes théories

Les termes d’addiction aux médias sociaux, d’utilisation problématique des médias sociaux ou

encore d’utilisation compulsive des médias sociaux sont des termes interchangeables qui

décrivent le phénomène d’une utilisation inadaptée des médias sociaux (Sun & Zhang, 2021).

Cette utilisation inadaptée des médias sociaux s’accompagne de symptômes appartenant au

domaine des addictions et de la perte de contrôle. L’utilisation du terme « addiction » est parfois

contestée dans le contexte des médias sociaux car certains auteurs considèrent que l’utilisation

de ce terme dans ce contexte pourrait diminuer la sévérité des troubles psychiatriques

traditionnels (Carbonell & Panova, 2017 ; Sun & Zhang, 2021). L’addiction aux médias sociaux

est généralement associée à une réduction de la productivité de l’individu, à des relations

sociales instables et à une diminution de la satisfaction de vie (Sun & Zhang, 2021).

Dans une revue de la littérature récente dédiée aux théories liées à l’addiction aux médias

sociaux, 25 théories différentes sont répertoriées (Sun & Zhang, 2021). Ces 25 théories sont

classées en 8 catégories : la perspective des différences dispositionnelles, la perspective

motivationnelle, la perspective neurobiologique, la perspective de la prise de décision, la

perspective de l’apprentissage, la perspective centrée sur l’utilisation des technologies, les

théories centrées sur les réseaux sociaux et les modèles spécifiques à internet.

La perspective des différences dispositionnelles repose sur l’hypothèse selon laquelle les

individus ayant certaines dispositions auraient davantage de risque de développer des

comportements addictifs. Les dispositions les plus mises en avant dans la littérature sont les

différents styles d’attachement. Ainsi, l’attachement anxieux a tendance à être positivement

associé à l’utilisation problématique des médias sociaux. La perspective motivationnelle repose

sur l’idée que l’utilisation des médias sociaux est guidée par certaines motivations et certains

37
besoins psychologiques. La théorie des usages et des gratifications fait par exemple partie de

cette perspective. Les individus qui utilisent les médias sociaux essentiellement dans le but

d’obtenir des informations (Balakrishnan & Griffiths, 2017), pour se divertir (Klobas et al.,

2018a) ou encore pour se présenter soi-même (Kircaburun et al., 2018) sont à risque de

développer une utilisation addictive de ces plateformes. Selon la perspective neurobiologique,

les comportements addictifs sont associés à des changements d’activités neurobiologiques. Par

exemple, la théorie de la sensibilisation du circuit de la récompense stipule que la répétition

d’expositions à un stimulus agréable, comme le fait de passer du temps sur les médias sociaux,

mène à une hypersensibilisation du système de récompense qui engendre une saillance

incitative envers des signaux liés à l’utilisation de ces plateformes (Turel, 2015). La perspective

de la prise de décision est l’idée qu’un individu s’engage dans un comportement après avoir

évalué les bénéfices et les coûts de ce comportement. Cependant, cette évaluation peut reposer

sur des perceptions biaisées comme par exemple le fait de surévaluer les bénéfices de

l’utilisation des médias sociaux. Dans la perspective d’apprentissage, l’addiction aux médias

sociaux est considérée comme un comportement appris par répétition qui se renforce du fait

d’expériences positives. La perspective centrée sur l’utilisation des technologies suggère que

les médias sociaux peuvent être considérés de différentes manières selon le contexte. Par

exemple, les médias sociaux peuvent à la fois être considérés comme un stresseur et comme un

moyen de faire face au stress, selon les différentes fonctionnalités de la plateforme. Le fait

qu’un individu considère les médias sociaux à la fois comme un stresseur et comme un moyen

de faire face au stress est supposé favoriser le développement de comportements addictifs

(Trafadar et al., 2020). Les théories centrées sur les réseaux sociaux font l’hypothèse que les

liens sociaux que les individus établissent en ligne, et qui leur apportent du soutien, peuvent

engendrer une utilisation problématique des médias sociaux. Enfin, il y a les modèles

spécifiques à internet qui décrivent comment une addiction à internet de manière générale peut

38
se développer. Parmi ces modèles, il y a notamment le modèle de Davis (2001) et le modèle de

Caplan (2003) qui constitue un prolongement du modèle de Davis. Le modèle de Davis souligne

l’existence de vulnérabilités chez l’individu (dépression ou anxiété sociale par exemple) et de

renforçateurs issus de l’expérience d’utilisation d’internet des individus (certains sons, le

contact avec le clavier par exemple) qui favorisent le développement de cognitions inadaptés

qui engendrent un comportement addictif. Dans son modèle d’addiction à internet, Caplan

(2003) souligne en particulier les rôles de facteurs de vulnérabilité que jouent la présence de

problèmes psychosociaux (comme la déficience de compétences sociales ou l’anxiété sociale)

et la préférence pour les interactions sociales en ligne des individus.

3.3.2 Relations parasociales et addiction aux médias sociaux

Suite à une revue de la littérature présentée dans l’article 4 au sein de la partie « Contribution

empirique » de ce travail de thèse, 24 articles explorant l’association entre l’utilisation des

médias sociaux et au moins un phénomène parasocial ont été identifiés. Parmi ces 24 articles,

seulement 5 s’intéressent à l’association entre l’utilisation problématique des médias sociaux et

un phénomène parasocial (Baek et al., 2013 ; de Bérail et al., 2019 ; Wan & Wu, 2020 ; Vally

et al., 2021 ; Zsila et al., 2021). Ces cinq articles présentent tous une association positive entre

addiction aux médias sociaux et phénomènes parasociaux.

Baek et al. (2013) argumentent que l’addiction aux réseaux sociaux est liée à la dépendance des

individus aux relations établies en ligne, que ces relations soient sociales ou parasociales. Selon

eux, les individus qui ont tendance à dépendre davantage des relations parasociales sur les

médias sociaux rechercheraient à s’échapper de leurs relations amicales. Vally et al. (2021) et

Zsila et al. (2021) considèrent les formes extrêmes de relations parasociales comme

pathologiques et associent donc l’addiction à internet de manière générale avec ces relations

sur le principe que l’addiction à internet a tendance à être associée avec des psychopathologies.

Wan et Wu (2020) montrent que les relations parasociales établies avec des streamers (des

39
figures médiatisées qui diffusent du contenu vidéo en direct sur des plateformes comme Twitch

par exemple), à travers le plaisir que les individus ont à les regarder, constituent le principal

facteur de développement de l’addiction au média social. Enfin, dans notre premier article (de

Bérail et al., 2019), les résultats de l’étude soutiennent l’hypothèse que les relations parasociales

avec les YouTubers constituent un renforçateur de l’addiction à YouTube.

3.4 L’environnement de YouTube

3.4.1 Viewers et YouTubers

Selon la plateforme, plus de deux milliards de personnes consultent YouTube chaque mois

(YouTube, 2022). En France, en juin 2022, YouTube est la deuxième plateforme la plus visitée,

devant Facebook et derrière Google, avec plus de 48 millions d’utilisateurs uniques durant ce

mois (Médiamétrie, 2022b). Cela fait donc de YouTube le média social avec le plus

d’utilisateurs actifs en France en juin 2022. YouTube, créé en 2005, héberge des vidéos à la

demande postées par ses utilisateurs. Il s’agit de sa fonctionnalité la plus connue ce qui fait de

YouTube en premier lieu une plateforme en ligne de vidéos à la demande. Depuis sa création,

YouTube crée et propose régulièrement de nouvelles fonctionnalités. Par exemple, en 2011

YouTube crée YouTube Live qui permet de diffuser du contenu vidéo en direct et depuis 2020

YouTube a lancé YouTube Shorts qui permet de poster des vidéos en ligne n’excédant pas 60

secondes.

Il existe deux façons d’utiliser la plateforme YouTube : soit pour partager du contenu, soit pour

visionner du contenu. Ces deux formes d’utilisation ne sont pas exclusives l’une de l’autre. De

ces deux formes d’utilisation découlent deux grands types d’utilisateurs individuels de la

plateforme : les YouTubers et les viewers. Les YouTubers sont des créateurs de contenus

indépendants. Ce sont des individus ou des groupes d’individus qui créent des vidéos et les

mettent en ligne sur la plateforme YouTube. Il existe d’autres types de créateurs de contenus,

40
comme des institutions (e.g. Organisation Mondiale de la Santé), des chaînes d’informations

télévisuelles ou radios ou encore des entreprises privées. En France, le YouTuber avec le plus

d’abonnés est Squeezie avec plus de 17 millions d’abonnés (Social Blade, 2022). Tous les

YouTubers sont également des viewers, c’est à dire qu’ils regardent les vidéos postés par

d’autres utilisateurs de la plateforme. Par contre, la grande majorité des viewers ne sont pas des

YouTubers. Les viewers ont donc une utilisation plus passive de la plateforme. La principale

utilité de la plateforme pour les viewers est d’accéder aux contenus postés par les créateurs. Les

viewers, lorsqu’ils sont connectés à leur compte YouTube (qui est un compte Google), peuvent

évaluer les vidéos et poster des commentaires. Lorsqu’ils ne sont pas connectés à leur compte,

les viewers peuvent tout de même regarder la majorité des vidéos de la plateforme (seules les

vidéos ayant été identifiées comme présentant des contenus sensibles nécessitent, pour être

visionnées, d’être connecté au compte d’une personne majeure).

3.4.2 Un média social parmi d’autres

Les médias sociaux peuvent être définis comme un groupe d'applications ou de plateformes en

ligne qui reposent sur les fondements idéologiques et technologiques du Web 2.0, aussi appelé

Web participatif, et qui permettent la création et l'échange de contenus générés par les

utilisateurs (Kaplan & Haenlein, 2010). Facebook, Twitter, TikTok ou encore YouTube

correspondent donc à cette définition. Dans l’univers des médias sociaux, il existe différents

types de plateformes. Kaplan et Haenlein (2010) définissent six catégories de médias sociaux :

les réseaux sociaux, les blogs, les communautés de contenus, les projets collaboratifs, les

mondes virtuels ludiques et les mondes virtuels sociaux. Le premier type de média social est le

réseau social. Les réseaux sociaux sont des applications qui permettent aux utilisateurs de se

connecter en créant un profil individuel, d’inviter d’autres utilisateurs à accéder à son profil et

de s’envoyer des messages entre utilisateurs. Facebook est un exemple de réseau social. Un

autre type de média social est le blog. Un blog est une plateforme qui permet de mettre en ligne,

41
le plus habituellement de manière chronologique, différents types de contenus. La plupart des

blogs sont générés par un seul utilisateur et permettent des échanges entre utilisateurs à travers

la section des commentaires. Les communautés de contenus sont des plateformes dont l’objectif

principal est de partager du contenu entre utilisateurs. YouTube est un exemple de média social

de cette catégorie. Les projets collaboratifs permettent aux utilisateurs de créer collectivement

du contenu. L’exemple le plus connu de ce type de plateforme est Wikipedia, l’encyclopédie

en ligne où chaque utilisateur peut participer à la modification et à la création des différentes

entrées de l’encyclopédie. Les mondes virtuels ludiques sont des univers virtuels où les

utilisateurs se retrouvent pour jouer ensemble, selon les règles du jeu en question. Un exemple

d’un tel jeu est « World of Warcraft ». Le joueur crée un avatar et peut interagir avec les avatars

des autres joueurs. Les mondes virtuels sociaux diffèrent des mondes virtuels ludiques en ce

sens que ces mondes comportent moins de règles qui régissent les interactions entre utilisateurs.

Les utilisateurs ont davantage de liberté pour créer leur avatar et interagir avec les autres

utilisateurs. Un exemple de monde virtuel social est Second Life. Les utilisateurs de Second

Life peuvent créer différents types de contenus (comme par exemple des vêtements virtuels),

échanger librement avec d’autres utilisateurs ou encore échanger du contenu ou des services

contre une monnaie virtuelle, le Linden Dollars (1 euro équivaut environ à 326 Linden Dollars).

Kaplan et Haenlein (2010) différencient ces six catégories selon deux variables : 1) le niveau

de présence sociale et de richesse médiatique et 2) le niveau de présentation de soi et de

révélation de soi. La présence sociale est le fait de se sentir en présence d’autres personnes. Ce

sentiment est influencé par la synchronicité et l’aspect interpersonnel des échanges. Par

exemple, plus un média permet un échange simultané entre les utilisateurs et des échanges en

face-à-face, avec des avatars par exemple, plus le sentiment de présence sociale est important.

Associée à la notion de présence sociale, la notion de richesse médiatique correspond à la

quantité d’information qu’un média autorise dans un certain intervalle de temps. L’autre

42
variable est le niveau de présentation de soi et de révélation de soi. Chaque média permet à ses

utilisateurs un niveau de présentation de soi et de révélation de soi plus ou moins important.

Selon les auteurs, les projets collaboratifs correspondent à un niveau bas à la fois de présence

sociale et de présentation de soi, les blogs correspondent à un niveau de présentation de soi

élevé et un niveau de présence sociale bas, les réseaux sociaux correspondent à un niveau élevé

de présentation de soi et un niveau moyen de présence sociale, les communautés de contenus

correspondent à un niveau bas de présentation de soi et un niveau moyen de présence sociale,

les mondes virtuels ludiques correspondent à un niveau élevé de présence sociale et un niveau

bas de présentation de soi et les mondes virtuels sociaux correspondent à un niveau élevé de

présentation de soi et de présence sociale.

Concernant YouTube, Kaplan et Haenlein (2010), qui catégorisent cette plateforme comme une

communauté de contenus, considèrent donc que le niveau de présence sociale est moyen et le

niveau de présentation de soi et de révélation de soi est faible. Cette catégorisation a donc été

établie en se basant sur l’expérience d’utilisation de la plateforme des viewers plutôt que des

créateurs de contenus comme les YouTubers. Effectivement, les viewers peuvent utiliser la

plateforme sans même être connectés à un compte individuel, rendant faible voire inexistant le

niveau de présentation de soi les concernant. Par contre, les YouTubers ont une présentation de

soi et une révélation de soi qui peuvent être très élevées (Chen et al., 2016 ; Ferchaud et al.,

2018). Le plus notable sur YouTube est finalement l’écart qui peut exister entre un viewer

anonyme et un YouTuber qui peut poster quotidiennement des vidéos sur sa vie. Cette asymétrie

qui existe sur d’autres plateformes, mais est particulièrement marquée sur YouTube, est

probablement une des caractéristiques qui rend YouTube propice au développement de

relations parasociales.

43
3.4.3 Les caractéristiques propices au développement de relations parasociales

YouTube est une plateforme reconnue comme propice au développement de relations

parasociales avec les YouTubers (Ferchaud et al., 2018 ; Hartmann, 2016 ; Rihl & Wegener,

2017). Comme les relations parasociales sont des relations asymétriques, marquées par le

principe de non réciprocité des échanges, les fonctions qui accentuent cette caractéristique

peuvent être considérées comme favorisant le développement de relations parasociales. De plus,

le fait de pouvoir interagir avec la figure médiatisée est supposé renforcer la relation parasociale

(Hartmann, 2016 ; Rihl & Wegener, 2017). Rihl et Wegener (2017) soutiennent que les

utilisateurs qui utilisent les fonctionnalités de YouTube pour interagir avec les YouTubers

(évaluer les vidéos et poster des commentaires) rapportent une relation parasociale plus forte.

De plus, ils remarquent que le fait que les YouTubers répondent directement aux commentaires

des utilisateurs ne semble pas renforcer la relation parasociale. Ils concluent donc que les

relations parasociales avec des YouTubers sont renforcées par le fait d’être actif dans la

communication et par la sensation que les YouTubers les remarquent davantage que par le fait

que les YouTubers les remarquent effectivement. Ainsi, plusieurs éléments propres aux

fonctionnalités d’une plateforme semblent favoriser une relation parasociale :

 Permettre aux utilisateurs de se présenter, de faire de la révélation de soi (de devenir des

figures médiatisées) ;

 Accentuer l’asymétrie entre les utilisateurs qui se présentent (les figures médiatisées) et

les autres utilisateurs ;

 Donner la possibilité de pouvoir interagir avec les figures médiatisées ;

 Donner la sensation de pouvoir être remarqué par les figures médiatisées.

Le fait de pouvoir interagir avec la figure médiatisée et d’avoir la sensation qu’elle nous

remarque, se rapproche davantage du fonctionnement d’une relation sociale réciproque que

d’une relation parasociale non réciproque. Le modèle théorique du développement des relations

44
parasociales (Tukachinsky & Stever, 2019) reflète bien ce paradoxe en identifiant comme

dernière étape de développement d’une relation parasociale la phase où l’individu cherche à

dépasser le cadre d’une relation parasociale pour établir une relation sociale réciproque avec la

figure médiatisée. YouTube, comme d’autres médias sociaux, offrent donc à ses utilisateurs des

outils leur donnant l’illusion de pouvoir établir une réciprocité avec les YouTubers qui, la

grande majorité du temps, n’a pas de réelle possibilité de s’établir concrètement.

45
Partie II : Contribution empirique

46
Présentation article 1

Le modèle d’utilisation problématique d’internet (Davis, 2001) permet de théoriser les liens qui

peuvent exister entre relations parasociales avec les YouTubers et utilisation problématique de

YouTube. D’après ce modèle, les prédicteurs de l’utilisation problématique d’internet sont à la fois

des vulnérabilités individuelles comme en particulier l’anxiété sociale, mais également le produit

de l’expérience de l’utilisateur qui peut renforcer une utilisation problématique. Dans son modèle,

Davis (2001) cite comme exemple des stimuli situationnels, comme le son associé lors d’une

connexion à une plateforme en ligne, ou encore la sensation tactile de l’utilisateur avec le clavier.

Cependant, au-delà de stimuli situationnels, l’expérience de l’utilisation d’une plateforme procure

des sensations aux utilisateurs selon les fonctions de cette plateforme, comme par exemple une

sensation de divertissement, qui peuvent alors agir comme des renforçateurs des comportements

addictifs en ligne (Turel & Serenko, 2012). Etant donné que les relations parasociales sont conçues

comme le produit de l’exposition à une figure médiatisée, et que cette exposition est une fonction

même de la plateforme YouTube (visionner des vidéos), les relations parasociales avec les

YouTubers peuvent être considérées comme un produit de l’utilisation de YouTube. En tant que

produit de l’expérience de l’utilisation de YouTube, les relations parasociales avec les YouTubers

pourraient donc être conçues comme des renforçateurs d’une addiction à la plateforme YouTube.

Afin d’explorer ces liens qui peuvent exister entre l’utilisation de YouTube et les relations

parasociales avec les YouTubers, une enquête en ligne a été mise en place sur la plateforme

Limesurvey. L’enquête a été diffusée auprès de 163 groupes Facebook d’étudiants français et

d’autres nationalités. Les participants devaient avoir 18 ans ou plus pour remplir le questionnaire

47
et les réponses sont restées anonymes. Finalement, 932 participants (558 français et 374

participants d’autres nationalités) ont répondu à l’enquête en ligne.

Dans cette enquête, les principales variables à avoir été mesurées sont l’intensité de la relation

parasociale avec le YouTuber favori, en adaptant la version à 10 items de l’échelle Parasocial

Interaction Scale (PSI Scale) (Rubin et al., 1985) au contexte des YouTubers, l’anxiété sociale des

participants, avec l’échelle de Liebowitz (LSAS) (1987) et l’addiction à YouTube qui a été mesurée

en adaptant les 20 items de l’Internet Addiction Test (IAT) au contexte de YouTube (Young, 1998).

Des régressions linéaires et des équations structurelles ont été menées afin de tester les liens

supposés entre les variables d’intérêt. Finalement, les résultats de l’article montrent que l’anxiété

sociale et les relations parasociales avec les YouTubers sont des prédicteurs positifs de l’addiction

à YouTube. Plus précisément, les relations parasociales jouent le rôle de variable médiatrice entre

l’anxiété sociale et l’addiction à YouTube. De plus, l’anxiété sociale joue également le rôle de

modérateur sur le lien entre relation parasociale et addiction à YouTube. Ces résultats sont

cohérents avec l’approche théorique de l’utilisation problématique d’internet de Davis (2001). De

plus, le fait que l’anxiété sociale soit positivement associée à l’intensité de la relation parasociale

avec le YouTuber favori est également cohérent avec l’hypothèse de compensation parasociale qui

stipule que les personnes avec des difficultés pour établir des relations sociales ont tendance à

développer davantage les relations parasociales. Cette étude permet également d’identifier l’aspect

parasocial d’un réseau comme YouTube, qui, de par son architecture, tient plus du réseau

parasocial que du réseau social. En effet, l’asymétrie structurelle qui existe entre les YouTubers

d’un côté et les viewers de l’autre, rend propice le développement de relations non réciproques.

48
Article 1

The relations between YouTube addiction, social anxiety and

parasocial relationships with YouTubers: A moderated-mediation

model based on a cognitive-behavioral framework

Co-auteurs: Pierre DE BÉRAIL, Marlène GUILLON, Catherine BUNGENER

État: Publié

Nom de la revue: Computers in Human Behaviors

Date de publication : 2019

Référence complète : de Bérail, P., Guillon, M., & Bungener, C. (2019). The relations between
YouTube addiction, social anxiety and parasocial relationships with YouTubers: A moderated-
mediation model based on a cognitive-behavioral framework. Computers in Human Behavior, 99,
190-204. https://doi.org/10.1016/j.chb.2019.05.007

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Présentation article 2

Les résultats du précédent article montrent l’existence de liens entre les caractéristiques des

viewers (l’anxiété sociale notamment) et l’intensité de la relation parasociale avec les

YouTubers. Cependant, dans la littérature concernant les relations parasociales, les

caractéristiques des figures médiatisées (e.g. des YouTubers) sont également supposées

influencer ces relations (Liebers & Schramm, 2019). L’objectif de l’article 2 était donc

d’explorer dans quelle mesure certaines caractéristiques des YouTubers peuvent influencer

l’intensité des relations parasociales qu’établissent les viewers. Pour ce faire, une analyse des

contenus vidéo de YouTubers a été réalisée. A partir de la base de données recueillie pour

l’article 1, un total de 600 viewers français a cité 302 YouTubers favoris différents. Afin, de

rendre réalisable le codage des vidéos, nous avons sélectionné tous les YouTubers mentionnés

par deux participants minimum. Nous avons ainsi un échantillon de 370 viewers et 72

YouTubers. Pour chacun de ces 72 YouTubers, les 5 dernières vidéos mises en ligne au moment

de la passation de l’enquête par les participants ont été retenues pour l’analyse de contenu. Ces

cinq vidéos sont supposées être représentatives du style de contenu des YouTubers au moment

de l’étude. Ainsi, 360 vidéos de YouTubers ont été visionnées et codées pour cette étude, soit

environ 90 heures de vidéos. Les variables codées sont le niveau de révélation de soi des

YouTubers (évaluatif et factuel), le niveau de présence physique des YouTubers et le niveau de

contenu fictif de la vidéo. Le niveau de révélation de soi correspond à la quantité d’information

transmise par les YouTubers concernant des faits personnels (révélation de soi factuelle) ou des

jugements, des opinions ou des émotions (révélation de soi évaluative). Le niveau de présence

physique correspond à la fréquence à laquelle les YouTubers sont physiquement présents lors

de leurs vidéos. Le niveau de contenu fictif correspond à la quantité de moments au cours

desquels les YouTubers proposent un contenu fictif (comme lorsque les YouTubers jouent un

rôle tels des acteurs). Lors de cette étude, le concept de relation parasociale a été étudié de

65
manière multidimensionnelle. Trois dimensions ont été distinguées : le désir de processus

parasociaux, le sentiment d’intimité et le sentiment d’attraction envers la figure médiatisée.

Des équations structurelles ont été réalisées sur les données afin de tester les liens entre les

caractéristiques des YouTubers, des viewers, l’intensité des dimensions de la relation

parasociale et l’addiction à YouTube. Les résultats de cette étude montrent que la révélation de

soi évaluative des YouTubers est positivement associée au sentiment d’intimité avec le

YouTuber favori. Plus le YouTuber livre des informations sur ses pensées, ses opinions et ses

émotions, plus le viewer aura tendance à développer un sentiment d’intimité avec lui, à avoir

l’impression d’être en présence d’un ami. L’anxiété sociale des viewers est positivement

associée au désir de processus parasociaux et au sentiment d’intimité, tandis que la dimension

d’évitement de l’attachement est négativement associée au sentiment d’attraction. Concernant

ce dernier résultat, plus un individu est évitant moins il aura tendance à vouloir passer d’une

relation parasociale à une relation sociale, c'est-à-dire à rencontrer son YouTuber favori.

De plus, parmi les trois dimensions de la relation parasociale identifiées, seule la dimension du

désir de processus parasociaux est positivement associée à l’addiction à YouTube. Plus le

viewer a le désir de faire l’expérience de processus parasociaux, plus l’addiction à la plateforme

est importante. Enfin, il peut être noté que le sentiment d’attraction avec la figure médiatisée

est négativement associé à l’addiction à YouTube. Plus un viewer souhaite dépasser la relation

parasociale pour établir une relation plus réciproque, moins l’utilisation qu’il fait de la

plateforme YouTube serait problématique.

Cette étude souligne l’intérêt de prendre en compte à la fois les caractéristiques des viewers

mais également des YouTubers lors de l’étude des relations parasociales dans ce contexte. En

particulier, la révélation de soi faite par les YouTubers semble pouvoir influencer l’intensité de

la relation parasociale établie par les viewers.

66
Article 2

Parasocial relationships and YouTube addiction:

The role of viewer and YouTuber video characteristics

Co-auteurs: Pierre DE BÉRAIL, Catherine BUNGENER

État: Publié

Nom de la revue: Psychology of language and communication

Date de publication : 2022

Référence complète : de Bérail, P., & Bungener, C. (2022). Parasocial relationships and
YouTube addiction: The role of viewer and YouTuber video characteristics. Psychology of
Language and Communication, 26(1), 169-206. https://doi.org/10.2478/plc-2022-0009

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Présentation article 3

L’année 2020 a marqué le début de la pandémie de Covid-19. Au fur et à mesure, les

gouvernements et les organisations sanitaires ont communiqué sur les précautions à prendre

vis-à-vis du virus et ont appliqué des mesures pour tenter d’endiguer la pandémie. En France,

le premier confinement a débuté le 18 mars 2020. En parallèle des sources d’information

officielles comme le gouvernement, les experts médicaux ou encore les journalistes, les

célébrités des médias sociaux, dont les YouTubers font partie, parfois également appelés

influenceurs, ont relayé des informations concernant la Covid-19 et les différentes mesures aux

utilisateurs des médias sociaux. Certains gouvernements, comme les gouvernements Finlandais

et Britannique, ont officiellement enrôlé des influenceurs dans leurs campagnes de

communication afin de toucher une audience plus jeune que par les canaux de communication

traditionnels (Abidin et al., 2021). Les YouTubers et autres influenceurs sont connus pour

influencer les comportements des personnes qui les suivent à travers les relations parasociales

qui s’établissent avec eux (Ferchaud et al., 2018). Les relations parasociales permettent de faire

la promotion de certains produits de consommation (Munnuka et al., 2019 ; Sokolova & Kelfi,

2020) mais elles permettent également de faire la promotion de comportements de santé (Brown

& Basil, 2010 ; Sakib et al., 2020). Les relations parasociales s’accompagnent d’un sentiment

de confiance envers la figure médiatisée qui permet de relayer des informations à l’audience de

la figure médiatisée (Sherman-Morris, 2005).

Cette étude avait pour objectif d’explorer le rôle des YouTubers dans la communication sur les

bénéfices du confinement en France ainsi que le lien qui peut exister entre intensité de la relation

parasociale avec le YouTuber favori et confiance dans les informations communiquées par ce

YouTuber. Le recueil de données s’est déroulé en ligne en mai 2020, pendant le premier

confinement en France. Un total de 596 participants français a répondu à un questionnaire en

ligne leur demandant d’évaluer, entre autres variables, leur confiance envers des informations

106
provenant de différentes sources (gouvernement, journalistes, famille, YouTubers…). Parmi

ces 596 participants, 251 ont déclaré avoir un YouTuber favori. Des tests de rang de Wilcoxon

ont été réalisés pour comparer la confiance envers ces différentes sources d’information. Des

régressions ordinales ont été réalisées pour tester le lien entre intensité de la relation parasociale

et confiance envers le YouTuber favori. Enfin, des régressions logistiques ont été menées pour

tester dans quelle mesure le fait d’avoir reçu des informations sur les bénéfices du confinement

de la part de son YouTuber favori est associé à la perception de l’utilité du confinement.

Les résultats de cette étude montrent que le YouTuber favori est une source d’information de

confiance puisque c’est la deuxième source d’information dans laquelle les participants ont le

plus confiance après les experts médicaux pour des informations en général. Dans le cas

d’informations de santé, comme c’est le cas pour les informations concernant les bénéfices du

confinement, les YouTubers favoris sont au même niveau que les journalistes, derrières les

experts médicaux et le gouvernement. Les résultats de l’étude montrent également que

l’intensité de la relation parasociale est un prédicteur de la confiance accordée au YouTuer

favori concernant des informations en général ainsi que des informations concernant les

bénéfices du confinement. Enfin, les régressions logistiques montrent que le fait d’avoir reçu

des informations sur le confinement jugées dignes de confiance de la part de son YouTuber

favori est associé positivement à la perception de l’utilité des mesures de confinement.

Cette étude s’inscrit ainsi à la fois dans la littérature sur les relations parasociales en soulignant

le lien entre confiance et relations parasociales, mais également dans la communication en

matière de santé en mettant en avant le potentiel d’impact des messages des YouTubers dans

ce domaine.

107
Article 3

Favorite YouTubers as a source of health information during

quarantine: viewers trust their favorite YouTubers with health

information

Co-auteurs: Pierre DE BÉRAIL, Catherine BUNGENER

État: Publié

Nom de la revue: Social Network Analysis and Mining

Date de publication : 2022

Référence complète : de Bérail, P., & Bungener, C. (2022). Favorite YouTubers as a source
of health information during quarantine: viewers trust their favorite YouTubers with health
information. Social Network Analysis and Mining, 12(1), 1-16. https://doi.org/10.1007/s13278-
022-00925-5. Reproduced with permission from Springer Nature.

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Présentation article 4

L’utilisation des médias sociaux devient de plus en plus présente dans le quotidien de toutes les

classes d’âge, et en particulier chez les jeunes (Anderson & Jiang, 2018 ; Pew Research Center,

2021). Certaines fonctionnalités des médias sociaux favorisent des interactions non réciproques

ou faiblement réciproques qui engendrent des relations parasociales (Stever & Lawson, 2013).

Ces plateformes permettent de maintenir ou de prolonger ces liens avec les célébrités. De plus,

comme les relations parasociales sont théoriquement supposées répondre au besoin

d’appartenance des individus (Hartmann, 2016), à travers les relations parasociales, l’utilisation

des médias sociaux permettraient donc de satisfaire ce besoin social, ce qui pourrait rendre

l’utilisation de ces plateformes addictives chez certains individus.

L’objectif de cette étude est de faire le point sur la littérature existante traitant du lien entre

utilisation des médias sociaux et phénomènes parasociaux. Compte tenu du faible nombre

d’articles traitant du sujet et de l’objectif de l’étude qui est également de clarifier les concepts

clefs de la littérature, la méthodologie d’une « scoping review » a été retenue. Une recherche

systématique comprenant des mots clefs concernant les médias sociaux, les phénomènes

parasociaux et des termes correspondant à l’utilisation, a été menée dans quatre bases de

données (PsychINFO, PubMed, Scopus, Web of Science). Un total de 383 documents a été

extrait en premier lieu. Après suppression des doublons et des documents n’étant pas des

articles publiés, les abstracts de 208 articles ont été examinés. Seulement 53 abstracts d’articles

ont été retenus après examen pour une lecture approfondie de l’article pour s’assurer qu’ils

traitent bien du lien entre utilisation des médias sociaux et phénomènes parasociaux.

Finalement, seulement 24 articles ont été conservés après lecture approfondie, dont deux

articles cités dans d’autres articles retenus et qui n’étaient pas apparus dans la recherche initiale.

Les résultats de cette revue de la littérature soulignent en premier lieu le caractère récent de ce

sujet de recherche. Le plus ancien article de cette revue date de 2013 et 9 des 24 articles ont été

125
publiés entre 2020 et 2021. Elle montre également une certaine concentration géographique des

études avec plus de la moitié des études sur le sujet qui ciblent des populations provenant de

pays asiatiques (n=13). Concernant la clarification des termes, il apparait que de nombreux

articles, utilisent de manière incorrecte le terme d’interaction parasociale (n=10), l’utilisant

pour décrire des relations parasociales. Cette étude est par conséquent une occasion

supplémentaire de redéfinir ces termes et encourage les futures études sur le sujet à prêter

attention à ces définitions. Concernant l’association entre phénomènes parasociaux et utilisation

des médias sociaux, 23 des 24 études rapportent une association positive entre ces variables.

Ces résultats soutiennent l’idée que plus une relation parasociale se développe, plus l’individu

va utiliser les médias sociaux pour rechercher des interactions parasociales avec la figure

médiatisée. Les cinq études traitant de l’utilisation problématique des médias sociaux

rapportent toutes un lien positif entre addiction aux médias sociaux et phénomènes parasociaux.

Ces résultats sont en accord avec l’hypothèse selon laquelle les relations parasociales satisfont

un besoin fondamental humain, le besoin d’appartenance, et par conséquent sont susceptibles

de générer des comportements addictifs chez certains individus. Un individu qui utiliserait les

médias sociaux pour combler ce besoin d’appartenance serait à risque de développer des

comportements addictifs envers ces plateformes.

Cette étude conclut ainsi sur l’intérêt pour les futures études de diversifier les zones

géographiques d’où proviennent les participants afin de mieux généraliser les résultats mais

également de prêter davantage attention aux définitions des phénomènes parasociaux étudiés.

Il semble également intéressant que de futures études se penchent sur les fonctionnalités propres

à chaque média social pour identifier l’impact de ces fonctionnalités différentes sur le

développement des relations parasociales.

126
Article 4

Associations of parasocial phenomena with social media use:

a scoping review

Élément sous droit, diffusion non autorisée

127
Présentation article 5

Le concept de relation parasociale a été défini comme un concept unidimensionnel mais

également multidimensionnel (Giles, 2002). De fait, l’analyse des items du questionnaire le

plus utilisé pour mesurer ce concept, le questionnaire PSI-Scale (Rubin, Perse, & Powell, 1985),

révèle des groupes d’items faisant référence à des dimensions distinctes de la relation

parasociale : le désir de s’engager dans des processus parasociaux avec le YouTuber préféré, le

sentiment d’intimité avec le YouTuber préféré et le sentiment d’attraction envers le YouTuber

préféré (de Bérail & Bungener, 2022a). Les dimensions identifiées sont néanmoins dépendantes

des items du questionnaire utilisé. Une étude basée sur des questions à réponses ouvertes et des

entretiens permettrait d’explorer plus librement la relation qui s’établit entre les viewers et les

YouTubers et ainsi, éventuellement, d’identifier de nouvelles dimensions de cette relation.

Le premier objectif de cette recherche est d’identifier les thèmes qui définissent la nature de la

relation parasociale entre les viewers et les YouTubers. Le second objectif de cette recherche

est d’explorer les différences de thématiques définissant la nature de cette relation entre viewers

en fonction de variables socio-démographiques (âge, sexe, temps passé sur YouTube en une

semaine) et de variables psychologiques (niveau d’anxiété sociale, niveau d’addiction à

YouTube et intensité de la relation parasociale).

Une telle analyse permettrait de mieux comprendre les relations parasociales dans le contexte

de YouTube en identifiant différentes dimensions à ce concept. Cette recherche pourra

éventuellement constituer la première étape de la constitution d’un questionnaire

multidimensionnel permettant d’évaluer l’intensité de la relation parasociale avec un créateur

de contenu sur les médias sociaux.

Le protocole pour cette recherche a été validé par le Comité d’ Éthique de la Recherche (CER)

(cf. annexe 5). Le recueil des données s’est effectué en ligne et compte 106 participants ayant

156
répondu à l’ensemble des items. Le questionnaire en ligne comporte trois questions à réponses

ouvertes, des questions socio-démographiques et trois questionnaires permettant de mesurer le

niveau d’anxiété sociale (Liebowitz, 1987 ; LSAS), le niveau d’addiction à la plateforme

(Young, 1998 ; IAT) et l’intensité de la relation parasociale (Rubin, Perse, & Powell, 1985 ;

PSI-Scale). L’analyse thématique a été retenue comme méthode d’analyse des contenus des

trois questions ouvertes à réponses libres de cette première étude. Des entretiens semi-directifs

en visio avec cinq participants ont également pu avoir lieu. Les analyses des questions à

réponses ouvertes et des entretiens semi-directifs sont prévues pour l’année 2023.

157
Partie III : Discussion générale

158
1. Synthèse des objectifs de la thèse et des orientations des articles

Ce travail de thèse étudie les relations parasociales établies par les viewers avec les YouTubers.

A travers quatre articles, les objectifs de cette thèse sont :

1) Identifier le rôle des relations parasociales dans l’addiction à YouTube ;

2) Explorer les déterminants de l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers ;

3) Evaluer le lien entre l’intensité des relations parasociales avec les YouTubers et le

niveau de confiance accordé aux YouTubers dans le contexte du premier confinement ;

4) Faire l’état des lieux des connaissances concernant le lien entre relations parasociales et

utilisation des médias sociaux.

Le premier article montre le rôle de renforçateur des relations parasociales avec les YouTubers

sur l’addiction à YouTube. En se basant sur une approche cognitive et comportementale, cet

article, qui inclut 932 participants internationaux, décrit les liens entre relations parasociales

avec le YouTuber favori, anxiété sociale du viewer et niveau d’addiction à YouTube. Le

deuxième article explore le caractère multidimensionnel de la relation parasociale avec un

YouTuber. De plus, à travers des données issues de l’analyse du contenu de 360 vidéos de

YouTubers et des réponses à un questionnaire en ligne de 370 participants français, cet article

montre l’influence de la révélation de soi des YouTubers sur les relations parasociales établies

par les viewers. Le troisième article s’intéresse au lien entre la confiance accordée au

YouTubers et l’intensité des relations parasociales établies avec eux. Un total de 596 adultes

français a participé à cette étude en ligne lors du premier confinement en France au printemps

2020. Les résultats montrent que plus la relation parasociale est intense avec un YouTuber, plus

le niveau de confiance accordé à cette figure médiatisée est important. Le dernier article

consiste en une revue de la littérature sur le thème du lien entre l’utilisation des médias sociaux

et les phénomènes parasociaux.

159
2. Le rôle des relations parasociales dans l’addiction à YouTube

Les résultats des deux premiers articles (de Bérail et al., 2019 ; de Bérail & Bungener, 2022a)

apportent des éléments pour définir le rôle que peuvent jouer les relations parasociales dans

l’addiction à YouTube. Les relations parasociales avec des YouTubers se développent

essentiellement au fur et à mesure d’interactions parasociales sur YouTube. L’utilisation de la

plateforme YouTube est ainsi associée au développement des relations parasociales avec des

YouTubers. L’addiction à YouTube peut se définir comme une utilisation importante de

YouTube accompagnée de préoccupations en lien avec la plateforme, d’une incapacité à limiter

cette utilisation et de conséquences négatives sur la vie de l’individu, telles qu’une productivité

réduite ou un isolement social (Klobas et al., 2018a). Cependant cette définition ne permet pas

de savoir réellement à quoi l’individu est dépendant au-delà de la plateforme elle-même, c’est-

à-dire quelle sont ses motivations pour utiliser cette plateforme. Trois motivations différentes

pour utiliser YouTube ont été identifiées dans la littérature (Klobas et al., 2018a) : le fait de

s’informer, le fait de se divertir et le fait de répondre à un besoin social. L’établissement et le

maintien de relations parasociales avec les YouTubers peut constituer pour certaines personnes

un moyen de satisfaire un besoin social, le besoin d’appartenance. Les résultats du premier

article (de Bérail et al., 2019) montrent que l’intensité des relations parasociales avec le

YouTuber favori influence positivement l’intensité de l’addiction à la plateforme. Plus

précisément, les relations parasociales influencent directement l’addiction à YouTube mais sont

également une variable médiatrice du lien entre l’anxiété sociale des viewers et l’addiction à

YouTube. L’influence de l’anxiété sociale sur l’addiction à YouTube est en partie due au fait

que plus une personne présente un niveau d’anxiété sociale élevé, plus elle a tendance à

développer une relation parasociale intense, ce qui en retour contribue à augmenter le niveau

d’addiction à YouTube. De plus, les résultats montrent également que l’anxiété sociale est une

variable modératrice du lien entre la relation parasociale et l’addiction à YouTube. Plus

160
l’anxiété sociale d’un individu est élevée, plus le lien entre relation parasociale et addiction à

YouTube est fort. En termes théoriques, il est possible d’expliquer ce résultat en faisant

l’hypothèse que les relations parasociales répondent davantage à un besoin pour les personnes

ayant de l’anxiété sociale. L’hypothèse de compensation parasociale stipule d’ailleurs que les

personnes avec des difficultés à établir des relations sociales ont tendance à développer

davantage de relations parasociales. Ces personnes auraient donc tendance à dépendre

davantage des relations parasociales pour combler leur besoin d’appartenance que d’autres

individus. Plus un comportement répond à un besoin, plus il est susceptible de devenir addictif

(Griffiths, 1997), ce qui peut expliquer pourquoi l’anxiété sociale modère le lien entre la relation

parasociale et l’addiction à YouTube. Les résultats du deuxième article (de Bérail & Bungener,

2022a) montrent plus précisément que seul le désir de processus parasociaux est associé

positivement au niveau d’addiction à YouTube. La plateforme YouTube constitue un outil

permettant de faire l’expérience de processus parasociaux. Par conséquent, ce désir de

processus parasociaux est logiquement associé à l’utilisation de la plateforme. A travers le

besoin social qu’elles aident à satisfaire, les relations parasociales avec des YouTubers

apparaissent donc comme un des facteurs pouvant renforcer une addiction à YouTube, parmi

d’autres comme le désir de se divertir ou de s’informer (Klobas et al., 2018a). D’autres

dimensions de la relation parasociale, comme le sentiment d’intimité ou le sentiment

d’attraction, ne sont pas associées positivement à l’addiction à YouTube. Les relations

parasociales ne sont pas addictives en dehors de tout contexte, et il est possible de développer

un sentiment d’intimité fort envers un YouTuber sans pour autant développer une addiction à

la plateforme. Cependant, lorsque l’environnement d’un individu fait qu’il dépend de plus en

plus des relations parasociales pour répondre à son besoin d’appartenance, le risque d’une

addiction aux plateformes lui permettant d’entretenir ces relations parasociales augmente. Il est

également important de souligner le rôle des fonctionnalités de la plateforme elle-même dans

161
le développement d’une addiction, en particulier les fonctionnalités qui permettent un

visionnage et une recherche de vidéo illimités (Montag et al., 2019). Par exemple, sur YouTube,

par défaut, lorsqu’une vidéo se termine, une nouvelle vidéo sélectionnée selon les préférences

de l’utilisateur est automatiquement lancée après huit secondes. Le fait d’arrêter l’utilisation de

YouTube demande donc une action de la part de l’utilisateur, la passivité entrainant une

poursuite de l’utilisation. Cette fonctionnalité entraîne donc par défaut la poursuite de

l’utilisation de YouTube et rend par conséquent plus difficile le contrôle de son temps

d’utilisation de la plateforme. YouTube est aussi connu pour proposer des vidéos de manière

illimitée sur une même page. Il est possible de faire défiler indéfiniment une page YouTube

pour avoir accès à toujours plus de vidéos proposées par la plateforme, en fonction de ce qu’elle

a identifié de nos préférences à partir notre historique de visionnage. Ces fonctionnalités sont

dites addictives car elles encouragent une utilisation extensive des plateformes sur lesquelles

elles sont présentes. Ces fonctionnalités potentialisent d’autant plus le développement

d’addictions aux plateformes lorsqu’elles sont combinées avec une motivation personnelle

forte, comme par exemple le développement de relations parasociales pour combler un besoin

d’appartenance chez certains individus.

La figure B synthétise les relations entre besoin d’appartenance, relations parasociales et

addiction à un média. Les chiffres indiqués sur la figure correspondent aux explications

associées aux chiffres dans le texte ci-après. Cette figure montre en premier lieu le lien entre

relations parasociales et interactions parasociales.

1) Plus une relation parasociale s’intensifie, plus l’individu a l’envie de faire l’expérience

d’interactions parasociales.

2) Plus l’individu vit des interactions parasociales positives avec la figure médiatisée, plus sa

relation parasociale avec cette figure s’intensifie.

162
3) Le fait de vivre des interactions parasociales implique l’utilisation d’un média. Ainsi, plus

l’individu souhaite vivre des interactions parasociales, plus il utilise le ou les médias lui

permettant de vivre ces interactions.

4) L’anxiété sociale agit comme un facteur de vulnérabilité. Les individus avec un fort niveau

d’anxiété sociale sont plus à risque de développer une addiction à un média et

5) vont avoir tendance à dépendre davantage des relations parasociales pour satisfaire leur

besoin d’appartenance.

6) Finalement, plus les relations parasociales avec des figures médiatisées satisfont le besoin

d’appartenance, plus le risque d’addiction au média qui permet de maintenir ces relations

parasociales est important.

Figure B. Relations entre besoin d’appartenance, relations parasociales et addiction à un média

163
3. Relation parasociale et confiance dans les figures médiatiques

Les résultats du troisième article (de Bérail & Bungener, 2022b) de cette thèse montrent une

association positive entre la confiance envers le YouTuber favori et l’intensité de la relation

parasociale avec ce YouTuber. Plus la relation parasociale d’un individu est forte avec une

personnalité médiatisée, plus cet individu aura tendance à faire confiance aux informations

communiquées par cette personnalité. Cette notion a largement étudiée dans le champ du

marketing (e.g. Munnukka et al., 2019 ; Sokolova & Kefi, 2020). Les YouTubers et autres

influenceurs sont connus pour avoir le pouvoir de faire la promotion de certains produits et de

certaines marques, encourageant ainsi leur audience à consommer ces produits. L’article 3 (de

Bérail & Bungener, 2022b) montre que la confiance envers le YouTuber concerne à la fois des

informations générales mais également des informations spécifiques ayant trait au domaine de

la santé. Dans le cadre de l’étude, il s’agit des bénéfices des mesures de confinement. Ces

résultats sont en lien avec la littérature sur l’association entre relations parasociales et

comportements de santé (e.g. Brown & Basil, 2010 ; Sakib et al., 2020). Les figures médiatisées

sont également connues pour sensibiliser leur audience sur certaines problématiques en santé

ou pour promouvoir des comportements de santé. Avec la pandémie de Covid-19, le manque

de contacts en face-à-face et le développement des interactions médiatisées ont entrainé une

intensification des relations parasociales avec les figures médiatisées sur les médias sociaux,

comme les YouTubers (Bond, 2022). Dans la mesure où confiance et relation parasociale

semblent liées, en prenant davantage d’importance, les relations parasociales augmentent la

confiance que l’on accorde à ces figures médiatisées. La confiance est nécessaire pour qu’une

information soit efficace, notamment en matière de santé (Thiede, 2005). Sans confiance,

l’information n’est pas crue et, par conséquent, elle n’est pas prise en compte par l’individu.

Au-delà du simple fait d’apprécier ces figures médiatisées, la confiance qui leur est accordée

leur donne donc un potentiel de vecteur d’information de tout type. Pendant la pandémie de

164
Covid-19, plusieurs états, comme la Grande-Bretagne ou encore la Finlande, ont officiellement

mobilisé leurs influenceurs (Abidin et al., 2021). En France, bien que le gouvernement n’ait pas

communiqué ouvertement sur le fait d’avoir rémunéré des influenceurs pour qu’ils diffusent

des messages, plusieurs médias d’information rapportent un fort rapprochement entre le

gouvernement et les YouTubers et autres influenceurs (Fresard, 2022 ; Pougin, 2021), tandis

qu’un autre article soutient que le gouvernement aurait directement rémunéré des influenceurs

pour communiquer sur le Service National Universel (Zafimehy, 2019).

4. YouTube : un réseau parasocial

YouTube est souvent catégorisé comme un média social, et parfois même comme un réseau

social. Un réseau social est défini comme un site internet qui permet aux individus de créer un

profil public ou semi-public, de gérer une liste d’utilisateurs avec lesquels ils sont en connexion

et de visualiser et parcourir leur liste de connexions et celles faites par d'autres utilisateurs au

sein du système (Boyd & Ellison, 2007). Cependant, YouTube semble davantage favoriser le

développement de relations parasociales que de relations sociales de par ses caractéristiques.

C’est pourquoi le terme de réseau parasocial pourrait davantage correspondre à YouTube que

le terme de réseau social.

De la même façon qu’il existe un continuum entre relation sociale et relation parasociale, il

existe un continuum entre réseau social et réseau parasocial. Un média social est ainsi plus ou

moins réseau social et plus ou moins réseau parasocial selon ses fonctionnalités. Cependant, la

nature d’un média social dépend à la fois des fonctionnalités qu’il propose mais également des

fonctionnalités qui sont utilisées par un utilisateur donné. Par exemple, un individu A peut

utiliser YouTube uniquement pour voir des vidéos de YouTubers populaires alors qu’un

individu B peut utiliser YouTube pour visionner et partager des vidéos avec des proches.

L’individu A utilise davantage YouTube comme un réseau parasocial alors que l’individu B

165
utilise YouTube plutôt comme un réseau social. Cela étant dit, même si l’utilisation d’un média

social peut varier d’un individu à l’autre, les médias sociaux proposent tout de même des

fonctionnalités et une architecture qui favorisent davantage tel ou tel type de relation.

Différents critères peuvent être retenus pour évaluer si un média social est plus proche d’un

réseau parasocial ou d’un réseau social. Dans la suite de cette discussion, je propose d’identifier

plusieurs caractéristiques des médias sociaux à considérer pour évaluer le potentiel parasocial

d’un média social. Ces caractéristiques seront systématiquement illustrées en prenant le cas de

YouTube et parfois discutées en prenant comme exemples comparatifs d’autres médias sociaux

ou d’autres types de médias.

La première caractéristique est le fait que le média social ait des fonctionnalités qui permettent

à un utilisateur de se médiatiser. Certains médias sociaux permettent plus facilement à un

utilisateur de se médiatiser que d’autres. YouTube permet aux utilisateurs de poster des vidéos

qui peuvent être visionnées potentiellement par tous les utilisateurs de la plateforme. Un

utilisateur qui diffuse une vidéo peut associer des mots clefs à sa vidéo afin de la rendre plus

facilement accessible par le plus grand nombre d’utilisateurs. Par comparaison, une plateforme

comme WhatsApp, qui est considéré comme un média social, permet plus difficilement à ses

utilisateurs de devenir des figures médiatisées. Cette application est avant tout centrée sur

l’envoi de messages privés entre utilisateurs et ne permet pas de créer un contenu qui sera par

la suite facilement accessible par l’ensemble des utilisateurs de la plateforme. Sur ce point, les

fonctionnalités de YouTube correspondent davantage à un réseau parasocial que les

fonctionnalités de WhatsApp.

Un deuxième critère porte sur l’asymétrie entre les profils des utilisateurs du média social. Une

étude objective de la différence entre une utilisation active et passive de la plateforme permet

d’évaluer le potentiel parasocial du média social. Le terme d’utilisation active définit ici un

utilisateur qui va utiliser principalement les fonctionnalités offertes par la plateforme pour créer

166
et partager du contenu aux autres utilisateurs. Le terme d’utilisation passive définit par

opposition un utilisateur qui utilise principalement les fonctionnalités offertes par la plateforme

pour consulter le contenu des autres utilisateurs. Au niveau d’un même utilisateur pour un

média social donné, ces deux formes d’utilisations ne sont pas exclusives, c’est-à-dire qu’un

même utilisateur peut utiliser activement et passivement une même plateforme. C’est une

différence avec d’autres média, comme la télévision par exemple, où la frontière entre

utilisation passive et active est beaucoup plus rigide. Un téléspectateur ne peut pas devenir

facilement diffuseur de contenu à la télévision. Par contre, un viewer peut facilement mettre en

ligne du contenu s’il le souhaite. C’est principalement l’écart autorisé par la plateforme entre

ces deux types d’utilisation qui va permettre d’apprécier le potentiel parasocial d’une

plateforme. Dans le cas de YouTube, concernant l’utilisation passive, la plateforme autorise les

utilisateurs à consulter les vidéos de la plateforme sans avoir à créer de compte individuel. Un

utilisateur sans compte peut accéder à la page d’accueil de YouTube et rechercher du contenu.

L’utilisateur dans cette situation est parfaitement anonyme mais ne dispose d’aucune possibilité

d’interagir avec les autres utilisateurs sur YouTube. Une utilisation active de YouTube consiste

principalement à créer et mettre en ligne des vidéos partagées publiquement avec d’autres

utilisateurs. Pour ce faire, l’utilisateur doit créer un compte Google, qui sert de compte

YouTube. Il existe par conséquent potentiellement une asymétrie très importante entre un

utilisateur anonyme et un YouTuber qui se met en scène en vidéo. Pour comparer avec d’autres

médias sociaux, une telle asymétrie n’est pas possible sur Facebook dans les mêmes conditions.

Un utilisateur qui n’est pas connecté à un compte Facebook ne peut pas accéder à une page

d’accueil du site pour commencer à chercher du contenu. Il est possible d’accéder à certaines

pages publiques sans être connecté, mais il faut pour cela avoir l’adresse des pages en dehors

du site Facebook (comme avec un moteur de recherche par exemple). En ce sens, les

167
fonctionnalités de YouTube encourage davantage une asymétrie entre les utilisateurs passifs et

actifs que ne le permet Facebook.

Un troisième critère concerne la non-réciprocité de la liste des connexions sur le média social.

Les médias sociaux et, en particulier les réseaux sociaux, permettent de se constituer un réseau

d’autres utilisateurs. En général, le fait d’être dans un réseau en commun avec un autre

utilisateur ouvre de nouvelles fonctionnalités. Sur YouTube, les utilisateurs peuvent s’abonner

à d’autres utilisateurs sans restriction. Une fois abonné à un autre utilisateur, il est possible

d’être alerté par des notifications lorsque cet utilisateur poste du contenu sur la plateforme.

L’utilisateur auquel on s’abonne n’a pas de confirmation à donner pour que la connexion soit

effective. A partir du moment où un utilisateur décide de s’abonner à un autre, la connexion est

établie. La gestion de cette liste de connexion sur YouTube est par conséquent non réciproque.

Dans le cas de Facebook, il n’est pas possible de se connecter à n’importe quel utilisateur sans

l’autorisation de ce dernier. Il est certes possible de créer des pages Facebook publiques qui

autorisent n’importe quel autre utilisateur à s’y connecter librement, cependant, il n’est pas

possible de se connecter à un autre utilisateur sans son autorisation. La gestion de la liste des

connexions sur Facebook est donc plus réciproque qu’elle ne l’est sur YouTube.

Un quatrième critère est le caractère non ciblé et asymétrique des interactions entre utilisateurs.

En d’autres termes, il s’agit de vérifier dans quelle mesure un média social permet de faire

l’expérience d’interactions sociales médiatisées. Dans une interaction sociale médiatisée entre

deux personnes, les personnes ont conscience de s’adresser l’une à l’autre, le message est

orienté vers un destinataire identifié. Lorsque l’individu A s’adresse à l’individu B, l’individu

B a la possibilité de répondre à l’individu A. Dans le cas de YouTube, il n’est pas possible

d’envoyer des messages privés à un autre utilisateur. Dans l’espace commentaire d’une vidéo,

il est seulement possible de faire référence à un autre utilisateur pour lui indiquer que le

commentaire le concerne, ou bien d’envoyer un message en réponse à un autre commentaire.

168
Pour contacter un créateur de contenu via YouTube, le seul moyen est d’écrire un commentaire

en dessous d’une vidéo. La capacité d’interagir avec d’autres utilisateurs de manière ciblée et

symétrique est donc très faible sur YouTube. Les messages ne peuvent pas être privés et sont

dépendants davantage du contenu que de l’utilisateur ciblé, puisque les pages de commentaires

correspondent toujours à une vidéo en particulier. Sur Facebook, il est possible d’envoyer des

messages privés à d’autres utilisateurs. Il y a donc une possibilité d’interaction ciblée et

symétrique sur Facebook qui n’existe pas sur YouTube. Les interactions possibles sur YouTube

sont plutôt unidirectionnelles.

Une cinquième caractéristique est le fait de donner la sensation de pouvoir être remarqué par

les figures médiatisées. Les relations parasociales sont renforcées par le fait d’être actif dans la

communication et par la sensation que la figure médiatisée puisse remarquer les viewers (Rihl

& Wegener, 2017). Dans le cas de YouTube, le fait de pouvoir poster des commentaires à une

vidéo participe à cet effet. Il est possible de se demander si le caractère synchrone des échanges

peut exacerber cette caractéristique. Dans le cas d’une plateforme de streaming, comme Twitch,

les viewers peuvent envoyer des messages en direct aux streamers. Les streamers peuvent alors

lire et répondre à certains messages en direct également. Une interaction relativement

réciproque entre la figure médiatisée et le viewer devient donc possible. Néanmoins, ce mode

d’échange ne permet pas d’établir une relation sociale qui serait réciproque entre la figure

médiatisée et un viewer lorsque le nombre de viewers est important, car la figure médiatisée

doit potentiellement interagir avec un grand nombre de personnes. En ce sens, plus les viewers

sont nombreux, plus la relation que chacun pourra établir avec la figure médiatisée sera

asymétrique, et donc plus parasociale que sociale. Le caractère synchrone de l’échange peut

donc soit favoriser des interactions réciproques et symétriques lorsqu’il y a peu d’utilisateurs

concernés, soit favoriser la sensation d’être remarqué par une figure médiatisée, ce qui renforce

le développement d’une relation parasociale.

169
Un média social peut ainsi se définir comme un réseau parasocial lorsque ce réseau 1) permet

à ses utilisateurs de se médiatiser et de communiquer des informations facilement à un grand

nombre d’utilisateurs, 2) autorise une grande asymétrie entre des profils d’utilisateurs les plus

médiatisés et les moins médiatisés, 3) permet aux utilisateurs de se connecter facilement à

n’importe quel autre utilisateur sans condition de réciprocité, 4) permet davantage des

interactions unidirectionnelles que bidirectionnelles avec les utilisateurs les plus médiatisés, 5)

donne la sensation de pouvoir être remarqué par les utilisateurs les plus médiatisés. En prenant

cette définition, des médias sociaux comme YouTube et Twitch peuvent être définis comme

des réseaux parasociaux plutôt que comme des réseaux sociaux. Un média social comme

Facebook se situe entre le réseau social et le réseau parasocial, avec peut-être une plus grande

potentialité pour être utilisé comme un réseau social que parasocial. Par contre, un média social

comme WhatsApp, de par ses fonctionnalités, a une plus grande potentialité pour être utilisé

comme un réseau social plutôt que comme un réseau parasocial.

Il est important de souligner qu’il s’agit d’une utilisation potentielle. En effet, bien que les

fonctionnalités de YouTube facilitent grandement l’utilisation de cette plateforme comme un

réseau parasocial, il est malgré tout possible d’utiliser cette plateforme comme un réseau social.

Par exemple, un utilisateur pourrait mettre des vidéos en mode privé en limitant l’accès à

seulement certaines personnes, qui elles-mêmes pourraient poster des vidéos privées en

réponse. Cependant, même si cela est techniquement possible, il est peu probable que des

individus utilisent YouTube de cette façon, WhatsApp étant probablement plus adapté à ce type

d’utilisation. Plus un site est extrême dans ses caractéristiques de réseau parasocial, moins il y

aura d’individus qui utiliseront ce site comme un réseau social et inversement. Par contre, dans

le cas de plateformes moins extrêmes sur ces caractéristiques, comme Facebook par exemple,

il peut exister une grande disparité dans les différentes formes d’utilisation. Un utilisateur A de

Facebook peut majoritairement se connecter à des personnes qu’il connait ou avec qui il

170
souhaite échanger régulièrement. Cet utilisateur envoie et reçoit des messages privés. Lorsqu’il

poste des messages, ses messages ne sont jamais publics mais seulement réservés à ses

connexions ou à des sous-groupes parmi ses connexions. L’utilisateur A utilise Facebook

comme un réseau social. A l’inverse, un utilisateur B de Facebook peut majoritairement se

connecter à des pages de personnalités connues ou rejoindre des groupes d’utilisateurs qu’il ne

connait pas bien. Lorsqu’il se connecte à Facebook, l’utilisateur B passe son temps à regarder

les messages publics postés par d’autres utilisateurs, qu’il finit par connaitre petit à petit bien

que lui-même ne poste jamais de message. L’utilisateur B utilise Facebook comme un réseau

parasocial. La figure C synthétise le continuum entre réseau parasocial et réseau social.

Figure C. Continuum de la parasociabilité/sociabilité des fonctionnalités d’un média social

171
5. Limites

Plusieurs limites peuvent être identifiées à ce travail de thèse. Une première limite réside dans

la méthodologie en analyse transversale des études de cette thèse. Des études proposant une

analyse longitudinale permettraient de mettre davantage en lumière les liens de causes à effets

entre variables. Une deuxième limite est constituée par l’environnement principal des études de

cette thèse, la plateforme YouTube. De nos jours, les célébrités des médias sociaux sont souvent

présentes sur plusieurs plateformes. Les relations parasociales avec les YouTubers pourraient

donc être associées à des utilisations problématiques d’autres plateformes que YouTube. Le

choix d’étudier uniquement l’utilisation de YouTube dans les études empiriques de cette thèse

a cependant permis de limiter le nombre de variables et le temps de passation des questionnaires

en ligne pour les participants. Le fait d’étudier spécifiquement les relations parasociales établies

par les viewers est une quatrième limite de ce travail. Tout d’abord, seul le point de vue des

viewers est considéré dans ces études alors que les relations parasociales peuvent aussi être

étudiées du point de vue des figures médiatisées. De plus, il existe d’autres phénomènes

parasociaux que les relations parasociales qui pourraient être étudiées dans le contexte des

médias sociaux, comme par exemple les interactions parasociales. Une cinquième limite porte

sur l’âge des participants. Pour faciliter le recrutement des participants, les études empiriques

de cette thèse sont basées sur les données de participants majeurs. Cependant, des individus

plus jeunes établissent eux aussi des relations parasociales avec des célébrités des médias

sociaux. Des études portant sur cette population pourraient être menées pour voir dans quelles

mesures les résultats obtenus sont similaires aux résultats présentés dans cette thèse.

172
6. Perspectives de recherche et applications cliniques

De manière générale, il existe encore peu d’articles traitant du lien entre relations parasociales

et utilisation des médias sociaux. L’article 4 de la thèse (de Bérail & Bungener, 2022c), la

scoping review sur ce sujet, identifie 24 articles publiés entre 2013 et 2021 sur le sujet, dont 9

publiés entre 2020 et 2021. Avec 10 des 24 articles utilisant incorrectement le terme

« interaction parasociale », un effort de définition des concepts parasociaux étudiés est

nécessaire à effectuer dans les futures recherches. Concernant les thématiques de recherche,

trois axes principaux pour les futures recherches peuvent être identifiés : l’axe du réseau

parasocial, l’axe de la relation parasociale et de la clinique et l’axe de la relation parasociale et

de la communication en santé.

6.1 Axe du réseau parasocial

Une première perspective pour de futures recherches est de poursuivre l’étude qualitative sur

les relations parasociales avec les YouTubers qui a débuté avec ce travail de thèse. L’objectif

de cette étude est de décrire la nature qualitative de ce type de relation. Les données issues de

ce type d’études permettront éventuellement d’élaborer une échelle pour évaluer les relations

parasociales avec les YouTubers et autres célébrités des médias sociaux. Plusieurs dimensions

propres à la nature de ces relations parasociales pourraient être identifiées, ce qui permettrait

de développer par la suite une échelle multidimensionnelle pour mesurer la relation parasociale.

Avec une telle échelle, il serait alors possible de comparer la forme des relations parasociales

entre des célébrités se médiatisant essentiellement sur différentes plateformes. Cela permettrait

d’identifier quelles plateformes favorisent le développement de quelles dimensions des

relations parasociales. Ce faisant, il serait possible d’identifier plus précisément quelles

fonctionnalités des plateformes sont associées avec les différentes dimensions de ces relations.

173
Ces études participeraient à développer une connaissance plus précise sur les phénomènes

parasociaux avec les figures médiatisées sur les médias sociaux.

Dans le prolongement de cet axe de recherche, il semble également intéressant de mener des

études pour tester empiriquement l’effet des fonctionnalités des médias sociaux sur les relations

parasociales. Les études dans le cadre de cette thèse ont essentiellement porté sur des

YouTubers, donc ce sont les fonctionnalités de YouTube qui ont a priori le plus contribué au

développement des relations parasociales établies avec ces personnalités. Cependant, les

YouTubers et autres célébrités des médias sociaux sont présents sur de nombreuses plateformes.

Avec un objectif de comparaison entre plateformes, les méthodologies des futures études sur le

sujet devront faire attention à bien cibler les figures médiatiques étudiées afin de pouvoir

associer une figure médiatique avec une plateforme. Sans cette précaution, il sera difficile de

pouvoir identifier l’impact de telle ou telle plateforme sur la nature de la relation parasociale

établie. Un autre moyen de résoudre cette difficulté méthodologique serait de demander aux

viewers quels médias sociaux ils utilisent pour suivre leurs personnalités favorites. Une telle

étude pourrait permettre de créer des profils de viewers selon leurs utilisations des médias

sociaux et de voir si ces utilisations différentes correspondent à une nature de la relation

parasociale également différente.

6.2 Axe de la relation parasociale et de la clinique

De futures perspectives de recherche découlent également des résultats concernant l’association

entre relations parasociales avec des YouTubers et addiction à la plateforme. Le fait d’identifier

les relations parasociales comme un facteur possible d’une addiction à un média social a des

implications cliniques. Dans une approche cognitive et comportementale, le fait que, pour un

individu, les relations parasociales soient un moteur de l’addiction à un média social permet de

faire l’hypothèse que l’utilisation de ce média social a pour fonction de satisfaire un besoin de

174
socialisation, le besoin d’appartenance. Cette hypothèse permet alors de penser des projets

thérapeutiques pour accompagner les individus à trouver et adopter des comportements

alternatifs pour satisfaire ce besoin, diminuant ainsi l’importance d’utiliser la plateforme.

Klobas et al. (2018b) décrivent déjà qualitativement dans leur étude les différents aspects d’une

addiction à YouTube. Les individus ayant une addiction à YouTube décrivent une perte de

contrôle sur leur utilisation de la plateforme. Pour ces personnes, l’utilisation de YouTube finit

par avoir des conséquences négatives sur plusieurs aspects de leur vie : ils font état d’une

détérioration de leur santé physique, de leurs relations avec leurs proches, de leurs relations

professionnelles et plus globalement de leur satisfaction personnelle (Klobas et al., 2018b). Les

résultats des études présentées dans cette thèse invitent les praticiens prenant en charge des

patients avec ce type de problématique à explorer l’existence de relations parasociales fortes

avec des célébrités des médias sociaux. Le recueil d’études de cas cliniques semble nécessaire

pour pouvoir élaborer plus en détail des préconisations de prises en charge.

Le fait que les personnes présentant de l’anxiété sociale aient davantage tendance à développer

une relation parasociale forte avec une figure médiatisée peut ouvrir sur de nouvelles recherches

en lien avec le traitement de l’anxiété sociale. Il existe des modalités à la fois à distance et en

présentiel de traitement de l’anxiété sociale. Le traitement psychothérapeutique par étape de

l’anxiété sociale est composé de trois phases : les deux premières phases de psychoéducation

et de traitement guidé en ligne s’effectuent à distance tandis que la dernière phase consiste en

des séances de thérapie cognitive et comportementale en face à face (Nordgreen et al., 2016).

Lors de la deuxième phase du traitement, les patients peuvent interagir par mail avec un

thérapeute. Cependant, un fort taux d’attrition, de 41,2%, est identifié lors de cette prise en

charge (Nordgreen et al., 2016). En s’appuyant sur l’idée que les personnes présentant de

l’anxiété sociale développent des relations parasociales intenses, il serait possible de faire en

sorte que lors des phases à distance, les patients puissent commencer à élaborer une relation

175
parasociale avec un thérapeute. Cette relation parasociale pourrait peut-être venir renforcer

l’adhérence au traitement. Concrètement, le thérapeute pourrait préparer des vidéos pour la

phase de psychoéducation que les patients pourraient consulter et également commenter. Des

sessions de diffusion vidéo en direct pourraient ensuite être programmées pour la phase de

traitement guidé où les patients pourraient interagir avec le thérapeute. Ce contact

essentiellement parasocial avec le thérapeute pourrait permettre de nouer et d’entretenir une

relation thérapeutique qui renforcerait l’adhésion au traitement des patients. Des études

cliniques implémentant de telles modalités de prises en charge sont nécessaires pour pouvoir

valider empiriquement l’utilité de développer une relation parasociale pour renforcer

l’adhérence à un traitement. Les résultats de la troisième étude de cette thèse montrent déjà une

association positive entre relation parasociale et confiance (de Bérail & Bungener, 2022b) qui

est reconnue comme un élément important de l’alliance thérapeutique (Trasmundi & Philipsen,

2020). Des études spécifiques s’intéressant au lien entre relation parasociale et alliance

thérapeutique pourraient être pertinentes en vue de développer de nouvelles modalités de prise

en charge s’appuyant sur ce type de relation.

6.3 Axe de la relation parasociale et de la communication en matière de

santé

L’association positive entre les relations parasociales avec les YouTubers et la confiance qui

leur est accordée encourage aussi les recherches sur le rôle que pourraient jouer des figures

médiatisées dans le domaine de la santé. Il existe déjà différentes initiatives menées par des

YouTubers et autres célébrités des médias sociaux. En premier lieu, il y a les appels aux dons

pour des institutions de santé qui permettent de lever des fonds parfois conséquents, comme

avec l’édition 2019 de l’évènement en ligne Zevent qui a permis de recueillir plus de trois

millions d’euros pour l’institut Pasteur. L’édition 2022 de cet évènement a recueilli plus de dix

176
millions d’euros pour des associations de protection de l’environnement. Les figures

médiatisées peuvent ainsi mobiliser leur audience sur différents sujets, dont la santé. Ensuite,

certains YouTubers ont déjà créé des vidéos avec un but de prévention en matière de santé. Par

exemple, une vidéo musicale des YouTubers McFly et Carlito publiée en février 2021,

explicitement soutenue par le président de la République Française qui apparait lui-même dans

la vidéo, concernant les gestes barrières, a comptabilisé plus de 15 millions de vues. Il existe

également des YouTubers professionnels de santé qui font un travail de vulgarisation auprès de

leur audience. Dans le domaine de la santé mentale, plusieurs psychologues YouTubers créent

des vidéos pour expliquer les symptômes et les principes de prise en charge des différents

troubles mentaux. La chaîne du YouTuber PsykoCouac, qui compte 176 000 abonnés, propose

actuellement 97 vidéos à ce sujet. Ses trois vidéos les plus populaires sont respectivement :

« Borderline (trouble de la personnalité) » avec 727 000 vues, « La dépression » avec 449 000

vues et « L’hypersensibilité, c’est quoi ? » avec 315 000 vues. Au-delà d’un travail qui

s’apparente à de la psychoéducation, des psychologues YouTubers sont également à l’origine

d’initiatives innovantes comme le fait de proposer des vidéos d’accompagnement pendant des

périodes difficiles. La psychologue Camille Rochet a posté régulièrement sur sa chaîne

YouTube de courtes vidéos de moins de 5 minutes entre le 18 mars 2020 et le 8 mai 2020 (38

vidéos en tout) pour accompagner son audience tout au long du premier confinement en France.

Dans ses vidéos, elle propose des exercices et donne des conseils pour mieux vivre le

confinement. Ces psychologues YouTubers, qui ont une pratique clinique en parallèle,

commencent donc déjà à expérimenter le lien entre relation parasociale et alliance

thérapeutique. Une étude qualitative pour recueillir leurs expériences individuelles de la place

de la relation parasociale dans la rencontre clinique pourrait être un premier axe de recherche

utile pour cette thématique. La figure D récapitule les différents axes proposés pour de futures

recherches.

177
Figure D. Axes pour de futures recherches et applications cliniques sur le thème des relations
parasociales et des médias sociaux

178
Conclusion
Au travers de quatre articles, ce travail de thèse explore la notion de relations parasociales avec

des YouTubers et plus largement dans le contexte des médias sociaux. Les relations

parasociales avec des YouTubers apparaissent associées positivement à l’addiction à YouTube.

En accord avec l’hypothèse de compensation parasociale, l’anxiété sociale des individus est

également positivement associée à l’intensité des relations parasociales. Une définition du

concept de réseau parasocial est proposée afin de poser les bases de futurs travaux de recherche

ayant pour objectif d’identifier plus précisément les fonctionnalités des médias sociaux

favorisant ce type de relation. Outre l’apport de telles recherches pour la littérature sur les

phénomènes parasociaux, ces recherches peuvent également avoir des implications cliniques et

en matière de communication en santé. Une meilleure compréhension du mécanisme de

développement et de maintien des relations parasociales sur les médias sociaux pourrait aboutir

au développement de nouveaux protocoles de prise en charge pour des individus présentant une

addiction aux médias sociaux mais également pour des individus présentant d’autres troubles,

comme l’anxiété sociale par exemple. De manière générale, les recherches sur les phénomènes

parasociaux pourraient être bénéfiques pour tout type de prise en charge à distance. Bien que

l’article 3 (de Bérail & Bungener, 2022b) de cette thèse montre un lien entre intensité de la

relation parasociale et confiance accordée à la figure médiatisée, des études préalables sur le

lien entre relation parasociale et alliance thérapeutique semblent être une première étape pour

cet axe de recherche. Un nombre croissant de personnes utilisent les médias sociaux et cela de

plus en plus tôt dans leur vie. Les relations parasociales avec les personnalités des médias

sociaux jouent donc un rôle grandissant dans le développement d’un individu. Avec la

pandémie de Covid-19 et les isolements qui ont été imposés à tous, cette tendance semble s’être

accentuée. Parfois soutien dans des moments de vie difficiles, ou modèles dont on souhaite

179
s’inspirer, ces amis qui ne nous connaissent pas occupent une place importante dans nos vies.

Les relations parasociales pour les viewers ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi. Il s’agit

d’un phénomène qui se met en place pour satisfaire un besoin social fondamentalement humain.

Cependant, ce faisant, ce phénomène comporte un risque de dépendance pour certaines

personnes connaissant des facteurs de vulnérabilité.

Ce travail de thèse s’est essentiellement centré sur le point des vue des viewers vis-à-vis des

relations parasociales. Cependant, il existe tout un autre axe de recherche portant sur les autres

acteurs des relations parasociales, les figures médiatisées. Il est de nos jours de plus en plus

simple de se médiatiser en ligne et d’être potentiellement vu par des milliers de personnes. De

futures études portant sur les apports et les risques d’une telle exposition en fonction de l’âge

et d’autres caractéristiques individuelles des personnes médiatisées semblent également

nécessaires.

180
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189
Annexes générales

190
Table des Annexes générales

ANNEXE 1 : PRESENTATION DES ECHELLES UTILISEES DANS LES ETUDES ............................... 192
ANNEXE 2 : RESUME POUR UNE PRESENTATION ORALE AU 60EME CONGRES DE LA SOCIETE
FRANÇAISE DE PSYCHOLOGIE.................................................................................................. 197
ANNEXE 3 : POSTER POUR UNE PRESENTATION AFFICHEE AU COLLOQUE DE LA FEDERATION
FRANÇAISE DES PSYCHOLOGUES ET DE PSYCHOLOGIE ............................................................ 199
ANNEXE 4 : AVIS FAVORABLE DU COMITE D’ETHIQUE POUR LA RECHERCHE (ARTICLE 3) .... 200
ANNEXE 5 : AVIS FAVORABLE DU COMITE D’ETHIQUE POUR LA RECHERCHE (ARTICLE 5) .... 201
ANNEXE 6 : RESUME POUR UNE PRESENTATION ORALE AU 11EME CONGRES DE L’ASSOCIATION
FRANCOPHONE DE PSYCHOLOGIE DE LA SANTE ...................................................................... 202
ANNEXE 7 : POSTER POUR UNE PRESENTATION AFFICHEE AU 11EME CONGRES DE L’ASSOCIATION
FRANCOPHONE DE PSYCHOLOGIE DE LA SANTE ...................................................................... 204
ANNEXE 8 : PORTFOLIO .......................................................................................................... 205

191
Annexe 1 : Présentation des échelles utilisées dans les études

Internet addiction Test adapté à YouTube


N° Items
1 Vous arrive-t-il de rester sur YouTube plus longtemps que vous en aviez l’intention au
départ ?
2 Vous arrive-t-il de négliger des tâches ménagères pour passer plus de temps sur
YouTube ?
3 Vous arrive-t-il de préférer l’excitation/l’amusement de YouTube, à l’intimité avec
votre partenaire ?
4 Vous arrive-t-il de créer de nouvelles relations en ligne avec d’autres utilisateurs de
YouTube ?
5 Vos proches vous reprochent-ils que vous passez trop de temps sur YouTube ?
6 Arrive-t-il que vos notes ou vos devoirs scolaires souffrent du temps que vous passez
sur YouTube ?
7 Vous arrive-t-il de regarder d’abord des vidéos sur YouTube avant d’accomplir une
chose nécessaire et urgente ?
8 Arrive-t-il que vos performances au travail ou votre productivité souffrent à cause de
YouTube ?
9 Vous arrive-t-il d’être sur la défensive ou de refuser de répondre si quelqu’un vous
demande ce que vous faites sur YouTube ?
10 Vous arrive-t-il de chasser les soucis de votre vie quotidienne par la pensée
réconfortante d’aller sur YouTube ?
11 Vous arrive-t-il de vous réjouir du moment où vous irez de nouveau sur YouTube ?
12 Vous arrive-t-il de penser que la vie sans YouTube serait ennuyeuse, vide et sans joie ?
13 Vous arrive-t-il de répondre d’un ton brusque, de crier ou de vous montrer agacé si
quelqu’un vous dérange pendant que vous êtes sur YouTube ?
14 Vous arrive-t-il de manquer de sommeil parce que vous êtes resté tard sur YouTube ?
15 Lorsque vous n’êtes pas sur YouTube, vous arrive-t-il de penser activement ou rêver
y être ?
16 Vous arrive-t-il de dire « juste encore quelques minutes » lorsque vous êtes sur
YouTube ?
17 Vous arrive-t-il d’essayer de diminuer le temps que vous passez sur YouTube sans y
arriver ?
18 Vous arrive-t-il de cacher aux autres combien de temps vous avez passé sur YouTube ?
19 Vous arrive-t-il de choisir de passer plus de temps sur YouTube plutôt que de sortir
avec des proches ?
20 Vous arrive-t-il de vous sentir déprimé, de mauvaise humeur ou énervé lorsque vous
n’êtes pas sur YouTube, puis de vous sentir mieux lorsque vous y êtes ?
Options de réponse: non applicable (0), rarement (1), occasionnellement (2), parfois (3),
souvent (4), toujours (5)

Références :
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192
LSAS-SR
N° Items
1 Téléphoner en public
2 Participer au sein d’un petit groupe
3 Manger dans un lieu public
4 Boire en compagnie dans un lieu public
5 Parler à des gens qui détiennent une autorité
6 Jouer, donner une représentation ou une conférence
7 Aller à une soirée
8 Travailler en étant observé(e)
9 Ecrire en étant observé(e)
10 Contacter par téléphone quelqu’un que vous ne connaissez pas très bien
11 Parler à des gens que vous ne connaissez pas très bien
12 Rencontrer des inconnu(e)s
13 Uriner dans les toilettes publiques
14 Entrer dans une pièce alors que tout le monde est déjà assis
15 Etre le centre d’attention
16 Prendre la parole à une réunion
17 Passer un examen
18 Exprimer son désaccord ou sa désapprobation à des gens que vous ne connaissez pas
très bien
19 Regarder dans les yeux des gens que vous ne connaissez pas très bien
20 Faire un compte-rendu à un groupe
21 Essayer de « draguer » quelqu’un
22 Rapporter des marchandises dans un magasin
23 Donner une soirée
24 Résister aux pressions d’un vendeur insistant

Il est demandé aux participants d’évaluer chaque item sur deux échelles à quatre options de
réponse selon leur niveau d’anxiété et leur fréquence d’évitement par rapport à la situation
décrite.
Pour l’anxiété, les options de réponse sont : aucune (0), légère (1), moyenne (2), sévère (3)
Pour l’évitement, les options de réponse sont : jamais (0), occasionnel (1), fréquent (2), habituel
(3)

Référence :
Liebowitz, M. R. (1987). Social phobia. In Anxiety (Vol. 22, pp. 141-173). Karger Publishers.

193
PSI-Scale adaptée aux YouTubers
N° Items
1 Mon YouTuber préféré me fait me sentir à l'aise, comme si j'étais avec un ami
2 Je considère mon YouTuber préféré comme une personne nature et terre à terre
3 J'ai hâte de regarder mon YouTuber préféré dans sa prochaine vidéo
Si mon YouTuber préféré apparaissait dans une vidéo sur une autre chaîne
4
YouTube, je regarderais cette vidéo
Mon YouTuber préféré semble comprendre le genre de choses que je veux
5
connaître
Si je voyais une histoire sur mon YouTuber préféré dans un journal ou un
6
magazine, je la lirais
7 Mon YouTuber préféré me manque quand il est malade ou en vacances
8 J’aimerais rencontrer mon YouTuber préféré en personne
9 J’ai de la peine pour mon YouTuber préféré quand il fait une erreur
10 Je trouve que mon YouTuber préféré est séduisant
Les options de réponses sont : (1) pas du tout d’accord, (2) pas d’accord, (3) ni en désaccord ni
d’accord, (4) d’accord, (5) tout à faitd’accord.

Références :
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194
Relationship Questionnaire
Items
A
Je me sens facilement proche des autres quand je partage des émotions avec eux. Je me sens
bien lorsque je dépends d’eux et qu’eux dépendent de moi. Je n’ai pas peur d’être seul(e). Je
n’ai pas peur que les autres ne m’aiment pas.
B
Je ne suis pas à l’aise lorsque je suis proche des autres. J’aimerais des relations proches
lorsqu’il s’agit d’émotions mais je trouve difficile de faire complètement confiance aux gens
ou d’être dépendant(e) d’eux. J’ai peur, si je me permets d’être proche des gens, d’être
blessé(e) par eux.
C
J’aimerais ne pouvoir faire qu’un(e) avec les gens mais j’ai souvent l’impression que eux ne
veulent pas être aussi proches de moi que je le souhaiterais. Je ne me sens pas bien lorsqu’il
n’y a personne autour de moi dont je me sente proche. Mais, en même temps, j’ai parfois
peur de tenir plus aux gens que eux à moi.
D
Je suis bien sans avoir de proches autour de moi. C’est très important pour moi de me sentir
indépendant(e) et de me suffire à moi- même. Je préfère ne pas dépendre des gens et qu’eux
ne dépendent pas de moi.

Il est demandé aux participants d’indiquer leur degré d’accord avec chaque description à partir
d’une échelle en sept points : 1 (pas du tout comme moi), 4 (à peu près comme moi), 7 (tout à
fait comme moi).

Référence :
Bartholomew, K., & Horowitz, L. M. (1991). Attachment styles among young adults: a test of
a four-category model. Journal of Personality and Social Psychology, 61(2), 226.

UCLA Loneliness Scale version 3 items


N° Items
1 Je n’ai pas assez de compagnie
2 Je me sens exclu(e)
3 Je me sens isolée des autres

Il est demandé aux participants d’indiquer à quelle fréquence ils ressentent ce qui est décrit dans
les items : jamais (1), rarement (2), parfois (3), souvent (4)

Références :
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195
MSPSS
N° Items
1 Il y a une personne en particulier qui est là quand j’en ai besoin
2 Il y a une personne en particulier avec laquelle je peux partager mes joies et mes peines
3 Ma famille essaie vraiment de m’aider
4 Je reçois de ma famille toute l’aide émotionnelle et le soutien dont j’ai besoin
5 Je connais une personne en particulier qui est une vraie source de réconfort pour moi
6 Mes amis essaient vraiment de m’aider
7 Je peux compter sur mes amis quand les choses vont mal
8 Je peux parler de mes problèmes avec ma famille
9 J’ai des amis avec lesquels je peux partager mes joies et mes peines
10 Il y a quelqu’un de spécial dans ma vie qui s’inquiète de ce que je ressens
11 Ma famille est prête à m’aider à prendre des décisions
12 Je peux parler de mes problèmes avec mes amis

Il est demandé aux participants d’indiquer leur degré d’accord avec les propositions proposées
à partir d’une échelle en sept points : très fortement en désaccord (1), fortement en désaccord
(2), en désaccord (3), indifférent (4), d’accord (5), fortement d’accord (6), très fortement
d’accord (7)

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196
Annexe 2 : Résumé pour une présentation orale au 60ème congrès

de la Société Française de Psychologie

Etude des relations entre addiction à YouTube, anxiété sociale et relations parasociales
avec des YouTubers : un modèle de médiation modérée basé sur une approche
cognitivo-compertementale

Mots clés: addiction à YouTube, YouTuber, relation parasociale, anxieté sociale.

Introduction

Bien que YouTube soit le média social le plus utilisé au monde devant Facebook et Twitter, il
reste très peu étudié (Khan, 2017). L’architecture de YouTube favorise le développement de
relations entre les créateurs de contenu, les « YouTubers » qui créent et mettent en ligne des
vidéos, et les spectateurs généralement anonymes, appelés « viewers ». Les relations
asymétriques qui se créent entre « viewers » et « YouTubers » sont appelées des relations
parasociales (Hartmann, 2016).

L’hypothèse de compensation parasociale stipule que les individus ayant des difficultés à établir
des relations sociales, par exemple les personnes ayant un fort niveau d’anxiété sociale, ont
davantage tendance à satisfaire leur besoin d’appartenance par l’établissement de relations
parasociales (Hartmann, 2016). La littérature a également montré que l’anxiété sociale constitue
un facteur de vulnérabilité pour le développement d’addictions en ligne (Davis, 2001). Ainsi,
plus un individu a un niveau d’anxiété social élevé, plus il a tendance à établir des relations
parasociales fortes et plus il est à risque de développer une addiction en ligne.

Basée sur une approche théorique cognitivo-comportementale (Davis, 2001), cette étude teste
empiriquement un modèle de médiation modérée de l’addiction à YouTube (Hayes, 2017). Ce
modèle définit l’anxiété sociale comme un facteur de vulnérabilité à l’addiction à YouTube qui
modère le lien entre la relation parasociale avec le YouTuber favori et le niveau d’addiction à
cette plateforme. La relation parasociale est définie comme le produit de l’expérience
d’utilisation de YouTube qui renforce l’addiction au média social en satisfaisant le besoin
d’appartenance des individus.

Méthodologie

L’échantillon est composé de 932 participants internationaux, dont 558 français, ayant répondu
à un questionnaire en ligne via les sites Facebook et Reddit. L’âge moyen des participants est
de 21.3 ans (EC=4.0). Le degré d’addiction à YouTube, le niveau d’anxiété sociale et l’intensité
de la relation parasociale avec le YouTuber favori ont été respectivement mesurés à l’aide des
échelles Internet Addiction Test (IAT), Liebowitz Social Anxiety Scale (LSAS-SR) et
Parasocial Interaction Scale (PSI-Scale). Le modèle de médiation modérée de l’addiction à
YouTube est testée à l’aide de régressions linéaires et par un modèle d’équations structurelles.
Toutes les analyses statistiques incluent les variables de contrôle suivantes : dimensions

197
d’attachement, niveau de solitude, soutien social perçu, isolement social, niveau d’activité sur
YouTube, temps passé sur YouTube, âge, sexe et nationalité.

Résultats

Les résultats des régressions linéaires montrent que l’anxiété sociale prédit significativement
l’intensité de la relation parasociale avec le YouTuber favori (β=0.16, p<0.001) et que l’anxiété
sociale (β=0.23, p<0.001) et l’intensité de la relation parasociale (β=0.23, p<0.001) prédisent
significativement le degré d’addiction à YouTube. Le terme d’interaction entre l’anxiété sociale
et la relation parasociale prédit également significativement le degré d’addiction à YouTube
(β=0.08, p<0.01), confirmant le rôle modérateur de l’anxiété sociale. Dans un second temps,
les résultats de la modélisation par équations structurelles montrent que l’effet indirect de
l’anxiété sociale sur le niveau d’addiction à YouTube par la relation parasociale est significatif
(β=0.0690, b=0.0262, LI=0.0136, LS=0.0414), confirmant le rôle médiateur de la relation
parasociale. Enfin, l’effet modérateur de l’anxiété sociale sur l’effet médiateur de la relation
parasociale sur l’addiction à YouTube a été examiné pour cinq valeurs de l’anxiété sociale (la
moyenne, plus un, plus deux, moins un et moins deux écart-types). Cet effet est significatif pour
les cinq valeurs. Ces résultats confirment le modèle proposé de médiation modérée de
l’addiction à YouTube.

Discussion

Les résultats de l’étude confirment l’hypothèse de compensation parasociale et sont cohérents


avec une approche cognitivo-comportementale des addictions en ligne. Les personnes
présentant de l’anxiété sociale apparaissent plus à risque de développer une addiction à
YouTube car elles établissent des relations parasociales plus intenses avec des YouTubers,
renforçant ainsi l’utilisation problématique de la plateforme. Cette recherche souligne
également l’importance de prendre en compte les relations parasociales dans l’étude de
l’utilisation de YouTube. Davantage d’études doivent être menées pour comprendre l’impact
des relations parasociales avec des YouTubers et autres influenceurs sur l’utilisation des médias
sociaux.

Bibliographie

Davis, R. A. (2001). A cognitive-behavioral model of pathological Internet use. Computers in


Human Behavior, 17(2), 187-195.

Hartmann, T. (2016). Parasocial interaction, parasocial relationships, and well-being. In L.


Reinecke & M. B. Oliver (Eds.), The Routledge handbook of media use and well-being:
International Perspectives on Theory and Research on Positive Media Effects (pp. 131–144).
New York, NY: Routledge.

Hayes, A. F. (2017). Introduction to mediation, moderation, and conditional process analysis:


A regression-based approach. Guilford Publications.

Khan, M. L. (2017). Social media engagement: What motivates user participation and
consumption on YouTube? Computers in Human Behavior, 66, 236-247.

198
Annexe 3 : Poster pour une présentation affichée au colloque de la

Fédération Française des Psychologues et de Psychologie

199
Annexe 4 : Avis favorable du Comité d’Ethique pour la Recherche

(Article 3)

200
Annexe 5 : Avis favorable du Comité d’Ethique pour la Recherche

(Article 5)

201
Annexe 6 : Résumé pour une présentation orale au 11ème congrés

de l’Association Francophone de Psychologie de la Santé

202
203
Annexe 7 : Poster pour une présentation affichée au 11ème congrés

de l’Association Francophone de Psychologie de la Santé

204
Annexe 8 : Portfolio

Portfolio du doctorant

Un portfolio pour quoi faire ?

Le but du Portfolio est de valoriser les compétences des doctorants acquises au cours
de leurs années de doctorat. Aujourd’hui ce portfolio a été rendu obligatoire par l’arrêté
du 25 mai 2016 : Article 15 de l'Arrêté du 25 mai 2016 fixant le cadre national de la
formation et les modalités conduisant à la délivrance du diplôme national de doctorat :
« Un Portfolio du doctorant comprenant la liste individualisée de toutes les activités du
doctorant durant sa formation, incluant enseignement, diffusion de la culture scientifique
ou transfert de technologie, et valorisant les compétences qu'il a développées pendant la
préparation du doctorat, est réalisé. Il est mis à jour régulièrement par le doctorant. »

Ce Portfolio a comme premier objectif de faire réfléchir le doctorant sur les


compétences acquises dans toutes les situations marquantes de son doctorat. Le
second objectif est que celui-ci soit un support pour le CV et les recherches d’emploi
pour l’après doctorat.

Mise en place du portfolio au sein de notre ED 261-3CH :


● Compléter ce portfolio pour chaque réinscription en année de doctorat, c’est-
à-dire pour la réinscription en D2 et D3+, pour le(s) CSI, et lors du rendu de la
thèse. (Précision : lors du rendu de la thèse, le Portfolio sera transmis en enlevant
les parties personnelles « retour sur expérience »).
Ainsi, tout au long de la thèse, l’élaboration du Portfolio est un travail qui
commence dès la 1ère année, permettant un suivi régulier de ses compétences
déjà acquises et montrant les progressions dans l’acquisition de nouvelles
compétences. L’appropriation du Portfolio dès la D1 permet d’alléger le travail en
fin de thèse puisque la réflexion et le procédé sont déjà acquis.
● Encadrer et accompagner à la pratique du Portfolio par une formation
obligatoire en D1.

Liens utiles :
- https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2016/5/25/MENS1611139A/jo/text
e
- https://www.francecompetences.fr/recherche/rncp/31417/#ancre3
- http://mydocpro.org/fr
- http://www2.agroparistech.fr/abies/Carnet%20de%20Competences.pdf

205
1. Fiche de renseignement

a. Doctorant

Nom : DE BERAIL Prénom : PIERRE

Date de naissance : 25/09/1988 Lieu de naissance : TOULOUSE

Courriel : pierredeberail@hotmail.fr
Téléphone : 0650289452

Laboratoire : Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé


Activité professionnelle :
 Psychologue clinicien libéral en cabinet depuis septembre 2019 (1 jour/semaine
jusqu’en janvier 2022, puis 3 jours / semaine depuis janvier 2022)
 Psychologue clinicien libéral pour l’association Allô jeunes – Allô parents entre
septembre 2019 et juin 2022 (2 jours / semaine)
 Chercheur en psychologie depuis octobre 2022 au sein de l’entreprise EANQA (2
jours / semaine)
Parcours de formation / diplôme(s) :

Nom du diplôme Année d’obtention Lieu Mention


Diplôme du 2006 Toulouse Bien
Baccalauréat
général
Diplôme 2012 Nantes
d’Aucencia
Nantes, Ecole de
Management
Diplôme du 2013 Paris Bien
Master canonique
en sciences
sociales et
économiques,
spécialisation
« Communication
et Médiation
d’entreprise –
Management des
crises et conflits »
Diplôme de 2018 Paris Bien
Master sciences
humaines et
sociales, mention
psychologie,
spécialité PCPI

206
b. Directeur(s)/Directrice(s) et/ou co-encadrants/tuteurs de thèse :
Nom : Bungener Prénom : Catherine

Courriel : catherine.bungener@u-paris.fr

Laboratoire : Laboratoire de Psychopathologie et Processus de Santé

Nom : Prénom :

Courriel :

Laboratoire :

c. Thèse

Titre de la thèse : Étude des relations parasociales entre viewers et YouTubers

Année de la 1ère inscription : 2018

Financement : Auto-financement (activité libérale de psychologue clinicien)

Si Portfolio pour la soutenance de thèse :

Date prévue de la soutenance : 13 décembre 2022

Jury :
 rapporteur : PR Lydia FERNANDEZ - U Lyon
 rapporteur : PR Laurent AUZOULT-CHAGNAULT - U Bourgogne
 examinatrice : Mme Claire HOFER - MC-HDR - U Lille
 examinateur : M Lionel BRUNEL - MC-HDR - U Montpellier

Résumé de la thèse : Cette thèse a pour objectif d’étudier les relations parasociales
établies par les viewers avec des YouTubers à travers quatre articles. YouTubers,
établissent des relations avec les utilisateurs qui regardent ces vidéos, les viewers. Les
relations parasociales se définissent comme des relations asymétriques qu’établissent
des spectateurs envers une figure médiatisée, fictive ou réelle. Les différentes études
menées au cours de la thèse montrent que les relations parasociales sont associées à
l’addiction à YouTube, à l’anxiété sociale des participants et à la confiance accordée aux
YouTubers. Les résultats de ces études s’inscrivent dans la littérature sur les phénomènes
parasociaux, l’addiction aux médias sociaux et la communication en santé. Ce travail a des
implications théoriques et cliniques avec notamment la définition du concept de réseau
parasocial, l’identification du rôle de renforçateur des relations parasociales dans
l’addiction à un média social et une discussion sur l’élaboration de prises en charge pour
l’addiction aux médias sociaux et l’anxiété sociale.

207
2. Concevoir, développer et gérer un projet de recherche
a. Démarches administratives (CER, CPP, amendement, lieu de recherche,
enregistrement…)

Démarche Instance Date Objectif(s)


Ethique CER 27/04/20 Obtenir l’accord éthique afin de valider
20 que mon projet de recherche
(YouTubers et communication sur le
confinement) respecte les droits
éthiques et le numéro de CER obtenu et
validé me sera demandé lors de
soumission d’article scientifique
Ethique CER 16/06/20 Obtenir l’accord éthique afin de valider
20 que mon projet de recherche (Relation
entre viewers et YouTubers) respecte les
droits éthiques et le numéro de CER
obtenu et validé me sera demandé lors
de soumission d’article scientifique

b. Budgétisation (appel à projet, répartition des financements…)

Démarche Instance Date Objectif(s)

c. Activités de terrain (inclusion, expérimentation…)

Activité Lieu Date Objectif(s)

208
3. Diffusion scientifique nationale et internationale

a. Publications (articles scientifiques, chapitres d’ouvrage…)

Auteur(s) Anné Titre Revue / Ouvrage Statut


e (accept
é,
soumis
, in
prep…)
de Bérail, P., The Computers in Human Publié
Guillon, M. & 2019 relations between Behavior
Bungener, C. YouTube
addiction, social
anxiety and
parasocial
relationships with
YouTubers: A
moderated-
mediation model
based on a
cognitive-
behavioral
framework.
de Bérail, P. & Parasocial Psychology of Language Publié
Bungener, C. 2022 relationships and and Communication
YouTube
addiction: The role
of viewer and
YouTuber video
characteristics.
de Bérail, P. & Favorite Social Network Analysis Publié
Bungener, C. 2022 YouTubers as a and Mining
source of health
information
during quarantine:
viewers trust their
favorite
YouTubers with
health
information.

209
b. Communications (orales et affichées)

Auteur(s) Date et lieu Organisateur Titre (précisez si


communication orale ou
affichée)
de Bérail, P., 06/09/2019 60ème Addiction à YouTube : rôle de
Guillon, M. & Poitiers congrès de la l’anxiété sociale et des relations
Bungener, C. Société parasociales avec des
Française de YouTubers (Orale)
Psychologie
de Bérail, P. & 09/01/2021 Fédération Nous attachons nous aux
Bungener, C. et Française des YouTubers pour ce qu’ils sont ou
13/03/2021 Psychologues ce que nous sommes? Une étude
(pas de date et de exploratoire sur les relations
pour les Psychologie parasociales avec les YouTubers,
communicatio les compétences sociales des
ns affichées viewers, les caractéristiques des
suite au YouTubers et l’addiction à
report) YouTube. (Affichée)
Nanterre
de Bérail, P., 7 – 9 juillet l’Association Le lien entre anxiété sociale et
Guillon, M. & 2021 Francophone relation parasociale avec des
Bungener, C. (En ligne) de YouTubers. (Orale)
Psychologie
de la Santé
de Bérail, P., 7 – 9 juillet l’Association YouTubers et professionnels de
Guillon, M. & 2021 Francophone santé : pourquoi une
Bungener, C. (En ligne) de collaboration serait-elle
Psychologie bénéfique ? (Affichée)
de la Santé

c. Vulgarisation

Auteur(s) Date Contexte


de Bérail, P. 30/09/2021 Youtubeurs, podcasteurs : nos relations
parasociales avec ces amis qui nous ignorent
(Petit, P.) [Entretien]. France Culture.
https://www.franceculture.fr/numerique/youtu
beurs-podcasteurs-nos-relationsparasociales-
avec-ces-amis-qui-nous-ignorent
de Bérail, P. 02/11/2021 Le Metavers nous rend-t-il Schizo ? (Chiara, J-B.)
[Entretien]. Technikart.
https://www.technikart.com/le-metavers-nous-
rend-t-il-schizo/
de Bérail, P. 11/05/2022 Désolé, vos streameuses préférées ne sont pas
vos amies (Duneau, C.) [Entretien]. Vice.
https://www.vice.com/fr/article/m7vzx3/desol
e-vos-streameuses-preferees-ne-sont-pas-vos-
amies

210
4. Formations scientifiques

a. Formations obligatoires (modules de l’Ecole Doctorale 261, IFD…)

Intitulé de la formation Date Organisateur Nombre


(ED, IFD…) de jours
GEN3758A - Accueil des Doctorants de 5/12/2018 École Doctorale 0.5 jour
1ère année 261-3CH
GEN3693A - Module C : Ethique et 27/02/2019 École Doctorale 1 jour
recherche 261-3CH
PPC1 - Prévention et Secours Civique 17 et CFDIP 2 jours
18/10/2019
GST45 - Travailler en équipe 5 et 6/12/2019 CFDIP 2 jours

IEE10 - Se mettre dans la peau d’un 18 et CFDIP 1.5 jours


DRH 19/06/2020

b. Formations individuelles (formations personnelles, congrès en lien avec la


thèse, workshop…)

Nature de la Intitulé Date Organisateur Nombre de


formation jours/heure
(congrès, s
workshop…)
Formation Formation 2018-2019 Association Compte
Thérapeute Française de pour 3 jours
Praticien en TCC Thérapie (91 heures)
(Module 1) Comportement
ale et Cognitive
Formation Formation 2019-2020 Association Compte
Thérapeute Française de pour 3 jours
Praticien en TCC Thérapie (91 heures)
(Module 2) Comportement
ale et Cognitive
Formation Formation 2020-2021 Association Compte
Thérapeute Française de pour 3 jours
Praticien en TCC Thérapie (77 heures)
(Module 3) Comportement
ale et Cognitive

211
5. Enseignement

Discipline Nature (Mission Établissement Niveau Volume


d’enseignement, (Licence, horaire
vacation…) Master… annuel
)
Psychopathologie Vacation (2019- Université Paris Licence 18h
2020) Cité 2
Psychopathologie Vacation (2020- Université Paris Licence 36h
2021) Cité 2
Psychopathologie Vacation (2020- Université Paris Licence 15h
2021) Cité 3
Apprentissage par la Vacation (2020- Université Paris Licence 48h
recherche 2021) Cité 2

6. Mobilité nationale et internationale (séjour d’accueil dans un


autre laboratoire, à l’étranger…)

Lieu d’accueil Année Objectifs

7. Compétences techniques (logiciels, techniques d’entretien,


techniques d’analyses, imageries…)

Techniques (logiciel, entretien, Année Objectifs


analyses, imagerie…)
Logiciel STATA 2018 Apprendre à utiliser le logiciel de
statistique STATA

212
8. Compétences transversales et complémentaires

a. Activités éditoriales (comité de lecture, expertise…)

Nature de l’activité Discipline Journal / revue / ouvrage… Date


éditoriale
Comité de lecture Psychologie Current Psychology Février
2021

b. Encadrement de stagiaires

Niveau académique Discipline Année Objectifs


du/des stagiaire(s)
L3 Psychologie 2019 Cotation de vidéos YouTube

c. Organisation de manifestations (congrès, colloques, séminaires…)

Nature de la Organisateur Date Tâches effectuées


manifestation
(congrès,
workshop,
séminaire…)

d. Responsabilités collectives (université, école doctorale, laboratoire…)

Nature de l’activité Instance Année Tâches effectuées


(représentants,
élus,
responsabilité…)

213
e. Autre : (à préciser)

Nature de l’activité Instance Année Tâches effectuées

9. Projet professionnel (projet d’avenir…)

Après l’obtention du doctorat, je souhaiterais à court ou moyen terme devenir


Maître de conférences des Universités. Dans cet objectif, j’effectuerai éventuellement
un post-doctorat. Je souhaite également poursuivre mon activité clinique en libéral
et, si possible, pouvoir obtenir un temps partiel au sein d’une structure spécialisée
dans la prise en charge des addictions et intéressée par les problématiques liées à
l’utilisation des réseaux sociaux ou plus largement des écrans. A long terme, je
souhaiterais pouvoir concilier une activité de recherche, d’enseignement et de
clinique.

10. Objectifs pour l’année suivante/Objectifs après la thèse

J’ai pour objectif l’année prochaine de concilier mon activité clinique en libéral
avec un travail de recherche en psychologie en temps partiel au sein d’une entreprise
privée. J’espère également pouvoir faire l’analyse des données qualitatives recueillies
pendant la thèse et aboutir à la rédaction d’un article. Par la suite, à moyen terme,
j’aimerais retrouver une activité d’enseignement si possible à l’université.

214

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