Derive Fonction
Derive Fonction
Introduction
p
Nous souhaitons calculer 1, 01 ou du moins en trouver une valeur approchée. Comme 1, 01 est proche de
p
1 et que 1 = 1 on se doute bien que 1, 01 sera proche de 1. Peut-on être plus précis ? Si l’on appelle f la
p
p
fonction définie par f (x) = x, alors la fonction f est une fonction continue en x 0 = 1. La continuité nous
affirme que pour x suffisamment proche de x 0 , f (x) est proche de f (x 0 ). Cela revient à dire que pour x au
voisinage de x 0 on approche f (x) par la constante f (x 0 ).
y = (x − 1) 12 + 1
p
y= x
y =1
1
0 1 x
Nous pouvons faire mieux qu’approcher notre fonction par une droite horizontale ! Essayons avec une droite
quelconque. Quelle droite se rapproche le plus du graphe de f autour de x 0 ? Elle doit passer par le point
(x 0 , f (x 0 )) et doit « coller » le plus possible au graphe : c’est la tangente au graphe en x 0 . Une équation de
la tangente est
y = (x − x 0 ) f 0 (x 0 ) + f (x 0 )
où f 0 (x 0 ) désigne le nombre dérivé de f en x 0 .
p
On sait que pour f (x) = x, on a f 0 (x) = 2p1 x . Une équation de la tangente en x 0 = 1 est donc y =
(x − 1) 12 + 1. Et donc pour x proche de 1 on a f (x) ≈ (x − 1) 12 + 1. Qu’est-ce que cela donne pour notre
0,01
calcul de 1, 01 ? On pose x = 1, 01 donc f (x) ≈ 1 + 12 (x − 1) = 1 + 2 = 1, 005. Et c’est effectivement
une très bonne de approximation de 0, 01 = 1, 00498 . . .. En posant h = x − 1 on peut reformuler notre
p
p
approximation en : 1 + h ≈ 1 + 21 h qui est valable pour h proche de 0.
Dans ce chapitre nous allons donc définir ce qu’est la dérivée d’une fonction et établir les formules des
dérivées des fonctions usuelles. Enfin, pour connaître l’erreur des approximations, il nous faudra travailler
beaucoup plus afin d’obtenir le théorème des accroissements finis.
1. Dérivée
f (x) − f (x 0 )
f 0 (x 0 ) = lim
x→x 0 x − x0
Définition 2.
f est dérivable sur I si f est dérivable en tout point x 0 ∈ I. La fonction x 7→ f 0 (x) est la fonction
df
dérivée de f , elle se note f 0 ou d x .
Exemple 1.
La fonction définie par f (x) = x 2 est dérivable en tout point x 0 ∈ R. En effet :
f (x) − f (x 0 ) x 2 − x 02 (x − x 0 )(x + x 0 )
= = = x + x 0 −−−→ 2x 0 .
x − x0 x − x0 x − x0 x→x 0
On a même montré que le nombre dérivé de f en x 0 est 2x 0 , autrement dit : f 0 (x) = 2x.
Exemple 2.
Montrons que la dérivée de f (x) = sin x est f 0 (x) = cos x. Nous allons utiliser les deux assertions suivantes :
sin x p−q p+q
−−→ 1 et sin p − sin q = 2 sin · cos .
x x→0 2 2
f (x)− f (0) sin x
Remarquons déjà que la première assertion prouve x−0 = x → 1 et donc f est dérivable en x 0 = 0
et f 0 (0) = 1.
Pour x 0 quelconque on écrit :
x−x 0
f (x) − f (x 0 ) sin x − sin x 0 sin x + x0
= = x−x2 · cos .
x − x0 x − x0 2
0 2
x+x 0 x−x 0
Lorsque x → x 0 alors d’une part cos 2 → cos x 0 et d’autre part en posant u = 2 alors u → 0 et on a
sin u f (x)− f (x 0 ) 0
u → 1. Ainsi x−x 0 → cos x 0 et donc f (x) = cos x.
1.2. Tangente
f (x)− f (x )
La droite qui passe par les points distincts (x 0 , f (x 0 )) et (x, f (x)) a pour coefficient directeur x−x 0 0 . À
la limite on trouve que le coefficient directeur de la tangente est f 0 (x 0 ). Une équation de la tangente au
point (x 0 , f (x 0 )) est donc :
y = (x − x 0 ) f 0 (x 0 ) + f (x 0 )
M0
x0 x
Démonstration. Il s’agit juste de reformuler la définition de f 0 (x 0 ). Par exemple, après division par x − x 0 ,
la deuxième écriture devient
f (x) − f (x 0 )
= ` + ε(x).
x − x0
Proposition 2.
Soit I un intervalle ouvert, x 0 ∈ I et soit f : I → R une fonction.
• Si f est dérivable en x 0 alors f est continue en x 0 .
• Si f est dérivable sur I alors f est continue sur I.
Démonstration. Supposons f dérivable en x 0 et montrons qu’elle est aussi continue en ce point. Voici une
démonstration concise : partant de l’écriture alternative donnée dans la proposition 1, nous écrivons
f (x) = f (x 0 ) + (x − x 0 )` + (x − x 0 )ε(x) .
| {z } | {z }
→0 →0
Donc f (x) → f (x 0 ) lorsque x → x 0 et ainsi f est continue en x 0 .
On reprend cette démonstration sans utiliser les limites mais uniquement la définition de continuité et
dérivabilité : fixons ε0 > 0 et écrivons f (x) = f (x 0 ) + (x − x 0 )` + (x − x 0 )ε(x) grâce à la proposition 1, où
ε(x) −−−→ 0 et ` = f 0 (x 0 ). Choisissons δ > 0 de sorte qu’il vérifie tous les points suivants :
x→x 0
• δ 6 1,
• δ|`| < ε0 ,
• si |x − x 0 | < δ alors |ε(x)| < ε0 (c’est possible car ε(x) → 0).
Alors l’égalité ci-dessus devient :
f (x) − f (x 0 ) = (x − x 0 )` + (x − x 0 )ε(x)
6 |x − x 0 | · |`| + |x − x 0 | · |ε(x)|
6 δ|`| + δε0 pour |x − x 0 | < δ
0 0 0
6 ε + ε = 2ε
Nous venons de prouver que si |x − x 0 | < δ alors f (x) − f (x 0 ) < 2ε0 , ce qui exprime exactement que f
est continue en x 0 .
Remarque.
La réciproque est fausse : par exemple, la fonction valeur absolue est continue en 0 mais n’est pas dérivable
en 0.
y
y = |x|
0 1 x
Proposition 3.
Soient f , g : I → R deux fonctions dérivables sur I. Alors pour tout x ∈ I :
• ( f + g)0 (x) = f 0 (x) + g 0 (x)
• (λ f )0 (x) = λ f 0 (x) où λ est un réel fixé
• (f × g)0 (x) = f 0 (x)g(x) + f (x)g 0 (x)
1 0 f 0 (x)
• f (x) = − f (x)2 (si f (x) 6= 0)
0
f f 0 (x)g(x) − f (x)g 0 (x)
• (x) = (si g(x) 6= 0)
g g(x)2
Remarque.
Il est plus facile de mémoriser les égalités de fonctions :
( f + g)0 = f 0 + g 0 (λ f )0 = λ f 0 ( f × g)0 = f 0 g + f g 0
0 0
1 f0 f f 0 g − f g0
=− 2 =
f f g g2
Ceci étant vrai pour tout x 0 ∈ I la fonction f × g est dérivable sur I de dérivée f 0 g + f g 0 .
ex ex eu u0 eu
1 u0
ln x x ln u u
2.3. Composition
Proposition 4.
Si f est dérivable en x et g est dérivable en f (x) alors g ◦ f est dérivable en x de dérivée :
0
g ◦ f (x) = g 0 f (x) · f 0 (x)
Démonstration. La preuve est similaire à celle ci-dessus pour le produit en écrivant cette fois :
g ◦ f (x) − g ◦ f (x 0 ) g f (x) − g f (x 0 ) f (x) − f (x 0 )
= ×
x − x0 f (x) − f (x 0 ) x − x0
0 0
−−−→ g f (x 0 ) × f (x 0 ).
x→x 0
Exemple 3.
Calculons la dérivée de ln(1 + x 2 ). Nous avons g(x) = ln(x) avec g 0 (x) = 1x ; et f (x) = 1 + x 2 avec
f 0 (x) = 2x. Alors la dérivée de ln(1 + x 2 ) = g ◦ f (x) est
0 2x
g ◦ f (x) = g 0 f (x) · f 0 (x) = g 0 1 + x 2 · 2x =
.
1 + x2
Corollaire 1.
Soit I un intervalle ouvert. Soit f : I → J dérivable et bijective dont on note f −1 : J → I la bijection
réciproque. Si f 0 ne s’annule pas sur I alors f −1 est dérivable et on a pour tout x ∈ J :
0 1
f −1 (x) =
f 0 f −1 (x)
Remarque.
Il peut être plus simple de retrouver la formule à chaque fois en dérivant l’égalité
f g(x) = x
où g = f −1 est la bijection réciproque de f .
En effet à droite la dérivée de x est 1 ; à gauche la dérivée de f g(x) = f ◦ g(x) est f 0 g(x) · g 0 (x).
L’égalité f g(x) = x conduit donc à l’égalité des dérivées :
f 0 g(x) · g 0 (x) = 1.
Mais g = f −1 donc
0 1
f −1 (x) = .
f 0 f −1 (x)
Exemple 4.
Soit f : R → R la fonction définie par f (x) = x + exp(x). Étudions f en détail.
Tout d’abord :
1. f est dérivable car f est la somme de deux fonctions dérivables. En particulier f est continue.
2. f est strictement croissante car f est la somme de deux fonctions strictement croissante.
3. f est une bijection car lim x→−∞ f (x) = −∞ et lim x→+∞ f (x) = +∞.
4. f 0 (x) = 1 + exp(x) ne s’annule jamais (pour tout x ∈ R).
Notons g = f −1 la bijection réciproque de f . Même si on ne sait pas a priori exprimer g, on peut malgré
tout connaître des informations sur cette fonction : par le corollaire ci-dessus g est dérivable et l’on calcule
g 0 en dérivant l’égalité f g(x) = x. Ce qui donne f 0 g(x) · g 0 (x) = 1 et donc ici
1 1
g 0 (x) = = .
f 0 g(x) 1 + exp g(x)
Pour cette fonction f particulière on peut préciser davantage : comme f g(x) = x alors g(x)+exp g(x) =
x donc exp g(x) = x − g(x). Cela conduit à :
1
g 0 (x) = .
1 + x − g(x)
y
y = x + exp(x)
y=x
y = 12 (x − 1)
1 y = g(x)
0 1 x
0
Par exemple f (0) = 1 donc g(1) = 0 et donc g 0 (1) = 12 . Autrement dit f −1 (1) = 12 . L’équation de la
tangente au graphe de f −1 au point d’abscisse x 0 = 1 est donc y = 12 (x − 1).
2.4. Dérivées successives
Soit f : I → R une fonction dérivable et soit f 0 sa dérivée. Si la fonction f 0 : I → R est aussi dérivable on
note f 00 = ( f 0 )0 la dérivée seconde de f . Plus généralement on note :
0
f (0) = f , f (1) = f 0 , f (2) = f 00 et f (n+1) = f (n)
Si la dérivée n-ième f (n) existe on dit que f est n fois dérivable.
Théorème 1 (Formule de Leibniz).
(n) n n
f ·g = f (n) · g + f (n−1) · g (1) + · · · + f (n−k) · g (k) + · · · + f · g (n)
1 k
Autrement dit :
n
(n) X n
f ·g = f (n−k) · g (k) .
k=0
k
La démonstration est similaire à celle de la formule du binôme de Newton et les coefficients que l’on obtient
sont les mêmes.
Exemple 5.
• Pour n = 1 on retrouve ( f · g)0 = f 0 g + f g 0 .
• Pour n = 2, on a ( f · g)00 = f 00 g + 2 f 0 g 0 + f g 00 .
Exemple 6.
Calculons les dérivées n-ème de exp(x)·(x 2 +1) pour tout n > 0. Notons f (x) = exp(x) alors f 0 (x) = exp(x),
f 00 (x) = exp(x),..., f (k) (x) = exp(x). Notons g(x) = x 2 + 1 alors g 0 (x) = 2x, g 00 (x) = 2 et pour k > 3,
g (k) (x) = 0.
Appliquons la formule de Leibniz :
(n) (n) n
f ·g (x) = f (x) · g(x) + f (n−1) (x) · g (1) (x)+
1
n (n−2) (2) n
+ f (x) · g (x) + f (n−3) (x) · g (3) (x) + · · ·
2 3
On remplace f (k) (x) = exp(x) et on sait que g (3) (x) = 0, g (4) (x) = 0,. . . Donc cette somme ne contient que
les trois premiers termes :
(n) 2 n n
f ·g (x) = exp(x) · (x + 1) + exp(x) · 2x + exp(x) · 2.
1 2
Que l’on peut aussi écrire :
(n)
f ·g (x) = exp(x) · x 2 + 2nx + n(n − 1) + 1 .
Mini-exercices.
p p
1. Calculer les dérivées des fonctions suivantes : f1 (x) = x ln x, f2 (x) = sin 1x , f3 (x) = 1+ 1 + x 2,
13
f4 (x) = ln( 1+x 1
1−x ) , f 5 (x) = x , f 6 (x) = arctan x + arctan x .
x
f0
2. On note ∆( f ) = f . Calculer ∆( f × g).
3. Soit f :]1, +∞[→] − 1, +∞[ définie par f (x) = x ln(x) − x. Montrer que f est une bijection. Notons
g = f −1 . Calculer g(0) et g 0 (0).
4. Calculer les dérivées successives de f (x) = ln(1 + x).
5. Calculer les dérivées successives de f (x) = ln(x) · x 3 .
3. Extremum local, théorème de Rolle
Définition 3.
• On dit que x 0 est un point critique de f si f 0 (x 0 ) = 0.
• On dit que f admet un maximum local en x 0 (resp. un minimum local en x 0 ) s’il existe un intervalle
ouvert J contenant x 0 tel que
pour tout x ∈ I ∩ J f (x) 6 f (x 0 )
(resp. f (x) > f (x 0 )).
• On dit que f admet un extremum local en x 0 si f admet un maximum local ou un minimum local
en ce point.
maximum global
x
I
Dire que f a un maximum local en x 0 signifie que f (x 0 ) est la plus grande des valeurs f (x) pour les x
proches de x 0 . On dit que f : I → R admet un maximum global en x 0 si pour toutes les autres valeurs
f (x), x ∈ I, on a f (x) 6 f (x 0 ) (on ne regarde donc pas seulement les f (x) pour x proche de x 0 ). Bien sûr
un maximum global est aussi un maximum local, mais la réciproque est fausse.
Théorème 2.
Soit I un intervalle ouvert et f : I → R une fonction dérivable. Si f admet un maximum local (ou un
minimum local) en x 0 alors f 0 (x 0 ) = 0.
En d’autres termes, un maximum local (ou un minimum local) x 0 est toujours un point critique. Géométri-
quement, au point (x 0 , f (x 0 )) la tangente au graphe est horizontale.
y
x
I
Exemple 7.
Étudions les extremums de la fonction fλ définie par fλ (x) = x 3 + λx en fonction du paramètre λ ∈ R. La
dérivée est fλ0 (x) = 3x 2 + λ. Si x 0 est un extremum local alors fλ0 (x 0 ) = 0.
• Si λ > 0 alors fλ0 (x) > 0 et ne s’annule jamais il n’y a pas de points critiques donc pas non plus
d’extremums. En anticipant sur la suite : fλ est strictement croissante sur R.
• Si λ = 0 alors fλ0 (x) = 3x 2 . Le seul point critique est x 0 = 0. Mais ce n’est ni un maximum local, ni un
minimum local. En effet si x < 0, f0 (x) < Ç 0 = f0 (0) etÇsi x > 0, f0 (x) > 0 = f0 (0). Ç
|λ| |λ| |λ|
• Si λ < 0 alors fλ0 (x) = 3x 2 − |λ| = 3 x +
3 x − 3 . Il y a deux points critiques x 1 = − 3 et
Ç
|λ| 0 0
x 2 = + 3 . En anticipant sur la suite : fλ (x) > 0 sur ] − ∞, x 1 [ et ]x 2 , +∞[ et fλ (x) < 0 sur ]x 1 , x 2 [ ;
maintenant fλ est croissante sur ] − ∞, x 1 [, puis décroissante sur ]x 1 , x 2 [, donc x 1 est un maximum
local. D’autre part fλ est décroissante sur ]x 1 , x 2 [ puis croissante sur ]x 2 , +∞[ donc x 2 est un minimum
local.
x2
x1
Remarque.
1. La réciproque du théorème 2 est fausse. Par exemple la fonction f : R → R, définie par f (x) = x 3 vérifie
f 0 (0) = 0 mais x 0 = 0 n’est ni maximum local ni un minimum local.
2. L’intervalle du théorème 2 est ouvert. Pour le cas d’un intervalle fermé, il faut faire attention aux
extrémités. Par exemple si f : [a, b] → R est une fonction dérivable qui admet un extremum en x 0 , alors
on est dans l’une des situations suivantes :
• x 0 = a,
• x 0 = b,
• x 0 ∈]a, b[ et dans ce cas on a bien f 0 (x 0 ) = 0 par le théorème 2.
Aux extrémités on ne peut rien dire pour f 0 (a) et f 0 (b), comme le montre les différents maximums sur
les dessins suivants.
x0 I a I I b
3. Pour déterminer max[a,b] f et min[a,b] f (où f : [a, b] → R est une fonction dérivable) il faut comparer
les valeurs de f aux différents points critiques et en a et en b.
Preuve du théorème. Supposons que x 0 soit un maximum local de f , soit donc J l’intervalle ouvert de la
définition contenant x 0 tel que pour tout x ∈ I ∩ J on a f (x) 6 f (x 0 ).
f (x)− f (x )
• Pour x ∈ I ∩ J tel que x < x 0 on a f (x) − f (x 0 ) 6 0 et x − x 0 < 0 donc x−x 0 0 > 0 et donc à la limite
f (x)− f (x 0 )
lim x→x 0− x−x 0 > 0.
f (x)− f (x 0 )
• Pour x ∈ I ∩ J tel que x > x 0 on a f (x) − f (x 0 ) 6 0 et x − x 0 > 0 donc x−x 0 6 0 et donc à la limite
f (x)− f (x 0 )
lim x→x + 6 0.
x−x 0
0
Or f est dérivable en x 0 donc
f (x) − f (x 0 ) f (x) − f (x 0 )
lim− = lim+ = f 0 (x 0 ).
x→x 0 x − x0 x→x 0 x − x0
La première limite est positive, la seconde est négative, la seule possibilité est que f 0 (x 0 ) = 0.
f (a) = f (b)
a c b
Démonstration. Tout d’abord, si f est constante sur [a, b] alors n’importe quel c ∈]a, b[ convient. Sinon
il existe x 0 ∈ [a, b] tel que f (x 0 ) 6= f (a). Supposons par exemple f (x 0 ) > f (a). Alors f est continue sur
l’intervalle fermé et borné [a, b], donc elle admet un maximum en un point c ∈ [a, b]. Mais f (c) > f (x 0 ) >
f (a) donc c 6= a. De même comme f (a) = f (b) alors c = 6 b. Ainsi c ∈]a, b[. En c, f est donc dérivable et
admet un maximum (local) donc f 0 (c) = 0.
Exemple 8.
Soit P(X ) = (X −α1 )(X −α2 ) · · · (X −αn ) un polynôme ayant n racines réelles différentes : α1 < α2 < · · · < αn .
Donc par le théorème de Rolle, pour chaque 1 6 k 6 n − 1, comme f (αk ) = 0 = f (αk+1 ) alors il
existe γk ∈]αk , αk+1 [ tel que f 0 (γk ) = 0. Mais comme la fonction exponentielle ne s’annule jamais alors
(P + P 0 )(γk ) = 0. Nous avons bien trouvé n − 1 racines distinctes de P + P 0 : γ1 < γ2 < · · · < γn−1 .
Mini-exercices.
1. Dessiner le graphe de fonctions vérifiant : f1 admet deux minimums locaux et un maximum local ;
f2 admet un minimum local qui n’est pas global et un maximum local qui est global ; f3 admet une
infinité d’extremums locaux ; f4 n’admet aucun extremum local.
2. Calculer en quel point la fonction f (x) = a x 2 + b x + c admet un extremum local.
3. Soit f : [0, 2] → R une fonction deux fois dérivable telle que f (0) = f (1) = f (2) = 0. Montrer qu’il
existe c1 , c2 tels que f 0 (c1 ) = 0 et f 0 (c2 ) = 0. Montrer qu’il existe c3 tel que f 00 (c3 ) = 0.
4. Montrer que chacune des trois hypothèses du théorème de Rolle est nécessaire.
a c b
Corollaire 2.
Soit f : [a, b] → R une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[.
1. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) > 0 ⇐⇒ f est croissante ;
2. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) 6 0 ⇐⇒ f est décroissante ;
0
3. ∀x ∈]a, b[ f (x) = 0 ⇐⇒ f est constante ;
4. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) > 0 =⇒ f est strictement croissante ;
5. ∀x ∈]a, b[ f 0 (x) < 0 =⇒ f est strictement décroissante.
Remarque.
La réciproque au point (4) (et aussi au (5)) est fausse. Par exemple la fonction x 7→ x 3 est strictement
croissante et pourtant sa dérivée s’annule en 0.
∀x, y ∈ I f (x) − f ( y) 6 M |x − y|
Démonstration. Fixons x, y ∈ I, il existe alors c ∈]x, y[ ou ] y, x[ tel que f (x) − f ( y) = f 0 (c)(x − y) et
comme | f 0 (c)| 6 M alors f (x) − f ( y) 6 M |x − y|.
Exemple 9.
Soit f (x) = sin(x). Comme f 0 (x) = cos x alors | f 0 (x)| 6 1 pour tout x ∈ R. L’inégalité des accroissements
finis s’écrit alors :
pour tout x, y ∈ R | sin x − sin y| 6 |x − y|.
En particulier si l’on fixe y = 0 alors on obtient
| sin x| 6 |x|
y=x
y
y = sin x
x
y = − sin x
y = −x
f 0 (x) f (x)
Si lim = ` (∈ R) alors lim = `.
x→x 0 g 0 (x) x→x 0 g(x)
Démonstration. Fixons a ∈ I \ {x 0 } avec par exemple a < x 0 . Soit h : I → R définie par h(x) = g(a) f (x) −
f (a)g(x). Alors
• h est continue sur [a, x 0 ] ⊂ I,
• h est dérivable sur ]a, x 0 [,
• h(x 0 ) = h(a) = 0.
Donc par le théorème de Rolle il existe ca ∈]a, x 0 [ tel que h0 (ca ) = 0. Or h0 (x) = g(a) f 0 (x) − f (a)g 0 (x) donc
f (a) f 0 (c )
g(a) f 0 (ca ) − f (a)g 0 (ca ) = 0. Comme g 0 ne s’annule pas sur I \ {x 0 } cela conduit à g(a) = g 0 (ca ) . Comme
a
a < ca < x 0 lorsque l’on fait tendre a vers x 0 on obtient ca → x 0 . Cela implique
f (a) f 0 (ca ) f 0 (ca )
lim = lim 0 = lim 0 = `.
a→x 0 g(a) a→x 0 g (ca ) ca →x 0 g (ca )
Exemple 10.
2
ln(x +x−1)
Calculer la limite en 1 de . On vérifie que :
ln(x) 2x+1
• f (x) = ln(x + x − 1), f (1) = 0, f 0 (x) = x 2 +x−1 ,
2
1
• g(x) = ln(x), g(1) = 0, g 0 (x) = x ,
• Prenons I =]0, 1], x 0 = 1, alors g 0 ne s’annule pas sur I \ {x 0 }.
f 0 (x) 2x + 1 2x 2 + x
= × x = −−→ 3.
g 0 (x) x2 + x − 1 x 2 + x − 1 x→1
Donc
f (x)
−−→ 3.
g(x) x→1
Mini-exercices.
3 2
1. Soit f (x) = x3 + x2 − 2x + 2. Étudier la fonction f . Tracer son graphe. Montrer que f admet un
minimum local et un maximum local.
p
2. Soit f (x) = x. Appliquer le théorème des accroissements finis sur l’intervalle [100, 101]. En déduire
1 p 1
l’encadrement 10 + 22 6 101 6 10 + 20 .
1
3. Appliquer le théorème des accroissements finis pour montrer que ln(1 + x) − ln(x) < x (pour tout
x > 0).
4. Soit f (x) = e x . Que donne l’inégalité des accroissements finis sur [0, x] ?
x
5. Appliquer la règle de l’Hospital pour calculer les limites suivantes (quand x → 0) : ;
(1 + x)n − 1
ln(x + 1) 1 − cos x x − sin x
p ; ; .
x tan x x3