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MOOC Genre et Développement

MODULE 6 :
Genre et développement humain

Sommaire :
Séquence 1 : Concepts et enjeux du développement humain
Séquence 2 : L’éducation des filles et des garçons : intérêts et enjeux pour le développement
Séquence 3 : Genre et promotion de la santé
Séquence 4 : Genre, droits et santé sexuels et reproductifs
Séquence 5 : Les violences basées sur le genre

Introduction

Bienvenue dans le module 6 sur le genre et le développement humain. Nous allons aborder dans quelle mesure les
inégalités de genre entravent les possibilités de développement humain pour les femmes et les filles en termes
d’éducation, de droits et de santé, dont la santé sexuelle et reproductive.

Vous aurez à votre disposition des outils et des pistes de réflexions pour approfondir et nourrir vos interventions
afin : de vous interroger sur les mécanismes structurels qui produisent les inégalités sociales ; de comprendre
les effets des inégalités et des violences sur le développement des individus, en matière d’éducation, de droits et
de santé sexuels et reproductifs ; et d’adopter une posture réflexive sur votre pratique professionnelle.

Cinq séquences de travail vous sont proposées :


- Une première sur les enjeux et concepts autour du genre et du développement humain ;
- Une deuxième sur l’éducation des filles et des garçons ;
- Une troisième séquence sur la promotion de la santé ;
- Une quatrième centrée sur les droits et santé sexuels et reproductifs ;
- Et enfin, la cinquième séquence traitera des violences faites aux femmes.

Séquence 1 : Concepts et enjeux du développement humain

1. ► Le développement humain : une approche par les droits


La notion de développement s’est longtemps concentrée sur la croissance économique. Pourtant, une forte
croissance peut cacher de très grandes disparités entre les individus d’un même pays selon leur genre, leur origine
ethnique ou leur lieu d’habitation. C’est pourquoi la notion de développement humain place en son cœur la
qualité de vie des individus, et concerne des domaines tels que le niveau d’éducation ou l’accès à la santé.
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Le développement humain constitue ainsi l’un des piliers de l’Agenda 2030 et des Objectifs de développement
durable. Sur les 17 ODD, au moins 6 visent directement une dimension du développement humain : la lutte
contre la pauvreté, la lutte contre les inégalités, l’éducation, la santé, l’égalité entre les femmes et les
hommes, et la lutte contre la faim. Pour que le développement soit durable, il doit donc intégrer les enjeux
environnementaux, économiques mais aussi sociaux qui touchent les populations.

Le développement humain se base en grande partie sur ce qu’on appelle « l’approche fondée sur les
droits humains » qui considère l’éducation et la santé, non pas comme des services rendus pas l’Etat, mais comme
des droits dont chaque individu doit pouvoir bénéficier. Cette approche nous permet ainsi d’analyser les
inégalités au cœur des enjeux de développement et de combattre les pratiques discriminatoires.

Bien que de nombreux traités internationaux reconnaissent des droits fondamentaux relatifs à la santé, à l’éducation
ou à d’autres dimensions du développement humain, il existe encore beaucoup de pays qui ne les respectent pas,
notamment les droits des femmes. Il est donc impératif d’analyser les différents cadres normatifs appliqués dans
un pays pour lutter contre les pratiques discriminatoires.

Maintenant que nous avons défini ce que recouvre le développement humain, il est essentiel de savoir comment le
mesurer, et comment prendre en compte les inégalités existantes au sein d’un pays. C’est l’objet de la prochaine
vidéo, dans laquelle seront présentés 3 indices : l’indice de développement humain, l’indice d’inégalité de genre
et le SIGI.

2. ► Comment mesurer le développement humain ?


Pour analyser la réalité sociale et élaborer des projets en adéquation avec les enjeux locaux, les indices de
développement peuvent s’avérer très utiles. Il en existe de nombreux, qui utilisent des critères différents pour
mesurer le niveau de développement d’un pays. En effet, cette mesure s’est longtemps concentrée sur la croissance
économique. Mais les critères monétaires à eux seuls, ne permettent pas de rendre compte de tous les aspects
de la vie des habitants. Afin de recentrer cette mesure sur la qualité de vie humaine, le PNUD, ou Programme
des Nations Unies pour le Développement - a créé l’indice de développement humain ou IDH.

L’IDH se mesure selon trois dimensions fondamentales du développement humain :


- La longévité et la santé, mesurées à partir de l’espérance de vie à la naissance ;
- L’éducation, mesurée grâce à la durée moyenne et attendue de scolarisation ;
- Et enfin le niveau de vie, basé sur le revenu national brut par habitant.

L’IDH est mesuré tous les ans et permet de classer les pays en 4 niveaux de développement : faible, moyen, élevé
ou très élevé. Si l’IDH permet une avancée par rapport à une vision purement économique du développement, il
reste aveugle aux inégalités de genre. C’est pourquoi plusieurs organisations ont développé des indices sensibles
au genre. L’objectif n’est pas de choisir un indice unique qui donnerait des informations sur toutes les dimensions
du développement, mais plutôt de savoir tirer profit de la complémentarité des indices existants.
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La plupart de ces indices sont composites, c’est-à-dire qu’ils représentent un agrégat de différents indicateurs :
cette méthode permet de donner une image plus complète sur les inégalités de genre, en prenant en compte
différents domaines de l’autonomisation des femmes. Les indices peuvent mesurer les inégalités de genre à un
moment existant - approche par les résultats, ou bien mesurer les origines de ces inégalités - approche par les
causes. Nous allons regarder de plus près deux exemples : l’indice d’inégalité de genre, qui correspond à la
première approche, puis le SIGI, qui correspond à la seconde approche par les causes.

L’indice d’inégalité de genre - IIG - créé en 2010 par le PNUD pour compléter l’IDH, cherche à mesurer les
inégalités femmes-hommes et à mettre en évidence l’impact négatif qu’elles produisent sur le niveau de
développement de l’ensemble du pays. Il se concentre sur trois domaines :
- La santé procréative : mesurée par le taux de mortalité maternelle et le taux de naissances chez les
adolescentes.
- L’autonomisation : mesurée par la proportion de sièges parlementaires occupés par des femmes et la
proportion de la population ayant au moins commencé l’enseignement secondaire, désagrégé par sexe.
- Et enfin la participation au marché du travail : mesurée quant à elle par le taux d’activité de la
population active pour les femmes et pour les hommes.

Selon l’indicateur choisi, on sera en mesure d’évaluer un aspect ou un autre du niveau de développement d’un
pays. Comparons 3 pays : Etats-Unis, France et Qatar sur 3 indicateurs : le PIB par habitant en Parité de pouvoir
d’achat (PPA), l’IDH et l’IIG. Si l’on regarde le classement de la France en 2018, on voit qu’elle est 23ème
selon son PIB par habitant, 27ème selon l’IDH et 8ème pour l’IIG. Déterminer ce qui est important et comment
on le mesure reste primordial si on veut transformer les représentations.

La majorité de ces indices se concentrent donc sur l’état des lieux des inégalités de genre à un moment choisi.
Mais en 2009, l’OCDE a construit un nouvel indice, le SIGI - pour Social Institutions and Gender Index : c’est
le principal indice qui se concentre sur les causes et les origines des inégalités de genre. Regardons le plus en
détail dans l’activité suivante.

Séquence 2 : L’éducation des filles et des garçons

1. ► Enjeux et freins à l’éducation


Alors que la convention internationale des Droits de l’Enfant consacre le droit fondamental à l’éducation et que
l’ODD 4 lui est entièrement dédié, les inégalités qui traversent les systèmes éducatifs sont profondes et
multiples. Elles se produisent entre les pays selon leur niveau de richesse, et à l’intérieur de ceux-ci, notamment
entre le milieu rural et le milieu urbain, ou entre les systèmes publics et les systèmes privés lucratifs.
Dans les contextes les plus fragiles, les inégalités de genre se retrouvent exacerbées. Alors que l’école devrait offrir
un potentiel transformateur pour promouvoir l’égalité, celle-ci est souvent un lieu de reproduction des inégalités
entre les filles et les garçons. Ainsi, dans le monde, seule 1 fille sur 3 a achevé le cycle d’enseignement
secondaire.
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Si ce taux a augmenté en Inde ou en Amérique du Sud, où il est parfois plus élevé que celui des garçons, il est
encore inférieur dans d’autres pays d’Afrique et d’Asie centrale. Avant la crise de la Covid 19, des progrès notables
dans l’éducation des filles ont été enregistrés ; cependant la pandémie a nettement stoppé cette progression. Dès la
mi-avril 2020, 1,7 milliard de jeunes entre 5 et 17 ans n’avaient plus accès à l’école dans 147 pays. Désormais, le
PNUD estime que le taux effectif de déscolarisation pourrait revenir au niveau des années 1980, soit le recul le
plus important jamais observé qui menacerait l’immense travail réalisé ces 30 dernières années.

Mais au-delà de la COVID 19, la plus faible fréquentation scolaire s'explique par de multiples freins qui leur
rendent plus difficile l’accès à l’enseignement :
- Citons tout d’abord la question de la gratuité de l’école : elle est essentielle pour les filles car les familles
ayant peu de ressources tendent à favoriser la scolarité des garçons.
- En milieu rural, l’insuffisance des capacités d’accueil est un frein considérable.
- De plus, l’éloignement entre le domicile et l’école implique des trajets souvent longs et risqués et peut
dissuader les familles d’envoyer leur(s) fille(s) à l’école.
- Le harcèlement et les violences scolaires sont craints par les filles et leurs parents.
- Enfin, les mariages précoces et forcés ainsi que les grossesses adolescentes sont corrélées à un plus fort
taux d’abandon de l’école chez les filles.
- L’eau est également révélatrice des inégalités sociales qui touchent particulièrement les filles. Ainsi
une source d’eau à l’intérieur des domiciles en milieu rural augmente d’environ 25 % les
probabilités de fréquentation scolaire des filles, car le temps qui n’est plus utilisé pour la corvée d’eau
est employé à de nouvelles activités, dont la scolarité fait partie.

Toutefois le taux de scolarisation des filles ne suffit pas à mesurer l’égalité entre les genres : il faut aussi
regarder la qualité de l’éducation reçue, qui dépend à la fois du contenu de l’enseignement, et de l’assiduité
scolaire - les absences et abandons étant plus fréquents pour les filles. Quant au contenu, il reste trop souvent
empreint de stéréotypes de genre, qui ont une influence considérable sur les mentalités des jeunes filles et garçons.
Par exemple, de nombreux manuels véhiculent encore des stéréotypes où les femmes sont cantonnées aux
tâches familiales et domestiques ; et les figures historiques ou scientifiques présentées sont presque exclusivement
masculines.

Au-delà des supports pédagogiques, c’est aussi l’ensemble des interactions entre adultes et enfants qui sont
marquées par le genre. Le personnel enseignant interroge plus fréquemment les garçons que les filles, et passe
plus de temps à les aider. Dans l’organisation des classes, les garçons sont plus souvent placés aux premiers rangs
pour être mieux surveillés et les filles au fond de la classe. Les filles peuvent aussi être reléguées aux tâches de
nettoyage de la cour de récréation ou de la classe. Le rappel quotidien aux stéréotypes de genre en milieu
scolaire participe aussi au cantonnement des jeunes filles à l’espace domestique et à la limitation de leur avenir
professionnel.

L’accès à l’éducation est également freiné par de multiples barrières structurelles qui pèsent plus lourdement sur
les filles. Ainsi dès la fin du primaire, les filles ont besoin d’installations sanitaires pour gérer dans de bonnes
conditions leur hygiène menstruelle. C’est ce que nous allons voir dans la prochaine vidéo.
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2. ► L’accès aux infrastructures sanitaires


Le mauvais état ou l’absence d’infrastructures sanitaires sont une raison importante de déscolarisation des filles,
qui ne peuvent préserver leur intimité. L’hygiène menstruelle constitue à elle seule une problématique
importante de l’égalité entre filles et garçons à l’école, et plus largement, de l’égalité entre les femmes et les
hommes. Lorsque les établissements scolaires ne disposent pas d’infrastructures sanitaires telles que des toilettes
non mixtes, des points d’eau propre et du savon, les filles sont pénalisées au moment de leurs règles, et cela
peut entraîner de l'absentéisme régulier et engendrer des effets sur leur santé. Selon l’Unicef, 335 millions de filles
dans le monde fréquentant l'école primaire et secondaire manquent d'installations essentielles pour l'hygiène
menstruelle.

D’ailleurs, deux ODD évoquent la question de la gestion de l’hygiène menstruelle : l’ODD 4 dédié à une éducation
de qualité et l’ODD 6 dédié à l’eau et l’assainissement. Dès lors, de nombreux éléments sont à prendre en compte
lors de la mise en place de projets favorisant l’accès à l’éducation afin que les filles puissent en bénéficier :
- Tout d’abord la gestion de l’hygiène menstruelle implique de diffuser une information correcte et
complète auprès de toute la population, en brisant le tabou sur les règles et l’élimination des déchets de
l’hygiène menstruelle. La sensibilisation peut être différenciée selon le type d’acteurs, filles ou garçons
par exemple.
- Elle doit être accompagnée d’un renforcement des capacités de gestion de l’hygiène menstruelle de
l’entourage, aussi bien de la famille, du corps enseignant, que des agents du gouvernement.
- Il est aussi important de veiller à la participation des femmes de tous les âges , afin d’éviter leur absence
à l’école et au travail, dues aux règles douloureuses, aux tabous ou encore aux difficultés de mobilité
pendant leurs règles.
- La gestion de l’hygiène menstruelle nécessite également une gouvernance qui prend en compte les voix
des femmes et des filles dans l’ensemble des étapes du cycle de projet, et qui partage les charges entre les
femmes et les hommes. La gouvernance doit aussi impliquer une collaboration entre les différents acteurs,
notamment entre les écoles et les centres de santé.
- En parallèle, la collecte de données via les enquêtes par exemple, offre une meilleure vision pour
construire des réponses adéquates suivant les spécificités du terrain.
- Rappelons également l’importance des infrastructures non mixtes et sécurisées, favorisant l’intimité,
dans les maisons, les lieux publics et au travail. En outre, il faut s’assurer que les protections menstruelles
disponibles sont adaptées, abordables, financièrement et disponibles localement.
- Bien entendu, toutes ces actions ont nécessairement besoin d’être appuyées par des politiques publiques.
La gestion de l’hygiène menstruelle est transversale et touche aussi bien les politiques de santé,
d’éducation, d’emploi, d’environnement, d’égalité ou d’habitat. Elle a besoin de budgets dédiés et
d’indicateurs de suivi au niveau national.

A présent, passons à un exemple concret au travers d’un cas pratique.


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Séquence 3 : Genre et promotion de la santé

1. ► La promotion de la santé
L’OMS définit la santé comme « un état complet de bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas
seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Nous sommes ainsi passés d’une approche de la santé
par le risque, c’est-à-dire lutter contre les maladies et les accidents, à une approche positive de “promotion” de
la santé. Mais qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

La promotion de la santé pourrait être définie comme « le processus qui confère aux populations les moyens
d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé et de l'améliorer ». Ainsi pour permettre aux personnes
d’exercer ce plus grand contrôle, il faut tout d’abord identifier les facteurs qui ont un impact sur la santé. C’est
ce que l’on appelle les déterminants sociaux, c'est-à-dire les circonstances dans lesquelles les individus
naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent, ainsi que les systèmes mis en place pour faire face à
la maladie. On doit donc analyser les effets des différentes inégalités sur les relations avec les professionnel.le.s,
mais aussi comment le système de santé contribue à la reproduction des inégalités sociales.Les déterminants
sociaux permettent d’expliquer comment les inégalités sociales se transforment en inégalités de santé.

Ainsi on les classe en 4 grandes catégories :


- La première prend en compte l’âge, le sexe et les facteurs héréditaires.
- La deuxième porte sur les comportements et habitudes de vie individuels comme la consommation
d’alcool, de tabac, ou d’alimentation.
- La 3ème est relative aux conditions de vie matérielles et sociales des communautés dans lesquelles vivent
les individus, mais aussi l’emploi, le logement, les transports, et l’accès aux services publics.
- Enfin la quatrième catégorie prend en compte le contexte social, économique, politique et culturel.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, on estime que l’impact du système de soins sur la santé n’est que de
25%, par rapport aux autres déterminants. L’hérédité et l’environnement physique jouent un rôle important, mais
ce sont les facteurs socio-économiques comme la qualité du logement, de l’alimentation, ou les revenus qui
ont le plus fort impact sur notre santé.

Ainsi, connaître ces déterminants permet de développer des actions plus proches de la réalité des populations,
dans une approche positive de la santé. Agir sur ces facteurs permet de réduire les inégalités sociales de la santé.
En effet, si l’espérance de vie des femmes est supérieure à celle des hommes, leur morbidité, c’est-à-dire le
nombre de maladies développées à un moment donné, est plus importante.

Dès l’enfance, la majorité des filles sont bien moins soignées et nourries que les garçons, et beaucoup passent une
grande partie de leur vie en état de malnutrition. Ainsi, selon une analyse de l’OMS dans 41 pays, plus d’un tiers
des jeunes filles de 15 à 19 ans sont anémiques en raison d’un manque de fer dans leur alimentation et de leurs
menstruations. Cette anémie accroît le risque d’hémorragie et d’infection pendant l’accouchement, entraîne
des déficits cognitifs et physiques chez les jeunes enfants et réduit la productivité chez les adultes.
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Par ailleurs, les systèmes de santé participent aussi à la reproduction d’inégalités : différenciations et pratiques
discriminatoires dans le traitement des patients et des patientes, normes culturelles et religieuses, ou
représentations de la maladie qui affectent différemment les femmes et les hommes.

Enfin dans un même pays, l’accès aux systèmes et structures de santé pour les filles et les femmes peut être très
variable entre les milieux urbains et ruraux : par exemple les possibilités de mobilité et le niveau de sécurité des
trajets, ou encore les ressources financières pour recourir à des soins non pris en charge par le système de
protection sociale.

Un des moyens de lutter contre ces inégalités passe par des actions de littératie en santé qui est un outil important
d’autonomisation des personnes pour leur permettre d’accéder aux informations, de les comprendre et de les
appliquer pour elles-mêmes. C’est tout l’objectif de l’activité que nous allons vous présenter maintenant.

Séquence 4 : Genre, droits et santé sexuels et reproductifs

1. ► Droits et santé sexuels et reproductifs


La santé sexuelle et reproductive peut être définie comme « un état de bien-être physique, affectif, mental et
social, concernant tous les aspects de la sexualité et de la reproduction, et pas seulement l’absence de
maladie, ou de dysfonctionnement”. Les droits à la santé sexuelle et reproductive ou DSSR reposent eux-mêmes
sur les droits humains de chaque personne à :
- Bénéficier du respect de son intégrité corporelle ;
- Définir librement sa propre sexualité, y compris son orientation sexuelle, son identité et son expression
de genre ;
- Choisir son ou ses partenaires et bénéficier d’une expérience sexuelle sans risque ;
- Décider si, quand et avec qui se marier ; avoir des enfants ou non ;
- Avoir accès toute sa vie à l’information, aux ressources, et aux services nécessaires pour réaliser ces
droits sans discrimination, contrainte ni violence.

Cette approche a permis de mettre l'accent sur toutes les composantes de la santé reproductive, et non plus
uniquement sur la contraception et la planification familiale. Elle a aussi clairement souligné le droit des femmes
à disposer de leur corps. Accéder aux droits et santé sexuels et reproductifs passe nécessairement par
l’acquisition de connaissances. Plusieurs accords internationaux rappellent l’importance de fournir aux jeunes
les informations, l’éducation et les services dont ils ont besoin en la matière.

Dans ce sens, l’école joue un rôle central pour dispenser des apprentissages adaptés à l’âge des enfants et aux
jeunes. Dans les pays où la fréquentation scolaire est faible, les centres communautaires, les clubs sportifs, les
établissements de santé ou encore les plateformes en ligne peuvent jouer un rôle essentiel d’éducation.
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Par exemple, dans certaines régions du monde, les enseignants n’ont pas le droit de procéder à des démonstrations
de l’utilisation de préservatif en classe, mais certaines organisations communautaires y sont autorisées. Ces
dernières peuvent aussi sensibiliser les parents et les responsables de communautés.

Un des enjeux forts de ces apprentissages est d’identifier et analyser les normes de genre qui produisent et
reproduisent des inégalités en matière de santé sexuelle et reproductive. Dans le cas d’une grossesse
adolescente non désirée par exemple, la jeune fille est généralement perçue comme l’unique responsable alors que
le jeune garçon est déresponsabilisé. En effet, les normes de genre et la construction de la masculinité, encouragent
une représentation des hommes autonomes et invulnérables, n’étant pas concernés par la santé reproductive.
Pourtant leur responsabilité est indéniable dans toutes les étapes du processus de la procréation. La maîtrise
de la fécondité ou planification familiale, comme la prévention des infections sexuellement transmissibles ne
concernent pas uniquement les femmes.

Toutefois, les programmes de promotion des DSSR et de planning familial restent majoritairement ciblés sur
les femmes et les filles. Cela peut s’expliquer en partie par le fait que les méthodes contraceptives à disposition,
sont destinées ou assumées quasi exclusivement par elles. Le faible intérêt de la recherche et des hommes pour la
contraception masculine, couplé à une vision genrée de la charge contraceptive, ne fait que reproduire les inégalités
de genre.

Enfin, rappelons que l’utilisation de contraceptifs est aussi largement conditionnée par les possibilités d’accès à
la planification familiale et aux services de santé. Les barrières peuvent être matérielles et géographiques,
particulièrement en zone rurale, mais aussi sociales et culturelles lorsque les femmes ne peuvent pas prendre de
décisions pour elles-mêmes, et ainsi disposer de leur corps comme elles le souhaitent. Elles sont également peu
présentes dans les instances de décision de santé, et enfin les services dédiés à la santé sexuelle et reproductive
sont souvent jugés comme non essentiels.

Ainsi, il est important de mettre en place des stratégies de mobilisation des hommes dans les programmes de
DSSR pour contribuer à l’appropriation de leurs droits en matière de sexualité et de reproduction, mais aussi pour
renforcer l’efficacité de ces programmes.

Voyons à présent la question de l’interruption volontaire de grossesse qui est étroitement liée à celle des DSSR.

2. ► L’Interruption Volontaire de Grossesse dans le monde


On observe à l’échelle internationale que les débats sur les DSSR sont marqués par la montée des conservatismes,
y compris en Europe. Cela se traduit par la remise en question des acquis internationaux relatifs aux droits des
femmes en matière de santé et de reproduction tels que le droit à la contraception ou encore à l’avortement.
Pourtant, le droit des femmes à vivre leur sexualité sans procréer, à être enceinte ou pas, à poursuivre ou non
une grossesse, à avoir ou non un enfant est la condition première de leur égalité avec les hommes.
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Au-delà du droit formel se pose la question de l’accès réel à ces droits. Par exemple, dans certains pays
l’avortement est légal en cas de viol, mais il requiert un si grand nombre d’autorisations que c’est un droit
au final assez théorique. De nombreuses autres barrières - géographiques, culturelles, religieuses, sociales ou
économiques - peuvent par ailleurs empêcher un accès réel aux possibilités d’avortement.

L’accès à l’avortement sécurisé est aussi un enjeu majeur de santé publique. Les femmes ne souhaitant pas
porter une grossesse jusqu’à leur terme et vivant dans des contextes où ce droit leur est refusé, sont forcées de se
tourner vers des avortements « clandestins » dangereux, aux conséquences souvent dramatiques, telles que
des traumatismes, des séquelles parfois handicapantes et irréversibles, voire mortelles. En effet, une large partie
des décès maternels sont liés à des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses. À l’échelle mondiale,
on estime qu’en moyenne, 25 millions d’avortements non sécurisés ont été pratiqués chaque année entre 2010 et
2014, ce qui représente 45% de l’ensemble des avortements. La mortalité qui y est associée affecte inégalement
les femmes, touchant particulièrement les plus défavorisées dans les pays pauvres.

Si elle ne peut se substituer à la présence d’infrastructures de santé sécurisées, de qualité et accessibles pour
toutes les femmes, la diffusion de la méthode médicamenteuse pour les avortements, y compris dans des contextes
de restriction, a permis dans plusieurs pays de diminuer la mortalité due aux avortements.

En outre, les grossesses adolescentes non désirées restent fréquentes, et ont même fortement augmenté avec la
pandémie en raison du moindre accès aux services de santé. Dans les pays du Sud, 20 000 filles âgées de moins
de 18 ans deviennent mères chaque jour, soit 7,3 millions de naissances par an. Ces grossesses précoces ont des
conséquences physiques, psychologiques, émotionnelles et sociales très lourdes et sont presque entièrement
assumées par ces jeunes filles. L’interdiction des mariages d’enfants et des mariages forcés permettrait de réduire
leur nombre en plus d’une éducation sexuelle des jeunes et d’un accès aux méthodes de contraception modernes
de qualité.

Maintenant que nous avons étudié l’importance des DSSR, nous allons nous pencher sur les questions de santé
maternelle et infantile.

3. ► Santé maternelle et infantile


Pour comprendre les enjeux de la santé maternelle et infantile, il faut avoir à l’esprit la grande variété de
circonstances et d’expériences de la grossesse, qui peuvent varier selon les normes culturelles, le statut socio-
économique, la structure familiale et maritale, le lieu d’habitation, ou bien le fait d’être familiarisé.e avec le milieu
médical. Dans de nombreux pays d’Afrique Sub-Saharienne par exemple, les enfants ont un rôle symbolique
d’une part, car les femmes qui n’ont pas ou peu d’enfants sont souvent marginalisées, et un rôle économique
d’autre part, car ils sont un véritable soutien pour les parents en l’absence de protection sociale. C'est encore plus
le cas pour les femmes qui ont peu d’accès aux ressources matérielles.
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Le vécu de la grossesse dépend donc du contexte culturel et des modes de vie des familles. Les conditions
sanitaires et la présence d’un système de santé adapté sont également des enjeux essentiels pour la santé
maternelle et infantile, et les femmes ne peuvent pas y accéder de manière égale selon leur situation.

Disposer d’infrastructures de santé sécurisées, de qualité et accessibles pour toutes est une condition primordiale
pour assurer le suivi des grossesses. A l’heure actuelle, près de 830 femmes meurent chaque jour de causes
liées à la grossesse et à l’accouchement dans le monde. 99% de ces décès surviennent dans des pays du Sud,
dont 68% en Afrique subsaharienne et 19% en Asie du Sud.

La mortalité maternelle reflète bien l’état du système de santé. Elle fait partie de ce qu’on appelle la mortalité «
évitable », ce qui signifie que certaines actions pourraient faire baisser ce taux. Mais elles sont souvent
entravées par la volonté politique, le contexte budgétaire, le poids religieux, ou encore le fait que les femmes et
les mères sont souvent considérées comme “non-prioritaires”.

Au-delà de l’accès aux services de santé, se pose la question de la qualité, ainsi que de l’expérience des femmes
au sein de ces services. Il est important de parler des violences gynécologiques et obstétricales, une
problématique au cœur de laquelle se trouve la question du consentement. Ces violences désignent tous les actes
non appropriés ou non consentis commis par le personnel de santé durant une consultation médicale ou un
accouchement : tels que des épisiotomies, un abus de la médicalisation, ou la non-utilisation de l’anesthésie pour
des interventions douloureuses. Ces violences sont courantes et sont un enjeu essentiel du bon fonctionnement
des systèmes de santé maternelle et des droits des femmes.

Enfin, les inégalités de genre sont également importantes autour des enjeux de la santé infantile, cette dernière
étant majoritairement prise en charge par les mères ; les pères manquant souvent d’informations à ce sujet. Il serait
nécessaire de reconnaître le rôle de la paternité dans le bien-être de l’ensemble de la famille, ainsi que de
valoriser le soutien qu’ils peuvent apporter aux femmes durant la grossesse et l’accouchement.

Ainsi, les principaux enjeux de prise en compte du genre dans les projets de santé maternelle et infantile
sont les suivants :
- L’accès équitable aux services de santé, en zone rurale comme urbaine, y compris pour les femmes les
plus pauvres, et la qualité du suivi médical pendant la grossesse et l’accouchement. Les visites à domicile
peuvent également être un moyen de pallier les manquements des systèmes de santé maternelle et infantile.
- Le respect des patientes, de leur consentement et de leur point de vue, de leurs traditions, coutumes et
dignité, et l'absence de violences à toutes les étapes de la prise en charge.
- La visibilité des enjeux de santé maternelle et infantile, y compris auprès des hommes, afin que ces
enjeux deviennent une priorité de politique publique.
- L’implication des hommes dans leur rôle de père, afin de réduire les risques de santé infantile.
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Enfin, les femmes enceintes sont particulièrement exposées au risque de contracter une infection sexuellement
transmissible, et plus particulièrement le VIH. Si les traitements antirétroviraux permettent désormais de vivre
avec la maladie, on compte toujours près d’un million de décès chaque année dans le monde, dont l’impact
sur les femmes et les filles est majeur. C’est le sujet de la prochaine vidéo.

4. ► Santé sexuelle & IST : focus sur le VIH/Sida


D’après l’OMS, chaque jour dans le monde, plus d’un million de personnes contractent une infection
sexuellement transmissible, ou IST, lors de relations sexuelles le plus souvent, mais aussi de la mère à l’enfant
durant la grossesse, à l’accouchement, lors de l’allaitement, ou d’une transmission sanguine. On dénombre
huit types d’IST, dont certaines peuvent être guéries comme la syphilis, mais d’autres sont incurables comme
l’hépatite B ou le VIH qui affaiblit le système immunitaire et, en l’absence de traitement, est responsable du sida.

Depuis sa découverte, le VIH a causé 36 millions de morts et circule encore largement. Mais contrairement aux
idées reçues, le VIH n’est pas qu’une question médicale : c’est aussi et surtout une question sociale qui
nécessite de comprendre comment le virus est transmis, ce que les populations savent de la maladie et comment
elles vivent avec.

Bien que le VIH touche les femmes comme les hommes, certaines populations sont plus exposées que d’autres : à
l’échelle mondiale, ONUSIDA rappelle que les jeunes femmes de 15 à 24 ans sont deux fois plus susceptibles
d’être exposées au risque d’infection que les jeunes hommes du même âge. Pourquoi ?
- Premièrement, elles sont plus vulnérables pour des raisons biologiques, liées à la surface muqueuse
plus exposée pendant les rapports sexuels, surtout s’ils ont lieu à un âge où cette surface est encore fragile
ou endommagée par certains rituels.
- Deuxièmement, les femmes sont plus vulnérables sur le plan épidémiologique : elles ont tendance à
avoir des rapports sexuels avec des hommes plus âgés, qui ont peut-être eu plus de partenaires, et sont
donc plus susceptibles d'être infectés.
- Troisièmement, les normes sociales et stéréotypes de genre influencent les conduites face au VIH :
pour les femmes, le risque d’être infectées est exacerbé par des normes qui exigent d’elles de ne pas trop
en savoir sur la sexualité, ou qui rendent difficile pour elles de suggérer l'utilisation de préservatifs. Ne
pas pouvoir décider quand et avec qui avoir des relations sexuelles, les expose encore plus au risque
de contamination. Ce risque est enfin accru pour les travailleuses du sexe qui ne reçoivent pas de soutien
pour exiger l'utilisation de préservatifs par leurs clients, ou accéder aux services médicaux.

Les femmes séropositives sont également plus stigmatisées et rejetées, car le VIH peut être considéré comme le
signe d’une activité sexuelle en dehors des normes sociales ; et elles sont souvent désignées comme responsables
de la transmission, quelle que soit l’origine du virus. Enfin, ce sont elles, qui en grande majorité ont la charge de
s’occuper des personnes malades et infectées par le virus, ce qui réduit leur temps disponible pour d’autres
activités productives, entraînant une véritable féminisation de la pauvreté liée au VIH dans certains pays.
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Mais ces normes sociales touchent aussi les hommes : il est bien souvent difficile pour eux d'admettre une
méconnaissance de la sexualité, ce qui augmente les risques d’exposition. De plus, ils ont tendance à avoir plus de
partenaires sexuels que les femmes, y compris hors mariage, et sans utiliser nécessairement de préservatifs ; cela
augmente le risque d’exposition pour eux et pour leurs partenaires.

Par ailleurs, chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes, le taux de prévalence du
VIH à l’échelle mondiale est 24 fois supérieur à celui de la population générale. Mais dans de nombreux pays, la
norme hétérosexuelle entraîne souvent le rejet d’autres pratiques sexuelles. Pourtant plus la répression est forte,
plus la sexualité est vécue de façon clandestine et non protégée, ce qui peut entraîner des conséquences sur la santé
de ces personnes.

Les inégalités entre les femmes et les hommes sont donc au cœur de l’épidémie du VIH. Alors comment les
prendre en compte pour freiner la progression de l’épidémie ? Tout d’abord, la prévention de la maladie doit
tenir compte des différences sexo-spécifiques des comportements sexuels. Elle doit s’effectuer à l’échelle
individuelle et du couple en sensibilisant sur la transmission du virus et en luttant contre l’idée trop répandue selon
laquelle le VIH ne serait transmis que lors de relations homosexuelles.

Les populations précarisées et discriminées du fait de leur genre ou de leur orientation sexuelle,
particulièrement exposées au VIH, doivent être spécifiquement prises en compte. Il faut dès lors s’assurer que
les groupes ciblés soient impliqués dans la conception des projets, de même que les organisations non
gouvernementales ou communautaires locales, et favoriser la mise en place de services décentralisés. Les projets
à assise communautaire portant sur le SIDA, qui renforcent le pouvoir économique et décisionnel des femmes
peuvent être très efficaces à la fois pour prévenir la transmission du virus et pour renforcer les capacités des
femmes. Enfin, la forte implication des hommes est essentielle pour freiner la progression de l’épidémie,
notamment chez les femmes qui sont trop souvent considérées comme seules responsables de la prévention et du
dépistage, de même que des soins à apporter à leurs enfants, conjoints ou parents malades.

Les violences basées sur le genre représentent aussi un des facteurs majeurs de vulnérabilité, non seulement car
elles augmentent les risques de transmission du VIH, mais aussi parce qu’elles sont un obstacle à l’accès à la
prévention et aux soins. La prochaine séquence va nous permettre de le voir en détail.
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Séquence 5 : Les violences basées sur le genre

1. ► Les violences conjugales, domestiques et dans la sphère publique


Les violences fondées sur le genre sont des violences qui visent à blesser des personnes en raison de leur identité
de genre, réelle ou perçue. Les femmes et les hommes peuvent les commettre et les subir, bien que celles
commises par des hommes contre des femmes et des filles soient de loin les plus courantes.

Ces violences prennent de multiples formes : elles peuvent être physiques, psychologiques, sexuelles,
économiques et intervenir aussi bien dans un cadre privé que dans la sphère publique. Elles constituent de réels
obstacles au développement humain. La majorité des violences fondées sur le genre ne sont pas le fait de personnes
déviantes ou marginalisées, mais sont constitutives des rapports sociaux et des rapports de pouvoir. Les normes
de genre, les préjugés, et les stéréotypes produisent, tolèrent, légitiment les violences faites aux femmes et aux
filles.

Ces violences ont souvent lieu au sein du foyer. L’emprise, la dépendance financière des femmes à l’égard de leur
conjoint, et la peur de représailles, limitent leur autonomie, alimentent le cercle de la violence, pouvant aller
jusqu’au féminicide. De plus, les violences peuvent émerger ou s’exacerber en temps de vulnérabilité. Cela
s’observe lors de grossesses ou de maladies, en période de guerre ou lors des migrations, mais également dans des
contextes de crises sociale ou sanitaire. En 2020 et 2021 par exemple, au cours de la pandémie de la Covid 19, les
inégalités et les violences de genre se sont considérablement aggravées avec une augmentation de plus de 30% des
signalements de violences domestiques durant les confinements successifs. C’est ce que le Secrétaire général des
Nations Unies, Antonio Guterres, a nommé la “pandémie de l’ombre”.

Les violences conjugales ne touchent pas que les couples adultes. Dans le monde, une fille sur cinq est mariée
avant l'âge de 18 ans et nombre d'entre elles ont été victimes de violences psychologiques, physiques ou sexuelles
de la part de leur mari ou partenaire. Ces violences concernent aussi les garçons : 115 millions de garçons ont été
mariés durant leur enfance, et 1 garçon sur 5 a été marié avant l’âge de 15 ans. La République centrafricaine est le
pays qui enregistre la prévalence la plus élevée de mariages de garçons, suivie par le Nicaragua et Madagascar. Le
nombre total d’enfants mariés dans le monde s’élève à 765 millions. Les filles continuent toutefois d’être
disproportionnellement touchées, presque 6 fois plus que les garçons.

Concernant les rapports sexuels forcés, près de 10% des adolescentes de 15 à 19 ans en ont déjà été victimes en
Afrique de l’Ouest et du Centre. Une victime sur trois déclare que cela s’est produit pour la première fois entre
l’âge de 10 et 14 ans. La lutte contre ces violences est rendue difficile par le manque de données concernant la
sphère domestique ; par des barrières culturelles instaurant une domination des hommes au sein des foyers ; et
par la faible volonté politique, l’absence de lois criminalisant ces violences et des sanctions insuffisantes envers
leurs auteurs.
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Les programmes et les budgets accordés spécifiquement à la lutte contre les violences fondées sur le genre sont
essentiels, tout comme le soutien aux ONG locales qui sont souvent à l’origine de grandes campagnes de
sensibilisation et de prise de conscience des hommes de la communauté. Ces campagnes peuvent également être
intégrées dans d’autres projets, notamment les programmes renforçant le lien social tels que les projets sportifs.
Enfin, il est important de prendre en charge les victimes de violences en leur proposant un soutien logistique,
médical, psychologique et économique pour les aider à retrouver leur autonomie.

Par ailleurs, les violences contre les femmes et les filles se produisent aussi dans la sphère publique, prenant la
forme de harcèlement de rue, ou d’agressions sexuelles dans les transports en commun ; il faut donc placer la
sécurité des femmes et des filles en priorité dans les projets de transports ou d’aménagements urbains. La
prévention des violences fondées sur le genre ne concerne pas que les femmes, mais implique au contraire une
réflexion sur les normes masculines qui favorisent ce type de violences. C’est ce que nous allons voir dans la
prochaine vidéo.

2. ► Masculinités et violences basées sur le genre


Le genre n’est pas seulement un rapport de pouvoir entre deux groupes sociaux : les femmes et les hommes. Il
désigne aussi les rapports de pouvoir et de subordination au sein même des groupes. Les travaux sur les
masculinités proposent de nouveaux cadres d’analyse autour de la catégorie sociale des hommes, afin de sortir
d’une approche binaire et essentialisante.

La masculinité doit être considérée non pas comme une identité, mais comme le produit d’un rapport de
pouvoir entre femmes et hommes, et aussi entre hommes. Les travaux sur ce sujet mettent en lumière leur
caractère construit, changeant et multiple, ainsi que la hiérarchisation entre différents types de masculinités : bien
souvent, les hommes marginalisés ne correspondent pas aux normes de la masculinité hégémonique. La
masculinité est notamment associée au pouvoir économique et au degré de contrôle exercé sur le corps des
femmes. Ceci explique la prévalence de la violence dans tous les milieux sociaux et dans tous les pays, y compris
dans les classes supérieures, puisque le contrôle du corps féminin est précisément signe de statut masculin.

Les effets de cette masculinité dite hégémonique sur les hommes sont nombreux : des rôles sociaux étroits,
pression sociale, domination, maîtrise émotionnelle, prise de risques et valorisation de la force physique, devoir
de protéger leurs familles et de subvenir à leurs besoins économiques. Dès lors, tenter d’être à la hauteur de ces
attentes rigides peut provoquer des souffrances et transgresser ces normes peut conduire à être la cible d’attaques
verbales, psychologiques, physiques, et parfois meurtrières. Les hommes qui s'identifient fortement aux
stéréotypes de la masculinité sont d'ailleurs plus sujets à la dépression et aux pensées suicidaires.

Cette perception tend à exacerber les comportements violents à l’égard des femmes, lors de situation de
vulnérabilité, dans une volonté de "regagner" une identité masculine. Par conséquent, toute action de lutte contre
les violences à l’égard des femmes suppose au préalable d’identifier les injonctions et les normes de genre que
les hommes intègrent, mais également les vulnérabilités auxquelles ils font face, et leurs liens avec des
comportements violents. D’ailleurs, les programmes communautaires ciblant ces stéréotypes montrent de bons
résultats dans la réduction de la violence entre partenaires intimes ou de la violence des gangs.
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Les violences contre les femmes peuvent également recouvrir des formes variées, et l’une des plus marquantes est
celle des mutilations génitales féminines, sur lesquelles nous allons nous pencher plus en détails dans la prochaine
vidéo.

3. ► Les mutilations génitales féminines


Les « mutilations génitales féminines » ou MGF rassemblent « toutes les interventions aboutissant à une ablation
partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme et/ou toute autre lésion de ses organes pratiquée
à des fins non thérapeutiques ». Elles sont pratiquées dans des proportions différentes dans plusieurs pays
d’Afrique et d’Asie.

On estime qu’il y environ 200 millions de femmes et de filles en vie aujourd'hui, qui ont subi des MGF. Comme
la croissance démographique est élevée dans ces pays, le nombre de filles qui les subissent continue d'augmenter,
malgré une certaine diminution de cette pratique. Si la tendance actuelle se poursuit, on estime à 4,6 millions le
nombre de filles qui seront victimes de cette pratique d'ici l'année 2030.

On dénombre 4 types de mutilations génitales féminines, classées selon leur gravité et le type de mutilations
subies. Les conséquences en matière de santé sont dramatiques et différentes selon leur type, et peuvent avoir lieu
au moment ou après l’intervention, comme les douleurs sévères, des hémorragies, des infections et des états de
chocs pouvant aller jusqu’au décès ; mais aussi à long terme, pouvant conduire à des infections pelviennes, la
stérilité, des difficultés menstruelles et des complications pendant la grossesse et l’accouchement.

Ces mutilations sont aussi définitivement reconnues comme une violation grave de plusieurs droits
humains :
- le droit à la vie, car cette pratique peut entraîner la mort ;
- le droit de ne pas subir de traitements cruels, inhumains et dégradants ;
- le droit à l’intégrité physique et mentale ;
- le droit universel à la santé ;
- le droit de ne pas subir de discrimination fondée sur le sexe ;
- les droits de l’enfant : à savoir le droit à atteindre tout son potentiel, et le droit à ce que son opinion soit
prise en compte.

Ces mutilations sont à la fois un marquage du corps et un marquage social d’assignation des femmes à des rôles
sociaux. Elles sont pratiquées sur elles en raison de leur sexe et participent avec force à la reproduction des rapports
de genre inégalitaires et hiérarchisés.
Leur pratique est ancrée dans des normes sociales et culturelles de certaines sociétés, ce qui explique la
lenteur des évolutions.

Elles sont considérées comme un rite de passage vers la vie adulte ou comme une condition au mariage : c’est
pourquoi il est difficile d’agir seulement au niveau individuel, c’est-à-dire au niveau des parents, car, tout en
connaissant les dangers de ces interventions, ils craignent l’exclusion ou l'ostracisation de leur fille ou de leur
famille s’ils refusent cette pratique.
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C’est donc à un niveau collectif, et auprès de différentes structures de pouvoir - religieuses, coutumières,
politiques - qu’il est aussi et surtout nécessaire d’agir pour convaincre de l’abandon de cette pratique.

Il reste encore difficile aujourd’hui de lutter efficacement contre les MGF : les campagnes de sensibilisation ont
des succès mitigés, et la pénalisation des auteurs est peu dissuasive.
On relève cependant que plusieurs pays où le taux de prévalence des mutilations est élevé ont ratifié les conventions
internationales visant à éliminer ces pratiques, qu’elles soient réalisées dans un cadre non formel ou dans des
établissements de santé.

Ainsi, comme nous venons de le voir, les violences faites aux femmes sont omniprésentes, dans l’espace privé
domestique mais aussi dans les espaces publics. Elles sont l’expression première des inégalités de genre. Les
violences contre les femmes reflètent aussi des formes de masculinités spécifiques et dominantes, et peuvent
être exacerbées en situation de vulnérabilité et de crise d’identité masculine.

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