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Organisation
internationale
du Travail
ACTRAV
Bureau ACTRAV
des Activités pour Bureau
les Travailleurs for Workers’
Activities
ZONES
FRANCHES
D’EXPORTATION
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Egalement disponible en anglais: Trade Union manual on Export Processing Zones ISBN 978-92-2-128613-
4 (print) 978-92-2-128614-1 (web pdf), Genève, 2014, et en espagnol: Manual sindical sobre las zonas
francas de exportación ISBN 978-92-2-328613-2 (print) 978-92-2-328614-9 (web pdf), Genève, 2014.
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Conception et impression par le Centre international de formation de l’OIT, Turin - Italie
Avant-propos
Au cours des dernières années, le Bureau des activités pour les travailleurs de l’OIT a
développé un programme visant à soutenir les syndicats dans leurs efforts d’organisation
des travailleurs des zones franches d’exportation (ZFE). Cette préoccupation pour les
travailleurs des ZFE s’explique par le fait que ces travailleurs sont généralement privés
du droit d’organisation et que le travail décent fait gravement défaut dans ces zones.
Toutefois, en même temps, ces zones prolifèrent dans le monde entier.
Selon les statistiques de l’OIT, 47 pays comptaient des ZFE en 1986. Deux décennies
plus tard, le nombre de pays dotés de ZFE est passé à 130. Durant la même période, le
nombre de ZFE dans le monde a augmenté de 176 à 3.500. Aujourd’hui, les estimations
prudentes de l’OIT établissent le nombre de travailleurs employés dans les ZFE à plus de
66 millions. Ce phénomène des ZFE se développe donc rapidement. Cette évolution est
liée à la mondialisation croissante de la production et à la concurrence entre les États
pour attirer les investissements directs étrangers.
Vu la croissance des ZFE, les syndicats s’efforcent de s’assurer que les conditions de
travail et de vie des travailleurs de ces zones respectent les principes consacrés dans les
normes internationales du travail de l’OIT reconnues au niveau international. Cela signifie
que des droits fondamentaux tels que la liberté syndicale et la négociation collective,
la non-discrimination, les droits des travailleurs ayant des responsabilités familiales, le
droit à la santé et à la sécurité au travail, entre autres, sont respectés dans les zones.
Ce manuel est une contribution supplémentaire d’ACTRAV pour aider les syndicats à
atteindre ces objectifs.
Le manuel est le fruit d’une importante collaboration entre ACTRAV et les syndicats. Notre
gratitude s’adresse d’abord à M. Ramon Vivanco qui a rédigé le manuel. Nous adressons
nos remerciements à plusieurs collègues du secrétariat de la CSI, en particulier à Mme
Isabelle Hoferlin, pour leurs nombreuses observations sur les avant-projets. Nous tenons
également à remercier Mme Jenny Holdcroft pour sa contribution inestimable. Notre
reconnaissance s’adresse aussi aux collègues du Bureau de l’égalité entre hommes et
femmes de l’OIT pour leurs précieux commentaires. Ce manuel n’aurait pas été possible
sans la contribution de plusieurs centres syndicaux nationaux qui ont préparé des rapports
de pays. Nos remerciements s’adressent à M. Claude Akpokavie, point focal d’ACTRAV sur
les ZFE, pour ses commentaires et pour la coordination de l’ensemble du projet. Enfin,
nous remercions le gouvernement suédois qui a financé le programme d’ACTRAV sur les
ZFE.
Mme Maria Helena André
Directrice
Bureau des activités pour les travailleurs
de l’OIT
Claude Akpokavie
Spécialiste principal, Bureau des
activités pour les travailleurs
Avant-propos..........................................................................................................iii
Préface.................................................................................................................. iv
Abréviations.......................................................................................................... xii
Introduction......................................................................................................... xiii
Travailleuses........................................................................................ 13
Jeunes travailleurs ............................................................................... 14
Travailleurs appauvris ........................................................................... 15
Travailleurs migrants ............................................................................ 16
Travailleurs précaires............................................................................ 16
Exercise............................................................................................... 16
Chapitre 4: Réponses syndicales – engagement dans les débats sur les politiques...... 69
Obstacles à l’organisation:..................................................................... 81
Genre: un facteur crucial pour organiser dans les ZFE ............................. 83
Opportunités d’organisation .................................................................. 84
Stratégies et expériences concrètes d’organisation dans les ZFE ............... 85
Expériences d’organisation dans les ZFE ................................................ 85
Quelques enseignements fondamentaux tirés de l’organisation des
travailleurs dans les ZFE ...................................................................... 90
Exercice.............................................................................................. 93
Bibliographie...................................................................................................... 121
Encadré 12: Instruments pertinents de l’OIT sur le travail des enfants .... 46
Encadré 21: Instrument clé de l’OIT sur les travailleurs ayant des
responsabilités familiales ................................................. 59
Des dénominations communes utilisées pour les zones franches d’exportation incluent
des références à des «zones géographiques ou enclavées» et à des «conditions de libre-
échange» pour attirer les «entreprises orientées vers l’exportation». L’OIT constate environ
30 définitions utilisées dans le monde pour indiquer des petites différences en termes de
concessions, de subventions et de règlementations.
d’une seule industrie, d’un seul produit, d’une seule usine ou d’une seule entreprise. Les
modèles de propriété ont également changé. La participation privée et gouvernementale
y est de plus en plus importante. En outre, les entreprises étrangères et les entreprises
nationales tendent à coexister dans les ZFE. La condition exigeant que toute la production
soit exportée a également été assouplie dans de nombreuses nouvelles zones, et la
fourniture de biens et de services à l’économie nationale est autorisée sous réserve du
paiement des droits1. Dans certains cas, des gouvernements ont également octroyé le
statut de ZFE au pays tout entier, comme par exemple au Sri Lanka ou au Honduras
en 1998. Cela signifie que les entreprises partout dans le pays peuvent demander et
bénéficier du statut de ZFE indépendamment de leur localisation.
1
Par exemple, le Kenya et la Tanzanie permettent aux entreprises des ZFE de vendre jusqu’à 20% de leur production
annuelle sur le marché intérieur, sous réserve du paiement des droits et taxes d’entrée normale sur les produits.
Tableau 2: Estimations de l’OIT sur les tendances de l’emploi dans les ZFE (2008)
On trouve actuellement des ZFE dans le monde entier, à la fois dans les économies
développées et en développement. Selon l’OIT, l’emploi dans les ZFE a augmenté entre
2002 et 2006 de 43 à 66 millions, représentant trois pour cent de la population active
mondiale. En 2006, toutes les régions du monde, à l’exception de l’Amérique du Sud,
comptaient sur une forte présence de ZFE en termes d’emploi.
Le continent asiatique rassemble plus de 85% de tous les travailleurs des ZFE à travers
le monde. On estime qu’environ 40 millions de personnes travaillent dans les ZFE en
Chine et 15 millions dans les autres pays asiatiques. L’OIT estime que 6 millions de ces
travailleurs vivent en Indonésie, 3,5 millions au Bangladesh, 1,1 million aux Philippines,
500.000 en Malaisie, 500.000 en Thaïlande, 200.000 au Japon, environ 200.000 au
Cambodge et 160.000 au Sri Lanka.
2
http://www.nepza.gov.ng/faqs.asp#lockups
Trouvez ci-dessous le texte traitant des avantages repris dans le Décret nigérian des
zones franches d’exportation (Nigerian Export Processing Zones Decree):
18. Avantages et questions connexes.
(1) Les entreprises agréées dans les zones auront droit aux avantages suivants:
a) les dispositions législatives relatives aux taxes, impôts, droits et règlements
en devises étrangères ne s’appliquent pas dans les zones;
b) le rapatriement à tout moment des investissements de capitaux étrangers
dans les zones avec l’appréciation du capital de l’investissement;
c) le rapatriement des bénéfices et des dividendes perçus par les investisseurs
étrangers dans les zones;
d) aucune licence d’importation ou d’exportation ne sera requise;
e) jusqu’à 25 pourcent de la production peut être vendu sur le territoire
douanier avec un permis valide et le paiement des droits appropriés;
f) la location gratuite des terres au moment de la construction; par la suite, le
loyer doit être déterminé par l’Autorité;
g) jusqu’à 100 pourcent de propriété étrangère des entreprises autorisées dans
les zones;
h) des cadres et du personnel qualifié étrangers peuvent être employés par des
entreprises opérant dans les zones.
(2) L’Autorité est le seul organisme habilité à
a) donner toutes les autorisations
b) annuler toutes les licences.
(3) L’Autorité simplifiera toutes les procédures nécessaires à l’autorisation des
investissements dans une zone et communiquera de temps en temps par Arrêté
ses exigences pour l’octroi des autorisations pour les investissements dans une
zone.
(4) Les opérations au sein d’une zone débuteront à la date à laquelle la construction
de la clôture d’enceinte et de la grille d’entrée de la zone aura été achevée et que
l’Autorité aura pris ses fonctions.
(5) Il ne peut y avoir ni grève ni lock-out pendant une période de 10 ans après le
début des opérations au sein d’une zone et tout différend commercial au sein
d’une zone sera résolu par l’Autorité;
Gestion
A zone authority with offices at both national and zone level generally manages an EPZ.
Une autorité de zone avec des bureaux, tant au niveau national qu’au niveau de la zone,
gère généralement une ZFE. L’autorité de la zone dispose habituellement de plusieurs
départements spécialisés, comprenant dans certains cas exceptionnels un département
des relations professionnelles et de travail, et est souvent auto-suffisante – mais,
néanmoins, avec un certain degré de participation des pouvoirs publics compte tenu des
concessions et des avantages accordés. L’autorité de la ZFE offre normalement un guichet
unique aux investisseurs pour l’obtention des approbations et des procédures complètes
nécessaires au démarrage des opérations.
Entreprises et ZFE
Plusieurs facteurs semblent influencer le choix d’une entreprise pour une plate-forme de
production telle qu’une ZFE. Ces facteurs incluent:
QQ la générosité des avantages offerts
QQ les coûts salariaux relativement faibles
QQ l’environnement des relations de travail
QQ la stabilité politique et sociale
QQ la disponibilité de ressources humaines appropriées
QQ la localisation stratégique à proximité des marchés ou des entreprises partenaires
QQ la qualité de l’infrastructure
QQ la fourniture de matières premières
QQ les accords commerciaux existants
QQ la monnaie sous-évaluée qui rend les coûts plus bas et augmente la compétitivité
des exportations.
Les sociétés qui contrôlent des chaînes de production mondiales investissent et produisent
généralement dans les ZFE parce qu’elles bénéficient d’un accès commercial préférentiel
et de différents avantages, y compris des normes et une réglementation du travail laxistes.
Les investisseurs étrangers choisissent les ZFE qui leur donnent accès à leurs marchés
actuels les plus importants et qui sont stratégiquement situées par rapport à leurs marchés
cibles.
Les entreprises qui utilisent des processus de production de travail intensif et de faible
technologie ont tendance à considérer le travail comme un coût qui doit être contenu
et, par conséquent, elles connaissent généralement des rotations de l’emploi élevées,
un absentéisme important et de nombreux conflits de travail. Les entreprises dans cette
catégorie ont tendance à investir dans les ZFE qui leur accordent des forfaits généreux
assortis de concessions fiscales et douanières, de bas salaires, de législation du travail
laxiste, d’absence d’organisations syndicales et d’un système d’administration du travail
faible.
Exercice
Cet exercice vous aidera à comprendre les ZFE de votre pays et vous donnera une vue
d’ensemble des principales caractéristiques et données de celles-ci.
(3) Établissez un organigramme de la gestion des ZFE dans votre pays, y compris les
départements gouvernementaux. .
Travailleuses
La grande majorité des travailleurs dans les ZFE à travers le monde sont des femmes,
représentant 70% et dans certains cas 90% de la main-d’œuvre, en particulier dans les
secteurs de l’habillement et de l’électronique. En général, les employeurs disent préférer
les travailleuses dans les ZFE parce qu’elles sont moins chères en termes de coût du
travail, qu’elles montrent une grande endurance dans le travail de production monotone et
qu’elles sont moins enclines à s’organiser en syndicats. Dans les pays en développement,
les ZFE ont amélioré l’accès des femmes à l’emploi. Toutefois, les travailleuses dans
les ZFE sont généralement à l’extrémité inférieure de la hiérarchie professionnelle et
des compétences. Habituellement, elles ne peuvent pas obtenir des emplois dans les
entreprises qui requièrent un haut niveau de compétence et leurs salaires sont bien
inférieurs à ceux des travailleurs masculins.
Les heures supplémentaires de travail sont permanentes et généralisées dans les ZFE à
travers le monde. En conséquence, les travailleuses des ZFE, surtout si elles sont jeunes,
sont plus vulnérables et exposées au harcèlement pendant les heures de travail ou à des
attaques lorsqu’elles se rendent au travail ou rentrent chez elles tard le soir ou à d’autres
heures inhabituelles. Cette situation peut encore être aggravée en raison des services
© ILO/M. Crozet
de transport peu développés qui les obligent à parcourir de longues distances pour se
rendre à leur travail, devant souvent quitter la maison très tôt le matin et rentrer tard le
soir. En raison de la nature du travail qu’elles effectuent dans les ZFE, les travailleuses
démissionnent souvent ou quittent leur emploi. Il y a donc un taux de rotation élevée de
la main-d’œuvre. L’absence de dispositions efficaces de protection sociale fait que les
travailleuses ne peuvent pas être économiquement indépendantes après avoir quitté leur
emploi, et le manque de formation les met dans une position désavantageuse lorsqu’elles
recherchent d’autres emplois ou choisissent de devenir indépendantes.
La garde d’enfants est l’une des plus grandes préoccupations des travailleuses dans les
ZFE. Les garderies d’enfants sont généralement indisponibles ou insuffisantes, et leurs
coûts sont prohibitifs pour les travailleuses. De nombreux pays ont des règlements qui
interdisent aux enfants de pénétrer dans les zones industrielles. Les services de crèches
sont donc organisés au niveau de la communauté. Cet élément, ajouté à d’autres tâches
domestiques lourdes, peut être la cause de l’arrivée tardive au travail, de l’absentéisme
et de la rotation élevée du personnel, ce qui est fréquent chez les travailleuses des ZFE.
Les travailleuses des ZFE n’ont souvent pas accès à une alimentation de bonne qualité, à
des prix abordables et en quantité suffisante. De ce fait, elles sont exposées à la maladie
et sont souvent sous-alimentées. Les services de santé ne sont pas toujours disponibles
dans les ZFE. Là où ils les sont, ils sont souvent limités et rarement équipés pour faire
face aux problèmes de santé spécifiques aux femmes. Le harcèlement sexuel est répandu
dans les entreprises des ZFE. Les femmes victimes de harcèlement sexuel dans les ZFE ne
bénéficient pas de services indépendants et confidentiels où elles peuvent adresser leurs
plaintes et faire part de leurs préoccupations. Les administrations des ZFE ne désirent
pas toujours fournir un service de consultation aux travailleuses qui sont victimes de
harcèlement ou sanctionner les superviseurs qui harcèlent les travailleuses.
Jeunes travailleurs
La plupart des travailleurs dans les ZFE sont des jeunes femmes qui n’ont aucune
expérience préalable du marché du travail formel. Elles sont généralement motivées par
le désir d’échapper à la pauvreté. Elles ne connaissent pas leurs droits et n’ont aucune
expérience syndicale. Leur faible niveau de syndicalisation fait qu’elles sont souvent
privées de la protection, de l’information et de la formation offertes par la représentation
et le plaidoyer syndical. Elles sont dès lors exposées à l’exploitation. Les employeurs des
ZFE sont réticents à employer des travailleuses de plus de 23 ans. Ils pensent que les
travailleuses plus jeunes sont plus dociles et travaillent plus vite de leurs mains. Ainsi,
généralement, il est difficile de trouver des travailleuses de plus de 23 ans parce qu’elles
sont écartées en raison de leur âge – et cela, si elles ne sont pas renvoyées lorsqu’elles
veulent se marier, ont un enfant ou prennent part à des activités syndicales. Une employée
travaillant dans une entreprise indonésienne de broderie déclare: «Notre employeur nous
explique sur un ton très dur, à moi et aux autres travailleuses, ce qu’il faut faire et, si nous
refusons, il nous réprimande».
Travailleurs appauvris
La plupart des travailleurs des ZFE sont issus de familles à faible revenu et très peu
d’entre eux ont reçu une formation préalablement. Ainsi, les emplois qu’ils occupent dans
les ZFE sont peu rémunérés et exigent très peu de compétences. Parfois, les travailleuses
sont des mères célibataires et elles peuvent avoir à apporter un soutien important à leur
famille malgré leurs bas salaires. Une étude de l’OIT a montré que, au Guatemala, 45
pour cent des travailleuses étaient des mères célibataires alors que, au Nicaragua, 66
pour cent des travailleuses interrogées dans le cadre de l’enquête avaient répondu qu’elles
avaient plus de trois personnes à charge. Beaucoup de travailleurs habitent dans des
logements à proximité des ZFE et partagent une chambre avec d’autres travailleurs dans
des logements surpeuplés avec des installations d’eau potable et d’égouts inadéquates,
dans des conditions d’insalubrité et sans aucune intimité. Les femmes avec enfants ont
des difficultés à combiner leurs responsabilités familiales et leur travail, et beaucoup
d’entre elles n’ont pas accès aux services de garderie d’enfants parce que ces services
sont souvent chers et qu’elles ne peuvent les payer avec leurs maigres salaires. Beaucoup
de travailleuses des ZFE sont loin de leurs familles et ne bénéficient pas du soutien
des réseaux familiaux ou d’une communauté établie. Une jeune femme d’une ZFE à
Madagascar dit qu’elle gagne l’équivalent de 20 euros par mois et ajoute: «Je n’ai pas
d’argent pour acheter les denrées alimentaires de base et un ticket de bus. Je dois donc
marcher jusqu’à la ZFE tous les jours».
© ILO/R. Lord
Travailleurs migrants
Beaucoup de travailleurs des ZFE à travers le monde sont des migrants internes. Le
chômage et la pauvreté croissante les ont poussés à chercher du travail ailleurs, souvent
en réponse à de fausses promesses de bons salaires et d’avantages de travail. Ils ne
voient pas d’autre possibilités que de chercher du travail loin de chez eux comme
travailleurs migrants. Ils viennent généralement des zones rurales et ne sont pas familiers
avec les conditions urbaines. Ils ne connaissent pas le droit du travail et leurs droits.
Dans certains pays, comme au Sri Lanka, les travailleurs migrants sont également
méprisés pour différentes raisons culturelles. Ce statut les expose à l’exploitation et
à la marginalisation. Ils n’ont pas le droit de former et de s’affilier à des syndicats;
ils font l’objet de menaces et de harcèlement physique de la part des employeurs s’ils
tentent de le faire; ils connaissent généralement des conditions de travail épouvantables
et ne jouissent que de très peu de protection sociale. L’instrument de l’OIT qui traite
des problèmes de discrimination rencontrés par les travailleuses migrantes des ZFE est
la Convention (n° 111) de l’OIT concernant la discrimination (Emploi et Profession),
19583. Cette convention fondamentale définit la discrimination comme toute distinction,
exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l’opinion
politique, l’ascendance nationale ou l’origine sociale, qui a pour effet de détruire ou
d’altérer l’égalité de chances ou de traitement en matière d’emploi ou de profession.
Travailleurs précaires
Une dernière caractéristique du travail dans les ZFE est le taux de rotation élevé du
personnel. En raison de l’insécurité des contrats et de la pression exercée pour atteindre
les objectifs de production fixés par la direction, les travailleurs ont tendance à travailler
dans les ZFE pendant une courte durée seulement avant de passer à autre chose. Ce taux
de rotation élevé des travailleurs reflète la nature précaire du travail dans les zones. Cela
signifie également qu’il n’y a guère de développement des compétences du personnel. Le
taux de rotation élevé du personnel est aussi aggravé par des actes d’intimidation, une
discrimination antisyndicale et des licenciements pour cause de grossesse. Du point de vue
syndical, cette rotation élevée rend extrêmement difficile l’organisation des travailleurs.
Exercise
Cet exercice vous aidera à avoir une vision globale de la main-d’œuvre des entreprises des
ZFE dans votre pays et à voir comment ses préoccupations et spécificités sont abordées
par les syndicats de votre pays.
3
Pour plus d’information, voir le chapitre sur les
«Conditions de travail dans les ZFE à la lumière de l’Agenda pour le
Travail Décent de l’OIT»
2) Les préoccupations et les différentes identités des travailleurs dans les ZFE sont-
elles correctement abordées par les syndicats dans votre pays? Si non, expliquez
pourquoi vous pensez que les syndicats de votre pays n’abordent pas correctement
leurs spécificités.
L’Agenda pour le travail décent de l’OIT a été universellement reconnu par la communauté
internationale. L’Organisation des Nations Unies a adopté des résolutions qui engagent les
États membres à promouvoir l’emploi et le travail décent pour tous. De nombreux groupes
d’intégration régionale, organismes internationaux, institutions financières internationales
et entreprises transnationales privées ont tous souscrit à l’objectif du travail décent. Par
conséquent, l’Agenda pour le travail décent est une base légitime et juste pour évaluer
les conditions de travail dans les ZFE. Ce chapitre fournit dès lors un guide pour aider les
syndicats à évaluer la mesure dans laquelle les ZFE de leurs pays respectent les normes
universellement reconnues du travail décent.
4
http://www.ilo.org/global/about-the-ilo/decent-work-agenda/lang--en/index.htm
© ILO/M. Crozet
Convention (n° 122) sur la politique de l’emploi, 1964: Cette convention prioritaire
exige des États qui la ratifient d’adopter et de développer une politique active visant à
promouvoir le plein emploi productif et librement choisi.
Convention (n° 181) sur les Agences d’emploi privées, 1997: Cette convention exige
des États qui la ratifient de s’assurer que les agences d’emploi privées respectent
les principes de non-discrimination. La convention prévoit une coopération entre
les services d’emploi publics et privés, des principes généraux de protection des
demandeurs d’emploi contre les pratiques inappropriées ou contraires à l’éthique, et
une protection des travailleurs soumis à des arrangements de sous-traitance et des
travailleurs recrutés à l’étranger.
Recommandation (n° 198) sur la relation de travail, 2006: Cette recommandation
prévoit que les États membres devraient formuler et appliquer une politique nationale
de protection des travailleurs dans une relation de travail. La politique nationale
devrait inclure des mesures pour fournir des orientations sur la manière de déterminer
l’existence d’une relation de travail ainsi que sur la distinction entre travailleurs salariés
et travailleurs indépendants, et pour combattre les relations de travail déguisées, telles
que des arrangements contractuels lorsqu’un employeur traite une personne autrement
que comme un salarié d’une manière qui dissimule son statut juridique réel de salarié.
Convention (n° 142) sur la mise en valeur des ressources humaines, 1975: Cette
convention exige des États qui la ratifient de développer des politiques et des
programmes d’orientation et de formation professionnelles étroitement liées à l’emploi,
en particulier grâce aux services publics de l’emploi.
Quantité d’emplois
La stratégie des gouvernements à étendre la présence des ZFE dans leurs pays vise à
attirer les investissements étrangers et, par là, à créer des emplois. La création d’emplois
a donc été un facteur important incitant les gouvernements à promouvoir les ZFE. Ces
zones tendent dès lors à créer de nombreux emplois, comme on peut le voir ci-dessus
dans les tableaux 1 et 2.
Cependant, les ZFE ne représentent généralement pas un grand pourcentage de l’emploi
total dans un pays. On estime que les emplois des ZFE représentent moins de 0,5%
de l’emploi global. Par exemple, les pays qui ont connu une croissance significative de
l’emploi dans les ZFE entre 2002 et 2006 sont les Philippines (37%), le Sri Lanka (56%),
le Vietnam (788%) et le Maroc (103%). La Chine, par exemple, ont connu une croissance
de l’emploi de 11,56% entre 1995 et 2005, contribuant à 49% de la croissance totale de
l’emploi dans le pays. En Inde, alors que plus de 1 million de personnes étaient employées
dans une ZFE en 2005, cela ne représentait que 1% de l’emploi manufacturier. Au Costa
Rica, en 2005, l’emploi dans les ZFE représentait seulement 2,09% de la population
active, ce qui est plus que dans la plupart des pays d’Amérique latine, à l’exception de la
République dominicaine (4,83%), du Honduras (2,16%) et du Mexique (3,41%).
Les ZFE employaient environ 116.000 travailleurs en 2006 à Madagascar, 9.828
travailleurs au Ghana, 44.000 au Lesotho et 29.000 en Namibie. Au Maroc, la ZFE
de Tanger emploie environ 48.000 personnes, dont 60% sont des femmes. Il y a des
perspectives de développement pour la ZFE de Tanger qui pourrait créer 80.000 emplois
dans l’avenir, passant à 200.000 emplois en 2020. Au Togo, le nombre d’emplois a
augmenté régulièrement depuis 1994 et atteignait environ 9.500 emplois en 2010. Au
Nicaragua, le nombre d’emplois est passé de 8.000 à 70.000 entre 1965 et 2010.
Cependant, la crise mondiale et la volatilité des investissements ont fortement et
© OIT/Y.R. Perera
négativement affecté l’emploi avec la perte de 20.000 emplois en deux ans seulement.
Les perspectives sont que seulement 4.000 de ces emplois perdus seront récupérés.
D’autre part, les autorités prévoyaient la création de 10.000 nouveaux emplois, portant le
nombre total des emplois des ZFE dans le pays à 80.000, en raison d’une augmentation
de 12% des exportations en 2010.
La création et la suppression d’emplois sont également dues à l’existence d’accords
internationaux de libre-échange. À cet égard, une réduction significative des activités
et des emplois dans les ZFE a eu lieu à Madagascar en raison du retrait de concessions
commerciales par les États-Unis en vertu de la loi connue sous le nom de «African Growth
and Opportunity Act» (AGOA), entrainant une perte de près de 30.000 emplois. D’autre
part, certains pays ont bénéficié de possibilités de création d’emplois grâce à des accords
commerciaux régionaux. Au Nicaragua, des nouveaux investissements étaient attendus
dans les ZFE en raison de la signature en 2005 de l’ALEAC-RD (Accord de libre-échange
d’Amérique centrale-République dominicaine).
Dans certains pays, des entreprises opérant déjà dans le pays ont simplement déplacé
leurs opérations dans la ZFE afin de bénéficier des avantages attrayants qui y sont
offerts. En conséquence, bien que les statistiques de l’emploi dans les ZFE augmentent,
la création nette d’emplois dans l’économie nationale est nulle. Une telle tendance
a été observée au Mexique dans les années 1990. Ce déplacement de l’emploi des
industries manufacturières opérant à l’extérieur des ZFE vers les ZFE a été appelé la
«maquiladorisation» de l’économie mexicaine.
Qualité de l’emploi
La qualité de l’emploi implique que les emplois soient conformes aux normes de l’Agenda
pour le travail décent de l’OIT. Cela signifie qu’ils fournissent des possibilités de travail qui
soit productif et qui offre un revenu équitable assorti d’une sécurité sur le lieu de travail.
Cela signifie également qu’un emploi assure une protection sociale pour les familles, des
perspectives de développement personnel, la liberté pour les travailleurs d’exprimer leurs
préoccupations, de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leurs vies. Et
cela signifie aussi un emploi qui assure l’égalité de chances et de traitement pour tous
les travailleurs et travailleuses.
Toutefois, le travail décent fait très fréquemment défaut dans les ZFE à travers le monde.
Par exemple, au Sri Lanka, les conditions de travail sont tellement dures que les femmes
ne travaillent pas pendant plus de cinq ans dans les ZFE, et la rotation des travailleurs y
est très élevée. Au Maroc, les contrats ne sont pas toujours écrits et, quand ils le sont, ce
sont des contrats à durée déterminée. À Madagascar, les ZFE sont caractérisées par un
haut degré de sécurité d’emploi car 85% des travailleurs sont embauchés avec un contrat,
mais la rotation des travailleurs au sein de l’entreprises est très élevée, atteignant le
chiffre de 11.000 en 2005 et de 7.000 en 2006. Au Nigéria, la majorité des travailleurs
dans les ZFE sont des travailleurs occasionnels sans aucune sécurité d’emploi. Au Togo,
les statistiques existantes montrent que seuls 2.387 travailleurs sur un total de 9.087 ont
été déclarés à la «Caisse nationale de sécurité sociale» en 2009 et que seulement 1.331
travailleurs avaient une déclarations à jour. Cette situation découle du fait que la rotation
est très élevée, les emplois temporaires représentant la moitié des postes. Des travailleurs
temporaires, saisonniers ou journaliers occupent essentiellement des postes qui sont liés
aux activités normales des entreprises.
5
La FITTHC fait maintenant partie du syndicat IndustriALL, suite à la fusion des syndicats dans les secteurs des mines,
de l’énergie et de la production.
6
La FIOM fait maintenant partie du syndicat IndustriALL, suite à la fusion des syndicats dans les secteurs des mines,
de l’énergie et de la production.
7
Federasi Serikat Pekerja Metal Indonesia
© OIT/J. Maillard
Formation professionnelle et développement des compétences
Au Sri Lanka et au Mexique, des instituts ont été créés pour améliorer les compétences
techniques et professionnelles des travailleurs des ZFE. À Madagascar, 63% des
entreprises dans les ZFE réalisent des programmes de formation internes, comparé à 30%
dans le reste du pays. En Chine, la situation varie en fonction de la région et de la zone.
Dans des endroits tels que les zones de développement économique et technologique et
les zones de développement industriel de haute technologie, les employeurs sont plus
enclins à offrir une formation.
8
L’Art 23.4 stipule que “toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats
pour la défense de ses intérêts”.
Convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 19489
9
http://www.ilo.org/ilolex/cgi-lex/convde.pl?C087
10
Art 2 de la Convention 87 de l’OIT.
11
Art 4 de la Convention 87 de l’OIT.
12
Art 5 de la Convention 87 de l’OIT.
13
Art 9 de la Convention 87 de l’OIT: La convention introduit une exception dans le cas des membres des forces armées
et de la police en prévoyant que la mesure dans laquelle la convention s’appliquera aux forces armées et à la police
sera déterminée par la législation nationale.
14
Art. 3.1 de la Convention 87 de l’OIT.
15
Art. 3.2 de la Convention 87 de l’OIT.
16
Art 7 de la Convention 87 de l’OIT.
17
Art 1, 3 et 8 de la Convention 87 de l’OIT.
Le droit de grève
Le droit de grève n’a pas été explicitement inscrit dans la convention. Toutefois,
le droit de grève des travailleurs et de leurs organisations a toujours été considéré
par l’OIT comme un moyen légitime de défense de leurs intérêts économiques et
sociaux. La CEACR et le CLS ont tous deux largement reconnu le droit de grève18. Ce
droit est considéré comme un corollaire indissociable du droit syndical garanti par
la Convention 87. Les articles 3, 8 et 10 de la convention qui garantissent le droit
des syndicats d’organiser leur gestion et leur activité, et de formuler leur programme
d’action, ainsi que de promouvoir les intérêts des travailleurs ont été interprétés
comme incluant le droit de grève19.
Convention (n° 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 194920
La convention:
• Étend la protection des travailleurs contre tous actes de discrimination tendant à
porter atteinte à la liberté syndicale en matière d’emploi21
• Encourage et promeut le développement de négociation volontaire de conventions
collectives entre les organisations de travailleurs et d’employeurs en vue de régler
par ce moyen les conditions d’emploi22
La convention23 garantit aux travailleurs une protection adéquate contre tous actes
de discrimination tendant à porter atteinte à la liberté syndicale en matière d’emploi
et prévoit qu’une telle protection doit notamment s’appliquer en ce qui concerne les
actes ayant pour but de:
• subordonner l’emploi d’un travailleur à la condition qu’il ne s’affilie pas à un
syndicat ou cesse de faire partie d’un syndicat
• de congédier un travailleur ou lui porter préjudice par tous autres moyens, en raison
de son affiliation syndicale ou de sa participation à des activités syndicales en
dehors des heures de travail ou, avec le consentement de l’employeur, durant les
heures de travail24.
La convention vise à protéger les organisations de travailleurs contre tous actes
d’ingérence des organisations d’employeurs, soit par leurs agents ou membres,
dans leur formation, leur fonctionnement et leur administration. Elle précise que
18
Voir le Recueil de décisions du CLS 1996, paragr. 474 ; et, par exemple, le 302e rapport, cas n° 1809, paragr. 381;
304e rapport, cas n° 1863, paragr. 356; 307e rapport, cas n° 1850, paragr. 120; 308e rapport, cas no°1900, paragr.
183; 311e rapport, cas n° 1934, paragr. 126; 324e rapport, cas n° 2072, paragr. 587; 327e rapport, cas n° 1581,
paragr. 111; 328e rapport, cas n° 2116, paragr. 368; 332e rapport, cas n° 2258, paragr. 522 et 335e rapport, cas n°
2305, paragr. 505.
19
Voir les conclusions du CLS sur l’Affaire n° 893 (Canada) - Rapport n° 204, Novembre 1980. Paragr. 124. ; Affaire
n°1071 (Canada) - Rapport n° 214, Mars 1982. Paragr. 247. ; Affaire n° 1247/Alberta Rapport n° 241, Novembre
198. Paragr. 131 et 140. ; et Affaire n° 1954 ( Côte d’Ivoire ) - rapport n° 311, Novembre 1998. Paragr. 405.
20
http://www.ilo.org/ilolex/cgi-lex/convde.pl?C098
21
Art 1 de la Convention 98 de l’OIT.
22
Art 4 de la Convention 98 de l’OIT.
23
Comme la Convention 87, la Convention 98 prévoit, à l’art. 5, que la mesure dans laquelle les garanties prévues par
la convention s’appliqueront aux forces armées et à la police sera déterminée par la législation nationale. Elle précise
également à l’art. 6 que la convention ne traite pas de la situation des fonctionnaires publics dans l’administration de
l’État et ne pourra, en aucune manière, être interprétée comme portant préjudice à leurs droits ou à leur statut.
24
Art 1 de la Convention 98 de l’OIT.
sont assimilés à des actes d’ingérence des mesures tendant à provoquer la création
d’organisations de travailleurs dominées par un employeur ou une organisation
d’employeurs, ou à soutenir des organisations de travailleurs par des moyens
financiers ou autrement, dans le dessein de placer ces organisations sous le contrôle
d’un employeur ou d’une organisation d’employeurs. La convention appelle, le cas
échéant, à la mise en place de procédures adaptées aux conditions nationales pour
assurer le respect du droit d’organisation garanti par la convention25.
La liberté syndicale représente une force pour le progrès social, offre des avantages
économiques et sociaux, et est un droit qui permet de promouvoir et de mettre en place
des conditions de travail décent. Les droits inscrits dans les Conventions 87 et 98 de l’OIT
constituent des conditions préalables à un dialogue social sain et permettent d’organiser
un travail décent. Là où des syndicats sont présents sur les lieux de travail, les droits
liés à la maternité sont mieux protégés, des systèmes de protection sociale sont mis en
place, la journée de huit heures et le repos hebdomadaire sont respectés, et le travail des
enfants n’existe pas.
Quant aux ZFE qui représentent le domaine le plus difficile, la plus grande préoccupation
et la priorité majeure pour le mouvement syndical sont de garantir le droit des travailleurs
à former et à s’affilier à des syndicats indépendants, et à négocier collectivement avec
les employeurs opérant dans ces zones. Dans l’hypothèse où l’absence de syndicats dans
une ZFE peut attirer davantage d’investissements, de nombreux gouvernements ont privé
les travailleurs des ZFE de leur droit d’organisation ou ont établi des limitations dans
l’exercice de ce droit. Souvent, les travailleurs des ZFE ne peuvent pas exercer leur liberté
syndicale parce que les employeurs adoptent des pratiques contre les travailleurs qui
se livrent à des activités syndicales, ayant recours en autres à des licenciements, des
transferts, des listes noires ou à la violence physique. Les syndicats ne peuvent souvent pas
fonctionner efficacement parce que la législation impose des exigences injustifiées pour
leur reconnaissance en tant qu’agents de négociation ou qu’elle restreint les possibilités
de négociation collective. Dans de nombreux cas, la loi interdit aux travailleurs des ZFE
de recourir à l’action syndicale.
Examen des violations fondamentales des Conventions 87 et 98 de l’OIT dans les ZFE
Malgré le fait que la liberté syndicale et le droit de négociation collective soient des principes
fondateurs de l’OIT, ces droits sont souvent violés dans les ZFE à travers le monde. Certaines
de ces violations fondamentales portent sur: la restriction de l’affiliation syndicale dans
les ZFE; des restrictions d’accès aux travailleurs dans ces zones; des restrictions du droit
de grève; l’ingérence des autorités des ZFE ou des gouvernements dans les affaires des
organisations syndicales; des actes de discrimination antisyndicale à l’encontre de dirigeants
syndicaux et de sympathisants; et des violations du droit de négociation collective. Voici
ci-dessous quelques exemples de pays où ces violations ont lieu.
25
Art 2 et 3 de la Convention 98 de l’OIT.
26
Voir Recueil 2006, paragr. 209 http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---normes/documents/publication/
wcms_090632.pdf et voir aussi Recueil 1996, paragr. 205; et le 308e rapport, cas n° 1900, paragr. 182.
27
Voir Recueil 2006, paragr. 264. Voir aussi Recueil 1996, par. 240; 302e rapport, cas n° 1826, paragr. 411; et 337e
rapport, cas n° 2327, paragr. 195.
28
Voir Recueil 2006, paragr. 265.
29
Voir Recueil 2006, paragr. 266.
30
Voir Recueil 2006, paragr. 275.
31
Voir Recueil 2006, paragr. 276.
32
Voir Recueil 2006, paragr. 279.
33
Voir Recueil 2006, paragr. 284.
34
Voir Recueil 2006, paragr. 288.
35
Voir Recueil 2006, paragr. 292.
Au Pakistan, le droit des travailleurs des ZFE de recourir à l’action syndicale est expressément
interdit. À cet égard, l’article 4 du règlement sur les
zones franches d’exportation (Export
Processing Zones Rules) de 1982 prive les travailleurs des ZFE du droit de grève et du
recours à d’autres formes d’action syndicale. La CEACR et le CLS ont souligné que cette
disposition n’était pas compatible avec les exigences des Conventions 87 et 98 de l’OIT.
Au Bangladesh, la loi sur les associations de travailleurs des ZFE et les relations
professionnelles (EPZs Workers’ Associations and Industrial Relations Act) de 2004 apporte
des limitations au droit des organisations de travailleurs de participer à des actions syndicales.
En vertu de cette loi, ni grève ni lock-out ne sont permis dans une unité industrielle d’une
ZFE jusqu’au 31 octobre 2008 et, dans l’intervalle, tous les conflits de travail sont soumis à
l’arbitrage obligatoire et contraignant. Le CLS a demandé au gouvernement du Bangladesh
de prendre les mesures nécessaires pour modifier cette loi et accélérer la reconnaissance
du droit à l’action syndicale dans les ZFE avant la date fixée.
• L’interdiction générale des grèves ne saurait être justifiée que dans une situation
de crise nationale aiguë et pour une durée limitée36. Pour déterminer les cas dans
lesquels une grève pourrait être interdite, le critère à retenir est l’existence d’une
menace évidente et imminente pour la vie, la sécurité et la santé dans tout ou partie
de la population37. La responsabilité de la suspension d’une grève pour des raisons
de sécurité nationale ou de santé publique ne doit pas incomber au gouvernement
mais à un organe indépendant qui ait la confiance de toutes les parties concernées38.
• Certes, l’impact économique des actions revendicatives et leurs effets sur les
échanges et le commerce sont regrettables; cependant, ils ne suffisent pas à rendre
le service «essentiel» et le droit de grève devrait être maintenu39.
• Peuvent être considérés comme services essentiels: le secteur hospitalier; les services
d’électricité; les services d’approvisionnement en eau; les services téléphoniques;
la police et les forces armées; les services de lutte contre l’incendie; les services
pénitentiaires publics ou privés; la fourniture d’aliments pour les élèves en âge
scolaire et le nettoyage des établissements scolaires; le contrôle du trafic aérien40.
• Ne constituent pas des services essentiels au sens strict du terme: la radio et la
télévision; les installations pétrolières; les ports; les banques; les services de
l’informatique chargés de percevoir les impôts directs et indirects; les grands magasins
et parcs de loisirs; le secteur de la métallurgie et l’ensemble du secteur minier; les
transports en général; les pilotes de ligne; la production, le transport et la distribution
de combustibles; les services ferroviaires; les transports métropolitains; les services
postaux; le service de ramassage des ordures ménagères; les entreprises frigorifiques;
les services de l’hôtellerie; la construction; la fabrication d’automobiles; les activités
agricoles, l’approvisionnement et la distribution de produits alimentaires; la monnaie;
36
Voir Recueil 2006, paragr. 570.
37
Voir Recueil 2006, paragr. 581.
38
Voir Recueil 2006, paragr. 571.
39
Voir Recueil 2006, paragr. 592.
40
Voir Recueil 2006, paragr. 585.
le Service des imprimeries d’État et les monopoles d’État des alcools, du sel et du
tabac; le secteur de l’enseignement; l’entreprise d’embouteillage d’eau minérale41.
• L’arbitrage obligatoire pour mettre fin à un conflit collectif du travail et à une grève
est acceptable s’il intervient à la demande des deux parties au conflit42.
• Dans la mesure où l’arbitrage obligatoire empêche la grève, il porte atteinte au droit
des organisations syndicales d’organiser librement leurs activités et ne pourrait se
justifier que dans la fonction publique ou dans les services essentiels au sens strict
du terme43.
• Le CLS a estimé qu’un système d’arbitrage obligatoire par les soins de l’administration
du travail, lorsqu’un différend n’a pas été réglé par d’autres moyens, peut avoir pour
résultat de restreindre considérablement le droit des organisations de travailleurs
d’organiser leur activité et risque même d’imposer une interdiction absolue de la
grève, contrairement aux principes de la liberté syndicale44.
41
Voir Recueil 2006, paragr. 587.
42
Voir Recueil 2006, paragr. 564.
43
Voir Recueil 2006, paragr. 565.
44
Voir Recueil 2006, paragr. 568.
Dans une affaire relative à une ZFE au Nicaragua, une des allégations du plaignant était que,
peu après la création d’un nouveau syndicat, l’entreprise et, par la suite, quatre travailleurs
et un conseiller payés par l’entreprise avaient demandé la dissolution du syndicat. Une
procédure fut engagée et le ministère du Travail refusa alors d’enregistrer la réorganisation
du comité exécutif du syndicat. Le CLS désapprouva le refus initial du gouvernement
d’enregistrer la réorganisation du comité du syndicat, de même que le retard de plusieurs
mois dans l’enregistrement du
comité. Il demanda au gouvernement
du Nicaragua de s’abstenir à l’avenir
de s’immiscer dans les affaires
syndicales.
Encadré 7: Jurisprudence du CLS sur l’ingérence dans les affaires des syndicats
45
Voir Recueil 2006, paragr. 855.
46
Voir Recueil 2006, paragr. 859.
47
Voir Recueil 2006, paragr. 861.
48
Voir Recueil 2006, paragr. 862.
49
Voir Recueil 2006, paragr. 685.
50
Voir Recueil 2006, paragr. 687.
51
Voir Recueil 2006, paragr. 689.
52
Voir Recueil 2006, paragr. 683.
53
Voir Recueil 2006, paragr. 466.
54
Voir Recueil 2006, paragr. 470.
Discrimination antisyndicale
Alors que la plupart des pays dotés de ZFE reconnaissent le droit des travailleurs des ZFE
de s’organiser dans les limites fixées par la loi, dans la pratique, le droit des travailleurs des
ZFE de s’organiser librement et de participer à des activités syndicales est restreint dans
de nombreuses ZFE en raison des pratiques discriminatoires antisyndicales adoptées par
les employeurs. Celles-ci incluent la mise à pied, la suspension, le transfert, la liste noire,
le harcèlement, l’intimidation et les agressions physiques à l’encontre des dirigeants et des
membres des syndicats, et l’obligation pour les travailleurs de s’affilier à des associations
et à des syndicats parrainés par l’employeur. De telles pratiques sont particulièrement
prononcées au moment de la formation des syndicats. Le problème est accentué lorsque les
travailleurs des ZFE ne jouissent pas de sécurité d’emploi car cela permet aux employeurs
de se débarrasser facilement des travailleurs impliqués dans des activités syndicales.
Les principaux problèmes concernant des actes de discrimination antisyndicale dans les
ZFE sont une protection législative inadéquate contre la discrimination antisyndicale,
les représailles contre les syndicalistes, les listes noires des dirigeants syndicaux, le
harcèlement et la violence.
Au Salvador, les travailleurs dans les ZFE sont confrontés à l’exploitation, aux mauvais
traitements, à la violence verbale, aux menaces et au harcèlement sexuel. La zone franche
du secteur textile se caractérise par sa politique antisyndicale et les licenciements des
travailleurs qui tentent d’exercer leurs droits syndicaux. Au Nicaragua, les licenciements
et les pressions exercées sur les syndicalistes sont très fréquents, de même que les
violations du droit d’organisation et de négociation collective qui se produisent tout au
long du processus d’organisation, depuis la phase de lancement jusqu’au moment où elle
sera pleinement opérationnelle, bien que des petites améliorations aient eu lieu grâce à
une plus grande implication du ministère du Travail. En Indonésie, les chercheurs de la
FITTHC ont rapporté que toutes les usines avaient pris des mesures antisyndicales alors
que les syndicats représentaient les travailleurs dans la plupart des usines étudiées.
Les dirigeants syndicaux ont également exprimé leur inquiétude de voir les employeurs
refuser les relations d’emploi aux travailleurs afin d’affaiblir les syndicats. Les travailleurs
qui sont devenus membres du syndicat ont été intimidés, mis à pied ou n’ont pas vu
leur contrat prolongé, la direction envoyant ainsi le message clair aux travailleurs qu’elle
n’approuvait pas l’affiliation syndicale. Au Maroc, les travailleurs des ZFE ont trop peur de
créer des syndicats car ils craignent de perdre leur emploi. En Namibie, les employeurs ont
généralement été très hostiles aux syndicats, refusant de les reconnaître ou de les laisser
mener leurs activités sur les lieux de travail, et en particulier dans les ZFE. Au Belize,
les ZFE ont été caractérisées par la violation systématique des droits fondamentaux des
travailleurs. En Jamaïque, il n’y a pas de syndicats dans les ZFE en raison des pratiques
antisyndicales qui ont toujours empêché la création de syndicats. Les «maquilas» (ZFE)
situées à la frontière nord du Mexique signent souvent des «contrats de protection». Ces
contrats sont des accords conclus entre une entreprise et un syndicat qui n’existe que
sur papier. Les travailleurs qui s’organisent sont victimes d’actes d’intimidation et de
répression de la part des «syndicats de papier» et du gouvernement. Ceux qui tentent de
défendre leurs droits sont étiquetés comme des fauteurs de troubles et risquent d’être mis
sur une liste noire par l’entreprise. Au Costa Rica, il n’y a pratiquement pas d’organisation
syndicale dans les ZFE et les rares travailleurs syndiqués sont victimes de harcèlement et
de licenciement abusif.
• La discrimination antisyndicale est une des violations les plus graves de la liberté
syndicale puisqu’elle peut compromettre l’existence même des syndicats55.
• Un mouvement syndical réellement libre et indépendant ne peut se développer
dans un climat de violence et d’incertitude56.
• Nul ne doit faire l’objet d’une discrimination ou subir un préjudice dans l’emploi
de son affiliation ou de ses activités syndicales légitimes et les responsables de tels
actes doivent être punis57.
• La protection contre les actes de discrimination antisyndicale s’applique autant aux
membres des syndicats et aux anciens responsables syndicaux qu’aux dirigeants
syndicaux en place58.
• La pratique consistant à établir des listes noires de dirigeants et militants syndicaux
met gravement en péril le libre exercice des droits syndicaux et, d’une manière
générale, les gouvernements devraient prendre des mesures sévères à l’égard de
telles pratiques59.
• La liberté syndicale ne peut s’exercer que dans une situation de respect et de
garantie complets des droits fondamentaux de l’homme, en particulier du droit à
la vie et du droit à la sécurité de la personne60. Le droit à la vie est la condition de
base de l’exercice des droits consacrés dans la Convention no 8761.
• Les droits des organisations de travailleurs et d’employeurs ne peuvent s’exercer
que dans un climat exempt de violence, de pressions ou menaces de toutes sortes à
l’encontre des dirigeants et des membres de ces organisations, et il appartient aux
gouvernements de garantir le respect de ce principe62. Tous les États ont le devoir
indéniable de promouvoir et de défendre un climat social où le respect de la loi
règne en tant que seul moyen de garantir et de respecter la vie63.
• Lorsque se sont produites des atteintes à l’intégrité physique ou morale, le CLS
a considéré qu’une enquête judiciaire indépendante devrait être effectuée sans
retard car cette méthode est particulièrement appropriée pour éclaircir pleinement
les faits, déterminer les responsabilités, sanctionner les coupables et prévenir la
répétition de telles actions64.
• L’absence de jugements contre les coupables entraîne une impunité de fait
qui renforce le climat de violence et d’insécurité, et qui est donc extrêmement
dommageable pour l’exercice des activités syndicales65.
55
Voir Recueil 2006, paragr. 769.
56
Voir Recueil 2006, paragr. 45.
57
Voir Recueil 2006, paragr. 772.
58
Voir Recueil 2006, paragr. 775.
59
Voir Recueil 2006, paragr. 803.
60
Voir Recueil 2006, paragr. 43.
61
Voir Recueil 2006, paragr. 42.
© OIT/M. Crozet
62
Voir Recueil 2006, paragr. 44.
63
Voir Recueil 2006, paragr. 58.
64
Voir Recueil 2006, paragr. 50.
65
Voir Recueil 2006, paragr. 52.
Négociation collective
La plupart des pays dotés de ZFE reconnaissent le droit des travailleurs de négocier
collectivement leurs conditions de travail avec l’employeur. Cependant, dans les pays où le
droit des travailleurs des ZFE de s’organiser n’est pas reconnu par la loi, le droit de négocier
collectivement avec l’employeur n’est pas non plus reconnu. Les principaux problèmes
en matière de négociation collective dans les ZFE sont ceux liés à la reconnaissance de
l’agent négociateur, aux restrictions sur la portée de la négociation collective, au refus de
négocier et à la promotion de la négociation collective dans les ZFE.
Au Ghana, «Blue Skies Products (Gh) Ltd», une entreprise de transformation de fruits de
la ZFE qui emploie plus de mille travailleurs, a toujours refusé de reconnaître le syndicat
des travailleurs de l’entreprise, le «Food and Allied Workers Union» (FAWU), une filiale de
la «Ghana Federation of Labour» (GFL). Le syndicat a organisé les travailleurs et a reçu un
certificat de négociation collective en février 2004, mais n’a toujours pas été en mesure
de négocier avec l’entreprise. Bien que le ministère du Travail ait délivré un certificat de
négociation collective au FAWU, il en a aussi donné un à la «Blue Skies Staff Association»,
que la «Ghana Federation of Labour» (GFL) a décrit comme un syndicat jaune. L’affaire a
été portée devant le tribunal pour décider quel syndicat devrait représenter les travailleurs.
L’affaire est passée devant le tribunal en octobre 2010, sans notification préalable envoyée
au FAWU. Le département du Procureur général a soudainement annoncé l’abandon de
l’affaire, sans fournir aucune explication. «Blue Skies» avait déposé plusieurs plaintes
contre la GFL et le FAWU pour retarder la reconnaissance de son syndicat de travailleurs.
Les affaires étaient toujours en cours à la fin de l’année 2010.
Au Nigéria, le mode concret de négociation collective est déterminé par chaque secteur et
reflète le caractère des relations collectives dans chaque secteur syndical. Par exemple, le
syndicat national des travailleurs des produits chimiques, du caoutchouc, de la chaussure,
du cuir et des produits non métalliques (National Union of Chemical Rubber Footwear
Leather and Non-Metallic Products Employees) organise des cycles de négociation de
2 ans avec la partie prenante équivalente des employeurs sur la plate-forme du Conseil
national industriel conjoint (National Joint Industrial Council) du secteur. Les règles de
fond accordées sur cette plate-forme sont contraignantes pour les ZFE au sein du secteur.
D’autre part, dans le secteur du pétrole et du gaz, il n’y a pas de Conseil national industriel
conjoint (National Joint Industrial Council) et aucun accord spécifique aux ZFE n’a été
conclu avec les entreprises du pétrole.
Au Sri Lanka, la création en 1994 des conseils de travailleurs, encouragée par les
employeurs et le Comité d’investissement (Board of Investment - BOI), a entravé la création
de syndicats libres et indépendants, de même que l’exercice du droit de négociation
collective. Les conseils ont été mis en place sans consulter les syndicats. Ils sont sous le
contrôle du Comité d’investissement et leurs membres ne sont pas élus librement.
Au Togo, toutes les négociations relatives aux conditions de travail dans les ZFE sont menées
bilatéralement par les délégués du personnel regroupés au sein du «Comité des délégués
du personnel» et les employeurs regroupés dans «l’Association des employeurs de la ZFE»
sous la supervision générale de la Société d’Administration des Zones Franches (SAZOF).
Les deux parties ont conclu l’accord du 1er Juin 1996, considéré comme la convention
collective sectorielle de la ZFE, et la révision des salaires de 2008. Elles ont remporté
un certain succès, mais les acteurs traditionnels des négociations collectives, à savoir les
organisations de travailleurs et d’employeurs librement choisis, ont été remplacés par ces
regroupements particuliers qui ne sont pas compatibles avec les principes énoncés dans
les Conventions 87 et 98 de l’OIT. La légitimité et la capacité de ces acteurs à défendre,
dans une négociation collective, les droits et les intérêts matériels, moraux et sociaux des
travailleurs des ZFE peuvent être remises en question. La grande majorité des travailleurs
ne reconnait pas leur légitimité, surtout lorsque la loi en vigueur accorde expressément ce
rôle aux organisations syndicales professionnelles. Le «Comité des délégués du personnel»
n’a pas les mêmes avantages que les organisations syndicales en termes d’affiliation, de
solidarité syndicale, de pression, de lobbying et d’expérience syndicale. Depuis 2006,
quelques tentatives de véritable dialogue social tripartite ont eu lieu et la volonté de la
SAZOF a ouvert la voie à un développement timide, mais positif, de l’activité syndicale
dans les ZFE. Grâce à l’appui de l’OIT et du ministère togolais du Travail et de la Sécurité
sociale, la révision des textes spécifiques relatifs à la ZFE a été entreprise dans le but
d’éliminer les obstacles à la liberté syndicale. Des négociations sont également en cours
avec la participation active des organisations syndicales des ZFE pour l’approbation d’une
nouvelle convention collective sectorielle.
Aux Philippines, des chercheurs de la FITTHC ont trouvé dans une usine que le syndicat
avait organisé avec succès un nombre suffisant de travailleurs pour répondre aux exigences
de négociation collective avec l’employeur. L’employeur a réagi en menant une campagne
soutenue de harcèlement contre les membres du syndicat, culminant avec la fermeture
de l’usine par l’employeur et la mise à pied de 800 travailleurs avec effet immédiat.
Une affaire est actuellement en cours devant le Tribunal du travail. Les chercheurs de la
FITTHC ont également enregistré l’utilisation d’organes de représentation des travailleurs
influencés par la direction, y compris des conseils de gestion du travail et des coopératives
de salariés, et ce dans juste un peu moins de la moitié des usines étudiées.
Au Maroc, en novembre 2010, la direction de «APM Terminals» dans le port de Tanger
avait licencié quatre membres du syndicat des travailleurs du transport. Le syndicat avait
juste atteint le seuil légal du nombre d’affiliations qui devait lui permettre de négocier
une convention collective avec l’employeur.
© OIT/M. Crozet
66
Voir Recueil 2006, paragr. 880.
67
Voir Recueil 2006, paragr. 881.
68
Voir Recueil 2006, paragr. 906.
69
Voir Recueil 2006, paragr. 913.
70
Voir Recueil 2006, paragr. 919.
71
Voir Recueil 2006, paragr. 925.
72
Voir Recueil 2006, paragr. 928.
• Il est important que les employeurs et les syndicats participent aux négociations de
bonne foi et n’épargnent aucun effort pour parvenir à un accord, des négociations
véritables et constructives étant nécessaires pour établir et maintenir une relation
de confiance entre les parties73.
• Les accords doivent être obligatoires pour les parties74.
• Les employeurs devraient reconnaître les organisations représentatives de
travailleurs dans une branche particulière aux fins de la négociation collective75.
La reconnaissance par un employeur des principaux syndicats représentés dans
son entreprise ou du plus représentatif d’entre eux constitue la base même de
toute procédure de négociation collective des conditions d’emploi au niveau de
l’établissement76.
73
Voir Recueil 2006, paragr. 935.
74
Voir Recueil 2006, paragr. 939.
75
Voir Recueil 2006, paragr. 954.
76
Voir Recueil 2006, paragr. 953.
Convention (n° 100) sur l’égalité de rémunération, 1951: Cette convention fondamentale
exige des pays qui la ratifient d’assurer l’application à tous les travailleurs du principe
de l’égalité de rémunération entre la main-d’œuvre masculine et la main-d’œuvre
féminine pour un travail de valeur égale. Le terme «rémunération» est défini au sens
large et comprend le salaire ou traitement ordinaire, de base ou minimum, et tous
autres avantages, payés directement ou indirectement, en espèces ou en nature, par
l’employeur au travailleur en raison de l’emploi de ce dernier.
Convention (n° 111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958: Cette
convention fondamentale définit la discrimination comme toute distinction, exclusion
ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la religion, l’opinion politique,
l’ascendance nationale ou l’origine sociale, qui a pour effet de détruire ou d’altérer
l’égalité de chances ou de traitement en matière d’emploi ou de profession. Elle exige
des États qui la ratifient de s’engager à formuler et à appliquer une politique nationale
visant à promouvoir, par des méthodes adaptées aux circonstances et aux usages
nationaux, l’égalité de chances et de traitement en matière d’emploi et de profession,
afin d’éliminer toute discrimination en cette matière. Cela inclut la discrimination en
matière d’accès à la formation professionnelle, l’accès à l’emploi et aux différentes
professions, ainsi que les conditions d’emploi.
À Madagascar, le salaire moyen des travailleuses des ZFE est inférieur de 8% dans les
emplois peu qualifiés et de 20% dans les postes de direction si on le compare à celui
des hommes. Bien que les droits des femmes enceintes et des jeunes mères soient
généralement respectés, des pratiques discriminatoires persistent, telles que le refus
d’embaucher des femmes enceintes, des pertes d’emplois et le refus d’accorder un congé
de maternité. En Namibie, comme exemple de discrimination inverse, une ZFE emploie
un grand nombre de travailleurs asiatiques dont les salaires sont plus élevés que ceux
de leurs homologues namibiens. À l’Île Maurice, les ZFE emploient 15.000 travailleurs
étrangers venant principalement de Chine, d’Inde, du Bangladesh et du Sri Lanka. En
raison de barrières linguistiques et de restrictions imposées par les employeurs, les
travailleurs immigrés sont victimes d’une discrimination évidente et n’ont souvent pas
de contrat formel. Au Sri Lanka, la discrimination entre travailleurs et travailleuses dans
les usines d’articles de sport et de loisirs est très répandue. À cet égard, la recherche
montre que, durant le processus de recrutement, la direction a favorisé des travailleurs qui
n’étaient pas mariés. Quatre entreprises ont effectué des tests de grossesse et les femmes
enceintes n’ont pas été recrutées. Au Belize, les femmes sont confrontées à des inégalités
et à une discrimination au travail du fait de la mauvaise application de la législation du
travail dans les ZFE. À cet égard, le taux de chômage des femmes est beaucoup plus élevé
que celui des hommes et leur salaire représente 52% de celui des hommes. Les femmes
sont plus concentrées dans les emplois peu rémunérés et peu qualifiés.
Convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930: Cette convention fondamentale interdit
toute forme de travail forcé ou obligatoire qui est défini comme «tout travail ou
service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel
ledit individu ne s’est pas offert de plein gré». Des exceptions sont prévues pour
tout travail exigé en vertu des lois sur le service militaire obligatoire, pour tout
travail faisant partie des obligations civiques normales, ou pour tout travail exigé
d’un individu comme conséquence d’une condamnation prononcée par une décision
judiciaire.
Convention (n° 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957: Cette convention
fondamentale interdit le travail forcé ou obligatoire en tant que mesure de coercition
ou d’éducation politique ou en tant que sanction à l’égard de personnes qui ont ou
expriment certaines opinions politiques ou manifestent leur opposition idéologique à
l’ordre politique, social ou économique établi; en tant que méthode de mobilisation
et d’utilisation de la main-d’œuvre à des fins de développement économique; en
tant que mesure de discipline du travail; en tant que punition pour avoir participé
à des grèves; et en tant que mesure de discrimination raciale, sociale, nationale ou
religieuse.
Convention (n° 138) sur l’âge minimum, 1973: Cette convention fondamentale spécifie
l’âge minimum d’admission à l’emploi ou au travail à 15 ans (13 ans pour les travaux
légers) et l’âge minimum pour les travaux dangereux à 18 ans (16 ans sous certaines
conditions strictes). Il prévoit la possibilité de spécifier, en une première étape, un
âge minimum de 14 ans (12 ans pour les travaux légers) là où l’économie et les
institutions scolaires ne sont pas suffisamment développées.
Convention (n° 182) concernant l’interdiction des pires formes de travail des enfants,
1999: Cette convention fondamentale définit un «enfant» comme une personne de
moins de 18 ans. Elle exige des États qui la ratifient d’éliminer les pires formes
de travail des enfants qui comprennent toutes les formes d’esclavage ou pratiques
analogues, telles que la vente et la traite des enfants, la servitude pour dettes et le
servage ainsi que le travail forcé ou obligatoire, y compris le recrutement forcé ou
obligatoire des enfants en vue de leur utilisation dans des conflits armés; l’utilisation,
le recrutement ou l’offre d’un enfant à des fins de prostitution, de production
de matériel pornographique ou de spectacles pornographiques; l’utilisation, le
recrutement ou l’offre d’un enfant aux fins d’activités illicites, notamment pour la
production et le trafic de stupéfiants; les travaux qui, par leur nature ou les conditions
dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou
à la moralité de l’enfant. La convention exige des États qui la ratifient de prévoir
l’aide directe nécessaire et appropriée pour soustraire les enfants des pires formes de
travail des enfants et assurer leur réadaptation et leur intégration sociale. Elle exige
également des États d’assurer l’accès à l’éducation de base gratuite et, lorsque cela
est possible et approprié, à la formation professionnelle pour les enfants qui auront
été soustraits des pires formes de travail des enfants.
Inspection du travail
L’application correcte et efficace de la législation du travail dépend d’une inspection du
travail efficace, avec des inspecteurs du travail qui examinent la façon dont les normes
nationales du travail sont appliquées sur le lieu de travail et qui offrent des conseils sur
la façon d’améliorer l’application de la législation nationale du travail. Dans de nombreux
pays, les systèmes d’inspection du travail sont sous-financés et manquent de personnel.
En ce qui concerne les ZFE, le manque général de ressources matérielles et humaines,
le manque de formation des inspecteurs du travail et l’absence d’un cadre juridique
leur donnant le pouvoir d’agir dans l’intérêt général constituent les principaux problèmes
existants.
Au Nicaragua, les inspecteurs du travail ont souvent rencontré de nombreux problèmes
pour accéder aux ZFE. Toutefois, l’approbation de la loi 618, la «Loi générale sur la
santé et la sécurité au travail» a contribué à améliorer cette situation. Grâce à cette
loi, le rôle du ministère du Travail du Nicaragua a été renforcé et les inspecteurs du
travail ont le droit de visiter les ZFE à tout moment et sans préavis. Au Maroc, le Code
du travail exige que les inspecteurs du travail appliquent les dispositions du droit du
travail. Toutefois, les organisations syndicales ont dénoncé la passivité et l’incapacité de
l’inspection du travail. Elles affirment que les inspecteurs du travail ne peuvent pas avoir
librement accès aux ZFE et qu’ils ne satisfont pas les travailleurs qui leur demandent de
visiter les lieux de travail. Au Salvador, le gouvernement n’alloue pas suffisamment de
ressources à une inspection et une surveillance adéquates en vue d’assurer le respect du
droit d’organisation et de négociation collective dans les ZFE. En outre, des inspecteurs
Convention (n° 81) sur l’inspection du travail, 1947: Cette convention exige des États
qui la ratifient de maintenir un système d’inspection du travail dans l’industrie et le
commerce. La convention définit une série de principes concernant la détermination
des domaines de la législation couverts par l’inspection du travail, les fonctions et
l’organisation du système d’inspection, les critères de recrutement, le statut et les
conditions de service des inspecteurs du travail, ainsi que leurs pouvoirs et obligations.
Licenciement
Le licenciement est une expérience traumatisante pour un travailleur. Il est synonyme de
perte de revenus, conduit à la perte de l’estime de soi et a un impact direct sur le bien-être
de la famille du travailleur. Les entreprises des ZFE sont souvent soumises à des influences
extérieures et à des changements dans la chaîne de production mondiale. La demande
extérieure de produits peut varier. Les accords commerciaux régionaux ou bilatéraux
peuvent avoir un impact sur l’organisation des ZFE. Des crises économiques peuvent
se déclarer et affecter les entreprises des ZFE. Ainsi, les emplois dans les ZFE sont très
souvent des emplois précaires. Tout cela est aggravé par le désir de nombreux employeurs
des ZFE de maximiser leurs profits en imposant aux travailleurs des mauvaises conditions de
travail et des objectifs de production élevés. De plus, l’utilisation généralisée des contrats
temporaires signifie que l’emploi prend simplement fin à l’expiration des contrats, évitant
ainsi les sanctions de l’employeur pour licenciement. Cela contribue également à une
forte rotation du personnel dans les ZFE. Finalement, de nombreux travailleurs perdent
souvent leur emploi à la suite d’actes de harcèlement et de discrimination antisyndicale.
Les travailleurs sont donc arbitrairement licenciés à cause de leurs activités syndicales
ou, pour le travailleuses, tout simplement parce qu’elles sont enceintes.
Convention (n° 158) sur le licenciement, 1982: Cette convention consacre le principe
qu’un travailleur ne devra pas être licencié sans qu’il existe un motif valable de
licenciement lié à l’aptitude ou à la conduite du travailleur ou fondé sur les nécessités
du fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement ou du service. Ne constituent
pas des motifs valables de licenciement, notamment: l’affiliation syndicale ou la
participation à des activités syndicales en dehors des heures de travail ou, avec le
consentement de l’employeur, durant les heures de travail; le fait d’avoir déposé
une plainte contre un employeur; la race, la couleur, le sexe, l’état matrimonial, les
responsabilités familiales, la grossesse, la religion, l’opinion politique, l’ascendance
nationale ou l’origine sociale; l’absence temporaire du travail en raison d’une
maladie ou d’un accident; l’absence du travail pendant le congé de maternité. Si un
travailleur individuel est licencié, il ou elle doit avoir le droit de se défendre contre les
allégations formulées. En cas de licenciement collectif, les gouvernements doivent
chercher à encourager les employeurs à consulter les représentants des travailleurs et
à trouver des alternatives aux licenciements massifs (comme un gel des embauches
ou des réductions du temps de travail). La convention couvre également les questions
relatives à l’indemnité de départ, à la durée du préavis, aux procédures de recours
contre le licenciement, à l’assurance chômage et aux avertissements préalables à
envoyer aux autorités en cas de licenciements massifs.
Au Sri Lanka, les entreprises sont connues pour fermer leurs portes sans avertissement et
laisser les travailleurs sans compensation, sans remboursement des arriérés ou de l’assurance
nationale. Au Nicaragua, les principaux problèmes sont les licenciements, les menaces
constantes envers les travailleurs et les comportements antisyndicaux des employeurs.
Dans le contexte actuel de crise mondiale, l’instabilité de l’emploi a considérablement
augmenté dans le pays et 31 entreprises des ZFE ont demandé au ministère du Travail
une fermeture indéterminée, affectant ainsi de nombreuses travailleuses. De nombreuses
plaintes en 2007, 2008 et 2009 étaient liées à la fermeture soudaine d’entreprises sans
paiement de compensation, une situation qui a mené à d’importants conflits de travail.
L’une des principales revendications des syndicats est d’avoir une législation qui garantisse
la création d’un fonds en cas de fermeture d’entreprises. Au Salvador, la loi ne prévoit pas
la réintégration des travailleurs licenciés abusivement en raison de leur appartenance ou
de leurs activités syndicales. Au Guatemala et au Nicaragua, des entreprises ont fermé
leurs portes sans préavis et sans payer d’indemnités aux travailleurs.
Sécurité sociale
Les systèmes de sécurité sociale garantissent un revenu minimum en cas de chômage,
de maladie, d’accident, de vieillesse et de retraite, d’invalidité, de responsabilités
familiales telles que la grossesse, la garde d’enfants et la perte du soutien de famille.
Pour les employeurs, la sécurité sociale contribue à maintenir une main-d’œuvre stable
qui s’adapte au changement. Dans un monde globalisé, où les gens sont de plus en
plus exposés aux risques économiques mondiaux, une politique nationale de protection
sociale élargie peut offrir un rempart solide contre la plupart des effets sociaux négatifs
des crises. Les travailleurs des ZFE du monde entier sont exposés à une forte rotation
du personnel et sont plus vulnérables à l’instabilité de l’emploi en raison de facteurs
extérieurs. Les travailleurs des ZFE sont souvent licenciés et mis à pied, et la plupart
d’entre eux ne bénéficie pas de couverture sociale lorsque cela se produit.
Convention (n° 102) concernant la sécurité sociale (norme minimum), 1952: Cette
convention établit la norme minimum pour le niveau des prestations de sécurité
sociale et les conditions dans lesquelles elles sont accordées. Elle couvre les
neuf branches principales de la sécurité sociale, à savoir les soins médicaux, les
indemnités de maladie, les prestations de chômage, les prestations de vieillesse,
les prestations en cas d’accidents du travail et de maladies professionnelles, les
prestations aux familles, les prestations de maternité, les prestations d’invalidité et les
prestations de survivants. Pour veiller à ce qu’elle puisse être appliquée dans toutes
les circonstances nationales, la convention offre aux États la possibilité de la ratifier
en acceptant, au début, les obligations d’au moins trois de ses neuf branches et, par
la suite, les obligations découlant des autres branches, ce qui leur permet d’atteindre
progressivement tous les objectifs fixés. Le niveau des prestations minimum peut être
déterminé par rapport au niveau des salaires dans le pays concerné. Des exceptions
temporaires sont également prévues pour les pays dont l’économie et les installations
médicales ne sont pas suffisamment développées, ce qui leur permet de limiter la
portée de la convention et la couverture des prestations accordées.
Recommandation (n° 202) sur les socles de protection sociale, 2012: Cette
recommandation fournit aux Membres des orientations pour: a) établir ou maintenir,
selon le cas, des socles de protection sociale en tant qu’élément fondamental de leurs
systèmes nationaux de sécurité sociale; b) mettre en œuvre les socles de protection
sociale dans le cadre de stratégies d’extension de la sécurité sociale qui assurent
progressivement des niveaux plus élevés de sécurité sociale au plus grand nombre de
personnes possible, selon les orientations données par les normes de l’OIT relatives à
la sécurité sociale. Les socles de protection sociale devraient comporter au moins les
garanties élémentaires de sécurité sociale suivantes: (a) accès à un ensemble de biens
et services définis à l’échelle nationale comme étant des soins de santé essentiels, y
compris les soins de maternité, qui réponde aux critères de disponibilité, d’accessibilité,
d’acceptabilité et de qualité (b) sécurité élémentaire du revenu pour les enfants, se
situant au moins à un niveau minimal défini à l’échelle nationale, assurant l’accès à
l’alimentation, à l’éducation, aux soins et à tous autres biens et services nécessaires;
(c) sécurité élémentaire du revenu, se situant au moins à un niveau minimal défini à
l’échelle nationale, pour les personnes d’âge actif qui sont dans l’incapacité de gagner
un revenu suffisant, en particulier dans les cas de maladie, de chômage, de maternité
et d’invalidité; (d) sécurité élémentaire du revenu pour les personnes âgées, se situant
au moins à un niveau minimal défini à l’échelle nationale.
Au Nicaragua, tous les travailleurs des ZFE qui travaillent dans une relation formelle d’emploi
sont couverts par le système de sécurité sociale en vigueur dans le pays. Cependant, il existe
des tendances importantes à l’externalisation des tâches, en particulier dans les centres
d’appels. Les travailleurs externalisés sont privés de avantages offerts par la sécurité
sociale. Au Salvador, en 2008, les ministères du Travail et de l’Économie ont conclut que
près de 10.000 travailleurs dans les ZFE n’avaient pas bénéficié de sécurité sociale et
d’autres indemnités auxquelles ils avaient légalement droit. En Indonésie, les chercheurs
de la FITTHC ont constaté que des travailleurs employés par l’intermédiaire d’agences
privées s’étaient vu refuser un certain nombre de droits et d’avantages. Les travailleurs
ont déclaré qu’ils n’avaient pas reçu de salaire pour la période de leur congé annuel,
qu’ils n’avaient pas touché les indemnités de départ à la fin de leur période d’emploi,
qu’ils n’avaient pas reçu de contrat écrit et d’indemnités de maladie. Les travailleurs
ont dit aux chercheurs que l’entreprise recrutait du personnel permanent pendant la
haute saison, mais que ces travailleurs étaient souvent licenciés à la fin de leur période
d’essai de 3 mois parce que l’employeur n’avait plus besoin d’eux. Les employeurs ne
payaient pas le salaire minimum ou ne se conformaient pas aux dispositions de la sécurité
sociale pendant cette période d’essai. Au Maroc, les syndicats affirment que de nombreux
travailleurs des ZFE ne sont pas déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale. Au
Togo, le fait que de nombreux travailleurs des ZFE sont des travailleurs temporaires fait
qu’ils ne bénéficient pas de la prime sociale de risque.
Salaires
Dans les ZFE, l’accès à un salaire adéquat et régulier n’est pas garanti. Les salaires
tendent à être similaires ou même parfois plus élevés que les salaires payés dans les
autres secteurs de l’économie. Toutefois, cela n’implique pas nécessairement que ces
revenus soient des salaires décents. La situation varie, selon les ZFE, dans le même pays
et dans tous les secteurs. Les travailleurs des ZFE peuvent perdre leur salaire lorsque leur
employeur fait faillite ou qu’une entreprise ferme ses portes.
Convention (n° 95) sur la protection du salaire, 1949: Cette convention stipule que
les salaires seront payés en monnaie ayant cours légal et à intervalles réguliers; dans
les cas où le paiement partiel du salaire en nature est autorisé, la valeur attribuée à
ces prestations doit être juste et raisonnable. Les travailleurs doivent être libres de
disposer de leur salaire à leur gré. En cas d’insolvabilité de l’employeur, le salaire
doit bénéficier de la priorité dans la répartition des actifs liquidés.
Convention (n° 131) sur la fixation des salaires minima, 1970: Cette convention demande
aux États qui la ratifient de s’engager à établir un système de salaires minima permettant
de fixer et d’ajuster de temps à autre les salaires minima qui ont force de loi.
Convention (n° 173) sur la protection des créances des travailleurs en cas
d’insolvabilité de leur employeur, 1992: Cette convention prévoit la protection des
créances salariales en cas d’insolvabilité et de faillite au moyen d’un privilège ou par
une institution de garantie.
Selon une recherche menée par la FITTHC aux Philippines, au Sri Lanka et en Indonésie,
pas une seule des 83 entreprises couvertes par l’étude ne paie un salaire décent aux
travailleurs et beaucoup d’entre elles emploient des travailleurs en leur payant moins que
le salaire minimum légal. Au Sri Lanka, les chercheurs ont constaté que les salaires étaient
basés sur des objectifs de productivité, bien que la loi sri-lankaise stipule clairement que
les travailleurs doivent être payés en fonction du nombre de jours prestés et non en fonction
du nombre de pièces produites. Dans une usine, les travailleurs voyaient leur salaire de
base réduit s’ils n’atteignaient pas les objectifs fixés unilatéralement par la direction. Dans
une autre usine appartenant à la même entreprise, les travailleurs ne recevaient aucune
rémunération incitative si la totalité du quota n’était pas atteint. Toutefois, les travailleurs
ont indiqué que les objectifs fixés unilatéralement par la direction étaient impossibles
à atteindre et qu’ils n’avaient donc jamais reçu de bonus. Dans deux autres usines, les
travailleurs étaient forcés de prester des heures supplémentaires non payées jusqu’à ce
qu’ils atteignent les objectifs de productivité fixés par la direction. Au Maroc, les syndicats
se plaignent que les salaires déclarés sont souvent inférieurs aux salaires effectivement
versés. Au Togo, les salaires des travailleurs permanents ont connu une évolution
progressive. Toutefois, les travailleurs temporaires sans qualifications spécifiques n’ont
pas droit aux indemnités et il est prouvé que le congé maladie est déduit de leur salaire.
Ils gagnent, par conséquent, moins que le salaire minimum. Au Nicaragua, le salaire
minimum ne couvre pas la moitié des besoins élémentaires mensuels. La «Commission
tripartite du travail sur les zones franches d’exportation» a conclut un accord pour assurer
une augmentation progressive des salaires en une série d’étapes jusqu’en 201377.
Temps de travail
La recherche montre que les heures supplémentaires excessives et obligatoires, souvent
en violation de la législation nationale, sont très répandues et sont une réalité dans
presque tous les pays dotés de ZFE. Beaucoup de travailleurs des ZFE font des heures
supplémentaires excessives pour survivre ou se conformer aux exigences industrielles
de l’entreprise sous la menace d’un licenciement. Des heures longues et imprévisibles
ont un impact sur la capacité des travailleurs à concilier travail rémunéré et obligations
domestiques.
Convention (n° 1) sur la durée du travail (industrie), 1919: Cette convention fixe la
norme générale à 48 heures de travail par semaine, avec un maximum de huit heures
par jour.
Convention (n° 47) des quarante heures, 1935: Cette convention établit le principe
de la durée de travail à 40 heures par semaine.
Convention (n° 14) sur le repos hebdomadaire (industrie), 1921: Cette convention
définit la norme générale selon laquelle les travailleurs devront jouir, au cours de
chaque période de sept jours, d’un repos comprenant au minimum vingt-quatre
heures consécutives.
Convention (n° 132) sur les congés payés (révisée), 1970: Cette convention stipule
que les travailleurs auront droit à un congé annuel payé dont la durée ne devra en
aucun cas être inférieure à trois semaines de travail pour une année de service.
Convention (n° 171) sur le travail de nuit, 1990: Cette convention requiert des États
qui la ratifient de prendre des mesures exigées par la nature du travail de nuit pour
assurer la protection des travailleurs de nuit. Le travail de nuit est défini comme
tout travail effectué au cours d’une période d’au moins sept heures consécutives
comprenant l’intervalle entre minuit et 5 heures du matin. La convention exige
également que des alternatives au travail de nuit soient offertes aux femmes pour
des périodes déterminées pendant et après la grossesse.
En Indonésie, les chercheurs de la FITTHC ont trouvé que les heures supplémentaires
excessives étaient la norme dans les usines de confection d’article de sport et de
loisirs vu que les travailleurs de toutes les usines inspectées prestent entre 10 et 40
heures supplémentaires par semaine. Une usine présentait les plus hauts taux d’heures
supplémentaires obligatoires, les travailleurs déclarant qu’ils étaient régulièrement forcés
de travailler 40 heures supplémentaires par semaine. Les travailleurs de toutes les usines
ont signalé que le nombre d’heures supplémentaires augmentait au fur et à mesure que
77
Voir la section sur “Le dialogue social dans les ZFE”.
Convention (n° 155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981 et son Protocole
de 2002: Cette convention prévoit l’adoption d’une politique nationale cohérente en
matière de sécurité et de santé des travailleurs, ainsi que les mesures que doivent
prendre les gouvernements et les entreprises afin de promouvoir la sécurité et la
santé des travailleurs, et d’améliorer les conditions de travail. Le Protocole prévoit
l’établissement et la révision périodique des conditions requises et des procédures
d’enregistrement et de déclaration des accidents et des maladies professionnelles, et
la publication des statistiques annuelles correspondantes.
Convention (n° 161) sur les services de santé au travail, 1985: Cette convention
prévoit la mise en place de services de santé au travail au niveau des entreprises
investis de fonctions essentiellement préventives et chargés de conseiller l’employeur,
les travailleurs et leurs représentants dans l’entreprise en ce qui concerne le maintien
d’un milieu de travail sûr et salubre.
Convention (n° 187) sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail,
2006: Cette convention vise à promouvoir une culture préventive de sécurité et de
santé et à parvenir progressivement à maintenir un milieu de travail sûr et salubre.
Elle demande aux États qui la ratifient de développer, en consultation avec les
organisations d’employeurs et de travailleurs les plus représentatives, une politique
nationale, un système national et un programme national de sécurité et de santé au
travail.
Au Nicaragua, les maladies professionnelles sont très fréquentes. Un élément positif dans
les entreprises est l’existence de commissions mixtes de santé et de sécurité impliquant les
travailleurs et les employeurs. Au Maroc, les syndicats considèrent que de réels problèmes
existent en matière de santé et de sécurité au travail. Les accidents sont fréquents, étant
donné les matériaux et les produits utilisés dans les unités de production, certains d’entre
eux étant très toxiques. L’équipement de protection contre les risques est inadéquat et
les travailleurs ne sont pas suffisamment conscients des risques qu’ils encourent pour
leur santé. Les syndicats considèrent que le nombre insuffisant d’inspections sur les lieux
de travail demeure un obstacle à l’amélioration des normes de santé et de sécurité sur
les lieux de travail. Les syndicats se plaignent que les maladies professionnelles et les
accidents de travail ne sont pas suffisamment reconnus, et que les comités de santé et de
sécurité au travail n’existent pas ou ne jouent aucun rôle, même si l’article 336 du Code
de travail marocain prévoit l’obligation de les créer. Au Togo, la ZFE est essentiellement
industrielle et les décès, les accidents du travail et les maladies professionnelles sont très
fréquentes. Les risques encourus sont physiques et sociaux (par exemple, la fatigue due
aux heures supplémentaires de travail et les charges de travail trop exigeantes, le manque
d’équipements de protection, l’exposition à des vibrations, les environnements de travail
inadaptés, les irritations de la peau ou des yeux, les problèmes respiratoires, l’exposition
à des substances dangereuses, les problèmes de menstruation, le stress et les problèmes
sexuels), ainsi qu’ergonomiques, et les travailleurs souffrent de graves dommages aux
os et articulations. Les syndicats dénoncent la tendance claire des employeurs à se
concentrer sur la maximisation des profits au détriment du respect des mesures de santé
et de sécurité au travail. L’article 174 du Code du travail du Togo stipule qu’il doit y
avoir un comité de sécurité et de santé au travail dans chaque entreprise. Cependant, il
est très rare de trouver des entreprises qui l’aient mis sur pied. Au Nigéria, l’état de la
sécurité et de la santé au travail dans les ZFE varie beaucoup. Dans le secteur du pétrole
et du gaz, des procédures et des mécanismes standard de respect des questions de
sécurité et de santé au travail sont en place, alors que la situation dans le secteur de la
production est plus diversifiée. Certaines entreprises semblent être plus préoccupées par
le respect des procédures de sécurité et de santé au travail lorsqu’un syndicat a obtenu
sa reconnaissance.
Protection de la maternité
La grossesse et la maternité sont des moments difficiles pour les femmes qui travaillent.
Les femmes enceintes doivent bénéficier du temps suffisant pour accoucher, récupérer et
soigner leur enfant. Elles ont aussi besoin de protection pour s’assurer qu’elles ne perdront
pas leur emploi en raison de la grossesse ou du congé de maternité. Beaucoup de femmes
dans les ZFE subissent des fortes pressions de la part de la direction des entreprises
qui les incitent à quitter leur emploi et elles doivent subir des contrôles et des tests de
grossesse lors de leur recrutement. À de nombreuses reprises, la CEACR a commenté la
pratique déloyale que constituent les tests de grossesse obligatoires dans le processus
d’embauche. Dans le rapport de la CEACR de 2000, dans ses commentaires adressés au
gouvernement de la République dominicaine et du Salvador, la commission a fait part
© OIT/M. Crozet
de ses préoccupations concernant les tests de grossesse imposés comme condition pour
obtenir ou conserver un emploi dans les ZFE. En 2007, la CEACR a examiné un cas de
test de grossesse obligatoire au Brésil et a découvert que cette pratique était en violation
de la Convention 111 de l’OIT. Par la suite, l’OIT a aidé le Brésil à mettre en place un
nouveau système de respect de la législation incluant de lourdes amendes. Le système est
devenu un modèle pour d’autres pays.
Convention (n° 183) sur la protection de la maternité, 2000 : Cette convention est la
norme internationale du travail la plus à jour sur la protection de la maternité78. Elle
prévoit un congé de maternité de 14 semaines aux femmes auxquelles cet instrument
s’applique. Des prestations en espèces doivent être assurées aux femmes qui
s’absentent de leur travail pour cause de congé de maternité et doivent être établies
à un niveau tel que la femme puisse subvenir à son entretien et à celui de son enfant
dans de bonnes conditions de santé et selon un niveau de vie convenable; le montant
de ces prestations ne doit pas être inférieur aux deux tiers du gain antérieur de la
femme ou du gain tel que pris en compte pour le calcul des prestations. La convention
exige également que les États qui la ratifient adoptent les mesures nécessaires pour
que les femmes enceintes ou qui allaitent ne soient pas contraintes d’accomplir un
travail qui a été déterminé par l’autorité compétente comme préjudiciable à leur
santé ou à celle de leur enfant, et assurent une protection contre la discrimination
fondée sur la maternité. Elle interdit également à l’employeur de licencier une femme
pendant sa grossesse ou son congé de maternité ou pendant une période suivant son
retour de congé, sauf pour des motifs sans lien avec la grossesse, la naissance de
l’enfant et ses suites ou l’allaitement. A l’issue du congé de maternité, la femme doit
être assurée, lorsqu’elle reprend le travail, de retrouver le même poste ou un poste
équivalent rémunéré au même taux. Elle prévoit également pour la femme le droit
à une ou plusieurs pauses quotidiennes ou à une réduction journalière du temps de
travail pour allaiter son enfant.
L’article 9 de la convention stipule l’obligation pour les États membres d’adopter
des mesures propres à garantir que la maternité ne constitue pas une source de
discrimination en matière d’emploi, y compris l’interdiction des tests de grossesse
dans le cadre des procédures de sélection d’emploi, sauf dans des circonstances
particulières très limitées.
Au Nicaragua, la présence des organisations syndicales dans les entreprises des ZFE
a contribué à l’amélioration des pratiques en matière de protection de la maternité.
À cet égard, les femmes enceintes dans certaines entreprises ont acquis un droit de
priorité à l’entrée et à la sortie des ZFE, n’ayant plus à faire la queue dans les longues
files d’attente. Cependant, les conditions de travail et le type d’activité dans les ZFE
affectent considérablement les femmes enceintes et les cas de fausses couches sont
fréquents. La discrimination à l’encontre des femmes enceintes est encore très répandue
78
Les instruments pertinents antérieurs, la Convention (n° 3) sur la protection de la maternité, 1919 et la Convention (n°
103) sur la protection de la maternité (révisée), 1952 sont toujours en vigueur dans certains pays.
79
http://www.ilo.org/gl obal/publications/KD00015/lang--en/index.htm
Au Nigéria, il est difficile d’évaluer la mesure dans laquelle les entreprises des ZFE se sont
senties concernées par l’atténuation de l’impact du VIH/SIDA. Les syndicats affirment qu’il
se pourrait très bien qu’il n’y ait aucune préoccupation en faveur du soutien à apporter
aux travailleurs vivant avec le VIH/SIDA et encore moins en faveur de l’amélioration de
la qualité de vie des travailleuses et des épouses de travailleurs vivant avec le VIH/SIDA.
Encadré 21:Instrument clé de l’OIT sur les travailleurs ayant des responsabilités
familiales
Convention (n ° 156) sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales, 1981:
Dans le but d’instaurer une réelle égalité de chances et de traitement pour les
travailleurs des deux sexes, la convention stipule que chaque Membre doit, parmi
ses objectifs de politique nationale, viser à permettre aux personnes ayant des
responsabilités familiales qui occupent ou désirent occuper un emploi d’exercer leur
droit de l’occuper ou de le l’obtenir sans faire l’objet de discrimination et, dans
la mesure du possible, sans conflit entre leurs responsabilités professionnelles et
familiales. La convention exige également que les gouvernements tiennent compte
des besoins des travailleurs ayant des responsabilités familiales dans l’aménagement
des collectivités et développent ou promeuvent des services communautaires, publics
ou privés, tels que des services et des installations de soins aux enfants et d’aide à
la famille.
À l’Île Maurice, des initiatives positives sur la mise sur pied de structures d’accueil dans
les ZFE ont vu le jour. Au Nicaragua, la Commission tripartite du travail sur les ZFE a
discuté des moyens de faciliter le travail de ceux qui ont des responsabilités familiales.
Toujours au Nicaragua, les syndicats ont obtenu le droit pour les mères qui allaitent de
prendre 15 minutes de pause toutes les trois heures pour allaiter leurs bébés.
80
Voir la section sur «Les droits des travailleurs dans les ZFE».
respect dans la pratique. L’État joue également un rôle de soutien essentiel au processus
de dialogue social à travers la mise en place des cadres juridiques et institutionnels qui
permettent aux organisations de travailleurs de participer efficacement.
L’état du dialogue social dans les ZFE varie d’un pays à l’autre, mais la négociation
collective est en général assez rare dans les ZFE. Pour les travailleurs des ZFE qui se
trouvent dans des relations triangulaires en raison de l’utilisation généralisée des agences
d’emploi, la négociation collective est pratiquement impossible.
Au Sri Lanka, une des caractéristiques des ZFE est le manque de dialogue social. En
particulier, le dialogue social tripartite a été très limité au sein du Conseil national
consultatif du Travail (National Labour Advisory Council). En Indonésie, le gouvernement
élabore un mécanisme de mise en place de comités locaux tripartites de travail dans
les ZFE pour servir de plateformes locales de dialogue social. À Madagascar, un comité
bipartite de suivi se réunit une fois par mois pour aborder les problèmes sociaux et
économiques liés aux ZFE. Au Nigéria, les autorités des ZFE ainsi que la plupart des
entreprises opérant dans les zones ont toujours fait échouer toute forme significative
de dialogue social tout en favorisant les pratiques déloyales de travail. Le ministère
fédéral du Travail et de la Productivité a essayé de créer un semblant de bonne pratique
des relations professionnelles. Celles-ci, cependant, ont été plutôt faibles et il y a une
absence totale de structures ou de mécanismes tripartites au sein de la dynamique des
relations de travail et d’emploi dans la zone. La ZFE de Calabar est le seul site où a été
tentée une certaine pratique tripartite de relations professionnelles. Au Togo, toutes les
négociations relatives aux conditions de travail dans les ZFE sont conclues bilatéralement
par les délégués du personnel regroupés au sein du Comité des délégués du personnel
et les employeurs regroupés au sein de l’Association des employeurs des ZFE, sous la
supervision générale de l’autorité de gestion de la ZFE.
Au Nicaragua, la Commission tripartite du travail sur les ZFE a été une initiative importante
et positive. Elle a été proposée au gouvernement en 2006 en tant qu’organe de règlement
des conflits du travail qui avaient lieu dans les ZFE au Nicaragua. Le gouvernement a
© OIT/K. Cassidy
Exercice
Cet exercice vous aidera à identifier et à cibler les principaux déficits de travail décent
dans les ZFE de votre pays sur la base des quatre objectifs stratégiques de l’Agenda pour
le travail décent de l’OIT (la création d’emplois, le respect des principes et des droits au
travail, la protection sociale et la promotion du dialogue social).
1) Quelles sont les principales violations relatives aux principes des Conventions 87
et 98 de l’OIT qui ont lieu dans les ZFE de votre pays et qui concernent les points
suivants?
• Les restrictions légales en matière de syndicalisation
• L’accès aux zones franches d’exportation (ZFE)
• Les restrictions légales en matière d’action syndicale
• L’ingérence dans les affaires des organisations des travailleurs
• la discrimination antisyndicale
• La négociation collective
2) Veuillez préparer une liste des déficits de travail décent détectés dans les ZFE de
votre pays dans le cadre des quatre objectifs stratégiques de l’Agenda pour le travail
décent de l’OIT en suivant la structure du chapitre.
a) La création d’emplois
• La quantité d’emplois créés
• La qualité des emplois créés
• Les politiques de formation professionnelle
ces gains doivent être comparés aux coûts nécessaires pour générer les avantages liés à
l’établissement des ZFE, en particulier la perte possible de recettes fiscales et tarifaires
de même que les investissements nécessaires pour attirer des entreprises dans les ZFE.
La création d’une ZFE affecte les revenus et les dépenses des gouvernements. En termes
de dépenses publiques, un important investissement public dans les infrastructures
est souvent nécessaire. Les coûts d’infrastructure, y compris des services publics tels
que l’électricité et l’eau, peuvent devenir extrêmement élevés, surtout si les bénéfices
attendus, tels que l’emploi et l’investissement, sont retardés.
La diversification des exportations est un avantage potentiel des ZFE. L’IDE dans des
nouveaux secteurs de production peut contribuer à la diversification des exportations. Un
autre avantage potentiel est le transfert de technologie des entreprises étrangères de la
ZFE aux entreprises nationales. Le transfert de technologie peut être réalisé grâce à des
liens en amont d’un fournisseur de produits à un acheteur et grâce à des liens en aval
d’un acheteur de produits à un fournisseur, ainsi que par une formation formelle ou un
transfert de personnel d’une entreprise à l’autre. Cependant, des exemples de transfert de
technologie dans les ZFE sont rares.
Les ZFE peuvent aussi contribuer indirectement à l’objectif du développement économique
en créant des conditions dans lesquelles des politiques en faveur du développement
peuvent être mises en œuvre. En générant un apport de devises, les ZFE peuvent contribuer
à fournir aux gouvernements la marge de manœuvre budgétaire ou le pouvoir d’achat sur
les actifs étrangers, ce qui favorise en fin de compte le développement économique.
Certains gouvernements de pays en développement dotés de ZFE ou intéressés à les mettre
en place pensent que des avantages fiscaux généreux sont nécessaires pour soutenir la
concurrence dans un monde où le capital peut circuler librement et où la libéralisation
des échanges offre la possibilité de déplacer la production. Ces avantages, s’ils ne sont
pas correctement évalués, peuvent priver les gouvernements de recettes fiscales sans
indemnisation adéquate en retour. À cet égard, certains de ces avantages n’ont pas toujours
bien fonctionné. Par exemple, la Namibie a essayé d’attirer l’investissement direct étranger
dans sa ZFE de Walvis Bay en offrant aux investisseurs une trêve fiscale indéterminée.
Après la promulgation de la loi sur les ZFE en 1995, les autorités s’attendaient à atteindre
le chiffre de 25.000 personnes nouvellement embauchées au cours des 5 premières
années. Cependant, la ZFE n’avait créé que 400 emplois en 1999.
de la Chine dans les exportations de vêtements a été les faibles coûts à l’unité. D’autres
pays à très bas salaires, comme l’Inde, le Sri Lanka, le Vietnam ou l’Indonésie, ont
également maintenu, voire même étendu, leurs parts de marché à l’exportation après
cette élimination. En revanche, des pays comme le Mexique, la République dominicaine,
l’Île Maurice, le Lesotho et Madagascar ont vu leurs parts de marché disparaître en raison
de la concurrence chinoise. En plus des bas salaires qu’ils pratiquent, les pays gagnants
sont des champions de l’application laxiste des normes du travail.
L’élimination de l’AMF a également rendu inefficaces certains accords liés au système
des quotas. L’Accord EU-Cambodge, qui liait l’amélioration des normes du travail, telles
que supervisées par l’OIT, à l’augmentation des parts des exportations de vêtements du
Cambodge vers les États-Unis est devenu inopérant puisqu’il n’y avait pas de quotas
à augmenter. Cet accord avait été salué comme un modèle efficace et une source
d’inspiration pour l’amélioration des normes du travail.
© OIT/ A. Mirza
81
Voir «Le Mécanisme des plaintes en ligne de la SFI « au chapitre 6 «Mécanisme international pour défendre et
promouvoir les droits des travailleurs des ZFE»
82
Fédération internationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir
83
La création de la Confédération syndicale internationale (CSI) à Vienne en novembre 2006 mit fin à la division qui
avait caractérisée le mouvement syndical international depuis plus d’un siècle. La CSI représente actuellement 175
millions de travailleurs dans 151 pays avec 305 organisations nationales affiliées. La Confédération internationale des
syndicats libres (CISL) et la Confédération mondiale du travail (CMT) ont toutes deux été dissoutes avant la création de
la CSI.
La stratégie de nombreux gouvernements dans les ZFE a été fortement orientée vers les
femmes, atteignant jusqu’à 90% dans certains pays. Tous les pays en développement ont
recours à la main d’œuvre féminine. Les ZFE sont devenues un tremplin important pour
les jeunes femmes qui peuvent ainsi entrer dans l’économie formelle avec des meilleurs
salaires que dans l’agriculture ou dans le secteur des employés de maison. Dans leur
stratégie d’emploi des ZFE, les gouvernements ne semblent pas prendre en compte les
différents profils des travailleurs des ZFE, la nature intensive de la production, l’absence de
politiques de développement des ressources humaines et les pratiques sous-développées
des relations de travail existant dans les ZFE. Les travailleuses des ZFE connaissent des
conditions de vie et de travail différentes, et les déficits de travail décent dans les ZFE
ont un impact beaucoup plus fort sur elles.
Les organisations syndicales ont un rôle crucial à jouer dans la promotion des droits de
la main-d’œuvre des entreprises opérant dans les ZFE. Elles doivent atteindre et cibler
les travailleuses, plaider pour elles auprès des gouvernements et des employeurs des
ZFE, et s’attaquer aux facteurs qui rendent les travailleuses des ZFE plus vulnérables à
l’exploitation et au déni de leurs droits, compte tenu de leurs multiples identités.
Les initiatives syndicales pour répondre aux spécificités de la main-d’œuvre dans les ZFE
peuvent revêtir différentes formes, y compris le plaidoyer, les actions de sensibilisation et
de développement des capacités:
QQ Les syndicats doivent plaider pour le plein respect, en droit et en pratique, des
politiques, des lois et règlements protégeant les travailleurs des ZFE afin de
réduire leur vulnérabilité sur le lieu de travail.
QQ Les syndicats doivent impliquer les gouvernements dans les discussions sur les
conséquences en matière de genre des politiques des ZFE et lutter pour des
questions qui sont particulièrement importantes pour les travailleuses dans ces
zones.
QQ Les syndicats doivent veiller à ce que toutes les législations et règlementations
s’appliquent à tous les travailleurs des ZFE, en s’assurant qu’il n’existe aucune
pratique discriminatoire fondée sur la race, le sexe ou l’origine ethnique.
QQ Les syndicats doivent atteindre les travailleurs des ZFE à la fois sur leurs lieux
de travail et à l’extérieur; ils doivent les sensibiliser à leurs droits et les aider à
les comprendre, par exemple, par l’intermédiaire de campagnes et d’activités de
renforcement des capacités.
QQ Les syndicats doivent assumer leur responsabilité pour s’assurer que les lieux
de travail au sein des ZFE sont correctement surveillés et inspectés, et que les
spécificités et les besoins de la main-d’œuvre sont pris en compte.
QQ Les femmes doivent être intégrées dans toutes les structures syndicales et jouer
un rôle essentiel dans les activités de plaidoyer et autres activités connexes. Les
femmes exigent plus d’espace au sein du mouvement syndical et dans sa structure
de prise de décision, mais elles ne parviennent pas à remplir cet espace en raison
du manque de temps, le plus souvent à cause de leurs responsabilités familiales.
Exercice
Cet exercice vous aidera à comprendre les questions importantes que votre syndicat pourrait
soulever en s’engageant dans des discussions au niveau politique avec le gouvernement et
ses autorités et ministères compétents.
1) Dans vos discussions avec votre gouvernement sur les ZFE de votre pays, quels
arguments utiliserez-vous pour attirer son attention sur les limites du modèle des
ZFE?
2) Quel sont les principaux liens en amont et en aval que vous identifiez dans les ZFE
de votre pays? Évaluez-vous de façon positive l’impact de la mise en place de ZFE
sur l’économie nationale de votre pays?
3) Énumérez les coûts et les avantages de la stratégie des ZFE de votre pays,
en soulignant les avantages en termes d’IDE, les exportations, le transfert de
technologie, la création d’emplois, et les coûts en termes d’exonérations fiscales et
d’ensembles de mesures incitatives.
5) En vous engageant dans des débats politiques sur une bonne stratégie des ZFE
propice au travail décent et au développement socio-économique de votre pays,
comment avanceriez-vous des arguments politiques à cet effet?
Le chapitre 4 aborde la réponse syndicale apportée au modèle des ZFE par le biais
de l’engagement politique avec les gouvernements, les employeurs et les organisations
intergouvernementales. La deuxième grande réponse syndicale à la création des ZFE
consiste à organiser les travailleurs dans ces zones pour leur permettre de promouvoir et
de défendre leurs intérêts en tant que syndicats.
Organiser les travailleurs dans les ZFE est l’un des défis majeurs auxquels sont confrontés
les syndicats. En raison de la nature des relations professionnelles dans les ZFE, la
persévérance et la créativité sont nécessaires pour organiser les travailleurs dans ces
zones. Le but de l’organisation des travailleurs dans les ZFE est de créer des syndicats
forts pour défendre et promouvoir les intérêts des travailleurs, changer le monde du travail
dans les ZFE et aborder les déficits de travail décent grâce à la représentation et à la
défense de leurs intérêts par le biais de la négociation collective.
Obstacles à l’organisation:
Les syndicats rencontrent de nombreux obstacles dans leurs efforts d’organisation des
travailleurs dans les ZFE. Comme on peut le voir au chapitre 3, les conditions de travail
dans les ZFE sont caractérisées par des déficits de travail décent. Tous ces déficits de
travail décent constituent des obstacles à l’organisation des travailleurs dans les ZFE.
Ainsi, en se lançant dans une campagne d’organisation, les syndicats pourraient souhaiter
examiner les obstacles, en droit et en pratique, des différents déficits de travail décent
identifiés au chapitre 3. Les obstacles juridiques et pratiques à l’exercice du droit
d’organisation et de négociation collective sont d’une importance cruciale. Toutefois,
étant donné que la plupart des travailleurs des ZFE sont des jeunes travailleuses, il est
tout aussi important d’examiner les obstacles juridiques et pratiques liés au genre, par
exemple, la discrimination et la situation des travailleuses ayant des responsabilités
familiales.
© OIT/M. Crozet
• Convention (n° 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948
• Convention (n° 98) sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949
• Convention (n° 100) sur l’égalité de rémunération, 1951
• Convention (n° 111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958
• Convention (n° 156) sur les travailleurs ayant des responsabilités familiales, 1981
• Convention (n° 183) sur la protection de la maternité, 2000
• Convention (n° 81) sur l’inspection du travail, 1947
• Convention (n°158) sur le licenciement, 1982
• Convention (n°95) sur la protection du salaire, 1949
• Convention (n°131) sur la fixation des salaires minima, 1970
• Convention (n°155) sur la sécurité et la santé des travailleurs, 1981 et son Protocole
de 2002
• Recommandation (n°202) sur les socles de protection sociale, 2012
L’instabilité des investissements dans les ZFE est un autre obstacle à l’organisation.
Comme les ZFE font partie du système de production de la globalisation, l’évolution
technologique et les changements dans la structure de l’activité économique ont des
effets importants sur la capacité des travailleurs des ZFE à s’organiser. Les changements
complexes de la chaîne d’approvisionnement, la menace de délocalisation et les
incertitudes de l’économie mondiale constituent des obstacles majeurs à l’organisation.
Les pratiques des employeurs et l’organisation du travail constituent un autre obstacle
majeur à l’organisation. En plus des violations des droits des travailleurs énumérés au
chapitre 3, l’augmentation du travail précaire et la prolifération d’une main-d’œuvre
contractée et externalisées par les agences d’emploi représentent également un obstacle
important. Les entreprises évitent les obligations imposées par la loi aux employeurs en
contractant le travail à l’extérieur et en empêchant les relations d’emploi. Beaucoup de
travailleurs des ZFE ont des contrats à durée déterminée pour quelques mois seulement.
Ces travailleurs sont généralement plus réticents à former et à s’affilier à un syndicat.
En raison du taux élevé de rotation chez les travailleurs des ZFE, les syndicats ont des
difficultés à assurer la continuité des syndicats et de leurs dirigeants dans ces ZFE. Ceci
représente également un obstacle majeur. Quand un syndicat est créé dans une ZFE,
sa continuité est directement liée à la continuité des dirigeants syndicaux, ce qui est
difficile à assurer compte tenu du fait que les licenciements de syndicalistes sont très
fréquents et la rotation du personnel très élevée dans ces zones.
Opportunités d’organisation
Dans le processus d’organisation, on a tendance à se concentrer sur les défis et les
difficultés d’organisation des travailleurs dans une usine en particulier. Toutefois, chaque
situation offre aussi aux syndicats des opportunités d’organisation. Ces opportunités
peuvent être locales, nationales ou internationales. Il est important de tenir compte de
ces opportunités dans toute stratégie syndicale sérieuse d’organisation des travailleurs.
Ainsi, lorsque l’on organise une entreprise dans une ZFE, il faut consacrer du temps
à comprendre les opportunités d’organisation qui existent dans cette entreprise
en particulier. Ces opportunités peuvent être la dépendance à l’égard de certains
marchés extérieurs qui sont favorables aux syndicats, la position dans la chaîne
d’approvisionnement, la dépendance à l’égard d’une société mondiale plus favorable
aux syndicats, etc. Le syndicat aura plus de chance de réussir une fois qu’il aura pris
en compte ces différentes opportunités dans sa stratégie d’organisation.
La mondialisation et l’organisation de l’activité de l’entreprise basée sur une production
internationale augmentent la nécessité d’une coopération syndicale internationale
au moment de l’organisation des travailleurs dans les ZFE. Une autre possibilité
d’organisation serait de mener des campagnes internationales en étroite coopération
avec les Fédérations syndicales internationales (FSI-GUF) et la CSI. L’utilisation des
Accords-cadres internationaux (ACI) offre une autre occasion d’influencer les pratiques
d’emploi dans les ZFE et de construire des syndicats forts.
Les activités de renforcement des capacités et d’autres programmes visant à
promouvoir la capacité d’organisation sont une bonne opportunité pour organiser. L’OIT
et le mouvement syndical international peuvent mobiliser des ressources humaines
et financières à cet effet, y compris le partage d’expertise, des connaissances et du
matériel entre le niveau international et les affiliés nationaux.
L’utilisation de nouvelles technologies de communication et des outils des médias sociaux
pourrait jouer un rôle dans le processus d’organisation. Des media sociaux comme
Facebook ou Twitter peuvent être des outils efficaces pour organiser les travailleurs
dans les ZFE. Ils peuvent transformer la communication en dialogues interactifs et
aider à coordonner et à diffuser des messages importants sur les avantages de former
et de s’affilier à un syndicat. Ils peuvent également être utilisés pour dénoncer les
violations des droits syndicaux tout en maintenant un degré élevé d’anonymat personnel
et peuvent être très utiles dans le développement des campagnes. Cependant, il est
important de comprendre que la plupart des travailleurs des ZFE sont pauvres et n’ont
pas nécessairement les moyens ou les connaissances pour savoir comment utiliser ces
technologies de l’information.
Une autre possibilité d’organisation est d’entreprendre des campagnes de syndicalisation
au sein de la communauté. Que ce soit par l’organisation d’événements communautaires
ou des visites au domicile des travailleurs des ZFE. Essayer d’atteindre les travailleurs
au sein de la communauté est une stratégie difficile mais importante, surtout lorsque
les syndicats se voient refuser l’accès à ces zones.
premier contact a eu lieu lors d’un événement social, les organisateurs rendent visite aux
© OIT/M. Crozet
travailleurs à domicile pour discuter du syndicat.
En République dominicaine, un autre syndicat d’une ZFE rapporte que les travailleurs
viennent se plaindre au syndicat des mauvaises conditions de travail dont ils sont
victimes. Le syndicat leur explique alors les différentes façons qu’il emploie pour
organiser les travailleurs dans les ZFE. Il organise généralement des campagnes
clandestines et des visites à domicile pour atteindre un grand nombre de travailleurs.
Il tient ensuite l’assemblée constituante du syndicat tout en poursuivant la campagne
pour augmenter le nombre de membres. Il essaie d’atteindre les majorités nécessaires
pour pouvoir négocier collectivement et montre aux travailleurs les résultats de ces
conventions collectives comme incitation à adhérer au syndicat. Il affirme que l’aide
internationale et la solidarité syndicale internationale, par exemple l’aide qu’il reçoit des
syndicats américains, sont déterminantes pour faire pression sur les entreprises et les
marques. La Fédération nationale des travailleurs des ZFE déclare que la création d’un
syndicat dans les ZFE est très difficile à réaliser, mais possible. Une fois que le syndicat
existe et que les travailleurs voient leurs conditions de travail s’améliorer, ils tendent
à se rapprocher et à adhérer au syndicat. L’un des services fournis par le syndicat est
de donner des conseils en matière d’organisation et de négociation collective. Dans le
passé, le syndicat a négocié des conventions collectives qui ont amélioré les conditions
de travail et stimulé les campagnes d’organisation.
Une organisatrice en Indonésie explique que la plus grande partie de son travail
d’organisation consiste à mettre en place des rendez-vous sociaux avec des collègues
de travail pendant le week-end, les après-midi et les jours fériés. Elle prend le temps de
parler à ses voisins sur les choses positives que les syndicats apportent aux communautés.
La Fédération Internationale des travailleurs de la métallurgie explique que les
exemples de deux de ses affiliés indonésiens sont très importants parce qu’ils montrent
qu’avec de la détermination, des objectifs et des stratégies qualitatives et quantitatives
appropriées, il est possible d’organiser les travailleurs des ZFE et d’améliorer leurs
conditions de travail. Selon cette FSI, le succès de ces syndicats est largement dû à
leur engagement global dans l’organisation stratégique en ciblant leur temps et leurs
ressources de manière appropriée. Ils ont été en mesure de le faire car ce sont des
syndicats nationaux qui travaillent en collaboration les uns avec les autres, partageant
des expériences et des stratégies, sans entrer en concurrence au niveau des membres
ou du statut, et évitant l’atomisation syndicale. Les affiliés de la FIOM comprennent
qu’une planification est nécessaire pour organiser les travailleurs. Il faut sélectionner et
se mettre d’accord sur les objectifs d’organisation; et les ressources, tant humaines que
financières, doivent être consacrées à cette tâche. Un des affiliés a également quelques
petites entreprises coopératives pour les membres qui sont entre deux contrats ou sans
emploi. Les entreprises incluent l’entretien de motos, un salon de coiffure, un service de
blanchisserie et un atelier de confection. Les travailleurs peuvent se porter volontaires
pour donner une éducation de base aux enfants des zones pauvres.
De 2001 à 2008, ces syndicats ont recruté près de 50.000 nouveaux membres et le
nombre d’entreprises organisées a augmenté de 131 en 2001 à 364 en 2008. La plupart
des travailleurs sont des femmes et les syndicats pensent que les efforts d’organisation
doivent être coordonnés par des femmes. Les femmes sont également membres de
l’exécutif et sont représentées dans toutes les structures; elles jouent un rôle de premier
plan dans la planification et la coordination des campagnes d’organisation. La plupart
Ce faisant, ils ont travaillé en étroite collaboration avec la CSI, avec la Confédération
syndicale des travailleurs et travailleuses des Amériques (CSA) et avec l’Institut syndical
pour l’Amérique centrale et les Caraïbes (Instituto Sindical para América Central y el
Caribe - ISACC) qui ont aidé les syndicats à préparer plusieurs sessions de formation pour
les travailleurs et à travailler dans l’unité pour élaborer un plan d’action. Le secrétaire
général de la Fédération nationale des travailleurs du textile, de l’habillement et du cuir des
ZFE reconnaît que les efforts réalisés pour organiser les travailleurs ont été très difficiles,
mais qu’ils ont porté leur fruit grâce à de grandes campagnes. Aujourd’hui, 48 syndicats
sont présents dans différentes industries et plusieurs actions ont été réalisées. Dans
certaines entreprises, les femmes enceintes peuvent à présent prendre une pause pour
déjeuner et quitter l’entreprise dix minutes avant les autres membres du personnel; et les
femmes qui ont un enfant peuvent l’allaiter pendant 15 minutes toutes les trois heures.
Les syndicats ont également été en
mesure d’éliminer les heures de
travail supplémentaires le samedi
pour les jeunes qui étudient ce jour-
là et ils ont aussi conclu un accord
qui permet aux travailleurs qui sont
en période d’essai de jouir des
mêmes droits que les travailleurs
permanents. Les conditions de
travail continuent à être très
difficiles, mais la création de la
Commission tripartite du travail sur
les ZFE85 fut une grande réussite
pour assurer un dialogue durable au
niveau national.
Au Nigéria, l’intervention du
«Nigeria Labour Congress»
(NLC) a joué un rôle important
dans les processus conduisant à
l’organisation des travailleurs des
ZFE. Dans presque tous les efforts
positifs de syndicalisation qui
ont conduit à la reconnaissance
du syndicat par la direction des
entreprises dans les ZFE, l’action
de grève ou la menace de grève a
été un élément commun.
Avec l’aide de la FITTHC, les
travailleurs de l’entreprise coréenne
© OIT/R. Lord
85
Pour plus d’informatio, voir la section «Dialogue social dans les ZFE» du chapitre 3.
où les travailleurs vivaient afin d’empêcher la victimisation et les licenciements. Dès que
le syndicat obtint un soutien suffisant et se déclara publiquement, l’entreprise commença
à faire pression sur le syndicat en licenciant ses dirigeants. La FITTHC entreprit des
démarches auprès du gouvernement, de l’entreprise et des détaillants concernés, ce qui
mena à la réintégration des travailleurs licenciés. Cependant, les problèmes ne s’arrêtèrent
pas là et l’entreprise continua de faire pression sur ceux qui étaient actifs dans le syndicat
en les menaçant, les mettant sur une liste noire, etc. La FITTHC approcha à cinq reprises
l’entreprise concernée et les détaillants. Les membres du syndicat restèrent unis et
déterminés, et proposèrent finalement une convention collective. Grâce à la pression
internationale exercée sur l’entreprise, les négociations s’achevèrent et l’entreprise
accepta de signer la convention collective.
Un syndicat au Salvador utilise des tracts pour appeler les travailleurs à s’organiser et
adapte son calendrier à la disponibilité des travailleurs. Il a mis sur pied un service
juridique pour les travailleuses organisées et non organisées. Ce service leur offre de
l’aide et des conseils en matière de droit du travail, de droit de la famille et de droit
pénal. De cette manière, les travailleuses commencent à s’identifier au syndicat. Celui-ci
a également créé un centre de formation où des cours portant sur différentes matières
sont donnés aux enfants des travailleuses organisées et non organisées. Tous les trois
mois, 280 élèves assistent à ces cours.
En Géorgie, un syndicat aide les travailleurs de différentes façons et, en particulier,
les travailleuses. Il soutient leurs efforts pour obtenir un traitement médical ou une
assistance juridique et prévient les médias des abus qui ont lieu dans les usines. Le
syndicat reconnaît que la solidarité internationale est décisive pour garantir des progrès
substantiels dans les ZFE.
Au Maroc, le syndicat UMT rapporte que l’entrée dans les ZFE est totalement interdite.
Ainsi, il rencontre les travailleuses en dehors des zones. Il coopère avec les ONG et diverses
associations de défense des droits de l’homme pour dénoncer les violations des droits des
travailleurs et sensibiliser les travailleurs à l’importance du processus d’organisation.
Au Togo, la CSTT rapporte que l’organisation des travailleurs n’a pas été une tâche facile
car elle n’avait pas le droit d’entrer dans les entreprises pour sensibiliser les travailleurs à
l’importance d’adhérer à un syndicat. Elle devait demander aux travailleurs de les rencontrer
en dehors de leurs heures de travail. Par exemple, elle a donné à quelques travailleurs des
cimenteries une formation d’un soir sur les principes et les valeurs du syndicalisme. Le
principal défi pour la CSTT était de convaincre les travailleurs de se syndiquer. Les travailleurs
décidèrent de créer un syndicat et rédigèrent les statuts avec l’aide de la CSTT. Après le
congrès de fondation, les travailleurs syndiqués envoyèrent un courriel à leurs employeurs
et à l’organe de gestion de la ZFE pour les informer de la création du syndicat. Depuis
lors, le mouvement en faveur des droits syndicaux est devenu de plus en plus fort et un
deuxième syndicat a été formé récemment. 219 travailleurs de 12 entreprises participèrent
à son congrès de fondation. Les participants au congrès s’engagèrent à soutenir toutes les
organisations qui défendent les intérêts des travailleurs. Ils voudraient également établir
une structure pour aider les travailleurs licenciés des ZFE. Le nouveau syndicat aidera les
travailleurs licenciés à faire valoir leurs droits. Il prévoit de mettre en place une commission
pour discuter des prix à la pièce. Le syndicat a également l’intention de se pencher sur le
paiement du salaire minimum dans les entreprises des ZFE et de veiller à ce que toutes
les hausses de salaires négociées avec les employeurs soient effectivement appliquées. La
CSTT-Togo permet aux nouveaux syndicats de se réunir dans ses locaux. Elle s’est engagée
à former leurs membres et prévoit également de rencontrer les employeurs pour leur
expliquer que ces nouveaux syndicats ne représentent pas une menace pour leurs intérêts,
mais que les syndicats sont des partenaires sociaux qui travaillent en concertation avec les
employeurs pour obtenir le respect des droits fondamentaux. La CSTT-Togo demande aux
autres organisations syndicales d’être à l’écoute des membres de ces nouveaux syndicats
et des travailleurs des ZFE. Au Togo, compte tenu de la réticence de la direction des ZFE,
personne n’avait pensé qu’il serait possible de mettre sur pied un syndicat dans les ZFE.
Cela s’est cependant avéré possible.
À Madagascar, la Fédération syndicale des travailleurs des ZFE soutient les travailleurs des
ZFE lorsqu’ils sont licenciés en raison des campagnes qu’ils organisent. Elle accompagne
également les travailleurs sur leur lieu de travail lorsque l’employeur le permet et restaure
la confiance en soi des travailleurs quand ils perdent leur emploi. Le syndicat est parvenu
à réunir 30.000 travailleurs dans la capitale en 1998 pour sensibiliser les médias et
l’opinion publique aux conditions de travail déplorables existant dans les ZFE.
Le Bureau des Activités pour les Travailleurs de l’OIT a, entre autres, fourni une assistance
au «Trade Union Congress of the Philippines» (TUCP). Le TUCP a dû faire face à de
sérieux problèmes quand il a essayé de recruter et de syndiquer les travailleurs des ZFE
aux Philippines. Avec l’assistance technique de l’OIT, le TUCP a créé une vaste coalition
de syndicats, de groupes travaillant dans l’économie informelle, d’organisations non
gouvernementales (ONG) et d’agences gouvernementales. À la suite des efforts déployés
par le TUCP et ses partenaires, des observateurs syndicaux ont évalué les conditions
de travail dans plus de 70 entreprises. Des activités sont en cours pour diffuser et faire
connaître les normes fondamentales du travail de l’OIT. Plus de 133 entreprises ont été
syndiquées par le TUCP dans les ZFE.
QQ La plupart des travailleurs dans les ZFE sont des jeunes femmes. Un facteur
essentiel pour une organisation réussie est de veiller à ce que les femmes soient
suffisamment représentées dans les structures syndicales et jouent un rôle central
dans l’organisation des ZFE - de la planification à la mise en œuvre des activités.
QQ Comme la plupart des ZFE rend l’accès aux zones très difficile, les stratégies
d’organisation doivent être entreprises tant sur le lieu de travail qu’au niveau
de la communauté. Dans les communautés, ceci peut se faire par des visites
à domicile, l’organisation d’événements alternatifs d’actions de sensibilisation,
l’adaptation aux horaires des travailleurs et à leurs responsabilités en dehors du
lieu de travail. Les syndicats doivent faire preuve de flexibilité en termes d’heures
de travail pour atteindre les travailleurs des ZFE et les militantes doivent jouer
un rôle de premier plan dans l’organisation. Elles doivent être en première ligne
lorsqu’elles s’adressent aux jeunes femmes;
QQ Combiner le militantisme syndical traditionnel et la fourniture de services syndicaux
est un moyen efficace d’attirer les jeunes femmes qui n’ont aucune expérience
préalable de syndicalisme ou de militantisme social. Par exemple, parallèlement
au militantisme syndical de défense de la liberté syndicale dans les ZFE, les
syndicats pourraient également fournir une aide juridique aux travailleurs non
seulement sur les questions de relations professionnelles, mais aussi sur d’autres
questions telles que le droit de la famille ou le droit pénal. Certains travailleurs
seraient initialement plus attirés par les services fournis par le syndicat. Sur
base de la confiance qui se sera établie, les travailleurs pourront alors envisager
d’adhérer aux syndicats et de devenir des militants eux-mêmes;
QQ Puisque la majorité des travailleurs des ZFE sont des jeunes femmes qui sont
pauvres et parfois migrantes, les syndicats doivent accorder une attention
particulière à ces identités et ajuster leurs services et les campagnes d’organisation
à des questions qui sont prioritaires pour les travailleuses des ZFE, telles que les
questions de protection de la maternité ou des responsabilités familiales, etc.
Étant donné que les travailleurs sont pour la plupart des jeunes, il est également
important de s’adapter à la culture de la jeunesse du pays spécifique, notamment
par le biais des événements qui sont organisés et par le langage qui est utilisé
dans la publicité faite au syndicat;
QQ Les travailleurs des ZFE souffrent d’une grande insécurité d’emploi avec des
contrats à durée déterminée et des salaires bas. L’une des priorités des travailleurs
des ZFE est d’avoir un contrat à durée indéterminée et de voir le salaire augmenter.
Les syndicats doivent commencer par s’identifier à ces besoins prioritaires.
L’expérience d’organisation montre que les travailleurs sont moins réticents
à former et à adhérer à des syndicats s’ils constatent des résultats positifs et
tangibles et si leurs conditions de travail sont améliorées.
QQ Tenir compte de la peur que ressentent les travailleurs des ZFE de perdre leur
emploi est crucial. Les syndicats doivent résoudre le problème de cette peur par
une multitude d’initiatives. Il s’agit notamment de respecter les sensibilités des
travailleurs, de fournir un soutien juridique et matériel aux travailleurs qui sont
licenciés à la suite de leur participation à des activités syndicales, d’informer
les travailleurs de l’existence du réseau de solidarité internationale du syndicat,
d’élaborer des stratégies pour réduire le risque des pertes d’emplois dues aux
Exercice
1) Quels sont les principaux obstacles que vous rencontrez dans l’organisation des
travailleurs dans les ZFE de votre pays? Quelles sont les possibilités d’organisation
qui existent dans ces zones?
3) Quels sont les enseignements tirés des expériences d’organisation dans le passé?
5) En résumé, quels sont les éléments clés de la stratégie d’organisation de votre syndicat?
86
ILOLEX: ILOLEX est une base de données trilingue (anglais, français et espagnol) qui contient les textes des
conventions et recommandations de l’OIT, la liste des ratifications, les commentaires de la Commission d’experts pour
l’application des conventions et recommandations (CEACR) et du Comité de la liberté syndicale (CLS), les plaintes, les
interprétations, les études d’ensemble et de nombreux documents connexes. http://www.ilo.org/ilolex/english/
© OIT/M. Crozet
travailleurs. Un calendrier de présentation des rapports a été mis en place pour l’envoi des
rapports sur les conventions ratifiées par les États membres. Ce calendrier de présentation
des rapports qui couvre toutes les conventions pertinentes pour les ZFE peut être consulté
dans le Manuel du BIT sur les procédures en matière de conventions et recommandations
internationales du travail87 ou sur le site Internet de l’OIT. Les commentaires de la CEACR
sont publiés dans un rapport annuel discuté dans la Commission de l’application des
normes lors de la Conférence internationale du Travail.
87
http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_norm/---normes/documents/publication/wcms_192621.pdf
88
Les États membres de l’OIT se réunissent chaque année lors de la Conférence internationale du Travail qui se tient à
GENÈVE, Suisse. Chaque État membre est représenté par une délégation composée de deux délégués gouvernementaux,
d’un délégué employeur et d’un délégué travailleur et de leurs conseillers respectifs.
89
http://www.ilo.org/global/standards/information-resources-and-publications/publications/WCMS_090632/lang--en/
index.htm
90
http://www.ilo.org/declaration/thedeclaration/textdeclaration/lang--en/index.htm
© OIT/M. Crozet
leur pratique concernant les questions traitées dans la convention, et préciser dans quelle
mesure les dispositions de la convention ont été appliquées. Les organisations syndicales
peuvent commenter ces rapports ou envoyer leurs commentaires directement à l’OIT.
91
Le Bureau des activités pour les travailleurs (ACTRAV) a préparé un guide d’action pour les travailleurs sur la «Déclaration
de principes tripartite sur les entreprises multinationales et la politique sociale», appelée la Déclaration sur les EMN de
l’OIT: Qu’y a-t-il pour les travailleurs dans cette Déclaration?
92
Le Groupe de travail constate que la réponse à cette question conduit globalement à s’interroger sur l’efficacité de
l’application de la Déclaration sur les EMN dans les ZFE et recommande l’exploration de nouveaux moyens pour
la promotion de ses principes dans de tels contextes. Le Groupe de travail recommande donc que des études et
consultations, combinées aux programmes en cours au Bureau, soient menées pour promouvoir l’application de la
Déclaration par les entreprises multinationales dans les ZFE. Il recommande en outre que la question de l’effet du
travail et de l’emploi sur les opérations des EMN dans le contexte des industries privatisées et déréglementées soit
traitée comme une question distincte dans la huitième enquête.
93
http://www.ilo.org/public/english/bureau/program/dwcp/index.htm
94
http://www.ilo.org/actrav/lang--en/index.htm
95
Organisation pour la coopération et le développement économiques
96
http://www.oecd.org/dataoecd/43/29/48004323.pdf
97
34 économies de l’OCDE plus l’Argentine, le Brésil, l’Egypte, la Lettonie, la Lituanie, le Maroc, le Pérou et la Roumanie.
© OIT/M. Crozet
depuis leur première adoption en 1976. La quatrième et dernière mise à jour a eu lieu en
2011 à l’occasion du 50ème anniversaire de la réunion ministérielle de l’OCDE.
Les Principes directeurs mis à jour comprennent des nouvelles recommandations sur les
droits de l’homme et la responsabilité des entreprises en ce qui concerne leurs chaînes
d’approvisionnement. Ils préconisent que les entreprises respectent les droits de l’homme
dans tous les pays où elles opèrent, de même que les normes environnementales et
du travail, avec des processus de diligence raisonnable en place pour s’assurer que
cela se réalise effectivement. La section Emploi et Relations professionnelles des
Principes directeurs mis à jour fait explicitement référence aux normes fondamentales
du travail de l’OIT et ajoute une nouvelle clause sur les salaires, obligeant les entreprises
multinationales à offrir les meilleurs salaires, avantages et conditions de travail possibles
en rapport avec la situation économique de l’entreprise, mais au moins suffisants pour
répondre aux besoins essentiels des travailleurs et de leurs familles. La version remise à
jour des Principes directeurs a également mis en place un nouveau processus plus strict
en matière de plaintes et de médiation.
Chaque pays adhérant aux Principes directeurs est tenu d’établir un Point de contact
national98 (PCN) qui est responsable de leur promotion. Certains gouvernements n’ont
toutefois pas réussi à établir un PCN efficace. Le PCN est obligé de contribuer à la solution
de problèmes qui sont portés à son attention et à en assurer le suivi conformément à des
étapes bien définies en vue de la résolution du problème en question. La procédure
permet aux syndicats de présenter au PCN des cas concernant le comportement d’une
98
http://www.oecd.org/document/3/0,3746,en_2649_34889_1933116_1_1_1_1,00.html
entreprise en rapport avec les Principes directeurs. Pour obtenir de l’aide sur l’utilisation
de ce mécanisme, veuillez contacter la Commission syndicale consultative auprès de
l’OCDE99.
Pacte mondial
Le Pacte mondial des Nations Unies100 est un réseau qui a été officiellement établi à
l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies en juillet 2000. Le Bureau du Pacte
mondial et six agences des Nations Unies101 sont au cœur du réseau du Pacte mondial des
Nations Unies. Les participants du Pacte mondial sont des entreprises, des gouvernements,
des syndicats, des ONG et des organisations de la société civile ainsi que des institutions
académiques, des agences de développement, des municipalités et des organisations
qui traitent des questions de responsabilité sociale des entreprises. Le Pacte mondial
est une initiative basée sur le choix volontaire des entreprises à s’engager dans un mode
responsable de conduite des affaires. Il les invite officiellement à en devenir membre.
À cet égard, les entreprises désireuses d’y participer sont priées d’envoyer une lettre au
Secrétaire général de l’ONU, exprimant leur soutien au Pacte mondial et à ses principes102.
L’entreprise doit alors introduire des modifications dans ses opérations, de manière telle que
le Pacte mondial et ses principes fassent partie intégrante de la stratégie de l’entreprise.
L’entreprise est supposée promouvoir publiquement le Pacte mondial et ses principes via
des outils de communication. Dans ce contexte, l’entreprise est supposée publier dans
son rapport annuel ou dans un rapport similaire de l’entreprise une description de la façon
dont elle soutient le Pacte mondial et ses dix principes. Cette politique de communication
demande aux participants de discuter de leur progrès avec leurs parties prenantes sur une
base annuelle - par exemple, pour décrire les actions concrètes que les participants ont
entreprises afin de mettre en œuvre les principes du Pacte mondial au cours des années
précédentes, mesurer les résultats ou faire une déclaration de soutien continu en faveur
de l’initiative. Si un participant ne publie pas de rapports annuels, une communication
concernant les progrès peut être faite en utilisant d’autres canaux alternatifs, tels que le
site web de l’entreprise, des communiqués de presse ou des publications officielles.
Accords-cadres internationaux
Un accord-cadre international (ACI) est un instrument négocié entre une entreprise
multinationale et une FSI103 afin d’établir une relation continue et de s’assurer que
l’entreprise respecte les mêmes normes dans tous les pays où elle opère. L’aspect
spécifique qui distingue les ACI des initiatives de responsabilité sociale des entreprises est
qu’ils résultent d’une négociation avec les représentants internationaux des travailleurs.
99
http://www.tuac.org/en/public/index.phtml
100
http://www.unglobalcompact.org/
101
Organisation internationale du Travail (OIT), le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), le Programme des
Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Organisation des Nations Unies pour le développement
industriel (ONUDI).
102
Le Pacte mondial était basé à l’origine sur neuf principes subdivisés en trois catégories: les droits de l’homme, les
normes du travail (normes fondamentales du travail de l’OIT) et l’environnement, avec un nouveau principe sur la
corruption ajouté en 2004.
103
http://www.global-unions.org/framework-agreements.html
Les accords ne se substituent pas aux négociations directes entre les entreprises et les
travailleurs au niveau national ou du lieu travail. Ils fournissent simplement un cadre pour
que ces négociations se déroulent dans un esprit constructif et avec un seuil minimum.
Voici le contenu de base d’un accord-cadre international:
QQ Les normes fondamentales du travail de l’OIT104 et d’autres questions comme les
salaires, la sécurité et la santé au travail ou le développement des compétences
et la formation, qui varient d’un accord à l’autre.
QQ La plupart des ACI font référence à la chaîne complète d’approvisionnement,
même si les fournisseurs ne sont pas parties à ces accords. À cet égard, les
entreprises s’engagent généralement à informer l’ensemble de leurs filiales,
fournisseurs, contractants et sous-traitants au sujet de l’accord et à faire pression
sur les fournisseurs pour qu’ils mettent en œuvre les principes énoncés dans
l’ACI. Une des grandes difficultés de la mise en œuvre des ACI dans les chaînes
d’approvisionnement est le fait qu’il est souvent difficile de savoir quelles
entreprises produisent des biens pour une multinationale spécifique. À cet égard,
la divulgation de la localisation des fournisseurs est très importante et les FSI ont
réussi à négocier ce point avec certaines entreprises.
Il existe des cas positifs où les entreprises signataires d’un ACI ont utilisé ces instruments
pour susciter des améliorations dans le comportement de leurs fournisseurs. Certaines
entreprises signataires d’un ACI ont choisi de mettre fin à leur contrat avec des fournisseurs
qui violaient les termes de l’accord. Par exemple, Bosch a arrêté sa relation avec un
fournisseur sud-africain après que ce dernier ait violé les termes de l’accord. De même,
Umicore a déclaré qu’il avait mis fin à sa relation d’affaires avec un fournisseur congolais
qui avait violé un code de conduite qui faisait partie de l’ACI.
La plupart des ACI incluent des mécanismes de suivi impliquant la participation des
syndicats. Ces mécanismes incluent des actions spécifiques de la part de la direction
et des représentants des travailleurs, telles que la diffusion de l’accord à travers toute
l’entreprise ou l’élaboration de programmes communs de formation. La plupart des ACI
incluent des mécanismes qui permettent à la FSI de soulever le cas si une entreprise ne
respecte pas les termes de l’accord.
Accord-cadre FITTHC-INDITEX
L’Accord de la FITTHC avec INDITEX est un exemple unique d’un accord-cadre international
qui s’applique exclusivement à la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise. L’accord est
basé sur l’hypothèse que la FITTHC travaillera avec INDITEX105 tout au long de sa chaîne
d’approvisionnement pour développer des systèmes efficaces de relations professionnelles
basées sur le travail décent et s’appuyant sur le dialogue social. Dans l’accord, INDITEX
s’engage à mettre en œuvre et à insister sur le respect des dispositions tout au long de sa
chaîne d’approvisionnement et sur tous les sites, qu’ils soient gérés par INDITEX ou par
ses fabricants et fournisseurs externes. Les fabricants et les fournisseurs externes qui sous-
104
Convention (no 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948; Convention (n° 98) sur le droit
d’organisation et de négociation collective, 1949; la Convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930; Convention (n°
105) sur l’abolition du travail forcé, 1957; Convention (n° 100) sur l’égalité de rémunération, 1951; Convention (n°
111) concernant la discrimination (emploi et profession), 1958; Convention (n° 138) sur l’âge minimum, 1973; et la
Convention (n° 182) sur les pires formes de travail des enfants, 1999.
105
Industrial del Diseño Textil SA (INDITEX) est la plus grande entreprise espagnole et le plus grand groupe mondial de mode.
traitent du travail pour INDITEX sont responsables du respect des dispositions de l’accord
par les sous-traitants. Les fabricants, les fournisseurs et leurs sous-traitants externes sont
tenus de désigner un représentant de la direction pour assumer la responsabilité de la
mise en œuvre et de l’application des dispositions énoncées dans l’accord.
L’Accord FITTHC-INDITEX inclut le droit pour tous les travailleurs de se syndiquer et de
négocier collectivement, et interdit le travail des enfants, le travail forcé et les pratiques
discriminatoire. Il prévoit le versement d’un salaire de subsistance, impose des restrictions
sur les heures de travail, insiste sur des lieux de travail sûrs et salubres, et promeut la
sécurité de l’emploi, sans traitement abusif.
La FITTHC et INDITEX travaillent ensemble pour aider les fournisseurs de l’entreprise à
respecter les termes de l’accord. Cela a souvent mené à des interventions conjointes dans
des situations où les travailleurs avaient été licenciés après s’être affiliés à un syndicat.
Dans ces cas, la priorité initiale a été d’assurer la réintégration des travailleurs, le paiement
des salaires pour la période de licenciement et l’introduction de systèmes efficaces de
relations professionnelles dans les usines concernées. À cet égard, on estime que plus de
2.000 travailleurs licenciés pour avoir exercé leur droit d’association ont été réintégrés
grâce à l’intervention conjointe de la FITTHC et d’INDITEX dans des pays comme le
Cambodge, le Bangladesh, le Pérou et la Turquie. Cette approche a été un moyen efficace
de résoudre des conflits dans la chaîne d’approvisionnement du secteur du vêtement.
À la suite de l’accord-cadre international, les fournisseurs d’INDITEX qui ont fait des
efforts pour mettre en œuvre cet accord et qui ont conclu des accords de reconnaissance
avec les syndicats sont considérés comme prioritaires lorsqu’il s’agit de décider qui
poursuivra des relations d’affaires avec l’entreprise. Certaines entreprises ont même reçu
des augmentations significatives de commandes à la suite de l’introduction de systèmes
efficaces de relations professionnelles dans leurs usines. INDITEX a également cessé
d’utiliser des «merchandisers» et passe maintenant les commandes directement avec les
usines. Pour recevoir plus d’information à ce sujet, veuillez contacter IndustriALL106.
Codes de conduite
Un code de conduite ou code de pratique du travail est une déclaration écrite des principes
adoptés volontairement par une entreprise afin d’exprimer son engagement à un type
particulier de conduite des affaires. Sa mise en œuvre dépend entièrement de l’entreprise
concernée. Les entreprises qui adoptent des codes de conduite sont généralement
censées affecter des membres du personnel à l’application des dispositions du code et
faire rapport sur les politiques, programmes et performance de sa mise en œuvre. De
même, elles devraient également revoir le code de conduite au niveau décisionnel le
plus élevé de l’entreprise et définir son application comme une obligation contractuelle
pour les fournisseurs et sous-traitants. Une pratique bien établie est que les travailleurs
concernés par le code soient mis au courant de ses dispositions et qu’ils aient une forme
ou autre de procédure de plainte confidentielle. Ces codes de conduite ont cependant
leurs limites. Même si les syndicats peuvent être impliqués dans certains d’entre eux,
ils estiment généralement que ces codes sont principalement des exercices de relations
publiques de l’entreprise et qu’ils sont inefficaces pour résoudre les violations des droits
du travail.
Diverses initiatives impliquant de multiples parties prenantes ont vu le jour parallèlement
aux codes de conduite. Ces initiatives impliquent des entreprises d’approvisionnement,
des syndicats et des ONG. Vous trouverez ci-dessous des exemples de ces initiatives aux
multiples intervenants :
QQ Ethical Trading Initiative107: L’Initiative de commerce éthique (Ethical Trading
Initiative-ETI) est une alliance d’entreprises, de syndicats et d’organisations
bénévoles qui travaillent en partenariat pour améliorer la vie des travailleurs dans
le monde entier.
QQ Fair Labor Association108: L’Association pour le travail juste (Fair Labor Association-
FLA) est une coalition d’entreprises socialement responsables, de collèges,
d’universités et d’organisations de la société civile visant à améliorer les conditions
de travail dans les usines à travers le monde. La FLA a développé son propre code
de conduite pour les lieux de travail, basé sur les normes fondamentales du travail
de l’OIT, et a établi des processus de surveillance, de correction et de vérification.
QQ Social Accountability International109: Responsabilité sociale internationale (Social
Accountability International-SAI) est une organisation non-gouvernementale
106
http://www.industriall-union.org/
107
http://www.ethicaltrade.org/
108
http://www.fairlabor.org
109
http://www.sa-intl.org/
110
http://www.workersrights.org/
111
http://www.business-humanrights.org/SpecialRepPortal/Home
112
http://www.ohchr.org/documents/issues/business/A.HRC.17.31.pdf
113
Le Groupe de la Banque mondiale comprend cinq institutions: la Banque internationale pour la reconstruction et
le développement, l’Association internationale de développement, la Société financière internationale, l’Agence
multilatérale de garantie des investissements et le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux
investissements.
114
http://www.gcgf.org/wps/wcm/connect/topics_ext_content/ifc_external_corporate_site/ifc+sustainability/publications/
publications_handbook_laborstandardsperformance__wci__1319577153058
où les syndicats ne sont pas confrontés à de telles restrictions, ils n’ont souvent pas
les ressources humaines ou financières pour s’engager dans ce type de contrôle115. Un
autre obstacle important au contrôle effectif du respect de la NP2 est l’accès limité à
l’information sur les investissements. La SFI publie une annonce sur les investissements
30 jours avant que le projet ne soit présenté au conseil d’administration de la SFI pour
approbation. Cela laisse très peu de temps aux syndicats pour en apprendre davantage sur
les investissements nouvellement proposés qui peuvent poser problème, pour mener une
enquête et pour faire rapport à la SFI dans les premiers stades de la préparation du prêt
au cours de laquelle les conditions précises du prêt sont négociées.
Certains accords commerciaux bilatéraux ont inclus des dispositions relatives au travail
pour réduire les effets négatifs qui peuvent en découler pour les travailleurs. Les
dispositions diffèrent d’un accord à un autre. Les États-Unis et l’Union européenne ont
utilisé des dispositions relatives au travail, mais avec des approches différentes. D’autres
groupements régionaux ont également utilisé des dispositions relatives au travail, le
MERCOSUR par exemple. Les résultats de dispositions relatives au travail sont plutôt
mitigés, reflétant leur caractère généralement non-exécutoire. Il existe quelques exemples
positifs, mais dans de nombreux cas, les dispositions sont restées inutilisées ou n’ont pas
mené à des changements majeurs.
l’accord «Tout sauf les armes»118 et le SPG+ par lequel les bénéficiaires potentiels peuvent
obtenir comme avantage des préférences commerciales supplémentaires à la condition de
s’engager à respecter effectivement les conventions internationales relatives aux droits de
l’homme et du travail, y compris les normes fondamentales du travail de l’OIT. L’Union
européenne n’a jamais suivi une politique commerciale fondée sur des sanctions, mais
plutôt une politique de mesures incitatives axée sur la coopération technique.
Le système définit des mécanismes de sanctions en cas de violation de ces engagements,
prenant la forme d’un retrait temporaire du régime préférentiel pour tout ou partie des
exportations du pays. Ce retrait s’applique également à tous les accords commerciaux en
vigueur, et pas seulement au SPG+. Le mécanisme est déclenché principalement dans
les cas de violation grave et systématique des conventions internationales sur la base des
conclusions des organes de surveillance ayant compétence en la matière, tels que l’OIT.
Ce retrait a été appliqué dans le cas du Myanmar et du Belarus, par exemple. Pour vous
aider à utiliser ce mécanisme, veuillez contacter la CES119 ou la CSI.
118
«Tout sauf les armes» offre un accès complet au marché de l’Union européenne en termes d’exemption de droits de
douane et de quotas, à l’exception des armes et des armements, pour les 49 pays les moins avancés définis par l’ONU.
119
http://www.etuc.org/
120
Pour plus d’information, veuillez visiter le site: http://www.ilo.org/global/standards/information-resources-and-
publications/free-trade-agreements-and-labour-rights/WCMS_115531/lang--en/index.htm
121
Pour plus d’information, veuillez visiter le site: http://www.ilo.org/global/standards/information-resources-and-
publications/free-trade-agreements-and-labour-rights/WCMS_115852/lang--en/index.htm
l’Union européenne123
L’Union européenne (UE) a négocié de
nombreux accords bilatéraux. La plupart
d’entre eux comprennent des dispositions
relatives au travail124, mais ne vont pas
aussi loin que les accords signés par les
États-Unis ou le Canada. L’UE ne poursuit
pas une approche fondée sur des sanctions
commerciales en matière de normes
sociales et du travail, et a toujours mis
l’accent sur la coopération et l’assistance
techniques. L’UE effectue également des
évaluations d’impact sur la durabilité des
accords de libre-échange conclus avec des
tiers.
L’UE a conclu des accords commerciaux
bilatéraux et régionaux avec de nombreux
pays hors de l’Union européenne, dont
l’Algérie, l’Égypte, Israël, le Liban, le
Maroc, l’Autorité palestinienne, la Syrie,
la Tunisie, l’Afrique du Sud, la Suisse,
le Mexique et le Chili. Elle négocie
actuellement des accords commerciaux
avec plusieurs autres régions, dont le
MERCOSUR, l’Inde, les pays de l’ASEAN
(ANASE) et le Canada; elle a récemment
conclu des accords avec le Pérou, la
Colombie et la Corée du Sud. L’Union
européenne participe également à un
122
http://www.mercosur.int/msweb/Documentos/Publicados/Declaraciones%20Conjuntas/003671668_CMC_10-12-
1998__DECL-DPR_S-N_IN_SocioLaboral.pdf
123
http://ec.europa.eu/trade/creating-opportunities/bilateral-relations/
124
Pour plus d’information, veuillez consulter: http://ec.europa.eu/trade/wider-agenda/labour/
dialogue politique au niveau régional tel que, par exemple, le processus ASEM (Réunion
Asie-Europe) et les Sommets UE-Amérique latine et Caraïbes.
Les accords bilatéraux et régionaux contiennent tous un cadre de coopération économique,
institutionnelle et sociale. La plupart d’entre eux consacrent un chapitre au développement
durable comprenant des dispositions sociales, bien que parfois vaguement définies. On
peut trouver des exemples de ceci dans les dispositions sur les normes fondamentales
du travail de l’accord UE-Afrique du Sud de 1999; dans les articles contenant des
dispositions sociales de l’accord UE-Chili de 2002 qui comprend un chapitre sur la
coopération sociale qui encourage la promotion des conventions fondamentales du travail
de l’OIT, mais n’est pas obligatoire; ou encore dans le préambule de l’Accord de Cotonou
qui contient des références aux aspects sociaux des traités internationaux relatifs aux
droits de l’homme et aux normes fondamentales du travail de l’OIT.
L’UE négocie actuellement des accords de partenariat économique (APE) avec les pays
d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) qui sont membres de la Convention de
Cotonou signée en 2000. Les négociations sont en cours avec différents groupements
sous régionaux parmi les pays ACP. A l’exception des Caraïbes où un APE complet a
été paraphé, signé et ratifié, les autres pays ont paraphé des APE intérimaires, mais de
nombreux pays ont refusé de les ratifier. Les APE ont été critiqués parce qu’ils promeuvent
une libéralisation agressive du commerce qui entraverait le développement industriel dans
les pays ACP et mettrait en péril la production agricole et les services, tout en n’incluant
pas de dispositions contraignantes et exécutoires concernant les droits fondamentaux du
travail.
La CSI et la CES participent aux négociations des accords bilatéraux et régionaux de l’UE
et les suivent de près. Elles peuvent être contactées à tout moment pour sensibiliser aux
violations des droits syndicaux dans les ZFE et les porter à l’attention des autorités de
l’UE.
Accords d’investissement
En 1995, l’OCDE a entamé des négociations visant à élaborer un Accord multilatéral
sur l’investissement (AMI). Les négociations ont cependant été interrompues en 1998.
L’accord était conçu pour être un traité international autonome avec l’objectif déclaré
d’établir un large cadre multilatéral pour l’investissement international, avec des
normes élevées pour la libéralisation des régimes d’investissement et la protection de
l’investissement, et des procédures efficaces de règlement des différends. La question de
savoir s’il fallait inclure des dispositions relatives au travail a été soulevée, mais certains
pays engagés dans les négociations s’y sont opposés. Le projet final stipulait que les
parties s’engageaient à respecter les normes fondamentales du travail internationalement
reconnues et que l’OIT serait l’organe compétent pour définir et traiter des normes
fondamentales du travail dans le monde entier. Les négociations sur l’AMI ont échoué et,
par conséquent, de nombreux pays ont décidé de conclure plusieurs accords bilatéraux
sur les investissements, indépendamment des accords de libre-échange.
Les États-Unis ont signé approximativement 40 accords bilatéraux d’investissement avec
des pays en développement125. Dans tous ces accords, le préambule stipule clairement que,
même si l’objectif principal est d’encourager l’investissement, d’autres facteurs doivent
125
http://tcc.export.gov/Trade_Agreements/Bilateral_Investment_Treaties/index.asp
126
http://survey.ituc-csi.org/
127
Réseau des droits humains et syndicaux
Exercice
Cet exercice vous aidera à vous familiariser avec la base de données de l’OIT contenant
des informations pertinentes sur les normes fondamentales du travail et les mécanismes
de surveillance, et avec plusieurs instruments qui peuvent être utiles dans la défense et
la promotion des droits syndicaux.
4) Votre syndicat a-t-il jamais pensé à organiser une campagne pour faire pression
ou exercer une influence sur l’inclusion des aspects du travail et des mécanismes
d’application dans les accords commerciaux ou d’investissement de votre pays?
Comment organiseriez-vous une campagne? Quelles organisations contacteriez-vous
à tous les niveaux pour recevoir de l’aide ?
5) Préparez un plan d’action ou une stratégie pour l’organisation des travailleurs des
ZFE dans votre pays et ciblez des stratégies pour lutter contre les déficits de travail
décent dans les ZFE de votre pays.
© ILO/R. Lord
Liens et contacts
LIENS
ACTRAV: www.ilo.org/actrav
CSI: www.ituc-csi.org
CSI Afrique: www.ituc-africa.org
CSI Amérique (CSA-TUCA): www.csa-csi.org
CSI Asie-Pacifique: www.ituc-ap.org
GLOBAL UNIONS (FSI): www.global-unions.org
Groupe de la Banque Mondiale
(Société Financière Internationale): www.ifc.org
INDUSTRIALL: www.industriall-union.org/
OCDE: www.oecd.org
OIT: www.ilo.org
OMC: www.wto.org
CONTACTS
IndustriALL: info@industriall-union.org
UNI Global Union: contact@uniglobalunion.org
ACTRAV: actrav@ilo.org
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ACTRAV
Bureau ACTRAV
des Activités pour Bureau
les Travailleurs for Workers’
Activities