La Gestion Des Conflits en Milieu Scolaire

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LA GESTION DES CONFLITS

EN MILIEU SCOLAIRE

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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
LA GESTION DES CONFLITS EN MILIEU SCOLAIRE

Cette animation pédagogique a été élaborée à partir des lectures de certains ouvrages et d’expériences
de terrain

La pertinence de la sanction éducative.

.L’enfant a besoin de reconnaissance pour se sentir exister dans un groupe, il a besoin d’une
appartenance à un groupe ; la cellule familiale est la première entité où l’enfant doit trouver sécurité
et bienveillance.

La sanction telle qu’elle sera abordée s’inscrit dans une démarche globale dans ce sens qu’elle
s’inscrit dans la construction de l’individu « citoyen du monde » en devenir

Il faut accompagner l’enfant dans son apprentissage de la loi

I – Quelle émotion suscite chez chacun de nous la transgression ?

Il ne s’agit pas de se culpabiliser mais de prendre le recul nécessaire pour réfléchir sur ce qui est
efficace et juste dans les actions que nous mettons en place pour rappeler l’enfant à son devoir. La
première question est de savoir si je suis au clair sur ce que feraient mes collègues dans la même
situation. Tout comme dans un couple où les désaccords parentaux placent l’enfant dans une
situation de mal être qu’il traduira parfois en toute puissance, il en est de même pour une équipe
pédagogique constituée d’individus avec chacun sa propre histoire, sa propre culture, sa propre
expérience, sa propre sensibilité.

« Mehdi est un enfant scolarisé en CE2 ; ce jour là, à demi tourné sur sa chaise, les jambes
allongées, les fesses sur le bord de la chaise, il tapote avec son crayon sur le bord de la table. La
feuille reste indéniablement blanche et pourtant, je suis sûr, il sait le faire ; moi-même lorsque
j’étais petite, je n’y arrivais pas toujours mais je n’avais pas cette attitude. Allez, je choisis de
l’ignorer…ce bruit de crayon devient pourtant incessant…10 mn …et cette position à moitié
allongée…15 mn…la capuche…il a mis sa capuche…je n’en peux plus, je craque « Enlève ta
capuche et redresse toi ! Redresse- toi (l’empoignant par le bras) mais qu’est ce que tu fais là ! Je
ne vois vraiment pas à quoi tu sers ! Mais franchement si c’est pour ça tu n’as qu’à rester chez
toi !de toute façon, tu ne fais jamais rien, je ne vois pas pourquoi ça changerait ! Bon, personne ne
s’en occupe, on ne lui parle pas ! Et ne te plains pas si personne ne te parle dehors ! Tu me copieras
trente fois je dois m’asseoir correctement en classe »

Que se passe – t – il dans la tête de l’enfant ? Humiliation, peur, colère… Mais dans celle de
l’enseignante ? Echec, colère, remise en question, peur, culpabilité…

Nous voudrions ne pas sanctionner mais nous en arrivons là parce que notre seuil de tolérance a été
éprouvé, mis à mal, il arrive paradoxalement que les sanctions posées prennent la forme de punitions
vengeresses, humiliantes ou mal comprises mais comment faire ?

II – Parler et agir

La parole est le premier levier de compréhension


La parole pour expliquer, rassurer, poser les limites… en veillant à ne pas avoir de discours
moralisateur, accusateur, culpabilisateur…
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
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Cependant la parole ne suffit pas toujours et il est nécessaire de passer aux actes

Nos sanctions reposent souvent sur nos valeurs éducatives, elles mêmes répondant à des normes
sociétales. Souvent, bien involontairement, nous commençons par condamner la personne.

Il s’agira donc de « sanctionner l’acte de transgression » dont un citoyen s’est rendu responsable.
Il est nécessaire de réfléchir à un acte constructif ; l’humiliation, le sentiment d’échec est une
souffrance qui engendre la plupart du temps la colère, la révolte, la peur.

Ce n’est pas le ressenti de l’élève qui est important ; la gêne est désagréable cependant ce n’est pas
l’objectif de la sanction. Une sanction peut être agréable et avoir les effets escomptés

Nous allons donc travailler sur la réparation, la déculpabilisation et la réinsertion

Quel que soit l’acte de l’auteur, celui – ci peut être perçu plus ou moins violent par le destinataire,
quel que soit le niveau de transgression au regard de la loi ou de la règle il est donc important que la
parole s’installe entre les 3 parties : le destinataire, l’auteur et le garant de la loi

Point n°1 : réintroduire de la parole et du sens

Eviter certains écueils


 Je suis sûr que tu fais ça pour nous embêter (accusation de l’auteur)
 Ce n’est pas si grave (dédramatisation du ressenti du destinataire)
 Le principal c’est que nous soyons d’accord (déni de la loi)

L’éducateur va poser 3 contraintes

1) obligation de réparation

 Réparation concrète
 Réparation symbolique
 Réparation compensatoire

2) la transgression doit s’accompagner d’une conséquence qui rappelle la règle

3) il est indispensable que l’auteur mette des mots sur les raisons qui ont entraîné son comportement

L’enfant n’est pas coupable de son histoire mais il est responsable de ce qu’il en fait qu’il soit auteur
ou victime ; il est important de l’accompagner dans la mise en mots

Des questions à éviter

« Pourquoi as-tu fait ça ? » « Tu crois que c’est intelligent » « tu crois qu’on a que ça à faire ? »

Des questions à encourager dans un espace favorable à la réflexion et à l’évolution

« Pourquoi en sommes nous arrivés là ? Quelles sont les conséquences de cet acte, pour toi ? Pour
les autres ? ». Il ne faut pas attendre l’adhésion de l’auteur par la question « Tu es d’accord ? »

Les moyens diffèreront : travail d’écriture, entretien, exposé, acte en relation avec la transgression,
responsabilité par rapport à la règle, débat, recherche de solutions en groupe…

On évitera d’ajouter : « pour la peine, tu me copieras 30 fois … ce que dit le règlement à ce sujet »
Ce n’est pas la pénibilité qui est recherché mais la prise de conscience : risque pour le destinataire,
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pour le groupe, pour lui – même en termes de danger et non pas de punition

Il convient d’amener l’élève à réfléchir sur la contrainte ; certains ne sont pas prêts à cette réflexion
et préfèrent la punition bête : le tout est d’inviter l’enfant avant la reprise de l’activité à réfléchir sur
le comportement qu’il a décidé afin d’éviter de se retrouver dans une même situation ; la mise en
mots peut être difficile mais lui dire « tu peux te le dire à toi-même. »

Pour intégrer la loi du groupe, il est important que l’enfant se sente accepter dans le groupe ; il
convient de poser le cadre, de poser les règles de respect les uns par rapport aux autres.

La transgression est nécessaire à la construction de la personne ; certains enfants ont toujours besoin
de se poser les limites ; il a besoin d’une réponse stable et ferme ; il cherche une réponse qui peut se
révéler autant destructrice que constructrice ; il s’agit donc pour l’équipe pédagogique de considérer
la transgression comme des occasions qui permettent à la personne de progresser dans son
rapport au monde
La contrainte est alors obligatoire : si l’enfant vit mal la frustration, la contrainte lui permet
cependant de le placer dans un cadre rassurant ; il se sent reconnu par rapport à un groupe pour
lesquels sont posées les mêmes règles. La règle lui montre son appartenance au groupe ; elle le
protège autant que les autres. Faire respecter la loi, la règle par des actes qui respectent elles
mêmes l’enfant, c’est faire reculer la violence.
Il convient donc à chacun de nous d’accepter la frustration.

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pour vivre ensemble »
JEU DU BAROMETRE

Négociable ou non, il faut savoir

4 étiquettes

Non Oui Non Oui


Jamais négociable Négociable Rarement négociable Toujours possible

Consigne : l’exercice est à faire rapidement, sans parler, et sans porter de jugement sur le
comportement du voisin.
Il s’agit d’être réactif. Dans la réalité, nous agissons rapidement. Attention, une réponse « ni oui, ni
non » est de fait interprété comme négociable.
Les enfants comprennent les convergences (dans la classe de Monsieur Untel, on doit laisser son
cartable dehors alors que dans la classe de Madame Untel, ils doivent le rentrer dans la classe) ; en
revanche, les contradictions ne doivent pas être fondamentales ; les enfants ne doivent pas se trouver
pris entre les désaccords d’adultes involontaires ou pas : il convient donc d’harmoniser ses exigences
en tenant compte des pratiques de chacun.

1. Garder sa capuche en classe


2. Garder son blouson en classe
3. Rentrer en classe en discutant
4. Parler à voix basse avec son voisin
5. Se lever pour aller tailler ou chercher un crayon
6. Mâcher du Chewing - gum en classe
7. Cracher par terre dans la cour
8. Frapper un copain « qui nous a traités »
9. Faire du sport quand on a oublié ses affaires
10. Ne pas avoir fait ses devoirs écrits
11. Ne pas avoir appris ses leçons
12. Faire autre chose en classe
13. Emettre un jugement sur le travail d’un copain
14. Emettre un jugement sur la séance
15. Prendre la parole sans autorisation
16. Insulter un copain
17. Insulter un adulte
18. Rapporter sur un camarade
19. Etre assis nonchalamment sur sa chaise
20. Demander à changer de voisin de classe
21. Parler fort dans un travail de groupe
22. S’imposer dans un travail de groupe

Cette expérience doit amener au constat suivant

 Des lois s’imposent à tous, au-delà de la famille


 A l’intérieur de chaque territoire, il existe des règles qui traduisent la convention des lieux
 L’enfant prend conscience que les adultes peuvent être différents dans leurs pratiques mais
avec un sens important de leurs responsabilités qui posent des règles communes de respect,
de reconnaissance et de sécurité
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
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La loi est fondamentale ; elle ne se discute pas ; il y a les lois fondamentales qui gèrent notre monde
et les lois territoriales. La règle quant à elle est un legs qu’on hérite en arrivant dans une institution.
Elle peut cependant être ajustée ; les membres d’un groupes soient les enseignants voire les élèves
peuvent aussi participer à l’élaboration de ces règles ; ils ne s’en sentiront que plus responsables et
les intégreront un plus de facilité.
Les règles ont une fonction pédagogique : en participant à leur élaboration, l’enfant apprend à être
un citoyen responsable, conscient de l’intérêt des lois, autorisés à peser sur les choix de leur
communauté, comprenant mieux le rôle du législateur.

Un outil
Le tableau des règles de vie : il est important de distinguer « lois » (votés par les
députés et les sénateurs) et « règles »

Pour que la règle fasse sens

1. A qui s’adresse – t – elle ?


2. A-t-elle été l’objet d’une continuité ou d’une adoption ?
3. De quelle négociation a – t – elle aboutie ?
4. Toutes les catégories de la population peuvent – elles trouver un intérêt à cette règle (elle ne
doit pas être imposée ; par une minorité, c’est la non coopération de l’ensemble ; par une
majorité, c’est l’exclusion) ?
5. Le manquement à la règle ne doit pas bloquer la classe (ex : Si quelques uns n’ont pas leurs
chaussures de sport, la classe ne va pas en EPS)
6. Comment la règle a été annoncée : affiches, assemblée, présentation par les délégués de
classe…écrites, commentées…) ?
7. Comment être sûr que la règle ait bien été comprise par tous, qu’il n’y ait pas d’équivoque ?

Il faut veiller à la période d’apprentissage : les premières transgressions, par oubli ou


mauvaises interprétations seront l’occasion de redire la règle, de la rappeler ; par contre la
sanction sera appliquée dès que la règle sera transgressée

La règle doit être construite, pratiquée, soutenue, instituée et garantie ; la règle s’applique à
tous même par les adultes. La règle peut avoir une exception ; elle doit prouver qu’elle est
constructive et appliquée avec intelligence

Quant l’objectif est atteint, il est important de montrer à la classe que la règle étant instituée, il
n’est plus utile de la formaliser ; une suppression officielle concrétise alors un progrès dans le
domaine de l’autonomie ; devenir autonome, c’est se donner ses propres règles pour s’insérer
dans la société.

Il est important que l’enfant signe « un règlement intérieur » : il est important qu’il atteste
avoir connaissance du règlement intérieur et des sanctions qu’il encourt.

Sanctionner doit permettre à l’enfant de se réinscrire dans le groupe, il est important de


hiérarchiser les actes de transgression en donnant la place de premier au non respect de la loi
fondamentale : les propos racistes, la moquerie ou les jugements ; il est nécessaire dans cette
hiérarchie de commencer par « l’interdit de violence »

L’enseignant vis-à-vis de la transgression doit se poser les questions suivantes

 Quelle est ma responsabilité vis-à-vis de la victime ?


 Quel message nous envoie le responsable ?
 Quelle est la responsabilité de l’auteur vis-à-vis du groupe pour lequel la règle est posée ?

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III construire le rapport à la loi

Loi subie par la soumission immédiate ou loi contestée c’est la loi du plus fort
Il faut s’inscrire dans la loi acceptée : celle qui fait sens, qui a instauré le dialogue ; si la règle
paraît injuste à l’enfant, il s’enfermera dans son objection.

Axe de l’écoute bienveillante

Citoyen Citoyen
Hors la loi Responsable et engagé
Mafieux

Enfant roi Enfant obéissant mais


Tout puissant capable d’objection
Capricieux

Paroles respectueuses
Et sanctions qui ont du sens
Ecoute seule

Axes des limites posées

Laisser faire Punition

Enfant exclu,
perdu, violent Enfant soumis Enfant révolté

Adulte a - social citoyen manipulable Gendarmes


Indispensables

La crise par rapport aux parents n’est pas toujours des crises par rapport à la loi mais aussi des prises
de distance affectives. Il faut autant que faire se peut collaborer avec les parents.
L’apprentissage de la loi par la pratique de la règle se fait progressivement en fonction de l’âge
Dans l’établissement scolaire, le règlement doit servir de tiers entre l’enseignant et l’élève

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MON RAPPORT A LA LOI AU QUOTIDIEN

Il faut attendre son tour pour parler


a. Les enfants n’interrompent pas les adultes
b. Ce que j’ai à dire est vraiment important
c. Chacun a le droit d’être entendu jusqu’au bout
d. Si on ne s’impose pas, personne ne nous écoute

Il faut dire bonjour, bonsoir, merci


a. Je salue les personnes que je rencontre, mes collègues
b. Les enfants doivent saluer les adultes
c. Les adultes doivent saluer les enfants
d. Le matin, il ne faut rien dire me demander, je ne suis pas réveillé

Il est interdit de frapper


a. Une petite gifle n’a jamais fait de mal à personne
b. Il faut bien se défendre et ne pas se laisser faire
c. Si je frappe, c’est que j’ai mes raisons
d. Taper, ça fait mal
e. Si je m’autorise à le toucher, je ne suis pas sûr de contrôler ma force, un jour de colère
f. C’est un interdit essentiel qui nous protège de l’escalade

Pas de grossièretés
a. Les gros mots sont très vilains dans la bouche d’une fille
b. En cas de colère, un gros mot vaut mieux qu’un coup
c. Les mots n’ont pas la même valeur suivant les générations
d. Les enfants de nos jours sont vraiment impolis
e. C’est par habitude, on ne pense pas vraiment ce qu’on dit

Beaucoup de tarifs sont modulés en fonction de l’âge ou des revenus


a. Cela permet de démocratiser les loisirs
b. En diminuant l’âge des enfants, je fais des économies
c. Je paie des impôts, je ne vais pas payer pour tout le monde
d. Je paie le tarif indiqué sans me poser de questions

Notre rapport à la loi vient de notre culture, des premiers adultes qui nous ont éduqués, des
expériences vécues. C’est ce rapport à la loi que nous leur montrons souvent. Une prise de recul par
rapport à la loi peut nous amener à mieux comprendre les comportements des élèves.

A l’issue de cet exercice, il convient de se poser trois questions


 Ma conduite est elle guidée par mes ressentis ? ce qui fait sens pour moi ?
 Est-ce que je me soucie en premier lieu de l’effet produit, de la gêne, de l’intérêt pour
l’autre ?
 Est-ce que je fais les choses parce que c’est la loi, la morale ou la règle de la collectivité
dans laquelle je vis ?
Le temps passé à éduquer n’est pas en concurrence direct avec le fait d’instruire mais
d’instruire de façon éducative et efficace.

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III Sanction ou punition

L’éducation est un échange entre l’éducateur et l’éduqué ; il ne fait qu’une partie du chemin en se
demandant ce qui est de son ressort, ce qui ne se négocie pas, ce qu’il va pouvoir apporter comme
réponse, mais aussi ce que l’autre va lui apporter dans les ajustements de la règle.

Si on admet que l’enfant n’est pas encore un individu responsable et qu’il a le droit à l’erreur, alors
nous ne pouvons avoir les mêmes exigences que nous aurions pour un adulte

Sanctionner c’est attribuer à l’autre la responsabilité de ses actes (Mérieux) et si c’est encore
prématuré puisque l’enfant n’est pas éduqué, ce sont des occasions de le mettre en situation de
s’interroger et par de là de l’aider à se construire.

L’enseignant a fait sa part de chemin en posant les contraintes et en proposant son aide

Répondre à la transgression par Trois actes et Quatre étapes

Aide mémoire pour se poser les bonnes questions

S’il y a eu dommage S’il y a règle bafouée Pourquoi as-tu fait cela


Apprendre la Apprendre la Apprendre la
responsabilité civile responsabilité pénale responsabilité sur sa
vie
l’éducateur exerce Obligation de Privation d’un droit Interpellations
une contrainte réparation – mise hors Travail sur la règle Arrêt pour le temps de
état de nuire Attribution d’une la réflexion
responsabilité
Parution devant le
garant officiel
L’éducateur Aide à la réparation Explication Ecoute active
accompagne Proposition de Accès au sens ou à la Proposition d’aide
(contraindre n’est médiation règle
qu’un préalable)
L’intéressé Médiation (acceptée Nouveau choix : Prise en charge du
s’implique ou non) Acceptation de la problème
Retrait ou conciliation règle, soumission, Demande d’aide
démission, rébellion…
Le groupe est Rendez vous de Réaffirmation ou Solidarité
impliqué régulation réajustement de la Aide mutuelle
Espaces de parole règle

Objectifs

Restaurer la relation Restaurer une Restaurer la


entre auteur et relation positive confiance en soi de
victime, restaurer la entre auteur et l’auteur
confiance en soi et la groupe : restaurer
sécurité de la l’autorité du garant
victime

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Définition de sanction et punition

Dictionnaire

Punition : action de punir - peine infligée


Sanction : peine ou récompense destinée à confirmer un jugement sur l’action d’une personne
BO 2004 : parle de punition scolaire et de sanction disciplinaire à partir du collège

Nous parlerons de sanction éducative, ce qui se présente comme une contrainte non violente

La punition sont source de violence et nous punissons plus souvent que nous sanctionnons :

Nous sommes très conditionnés par la notion de châtiment, représentation judéo chrétienne mais pas
seulement, également celle de nos parents, nos grand parents ou nous-mêmes, sachant que ce n’est
qu’en 1990 que la Convention internationale des droits de l'enfant précise que la discipline scolaire
doit respecter la dignité de l'enfant.

Ce qui reste « le coin », « les lignes », « les tours de cour »

Pour beaucoup, la punition doit être sévère, comme si c’était la douleur du puni qui réparait le
dommage

Les mots ne sont pas anodins : sanction, punition, conséquences, mesure, réaction, suite… : ils ont
une connotation plus ou moins fermée ou au contraire tournée vers une solution. On parle du fautif,
de son acte ou plutôt de l’action du garant. On punit un coupable ou on sanctionne une infraction ?

Dans tous les cas, il est nécessaire de répondre à la transgression

La punition L’adulte L’enfant


Marque sur le début Sert à exprimer la colère Se sent humilié
Blesse Faire rapidement pression Soumis
Humilie (pouvoir de coercition) S’installe dans la dépendance
Idée de vengeance (tu as fait Se déculpabiliser de leur propre Pas de récidive immédiate par
mal, tu dois avoir mal) échec éducatif peur du « gendarme »
Paie pour sa faute mais
n’accède pas à l’autonomie

Elle n’est pas oubliée Rappelle à l’enfant ses échecs Ressort avec une image
Elle ne permet pas à l’enfant de Ne pense pas qu’il peut négative de lui-même
rebondir changer Continue car finalement c’est
son seul signe de
reconnaissance
Colère, haine, sentiment de
vengeance se développe
(parfois pour plusieurs années)

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Certains mots sont violents et peuvent devenir du harcèlement

 Humiliations
 Vexations
 Dévalorisation systématique
 Condamnation de la personne
 Rappel du passé
 Rappel de la réputation
 Présomption de culpabilité

Des exemples concrets

 C’est encore toi !


 Toujours le même !
 Tu t’es vu !
 Tu ne ressembles à rien !
 De toute façon c’est de famille !
 Tu es complètement malade !
 C’est comme d’habitude, pourquoi ça changerait !
 « Ça va pas dans ta tête » !
 « T’es pas clair » !
 « Non mais, regardez-le! « Tu vois » pas que tout le monde se fiche de toi ! »
 « t’es moche » !
 Ça tient vraiment de famille !
 De toute façon, ta mère comme d’habitude, elle s’en fiche !
 T’es un porc !
 La famille … ; j’en ai ras le bol !
 Ça ne peut qu’être toi !
 De toute façon, pour toute les fois que c’est toi, tu t’en remettras !
 On ne lui parle pas (attention au bannissement) !
 Tu crois que tu vas avoir des copains ! tu crois qu’ils ont envie de toi !
 Bon, va dans la classe de Madame Untel, je ne veux plus de toi !! disparais !

Bilan catastrophique

 Peur
 Soumission
 Rébellion
 colère

Des solutions

Ne pas transformer la parole en une leçon de morale et un discours incantatoire qui fait de l’enfant le
coupable et de l’enseignant la victime.

La sanction éducative doit répondre à deux questions

 Ai-je abandonné l’idée de vengeance ?


 Le but de la sanction est elle la pénibilité ou la prise de conscience de l’enfant

JE PUNIS OU JE SANCTIONNE

A : Moi ça jamais
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B : Je l’ai fait mais j’aimerais trouver plus efficace
C : Cela peut être une mesure intelligente dans certains cas
D : C’est une bonne idée à laquelle j’adhère

1. Ne rien faire, faire mine d’ignorer la transgression


2. Donner le choix de la sanction à l’intéressé
3. Vexer et dénoncer devant tous la transgression
4. Regarder de travers, fusiller du regard, intimider
5. Bouder
6. Contrôler l’identité, présumer la culpabilité
7. Faire copier des lignes
8. Priver de récréation
9. Exclure momentanément dans le couloir, mettre sur la touche
10. Mettre au coin
11. Faire copier le règlement
12. Donner un coup de pied aux fesses, un coup sur la tête quel que soit l’objet
13. Mettre une claque et puis c’est tout on en reste là
14. Avoir mis une classe et puis après « causer »
15. Mordre s’il a mordu, cracher s’il a craché, taper s’il a tapé…
16. Mettre au piquet : exiger des tours de cour
17. Mettre au régime celui qui fait le bébé : punir de sortie
18. A table, obliger à finir la quantité que l’enfant s’est servi
19. Donner une tâche d’intérêt collectif
20. Donner un exercice supplémentaire, un verbe à conjuguer
21. Demander une rédaction sur le sujet
22. Mettre des mauvais et des bons points, une note de conduite
23. Envoyer chez le directeur
24. Convoquer les parents : avertir sur le cahier de liaison
25. Exiger que le contrevenant fasse son auto critique
26. Exiger que le contrevenant prenne un moment de réflexion
27. Réunir un conseil de discipline
28. Renvoyer de la classe
29. Formuler un avertissement
30. Priver de piscine, de sortie, d’escalade, de cinéma
31. Exiger la réparation d’un objet abîmé
32. Exiger le remboursement de la casse
33. Exiger des excuses
34. Faire un « petit sermon »
35. Déchirer la punition après réception
36. Administrer une punition collective
37. Désigner au hasard un coupable potentiel pour faire réagir le groupe

1ère tentative de classification

 La non-sanction : pas d’impunité mais nécessité parfois de différer


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 La parole seule : elle use ; elle est inefficace s’il y a récidive
 L’acte de dissuasion : avertissement, chantage, menace ; le sursis peut permettre de
redonner une chance à condition qu’il s’accompagne d’un engagement de l’enfant
faisable et ayant un sens
 La privation : il faut qu’il y ait un lien avec la règle transgressée (privation de récréation
pour violence en récréation et non pas pour un travail non terminé)
 L’expiation : acte d’humiliation et de vexation
 La réparation : elle peut être matérielle, compensatrice ou symbolique
 La suppression de la cause : mise à l’écart, mise sous protection, proposition d’aide,
obligation de soin
 La contrainte de réflexion : recherche de solution, réflexion sur les motifs ou les
conséquences de l’acte
 L’exclusion : l’exclusion provisoire du groupe
 La sanction collective : différente de la punition collective : conséquence inévitable pour
le groupe (punition collective = corvée)
 Le recours à un tiers : parent, conseil, partenaire...
 La publicité : la transgression de l’un permet de s’adresser à tous en veillant à
s’interroger sur le bon sujet (fauteur, règle, sanction posée, dommages causés.. ?)

De la punition à la sanction alternative non violente : il n’y a parfois qu’un pas

Toute sanction porte un message son but est d’être efficace, d’éviter la récidive

Prendre le temps entre enseignants de l’échange, de la dédramatisation, du ressourcement pour


être capables de disponibilité, de dédramatisation, de mise à distance, d’humour, d’imagination
sans renoncer à la fermeté

 Accompagner l’acte d’une parole qui va rétablir la relation ?


 Vérifier le degré de compréhension par rapport à la règle ou la loi ?
 Comment celui qui a choisi la sanction en a saisi le sens et se reconnaît responsable de
son acte ?
La réparation permet la déculpabilisation et la reconnaissance de l’autre
On ne peut tout inventer mais on peut partir de ce qu’on connaît même si c’est la punition pour
l’améliorer et la transformer en sanction éducative

Des outils pour faire redescendre la pression

Isoler par :

 la chaise à grandir
 les activités décrochées de la classe
 l’espace bibliothèque

Exclure temporairement : extraire sans exclure

Prendre de la distance dans une situation de crise et faire réfléchir ; elle n’a de sens que pour
protéger le groupe, calmer l’émotion du transgresseur et celle de l’adulte ; elle ne peut que être très
occasionnelle pour éviter « les toujours exclus »

 l’espace de retour au calme pendant la récréation (balles anti – stress, affiches et feutres,
coussins)
 l’espace de retour au calme dans les autres classes (travail d’écriture mais aussi sous forme
d’affiche)

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Gérer la rupture du contrat

 relation contrainte : ne peut s’en soustraire (la prison)


 relation obligée : la loi, pas de contrainte physique mais risque d’une sanction
 relation contractuelle : règle du jeu

Dans le cadre d’un contrat non respecté, le terme d’exclusion est inadapté : c’est en fait la personne
elle-même qui par la transgression d’une règle, en ne respectant par les clauses, rompt le contrat.
L’auteur est responsable mais n’en est pas toujours conscient : il conviendra de mettre des mots sur
l’acte posé

 l’élève a-t-il eu le temps de bien comprendre, d’accepter et de comprendre les termes du


contrat ?
 Y-a-t-il changements d’habitude, décalage culturel ?
 Oubli des règles dans l’émotion, la passion du jeu ?
 Difficulté à s’insérer, à jouer le jeu du groupe ?

Apprentissage du contrat par

 Les jeux de coopération du CP au CM2


 Les jeux de société
 Les débats philosophiques
En EPS mais aussi en classe

IV La correction corporelle

Les parents « agresseurs » sont souvent des parents qui hurlent sur leur enfant, qui vont jusqu’à
lever la main. C’est la manifestation de leur incapacité à se remettre en question pour ajuster son
comportement face à une situation de vie qu’il maîtrise mal ; ils auront alors la tentation de
reporter sur autrui leurs problèmes, à chercher des justifications afin de se déculpabiliser. Dans
sa relation éducative, l’enfant cherche à déstabiliser l’adulte en lui rappelant trop crûment son
histoire et sa fragilité. N’ayant souvent pas de pouvoir sur sa propre vie, l’éducateur se sent
agressé ; l’émotion envahissante l’empêche de prendre suffisamment de recul et diminue ainsi
ses capacités d’imagination. ; il est intéressant en relation avec les représentants des parents
d’élèves de penser à un lieu dans l’école où une fois par mois, serait organisé « un café des
parents », lieu de discussion avec éventuellement un intervenant pour mener le débat (sujet
restant au cœur de l’éducation sans culpabilisation)

Le coup de pied aux fesses, le coup de livre sur la tête, la tapette derrière la tête, le hurlement de
colère manifestent l’insupportable

 Echanges entre collègues de deux écoles proches


Chercher ensemble des alternatives pour apprivoiser ses émotions, travailler sur les règles,
son propre rapport au cadre et sur son autorité, connaître les mécanismes relationnels de
base, trouver d’autres moyens de signifier l’insupportable

La difficulté est d’être face à des enfants dont le châtiment corporel ou la menace non mise à
exécution justifiant la violence physique, font partie de leur quotidien. Comment expliquer
ensuite à un enfant frappé de ne pas transgresser par la violence. N’y a-t-il pas un effet
pervers de présenter à l’enfant un mal comme un bien ; si l’enfant n’existe que par la
violence physique subie, n’aura-t-il pas tendance de la rechercher à l’école ?

L’éducateur est là pour aider l’enfant à transformer la violence en mots

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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
Et quand l’adulte perd ses moyens

Un adulte qui avoue son emportement, qui s’excuse d’avoir perdu le contrôle, qui dit que ce
n’était pas le bon moyen et qu’il aurait dû utiliser des mots , ne se discrédite pas au contraire, il
reconnaît son geste comme une erreur et s’en excuse. Par contre il reste responsable de certaines
décisions et en tant qu’éducateur, il a le devoir de les imposer avec autorité mais sans violence.
Il autorise et s’autorise au droit à l’erreur, assorti de l’exigence de tout mettre en œuvre pour la
corriger ; il s’agit là de corriger l’erreur et pas l’enfant. La parole rétablit le lien. L’écoute permet
à l’enfant d’exprimer ce que le geste violent a exprimer en lui

Les lignes forment de maltraitance

La copie, les lignes sont l’exemple type de la punition ; elles sont inutiles à la collectivité. Elles
ont pour rôle l’expiation de la faute ; leur rôle est l’asservissement.
La copie, les lignes, les exercices supplémentaires de Mathématiques ou de Français appelés la
punition intelligente, ne contribuent pas à donner le goût de la matière. Sans rapport net avec
l’acte, la parole accompagnatrice est nécessaire pour tenter de leur donner du sens et un
tantinet d’intelligence et d’humanité.

Si un enfant ne connaît pas une règle de vie, il est prouvé que la copier 30 fois n’a pas de sens ;
l’enfant passe son temps à trouver des stratégies de rapidité « je, je, je…ne, ne, ne …… », Sans
s’appliquer ; ce que l’enseignant ne relèvera pas au risque de s’enfermer dans une spirale
conflictuelle.
Il est prouvé qu’on apprend mieux en ressentant du plaisir et que la mémorisation fonctionne en
association avec des émotions intéressantes

L’emploi de la force physique n’est pas considéré comme acte de violence


Cela relève dans l’urgence de la mise en sécurité, qui est du devoir du citoyen .Elle ne doit pas
s’accompagner d’humiliation, de reproches, de coups, de punition mais c’est seulement un
rapport de force qui se veut non violent.
Lorsqu’il y a séparation dans une bagarre, il n’y a pas de violence physique de l’adulte cependant
il n’y a plus de distance et il convient rapidement de réussir à se dégager du contact physique.
S’il y a urgence à intervenir, il y a urgence à s’en dégager.

Dans un incident grave de séparation d’enfants, il est nécessaire que l’enseignant puisse trouver
écoute notamment auprès de sa hiérarchie pour exprimer sa colère et sa douleur ; un tel acte met
à mal un adulte dans sa personne mais aussi dans son statut professionnel. Lorsqu’il s’agit d’une
altercation avec un autre adulte, parent, adolescent (grand frère ou grande sœur), le dépôt de
plainte est nécessaire car il y a violence à un agent de l’état dans l’exercice de ses fonctions.
Condamner l’auteur de ces actes est indispensable.

Il n’en demeure pas moins de décrypter les raisons du conflit, de mettre à jour les mécanismes
ascendants et les éléments déclencheurs ; ce travail d’analyse ne peut se faire qu’après coup,
avec d’autres, dans une démarche volontaire, qui permettra de prendre davantage de distance par
rapport aux émotions et d’éviter peut être de se remettre dans une pareille situation.

Passer de la punition corporelle à la conséquence corporelle

Donner à l’enfant la possibilité d’éprouver les bienfaits de certaines règles de vie jusque dans son
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
corps
Des sujets d’échanges

 Nous arrêter pour ressentir l’ambiance de calme qui entoure le travail, l’ambiance
d’écoute bienveillante qui permet de se comprendre

 Mettre des mots sur les sensations physiques : « ça me fait quoi de recevoir un coup,
d’être soulevé de force, d’entendre des cris de colère ? Cela me fait quoi un sourire ? »

 Faire la différence entre un câlin où l’on se sent aimé, respecté, protégé et libre de s’en
aller, et un câlin obligé, où l’on est comme un objet piégé, ou bien qui nous fait peur ou
qui nous gêne.

 Utiliser le corps pour se saluer sincèrement ; apprécier une bonne poignée de main

 Sentir la main encourageante du maître sur son épaule « quand il me pose la main sur
l’épaule c’est qu’il peut me faire réussir ! »

 Pratiquer le théâtre ou l’expression corporelle pour parler de ses blessures, ses


aspirations, ses besoins, ses bonheurs

 Affirmer sa personnalité en libérant sa voix et ses gestes : par exemple au son d’une
musique rythmée, comme en expression corporelle

 Apprendre à respirer quand on est énervé : crier, chanter, ou aller courir dehors.
Apprendre à débloquer sa respiration et à s’enraciner par des pratiques comme celle de la
relaxation. Apprendre à contrôler une agression tout en respectant l’intégrité de son
adversaire (cycles de jeux d’opposition, judo, karaté …voir partenaire comme Sport à
l’école)

 Comprendre son corps quand il va mal et en prendre soin pour qu’il aille mieux.
S’intéresser aux programmes d’éducation à la santé et à l’hygiène, aux programmes
d’EPS (programmation active avec conscience des enjeux)

 Pratiquer les jeux de société où les règles de jeu respectent chacun dans sa personne, sa
place et son statut. Expérimenter l’art de la négociation. Les jeux collectifs doivent
permettre de passer d’un terrain d’affrontement à un terrain d’entente. Vivre un jeu où
chacun, sportif ou non, peut trouver du plaisir et dépasser ses peurs, en intervenant sur les
tactiques et sur les règles

 Enrichir des gestes rituels pour enrichir la communication, l’art de la négociation, ou


marquer un accord : « serrons- nous la main », « que ceux qui sont d’accord avancent
d’un pas »…

 Dynamiser le groupe par des jeux, des danses, des chants… (manque de programmation
et progression = source de gêne générateur d’agitation dans les plus grandes classes)

 Echanger pour se rendre compte que les mêmes gestes n’ont pas la même signification
pour chacun en fonction de sa culture et de son histoire

V - Traiter une situation de crise dans l’immédiat

Ceci s’avère difficile ; certains conflits sont depuis longtemps sous – jacents ; les deux
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
protagonistes ont parfois d’eux-mêmes mis en place un « accord de distance » ; chacun choisit de
respecter l’autre, sa place dans le groupe en restant « à bonne distance ».
Cependant, des désaccords plus ou moins distanciés s’accumulent, jusqu’à ne plus pouvoir être
supportés, et la crise survient s’exprimant par les insultes et les coups pour une broutille qui
finalement n’est que l’arbre qui cache la forêt.

Traiter la crise

Deux pièges à éviter

 Ne pas traiter la crise alors que les protagonistes sont encore trop dans l’émotion : il
s’agit uniquement de remettre de la distance pour éviter l’ascension de la violence et
d’apaiser les émotions ; on peut faire diversion en enchaînant par une autre activité,
détourner l’attention ; la crise n’est pas le lieu pour donner une sanction ou dialoguer
 Ne pas considérer que le conflit est résolu et qu’il ne va pas ressurgir ; l’élément qui a
permis le retour au calme n’a pas apporté de solutions aux conflits

Attitude de l’adulte

 Ne pas donner de sanction sur le moment ; une sanction donner sous le coup de l’émotion
peut être injuste et sans aucun sens avec le fait vécu
 Tenter de surseoir à ses propres impulsions (pour cela, il faut avoir appris à les
reconnaître, les avouer plutôt que de les refouler sans cesse)
 Nécessité de travailler sur sa posture pour cela, prendre conscience de l’importance de
son rôle : respirer, bien se positionner, maîtriser sa voix et ses gestes, porter un regard
distancié sur la scène qui se déroule
 Ne pas « fusiller du regard » sur celui qu’on pense responsable
 Se parler à soi même, se rappeler son rôle

Garder la tête froide permet d’identifier le danger et l’urgence

Remettre la distance entre les protagonistes par un élément tiers qui peut être :

 Les sensations concrètes, le « réel », les faits : constater que la règle a été enfreinte sans
procès verbal
 L’espace par l’éloignement, la mise à l’écart
 Le temps, en différant ce qui peut l’être : dire à chacun, que lorsque tout le monde aura
retrouvé son calme, chacun pourra exprimer son point de vue
 Une tierce personne
 Le groupe lui –même
 La parole : des mots pour aider l’autre à dire sa colère
 De l’action, en proposant à ceux qui sont dans l’émotion, quelque chose de concret à faire
 Un changement de registre : ton calme, ton empathique
 Un événement qui fait diversion : sonnerie,
 Rappel du cadre de la situation, des règles en vigueur, des sanctions encourues
Choix des mots

 Sans jugement : « je vois que tu es en colère » et non « tu as tort de te mettre dans des
états pour si peu »
 Signe de reconnaissance : par le ton, le geste, le regard
 Evocation d’un point commun, d’une valeur commune au-delà du différend, les inviter à
s’appuyer sur leur ressources humaines

Après le retour au calme


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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
 Ecoute de chacun pour savoir comment individuellement ils ont vécu la situation
 Réunion des concernés
 Choix du lieu pour jouer sur la symbolique des lieux et des espaces
 La réunion d’équipe fonctionne comme un lieu de distanciation à la fois symbolique et
théorique
 Centrage du débat sur l’objet de la crise et non sur le comportement de la personne
 Sortie de crise sans humiliation, peur par l’un et / ou l’autre

En conclusion : il s’agit donc de séparer pour réunir

Pour sanctionner, il faut savoir instruire l’affaire

Les différentes phases d’une instruction :

 Ecouter les personnes : les éléments irrationnels et psychologiques (sentiments,


émotions, estime de soi.) « vider l’abcès »…
 Analyser les fonctionnements : comment est comprise la règle, comment se sent l’enfant
par rapport à cette règle : s’en sent – il exclus? en comprend –il le sens ?
 Elucider les problèmes : la transgression pour faire apparaître la difficulté d’un enfant
qui n’avait pas été prise en compte ; l’analyse du problème n’enlève pas la responsabilité
de l’auteur qui doit prendre conscience des conséquences de ses actes ; car il faudra
trouver les moyens pour éviter que l’enfant s’exclus davantage
 Juger
o Elément factuel : les faits prouvés (qui est le responsable ?qui sont les
complices, qui est visé, qui est victime, quelle est la gravité des dommages ?)
o Elément juridique : ce qui dit le code pénal et la jurisprudence (y-a-t-il
infraction par rapport à la loi ? y a-t-il transgression d’une règle ? cette règle
était elle connue ?
o Elément intentionnel : les motifs (circonstances atténuantes ou aggravantes)

Il arrive que des enseignants fassent rapidement des procès d’intention, qu’ils interprètent un
peu rapidement les comportements : les annotations sur les cahiers du jour en témoignent

- Tu ne t’appliques pas !
- Tu n’as pas appris tes leçons !
- Tu ne réfléchis pas !
- Tu rêves !
- Tu n’as rien compris !
- Tu n’as pas relu !
- Tu n’as rien fait !
- Comme d’habitude !
- Tu n’as pas lu la consigne !
- Tu n’as pas fait attention à la consigne !

Les procès d’intention sont vécus comme de lourdes injustices

Il ne s’agit pas de ne pas punir mais avant tout, il est nécessaire d’aider l’enfant à prendre
conscience des raisons de son comportement

 Appliquer la décision prise et envisager l’avenir

Au moment de donner la sanction, l’enseignant s’appliquera à en donner le sens et à vérifier la


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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
compréhension du message par l’auteur des actes mais aussi les témoins. Il s’agit d’être ferme
dans l’application de la sanction et de tenir les promesses.

Ce qui signifie responsabiliser l’enfant


- cadrer sa liberté
- réaffirmer les règles (non négociable et choix possibles)
- lui donner des outils pour gérer cette liberté

 Classer l’affaire

Souvent l’enfant a une triple peine : l’enseignant, la mère et le père informé par la mère
Il vaut mieux manifester à l’enfant sa possibilité d’évoluer

Il convient de comprendre l’enfant qui transgresse en s’interrogeant nous-mêmes sur les nôtres,
au travail mais aussi dans notre vie de tous les jours

- Méconnaissance de la règle : parfois difficulté à se l’approprier par la différence culturelle


- Oubli de la règle : non appliqué au sein du noyau familial comme l’insulte
- Transgression utilitaire, par convenance personnelle : nous-mêmes ça nous arrive (paiement
du parking, excès de vitesse…) ; l’enfant est témoin de la maman qui cache le mauvais
comportement au père, qui excuse sa panne de réveil par la maladie…comment l’enfant peut
il grandir sans se dire que la règle peut être transgressée (d’abord quand le père n’est pas là,
puis l’enseignant, le surveillant, la police…)
- Vengeance : la transgression peut être une réponse à une agression qui n’a su ou voulu se
dire autrement ; réponse à l’injustice, à la violence verbale, physique… celle-ci doit être
sévèrement sanctionnée même quand elle répond à la violence elle-même. Evidemment, le
rôle du garant institutionnel est d’éviter que chacun fasse sa loi.
- Manifestation d’une souffrance par une transgression signifie le besoin
o D’être reconnu
o De recevoir une réponse des adultes qui l’entourent
o De vérifier les limites
o De tester l’autorité
o De faire émerger un conflit qui devient insupportable
o De convoquer l’adulte en le provoquant « appel au secours » (difficile
pour l’adulte qui ne doit pas défaillir)

L’enfant qui transgresse recherche parfois les réponses familiales qu’il interprète comme des
gestes d’amour : l’enfant préfère la violence à l’indifférence. Dans certaines familles, la crise de
l’enfant entraîne un retour au calme agréable (situation de couple : dispute conjugale se termine
par un bouquet de fleurs)

Des réponses :

 Montrer aux élèves qu’on peut être reconnu par rapport à des actions sociales : relations
intergénérationnelles /maison de retraite, correspondance avec les enfants hospitalisés,
échange avec les IMP
 Echanges avec l’école maternelle : responsabilité
 Organisation d’un rallye lecture pour les CP avec présentation des ouvrages par les plus
grands
 Exposition pour les parents sur la citoyenneté (sujet identique traité par chaque niveau de
classe (inauguration, visite à 16h30)
 Conseil de classe des enfants, conseil d’école des représentants des enfants
 Organisation de journées à thème une fois par période : journée citoyenne (représentation
par les exposés, les saynètes, la cuisine, les interviews, les expositions, une journée sportive
gérée par les plus grands)
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
 Mettre en mots par le chant, la poésie, les récits de vie, les tags, le dessin, la mise en scène)

Moins un enfant à de mots à son vocabulaire, plus il a de risque d’avoir recours à la violence.
Des linguistes parlent de « langue illettrée »

Conflits de loyauté entre la bande – la famille - l’école


La bande La famille conséquences
Ne pas dénoncer Porteur de la culture, Entêtement Ne pas s’adresser de
Tenter de mentir des valeurs qu’il a Mutisme manière frontale
Peur de se retrouver intégrées Sourire silencieux Ne pas écraser l’enfant
seul à l’école mais Objection de Violence par son niveau de
aussi hors de l’école conscience : Pris entre le parent langage, sa morale, son
Nécessaire pour être engagement militant délinquant et le parent pouvoir statutaire
reconnu et se pose des actes de capable de peser sur L’aider pour acquérir
reconnaître comme désobéissance civile les choix de la société des outils, pour faire
différent de ses parents (occupation de Parent qui s’oppose à valoir son point de
logement vide, l’autorité de vue, être reconnu,
hébergement l’enseignant, qui pour se démarquer
d’immigrés sans conteste sa décision sans perdre ses copains
papier) Ecouter, essayer de
comprendre et de tenir
compte des repères
sociaux du jeune
Possibilité de revenir
sur une sanction :
montrer qu’on peut
faire évoluer la règle :
adhésion constructive
mais critique aux
règles communes

La réparation matérielle, la réparation compensatrice, la réparation symbolique ont comme objectif


de dédommager les victimes ; au-delà de cette reconnaissance, elle permet au jeune contrevenant de
comprendre que le dommage existe, indépendamment de l’intention de nuire : Elle distingue
responsabilité et culpabilité. La culpabilité, le regret ne sont pas des réponses ; c’est la réparation
qui déculpabilise l’auteur du dommage.
Les responsables se déculpabilisent parce qu’ils ont réparé ; il est donc nécessaire de répondre au
dommage en tenant compte de trois responsabilités indissociables
- la réparation vis-à-vis de la victime
- les comptes à rendre vis-à-vis de la loin de la morale, de la règle
- ce qui concerne sa vie personnelle : les motifs de l’acte

V Comment s’appuyer sur ce qui est déjà mis en place et l’ajuster si nécessaire

La dette
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
La sanction peut représenter le prix d’une dette à l’égard de la victime ou du groupe…l’auteur de
l’infraction de s’en acquitter pour retrouver sa place dans le groupe, dans l’espace symbolique des
échanges.
Triple finalité de la sanction
 psychologique (pour réconcilier le sujet avec lui – même)
 éthique (pour responsabiliser le sujet par rapport à ses actes)
 politique (elle rappelle la loi pour préserver l’identité du groupe)

Quand il y a un temps de retrait, une médiation par une tierce personne et une activité positive du
groupe, il est possible qu’il y ait une réelle envie de réconciliation.
La réconciliation passe par l’envie de reconnaissance ; l’envie de reconnaissance et le besoin de
limites sont réels chez l’enfant et encore présentes chez l’adulte ; en prendre conscience est le moyen
de ne pas ajouter de la violence à la violence.
Payer sa dette aide à développer le sens de la compassion et la capacité d’empathie.

Attention aux bons points …et aux mauvais points


La note, le code auquel on retire des points ou un degré par manque de soin alors qu’on évalue des
connaissances en Mathématiques, n’a pas de sens.
On pourrait imaginer
 le permis à gagner des points : dès qu’une règle serait assimilée, l’élève augmenterait son
nombre de points.
 Le permis sous forme de vignettes « erreurs à corriger » : au lieu d’être vécues comme des
objets de sanction, la transgression servirait de support à l’apprentissage de la règle comme
« éléments de progrès » (évaluation formative)

Attention, à ne pas confondre le permis à points et le permis de conduire : le permis de conduire


donne le droit a une autonomie reconnue avec des compétences évaluées. Le permis à points donne
en général le droit de rien, ne permet rien et ne varie pas d’une classe d’âge à une autre : il n’y aurait
donc pas davantage à grandir

L’objectif du pédagogue est il là pour aider l’enfant à intégrer les règles, à apprendre à
grandir, à se conduire ? Ou à avoir la paix en le disciplinant ? Docilité ou autonomie ?

La privation de récréation

Elle est interdite dans les textes. Ecarter un enfant de la cour de récréation pour éviter un danger,
ce n’est pas une punition mais la gestion d’un moment d’émotion. Une fois apaisé, l’enfant reprend
sa place dans le groupe

Surveillance et période probatoire

La surveillance peut viser l’autonomie


- Pendant une semaine, je te surveillerai de prêt en récréation
- Puis la semaine suivante, je te surveillerai que de temps en temps
- Puis la troisième semaine, je te demanderai à chaque début de récréation, ce que tu comptes
faite pendant ces moments
- Puis la quatrième semaine, je te demanderai comment tu comptes organiser tes recréations
- Puis la cinquième semaine, je ferai de temps en temps un point avec toi
- Ensuite, je serai là si tu veux en parler

Ajuster la sanction au costume de l’intéressé

Les règles sont souvent écrites mais pas les sanctions ; l’apprentissage de la loi, ne devrait elle pas
provoquer d’abord une réflexion sur le sens ? En général, le règlement institutionnel et familial
s’associe à l’apprentissage social par l’application d’un code.
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
En termes de sanction, il ne faut pas s’enfermer dans des réglementations rigides et égalitaires.

La punition collective sert d’exemple d’injustice

La punition collective peut casser le groupe ou renforcer l’adhésion du groupe contre celui qui a
commis la transgression : le bouc émissaire.
La punition collective renforce la culpabilité du transgresseur mais génère également la peur. La
punition collective incite à la délation et écœure de la solidarité et de la vie collective
La punition collective génère le sentiment d’injustice, un climat d’incompréhension ; elle est
inefficace et souvent mal gérée par l’adulte. Elle génère des situations de blocage, des conflits
d’autorité voir des épreuves de force
Il faut distinguer punition collective et sanction collective plutôt conséquence collective
Nous sommes dans un système d’interactions, de gré ou de force.
L’action de chacun peut avoir des effets positifs ou négatifs sur le groupe. Une transgression
individuelle peut avoir des conséquences sur le groupe.
Une sanction collective peut aussi être les limites que met un adulte à une intervention : « il y a trop
de bruit, vous êtes trop agités, je vous donne un travail personnel écrit » ; l’enseignant ne perd pas sa
crédibilité puisqu’ il n’avoue pas une impuissance plutôt il marque un temps de pause pour
justement ne pas se mettre en colère et réfléchir à la suite.
La sanction collective est éducative dans le sens où elle va vers un partage de pouvoirs, de
responsabilités avec des citoyens amenés à avoir une place dans le fonctionnement du groupe. En cas
d’un fonctionnement négatif du groupe, l’éducateur peut être amené à accompagner le groupe dans
une recherche de solutions par conséquent vers l’apprentissage de la citoyenneté ; le fonctionnement
du groupe doit toujours viser la réinsertion de celui qui a fait des erreurs.

VI le silence

Oser sortir du silence


Il est important de pouvoir être reconnu dans sa souffrance ; quand quelqu’un se sent victime d’une
situation, il est important pour elle de trouver un espace pour exprimer sa plainte : comprendre ce qui
se passe autour de lui mais également savoir ce que ça provoque ou convoque en lui. Il est nécessaire
d’avoir conscience que sa propre histoire, ses propres valeurs, attachements influencent la façon de
vivre les situations d’aujourd’hui.
Ecouter c’est prendre le risque d’entendre, de savoir à quel moment passer le relais où d’agir pour
assister une personne en danger.
Il faut amener la personne à sortir de la plainte ; c’est très difficile de pourvoir se demander « qu’est
ce qui dépend de moi et que je peux changer » ; entendre que c’est la personnalité de la personne
qui la fait victime est très dur à entendre
Certaines victimes ne sortent pas de la plainte car c’est le seul moyen qu’elles ont pour attirer
l’attention des autres. Il faut alors l’amener à faire des choix
« Que comptes tu faire maintenant ?vas tu rester dans cette posture en attendant que le destin agisse
pour toi ?vas tu choisir de changer quelque chose de toi ?de faire un choix ? En t’accommodant de
la situation parce qu’il y a des avantages que tu ne veux pas perdre ou que tu as trop peur ?ou bien
tu choisis de te défendre, de porter plainte ou d’écrire une lettre de protestation ?tu peux choisir de
te retirer, de démissionner, de partir ? A moins que tu pense possible de faire un compromis, de
proposer une médiation ?il est important que ce soit ton choix ! »

Le bouc émissaire
S’interroger sur la place de la loi dans le groupe (rappeler le garant)
S’interroger sur la place de la parole (où quand comment ?)
S’interroger sur « comment redonner confiance au bouc émissaire ? »
Pour combattre la violence, il est important de mettre en place des situations diversifiées, ou chacun
trouvera une place, une activité, un mode d’expression, où chacun sera valorisé sans faire de l’ombre
aux autres
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
Le tiers dans le conflit
 Celui qui intervient dans l’urgence
 Le médiateur : difficile pour la directrice ; possible pour des élèves
 L’instance prévue pour la sanction ; il n’appartient pas aux élèves de sanctionner leurs pairs,
mais de trouver des solutions de régulation, d’ajustement en écoutant les besoins des autres,
c’est tout à fait envisageable. C’est l’adulte qui doit faire autorité

L’écoute de qualité s’appuie sur un regard qui respecte la personne qui s’exprime, une attitude
corporelle qui indique l’attention, un emplacement qui favorise la parole, sans juger, sans banaliser,
pour mettre avec respect des mots sur l’émotion, , sans disqualifier le ressenti, permettant ainsi à la
personne écoutée de prendre de la distance avec son émotion. L’écoutant laisse à la personne la
responsabilité de sa vie
Carl Rogers : la congruence signifie qu’il vaut mieux une écoute spontanée et authentique même
maladroite qu’une écoute technique mais pas sincère

VII Quelle autorité ?

L’écoute ne se heurte pas à la fermeté


Son autorité ne doit pas de fonder uniquement sur son pouvoir de coercition (punitions et
récompenses) ou de subordination (consignes descendantes comme mode de relation) ; elle existe
que par la crainte qu’elle suscite. Elle tient autant que l’interlocuteur s’y soumet ; si celui-ci
commence à s’opposer à l’autorité en place, celle – ci vacille ou est poussée à augmenter sa force de
répression.
Anatole France disait de l’autorité « on l’écoute avant même qu’il n’ait parlé »

L’autorité se situe dans un rapport de force. Faire acte d’autorité, c’est parfois imposer des
contraintes ; ce qui ne veut pas dire avec intention de violence mais dans le respect des règles et de la
loi ainsi que le contrôle des émotions.
L’autorité trouve sa légitimité parce qu’elle est instituée. Mais elle trouve son efficacité dans la
compétence et l’exemplarité. Elle est respectée autant qu’elle est respectable et respectueuse.
L’autorité des professeurs et des parents doit être une alchimie de fermeté et de bienveillance

L’émotion et l’histoire personnelle de l’enseignant peuvent parfois venir contrarier son propre projet
éducatif. Pour évoluer, il faut d’abord reconnaître l’émotion qu’il ressent face à la transgression
d’un enfant, puis face à la sanction qu’il doit poser. Il arrive que des adultes punissent par colère ou
par désir de vengeance; quand ils hésitent à sanctionner, c’est souvent par peur, défaitisme ou
attendrissement ; mais éduque-t-on ainsi ? Les sentiments et les souvenirs d’enfance interfèrent dans
l’attitude des éducateurs en général ; cela peu parfois les guider mais aussi les perturber.

Exercice personnel

Cet exercice a pour objectif de permettre aux adultes qui ont à sanctionner de reconnaître et
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
d’exprimer les émotions qu’ils ressentent dans leur fonction d’éducateur.et d’évoquer les épisodes de
leur histoire personnelle auxquels elles font écho.

1. Quelles sont les émotions que j’ai l’impression de vivre le plus souvent, dans mon métier ?
2. Quelle est l’émotion qui peut le plus me perturber ?
3. Quelles sont en moi les émotions physiques de cette émotion perturbatrice ?
4. Dans ce cas, qu’est ce que je fais, habituellement ?
5. Qu’est ce que j’aimerais savoir faire ?
6. Est-ce que mon entourage devine facilement mes émotions ?
7. Est-ce que j’exprime facilement à l’enfant mes émotions ?
8. Qu’est ce que je ressens au moment de sanctionner un enfant ?
9. Qu’est ce qui m’amène à crier et à m’emporter ?
10. Existe-t-il une punition que je regrette d’avoir donnée ?
11. Dans quel cas, j’hésite à sanctionner ?
12. Quelle est ma réaction face à un enfant très en colère ?
13. Quelle est ma réaction face à un enfant qui a peur de moi ?
14. Quelle est ma réaction face à un enfant au visage fermé, imperméable ?
15. Quelle est ma réaction face à un enfant qui pleure ?
16. Le jour où je pense avoir bien géré une situation, comment ai-je fait ?

L’autorité tranquille
Rapport se fonde sur la confiance, sur la recherche partagée de solutions, recherche de compromis
sur la base d’un intérêt commun ; elle agit sur l’environnement immédiat.
Cette autorité se construit et s’entretient. « Le progrès vient toujours d’un handicap
surmonté »Albert Jacquart.
Peser dans une relation, c’est avant tout prendre ses responsabilités en se posant les bonnes
questions :
 Quelle est ma responsabilité ?
 Quelle est ma fonction ?
 Quelle est ma compétence ?
 Quel est mon intérêt ?
 Quelles sont mes convictions ?
 Qu’est-ce que tout cela m’autorise ?

S’affirmer devant l’autre


Ne pas refouler ses peurs mais y faire face, en être conscient, les assumer, les apprivoiser, les
surmonter. La peur n’est pas honteuse ; elle nous signale un danger potentiel. Il faut apprivoiser nos
émotions. Elles filtrent notre perception du monde et influencent nos raisonnements. Elles ont une
faculté à prendre le pilotage et à envahir si elles ne sont pas mises en distance. Elles sont alors
perturbatrices et empêchent de prendre des décisions judicieuses.
Attention à :
- l’apitoiement (famille difficile, pauvreté…) : elle intervient quand la sanction est associée à
la punition ; la mise à distance de cette pitié est nécessaire en ayant une image positive de la
sanction
- le stress et la fatigue
On doit tout contrôler
On est sans cesse sur le qui vive
On ne peut être spontané
En fin de journée, on n’en peut plus
Il s’agit de d’interroger sur sa propre hygiène de vie et sur la gestion personnelle de sa vie.
- la peur du conflit ou de la réaction d’autrui
Il est nécessaire de prendre conscience qu’il est possible de vivre sans être d’accord ensemble et sans
pour autant que le silence et la soumission de l’un soit la condition de la coexistence. Nous a avons
toujours besoin d’apprendre à écouter et à parler.

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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
Les peurs qui empêchent d’avancer
- Peur des plaintes des parents
- Peur des menaces reçues
- Peur du regard des autres
- Peur de l’accident
- La surprise
- Le manque d’assurance : le manque de fermeté conduit à la violence ; l’enfant a besoin de se
confronter à un non qui ne vient pas, et quand il est enfin exprimé, c’est sous forme de
sanction excessive
- La colère : l’utiliser intelligemment, c’est trouver en elle l’énergie pour réagir ; et savoir la
transformer en mots et en actes cohérents avec les valeurs que nous défendons.
- Le sentiment d’impuissance : il fait passer de l’autorité à l’autoritarisme ; une fois que la
plainte s’est exprimée, il ne faut pas sans arrêt la faire résonner car au lieu de la raisonner, on
l’amplifie et on aggrave de fait la perception du problème ; il convient de sortir de
l’impuissance pour agir efficacement sur son environnement immédiat en donnant des
objectifs réalistes, en posant des exigences vivables pour les autres et pour soi-même et en
évitant de se mettre dans des impasses et dans une logique d’échec. Parfois sortir de
l’impuissance, c’est se demander : « qu’est ce qui dépend de moi, de nous, et que nous
pouvons changer ? »
- La tristesse : la tristesse est le signe d’une perte. La tristesse nous invite à un travail de deuil
(perte de confiance, perte d’une illusion…)
- Oser dire : de nombreuses personnes voudraient être entendues, comprises sans parler. Il faut
dire les choses, ses exigences sans imaginer que l’interlocuteur va les deviner

Ecouter et comprendre l’élève, ce n’est jamais trop l’écouter ; s’il est écouté et compris, il aura
tendance à davantage respecter les règles et les autres. L’élève sera d’autant plus disposé que les
tâches proposées seront attractives et seront ajustées à ses besoins et ses possibilités. ; Il est
important que la pédagogie soit participative et interactive, c'est-à-dire mettant les élèves en
communication entre eux.
La qualité de la relation pédagogique optimise le bien être de chacun : respecter le corps et ses
rythmes, prendre en compte les émotions, réduire les contraintes à l’indispensable, travailler à la
qualité de la communication, c’est créer une ambiance de travail favorable pour atteindre les
objectifs d’apprentissage.

VII Agir ensemble contre la violence

Travailler en équipe et se concerter. Faire ensemble c’est aussi s’exposer au regard des pairs ;
c’est à leur contact reconnaître ses erreurs et accepter de changer son comportement, ses habitudes.
C’est accepter de perdre son indépendance pédagogique.

Il est important de permettre aux élèves de s’impliquer dans la résolution de leurs conflits, leur offrir
des espaces de parole et de négociation où ils pourront également s’exprimer sur les règles et leur
permettre d’évoluer.

Il est nécessaire de travailler avec les partenaires éducatifs entre autre les parents ; cependant la
relation est parfois difficile et n’aboutit pas au but recherché ; lorsqu’on parle de l’élève à ses
parents, le parent entend parler de « son enfant » ; la relation glisse alors d’un rapport statutaire à un
rapport affectif.

En qualité d’enseignant, des questions s’imposent :


- Si je mets un mot, à qui je m’adresse ? Est-ce que je connais la situation familiale ?
- Qu’est ce que j’attends du ou des parents ?
- Est-ce que je peux anticiper les conséquences familiales de ce mot voire de l’avertissement ?
- Est-ce que l’élève a conscience de ces conséquences ?
- A qui cet avertissement va-t-il servir ?
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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
- Quel est l’objectif visé ?

L’enseignant qui tient régulièrement au courant les parents des faits voire des méfaits, affirme
chercher à responsabiliser la famille et aussi « mettre la pression » sur l’enfant : il s’agit là
d’instaurer la peur du gendarme ; mais quelle est la part de responsabilité de l’enseignant ?

Si la transgression à l’école est un message de l’enfant :


- Quelles conditions doivent être requises pour une transmission aux parents ?
- De quel ordre est la question : pédagogique ? comportementale ? affective ?pourquoi
émerge-t-elle à l’école
- Qu’attend l’élève ?
- Pourquoi la sanction scolaire ne suffit pas à clore l’histoire ?

Si l’objectif est le soutien de la parentalité :


- Est-il efficace de renvoyer à travers le cahier de liaison une image négative de l’élève ?
- Confirmer l’échec parental, ne risque-t-on pas de retourner contre l’enfant : reproches,
abandon, culpabilisation…
- Le cahier de liaison sert-il à renvoyer les progrès de l’élève, écrits devant lui ?

Beaucoup de parents renvoient par leur résistance à l’école, leur propre culpabilité et sentiment
d’impuissance

Quelle est la motivation des enseignants qui vont au – devant des parents ?
- Réparer l’enfant ?
- Faire la morale aux parents ?
- Exprimer implicitement son désarroi ou sa colère face à un élève qui nous dé – narcissise ?
- Imposer un modèle éducatif ?
- Résister à la prise en compte de la réalité en culpabilisant élèves et parents ?

Conditions d’un partenariat parents enseignants ?

Le partenariat suppose pour s’exercer une certaine égalité ? Où est la parole de l’enfant ? Du parent ?
Où est-elle écoutée ?
L’expérience montre que si les parents sentent leur enfant heureux de venir à l’école, ils viendront
plus volontiers rencontrer l’enseignant.
Les difficultés des enfants réveillent très souvent les souffrances anciennes des parents à l’école.
Certains parents ne viennent jamais parce qu’ils s’y sentent exclus voire humiliés par le discours
utilisé a contrario d’autres culturellement vouent une confiance aveugle à l’école.
Il n’est pas toujours utile de tout communiquer aux parents pour éviter l’intégration d’un système de
domination – soumission. L’école a aussi pour fonction une loi séparatrice : une mission
d’accompagnement de l’enfant, d’éducation du citoyen, de favoriser la sortie de l’enfant de sa
famille (condition pour que l’enfant puisse grandir, se développer et apprendre à être responsable de
sa vie et de lui-même)

- Des occasions pour faire connaissance : dans et hors l’école, avec ou sans partenaire
- Donner aux parents plus démunis des occasions de parole et des repères

CRITERES D’EFFICACITE D’UNE SANCTION

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La victime ou les victimes
 La transgression a-t-elle été nommée ?
 La victime est-elle reconnue ?
 Réparation du dommage ? Reconnaissance symbolique ?
 La victime a-t-elle renoncé à toute idée de vengeance ?
 Le lien détérioré par l’acte rétabli ? amélioré ?

La règle
 Réaffirmation de la règle transgressée. Compréhension de son sens ?
 A-t-on abouti à une amélioration de la règle ?
 Un nouveau contrat a-t-il été passé ?
 Le garant est-il réhabilité dans son autorité ?

Le sanctionné
 A-t-il pris conscience de l’acte ? du dommage ? de la règle ?
 A-t-il un sentiment de « justesse » de la sanction ?
 A-t-il intégré la règle ? y a-t-il non récidive, amendement définitif, amélioration ?
 Est-il entendu dans son intention ? Est-il reconnu comme une personne distincte de son acte ?
 Après exécution de la sanction, est-il déculpabilisé ?apaisé ?
 Le lien détérioré par l’acte est-il rétabli ?amélioré ?

Le groupe
 A-t-il pris conscience de l’acte ? du dommage ? de la règle ?
 A-t-il un sentiment de « justesse » de la sanction ?
 Est-il responsabilisé ? devenu davantage garant devant la loi ?
 A-t-il adapté son fonctionnement, cherché des solutions ?
 L’ex-contrevenant est-
 il réintégré dans le groupe ?
 Le groupe a-t-il pris le goût de la solidarité ? la situation a-t-elle été dédramatisée
(humour…) ?

BIBLIOGRAPHIE

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Animation « gestion des conflits » à partir de l’ouvrage d’Elisabeth Maheu – sanctionner sans punir. Dire les règles
pour vivre ensemble »
 Sanctionner sans punir Dire les règles de vie pour vivre ensemble - Elisabeth MAHEU
Chronique sociale

 Harcèlements à l’école - Nicole CATHELINE – Albin Michel

 Carl Rogers et l’éducation éducative - Jean Daniel ROHART – Chronique sociale

 Faire l’Ecole, faire la classe - Philippe MEIRIEU – ESF Editeur

 La famille change-t-elle ? Daniel COUM – érès

 Chouette ! ils philosophent – encourager et cultiver la parole de l’écolier


Emmanuel AURIAC- SLUSARCZYM/ Martine MAUFRAIS - scérèn CRDP Auvergne

 Jouons ensemble – jeux coopératifs – 40 jeux de groupe pour les 6- 12 anq


Ouvrages à commander www.nonviolence-actualite.org
NON-VIOLENCE ACTUALITE
PB 241
45202 MONTARGISCEDEX

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