Resolutions Et Recommandations 24 Janvier 2022

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RÉSOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS

de
l'académie internationale du fiqh islamique
Copyright © Académie internationale du Fiqh islamique
Traduction de la 4ème édition de l'arabe vers le français
Deuxième édition en français
1443 / 2022

Tous droits réservés.

Route de Médine, Al-Faysaliyah


B. P. : 13719 Djeddah 21414
Royaume d'Arabie saouditea
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Tél: (+96612) 2575662 – 6900346 – 6900347 – 6980518
Fax: (+96612) 2575661
RÉSOLUTIONS ET RECOMMANDATIONS
de
L'ACADÉMIE INTERNATIONALE DU FIQH ISL AMIQUE
organisation de la coopération islamique

Sessions 2–24
Résolutions 1–238
1406–1441 / 1985–2019

ُ‫َ أ‬ َ َ َ َ
‫ُول َ ِ�إو ل ٰٓى � ۟ ِولى‬ � َّ ‫َ �إ ذَ � ٓ َ ُ ْ أ ْ ٌ � ٱ ْ أ ْ أ ٱ ْ ذَ ْ ف أ ذَ ُ ۟ َ َ ْ َ ُّ ُ َ ٱ‬
ِ ‫﴿و د� �ب اءهم �مر ِم ذَ� �ل�م ذِ� � ِو�ل�َو ِ� �داعُو� ِب�هِ ۦ ولُوردوه ِإ�لى �لرس‬ ِ
� ّ ‫ٱ‬ ُ ْ َّ ‫ٱ‬ َ ُ ُ ْ ُ َ َ ‫ٱ‬ ُ ْ َ ‫ف‬ َ َ ْ ُ َ � � َ َ ‫ذ‬ َّ ‫ٱ‬ ُ َ َ ْ َ‫ٱ ْ أ‬
�َ‫�ل� ْم ِر ِم�هَم لَع َِلمه �ل ِ��ي ذَ� �يس� ذ� ِبُ� ُْطو�هۥ ِم�ه َْم ولُولا �َ�ل �ل َِّله عل ي�ُكُم ورحم تَ�َهۥ ل�� ب�َعَ� ُم � شل� يَ�ْط َٰـ ذ‬
ْ ‫ت‬ َ ‫ت‬ َ َ َ ْ ْ ‫ذ‬ ْ َ ُ ‫ذ‬ ‫ذ‬ ‫ت‬ ْ َ ْ ُ ‫ذ‬
ً َ َّ
﴾‫ِإ�لا ت� ِل ي�ُلا‬
83 :‫�ل�ساء‬ ‫ُور� ذ‬ ‫س ت‬

Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Quand leur parvient une nouvelle rassurante ou alarmante, ils la dif-


fusent. S'ils la rapportaient au Messager et aux détenteurs du com-
mandement parmi eux, ceux d'entre eux qui cherchent à être éclairés,
auraient appris (la vérité de la bouche du Prophète et des détenteurs
du commandement). Et n'eussent été la grâce d'Allah sur vous et Sa
miséricorde, vous auriez suivi le Diable, à part quelques-uns.

Sourate An-Nissa, C4:83


Avant-propos
Préface de
Son Excellence
M. Hissein Brahim Taha
Secrétaire général de l’Organisation de la Coopération islamique

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louange à Allah, Seigneur des mondes, que les éloges et la paix soient sur notre
maître Mohamed, le dernier des prophètes, sur sa famille ainsi que sur tous ses
compagnons.
L’Académie internationale du Fiqh islamique (AIFI) est l’un des plus impor-
tants organes subsidiaires de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI).
Elle est la principale référence jurisprudentielle pour les États membres de l’OCI
et les communautés musulmanes en dehors du monde musulman, et est en outre
l’aile religieuse de l’Organisation.
Au cours de quatre décennies, l’Académie a participé, par ses résolutions ju-
risprudentielles approuvées par les écoles reconnues de droit musulman, à ex-
poser les jugements de la Charia sur des questions et problèmes contemporains.
Elle a pu se mettre au diapason des développements et des mutations de la vie
moderne, grâce à un Ijtihad collectif qui se distingue par la participation – après
l’aide d’Allah – d’experts dans divers domaines de la connaissance humaine. Cet
Ijtihad est guidé par les principes tolérants de l’Islam et basé sur les enseigne-
ments impérissables de la Charia capables d’apporter le bien-être et le bonheur
à l’humanité à tout moment et en tout lieu. Il convient également de noter que
l’Académie a adopté, depuis sa création, la posture du juste-milieu et les valeurs
de modération, de tolérance et de renonciation au fanatisme et à l’extrémisme.
Ainsi, les précieuses résolutions et recommandations contenues dans cet ou-
vrage authentique représentent l’aboutissement des travaux des plus éminents
savants et experts de la Oumma, depuis la deuxième et jusqu’à la vingt-quatrième
session de l’Académie internationale du Fiqh islamique (1406-1441/1985-2019).
Elles représentent également le fruit de coopération et de collaboration entre
les juristes et experts musulmans en sciences humaines.
J’ai l’honneur et le privilège, au moment de présenter ce livre, d’exprimer en
mon nom et au nom des membres et des experts de l’Académie, ma profonde
gratitude et ma reconnaissance au Gardien des deux Saintes Mosquées, le Roi
Salman bin Abdulaziz Al Saoud, et à son digne Prince héritier SAR Mohammed
bin Salman bin Abdulaziz Al Saoud – qu’Allah les soutienne – pour l’attention
et le soutien généreux que le Royaume apporte à l’Académie depuis sa créa-

iii
tion. Qu’Allah les récompense et accorde la paix, la prospérité et le bien-être au
Royaume d’Arabie saoudite, ainsi qu’à tous les pays et communautés musulmans.
Je voudrais également exprimer ma gratitude et ma reconnaissance à mon
cher frère S.E. Cheikh Dr Saleh bin Abdullah bin Humaid, Président de l’Aca-
démie, Conseiller à la Cour Royale saoudienne, membre du Conseil des Grands
Savants, et Imam-Khatib de la Grande Mosquée de Makkah, pour ses efforts
bénis et son patronage scientifique incessant pour l’Académie.
J’adresse également toute ma reconnaissance et mes remerciements aux ho-
norables membres et experts de l’Académie pour leur soutien continu à celle-ci.
Et enfin, je félicite le Secrétaire général de l’Académie, mon honorable frère,
S.E. Prof. Koutoub Moustapha Sano, pour cette œuvre remarquable en un temps
record depuis sa prise en charge du Secrétariat général de l’Académie. Qu’Allah
le soutienne et lui accorde le succès dans ses fonctions.

M. Hissein Brahim Taha


Secrétaire général de l’Organisation de la Coopération islamique

iv
Préface de
Son Excellence
Cheikh Dr Saleh bin Abdullah bin Humaid
Président de l’Académie internationale du Fiqh islamique
Conseiller auprès de la Cour royale saoudienne
Membre du Conseil des Grands Savants
Imām-Khaṭīb d’al-Masjid al-Ḥarām

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louange à Allah, qui a honoré les gens de savoir et a élevé les gens de foi et
a fait d’eux des lumières pour guider Ses serviteurs à travers les préceptes du
Coran et les enseignements de Son Messager, le meilleur homme qui ait jamais
vécu. Que les éloges et la paix soient sur lui, sa famille et tous ses compagnons.
Tout serviteur doit savoir que son vrai bonheur réside dans sa connaissance
de sa religion ainsi que dans son application de ce savoir. Cette connaissance
et son application avec sincérité envers le Seigneur des mondes est d’ailleurs le
signe d’avoir atteint le bien et le succès.
Le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit : “ Lorsqu’Allah veut du bien à Son serviteur, Il lui ac-
corde la compréhension de la religion.” Ainsi, la compréhension de la religion
(le Fiqh) nous permet de discerner ses jugements et ses objectifs, de distinguer
le halal du haram et de connaitre nos devoirs et nos droits. C’est pourquoi Allah
le Tout-Puissant a dit à propos du Prophète Salomon et du savoir qu’il lui a
conféré : “ Nous la fîmes comprendre à Salomon. Et à chacun Nous donnâmes
la faculté de juger et le savoir. ” Al-Anbiya : 79
Étant donné les évolutions qui s’enchaînent, les changements rapides, les bou-
leversements permanents, l’enchevêtrement des disciplines et le besoin urgent
et permanent de clarifier les dispositions juridiques concernant les questions
nouvelles et inédites, et compte tenu de l’importance de se référer à un Ijtihad
collectif, dans lequel les Fouqaha (juristes) et les spécialistes sont complémen-
taires et les savants discutent avec les spécialistes, l’Académie internationale du
Fiqh islamique s’est efforcée depuis sa création de concrétiser cette coopération
et cette complémentarité entre les juristes des écoles du droit musulman d’une
part et les autres savants, scientifiques et experts d’autre part.
Par la Grâce d’Allah, cet effort scientifique béni a abouti à la publication de
deux cent trente-huit (238) résolutions sur différents problèmes et questions
nouvelles et inédites de notre époque. Ces résolutions et recommandations se
distinguent par leur justesse, leur précision et leur exactitude, car l’Académie
s’est toujours appuyée sur la méthodologie rigoureuse des juristes dans leur

v
réflexion et leur Ijtihad. Il est connu que la première étape de cette réflexion
est de concevoir, conceptualiser et qualifier précisément la situation. Dans un
second temps elle se caractérise par la mise en œuvre des références religieuses
et des maximes juridiques pour s’en servir de base et déduire le jugement des
questions conformément à une méthode scientifique exacte.
Les résolutions et recommandations de l’Académie sont approuvées et accep-
tées par les érudits du monde entier, ce qui en fait une référence jurispruden-
tielle importante pour les musulmans dans et en dehors du monde musulman.
En outre, un grand nombre de savants musulmans, de juristes et de chercheurs
dans les universités et les facultés du monde entier, soulignent l’importance de
se préoccuper de ces résolutions, recommandations et déclarations et encou-
ragent leurs étudiants à les étudier pour pouvoir ainsi lier le Fiqh théorique au
Fiqh pratique et s’initier aux méthodes pour déduire les jugements à travers les
résultats de cet Ijtihad collectif.
Pour parachever cet apprentissage, il convient aussi d’attacher la plus grande
importance aux textes juridiques et aux principes et règles du Fiqh contenus
dans ces résolutions et recommandations, en plus des discussions qui se sont
déroulées et qui sont publiées dans les séries scientifiques de l’Académie.
L’Académie se réjouit de la présentation de cette nouvelle édition du recueil
des résolutions, recommandations et déclarations du Conseil de l’Académie, de la
deuxième session à la vingt-quatrième et dernière session (1406-1441/1985-2019),
une décennie après la dernière publication de cet ouvrage en arabe (1431/2011).
Je profite de cette occasion bénie pour saluer le soutien et l’appui que l’Acadé-
mie a toujours reçu des dirigeants du monde musulman, tant sur le plan finan-
cier que moral, pour mener à bien sa mission, atteindre ses objectifs et mettre en
œuvre ses programmes au service de l’Islam et des musulmans du monde entier.
Je salue également le généreux patronage dont l’Académie continue de béné-
ficier de l’État hôte, le Royaume d’Arabie saoudite, sous la direction bénie du
Gardien des Deux Saintes Mosquées, Le Roi Salman bin Abdulaziz Al Saoud,
et de son digne prince héritier, SAR Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Al
Saoud – qu’Allah les soutienne.
Je tiens également à exprimer mes sincères remerciements au Secrétaire géné-
ral de l’Organisation de la Coopération islamique, mon cher frère M. Hissein
Brahim Taha, pour son soutien continu à l’Académie et à ses activités et
programmes.
Je voudrais également exprimer mes remerciements, ma reconnaissance et
mes prières à ceux qui nous ont précédés, notamment les juristes et les sa-
vants tels que Cheikh Dr Bakr Abou Zayd, ancien Président de l’Académie, et
les anciens Secrétaires généraux de l’Académie, Dr Mohamed Habib Belkhoja,
Prof. Abdulsalam Al-Abbadi et Cheikh Dr Ahmed Khaled Babeker. Qu’Allah ait

vi
pitié de leurs âmes, qu’Il compte parmi les bonnes œuvres le savoir, les actions et
leur gestion par lesquels ils ont soutenu l’Académie et qu’Il ne nous prive pas de
leur récompense et ne nous soumette pas aux épreuves après leur départ. Nous
L’implorons de rendre leurs descendances pieuses et de les combler de savoir.
Enfin, je ne puis qu’exprimer mes sincères remerciements et ma reconnais-
sance au Secrétaire général de l’Académie, Prof. Koutoub Moustapha Sano, et
à ses collègues pour cette réalisation exceptionnelle, dans un court délai après
avoir pris ses fonctions à l’Académie.
J’implore Allah le Tout-Puissant de rendre cette édition utile, de nous gui-
der sur le droit chemin et de nous accorder aide, succès et prospérité dans les
deux mondes.
Et que les éloges et la paix soient sur notre maître Mohamed, sa famille, et
tous ses compagnons.

Dr Saleh bin Abdullah bin Humaid


Président de l’Académie internationale du Fiqh islamique

vii
Préface de
Son Excellence
Prof. Koutoub Moustapha Sano
Secrétaire général de l’Académie internationale du Fiqh islamique

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louange à Allah, qui nous a guidés et sans Lui, nous n’aurions pas pu être
guidés. Louange à Allah, par la grâce Duquel les bonnes actions sont accomplies,
et que les éloges et la paix soient sur le guide suprême, la miséricorde offerte,
l’exemple ultime, le Prophète Mohamed, sur sa famille si pure, ses compagnons
si nobles, et ceux qui suivent leurs traces jusqu’au Jour du Jugement.
L’Islam est assurément le sceau des révélations divines. Il se caractérise par
la souplesse de ses lois, l’étendue de ses jugements et la validité de ses ensei-
gnements pour tous les temps et tous les lieux. En outre, ses fondements géné-
raux, ses objectifs nobles et ses maximes principales sont capables d’orienter les
changements de contextes, de corriger les questions inédites de la vie et d’enca-
drer les bouleversements de l’époque conformément à une méthodologie solide
construite sur des principes fondamentaux, attachée aux objectifs, protégée par
des règles et soucieuse des conséquences. De même, sa qualité de parachève-
ment se distingue par la nature de ses dispositions visant l’intérêt général dans
ce bas monde et dans l’au-delà, l’établissement de la justice, la propagation de
la miséricorde, la protection des droits, l’encadrement des libertés, la vie dans
l’univers et le bonheur pour tous.
Ainsi et compte tenu de l’évolution rapide que connaissent tous les domaines
de la vie contemporaine, de l’enchevêtrement des relations, de l’accumulation
des événements et du caractère indispensable de la collaboration et de la coo-
pération aussi bien entre les savants des différentes écoles de droit musulman,
qu’entre les savants et les experts d’autres domaines, pour clarifier les disposi-
tions de la Charia concernant les questions qui préoccupent les musulmans du
monde entier, l’Académie a tenu jusqu’à présent vingt-quatre sessions scienti-
fiques au cours desquelles elle a publié deux cent trente-huit (238) résolutions
dans les domaines de la finance, des affaires, de la femme, de la famille et des
enfants, ainsi que sur des questions idéologiques, éducatives, culturelles, socio-
logiques et politiques.
Afin de permettre à la Oumma musulmane – états, institutions et indivi-
dus – de bénéficier de ces résolutions et recommandations exceptionnelles, le
Secrétariat général de l’Académie a le plaisir de présenter aux savants, juristes,
penseurs et intellectuels du monde cette édition mise à jour, qui contient toutes

viii
les résolutions et recommandations de l’Académie depuis la deuxième session
jusqu’à la vingt-quatrième session (1406-1441/1985-2019). À cet égard, il convient
de noter que la dernière publication arabe de ces résolutions et recommanda-
tions date de 1432 (2011), et ne contenait que cent quatre-vingt-cinq résolutions
et recommandations (185). Cette nouvelle édition contient quant à elle – grâce
à Allah le Tout-Puissant – l’ensemble des deux cent trente-huit (238) résolutions
et recommandations.
La version française est le résultat de collaborations anciennes et récentes
entre divers experts et entités, à savoir le membre de l’Académie, le Dr Ayachi
Fadad de l’Institut de Recherche et de Formation islamique (Banque isla-
mique de Développement), de M. Nasreddine ben Dhaou l’Organisation de la
Coopération islamique; et du Secrétariat général de l’Académie, M. Mohamed
Mondher Chouk, Directeur du Cabinet et des Protocoles, M. Adama Thiam,
ancien Chef du Département de Traduction, M. Jawzi Belkacem Lardjane, actuel
Chef du Département de Traduction, Dr Salim Boujemaa Mchich de l’Univer-
sité islamique de Médine, et l’Ing. Ilyas Hamid de Malaisie.
Le lecteur peut remarquer un style de traduction légèrement différent dans
les différentes parties du livre, car ces résolutions ont été traduites par plusieurs
traducteurs et à des moments différents. Il va de soi que toute œuvre humaine,
en particulier la traduction, ne peut être exempte d’erreurs involontaires ; par
conséquent, si le lecteur devait constater des erreurs dans lesdites traductions, il
est prié de les communiquer à l’Académie, et de se fier – dans ce cas – à la ver-
sion arabe comme référence principale. Qu’Allah récompense, en notre nom et
au nom de l’Académie, tous ceux qui ont œuvré pour la publication de ce livre.
J’ai le plaisir d’annoncer aux lecteurs, étudiants, universitaires et chercheurs
que la traduction de ces résolutions et recommandations en d’autres langues
vivantes est en cours afin d’en faire bénéficier le plus grand nombre de lecteurs
dans les langues d’Afrique, d’Asie et d’Europe. Ces traductions seront bientôt
achevées et imprimées pour être utiles à tous, et la traduction anglaise a déjà été
achevée et publiée quelques semaines avant la présente version française.
Enfin, au nom des membres et des experts de l’Académie, et en mon propre
nom, je voudrais exprimer mes sincères remerciements et ma profonde gratitude
au Gardien des Deux Saintes Mosquées, le Roi Salman bin Abdulaziz Al Saoud,
et à son digne Prince héritier, SAR Mohammed bin Salman bin Abdulaziz Al
Saoud, qu’Allah les soutienne, pour le généreux patronage et le soutien sans faille
accordés à l’Académie par l’État hôte, Royaume d’Arabie saoudite. Qu’Allah les
récompense de la meilleure des récompenses, et qu’Il préserve la paix, la sécurité
et la prospérité de l’État hôte et des États membres de l’Académie.
Je voudrais également exprimer ma sincère gratitude et ma reconnaissance à
mon cher frère S.E. M. Hissein Brahim Taha, Secrétaire général de l’Organisa-

ix
tion de la Coopération islamique, pour l’attention particulière qu’il accorde à
l’Académie, et pour son soutien continu à ses activités et programmes.
Mes sincères remerciements et ma reconnaissance vont également à S.E.
Cheikh Dr Saleh bin Abdullah bin Humaid, président de l’Académie, conseil-
ler à la Cour royale saoudienne, membre du Conseil des Grands Savants du
Royaume d’Arabie saoudite, Imam-Khatib de la Grande Mosquée de Makkah,
pour sa direction avisée, ses conseils et son soutien à l’Académie. Qu’Allah le
récompense et le préserve comme un bénéfice pour l’Islam et les musulmans.
Enfin, nous lèverons tous en cette occasion, en notre nom et au nom de
l’Académie et de la Oumma, nos mains pour implorer le Noble Seigneur en fa-
veur des éminents savants et juristes en demandant à Allah de les récompenser
de la plus grande récompense pour avoir servi l’Académie de la manière la plus
magnifique, en particulier S.E. Cheikh Dr Bakr Abou Zayd, ancien Président
de l’Académie, et les anciens Secrétaires généraux de l’Académie, Cheikh Dr
Mohamed Habib Belkhoja, Prof. Abdulsalam Al-Abbadi, Prof. Ahmed Khaled
Babeker, et les membres défunts de l’Académie, tels que Cheikh Mohamed
Mukhtar al-Salami, Dr Abdul Sattar Abu Ghuddah, Cheikh Anas Abdul Nur
Kaleesa, Cheikh Dr Wahbah al-Zuhayli, et Cheikh Mohamed Al-Taskhiri, ainsi
que ses experts tels que Prof. Jaafar Abdul Salam, ancien Secrétaire général de
la Ligue des Universités islamiques, Prof. Mohamed Abdul Halim Omar, et
d’autres. Qu’Allah les accepte dans Son paradis parmi les prophètes, les véri-
diques, les martyrs, les justes, et ce sont les meilleurs compagnons.
Je tiens également à exprimer mes remerciements particuliers à l’ensemble du
personnel de l’Académie pour leur dévouement et leur engagement au service
de la Oumma en général et de l’Académie en particulier.
Et que les éloges et la paix soient sur notre maître Mohamed, sa famille et
ses compagnons.

Prof. Koutoub Moustapha Sano


Secrétaire général de l’Académie internationale du Fiqh islamique

x
L’Académie internationale du Fiqh islamique

L’Académie internationale du Fiqh islamique (AIFI) est une organisation scienti-


fique mondiale issue de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI). Elle a
été créée à la suite d’une résolution lors du troisième sommet de l’OCI (N.8/3-
T/S-I) les 19-22 Rabi al-Awal, correspondant aux 25-28 janvier 1981. Son siège
principal est à Djeddah, Royaume d’Arabie Saoudite.
L’Académie est dotée de la personnalité morale. Elle est composée d’éminents
jurisconsultes, savants, chercheurs et intellectuels musulmans spécialisés dans
les domaines de la jurisprudence, de la culture, de l’éducation, de la science,
de l’économie et de la sociologie, provenant de différentes parties du monde
musulman.
L’Académie est chargée d’éclaircir, en toute indépendance et en se référant au
Noble Coran et à la Sounna du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, les dispositions de la Chariah sur
les affaires concernant les musulmans. Elle étudie également les thématiques et
les enjeux de la vie contemporaine, en exerçant un Ijtihad authentique et effi-
cace, visant à apporter des solutions issues de l’héritage islamique et ouvertes à
l’évolution de la pensée islamique.
Au cours de quatre décennies, l’Académie a pu, par la grâce du Tout-Puissant,
organiser vingt-quatre (24) sessions, au cours desquelles elle a émis deux cent
trente-huit (238) résolutions concernant diverses questions, calamités et déve-
loppements actuels.

Vision
La vision est une description future claire et précise de l’endroit où l’institu-
tion veut être à court terme (cinq ans), ou à moyen terme (dix ans), ou à long
terme (vingt ans ou plus). La vision stratégique de l’Académie peut donc être
résumée comme suit :

Devenir la première référence jurisprudentielle mondiale vers laquelle se tournent


les pays du monde islamique et les communautés musulmanes afin d’obtenir des
éclaircissements sur les provisions de la Chariah concernant les questions qui les
préoccupent et d’apporter des solutions appropriées aux enjeux de la vie contem-
poraine, tout en se basant sur le Saint Coran, la Noble Sounnah et le riche héri-
tage islamique.

xi
Mission
La mission stratégique de l’Académie fait référence au résumé des objectifs et
des aspirations les plus importants pour lesquels elle a été créée. De ce fait, la
mission de l’Académie peut être résumée comme suit :

La présentation correcte et équilibrée de la loi islamique, à la manifestation de ses


mérites et de sa pleine capacité à traiter les enjeux de la vie, et à la réalisation du
bonheur, de la stabilité, de la paix, de la sécurité, et de la sûreté pour l’être humain
dans la vie et l’au-delà. Cette mission est basée sur une compréhension globale et
intégrée de la religion islamique, de ses fondements, de ses sources, de ses objectifs,
et de ses principes, et de ses dispositions.

Valeurs Cardinales
Les valeurs stratégiques font référence aux principes éthiques, aux règles de
comportement et aux règlements applicables qui régissent et guident les activi-
tés d’une institution et définissent ses relations. La réalisation de la vision, de la
mission et des objectifs de l’Académie dépend de l’engagement envers ses valeurs
cardinales qui peuvent être résumées comme suit :
• Modération : éviter toute forme de fanatisme, d’exagération, et de négligence
dans la pensée et le comportement, ce qui implique également de combiner
l’approche de la modération, de la flexibilité, de l’ouverture et de l’équilibre
dans la relation avec l’autre.
• Discipline : adhérer pleinement aux lois et règlements qui régissent le tra-
vail dans l’Académie et définissent les autorités et les responsabilités dans le
respect du cahier des charges et de la hiérarchie administrative.
• Transparence : engagement en faveur de l’intégrité, de l’honnêteté, de la
clarté et de l’équité dans les paroles, les actions et le comportement, et refus
de toute forme de corruption, d’ambiguïté et d’obscurité.
• Justice : éviter l’injustice et l’iniquité, remettre les choses à leur place et don-
ner à chacun son droit en évitant totalement les préjugés et le favoritisme.
• Équité : engagement à la justice dans le traitement d’autrui en respectant les
droits, en les conférant à leurs titulaires légitimes, en atténuant les injustices
et en interdisant les agressions non justifiées.
• Productivité : travailler dur pour accomplir autant d’activités et de tâches
que possible en aussi peu de temps que possible grâce au dévouement, à la

xii
focalisation sur le travail et à la persévérance.
• Créativité et Innovation : promouvoir le travail et améliorer les perfor-
mances en proposant de nouvelles idées qui permettent d’obtenir les meil-
leurs résultats et de trouver des solutions rapides aux évolutions et aux
changements qui peuvent survenir dans l’environnement de travail.
• Coopération et Intégration : solidarité, synergie, entre-aide et assistance
mutuelle entre les fonctionnaires pour atteindre les résultats souhaités par
la mise en œuvre des activités et programmes.
• Accomplissement : l’exécution des tâches et l’optimisation des fonctions
dans les délais impartis en respectant les spécifications et les normes re-
quises afin d’atteindre les objectifs et les finalités.
• Excellence : engagement à la précision, à l’exactitude, à l’ingéniosité et à la
débrouillardise dans l’exécution des tâches et des responsabilités afin de ré-
aliser la vision, la mission et les objectifs avec aisance et souplesse.

Objectifs
Puisque la vision est une description précise d’un avenir ambitieux, et que la
mission est un résumé fidèle des objectifs les plus importants, les objectifs stra-
tégiques sont donc un ensemble de résultats que l’institution cherche à atteindre
par le biais de programmes, d’activités et d’initiatives multiples et diversifiés ca-
pables de remplir la mission ainsi que la vision. Sur la base de cette compréhen-
sion, les objectifs de l’Académie sont fixés pour atteindre les résultats suivants :
• Réaliser l’harmonie intellectuelle et l’intégration entre les juristes des écoles
reconnues de jurisprudence islamique et les experts dans le domaine des
sciences humaines, sociales, naturelles et appliquées afin d’élucider les posi-
tions de la Charia vis-à-vis des questions de la vie contemporaine.
• Promouvoir l’Ijtihad collectif (Ijtihad jamaee) sur les questions et les pro-
blèmes de la vie contemporaine, afin d’élaborer des solutions fondées sur
la Charia, et de clarifier les préférences valables entre plusieurs opinions
juridiques sur la même question, conformément aux intérêts des musul-
mans – qu’il s’agisse d’individus, de communautés ou d’États – et en totale
harmonie avec les arguments juridiques et les objectifs ultimes de la Charia.
• Coordonner entre les autorités de l’Ifta et les institutions de jurisprudence
à l’intérieur et à l’extérieur du monde musulman pour éviter les contradic-
tions et les hostilités entre les opinions sur une même question, en particu-

xiii
lier sur les questions générales qui peuvent causer des conflits.
• Rejeter l’intolérance confessionnelle, le fanatisme religieux et l’excommu-
nication des doctrines islamiques et de leurs adeptes en diffusant l’essence
de la modération, de l’ouverture et de la tolérance parmi les adeptes des
différentes écoles de droit et sectes.
• Réfuter les fatwas sans fondement qui nient les principes islamiques, les
règles établies de l’Ijtihad, et les écoles de droit islamiques savantes sans
donner aucune preuve reconnue.
• Fournir des dispositions de la Charia sur des sujets issus de la réalité vé-
cue afin de faciliter l’élaboration de législations, de lois et de règlements
conformes et en harmonie avec les dispositions de la Charia.
• Exprimer directement les avis de la Charia lorsqu’ils sont demandés et
les traduire dans la réalité vécue tournant autour des défis auxquels est
confrontée la Oumma islamique, et sur les documents émis par l’OCI, les
organisations internationales islamiques et non islamiques.
• Émettre des fatwas aux communautés et organisations musulmanes en de-
hors du monde musulman d’une manière qui préserverait les valeurs de l’Is-
lam, sa culture et ses traditions, qui vise également à protéger leur identité
islamique, dans le respect des éléments essentiels de la citoyenneté et de la
résidence dans les sociétés non musulmanes.
• Promouvoir la coopération, le rapprochement et la complémentarité entre
les savants des différentes écoles de droit en ce qui concerne les principes
fondamentaux de la religion, le renforcement des points communs, le res-
pect des différences et le maintien de l’éthique de la jurisprudence de di-
vergence tout en accordant le poids nécessaire aux opinions des différentes
écoles de droit lorsque l’Académie émet des fatwas et des résolutions.
• Renouveler la science de la jurisprudence islamique en la développant de
l’intérieur et à travers les règles de déduction juridique, les principes, les
règles et les objectifs de la Charia.
• Mener un dialogue interreligieux et interculturel constructif, en collabo-
ration avec le Secrétariat général de l’OCI, pour coopérer au bénéfice de
l’humanité.

Moyens
Les objectifs sont les finalités et les résultats que l’institution vise à atteindre, tan-
dis que les moyens représentent les mécanismes, les activités et les programmes

xiv
utilisés pour atteindre ces résultats. L’Académie adopte de nombreux moyens,
à savoir :
• Émettre des résolutions et des fatwas sur des questions qui préoccupent les
musulmans, les traduire dans des langues vivantes et puis leur donner la plus
large diffusion possible afin d’encourager l’adoption de l’approche islamique
de modération et de tempérance, qui devrait protéger les musulmans contre
l’extrémisme, la surenchère, la négligence, et les avis aberrants.
• Organiser des conférences internationales et de symposiums scientifiques
afin de débattre certaines questions spécifiques ou des questions complexes
ayant de multiples ramifications et nécessitant de plus amples recherches et
des débats juridiques plus poussés que ne le permettent normalement les
réunions du Conseil de l’Académie.
• Rendre l’avis juridique, chaque fois qu’il est sollicité, sur les documents pu-
bliés par l’Organisation de la Coopération Islamique et les autres organisa-
tions islamiques ou non-islamiques.
• Etablir un répertoire des autorités et conseils de l’Ifta, ainsi que des institu-
tions et académies jurisprudentielles à l’intérieur et à l’extérieur du monde
musulman, en vue d’identifier avec lesquelles l’Académie pourrait établir
des relations de coopération et de coordination.
• Créer des centres d’études islamiques dans certaines régions stratégies en
dehors du monde musulman; et coopérer avec les centres existants en vue
de promouvoir les objectifs de l’Académie, et détecter tout ce qui se publié
sur l’Islam dans ces régions concernées afin de corriger les idées fausses et
éventuelles inexactitudes.
• Publier des encyclopédies du Fiqh – trilingues – traitant en détail des ques-
tions actuelles dans les divers domaines de la vie, et s’intéressant de près
aux thèmes abordés dans les traités du Fiqh. Ces encyclopédies devront
être rédigées dans une langue accessible au grand public féru de culture et
d’information.
• Promouvoir la recherche sur la jurisprudence islamique à travers les direc-
tions et les comités de l’Académie, et dans le cadre des universités et autres
instituts scientifiques, en ce qui concerne les défis contemporains, les nou-
veaux développements, et les enjeux actuels.
• Elaborer des projets de lois types – trilingues – dans les divers domaines qui
nécessitent la codification des dispositions de la Charia, en tenant compte
de la diversité des avis juridiques ; et en assurant leur diffusion dans le
monde musulman afin d’en faciliter la consultation lors de la modification

xv
des législations, lois et règlements existants.
• Renouveler le patrimoine du droit musulman, avec une attention particu-
lière aux livres des sources de la jurisprudence, des finalités de la loi isla-
mique, de la jurisprudence et de la jurisprudence comparée; ainsi que la
publication des manuscrits non encore publiés dans ces domaines, après
avoir achevé des études sur celle-ci; ainsi que la traduction des classiques de
ce type de patrimoine dans les langues jugées importantes au double plan
islamique et international.
• Élaborer un glossaire trilingue global sur la terminologie du Fiqh et des
fondements du Fiqh, avec comme objectif la définition précise de chaque
terme dans un langage simple et intelligible.
• Publier les travaux, résolutions et fatwas de l’Académie, ainsi que les re-
cherches les plus importantes qui y sont présentées, dans la revue scienti-
fique de l’Académie et sur son site web, et les faire connaître et les traduire
dans les jugées importantes au double plan islamique et international.
• Solliciter l’assistance d’experts spécialisés dans divers domaines scienti-
fiques et appliqués afin d’étudier et d’analyser les thématiques présentées à
l’Académie.
• Publier une revue à comité de lecture basée sur des principes scientifiques
établis afin de servir la recherche et les études sur les questions liées à la
Charia et au Fiqh, et dans laquelle seront publiées certaines des recherches
d’érudits et d’universitaires dans ces domaines.

Départements et Divisions
Il est donc nécessaire d’identifier les organes et les agences responsables de la
mise en œuvre des activités et des programmes de l’Académie. À cette fin, l’Aca-
démie est composée des départements et divisions suivants :
• Le Cabinet du Secrétaire général de l’Académie internationale du
Fiqh islamique, composé du conseiller spécial de Son Excellence, du conseil-
ler pour les médias et les finances, du conseiller pour les médias, et du super-
viseur du cabinet.
• La Direction du Cabinet, des Protocoles, et des Affaires juridiques,
composé de trois la divisions, à savoir : la division du cabinet, la division
des protocoles et du transport, la division des affaires juridiques.
• Le Département de la Planification et de la Coopération internatio-

xvi
nale, composé de trois la divisions, à savoir : la division de la planification
et du développement, la division de la coopération internationale et des re-
lations extérieures, et la division de l’archivage, du suivi et de la correction.
• Le Département de la Famille, de la Femme, de l’Enfance et des
Personnes âgées, composé de trois la divisions, à savoir : la division des
affaires féminines, la division des affaires de la jeunesse et de l’enfance, et la
division des affaires des personnes âgées et handicapées.
• Le Département des Affaires administratives et financières, composé
de trois la divisions, à savoir : la division des affaires administratives et de la
formation, la division des affaires financières et comptables, et la division
des entrepôts et des bibliothèques.
• Le Département des Médias, des Relations publiques et des
Technologies de l’information et de la communication, composé
de trois la divisions, à savoir : la division des médias, la division des re-
lations publiques, la division des technologies de l’information et de la
communication.
• Le Département des Finances, des Investissements et des Projets,
composé de trois la divisions, à savoir : la division du Waqf, la division des
finances et des investissements, et la division des projets.
• Le Département de la Recherche, des Etudes, de la Fatwa, des
Encyclopédies, de la Traduction et de l’Impression, composé de trois
la divisions, à savoir : la division de la recherche et des encyclopédies, la
division des études et de la fatwa, la division de la traduction, ainsi que la
division de l’impression et de publication.
• Le Département des Sessions, Conférences et Séminaires, composé de
quatre la divisions, à savoir : la division des sessions, la division des confé-
rences et séminaires, et la division des ateliers et conférences publiques.

Fonds Waqf de l’Académie


Bien que l’Académie internationale du Fiqh islamique ait bénéficié, depuis sa
création il y a quatre décennies, du soutien des Etats membres de l’OCI à tra-
vers leurs contributions obligatoires au budget annuel de l’Académie.
L’Académie saisit cette occasion pour appeler les gouvernements, les orga-
nisations, les fondations et les particuliers du monde entier à faire des dons et
des subventions en espèces et en nature au Fonds Waqf de l’Académie interna-
tionale du Fiqh islamique qui a été créé par le Conseil ministériel des ministres
des Affaires étrangères de l’OCI lors de sa quarante-quatrième session à Abidjan,

xvii
République de Côte d’Ivoire, en 2017, en vertu du décret n°44/6F, pour en faire
la ressource permanente dont les dons et les revenus sont consacrés régulière-
ment aux activités et aux programmes de l’Académie.
Le Fonds Waqf de l’Académie a été créé par les États membres de l’OCI pour
recevoir tous types de dons et de subventions en espèces et en nature de la part
d’États, d’organisations, de fondations et de donateurs individuels. Le Fonds
Waqf est supervisé par un Conseil d’administration présidé par Son Excellence
M. Hissein Brahim Taha, Secrétaire général de l’OCI. Il est également composé
des membres suivants :
• Son Excellence Cheikh Dr Saleh bin Abdullah bin Humaid, conseiller à la
Cour Royale Saoudienne, membre du Conseil des Grands Savants, Imam
Khatib à la Grande Mosquée de la Mecque, et Président de l’Académie.
• Son Excellence Professeur Koutoub Moustapha Sano, Secrétaire général de
l’Académie.
• Son Excellence Cheikh Dr Abdullah bin Muhammad Al-Mutlaq, Conseiller
à la Cour Royale Saoudienne, Membre du Conseil des Grands Savants du
Royaume d’Arabie Saoudite.
• Son Excellence Cheikh Dr Saad bin Nasser Al-Shathri, Conseiller de la
Cour Royale Saoudienne, membre du Conseil des Grands Savants du
Royaume d’Arabie saoudite.
• Son Excellence Cheikh Dr. Ahmed bin Abdulaziz Al-Haddad, Grand
Moufti de Dubaï, Émirats Arabes Unis.
• Son Éminence Professeur Abdullah Mabrouk Al-Najjar, membre de l’Aca-
démie de Recherche islamique de l’Université Al-Azhar, République arabe
d’Égypte.
• Son Éminence Professeur Yusuf bin Abdullah Al-Shubaily, professeur à
l’Institut judiciaire supérieur de l’Université Imam Muhammad bin Saud
au Royaume d’Arabie saoudite.
• Son Éminence Professeur Sami Suwailem, directeur par intérim de l’Ins-
titut de Recherche et de Formation islamique de la Banque islamique de
Développement.
Le Conseil de Surveillance, qui est chargé de superviser le Fonds Waqf de
l’Académie, est composé des membres suivants :
• Son Excellence Cheikh Dr Saleh bin Abdullah bin Humaid, conseiller à la
Cour Royale Saoudienne, membre du Conseil des Grands Savants, Imam
Khatib à la Grande Mosquée de la Mecque, et Président de l’Académie.

xviii
• Son Excellence Cheikh Dr Ahmed Muhammad Ali, président honoraire
de la Banque islamique de Développement du Royaume d’Arabie saoudite.
• Son Excellence Professeur Koutoub Moustapha Sano, Secrétaire général de
l’Académie.
• Son Éminence Dr. Youssef Hassan Khalawi, Secrétaire général de la
Chambre Islamique d’Industrie et de Commerce au Royaume d’Arabie
Saoudite.
• Son Éminence Dr. Abdulrahman bin Saleh Al-Atram, président du Conseil
de la Charia de la banque Inma au Royaume d’Arabie saoudite.
• Son Éminence Dr Omar Zuhair Hafez, ancien Secrétaire général du
Conseil général des Banques et Institutions financières islamiques.
Le Secrétariat général de l’Académie espère que les Secrétariats généraux des
Awqaf et les institutions liées au Waqf dans le monde entier soutiendront le
Fonds Waqf de l’Académie. D’autre part, le Secrétariat général de l’Académie
espère conclure des partenariats stratégiques et des accords de coopération avec
des États, des gouvernements, des organisations et des fondations qui souhaitent
participer au financement et à la planification des activités et des programmes
de l’Académie à l’intérieur et à l’extérieur du monde musulman.
Qu’Allah récompense tous ceux qui ont contribué de quelque manière que
ce soit à faire de cette mission une réalité concrète et une aspiration réalisable,
avec la permission du Très-Haut, le Tout-Puissant!

xix
Contents

Avant-propos

Son Excellence M. Hissein Brahim Taha . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . iii


Son Excellence Cheikh Dr Saleh bin Abdullah bin Humaid . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . v
Son Excellence Prof. Koutoub Moustapha Sano . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .viii

L’Académie internationale du Fiqh islamique xi

Vision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xi
Mission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xii
Valeurs Cardinales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xii
Objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .xiii
Moyens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xiv
Départements et Divisions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xvi
Fonds Waqf de l’Académie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . xvii

Résolutions et Recommandations de la 2ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Jeddah, Royaume d’Arabie
saoudite · 10–16 Rabi Al-Akhir 1406/22–28 Décembre 1985) . . . . . . . . . . 1

Résolution N° 1 (1/2) : La Zakat des Dettes . 2 : Résolution N° 2 (2/2) : La Zakat des Biens
immobiliers et des Terres non-agricoles louées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Résolution N° 3 (3/2) : Les Réponses aux Demandes de Fatwas de l’Institut international
de la Pensée islamique à Washington, DC (USA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Résolution N° 4 (4/2) : Le Quadianisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Résolution N° 5 (5/2) : Les Bébés-éprouvette. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Résolution N° 6 (6/2) : Les Banques de Lait Humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Résolution N° 7 (7/2) : Les Appareils de Réanimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Résolution N° 8 (8/2) : Les Demandes d’Explication de la Banque islamique de
Développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Résolution N° 9 (9/2) : L’Assurance et la Réassurance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Résolution N° 10 (10/2) : Les Transactions bancaires comportant des Intérêts et les
Transactions des Banques islamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Résolution N° 11 (11/2) : L’Unification des Débuts des Mois lunaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Résolution N° 12 (12/2) : Les Lettres de Garantie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

xxi
Résolutions et Recommandations de la 3ème Session du Conseil de
l’Académie internationale du Fiqh islamique (Amman, Royaume hachémite
de Jordanie · 8–13 Safar 1407/11–16 Octobre 1986) . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Résolution N° 13 (1/3) : Les Demandes d’Explication de la Banque islamique de


Développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
Résolution N° 14 (2/3) : La Zakat sur les Actions dans les Sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Résolution N° 15 (3/3) : L’Investissement de la Zakat dans des Projets générant des
Bénéfices sans attribution de Titre de Propriété individuelle à l’Ayant Droit . . . . . . . . . . . . 21
Résolution N° 16 (4/3) : Les Bébés-éprouvette. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Résolution N° 17 (5/3) : Les Appareils de Réanimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Résolution N° 18 (6/3) : L’Unification des Débuts des Mois lunaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Résolution N° 19 (7/3) : L’Ihram pour ceux qui se rendent au Hadj ou à la Omrah par
Avion ou Bateau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Résolution N° 20 (8/3) : L’Attribution de la Zakat au Profit du Fonds de Solidarité islamique 27
Résolution N° 21 (9/3) : Les Dispositions de la Charia à l’Egard des Billets de Banque et de
la Fluctuation de la Valeur de la Monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Résolution N° 22 (10/3) : Les Titres de “Mouqarada” et les Titres de Développement et
d’Investissement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Résolution N° 23 (11/3) : Les Demandes d’Explication de l’Institut international de la
Pensée islamique de Washington, DC (USA) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Résolution N° 24 (12/3) : Les Projets scientifiques de l’Académie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Résolution N° 25 (13/3) : Les Recommandations de la 3ème session du Conseil de
l’Académie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

Résolutions et Recommandations de la 4ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Jeddah, Royaume d’Arabie
saoudite · 18–23 Joumada Al-Akhira 1408/6–11 Février 1988) . . . . . . . . 43

Résolution N° 26 (1/4) : La Transplantation d’Organes d’un Corps humain vivant ou mort


au Profit d’un Homme vivant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Résolution N° 27 (2/4) : L’Attribution de la Zakat au Profit du Fonds de Solidarité islamique 48
Résolution N° 28 (3/4) : La Zakat sur les Actions des Sociétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
Résolution N° 29 (4/4) : L’Expropriation pour cause d’Utilité publique . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Résolution N° 30 (5/4) : Les Titres “Mouqarada” et les Titres d’Investissement . . . . . . . . . . . . 54
Résolution N° 31 (6/4) : L’Indemnité de Droit au Bail ou Pas-de-porte. . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Résolution N° 32 (7/4) : La Vente de la Marque commerciale et de la Licence . . . . . . . . . . . . 61
Résolution N° 33 (8/4) : La Location-vente, la Mourabaha au profit du Donneur d’Ordre
d’Achat et la Fluctuation de la Monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Résolution N° 34 (9/4) : Le Baha’isme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Résolution N° 35 (10/4) : Le Projet de Vulgarisation du Fiqh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Résolution N° 36 (11/4) : Le Projet d’Encyclopédie du Fiqh économique . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Résolution N° 37 (12/4) : Le Projet de l’Encyclopédie des Maximes du Fiqh . . . . . . . . . . . . . 68
Résolution N° 38 (13/4) : Les Recommandations de la 4ème Session . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

xxii
Résolutions et Recommandations de la 5ème Session du Conseil de
l’Académie internationale du Fiqh islamique (Koweït City, État du Koweït ·
1–6 Joumada Al-Oula 1409/10–15 Décembre 1988) . . . . . . . . . . . . . . . . 75

Résolution N° 39 (1/5) : Le Contrôle des Naissances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76


Résolution N° 40-41 (2/5 et 3/5) : Le Respect d’une Promesse faite et la Mourabaha du
Donneur d’Ordre d’Achat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
Résolution N° 42 (4/5) : La Fluctuation de la Monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Résolution N° 43 (5/5) : Les Droits incorporels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Résolution N° 44 (6/5) : La Location-vente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Résolution N° 45 (7/5) : Le Financement immobilier pour la Construction et l’Achat de
Logements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
Résolution N° 46 (8/5) : La Limitation des Bénéfices des Commerçants . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Résolution N° 47 (9/5) : La Coutume . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
Résolution N° 48 (10/5) : L’Application des Règles de la Charia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Résolution N° 49 (11/5) : La Commission islamique internationale de Droit . . . . . . . . . . . . . 87

Résolutions et Recommandations de la 6ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Jeddah, Royaume d’Arabie
saoudite · 10–16 Chabane 1410/14–20 Mars 1990) . . . . . . . . . . . . . . . . . 89

Résolution N° 50 (1/6) : Le Financement immobilier pour la Construction et l’Achat de


Logement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
Résolution N° 51 (2/6) : La Vente à tempérament . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Résolution N° 52 (3/6) : La Conclusion des Contrats au moyen des Méthodes de
Communication modernes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Résolution N° 53 (4/6) : Qabd (la Possession) : Ses différentes Formes notamment ses
Formes récentes et les Jugements les régissant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
Résolution N° 54 (5/6) : La Greffe des Cellules cérébrales et du Système nerveux . . . . . . . . . . 98
Résolution N° 55 (6/6) : L’Excédent d’Ovules fécondés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
Résolution N° 56 (7/6) : L’Utilisation de Fœtus comme Source dans la Greffe d’Organes . . . 101
Résolution N° 57 (8/6) : La Greffe des Organes génitaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
Résolution N° 58 (9/6) : La Greffe d’un Organe amputé lors de l’Application d’une Peine
corporelle (Hadd) ou de la Loi du Talion (Qissas) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Résolution N° 59 (10/6) : Les Marchés financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Résolution N° 60 (11/6) : Les Obligations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Résolution N° 61 (12/6) : Les Thèmes d’Etude et Séminaires proposés par le Comité de
Planification. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Résolution N° 62 (13/6) : Les Recommandations de la 6ème session . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

xxiii
Résolutions et Recommandations de la 7ème Session du Conseil de
l’Académie internationale du Fiqh islamique (Jeddah, Royaume d’Arabie
saoudite · 7–12 Dhoul Quida 1412/9–14 Mai 1992) . . . . . . . . . . . . . . . 113

Résolution N° 63 (1/7) : Les Marchés financiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114


Résolution N° 64 (2/7) : La Vente à tempérament . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Résolution N° 65 (3/7) : Le Contrat de Fabrication (Aqd al-Istisna) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Résolution N° 66 (4/7) : La Vente à réméré (Bay’ul Wafa’a) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
Résolution N° 67 (5/7) : Les Soins médicaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Résolution N° 68 (6/7) : Le Droit international au Regard de l’Islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Résolution N° 69 (7/7) : L’Invasion intellectuelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

Résolutions et Recommandations de la 8ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Bandar Seri Begawan, Sultanat
de Brunei Darussalam · 1–7 Mouharam 1414/21–27 Juin 1993) . . . . . . 135

Résolution nº 70 (1/8) : L’Usage de la Dispense et ses Jugements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136


Résolution nº 71 (2/8) : Les Accidents de la Circulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Résolution nº 72 (3/8) : La Vente avec Arrhes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
Résolution nº 73 (4/8) : Les Contrats de Vente aux Enchères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Résolution nº 74 (5/8) : Les Applications de la Charia pour l’Etablissement du Marché
islamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Résolution nº 75 (6/8) : Les Questions monétaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Résolution nº 76 (7/8) : Les Problèmes des Banques islamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Résolution nº 77 (8/8) : La Participation aux Titres des Sociétés par Actions pratiquant
l’Intérêt (Riba) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Résolution nº 78 (9/8) : Les Cartes de Crédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Résolution nº 79 (10/8) : Le Secret médical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Résolution nº 80 (11/8) : La Déontologie du Médecin : Sa Responsabilité et ses Garanties . 156
Résolution nº 81 (12/8) : Le Traitement médical de la Femme par un homme . . . . . . . . . . 157
Résolution nº 82 (13/8) : La Maladie du SIDA . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
Résolution nº 83 (14/8) : L’Organisation des Demandes de Recherches et de leurs
Discussions lors des Sessions de l’Académie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160

Résolutions et Recommandations de la 9ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Abu Dhabi, Émirats Arabes
Unis · 1–6 Dhoul Qui’da 1415/1–6 Avril 1995) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161

Résolution nº 84 (1/9) : Le Commerce de l’Or : Les Solutions chariatiques au Cumul du


Change et du Transfert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
Résolution nº 85 (2/9) : La Vente Salam et ses Applications modernes . . . . . . . . . . . . . . . . 164
Résolution nº 86 (3/9) : Les Dépôts bancaires (Comptes bancaires) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
Résolution nº 87 (4/9) : L’Investissement dans les Actions et les Unités d’Investissement . . 169

xxiv
Résolution nº 88 (5/9) : Les Appels d’Offres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Résolution nº 89 (6/9) : Les Problèmes relatifs à la Monnaie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
Résolution nº 90 (7/9) : Le SIDA et les Dispositions jurisprudentielles y afférentes . . . . . . . . 173
Résolution nº 91 (8/9) : Le Principe de l’Arbitrage dans la Jurisprudence islamique . . . . . . 176
Résolution nº 92 (9/9) : La Prévention prohibitive (Sadd Al-Darrai) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178

Résolutions et Recommandations de la 10ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Jeddah, Royaume d’Arabie
saoudite · 23–28 Safar 1418/28 juin – 3 juillet 1997) . . . . . . . . . . . . . . . 181

Résolution nº 93 (1/10) : Les Substances entraînant la Rupture du jeune dans le Domaine


de la Médication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Résolution nº 94 (2/10) : Le Clonage humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
Résolution nº 95 (3/10) : L’Abattage des Animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Résolution nº 96 (4/10) : La Carte de Crédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Résolution nº 97 (5/10) : Le Rôle de la Femme musulmane dans le Développement . . . . . 197

Résolutions et Recommandations de la 11ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Manama, Bahreïn · 25–30
Rajab 1419/14–19 Novembre 1998) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

Résolution nº 98 (1/11) : L’Unité islamique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200


Résolution nº 99 (2/11) : La Laïcité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
Résolution nº 100 (3/11) : L’Islam face au modernisme exacerbé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
Résolution nº 101 (4/11) : La Vente de Dettes et des Titres d’Emprunt et leurs
Alternatives licites dans les Secteurs publics et privés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
Résolution nº 102 (5/11) : Le Commerce de Devises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
Résolution nº 103 (6/11) : Le Contrat de Maintenance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
Résolution nº 104 (7/11) : Les Modalités d’Exploitation des Nawazil (Fatwas) . . . . . . . . . . 212
Résolution nº 105 (8/11) : L’Hérédité et le Génie génétique et le Génome humain : Une
Perspective islamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
Résolution nº 106 (9/11) : Le Séminaire d’Experts concernant le Rôle de la Femme dans
le Développement de la Société musulmane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215

Résolutions et Recommandations de la 12ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Riyad, Royaume d’Arabie
saoudite · 25 Joumada Al-Akhira au 1er Rajab 1421/23–28 Septembre 2000)
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217

Résolution nº 107 (1/12) : Les Contrats d’Approvisionnement et les Appels d’Offres . . . . . 218
Résolution nº 108 (2/12) : Les Cartes de Crédit à Débit différé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
Résolution nº 109 (3/12) : La Pénalité de Retard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222

xxv
Résolution nº 110 (4/12) : La Location-vente et les Titres de Location . . . . . . . . . . . . . . . . 224
Résolution nº 111 (5/12) : L’Investissement du Produit des Awqaf (Houbous) . . . . . . . . . . 227
Résolution nº 112 (6/12) : La Désignation par le Biais d’Indices et de Signes . . . . . . . . . . . 228
Résolution nº 113 (7/12) : Le Droit des Enfants et des Personnes âgées . . . . . . . . . . . . . . . 229
Résolution nº 114 (8/12) : La Déclaration islamique sur le Rôle de la Femme dans le
Développement de la Société musulmane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
Résolution nº 115 (9/12) : L’Inflation et la Dévaluation de la Monnaie. . . . . . . . . . . . . . . . 235
Résolution nº 116 (10/12) : La Traduction du Noble Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239
Résolution nº 117 (11/12) : La Création d’une Institution islamique pour le Noble Coran 240
Résolution nº 118 (12/12) : Appel pour Al-Qouds Al-Charif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241

Résolutions et Recommandations de la 13ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Koweït City, État du Koweït ·
7–12 Chawal 1422/22–27 Décembre 2001) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243

Résolution nº 119 (1/13) : L’Investissement des Biens et des Revenus issus des Awqaf . . . . 244
Résolution nº 120 (2/13) : La Zakat des Produits agricoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Résolution nº 121 (3/13) : La Zakat des Actions acquises dans le But d’en utiliser les
Dividendes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
Résolution nº 122 (4/13) : Le Partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa) à la
lumière des nouveaux Contrats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
Résolution nº 123 (5/13) : L’Investissement participatif collectif (Qirad ou Moudaraba
Mouchtaraka) dans les Institutions financières (comptes d’investissement) . . . . . . . . . . . . 249
Résolution nº 124 (6/13) : L’Assurance maladie et l’Utilisation des Cartes de soins . . . . . . . 254
Résolution nº 125 (7/13) : Déclaration à la suite des évènements en Palestine et en
d’autres lieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255
Résolution nº 126 (8/13) : Les Droits de l’Homme en Islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261

Résolutions et Recommandations de la 14ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Doha, État Du Qatar · 8–13
Dhoul Qui’da 1423/11–16 Janvier 2003) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265

Résolution N° 127 (1/14) : Les Bulletins de Participation aux Concours . . . . . . . . . . . . . . . . 266


Résolution N° 128 (2/14) : Les Droits de l’Homme et la Violence internationale . . . . . . . . . 268
Résolution N° 129 (3/14) : Le Contrat de Fabrication et de Construction : Sa Nature, son
Affiliation juridique et ses Formes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270
Résolution N° 130 (4/14) : Les Dispositions de la Charia applicables aux nouvelles
Entreprises (Sociétés Holding et autres) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
Résolution N° 131 (5/14) : La Responsabilité du Conducteur d’un Moyen de Transport
collectif en cas d’Homicide involontaire et de multiplication de la compensation
financière (Kaffara) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
Résolution N° 132 (6/14) : Les Contrats d’Adhésion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
Résolution N° 133 (7/14) : Le Problème des Défauts de Paiement dans les Institutions

xxvi
financières islamiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 281
Résolution N° 134 (8/14) : Le Nouvel Ordre mondial, la Mondialisation, les Coalitions
régionales et leur Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287

Résolutions et Recommandations de la 15ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Mascate, Sultanat d’Oman ·
14–19 Mouharam 1425/6–11 Mars 2004) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293

Résolution N° 135 (1/15) : Le Discours islamique: Caractéristiques et Défis . . . . . . . . . . . . . 294


Résolution N° 136 (2/15) : Le Partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa) Et les
principes jurisprudentiels qui la régissent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296
Résolution N° 137 (3/15) : Les Soukouk Ijara (Titres de Leasing) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298
Résolution N° 138 (4/15) : L’Islamité des Programmes d’Enseignement . . . . . . . . . . . . . . . . 301
Résolution N° 139 (5/15) : Les Cartes de Crédit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 304
Résolution N° 140 (6/15) : L’Investissement du Waqf, de ses Excédents et de ses Revenus . . 306
Résolution N° 141 (7/15) : Les Intérêts généraux élargis (Massalih Moursalah) et leurs
Applications Contemporaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 310
Résolution N° 142 (8/15) : La Responsabilité civile du Médecin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 312

Résolutions et Recommandations de la 16ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Dubaï, État des Émirats Arabes
Unis · 30 Safar – 5 Rabi Al-Awal 1426/9–14 Avril 2005). . . . . . . . . . . . . 319

Résolution N° 143 (1/16) : La Zakat sur les Comptes bloqués, les Compagnies d’Assurance
islamique, les Dépôts de Garantie en numéraire et les Indemnités de Fin de Service . . . . . 320
Résolution N° 144 (2/16) : Les Différends entre le Conjoint et l’Epouse exerçant un Travail 324
Résolution N° 145 (3/16) : L’Aqilah et ses Applications contemporaines au Paiement de la
Diya . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 328
Résolution N° 146 (4/16) : Les Nouvelles Lectures du Noble Coran et des Textes islamiques 330
Résolution N° 147 (5/16) : Les Marchandises internationales et les Prescriptions relatives à
leurs Transactions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
Résolution N° 148 (6/16) : La « Kafala » commerciale (Parrainage d’Entreprise) . . . . . . . . . 334
Résolution N° 149 (7/16) : L’Assurance médicale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 336
Résolution N° 150 (8/16) : Nous et l’Autre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 338
Résolution N° 151 (9/16) : La Prise en charge des Minorités musulmanes . . . . . . . . . . . . . . 341

Résolutions et Recommandations de la 17ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Amman, Royaume hachémite

xxvii
de Jordanie · 28 Joumada Al-Oula – 2 Joumada Al-Akhira 1427/24 – 28 Juin
2006) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 347

Résolution N° 152 (1/17) : L’Islam, l’Oumma unique, et les diverses Écoles théologiques,
jurisprudentielles et éducatives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 348
Résolution N° 153 (3/17) : L’Ifta : Conditions et Ethiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 354
Résolution N° 154 (4/17) : La Position de l’Islam vis-à-vis du Fanatisme, de l’Extrémisme
et du Terrorisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 358
Résolution N° 155 (5/17) : La Réconciliation entre l’Attachement aux Principes
fondamentaux de l’Islam et les Impératifs de Citoyenneté des Musulmans vivant à
l’Extérieur du Monde musulman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 361
Résolution N° 156 (6/17) : La Finalisation de la Résolution relative aux Titres de
Partenariat (Soukouk Moucharaka) et la Composition de leurs Actifs . . . . . . . . . . . . . . . . 364
Résolution N° 157 (7/17) : Les Promesses réciproques et la Collusion dans les Contrats . . . . 366
Résolution N° 158 (8/17) : La Cession des Créances . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368
Résolution N° 159 (9/17) : Le Statut de la Femme et son Rôle social dans la Perspective de
l’Islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 370
Résolution N° 160 (10/17) : Les Relations extérieures et les Engagements internationaux
des Etats musulmans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 373
Résolution N° 161 (11/17) : Les Règles de la Charia applicables à la Recherche biomédicale
sur l’Etre humain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 375
Résolution N° 162 (12/17) : Les Personnes diabétiques et le Jeune du Ramadan . . . . . . . . . . 378

Résolutions et Recommandations de la 18ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Putrajaya, Malaisie · 24–29
Joumada Al-Akhira 1428/9–14 Juillet 2007). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 385

Résolution N° 163 (1/18) : Feuille de Route pour le Retour aux Enseignements


civilisationnels de l’Islam . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 386
Résolution N° 164 (2/18) : Le Développement des Ressources humaines dans le Monde
musulman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 389
Résolution N° 165 (3/18) : Le Renforcement du Rôle de la Zakat dans la Lutte contre la
Pauvreté et l’Organisation de sa Collecte et de sa Redistribution à la Lumière des Efforts
jurisprudentiels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 394
Résolution N° 166 (4/18) : Le Phénomène de l’Islamophobie : Défis et Confrontation . . . . 399
Résolution N° 167 (5/18) : Les Finalités de la Charia et leur Rôle dans la Déduction des
Prescriptions Jurisprudentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 402
Résolution N° 168 (6/18) : La Détermination de l’Age de Puberté et ses Effets en termes
d’Obligations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 404
Résolution N° 169 (7/18) : Les Droits et Devoirs de la Femme musulmane . . . . . . . . . . . . . 406
Résolution N° 170 (8/18) : Les Contrats immobiliers en Temps-partager (Time Sharing) . . 408
Résolution N° 171 (9/18) : Le Principe de Servitude et ses Applications contemporaines en
matière de Copropriété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 410
Résolution N° 172 (10/18) : L’Autorisation préalable pour les Interventions chirurgicales

xxviii
d’Urgence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 412
Résolution N° 173 (11/18) : La Chirurgie esthétique et la Règlementation pertinente . . . . . 414
Résolution N° 174 (12/18) : La Finalisation de la Résolution relative aux Actes entraînant
une Rupture du Jeûne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 418

Résolutions et Recommandations de la 19ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Charjah, Émirats Arabes Unis
· 1–5 Joumada Al-Oula 1430/26–30 Avril 2009) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 419

Résolution N° 175 (1/19) : La Liberté Religieuse dans la Charia : Dimensions et Principes . . 420
Résolution N° 176 (2/19) : La Liberté d’Expression : Règles et Dispositions . . . . . . . . . . . . . 422
Résolution N° 177 (3/19) : Le Rôle de la Surveillance chariatique dans le Contrôle des
Activités bancaires islamiques : Son Importance, ses Conditions et sa Méthode de Travail 424
Résolution N° 178 (4/19) : Les Soukouk islamiques : Applications contemporaines et
Négociation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 427
Résolution N° 179 (5/19) : Le Tawarouq : Son Essence et ses Différents Types (Celui connu
dans le domaine jurisprudentiel et celui utilisé de manière structurée par les banques) . . . 431
Résolution N° 180 (6/19) : La Violence familiale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 433
Résolution N° 181 (7/19) : Le Waqf d’Actions, de Soukouk, de Droits immatériels et
d’Usufruits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 437
Résolution N° 182 (8/19) : Application du Système B.O.T (Construire-Exploiter-
Transférer) dans la Rénovation de Propriétés des Awqaf et des Services publics . . . . . . . . . 440
Résolution N° 183 (9/19) : Le Diabète et le Jeûne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 442
Résolution N° 184 (10/19) : L’Obtention d’une Autorisation pour les Opérations
Médicales Urgentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 447
Résolution N° 185 (11/19) : La Conservation de l’Environnement en Islam . . . . . . . . . . . . . 450

Résolutions et Recommandations de la 20ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Oran, Royaume d’Arabie
saoudite · 26 Chawal – 2 Dhoul Qui’da 1433/13-18 Septembre 2012) . . 457

Résolution N° 186 (1/20) : Les Jugement concernant l’Insolvabilité et la Faillite . . . . . . . . . . 458


Résolution N° 187 (2/20) : L’Assurance coopérative : Jugements et Règles au regard de la
Charia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 461
Résolution N° 188 (3/20) : Poursuite de la Discussion sur les Soukouk islamiques . . . . . . . . 464
Résolution N° 189 (4/20) : La poursuite des Discussions sur les Contrats de Maintenance . . 469
Résolution N° 190 (5/20) : Le Rôle des Conseils de Fiqh dans l’Encadrement du
Développement des Institutions financières islamiques : Ses Mécanismes et Modes . . . . . 470
Résolution N° 191 (6/20) : Droits des Prisonniers dans la Jurisprudence islamique . . . . . . . . 472
Résolution N° 192 (7/20) : La Peine de Mort dans la Perspective de l’Islam . . . . . . . . . . . . . 474
Résolution N° 193 (8/20) : Le Génie Génétique et le Génome Humain dans la Perspective
islamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 476
Résolution N° 194 (9/20) : La Preuve légale par le biais Présomptions et d’Indices

xxix
(nouvelles données) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 477

Résolutions et Recommandations de la 21ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Riyad, Royaume d’Arabie
Saoudite · 15-19 Mouharam 1435/18-22 Novembre 2013) . . . . . . . . . . 485

Résolution N° 195 (1/21) : La Couverture des Risques dans les Transactions financières . . . . 486
Résolution N° 196 (2/21) : La Poursuite de l’Étude sur les Soukouk islamiques . . . . . . . . . . 487
Résolution N° 197 (3/21) : La Responsabilité Pénale des Automobilistes en cas d’Excès de
Vitesse ou de Négligence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 490
Résolution N° 198 (4/21) : La Transmutation, la Dilution et l’Utilisation d’Additifs dans
les Produits alimentaires et les Médicaments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 492
Résolution N° 199 (5/21) : La Représentation des Prophètes et des Compagnons du
Prophète dans les Œuvres artistiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 495
Résolution N° 200 (6/21) : Les Principes de l’Assurance coopérative à la Lumière des
Jugements et des Règles de la Charia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 496
Résolution N° 201 (7/21) : L’Abattage des Animaux après étourdissement par Choc
électrique : À la Lumière des derniers Développements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 507
Résolution N° 202 (8/21) : Le Dialogue entre les Adeptes des Écoles Musulmanes . . . . . . . . 508
Résolution N° 203 (9/21) : L’Hérédité, le Génie génétique et le Génome humain. . . . . . . . . 511
Résolution N° 204 (10/21) : Les Combats entre Musulmans au nom du Djihad . . . . . . . . . 518

Résolutions et Recommandations de la 22ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Koweït City, État du Koweït ·
2-5 Joumada Al-Akhira 1436/22-25 Mars 2015) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 525

Résolution N° 205 (1/22) : Concernant La Choura (consultation) et la Démocratie dans la


Perspective Islamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 526
Résolution N° 206 (2/22) : Les Questions posées par l’Institut de Normalisation et de
Métrologie des Pays musulmans (SMIIC) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 528
Résolution N° 207 (3/22) : Le Djihad de Propagation et le Djihad de Défense . . . . . . . . . . . 529
Résolution N° 208 (4/22) : L’Anathème à l’encontre d’un Musulman : Causes, Effets et
Remède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 532
Résolution N° 209 (5/22) : Les Droits et Devoirs des Citoyens non-musulmans dans
les Pays musulmans et l’Etendue de l’Application des Dispositions de la Charia les
concernant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 534
Résolution N° 210 (6/22) : Transmutation et Dilution des Additifs dans les Produits
Alimentaires et les Médicaments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 536
Résolution N° 211 (7/22) : La Femme et les Fonctions d’Autorité Générale . . . . . . . . . . . . . 542
Résolution N° 212 (8/22) : La Garantie de la Banque des Risques issus de la Mauvaise
Gestion des Fonds des Clients et l’Indemnisation des Préjudices Résultants . . . . . . . . . . . 543
Résolution N° 213 (9/22) : Les Droits des Personnes Handicapées dans la Jurisprudence
islamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 547
Résolution N° 214 (10/22) : Prédominance et Affiliation dans les Transactions Financières :

xxx
Cas, Règles et Conditions de leurs Réalisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 550
Résolution N° 215 (11/22) : Poursuite des Recherches et Etudes sur les Questions de
l’Assurance coopérative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 551
Résolution N° 216 (12/22) : La Visite de Jérusalem : Objectifs et Dispositions . . . . . . . . . . . 556

Résolutions et Recommandations de la 23ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Al-Madinah al-Mounawarah,
Royaume d’Arabie saoudite · 19-23 Safar 1440/28 octobre – 01 novembre
2018) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 557

Résolution N° 217 (1/23) : Le Mariage de Jeunes Filles, entre le Droit du Tuteur et l’Intérêt
de la Jeune Fille, et l’Etendue de l’Autorité du Gouvernement dans son Interdiction ou
sa Réglementation du point de vue de la Charia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 558
Résolution N° 218 (2/23) : Les Dispositions relatives à l’Insolvabilité et la Faillite selon la
Charia et les Systèmes Contemporains (Poursuite de la résolution antérieure). . . . . . . . . . 560
Résolution N° 219 (3/23) : Les Annulatifs du Jeûne dans le Domaine
Thérapeutique (poursuite de la résolution antérieure) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 563
Résolution N° 220 (4/23) : La Réduction du Capuchon clitoridien selon la Jurisprudence
islamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 566
Résolution N° 221 (5/23) : Les Dispositifs intellectuels et pratiques pour lutter contre le
Fanatisme, l’Extrémisme et le Terrorisme dans les Différents Domaines . . . . . . . . . . . . . . 568
Résolution N° 222 (6/23) : Les Avantages offerts par les Banques aux Clients de Comptes
courants du point de vue de la Charia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 571
Résolution N° 223 (7/23) : La Responsabilité du Médecin concernant les Erreurs médicales
non-intentionnelles du point de vue de la Charia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 574
Résolution N° 224 (8/23) : La Couverture des Risques dans les Transactions financières :
Principes et Règles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 581
Résolution N° 225 (9/23) : Le Halal, Réponses aux questions de l’Institut de
Normalisation et de Métrologie des Pays musulmans (SMIIC) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 585
Résolution N° 226 (10/23) : La Prédominance et L’Affiliation dans les Transactions
Financières : Cas, Règles et Conditions de leurs Réalisations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 586
Résolution N° 227 (11/23) : L’Impact du Contrat de Mariage sur la Propriété des Époux. . . 591
Résolution N° 228 (12/23) : Les Suggestions du Comité instauré par le Secrétariat général
de l’Académie pour aborder certaines Questions relatives aux Obligations financières
islamiques (Soukouk). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 592

Résolutions et Recommandations de la 24ème Session du Conseil de


l’Académie internationale du Fiqh islamique (Dubaï, Émirats Arabes Unis ·
7-9 Rabi Al-Awal 1441/3-6 Novembre 2019) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 609

Résolution N° 230 (1/24) : Les Contrats intelligents : Comment les activer et les résilier
(Étude des Contrats intelligents et de l’étendue de leurs liens avec la Cryptomonnaie) . . . 610
Résolution N° 231 (2/24) : Inflation monétaire et Fluctuation de la Valeur des Devises . . . . 612

xxxi
Résolution N° 232 (3/24) : Les Contrats FIDIC (Modèle de contrats définis par la
Fédération internationale des Ingénieurs-conseils) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 613
Résolution N° 233 (4/24) : La Tolérance en Islam : Sa Nécessité et Ses Effets dans la Société
et dans le Monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 614
Résolution N° 234 (5/24) : Atteindre la Sécurité Alimentaire et Hydrique : Les Problèmes
les plus critiques et leurs Effets sur les futurs Défis de la Oumma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 616
Résolution N° 235 (6/24) : Le Génome Humain et la Bio-ingénierie future : Révision
des Résolutions de l’Académie, Présentation des Résultats effectifs, des nouveaux
Développements et des Défis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 618
Résolution N° 236 (7/24) : Le Rôle de l’Éducation Religieuse dans le Renforcement de la
Paix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 620
Résolution N° 237 (8/24) : Les Monnaies électroniques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 623
Résolution N° 238 (9/24) : Les Opérations de Couverture dans les Institutions financières
islamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 626

xxxii
Résolutions et Recommandations de la 2ème
Session1 du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Jeddah
Royaume d’Arabie saoudite

10–16 Rabi Al-Akhir 1406


22–28 Décembre 1985

¹ La première session était consacrée à des résolutions de règlementation et d’organisation et


est publiée dans le premier volume de la revue scientifique de l’Académie.
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 1 (1/2)
La Zakat des Dettes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant examiné les études présentées concernant la Zakat des dettes,
ayant débattu, de manière exhaustive, de la question sous ses divers aspects,
Il apparait ce qui suit :
A. Il n’existe pas, dans le Livre d’Allah - qu’Il soit exalté -, ni dans la Sounna
de Son Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, de textes qui traitent en détail de la Zakat sur les dettes.
B. Les opinions recueillies auprès des Compagnons du Prophète et des
“Tabi’ine” (les générations qui leur ont succédé), sont nombreuses quant aux
modalités de prélèvement de la Zakat sur les dettes.
C. En conséquence, les diverses écoles juridiques islamiques ont, en la ma-
tière, des positions divergentes.
D. Cette différence d’opinions est la conséquence d’une divergence concer-
nant la règle suivante : “Un avoir percevable doit-il être considéré comme effec-
tivement perçu ? ”
Sur la base de ce qui précède, Le Conseil décide ce qui suit :
1. La Zakat sur la dette est obligatoire pour le créancier, pour chaque année,
lorsque le débiteur est solvable et consent à payer.
2. La Zakat sur la dette est obligatoire pour le créancier, au terme d’une
année à compter du jour du recouvrement du prêt, lorsque le débiteur
est insolvable ou récalcitrant.
Allah est plus Savant

2
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 2 (2/2)
La Zakat des Biens immobiliers et des Terres non-agricoles louées
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant examiné les études présentées concernant la Zakat des biens immobi-
liers et des terres louées non agricoles,
Ayant débattu de la question, de manière exhaustive et approfondie ;
Il apparait ce qui suit :
• Il n’existe pas de texte explicite imposant la Zakat sur les biens immobiliers
et les terres loués.
• Il n’existe pas non plus de texte de référence imposant la Zakat de façon
immédiate sur les revenus issus des biens immeubles et des terres non agri-
coles loués.
En conséquence, le Conseil décide :
A. La Zakat n’est pas obligatoire sur la valeur des biens immobiliers et des
terres loués.
B. La Zakat est obligatoire sur les revenus engendrés par ces biens dont elle
représente le quart du dixième (2,5%) et est payable au terme d’une année révolue,
pourvu que soient réunies les conditions de la Zakat et que rien ne s’y oppose.
Allah est plus Savant

3
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 3 (3/2)
Les Réponses aux Demandes de Fatwas de l’Institut international
de la Pensée islamique à Washington, DC (USA)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant constitué un Comité composé de membres de l’Académie pour exa-
miner les questions émanant de l’Institut International de la Pensée Islamique,
à Washington, DC ;
Ayant examiné les réponses présentées à leur sujet :
Il apparait ce qui suit:
• Les réponses ont été formulées de manière trop succincte pour être convain-
cantes et trancher toute divergence et objection.
• L’Académie se doit de résoudre les problématiques auxquelles nos frères vi-
vants en Occident sont confrontés.
En conséquence, Le Conseil décide ce qui suit :
1. Charger le Secrétariat Général de l’Académie de soumettre ces questions
aux membres du Conseil ou aux experts de son choix, en vue d’élaborer
des réponses étayées, basées sur des arguments tirés de la Charia et sur les
avis des premiers Fouqaha (savants spécialistes du Fiqh), en les présentant
sous une forme convaincante et claire.
2. Charger le Secrétariat Général de l’Académie de soumettre les réponses
recueillies à la 3e session du Conseil.
Allah est plus Savant

4
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 4 (4/2)
Le Quadianisme
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant examiné la demande d’avis juridique soumise par le Conseil de
Jurisprudence Islamique de Cape Town (Afrique du Sud), concernant la posi-
tion de la Charia au sujet du Quadianisme et du groupe appelé “Lahorite”, qui
en est issu et ce, pour savoir s’il faut les considérer comme des musulmans ou
non et si un non-musulman est habilité à juger d’une question de cette nature ;
À la lumière des recherches et des documents présentés aux membres de
l’Académie à ce sujet et sur Mirza Gholam Ahmad Al-Qadiani, qui s’est fait
connaître en Inde, au cours du siècle dernier et dont se réclament les sectes
quadianistes et lahorite ;
Ayant analysé les renseignements précités concernant ces deux sectes ;
S’étant assuré que Mirza Gholam Ahmad s’était prétendu prophète envoyé
et recevant la révélation, que cela est établi par ses écrits dont certains, selon lui,
procèdent de la Révélation et qu’il s’est employé durant toute sa vie à propager
cette prétention et à appeler les gens, dans ses livres et ses propos, à croire en sa
qualité de prophète et de messager ; de plus, il est établi qu’il niait de nombreux
principes de la religion que nul ne peut ignorer, tel que le djihad ;
Ayant également pris connaissance du jugement rendu au même sujet
par l’Académie de Fiqh de Makkah Al-Mukarramah ;

Décide ce qui suit :


• La prétention de Mirza Gholam Ahmad d’être prophète, investi d’un mes-
sage et recevant la révélation divine, est un reniement flagrant des vérités de
la religion établies de façon évidente et catégorique, à savoir que l’Ultime
Message divin a été révélé à notre Maître Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et que
personne, après lui, ne recevra de révélation. Cette prétention de la part de
Mirza Gholam Ahmad fait de lui et de ses adeptes des apostats (Murtad) sor-
tis de l’Islam. Quant aux adeptes de la secte lahorite, ils tombent sous le coup

5
du même jugement d’apostasie que les Quadianistes, bien qu’ils présentent
Mirza Gholam Ahmad comme l’ombre et la manifestation de notre Prophète
Mohammed ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬.
• Aucun tribunal non islamique et aucun magistrat non musulman ne sont
habilités à juger de l’appartenance à l’Islam ou de l’apostasie de quelqu’un,
notamment lorsqu’il s’agit de questions contraires à l’unanimité de la
Oumma islamique représentée par ses académies et ses savants. En effet, le
jugement sur l’appartenance à l’Islam ou l’apostasie n’est recevable que s’il
émane d’un musulman connaissant toutes les conditions d’adhésion à l’Is-
lam ou d’apostasie, saisissant le sens profond de l’Islam et de la mécréance,
et ayant une ample connaissance de tout ce qui est établi dans le Livre, la
Sounna et l’Ijma’ (le Consensus). En conséquence, le jugement d’un tel
tribunal est nul.
Allah est plus Savant

6
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 5 (5/2)
Les Bébés-éprouvette
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant passé en revue les études présentées par les Fouqaha et les médecins
sur la question des “Bébés-éprouvette”, sous les deux angles du Fiqh et de la
technique médicale,
Ayant débattu des études soumises à son appréciation et des divers aspects
soulevés, et ce, afin de jeter la lumière sur cette question ;
Ayant constaté que la question nécessite une étude plus approfondie sur
le plan médical et sur le plan du Fiqh, ainsi que le réexamen des études et des
recherches précédentes et nécessite de concevoir de manière exhaustive la ques-
tion sous tous ses

Décide ce qui suit :


A. De reporter toute résolution sur cette question jusqu’à la prochaine ses-
sion du Conseil
B. De confier à Son Éminence le Cheikh Dr Bakr Bin Abdullah Abu Zeid,
Président du Conseil de l’Académie, le soin de préparer une étude complète sur
la question, couvrant toutes les données du Fiqh et de la médecine.
C. Charger le Secrétariat général d’adresser à tous les membres, les documents
qu’il aura reçus, trois mois au moins avant la prochaine session.
Allah est le Garant du succès

7
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 6 (6/2)
Les Banques de Lait Humain
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
L’académie ayant été saisie d’une étude sur le plan du Fiqh et d’une étude
au sujet des banques de lait humain ;
Ayant examiné le contenu de ces deux études et après en avoir débattu de
manière exhaustive concernant les différents aspects de la question ;
Il apparait ce qui suit :
1. L’expérimentation des banques de lait fut entreprise par les pays occi-
dentaux et a ensuite révélé certains aspects négatifs tant techniques que
scientifiques, entraînant leur déclin et une diminution de l’intérêt les
concernant.
2. L’Islam considère que l’allaitement crée un lien identique au lien de pa-
renté par le sang et implique les mêmes interdictions que les liens de
parenté par le sang d’après l’avis unanime des Musulmans. L’une des
finalités générales de la Charia est de préserver les liens de parenté, or, les
banques de lait entraînent qu’ils soient mêlés et incertains.
3. Les relations sociales dans le monde musulman permettent d’assurer l’al-
laitement naturel, qui est nécessaire dans certains cas particuliers au nou-
veau-né prématuré de petit poids ou ayant besoin de lait maternel, ce qui
dispense du recours aux banques de lait.

Le Conseil décide donc ce qui suit :

1. L’interdiction de la création de banques de lait maternel dans le monde


musulman ;
2. La prohibition de l’allaitement au moyen du lait provenant de ces
banques.
Allah est plus Savant

8
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 7 (7/2)
Les Appareils de Réanimation
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant examiné les études dans le domaine du Fiqh et de la médecine pré-
sentées au sujet des “Appareils de réanimation” ;
Ayant débattu de manière exhaustive de cette question et soulevé diverses
interrogations, notamment au sujet de la vie et de la mort, du fait de la relation
existante entre le débranchement des appareils de réanimation et la fin de la vie
de la personne en réanimation,
Etant donné que plusieurs aspects de la question ne sont pas suffisamment
élucidés et compte tenu de l’étude complète faite sur la question par l’Organi-
sation Islamique des Sciences Médicales du Koweït, à laquelle il est indispen-
sable de se référer ;

Décide :

1. De surseoir à toute résolution sur la question, jusqu’à la prochaine session


de l’Académie.
2. De charger le Secrétariat Général de l’Académie de réunir les études et
résolutions de l’Organisation Islamique pour les Sciences Médicales éta-
blie au Koweït, et d’en présenter aux membres du Conseil une synthèse
précise et claire.

Allah est le Garant du succès


9
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 8 (8/2)
Les Demandes d’Explication de la Banque
islamique de Développement
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant entendu l’exposé, par la Banque Islamique de Développement, d’une
série de questions et de demandes de renseignements requérant l’obtention de
Fatwas (avis juridiques) ;
Ayant entendu le rapport de la sous-commission formée au cours de la ses-
sion et composée de leurs Éminences les membres ainsi que les experts qui s’y
sont joints, qui ont apporté des réponses aux questions posées.
Vu que la question nécessite un examen plus approfondi et exhaustif impli-
quant des contacts et un échange de vues avec ladite banque dans le cadre d’une
commission que cette dernière se chargerait de constituer ;

Décide ce qui suit :


1. De reporter l’examen de cette question à la prochaine session
2. De demander à la Banque de présenter un rapport de la part de son or-
gane de surveillance chariatique.
Allah est plus Savant

10
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 9 (9/2)
L’Assurance et la Réassurance
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant suivi les exposés présentés par les savants participant à la session sur
les questions de l’assurance et la réassurance ;
Ayant débattu à propos des études présentées ;
Ayant examiné de manière approfondie la question sous ses divers aspects
et formes, ainsi que ses principes de base et ses objectifs ;
Ayant examiné les décisions adoptées par les académies de Fiqh et les insti-
tutions scientifiques à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. La formule de contrat d’assurance commerciale à versements fixes utilisée
par les compagnies d’assurance commerciale comporte un caractère ha-
sardeux de nature à l’invalider. En conséquence un tel contrat est prohibé
du point de vue de la Charia.
2. L’alternative à ce contrat est le contrat d’assurance coopérative qui est
conforme aux principes régissant les transactions islamiques et est fondé
sur le principe du don et de l’entraide. Il en est de même pour la réassu-
rance établie sur la base de l’assurance coopérative.
3. D’inviter les pays musulmans à œuvrer en vue de l’établissement de com-
pagnies d’assurance et de réassurance coopérative, afin de libérer l’écono-
mie islamique de l’exploitation abusive et de mettre fin à la violation du
système qu’Allah a choisi pour cette Oumma.

Allah est plus Savant


11
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 10 (10/2)
Les Transactions bancaires comportant des Intérêts
et les Transactions des Banques islamiques
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant pris connaissance des diverses études portant sur les transactions ban-
caires modernes.
Ayant examiné lesdites études et en ayant débattu de celles-ci de manière
approfondie, ce qui a mis en relief les effets négatifs de ce mode de transaction
sur l’ordre économique international et sur sa stabilité notamment dans les pays
du Tiers monde.
Ayant examiné les conséquences désastreuses engendrées par ce système du
fait de sa violation des commandements du Livre d’Allah qui interdisent ex-
plicitement l’usure partielle ou totale et appellent à s’en repentir et à se limiter
au recouvrement du principal des crédits que cette somme soit importante ou
minime, quel qu’en soit le montant, et compte tenu de la menace d’une guerre
destructrice par Allah et Son Messager contre ceux qui pratiquent le prêt avec
intérêts.

Décide ce qui suit :


1. Que toute majoration ou intérêt sur un prêt venu à échéance, en contre-
partie d’un moratoire, dans le cas où le débiteur ne serait pas en mesure
de payer, et toute majoration (ou intérêt) sur un prêt à compter de l’en-
trée en vigueur du contrat, sont deux formes de l’usure prohibée par la
Charia.
2. Que l’alternative garantissant le flux monétaire et la stimulation des acti-
vités économiques sous une forme acceptable par l’Islam réside dans les
transactions conformes aux dispositions de la Charia.
3. Le conseil insiste en appelant les Gouvernements islamiques à encourager
les institutions financières qui opèrent selon la Charia et à faciliter leur
établissement dans chaque pays islamique de façon à couvrir les besoins

12
des musulmans et éviter que ces derniers ne vivent en état de contradic-
tion entre les réalités de leur vie et les exigences de leur foi.

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
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Résolution N° 11 (11/2)
L’Unification des Débuts des Mois lunaires
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant passé en revue les études qui lui ont été soumises par les membres et
les experts au sujet de l’unification des débuts des mois lunaires :
Après discussion approfondie par les participants des exposés faits sur la
question et avoir entendu de nombreuses opinions concernant le recours au
calcul pour déterminer les débuts des mois lunaires :

Décide ce qui suit :


1. De charger le Secrétariat Général de l’Académie de faire élaborer des
études scientifiques fiables par des experts en astronomie et en météoro-
logie dignes de confiance.
2. D’inscrire la question de l’unification des débuts des mois lunaires à
l’ordre du jour de la prochaine session, en vue de compléter son étude
tant du point de vue technique que du point de vue des règles de la
Charia.
3. De charger le Secrétariat général de l’Académie d’inviter un nombre
suffisant des experts cités précédemment pour exposer – aux côtés des
Fouqaha – ce sujet sous ses différents aspects de manière claire et pouvant
servir de base pour définir le jugement de la Charia le concernant.

Allah est le Garant du succès


14
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 12 (12/2)
Les Lettres de Garantie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 2ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (22–28 Décembre 1985) ;
Ayant étudié la question des lettres de garantie et examiné les études et re-
cherches y afférentes, et suite aux délibérations et débats exhaustifs à cet effet,
il ressort ce qui suit :
A. Les différents types de lettres de garantie, tant initiales que finales, peuvent
être avec ou sans couverture. En l’absence de couverture, elle implique que la
responsabilité du garant soit associée à celle d’autrui concernant tout ce qui est
requis au moment de la lettre et à l’avenir. Ce type d’engagement correspond à
ce qui est nommé “garantie” ou “caution” dans le Fiqh islamique.
Dans le cas où la lettre de garantie comporte une couverture, la relation entre
le requérant de la lettre et son émetteur est une procuration. Or, la procuration
est valable à titre onéreux ou gratuit, la relation de caution au profit du bénéfi-
ciaire (celui profitant de la caution) étant toujours présente.
B. La caution est un contrat bénévole basé sur la bonté et la bienveillance. Les
Fouqaha (juristes du Fiqh) affirment qu’il est interdit de percevoir une compen-
sation en contrepartie, car, dans le cas où le garant paie la somme de la garantie,
cet acte ressemblera à un prêt avec intérêt au bénéfice de celui qui s’est porté
caution, ce qui est interdit par la Charia.

Le Conseil décide en conséquence ce qui suit :


1. Il n’est pas permis de percevoir une compensation (variant en général
selon le montant et la durée de la garantie) en contrepartie de l’émission
d’une lettre de garantie que ce soit avec ou sans couverture.
2. Il est permis par la Charia de percevoir le remboursement des frais admi-
nistratifs encourus dans les deux types de lettres de garantie, pourvu que
les frais en question ne dépassent pas le montant des frais administratifs
pour des services du même genre. Dans le cas où une caution totale
ou partielle est assurée, il est permis de prendre en considération, dans
l’évaluation des frais encourus pour l’émission de la lettre de garantie, les

15
éléments nécessaires pour assurer cette caution.

Allah est plus Savant


16
Résolutions et Recommandations de la 3ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Amman
Royaume hachémite de Jordanie

8–13 Safar 1407


11–16 Octobre 1986
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 13 (1/3)
Les Demandes d’Explication de la Banque
islamique de Développement
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant étudié amplement et discuté largement de toutes les demandes
soumises par la Banque Islamique de Développement (BID) à l’Académie ,

Décide ce qui suit :


A. Au sujet des frais de service sur les prêts de la Banque Islamique de
Développement
1. Il est permis de percevoir des frais de service sur les prêts à condition que
ces frais restent dans les limites des dépenses effectives.
2. Toute somme supérieure aux frais de service est prohibée, car identique à
l’usure qui est interdite par la Charia.
B. Au sujet des opérations de “Leasing”
Premièrement : La promesse faite par la Banque Islamique de Développement
de louer des équipements au client, après que celle-ci en ait fait l’acquisition, est
acceptable du point de vue de la Charia.
Deuxièmement : Le mandatement par la Banque Islamique de Développement
d’un de ses clients pour acheter, pour le compte de la Banque, ce dont ce client
a besoin en équipement, machine et autres matériels, avec des spécifications dé-
finies et à des prix déterminés, aux fins de les lui louer après l’acquisition de ce
matériel et de ces équipements par le mandataire, est acceptable par la Charia.
Toutefois, il est préférable que le mandataire d’achat soit, si possible, une per-
sonne autre que le client précité.
Troisièmement : L’accord de leasing doit intervenir après l’acquisition effec-
tive des équipements et faire l’objet d’un contrat séparé de celui du mandate-
ment et de la promesse.
Quatrièmement : La promesse de cession des équipements après l’expiration

18
du délai de location est acceptable par la Charia si elle fait l’objet d’un contrat
séparé.
Cinquièmement : La responsabilité de la destruction et de la détérioration du
matériel incombe à la Banque en sa qualité de propriétaire de ces équipements,
sauf abus ou négligence de la part du locataire, auxquels cas la responsabilité
incombe à ce dernier.
Sixièmement : Les frais d’assurance, autant que possible auprès de compa-
gnies islamiques, sont à la charge de la Banque.
C. Au sujet des opérations de vente à crédit et à tempérament
Premièrement : La promesse de vente, par la Banque Islamique de
Développement, d’équipements au client, après leur acquisition par la Banque,
est acceptable par la Charia.
Deuxièmement : Le mandatement, par la Banque Islamique de
Développement, d’un de ses clients pour l’achat, pour le compte de la Banque,
des équipements et autres matériels dont ce client a besoin, avec des spécifica-
tions définies et à des prix déterminés, et ce dans le but que la Banque lui vende
ces biens après leur réception et acquisition par le mandataire, est une opération
acceptable par la Charia ; toutefois, il est préférable, si possible, que le manda-
taire d’achat soit autre que le client précité.
Troisièmement : L’accord de vente doit intervenir après l’appropriation et la
possession effective du matériel et faire l’objet d’un contrat séparé.
D. Au sujet des opérations de financement du commerce extérieur
Les principes appliqués aux opérations de vente à crédit et à tempérament
sont applicables à ce type d’opérations.
E. Au sujet de l’utilisation des intérêts des fonds que la Banque Islamique
de Développement est contrainte de déposer auprès des banques étrangères :
Il est interdit à la Banque Islamique de Développement de protéger la valeur
réelle de ses fonds contre les effets de la fluctuation monétaire au moyen des
intérêts engendrés par ses dépôts. C’est pourquoi il est impératif d’utiliser ces
intérêts au profit d’objectifs d’utilité publique tels que la formation, la recherche,
la mise à disposition de moyen de secours humanitaire, l’assistance financière et
technique aux États membres ainsi qu’aux institutions scientifiques, aux établis-
sements et écoles et à tout ce qui contribue à la diffusion du savoir islamique.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 14 (2/3)
La Zakat sur les Actions dans les Sociétés
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant discuté de la question de la Zakat sur les actions dans les sociétés, sous
tous ses aspects et pris connaissance des études présentées à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Le report de l’adoption d’une résolution sur cette question jusqu’à la 4e session
du Conseil.
Allah est le Garant du succès

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 15 (3/3)
L’Investissement de la Zakat dans des Projets générant des Bénéfices
sans attribution de Titre de Propriété individuelle à l’Ayant Droit
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant examiné les études soumises au sujet de “l’investissement de la Zakat
dans des projets rentables sans attribution de propriété individuelle à l’ayant
droit” ;
Et ayant écouté les avis des membres et des experts à ce sujet ;

Décide ce qui suit :


Il est permis, en principe, d’investir les fonds provenant de la Zakat dans des
projets d’investissement aboutissant à l’acquisition de la Zakat par les ayants
droit ou qui dépendent de l’autorité chariatique responsable de la collecte et
de la distribution de la Zakat. Ceci ne doit être réalisé qu’après satisfaction des
besoins primordiaux et immédiats des ayants droit et avec des garanties suffi-
santes contre les risques de perte.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 16 (4/3)
Les Bébés-éprouvette
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant passé en revue les études soumises à l’Académie au sujet de la pro-
création assistée (les bébés-éprouvette) et l’audition des explications fournies
par les experts et les médecins ;
AYANT CONSTATÉ, après délibération, que les méthodes d’insémination arti-
ficielle connues de nos jours sont au nombre de sept (7),

décide ce qui suit :


A. Les cinq premières méthodes sont interdites par la Charia et sont abso-
lument prohibées, soit par leur nature, soit en raison des conséquences qui en
découlent telles que la confusion de la parenté, l’effacement de la maternité et
d’autres interdits de la Charia. Ces méthodes sont les suivantes :
1. Fécondation, par le spermatozoïde de l’époux, de l’ovule d’une femme
qui n’est pas son épouse, puis insémination de cet ovule fécondé dans
l’utérus de son épouse.
2. Fécondation de l’ovule de l’épouse, par le spermatozoïde d’un homme
qui n’est pas son mari, puis insémination de cet ovule fécondé dans l’uté-
rus de cette femme.
3. Fécondation in vitro de l’ovule d’une femme par le spermatozoïde de son
conjoint et insémination de cet ovule fécondé dans l’utérus d’une mère
porteuse volontaire.
4. Fécondation in vitro de l’ovule d’une femme, par le spermatozoïde d’un
homme qui n’est pas son mari, puis insémination de l’ovule fécondé dans
l’utérus de l’épouse.
5. Fécondation in vitro de l’ovule d’une femme par le spermatozoïde de son
conjoint et insémination de cet ovule fécondé dans l’utérus de la seconde
épouse de cet homme.

22
B. Quant aux sixième et septième méthodes, le Conseil estime que rien n’em-
pêche d’y recourir en cas de besoin, tout en soulignant la nécessité de prendre
toutes les précautions nécessaires. Ces méthodes sont :
1. La fécondation in vitro de l’ovule d’une femme, par le spermatozoïde de
son mari, puis l’insémination de l’ovule fécondé dans l’utérus de cette
même femme.
2. L’inoculation du spermatozoïde du mari à l’endroit approprié du vagin
ou de l’utérus de son épouse, par insémination interne.

Allah est plus Savant


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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 17 (5/3)
Les Appareils de Réanimation
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Après discussions de tous les aspects soulevés autour de la question des ap-
pareils de réanimation ;
Et après audition des explications exhaustives fournies par les médecins
spécialisés en la matière ;

Décide ce qui suit :


Aux yeux de la Charia, est considéré comme mort et objet de toutes les dispo-
sitions stipulées par la Charia dans les cas de décès, tout individu qui présente
à l’observation l’un des deux signes suivants :
1. L’arrêt complet du cœur et de la respiration et la confirmation par les
médecins que cet arrêt est irréversible.
2. L’arrêt définitif de toutes les fonctions du cerveau et la confirmation par
les médecins spécialisés que cet arrêt est irréversible et que le cerveau est
entré en décomposition.
Dans ces cas, il est permis de débrancher les appareils de réanimation, même
si certains organes tels que le cœur continuent de fonctionner artificiellement
grâce aux appareils installés.
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Résolution N° 18 (6/3)
L’Unification des Débuts des Mois lunaires
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant passé en revue deux questions relatives à “l’unification des débuts
des mois lunaires”, à savoir :
1. Le degré d’incidence de la différence des lieux d’observation de la lune sur
l’unification des débuts des mois ;
2. L’utilisation du calcul astronomique pour déterminer les débuts des mois
lunaires.
ayant examiné les études soumises à ce sujet par les membres et les experts :

Décide ce qui suit :


Pour la première question: si la vision du croissant lunaire a été confirmée
dans un pays, tous les musulmans de ce pays sont tenus d’en prendre en compte.
La différence des lieux de vision du croissant n’est pas prise en considération,
en raison du caractère général de la prescription religieuse relative au jeûne et
à sa rupture.
Pour la deuxième question: Il est obligatoire de s’appuyer sur la vision,
avec la possibilité de s’aider du calcul astronomique et des observatoires compte
tenu des Hadiths du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et des faits scientifiques.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 19 (7/3)
L’Ihram pour ceux qui se rendent au Hadj ou
à la Omrah par Avion ou Bateau
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant pris connaissance des études présentées concernant la question de
l’Ihram (état de sacralisation) pour ceux qui se rendent au Haj ou à la Omrah,
par avion ou bateau,

Décide ce qui suit :


Il est obligatoire de se mettre en état d’Ihram (sacralisation) aux Miqats (limites)
fixés par la Sounna prophétique, pour les personnes ayant l’intention d’accom-
plir le Haj ou la Omrah et qui les traversent ou passent à leurs hauteurs par voie
terrestre, aérienne ou maritime, eu égard à la portée générale de la prescription
relative à l’état d’Ihram (sacralisation) dans les paroles prophétiques.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 20 (8/3)
L’Attribution de la Zakat au Profit du Fonds de Solidarité islamique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant entendu le discours du Secrétaire général adjoint de l’Organisation
de la Conférence islamique sur les activités du Fonds de Solidarité Islamique et
sur ses besoins pressants de soutien matériel ainsi que sa proposition visant à ce
que le Fonds de Solidarité soit un des bénéficiaires de la Zakat ;

Décide ce qui suit :


De charger le Secrétariat général de l’Académie, en collaboration avec le Fonds
de Solidarité Islamique, de préparer les études nécessaires pour l’examen de
cette question, en vue de les soumettre au Conseil de l’Académie à sa prochaine
session([^3]).
Allah est le Garant du succès

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Résolution N° 21 (9/3)
Les Dispositions de la Charia à l’Egard des Billets de
Banque et de la Fluctuation de la Valeur de la Monnaie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet des “Dispositions
de la Charia à l’égard des billets de banque et de la fluctuation de la valeur de
la monnaie”

Décide ce qui suit :


Premièrement : au sujet des dispositions de la Charia à l’égard
des billets de Banque :
Les billets de banque représentent une monnaie fiduciaire qui porte en elle une
valeur monétaire complète et est soumise aux dispositions de la Charia sur l’or
et l’argent afférentes à l’usure, la Zakat, l’achat par paiement anticipé et autres.
Deuxièmement : au sujet de la valeur de la monnaie
Le report de l’examen de cette question jusqu’à l’étude complète de tous ses as-
pects, en vue de son examen au cours de la 4e session du Conseil([^4]).
Allah est le Garant du succès

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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 22 (10/3)
Les Titres de “Mouqarada” et les Titres de
Développement et d’Investissement
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant examiné l’étude présentée sur la question des “titres de Mouqarada et
les titres de développement et d’investissement”,
ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet :
Conformément au plan de travail de l’Académie exigeant la préparation de
plusieurs études sur un même sujet,
compte tenu de l’importance de cette question et la nécessité de l’examiner
en détail sous tous ses aspects et de recueillir toutes les opinions y afférentes :

Décide ce qui suit :


Charge le Secrétariat général de l’Académie de confier à des experts de son choix
le soin d’élaborer un certain nombre d’études sur la question, en vue de per-
mettre au Conseil d’adopter la résolution appropriée à sa 4e session([^5]).
Allah est le Garant du succès

29
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 23 (11/3)
Les Demandes d’Explication de l’Institut international
de la Pensée islamique de Washington, DC (USA)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant examiné les demandes d’explication soumises par l’Institut interna-
tional de la Pensée islamique à Washington et les réponses préparées par des
membres et experts du Conseil de l’Académie

Décide ce qui suit :


CHARGER le Secrétariat général de l’Académie de communiquer audit institut
les réponses approuvées par le Conseil :

Que les éloges et le Salut soient sur Notre Seigneur Mohammed, Ultime Messager,
sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Les Réponses approuvées aux Questions posées2

QUESTION N° 3 :
Quelle est la position de la Charia à l’égard du mariage d’une musulmane avec
un non-musulman, surtout si elle espérait la conversion de celui-ci à l’Islam après
le mariage ? En effet, beaucoup de femmes musulmanes prétendent qu’elles ne
trouvent pas souvent de mari musulman convenable et qu’elles seraient ainsi
exposées aux inconduites ou risquent de vivre dans des conditions fort gênantes.

RÉPONSE :
Le mariage d’une musulmane à un non-musulman est interdit par la Charia, et
ce, selon le Coran, la Sounna et le consensus. Si un tel mariage était conclu, il

² Les réponses aux questions 1;2;7;15;22 ont été ajournées.

30
serait frappé de nullité et les dispositions de la Charia relatives au mariage ne
pourraient s’y appliquer et les enfants nés d’un tel mariage sont illégitimes. Le
fait d’espérer la conversion du mari à l’Islam ne modifie nullement ce jugement.

QUESTION N° 4 :
Quelle est la position de la Charia sur la continuité d’un lien matrimonial
et de la cohabitation entre une épouse convertie à l’Islam et son mari resté
non musulman, au cas où elle craindrait que les enfants nés de ce mariage
s’égarent et dérivent en cas de divorce tout en sachant que l’épouse nourrit
l’espoir que son mari se convertisse à l’Islam si leurs relations matrimoniales
restaient maintenues ?
Et quel serait le jugement si elle ne nourrissait pas l’espoir qu’il se convertisse
à l’Islam, mais qu’il se comporte bien avec elle et qu’elle craint, si elle s’en sépare,
de ne pas trouver de mari musulman ?

RÉPONSE :
Dès qu’une femme se convertit à l’Islam et que le mari refuse d’en faire de même,
leur mariage est dissout. L’épouse n’a plus le droit de vivre maritalement avec
cet homme. Cependant, la femme doit observer le délai de viduité. Si le mari
se convertit à l’Islam pendant cette période, elle redeviendra son épouse sur la
base du mariage précédent.
En revanche, si la période de viduité est arrivée à son terme sans que le mari
se convertisse à l’Islam, le lien de mariage qui les unit est rompu. Si, par la suite,
le mari se convertit à l’Islam et qu’ils souhaitent tous les deux reprendre la vie
conjugale, ils pourront le faire par le biais d’un nouveau contrat de mariage.
La notion de bon traitement par le mari n’a pas d’effet sur la légitimité de la
continuation du lien matrimonial.

QUESTION N°5 :
Quelle est la position de la Charia au sujet de l’enterrement des morts musul-
mans dans les cimetières des non musulmans, vu que l’enterrement n’est pas
permis en dehors des cimetières et qu’il n’existe pas de cimetières propres aux
musulmans dans la plupart des États nord-américains et dans les pays européens ?

31
RÉPONSE :
L’enterrement d’un musulman dans les cimetières des non-musulmans dans des
pays non musulmans est permis pour cause de nécessité impérieuse.

QUESTION N° 6 :
Quelle est la position de la Charia sur la vente d’une mosquée, si les musulmans
quittent la région où elle est située, et s’ils craignent sa dégradation ou son ap-
propriation par autrui ? En effet, il arrive souvent que les musulmans achètent un
local à usage d’habitation et le transforment en mosquée. Si la majorité d’entre
eux quitte la région pour des raisons liées à leurs activités, la mosquée est dé-
sertée ou laissée à l’abandon et parfois certaines personnes se l’approprient. Or,
il est possible de la vendre et de l’échanger contre une autre mosquée qui sera
installée dans une zone où vivent des musulmans. Quelle est alors la position
de la Charia au sujet de cette vente ou de cet échange ? S’il n’a pas été possible
d’acquérir une autre mosquée en échange, quelle est la forme la plus indiquée
pour l’utilisation du produit de la vente ?

RÉPONSE :
Il est permis de vendre une mosquée devenue inutilisée ou située dans une zone
abandonnée par les musulmans ou qui risque d’être accaparée par des non-mu-
sulmans, à condition que le produit de la vente soit utilisé pour l’achat d’un
autre local qui sera transformé en mosquée.

QUESTION N°8 :
Certaines femmes ou jeunes filles se trouvent, du fait de leurs situations pro-
fessionnelles ou leurs études, obligées d’habiter seules ou avec des femmes non
musulmanes. Quelle est la position de la Charia au sujet de cette situation ?

RÉPONSE :
Selon la Charia, il n’est pas permis à une femme musulmane d’habiter seule
dans une région étrangère.

QUESTION N° 9 :
Aux États-Unis, beaucoup de femmes disent qu’elles peuvent couvrir toutes les
parties de leur corps, à l’exception du visage et des mains, alors que certaines

32
d’entre elles avancent que la direction de leur travail, leur interdit de se couvrir
même la tête. Quelles sont les parties du corps de la femme qu’il est permis de
ne pas voiler dans le cas extrême, c’est-à-dire en présence d’hommes étrangers
dans le lieu de travail ou d’études ?

RÉPONSE :
Selon la majorité des ulémas, le voile pour la femme musulmane consiste à cou-
vrir tout le corps, à l’exception du visage et des mains à condition que des ten-
tations ne risquent pas d’être suscitées. Dans le cas contraire, il est obligatoire
de les couvrir également.

QUESTIONS N° 10 & 11 :
Dans ce pays de nombreux étudiants musulmans se trouvent dans l’obligation
de travailler pour couvrir leurs frais d’études et de subsistance, car pour nombre
d’entre eux, l’argent qu’ils reçoivent de leurs proches n’est pas suffisant. Cela les
oblige à exercer un emploi sans lequel ils ne pourraient survivre. Or, souvent,
ils ne trouvent d’emploi que dans les restaurants qui servent des boissons al-
coolisées ou proposent des repas contenant du porc et autres produits prohibés.
Quelle est la position de la Charia concernant le travail du musulman dans
ces lieux ? Qu’en est-il de la vente par un musulman, de boissons alcoolisées et
de porc à un non-musulman ou la fabrication de boissons alcoolisées et leurs
ventes à des non-musulmans, sachant que dans ces pays certains musulmans
exercent ce genre de profession ?

RÉPONSE :
Le musulman peut, s’il ne trouve pas de travail licite du point de vue de la Charia,
travailler dans des restaurants appartenant à des non-musulmans, à condition
qu’il ne serve pas lui-même de boissons alcoolisées, ne les transporte pas, ne les
fabrique pas et ne les vende pas. Il en est de même pour ce qui est de servir du
porc et autre produit prohibé de même nature.

QUESTION N°12 :
De nombreux médicaments contiennent des quantités diverses d’alcool, variant
de 0,01 à 25%. La plupart de ces médicaments sont utilisés contre le rhume, l’an-
gine, la toux et d’autres maladies courantes. Les médicaments contenant l’alcool
représentent en général près de 95% des remèdes utilisés contre ces maladies, ce

33
qui rend difficile, voire impossible, l’acquisition d’autres produits pharmaceu-
tiques ne contenant pas d’alcool. Quelle est la position de la Charia au sujet de
la consommation de ces médicaments ?

RÉPONSE :
Le musulman malade peut prendre des médicaments contenant une proportion
d’alcool, à défaut d’un autre médicament dépourvu de cette substance, si ce mé-
dicament a été prescrit par un médecin honnête et fiable sur le plan professionnel.

QUESTION N° 13 :
Il existe des levures et des gélatines qui contiennent des quantités très faibles
d’éléments extraits du porc. Est-il permis par la Charia d’utiliser ces levures et
ces gélatines ?

RÉPONSE :
Il n’est pas permis au musulman d’utiliser dans sa nourriture des levures ou des
gélatines extraites du porc. Les levures et les gélatines d’origine végétale ou pro-
venant d’animaux égorgés conformément à la Charia permettent suffisamment
de s’en abstenir.

QUESTION N° 14 :
La plupart des musulmans sont contraints d’organiser les cérémonies de mariage
de leurs filles dans leurs mosquées. Ces cérémonies comportent souvent de la
danse, des chants et de la musique. Ils ne disposent pas de locaux suffisamment
spacieux pour tenir ce genre de cérémonies. Quel est le jugement de l’organi-
sation de ces manifestations dans les mosquées ?

RÉPONSE :
Il est recommandé de conclure le contrat de mariage dans les mosquées. Il n’est
pas permis d’y organiser ces cérémonies si celles-ci comportent des interdits
de la Charia, tels que le regroupement mixte d’hommes et de femmes, que ces
dernières portent des tenues impudiques ou quand ces cérémonies comportent
de la danse et de la musique.

34
QUESTION N°16 :
Quel est le jugement du mariage d’un étudiant musulman ou d’une étudiante
musulmane, avec l’intention de rompre ce mariage au terme de ses études,
pour retourner à son lieu de résidence permanente, sachant qu’habituellement
ce mariage se fait par contrat ordinaire ayant la même forme qu’un contrat de
mariage permanent ?

RÉPONSE :
En principe le mariage se doit d’être continu et permanent et donner naissance
à un foyer stable tant qu’aucune raison ne vienne y mettre fin.

QUESTION N° 17 :
Quel est le jugement de la Charia au sujet d’une femme qui s’épile les sourcils
ou se met du “Khôl” pour se rendre au travail ou à ses études ?

RÉPONSE :
L’application du “ Khôl ” est permise par la Charia pour l’homme comme pour
la femme. Mais l’épilation des sourcils n’est permise que dans le cas où les poils
des sourcils déforment l’apparence de la femme.

QUESTION N° 18 :
Certaines femmes musulmanes disent qu’elles trouvent embarrassant de ne pas
serrer la main à des hommes étrangers qui fréquentent leurs lieux de travail ou
d’études. Elles leur serrent donc la main pour éviter l’embarras.
Il en est de même pour beaucoup de musulmans qui disent que lorsque des
femmes étrangères se présentent pour leur serrer la main, il est embarrassant de
ne pas en faire de même selon les propos de ces hommes et ces femmes.

RÉPONSE :
Le fait, pour un homme, de serrer la main à une femme étrangère pubère est
interdit par la Charia, et vice-versa.

QUESTION N° 19 :
Quelle est la position de la Charia au sujet de la location d’une église pour ac-

35
complir les cinq prières quotidiennes ou la prière du vendredi et celles des deux
principales fêtes musulmanes, alors que dans ces églises se trouvent des statues et
autres objets que l’on trouve généralement dans les églises ? Il est à signaler que
les églises sont les locaux dont le loyer est souvent le moins cher par rapport à
ce qu’on pourrait louer ailleurs chez des chrétiens. Certaines églises sont mises
à disposition gratuitement par les universités ou les institutions de bienfaisance
pour de telles occasions.

RÉPONSE :
Dans la Charia rien n’interdit la location d’une église pour accomplir la prière
en cas de besoin, en évitant de prier en direction des statues et des portraits, les-
quels doivent être couverts s’ils sont situés dans la direction de la Qibla.

QUESTION N° 20 :
Quelle est la position de la Charia concernant la consommation de la viande
d’animaux égorgés par les “ Gens du Livre ” (Juifs et Chrétiens), ainsi que les
repas qu’ils servent dans leurs restaurants, tout en ignorant s’ils ont prononcé
le nom d’Allah ou pas au moment de les égorger ?

RÉPONSE :
La viande d’animaux égorgés par les “ Gens du Livre ” est licite, s’ils sont égor-
gés de manière acceptée par la Charia, même si le nom d’Allah n’y a pas été
prononcé. L’Académie recommande l’approfondissement de cette question lors
de sa prochaine session.³

QUESTION N° 21 :
Dans de nombreuses cérémonies publiques auxquelles les musulmans sont in-
vités, des boissons alcoolisées sont servies et les femmes se mêlent aux hommes.
Or, s’abstenir d’assister à ces cérémonies aboutit à l’isolement du musulman du
reste de la société et la perte de certains avantages. Quelle est la position de la
Charia sur le fait d’assister à ces cérémonies, sans participer à la consommation
de boissons alcoolisées ou de porc, ni à la danse ?

³ Cf la résolution n°95 (3/10) paragraphe 6 ainsi que les suivants.

36
RÉPONSE :
Il n’est pas permis au musulman et à la musulmane d’assister à des cérémonies
où sont servies des boissons alcoolisées, car il s’agit d’assemblées dans lesquelles
des péchés et des interdits sont commis.

QUESTION N° 23 :
Dans plusieurs États américains et les pays européens, il est difficile, voire im-
possible, d’observer la nouvelle lune aux mois de Ramadan ou de Shawal. Or le
progrès scientifique réalisé dans ces pays permet de connaître de façon précise
la naissance de la lune par le calcul astronomique. Est-il permis de se baser sur
le calcul dans ces pays ?
Et est-il permis de tirer profit des observatoires et de croire aux déclarations
des non-musulmans qui supervisent ces observatoires, sachant qu’il y a lieu de
croire qu’ils disent la vérité ? Il est à signaler que le fait, pour les musulmans
d’Amérique ou d’Europe, de suivre certains pays musulmans d’Orient au sujet
du début ou de la fin de la période du jeûne a suscité entre eux de nombreuses
divergences qui souvent font perdre les aspects les plus importants de ces fêtes
et provoquent des problèmes quasi permanents. Selon certains, l’adoption du
calcul astronomique pourrait mettre fin, ou presque, à cet état de choses.

RÉPONSE :
Il est obligatoire de s’appuyer sur la vision du croissant lunaire tout en s’aidant
du calcul astronomique, conformément aux Hadiths du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et aux
vérités scientifiques. Si la vision est confirmée dans un pays, les musulmans
doivent s’y conformer, sans tenir compte de la différence des lieux de vision de
la lune, compte tenu du sens général de l’ordre prescrivant le début et la fin de
la période du jeûne.4

QUESTION N° 24 :
Quelle est la position de la Charia concernant l’exercice, par un musulman, d’ac-
tivités dans les départements et les ministères du Gouvernement des États-Unis
ou d’autres gouvernements non musulmans, notamment dans des domaines
importants comme celui des industries nucléaires ou des études stratégiques et
autres domaines semblables ?

4 Cf la résolution n°18 (6/3).

37
RÉPONSE :
Il est permis au musulman d’exercer une activité licite du point de vue de la
Charia dans des départements et des institutions appartenant à des gouverne-
ments non musulmans, si son activité ne conduit pas à porter préjudice aux
musulmans.

QUESTION N° 25 :
Quelle est la position de la Charia sur le fait, pour un architecte musulman,
d’établir des plans de bâtiments destinés aux chrétiens, comme des églises ou
autres, sachant que cela fait partie de son activité dans l’entreprise qui l’emploie
et qu’il s’exposerait au licenciement s’il s’abstenait de le faire ?
Quelle est la position de la Charia sur l’octroi d’une donation, par un mu-
sulman ou une association islamique, au profit d’institutions d’enseignement
ou d’évangélisation ou au profit de l’église ?

RÉPONSE :
Il n’est pas permis à un musulman d’élaborer des plans d’architecture ou de
construire des lieux d’adoration pour des non-musulmans ou d’y contribuer
financièrement ou sous une forme active.

QUESTION N° 27 :
De nombreux chefs de familles musulmanes pratiquent la vente de boissons al-
coolisées et de porc, ainsi que d’autres produits prohibés, tandis que leurs épouses
et leurs enfants désapprouvent ce fait, il est à noter que ces derniers vivent du
revenu de ce chef de famille. Ce faisant, sont-ils fautifs au regard de la Charia ?

RÉPONSE :
Les femmes et les enfants qui ne sont pas en mesure de gagner leur vie de ma-
nière licite ont le droit, à cause de la contrainte, de se nourrir des revenus illicites
du chef de famille tels que la vente de boissons alcoolisées et de porc et autres
ressources prohibées (haram), mais après avoir fait l’effort de le convaincre de
chercher un autre emploi et de gagner sa vie de façon licite.

QUESTION N° 28 :
Quel est le jugement de la Charia au sujet de l’achat d’un logement ou d’une

38
voiture pour usage personnel et des meubles pour son logement, en faisant ap-
pel aux banques ou aux institutions qui imposent un bénéfice fixe sur les prêts,
en contrepartie de l’hypothèque de ces biens ? Il est à souligner que pour les
logements, les voitures et les meubles, en général, l’alternative à la vente serait
la location à un montant mensuel généralement plus élevé que le montant de
la traite payée à la banque pour le prêt.

RÉPONSE :
Ce genre de transaction n’est pas permis par la Charia.
Allah est plus Savant

39
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 24 (12/3)
Les Projets scientifiques de l’Académie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant examiné le rapport de la Section de Planification du Conseil sur sa réu-
nion tenue les 8 et 9 Safar 1407 H (11 et 12 octobre 1986) au cours de laquelle elle
a passé en revue un certain nombre de questions inscrites à son ordre du jour ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : l’adoption des projets suivants après quelques modifications :

1. Encyclopédie du Fiqh économique


2. Glossaire du Fiqh
3. Recueil des Maximes du Fiqh
4. Recueil des références de dispositions jurisprudentielles
5. Revivification du patrimoine du Fiqh
6. Règlement financier de l’Encyclopédie du Fiqh économique
7. Règlement financier du Glossaire du Fiqh
8. Règlement financier de la revivification du patrimoine du Fiqh
9. Règles de procédure de l’activité, des délibérations et du déroulement des
réunions du Conseil.

Deuxièmement : Formation d’une commission scientifique quadripartite pour


l’élaboration d’une méthodologie pour les deux projets “ Encyclopédie du Fiqh
économique ” et “ Recueil des références de maximes jurisprudentielles ”, et ce, en
concertation entre le président du Conseil et le Secrétaire général de l’Académie.
Allah est le Garant du succès

40
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 25 (13/3)
Les Recommandations de la 3ème session du Conseil de l’Académie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 3ème session, à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie), du 8 au 13 Safar H (11–16 Octobre 1986) ;
Ayant écouté le discours de Sa Majesté le Prince Hassan bin Talal, Prince
Héritier du Royaume hachémite de Jordanie, sur les problèmes pressants dont
souffrent les musulmans dans les domaines du développement économique et
social et la nécessité d’agir en vue de satisfaire les besoins pressants des musul-
mans dans la lutte contre la pauvreté, la maladie et l’ignorance, et d’assurer à
l’homme une vie décente ;
Ayant entendu l’appel de Sa Majesté le Prince Héritier adressé aux mondes
arabe et islamique en vue de venir en aide au Soudan ;
Ayant pris conscience de la nécessité de redoubler d’efforts pour libérer la
Mosquée Al-Aqsa, première des deux “ Qibla ” et troisième lieu saint de l’Islam,
tout près de laquelle se tient la présente session du Conseil ;
Convaincu de la nécessité d’accorder une importance primordiale aux ques-
tions liées à la vie des musulmans dans les domaines social, économique, celui
de la solidarité et de la nécessité d’approfondir l’étude et la recherche dans ces
domaines en favorisant l’organisation de séminaires scientifiques et de journées
d’études et autres.

Recommande ce qui suit :


Premièrement : La nécessité d’adopter un vaste programme islamique de se-
cours financé par un fonds spécial qui sera créé à cet effet et alimenté par les
recettes provenant de la Zakat, des contributions volontaires et des revenus des
« Awqaf » de bienfaisance.
Deuxièmement : Lancer un appel à la Oumma islamique, gouvernements et
peuples, pour que tous les efforts soient déployés en vue de la libération de la
première des deux Qibla et le troisième des lieux saints, ainsi que les territoires
occupés et ce, par la mobilisation de ses capacités, l’affirmation de son identité,

41
le resserrement de ses rangs, en s’élevant au-dessus de tous les facteurs de di-
vision et en adoptant la Charia comme mode de vie tant privée que publique.
Troisièmement : L’Académie devra accorder un intérêt particulier aux do-
maines des études, des recherches, des Fatwas et des projets, aux questions im-
portantes pour les musulmans, en rapport avec leur vie sociale, économique, le
resserrement de leurs rangs, l’unification de leurs positions et la réalisation de
tous les facteurs de complémentarité et de solidarité entre eux, et leur permettre
de faire face à tous les défis, et de vivre conformément aux prescriptions de la
Charia.
Quatrièmement : Faire la distinction entre les questions relatives aux études
et recherches et celles concernant les “Fatwas”, et ce, en mettant l’accent, pour
ce qui est des études et des recherches notamment sur les séminaires scienti-
fiques et les journées d’étude, conformément à un plan élaboré par la Section
de Planification de l’Académie, pour être soumis au Conseil.
Allah est le Garant du succès

42
Résolutions et Recommandations de la 4ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Jeddah
Royaume d’Arabie saoudite

18–23 Joumada Al-Akhira 1408


6–11 Février 1988
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 26 (1/4)
La Transplantation d’Organes d’un Corps humain
vivant ou mort au Profit d’un Homme vivant
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après avoir pris connaissance des études de fiqh et de médecine soumises à
l’Académie sur la question de la “Transplantation d’organes d’un corps humain
mort ou vivant, au profit d’un homme” ;
À la lumière des discussions qui ont permis de constater que la pratique de
la greffe est devenue un fait courant grâce au progrès scientifique et médical,
mais que ses résultats positifs bien qu’évidents, comportent souvent des effets
psychologiques et sociaux négatifs résultant de la pratique de cette greffe sans
tenir compte des règles prescrites par la Charia destinées à préserver la dignité
de l’homme, tout en soulignant la nécessité de mettre en application les finalités
de la Charia garantissant tous les biens et les intérêts prédominants pour les in-
dividus et les sociétés et qui appellent à l’entraide, la compassion et l’abnégation.
Après avoir cerné la question et dégagé les points qui doivent faire l’objet
de recherche et permettre d’en préciser les différents aspects, formes et cas, dont
chacun doit faire l’objet d’une décision spécifique ;

Décide ce qui suit :


Du point de vue de la définition et de la classification :
Premièrement : On désigne ici par organe toute partie du corps humain, qu’il
s’agisse de tissu, de cellules, du sang et autres organes tels que l’œil, que cet or-
gane fasse encore partie du corps ou qu’il en ait été séparé.
Deuxièmement : La greffe, objet de l’étude, est une opération rendue néces-
saire pour sauver la vie du receveur ou de sauvegarder une fonction essentielle
de son organisme, telle que la vue, à condition qu’il jouisse d’une vie respectable
du point de vue de la Charia.
Troisièmement : Les formes de greffe d’organes se divisent comme suit :

44
• Transplantation de l’organe à partir d’un individu vivant
• Transplantation de l’organe à partir d’un individu mort
• Transplantation de l’organe à partir d’un fœtus.

Première forme :
La transplantation de l’organe à partir d’un individu vivant comporte les cas
suivants :
• Greffe de l’organe d’un endroit du corps à un autre endroit du même corps,
tel que les greffes de peau, des cartilages, des os, des vaisseaux sanguins, etc.
• Transplantation de l’organe prélevé d’un homme vivant à un autre homme.
Dans ce cas, les organes se divisent en deux catégories : ceux dont dépend
la vie et ceux dont elle ne dépend pas. Les organes vitaux peuvent être des
organes uniques comme le cœur et le foie ou multiples comme les reins et
les poumons.

Parmi les organes qui n’ont pas une fonction vitale, il en est ceux qui
assurent une fonction essentielle dans l’organisme et d’autres qui n’ont pas
cette fonction. Il en est également ceux qui se renouvellent spontanément
comme le sang et d’autres qui ne se renouvellent pas. Il en est ceux qui ont
des incidences sur les liens de parenté, l’hérédité, la personnalité globale, et
d’autres qui n’ont aucune incidence de ce genre.

Deuxième forme :
Transplantation de l’organe d’un mort : il est à observer que la mort peut prendre
deux aspects :
Premier aspect : mort du cerveau par l’arrêt définitif de toutes ses fonctions
d’un point de vue médical.
Deuxième aspect : arrêt total et irréversible du cœur et de la respiration du
point de vue médical.
Dans les deux cas, il a été tenu compte de la résolution adoptée par l’Acadé-
mie islamique du Fiqh à sa 3e session.
Troisième forme :
La transplantation d’organes à partir de fœtus peut intervenir dans trois cas :

• Les fœtus avortés spontanément


• les fœtus avortés du fait d’une intervention médicale ou d’un acte criminel
• les fœtus obtenus par “fécondation in vitro”.

45
Du point de vue des dispositions de la Charia :
Premièrement : Il est permis de greffer un organe du corps d’un homme d’un
endroit à un autre de son corps, tout en s’assurant que le bienfait attendu de
cette opération l’emporte sur le dommage qui pourrait en résulter et à condi-
tion que ce soit pour remplacer un organe manquant, restituer la forme ou la
fonction habituelle d’un organe ou corriger un défaut ou une difformité causant
à l’individu des torts psychologiques ou organiques.
Deuxièmement : Il est permis de transplanter l’organe prélevé sur le corps
d’un homme à celui d’un autre homme, si l’organe en question se renouvelle
spontanément, comme le sang et la peau, à condition que le donneur soit lé-
galement pleinement apte à prendre cette décision et que soient assurées les
conditions requises par la Charia en la matière.
Troisièmement : Il est permis d’utiliser une partie de l’organe qui a été en-
levée du corps d’une personne malade, comme par exemple l’utilisation de la
cornée de l’œil si, par suite d’une maladie, l’œil est enlevé.
Quatrièmement : Il est prohibé de prélever sur un homme un organe vital
comme le cœur, pour le transplanter à un autre homme.
Cinquièmement : Il est prohibé de prélever sur un homme vivant un organe
dont l’absence bloquerait une fonction essentielle de son organisme, même si sa
vie n’en dépendait pas, comme dans le cas de la cornée de l’œil. Cependant, le
prélèvement qui n’affecte que partiellement une fonction essentielle fait l’objet
d’étude et de réflexion, comme indiqué dans le huitième paragraphe ci-dessous.
Sixièmement : Il est permis de transplanter un organe du corps d’une per-
sonne décédée si cet organe est essentiel pour maintenir le receveur en vie ou
pour restaurer une fonction essentielle de son organisme, sous réserve que soit
donnée l’autorisation par le donneur avant sa mort ou par ses héritiers après
celle-ci. Si le défunt n’a pas pu être identifié ou s’il n’a pas d’héritiers, l’autori-
sation du représentant de la communauté musulmane est requise.
Septièmement : Il est à observer que la transplantation d’organes dans les cas
précités est permise, à condition que l’organe en question n’ait pas fait l’objet
d’une vente, étant donné qu’il est interdit, dans tous les cas, de mettre en vente
des organes humains. Cependant, engager des dépenses en vue d’obtenir l’organe
en cas de besoin impérieux ou de verser une somme en guise d’appréciation et
de récompense est matière d’Ijtihad et de réflexion.
Huitièmement : Tous les cas et toutes les formes autres que ceux précités,
concernant le fond de la question, sont matière d’étude et de réflexion et doivent
être soumis à l’étude et à l’examen du Conseil de l’Académie, au cours d’une

46
prochaine session, à la lumière des données de la médecine et des dispositions
de la Charia.
Allah est plus Savant

47
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 27 (2/4)
L’Attribution de la Zakat au Profit du Fonds de Solidarité islamique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après avoir pris connaissance de la note explicative concernant le Fonds
de Solidarité islamique et sa qualité de Waqf soumise à la 3e session du Conseil,
ainsi que des études parvenues à la présente session concernant la question de
l’attribution de la Zakat au profit du Fonds de Solidarité islamique ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il n’est pas permis d’attribuer la Zakat au fonds de Solidarité
Islamique dans le but de consolider sa qualité de waqf, car cela empêche la dis-
tribution de la Zakat à ses destinataires légitimes définies par le Noble Livre.
Deuxièmement : Le Fonds de Solidarité Islamique peut assumer le rôle de
mandataire d’individus et d’institutions pour distribuer la Zakat à des destina-
taires légaux aux conditions suivantes :
1. Que soient réunies les conditions légales, aussi bien pour le mandant que
pour le mandataire.
2. Que le Fonds introduise des amendements à ses statuts et modifie ses ob-
jectifs de manière à pouvoir entreprendre des opérations de cette nature.
3. Que le Fonds crée un compte spécial pour les capitaux provenant de la
Zakat, afin qu’ils ne soient pas mélangés aux autres fonds reçus et non
destinés à la Zakat.
4. Les fonds de la Zakat ne devront pas être utilisés pour couvrir les dé-
penses administratives, les salaires et autres frais qui ne font pas partie des
destinataires légaux de la Zakat.
5. Tout donateur peut spécifier le bénéficiaire parmi les huit destinataires
légaux de la Zakat. Le Fonds devra, dans ce cas, tenir compte de la vo-
lonté du donateur.
6. Le Fonds s’engage à distribuer les fonds de la Zakat à leurs bénéficiaires,

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dans les meilleurs délais possibles, afin que ces derniers puissent en tirer
profit dans un délai n’excédant pas une année.
Et recommande ce qui suit :
Afin de permettre au Fonds de Solidarité Islamique d’accomplir ses nobles ob-
jectifs mentionnés dans ses statuts et pour lesquels il a été créé, et en application
de la résolution de la seconde conférence du Sommet Islamique qui fait men-
tion de la création de ce fonds et de son financement à travers les participations
des pays membres,
Et vu l’absence d’aide régulière et bénévole de la part de certains états
membres,
Le conseil sollicite les états, les gouvernements, les fondations et les musul-
mans aisés afin qu’ils remplissent leur devoir de soutien de ce fonds pour lui per-
mettre d’accomplir ses nobles objectifs au service de la communauté musulmane.
Allah est plus Savant

49
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 28 (3/4)
La Zakat sur les Actions des Sociétés
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après avoir pris connaissance des études et recherches qui lui sont parve-
nues sur la question de la “Zakat sur les actions des sociétés” ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Un actionnaire doit payer la Zakat sur ses actions.
L’administration de la société peut s’en acquitter en son nom si son statut le sti-
pule, sur décision de son Assemblée générale, si les lois du pays imposent aux
sociétés de s’acquitter de la Zakat au nom des actionnaires, ou si l’actionnaire
donne procuration à la société pour s’acquitter en son nom de la Zakat sur ses
actions.
Deuxièmement : L’administration de la société s’acquittera de la Zakat sur les
actions, de la même façon qu’une personne physique s’acquitte de la Zakat sur
ses biens, c’est-à-dire que l’ensemble des avoirs des actionnaires est considéré
comme avoirs d’une seule personne et donc sujets à la Zakat, dans les mêmes
conditions que celles d’une personne physique, du point de vue de la nature
des biens, du minimum imposable, du montant, et de toute autre considéra-
tion relative à la Zakat d’une personne physique, conformément au principe
d’association accepté par un certain nombre de Fouqaha, en ce qui concerne
tous les biens.
Il faut défalquer la part des actions non sujettes à la Zakat, telles que les ac-
tions détenues par le Trésor public, les actions des Awqaf de bienfaisance, les
actions des fondations philanthropiques, ainsi que les actions appartenant à
des non-musulmans.
Troisièmement : Si, pour une raison ou pour une autre, la société ne s’ac-
quitte pas de la Zakat, les actionnaires doivent s’en acquitter eux-mêmes sur
leurs actions. Si l’actionnaire parvenait à connaître, à partir des comptes de la
société, le montant de la Zakat qu’il devrait si la société s’était acquittée de la

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Zakat sur ses fonds dans les conditions précitées, il devra s’en acquitter sur cette
considération, car elle constitue la base du mode d’acquittement de la Zakat
sur les actions.
Au cas où l’actionnaire ne serait pas en mesure d’obtenir ces éléments
d’information :
• S’il a investi dans la société dans le but de tirer profit des revenus annuels de
ses actions et non dans le but de faire le commerce de celle-ci, alors, comme
dans le cas de la Zakat sur les exploitations et conformément à la Résolution
no 2 (2–2) adoptée par la 2e session du Conseil au sujet de la Zakat sur les
biens immobiliers et les terres non agricoles loués, il n’est pas redevable de
Zakat sur la valeur de ses actions, mais sur les revenus de ses actions, au taux
du quart du dixième, et ce, au terme d’une année révolue à compter de la
date d’encaissement du revenu, pourvu que les conditions de la Zakat soient
réunies et qu’il n’y ait pas d’empêchement([^9]).
• Si l’actionnaire a investi dans le but de faire le commerce de ses actions, il
doit payer la Zakat sur ses actions dans les mêmes conditions que pour les
marchandises. Si la Zakat vient à échéance (au terme d’une année) et qu’il
est toujours en possession de ses actions, il doit s’acquitter de la Zakat sur
la valeur boursière de ses actions. En l’absence d’une bourse de valeur, il
paiera la Zakat sur la valeur de ses actions telle que fixée par des experts. Il
doit, dans ces conditions, payer le quart du dixième (2,5%) du montant des
actions et du bénéfice de ces actions.
Quatrièmement : Si l’actionnaire, au cours de l’année, cède ses actions, il
devra ajouter leur prix de vente à ses biens et s’acquitter de la Zakat quand
celle-ci arrivera à échéance sur la totalité de ses biens. Quant à l’acquéreur d’ac-
tion, il paie la Zakat sur les actions achetées dans les conditions précédemment
indiquées.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 29 (4/4)
L’Expropriation pour cause d’Utilité publique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après avoir pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant
la question de “l’expropriation pour cause d’utilité publique”,
À la lumière de ce qui est incontestablement admis dans les principes de la
Charia au sujet du respect de la propriété individuelle, au point de constituer
l’une des dispositions de la religion ayant un caractère catégorique notoire et
évident ;
Vu que la sauvegarde des biens est l’une des “cinq nécessités” connues comme
les objectifs dont la Charia prône la préservation et que les textes de la Charia
puisés du Livre sacré et de la Sounna concordent également à protéger ;
Tout en rappelant qu’il a été établi dans la Sounna et la pratique de ses
compagnons et de ceux qui les ont suivis que l’expropriation fut exercée pour
cause d’intérêt public, en application des règles générales de la Charia concer-
nant la protection des intérêts, le fait de placer le besoin général au même niveau
que la “nécessité” et de tolérer un dommage particulier dans le but d’éviter un
dommage général ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il faut sauvegarder la propriété individuelle et la préserver contre
toute atteinte. Il n’est pas permis de lui apporter des restrictions ou des limites.
Le propriétaire est le maître incontesté de son bien et il a, dans les limites de
ce qui est autorisé, le droit à toute forme d’exploitation et de profit licite de ce
qui lui appartient.
Deuxièmement : L’expropriation d’un bien immeuble pour cause d’utilité
publique ne peut s’effectuer que s’il est tenu compte des règles et conditions
légales suivantes :
1. Que l’expropriation du bien immeuble soit effectuée contre une compen-
sation immédiate et équitable, évaluée par des experts, et égale au moins

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au prix d’un bien équivalent.
2. Que l’expropriation soit effectuée par l’autorité publique ou son repré-
sentant en ce domaine.
3. Que l’expropriation soit effectuée pour cause d’utilité publique, nécessi-
tée par un intérêt général ou un besoin de même importance comme c’est
le cas pour les mosquées, les routes et les ponts.
4. Que le bien immeuble exproprié ne soit pas utilisé dans un investisse-
ment public ou privé et que l’acte d’expropriation n’intervienne pas avant
les délais nécessaires.
Si toutes ces conditions ou certaines d’entre elles font défaut, l’expropriation
devient un acte d’injustice et d’usurpation contre lequel Allah et Son Prophète
ont mis en garde.
En cas de renonciation à l’utilisation du bien immeuble objet de l’expropria-
tion aux fins d’utilité publique précitée, sa restitution revient en priorité à son
propriétaire d’origine ou à ses héritiers avec versement d’une indemnité équi-
table au profit du propriétaire.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 30 (5/4)
Les Titres “Mouqarada” et les Titres d’Investissement
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après avoir pris connaissance des documents qui lui ont été soumis sur
la question des “Titres Mouqarada et les titres d’investissement” et qui consti-
tuent les conclusions des travaux du séminaire organisé par l’Académie, en col-
laboration avec l’Institut Islamique de Recherches et de Formation (IRTI) de
la Banque Islamique de Développement, du 6 au 9 Mouharam 1408 H (2 au 5
septembre 1987), en application de la Résolution nº 10/3 adoptée par la 3e ses-
sion du Conseil et avec la participation de ses experts ainsi que les chercheurs
de l’Institut et d’autres centres scientifiques et économiques ;
Considérant l’importance cruciale de cette question et la nécessité de l’exa-
miner minutieusement sous tous ses aspects ;
Considérant également que cette formule permet de promouvoir les po-
tentialités de développement des ressources à travers la combinaison du capital
et du travail ;
Après avoir passé en revue les dix recommandations du séminaire et les avoir
discutées à la lumière des études soumises à ce séminaire et à d’autres rencontres.

Décide ce qui suit :


Premièrement : Du point de vue de la forme des Soukouk Mouqa-
rada acceptable aux yeux de la Charia :
1. Le Titre de Mouqarada est un instrument d’investissement qui répartit le
capital de Mouqarada (Moudaraba) par l’émission de titres de propriété
de ce capital sur la base de parts d’égales valeurs, enregistrés au nom de
leurs porteurs, en leur qualité de propriétaires de parts indivises du capital
de Moudaraba et des formes qu’il pourrait prendre, et ce, au prorata de
ce qui leur revient de ce capital. Il est préférable de dénommer cet instru-
ment d’investissement “Soukouk Mouqarada”
2. La forme acceptable du point de vue de la Charia, d’une façon générale,

54
pour les certificats Mouqarada, doit nécessairement comporter les élé-
ments ci-après :
Premier élément : Le titre Mouqarada doit représenter une propriété
d'une part indivise dans le projet pour l’établissement ou le financement
duquel ces titres ont été émis. La propriété doit durer du début à la fin
du projet. Il confère également tous les droits et privilèges reconnus par
la Charia au détenteur de la propriété, à savoir la vente, le don, l’hypo-
thèque, l’héritage et autres, en tenant compte du fait que ces titres repré-
sentent le capital Moudaraba.
Deuxième élément : En ce qui concerne les titres Mouqradha, le contrat
est conclu sur les bases suivantes: les conditions sont celles définies dans
l’appel à la souscription publique (prospectus), la prise d’option se traduit
par la souscription à ces titres et l’agrément exprime l’accord de la partie
émettrice.
L’appel à la souscription publique doit comporter toutes les données re-
quises par la Charia dans le contrat de “Qiradh” (Moudaraba), c’est-à-dire
la nature du capital, la distribution des bénéfices et autres conditions
particulières inhérentes à cette émission qui doivent être conformes à la
Charia.
Troisième élément : Le titre Mouqarada doit être négociable au terme
de la période de souscription, étant considéré que le Moudarib (le ges-
tionnaire du capital et du projet) a donné son accord, au moment de
l’émission, à condition de tenir compte des règles suivantes :
A. Si le capital de Qiradh, réuni au terme de la souscription publique et,
avant son utilisation, est encore à l’état de liquidité, la négociation des
titres Mougaradha constitue un échange d’argent contre de l’argent et est
soumise aux dispositions de la Charia régissant le change.
B. Si le capital de Qiradh est transformé en dettes, la négociation des
titres Moudaraba est soumise aux règles de la négociation des prêts.
C. Si le capital Qiradh est converti en avoirs mixtes comprenant des liqui-
dités, des dettes, des biens en nature et des usufruits, les titres Mouqarada
peuvent être négociés à un prix convenu, pourvu que la majeure partie
du capital soit sous forme de valeurs en nature et d’usufruit. Mais, au cas
où il serait en majorité constitué de liquidités et de dettes, la négociation
des titres est soumise aux lois de la Charia qui seront précisées dans une
note explicative qui sera préparée et présentée à la prochaine session de
l’Académie. Quoi qu’il en soit, tous les échanges doivent être enregis-

55
trés conformément aux normes reconnues, dans les registres de la partie
émettrice.
Quatrième élément : Celui qui reçoit les fonds provenant de la souscrip-
tion publique aux titres Mouqarada pour l’investissement dans le projet
proposé est le “Moudarib” c’est-à-dire le gestionnaire du capital et du
projet. Il ne possède du projet qu’une part égale au montant qu’il aurait
pu souscrire, et sera ainsi détenteur de la partie du capital qu’il aura ap-
portée, en plus de sa part dans les bénéfices après leur réalisation, confor-
mément aux conditions stipulées dans l’appel à la souscription. C’est sur
cette base qu’il pourra prendre part à la propriété du projet. Le rôle du
Moudarib dans la gestion des fonds souscrits et dans la propriété du pro-
jet est celui d’un dépositaire, qui ne peut pas être tenu pour responsable,
sauf si sa responsabilité est permise par les dispositions de la Charia.
3. Tout en tenant compte des dispositions précitées relatives à la négocia-
tion, on peut noter que la négociation des titres Mouqarada dans les
marchés financiers est permise conformément aux règles de la Charia
et en fonction du contexte de l’offre et de la demande. En pareil cas, la
négociation des titres Mouqarada est soumise à l’approbation des parties
contractantes.
La négociation des titres est également permise si, à des périodes régu-
lières et déterminées, la partie émettrice fait une annonce ou une offre au
public, par laquelle elle s’engage à racheter les titres à un prix fixé en utili-
sant les bénéfices tirés de l’opération de Moudaraba. Il est préconisé, dans
ce cas, que les prix soient fixés par des experts, à la lumière des conditions
prévalant sur le marché et du centre financier du projet. Une annonce
ou une offre peut également être faite par une partie autre que la partie
émettrice, indiquant son engagement à racheter les titres en utilisant ses
propres fonds de la manière indiquée précédemment.
4. Il n’est pas permis que l’annonce d’émission ou que les titres de
Mouqarada soient assortis d’une garantie du capital par le gérant, ou
d’une garantie d’un bénéfice d’un montant forfaitaire ou équivalent à un
pourcentage du capital. Si une telle clause est explicitement ou implicite-
ment mentionnée, la condition de garantie s’annule et le gestionnaire du
capital et du projet (Moudarib) a droit à un bénéfice équivalent à celui
tiré d’une opération effectuée dans les mêmes conditions.
5. Le prospectus d’émission ou le certificat Mouqarada émis par suite de
cette publication, ne doit pas comporter de texte imposant la vente,
même s’il est soumis à une condition ou une date ultérieure. Cependant,

56
un titre Mouqarada peut comporter une promesse de vente et dans ce cas,
la vente ne peut intervenir que sur la base d’un contrat et à un prix fixé
par des experts qualifiés et acceptables aux deux parties.
6. Le prospectus ou le titre Mouqarada ne doivent comporter aucun texte
indiquant que la société a pu fixer les bénéfices. Si un tel texte existait, le
contrat deviendrait alors nul. En conséquence :
A. Le prospectus ou le titre Mouqarada émis à la suite de cette publica-
tion ne doit pas stipuler le paiement d’un montant spécifique à l’action-
naire ou le propriétaire du projet.
B. Seul le bénéfice doit être partagé comme les règles de la Charia affé-
rentes le déterminent, à savoir que ce qui est en plus du capital et non le
chiffre d’affaires ou le rendement. Le montant du bénéfice est évalué soit
par bilan (tandhidh), soit par évaluation financière du projet.
Tout ce qui dépasse le capital après bilan ou évaluation constitue le bé-
néfice qui doit être réparti entre les porteurs de titres et le Moudarib,
conformément aux dispositions du contrat.
C. Un compte de pertes et profits du projet doit être établi et publié et
doit être mis à la disposition des porteurs de titres.
7. Le bénéfice est dû quand il est réalisé. Sa posséssion est effective par bilan
ou évaluation, et il n’est payable qu’après répartition. Si le projet produit
un chiffre d’affaires ou un rendement, il est permis d’en distribuer le
rendement. Tout ce qui est distribué aux parties contractantes avant le
bilan (tandhidh) est considéré comme une avance avant le calcul définitif.
8. Il est permis, selon la Charia, d’inclure dans le prospectus ou le titre
Mouqarada, une clause stipulant qu’au terme de chaque exercice, un cer-
tain pourcentage sera déduit, soit de la part des bénéfices revenant aux
porteurs de titres au cas où il y aurait bilan périodique, soit de leur part
du chiffre d’affaires et du rendement distribués à titre d’acompte, et ce,
pour constituer un fonds de réserve permettant de faire face aux imprévus,
tels que la perte de capital.
9. Rien, dans la Charia, n’interdit de faire mention, dans le prospectus ou
les titres Mouqarada, d’une promesse faite par une tierce personne, étran-
gère par sa personnalité et son appartenance financière aux deux parties
contractantes, de faire don, sans contrepartie, d’une somme d’argent des-
tinée à faire face aux pertes ayant affecté un projet. Cela, à condition
qu’un tel engagement soit indépendant du contrat de spéculation, c’est-
à-dire que le fait, pour la tierce personne, d’honorer ses engagements ne

57
constitue pas une condition de validité du contrat ni de l’application
de son exécution. Il s’ensuit que les porteurs de titres et le Moudarib ne
peuvent pas prétendre à l’invalidité de la Moudaraba en raison de la dé-
faillance de la tierce personne à tenir sa promesse, sous prétexte que cet
engagement fut pris en considération dans le contrat.
Deuxièmement : Le Conseil de l’Académie a passé en revue quatre autres
formes mentionnées dans les recommandations du séminaire qu’il a organisé.
Elles sont indiquées ci-dessous en tant que suggestions dont on peut tirer profit
dans l’établissement de Awqaf et son utilisation pour investir sans contrevenir
aux conditions qui doivent être observées pour assurer la pérennité du Waqf.
Ces formes sont :
A. Constituer un partenariat entre le Waqf, par la valeur de ses possessions
en nature, et les détenteurs de capitaux, au moyen des fonds qu’ils apportent,
pour faire fructifier le Waqf.
B. Présenter les biens immobiliers du Waqf (comme biens fixes) à un entre-
preneur utilisant ses propres fonds, pour les développer, moyennant une part
sur les revenus du Waqf.
C. Constituer des Awqaf au moyen de contrats de fabrication (Istisnaʿ)
conclus avec les banques islamiques, moyennant une part des bénéfices.
D. Louer le Waqf en contrepartie de biens en nature, tels que le fait de
construire sur le site du Waqf uniquement, ou en plus d’un loyer modique.
Le Conseil de l’Académie est d’accord avec la recommandation du séminaire
concernant la nécessité de plus développer les explications autour de ces formes
d’exploitation du waqf. Il a chargé le Secrétariat général de l’Académie d’étudier
la question, d’identifier d’autres formules d’investissement acceptables aux yeux
de la Charia, d’organiser un séminaire sur ces formules d’investissement et d’en
exposer les conclusions au Conseil lors de sa prochaine session.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 31 (6/4)
L’Indemnité de Droit au Bail ou Pas-de-porte
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après avoir pris connaissance des recherches dans le domaine du Fiqh qui
lui sont parvenues concernant “l’indemnité de droit au bail ou de pas-de-porte” ;

Décide ce qui suit :


1. Les formes d’accord sur l’indemnité de droit au bail ou de pas-de-porte
se répartissent en quatre :
A. Qu’il y ait accord entre le propriétaire et le locataire à l’entrée en vi-
gueur du contrat de location.
B. Qu’il y ait accord entre le propriétaire et le locataire en cours de contrat
ou à l’expiration de celui-ci.
C. Qu’il y ait accord entre l’ancien locataire et un nouveau locataire en
cours de contrat de location ou à l’expiration de celui-ci.
D. Qu’il y ait accord entre le nouveau locataire et le propriétaire ainsi
qu’avec le premier locataire, avant ou après l’expiration du contrat de
location.
2. Si le propriétaire et le locataire se mettent d’accord pour que ce dernier
lui verse un montant en plus du loyer qu’il paye régulièrement (cette in-
demnité est nommée dans certains pays “pas-de-porte”), rien ne l’interdit
du point de vue de la Charia, à condition que ce montant soit considéré
comme partie intégrante du montant du loyer fixé pour la période ayant
fait l’objet de l’accord entre les deux parties et qu’en cas de résiliation du
contrat, ce montant soit soumis aux règles afférentes au loyer.
3. S’il y a accord entre le propriétaire et le locataire, en cours de contrat,
pour que le premier verse au second un montant déterminé, pour que ce
dernier abandonne son droit à utiliser les lieux pour la période restante
du contrat de location, cette forme d’indemnité de reprise est permise

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par la Charia, car elle constitue une compensation pour le renoncement,
par le locataire, de son plein gré, à un droit qu’il a vendu au propriétaire.
Mais si la durée de la location est terminée et que le contrat n’a pas été
implicitement ou explicitement reconduit, selon les cas, par une clause
tacite de reconduction, l’indemnité de reprise ne peut avoir lieu pour la
simple raison que le propriétaire est plus en droit que quiconque de dis-
poser de son bien après expiration du contrat de location.
4. S’il y a accord entre le premier et le nouveau locataire, au cours de la pé-
riode de location, sur le renoncement du premier à la période de location
restante en contrepartie d’un montant s’ajoutant au loyer, l’indemnité
de reprise est légalement autorisée par la Charia pourvu que les termes
du contrat de location signé entre le propriétaire et le premier locataire
soient respectés et tout en respectant les lois appliquées lorsque celles-ci
sont conformes à la Charia.
Cependant, en matière de location de longue durée, et contrairement aux
contrats établis conformément à certaines lois, il n’est pas permis au locataire
de louer le bien à un autre locataire ni de réclamer une indemnité de reprise,
sans le consentement du propriétaire.
Mais s’il y a accord entre le premier et le nouveau locataire, après l’expiration
du contrat de location, l’indemnité de reprise ne peut être réclamée, le droit de
jouissance du premier locataire ayant pris fin.
Allah est plus Savant

60
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 32 (7/4)
La Vente de la Marque commerciale et de la Licence
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après avoir pris connaissance des études qui lui ont été soumises concer-
nant la question de la “vente de la marque commerciale et de la licence”, et ayant
constaté que ces études diffèrent quant à la manière d’appréhender la question
et que les termes techniques utilisés pour ces nouvelles formes de contrats va-
rient d’une étude à l’autre à cause des différentes langues à partir desquelles ils
ont été traduits, de sorte qu’il n’y a pas eu concordance sur une même question
et que des divergences de points de vue sont apparues ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Reporter l’examen de cette question à la 5e session du Conseil,5
afin de permettre la finalisation de l’étude dans ses divers aspects, en tenant
compte des éléments suivants :
A. Adopter des méthodes de recherches proches qui, partant des prémisses
de la question, délimitent le cadre de l’étude en étudiant les termes techniques
usuels dans les études juridiques ainsi que leurs synonymes.
B. Faire référence aux antécédents historiques afférents à la question, du point
de vue de la Charia ou des avis juridiques susceptibles d’expliciter la conception
de la question et les règles relatives à ses différentes formes.
Deuxièmement : Essayer d’inclure la question de la “vente de la marque
commerciale et de la licence” dans un sujet général afin que l’étude en soit plus
précise et l’intérêt plus vaste et plus général, et ce, sous le titre “des droits incor-
porels”, afin de couvrir les autres termes tels que les droits d’auteur, droit de créa-
tion ou d’invention, droits de thèse, et les brevets sur les dessins et les modèles
industriels et commerciaux comme les marques, les graphiques, les plans, etc.
Troisièmement : Les chercheurs peuvent faire spécialement mention d’un
sujet concernant les droits précités, comme ils peuvent élargir le cadre de leurs

5 Cf la résolution n°43 (5/5).

61
recherches pour englober les sujets comparables dans la structure générale de
l’étude.
Allah est le Garant du succès

62
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 33 (8/4)
La Location-vente, la Mourabaha au profit du Donneur
d’Ordre d’Achat et la Fluctuation de la Monnaie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;

Décide ce qui suit :


1. Différer l’examen des questions concernant la “location-vente”([^11]), “la
Mourabaha au profit du donneur d’ordre d’achat”([^12]) et “la fluctua-
tion de la monnaie”([^13]), et ce, en raison de la nécessité de compléter
l’étude de ces questions sous leurs divers aspects et les soumettre à la
prochaine session.
2. Charge le Secrétariat Général de l’Académie de faire compléter l’étude des
deux dernières questions et de réunir les études présentées au sujet de la
location-vente, ainsi que les résolutions pertinentes adoptées par le pre-
mier séminaire de Fiqh organisé par Bayt At-Tamwil al-Kuwaiti, tenu au
cours de l’année 1407 H (1987) ; de réunir également les études présen-
tées au sujet de la “Mourabaha au profit du donneur d’ordre d’achat” au
séminaire sur la stratégie de l’investissement dans les banques islamiques
tenu à Amman (Jordanie), en 1407 H (1987), en collaboration entre
l’Institut Islamique de Recherches et de Formation (IRTI) relevant de la
Banque Islamique de Développement (BID) et l’Académie Royale de la
Civilisation islamique.
Allah est plus Savant

63
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 34 (9/4)
Le Baha’isme
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Partant de la résolution de la 5e Conférence islamique au Sommet, tenue
Koweït du 26 au 29 Joumada Al-Oula 1407 H (26–29 janvier 1987), invitant
l’Académie internationale du Fiqh islamique à statuer sur les idéologies subver-
sives contraires aux préceptes du Noble Coran et de la Sounna :
Considérant les dangers que représente le Bahaïsme pour le monde musul-
man et le soutien qu’il reçoit de certains milieux hostiles à l’Islam :
Après étude approfondie des croyances de ce groupe et après s’être assuré
que le dénommé Bahaʾ, fondateur de cette secte, prétend être messager d’Allah,
que ses ouvrages sont issus de la révélation divine et invite le monde entier à
croire à son message, qu’il nie que l’Envoyé d’Allah Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬soit l’ul-
time messager d’Allah et soutient que les livres qui lui ont été révélés abrogent
le Coran et que d’autre part il croit en la réincarnation.
Considérant que Bahaʾ a délibérément modifié ou ignoré un grand nombre
de préceptes du Fiqh. Ainsi:
• Il a changé le nombre et l’horaire des prières prescrites en portant le nombre
des prières à neuf (9), à pratiquer en trois reprises : le matin, à midi et
l’après-midi.
• Il a modifié le “Tayamoum” le réduisant à une simple phrase que doit pro-
noncer l’adepte bahaïste, en disant : “Au nom d’Allah le plus pur, le plus
pur”.
• Il a réduit la période du jeûne à dix-neuf jours se terminant à la fête du
Naïrouz, le 21 mars de chaque année.
• Il a détourné la “Qibla” et l’a orientée vers la maison de Bahaʾ à Akka
(Saint-Jean d’Acre) en Palestine occupée.
• Il a interdit le Jihad et a aboli les “Houdoud” (peines légales).
• Il a institué l’égalité entre homme et femme en matière d’héritage et léga-

64
lisé l’usure.
Après avoir pris connaissance des études présentées sur la question des
“dimensions de l’unité islamique” et qui comportent une mise en garde contre
les mouvements subversifs qui visent à diviser la Oumma, à ébranler son unité,
à l’effriter en groupes et parties et conduire à l’apostasie (ridda) et d’abandon
de l’Islam ;

Décide ce qui suit :


Les prétentions du dénommé Bahaʾ au sujet de la mission divine dont il se pré-
tend investi, de la Révélation qu’il déclare avoir reçue, de l’abrogation du Coran
par les écrits qui lui auraient été révélés, ainsi que son entreprise de modification
des pratiques immuables et intangibles de la Charia, sont considérées comme un
reniement de ce qui est communément et nécessairement connu de la religion.
Les règles applicables aux infidèles s’appliquent à toute personne coupable d’un
tel reniement, conformément à l’unanimité des musulmans.

Recommande
Il est obligatoire, pour toutes les instances islamiques, partout dans le monde,
de parer, par tous les moyens dont elles disposent, aux dangers que comporte
cette tendance déviante visant à porter atteinte à l’Islam en tant que foi, et en
tant que législation et conception de la vie.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 35 (10/4)
Le Projet de Vulgarisation du Fiqh
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après étude du rapport présenté sur le projet de vulgarisation du Fiqh et qui
comporte le plan proposé pour la réalisation de ce projet, tel que soumis par la
commission qui en est chargée ;
Après avoir pris connaissance du rapport de la sous-commission constituée
au cours de la présente session du Conseil en vue d’étudier le projet de vulga-
risation du Fiqh et de la recommandation de cette sous-commission d’adopter
le plan précité et de confier le suivi de son exécution au Secrétariat Général de
l’Académie ;

Décide ce qui suit :


D’adopter le plan contenu dans le rapport de la commission chargée de supervi-
ser le projet de vulgarisation du Fiqh, selon les amendements proposés par cette
commission et de confier le suivi de son exécution au Secrétariat de l’Académie.
Allah est le Garant du succès

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 36 (11/4)
Le Projet d’Encyclopédie du Fiqh économique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après étude du rapport élaboré par la commission chargée de préparer un
programme exécutif concernant le projet de l’encyclopédie du Fiqh économique
et qui comporte les étapes proposées pour la première phase (groupe de parti-
cipation) ainsi qu’à ses décisions ;
Ayant pris connaissance du rapport de la sous-commission constituée au
cours de la présente session du Conseil en vue d’étudier le projet d’encyclopé-
die du Fiqh et la recommandation de cette sous-commission d’adopter le pro-
gramme exécutif du projet tel qu’amendé sur sa proposition, ainsi que les aspects
devant être introduits dans le plan des sujets et les références complémentaires
à la liste des références.

Décide ce qui suit :


D’adopter le programme exécutif figurant dans le rapport de la commission pré-
paratoire selon les amendements proposés par la sous-commission et de confier
le suivi de son exécution au Secrétariat Général de l’Académie.
Allah est le Garant du succès

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 37 (12/4)
Le Projet de l’Encyclopédie des Maximes du Fiqh
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Après étude du rapport établi sur le projet de Recueil des règles du Fiqh
Après avoir pris connaissance du rapport de la commission constituée
au cours de la présente session du Conseil en vue d’étudier le projet de l’Ency-
clopédie des Maximes du Fiqh et les étapes à suivre et qui comporte la version
définitive du projet puis les sept étapes proposées pour l’élaboration du Recueil
et notamment les avis multiples concernant la première et la cinquième étape ;

Décide ce qui suit :


1. L’adoption de la version définitive du projet du Glossaire des règles du
Fiqh et les étapes proposées par la commission chargée du projet.
2. De charger le Secrétariat Général de l’Académie d’assurer le suivi de l’exé-
cution et de choisir l’avis qu’il juge approprié parmi les deux avis émis
par la commission chargée du projet en ce qui concerne la première et la
cinquième étape de la réalisation de ce projet.
Allah est le Garant du succès

68
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 38 (13/4)
Les Recommandations de la 4ème Session
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 4ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 18 au 23 Joumada Al-Akhira H (6–11 Février 1988) ;
Premièrement :
Après avoir pris connaissance des études qui lui ont été soumises sur les moda-
lités de la lutte contre la dégradation des mœurs, études qui ont mis en relief ce
que le monde entier endure du fait de la dégradation des mœurs qui a gagné en
ampleur dans notre monde musulman d’une façon qui déplaît à Allah, le Très-
Haut, et qui est incompatible avec le rôle d’avant-garde assigné à la Oumma
pour conduire l’humanité vers la pureté sur le plan de la foi, de la morale et du
comportement ;
En harmonie avec les spécificités concordantes de l’Islam et compte tenu du
fait que dans la religion l’aspect moral est l’un des aspects les plus importants
et que l’appartenance à l’Islam ne peut porter complètement ses fruits que par
l’application de la Charia et de l’ensemble de ses principes et de ses règles dans
tous les domaines de la vie.

Recommande
A. D’œuvrer en vue du renforcement et de la correction de la conscience de
foi, en attirant l’attention et en sensibilisant quant aux effets de la foi correcte
sur l’âme.
B. Œuvrer à expurger les médias (presse, télévision et radio), et les publici-
tés dans notre monde musulman, de tout ce qui est de nature à constituer une
désobéissance à Allah et les débarrasser complètement de tout ce qui pourrait
aiguiser le désir sensuel, conduire à la déviance et à la dissolution des mœurs.
C. Mettre en place les programmes scientifiques en vue de sauvegarder l’au-
thenticité et le patrimoine de l’Islam, mettre en échec toutes les tentatives d’oc-
cidentalisation d’aliénation de l’identité et de dépersonnalisation et contrecarrer
toutes les formes d’invasion intellectuelle et culturelle qui sont en contradiction

69
avec les principes moraux islamiques. Souligner la nécessité de mettre en place
un contrôle islamique strict des activités touristiques et de l’envoi de missions à
l’étranger afin d’éviter ce qui pourrait être à l’origine d’atteinte aux fondements
et aux vertus de la personnalité islamique.
D. Orienter l’enseignement selon une conception islamique, enseigner toutes
les sciences à partir d’un point de vue islamique et faire des disciplines religieuses
des matières essentielles dans tous les cycles et spécialités de l’enseignement, de
façon à renforcer et enraciner chez les musulmans la foi et la morale islamiques.
La Oumma doit œuvrer en vue d’avoir un rôle d’avant-garde dans les différents
domaines de la science.
E. Former la famille islamique sur des bases saines ; encourager et faciliter le
mariage et inciter les parents à assurer à leurs enfants, filles et garçons, une édu-
cation saine afin qu’ils constituent des générations qui adoreront Allah sur le
droit chemin qui assumeront l’œuvre permanente d’appel et de propagation de
l’Islam. Préparer la femme à assumer son rôle de mère et de maîtresse de maison,
conformément aux exigences de la Charia et mettre un terme au phénomène
répandu d’emploi de gouvernantes étrangères et notamment non musulmanes.
F. Préparer toutes les conditions de nature à assurer aux jeunes générations
une éducation islamique pour qu’elles respectent les fondements de l’Islam et
sa morale, qu’elles soient conscientes de leurs devoirs vis-à-vis de son Créateur
et de sa Oumma et qu’elles se débarrassent du vide spirituel qui conduit à la
consommation de la drogue, des boissons alcoolisées et à la dépravation des
mœurs sous toutes ses formes. Associer la jeunesse aux questions importantes
engageant son devenir, lui confier des responsabilités selon sa compétence et son
aptitude. Combler le temps libre des jeunes par des activités utiles, des distrac-
tions et des sports et des compétitions saines et innocentes en veillant à donner
à ces activités une orientation islamique.
Deuxièmement :
Après avoir pris Connaissance des études soumises à l’Académie sur la ques-
tion des “dimensions de l’unité islamique et les moyens d’en tirer profit”, et se
basant sur la prééminence du lien de l’Islam qui unit les peuples de la Oumma
islamique, lien indestructible qui est le fondement de la solidarité souhaitée et
une règle permanente de toute construction civilisationnelle visant à unifier les
rangs des musulmans, et à conjuguer les efforts entrepris pour faire face aux dé-
fis de l’époque contemporaine et à réaliser la gloire et le progrès de la Oumma.
Compte tenu du fait que le lien islamique constitue une puissante motivation
et un facteur durable devant permettre la coordination des points de vue et des
politiques des États islamiques dans les différents domaines du développement
économique et social, ainsi qu’un facteur de consolidation des relations de coo-

70
pération d’entraide et de compassion entre les peuples de la Oumma, en vue
de surmonter les obstacles à son développement tels que les différentes formes
de dépendance et les défis qui l’empêchent de réaliser ses objectifs de progrès,
d’invulnérabilité et de prospérité.

Recommande également
A. De défendre la foi islamique, de l’affermir dans une forme épurée des al-
térations, de mettre en garde contre tout ce qui pourrait porter atteinte à la foi,
jeter le doute sur ses fondements et ébranler l’unité des musulmans et les vouer
aux dissensions et à la discorde.
B. Mettre en exergue l’intérêt accordé par l’Académie internationale du Fiqh
islamique aux recherches et études en matière de Fiqh qui visent à affronter les
défis intellectuels engendrés par le modernisme. Souligner l’intérêt accordé par
le Fiqh islamique aux problèmes de la société et la nécessité d’adopter le Fiqh
comme élément essentiel du progrès intellectuel de la Oumma, étendre les do-
maines de son application dans les lois promulguées par les États islamiques
concernant toutes les affaires de la société.
C. Il est obligatoire d’établir une coordination étroite dans le domaine de
l’éducation et de l’enseignement, du point de vue du contenu des programmes
selon les voies saines de la civilisation intellectuelle édifiée par l’Islam, et ce, dans
le but de former des générations de musulmans unifiés dans les références de
leur foi, proches dans leur orientation intellectuelle et également fiers d’appar-
tenir à une même civilisation.
D. Accorder toute priorité à la recherche scientifique dans les différents do-
maines de la connaissance et consacrer 1% du PIB au financement des pro-
grammes de recherche, et à la création de laboratoires scientifiques sur des bases
de coopération et de complémentarité entre les universités islamiques.
E. Œuvrer en collaboration avec les universités islamiques pour mettre au
point un programme d’études s’articulant sur un certain nombre de grands axes
devant faire l’objet de recherches en matière de Fiqh, créer une haute commis-
sion de penseurs musulmans pour superviser et évaluer ces recherches et enfin
créer un prix couronnant la meilleure œuvre.
F. Faire en sorte que l’information écrite et audiovisuelle dans les pays mu-
sulmans tende à concrétiser la soumission à Allah sur cette terre, à propager le
bien et la vertu et à se libérer des idées subversives de l’esprit et de la morale
prônant l’athéisme et s’éloignant du droit chemin.
G. Édifier une économie islamique qui ne soit pas soumise aux systèmes de
l’Est ni de l’Ouest, mais véritablement islamique, tout en œuvrant à la création
d’un marché commun islamique qui favoriserait la coopération des musulmans

71
dans les domaines de la production et de la commercialisation, sans recourir à
l’étranger, étant donné que l’économie est un facteur déterminant dans la vie
des sociétés, et la complémentarité dans ce domaine constitue la voie de l’unité
entre les peuples de la Oumma islamique.
Troisièmement :
Se basant sur le fait que l’islamisation de l’enseignement dans les pays musul-
mans est devenue de nos jours une nécessité inéluctable pour la formation saine
et équilibrée des générations islamiques dans les domaines de la pensée, de la
conception et de la conduite ;

Recommande également :
Faire en sorte que toutes les sciences soient régies par l’Islam, aussi bien en amont
qu’en aval, que l’Islam, par ses systèmes et règles, en soit le cadre de référence
et que la foi islamique serve comme base et origine à la construction de la mé-
thodologie de l’éducation et de l’enseignement.
Les principaux éléments de la méthodologie souhaitée pour l’islamisation de
l’enseignement se résument comme suit :
A. Faire de la foi islamique une base de la vaste conception islamique qui
englobe à la fois l’univers, l’homme et la vie, qui fait connaître à l’homme le
Créateur de la vie et son rapport avec l’univers, ainsi que les rapports de l’homme
avec son Créateur et avec sa société.
B. Faire de l’Islam l’axe des sciences sociales, humaines, économiques et po-
litiques et mettre en relief ses visions concernant l’être humain et leur relation
au Créateur de l’univers, de l’homme et de la vie, et ce, en coordination avec
les organisations islamiques opérant dans ce domaine, telles que l’Organisation
Islamique des Sciences Médicales et l’Organisation Islamique pour l’Éducation,
les Sciences et la Culture (ISESCO).
C. Mettre en évidence la perversité des théories contraires à l’Islam comme
les théories matérialistes et athées et toute pratique qui induit en erreur comme
la divination, la sorcellerie, l’astrologie et mettre en garde contre les sciences que
l’Islam a condamnées et interdites et qui sont basées sur la perversion et la luxure.
D. Réécrire l’histoire des sciences et des connaissances, en expliquant leur
évolution et en mettant en lumière la contribution des musulmans et leur essor.
Expurger l’histoire des théories orientalistes ou qui appellent à l’occidentalisa-
tion et qui ont déformé le véritable cours de l’histoire. Revoir la classification
des sciences et des méthodologies de recherches selon la conception islamique,
et ce, par l’intermédiaire des activités des centres et des institutions de recherche
scientifique et des centres d’économie islamique dans les divers pays musulmans.

72
E. Rétablir la relation profonde des sciences de l’univers, de l’homme et de la
vie avec leur Créateur. Le savant qui effectue des recherches dans ces domaines
doit considérer qu’elles sont une manifestation de la merveilleuse création di-
vine et de la perfection de Son œuvre.
F. Mettre en place les règles tirées de la religion musulmane en accord avec ses
objectifs et ses finalités, pour qu’elles servent de principes à toutes les sciences ou
à l’une de ces sciences, et démontrer les défauts des méthodologies occidentales
qui ont créé un hiatus illusoire entre la religion et la science, ou ont établi une
structure erronée pour certaines disciplines scientifiques comme c’est le cas de
l’histoire, l’économie et la sociologie.
Il convient de tenir compte de l’existence d’un projet susceptible de contri-
buer à l’islamisation de l’enseignement ou même de constituer l’un des moyens
nécessaires à sa réalisation et qui est le projet “d’islamisation de la Connaissance”
dont l’Institut International de la Pensée Islamique prend en charge les besoins
en matière de planification et de mise en œuvre par des articles, des ouvrages
et des séminaires.
Allah est le Garant du succès

73
Résolutions et Recommandations de la 5ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Koweït City
État du Koweït

1–6 Joumada Al-Oula 1409


10–15 Décembre 1988
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 39 (1/5)
Le Contrôle des Naissances
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Vu qu’au regard de la Charia l’un des objectifs du mariage est la procréation
et la préservation du genre humain, et qu’il n’est pas permis de porter atteinte à
cet objectif, car une telle atteinte est incompatible avec les textes et les directives
de la Charia qui appellent à l’accroissement des naissances, à la préservation et
la conservation du genre humain, la procréation étant l’un des cinq principes
généraux dont la Charia prescrit l’observance :

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il n’est pas permis de promulguer une loi générale restreignant
la liberté de procréation des conjoints.
Deuxièmement : Il est strictement interdit par la religion d’ôter à l’homme
ou à la femme la capacité physique de procréer connue sous l’appellation de
“stérilisation”, sauf en cas de nécessité impérieuse et selon les critères définis par
la Charia.
Troisièmement : Il est permis de contrôler temporairement la procréation
dans le but d’espacer les périodes de grossesse, ou d’interrompre la procréation
pour une durée déterminée en cas de nécessité reconnue légitime par la Charia,
et ce, selon l’appréciation des conjoints après concertation et accord entre eux,
à condition qu’aucun préjudice n’en découle, que la méthode utilisée soit légale
et qu’aucune atteinte ne soit portée à une grossesse en cours.
Allah est plus Savant

76
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 40-41 (2/5 et 3/5)


Le Respect d’une Promesse faite et la Mourabaha
du Donneur d’Ordre d’Achat
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant pris connaissance des études présentées par les membres et les experts
au sujet des deux questions : “Le respect d’une promesse faite” et “la Mourabaha
du donneur d’ordre d’achat”,
Et après audition des discussions sur ces deux questions :

Décide ce qui suit :


Premièrement : La vente par “Mourabaha” au profit du donneur d’ordre
d’achat est licite lorsqu’elle porte sur une marchandise après que celle-ci soit
devenue la propriété du chargé d’achat et qu’il en ait pris possession comme
exigé par la Charia, et qu’il assume la responsabilité du risque de détérioration
avant la livraison, et les conséquences du retour de la marchandise pour cause de
défectuosité non apparente et autres raisons semblables qui justifient le renvoi
de la marchandise après livraison et pourvu que soient réunies les conditions
de la vente et en l’absence de toute contradiction.
Deuxièmement : La promesse (émanant du donneur d’ordre d’achat ou du
chargé d’achat, unilatéralement) engage son auteur, au regard de la religion,
sauf empêchement justifié, et constitue légalement une obligation si elle fut
la condition d’une prise de décision, et que celui à qui elle est faite a engagé
des frais sur la base de cette promesse reçue. Dans ce cas, les implications du
caractère obligatoire consistent soit en l’exécution de la promesse, soit en une
indemnisation pour le préjudice subi effectivement du fait du manquement
injustifié à la promesse.
Troisièmement : La promesse bilatérale (émanant des deux parties) est per-
mise en matière de vente par Mourabaha, à condition que la possibilité de se
rétracter soit laissée à l’une ou aux deux parties. Faute d’un tel choix, cette pro-
messe réciproque est illicite, vu que dans la vente par Mourabaha la promesse

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réciproque qui engage la responsabilité (obligatoire) est assimilable à la vente
ferme, celle-ci étant assujettie à la condition que le vendeur soit propriétaire
du produit à vendre, pour qu’il n’y ait pas infraction au hadith selon lequel le
Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a interdit de vendre ce qu’on ne possède pas.
Le Conseil de l’Académie, ayant constaté que la plupart des banques isla-
miques orientaient la majeure partie de leurs activités vers le financement par
voie de “Mourabaha” pour le donneur d’ordre d’achat ;

Recommande
Premièrement : Que l’activité de toutes les banques islamiques soit étendue
à tous les mécanismes de développement de l’économie, et notamment au lan-
cement de projets industriels ou commerciaux par des initiatives individuelles
ou par voie de participation et de Mourabaha avec d’autres partenaires.
Deuxièmement : Que les cas concrets d’application de la Mourabaha au don-
neur d’ordre d’achat auprès des banques islamiques soient étudiés en vue de
dégager les fondements propres à prévenir toute défaillance dans la pratique et
à aider au respect des dispositions de la Charia, tant générales que particulières,
concernant la Mourabaha au donneur d’ordre d’achat.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 42 (4/5)
La Fluctuation de la Monnaie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant examiné les études présentées par les membres et les experts sur la
question de la “fluctuation de la monnaie”, et après audition des discussions
sur cette question :
Ayant pris connaissance de la Résolution nº 2 (9/3) adoptée par le Conseil
de l’Académie, à sa 3e session et aux termes de laquelle les billets de banque étant
considérés comme des monnaies légales possédant une caractéristique moné-
taire complète sont régis par les dispositions de la Charia applicables à l’or et à
l’argent et notamment les règles relatives à l’usure (Riba), à la Zakat et à l’achat
par paiement anticipé en général ;

Décide ce qui suit :


Dans le remboursement d’une dette fixe contractée dans une monnaie donnée,
c’est la quantité et non la valeur qui doit être prise en compte, car les dettes
doivent être remboursées en quantité égale. Ainsi, il n’est pas permis d’indexer
les dettes fixes, quelle qu’en soit l’origine, sur le niveau des prix.
Allah est plus Savant

79
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 43 (5/5)
Les Droits incorporels
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant pris connaissance des études présentées par les membres et les ex-
perts concernant « les droits incorporels » et après audition des discussions sur
cette question ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : La raison commerciale, la raison sociale, la marque com-
merciale, la création littéraire, l’invention ou la découverte sont autant de droits
appartenant à leurs titulaires et possédant, dans les us contemporains, une va-
leur financière car ils sont considérés par les gens comme des actifs commercia-
lisables. Ces droits sont reconnus par la Charia et il est par conséquent interdit
de leur porter atteinte.
Deuxièmement : Il est permis de disposer de la raison commerciale, de la
raison sociale ou de la marque commerciale, pour une contrepartie financière,
sans tromperie, ni falsification, ni fraude, car cela est devenu un droit financier.
Troisièmement : Les droits d’auteur, d’invention ou de découverte sont ga-
rantis par la Charia. Leurs titulaires sont habilités à en disposer librement et il
est par conséquent interdit de leur porter atteinte.
Allah est plus Savant

80
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 44 (6/5)
La Location-vente
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant pris connaissance des études présentées par les membres et les ex-
perts sur la question de “la location-vente” et écouté les discussions qui ont
porté sur cette question,
Ayant également pris connaissance de la Résolution nº 13 (1/3) adoptée
par l’Académie au cours de sa 3e session, en réponse aux questions par la Banque
Islamique de développement (alinéa b) concernant les opérations du leasing ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il est préférable de substituer à l’opération de location- vente
d’autres formules dont les suivantes :
A. La vente par traites échelonnées contre des garanties suffisantes
B. L’établissement d’un contrat de bail, par lequel le propriétaire donne au
locataire le choix, après l’acquittement de toutes les tranches du bail encourues
pour la période convenue, entre l’une des options ci-après :

• Prorogation du bail
• Résiliation du contrat de bail et restitution du bien à son propriétaire
• Rachat du bien au prix du marché à l’expiration du bail

Deuxièmement : Il existe diverses formes de location-vente dont il a été dé-


cidé de reporter l’examen à une prochaine session, après présentation de modèles
de contrats et explication des conditions et des clauses qui y sont inhérentes, et
ce, en collaboration avec les banques islamiques, en vue d’adopter la résolution
appropriée.
Allah est plus Savant

81
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 45 (7/5)
Le Financement immobilier pour la
Construction et l’Achat de Logements
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Après présentation de la question relative au “financement immobilier pour
la construction et l’achat de logement” :

Décide ce qui suit :


De reporter l’examen de la question du financement immobilier pour la
construction et l’achat de logement pour complément d’étude et de recherche
en vue de l’adoption d’une résolution appropriée à la 6ème session.
Allah est plus Savant

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 46 (8/5)
La Limitation des Bénéfices des Commerçants
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant pris connaissance des études présentées par les membres et les ex-
perts sur “la question de la détermination des bénéfices des commerçants”, et
écouté les discussions qui ont porté sur cette question ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Le principe consacré par les textes et les règles de la Charia
est de laisser à tout individu la liberté d’acheter, de vendre et de disposer de ses
biens et de son argent dans le cadre des dispositions et des règles de la Charia,
en application de la dimension absolue de la parole d’Allah : (“Ô croyants ! abs-
tenez-vous de vous emparer mutuellement de vos biens par des procédés mal-
honnêtes, à moins qu’il s’agisse de transactions commerciales”) ;
Deuxièmement : Il n’existe pas de limitation de la marge bénéficiaire à ob-
server par les commerçants dans leurs transactions. Cette marge est laissée au
contexte général du commerce, à celui du commerçant et des marchandises, tout
en se conformant à l’éthique de la Charia de douceur, de sobriété, de mansué-
tude et d’indulgence…
Troisièmement : Les textes de la Charia s’accordent à consacrer la nécessité
de tenir les transactions à l’abri de tout ce qui peut être illicite, de la fraude, la
tromperie, l’escroquerie, la falsification, la dissimulation du bénéfice réel, la
monopolisation (Ihtikar) préjudiciable à la société et aux individus.
Quatrièmement : Le Gouvernement n’intervient dans la tarification que lors-
qu’il constate une défaillance évidente dans le commerce et dans les prix, due
à des facteurs artificiels. Dans ce cas, il peut intervenir par les moyens les plus
équitables possibles pour éliminer lesdits facteurs et les causes de la défaillance,
de la hausse des prix et la duperie excessive.
Allah est plus Savant

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 47 (9/5)
La Coutume
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant pris connaissance des études présentées par les membres et les ex-
perts sur la question de la “coutume” (‘urf ) et écouté les discussions qui ont
porté sur ce point ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Le terme “coutume” désigne tout propos, acte ou renoncia-
tion auxquels les gens se sont accoutumés et qui a été consacré par l’usage. Elle
peut être ou ne pas être reconnue par la Charia.
Deuxièmement : Quand la coutume a un caractère particulier, elle est appli-
cable à ceux qui y adhèrent. Quand elle a un caractère général, elle est appli-
cable à tous.
Troisièmement : La coutume, pour être reconnue par la Charia, doit réunir
les conditions suivantes :
A. Ne pas être en contradiction avec la Charia. Si elle contredit un texte ou
une règle de la Charia, elle est illégale.
B. Être permanente ou fréquente
C. Être en vigueur au moment où le contrat est conclu
D. Que les parties contractantes ne conviennent pas de dispositions contraires,
auquel cas, elle n’est pas valable
Quatrièmement : Le Faqih (spécialiste du Fiqh) – qu’il soit moufti ou ma-
gistrat – ne doit pas se limiter aux informations contenues dans les ouvrages de
Fouqaha, sans tenir compte du changement des coutumes.
Allah est plus Savant

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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Résolution N° 48 (10/5)
L’Application des Règles de la Charia
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant pris connaissance des études présentées par les membres et les experts
sur la question de “l’application des règles de la Charia” et écouté les discussions
qui ont porté sur ce point ;
Tenant compte du fait que l’Académie internationale du Fiqh islamique
est née de la volonté bienveillante du 3e Sommet islamique de Makkah Al-
Mukarramah, en vue de rechercher des solutions inspirées de la Charia aux pro-
blèmes de la Oumma islamique, d’adapter la vie des musulmans aux règles de la
Charia, d’éliminer tous les obstacles qui entravent l’application de la législation
divine, d’aménager tous les moyens nécessaires à son application comme l’im-
plique la foi en la souveraineté divine et la primauté de la Charia d’Allah, sup-
primer les contradictions existant entre certains dirigeants musulmans et leurs
peuples, mettre fin aux causes de tension, de contradiction et d’affrontement
dans leurs pays respectifs et faire régner la sécurité en terre d’Islam ;

Décide ce qui suit :


Que le premier devoir du dirigeant musulman est d’appliquer la Charia d’Allah.
Le Conseil exhorte les Gouvernements de tous les pays musulmans à instaurer
l’application de la Charia et à s’y conformer pleinement, entièrement, et du-
rablement dans tous les domaines de la vie. Il invite les musulmans, individus,
peuples et États, à se conformer aux impératifs de la religion d’Allah et à ap-
pliquer Sa Charia, l’Islam étant à la fois croyance, législation (Charia), code de
conduite et mode de vie.

Recommande ce qui suit :


A. L’Académie devra poursuivre les recherches et les études approfondies sur
les divers aspects de la question de l’application de la Charia et assurer le suivi
de tout ce qui est mis en pratique à cet égard dans les pays musulmans.

85
B. Assurer la coordination entre l’Académie et les autres institutions scienti-
fiques qui s’intéressent à la question de l’application de la Charia et procèdent
à l’élaboration de plans, de moyens et d’études, en vue d’aplanir les obstacles et
les ambiguïtés qui entravent l’application de la Charia dans les pays musulmans.
C. Collecter les projets de lois islamiques élaborés dans les divers pays mu-
sulmans et les analyser en vue d’en tirer profit.
D. Appeler à la réforme des programmes d’éducation et d’enseignement et
des divers moyens d’information et les mobiliser en faveur de l’application de
la Charia et la formation d’une génération de musulmans dévoués à la législa-
tion d’Allah le Très-Haut.
E. Développer la formation des chercheurs, des juges, des substituts et des
avocats, afin de mettre en place les ressources humaines nécessaires à l’applica-
tion de la Charia.
Allah est le Garant du succès

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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Résolution N° 49 (11/5)
La Commission islamique internationale de Droit
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 5ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 1 au 6 Joumada Al-Oula H (10–15 Décembre 1988) ;
Ayant pris connaissance de la note portant sur le projet de statuts de la
Commission Islamique Internationale de Droit, soumise à son attention par la
17e Conférence islamique des Ministres des Affaires étrangères, tenue à Amman
(Royaume hachémite de Jordanie), en vertu de la Résolution nº 45/17-P ;

Décide ce qui suit :


De donner son accord pour l’étude du projet de statut de la Commission
Islamique Internationale de Droit et de prendre en charge les attributions dé-
volues à cette commission, en les incluant parmi les tâches de l’Académie.
Allah est le Garant du succès

87
Résolutions et Recommandations de la 6ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Jeddah
Royaume d’Arabie saoudite

10–16 Chabane 1410


14–20 Mars 1990
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 50 (1/6)
Le Financement immobilier pour la
Construction et l’Achat de Logement
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie portant sur « le financement
immobilier pour la construction et l’achat de logement »,
ayant suivi les discussions sur la question,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Le logement est une nécessité essentielle pour l’être humain.
Il doit être assuré par des voies légales et des moyens financiers licites. Les mé-
thodes pratiquées par les banques de crédit immobilier et d’habitat, ainsi que
par d’autres organismes similaires consistant à accorder des prêts avec intérêts
– importants ou réduits – sont interdites par la Charia vu qu’elles relèvent de
l’usure (Riba).
Deuxièmement : Il existe, outre les possibilités de location, des moyens licites
pour l’acquisition de logements qui permettent d’éviter les interdits. Parmi ces
moyens, on peut citer :
A. L’octroi, par l’État, à ceux qui veulent acquérir un logement en propriété,
de prêts immobiliers remboursables par tranches modérées, sans intérêts, dé-
clarés comme tels ou dissimulés sous forme de service. Toutefois, au cas où la
perception de redevances liées à l’octroi et au suivi des opérations de prêts est
nécessaire, cette perception sera limitée aux frais découlant effectivement des
opérations de prêt, tel que mentionné au paragraphe (A) de la Résolution nº 13
(1/3) adoptée par la 3e session du Conseil de l’Académie,
B. La prise en charge, par les États qui en ont les moyens, de la construc-
tion et de la vente à terme et à tempérament, de logements aux requérants, en
conformité avec les dispositions de la Charia mentionnées dans la Résolution
nº 51 (2/6) de la présente session.

90
C. La construction de logements destinés à la vente à tempérament par des
promoteurs immobiliers particuliers ou sociétés.
D. Compte tenu du fait que le logement représente une nécessité pour
l’homme, son acquisition peut se faire par contrat de fabrication («Istisna »).
Ainsi l’achat du logement est effectué avant sa construction, conformément à
un descriptif détaillé évitant tout inconnue qui serait source de litige et sans
obligation de paiement immédiat du coût dans sa totalité. Il est plutôt permis
de différer le paiement et de l’étaler sur des tranches à convenir en prenant en
considération les clauses et les situations prévues pour le contrat de fabrication
«Istisna» définies par les Fouqaha et qui le distinguent du contrat de « Salam »
(à livraison différée).
Et l’Académie recommande de poursuivre l’examen de la question en vue
d’identifier d’autres moyens licites permettant l’acquisition de logements par
ceux qui le désirent.
Allah est le Garant du succès

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Résolution N° 51 (2/6)
La Vente à tempérament
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie et portant sur « la vente à
tempérament », et ayant suivi les discussions sur la question,
Premièrement : Il est permis que le prix, pour un paiement différé, soit ma-
joré par rapport à celui d’un paiement au comptant. Il est également permis
de mentionner le prix de vente au comptant et celui à payer par tranches défi-
nies. La vente n’est valide que si les deux parties contractantes ont expressément
convenu du mode de paiement : au comptant ou à terme. La vente n’est pas per-
mise par la Charia si elle est effectuée sans décision sur le mode de paiement : au
comptant ou à terme et en l’absence d’un accord ferme sur un montant précis.
Deuxièmement : Il n’est pas permis par la Charia de faire, dans le contrat de
vente à terme, une mention distincte des intérêts découlant d’un paiement par
tranches par rapport au prix de vente au comptant, de façon à les lier à la pé-
riode des échéances, que les parties contractantes ont convenu du taux d’intérêt
ou l’ont indexé sur le taux en cours.
Troisièmement : Si le débiteur acheteur accuse un retard dans l’acquittement
de ses traites, il n’est pas permis de lui faire subir une charge supplémentaire sur
le montant de la dette, que ce soit selon une clause préalable ou sans clause, car
ce serait alors du « riba » (usure) qui est prohibé.
Quatrièmement : Il est interdit au débiteur solvable d’atermoyer quant au
paiement des tranches dues. Toutefois, il n’est pas permis par la Charia de fixer
des conditions de compensation en cas de retard de paiement.
Cinquièmement : Dans les cas de vente à tempérament, le vendeur peut, se-
lon la Charia, établir des conditions de remboursement avant terme, lorsque le
débiteur n’a pas respecté les délais prévus pour certains remboursements, dès lors
que le débiteur doit avoir accepté une telle disposition à la conclusion du contrat.
Sixièmement : Le vendeur ne peut pas, après-vente, garder la propriété de
l’objet vendu. Mais il peut exiger de l’acheteur d’hypothéquer auprès de lui
l’objet vendu, dans le but de garantir son droit à recouvrer les tranches différées.

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Et l’Académie recommande :
L’examen de certaines questions liées à la vente à tempérament en vue d’arrê-
ter une décision, et ce, après la préparation d’études et de recherches adéquates
portant sur :
a. L’escompte, par le vendeur, auprès des banques, de traites couvrant les
échéances différées.
b. Le remboursement immédiat de la dette en contrepartie de la remise
d’une partie de cette dette. Cette question est intitulée : “diminue et
anticipe” (Da’ wa Ta’ajjal).
c. Les conséquences de la mort du débiteur sur le paiement des traites avant
l’échéance.
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Résolution N° 52 (3/6)
La Conclusion des Contrats au moyen des
Méthodes de Communication modernes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie et portant sur « la conclusion
des contrats au moyen des méthodes de communication moderne » .
Étant donné l’évolution considérable des moyens de communication et
leur utilisation dans la conclusion des contrats en raison de leur rapidité dans
la réalisation des transactions financières et de gestion ;
Ayant passé en revue les observations des Fouqaha concernant la conclu-
sion des contrats par voie verbale, écrite, par signes ou par représentant, entre
parties présentes, ce qui nécessite leur réunion (sauf pour les legs, la désigna-
tion d’un mandataire ou d’un agent), la concordance entre l’offre et l’accepta-
tion avec l’absence d’éléments indiquant la dénonciation du contrat par l’une
des deux parties et l’enchainement sans interruption de l’offre et l’acceptation
conformément à l’usage.

Décide ce qui suit :


Premièrement : Le contrat entre deux parties qui ne sont pas présentes en
un même lieu, ne peuvent se voir ni s’entendre et dont le moyen de commu-
nication est l’écriture, la correspondance électronique (télégramme, télex, fax,
écran d’ordinateur) ou le représentant, est réputé conclu au moment où l’offre
parvient à son destinataire qui l’accepte.
Deuxièmement : Le contrat établi de façon simultanée, au moyen du télé-
phone ou du talkie-walkie entre deux parties se trouvant dans deux endroits
différents, est réputé conclu entre parties présentes et est soumis dans ce cas aux
dispositions initiales fixées par les Fouqaha et mentionnées dans le préambule
de la présente résolution.
Troisièmement : Lorsqu’un délai est fixé, par ces moyens précités, pour l’ac-

94
ceptation, l’auteur de l’offre est lié par son offre jusqu’à l’expiration de ce délai
et ne peut se rétracter.
Quatrièmement : Les règles susmentionnées ne sont pas applicables au
contrat de mariage qui exige la présence de témoins, ni aux opérations de change
qui nécessitent une réception réciproque instantanée, ni à la vente « Salam » qui
requiert le paiement du capital avant la livraison.
Cinquièmement : Concernant les cas éventuels de fraude, de falsification ou
d’erreur, les règles afférentes à la vérification de l’authenticité seront appliquées.
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Résolution N° 53 (4/6)
Qabd (la Possession) : Ses différentes Formes notamment
ses Formes récentes et les Jugements les régissant
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie et portant sur « Le Qabd
(la possession) : ses différentes formes, notamment ses formes récentes et les ju-
gements les régissant », et ayant suivi les discussions sur la question,

Décide ce qui suit :


Premièrement : La possession des biens, qui peut être matérielle, comme dans
le cas de biens que l’on peut prendre de la main, jauger ou peser comme les
denrées alimentaires, ou que l’on peut transférer vers la propriété de l’acquéreur,
est aussi réalisée virtuellement et de jure par la renonciation en permettant la
jouissance. Le mode de possession varie selon la nature des objets et la différence
des coutumes relatives à la conception de la possession.
Deuxièmement : Parmi les formes de possession de jure reconnues par la
Charia, on peut compter :
1. Créditer le compte bancaire d’un client d’une somme donnée dans les
cas suivants :
a. L’écriture d’une somme sur le compte bancaire du client directement
ou par virement bancaire.
b. Si le client conclut avec une banque un contrat de change immédiat
(Sarf ) pour son compte : dans le cas d’achat d’une devise au moyen
d’une autre devise.
c. Si la banque, sur ordre du client, débite de son compte une somme
qu’elle crédite dans un autre compte, dans une autre monnaie, dans
la même banque ou dans une autre banque, en faveur du client ou
d’un autre bénéficiaire. Cependant les banques doivent observer les
règles de la Charia en matière de contrat de change (Sarf ).

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Une période de grâce est permise pour l’écriture bancaire
des transactions dans lesquelles le bénéficiaire peut s’emparer
effectivement de la somme, pour des délais comparables à ceux en
usage dans les marchés de transaction. Toutefois, le bénéficiaire
n’est pas autorisé à disposer de la devise au cours de la période de
grâce, mais seulement après l’écriture bancaire qui rend possible
l’encaissement effectif.
2. La réception d’un chèque ayant une provision disponible au retrait dans
la monnaie inscrite sur ce chèque au moment de son recouvrement et sa
détention par la Banque.

Allah est plus Savant


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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 54 (5/6)
La Greffe des Cellules cérébrales et du Système nerveux
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études et recommandations relatives à cette question
qui a constitué l’un des sujets traités au cours du 6ème séminaire de Fiqh et de
Médecine, tenu à Koweït City, du 23 au 26 Rabi Al-Awal 1410 H (23–26 oc-
tobre 1989), en collaboration entre l’Académie et l’Organisation Islamique des
Sciences Médicales du Koweït ;
À la lumière des conclusions du séminaire susmentionné, à savoir qu’il ne
s’agit pas de greffe du cerveau d’une personne à une autre, mais que l’objectif
visé par la greffe consiste à remédier à la déficience de certains tissus bien déter-
minés du cerveau dans la sécrétion en quantité adéquate de substances chimiques
ou hormonales, et ce, par leur remplacement par des tissus similaires obtenus
à partir d’une autre source, ou le traitement d’une lésion du système nerveux
due à certaines pathologies.

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il n’y a pas d’objection à cette opération, du point de vue
de la Charia, si la source des tissus est la glande surrénale du malade lui-même,
comportant l’avantage de la tolérance immunologique de l’organisme, car il
s’agit là d’autogreffes.
Deuxièmement : Si la source est un fœtus animal, il n’y a pas d’objection à
cette méthode en cas de chances de réussite et dans la mesure où elle ne conduit
pas à la violation des règles de la Charia. Les médecins ont indiqué que cette
méthode a réussi dans différentes espèces animales et que l’espoir de son succès
chez l’homme existe pourvu que soient prises les précautions médicales néces-
saires pour éviter le rejet immunitaire.
Troisièmement : Si la source des tissus à greffer consiste en des cellules vi-
vantes provenant d’un fœtus prématuré (10e ou 11e semaine), le jugement va-
riera comme suit :

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A. Première méthode :
Prise directe de ces tissus à partir d’un fœtus humain “in utero”, en procédant
à une opération chirurgicale. Cette méthode entraîne la mort du fœtus dès le
prélèvement de ses cellules cérébrales. Cette opération est interdite par la Charia,
sauf dans le cas où elle intervient à la suite d’un avortement spontané non in-
tentionnel ou d’un avortement licite pratiqué pour sauver la vie de la mère et
que la mort du fœtus est établie. Dans de tels cas, les conditions d’utilisation
du fœtus stipulées dans la Résolution nº 59 (8/6) de la présente session doivent
être observées.
B. Deuxième méthode :
Cette méthode, qui consiste à conserver des cellules cérébrales dans des cultures
spéciales en vue de leur utilisation ultérieure, pourrait être pratiquée dans un
proche avenir. Il n’y a pas d’objection à cette méthode, du point de vue de la
Charia, si la source des cellules conservées en culture ainsi que leur mode d’ob-
tention sont licites.
Quatrièmement : Cas du nouveau-né anencéphale : Dans le cas où il est né vi-
vant, aucune partie de son corps ne peut être utilisée tant que sa mort n’est pas
confirmée par la cessation des fonctions du tronc cérébral, autrement, il n’existe
pas de différence entre ce nouveau-né et ceux qui sont nés en bonne santé. S’il
est mort, l’utilisation des parties de son corps doit se faire conformément aux
règles et conditions applicables à la greffe des organes d’une personne décédée,
telles que l’obtention de l’autorisation requise, l’absence de substitut, la néces-
sité impérieuse et autres conditions prévues dans la Résolution nº 26 (1/4) de la
4e session du Conseil de l’Académie.
Il n’y a pas d’objection du point de vue de la Charia à garder ce nouveau-né
anencéphale en réanimation au-delà de la cessation des fonctions du cerveau
(qui peut être diagnostiquée), et ce pour maintenir en vie les organes propres
à la greffe, en vue de leur utilisation pour une greffe dans un autre corps, dans
les conditions susmentionnées.
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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 55 (6/6)
L’Excédent d’Ovules fécondés
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études et recommandations relatives à cette question
qui a constitué l’un des sujets traités au cours du 6ème séminaire de Fiqh et de
Médecine, tenu à Koweït City, du 23 au 26 Rabi Al-Awal 1410 H (23–26 oc-
tobre 1989), en collaboration entre 1’Académie et l’Organisation Islamique des
Sciences Médicales du Koweït ;
Ayant examiné les 13e et 14e recommandations adoptées par le 3e séminaire
de l’Organisation Islamique des Sciences Médicales, tenu au Koweït, du 20 au
23 Chabane 1407 H (18 au 21 avril 1987), sur la question des ovules fécondés,
ainsi que la 5e recommandation de la 1re session de l’Organisation Islamique
des Sciences Médicales, tenu au Koweït, du 11 au 14 Chabane 1403 H (24 au 27
mai 1982), sur la même question :

Décide ce qui suit :


Premièrement : À la lumière de ce qui a été établi scientifiquement concer-
nant la possibilité de conserver des ovules non fécondés aux fins d’utilisation
ultérieure, il faut, dans la fécondation des ovules, se limiter, dans chaque cas,
au nombre d’ovules nécessaire pour éviter l’existence d’un excédent d’ovules
fécondés.
Deuxièmement : S’il y a un excédent d’ovules fécondés, sous quelque forme
que ce soit, les ovules excédentaires doivent être abandonnés sans soins médi-
caux, jusqu’à leur mort naturelle.
Troisièmement : Il est interdit d’implanter les ovules fécondés d’une femme
dans l’utérus d’une autre femme. Les mesures nécessaires doivent être prises afin
d’empêcher l’utilisation d’ovules fécondés pour une grossesse illégitime.
Allah est plus Savant

100
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 56 (7/6)
L’Utilisation de Fœtus comme Source dans la Greffe d’Organes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études et recommandations relatives à cette question
qui a constitué l’un des sujets traités au cours du 6ème séminaire médico-ju-
ridique, tenu à Koweït City, du 23 au 26 Rabi Al-Awal 1410 H (23–26 octobre
1989), en collaboration entre l’Académie et l’Organisation Islamique des Sciences
Médicales du Koweït ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il n’est pas permis d’utiliser le fœtus comme source d’organes
à greffer dans l’organisme d’une autre personne, sauf dans certains cas et selon
certaines règles précises :
a. Il n’est pas permis de provoquer un avortement dans le but d’utiliser le
fœtus dans une opération de greffe. Il faut se limiter aux cas d’avortement
spontané, non intentionnel, et aux avortements provoqués pour des
raisons légitimes. Il ne sera pas fait recours à la chirurgie pour extraire le
fœtus, sauf cas de nécessité pour sauver la vie de la mère.
b. Le fœtus qui a des chances de survie doit recevoir les soins médicaux
de nature à sauvegarder sa vie et non à être utilisé dans des opérations
de greffe. Le fœtus qui ne présente pas de chance de survie ne peut être
utilisé qu’après sa mort selon les conditions stipulées dans la Résolution
nº 26 (1/4) adoptée par le Conseil de l’Académie.
Deuxièmement : Les opérations de greffe d’organes ne doivent en aucun cas
être effectuées à des fins commerciales.
Troisièmement : La supervision des opérations de greffe d’organes doit être
confiée à un organisme spécialisé et digne de confiance.
Allah est plus Savant

101
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 57 (8/6)
La Greffe des Organes génitaux
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études et recommandations relatives à cette question
qui a constitué l’un des sujets traités au cours du 6ème séminaire de Fiqh et de
Médecine, tenu à Koweït City, du 23 au 26 Rabi Al-Awal 1410 H (23–26 oc-
tobre 1989), en collaboration entre l’Académie et l’Organisation Islamique des
Sciences Médicales du Koweït ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Greffe des glandes génitales
Étant donné que les testicules et les ovaires continuent de porter et de secréter
les caractères héréditaires (code génétique) du donneur même après leur greffe
dans un receveur, leur implantation est interdite par la Charia.
Deuxièmement : Greffe des organes génitaux :
La greffe de certains organes génitaux qui ne transmettent pas les caractères héré-
ditaires – à l’exception des organes génitaux externes (strict pudenda) – est per-
mise en cas de légitime nécessité, et ce, conformément aux règles et aux normes
de la Charia indiquée dans la Résolution nº 26 (1/4) du Conseil de l’Académie,
Allah est plus Savant

102
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 58 (9/6)
La Greffe d’un Organe amputé lors de l’Application d’une
Peine corporelle (Hadd) ou de la Loi du Talion (Qissas)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie sur la question de “la greffe
d’un organe amputé lors de l’application d’une peine corporelle (hadd) ou de
la loi du Talion (qissas)”, et écouté les discussions à ce sujet,
Compte tenu des objectifs de la Charia dans l’application du “Hadd” qui
visent la sanction, la dissuasion et la punition et qu’à cette fin, les effets (ré-
sultant de l’application de la sanction) doivent persister afin de servir de leçon,
d’admonition et d’éradication du crime ;
Vu que, la restauration, grâce à la chirurgie moderne, d’un organe amputé
en application d’une peine corporelle “Hadd”, exige une opération immédiate,
qui ne peut être effectuée qu’à la suite d’une préparation médicale spéciale et
une complicité, indiquant par là un manque de sérieux dans l’application de la
peine “Hadd” et dans son efficacité :

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il n’est pas permis par la Charia, de rétablir l’organe amputé
en application d’une peine “Hadd”, car la persistance de son effet représente
la pleine application de la sanction prescrite par la Charia, et évite toute négli-
gence dans son exécution et toute contravention aux dispositions de la Charia.
Deuxièmement : Étant donné que la loi du Talion (Qissas) a été prescrite
pour établir l’équité, pour rendre justice à la victime, garantir le droit à la vie
de la société, assurer la sécurité et la stabilité, il n’est pas permis de restaurer un
organe amputé en application du “Qissas”, sauf dans les cas suivants :
1. Si, après exécution du “Qissas”, la victime accorde l’autorisation de la
restauration de l’organe amputé du condamné.
2. Si la victime a pu restaurer son organe.

103
Troisièmement : En cas d’erreur judiciaire ou d’exécution, il est permis de
restaurer l’organe amputé en application d’une peine corporelle (“Hadd”) ou
de la loi du Talion (Qissas).
Allah est plus Savant

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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 59 (10/6)
Les Marchés financiers
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études, recommandations et conclusions du séminaire
sur “les marchés financiers”, tenu à Rabat (Royaume du Maroc), du 20 au 24
Rabi Al-Akhir 1410 H (20 au 24 octobre 1989), par l’Académie, en collabora-
tion avec l’Institut Islamique de Recherches et de Formation (IRTI) relevant de
la Banque Islamique de Développement, et sous l’égide du ministère des Awqaf
et des Affaires Islamiques du Royaume du Maroc ;
À la lumière des dispositions de la Charia consistant à inciter au gain licite,
à l’investissement et au développement de l’épargne, sur la base des modalités
d’investissement islamique fondées sur le principe du partage des charges et des
risques, y compris le risque d’endettement ;
Vu le rôle des marchés financiers dans les transactions financières et l’encou-
ragement à l’investissement ;
Vu que l’intérêt porté à ces marchés financiers et l’étude des règles qui les ré-
gissent répondent à un besoin pressant de faire connaître aux gens les dispositions
du Fiqh dans les domaines contemporains et concorde avec les efforts profonds
des Fouqaha pour expliquer les règles régissant les transactions financières et en
particulier les règles du marché et le système comptable applicable aux marchés ;
Considérant que l’importance des marchés financiers englobe les marchés
secondaires, qui permettent aux investisseurs de se placer de nouveau dans les
marchés financiers, offre l’occasion d’obtenir des liquidités et encourage à investir
en raison de la confiance quant à la possibilité de quitter le marché le cas échéant :
Ayant pris connaissance des questions abordées dans les études soumises
à l’Académie concernant les systèmes et les lois des marchés financiers existants,
leurs mécanismes et leurs instruments :

Décide ce qui suit :


Premièrement : L’intérêt porté aux marchés financiers fait partie intégrante

105
de l’obligation de préserver et d’accroitre les capitaux, puisqu’il suscite l’entraide
pour combler les besoins publics et s’acquitter des devoirs religieux et civiques
liés au capital.
Deuxièmement : Ces marchés financiers -dont le principe est nécessaire – ne
représentent pas, dans leur état actuel le modèle susceptible de réaliser les objec-
tifs de développement et d’investissement du capital selon l’optique islamique.
Cette situation exige la conjugaison d’efforts scientifiques de la part des Fouqaha
et des économistes pour réexaminer les mécanismes et instruments sur lesquels
ces marchés reposent, et apporter les amendements nécessaires, à la lumière des
dispositions de la Charia.
Troisièmement : Le concept de marché financier repose sur des règles de
gestion et de procédure. Par conséquent, son adoption relève de la règle des
Al-Massalih al-Moursala (Les intérêts élargis) – concernant ce qui s’inscrit sous
les règles générales de la religion et ne s’oppose pas aux dispositions figurant
explicitement dans “un texte” ou une règle de la Charia. Ce concept fait ainsi
partie des réglementations instituées par les pouvoirs publics dans le domaine
des métiers et des services d’utilité publique. Nul ne peut enfreindre ni contour-
ner cette réglementation, dans la mesure où elle est conforme aux règles et aux
principes de la Charia.

Et recommande ce qui suit :


De compléter l’examen des instruments et des formes en usage dans les mar-
chés financiers en entreprenant suffisamment d’études et de recherches dans les
domaines du Fiqh et de l’économie([^14]).
Allah est le Garant du succès

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Résolution N° 60 (11/6)
Les Obligations
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Ayant examiné les études, recommandations et conclusions du séminaire
sur “les marchés financiers”, tenu à Rabat (Royaume du Maroc), du 20 au 24
Rabi Al-Akhir 1410 H (20 au 24 octobre 1989), par l’Académie, en collabora-
tion avec l’Institut Islamique de Recherches et de Formation (IRTI) relevant de
la Banque Islamique de Développement, et sous l’égide du ministère des Awqaf
et des Affaires islamiques du Royaume du Maroc
Vu que l’obligation est un titre par lequel l’émetteur s’engage soit à payer à
son détenteur la valeur nominale du titre arrivé à échéance, soit avec un inté-
rêt convenu sur la valeur nominale du titre, soit à la condition de garantir des
profits sous la forme de primes distribuées par tirage au sort ou d’une somme
forfaitaire ou d’une remise ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : L’émission, l’achat et l’échange d’obligations qui représentent
un engagement à payer leur montant avec un intérêt sur leur valeur nominale
ou un bénéfice fixé d’avance, sont prohibés au regard de la Charia, vu que ces
obligations sont une forme de prêts usuriers et ce, quelle que soit la nature de
l’autorité émettrice (privée, publique ou liée à l’état), quelle que soit l’appella-
tion de ces titres (certificats ou bons d’investissement, bons d’épargne) et quel
que soit le nom donné aux intérêts usuriers convenus (bénéfice, rente, com-
mission, revenu…).
Deuxièmement : Les titres zéro coupon sont également prohibés parce qu’ils
représentent des prêts mis en vente à un prix inférieur à leur valeur nominale
et dont les détenteurs tirent profit de la différence considérée comme un rabais
sur ces titres.
Troisièmement : les titres à prime sont également prohibés parce qu’ils repré-
sentent des prêts avec un bénéfice fixé d’avance ou une augmentation en faveur

107
de l’ensemble des emprunteurs ou de certains d’entre eux sans les spécifier, outre
le fait que de tels titres s’apparentent à des jeux de hasard (Qimar).
Quatrièmement : L’une des alternatives aux titres dont l’émission, l’achat et
l’échange sont prohibés réside dans les titres ou les chèques établis sur la base
du contrat de Moudaraba (l’investissement participatif ), pour des projets ou
des activités d’investissement donnés. Ainsi, les détenteurs de titres d’obligation
ne reçoivent pas d’intérêts ou de bénéfice forfaitaire, mais une part du bénéfice
du projet au prorata du nombre de titres ou de chèques qu’ils détiennent. Ils
ne perçoivent cette part du bénéfice que si celui-ci est effectivement réalisé. La
disposition adoptée dans la Résolution nº 30 (5/4) du Conseil de l’Académie
sur les titres Mouqarada peut être mise à profit à cet égard.
Allah est plus Savant

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Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 61 (12/6)
Les Thèmes d’Etude et Séminaires proposés
par le Comité de Planification
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;
Avant examiné le rapport du Comité de Planification soumis au Secrétariat
Général de l’Académie et distribué aux membres du Conseil, rapport relatif aux
thèmes proposés à l’examen du Conseil et classés par ordre de priorité dans une
liste comprenant les divers sujets ci-après indiqués :
1. Le droit international dans le Fiqh islamique contemporain
2. Le mariage et l’héritage dans le Fiqh contemporain
3. La pensée islamique contemporaine
4. Les adorations dans le Fiqh islamique contemporain
5. Les transactions et l’économie dans le Fiqh islamique contemporain
6. Les fondements du Fiqh à la lumière de l’époque contemporaine
7. La médecine et les sciences
8. Les questions contemporaines autres que celles citées ci-dessus
De même, le rapport propose l’organisation de séminaires sur les thèmes
suivants :
1. Droits et devoirs de la femme dans l’Islam
2. Le droit international en Islam
3. Les droits de l’Homme en coordination avec les efforts de l’Organisation
de la Conférence islamique
4. Les droits de l’enfant en islam avec référence à l’accord international sur
les droits de l’enfant
5. Droits et devoirs des non-musulmans en Islam
6. Les musulmans d’aujourd’hui entre authenticité et dépendance

109
7. Étude de modèles de constitution islamique
8. Position de l’Islam vis-à-vis des arts modernes (la peinture, la chanson, la
musique et le théâtre.)
9. Le système de gouvernance islamique : ses fondements, ses règles et les
grandes questions dans l’époque contemporaine.
10. L’Information et les moyens de communication modernes du point de
vue de l’Islam
11. Les Règles du Fiqh concernant les fluctuations de devise de valeur instable
12. Les aides sociales en Islam et ses applications modernes
13. Bons du Trésor et Certificats d’investissement
14. Les Options et les futures utilisées dans les marchés financiers
Décide ce qui suit :
Premièrement : Observer ces propositions et charger le Secrétariat Général
de l’Académie de choisir parmi ces sujets, en tenant compte de l’intérêt qui s’at-
tache à chacun d’eux et en particulier ceux qui ont fait l’objet d’une résolution
de la session précédente demandant leur étude.
Deuxièmement : Charger le Secrétariat Général de l’Académie d’organiser les
séminaires proposés en accordant la priorité aux thèmes qui ont déjà été pro-
posés pour étude au cours des sessions précédentes tout en tenant compte de la
situation et des moyens disponibles.
Allah est le Garant du succès

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Résolution N° 62 (13/6)
Les Recommandations de la 6ème session
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 6ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 10 au 16 Chabane H (14–20 Mars 1990) ;

Recommande ce qui suit :


Premièrement : Appeler tous les musulmans à la solidarité, à unir leur parole
et à l’attachement aux solutions apportées par l’Islam à leurs problèmes ; à
s’acquitter de leur devoir de présenter l’Islam au monde en tant que solution
incontournable aux problèmes dont il souffre, au lieu de se réfugier dans des
principes matérialistes pervers dont l’échec est évident. Inviter également tous les
musulmans à être attentifs aux problèmes de leurs frères dans les pays d’Orient,
et à défendre leurs droits légitimes de préserver leur identité religieuse et à jouir
de leurs droits humains.
Deuxièmement : Le Conseil de l’Académie condamne l’émigration des Juifs
soviétiques vers la Terre Sainte, Terre du Voyage Nocturne et de l’Ascension, et
estime que cela constitue un danger extrême qui menace la Oumma islamique
dans son ensemble. Le Conseil exhorte les États arabes et islamiques à unifier
leurs déclarations et leur position et à faire face à ce danger soudain et à utiliser
tous les moyens possibles pour sauver les territoires occupés, libérer les lieux
saints, débarrasser les lieux de l’Ascension du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬des mains usurpatrices,
et soutenir le soulèvement (« Intifadha ») contre l’ennemi sioniste usurpateur,
afin de l’aider à atteindre ses objectifs et assurer sa continuité.
Troisièmement : Se préoccuper des médias dans les pays musulmans et les
orienter et les diriger de sorte qu’ils entraînent la réforme et la droiture et servent
l’Islam et puissent faire face aux défis contemporains. Le Conseil recommande au
Secrétariat Général de l’Académie d’organiser un séminaire spécial sur les médias.
Quatrièmement : Organiser un séminaire sur les arts répandus de nos jours,
tels que le théâtre, la chanson, la musique, la danse et autres, et qui sont pré-
sents dans tous les médias.
Cinquièmement : Entreprendre des études et des recherches exhaustives sur

111
la question de la multiplication de l’expiation pour homicides multiples en vue
d’une prise de décision à ce sujet.
Sixièmement : Report de l’examen de la question sur les actions de sociétés en
vue de l’élaboration d’études et de recherches plus approfondies à ce sujet([^15]).
Septièmement : Organiser un séminaire sur le thème « les options et les
futures ».
Huitièmement : Mise sur pied, à la discrétion du Secrétariat général de
l’Académie, d’un comité composé de Fouqaha et d’économistes, en vue de
répondre aux demandes d’explication soumises par la Banque Islamique de
Développement au sujet de sa participation aux activités de sociétés de partici-
pation par actions.
Allah est le Garant du succès

112
Résolutions et Recommandations de la 7ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Jeddah
Royaume d’Arabie saoudite

7–12 Dhoul Quida 1412


9–14 Mai 1992
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 63 (1/7)
Les Marchés financiers
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 7ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 7 au 12 Dhoul Quida H (9–14 Mai 1992) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie sur « les marchés
financiers (les actions, les options, les marchandises et les cartes de crédit) » ;
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Les actions
1. Participation au capital des sociétés :
a. Dès lors qu’en principe, les transactions sont autorisées, la
constitution d’une société par actions ayant des buts et des activités
licites est permise.
b. Aucune divergence n’existe quant au caractère illicite de la
participation au capital des sociétés dont l’objectif essentiel est illicite,
à l’instar de l’usure, de la production et de la commercialisation de
produits prohibés.
c. En principe, il est illicite de prendre des actions dans les sociétés qui
recourent, même à titre occasionnel, à des pratiques illicites telles que
l’usure, même si leurs activités essentielles sont licites([^16]).
2. La prise ferme :
C’est un accord passé lors de la constitution d’une société avec une per-
sonne qui s’engage à prendre la totalité ou une partie des actions émises.
C’est un engagement de sa part à souscrire à tout reliquat n’ayant pas fait
l’objet d’une souscription par un tiers. Un tel acte n’est pas interdit par
la Charia si l’engagement de souscription se fait sur la base de la valeur
nominale et qu’aucune contrepartie n’est perçue pour cet engagement.
Celui qui prend l’engagement peut percevoir une rémunération pour un

114
travail autre que la garantie et qui consiste, par exemple, à élaborer des
études ou à commercialiser des actions.
3. Échelonnement du paiement des actions au moment de la souscription :
La Charia n’interdit pas le paiement d’une partie de la valeur de l’action
souscrite avec le report des paiements du reliquat. Ceci est considéré
comme une participation de la valeur de ce premier paiement, avec une
promesse d’augmentation de capital, ce qui n’implique aucun manque-
ment à la Charia car cela concerne l’ensemble des actions. Vis-à-vis des
tiers, la société assume toute la responsabilité de la totalité du capital
déclaré, celui-ci étant le montant connu et accepté par toutes les parties
commerçant avec la société.
4. L’action au porteur :
La vente (de l’action au porteur) étant une part indivise des actifs de la
société et vu que le titre de l’action est un document attestant le droit du
possesseur de cette part indivise, la Charia n’interdit pas l’émission ni la
circulation de ces actions.
5. L’Objet du contrat dans la vente d’une action :
L’objet du contrat dans la vente d’une action est la part indivise des actifs
de la société. Le titre de l’action constitue un document confirmant le
droit à cette part.
6. Les actions préférentielles :
Il n’est pas permis d’émettre des actions préférentielles ayant des caracté-
ristiques financières qui permettent de garantir le capital ou une part des
bénéfices, ou permettent d’être prioritaire au moment du bilan ou de la
distribution des dividendes.
Il est permis toutefois de conférer à certaines actions des avantages en ce
qui concerne la procédure ou l’administration.
7. Le recours au Riba (usure) dans la commercialisation d’actions :

a. Il n’est pas permis d’acquérir des actions au moyen d’un prêt


avec intérêt accordé par un courtier ou autre à un acquéreur en
contrepartie d’une hypothèque de l’action, dès lors qu’il s’agit d’une
pratique usurière garantie par l’hypothèque. Ces actes sont prohibés
par la malédiction jetée sur l’acheteur, le vendeur, l’enregistreur et les
deux témoins de tout acte usurier.

115
b. Il n’est pas permis non plus de vendre une action dont le vendeur ne
détient pas la propriété, mais dont il ne jouit que de la promesse de
prêt de cette action par un courtier au moment de l’acquisition. Cela
revient en effet à vendre ce que l’on ne possède pas. L’interdiction
est d’autant plus formelle lorsqu’il est exigé que le courtier perçoive
le montant pour qu’il en profite en le déposant moyennant un taux
d’intérêt, et cela en contrepartie du prêt qu’il a concédé.
8. Vendre ou hypothéquer une action :
Il est permis de vendre ou d’hypothéquer une action conformément aux
dispositions des statuts de la société. C’est le cas lorsque les statuts sti-
pulent que la vente est libre ou assujettie au droit de préemption accordé
aux actionnaires les plus anciens. Devront aussi être respectées les dispo-
sitions des statuts concernant la possibilité pour les actionnaires d’hypo-
théquer leurs parts.
9. Émission d’actions avec droits d’émission :
Il n’est pas interdit de majorer d’un montant précis la valeur de l’action
afin de couvrir les frais de l’émission, à condition que ce montant addi-
tionnel soit calculé de manière adéquate.
10. Émission d’actions à un montant supérieur ou inférieur :
Il est permis d’émettre de nouvelles actions pour l’augmentation du capi-
tal si l’émission s’effectue conformément à la valeur réelle des anciennes
actions selon l’évaluation de l’actif de la société, établie par des experts ou
au prix du marché.
11. Garantie de la société pour l’achat d’action :
Le Conseil est d’avis de surseoir à toute décision à ce sujet jusqu’à une
session ultérieure, en attendant un surcroît d’examens et d’études.
12. La délimitation de la responsabilité d’une société à responsabilité limitée
(SARL) :
La Charia n’interdit pas la constitution d’une société dont la responsa-
bilité est limitée à son propre capital, car cela est porté à la connaissance
des partenaires de la société et que, de ce fait, il n’y a pas duperie pour les
parties interagissant avec la société.
Il n’est pas interdit non plus que la responsabilité de certains actionnaires
soit illimitée vis-à-vis des créanciers sans qu’une contrepartie soit accor-

116
dée pour cet engagement. Il s’agit de sociétés qui regroupent à la fois des
associés solidaires et des associés à responsabilité limitée.
13. La négociation des actions par le biais de courtiers accrédités et droits
d’adhésion aux marchés :
Les autorités officielles compétentes sont habilitées à organiser la com-
mercialisation de certaines actions en exigeant le recours aux services de
courtiers spécialement accrédités dans ce domaine, étant donné qu’il
s’agit de décision réglementaire visant à concrétiser des intérêts licites.
Il est également permis d’exiger des droits d’adhésion pour toutes les
personnes qui opèrent des transactions sur les places financières s’il s’agit
de décisions réglementaires visant à concrétiser des intérêts licites.
14. Le droit de priorité :
Le Conseil décide de différer sa décision à ce sujet jusqu’à une session
ultérieure, pour un surcroît de réflexion et d’examens.
15. Le certificat de propriété :
Le Conseil décide de différer sa décision à ce sujet jusqu’à une session
ultérieure, pour un surcroît de réflexion et d’examens.

Deuxièmement : Les options


A. La formule du contrat d’Options
Les contrats d’options sont une compensation versée en échange d’un enga-
gement de vendre ou d’acheter un bien précis, à un prix déterminé et pendant
une durée déterminée ou à un moment donné, directement ou par le truche-
ment d’un organisme garantissant les droits des deux parties.
B. L’avis de la Charia
Les contrats d’option tels qu’ils ont cours actuellement dans les places finan-
cières mondiales sont une forme inédite de contrat qui ne fait partie d’aucune
forme de contrat connue dans la Charia.
L’objet du contrat n’étant ni un bien, ni un usufruit, ni un droit financier
susceptible d’être monnayé, il est illicite au regard de la Charia. Ces contrats
étant illicites de par leur nature même, ils ne sont pas négociables.
Troisièmement : Les transactions de marchandises. de devises et
d’indices dans les marchés organisés
1. Les marchandises :
Les transactions de marchandises dans les marchés organisés se font selon
l’une des quatre méthodes suivantes :

117
Première méthode : Le contrat stipulant que la livraison et le paiement
de la marchandise se font dans l’immédiat cette marchandise, sous sa
forme physique ou matérialisée sous forme de titre, étant la propriété du
vendeur et en sa possession. Ce contrat est autorisé par la Charia, selon
les conditions de vente usuelles.
Deuxième méthode : Un contrat stipulant le droit de recevoir la mar-
chandise et d’en payer le prix immédiatement, cet échange étant pos-
sible et comprenant la garantie de l’organisme compétent du marché. Ce
contrat est autorisé par la Charia selon les conditions de vente connues.
Troisième méthode : Un contrat stipulant la livraison d’une marchan-
dise précisément décrite à une date différée, le paiement se faisant à la
livraison, avec une disposition mettant fin au contrat dès que la marchan-
dise aura été livrée et payée. Ce type de contrat n’est pas autorisé, car le
paiement et la marchandise sont différés. Ce contrat peut être modifié de
manière à remplir les conditions inhérentes au “Salam” (vente d’un objet
livré à terme et payé à l’avance). Si le contrat répond aux conditions de
ce type de vente “Salam”, il devient licite.
De même, il n’est pas permis de vendre une marchandise achetée sous la
forme du “Salam” avant sa réception.
Quatrième méthode : Le contrat concerne la livraison d’une marchan-
dise précisément décrite à une date différée, le paiement devant être effec-
tué au moment de la livraison, sans que le contrat ne prévoie la cessation
du contrat dès la livraison et le paiement effectif, ce qui permet ainsi que
le contrat soit annulé par un contrat inverse.
Cette formule qui est la plus courante sur les marchés n’est licite en au-
cune manière, au regard de la Charia.
2. Transaction en devises :
Les transactions en devises se font sur les marchés organisés selon l’une
des quatre formules mentionnées plus haut, afférentes au commerce de
marchandises.
Il n’est pas permis d’acheter et de vendre des devises selon les troisième
et quatrième méthodes. Quant aux deux premières méthodes, elles sont
licites pour l’achat ou la vente de devises, pourvu que les conditions de
change conventionnelles soient respectées.
3. Commercialisation de l’indice :
L’indice est un chiffre qui se calcule au moyen d’une méthode statistique

118
spéciale et dont le but est de connaître le volume des variations sur un
marché donné. Cet indice est vendu dans certaines places internationales.
Il n’est pas permis d’acheter ou de vendre un indice, car cela s’apparente
aux jeux de hasard et porte sur la vente ou l’achat de quelque chose de
fictif et qui ne peut exister.
4. L’alternative licite aux transactions interdites concernant les marchandises
et devises :
Il importe d’organiser un marché islamique des marchandises et des de-
vises sur la base des transactions autorisées par la Charia et tout particu-
lièrement le “Salam”, le change, la promesse de vente différée, le contrat
de fabrication (Istisna), et autres.
Le Conseil de l’Académie est d’avis qu’il est nécessaire d’élaborer une
étude exhaustive sur les conditions auxquelles sont soumises ces formules
de rechange et leurs méthodes d’application dans un marché islamique
structuré.

Quatrièmement : La carte de crédit


A. Définition
Il s’agit d’un document que son émetteur remet à une personne physique
ou morale, sur la base d’un contrat conclu entre les deux parties, afin que cette
dernière puisse acheter des marchandises ou des services auprès d’une partie ac-
ceptant ce document sans effectuer de paiement immédiat puisqu’il comprend
un engagement à payer de la part de l’émetteur.
Certains spécimens de ces cartes permettent de retirer de l’argent auprès des
banques. Il y a plusieurs sortes de cartes de crédit :
• Pour certaines d’entre elles, le retrait d’argent et le paiement se font sur le
compte bancaire du porteur de la carte et non sur le compte de l’émetteur,
et dans ce cas on parle de carte de débit immédiat. D’autres types de cartes
permettent d’effectuer les paiements sur le compte de l’émetteur, et les rem-
boursements sont ensuite prélevés sur le compte du porteur à des échéances
régulières.
• Certaines cartes de crédit impliquent des intérêts sur le total du solde
impayé pendant une période donnée à compter de la date d’échéance.
D’autres n’imposent rien.
• La plupart des cartes astreignent le porteur au paiement d’une redevance
annuelle. Dans certains cas, l’émetteur n’exige pas de redevance annuelle.

119
B. Conceptualisation des cartes de crédit au regard de la Charia
Après avoir débattu de la question, le Conseil décide de reporter toute déci-
sion concernant la conceptualisation des cartes de crédit au regard de la Charia
ainsi que la position de cette dernière à ce sujet en attendant un surcroît d’étude
et d’analyse ([^17]).
Allah est plus Savant

120
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 64 (2/7)
La Vente à tempérament
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 7ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 7 au 12 Dhoul Quida H (9–14 Mai 1992) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet de “la
vente à tempérament”, et à titre de continuation de la Résolution nº 51 (2/6) de
la 6ème session y afférente ;
ayant suivi les délibérations qui ont porté sur ce thème :

Décide ce qui suit :


Premièrement : La vente à tempérament est licite au regard de la Charia, même
si le prix à terme est supérieur au prix au comptant.
Deuxièmement : Les effets de commerce (chèques, billets à ordre, ordre de
retrait) constituent des documents licites attestant de la dette contractée.
Troisièmement : L’escompte sur ces titres est illicite au regard de la Charia,
dès lors qu’il conduit à l’usure dite “Nassi’a” qui est formellement interdite.
Quatrièmement : L’abaissement du montant de la dette différée en cas de rem-
boursement anticipé que ce soit à la demande du débiteur ou à celle du créan-
cier est licite au regard de la Charia. Cette formule ne relève pas des pratiques
usurières, pour peu qu’elle ne résulte pas d’un accord initial et aussi longtemps
que la relation est bilatérale, limitée au créancier et au débiteur. En cas d’inter-
vention d’un tiers, la transaction devient illicite, dès lors qu’elle tombe, dans
ce cas, sous le coup des jugements relatifs à l’escompte des effets de commerce.
Cinquièmement : Il est permis aux créanciers de réclamer le paiement de
toutes les tranches au cas où le débiteur refuserait de régler une tranche venue
à échéance, tout en étant solvable.
Sixièmement : Lorsque le montant total des tranches est réclamé pour cause
de décès, de faillite ou de retard injustifié de remboursement, il est permis de
réduire le montant de la dette afin d’en accélérer le remboursement de gré à gré.
Septièmement : Un débiteur est considéré comme insolvable et un report de

121
paiement doit lui être accordé lorsqu’il ne possède rien au-delà de ses besoins fon-
damentaux, qui puisse lui permettre de payer sa dette en numéraire ou en nature.
Allah est plus Savant

122
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 65 (3/7)
Le Contrat de Fabrication (Aqd al-Istisna)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 7ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 7 au 12 Dhoul Quida H (9–14 Mai 1992) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet du
“contrat de fabrication (Aqd al-Istisna)”
ayant suivi les délibérations qui ont porté sur ce thème et tenant compte des
objectifs de la Charia au service des intérêts des individus, ainsi que des règles
de jurisprudence, en matière de contrat et de transaction,
Et considérant que le contrat de fabrication joue un rôle considérable dans
le développement de l’industrie et ouvre de larges perspectives devant le finan-
cement et la promotion de l’industrie islamique ;

Décide ce qui suit :


1. Le contrat de fabrication (aqd al-istisna) est un contrat portant sur un
service ou un bien à réaliser et il est synallagmatique lorsqu’il remplit les
conditions et les clauses.
2. Le contrat de fabrication doit respecter les conditions suivantes :
A. Définir le genre, la nature, la valeur et les spécifications de l’objet
requis.
B. Spécifier la durée.
3. Le contrat de fabrication peut stipuler le report du paiement de la totalité
du prix ou son règlement par tranches connues à des échéances fixées.
4. Le contrat de fabrication peut, par consentement mutuel des parties,
contenir une clause de pénalité, sauf en cas de circonstances impérieuses.

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123
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 66 (4/7)
La Vente à réméré (Bay’ul Wafa’a)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 7ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 7 au 12 Dhoul Quida H (9–14 Mai 1992) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet de “la
vente à réméré” (“Bay’ul Wafa’a”),
ayant suivi les délibérations qui ont porté sur ce type de vente et sa nature, à
savoir la vente d’un actif sous la condition que l’acheteur le restitue au vendeur
lorsque celui-ci lui en rembourse le prix :

Décide ce qui suit :


Premièrement : Par sa nature, ce type de vente constitue un prêt avec intérêt,
ce qui constitue une ruse pour pratiquer l’usure. La majorité des savants sont
d’avis que ce contrat est nul et non avenu.
Deuxièmement : Ce contrat est prohibé par la Charia.
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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 67 (5/7)
Les Soins médicaux
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 7ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 7 au 12 Dhoul Quida H (9–14 Mai 1992) ;
Avant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet des
“soins médicaux”,
ayant suivi les délibérations qui ont porté sur cette question :

Décide ce qui suit :


I. Premièrement : Les Soins
Se faire soigner est, en principe, chose légiférée. En témoignent les nom-
breux versets coraniques ainsi que les actes et paroles du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬.
Les soins médicaux représentent également une protection de la vie, ce
qui constitue l’une des finalités générales de la législation.
Les dispositions relatives aux soins médicaux varient selon les cas et les
personnes :
• Les soins sont obligatoires lorsque s’en abstenir expose la personne
à un danger de mort, à la perte de l’un de ses membres ou organes
ou à l’invalidité ou encore en cas de risque de contagion (maladies
contagieuses).
• Les soins sont préférables lorsque leur omission conduit à un
affaiblissement du corps sans engendrer les risques indiqués dans le
premier cas.
• Les soins sont permis s’ils ne s’inscrivent pas dans le cadre des deux
cas précédents.
• Ils sont détestables s’ils utilisent un moyen susceptible de provoquer
des réactions autrement plus néfastes que la maladie qu’on cherche à
soigner.
II. Deuxièmement : Traitements de cas désespérés

125
A. La foi du musulman lui dicte que la maladie et son remède sont entre
les mains d’Allah et que les soins médicaux sont des causes qu’Allah
a placées dans l’univers. Par conséquent, il ne faut jamais désespérer
de la miséricorde divine.
Au contraire, il faut toujours garder espoir en la guérison, par la
permission d’Allah. Les médecins et les parents doivent veiller à
remonter le moral de leur patient, à continuer à s’occuper de lui,
à alléger ses souffrances morales et physiques indépendamment de
l’éventualité de guérison.
B. Les médecins sont seules habilités à décréter si l’état du malade est
désespéré ou non au moyen des possibilités dont dispose la médecine
en tout temps et en tous lieux et en fonction des conditions du
malade.
III. Troisièmement : Le consentement du malade
A. Le consentement du malade est une condition à tout traitement qui
doit lui être administré lorsqu’il est jugé apte au regard de la Charia.
S’il n’est pas apte ou ne l’est que partiellement, c’est l’autorisation
du tuteur légal qui sera prise en compte, dans l’ordre de priorité du
tutorat, conformément aux dispositions de la Charia qui limitent le
champ d’action du tuteur à tout ce qui est dans l’intérêt du malade
et à lui éviter tout préjudice.
Toutefois, si le tuteur porte un préjudice évident au malade en
refusant de donner l’ordre de le soigner, le droit de donner cet ordre
est transféré aux autres tuteurs et en dernier lieu au représentant de
l’autorité.
B. Dans certains cas, l’autorité peut imposer les soins, en cas de maladies
contagieuses et vaccins préventifs.
C. En cas d’urgence et lorsque la vie de l’individu est en danger,
l’autorisation de soins n’est plus indispensable pour commencer le
traitement.
D. Les recherches médicales sont subordonnées au consentement du ma-
lade jugé pleinement apte sans la moindre contrainte (comme dans le cas
des détenus) ou persuasion matérielle (comme dans le cas des pauvres).
En tous les cas, ces recherches et analyses ne doivent entraîner aucun
préjudice.
Il n’est pas permis d’entreprendre des recherches médicales sur des per-
sonnes mineures, ou entièrement ou partiellement inaptes à exprimer leur

126
consentement, même avec le consentement des tuteurs.

Le Conseil de l’Académie recommande ce qui suit :


Le Secrétariat général de l’Académie demandera des études concernant les pro-
blèmes de santé suivants en vue de les soumettre aux assises ultérieures de
l’Académie :
1. Les traitements par le biais de substance illicite ou impure, et les règles
de leur utilisation.
2. Les soins esthétiques
3. La responsabilité du médecin
4. Soins dispensés par un homme à une femme ou l’inverse, et soins donnés
par des non-musulmans à des musulmans.
5. Soins par le biais de la Rouqya.
6. La déontologie du corps médical (à répartir sur plusieurs sessions au
besoin)
7. Ordre de priorité des cas à traiter en situation d’encombrement de
malades.
8. Étude de certaines maladies face auxquelles les médecins sont générale-
ment impuissants ou indécis quant aux soins à donner, tels que les cas
suivants :

• La personne atteinte d’un cancer généralisé doit-elle être soignée ou


simplement recevoir des antidouleurs ?
• L’enfant atteint d’hydrocéphalie aiguë (mort cérébrale) accompagnée
de certaines formes de paralysie avec atrophie du cerveau, alors
que certaines parties de celui-ci fonctionnent toujours, doit-il subir
l’opération ? S’il est en outre atteint d’appendicite ou d’inflammation
pulmonaire, doit-il être soigné ou non ?
• Le vieillard atteint d’un infarctus et d’une forme de paralysie puis
d’une insuffisance rénale doit-il subir une dialyse ? Si son cœur cesse
de battre brusquement doit-il être réanimé ? Et s’il souffre d’une
inflammation pulmonaire doit-il être soigné ?
• La personne atteinte de graves lésions au cerveau, mais qu’une
partie de celui-ci continue de fonctionner, ce qui ne peut être défini
comme une mort cérébrale, et alors que cette personne est plongée
dans le coma sans espoir d’amélioration de son état de santé doit-

127
elle être réanimée en cas d’arrêt cardiaque ? Et doit-elle être soignée
en cas d’inflammation pulmonaire ? Qui a le droit de décider de
l’arrêt des soins dans ces cas ? Est-ce une commission médicale ou
une commission d’éthique ou bien les médecins de concert avec les
parents ?
9. Clarification du point de vue de la Charia et de la Sounna concernant
ces cas et situations.

Allah est le Garant du succès


128
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
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Résolution N° 68 (6/7)
Le Droit international au Regard de l’Islam
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 7ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 7 au 12 Dhoul Quida H (9–14 Mai 1992) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet du
“Droit international au regard de l’Islam”,
Le conseil salue les efforts remarquables dans les recherches soumises et
débattues lors de sa 7e session.
Le conseil est d’avis que ce thème, compte tenu de son importance et de
son ampleur, mérite d’être analysé et étudié d’une façon plus approfondie dans
de multiples aspects nécessaires.
Et après avoir écouté les débats qui ont porté sur ce thème,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Le Conseil suggère la constitution d’une commission prépa-
ratoire chargée d’élaborer une feuille de travail qui sera soumis à un colloque
spécialisé convoqué à l’effet d’étudier le sujet dans tous ses détails et d’élaborer
un projet de déclaration sur le droit international au regard de l’Islam, ce projet
devant être soumis au Conseil lors de sa prochaine session.
Deuxièmement : Le Conseil suggère que ce document de travail s’articule
autour des axes principaux suivants :
1. Les sources du droit international musulman et des relations internatio-
nales, à savoir, le Coran, la Sounna et la pratique des premiers Califes,
outre le recours aux déductions des Fouqaha en la matière.
2. Les finalités et les spécificités générales de la Charia dont l’empreinte
marque toutes les situations :
a. Les finalités de la Charia
b. Les spécificités générales

3. Le concept de Oumma et son unité en Islam.

129
4. Les avis des Fouqaha concernant la classification des divers pays.
5. Les origines historiques de la situation qui prévaut actuellement dans le
monde musulman.
6. Les relations internes au sein d’un État islamique (les peuples et les
minorités).
7. Les relations d’un État islamique avec les autres États.
8. La position d’un État islamique vis-à-vis des organisations, conventions,
traités internationaux.
Troisièmement : Le Conseil suggère à la commission préparatoire de présen-
ter des notes explicatives pouvant aider les chercheurs à cerner les détails relatifs
à ces axes, et cela au cours des mois à venir.
Allah est le Garant du succès

130
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 69 (7/7)
L’Invasion intellectuelle
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 7ème session, à Jeddah (Royaume d’Arabie
saoudite), du 7 au 12 Dhoul Quida H (9–14 Mai 1992) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet de
“l’invasion intellectuelle”, dont elles ont mis en lumière les débuts, la gravité et
les perspectives, ainsi que ses conséquences dans les pays arabes et islamiques,
tout en passant en revue certaines ambiguïtés et attaques qu’il a suscitées, outre
les complots et pratiques destinés à ébranler la communauté musulmane et à
endiguer l’expansion de l’Islam. Ces recherches ont également fait ressortir le
rôle de l’Islam dans la préservation de la Oumma, dans la résistance à cette in-
vasion et dans la mise en échec de bon nombre de ses plans et complots. Elles
ont exposé les moyens de lutter contre cette invasion et de protéger la Oumma
contre toutes ses conséquences, dans tous les domaines et à tous les niveaux.
Après avoir écouté les délibérations auxquelles ces communications ont
donné lieu ;

Recommande ce qui suit :


Premièrement : Œuvrer à l’application de la Charia et en faire la méthode
pour définir nos relations politiques tant locales qu’internationales.
Deuxièmement : Veiller à assainir les programmes d’enseignement et d’édu-
cation et les promouvoir afin d’inculquer aux jeunes générations une éducation
islamique moderne apte à leur assurer une formation adéquate qui soit propre
à les imprégner de leur religion et à les prémunir contre l’invasion intellectuelle
dans tous ses aspects.
Troisièmement : Promouvoir les méthodes de formation des prédicateurs
pour leur permettre de mieux comprendre l’esprit de l’Islam et la méthode qu’il
prône pour l’édification de la vie humaine et pour les aider à prendre connais-
sance de la culture contemporaine afin qu’ils puissent traiter avec les commu-
nautés contemporaines avec conscience et clairvoyance.
Quatrièmement : Conférer à la mosquée la plénitude de son rôle éducatif

131
dans la vie des musulmans pour pouvoir endiguer toutes formes d’invasion in-
tellectuelle et leurs conséquences et pour faire connaître aux musulmans, d’une
façon saine et complète, les préceptes de leur religion.
Cinquièmement : Dissiper les ambiguïtés suscitées par les ennemis de l’Islam
par le biais de méthodes scientifiques saines et en étant animé de la conviction du
croyant en la perfection de sa religion sans avoir besoin de recourir aux moyens
défensifs et aux justifications inopérantes.
Sixièmement : Se préoccuper d’étudier les idées nouvelles et les principes
importés et mettre en lumière avec objectivité et fidélité leurs lacunes et leurs
points faibles.
Septièmement : Se préoccuper de l’éveil des musulmans et appuyer les insti-
tutions œuvrant dans le domaine de la prédication et du travail islamique pour
l’édification d’une personnalité musulmane vertueuse qui présente à la société
universelle une image lumineuse de l’application de la Charia aux plans indi-
viduel et collectif, dans tous les domaines de la vie politique, sociale, culturelle
et économique.
Huitièmement : Accorder un intérêt particulier à la langue arabe, œuvrer
à son expansion, consolider son enseignement partout dans le monde en tant
que langue du Noble Coran et l’adopter comme langue d’enseignement dans
les écoles, les instituts et les universités des pays arabes et islamiques.
Neuvièmement : Veiller à démontrer la mansuétude de l’Islam et qu’il vint
pour le bonheur et le bien-être de l’être humain ici-bas et dans l’au-delà, et cela
en agissant à l’échelle du monde entier et dans les différentes langues vivantes.
Dixièmement : Mettre à profit de manière effective et étudiée tous les pro-
cédés modernes d’information, afin de faire parvenir la vérité et l’information
partout dans le monde, sans négliger aucun moyen disponible.
Onzièmement : Attaquer de front tous les problèmes de notre époque avec
les solutions apportées par l’Islam pour les résoudre en œuvrant à la mise en
application de ces solutions, car l’application réussie est la meilleure manière
de prêcher et d’expliquer.
Douzièmement : Œuvrer en vue de faire ressortir l’unité de tous les musul-
mans et leur complémentarité sur tous les plans et afin de résoudre leurs conflits
et différends pacifiquement et conformément aux dispositions de la Charia, dans
le but de faire échouer les plans d’invasion culturelle qui visent à déchirer l’unité
des musulmans et à semer la discorde et l’inimitié dans leurs rangs.
Treizièmement : Œuvrer à édifier la puissance des musulmans et à assurer
leur autosuffisance économique et militaire.
Quatorzièmement : Exhorter les États arabes et islamiques à apporter leur
soutien à leurs coreligionnaires victimes de l’oppression dans diverses régions

132
du globe, à soutenir leur cause et à mettre fin, par tous les moyens, à l’agression
dont ils sont la cible.
Le Conseil recommande également au Secrétariat Général de l’Académie
de continuer à soulever les principales questions qui se rapportent à ce sujet lors
des prochaines sessions et séminaires de l’Académie, eu égard à l’importance du
thème de l’invasion culturelle et à la nécessité d’élaborer une stratégie complète
pour l’affronter dans ses aspects tant anciens que nouveaux, en commençant,
par exemple, par les problèmes de la christianisation et de l’orientalisme lors de
la prochaine session.
Allah est le Garant du succès

133
Résolutions et Recommandations de la 8ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Bandar Seri Begawan


Sultanat de Brunei Darussalam

1–7 Mouharam 1414


21–27 Juin 1993
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 70 (1/8)
L’Usage de la Dispense et ses Jugements
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet de “l’usage de la
dispense et ses jugements”
Ayant écouté les délibérations sur cette question ;

Décide ce qui suit :


1. La dispense dans la Charia désigne tout jugement légal tenant compte
de circonstances particulières afin d’atténuer les obligations religieuses
des personnes juridiquement responsables, malgré la présence de la cause
ayant motivé la disposition chariatique d’origine. Il n’y a pas de diver-
gence quant à la légitimité de l’usage de la dispense chariatique si les rai-
sons de son application sont avérées, à condition d’en vérifier la nécessité,
de se limiter aux cas propres à son application, tout en tenant compte des
règles chariatique stipulées à cet effet.
2. La notion de dispense jurisprudentielle désigne les avis des différentes
Écoles doctrinales (Madhahib) autorisant ce que, par opposition, d’autres
Écoles interdisent. L’usage de ce type de dispense, c’est-à-dire adopter les
jugements les moins contraignants, est permis par la Charia aux condi-
tions mentionnées au point 4 de la présente résolution.
3. La dispense dans les questions d’ordre général doit être traitée à l’instar
des questions principales du Fiqh, si elle concrétise un intérêt recon-
nu par la Charia et émane d’une réflexion collective (Ijtihad) de la part
de personnes compétentes reconnues pour leur piété et leur honnêteté
scientifique.
4. Il n’est pas autorisé d’adopter les dispenses émises par les écoles doctri-
nales (Madahib) par simple volonté de suivre ses passions, car cela pour-
rait conduire à l’abandon de toute prescription religieuse (Taklif ). En
revanche, il est autorisé d’user de la dispense aux conditions suivantes :

136
A. Les avis des Fouqaha sur lesquels est basée la dispense doivent être re-
connus sur le plan de la Charia et ne pas être considérés comme des avis
marginaux.
B. Qu’il y ait un besoin réel de recours à la dispense, en vue d’alléger la
difficulté, que ce besoin soit d’ordre public, privé ou individuel.
C. Le bénéficiaire de la dispense doit être capable de décision, ou s’ap-
puyer sur quelqu’un répondant à ces conditions.
D. L’usage de la dispense ne doit pas conduire à une combinaison (Talfiq)
prohibée mentionnée au point 6 de la présente résolution.
E. L’avis chariatique invoqué ne doit pas servir de prétexte à des fins
illicites.
F. L’esprit du bénéficiaire doit être serein en optant pour la dispense.
5. La combinaison (Talfiq) dans le cadre du suivisme d’écoles (Madhahib)
consiste pour le suiviste à adopter, dans une question à deux ou plusieurs
ramifications liées, une modalité qui n’a été avancée par aucun des sa-
vants qu’il a suivis concernant cette question.
6. La combinaison (Talfiq) est prohibée dans les cas suivants :
A. Si elle conduit à user d’une dispense par simple volonté de suivre ses
passions, ou si elle contrevient à l’une des conditions légitimant l’usage
de la dispense.
B. Si elle conduit à être en opposition à une décision de Justice.
C. Si elle s’oppose à un avis que la personne avait adopté par suivisme
dans une situation précédente.
D. Si elle conduit à s’opposer au consensus ou ce qui en découle.
E. Si elle mène à un amalgame d’avis qu’aucun savant (Moujtahid)
n’approuve.
Allah est plus Savant

137
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 71 (2/8)
Les Accidents de la Circulation
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet des accidents de
la circulation ;
Ayant entendu les débats sur cette question ;
Considérant l’accroissement des accidents de la circulation et leurs consé-
quences sur la vie et les biens, et vu que l’intérêt général exige que la réglemen-
tation concernant les voitures automobiles comporte des conditions de sécurité
telles que le bon état des équipements, les règles de transfert de propriété et des
permis de conduire, les précautions à prendre quant à l’octroi des permis de
conduire selon les conditions particulières d’âge, de capacité physique, de bonne
vue et de connaissance des règles de la circulation, ainsi que de la limitation de
la vitesse et de la charge des véhicules ;

Décide ce qui suit :


Premièrement :
A. L’observation de ces règlements qui ne vont pas à l’encontre de la Charia
est un devoir du point de vue de la Charia, puisqu’il découle de l’obéissance
à l’autorité (Wali al-Amr) quant aux dispositions qu’elle arrête dans l’intérêt
général, eu égard à la règle de l’intérêt élargi (Masalih Moursalah). Ces règle-
ments doivent comporter les dispositions de la Charia non encore appliquées
dans ce domaine.
B. Il est également de l’intérêt général d’instituer toute forme de mesures
répressives, dont l’amende à l’encontre du contrevenant aux consignes, et ce
pour dissuader les conducteurs de véhicules et autres moyens de transport qui
mettent en danger la sécurité des personnes sur les routes et les places publiques.
Deuxièmement : Les accidents découlant de la circulation des véhicules sont
soumis aux dispositions prévues par la Charia bien que ces accidents résultent
d’erreurs pour la plupart. Le conducteur est responsable des dommages qu’il

138
cause à autrui, dans la mesure où les éléments relatifs à l’erreur et au dommage
sont établis. Sa responsabilité n’est dégagée que dans les cas suivants:
A. Si l’accident est la conséquence d’une force irrépressible à laquelle il ne
pouvait résister et ne pouvait s’en protéger. Cela concerne tout événement fortuit.
B. Si l’accident est provoqué par un agissement de la victime ayant eu de
fortes répercussions sur l’avènement de ce qui se produisit.
C. Si l’accident résulte d’une faute ou d’un méfait commis par une tierce
partie, celle-ci en porte la responsabilité.
Troisièmement : La responsabilité des accidents de la circulation provoqués
sur les routes par les animaux incombe à leurs propriétaires s’ils ont fait preuve
de négligence dans la surveillance de leurs animaux. Une telle affaire est du res-
sort des tribunaux compétents.
Quatrièmement : Si le conducteur et la victime sont tous deux co-respon-
sables de l’accident, chaque partie doit assumer les dégâts causés à l’autre partie.
Cinquièmement :
A. En principe, l’auteur direct de l’accident est tenu légalement de l’obliga-
tion de garantie envers les tiers, même s’il n’a pas commis de faute. Quant à ce-
lui qui a été la cause de l’accident, il n’est tenu de l’obligation de garantie qu’en
cas faute ou de négligence de sa part.
B. En cas d’implication commune de l’auteur direct de l’accident et d’une
partie qui fut la cause de cet accident, la responsabilité incombe au premier, sauf
si la seconde a commis une faute alors que l’auteur direct lui n’en a pas commis.
C. En présence de deux causes différentes ayant toutes deux des répercus-
sions sur les dommages, chacune des deux parties est responsable proportion-
nellement au degré de leurs répercussions sur les dommages provoqués. Si leurs
implications respectives sont d’un degré égal ou indéterminé, la responsabilité
incombe à égalité à chacune des deux parties.
Allah est plus Savant

139
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 72 (3/8)
La Vente avec Arrhes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet de “la vente avec
arrhes”,
ayant entendu les débats sur cette question :

Décide ce qui suit :


1. On appelle vente avec arrhes une vente dans laquelle l’acheteur verse au
vendeur un montant à titre d’acompte, étant bien compris que si l’opéra-
tion de vente est menée à son terme le montant de l’acompte sera déduit
du prix de vente, mais dans le cas contraire, l’acheteur perd son acompte,
La location répond dans ce cas aux mêmes règles que la vente puisque
la location est une vente d’usufruit. À l’inverse, sont exclues de ce juge-
ment toutes les ventes dont la validité dépend de la réception de l’un
des deux éléments de l’échange comme dans les contrats “Salam” (mar-
chandise livrée à terme et payée à l’avance), ou celles dont la validité
est liée à la réception sur place et en même temps des deux éléments de
l’échange (comme dans les échanges de marchandises soumises à Riba et
les échanges d’argent).
Les ventes Mourabaha au profit du donneur d’ordre d’achat pour l’ache-
teur sont elles aussi exclues de ce jugement tant qu’elles sont à l’étape de
la promesse, mais sont en revanche concernées lors de la phase de vente
qui suit la promesse.
2. La vente avec arrhes est permise au cas où la période d’attente est définie.
Les arrhes sont considérées comme étant une partie du prix si la transac-
tion est menée à son terme. En cas de désistement de l’acheteur l’acompte
revient au vendeur.
Allah est plus Savant

140
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 73 (4/8)
Les Contrats de Vente aux Enchères
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet des contrats de
vente aux enchères :
Ayant entendu les débats sur cette question ;
Notant que la vente aux enchères est une pratique largement répandue de
nos jours et que des abus ont été constatés dans certains cas, ce qui rend néces-
saire de réglementer cette pratique de manière à préserver les droits des parties
au contrat, conformément aux dispositions de la Charia,
et vu que la vente aux enchères est adoptée par des institutions et des gou-
vernements et pratiquée avec une réglementation administrative spécifique,
et en vue de clarifier les dispositions de la Charia au sujet de tels contrats ;

Décide ce qui suit :


1. Le contrat de vente aux enchères est un contrat d’échange impliquant
une invitation écrite ou verbale aux intéressés à prendre part à une vente
aux enchères. Le contrat ne peut avoir lieu qu’avec l’accord du vendeur.
2. La nature du contrat de vente aux enchères peut varier suivant son objet.
Ainsi il peut porter sur une vente, une location ou autre. Selon sa nature,
il peut également être libre comme les enchères ordinaires entre indivi-
dus, ou imposé comme dans les cas d’enchères prescrites par décision de
justice. Il est nécessaire aussi bien pour les entreprises privées et publiques,
que pour les institutions gouvernementales et les individus.
3. Les procédures relatives aux contrats d’enchères, telles que la rédaction,
l’organisation, les conditions administratives et juridiques, ne doivent pas
être en contradiction avec les dispositions de la Charia.
4. Il est permis, aux yeux de la Charia, de demander une caution aux parti-
cipants aux enchères. Cette caution doit être restituée aux non-adjudica-
taires, et défalquée du prix pour l’adjudicataire.

141
5. Il n’est pas prohibé, selon la Charia, de percevoir des droits d’entrée, prix
du cahier des charges, tant que le montant ne dépasse pas la valeur réelle
du cahier des charges, vu que ces droits d’entrée en sont le prix.
6. Une institution financière islamique ou toute autre partie peut proposer
des projets d’investissement en vue de s’assurer une part de profit plus
grande, que l’investisseur soit parti ou non d’un contrat de Moudaraba
avec la banque.
7. La fraude dans les enchères (Najach) est prohibée (haram). Elle peut
prendre, entre autres, les formes suivantes :
A. Quelqu’un qui n’a aucune intention d’acheter renchérit dans le seul
but d’inciter le véritable acheteur à surenchérir.
B. Quelqu’un qui n’a aucune intention d’acheter fait semblant d’admirer
la marchandise, vantant en expert ses mérites, afin d’inciter l’acheteur à
la surenchère.
C. Le propriétaire de la marchandise, l’agent ou le courtier prétend avoir
payé tel prix, en vue d’influencer l’acheteur potentiel à en offrir un prix
supérieur.
D. Parmi les formes modernes de cette fraude prohibée par la Charia, il
faut souligner l’utilisation des médias (audiovisuel ou presse écrite) qui
attachent à la marchandise des caractéristiques irréelles ou en augmentent
la valeur, en vue de séduire l’acheteur et l’inciter à acheter.
Allah est plus Savant

142
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 74 (5/8)
Les Applications de la Charia pour
l’Etablissement du Marché islamique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet des applications de
la Charia pour l’établissement du marché islamique, en complément d’étude
aux questions relatives aux marchés financiers et aux titres financiers islamiques
qui ont fait l’objet de débats au cours des sessions précédentes du Conseil, en
particulier lors de la 7e session tenue à Jeddah([^18]), et des séminaires organi-
sés sur cette question, en vue de parvenir à mettre en place un certain nombre
d’outils légiférés pour l’établissement d’un marché financier islamique qui sera
le réceptacle pouvant contenir les liquidités disponibles dans les pays musul-
mans et pourra concrétiser les objectifs de développement, d’entraide réciproque,
d’équilibre et de complémentarité entre les pays musulmans,
Ayant entendu les débats sur le moyen le plus approprié de tirer profit des
différentes approches pour la mise en place du marché islamique, notamment
les actions, les titres et les contrats spéciaux. En vue de l’établissement du mar-
ché islamique s’inspirant de la Charia ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Les actions :
Dans sa Résolution nº 63 (1/7) sur les marchés financiers (actions, options,
marchandises et monnaies), l’Académie islamique du Fiqh a précisé les règles
régissant ces marchés et la manière dont elles peuvent être utilisées pour l’éta-
blissement du Marché financier islamique.
Deuxièmement : Les Soukouk (titres) :
A. Les titres Mouqarada et les certificats d’investissement : l’Académie isla-
mique du Fiqh a adopté à ce sujet la Résolution nº 30 (5/4).
B. Les titres de location ou de location-vente : à ce sujet, l’Académie a adopté

143
la résolution N44 (6/5). Ainsi ces titres peuvent jouer un rôle utile dans le mar-
ché financier islamique dans le domaine des usufruits.
Troisièmement : les contrats de vente « Salam » (vente d’un objet
livré à terme et payé à l’avance)
Ces contrats, dans le respect de leurs conditions, couvrent un large domaine
d’activités, car ils permettent à l’acheteur d’investir son surplus de fonds en vue
de réaliser un profit, et au vendeur de s’assurer des prix adéquats pour ses mar-
chandises. Il est nécessaire de rappeler, à ce propos, la Résolution nº 63 (1/7) de
l’Académie qui stipule qu’une marchandise objet d’un contrat de vente «Salam»
ne peut être vendue avant d’être effectivement reçue.
Quatrièmement : Les contrats de fabrication (al-Istisna)
L’Académie a adopté la Résolution nº 65 (3/7) sur les contrats de manufacture.
Cinquièmement : La vente à tempérament
La vente à tempérament est une autre forme d’investissement qui facilite les
opérations d’achat dans la mesure où l’acheteur a immédiatement accès à la mar-
chandise tout en payant plus tard, tandis que le vendeur obtient de meilleurs
prix. Il en résulte une distribution plus large et une disponibilité plus grande
des marchandises au sein de la communauté([^19]).
Sixièmement : La promesse unilatérale et bilatérale (al-
Mouwa’ada)
L’Académie a adopté la Résolution nº 40-41 (2-3/5) sur la promesse et l’enga-
gement dans les contrats de Moudaraba en faveur du donneur d’ordre d’achat.

L’Académie recommande ce qui suit :


Inviter les Fouqaha, les chercheurs et les économistes à élaborer des études et
entreprendre des recherches sur les thèmes qui n’ont pas encore été débattus en
profondeur, en vue d’explorer la possibilité de leur mise en œuvre et leur ex-
ploitation de manière conforme aux principes de la Charia, au sein du Marché
financier islamique. Ces thèmes sont les suivants :
A. Les “Soukouk Moucharaka” sous toutes leurs formes.
B. L’élaboration des Soukouk de location et de location-vente.
C. La compensation pour les dettes contractées dans le cadre d’une vente
“Salam”, sa revente à prix coûtant, le règlement à l’amiable, le rabais, l’associa-
tion et autres sujets le concernant.
D. La promesse dans les contrats de vente autres que la Mourabaha et en
particulier dans le domaine de l’échange d’argent.
E. La vente des dettes

144
F. Les accords amiables dans les marchés financiers (en échange d’une com-
pensation ou autre).
G. Les appels d’offres.
Allah est le Garant du succès

145
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 75 (6/8)
Les Questions monétaires
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet des questions
monétaires ;
Ayant entendu les débats sur cette question ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Les statuts, les règlements, ainsi que les contrats de travail
peuvent comporter une indication du montant du salaire en monnaie soumis
à l’indexation sans toutefois que cette indexation soit préjudiciable à l’économie
nationale. Dans ce contexte, l’indexation signifie un ajustement périodique des
salaires par rapport à l’augmentation du coût de la vie estimée par les autori-
tés compétentes. Cet ajustement vise à protéger les salariés contre la baisse du
pouvoir d’achat, causée par l’inflation monétaire et contre toute augmentation
sensible de l’index général des prix des biens et des services.
En effet, le principe régissant les conditions des contrats est que celles-ci sont
permises, sauf celles qui autorisent ce qui est prohibé (Haram) ou qui prohibent
ce qui est licite (Halal).
En cas d’accumulation d’arriérés de salaires, la dette ainsi créée sera régie par
les dispositions relatives aux dettes, comme stipulé dans la Résolution nº 42
(4/5) de la 5e session du Conseil de l’Académie.
Deuxièmement : Le créancier et le débiteur peuvent convenir, à la date
d’échéance et pas avant, que la dette soit réglée dans une devise autre que celle
de la dette, à condition que le taux de change appliqué soit celui du jour de
l’échéance. De même, s’agissant des dettes payables en tranches dans une mon-
naie donnée, les deux parties peuvent, à la date d’échéance de chaque tranche,
convenir à ce qu’elle soit payée en entier, dans une autre monnaie et au taux de
change du jour de l’échéance. Dans tous les cas de figure, aucune partie du mon-

146
tant qui fait l’objet du change ne doit rester impayée, et ce conformément aux
dispositions de la Résolution nº 50 (1/6) au sujet de la prise de possession (Qabd).
Troisièmement : Les deux parties au contrat peuvent, au moment de l’éta-
blissement de celui-ci, s’entendre sur le règlement du solde du montant, en to-
talité dans une monnaie donnée, ou en tranches bien définies et dans diverses
monnaies ou contre une certaine quantité d’or, le règlement s’effectuant comme
ils en avaient convenu. Il est aussi permis que le règlement s’effectue comme il
a été décrit dans le paragraphe précédent.
Quatrièmement : Une dette contractée dans une monnaie donnée ne doit pas
être enregistrée sur le compte du débiteur dans sa contre-valeur en or ou dans
d’autres monnaies de sorte qu’il serait imposé au débiteur de régler sa dette en
or ou dans la monnaie utilisée pour l’enregistrement de la dette.
Cinquièmement : Le Conseil réitère sa Résolution nº 42 (4/5) adoptée au
sujet de la fluctuation du taux de change des monnaies.

Le Conseil recommande ce qui suit :


Le Secrétariat général de l’Académie chargera des chercheurs compétents en
Charia et en économie, connus pour leur attachement à la pensée islamique, à
élaborer des études approfondies sur les autres aspects du problème des mon-
naies, études qui seront soumises pour examen lors des prochaines sessions du
Conseil. Ces aspects pourraient concerner, entre autres :
A. La possibilité d’utiliser une monnaie théorique comme le dinar islamique,
en particulier dans les transactions de la Banque islamique de développement,
pour l’octroi et le remboursement des crédits, ainsi que pour la détermination
des dettes à terme qui seraient réglées au taux paritaire entre cette monnaie
théorique et une devise étrangère, comme le dollar US, dans laquelle le règle-
ment sera effectué.
B. D’autres alternatives compatibles avec la Charia pour l’indexation des
dettes à terme par rapport au niveau moyen normal des prix.
C. La dépréciation monétaire des billets de banque et son impact sur l’éva-
luation des droits et des obligations financières.
D. La limite du niveau de l’inflation auquel les billets de banque peuvent
être considérés comme dépréciés.
Allah est le Garant du succès

147
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 76 (7/8)
Les Problèmes des Banques islamiques
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet des problèmes des
banques islamiques :
Ayant entendu les débats sur cette question :
Ayant passé en revue les documents contenant les suggestions pour la solu-
tion de ces problèmes dans tous leurs aspects techniques, administratifs ou re-
latifs à la Charia, ainsi que les problèmes concernant la relation de ces banques
avec différentes autres parties ;
Et ayant écouté le débat autour de ces problèmes :

Décide :
De soumettre au Secrétariat Général de l’Académie la liste suivante, s’articulant
autour de quatre thèmes majeurs, afin qu’il charge des experts de les étudier et
de soumettre les résultats de leurs travaux aux prochaines sessions du Conseil
de l’Académie, suivant l’ordre de priorité établi par le Comité de planification.
Thème 1 : Les dépôts et les problèmes y afférents :
A. La garantie des dépôts d’investissement conformément aux dispositions
de la Charia afférentes aux règles de la Moudaraba.
B. L’échange interbancaire de dépôts sans pratique d’intérêts.
C. Conceptualisation des dépôts et de leur comptabilisation dans la pers-
pective de la Charia.
D. L’octroi d’un prêt à une personne sous condition que les fonds soient utili-
sés pour financer des opérations avec la banque ou pour une autre activité définie.
E. Les frais de la Moudaraba et qui doit les prendre en charge (l’agent
Moudarib ou le portefeuille de la Moudaraba).
F. Définition de la relation entre les dépositaires et les actionnaires.

148
G. Les intermédiaires dans les opérations de Moudaraba, de location et de
garantie.
H. Désignation de l’agent de la Moudaraba (Moudarib) dans les banques
islamiques (les actionnaires, le conseil d’administration ou le conseil exécutif ).
I. L’alternative islamique aux comptes à découvert.
J. La Zakat des banques islamiques sur leurs fonds et leurs dépôts.
Thème 2 : La Mourabaha
A. La Mourabaha dans les actions
B. Le report de l’enregistrement du titre de propriété dans les opérations de
Mourabaha afin de garantir les droits de la banque au règlement.
C. La Mourabaha à tempérament avec procuration au donneur d’ordre
d’achat en le considérant comme garant.
D. L’atermoiement dans le règlement des dettes résultant d’une Mourabaha
ou d’une transaction à tempérament.
E. L’assurance sur les dettes.
F. La vente des dettes.
Thème 3 : La location
A. La sous-location du bien loué au propriétaire ou à quelqu’un d’autre.
B. La location des services d’un tiers pour les sous-louer.
C. La location, le prêt ou l’hypothèque des actions.
D. L’entretien du bien loué.
E. L’achat d’un bien d’un tiers, sous condition qu’il le prenne en location.
F. La jonction de la location et de la Moudaraba.
Thème 4 : Les contrats
A. La condition conventionnelle du droit de la banque à la résiliation en cas
de non-paiement des traites.
B. La condition conventionnelle portant sur le changement du contrat en un
autre type de contrat en cas de défaillance dans le règlement des traites.

Le Conseil de l’Académie recommande ce qui suit :


Premièrement : Que les banques islamiques poursuivent leur dialogue avec les
banques centrales des pays musulmans, afin de permettre aux banques islamiques
d’exercer leurs activités d’investissement des fonds de leurs clients conformément
aux principes de la Charia régissant ces banques et en harmonie avec leurs ca-
ractéristiques propres. Les banques centrales doivent tenir compte de ce qui est
nécessaire à la réussite des banques islamiques pour pouvoir accomplir le rôle

149
actif qu’elles jouent dans le développement national dans le cadre des Règles
de contrôle et conformément à la nature propre au système bancaire islamique.
L’Organisation de la Conférence islamique et la Banque Islamique de déve-
loppement sont invitées à reprendre les réunions des responsables des banques
centrales des pays musulmans pour répondre aux besoins de la présente
recommandation.
Deuxièmement : Les banques islamiques doivent s’assurer que leurs dirigeants
et leurs employés reçoivent une formation professionnelle appropriée compatible
avec la nature du système bancaire islamique, et dispensent des programmes
de formation en collaboration avec l’Institut islamique de Recherche et de
Formation (IRTI) de la Banque Islamique de Développement ou avec les autres
institutions concernées par la formation bancaire islamique.
Troisièmement : Un intérêt accru doit être porté aux contrats de « Salam »
(vente d’un objet livré à terme et payé à l’avance) et « d’Istisna’ » (contrats de
fabrication), car ils représentent des alternatives compatibles avec la Charia aux
formules traditionnelles de financement de la production.
Quatrièmement : Limiter autant que possible l’usage de la Mourabaha pour
le donneur d’ordre d’achat et s’en tenir aux pratiques se faisant sous le contrôle
de la banque et dans lesquelles il existe une protection contre la violation des
principes de la Charia qui les régissent. D’autre part, les autres formes d’inves-
tissement telles que la Moudaraba, les partenariats et la location devraient être
étendues en s’assurant d’un suivi et d’une évaluation périodiques. Les différentes
formes permises de Moudaraba devraient être mises à profit de façon à régler
le fonctionnement des activités de Moudaraba et à assurer une comptabilité
précise de ses résultats.
Cinquièmement : Création d’un marché d’échange de marchandises entre les
pays musulmans comme alternative au marché international où l’on rencontre
beaucoup d’activités incompatibles avec la Charia.
Sixièmement : Les excédents de fonds devraient être mis au service des ob-
jectifs de développement dans le monde musulman à travers la collaboration
entre les banques islamiques en vue du renforcement des fonds d’investissement
communs et la mise en œuvre de projets conjoints.
Septièmement : Accélérer le processus devant aboutir à l’instauration d’un
indice acceptable par la Charia pour remplacer les taux d’intérêts usuraires dans
le calcul de la marge bénéficiaire dans les transactions.
Huitièmement : La structure de base du Marché financier islamique doit être
élargie par une action commune des banques islamiques et en collaboration
avec la Banque Islamique de Développement, afin de le rendre plus novateur et
plus entreprenant dans le domaine de la création et l’échange des instruments
financiers islamiques dans tous les pays musulmans.

150
Neuvièmement : Appeler les instances qui légifèrent à établir des règles spé-
cifiques dans le domaine des modes d’investissement islamique telles que la
Moudaraba, les partenariats, la Mouzara’a (le fermage), la Moussaqa (le mé-
tayage), le Salam (vente d’un objet livré à terme et payé à l’avance), l’Istisna’ (les
contrats de fabrication) et l’Ijar (la location).
Dixièmement : Appeler les banques islamiques à établir une base de données
qui fournirait des informations suffisantes sur les clients des banques islamiques
et les hommes d’affaires, en vue de servir de référence aux banques islamiques et
l’utiliser pour encourager les transactions avec des partenaires intègres et dignes
de confiance, tout en permettant d’éviter ceux qui n’auraient pas ces qualités.
Onzièmement : Appeler les banques islamiques à coordonner l’activité de leurs
organes de contrôle juridiques islamiques internes, en donnant une impulsion
nouvelle à la haute instance de contrôle chariatique des banques islamiques,
ou bien à travers la création d’un nouvel organisme de manière à assurer une
unification des critères de travail des instances de contrôle chariatique dans les
banques islamiques.
Allah est le Garant du succès

151
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 77 (8/8)
La Participation aux Titres des Sociétés par
Actions pratiquant l’Intérêt (Riba)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Après avoir pris connaissance des recommandations du symposium écono-
mique au sujet de la participation aux titres des sociétés par actions pratiquant
l’intérêt (Riba); organisé en collaboration avec l’Institut Islamique de Recherches
et de Formation (IRTI) relevant de la Banque Islamique de Développement ;
Après avoir examiné les études sur cette question présentées au cours du
séminaire ;
Tenant dûment compte de l’importance de cette question et la nécessité
d’effectuer une étude approfondie de tous ses aspects, dans tous ses détails et
d’explorer tous les points de vue s’y rapportant :

Décide ce qui suit :


Que le Secrétariat général de l’Académie demande l’élaboration d’autres études
sur la question pour lui permettre de prendre une décision appropriée au Cours
d’une prochaine session.6
Allah est le Garant du succès

6 Cf la résolution n°63 (1/7) et la résolution n°87 (4/9).

152
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 78 (9/8)
Les Cartes de Crédit
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Après avoir examiné les études présentées à l’Académie au sujet des cartes
de crédit ;
Ayant entendu les discussions sur cette question :
Tenant dûment compte de l’importance de cette question et la nécessité
d’effectuer une étude approfondie de tous ses aspects, dans tous ses détails et
d’explorer tous les points de vue s’y rapportant,

Décide ce qui suit :


Que le Secrétariat Général de l’Académie demande l’élaboration d’autres études
sur la question pour lui permettre de prendre une décision appropriée au cours
d’une prochaine session.7
Allah est le Garant du succès

7 Cf la résolution n°63 (1/7) et la résolution n°87 (4/9).

153
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 79 (10/8)
Le Secret médical
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet du secret médical :
Ayant entendu les débats sur cette question ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Un secret est tout ce qu’une personne confie à une autre
personne, en lui demandant expressément, a priori ou a posteriori, de le garder
secret. Ceci inclut aussi bien ce qui est communément considéré, comme étant
de nature confidentielle, que des questions personnelles ou des défauts intimes
qu’une personne ne voudrait pas rendre publics.
Deuxièmement : Le secret est une responsabilité pour la personne à qui il est
confié, conformément aux enseignements de la Charia et aux règles de vertus
et de bons comportements.
Troisièmement : En règle générale, il est prohibé de divulguer un secret.
Divulguer un secret sans raison valable qui puisse justifier cet acte est répréhen-
sible aux yeux de la Charia.
Quatrièmement : Le devoir de garder le secret est d’autant plus grand pour
les personnes exerçant des professions telles que la médecine où la divulgation
des secrets constitue une atteinte au principe même de ces professions. Ces per-
sonnes sont consultées pour obtenir un conseil ou une assistance par des gens
qui s’ouvrent à elles et leur permettent de savoir tout ce qui pourrait mener à
bien leur mission vitale, y compris des informations que l’intéressé cache aux
autres, même les plus proches.
Cinquièmement : Le devoir de discrétion peut être levé exceptionnellement
dans les cas où le fait de garder le secret pourrait entraîner un préjudice plus
grand que celui auquel s’exposerait l’intéressé, ou quand le fait de dévoiler le
secret favorise un intérêt public plus important que le méfait encouru en le gar-
dant. Ces cas sont de deux sortes :

154
A. Les cas où il est obligatoire de trahir un secret en application de la règle
de la recherche du moindre mal et ainsi que la règle impliquant de rechercher
l’intérêt général, ce qui peut mener à faire supporter un préjudice à un individu
pour sauvegarder l’intérêt général. Ces cas se répartissent en deux catégories :
• Ceux qui consistent à repousser un mal pour protéger la société d’un
préjudice.
• Ceux qui consistent à repousser un mal pour protéger un individu d’un
préjudice.
B. Les cas où il est permis de trahir un secret, en vue :
• De produire un bénéfice pour la société.
• De repousser un préjudice général.
Tous ces cas doivent être rigoureusement régis par les objectifs et les priorités
établis par la Charia en vue de sauvegarder la foi, la vie humaine, la raison, la
propriété et la descendance.
Sixièmement : Les cas exceptionnels où il est obligatoire ou autorisé de lever le
secret médical doivent être stipulés dans les règlements et codes de déontologie
régissant les professions médicales et autres. Ils doivent être clairement définis
et énumérés dans tous leurs détails concernant la manière de divulguer le secret
ainsi que les personnes à qui il doit être divulgué. Les autorités compétentes
devront familiariser chacun à ces exceptions.

Le Conseil de l’Académie recommande ce qui suit :


Inviter les syndicats des professions médicales, les ministères de la santé et les
facultés de sciences médicales à inclure cette question dans le programme d’en-
seignement des facultés, à lui accorder tout l’intérêt qu’elle mérite, à familiari-
ser avec celle-ci ceux qui travaillent dans ce secteur, à élaborer les programmes
scolaires qui lui sont liés et à tirer profit des études élaborées à ce sujet.
Allah est le Garant du succès

155
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 80 (11/8)
La Déontologie du Médecin : Sa Responsabilité et ses Garanties
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet de la déontologie
du médecin : sa responsabilité et ses garanties ;
Ayant entendu les débats sur cette question ;

Décide ce qui suit :


Le report de l’adoption d’une résolution sur la déontologie du médecin : sa
responsabilité et ses garanties, la question du traitement par des produits prohi-
bés par la Charia, ainsi que l’examen du code de déontologie médicale élaboré
par l’Organisation Islamique des Sciences médicales du Koweït.
De demander au Secrétariat Général de l’Académie de recueillir un surcroît
d’études sur ces questions et de les présenter à une prochaine session du Conseil.
Allah est le Garant du succès

156
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 81 (12/8)
Le Traitement médical de la Femme par un homme
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet du “traitement mé-
dical de la femme par un homme” ;
Ayant entendu les débats sur cette question ;

Décide ce qui suit :


En règle générale, si une femme médecin spécialisée est disponible, il est obliga-
toire qu’elle soit celle qui se charge d’examiner la patiente. En l’absence d’une
telle spécialiste, cette tâche sera confiée à une femme médecin non musulmane
et digne de confiance. Sinon, la patiente sera alors examinée par un médecin
musulman ou à défaut par un médecin non musulman. Toutefois, il ne devra
dévoiler du corps de la patiente que la partie strictement nécessaire au diagnos-
tic et au traitement de la maladie. Il ne doit pas en voir davantage et détour-
ner autant que possible son regard. Le traitement de la femme par un homme
doit se faire en présence d’un Mahram, de son époux ou d’une autre femme de
confiance, évitant ainsi tout aparté.

Le Conseil recommande ce qui suit


En raison du nombre insuffisant de médecins femmes spécialisées dans ces do-
maines, et en vue d’éviter d’avoir recours aux règles d’exception, les autorités
médicales devraient tout faire pour encourager les femmes à entreprendre des
études médicales dans les divers domaines de spécialisation et en particulier en
gynécologie et obstétrique.
Allah est le Garant du succès

157
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 82 (13/8)
La Maladie du SIDA
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie au sujet de la maladie du
SIDA ;
Ayant entendu les débats sur cette question ;
Constatant au terme de ce débat que les deux péchés les plus exécrables
que sont l’adultère et l’homosexualité représentent la cause principale des ma-
ladies sexuelles, dont la plus dangereuse est le SIDA (syndrome d’immunodéfi-
cience acquise) et que la lutte contre le vice et la bonne orientation des médias
et du tourisme constituent une arme importante pour les prévenir, et insistant
sur le fait que, l’observance scrupuleuse des préceptes de l’Islam, la lutte contre
le vice, la réforme des médias, l’interdiction des films et des feuilletons licen-
cieux et le contrôle du tourisme constituent les moyens les plus appropriés pour
éloigner ces fléaux.

Décide ce qui suit :


En cas de contamination de l’un des époux par cette maladie, il ou elle est tenu
(e) d’en informer son conjoint et de coopérer avec lui ou elle quant aux mesures
de protection à prendre.

Le Conseil de l’Académie recommande


Premièrement : Que les autorités compétentes des pays musulmans prennent
toutes les mesures nécessaires pour se protéger contre le SIDA et punir quiconque
entreprendrait de le disséminer volontairement. Il recommande également au
Gouvernement du Royaume d’Arabie saoudite de continuer ses efforts intensifs
pour protéger les hôtes d’Allah et de prendre toute mesure qu’il jugerait néces-
saire pour les protéger contre la possibilité d’être contaminé par le SIDA.
Deuxièmement : Que la victime de la maladie soit entourée de tous les soins
nécessaires. Les malades du SIDA et les séropositifs doivent éviter tout ce qui peut

158
contribuer à contaminer les autres membres de la société. De même, il convient
d’accorder un enseignement adéquat aux enfants séropositifs.
Troisièmement : Que le Secrétariat Général de l’Académie charge les mé-
decins et les théologiens d’élaborer des études complémentaires sur les sujets
suivants, en vue de leur soumission aux prochaines sessions du Conseil([^22]) :
A. La mise en quarantaine du séropositif et du malade du SIDA.
B. L’attitude des employeurs à l’égard du malade du SIDA.
C. L’avortement de la femme atteinte par le virus du SIDA.
D. L’octroi du droit d’annulation du mariage pour l’épouse du malade du
SIDA.
E. Le Sida peut-il être considéré comme une maladie fatale pour ce qui est
des actes accomplis par le malade ?
F. Les implications, pour les mères atteintes du SIDA, sur leur droit de garde
de leurs enfants.
G. Quel est le jugement de la Charia à l’égard de quelqu’un qui transmet
volontairement le SIDA ?
H. Indemnisation des victimes atteintes du Sida par suite d’une transfusion
sanguine ou d’une transplantation d’organe.
I. La pratique d’un contrôle médical prénuptial pour éviter les dangers de
contamination par des maladies contagieuses, dont le Sida.
Allah est plus Savant

159
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 83 (14/8)
L’Organisation des Demandes de Recherches et de
leurs Discussions lors des Sessions de l’Académie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 8ème session, à Bandar Seri Begawan
(Sultanat de Brunei Darussalam), du 1 au 7 Mouharam H (21–27 Juin 1993) ;
Ayant examiné les règles régissant la publication des études de l’Académie
et les conditions stipulées pour ces études,
Ayant entendu les débats sur la question de l’ambiguïté qui entoure le pro-
cessus de demande d’élaboration d’études et la fixation d’un délai limite pour
la réception de ces études, de manière à permettre au Secrétariat Général de
l’Académie de les évaluer à la lumière des règles en vigueur ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : En cas d’expiration du délai fixé pour la réception des études,
le Secrétariat Général de l’Académie se réserve le droit de se limiter aux études
reçues dans les délais réglementaires, sans engagement aucun à l’égard de celles
reçues après le délai fixé,
Deuxièmement : Le Secrétariat Général de l’Académie n’acceptera aucune
étude présentée sur la base d’une initiative personnelle par des auteurs qu’il
n’avait pas chargés d’élaborer ces études.
Troisièmement : Au cours des sessions, les discussions seront limitées aux
membres invités, aux experts et aux chercheurs de l’Académie.
Allah est le Garant du succès

160
Résolutions et Recommandations de la 9ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Abu Dhabi
Émirats Arabes Unis

1–6 Dhoul Qui’da 1415


1–6 Avril 1995
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 84 (1/9)
Le Commerce de l’Or : Les Solutions chariatiques
au Cumul du Change et du Transfert
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet de la
question : “le Commerce de l’or : les solutions chariatiques au cumul du change
et du transfert”,
Ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : concernant le commerce de l’or
A. L’acquisition d’or et d’argent au moyen de chèques certifiés est licite, sous
réserve que l’échange s’effectue dans l’assemblée de la transaction.
B. De confirmer l’avis unanime des Jurisconsultes déclarant illicite le troc
d’un or ouvragé contre un or non ouvragé en quantité supérieure, sachant que
le critère de la qualité ou de la façon n’est pas pris en compte dans l’échange d’or
contre de l’or. En conséquence, l’Académie estime que l’examen de cette ques-
tion ne se justifie nullement, vu qu’elle est devenue sans objet dans la pratique
depuis que les transactions ne s’opérant plus en monnaie d’or, celle-ci ayant été
remplacée par la monnaie fiduciaire et qu’à partir du moment où cette mon-
naie fiduciaire doit être échangée contre de l’or elle sera considérée comme un
groupe différent de l’or.
C. L’échange d’une quantité donnée d’or en contrepartie d’une quantité
moindre du même métal précieux additionnée à une marchandise de nature dif-
férente est licite dès lors que l’on considère que la différence de valeur entre les
deux termes de l’échange se trouve compensée par la marchandise fournie en sus.
D. Vu que les questions ci-après requièrent un plus ample élargissement et
appellent des études techniques et juridiques plus poussées, l’adoption de ré-
solutions à ce sujet est reportée en attendant de vérifier les données permettant
d’éclairer la décision du Conseil. Il s’agit de :

162
• L’achat d’actions d’une société opérant dans le domaine de l’extraction du
minerai d’or ou d’argent.
• L’appropriation ou la cession de l’or moyennant la remise ou l’obtention de
certificats représentant des quantités déterminées de métal précieux déposé
dans les coffres des établissements émetteurs de ces certificats et au moyen
desquels chaque attributaire a toute latitude de retirer son or ou d’en dis-
poser à sa guise.

Deuxièmement : concernant les solutions légales au regard de


la Charia au cumul du change et du transfert
A. Les transferts d’argent dans une devise donnée et que la partie émettrice
souhaite transférer dans la même devise sont licites, que ce soit gratuitement
ou moyennant le paiement d’une commission. S’il n’y a pas de commission à
verser, il s’agit d’un simple transfert, par l’entremise d’un tiers non redevable au
destinataire, d’après les savants qui n’exigent pas que le caractère soit redevable
à celui-ci, c’est-à-dire les Hanafites. Pour les autres savants, cette transaction
sera nommée “Souftaja” et consiste à confier à une tierce personne une somme
d’argent à remettre au destinataire final ou à son représentant dans une autre
contrée. Au cas où le paiement d’une commission s’impose, il s’agirait d’une
opération de mandat contre rémunération. Si les agents chargés de l’exécution
des mandats exercent leur activité à titre public, ils répondent des montants
qui leur sont confiés, en application de la règle relative à la responsabilité d’un
ouvrier collectif.
B. Dans le cas où le transfert doit être réglé dans une monnaie différente de
celle dans laquelle il a été initialement libellé par son émetteur, l’opération de-
vient double : opération de change doublée d’une opération de transfert au sens
mentionné à l’Alinéa (a). Dès lors, l’opération de conversion dans une autre
monnaie devra se faire préalablement au virement. Le client remet à sa banque
la somme à virer qui est aussitôt portée sur les registres de l’établissement, une
fois convenu du cours du change, lequel sera mentionné dans le récépissé re-
mis au client. Après quoi, le transfert pourra suivre son cours normal, comme
indiqué plus haut.
Allah est plus Savant

163
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 85 (2/9)
La Vente Salam et ses Applications modernes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question de : « La vente Salam (vente d’un objet livré à terme et payé à l’avance)
et ses applications modernes » ;
Ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : concernant la vente “Salam”
A. Les marchandises faisant l’objet d’un contrat de livraison englobent tout
ce qui peut être légalement commercialisé et dont les caractéristiques peuvent
être définies et comptabilisées en tant que créance, qu’il s’agisse de matières
premières, de denrées agricoles ou de biens manufacturés.
B. Dans tout contrat de “Salam”, un délai convenu doit être fixé, soit à une
date déterminée à l’avance soit en liant la livraison à un événement devant se
produire nécessairement, même si l’échéance prévue peut légèrement différer
sans entraîner de querelles, comme c’est le cas pour la saison des récoltes.
C. Le principe est de diligenter le recouvrement du capital investi et repré-
sentant la contre-valeur de la marchandise à livrer comme stipulé dans le contrat.
Néanmoins, il est permis de reporter le paiement de deux ou trois jours, fût-ce
en l’assortissant de conditions particulières, pourvu que le retard accusé ne soit
pas égal ou supérieur au délai de la livraison de la marchandise.
D. Il n’y a pas d’inconvénient légal à ce que la partie livrée (l’acquéreur) exige
une caution ou une garantie du livreur (le vendeur).
E. La partie destinataire de la livraison (l’acquéreur) a le droit d’échanger la
marchandise à livrer contre autre chose -à l’exception d’une somme d’argent- à
l’expiration du délai convenu, que l’objet demandé en échange soit de même
nature ou de nature différente. En effet, il n’existe pas de texte ni de consensus
interdisant ce genre de pratique, pour autant que la marchandise de substitution

164
soit susceptible de constituer une marchandise à livrer en échange du capital
payé par l’acquéreur.
F. Dans le cas où le livreur est dans l’incapacité d’effectuer la livraison à
l’échéance convenue, l’acquéreur a le choix entre attendre que la marchandise
à livrer puisse lui être procurée ou résilier son contrat et récupérer sa mise de
fonds. Si la livraison ne peut avoir lieu pour des raisons de force majeure, il de-
vra attendre meilleure fortune.
G. Il n’est pas permis d’exiger le paiement d’une pénalité pour le retard de
livraison de l’objet du contrat, car cette livraison non effectuée vaut créance, et
il est illicite, au regard de la Charia, de réclamer une plus-value sur une dette
en arguant du non-règlement de cette dette dans les délais voulus.
H. Il n’est pas permis de reconvertir une créance en prix fourni pour la vente
à livraison différée, car cela reviendrait à vendre une créance en contrepartie
d’une autre créance.
Deuxièmement : Les applications contemporaines de la vente à
livrer (Salam)
La vente à livrer représente de nos jours un instrument de financement extrê-
mement fiable dans le système économique islamique comme dans le domaine
d’activité des banques islamiques, de par sa souplesse et son adaptation aux
besoins de financement les plus divers, qu’il s’agisse d’un financement à court,
moyen ou long terme. De surcroît, ce type de financement correspond aux be-
soins de catégories nombreuses et variables d’utilisateurs, que ce soit parmi les
producteurs agricoles, les industriels, les entrepreneurs ou les négociants, outre
qu’il permet de couvrir les frais d’exploitation et autres postes de dépenses.
C’est la raison pour laquelle les domaines d’application du contrat de livrai-
son ont tendance à se multiplier. On en citera à titre indicatif :
1. Le contrat “Salam” est adapté au financement des travaux agricoles. C’est
ainsi que la Banque Islamique traite avec les cultivateurs dont elle s’at-
tend à ce qu’ils disposent, au moment de la saison, de leurs récoltes ou
de celles d’autrui qu’ils auront eu la possibilité d’acquérir et de livrer
dans l’hypothèse où ils risqueraient de ne pouvoir effectuer une telle li-
vraison en puisant dans leurs propres récoltes. De la sorte, ce mode de
financement procure-t-il à ces agriculteurs un avantage substantiel et leur
épargne-t-il les affres de l’incapacité, financièrement parlant, à réaliser
leur production ?
2. L’usage du contrat “Salam” est licite pour le financement de l’activité
agricole et industrielle, notamment le préfinancement de la production
et de l’exportation des biens courants, par leur acquisition sous le régime
du contrat “Salam” et leur revente à un prix rémunérateur.

165
3. Le contrat “Salam” est applicable au financement des artisans et des petits
producteurs agricoles ou industriels, par la fourniture à ces derniers des
moyens de production appropriés sous forme d’outils, de machines ou
de matières premières en tant que capital livraison en contrepartie de
l’obtention et de la revente d’une fraction de leur production.

LE CONSEIL RECOMMANDE :
De parachever l’examen des applications modernes de la vente “Salam” une fois
que toutes les études y afférentes auront été finalisées.8
Allah est le Garant du succès

8 Cf la résolution n°63 (1/7) troisième méthode, et la résolution n°74 (5/8) paragraphe 3.

166
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 86 (3/9)
Les Dépôts bancaires (Comptes bancaires)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question : “des dépôts bancaires (comptes bancaires)” ;
Ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Les dépôts à vue (comptes courants), aussi bien auprès des
banques islamiques que des banques pratiquant les taux d’intérêt, sont assimi-
lables à des créances du point de vue de la jurisprudence islamique. En effet, la
banque qui reçoit ces dépôts de main en main en est le garant, et est légalement
tenue de restituer chaque somme qui lui est réclamée. Le fait que la banque
(l’emprunteur) soit solvable n’a pas d’incidence sur la procédure du crédit.
Deuxièmement : Les dépôts bancaires sont classés en deux catégories, suivant
le mode de fonctionnement de la banque :
A. Les dépôts générant des intérêts, comme c’est le cas dans les banques prati-
quant le prêt à intérêt (Riba). II s’agit, en l’occurrence, de crédits usuraires, donc
prohibés, et cet interdit vaut aussi bien pour les dépôts à vue (comptes courants)
que pour les dépôts à terme, les dépôts avec préavis, ou les comptes d’épargne.
B. Les dépôts confiés aux banques appliquant effectivement les prescriptions
de la Charia en échange d’un certificat d’investissement au prorata du bénéfice
à réaliser et qui constituent un capital de “Moudaraba” régi par les dispositions
afférentes à la “Moudaraba” dans le droit islamique, notamment l’interdiction
faite au gestionnaire du capital (Moudarib) - en l’occurrence la banque- de ga-
rantir le capital objet de l’opération de spéculation.
Troisièmement : La garantie des dépôts à vue (comptes courants) incombe
aux emprunteurs (les actionnaires des banques) étant donné qu’ils ont la jouis-
sance exclusive des dividendes générés par les investissements réalisés. Les dépo-
sants dans les comptes d’investissement ne sont pas cautions solidaires dans la

167
garantie de ces comptes courants dès lors qu’ils ne participent pas aux emprunts
ni aux bénéfices qui en résultent.
Quatrièmement : Mettre en gage des avoirs bancaires est licite, qu’il s’agisse
de dépôts à vue (comptes courants) ou de dépôts d’investissement. Dans ce cas,
l’hypothèque ne peut s’appliquer que si elle s’accompagne d’une procédure
conservatoire empêchant le titulaire du compte de l’utiliser pendant toute la
durée de l’hypothèque. Si la banque auprès de laquelle le compte est ouvert est
elle-même l’hypothéquant, les avoirs devront être virés sur un compte d’inves-
tissement. Il y a dès lors extinction de la garantie puisque l’on passe du crédit
simple au crédit Qiradh (Moudaraba), les bénéfices devant alors revenir au ti-
tulaire du compte, pour éviter que l’hypothèque (le débiteur) ne profite de la
plus-value de l’hypothèque.
Cinquièmement : La retenue à la source (sur les comptes) est licite s’il y a
accord préalable entre la banque et son client.
Sixièmement : Les transactions sont en principe fondées sur la confiance et
la sincérité dans la communication des données de manière à éviter toute équi-
voque ou tromperie et à se conformer à la vérité et aux dispositions de la Charia.
Cela vaut, a fortiori, pour les banques qui gèrent les comptes de leur clientèle
et dont l’activité repose sur des relations de confiance supposée afin d'exclure
toute manœuvre frauduleuse vis-à-vis des personnes concernées.
Allah est plus Savant

168
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 87 (4/9)
L’Investissement dans les Actions et les Unités d’Investissement
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant “l’in-
vestissement dans les actions et les unités d’investissement”, dont il appert que la
question comporte, entre autres éléments, l’acquisition d’actions de sociétés dont
l’objectif et la principale activité sont légaux, mais qui, néanmoins, contractent
des prêts ou déposent des fonds en percevant des intérêts; question qui n’a pu
être tranchée de manière définitive bien que deux séminaires lui aient été consa-
crés et bien que l’Académie ait émis une décision de principe à ce sujet lors de
sa 7ème session, suivie d’une seconde décision lors de sa 8ème session([^24]),
aux termes desquelles le Secrétariat Général est invité à demander un surcroît
d’études pour permettre à l’Académie d’adopter la résolution appropriée à sa
prochaine session,
Ayant entamé les discussions à ce sujet, discussions dont il ressort que la
question requiert des études multiples et approfondies en vue de définir les règles
afférentes à ce genre d’unités d’investissement qui font aujourd’hui florès tant
dans les pays musulmans qu’ailleurs ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : Le report de l’examen de cette question pour complément
d’études et de recherches, de manière à pouvoir en cerner tous les aspects tech-
niques et implications juridiques et à permettre à l’Académie d’adopter la résolu-
tion adéquate, conformément à la recommandation faite lors de la 8ème session.
Deuxièmement : La mise à profit des conclusions contenues dans les trois
études au sujet des fonds et des titres d’investissement en vue de l’élaboration
du Règlement recommandé par la Résolution 30 (5/4).
Allah est le Garant du succès

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 88 (5/9)
Les Appels d’Offres
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question des “appels d’offres” ;
Ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet :
Se conformant à la stratégie de l’Académie quant à l’obligation d’élaborer
un certain nombre d’études sur toute la question aux fins d’en cerner tous les
aspects techniques et de tenir compte des diverses tendances jurisprudentielles
y afférentes ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : De surseoir à l’adoption d’une résolution concernant les points
déjà examinés dans ce contexte, eu égard à l’importance du sujet et à la nécessité
d’en cerner tous les détails, de recueillir tous les avis pertinents et d’épuiser tous
les domaines auxquels s’applique le système des appels d’offres, et plus particu-
lièrement ce qui est frappé de l’interdit religieux comme les valeurs boursières
génératrices d’intérêts et les bons du Trésor.
Deuxièmement : De demander aux membres et aux experts de l’Académie de
communiquer au secrétariat général - si possible avant la fin de la session, sinon
dans un délai rapproché après la clôture de celle-ci- les avis techniques et juri-
diques dont ils disposent concernant la question des appels d’offres qu’il s’agisse
des procédures, des modalités ou des contrats faisant l’objet d’une adjudication.
Troisièmement : De demander des études supplémentaires sur la question
des appels d’offres avec le concours des compétences techniques, jurispruden-
tielles et scientifiques versées dans ce genre de question.
Allah est le Garant du succès

170
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 89 (6/9)
Les Problèmes relatifs à la Monnaie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant “les
problèmes relatifs à la monnaie” ;
Ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet et dont il ressort qu’il
existe des tendances diverses concernant la manière d’appréhender le phénomène
de l’inflation galopante qui entraîne une érosion profonde du pouvoir d’achat
de certaines devises. Parmi ses différentes tendances, il y a les avis suivants :
A. Ces cas exceptionnels sont englobés dans la résolution de la cinquième ses-
sion de l’Académie énonçant ce qui suit : “Dans le remboursement d’une dette
fixe contractée dans une monnaie donnée, c'est la quantité et non la valeur qui
doit être prise en compte, car les dettes doivent être remboursées en quantité
égale. Ainsi, il n’est pas permis d’indexer les dettes fixes, quelle qu’en soit l’ori-
gine, sur le niveau des prix.”
B. Dans ces cas exceptionnels, le principe de l’indexation sur l’indice du
coût de la vie (prise en compte du pouvoir d’achat des monnaies) sera appliqué.
C. Dans ces cas exceptionnels, le principe qui doit être appliqué est celui de
l’indexation de la monnaie sur le taux de l’or (en prenant en considération la
valeur de cette monnaie en or au moment de l’accord).
D. Dans ces cas, le principe du compromis obligatoire après évaluation du
préjudice subi par les deux parties (le créancier et le débiteur) doit être appliqué.
E. Une distinction sera faite entre la dépréciation d’une monnaie par le jeu
de l’offre et de la demande et la dévaluation volontaire par un État de sa propre
monnaie par la promulgation d’un décret explicite, ce qui peut, éventuellement,
se traduire par une baisse de la valeur de la monnaie fiduciaire qui, précisément,
tire sa force de sa cote et de son acceptabilité.
F. Une distinction sera faite entre la diminution du pouvoir d’achat éven-
tuellement consécutive à des politiques adoptées par les gouvernements et une
baisse de ce pouvoir d’achat imputable à des facteurs exogènes.
G. La prise en compte, dans ces cas exceptionnels, du principe des “exoné-

171
rations pour cause de catastrophes”, principe qui participe de la prise en consi-
dération des circonstances imprévues et fortuites.
À la lumière de ces tendances divergentes qui requièrent des études et des
recherches plus circonstanciées,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Le Secrétariat Général de l’Académie convoquera – en colla-
boration avec l’une des institutions financières islamiques – un séminaire spé-
cialisé auquel participeront des spécialistes en économie et en jurisprudence
(Fiqh) ainsi que certains membres et experts de l’Académie, en vue d’examiner
les voies et moyens les mieux indiqués et les plus fiables dont il pourrait être
convenu pour honorer une créance avérée et des engagements contractés dans
les circonstances exceptionnelles évoquées plus haut.
Deuxièmement : L’ordre du jour de ce séminaire comportera les points
suivants :
A. Étude des causes de l’inflation, de ses formes et de l’ensemble des notions
techniques y afférentes.
B. Étude des conséquences économiques et sociales et de la thérapie écono-
mique à appliquer le cas échéant.
C. Exposé des solutions jurisprudentielles permettant de remédier aux phé-
nomènes d’inflation du genre cité dans le préambule de la présente résolution.
Les conclusions du séminaire, accompagnées des actes et du résumé des débats,
seront soumises au Conseil de l’Académie à sa prochaine session.
Allah est le Garant du succès

172
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 90 (7/9)
Le SIDA et les Dispositions jurisprudentielles y afférentes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question du Syndrome d’Immunodéficience Acquise (SIDA) et les dispositions
jurisprudentielles y afférentes et après s’être référé à la Résolution nº 82 (13/8) ;
Et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : L’isolement du malade
Les informations médicales disponibles actuellement affirment que le virus
Syndrome d’Immunodéficience Acquise (SIDA) ne se transmet pas par la coha-
bitation, le toucher, la voie respiratoire, le partage de repas ou de boisson ou de
l’eau de baignade, ou par l’utilisation des mêmes sièges ou des mêmes usten-
siles, ou par un autre aspect de la cohabitation quotidienne. Le virus se transmet
principalement par l’un des vecteurs suivants :
1. les rapports sexuels sous quelque forme que ce soit.
2. la transfusion d’un sang contaminé ou de dérivés sanguins.
3. l’usage de seringues souillées, notamment parmi les toxicomanes, ainsi
que des lames de rasoir.
4. l’inoculation du virus en cours de grossesse ou à la naissance par une
mère séropositive à son enfant.
Par conséquent, dès lors que la contagion n’est pas redoutée, il n’est pas obli-
gatoire d’isoler les malades de leurs collègues. Les malades seront donc traités
suivant les protocoles médicaux habituels.
Deuxièmement : La transmission délibérée de la maladie
La transmission délibérée du virus du Syndrome d’Immunodéficience Acquise
(SIDA) à une personne bien portante, par quelque moyen que ce soit, est un

173
acte interdit qui compte parmi les péchés majeurs. C’est également un acte qui
doit impliquer ici-bas une sanction proportionnelle à la gravité de cet acte et
ses conséquences sur les individus et la société.
Si l’auteur de cet acte a pour but la propagation de ce virus dans la société,
son forfait sera considéré comme une forme de “Hiraba” (guerre déclarée) et de
propagation du désordre sur terre et sera donc passible de l’une des sanctions
mentionnées dans le verset de la “Hiraba” : “Voici quel devra être le châtiment
de ceux qui déclarent la guerre à Allah et Son Messager et sèment le désordre
sur terre. Ils devront être mis à mort ou crucifiés, ou avoir la main coupée, ainsi
que le pied opposé, ou encore être bannis de leur patrie. Telle est l’ignominie à
laquelle ils seront exposés ici-bas, avant de subir d’affreux tourments dans l’au-
delà”. (Al-Maïda - La Table Servie : 33)
Si l’objectif de cette contamination délibérée est d’inoculer le virus à une
personne précise et si la victime a bel et bien été contaminée, mais n’a pas suc-
combé à la maladie, le coupable sera condamné à une peine laissée à l’appré-
ciation du magistrat. En revanche, si elle venait à succomber la peine capitale
pourra être envisagée.
En outre, si le coupable a délibérément tenté de contaminer une personne
précise sans que celle-ci ait contracté la maladie, il sera condamné à une peine
laissée à la discrétion du juge.
Troisièmement : L’interruption volontaire de grossesse (I.V.G.)
chez la femme atteinte par le Syndrome d’Immunodéficience
Acquise (SIDA)
Étant donné que le passage du virus du SIDA de la femme enceinte au fœtus ne
se produit, généralement, qu’à un stade avancé de la grossesse (après que la vie
est insufflée au fœtus), ou après l’accouchement, l’interruption de la grossesse
n’est pas autorisée par la Charia.
Quatrièmement : Garde et allaitement d’un bébé sain par sa mère
séropositive
Les données médicales actuellement disponibles indiquant qu’à l’instar des autres
formes de cohabitation quotidienne, la garde d’un enfant sain et son allaite-
ment par sa mère séropositive ne constitue pas un risque avéré de contamination
par le Syndrome d’Immunodéficience Acquise (SIDA), rien n’empêche dans la
charia que la mère soit en charge de l’enfant sauf en cas d’émission d’un avis
médical différent.

174
Cinquièmement : Le droit du conjoint sain de demander à se sé-
parer de son conjoint séropositif :
L’épouse est légalement fondée à réclamer le divorce avec son conjoint séropo-
sitif étant donné que le Syndrome d’Immunodéficience Acquise (SIDA) est une
maladie principalement sexuellement transmissible.
Sixièmement : Le SIDA est considéré de jure comme une maladie fatale à partir
du moment où le patient en présente tous les symptômes, qu’il est dans l’incapa-
cité de mener une existence normale et se trouve au stade terminal de la maladie.

Le Conseil recommande ce qui suit :


Premièrement : L’examen de la question des droits aux rapports conjugaux est
reporté pour complément d’études.
Deuxièmement : Il est indispensable de maintenir les formalités tendant à
s’assurer, en période de pèlerinage, que les personnes se rendant aux Lieux
Saints sont indemnes de toute maladie épidémique, et plus particulièrement
du Syndrome d’Immunodéficience Acquise (SIDA).
Allah est le Garant du succès

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Résolution nº 91 (8/9)
Le Principe de l’Arbitrage dans la Jurisprudence islamique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question du principe de l’arbitrage dans la jurisprudence islamique,
Ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : L’arbitrage est un accord entre parties dans un litige déterminé
aux termes duquel une tierce personne est mandatée pour trancher le litige
au moyen d’un jugement valant engagement et appliquant la Charia. II s’agit
d’une procédure licite, que le différend porte sur un conflit personnel ou sur
un contentieux international.
Deuxièmement : L’arbitrage n’est pas un recours synallagmatique et il ne lie
ni les parties ni le juge arbitre. Ainsi, l’une ou l’autre des parties peut être léga-
lement fondée à se rétracter tant que la procédure d’arbitrage n’est pas engagée.
De même, le juge arbitre peut se démettre de son propre chef - même après avoir
donné son assentiment - tant qu’il n’aura pas rendu son verdict. Toutefois, il ne
peut déléguer sa charge à une autre personne, étant donné que le consentement
des parties est lié à sa propre personne.
Troisièmement : L’arbitrage n’est pas permis dans tout ce qui ne relève pas
du droit des serviteurs comme les “Houdoud” (peines légales tirées des textes).
Il n’est pas permis, non plus, dans les cas où la sentence devant être prononcée
par le juge arbitre consisterait à affirmer ou à infirmer un jugement impliquant
une tierce partie, c’est-à-dire autre que les requérants, donc n’ayant pas donné
mandat au juge arbitre, comme c’est le cas des imprécations (Li’aane), car le droit
des enfants en dépend. La procédure d’arbitrage ne s’applique pas, de surcroît,
aux affaires qui sont du ressort exclusif de la justice. Aussi, tout jugement rendu
par un juge arbitre dans une affaire qui n’est pas de son ressort est-il considéré
comme nul et non avenu.

176
Quatrièmement : L’arbitre doit répondre à toutes les conditions requises chez
un juge.
Cinquièmement : En principe, l’exécution du jugement est volontaire. En
cas de réticence de la part de l’une des parties, la justice est saisie aux fins de
faire appliquer la sentence. Un magistrat ne peut récuser un jugement arbitral
tant que ce jugement ne constitue pas une forme d’injustice flagrante ou est en
contradiction avec une disposition de la Charia.
Sixièmement : Faute de juridictions islamiques internationales, il est permis
aux États ou institutions islamiques de recourir aux instances judiciaires inter-
nationales non islamiques en vue d’obtenir une chose permise par la Charia.

Le Conseil recommande ce qui suit :


Les États membres de l’Organisation de la Conférence islamique sont invi-
tés à compléter les formalités nécessaires pour la mise en place de la Cour
Internationale Islamique de Justice et pour la doter des moyens adéquats pour
remplir les tâches qui lui sont assignées par ses statuts.
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Résolution nº 92 (9/9)
La Prévention prohibitive (Sadd Al-Darrai)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 9ème session, à Abu Dhabi (Émirats
Arabes Unis), du 1 au 6 Dhoul Qui’da H (1–6 Avril 1995) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question de « la prévention prohibitive » ;
Ayant entendu les débats qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit :

1. La prévention prohibitive constitue l’un des fondements doctrinaux du


droit musulman. Sa finalité est de proscrire ce qui, parmi les choses licites,
mène vers un méfait ou vers ce qui est illicite.
2. La prévention prohibitive ne se limite pas aux seules situations d’ambi-
guïté ou à celles appelant une certaine circonspection, mais s’étend à tout
ce qui est susceptible de conduire à commettre un interdit.
3. La prévention prohibitive implique la prohibition des subterfuges pour
commettre un interdit ou passer outre une prescription de la Charia.
Toutefois, le subterfuge diffère de la “Dhari’a” (brèche pouvant mener
vers l’interdit) en ce que le premier est intentionnel, à l’inverse du second.
4. Il existe plusieurs sortes de “Dhari’a” (brèche pouvant mener vers
l’interdit) :

a. La première, dont l’interdiction fait l’unanimité, est le genre de


“Dhari’a” mentionnée dans le Noble Coran et dans la Sounna du
Prophète ou qui conduit immanquablement ou très souvent à
commettre un acte répréhensible, que le procédé employé soit licite,
préférable ou obligatoire. Au nombre de ces “Dhari’a” figurent
les contrats qui visent manifestement à violer un interdit et qui
mentionnent cela expressément dans le libellé.
b. Le deuxième, auquel il est unanimement permis d’avoir recours.

178
c. Le troisième, qui fait l’objet d’une divergence d’opinions : les
agissements en apparence correcte, mais que l’on suspecte d’avoir
pour objectif de parvenir à des fins répréhensibles, du fait que c’est le
plus souvent le but de telles pratiques.
5. La “Dhari’a” est permise lorsqu’elle ne mène que rarement vers un méfait
ou lorsque le bienfait qui en est attendu l’emporte sur l’inconvénient.
6. Elle est interdite, lorsque celle-ci est de nature à conduire inéluctable-
ment, ou souvent, à commettre un acte répréhensible, ou encore lorsque
les conséquences négatives l’emportent sur les avantages.

Allah est le Garant du succès


179
Résolutions et Recommandations de la 10ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Jeddah
Royaume d’Arabie saoudite

23–28 Safar 1418


28 juin – 3 juillet 1997
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 93 (1/10)
Les Substances entraînant la Rupture du jeune
dans le Domaine de la Médication
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 10ème session, à Jeddah (Royaume d’Ara-
bie saoudite), du 23 au 28 Safar H (28 juin – 3 juillet 1997) ;
Ayant pris connaissance des recherches faites au sujet des “substances en-
traînant la rupture du jeûne dans le domaine de la médication” et des recom-
mandations émanant du 9e séminaire de la médecine à la lumière du Fiqh or-
ganisé par l’Organisation Islamique des Sciences Médicales, en collaboration
avec l’Académie et d’autres institutions, à Casablanca (Royaume du Maroc) du
9 au 12 Safar 1418 H (14 au 17 juin 1997),
Ayant écouté les débats qui se sont déroulés à ce sujet avec la participation
de spécialistes du Fiqh et de médecins,
Et ayant examiné les textes du Noble Livre et de la Sounna et les avis des
Fouqaha :

Décide ce qui suit :


Premièrement : N’entraînent pas la rupture du jeûne :
1. Les gouttes dans les yeux ou les oreilles, le lavage auriculaire, ainsi que
les gouttes et pulvérisations nasales à condition de ne pas avaler ce qui
atteint la gorge.
2. Les comprimés placés sous la langue pour soigner une angine de poitrine
ou toute autre maladie, à condition de ne pas avaler ce qui atteint la
gorge.
3. Tout ce qui est introduit dans le vagin, qu’il s’agisse de suppositoires va-
ginaux, solutions de lavement, de sondes ou d’auscultation par toucher
vaginal.
4. L’introduction dans l’utérus d’un urétroscope, d’un stérilet ou de tout
autre instrument similaire.
5. Tout ce qui est introduit dans l’urètre (canaux urinaires) de l’homme

182
ou de la femme: sonde urinaire, urétroscope, substances radio-opaques,
médicaments, solutions pour le lavement de la vessie.
6. L’obturation ou l’extraction dentaire, le nettoyage des dents, l’utilisation
du Siwak ou d’une brosse à dents, à condition de ne pas avaler ce qui
atteint la gorge.
7. Le bain de bouche, le gargarisme, les pulvérisations buccales, à condition
de ne pas avaler ce qui atteint la gorge.
8. Les injections sous-cutanées, intramusculaires ou intraveineuses, à l’ex-
ception des sérums et des perfusions nutritifs.
9. L’oxygène.
10. L’anesthésie par vaporisateur, à condition de ne pas administrer au ma-
lade de liquides nutritifs.
11. Tout ce qui pénètre dans le corps par absorption cutanée, qu’il s’agisse
de crèmes, de pommades ou de patchs cutanés contenant des produits
médicamenteux ou chimiques.
12. L’introduction d’une sonde dans les artères pour l’examen des vaisseaux
du cœur ou d’autres organes.
13. L’introduction d’une sonde par la paroi abdominale (laparoscopie) pour
examiner les intestins ou procéder à une opération chirurgicale.
14. La biopsie du foie ou d’autres organes sans administration de solutions.
15. L’introduction d’une sonde dans l’estomac (gastroscopie) sans adminis-
tration de solutions.
16. L’introduction de tout instrument ou produit thérapeutique dans le cer-
veau ou la moelle osseuse.
17. Le vomissement involontaire, contrairement au vomissement provoqué.

Deuxièmement :
Le médecin musulman se doit de recommander à son malade de reporter les
différentes formes de traitement précitées qui peuvent être reportées sans porter
préjudice jusqu’après la rupture du jeûne,
Troisièmement :
Différer les décisions concernant les cas suivants pour de plus amples études
et recherches pour connaître leurs effets sur le jeûne, tout en se concentrant sur

183
les textes évoquant leurs jugements dans la Tradition du Prophète et les paroles
de ses Compagnons :
1. Les inhalateurs utilisés pour l’asthme et l’inhalation de vapeurs
médicamenteuses.
2. La phlébotomie et la Hijama (Cupping).
3. Le prélèvement d’échantillons sanguins aux fins d’analyse, le don de sang
et la transfusion sanguine.
4. Les injections utilisées pour soigner l’insuffisance rénale et qui sont injec-
tées dans le péritoine ou le rein artificiel.
5. Tout ce qui est introduit dans l’anus : injection rectale, suppositoires,
sondes ou la pratique du toucher rectal pour examen médical.
6. Les opérations chirurgicales sous anesthésie générale lorsque le malade a
émis avant l’aube l’intention d’observer le Jeûne et ne s’est fait adminis-
trer aucune solution nutritive.
Allah est plus Savant

184
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 94 (2/10)
Le Clonage humain
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 10ème session, à Jeddah (Royaume d’Ara-
bie saoudite), du 23 au 28 Safar H (28 juin – 3 juillet 1997) ;
Ayant pris connaissance des études présentées au sujet du “clonage hu-
main” et des études, recherches et recommandations émanant du neuvième sé-
minaire médical à la lumière du Fiqh organisé par l’Organisation Islamique des
Sciences Médicales, en collaboration avec l’Académie et d’autres institutions, à
Casablanca (Royaume du Maroc) du 9 au 12 Safar 1418 H (14 au 17 juin 1997) ;
Ayant écouté les délibérations qui ont eu lieu à ce sujet avec la participation
de Fouqaha et de médecins ;

Conclut :
Préambule
Allah a créé l’homme dans la meilleure forme et l’a honoré au plus haut point.
Allah n’a-t-Il pas dit : “Nous avons singulièrement honoré les fils d’Adam, leur
avons facilité les routes du continent et de la mer, leur avons procuré les meil-
leures nourritures et leur avons donné la prééminence sur bon nombre d’êtres
créés par Nous”. (Sourate du Voyage Nocturne, Verset 70)
Allah a doté l’homme d’un esprit, l’a honoré en le rendant responsable, en a
fait son légataire sur terre, lui a permis de la civiliser et l’a honoré en le chargeant
d’une mission compatible avec la saine nature, ou qui est plutôt la saine nature
même. Allah a dit : “Relève donc la tête pour te vouer au culte pur de l’Unique,
selon la nature innée dont Allah a pourvu les hommes en les créant. Ce qu’Al-
lah a créé ne saurait être modifié. Telle est la religion droite, mais la plupart des
hommes n’en savent rien” (Sourate des Byzantins, verset 30).
L’Islam insiste sur la nécessité de préserver la nature innée de l’homme, par le
maintien des cinq principes universels : la religion, la vie, la raison, la progéniture
et la fortune et la nécessité de la préserver contre toute modification corruptrice
tant au niveau des causes que des conséquences, comme en témoigne le Hadith
Qudoussi cité par Al-Qurtubi d’après la narration du Qadi Isma’il: “J’ai créé

185
Mes serviteurs tous monothéistes, mais les démons sont venus les détourner de
leur religion… et leur ont demandé de changer Ma créature” !
Allah a enseigné à l’homme ce que celui-ci ignorait et lui a ordonné la re-
cherche, l’observation, la réflexion et la méditation. Dans de nombreux ver-
sets, Allah interpelle les hommes : “Ne voient-ils pas ? ” (Sourate TâHâ, V. 89),
“L’homme ne sait-il pas que Nous l’avons créé d’un liquide insignifiant ?” (Sourate
Yasin, V. 77), “Ce sont là des signes pour ceux qui comprennent” (Sourate le
tonnerre, V. 3), “C’est là un rappel pour ceux qui ont conscience” (Sourate le
tonnerre, V. 4), “Il y a là un rappel pour qui sait réfléchir” (Sourate les groupes, V.
21); “Lis ! au Nom de ton Seigneur qui a créé”. (Sourate le corps accroché, V. 21)
L’Islam n’érige aucun obstacle ni aucune entrave à la liberté de la recherche
scientifique qui constitue un moyen de découvrir l’ordre établi par Allah dans
Sa création. Cependant l’Islam dispose aussi que la porte ne saurait être laissée
ouverte sans restriction à l’application généralisée et sans limites des résultats
de la recherche scientifique, sans être d’abord passée au crible de la Charia, afin
d’autoriser ce qui est licite et de prohiber ce qui ne l’est pas (haram). Il n’est pas
permis de mettre en application une découverte simplement parce que cette ap-
plication est de l’ordre du possible. Il faut que ce soit une science utile pouvant
servir l’intérêt des gens et les prémunir contre le mal. La science doit respecter la
dignité de l’homme et sa place dans le monde, et la finalité pour laquelle Allah
l’a créé. L’homme ne saurait être un champ d’expérimentation. En aucune façon,
son identité, sa spécificité et sa particularité ne doivent être violées. La science
ne doit ni ébranler la stabilité de la structure sociale ni détruire les fondements
de la parenté, les liens de mariage et les structures familiales reconnus au fil de
l’histoire humaine et préservés par la loi divine sur des bases solides émanant
des dispositions édictées par Allah.
L’une des innovations de notre époque a trait à une question qui a focalisé
l’attention du monde entier, à travers les médias, et qui n’est autre que le clo-
nage. Il était donc indispensable de faire connaître la position de la Charia à ce
propos, après avoir fait étudier la question dans tous ses détails, par une élite
d’experts et de savants spécialisés dans ce domaine.
Définition du clonage
Il est bien connu que l’ordre établi par Allah stipule que tout être humain qu’Il
crée est le résultat de la rencontre entre un spermatozoïde et un ovule dont cha-
cun des noyaux respectifs englobe un nombre de chromosomes égal à la moitié
des chromosomes contenus dans les cellules du corps humain. Lorsque le sper-
matozoïde du père (le mari) s’unit à l’ovule de la mère (l’épouse), l’ensemble se
transforme en un embryon renfermant une carte génétique complète et capable
de se reproduire.

186
Une fois qu’il s’est fixé dans la matrice de la mère, cet embryon se développe
graduellement pour devenir un être complet qui sera mis au monde par la vo-
lonté d’Allah. Ce faisant, la cellule initiale se subdivise pour donner deux cel-
lules identiques, puis quatre, puis huit, et ainsi de suite jusqu’à atteindre l’étape
de détermination de la différentiation de l’individu embryonnaire. Si l’une des
cellules de l’embryon se divise en deux parties semblables, l’on obtient deux
jumeaux identiques. Une expérience réalisée sur certains animaux a permis de
donner artificiellement naissance à des jumeaux identiques. On ne sait si sem-
blable expérience a été pratiquée sur l’homme. Cette opération a été considérée
comme une forme de clonage ou de procréation, dès lors qu’elle donne lieu à des
copies ou à des espèces identiques. Cette forme a été appelée clonage par division.
Il existe une autre méthode de clonage d’un être entier. Elle consiste à prélever
le noyau d’une cellule du corps contenant l’ensemble du patrimoine génétique
et à le transplanter dans un ovocyte énucléé. Il se constitue alors un embryon
contenant un patrimoine génétique complet et ayant la capacité de se repro-
duire. Implanté dans l’utérus, l’embryon se développe, atteint sa forme complète
et devient un être vivant pleinement constitué qui naît par la volonté d’Allah.
Ce type de clonage est connu sous l’appellation de “transfert du nucleus” ou
“remplacement du nucleus de l’ovocyte”. C’est ce que l’on entend par le terme
“clonage” et c’est cette opération qui a donné naissance à la brebis Dolly. Mais
cette nouvelle créature n’est pas une copie conforme à l’original, car l’ovule de
la mère dont on a enlevé le noyau conserve quelques restes de celui-ci dans la
partie qui entoure le noyau enlevé. Ces restes ont un effet notable sur la transfor-
mation des caractéristiques héritées de la cellule du corps. Une telle expérience
n’a pas été, à notre connaissance, pratiquée sur l’homme.
Le clonage est donc la mise au monde d’une ou plusieurs créatures vivantes,
soit en transplantant le noyau d’une cellule dans un ovocyte énucléé, soit par la
division d’un ovule fécondé à une étape précédant la différenciation des tissus
et des membres.
Nul n’ignore que de telles opérations ne constituent pas une création totale,
ni même partielle. Allah Tout-Puissant a dit : “Peut-être auraient-ils prêté à Allah
des associés capables comme Lui de créer, en sorte que l’oeuvre de ces derniers
et celle d’Allah se confondraient à leurs yeux. Dis alors : Il n’est qu’Allah qui a
créé toute chose. Il est Unique, le Dominateur Souverain” (Sourate du Tonnerre,
Verset 16). Allah a également dit : “Avez-vous considéré le liquide que vous ré-
pandez ? Est-ce vous qui le créez ou en sommes-Nous le Créateur ? C’est Nous
qui vous avons prédestiné la mort et rien ne pourra Nous empêcher de vous
remplacer par d’autres hommes comme vous ou d’un aspect différent de celui
que vous connaissez. Vous savez pourtant que Nous avons procédé à la première
création. Si seulement vous réfléchissiez ? ” (Sourate de l’Événement, Versets 58

187
à 62). Allah dit aussi : “L’homme ne sait-il pas que Nous l’avons créé d’un li-
quide insignifiant ? Le voilà pourtant qui se transforme en disputeur acharné.
Oubliant sa propre création, il dit : « Qui redonnera vie aux os devenus pous-
sière ? » Réponds : « Celui qui les a créés la première fois et qui connaît parfaite-
ment tous les éléments de Sa création, Celui qui, pour vous, fait jaillir du bois
vert une étincelle qui vous sert à allumer vos feux » . Celui qui a créé les cieux et
la terre n’est-Il pas capable de créer d’autres hommes comme eux ? Si, car Il est
le Créateur de toute chose, l’Omniscient ! Il Lui suffit, lorsqu’Il veut une chose,
de dire : « Sois ! » et celle-ci s’accomplit.” (Sourate Yasin, V. 77 à 82)
Allah a encore dit : “Nous avons, en vérité, créé l’homme à partir d’une essence
d’argile, puis sa descendance d’un liquide insignifiant placé dans un réceptacle
sûr. Nous faisons ensuite de ce liquide un corps s’accrochant à la matrice, puis
de ce dernier une masse de chair au sein de laquelle se forme le squelette que
Nous revêtons finalement d’une masse musculaire avant d’en faire une créature
différente. Béni soit Allah, le Créateur par excellence ! ” (Sourate des Croyants,
v. 12 à 14)
Se fondant sur les études précédentes soumises à l’Académie, les délibéra-
tions et les principes de la Charia,

Le Conseil décide ce qui suit :


Premièrement : Prohibition du clonage humain, dans les deux cas précédem-
ment cités ou par toute autre méthode qui donne lieu à la multiplication de
l’espèce humaine.
Deuxièmement : Si la disposition de la Charia faisant l’objet du premier para-
graphe se trouve transgressée, les conséquences de tels actes doivent être soumises
à l’examen de l’Académie pour préciser les dispositions de la Charia à leur sujet.
Troisièmement : Sont interdits tous les cas qui impliquent l’intervention
d’une tierce partie dans le rapport conjugal, qu’il s’agisse d’un utérus, d’un ovule,
d’un spermatozoïde ou d’une cellule du corps destinée au clonage.
Quatrièmement : Il est permis par la Charia de recourir aux techniques du
clonage et du génie génétique dans le domaine de la microbiologie, de la bota-
nique et de la zoologie, et ce dans les limites des prescriptions de la Charia, en
vue d’assurer l’intérêt général et de prévenir les inconvénients.
Cinquièmement : Inviter les États musulmans à promulguer les lois et les
règlements destinés à boucher toutes les issues directes ou indirectes devant les
instances locales ou étrangères, les organismes de recherches et les experts étran-
gers, et les empêcher de faire des pays musulmans un champ d’expérimentation
et de propagation du clonage humain.
Sixièmement : Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique et
l’Organisation Islamique des Sciences Médicales du Koweït assureront conjoin-

188
tement le suivi de la question du clonage et de toute nouvelle découverte dans
ce domaine, et établiront la terminologie et organiseront les séminaires et les
colloques nécessaires pour faire connaître les dispositions de la Charia à ce sujet.
Septièmement : Le Conseil appelle à la constitution de commissions spé-
cialisées comprenant des experts et des Fouqaha à l’effet d’établir les règles de
déontologie qui doivent être observées en matière de recherches en biologie
dans les pays musulmans.
Huitièmement : Le Conseil appelle à la création et au renforcement des éta-
blissements et instituts scientifiques qui entreprennent des recherches dans les
domaines de la biologie et de la génétique, mais concernant des questions autres
que le clonage humain, conformément aux règles de la Charia, afin que le monde
musulman ne reste pas en état de dépendance d’autrui dans ce domaine.
Neuvièmement : Consacrer l’application des découvertes scientifiques à partir
d’une vision islamique et inviter les médias à adopter une attitude conforme aux
prescriptions de la religion concernant ces questions, à éviter de les utiliser d’une
façon incompatible avec l’Islam, et à sensibiliser l’opinion publique au devoir
de vérification avec toute prise de position, conformément à l’appel d’Allah qui
dit: “quand leur parvient une nouvelle, ils s’empressent aussitôt de la divulguer
partout, qu’elle soit rassurante ou alarmante, quand ils feraient mieux d’en ré-
férer au Prophète et aux responsables d’entre eux, seuls à même d’en pénétrer
le sens et de l’utiliser à propos” (Sourate des Femmes, V. 83)
Allah est plus Savant

189
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 95 (3/10)
L’Abattage des Animaux
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 10ème session, à Jeddah (Royaume d’Ara-
bie saoudite), du 23 au 28 Safar H (28 juin – 3 juillet 1997) ;
Avant pris connaissance des études présentées au sujet de “l’abattage des
animaux” et écouté les délibérations qui ont eu lieu à ce sujet avec la participa-
tion de Fouqaha, de médecins et de nutritionnistes ;
Rappelant que l’égorgement d’animaux est une des questions assujetties à
des dispositions de la Charia puisées dans le Noble Livre d’Allah et la Sounna,
l’observance de ces dispositions faisant partie du respect des préceptes de l’Is-
lam et des signes distinctifs du musulman par rapport à celui qui ne l’est pas.
Rappelant la Parole du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬qui a dit : “Celui qui fait sa prière comme
nous la faisons ; qui se tourne comme nous vers la Qibla, qui mange la viande
de l’animal que nous avons égorgé, celui-là est musulman et jouit de la protec-
tion d’Allah et de Son Prophète.” ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : L’abattage licite d’un animal se fait selon l’une des méthodes
suivantes :
1. L’égorgement nommé (Dhabh) : il consiste à trancher l’oesophage, les
deux veines jugulaires et le pharynx. Il constitue la méthode privilégiée
par la Charia pour l’abattage des bovins, des ovins, des caprins et de la
volaille. Elle est aussi permise pour d’autres animaux.
2. L’égorgement nommé (Nahr) : il se réalise en plongeant un couteau dans
le creux qui se trouve au bas du cou. C’est la méthode privilégiée par la
Charia pour l’égorgement des chameaux et animaux semblables. Cette
méthode est tolérée aussi pour les bovins.
3. L’immolation nommée (’Aqr) : elle consiste à blesser un animal quand
on ne peut faire autrement, à n’importe quelle partie du corps. Cette
méthode est appliquée pour les animaux sauvages dont la chasse est licite,
ou les animaux domestiques devenus sauvages. Si la bête est saisie vivante,

190
elle doit être égorgée ou abattue.
Deuxièmement : L’égorgement licite est soumis aux conditions ci-après :
1. La personne qui pratique l’égorgement doit être pubère et jouir de ses
facultés mentales. Elle doit être musulmane ou appartenir à une religion
du Livre (Juifs ou Chrétiens). Ne peut être consommée, la chair de bêtes
tuées par des païens, des athées, des mécréants, des mazdéens, des apos-
tats ou tous autres infidèles, excepté les Gens du Livre.
2. L’égorgement doit se faire à l’aide d’un instrument tranchant, coupant
net, en fer ou tout autre métal, pouvant faire jaillir le sang, à l’exclusion
des dents et des ongles.
Il est prohibé de consommer la chair de bêtes mortes par étouffement,
qu’il soit provoqué par elles-mêmes ou par autre qu’elles, ou encore as-
sommées à l’aide d’un objet contondant (pierre, bâton ou autre…) ou
des suites d’une chute mortelle d’un endroit élevé ou dans un ravin, ou
d’un coup de corne ou encore les restes d’animaux dévorés par un fauve
ou par des oiseaux rapaces non dressés pour la chasse. Néanmoins, si la
bête susmentionnée est capturée encore vivante puis égorgée, il sera licite
d’en consommer la chair.
3. L’égorgeur doit invoquer le nom d’Allah au début de l’opération.
L’utilisation d’un enregistrement ne peut remplacer l’acte d’invocation
du nom d’Allah. Cependant si l’égorgeur oublie d’invoquer le nom d’Al-
lah, la viande de bête égorgée sera néanmoins licite à la consommation,
aux yeux de la Charia.
Troisièmement : L’égorgement doit s’accompagner d’un comportement décent
comme l’impose la Charia, en faisant preuve de clémence et de douceur envers
l’animal à égorger, avant, pendant et après l’égorgement.
L’aiguisage de l’instrument ne doit pas être effectué devant l’animal à égor-
ger. Un animal ne doit pas être égorgé au vu d’un autre animal. Il est interdit
d’égorger un animal à l’aide d’un outil non aiguisé. La bête à immoler ne doit
pas être torturée. Aucune partie de son corps ne doit être coupée, et elle ne doit
pas être dépecée, ni plongée dans de l’eau bouillante, ni plumée, avant de s’être
assuré qu’elle a complètement cessé de vivre.
Quatrièmement : La bête à égorger doit être saine de toute maladie conta-
gieuse et de tout ce qui peut altérer la consistance de sa chair d’une manière
nuisible à son consommateur. Cette exigence sanitaire est impérative concernant
les viandes vendues sur le marché ou importées.
Cinquièmement :

191
1. L’égorgement licite doit, en principe, se faire sans provoquer au préalable
l’étourdissement de l’animal, dès lors que la méthode islamique, de par
ses exigences et ses règles, est la meilleure parce que plus clémente envers
l’animal dont elle abrège les souffrances. Aussi est-il requis des autorités
concernées de développer les moyens et outils utilisés dans l’égorgement
des animaux de grande taille, de manière à satisfaire pleinement à ces
exigences.
2. Tout en se conformant aux dispositions du paragraphe 1 ci-dessus, il est
autorisé de consommer la chair d’un animal égorgé de façon licite après
son étourdissement, lorsque les conditions techniques sont réunies pour
permettre de s’assurer que l’animal n’a pas perdu la vie avant son égor-
gement. Ces conditions, à l’heure actuelle, sont définies comme suit par
les experts :

a. Application de deux électrodes sur les tempes ou sur le front et la


nuque de l’animal.
b. Le voltage doit être compris entre 100 et 400 volts.
c. La puissance du courant doit être comprise entre 0,75 et 1 ampère
pour les ovins et 2 à 2,5 ampères pour les bovins.
d. La décharge électrique doit durer entre 3 et 6 secondes.
3. II n’est pas permis de provoquer l’étourdissement de l’animal à l’aide d’un
pistolet à aiguille, d’une hache ou d’un marteau, ni par gonflage selon la
méthode anglaise.
4. Il n’est pas permis de provoquer l’étourdissement de la volaille par élec-
trochoc, l’expérience ayant démontré que celui-ci entraîne la mort d’un
nombre non négligeable de volatiles avant leur égorgement.
5. Il n’est pas interdit de consommer la chair d’un animal égorgé après son
étourdissement au moyen d’un mélange de gaz carbonique et d’air ou
d'oxygène, ou au moyen d’un pistolet à bout rond qui ne provoque pas
la mort de l’animal avant son égorgement.
Sixièmement : Les musulmans qui résident dans des pays non islamiques
doivent essayer, par les voies légales, d’obtenir la permission d’égorger les ani-
maux selon la méthode islamique, sans étourdissement.
Septièmement : Il est permis aux musulmans en voyage ou résidant dans un
pays non islamique de consommer la chair d’un animal égorgé par les Gens du
Livre quand il s’agit de viande licite pour les musulmans, à condition de s’assurer

192
qu’elle est exempte de tout ingrédient illicite. Cette viande est toutefois prohi-
bée, dans tous les cas s’il est établi que l’animal n’a pas été égorgé de façon licite.
Huitièmement : En principe, l’égorgement de la volaille ou d’un autre ani-
mal doit être effectué de façon manuelle. Il est toutefois permis d’utiliser des
instruments mécaniques pour l’égorgement de la volaille, étant donné que les
conditions d’un égorgement conforme à la Charia sont réunies telles que spé-
cifiées dans le paragraphe “deuxièmement”. Il est permis de prononcer le nom
d’Allah pour un ensemble d’animaux, à condition qu’il n’y ait pas d’interruption
dans l’opération d’égorgement. S’il y a interruption, l’invocation sera réitérée.
Neuvièmement :
1. Si les viandes sont importées de pays dont la population est constituée en
majorité par des Gens du Livre et que les animaux y sont égorgés dans
des abattoirs modernes et d’une façon licite et en observant les condi-
tions d’égorgement stipulées par la Charia précisée dans le paragraphe
deuxièmement, leur consommation est licite, conformément à la parole
divine : “Il vous est permis de consommer la nourriture des Gens du Livre”
(Sourate La Table Servie, V. 5)
2. Les viandes importées de pays dont la population n’appartient pas en
majorité aux Gens du Livre, sont interdites puisqu’il existe une forte pré-
somption que l’égorgement a été effectué par une personne non habilitée
(aux yeux de la Charia).
3. La consommation de viandes importées de pays tel que défini dans l’ali-
néa (2) est permise si l’égorgement a lieu sous la supervision d’une insti-
tution islamique agréée et si l’égorgeur est musulman ou appartient aux
Gens du Livre.
Le Conseil recommande ce qui suit :
Premièrement : Les gouvernements des pays musulmans sont invités à inter-
venir auprès des autorités des pays non musulmans dans lesquels résident des
musulmans, afin qu'ils offrent à ces derniers la possibilité d’égorger les animaux
d’une façon licite sans recourir à l’étourdissement.
Deuxièmement : Pour éliminer tous les problèmes découlant de l’importa-
tion de viandes à partir de pays non musulmans, il est indispensable de mettre
en œuvre les mesures suivantes :
1. Œuvrer au développement du cheptel dans les pays musulmans afin d’as-
surer leur autosuffisance dans ce domaine.
2. Se limiter, dans la mesure du possible, à l’importation de viandes à partir
des pays musulmans.
3. Importer le bétail sur pied et l’égorger selon la méthode islamique, pour

193
être certain que les conditions prescrites par la Charia sont observées.
4. Demander à l’Organisation de la Conférence islamique de désigner un
organe islamique unique en vue d’assurer l’amélioration des opérations
de contrôle des viandes importées, et ce par la création d’une institution
chargée d’établir des règlements détaillés spécifiant les conditions d’égor-
gement conformes à la Charia et d’assurer directement, à plein temps et
sur le terrain, le contrôle et la supervision de cette tâche, et ce, avec l’assis-
tance d’experts en matière de Charia et de techniciens. Les viandes jugées
conformes par cette instance devront porter une marque commerciale
distinctive de validation inscrite au registre des marques commerciales
déposées et protégées au plan international par la loi.
5. Œuvrer à ce que la mission de contrôle ne soit confiée qu’à la seule auto-
rité ci-dessus mentionnée à l’alinéa (d) et inviter tous les États islamiques
à ne reconnaître que cette autorité.
6. En attendant la mise en œuvre de la recommandation indiquée à l’alinéa
(4) de ce dispositif, il est demandé aux exportateurs et importateurs de
viandes de s’engager à respecter les conditions d’égorgement licite de tout
animal dont la viande est destinée aux pays musulmans, afin d’épargner
aux musulmans le risque de commettre un acte illicite (haram) en faisant
preuve de laxisme en important des viandes sans s’assurer au préalable
que l’animal a été égorgé d’une façon licite.
Allah est plus Savant

194
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 96 (4/10)
La Carte de Crédit
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 10ème session, à Jeddah (Royaume d’Ara-
bie saoudite), du 23 au 28 Safar H (28 juin – 3 juillet 1997) ;
Ayant pris connaissance des études présentées au sujet de “la Carte de cré-
dit” et écouté les délibérations qui ont eu lieu à ce propos, avec la participation
de Fouqaha et d’économistes ;

Décide ce qui suit :


A. Charger le Secrétariat général de l’Académie de procéder à l’inventaire des
différentes conditions et conventions relatives aux cartes émises par les banques.
B. Constituer une commission en vue d’examiner les formules de cartes
pour en déterminer les caractéristiques et les différences et pour en définir leurs
conceptualisations au regard de la Charia, après s’être procuré des modèles arabes
et étrangers de ces différentes cartes.
C. D’organiser un colloque pour débattre de ce thème, à la lumière des pré-
paratifs précédents et élaborer des conclusions exhaustives pour les soumettre à
la prochaine session du Conseil.
Recommande ce qui suit :
A. La nécessité de reformuler la terminologie économique ayant trait à ce
domaine, ainsi que les objectifs de la Charia concernant les transactions licites
et illicites, en fonction de leurs réalités propres et dans la transparence totale
de leur teneur. À cet égard, il convient d’accorder la préférence aux termes qui
existent déjà dans la terminologie chariatique pour en consacrer la forme et le
contenu, tout particulièrement dans la terminologie susceptible d’avoir des in-
cidences jurisprudentielles chariatiques, de manière à rectifier la terminologie
économique et à l’harmoniser avec la terminologie du Fiqh, en puisant dans le
patrimoine de la Oumma et les concepts de la Charia.
B. Inviter instamment les autorités concernées dans les pays musulmans à
interdire aux banques d’émettre des cartes de crédit usurières, afin de prému-
nir la Oumma contre les risques inhérents à l’usure prohibée et de préserver les
économies nationales et les biens des individus.

195
C. Créer un organe chariatique financier et économique chargé de protéger
les individus contre les abus des banques et de sauvegarder leurs droits dans les
limites des dispositions de la Charia et élaborer une politique financière, pour
protéger l’économie nationale et établir des règlements soigneusement conçus
en vue de protéger la société et les individus contre les abus des banques et de
prémunir la Oumma contre les conséquences néfastes qui en découlent.
Allah est le Garant du succès

196
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 97 (5/10)
Le Rôle de la Femme musulmane dans le Développement
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 10ème session, à Jeddah (Royaume d’Ara-
bie saoudite), du 23 au 28 Safar H (28 juin – 3 juillet 1997) ;
Ayant pris connaissance des recommandations au sujet du “Rôle de la
femme musulmane dans le développement” et après délibérations à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Charger le Secrétariat Général de l’Académie de mettre en place une commis-
sion en vue d’étudier les recommandations relatives au “rôle de la femme mu-
sulmane dans le développement” et de soumettre les conclusions des travaux de
cette commission à une prochaine session du Conseil, in sha Allah.
Allah est le Garant du succès

197
Résolutions et Recommandations de la 11ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Manama
Bahreïn

25–30 Rajab 1419


14–19 Novembre 1998
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 98 (1/11)
L’Unité islamique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant la question de
l’unité islamique, et à la lumière des débats qui ont attiré l’attention sur le fait
que cette question compte parmi les causes les plus importantes qu’il incombe
à la Oumma islamique d’étudier sous le double aspect théorique et pratique et
qu’œuvrer pour l’unité intellectuelle, législative et politique de la Oumma et
d’affermissement de sa foi monothéiste pure, constitue l’un des objectifs pri-
mordiaux de cette Académie internationale;

Décide ce qui suit :


Premièrement : L’unité islamique est un devoir et un commandement divin
dont le Très Haut a fait un attribut indissociable de cette Oumma par l’injonc-
tion coranique : “Attachez - vous tous au Pacte d’Allah et ne vous divisez point”
(Sourate La famille d’Imrân, V. 103), et la parole divine : “Cette communauté qui
est la vôtre est une Communauté unique” (Sourate Les Prophètes, V. 92). Cette
vérité trouve, au demeurant, son illustration dans la Sounna, dans les propos et
les actes du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, qui a dit : “La vie de tous les musulmans est de même
valeur, ils sont une seule et même main contre les autres. L’asile offert par le plus
modeste d’entre eux s’applique à eux tous”. Le Messager d’Allah ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a, effecti-
vement, réalisé cette unité par la fraternité entre les Mouhajirines et les Ansars.
Cette unité a été matérialisée par le tout premier document (constitution)
de l’État islamique à Al-Madinah Al-Mounawarah où il est dit des musulmans
qu’ils sont “une seule Nation parmi les Hommes”.
Ces textes, qu’il s’agisse de Versets coraniques ou de Hadiths, signifient que
les Croyants doivent s’unir sous la bannière de l’Islam en s’attachant au Noble
Livre et à la Sounna. Ils signifient également qu’ils doivent bannir les vieilles ran-
cunes, le tribalisme, les ambitions personnelles et les bannières racistes. Quand
il en avait été ainsi, à l’époque du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et dans les premiers temps de la

200
Révélation, la religion et la Nation de l’Islam avaient prospéré et s’étaient éten-
dues à l’Est comme à l’Ouest.
La Oumma conduisait alors la civilisation universelle par le biais de la civi-
lisation de l’Islam, qui était la plus grande civilisation de l’époque, parce que
fondée sur le culte d’Allah L’unique, et porteuse de justice, de liberté et d’égalité.
Deuxièmement : L’unité islamique réside dans la concrétisation de la sou-
mission à Allah le Très-Haut par la croyance, par les actes et par la parole, en
se conformant aux enseignements du Noble Livre d’Allah et de la Sounna du
Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et en préservant cette religion qui réunit les musulmans autour de
la Parole de vérité, dans les différents domaines du vécu : intellectuel, écono-
mique, social et politique. Sitôt qu’elle avait dévié des fondements de son unité,
la Oumma s’était trouvée engluée dans les querelles intestines. Les motifs de
déchirement et de discorde n’ont fait que s’accentuer, et ce pour maintes raisons,
dont les pratiques d’un colonialisme toujours prompt à appliquer la vieille re-
cette du “diviser pour régner”. Le colonisateur s’était empressé ainsi de diviser
la Oumma, de la dépecer en morceaux épars sur des bases de “nationalismes” et
d’appartenances ethniques et de créer la division entre Arabes et Musulmans.
Les orientalistes déployèrent beaucoup de zèle à consacrer ces clivages dans des
thèses auxquelles ils donnèrent la plus large publicité parmi le public musulman.
Troisièmement : Les divergences jurisprudentielles, qui procèdent de l’Ij-
tihad en ce qui concerne la compréhension des textes de la Charia et de leurs
signifiants, sont chose naturelle en soi. Ces divergences ont en effet contribué à
enrichir le thesaurus législatif qui réalise les buts et les spécificités de la Charia,
et ont contribué à faciliter la pratique et à dissiper les gênes rencontrées, ce qui
constitue certains des objectifs et des particularités de la Charia.
Quatrièmement : Les musulmans ont l’obligation de veiller à la sauvegarde
du prestige et de l’aura de tous les Compagnons du Prophète .
Les Savants sont appelés à louer leurs mérites, à exalter leur rôle dans la trans-
mission de la Charia à la Oumma et à mettre en évidence leurs droits sur cette
Oumma. Quant aux Gouvernements, il leur incombe de promulguer des règle-
ments pour châtier quiconque minimiserait leur importance d’une manière ou
d’une autre. Ainsi la valeur des Compagnons (Puisse Allah être satisfait d’eux)
sera préservée et l’un des germes de discorde extirpé.
Cinquièmement : Il est nécessaire de se conformer au Livre et à la Sounna
et de suivre l’exemple des devanciers parmi les Compagnons (Puisse Allah être
satisfait d’eux tous), et leurs disciples dans la bonne action, en s’écartant des
chemins de la perdition, en se gardant de tout ce qui risque de provoquer des
dissensions et de diviser les musulmans, et en vouant ses efforts à l’appel à l’Is-
lam et à la diffusion de ses principes parmi les non-musulmans.

201
Les recommandations :
Notre époque est - et cela n’est un secret pour personne - celle des regroupements
et des grands blocs qui poursuivent chacun ses propres objectifs idéologiques et
socio-économiques au nom de la mondialisation, de la laïcité et de la modernité.
L’ouverture de l’espace médiatique sans nulle restriction ni entrave d’aucune
sorte a fait du monde musulman la cible d’une campagne virulente visant à le
déposséder de ses spécificités et à gommer son identité et les traits spirituels et
intellectuels de sa civilisation. Or, notre Oumma ne pourra se prémunir de ces
périls que par l’union et l’élimination des facteurs de division, d’autant plus
qu’elle possède tous les éléments objectifs pour réaliser une telle unité dogma-
tique, sociale, économique, législative et culturelle.
En conséquence, l’Académie recommande ce qui suit :
A. Réaffirmer la résolution de l’Académie N°48 (5/10) sur l’application des
dispositions de la Charia ainsi que les recommandations pertinentes faites ul-
térieurement, et la résolution de l’Académie N°69 (7/7) sur l’invasion intellec-
tuelle (première recommandation).
B. Exhorter les gouvernements des pays musulmans à soutenir les efforts de
l’Organisation de la Conférence islamique et de l’Académie internationale du
Fiqh islamique en tant qu’illustrations de l’unité politique et intellectuelle des
musulmans.
C. Transcender les contentieux historiques, sachant que le fait de les soulever
ne peut que raviver les rancunes et accentuer la discorde.
D. Cultiver la bonne opinion et la confiance mutuelle entre les États et les
peuples musulmans, en incitant les médias à promouvoir l’esprit d’harmonie
et à professer l’éthique de dialogue, de tolérance et d’indulgence vis-à-vis des
divers points de vue interprétatifs.
E. Mobiliser la Oumma autour des causes qui engagent son avenir et aux-
quelles elle adhère unanimement, et en tout premier lieu, la cause d’Al-Qouds
et de la Mosquée Al-Aqsa, première des deux Qibla et lieu d’ascension (’Isra’a)
du Messager d'Allah ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, afin de repousser les dangers qui en menacent l’islamité
et d’en affirmer le caractère de cause commune de tous les musulmans.
Les participants à la Conférence en appellent à cet égard aux gouvernements
des pays musulmans en vue d’accorder un intérêt accru à cette cause et aux causes
similaires, et de prendre les mesures qui s’imposent, dont :
• La condamnation des politiques de déportation, de colonisation et de judaï-
sation dont sont l’objet les territoires et les populations de Palestine, ainsi que
l’occupation, l’injustice, la répression, les spoliations, le meurtre, le déracine-
ment et les atteintes à la dignité de l’Homme et aux droits fondamentaux de

202
la personne dont sont victimes les citoyens palestiniens.
• Le soutien sans réserve à la Palestine militante, à sa Terre Bénie et à la
Mosquée Al-Aqsa, Première des deux Qibla, dans sa lutte pour l’indépen-
dance, et la solidarité avec le peuple Palestinien dans sa résistance et son
vaillant combat.
• La dénonciation du mouvement sioniste et de l’occupation israélienne pour
les brimades de toutes sortes et les exactions odieuses exercées à l’encontre
du peuple palestinien qui lutte pour son émancipation et la libération de
ses Lieux Saints.
F. Accorder tout intérêt requis aux mécanismes prioritaires dans la concréti-
sation par étape de l’unité islamique, tels que :

1. L’élaboration des manuels scolaires sur des bases islamiques.


2. La mise en oeuvre de la stratégie d’information islamique commune.
3. La création du marché commun islamique.
4. La mise en place de la Cour Islamique de Justice.

G. Le Secrétariat Général de l’Académie islamique du Fiqh désignera un


Comité d’Académiciens et d’Experts en vue de conduire des études pratiques
qui tiendront compte des réalités de la Oumma, embrasseront tous les aspects
culturels et socio-économiques et identifieront les mécanismes à même de ré-
aliser l’unité dans ces domaines, tout en tirant profit des efforts actuellement
déployés dans le cadre des organisations interarabes et islamiques et en mettant
à contribution les spécialistes concernés.
Afin de garantir le sérieux de cette initiative et l’applicabilité des conclusions
auxquelles ledit Comité pourrait aboutir, nous recommandons que sa compo-
sition et ses attributions soient approuvées par l’Organisation de la Conférence
islamique.
Allah est le Garant du succès

203
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 99 (2/11)
La Laïcité
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant la question
de la “Laïcité”, et à la lumière des débats qui ont attiré l’attention sur le danger
que ce phénomène fait courir à la Oumma islamique,

Décide ce qui suit :


Premièrement : La laïcité (c’est-à-dire la séparation de la religion et du tem-
porel) est une doctrine qui a été inventée en réaction aux agissements arbitraires
de l’Église.
Deuxièmement : La laïcité s’est propagée à travers les pays musulmans par
le fait du colonialisme et de ses acolytes et sous l’influence des orientalistes. Ce
phénomène pernicieux a disloqué la Oumma, semé le doute dans la vraie foi et
entaché l’histoire immaculée de notre Nation en faisant croire à la jeune géné-
ration qu’il y aurait une contradiction entre la raison et les textes de la Loi isla-
mique. Ce faisant, on a tenté de substituer les systèmes positivistes à la Charia
glorieuse, de faire le lit de la permissivité et de la décadence et de consacrer la
faillite de la vertu et des valeurs supérieures.
Troisièmement : La plupart des idéologies subversives et des idées destruc-
trices qui ont envahi nos contrées sous les appellations les plus hétéroclites
comme le racisme, le communisme, le sionisme, la franc-maçonnerie et autres
émanent de la laïcité. Ces idéologies ont entraîné la dégradation des richesses de
la Oumma et la détérioration de sa situation économique. Elles ont également
ouvert la porte à l’occupation de certaines de nos contrées telle que la Palestine,
ce qui prouve qu’elles ne peuvent apporter aucun bien à notre Oumma.
Quatrièmement : La laïcité est une idéologie positiviste qui repose sur
l’athéisme et est donc en contradiction totale avec l’Islam. Convergeant avec le
sionisme mondial et les courants décadents et subversifs, la laïcité est une doc-
trine hérétique qu’Allah et Son Prophète proscrivent et que les Croyants rejettent.

204
Cinquièmement : L’Islam est à la fois religion, État et mode de vie. L’Islam
vaut en tout temps et en tout lieu. En Islam, la religion est indissociable de la
vie quotidienne, et c’est de cette religion qu’émanent toutes les prescriptions
qui régissent le vécu de chaque musulman. L’Islam empreint, en fait, chaque
acte de notre vie, aussi bien sur le plan politique qu'économique, social, édu-
catif, informatif et autres.

L’Académie recommande ce qui suit :


A. Il incombe aux gouvernements de barrer la route à la laïcité, de l’empê-
cher d’instiller son venin parmi les musulmans et leurs pays, et de prendre les
dispositions nécessaires pour les en prémunir.
B. Il incombe aux Savants d’intensifier leurs efforts en matière de Da’wa pour
révéler le vrai visage de la laïcité et mettre le public en garde contre ce fléau.
C. Il importe de concevoir une stratégie d’éducation islamique cohérente et
de la mettre en oeuvre dans les écoles, universités, centres de recherche et réseaux
d’information dans le sens d’une formule unique et d’un discours pédagogique
unique. Il importe également de revaloriser la mission des mosquées, de per-
fectionner le sermon, la rhétorique et le prêche, de donner à ceux qui en ont
la charge une formation adaptée aux exigences de notre temps, de dissiper les
soupçons et les préjugés et de préserver les nobles objectifs de la glorieuse Charia.
Allah est le Garant du succès

205
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 100 (3/11)


L’Islam face au modernisme exacerbé
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie sur le thème de “l’Islam
face au modernisme exacerbé” et à la lumière des débats qui ont attiré l’attention
sur la gravité de cette question et révélé au grand jour la réalité du modernisme
exacerbé en tant qu’idéologie nouvelle, fondée sur la déification de la raison, le
rejet de l’Invisible et du Divin, la négation de la Révélation et la destruction de
tout le patrimoine des croyances, des valeurs et des principes éthiques et moraux ;
Considérant que les principales caractéristiques de ce modernisme sont,
pour ses partisans et ses zélateurs :
• De compter de manière absolue sur la raison et de se borner aux seules don-
nées de la science expérimentale, aux antipodes du véritable dogme islamique.
• D’établir une séparation totale entre la religion et l’ensemble des institu-
tions culturelles, sociales, économiques, politiques et caritatives, rejoignant
en cela la laïcité.

En conséquence, l’Académie décide :


I. Le modernisme, au sens évoqué plus haut, est une doctrine athée qu’Allah,
Son Messager et les Croyants réprouvent parce qu’antinomique avec les fon-
dements et les principes de l’Islam, même lorsque ce modernisme se pare des
habits de la défense de l’Islam et prétend le rénover.
II. Il y a dans les préceptes de l’Islam et dans les prescriptions de la Charia
une ressource amplement suffisante pour répondre aux besoins de l’humanité
en tout temps et en tout lieu, car reposant sur des constantes et des vérités
absolues sans lesquelles la vie humaine ne serait rien, mais aussi sur des variables
qui favorisent le progrès et l’évolution et assimilent toute chose nouvelle et utile
à travers un “Ijtihad” maîtrisé qui puise aux sources plurielles de la législation
et de la jurisprudence.

206
L’Académie recommande,
A. L’Organisation de la Conférence islamique doit constituer un Comité de
penseurs et d’intellectuels musulmans appelé à se pencher sur le phénomène du
modernisme et sur ses conséquences, et de l’étudier de manière scientifique, ob-
jective et exhaustive afin d’attirer l’attention sur les aspects factices et racoleurs
que ce modernisme recèle et de prémunir les jeunes générations de la Oumma
islamique contre ses effets pernicieux.
B. Il incombe aux gouvernants des musulmans de barrer la route à ce mo-
dernisme factice et de prendre les mesures appropriées pour en prémunir leurs
concitoyens et leurs patries.
Allah est le Garant du succès

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 101 (4/11)


La Vente de Dettes et des Titres d’Emprunt et leurs
Alternatives licites dans les Secteurs publics et privés
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant la “vente de
dettes et des titres d’emprunt et leurs alternatives légales dans les secteurs pu-
blic et privé”, et à la lumière des débats qui ont attiré l’attention sur le fait que
cette question figure parmi les grands dossiers de l’heure en matière de transac-
tions financières ;

Décide :
I. Il est illicite de vendre une dette rééchelonnée, autrement qu’au débiteur
par paiement anticipé dans une monnaie de même nature ou de nature diffé-
rente, parce que cette pratique mène à l’usure. Il est également illicite de vendre
cette dette sur paiement différé dans une monnaie de même nature ou de na-
ture différente, parce que cela reviendrait à vendre une créance contre une autre
créance, ce qui est prohibé par la Charia. Il n’y a point de différence, dans le cas
d’espèce, entre une créance née d’un prêt ou une créance née d’une vente à terme.
II. De réaffirmer la résolution de l’Académie N°60 (11/6) sur les titres à sa
6e session, tenue au Royaume d’Arabie Saoudite, du 17 au 23 Chabane 1410 H
(14–20 mars 1990), ainsi que le paragraphe (3) de la Résolution nº 64 (2/7)
sur l’escompte des effets de commerce, à sa 7e session, au Royaume d’Arabie
Saoudite, du 7 au 12 Dhoul Quida 1412 H (9–14 mai 1992).
III. L’Académie a passé en revue d’autres formes de vente de la dette. Elle a
décidé de différer son verdict à leur sujet pour complément de recherche, et de
demander au Secrétariat Général de former une Commission en vue d’étudier
ces formes de vente et de proposer des alternatives légales à la vente de la dette,
l’Académie devant se saisir à nouveau de la question à une session ultérieure.
Allah est plus Savant

208
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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Résolution nº 102 (5/11)


Le Commerce de Devises
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant la question
“du commerce des devises”, et ayant suivi les débats qui ont eu lieu à ce sujet.

Décide :
I. De réaffirmer la résolution de l’Académie N° 21(9/3) sur les billets de
banque et la fluctuation de la valeur de la monnaie, ainsi que les résolutions N°
63(1/7) sur les marchés financiers (paragraphe 3) : les transactions de marchan-
dises, de devises et d’indices dans les marchés organisés ; N° 2 (Transaction en
devises) ; et N° 53(4/6) sur la possession (paragraphe 2/1–C).
II. Il est illicite, au regard de la Charia, de vendre des devises à terme
tout comme il est illicite d’en promettre la conversion, cet interdit étant
expressément mentionné dans le Livre et la Sounna et faisant l’unanimité de
la Oumma.
III. L’usure, le commerce des devises et la pratique du change non soumis
aux règles de la Charia comptent parmi les principales causes à l’origine des
crises et des convulsions qui ont fait chanceler les économies de certains États.

L’Académie recommande
Il est nécessaire d’établir un contrôle légal sur les marchés financiers et d’en
assujettir les transactions aux dispositions de la Charia afférentes au commerce
des devises et autres, car ces dispositions constituent une soupape de sûreté en
cas de catastrophes économiques.
Allah est le Garant du succès

209
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Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 103 (6/11)


Le Contrat de Maintenance
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant “le contrat de
maintenance”,
ayant suivi les débats qui ont eu lieu à ce sujet,

DÉCIDE :
I. Le contrat de maintenance est un nouveau type de contrat indépendant
auquel s’appliquent les dispositions générales régissant les contrats. Sa modé-
lisation selon les principes de la Charia et son jugement varient en fonction
de la forme du contrat. Il s’agit d’un contrat dont la nature est d’accorder une
rémunération en échange de laquelle l’une des parties s’engage à procéder aux
contrôles d’entretien et aux réparations périodiques ou imprévues sur une ma-
chine ou autre, pendant une période convenue et en contrepartie d’une indem-
nisation convenue. La partie appelée à assurer cette maintenance peut s’engager
à fournir la main-d’œuvre seule ou la main-d’œuvre et les pièces de rechange.
II. Il existe plusieurs formules de contrat de maintenance, dont le
jugement de certaines d’entre elles a pu être déterminé, à savoir :
1. Le contrat de maintenance non accompagné d’un autre contrat et
dans lequel le prestataire s’engage à fournir uniquement la main-
d’œuvre, ou bien la main-d’œuvre et des consommables de valeur
insignifiante dont les contractants ne tiennent habituellement pas
compte. Ce type de contrat, qui est assimilable à un contrat de
location de service, est juridiquement valable, à condition que le
travail à effectuer et la rémunération à payer soient déterminés.
2. Le contrat de maintenance non accompagné d’un autre contrat et
dans lequel le prestataire s’engage à fournir la main-d’œuvre et le
propriétaire les matériaux. Ce type de contrat obéit aux mêmes
conditions et dispositions citées plus haut.

210
3. La maintenance mise en condition dans une vente, par le vendeur
pendant une période déterminée. Ce type de contrat est assimilable
à la forme d’une condition ajoutée à une vente et est licite, que la
maintenance soit assurée avec ou sans fourniture de matériaux.
4. La maintenance mise en condition dans un contrat de location,
qu’elle soit à fournir par le loueur ou par le locataire. C’est un
contrat dans lequel une condition est ajoutée à une location.
Les dispositions qui régissent cette forme de contrat stipulent
que, lorsque la maintenance est d’une nature telle qu’elle permet
d’assurer l’usage du bien loué, elle incombe obligatoirement au
propriétaire sans qu’il soit nécessaire qu’une telle condition soit
stipulée, et cette forme de maintenance ne peut être mise à la
charge du locataire. À l’inverse, lorsque l’usage n’est pas tributaire
de la maintenance, celle-ci peut être assurée soit par le loueur soit
par le locataire, sous réserve d’être mentionnée en termes explicites.
Il existe également d’autres formes de contrat de maintenance à
l’examen desquelles l’Académie a décidé de surseoir pour complément
d’étude et de recherche.
III. Dans tous les cas de figure, la maintenance doit être déterminée en
termes explicites et non de manière équivoque pouvant aboutir à des différends.
En outre, lorsque les matériaux sont à la charge du prestataire, ils doivent être
également mentionnés et la rémunération fixée à l’avance dans toutes les formes
de contrat.
Allah est plus Savant

211
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 104 (7/11)


Les Modalités d’Exploitation des Nawazil (Fatwas)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie sur “les modalités d'exploi-
tation des Nawazils”, et ayant suivi les débats qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide :
1. De mettre à profit le patrimoine jurisprudentiel des Fatwas (Nawazils)
dans toutes ses composantes, afin de trouver une réponse aux ques-
tionnements de notre époque, tant sur le plan de la méthodologie de la
Fatwa à la lumière des règles de l’Ijtihad, de la déduction (l’Istinbat), de la
construction de réponses subsidiaires sur les bases de principes généraux
(Takhrij), et des règles de jurisprudence, que sur le plan des différentes
ramifications et branches du Fiqh qu’il a été donné aux Fouqaha de traiter
dans des circonstances similaires, au stade des applications pratiques à
l’époque où ils ont vécu.
2. Œuvrer à la recension des principaux ouvrages de référence en matière
de Fatwas, et à faire revivre les ouvrages auxiliaires à ce sujet tels que
“Al-Tanbihat ala al-Mudawana” du Qadi Iyad, “Al-Barnamaj” du Cheikh
Adhoum, les Fatwas de l’Imam Ghazali, “Taqwim Al-Nadhar” d’Ibn Al-
Dahan, ainsi que les ouvrages dédiés aux avis choisis en raison des us et
coutumes dans le rite malékite et ses capitales scientifiques comme Fès,
Kairouan et Cordoue, et les exposés d’Abu Al-Saoud et autres traités qui
peuvent constituer une méthodologie pour mettre en évidence la vitalité
et la permanence du Fiqh.
3. D’éditer une monographie détaillée faisant la synthèse des fondements
et des règles de l’Ifta, de la terminologie propre à chaque école jurispru-
dentielle, des méthodes spécifiques à chaque rite pour choisir l’avis retenu
(Tarjih) ou construire des réponses subsidiaires sur les bases de principes
généraux (Takhrij), y compris en répertoriant les avis choisis en raison des

212
us et coutumes dans le rite malékite et autres, et la publication du livre
“Al-Madkhal ila Fiqh Al- Nawazil”, oeuvre du Président de l’Académie.
4. D’incorporer le reste des traités relatifs aux Fatwas dans le plan de l’En-
cyclopédie des règles du Fiqh, pour faciliter ainsi l’accès aux règles sur
lesquelles se fondent les Fatwas et qui ne figurent pas dans les codes de
jurisprudence.
L’Académie recommande :
1. Il convient de se méfier des Fatwas qui ne reposent pas sur un fondement
chariatique et ne s’appuient pas sur des références juridiquement valables,
mais seulement sur des intérêts illusoires juridiquement nuls, variant au
gré des humeurs et des circonstances et contraires aux usages, aux prin-
cipes et aux objectifs de la Charia.
2. Les Savants, les corps constitués et les Comités en charge de l’Ifta doivent
être incités à tenir compte des résolutions et des recommandations des
Académies du Fiqh par souci de réglementer, de coordonner, d’harmoni-
ser et d’unifier les Fatwas à l’échelle du monde musulman.
3. Il convient de restreindre les demandes de Fatwas aux seules personnes
qui se distinguent par leur érudition, leur réserve et leur crainte d’Allah.
4. Il est impératif pour ceux appelés à émettre des Fatwas de respecter les
règles de l’Ifta telles qu’énoncées par les Savants, notamment :

a. En se conformant aux références chariatiques que sont le Noble


Coran, la Sounna, le consensus, le Qiyas et les autres référentiels
de jurisprudence, et en appliquant scrupuleusement les règles de
l’Istidlal et de l’Istinbat.
b. En veillant à l’établissement d’un ordre de priorité pour ce qui est de
générer les avantages et de repousser les conséquences néfastes.
c. En tenant compte du Fiqh circonstanciel, des usages, et des
circonstances des différentes époques et différents lieux, pour autant
qu’il n’y ait pas de contradiction avec l’un des fondements de la
Charia.
d. En évoluant au diapason d’un progrès civilisationnel alliant l’intérêt
avéré et l’attachement aux prescriptions de la Charia.
Allah est le Garant du succès

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Résolution nº 105 (8/11)


L’Hérédité et le Génie génétique et le Génome
humain : Une Perspective islamique
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie sur le thème ci-dessus indi-
qué, et ayant consulté les résolutions et recommandations issues du 11e séminaire
de jurisprudence médicale co-organisé par l’Académie internationale du Fiqh is-
lamique (Jeddah), l’Organisation Islamique des Sciences Médicales (Koweït), le
Bureau régional de l’Organisation Mondiale de la Santé (Alexandrie), et l’Orga-
nisation du Monde musulman pour l’Éducation, les Sciences et la Culture, du
23 au 25 Joumada Al-Akhira 1419 H (13–15 octobre 1993) au Koweït.

Décide:
De surseoir à l’examen de la question pour complément d’étude et de recherche.
Allah est le Garant du succès

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Résolution nº 106 (9/11)


Le Séminaire d’Experts concernant le Rôle de la Femme
dans le Développement de la Société musulmane
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 11ème session, à Manama (Bahreïn), du
25 au 30 Rajab H (14–19 Novembre 1998) ;

Ayant délibéré et ayant récolté les différents points de vue


Décide de surseoir à l’examen de la question pour complément d’étude et
de désigner à cette fin une Commission composée de Son Éminence le Cheikh
Dr. Bakr Bin Abdallah Abu Zeid, Président du Conseil de l’Académie, de Son
Éminence le Cheikh Ali Taskhiri et de Son Éminence le Cheikh Mohammed
Taqi Usmani, ladite Commission devant soumettre son rapport à la prochaine
session du Conseil.
Allah est le Garant du succès

215
Résolutions et Recommandations de la 12ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Riyad
Royaume d’Arabie saoudite

25 Joumada Al-Akhira au 1er Rajab 1421


23–28 Septembre 2000
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 107 (1/12)


Les Contrats d’Approvisionnement et les Appels d’Offres
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant examiné les études présentées au Conseil concernant (les contrats
d’approvisionnement et les appels d’offres),
et ayant suivi les débats qui ont eu lieu à ce sujet avec la collaboration des
membres du Conseil, ses experts et plusieurs Fouqaha,

Décide ce qui suit :


1. Le contrat d’approvisionnement
Premièrement : Le contrat d’approvisionnement est un contrat sur la
base duquel une première partie s’engage à fournir des marchandises défi-
nies, de manière différée et régulière, pour une période déterminée, à une
seconde partie, en contrepartie d’une somme fixée, entièrement différée
ou en partie.
Deuxièmement : Si l’objet du contrat d’approvisionnement est une
marchandise qui nécessite fabrication, le contrat est donc celui d’une
fabrication (Istisna’) auquel s’appliquent les règles de celle-ci. L’Académie
Islamique a adopté à ce sujet la Résolution nº 65 (3/7).
Troisièmement : Si l’objet du contrat d’approvisionnement est une mar-
chandise qui ne nécessite pas fabrication, mais devra être livrée, au mo-
ment prévu, conformément à des caractéristiques déterminées ; cela peut
avoir lieu de deux manières :
a. L’importateur paye d’avance la somme dans sa totalité au moment du
contrat, il s’agit là d’un contrat qui suit la règle applicable au contrat
“Salam” (la vente d’un objet livré à terme et payé à l’avance), celui-ci
est permis selon les conditions de la Charia précisées par l’Académie
dans sa Résolution nº 85 (2/9).
b. Si l’importateur ne paye pas à l’avance la somme dans sa totalité au

218
moment du contrat, ce dernier n’est pas licite, car il est fondé sur la
promesse réciproque qui engage les deux parties. L’Académie a adopté
la Résolution nº 40-41 qui prévoit que la promesse engageante
ressemble au contrat lui-même, la vente devenant ainsi du type de
celle du “différé contre le différé”. Or, si la promesse réciproque
n’engage pas la responsabilité de l’une des deux parties ou les deux,
elle devient licite à condition que la vente ait lieu par un nouveau
contrat ou par la livraison.
2. Le Contrat d’appel d’offres
Premièrement : L’appel d’offres est la tentative d’arriver à l’offre la plus
basse pour l’achat d’une marchandise ou un service. La partie requérante
invite les parties intéressées à formuler leurs offres selon des conditions et
des caractéristiques déterminées.
Deuxièmement : L’appel d’offres est licite dans la Charia. Il est équivalent
à la vente aux enchères et les dispositions afférentes à cette dernière s’y
appliquent, que ce soit un appel d’offres général ou limité, intérieur ou
extérieur, annoncé ou discret. L’Académie a adopté concernant la vente
aux enchères la Résolution nº 73 (8/4) lors de sa 8ème session.
Troisièmement : Il est licite de limiter la participation à l’appel d’offres
aux seuls classés officiellement, ou à ceux possédant une autorisation gou-
vernementale. Il est obligatoire que cette classification ou cette autorisa-
tion soit établie sur des bases objectives et justes.

Allah est plus Savant


219
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 108 (2/12)


Les Cartes de Crédit à Débit différé
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Partant de la résolution du Conseil N°63 (1/7) concernant les marchés fi-
nanciers à propos des cartes de crédit où il a été décidé de statuer sur la concep-
tualisation de cette carte selon les règles de la Charia et son jugement lors d’une
prochaine session ;
Se référant à la Résolution nº 96 (4/10) du Conseil lors de sa 10ème session ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant (les cartes de
crédit à débit différé) ;
Et ayant suivi les débats qui ont eu lieu avec la participation des Fouqaha
et des économistes, et après s’être référé à la définition de la carte de crédit dans
sa Résolution nº 63 (1/7) dont on peut conclure que la définition de la carte
de crédit est :
un document que son émetteur (la banque émettrice) remet à une personne
physique ou morale (le porteur de la carte), sur la base d’un contrat conclu entre
les deux parties, afin que cette dernière puisse acheter des marchandises ou des
services auprès d’une partie acceptant ce document (le commerçant), sans effectuer
de paiement immédiat puisqu’il comprend un engagement à payer de la part de
l’émetteur. Le paiement se fait alors sur le compte de l’émetteur qui le prélèvera
ensuite sur celui du porteur à des échéances régulières. Certaines d’entre elles
impliquent des intérêts sur le total du solde impayé à partir d’une période donnée à
compter de la date d’échéance. D’autres n’imposent rien.

Décide ce qui suit :


Premièrement : Il est illicite de délivrer une carte de crédit à débit différé ainsi
que son utilisation si elle est conditionnée par l’ajout d’un intérêt, même si le
requérant de la carte a la ferme intention de rembourser dans le cadre de la pé-
riode autorisée sans frais.
Deuxièmement : Il est licite de délivrer une carte de crédit à débit différé si

220
elle n’implique pas de supplément d’intérêt ajouté à la dette principale. Il en
découle ce qui suit :
a. La permission pour l’émetteur de facturer au client des frais forfaitaires
lors de la délivrance ou du renouvellement de la carte en ce qu’ils
représentent le coût réel des services proposés par celui-là.
b. La permission pour la banque émettrice de prendre du commerçant une
commission sur les achats du client à condition que le prix de vente avec
la carte soit le même que le prix payable en espèces.
Troisièmement : le retrait d’espèces par le porteur de la carte est un prêt
de la part de son émetteur ; en conséquence, il n’y a aucun mal au regard de la
Charia s’il n’implique pas d’intérêt. De même les frais forfaitaires qui ne sont
pas liés à la somme créditée ou sa durée ne sont pas une forme d’intérêt. Tout
supplément aux services effectifs est illicite, car il est considéré comme intérêt
usurier contraire à la Charia ainsi qu’il en est fait mention dans les résolutions
N°10 (10/2) et 13 (1/3) de l’Académie.
Quatrièmement : Il est illicite d’acheter l’or, l’argent et les pièces de monnaie
avec les cartes de crédit à débit différé.
Allah est plus Savant

221
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 109 (3/12)


La Pénalité de Retard
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie concernant (la péna-
lité de retard) :
ayant suivi les débats qui se sont déroulés autour de cette question avec la
participation des membres de l’Académie, ses experts et plusieurs Fouqaha,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Dans le droit, la pénalité de retard est l’accord entre les deux
parties contractantes sur l’estimation du dédommagement qui revient à la par-
tie lésée si l’autre partie n’exécute pas ou tarde à exécuter ce à quoi elle s’était
engagée.
Deuxièmement : Le Conseil confirme ses résolutions précédentes concernant
la pénalité de retard mentionnées dans sa Résolution nº 85 (2/9) concernant le
“Salam” : “Il n’est pas permis d’exiger le paiement d’une pénalité de retard sur
une vente à livraison différée, car cette livraison non effectuée vaut créance, et
il est illicite, au regard de la Charia, de réclamer une plus-value sur une dette
du fait du non-règlement de cette dette dans les délais voulus.” De même que
la Résolution nº 65 (3/7) concernant le contrat de fabrication (istisna) : “Le
contrat de fabrication (al-Istisna’) peut, par consentement mutuel des parties,
contenir une clause de pénalité, sauf en cas de circonstances impérieuses”. De
même que la Résolution nº 51 (2/6) concernant la vente à tempérament : “Si le
débiteur acheteur accuse un retard dans l’acquittement de ses traites, il n’est pas
permis de lui faire subir une charge supplémentaire sur le montant de la dette,
que ce soit selon une clause préalable ou sans clause, car ce serait alors du riba
(usure) qui est prohibé.”
Troisièmement : Il est permis que la pénalité de retard soit jointe au contrat
original, de même qu’il est permis qu’elle soit incluse dans un accord subséquent,
mais antérieur au dommage.

222
Quatrièmement : Il est permis que la pénalité de retard soit conditionnée
dans tous les contrats financiers, sauf les contrats dont l’obligation initiale est
une dette, car elle relèverait dès lors d’une forme évidente de riba (usure).
a. Il s’ensuit que cette condition est permise, par exemple, dans les
contrats de construction pour le promoteur, les contrats d’import pour
l’importateur, les contrats de fabrication pour le fabricant, s’il ne s’est pas
conformé à son obligation ou a pris du retard dans son exécution.
b. Elle n’est pas permise, par exemple, dans la vente à tempérament, en
raison du retard du débiteur à rembourser ses tranches venues à échéance,
que ce soit par cause d’incapacité ou d’atermoiement, de même
qu’elle n’est pas permise dans le contrat de fabrication (istisna) pour le
commanditaire s’il tarde à payer ce qu’il doit.
Cinquièmement : Le préjudice pour lequel il est permis d’être dédommagé
inclut le préjudice financier effectif ainsi que la perte réelle engendrée et subie
par la personne lésée et son manque à gagner de manière certaine, mais n’inclut
pas le préjudice moral.
Sixièmement : Il n’est point fait recours à la pénalité de retard si la partie
engagée par le contrat prouve que sa violation du contrat est indépendante de
sa volonté ou prouve que la partie engageante n’est nullement lésée par la vio-
lation du contrat.
Septièmement : Il est permis au tribunal, sur la base d’une requête déposée
par l’une des deux parties contractantes de modifier le montant de la pénalité
si elle y trouve justification ou exagération.

L’Académie recommande :
L’organisation d’un séminaire spécial pour la discussion des conditions et les
arrangements à proposer aux banques islamiques afin de leur garantir le rem-
boursement des dettes qui leur sont dues.
Allah est plus Savant

223
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 110 (4/12)


La Location-vente et les Titres de Location
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant examiné les études présentées à l’Académie concernant la loca-
tion-vente et les titres de location ;
ayant écouté les débats qui se sont déroulés autour de cette question avec
la participation des membres de l’Académie, ses experts et plusieurs Fouqaha

Décide ce qui suit :


1. La location-vente :
Premièrement : la norme des cas licites et des cas prohibés :
A. Les cas prohibés se caractérisent par l’intervention de deux contrats
différents en même temps, sur le même objet et pour une même
durée.
B. Les cas autorisés se caractérisent par les critères suivants:

i. Par la présence de deux contrats différents et indépendants


l’un de l’autre sur le plan de la durée, de sorte que le contrat
de vente est conclu après celui de location ou avec une
promesse de vente à la fin de la durée de la location, sachant
que le choix de rétractation est similaire à la promesse dans
les règles.
ii. Que la location soit effective et non pas une dissimulation
de la vente.
iii. Que l’objet de la location soit garanti par le propriétaire et
non pas par le locataire, ainsi le premier est-il responsable
de tout ce qui peut advenir à l’objet en question ne résultant
pas d’un abus ou d’une négligence de la part du locataire, le
locataire n’étant tenu à rien si l’usufruit cesse.

224
iv. Si le contrat inclut une assurance couvrant l’objet loué,
celle-ci doit être du type de mutuelle islamique, non pas
commercial, et incombe au propriétaire donnant location et
non pas au locataire.
v. Il faut que les règles de location soient appliquées au contrat
de la location-vente tout au long de la période de location, et
celles de la vente au moment du changement de propriété de
l’objet en question.
vi. Les coûts de la maintenance, autres que ceux du
fonctionnement, incombent au propriétaire donnant location
et non pas au locataire, tout au long de la période de location.

Deuxièmement : Certains cas de contrats prohibés :


A. Le contrat de location-vente aboutissant à un transfert de propriété
en contrepartie de ce que paye le locataire durant la période délimitée
sans conclusion d’un nouveau contrat, de façon que la location se
transforme automatiquement en vente au moment de l’échéance.
B. La location d’un objet à une personne à un prix déterminé, pour une
période délimitée avec un contrat de vente suspendu à la condition
du remboursement du prix entier et convenu de la location pour la
période déterminée ou ajourné à une date ultérieure.
C. Un contrat de location réel associé à une vente avec option de
rétractation en faveur du propriétaire donnant location, la vente étant
différée à long terme et déterminée (à la fin de la période de location).
C’est ce que prévoient les Fatwas et les résolutions issues des collèges
scientifiques, dont le Collège des Grands Ulémas dans le Royaume d’Ara-
bie Saoudite.
Troisièmement : Certains cas de contrats permis :
a. Le contrat de location qui permet au locataire de profiter de l’objet
loué en contrepartie d’un prix de location déterminé pour une
durée délimitée, associé à un contrat de don de l’objet en question
au locataire et sous condition du paiement du montant total de
la location, avec un contrat indépendant ou une promesse de don
après paiement du montant total de la location, en accord avec la
Résolution nº 13 (1/3) de l’Académie concernant le don dans sa
3ème session.
b. Le contrat de location où le propriétaire donne le choix au locataire,

225
après le paiement de toutes les tranches de location dues pour la
période, d’acheter l’objet loué au prix du marché à la fin de la période
de location, et ce, conformément à la Résolution nº 44 (6/5).
c. Le contrat de location permettant au locataire de profiter du bien
loué, en contrepartie, d’un loyer déterminé pendant une durée
déterminée, ce contrat étant associé à une promesse de vente du bien
loué après le paiement de toutes les échéances du loyer, pour un prix
de vente convenu.
d. Le contrat de location qui permet au locataire de profiter de l’objet
loué en contrepartie d’un prix déterminé, pour une durée délimitée,
le propriétaire donnant au locataire le droit de choisir d’acquérir
l’objet loué à tout moment, à condition que la vente se produise à ce
moment dans le cadre d’un nouveau contrat au prix du marché en
accord avec la Résolution nº 44 (6/5) ou selon l’accord convenu au
moment de ce nouveau contrat.
Quatrièmement : Il est des cas de contrats de location-vente qui font
encore l’objet de désaccords et nécessitent de ce fait une étude à présenter
lors d’une prochaine session si Allah le veut.
2. Les titres de location :
L’Académie décide le report de la question des titres de location - pour
permettre de préparer les études nécessaires et les soumettre lors d’une
prochaine session.

Allah est le Garant du succès.


226
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 111 (5/12)


L’Investissement du Produit des Awqaf (Houbous)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie concernant
(L’investissement du produit des Awqaf - Houbous) ;
Et ayant écouté les débats qui se sont déroulés autour du sujet avec la par-
ticipation des membres de l’Académie, ses experts et plusieurs Fouqaha,

Décide ce qui suit :


Le report de l’examen de cette question pour permettre d’approfondir les études
nécessaires et plus particulièrement les points suivants :
1. L’investissement du waqf
2. Le waqf de monnaie
3. Le remplacement et l’échange
4. Le mélange des Awqaf
5. La distinction entre le waqf et Al-Irsad (Fidéicommis)
Allah est plus Savant

227
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 112 (6/12)


La Désignation par le Biais d’Indices et de Signes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie concernant (la dési-
gnation par le biais d’indices et de signes) ;
L’Académie a décidé le report de ce sujet à une prochaine session pour res-
treindre les recherches aux nouveautés, les cerner et définir leur jugement.
Allah est plus Savant

228
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 113 (7/12)


Le Droit des Enfants et des Personnes âgées
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie concernant (le droit
des enfants et des personnes âgées), et les recommandations issues du Colloque
de Médecine et de Fiqh, qui a eu lieu au Koweït avec la collaboration de l’Aca-
démie internationale du Fiqh islamique et l’Organisation Islamique pour les
Sciences Médicales du 9 au 12 Rajab 1420 H (18–21 octobre 1999), au sujet du
droit des personnes âgées ;
Et ayant suivi les débats qui se sont déroulés autour du sujet en question
avec la participation des membres de l’Académie, de ses experts et de plusieurs
Fouqaha.
Premièrement : les droits des enfants en Islam :
L’enfance digne est le fondement d’une société équilibrée. L’Islam lui a consacré
une grande attention. Ainsi, il a prôné le mariage et a préconisé à chacun des
époux de bien choisir son conjoint en raison de l’impact d’une telle chose sur
la cohabitation familiale et la vie dans la dignité pour les enfants.

En conséquence, l’Académie décide ce qui suit :


1. La protection du fœtus dans le ventre de sa mère de toutes les influences
néfastes pour lui ou pour sa mère, comme les produits enivrants et les
drogues, est obligatoire dans la Charia.
2. Le fœtus a droit à la vie depuis le début de sa conception. Il est ainsi
prohibé de l’agresser par l’avortement ou de quelque façon nuisible pro-
duisant malformation ou handicap.
3. Chaque enfant a des droits matériels et moraux depuis sa naissance.
Matériellement, il possède le droit de propriété, d’héritage, de testament,
de don et de waqf. Moralement, il possède le droit à un beau nom, à la
filiation, à la religion et à l’appartenance à sa patrie.

229
4. Les enfants orphelins, abandonnés, réfugiés, victimes de guerre ou autres
qui n’ont point de subsistance possèdent tous les droits de l’enfant et ces
derniers incombent à la société et à l’état.
5. L’enfant a droit à l’allaitement naturel jusqu’à l’âge de deux ans.
6. L’enfant a un droit à la protection et à une prise en charge dans un climat
sain et digne, et la mère est plus à même que quiconque d’assurer ce rôle,
et vient ensuite le reste de la famille de l’enfant selon l’ordre prescrit par
la Charia.
7. La tutelle de l’enfant – par sa famille ou la justice – pour la préservation
de son être et de ses biens est un de ses droits qu’il est illicite de négliger,
sachant qu’à maturité il devient maître de ses agissements.
8. La bonne éducation, la bonne instruction morale, l’enseignement, la for-
mation, l’acquisition des expériences et des compétences permis par la
Charia qui donnent qualification et indépendance à l’enfant pour gagner
sa vie après la puberté, sont parmi les droits les plus importants à lui assu-
rer, en consacrant une attention toute particulière aux plus doués d’entre
eux pour développer leurs capacités, tout cela dans le cadre de la Charia.
9. L’Islam défend aux parents et à toute autre personne de négliger l’édu-
cation des enfants afin qu’ils ne soient pas abandonnés ou délaissés, de
même qu’il interdit leur exploitation et leur assignation à des travaux qui
peuvent influer sur leur intégrité corporelle, intellectuelle ou mentale.
10. Porter atteinte à la foi, la personne, l’honneur, les biens, ou l’esprit des
enfants est un crime grave.

Deuxièmement : Les droits des personnes âgées


L’Islam accorde une grande importance à l’être humain dans toutes les étapes de
sa vie partant de la dignité que l’Islam reconnaît à chaque descendant d’Adam
en vertu de la parole de Allah L’Omniscient : “Nous avons honoré le fils d’Adam”
(Sourate le voyage nocturne, V. 7) ; Allah dit également : “…Et ton Seigneur a dé-
crété : ‘N’adorez que Lui, et ayez de la bonté envers les père et mère…’”. (Sourate
le voyage nocturne, V. 23) Le Messager d’Allah ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit : “Il n’est de jeune homme
bienveillant envers un vieillard qu’Allah ne lui accorde bienveillance lorsqu’il
atteindra le même âge.” (Rapporté par Tirmidhi) ; Il dit également : “Il n’est pas
des nôtres qui n’est pas clément envers les plus jeunes d’entre nous ni ne sait la
valeur des plus âgés parmi nous”. (Rapporté par Tirmidhi et Ahmad dans son
recueil de Hadiths (Musnad)).

230
En conséquence, l’Académie décide ce qui suit :
1. Il est nécessaire d’informer les personnes âgées de ce qui les aide à pré-
server leur santé corporelle, spirituelle et sociale; de poursuivre les efforts
pour leur enseignement des prescriptions religieuses dont ils ont besoin
pour leur pratique rituelle, leurs interactions avec les autres et leur état
personnel; et de renforcer leur relation à Allah, leur confiance en Sa mi-
séricorde et en Son pardon.
2. Insister sur l’importance du fait que les personnes âgées sont des membres
à part entière de la société et qu’ils doivent jouir de l’ensemble des droits
de l’homme.
3. Leur famille doit être le milieu prioritaire dans lequel ils vivent pour
leur permettre de profiter d’une vie familiale, pour que leurs enfants et
petits-enfants leur dévouent la piété filiale et pour qu’ils puissent savourer
la relation avec leurs proches, leurs amis et leurs voisins. S’ils n’ont pas
de famille, il est impératif que leur soit prodiguée l’atmosphère familiale
nécessaire dans les maisons pour personnes âgées.
4. La conscientisation de la société à propos de la place éminente des per-
sonnes âgées et de leurs droits, et ce à travers des programmes pédago-
giques et médiatiques avec une attention particulière portée sur la piété
filiale due aux parents.
5. La création de maisons de repos pour les personnes âgées qui n’ont pas de
familles ou dont les familles n’ont pas la capacité de les prendre en charge.
6. Porter un intérêt particulier à la gériatrie dans les facultés de médecine,
les instituts médicaux, former certains médecins à la recherche et aux
gériatriques, et réserver des départements spécialisés en gériatrie dans les
hôpitaux.
7. Réserver des sièges pour les personnes âgées dans les moyens de transport
en commun et les lieux publics, dans les espaces de stationnement et
autres lieux afin de les protéger.
8. L’adoption de la déclaration du Koweït à propos des droits des personnes
âgées.
Allah est plus Savant

231
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 114 (8/12)


La Déclaration islamique sur le Rôle de la Femme
dans le Développement de la Société musulmane
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant examiné les recommandations du colloque des experts sur le rôle de la
femme dans le développement de la société musulmane qui a eu lieu à Téhéran,
dans la République islamique d’Iran, du 17 au 19 Dhoul Qui’da 1415 H (17–19
avril 1995), aux termes de la Résolution nº 10/7 D (Q.A.) issue de la 7ème
Conférence Islamique au Sommet, amendée par la section des Fatawas lors des
9ème et 10ème session de l’Académie du Fiqh ;
Soulignant les valeurs dont l’Islam a entouré la femme, mais que des confé-
rences mondiales de la femme ont niées, en particulier celles du Caire et de Pékin,
ainsi que les conférences qui leur ont succédé ;
et à la lumière des communiqués islamiques publiés pour faire face à ces
campagnes subversives ;

Décide ce qui suit :


Premièrement : L’un des objectifs de l’Islam est l’édification d’une société
où le rôle de chacun de l’homme et de la femme est complémentaire dans sa
construction et son développement. De fait, l’Islam a donné à la femme tous ses
droits compte tenu de sa personnalité, ses capacités, ses besoins, ses ambitions
et son rôle fondamental dans la vie. Ainsi, dans la vision islamique, la société
constitue une unité complémentaire où l’attitude adoptée envers l’homme et
la femme est globale. De même le Noble Coran et la Sounna du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬
insistent sur l’unicité de la communauté musulmane incluant toutes ses parties
vitales. À chacun donc, de l’homme et de la femme, sa personnalité et sa posi-
tion dans la société musulmane.
Deuxièmement : La famille fondée sur le mariage conforme à la Charia est
la pierre angulaire de l’édification de la société saine. C’est pourquoi l’Islam re-
fuse toute autre vision de la famille et toute autre relation de remplacement en

232
dehors du cadre de la Charia. Ainsi, et compte tenu de sa maternité et de ses
autres particularités, il revient à la femme le rôle essentiel pour établir la stabi-
lité et le confort de cet édifice familial.
Troisièmement : La maternité est l’une des fonctions naturelles de la femme
dans sa vie. De fait, elle ne peut réaliser cette noble mission de la meilleure
manière et former les générations à venir si ce n’est en obtenant tous ses droits
islamiques afin de mener à bien sa fonction dans les domaines de la vie qui lui
sont spécifiques.
Quatrièmement : La femme et l’homme sont égaux dans la dignité et l’huma-
nité, de même que la femme a des droits et des devoirs qui correspondent à sa
nature, ses capacités et sa constitution. Alors que l’homme et la femme jouissent
de caractéristiques différentes, il n’en reste pas moins qu’ils sont complémentaires
dans les responsabilités qui incombent à chacun d’eux dans la Charia.
Cinquièmement : L’invitation à respecter la femme dans tous les domaines et
le refus de la violence, dont elle souffre encore dans certaines sociétés, comme la
violence domestique, l’abus sexuel, la pornographie, la prostitution, sa mercanti-
lisation et le harcèlement sexuel qui sont constatés dans beaucoup de sociétés qui
déprécient la valeur et la dignité de la femme et lui dénient ses droits légaux, ces
dernières pratiques étant étrangères à l’Islam et n’y sont liées d’aucune manière.
Sixièmement : La prise en charge par les médias de la confirmation du rôle
positif de la femme et du refus de toutes les formes d’exploitation de la femme
dans les médias, les publications et la publicité dépréciant les valeurs et les vertus
et qui sont une manière d’avilir sa personnalité et de violer sa dignité.
Septièmement : Il est nécessaire de prodiguer tous les efforts pour réduire les
souffrances des femmes et des communautés faibles et en particulier les femmes
musulmanes qui sont encore victimes des conflits armés, de l’occupation étran-
gère, de la pauvreté et des pressions économiques extérieures.
Huitièmement : Le développement global et continu ne peut se réaliser si
ce n’est sur la base de valeurs religieuses et morales. Cela implique le refus des
tentatives d’imposer des conceptions culturelles et sociales étrangères de même
que la condamnation des attaques incessantes émanant de certaines institutions
contre les conceptions et les prescriptions islamiques liées à la femme.
Neuvièmement : Sont condamnées les méthodes pratiquées par certains États
pour empêcher la femme musulmane de se conformer à sa religion, de pratiquer
ses rites et ce qu’Allah lui a prescrit, tels la pudeur et le port du Hijab.
Dixièmement : L’effort de faire en sorte que les institutions d’éducation fé-
minine à tous les niveaux soient séparées de celles de l’éducation masculine, par
respect pour les droits légaux de la femme et en application des exigences de
la Charia.
Onzièmement : La Charia, dans ses sources fondamentales, est l’unique

233
référence pour l’interprétation et l’explicitation de tous les articles de cette
déclaration.
Allah est plus Savant

234
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 115 (9/12)


L’Inflation et la Dévaluation de la Monnaie
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant pris connaissance du communiqué final du colloque du Fiqh éco-
nomique pour l’examen des questions relatives à l’inflation (avec ses trois sémi-
naires de Jeddah, de Kuala Lumpur et de Manama), ses recommandations, ses
propositions et ses suggestions ;
et ayant suivi les discussions sur le sujet avec la participation des membres
de l’Académie, ses experts et plusieurs Fouqaha ;

Décide de ce qui suit :


Premièrement : Insister sur l’application de la Résolution nº 42 (4/5) dont le
texte est :
Dans le remboursement d’une dette fixe contractée dans une monnaie donnée, c’est
la quantité et non la valeur qui doit être prise en compte, car les dettes doivent être
remboursées en quantité égale. Ainsi, il n’est pas permis d’indexer les dettes fixes,
quelle qu’en soit l’origine, sur le niveau des prix.
Deuxièmement : Il est possible dans le cas où l’inflation parait prévisible de
prendre ses précautions au moment de la conclusion d’un contrat en procédant
au prêt avec une monnaie autre que celle dont la baisse est prévue; et ce en ac-
cordant le prêt en :
a. Or ou argent
b. Une marchandise dont il existe des exemplaires similaires
c. Un panier de marchandises dont il existe des exemplaires similaires
d. Une autre monnaie plus stable
e. Un panier de monnaies
Il faut que les contreparties de la dette telles que mentionnées plus haut,
soient semblables à ce qui a fait l’objet de la dette, car il ne devient de la res-
ponsabilité du débiteur que ce qu’il a touché effectivement.
Ces cas diffèrent du cas prohibé où les deux parties contractantes déterminent

235
la dette à terme par une monnaie en posant la condition de l’honorer par une
autre monnaie (indexation de la dette à cette monnaie) ou par un panier de
monnaies. La Résolution nº 75 (6/8) “quatrièmement” a d’ailleurs été adoptée
pour interdire ce type d’activité.
Troisièmement : Il est illicite selon la Charia de s’entendre au moment de
conclure le contrat sur l’indexation des dettes à terme par ce qui suit :
a. Une monnaie de compte
b. L’indice du coût de la vie ou quelque autre type d’indice
c. L’or ou l’argent
d. Le prix d’une marchandise spécifique
e. Le taux de la croissance du Produit National
f. Une autre monnaie
g. Le taux d’intérêt
h. La moyenne des prix d’un panier de marchandises
Et ceci en raison de ce qu’implique cette liaison comme gharar (tromperie)
et approximation de sorte qu’aucune des deux parties ne sache ce qui lui revient
et ce qui lui incombe et que la condition de détermination requise pour la vali-
dité des contrats ne soit pas remplie. Si ces références d’indexation suivent une
courbe ascendante, cela implique la non-équivalence entre l’engagement initial
et le remboursement requis tout en étant exigé en condition dans le contrat et
est de ce fait une forme de riba.
Quatrièmement : L’indexation des salaires et des loyers :
a. Insister sur l’application de la Résolution nº 75 (6/8) du Conseil de
l’Académie, section première permettant l’indexation des salaires suivant
les changements au niveau des prix.
b. Il est permis, dans les locations de longue durée, de déterminer le loyer
pour la première période et de s’entendre dans le contrat de location sur
l’indexation du loyer pour les périodes suivantes à un élément précis, à
condition que le montant du salaire soit connu au commencement de
chaque période.

L’Académie recommande ce qui suit :


1. Étant donné que l’augmentation de la quantité de la masse monétaire est
la cause la plus importante de l’inflation et que ce sont les institutions
monétaires spécialisées qui l’émettent pour des raisons diverses et bien
connues, ces institutions sont invitées à Œuvrer sérieusement pour éli-
miner cette cause de l’inflation qui nuit fortement à la société, de même

236
qu’à éviter le financement par l’inflation que ce soit pour combler le
déficit budgétaire ou les projets de développement. Dans le même temps,
il est conseillé aux peuples musulmans de se conformer totalement aux
valeurs islamiques dans la consommation afin que nos sociétés musul-
manes s’éloignent de toutes les formes de gaspillage, d’excès et d’abus qui
sont les exemples de comportements générateurs d’inflation.
2. Accroître la coopération économique entre les pays musulmans, en parti-
culier dans le domaine du commerce extérieur, Œuvrer au remplacement
des produits des pays industrialisés par ceux des pays musulmans et au
renforcement de position négociatrice et concurrentielle par rapport aux
pays industrialisés.
3. Accomplir des études au niveau des banques islamiques pour déterminer
les répercussions de l’inflation sur ses actifs et suggérer les moyens adé-
quats pour les protéger et protéger les dépositaires et les investisseurs des
effets néfastes de l’inflation. Étudier et créer les normes comptables du
phénomène de l’inflation au niveau des institutions financières islamiques.
4. Élaborer une étude sur l’élargissement de l’utilisation des instruments
de financement et d’investissement islamiques appliqués à l’inflation, de
même que les effets possibles sur les prescriptions de la Charia.
5. Étudier le bien-fondé du retour à l’une des formes rattachant la monnaie
à l’or comme un moyen pour éviter l’inflation.
6. Sachant que le développement de la production et l’augmentation de
la capacité de production effectivement utilisée sont parmi les plus im-
portants facteurs permettant de combattre l’inflation à moyen et à long
terme, il faut Œuvrer à augmenter la production et son amélioration
dans les pays musulmans notamment en élaborant les stratégies et en
prenant les mesures encourageant la promotion du niveau de l’épargne et
de l’investissement afin de réaliser un développement durable.
7. Inviter les gouvernements des États musulmans à Œuvrer dans le sens
de l’équilibrage de leurs budgets publics (incluant tous les budgets régu-
liers, ceux destinés pour le développement et les budgets spécifiques qui
bénéficient des ressources financières publiques pour leur financement)
en s’astreignant à la diminution et la rationalisation des dépenses confor-
mément au cadre islamique. Or, si les budgets ont besoin d’être financés,
la solution licite consiste à se limiter aux instruments de financement isla-
miques reposant sur les associations, les ventes et les locations de services.
Il est obligatoire par ailleurs de s’interdire le prêt usuraire, que ce soit à
travers des banques et des institutions financières, ou à travers l’émission

237
de bons de créance.
8. Prendre en compte les normes de la Charia lors de l’utilisation des instru-
ments de la politique financière, que ce soit ceux relatifs au changement
dans les recettes publiques ou à ceux des dépenses publiques en fondant
ces politiques sur les principes de justice, d’intérêt général pour la société,
de prise en charge des plus pauvres et en faisant porter la charge des re-
cettes publiques aux individus en fonction de leurs capacités financières
représentées à la fois par le revenu et la fortune.
9. Il est nécessaire d’utiliser tous les instruments acceptables par la Charia
dans les politiques financières et monétaires, les moyens de persuasion et
les autres politiques économiques et administratives, en vue d’Œuvrer
pour débarrasser les sociétés islamiques des nuisances de l’inflation et
de sorte que ces politiques se donnent pour objectif de diminuer le taux
d’inflation au niveau le plus bas possible.
10. Fournir toutes les garanties nécessaires pour que la décision de la banque
centrale soit indépendante dans la gestion des affaires monétaires et l’en-
gagement de celle-ci à réaliser la stabilité monétaire et la lutte contre
l’inflation. De même, il faut prendre soin de la coordination continue
entre la banque centrale et les autorités économiques et financières, en
vue de réaliser les objectifs du développement économique, la stabilité
économique et monétaire et la lutte contre le chômage.
11. Étudier et épurer les projets et les institutions publiques au cas où la via-
bilité économique visée ne s’est pas concrétisée et examiner la possibilité
de transférer ces projets vers le secteur privé et les soumettre aux facteurs
du marché conformément à l’approche islamique, en ce que cela a d’effet
dans l’amélioration de la capacité de production et dans la diminution
des charges financières du budget, contribuant ainsi à l’atténuation de
l’inflation.
12. Inviter les musulmans, individus et gouvernements, à se conformer au
système de la Charia et ses principes économiques, éducatifs, moraux et
sociaux.
13. Quant aux solutions suggérées pour lutter contre l’inflation, l’Académie
a décidé de les ajourner à une prochaine session.
Allah est le Garant du succès

238
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 116 (10/12)


La Traduction du Noble Coran
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Ayant pris connaissance de l’étude concernant (la traduction du sens du
Noble Coran) transmise par le Secrétariat de la Conférence Ministérielle des
Awqaf et des Affaires Islamiques et préparée par le Complexe du Roi Fahad pour
l’Impression du Noble Moushaf, sur les critères, les conditions particulières et
les procédures de traduction des sens du Noble Coran ;
Ayant amplement examiné et entendu les discussions sur le sujet avec la
participation des membres de l’Académie, ses experts et plusieurs Fouqaha ;

Décide ce qui suit :


Entériner tous les points de l’étude présentée concernant la traduction du sens
du Noble Coran ;

Et recommande :
La création d’une institution s’occupant de l’interprétation (tafsir) du Noble
Coran et de ses sciences, rattachée au Complexe Roi Fahad pour l’Impression
du Noble Moushaf.
Allah est plus Savant

239
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 117 (11/12)


La Création d’une Institution islamique pour le Noble Coran
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Après avoir examiné le contenu de l’étude concernant (La création d’une
institution islamique supérieure pour le Noble Coran) présentée par le Ministère
des Awqaf et des Affaires Islamiques de l’Etat du Qatar ;
et après discussion, l’Académie a décidé qu’une coordination soit établie
entre le Ministère des Awqaf et des Affaires Islamiques de l’Etat du Qatar, le
Ministère des Awqaf et des Affaires Islamiques du Royaume d’Arabie Saoudite
et le Complexe Roi Fahad pour l’impression du Noble Moushaf de Al-Madinah
Al-Mounawarah concernant ce sujet.
Allah est le Garant du succès

240
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 118 (12/12)


Appel pour Al-Qouds Al-Charif
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de
la Conférence islamique, réuni en sa 12ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
saoudite), du 25 au 30 Rajab H (23–28 Septembre 2000) ;
Après avoir pris connaissance des déclarations hostiles et des propositions
injustes émanant des responsables juifs au sujet de la ville de Jérusalem.

L’Académie déclare ce qui suit :


1. La ville de Jérusalem constitue une part de la foi de tous les musulmans
de par le monde, car il s’agit de la ville du miracle du voyage nocturne
(isra) et de l’ascension (mi’radj) mentionnés dans le Noble Coran.
2. Le caractère musulman de cette ville et de sa Mosquée Sainte est un fait
confirmé par le texte coranique et un fait irréfutable, inaltérable et in-
changeable. Il n’y a aucun compromis possible à ce propos.
3. La Mosquée Sainte d’Al-Aqsa est pour les musulmans seuls, les juifs n’y
ont aucun lien. Nous mettons en garde contre toute tentative de porter
atteinte au caractère sacré de cette Mosquée et les autorités d’occupation
juives endossent l’entière responsabilité de toute agression contre Al-Aqsa.
De même qu’il est illicite de soumettre Al-Aqsa à toute négociation ou
discussion, car ce lieu est plus noble et majestueux que toutes tractations.
4. Il ne peut se réaliser de paix juste ou de stabilité dans la région si ce n’est
en cessant l’occupation juive de la ville de Jérusalem et de sa Mosquée
Sacrée, de même que le retour de la Palestine à son peuple.
l’Académie recommande ce qui suit :
Inviter les participants parmi les dirigeants et le peuple du monde arabe et mu-
sulman à défendre cette ville otage et occupée, sa Mosquée Sainte et soutenir
ses habitants résistants en vue d’éviter la judaïsation ou l’internationalisation
de la ville, car ces dernières solutions sont inacceptables en tout état de cause.
Allah est le Garant du succès

241
Résolutions et Recommandations de la 13ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Koweït City
État du Koweït

7–12 Chawal 1422


22–27 Décembre 2001
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 119 (1/13)


L’Investissement des Biens et des Revenus issus des Awqaf
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Après avoir examiné les études soumises à l’Académie concernant « l’inves-
tissement des biens et des revenus issus des Awqaf (donations pieuses) », dont
elle avait été saisie à sa 12ème session ainsi qu’à sa présente session ;
Après avoir dûment pris note de la résolution concernant le « Waqf » adop-
tée lors de la 4e session de l’Académie ;
Ayant tenu compte des délibérations auxquelles ont participé les membres
et experts de l’Académie

Décide ce qui suit


Le report de l’adoption d’une résolution sur la question de « l’investissement des
biens et des revenus issus des donations pieuses (awqaf ) » pour une prochaine
session, dans l’attente de plus amples études et recherches à ce sujet.
Allah Seul est Garant du succès

244
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 120 (2/13)


La Zakat des Produits agricoles
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Ayant pris connaissance des études présentées à l’Académie concernant la
« Zakat des produits agricoles » et ayant suivi les débats qui ont eu lieu à ce sujet
entre les membres et les experts de l’Académie,

Décide ce qui suit


Premièrement : Les charges afférentes à l’irrigation des plantations ne sont
pas déductibles de l’assiette de la Zakat, car dans la Charia, les frais d’irriga-
tion sont déjà pris en considération dans le décompte du montant de la Zakat
à percevoir.
Deuxièmement : Les frais pour ameublir le sol, creuser des canaux d’irriga-
tion et transporter la terre ne sont pas déductibles de l’assiette de la Zakat.
Troisièmement : Les frais d’achat de graines, d’engrais et de pesticides desti-
nés à protéger les récoltes contre les parasites et autres frais liés à la saison agri-
cole ne sont pas déductibles de l’assiette de la Zakat, si la personne redevable
de la zakat les a acquis en utilisant ses biens personnels. En revanche, s’il a été
contraint d’emprunter, par manque de moyen, leur montant doit être déduit de
l’assiette de la Zakat. Ce qui précède s’appuie sur ce qui est rapporté de certains
compagnons tels qu’Ibn ’Omar et Ibn ’Abbas, qu’Allah les agrée, à savoir que
l’agriculteur s’acquitte de la Zakat sur sa récolte après avoir déduit de la récolte
la valeur des emprunts qu’il a contractés.
Quatrièmement : Les charges encourues pour faire parvenir la Zakat due
sur les récoltes et les plantations aux ayants droit sont déductibles du montant
obligatoire de la Zakat à payer.
Allah est plus Savant

245
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 121 (3/13)


La Zakat des Actions acquises dans le But
d’en utiliser les Dividendes
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie concernant la « Zakat sur
les actions acquises dans le but d’en utiliser les dividendes » et les débats qui ont
eu lieu à ce sujet entre les membres et les experts de l’Académie,
Ayant pris note de la Résolution nº 28 (3/4) de l’Académie concer-
nant la « Zakat sur les actions des sociétés » , dont le paragraphe inti-
tulé « Troisièmement » énonce ce qui suit :
« Si, pour une raison ou une autre, la société n’a pas payé la zakat due sur ses
capitaux, il incombera alors aux actionnaires de s’acquitter de la Zakat de leurs
biens. Lorsque l’actionnaire est en mesure de connaitre, par le biais des comptes
de l’entreprise, la somme due pour la zakat de ses actions, si la société s’était
elle-même acquittée de la Zakat comme expliquer précédemment, il doit alors
s’acquitter de ce même montant puisque c’est ainsi que l’on doit procéder en
principe pour la Zakat des actions.
Si, au contraire, l’actionnaire n’est pas en mesure d’en connaître le montant
exact et si le but recherché au départ, en souscrivant des actions, était de béné-
ficier des dividendes annuels de ses actions, et non d’en faire le commerce, il
devra alors appliquer le taux normal de la Zakat relative aux investissements
lucratifs. L’actionnaire ne devra pas payer de Zakat sur l’action elle-même, mais
seulement sur ses dividendes, c’est-à-dire 2,5%, après qu’une année lunaire se soit
écoulée depuis le jour où il a perçu les dividendes, sous réserve d’avoir rempli
toutes les autres conditions inhérentes à l’obligation de la Zakat et qu’il n’y ait
pas d’empêchement légal valable justifiant le non-paiement de celle-ci » .
L’Académie décide ce qui suit :
Si la société n’a pas payé de Zakat et possède des actifs assujettis à la Zakat, tels
que des soldes en liquidités, des marchandises et des créances dues par des dé-
biteurs solvables ; et si l’actionnaire ne parvient pas à connaître, à travers les

246
comptes de l’entreprise, le montant de la Zakat impayée correspondant à ses
propres parts d’actions, il devra procéder au maximum d’investigations possibles
avant de s’acquitter de la Zakat des biens assujettis à celle-ci au prorata de ses
actions. Cette procédure est valable uniquement si la société n’est pas confrontée
à des déficits importants qui feraient que ses actifs seraient totalement absorbés
par l’extinction de ses créances.
Si la société ne dispose pas d’actifs imposables au titre de la Zakat, les dis-
positions de la Résolution nº 28 (3/4) lui deviendront alors applicables, à savoir
que « la Zakat est due sur les dividendes et non sur l’action elle-même » .
Allah est plus Savant

247
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 122 (4/13)


Le Partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa)
à la lumière des nouveaux Contrats
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Ayant pris connaissance des études présentées à l’Académie concernant la
question du « partenariat dégressif (moucharaka moutanaqissa) à la lumière des
nouveaux contrats », et ayant suivi les délibérations qui ont eu lieu à ce sujet
entre les membres et les experts de l’Académie ;

Décide ce qui suit


L’examen de la question du « partenariat dégressif (moucharaka Moutanaqissa)
à la lumière des nouveaux contrats » et l’adoption d’une résolution à ce sujet
sont reportés à la prochaine session pour de plus amples études et investigations.
Allah Seul est garant du succès

248
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 123 (5/13)


L’Investissement participatif collectif (Qirad ou
Moudaraba Mouchtaraka) dans les Institutions
financières (comptes d’investissement)
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie sur « l’investis-
sement participatif collectif (Qirad ou Moudaraba Mouchtaraka) dans les ins-
titutions financières (comptes d’investissement) », et ayant suivi les débats qui
ont lieu à ce sujet entre les membres et les experts de l’Académie ;

Décide ce qui suit


Premièrement : Définition de « l’investissement participatif col-
lectif » (Qirad ou Moudaraba Mouchtaraka)
L’investissement participatif collectif est une forme d’investissement participatif
dans lequel plusieurs investisseurs confient (collectivement ou individuellement)
à une personne physique ou morale le soin d’investir leurs capitaux. La per-
sonne ainsi mandatée (l’administrateur des biens nommé: Moudarib) est dans
la plupart des cas, laissée entièrement libre d’effectuer les placements qu’il juge
rentables au mieux des intérêts de ses mandataires; encore que ce mandat puisse
également être restreint aux investissements dans un domaine précis. Cette pro-
cédure implique aussi une autorisation accordée tacitement ou explicitement,
par les propriétaires des capitaux, à l’intermédiaire concerné de combiner leurs
mises de fonds respectives entre elles, ou avec ses propres fonds. De son côté, ce
dernier reconnaît parfois à ses mandataires le droit de retirer leurs capitaux en
totalité ou en partie, en cas de besoin et sous certaines conditions.
Deuxièmement : Légitimité de l’investissement participatif col-
lectif (Moudaraba Mouchtaraka)
Cette Moudaraba participative est basée sur les conclusions des jurisconsultes
(fouqaha) quant au caractère parfaitement licite de la propriété collective du

249
capital à laquelle l’administrateur (Moudarib) lui-même peut s’associer. Les ju-
risconsultes (fouqaha) ont aussi admis que cette forme de placement ne trans-
gressait pas les prescriptions de l’investissement participatif (Moudaraba) légal
et est conforme à la Charia du moment qu’elle obéit strictement aux règles de
jurisprudence applicables à la Moudaraba. Toutefois, la participation à cette
forme de Moudaraba implique l’observance scrupuleuse de certaines précau-
tions liées à la nature même de l’opération, pour rester fidèle aux dispositions
fixées par la Charia.
Troisièmement : Les parties de l’investissement participatif (Mou-
daraba)
Les investisseurs sont collectivement propriétaires du capital et la relation
existante entre eux (y compris l’administrateur (Moudarib) lorsqu’il com-
bine ses fonds propres avec les leurs), s’appelle une opération de partenariat
(Moucharaka). Le gestionnaire chargé du placement des capitaux est l’adminis-
trateur (Moudarib), qu’il s’agisse d’une personne physique ou d’une personne
morale comme les banques et les institutions financières. La relation entre l’ad-
ministrateur (Moudarib) et les investisseurs s’appelle un investissement partici-
patif (Moudaraba ou Qirad), car il lui revient de prendre seul toutes les décisions
concernant le placement, la gestion et l’organisation. Lorsque l’administrateur
(Moudarib) est amené à mandater une tierce partie pour effectuer les investis-
sements requis, cet arrangement est considéré comme une deuxième opéra-
tion d’investissement participatif (Moudaraba) entre le premier administrateur
(Moudarib) et la tierce partie et non comme un acte de courtage en faveur des
propriétaires des capitaux (titulaires des comptes d’investissement).
Quatrièmement : La combinaison des capitaux dans l’investisse-
ment participatif collectif (Moudaraba Mouchtaraka)
Rien n’interdit de combiner entre eux les capitaux apportés par différents
investisseurs, ou de les combiner avec les fonds propres de l’administrateur
(Moudarib), puisque cela se fait sur la base d’un consentement mutuel tacite ou
explicite des parties au contrat. De même, si l’opération de Moudaraba et le plan
d’investissement sont mis en œuvre par une personne morale, aucun des parti-
cipants n’aura à craindre d’être lésé puisque les parts de capital de chacun sont
clairement définies. De surcroît, la combinaison des capitaux ne peut qu’avoir
des effets positifs en termes de capacité financière et de bénéfice.

250
Cinquièmement : Imposer une durée déterminée pour l’investis-
sement participatif (Moudaraba)
En principe, l’investissement participatif (Moudaraba) est un contrat rési-
liable que l’une ou l’autre des deux parties peut annuler de manière unilatérale.
Cependant, il existe deux cas d’espèce dans lesquels un contrat d’investisse-
ment participatif (Moudaraba) ne peut être résilié, à savoir : (1) si l’adminis-
trateur (Moudarib) a déjà enclenché le processus d’investissement, l’opération
de Moudaraba engage alors toutes les parties jusqu’au terme de l’opération par
voie de dissolution effective ou anticipée. (2) Si le propriétaire des fonds ou
l’administrateur (Moudarib) s’est engagé à ne pas résilier le contrat pendant
une période prédéterminée, il doit, dans ce cas, honorer son engagement afin
de ne pas perturber le processus d’investissement tout au long de cette période.
Sixièmement : Fixation de la date d’échéance de la Moudaraba
Rien n’interdit que les deux parties fixent de commun accord une date d’échéance
précise du contrat de Moudaraba. Dans ce cas, ce dernier viendrait à expiration
au terme de ce délai, sans que l’une ou l’autre des deux parties ait besoin d’en
réclamer la résiliation. La spécification de la durée du contrat de Moudaraba
se traduit, dans le cas d’espèce, par l’interdiction d’effectuer de nouvelles opé-
rations après la date limite ainsi fixée, sauf pour la finalisation des opérations
déjà en cours.
Septièmement : Le partage des bénéfices de l’investissement par-
ticipatif (Moudaraba) en fonction des parts d’investissement au
prorata temporis
Lors de la distribution des dividendes, rien n’interdit de recourir à la méthode
mathématique qui consiste à prendre en considération la part respective de
chaque investisseur ayant souscrit au capital et la durée de sa participation, car
les mises de fonds des différents associés ont concouru collectivement à la réali-
sation des dividendes, chacun au prorata de son apport personnel et de la durée
de son placement. Par conséquent, cette méthode dans laquelle l’éligibilité de
chaque contributeur à une fraction du profit est calculée au prorata de son ap-
port et de la durée de son investissement apparaît-elle comme la plus équitable
et la plus juste pour rémunérer les différents investisseurs. Parce qu’en acceptant
d’emblée de s’engager dans une opération d’investissement participatif collectif
(Moudaraba Mouchtaraka), les associés ont convenu tacitement d’ignorer les
disparités qu’il est impossible de déterminer, outre le fait que, par définition, le
partenariat implique que chaque participant obtienne une fraction des bénéfices
générés par les fonds de son associé. Cette modalité de partage ne s’oppose en

251
rien à la participation collective aux bénéfices et est approuvée du moment où
chacun donne son consentement pour le partage des parts qui en résulte.
Huitièmement : Constitution d’un comité bénévole pour la pré-
servation des droits des investisseurs
Dès lors que les investisseurs (propriétaires des capitaux) ont le droit de s’assu-
rer que l’administrateur (Moudarib) va effectivement honorer ses engagements,
il n’y a pas d’objection, du point de vue de la Charia, à ce qu’ils constituent
un comité de bénévoles composé de membres choisis en leur sein, en vue de
défendre leurs intérêts et de veiller à la bonne exécution des clauses du contrat,
sans toutefois s’ingérer dans les décisions d’investissement de ce dernier, sauf
pour ce qui est de lui prodiguer des conseils non contraignants.
Neuvièmement : Le dépositaire du fonds d’investissement
Le dépositaire des fonds d’investissement est une banque ou une institution
financière bien notée par les agences de rating et alliant l’expérience profes-
sionnelle à la solvabilité, et qui est mandatée par les investisseurs pour recevoir
les capitaux et les effets matérialisant l’actif en vue de les garder en dépôt et
d’empêcher l’administrateur (Moudarib) d’en disposer de manière contraire aux
clauses du contrat. Cette procédure n’est pas prohibée par la Charia, à condi-
tion de le mentionner expressément dans les statuts (de l’institution financière
et de l’administrateur (Moudarib)), de manière que les souscripteurs en soient
parfaitement informés et sous réserve que le dépositaire n’interfère pas dans les
décisions d’investissement et que son travail se limite à la seule garde des capi-
taux et à la vérification de la conformité aux exigences techniques et chariatiques
afférentes à l’investissement.
Dixièmement : Fixation d’une marge de profit minimum et de
primes payables à l’administrateur (Moudarib)
La Charia n’interdit aucunement de fixer un taux de rendement moyen à es-
compter, et de stipuler qu’en cas de profit excédant ce même taux, l’administra-
teur (Moudarib) aura droit à une part spécifique de ces gains supplémentaires.
Ceci après avoir stipulé la part du profit revenant à chacune des deux parties,
indépendamment du montant des gains.
Onzièmement : Identification de l’administrateur (Moudarib)
lorsque l’investissement participatif (Moudaraba) est effectué
avec une personne morale (banque ou institution financière)
Lorsque l’opération d’investissement participatif (Moudaraba) est gérée par une
personne morale, telle que banque ou institution financière, l’administrateur

252
(Moudarib) est cette même personne morale, indépendamment de tout chan-
gement dans la composition de l’Assemblée générale, du Conseil de direction
ou de la Direction exécutive. D’autre part, la relation entre les propriétaires des
capitaux et l’administrateur (Moudarib) ne sera pas affectée par un tel chan-
gement aussi longtemps que celui-ci se ferait en conformité avec les clauses du
contrat de participation à la Moudaraba.
La Moudaraba ne sera pas non plus affectée par une éventuelle fusion entre
la personne morale qui en est le gestionnaire avec une autre personne morale.
Toutefois, lorsqu’une filiale de l’institution gestionnaire de la Moudaraba de-
vient indépendante et jouit de sa propre personnalité juridique, les propriétaires
des capitaux sont en droit de résilier le contrat de l’administrateur (Moudarib),
même avant la date d’échéance prévue.
Dès lors qu’il gère l’opération d’investissement participatif (Moudaraba) par
le biais de ses employés, le Moudarib doit supporter les charges et frais de per-
sonnel encourus à ce titre, ainsi que tous les autres frais et charges indirects. Ces
dépenses sont en effet incluses dans la part du profit revenant à l’administrateur
(Moudarib). L’opération de Moudaraba proprement dite ne peut être grevée
que des charges directes qui lui sont inhérentes, en plus du coût des prestations
que l’administrateur (Moudarib) n’est pas supposé effectuer lui-même, comme
les honoraires des collaborateurs externes ne faisant pas partie du personnel de
l’administrateur (Moudarib).
Douzièmement : Responsabilité engagée dans / Garantie de l’in-
vestissement participatif et jugement concernant la responsabi-
lité/ la garantie de l’administrateur (Moudarib)
L’administrateur (Moudarib) possède le statut de dépositaire et, à ce titre, sa res-
ponsabilité dans les pertes ou les dommages n’est pas engagée, sauf si ces pertes
ou dommages sont dus à une faute ou une négligence de sa part, y compris la
violation des prescriptions de la Charia ou le non-respect des termes et condi-
tions du contrat d’investissement.
Cette clause s’applique indifféremment à l’investissement participatif
(Moudaraba) individuel et l’investissement participatif collectif (Moudaraba
mouchtaraka) et ne peut être modifiée sous prétexte d’affilier cette transaction
à la prestation de service (Ijara Mouchtaraka) ou lorsque les deux parties le sti-
pulent dans le contrat et s’engagent sur cette base. Cependant, la garantie d’une
tierce partie reste recevable conformément aux termes et conditions énoncés
dans la Résolution nº 30 (4/5), Para 9, de l’Académie.
Allah est plus Savant

253
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 124 (6/13)


L’Assurance maladie et l’Utilisation des Cartes de soins
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « l’as-
surance maladie et l’utilisation des cartes de soins » et ayant suivi les débats qui
se sont déroulés entre les membres et les experts de l’Académie à ce sujet,

Décide ce qui suit


L’examen de la question de « l’assurance maladie et de l’utilisation des cartes
de soins » et l’adoption d’une résolution à ce sujet sont reportés à la prochaine
session pour de plus amples investigations et compléments d’études.
Le report de l’examen de la question de « l’assurance maladie et de l’utilisation
des cartes de soins » et de l’adoption d’une résolution à ce sujet à la prochaine
session pour de plus amples investigations et compléments d’études.
Allah est le Garant du succès

254
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 125 (7/13)


Déclaration à la suite des évènements
en Palestine et en d’autres lieux
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Suit de près l’état de la communauté musulmane, sa situation et celle du
monde contemporain ; et constate les velléités bellicistes et agressives dirigées
contre l’Islam et les Musulmans, dans le dessein de :
• Déformer l’image de l’Islam en attaquant la foi des musulmans et en semant
le doute sur les prescriptions de la Charia ;
• Profaner ce qui est sacré pour les Musulmans, occuper leurs territoires,
faire couler leur sang, s’emparer des richesses de leurs pays et saper leurs
économies ;
Les jurisconsultes (fouqaha) de l’Académie internationale du Fiqh islamique
ont le devoir religieux d’exposer aux musulmans les jugements de la Charia
liés à leur situation et de ne pas cacher les vérités dont ils ont connaissance et
qu’ils ont l’obligation de divulguer, car Allah Le Très-Haut a enjoint à ceux qui
détiennent le savoir de dire la vérité et leur a interdit de la taire, en menaçant
quiconque tenterait de se soustraire à cette obligation : « Qui donc est plus in-
juste que celui qui cache un témoignage qu’il détient d’Allah ? Allah n’est pas
indifférent à ce que vous faites » . (Al-Baqarah: 140)
Les savants israélites d’autrefois furent justement maudits et exclus de la Grâce
divine pour avoir dissimulé ce qui leur avait été enseigné. Allah Le Très-Haut
nous dit : « Ceux qui cachent les Preuves et la Direction que Nous avons fait
descendre après que nous ayons montré aux Hommes ce qui est dans Le Livre,
ceux-là Allah les maudit ainsi que les maudissent ceux qui les maudissent » (Al-
Baqarah (La Vache) : 159). Le précepte contenu dans ce verset a un caractère
général et s’applique à quiconque dissimule le savoir qu’il a le devoir de propa-
ger. Le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit : « Celui qui cache un savoir qu’il possède se
présentera au Jour du Jugement Dernier portant une bride de feu » (rapporté par

255
Ibn Mâjah par le biais d’une chaîne de transmetteurs authentiques). De même,
il est interdit de retarder la divulgation du savoir lorsque le besoin s’en fait sentir.
Au nombre des questions impérieuses qui concernent la Oumma et qui
nécessitent une mise au point et une clarification, la question palestinienne
et d’autres événements similaires qui ont pour théâtre un certain nombre de
contrées islamiques s’imposent d’emblée.

Le Conseil de l’Académie déclare ce qui suit :


Premièrement : La terre de Palestine est la patrie de la Mosquée Al-Aqsa, pre-
mière des Deux Qibla et troisième et dernière mosquée vers laquelle les musul-
mans sont invités à se rendre pour y accomplir la prière. C’est en ces lieux que
s’est effectué l’Ascension (al Mi’raj) du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬. Cette terre est celle des
Prophètes et revient de droit aux Musulmans. Ce droit implique le devoir pour
chaque Musulman d’apporter toutes formes de soutien dont il est capable, car
en dépit de la défection des défaitistes et de ceux qui abdiquent avant d’obtenir
justice, ceux dont les revendications sont légitimes obtiendront toujours raison
contre ceux qui servent et soutiennent la cause de l’oppresseur.
Les jurisconsultes (Fouqaha) de la Oumma ont unanimement proclamé qu’il
est interdit de tolérer l’occupation d’une quelconque portion des territoires des
Musulmans, car cela reviendrait à accepter l’injustice commise par l’usurpateur
et à lui permettre de persister dans sa transgression. L’Islam impose aux victimes
d’agressions de résister et de combattre leurs agresseurs et leurs occupants jusqu’à
ce que, humiliés, ils capitulent et soient forcés d’abandonner leurs terres.
Deuxièmement : Il est donc du devoir des gouvernements et des peuples
musulmans de déployer tous les efforts nécessaires pour récupérer la terre mu-
sulmane de Palestine afin de la restituer à ses propriétaires légitimes et de pré-
server la Mosquée d’Al-Aqsa des méfaits des profanateurs juifs qui ont toujours
nourri de la haine et de l’hostilité à l’égard de l’Islam et des Musulmans depuis
les prémices de la propagation de cette religion. Ils continuent aujourd’hui de
comploter contre les Musulmans puisqu’ils sont maintenant devenus plus forts
et plus arrogants.
Troisièmement : Il est obligatoire, pour tous les Musulmans de soutenir de
leurs personnes et leurs biens le peuple palestinien, chacun dans la mesure de
ses moyens, afin de l’aider à défendre sa patrie spoliée et ce qu’il a de sacré et
résister à la tyrannie sioniste qui cautionne l’effusion du sang, le meurtre des
innocents, y compris les femmes et les enfants, et la démolition des habitations
en mobilisant à cette fin ses arsenaux de guerre les plus meurtriers tels que mis-
siles et chars d’assaut, hélicoptères et avions de chasse, sans parler de la véritable
guerre économique décrétée contre les Palestiniens avec le saccage des terres

256
arables, l’arrachage des arbres qui s’y trouvent et l’embargo sur le ravitaillement
à destination des territoires palestiniens assiégés.
Soutenir le peuple palestinien est le devoir de la Oumma tout entière, aussi
bien les gouvernements que les peuples musulmans. En effet, les musulmans
ne font qu’un. L’asile du plus modeste d’entre eux s’applique à tous les autres.
Ils sont soudés contre leurs ennemis et se soutiennent les uns les autres comme
les pierres d’un édifice.
{Quatrièmement : Il est également du devoir des gouvernements des pays
musulmans de déployer tous les efforts possibles, par le biais des organisations
internationales et de leurs relations politiques et économiques, pour mettre fin
aux soutiens extérieurs politiques et militaires dont bénéficie l’ennemi.
Cinquièmement : Le peuple palestinien a le droit d’établir son État indépen-
dant sur la totalité de ses territoires et avec pour capitale la ville d’Al-Qouds. Il a
également le droit de se défendre et de combattre l’ennemi par tous les moyens
de résistance légitime. C’est un grand honneur et un bienfait incommensurable
pour tout Musulman de mourir en martyr pour la cause d’Allah Le Très-Haut.

En conclusion, l’Académie aimerait à cet égard faire les


recommandations ci-après à la Oumma, gouvernements et peuples :
Premièrement : L’attachement à la foi et à la loi musulmanes
La cause sous-jacente des difficultés internes et externes, des crises et des guerres
qui secouent aujourd’hui le monde musulman réside dans l’éloignement des
Musulmans de leur foi et de la Charia qui constituent le Message et le rappel
divins. Allah ne nous dit-Il pas : « Quiconque se sera écarté de mon Message
aura, en vérité, une vie malheureuse » (Ta-Ha : 124). Cet acharnement à vouloir
tenir la Charia à l’écart ne fait que creuser encore plus le fossé entre les gouver-
nements et leurs peuples, alimenter les interprétations erronées et encourager
les dérives individuelles et collectives sur le plan idéologique et moral.
L’Académie réitère l’appel lancé, lors de sa 7e session, aux gouvernements des
pays musulmans, pour défendre et renforcer les principes de la foi islamique, de
la purger et de la débarrasser des impuretés pour la faire régner dans sa forme la
plus pure. L’Académie tient également à mettre ces gouvernants en garde contre
tout acte de nature à saper le dogme islamique et ses fondements, à briser l’unité
des Musulmans et à ouvrir la voie à la discorde et à la zizanie.
L’Académie réaffirme le contenu de cette recommandation en appelant les
gouvernements des pays musulmans à « veiller à l’application de la Charia et à
en faire leur référence de leurs relations politiques internes et externes ».

257
Deuxièmement : Soutien à la cause des Musulmans
Les Musulmans, partout où ils se trouvent, ne forment qu’une seule et même
Nation, unis par leur foi monothéiste, par la Charia et leur convergence vers
une seule et même Direction, celle de la Qibla, lors de leurs prières. Comme
l’a dit le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬: ils sont pareils à un seul corps : quand un membre est af-
fecté, c’est tout le corps qui souffre. Aussi, est-il du devoir de chaque Musulman
de soutenir les autres Musulmans, où qu’ils puissent se trouver, quand ils sont
agressés, quand leur terre est spoliée ou quand quelque autre calamité vient
à s’abattre sur eux. Allah nous dit : « Les croyants, hommes et femmes, sont
amis les uns des autres ; ils se recommandent mutuellement le bien et s’inter-
disent mutuellement le mal » (Al-Tawbah (Le Repentir) : 71). Le Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬
a également dit : « un Musulman est le frère d’un autre Musulman ; jamais il
ne l’opprime ni ne le livre (à l’ennemi). Quand un Musulman pourvoit aux
besoins de son frère, Allah pourvoira à ses propres besoins. Celui qui soulage
le mal d’un Musulman verra Allah le soulager de son mal le jour du Jugement
Dernier » (Mouslim : 1830).
Le soutien à la cause des Musulmans peut prendre la forme d’un soutien phy-
sique, financier, moral, politique ou autre, selon les possibilités et les moyens de
chacun et au gré de la situation et des circonstances.
L’Académie réaffirme également sa recommandation faite lors de la 7e session
« exhortant les pays arabes et musulmans à soutenir les Musulmans victimes de
la persécution aux quatre coins de la planète, et à user de tous les moyens pos-
sibles pour défendre leurs causes et repousser les attaques dont ils sont l’objet ».
Troisièmement : L’interdiction des agressions en Islam
L’Islam proscrit formellement l’agression injustifiée, comme le fait de terroriser
les populations pacifiques et les innocents et tous ceux dont le sang est supposé
être préservé par les Musulmans. Toute agression de ce type participe du terro-
risme, pratique prohibée en Islam.
Fourbir ses armes et mobiliser ses forces pour terrifier l’ennemi sont certes une
exigence de la Charia comme la Parole Divine nous le commande expressément :
« Préparez, contre eux ce que vous pouvez de forces et de chevaux pour jeter l’ef-
froi dans (le cœur de) l’ennemi d’Allah et votre ennemi ainsi que d’autres, en
dehors d’eux, que vous ne connaissez pas et qu’Allah connaît » (Al-Anfal : 60).
Une personne qui résiste par tous les moyens en sa possession et de toutes
ses forces à ceux qui ont usurpé sa terre et occupé sa patrie, ne fait qu’accomplir
son devoir et remplir une mission légitime. Ce constat vaut pour la résistance
opposée par le peuple palestinien aux occupants sionistes qui ont usurpé sa terre
et font fi de tous ses droits.

258
À cet égard, il est navrant de constater que certaines grandes puissances re-
courent sans vergogne à la politique des deux poids, deux mesures dans l’affaire
palestinienne et considèrent le propriétaire légitime de la terre, qui défend sa vie,
son honneur et ses biens, comme un terroriste, alors que l’envahisseur qui viole
tous les droits humains, se sert des armes les plus meurtrières pour faire couler
le sang et persiste à faire fi de toutes les conventions et de toutes les normes du
Droit international, est complaisamment présenté comme un innocent acculé
à lutter pour sa survie et à son corps défendant.
De même, l’une des pires formes d’injustice et de terrorisme est de vouloir
coûte que coûte accoler l’étiquette du terrorisme à l’Islam, qui est la religion de
la modération et du juste milieu. Une autre forme d’injustice consiste également
à harceler certaines organisations caritatives et de Da’wa, ainsi que d’autres ins-
titutions financières islamiques en les accusant de terrorisme, sans apporter la
moindre preuve à l’appui de ces allégations.
Quatrièmement : L’éthique islamique
Le monde a besoin aujourd’hui, et plus que jamais, de l’éthique islamique en
temps de paix et de guerre, afin de faire régner la justice, indispensable à l’exis-
tence de la terre et des cieux, et de bannir l’injustice, l’arrogance et la corruption
qui se répandent hélas ! à travers le globe. En fait, la véritable cause sous-jacente
aux révoltes et aux séditions n’est autre que la division du monde en classes et la
mainmise des pays nantis sur les ressources, leur hégémonie et leur appropriation
du Savoir qu’Allah Le Très-Haut a ordonné d’acquérir dans Son Livre Saint et
qu’Il a envoyé Ses Messagers pour le promouvoir parmi tous les êtres humains
afin de faire régner la justice et l’équité : Nous avons certes envoyé Nos Apôtres
avec les Preuves, et fait descendre avec eux, l’Écriture et la Balance, afin que les
Hommes pratiquent l’équité » (Al-Hadid : 25).
Cinquièmement : L’Académie rend hommage discours exhaustif et important
de S. E. le Secrétaire Général de l’Organisation de la Conférence islamique, qui
a été prononcé en son nom par le Secrétaire Général adjoint pour les Affaires
politiques et les Minorités musulmanes, et dans lequel il a déclaré en substance :
La session de votre auguste assemblée intervient à un moment extrêmement
délicat et sensible où les menaces contre notre existence ont atteint un niveau sans
précédent… L’agression dont nous sommes aujourd’hui l’objet met en péril notre
devenir et nous place dans une situation des plus désespérées. C’est pourquoi nous
nous devons tous, états et peuples, de serrer les rangs et de faire bloc pour défendre
nos Lieux Saints et notre patrimoine religieux et culturel.

Vous pouvez aisément voir l’arrogance et l’impudence de l’ennemi sioniste, voir aussi
jusqu’à quelle extrémité son hystérie belliciste a entraîné cet ennemi dont la folie

259
meurtrière a mené toute la région au bord de l’implosion en poursuivant sa guerre
génocidaire contre le vaillant peuple palestinien, fort dans son arrogance égoïste,
du soutien militaire, économique et politique inconditionnel que lui apportent des
sources extérieures.

En plus de la Palestine, une guerre féroce aux objectifs des plus flous a été déclenchée
sur le territoire d’un autre pays musulman sinistré qu’est l’Afghanistan, une guerre
qui a fait d’innombrables victimes parmi des vieillards, des femmes et des enfants
qui n’ont pourtant commis aucun crime ni délit.

Par conséquent, la sauvegarde de l’identité musulmane contre les facteurs exogènes


nés dans la tourmente de l’actualité politique internationale s’inscrit-elle au cœur de
votre mission de réflexion scientifique, qui joue un rôle capital dans la formation de
l’opinion publique, l’enracinement de la pensée et l’approfondissement du sentiment
d’appartenance à la civilisation musulmane authentique qu’il est impossible de faire
disparaitre, quelle que soit la violence de l’agression.

C’est dire que le fait de prodiguer à la société musulmane les conseils éclairés dont
elle a besoin revêt une importance primordiale qui transcende toutes les autres
causes, car c’est le devenir même de la Oumma qui est en jeu. C’est pourquoi
cette question mérite qu’on lui accorde toute l’importance requise pour en faire
une œuvre de civilisation rigoureuse et fructueuse qui jettera les bases du réveil des
musulmans.
Allah est le Garant du succès

260
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution nº 126 (8/13)


Les Droits de l’Homme en Islam
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 13ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 7 au 12 Chawal H (22–27 Décembre 2001) ;
Convaincu que la dignité a été conférée à l’être humain par Allah Le Très-
Haut, le Créateur, afin de constituer le fondement et le socle des droits et devoirs
du genre humain et qu’Il a imposé à l’être humain des devoirs à l’égard de son
Seigneur, mais aussi vis-à-vis de lui-même, de ses semblables et de l’environne-
ment dans lequel ils se meuvent.
Convaincu qu’une lecture approfondie, exhaustive et objective, de la législa-
tion islamique (Charia) démontre qu’elle est parfaitement adaptée à la société et
à la nature humaines, mais aussi à la nature de l’univers tout entier. C’est pour
cela que l’Islam est considéré comme étant la « religion naturelle », aspect qui
est, au demeurant, mis en exergue dans le Livre d’Allah. « Dirige tout être vers
la religion exclusivement, telle est la nature qu’Allah a originellement donnée
aux Hommes » (Al-Roûm : 30).
Les Droits de l’Homme en Islam renvoient aux privilèges qu’Allah Le Très-
Haut a accordés à l’être humain, du fait de l’honneur qu’Il a lui a conféré, et
qu’Il a ordonné à toutes les créatures de respecter conformément aux prescrip-
tions et aux conditions évoquées par la Charia.
Se fondant sur la conviction unanime au sein de la Oumma que la Charia
est valable en tout temps et en tout lieu, et compte tenu du droit des nations
de préserver leurs spécificités culturelles et religieuses et de se donner le mode
de gouvernement et le système législatif qui leur conviennent, l’Académie ré-
affirme le contenu de la Déclaration du Caire sur les Droits de l’Homme en
Islam, adoptée par les Ministres des Affaires étrangères des pays musulmans, le
14 Mouharam 1411 H (5 août 1990), de même que les recommandations du sémi-
naire sur les droits de l’homme en Islam, organisé par l’Académie Internationale
du Fiqh du 8 au 10 Mouharam 1417 H (25-27 mai 1996) à Jeddah.
Les peuples musulmans ont librement et sans équivoque adhéré aux prin-
cipes et aux lois islamiques relatifs à l’état civil, au statut de la femme, aux re-
lations familiales et à maintes autres questions d’ordre socioéconomique. Par

261
nombre de ses aspects, la législation islamique est en accord avec les objectifs
de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme promulguée en 1948 par
l’Assemblée générale des Nations Unies. Toutefois, la loi islamique diffère de
la Déclaration des Droits de l’Homme par certains de ses aspects, notamment
ceux relatifs à l’éthique et au système social islamique.
Considérant que la Charia a promulgué des règles destinées à la préservation
et à la réalisation de ses objectifs éthiques, dont les plus importants, concernent
les cinq fondements sur lesquels reposent les droits humains fondamentaux que
sont la vie humaine, la religion, la propriété, la raison et l’honneur et la posté-
rité; qu’en outre, dans le but d’empêcher toutes dérives éventuelles par rapport
à ces prescriptions, la Charia – à l’instar de tous les autres systèmes législatifs
– a décrété une série de mesures préventives et dissuasives destinées à protéger
la société contre les différentes dérives ; que de nombreuses institutions et ins-
tances internationales ayant reconnu l’efficacité de la législation islamique dans
la gestion et la résolution des problèmes rencontrés par l’humanité, ce qui devrait
faire réfléchir tous les gens raisonnables et les inciter à prendre cette législation
en considération et à en tirer parti ;
Considérant également que la Charte des Nations Unies reconnaît à tout État
le droit d’étendre sa souveraineté à l’intérieur de ses frontières géographiques et
d’interdire toute forme d’ingérence dans ses affaires internes et que les lois des
pays souverains l’emportent sur les lois et systèmes étrangers ;

L’Académie décide ce qui suit :


Premièrement : Il incombe aux différentes organisations concernées par les
questions des droits de l’homme, quels que soient leurs chartes et leurs statuts, de
s’abstenir de toute ingérence dans les affaires des Musulmans régies par la Charia.
Ces organisations n’ont absolument pas le droit d’imposer aux Musulmans des
règles et des valeurs qui sont complètement différentes des leurs, et encore moins
de prétendre leur demander des comptes pour n’avoir pas respecté ces règles
qu’ils n’ont ni adoptées ni cautionnées.
Deuxièmement : L’Académie décide de se doter d’un Centre des Droits de
l’Homme relevant directement de son autorité et d’engager, sans délai, les pro-
cédures nécessaires y compris l’élaboration des statuts dudit Centre.

En outre, l’Académie :
Premièrement : INVITE les États et les organisations internationales et huma-
nitaires à œuvrer pour le respect des droits des minorités musulmanes à travers le
monde et pour qu’elles soient traitées avec équité, surtout dans cette conjecture
délicate, afin de concrétiser le principe de justice et de donner à chacun ses droits.

262
Deuxièmement : EXPRIME son entière disposition à entrer en contact avec
les juristes, les institutions académiques, les organisations internationales, of-
ficielles ou populaires, de tout horizon et de toute tendance, pour étudier
les moyens d’améliorer la coopération et la compréhension mutuelle dans le
domaine des droits de l’homme, en vue de promouvoir la paix, la justice, la
prospérité et le bien-être de tous, de décourager les mauvais comportements et
d’encourager la coexistence sur la base des principes précités.
Que notre devise en cela s’inspire de la Parole Divine : « Certes Allah com-
mande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit la tur-
pitude, l’acte répréhensible et la rébellion : Il vous exhorte afin que vous vous
souveniez » (Al-Nahl (L’Abeille) : 90), et aussi ces Paroles du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬pro-
noncées lors de son Pèlerinage d’Adieu à Makkah : « Votre sang, vos biens et
votre honneur sont aussi inviolables entre vous et sacrés que le sont ce Jour, lors
de ce Mois et au sein cette Cité ».
Allah est le Garant du succès

263
Résolutions et Recommandations de la 14ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Doha
État Du Qatar

8–13 Dhoul Qui’da 1423


11–16 Janvier 2003
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 127 (1/14)


Les Bulletins de Participation aux Concours

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie au sujet des
« bulletins de participation aux concours », et ayant suivi les débats qui se sont
déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition des « Concours »
Un concours est une transaction basée sur la compétition entre deux personnes
ou plus pour la réalisation ou l’accomplissement d’une tâche donnée moyen-
nant rémunération (prix) ou sans contrepartie.
Deuxièmement : Légalité du concours
1. Un concours non doté d’une compensation (prix) est légiféré (permis)
pour autant qu’il porte sur des matières non interdites par la Charia,
n’entraîne pas le renoncement à une obligation et n’implique pas la com-
mission d’un acte illicite.
2. Un concours doté de prix est légal si les conditions suivantes sont réunies :
a. Lorsque les objectifs, les moyens utilisés et l’objet du concours sont
licites.
b. Lorsque la récompense (Prix) n’est pas fournie par l’ensemble des
compétiteurs.
c. Lorsque le concours vise à concrétiser un objectif en accord avec
la Charia.
d. Lorsque la participation à ce concours n’implique pas l’abandon
d’une obligation de la Charia ou la commission d’un acte illicite.

266
Troisièmement : L’usage de bulletins de participation au concours (coupons)
dont la valeur globale ou partielle est incluse dans le montant du prix est prohibé
par la Charia, car, dans ce cas, ce processus serait assimilable à un jeu de hasard.
Quatrièmement : Le fait pour deux ou plusieurs parties de parier sur le ré-
sultat des actes d’autrui, que ces actes soient d’ordre matériel ou immatériel, est
un acte illicite au regard des textes du Noble Coran et des hadiths proscrivant
les jeux de hasard.
Cinquièmement : Le paiement d’appels téléphoniques pour la participation
aux concours est prohibé si l’intégralité ou une fraction du montant payé est
incluse dans le montant des Prix, car un tel procédé constituerait un moyen il-
licite de s’approprier l’argent d’autrui.
Sixièmement : Il n’y a aucun inconvénient à ce que les donateurs des prix
recourent à ce genre de concours en accord avec la Charia si leur seul but est
de promouvoir leurs offres de biens et services (sans en retirer un gain finan-
cier direct), à condition que ni la totalité ni même une fraction du prix ne soit
apportée par les compétiteurs et que le processus promotionnel n’implique ni
tricherie, ni tromperie, ni escroquerie au détriment des consommateurs.
Septièmement : L’augmentation progressive du montant du prix ou sa di-
minution en fonction de défaite postérieure à la victoire est une pratique inter-
dite par la Charia.
Huitièmement : Les cartes de fidélité délivrées par les établissements hôteliers,
les compagnies aériennes et autres entreprises et qui permettent à leurs déten-
teurs d’accumuler des points échangeables contre certains avantages autorisés
par la Charia sont licites lorsque ces cartes sont gratuites (sans contre partie).
Lorsque l’obtention de ces cartes est payante, elles sont illicites en raison du
caractère aléatoire et entaché de flou de l’opération (gharar).

Recommandations :

L’Académie recommande à tous les Musulmans de rechercher, dans toutes leurs


transactions comme dans toutes leurs activités intellectuelles et promotionnelles,
ce qui est licite au regard de la Charia et de se garder du gaspillage et des dé-
penses extravagantes.
Allah est plus Savant

267
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 128 (2/14)


Les Droits de l’Homme et la Violence internationale

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant examiné les études soumises à l’Académie concernant « les droits de
l’homme et la violence internationale » , et ayant suivi les débats qui se sont
déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. L’Islam a honoré l’homme en tant que tel et a veillé à confirmer et à pré-
server ses droits et sa dignité. La jurisprudence islamique (le fiqh) est la
première jurisprudence dans le monde à proposer un ensemble de textes
législatifs pertinents aux relations humaines au niveau local et internatio-
nal et valables en temps de guerre comme en temps de paix.
2. Le terrorisme désigne l’action d’agresser, effrayer ou menacer physique-
ment ou psychologiquement un être humain et émanant d’un État, d’un
individu ou d’un groupe d’individus, que cet acte soit dirigé contre la vie
de la victime, sa foi, son honneur, son esprit ou ses biens, quel qu’en soit
le moyen ou la forme de corruption sur terre utilisés dans ce but.
3. L’Académie souligne que le Djihad et le martyre pour transmission et la
défense de la foi musulmane et de la souveraineté nationale ne participent
pas du terrorisme, mais constituent un acte de défense des droits fonda-
mentaux de la personne. A ce titre, les peuples opprimés et vivants sous
le joug de l’occupant ont le droit d’user de tous les moyens possibles pour
accéder à la liberté.
4. Il est à noter que des concepts comme le Djihad, le terrorisme et la vio-
lence qui sont aujourd’hui couramment utilisés dans les médias sont des
termes spécialisés et par conséquent aucun de ces termes ne doit être
employé en dehors de son contexte.
5. S’agissant des prescriptions de la Charia applicables au fait de participer

268
soi-même à des attaques suicides dirigées contre l’ennemi, le Conseil a
décidé de différer l’examen de cette question jusqu’à la prochaine session
pour se donner le temps de préparer des études spécifiques sur ce thème.
Recommandations :
1. L’Académie recommande l’élaboration d’un corpus islamique sur le Droit
humain international, sur le modèle des corpus juridiques convention-
nels. Ce corpus sera ensuite traduit dans les principales langues interna-
tionales pour être placé dans les différentes bibliothèques universitaires
et dans les librairies des institutions onusiennes. Cette procédure sera
assurément plus efficace que le fait de se contenter de répéter sans cesse
que l’Islam n’a rien à voir avec le terrorisme, et elle permettra d’éclairer
l’esprit des non-musulmans sur les points de vue de l’Islam de manière
parfaitement claire et sans ambiguïté.
2. L’Académie recommande également que soit mis en place un comité
d’érudits chargé d’élaborer une charte islamique indiquant clairement
le point de vue de l’Islam sur les rapports avec les non-musulmans.
Cette charte devra ensuite être traduite dans les langues internationales
et diffusée par le biais des médias modernes afin de réfuter les préju-
gés et idées fausses et de révéler au grand jour les réalités de l’Islam aux
non-musulmans.
Allah est plus Savant

269
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 129 (3/14)


Le Contrat de Fabrication et de Construction : Sa
Nature, son Affiliation juridique et ses Formes

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le
contrat de fabrication et de construction : nature, son affiliation juridique et ses
formes », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Tenant compte des références, des règles et des objectifs ultimes de la Charia
et la nécessité de préserver l’intérêt général dans les contrats et transactions ;
Tenant compte l’importance du contrat de fabrication et le rôle essentiel
qu’il joue dans l’essor de l’industrie et l’ouverture de vastes perspectives pour le
financement et le développement de l’économie islamique ;

Décide ce qui suit :


1. Un contrat de fabrication est un contrat en vertu duquel l’une des par-
ties s’engage à fabriquer un bien ou à exécuter une tâche en contrepartie
d’une rémunération spécifique que l’autre partie s’engage à lui verser. Ce
contrat est résiliable, que le fabricant fournisse la matière première et
le service (auquel cas, le contrat est appelé par les Fouqaha contrat de
production (Istisna’) ou que le fabricant se borne à fournir le service seul
(auquel cas il s’agit, selon la terminologie du Fiqh, d’un simple contrat de
location de service (Ijara ’ala al-’amal).
2. Lorsque le fabricant fournit la matière première et le service, le contrat
est assujetti aux dispositions de la Résolution nº 65 (3/7) de l’Académie
relative au contrat de production (Istisna’).
3. Lorsque le fabricant fournit uniquement le service, la rémunération doit
être fixée à l’avance.
4. Un accord sur la détermination du prix est permis s’il se fait selon l’une
des procédures suivantes :

270
a. Accord sur le prix global sur la base des dossiers d’appel d’offres, des
plans et des caractéristiques précisément définies.
b. Accord sur le prix par phase quantifiable, stipulant le prix et la
quantité, et sur la base des plans et modèles convenus d’avance.
c. Accord sur le prix en se basant sur le coût de revient réel majoré d’un
pourcentage de bénéfice. Dans ce cas, le fabricant devra présenter
des comptes et factures précis et détaillés du coût de revient stipulant
les caractéristiques et les montants. Une fois ces documents remis à
l’administration désignée dans le contrat, le fabricant aura droit au
coût de revient ajouté au pourcentage de bénéfice convenu.
5. Un contrat de fabrication peut inclure une clause de pénalité afin de
garantir la bonne exécution du marché conclu, sauf cas de force majeure.
En l’occurrence, ce sont les dispositions de la Résolution nº 109 (3/12) de
l’Académie relative à la clause pénale qui deviendront être applicables.
6. Dans le contrat de fabrication, il est autorisé que le paiement soit différé
ou échelonné à des échéances prédéterminées ou en fonction des étapes
d’exécution du contrat.
7. Le contrat peut faire l’objet d’amendements et d’addenda à convenir
entre les parties.
8. Si le fabricant procède à des modifications ou à des ajouts, avec la per-
mission du commanditaire, mais sans que les deux parties se soient en-
tendues au préalable sur le montant de la rémunération, le fabricant aura
droit à la rémunération normalement payée pour des travaux similaires.
9. Si le fabricant procède à des modifications ou à des ajouts, sans autorisa-
tion du commanditaire, il n’aura pas le droit de réclamer un complément
de rémunération ou une compensation pour ces modifications ou ajouts.
10. Le fabricant s’engage à dédommager le commanditaire pour toute faute,
négligence ou violation des clauses du contrat commise par lui, de même
qu’il s’engage à dédommager les défauts de fabrication et erreurs dont
il est à l’origine. Toutefois, le fabricant ne peut être tenu pour respon-
sable d’une erreur commise par le commanditaire ni répondre des consé-
quences d’un cas de force majeure.
11. Lorsque le commanditaire stipule au fabricant la condition que le travail
soit effectué par lui-même, ce dernier ne pourra confier les travaux à un
sous-traitant.
12. Lorsque le commanditaire n’impose pas une condition exigeant que le

271
travail soit effectué par le fabricant lui-même, ce dernier pourra assigner
ce travail à un sous-traitant, sauf si ce travail est censé être effectué par
le fabricant en personne en raison de qualités qui le distinguent et qui
varient d’un prestataire à un autre.
13. Le fabricant répond des travaux confiés à ses sous-traitants et sa respon-
sabilité vis-à-vis du commanditaire reste engagée pour toute la durée spé-
cifiée dans le contrat.
14. Il n’est pas accepté, au regard de la Charia, d’inclure dans le contrat de
fabrication une clause de non-garantie pour le fabricant.
15. Il est permis de stipuler que la garantie est valable pour un laps de temps
déterminé.
16. Il n’est pas accepté de stipuler, dans les contrats de fabrication, une dé-
charge de responsabilité pour les défauts de fabrication pendant la pé-
riode de garantie stipulée dans le contrat.
Recommandations :

L’Académie recommande de mener des études spécifiques sur certaines formes


de contrats de fabrication tels que les contrats B.O.T abréviation anglaise signi-
fiant « construire, exploiter et transférer » .
Allah Le Très-Haut est plus Savant

272
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 130 (4/14)


Les Dispositions de la Charia applicables aux nouvelles
Entreprises (Sociétés Holding et autres)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
dispositions de la Charia applicables aux nouvelles entreprises (sociétés holding
et autres) », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition des nouvelles entreprises
1. Sociétés de capitaux : Il s’agit des entreprises dont le régime est fondé
sur les capitaux apportés par des associés, sans se préoccuper de la per-
sonnalité de chacun d’eux. Ces types de sociétés, dont les actions sont
négociables sur le marché, se répartissent comme suit :
a. Société par actions : Société dont le capital est divisé en parts
d’actions égales et négociables et dont la responsabilité de chaque
associé est limitée à sa part du capital.
b. La société en commandite par actions : Société dont le capital est
constitué par des actions négociables en bourse et dans laquelle les
associés sont de deux genres : (1) des associés solidaires et assumant
collectivement la responsabilité globale des créances de l’entreprise
et (2) des associés dits silencieux dont la responsabilité est limitée et
déterminée par leurs parts d’actions respectives.
c. Les sociétés à responsabilité limitée (SARL) : Les SARL sont des
sociétés constituées par un nombre limité d’associés (le nombre varie
en fonction de la législation en vigueur), dont chacun assume une
part de responsabilité proportionnée à la part du capital qu’il possède.
Les parts de ce type de sociétés ne sont pas négociables.

273
2. Les sociétés de personnes : Ces sociétés intuitu personæ, c’est-à-dire en
considération de la personne même des associés. Ils se connaissent et
se font confiance les uns les autres. Ce type de sociétés se subdivisent
comme suit :

a. La société en nom collectif : C’est une société créée par deux


personnes ou plus cherchant à faire affaire. Les partenaires
conviennent, dans ce cas, de partager et d’assumer personnellement
et solidairement la charge des créances de la société en engageant
leurs fonds propres. Ce type de société repose essentiellement sur les
relations personnelles entre les associés.
b. La société en commandite simple : C’est une société formée entre
un ou plusieurs associés responsables et solidaires d’une part, et un
ou plusieurs partenaires appelés “commanditaires” d’autre part. Ces
derniers n’interviennent pas dans la gestion et leur responsabilité est
limitée au montant de leurs parts du capital.
c. La coentreprise : C’est un partenariat qui n’est pas visible et qui
ne jouit d’aucune personnalité légale. Il est constitué par deux
personnes ou plus, dont chacune détient une part précise du capital.
Les parties conviennent de partager les pertes et profits résultants
des transactions qu’elles réalisent conjointement ou que réalise l’un
d’entre eux en son propre nom, et dans lesquelles la responsabilité de
celui qui effectue les transactions engagées.
3. La société holding : C’est une société qui détient des actions ou des parts
dans le capital d’autres entreprises indépendantes, dans une propor-
tion lui permettant d’en contrôler la gestion et d’en définir la politique
générale.
4. La société multinationale : C’est une société constituée par un groupe
de filiales et dont le siège social est domicilié dans un pays donné, tandis
que les filiales sont disséminées à travers différents autres pays dont elles
portent en général la nationalité respective. La maison mère et ses filiales
sont liées par une stratégie commerciale globale visant à réaliser des ob-
jectifs d’investissement bien précis.

Deuxièmement: En principe, le partenariat sous forme de société est permis


au regard de la Charia, aussi longtemps qu’elles ne n’exercent pas des activités
prohibées par celle-ci. Toutefois, il est interdit de posséder ou de faire le com-
merce d’actions de sociétés menant des activités formellement prohibées par la

274
Charia, comme les banques pratiquant l’intérêt ou les entreprises, dont les ac-
tivités sont entièrement ou partiellement articulées autour de choses prohibées
telles que le trafic de stupéfiants, la pornographie ou le commerce de produits à
base de porc. Les activités de ces sociétés doivent également être exemptes de du-
perie (Gharar) et d’inconnue pouvant être un motif de contentieux et de toutes
autres restrictions qui, aux yeux de la Charia, entraînent la nullité du partenariat.
Troisièmement: Il n’est pas permis aux sociétés d’émettre des actions de
jouissance, des actions de préférence ou d’obligations.
Quatrièmement: En cas de perte du capital, chaque associé assumera sa part
des pertes au prorata de ses parts de capital.
Cinquièmement: Chaque actionnaire détient une part indivise des actifs
proportionnelle au nombre d’actions qu’il possède. Cette part reste sa propriété
personnelle jusqu’au moment où elle est transférée à quelqu’un d’autre, en cas
de sortie amiable ou toutes autres formes de mutation de la propriété.
Sixièmement: Dans le cas des sociétés en holding et des multinationales, la
perception de la Zakat sur les actions détenues par les associés est régie par les
dispositions de la Résolution nº 28 (3/4) de la 4e session et de la Résolution
nº 120 (3/13) de la 13e session de l’Académie.
Allah Le Très-Haut est plus Savant

275
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 131 (5/14)


La Responsabilité du Conducteur d’un Moyen de
Transport collectif en cas d’Homicide involontaire et de
multiplication de la compensation financière (Kaffara)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
responsabilité du conducteur d’un moyen de transport collectif en cas d’homi-
cide involontaire et de multiplication de la compensation financière (Kaffara) »
et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

L’examen de cette question est différé dans l’attente de mener des études dis-
tinctes sur les questions jurisprudentielles suivantes :
1. La multiplication des compensations financières (Kaffara) en cas de vic-
times multiples.
2. Les options de substitution en l’absence d’agnat (Aqila) ou de leur inca-
pacité à s’acquitter de la compensation financière (Kaffara).
3. La privation de l’auteur d’un homicide involontaire de son droit à
l’héritage.

Allah Le Très-Haut seul sait


276
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 132 (6/14)


Les Contrats d’Adhésion

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
contrats d’adhésion » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Le contrat d’adhésion est un nouveau terme juridique occidental qui s’ap-
plique à des conventions régies par les termes et conditions ci-après :
a. Le contrat porte sur des biens ou des services dont tout le monde a
besoin et dont nul ne peut se passer, comme l’eau, l’électricité, le gaz,
le téléphone, la poste, les transports publics, etc.
b. Le fournisseur de ces biens ou services jouit de facto ou de jure d’une
situation de monopole ou, du moins, en contrôle le marché d’une
manière qui limite la concurrence.
c. Le fournisseur a le contrôle exclusif des termes et conditions du
contrat sans que l’autre partie ait la possibilité d’en négocier, faire
supprimer ou amender une quelconque clause.
d. L’offre du fournisseur est proposée au grand public de manière
uniforme et continue, aux mêmes termes et conditions.
2. Le contrat d’adhésion est conclu et fondé sur le concours de l’offre et
de l’acceptation (tacite), qui peuvent ici prendre n’importe quelle forme
indiquant un consentement mutuel entre les deux parties et attestant de
leur commune volonté de conclure le contrat suivant les termes et condi-
tions proposés par le fournisseur, sans nécessiter de formulation orale ou
écrite ou d’autre forme particulière.
3. Vu que la partie occupant ici une position dominante pourrait abuser de
son contrôle sur le prix et autres clauses du contrat et pourrait, de ce fait,

277
les fixer à un niveau préjudiciable à l’usager, il est obligatoire au regard
de la Charia que tous les contrats d’adhésion soient soumis à l’examen
des pouvoirs publics, avant leur mise en œuvre, afin qu’elles puissent
approuver ce qui lui paraîtra équitable et faire amender ou supprimer les
clauses préjudiciables aux intérêts de l’usager, comme l’exige le principe
de justice prônée par la Charia.
4. Du point de vue du Fiqh, les contrats d’adhésion peuvent être divisés en
deux catégories:
La première catégorie concerne les contrats d’adhésion dont le tarif est
équitable et qui ne comportent pas de clauses préjudiciables aux intérêts
de l’adhérent. Ce genre de contrat est valide au regard de la Charia et
engage les deux parties. Ni l’État ni la justice n’ont le droit d’interférer
dans l’annulation ou la modification d’un tel contrat, car leur interven-
tion n’a pas ici de justification au regard de la Charia. En effet, dans ce
cas, la partie qui jouit du monopole des biens ou services considérés, n’en
interdit pas l’accès au public, et les met à leur disposition à un prix requis
au regard de la Charia, c’est-à-dire au prix normal des biens et services
similaires (ou légèrement désavantageux, dans une mesure admissible par
la Charia et l’usage, puisque ceci est inévitable dans les transactions fi-
nancières et que les gens ont pour habitude de le tolérer) et aussi parce
que les savants considèrent unanimement que la vente d’un objet à une
personne contrainte de l’acquérir à un prix équitable est valide.
La seconde catégorie concerne les contrats d’adhésion qui portent
préjudice aux intérêts de l’adhérent en raison de son prix injuste (com-
portant un abus démesuré) ou bien parce qu’il est assorti de conditions
arbitraires et néfastes pour l’adhérent. Dans ce cas, il incombe à l’État
d’intervenir d’emblée (avant qu’il soit proposé) pour imposer un prix
honnête permettant de protéger les parties contraintes d’acquérir les bi-
ens ou les services en question. L’intervention de l’autorité publique con-
sistera en l’occurrence à faire baisser le prix jugé excessif pour le ramener
au tarif normal pour des biens ou services de nature similaire ou pour
faire abroger ou modifier les termes inéquitables du contrat afin d’établir
la justice entre les deux parties. Cette obligation d’intervenir pour l’État
se justifie par :
a. Le devoir de l’État (Waliy Al-Amr), au regard de la Charia est de
réparer le préjudice résultant du monopole d’une société ou d’un
individu sur une marchandise ou un service indispensable au public,
lorsque l’intéressé refuse de mettre cette marchandise ou ce service à

278
la disposition du public à un prix raisonnable (prix normal pour des
biens ou services de nature similaire), en imposant un prix équitable.
En agissant ainsi, les pouvoirs publics auront fait respecter deux
droits : le droit du public à être protégé contre les préjudices résultant
des abus de titulaire concernant le prix et les conditions, et le droit du
détenteur du monopole à obtenir une juste rémunération.
b. Cette homologation des prix revient à faire primer l’intérêt général –
qui est de permettre aux personnes contraintes d’acquérir ces biens et
services à un prix équitable – par rapport à l’intérêt individuel – en
l’occurrence celui de l’entité jouissant du monopole et qui n’accepte
de leur céder ses biens et services qu’à un prix exorbitant ou à des
conditions injustes. Cet ordre de priorité est très fermement établi
dans les règles du Fiqh (jurisprudence) islamique qui stipulent que
« l’intérêt général doit prévaloir sur l’intérêt individuel » et aussi que
« le préjudice individuel doit être enduré lorsqu’il permet d’éviter un
préjudice général ».
5. Dans le cas des entreprises disposant d’un monopole sur les importations,
il faut distinguer les trois cas de figure suivants :
Premier cas de figure: Lorsque la marchandise ou le service en question
n’est pas nécessaire ou indispensable au public ou à un groupe d’indivi-
dus, par exemple, s’il s’agit d’un article ou d’une prestation relevant des
loisirs dont le public peut se passer, ou si cette marchandise ou ce service
n’est pas en soi indispensable en raison de la disponibilité, sur le marché,
de produits de substitution à un prix plus raisonnable. Dans ce cas, les
agents détenteurs du monopole dudit bien ou service sont libres de le
commercialiser au prix convenu avec l’acquéreur. Ni l’État ni à l’autorité
judiciaire n’ont le droit d’intervenir dans la fixation de ce prix, puisque le
consentement mutuel est le critère qui détermine la validité d’un contrat
et que cette validité entraîne l’application des engagements mentionnés
par les parties dans le contrat en question. De plus, la Charia autorise à
un agent d’avoir l’exclusivité sur un produit et de s’en assurer le mono-
pole et il lui est permis de vendre ce qu’il possède au prix qu’il désire du
moment où cela ne comporte pas de préjudice pour l’ensemble des gens.
Il est donc interdit de lui imposer un prix.
Deuxième cas de figure: Lorsque le bien ou le service en question est
indispensable au public ou à un groupe d’individus et que le fournisseur
le propose aux consommateurs à un prix équitable (c’est-à-dire n’étant
pas exagérément désavantageux ou injustement arbitraire), l’État n’a pas à

279
intervenir pour l’homologation des tarifs, car l’exclusivité et le monopole
du produit par le fournisseur procèdent du droit de celui-ci de disposer
librement de ce qui lui appartient et qu’il n’y a ici ni injustice ni préjudice
pour ceux qui ont besoin de ce produit. Il n’y a donc pas de raison de s’y
opposer.
Troisième cas de figure: Lorsque le bien ou le service en question
répond à une nécessité ou un besoin général, ou à un besoin individuel,
mais qu’il n’existe pas de substitut à ce bien ou à ce service, et que l’agent
n’entend le proposer qu’à un prix excessivement élevé ou assorti des con-
ditions injustes. Dans ce cas, il incombe à l’État d’intervenir pour lever le
préjudice subi par les usagers en imposant un tarif homologué.
Allah Le Très-Haut est plus Savant

280
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 133 (7/14)


Le Problème des Défauts de Paiement dans
les Institutions financières islamiques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le
problème des défauts de paiement dans les institutions financières islamiques »
et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement: La procédure utilisée par les institutions financières islamiques


pour gérer le problème des défauts de paiement diffère de la méthode employée
par les banques conventionnelles. Le système pratiqué par ces dernières est en
effet basé sur l’intérêt qui est prohibé par l’Islam. De ce fait, il est opportun
d’insister sur le caractère interdit des intérêts usuraires (Riba) à la lumière de
ce qui suit :
a. Fonctions des banques conventionnelles: En vertu des lois qui en
réglementent les activités, les banques ne sont pas autorisées à effectuer
des investissements impliquant des pertes et des profits. Les banques se
contentent de recevoir les dépôts de leur clientèle à titre d’emprunt et
restreignent leurs fonctions – comme disent les juristes et les économistes
– au prêt et à l’emprunt moyennant un certain taux d’intérêt, et à la géné-
ration de crédits à partir des dépôts de la clientèle moyennant le paiement
d’intérêts.
b. Relation entre les banques conventionnelles et les déposants : Du point
de vue aussi bien de la Charia que du point de vue purement juridique,
la relation entre les déposants et les banques est une relation de prêteur à
emprunteur et non pas une relation de courtage. Ce fait en soi est claire-
ment mentionné par les statuts et règlements régissant les banques. Il en
est ainsi parce que le courtage (Wakala Al-Istithmar) est un contrat par

281
lequel l’une des parties mandante la seconde pour investir une somme
d’argent que la première possède avec l’objectif d’en tirer profit en contre-
partie d’une rémunération forfaitaire ou d’un pourcentage bien précis
du retour sur investissement. Dans ce genre de contrat, les jurisconsultes
musulmans (fouqaha) sont unanimes à dire que le mandataire est le pro-
priétaire du capital investi, il en perçoit les dividendes (Ghunm), et en
assume les pertes éventuelles (Ghurm), tandis que le courtier mandaté
n’a droit, lui, qu’aux honoraires stipulés dans le contrat de courtage, s’il
s’agit d’un contrat de courtage contre rémunération. Pour cette raison,
la banque conventionnelle ne peut être considérée comme mandataire
chargée d’investir les fonds des déposants, puisque ces dépôts garantis
par la banque sont des prêts dont elle peut disposer à sa guise, et qu’elle
s’engage à rembourser. Or, dans le cas d’un prêt, l’équivalent de l’objet du
prêt doit être rendu sans qu’un supplément ne puisse être exigé.
c. L’intérêt bancaire conventionnel est une forme d’usure (Riba) prohibée
par la Charia
L’intérêt sur les dépôts bancaires est une forme d’usure (Riba) prohibée
par la Charia, comme l’énoncent expressément les textes coraniques et la
Sounna. Cet aspect a été maintes fois souligné dans plusieurs résolutions
(Fatwas), depuis la 2e Conférence de l’Académie de Recherches Islamique
tenue pendant le mois de Mouharam en 1385 H (mai 1965) au Caire,
avec la participation de 85 jurisconsultes comptants parmi les plus grands
savants de la Oumma et de représentants de 35 pays musulmans. Cette
conférence avait rappelé, dans la première de ses recommandations, que
« le prélèvement d’intérêts sur les prêts en tout genre est considéré comme
une forme d’usure et est donc prohibé ». Il s’en suivit toute une série de
résolutions et de recommandations adoptées par de nombreuses instances,
à savoir :
• La 1re Conférence internationale sur l’économie islamique, tenue en
1396 H (1976), à Makkah, qui réunit plus de 300 érudits, jurisconsultes
et experts de l’économie et du domaine bancaire et qui fut sanctionnée
par une nouvelle résolution confirmant l’interdiction des intérêts
bancaires.
• La 2e Conférence des banques islamiques, tenue au Koweït en 1403 H
(1983) et qui, elle aussi, adopta la même décision.
• La 2e session de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’OCI,
tenue pendant le mois de Rabi’ Al-Akhir 1406 H (décembre 1985),
dont la Résolution nº 10 (2/10) stipulait que : « Toute augmentation

282
ou tout intérêt grevant une dette venue à échéance et que le débiteur
n’est pas en mesure d’honorer, en contrepartie du rééchelonnement de
cette dette, de même que l’augmentation ou le prélèvement d’un taux
d’intérêt sur le prêt à compter de la date du contrat, sont deux formes
de riba formellement proscrites par la Charia ».
• La 9e session du Conseil du Fiqh Islamique de la Ligue Islamique
Mondiale, tenue à Makkah, en 1406 H (1986), qui a décrété que « Tout
argent provenant des intérêts usuraires constitue un gain illicite au
regard de la Charia ».
• Le Comité de l’Ifta de l’Université d’Al-Azhar, qui a confirmé
l’interdiction des gains sur les certificats d’investissement de type (A)
et (B), puisqu’ils font partie de la catégorie des prêts avec intérêts et
que les prêts avec intérêts sont des formes de (Riba). Or (Riba) est
interdit.
• La Fatwa émise par l’ancien Moufti d’Al-Azhar Cheikh Mohammed
Sayed Tantawi, en 1409 H (1989), qui avait déclaré que « le fait de
déposer des fonds auprès des banques, tout comme le fait de les prêter
ou de les emprunter sous quelque forme que ce soit, en contrepartie
d’un taux d’intérêt prédéterminé est une pratique prohibée par la
Charia ». En plus de toutes ces fatwas, il en est d’autres qui ont été
émises par diverses instances jurisprudentielles telles que les Académies
de Fiqh dans les pays musulmans, les comités de l’Ifta, les séminaires
et congrès, aussi bien que des fatwas émises individuellement par des
Fouqaha et des experts dans le domaine de l’économie et des activités
bancaires à l’échelle du monde musulman. Tous ces avis juridiques
traduisent un consensus clair existant entre les savants musulmans
contemporains concernant le caractère illicite des intérêts bancaires,
consensus qu’il n’est pas permis de contredire.
d. Fixation préalable du rendement de l’investissement par une somme fixe
ou un pourcentage de la valeur du capital

Il est établi que le contrat de prêt avec intérêt diffère du contrat d’investis-
sement participatif (Moudaraba) conforme à la Charia, car dans le premier cas
l’emprunteur assume seul les pertes et profits, alors que l’investissement partici-
patif (Moudaraba) est une opération dans laquelle les deux parties partagent les
profits et assument ensemble les pertes s’il y en a, en application de la Parole du
Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, selon laquelle : « Le droit au profit implique de supporter sa part
du risque » (Hadith avec une chaine de transmetteurs authentique, rapporté

283
par l’Imam Ahmad et les auteurs des Quatre Livres de Sounnane). Autrement
dit, les dividendes, augmentations et plus-values résultant d’un investissement
reviennent d’office à la partie qui a assumé le risque de pertes, de dégradation ou
de dommage. C’est à partir de ce même Hadith que les jurisconsultes (Fouqaha)
ont pu établir la fameuse règle jurisprudentielle énonçant que « le gain dépend
de la prise de risque ». De même, le Prophète ‫« ملسو هيلع هللا ىلص‬a interdit qu’une personne
soit rémunérée pour une transaction si elle n’a pas assumé un risque de pertes
» (Rapporté dans les Quatre Livres de Sounnane).
Les jurisconsultes (Fouqaha) de toutes les écoles et depuis des siècles sont
unanimes à professer que le retour en investissement d’une opération de
Moudarabah ou toute autre forme d’association ne doit pas être prédéterminé
par une somme forfaitaire ou un pourcentage de la mise de fonds (capital), car
une telle procédure reviendrait à garantir le principal, ce qui est contraire aux
textes et références authentiques de la Charia. De plus, cela conduit à mettre
fin au principe du partage des profits et des pertes, qui constitue un aspect fon-
damental du partenariat et de la Moudarabah. Ce consensus est vérifié et établi
puisqu’aucun avis contraire n’est rapporté à ce sujet. À ce propos, dans son traité
« Al Mughni » (34/3): Ibn Qoudama a écrit « Tous les éminents érudits dont
les points de vue nous ont été rapportés ont unanimement décrété la nullité
du Qirad (Moudarabah) s’il comporte une condition accordant, à l’une ou aux
deux parties à la fois, une somme d’argent prédéterminée en guise de profit ».
Par ailleurs, le consensus (Ijma’) est une référence chariatique à part entière.
Par conséquent, l’Académie qui entérine ce fait à l’unanimité, conseille aux
Musulmans de toujours rechercher le gain licite (Halal) et d’éviter le gain illi-
cite (Haram), obéissant en cela à Allah Le Très-Haut et à Son Prophète (PSSL).
Deuxièmement : Les créances non réglées à l’échéance
a. Concernant la clause contractuelle relative à la pénalité de retard, le
Conseil réaffirme ses décisions antérieures à ce sujet telles que stipulées
dans sa Résolution nº 85 (2/9) sur les contrats de vente à terme (Salam),
qui indiquait ce qui suit: « Il est interdit d’imposer une pénalité de re-
tard sur la livraison tardive* de l’objet d’une vente à terme (Salam), car
il s’agit d’une forme de dette et le fait d’imposer une pénalité de retard
sur une dette est une pratique prohibée ». De même que sa Résolution
nº 109 (3/12) sur la clause de pénalité énonce qu’ « une clause pénale peut
être incluse dans tous les contrats financiers, à l’exception de ceux dans
lesquels l’engagement initial est une créance, car cela relève d’une forme
évidente de pratique de l’usure (Riba). C’est pourquoi, il est -par exemple-
illicite d’imposer une pénalité de retard dans un contrat de vente à crédit

284
au seul motif que le débiteur n’a pas réglé les traites impayées, soit pour
cause d’insolvabilité soit par mauvaise volonté. Cette interdiction vaut
également dans le cas d’un contrat de fabrication (Istisna), lorsque le
commanditaire tarde à s’acquitter du règlement ».
b. L’Académie réaffirme sa précédente Résolution nº 51 (2/6) sur la vente à
crédit, qui comprend en substance les points suivants:
Troisièmement: « Lorsque l’acquéreur débiteur tarde à s’acquitter des
échéances dues, il est interdit de l’obliger, en vertu d’une condition préex-
istante ou non, à payer un quelconque supplément, parce qu’une telle
pratique relèverait de l’usure (riba) ».
Quatrièmement: Même s’il est interdit à un débiteur solvable de retarder
le paiement des tranches du crédit arrivées à échéance, la Charia interdit
aussi au créancier de réclamer une compensation en cas de rembourse-
ment tardif.

Cinquièmement: La Charia permet au vendeur, dans le cas d’une vente à


crédit, d’exiger le paiement anticipé de la totalité des tranches restantes en cas de
non-règlement de certaines d’entre elles aux échéances prévues. Cette clause est
valable du moment où le débiteur l’a accepté au moment de signer le contrat ».
Sixièmement: Le vendeur n’a pas le droit de conserver la propriété de l’ob-
jet de la vente après conclusion de celle-ci, mais il peut exiger que la marchan-
dise soit placée en hypothèque entre ses mains afin de garantir le règlement des
traites qui lui sont dues ».
c. Il importe que les banques islamiques se penchent, avec tout le sérieux
nécessaire, sur les causes à l’origine des retards de remboursement des crédits,
comme leur attrait pour les opérations de Mourabaha et aux transactions à
terme ainsi que leur négligence des procédures de financement (par ex. les
études de faisabilité) et de l’obtention de garanties suffisantes.

Troisièmement : Recommandations

a. Les banques islamiques doivent se conformer à la méthodologie de


l’économie islamique et ses paramètres dans toutes leurs activités. Elles
doivent également entreprendre les réformes techniques et administra-
tives requises pour se donner les moyens de promouvoir l’investissement
direct et le partenariat au service du développement économique et social
qui figurent parmi les principaux objectifs des institutions bancaires et
financières islamiques.
b. Des efforts doivent être déployés en vue de développer des mécanismes

285
alternatifs qui permettent de résoudre le problème des retards de paie-
ment dans les institutions financières islamiques. À cet égard, une étude
circonstanciée et pertinente devrait être présentée à une session ultérieure
de l’Académie.
Allah Le Très-Haut est Plus Savant

286
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 134 (8/14)


Le Nouvel Ordre mondial, la Mondialisation, les
Coalitions régionales et leur Impact

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 14ème session, à Doha (État Du Qatar),
du 8 au 13 Dhoul Qui’da H (11–16 Janvier 2003) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie sur « le nouvel
ordre mondial, la mondialisation, les coalitions régionales et leur impact », et
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet :

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition de la mondialisation et du nouvel
ordre mondial
Sous sa forme et ses manifestations apparentes, la mondialisation signifie la
circulation facile des biens et des idées, et la levée des barrières qui séparent
les peuples et les nations, au point de transformer le monde entier en un pe-
tit village universel, qui est une conséquence directe du progrès technologique
contemporain et l’émergence de nouvelles formes d’interaction internationale
à l’instar des coalitions régionales, de l’Organisation Mondiale du Commerce
(OMC), et des compagnies multinationales.
Cependant, les grandes puissances mondiales et les lobbys occidentaux ont
exploité ce mouvement pour imposer la culture occidentale et pour servir leurs
propres intérêts afin de mieux asseoir leur contrôle et leur hégémonie sur maints
aspects de la vie humaine. Ces grandes puissances ont entrepris d’être à l’avant-
garde du progrès technologique pour, d’une part, accroître leurs propres capa-
cités et, d’autre part, resserrer leur contrôle et leur mainmise sur les destinées
de l’humanité.
Ces développements sont étroitement liés à ce qui est appelé le « Nouvel Ordre
mondial », concept aujourd’hui diffusé par les organisations et les conférences
internationales qui s’évertuent à aborder toutes les questions éducationnelles,
économiques, sociales, démographiques et environnementales, de manière à

287
servir les intérêts de ces mêmes grandes puissances et à propager des valeurs
purement matérialistes de la culture occidentale contemporaine.
La mondialisation, sous cette forme, constitue un défi évident pour la
Oumma et son message divin ainsi que pour la civilisation bien guidée qu’elle
a fondée et qui a apporté tant de bienfaits à l’humanité et fait son bonheur dans
tous les aspects de la vie. D’où la lourde responsabilité qui pèse sur les épaules
de nos érudits, de nos politiciens, de nos intellectuels et de nos dirigeants pour
ce qui est d’explorer les voies et moyens dans les domaines politique, culturel,
économique et de l’information pour promouvoir le réveil de la Oumma. Cet ef-
fort pour le renouveau de l’Islam est nécessaire dans les deux domaines suivants :
Le premier: Renforcer les générations montantes de la Oumma afin qu’elles
puissent faire face aux défis de la mondialisation contemporaine qui s’exerce sous
l’influence occidentales. Cela exige des efforts considérables pour construire la
personnalité islamique contemporaine qui soit en mesure d’affronter ces défis
avec la plus grande conscience, lucidité, sagacité et une compréhension profonde,
modérée et équilibrée de l’Islam. Cette compréhension parfaitement équilibrée
allie la connaissance et la foi, l’authenticité et la modernité, l’attachement aux
principes fondamentaux et l’ouverture aux acquis de notre temps. Tout cela
implique d’accorder le plus grand intérêt aux programmes de l’enseignement
en mettant particulièrement l’accent sur les matières religieuses et en rejetant
toute ingérence extérieure dans ce domaine.
Le second: Prendre les rênes de l’initiative et faire face aux outils et méca-
nismes de la mondialisation en adoptant des stratégies rationnelles et globales
pour s’adresser aux autres sociétés humaines contemporaines dans des manières
et des langues qu’elles comprennent, sans improvisation, ni superficialité ni
théories à courte vue. Une telle initiative doit intégrer, entre autres, les dimen-
sions intellectuelles, idéologiques, culturelles et médiatiques, tout en poursuivant
l’objectif d’améliorer les pratiques innovantes dans les domaines de la science
et du développement socioéconomique, de façon à garantir une vie décente à
chaque être humain de la société.
Dans le cadre de ces plans globaux et étant donné que l’Islam est une reli-
gion universelle destinée à promouvoir le bien-être de toute l’humanité ici-bas
et dans l’au-delà, et sachant aussi que l’Islam est l’ultime religion et la seule foi
qu’Allah agrée, l’Académie recommande ce qui suit :
1. Faire connaître, à travers une méthodologie rationnelle et objective la vo-
cation universaliste de l’Islam et les solutions qu’il apporte aux problèmes
de l’humanité, en employant tous les moyens possibles pour y parvenir.
2. Renforcer l’Organisation de la Conférence islamique et ses organes sub-
sidiaires ainsi que l’ensemble des autres institutions islamiques interna-

288
tionales et leur permettre de jouer un rôle pour la coalisation du monde
musulman notamment dans le domaine de l’économie.
3. Œuvrer résolument à la création du marché commun musulman et à pro-
mouvoir les projets et les investissements économiques communs entre
les pays arabes et musulmans.
4. Restructurer la relation entre le monde musulman et le nouvel ordre
mondial de façon à affirmer l’indépendance des pays musulmans et à
garantir le plein respect de leur souveraineté et de leur spécificité, dans le
but de préserver l’identité islamique de leurs peuples.
5. Œuvrer sérieusement au développement des capacités scientifiques et
technologiques des pays musulmans et à l’implantation de la technologie
de pointe dans ces mêmes pays.
6. Œuvrer au renforcement des relations entre les peuples musulmans et à
la réalisation de l’unité islamique face aux défis multiples.
7. Mettre l’accent sur la nécessité de concilier l’authenticité et la modernité
en tant que composantes fondamentales du discours islamique et s’effor-
cer d’en parfaire les outils de manière à mieux sensibiliser les enfants des
musulmans et à propager ce noble message de l’Islam qui garantit le bien
et le progrès pour l’humanité, en bannissant la surenchère et l’extrémisme
d’une part, et le laxisme et de la permissivité, d’autre part.
8. Promouvoir les notions d’Ijtihad (effort juridique) dans les cursus des
centres d’enseignement religieux ainsi qu’au sein des Conseils de l’If-
ta, et les Académies de Fiqh afin de permettre à la Oumma de prendre
en charge les problèmes émergents et nouveaux à la lumière d’une lec-
ture approfondie et exhaustive de la Charia et de proposer des solutions
appropriées.
9. Mettre à contribution les moyens de communication modernes comme
les chaines de télévision satellitaires et l’Internet, pour disséminer les
connaissances islamiques et projeter l’image radieuse de cette religion.
10. Veiller à la coordination entre les gouvernements et les organisations bé-
névoles des pays musulmans lors des congrès internationaux et au sein
des instances mondiales afin de mettre en exergue les prises de position
remarquables de l’Islam et qui pourraient préserver l’humanité de tous les
maux et lui permettre d’éviter les embûches du chemin.
Allah est le Garant du succès

289
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Déclaration de l’Académie internationale du Fiqh islamique à l’attention de


la Oumma au sujet de
la Palestine et de l’Irak

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient. Sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons,
L’Académie a examiné l’évolution de la dangereuse situation dans laquelle
les pays arabes et musulmans, et plus particulièrement la Palestine et l’Irak, se
trouvent englués aujourd’hui. Elle observe le terrorisme d’État pratiqué par les
autorités sionistes dans les territoires palestiniens occupés : meurtres de femmes,
de personnes âgées et d’enfants innocents et de civils désarmés; arrestations et
assassinats arbitraires, ainsi que les incursions armées et la destruction des ha-
bitations, le saccage des terres agricoles et le maintien d’un bouclage militaire
permanent autour des villes, villages et camps palestiniens, à commencer par la
ville d’Al-Qouds, lieu de l’Isra (Voyage Nocturne) et du Mi’raj du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬,
qui fait partie intégrante du dogme de la foi des Musulmans, et l’interdiction
faite aux Palestiniens d’aller accomplir leurs prières à la Mosquée Bénie d’Al-Aqsa.
En dépit de tous ces actes de terrorisme d’État, Israël prétend rechercher la
paix et s’évertue à faire accroire que son dirigeant criminel est un homme de
paix, tout en qualifiant de terroristes les martyrs qui défendent leur religion,
leurs vies, leur patrie et leur honneur.
Il ne fait aucun doute que cette agression de la part des forces d’occupation
israélienne représente l’incarnation même du terrorisme et constitue une viola-
tion flagrante des droits humains et des conventions internationales. Tous ces
agissements se passent au vu et au su du monde entier, y compris les pays qui
se sont érigés en défenseurs de la liberté, de la démocratie, de la justice et des
droits de l’homme.
En outre, l’agression anglo-américaine qui menace aujourd’hui l’Irak vise en
fait à agresser la population musulmane de ce pays et à s’emparer de ses riches ter-
ritoires et de ses ressources, dans un mépris total des appels des Musulmans pour
mettre fin à cette agression non déguisée, en faisant fi des résolutions émises par
les organes officiels et les organisations populaires des pays arabes et islamiques,
ainsi que de toutes les exhortations lancées par les nations et les pays épris de
paix. Cette attitude des forces d’invasion constitue un déni de toutes les valeurs
et de toutes conventions internationales relatives au respect de la souveraineté
et de l’intégrité territoriale des autres nations et à la sécurité de leurs citoyens.
Face à cette situation, l’Académie en appelle aux gouvernants et aux peuples

290
de la Oumma en vue de fournir un soutien sans réserve, qui est en fait une obli-
gation décrétée par Allah et Son Messager ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬aux peuples irakien et palestinien
afin de préserver leur vie et leur sang qu’Allah a interdit de verser sans raison. En
effet: « Les Musulmans sont certes frères » (Al-Hujarat : 10) et: « Les croyantes
et les croyants sont des alliés les uns pour les autres. Ils ordonnent le conve-
nable et proscrivent le Blâmable » (Al-Tawba : 71). Le Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, qu’Allah le
couvre de Ses éloges, a également dit à ce propos: « Les croyants sont pour les
croyants à l’image des pierres d’un édifice qui se soutiennent mutuellement »
(rapporté par El-Boukhari et Mouslim), et aussi: « Le Musulman est le frère du
Musulman. Il ne lui fait point de tort, ni ne le trahit, ni ne le livre à l’ennemi »
(rapporté par El-Boukhari et Mouslim).
Sur la base de ces versets et de ces hadiths, l’Académie voudrait ajouter ce
qui suit :
Premièrement: La Charia interdit de soutenir les agresseurs ou de les aider
à réaliser leurs desseins belliqueux et à faire couler le sang sacré des innocents.
Deuxièmement: Une agression lancée contre un pays musulman est une
agression dirigée contre la Oumma tout entière.
Troisièmement: Selon la Charia, tous les gouvernants musulmans sont te-
nus de faire leur devoir de solidarité et de soutien de la cause de leur foi, de leur
Oumma et de leur patrie.
Louanges à Allah, le Seigneur des Mondes

291
Résolutions et Recommandations de la 15ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Mascate
Sultanat d’Oman

14–19 Mouharam 1425


6–11 Mars 2004
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 135 (1/15)


Le Discours islamique: Caractéristiques et Défis

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie sur « le discours
islamique: caractéristiques et défis », et ayant suivi les débats qui se sont dérou-
lés à ce sujet,
Compte tenu des versets coraniques prônant la voie de la sagesse et de la
douce exhortation dans l’appel à Allah, ainsi que les directives de la Sounna et
les différents événements de la vie prophétique affirmant la nécessité de tenir
compte de la situation où se trouvent ceux à qui le discours est adressé, afin de
choisir l’approche adaptée à chaque situation,
Et considérant que le discours islamique se distingue par son caractère mo-
déré, équilibré et adapté en fonction du public auquel il s’adresse ;

Décide ce qui suit :


a. Le terme « discours islamique » renvoie au mode d’expression usité pour
présenter les réalités, les enseignements et les règles de l’Islam concernant
les divers aspects de la vie publique et privée.
b. Les polémiques actuelles autour de ce thème requièrent de clarifier les
particularités du discours islamique et de dissiper les ambiguïtés entre-
tenues sur cette question afin de repousser les attaques injustes lancées
contre l’Islam et de contrecarrer la campagne de propagande qui s’ingénie
à vouloir en ternir l’image.
c. La réforme du discours islamique ne doit pas, sous prétexte de l’adapter
aux exigences et aux circonstances de notre époque, se traduire par une
quelconque remise en cause des principes fondamentaux ou par l’aban-
don de l’un des principes de l’Islam ou l’une des règles reconnues de la
Charia.

294
L’Académie recommande ce qui suit :
a. Œuvrer pour organiser les efforts des prédicateurs et des penseurs concer-
nés par le discours islamique, aussi bien dans les communautés musul-
manes que non-musulmanes, en vue d’assurer le respect des directives du
Coran et de la Sounna concernant la Dawa et qui mettent l’accent sur
la sagesse et la douce exhortation et en vue d’éviter tout ce qui pourrait
repousser l’auditoire de l’appel à la vérité.
b. Mettre à contribution, de manière indispensable, tous les moyens de
communication modernes et toutes les technologies avancées pour que
le discours islamique puisse parvenir à toutes les couches sociales.
c. Inviter les gouvernements musulmans et les Musulmans à déployer
moyens financiers et efforts pour diffuser le discours islamique par le biais
des médias et plus particulièrement les chaînes satellitaires et l’Internet,
en vue d’expliciter les réalités de l’Islam, de lever les ambiguïtés, de réfu-
ter les accusations dont il fait l’objet, et de veiller à purifier ce discours
médiatique de tout ce qui va à l’encontre de l’Islam.
d. Encourager l’Ijtihad (l’effort intellectuel) constructif en vue de la réforme
du langage employé dans le discours islamique afin qu’il soit à la fois
authentique et moderne, à savoir : fidèle aux principes fondamentaux de
la Charia et prenant, en même temps, en compte les évolutions de notre
temps et les coutumes qui ne transgressent pas les préceptes établis de la
Charia.
Allah est Le Garant du succès

295
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 136 (2/15)


Le Partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa)
Et les principes jurisprudentiels qui la régissent

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
le partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa) et les principes jurispru-
dentiels qui la régissent » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Le partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa) est une nouvelle
forme de relation impliquant un partenariat entre deux parties associées
dans un projet lucratif et dans lequel l’une des parties s’engage à rache-
ter graduellement les parts de la seconde, que le rachat de ces parts soit
financé par la part de dividendes revenant à l’acquéreur ou par d’autres
moyens.
2. Le partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa) est basé sur les
termes du contrat conclu entre les deux parties et dans lequel chacune
souscrit une part spécifique du capital du partenariat, soit en numéraire
soit par l’apport d’autres formes d’actifs évalués en numéraire. Le contrat
doit également mentionner le mode de partage du profit, et comporter
l’engagement de chaque partie à assumer une fraction des pertes éven-
tuelles au prorata de ses parts de capital.
3. Le partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa) se distingue par
l’existence de l’engagement de la part d’une seule partie à racheter les
parts de l’autre partie, à l’entière discrétion de celle-ci, et en passant un
nouveau contrat de vente à chaque fois que des parts sont cédées, fût-ce
par le biais d’un échange d’avis d’offre et d’acceptation.
4. Chacune des deux parties associées peut louer les parts de l’autre partie
en contrepartie d’un montant spécifique et pour une durée de temps dé-

296
terminée. Dans ce cas, chacune des deux parties devra prendre en charge
les frais de maintenance au prorata de leurs parts respectives.
5. Le partenariat dégressif (Moucharaka Moutanaqissa) est licite aussi long-
temps qu’elle se conforme au code général de la Charia relatif aux parte-
nariats et obéit aux conditions suivantes :

a. L’engagement ne doit pas porter sur le rachat des parts de l’autre


partie au même prix qu’avaient celles-ci à la date du début du
partenariat, car cet engagement reviendrait à ce que l’un des associés
garantisse les parts du second. Le prix de rachat des parts doit être
déterminé par le cours du marché au jour où la vente est conclue ou
un tarif mutuellement accepté au moment de la transaction.
b. Il ne peut y avoir dans le contrat aucune condition qui reviendrait à
faire supporter à une seule des deux parties les frais d’assurance, de
maintenance et autres charges, car ces frais et dépenses doivent être
à la charge du budget du partenariat, au prorata des parts respectives
des associés.
c. Les parts respectives de profit des parties à la Moucharaka doivent
être expressément indiquées dans le contrat en pourcentage du profit
total. Il n’est pas permis de spécifier dans le contrat que telle somme
forfaitaire sur le profit ou tel pourcentage du montant souscrit sera
versé à l’une ou l’autre des deux parties.
d. Une nette distinction doit être établie entre les contrats et
engagements afférents à la Moucharaka.
e. Le contrat ne comportera aucune clause mentionnant le droit
de l’une ou l’autre des deux parties de récupérer sa mise de fonds
(financement).
Allah est plus Savant

297
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 137 (3/15)


Les Soukouk Ijara (Titres de Leasing)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie sur « Soukouk
Ijara (Titres de Leasing) » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. L’idée des titres de location (Soukouk Ijara) repose sur le principe de
titrisation (Tasnid ou Tawriq), qui consiste à émettre des effets négo-
ciables en bourse, basés sur un projet d’investissement générant des divi-
dendes. L’objet des titres de location est de convertir les actifs corporels et
usufruits pertinents au contrat de location en titres financiers (Soukouk)
négociables en bourse sur le marché secondaire. C’est pourquoi ces
Soukouk sont définis comme étant « des titres de valeur égale, représen-
tant des parts indistinctes d’un actif tangible ou d’un usufruit générateur
de dividendes ».
2. Le titre de location (Soukouk Ijara) ne représente pas en soi une valeur
déterminée en numéraire et ne constitue pas non plus une créance sur
un débiteur donné, que ce débiteur soit une personne physique ou une
personne morale. Il s’agit seulement d’un titre financier correspondant à
une part connue (action) de la propriété d’un actif tangible durable tel
qu’un bien immobilier, un avion, ou un navire, ou encore d’un ensemble
d’actifs tangibles durables – similaires ou différents – loués et produisant
des dividendes définis par le biais d’un contrat de location.
3. Les titres de location peuvent être nominatifs, c’est-à-dire établis au nom
du titulaire. Dans ce cas, la mutation de propriété s’opère en l’actant dans
un registre spécifique, ou en inscrivant le nom du nouveau titulaire sur le
titre lui-même. Les titres de location (Soukouk Ijara) peuvent également
être des titres au porteur, auquel cas ils changent de propriétaire en pas-

298
sant de main en main.
4. Il est permis d’émettre et de négocier en bourse des titres de location
(Soukouk Ijara), représentant les droits de propriété sur des actifs en loca-
tion sous réserve de remplir les conditions afférentes aux actifs réels qui
peuvent être l’objet d’un contrat de location tel que les biens immobiliers,
avions, navires, etc., et ce à partir du moment où le titre (Souk) corres-
pondrait à un droit de propriété sur un bien réel donné en location et de
nature à générer un revenu connu.
5. Le détenteur de titre (saq) a le droit de le négocier et de le céder sur un
marché secondaire, à n’importe quel acquéreur, à un prix convenu entre
eux, que ce prix soit égal, inférieur ou supérieur au prix d’achat initial
du titre, vu que les cours des biens réels sont soumis aux fluctuations du
marché (loi de l’offre et de la demande).
6. Le détenteur de titre (saq) a droit à la part de profit qui lui revient – re-
venu généré par le contrat de location – aux échéances indiquées dans le
prospectus d’émission, après déduction des frais et autres charges encou-
rues par le bailleur, conformément aux règles des contrats de location.
7. Le locataire qui détient le droit de sous-location est légalement fondé
à émettre des titres de location (Soukouk Ijara) représentant des parts
connues de l’usufruit qu’il a acquis par le biais du contrat de location,
dans le but de les sous-louer. Dans ce cas, les obligations doivent être
émises préalablement à la signature des contrats avec les sous-locataires
potentiels et ce, que le montant de la sous-location soit égal, inférieur ou
supérieur à celui du contrat de location original. Si le locataire a déjà si-
gné un contrat avec les sous-locataires, il ne lui est plus permis d’émettre
des titres (Soukouk) parce que ceux-ci constitueraient alors une créance
sur les sous-locataires au profit de l’émetteur des titres.
8. L’émetteur ou le gestionnaire des titres de location (Soukouk Ijara) ne
peut garantir ni le montant du titre ni leur rendement et, en cas de dé-
térioration partielle ou totale du bien en location, ces pertes doivent être
supportées par les détenteurs des titres.
Recommandations

Tenir un séminaire spécialisé, en coordination avec les institutions financières


concernées, en vue d’examiner les jugements des exemples pratiques exposés
dans certaines études et non abordés dans la présente résolution, et ce afin de

299
permettre à l’Académie d’émettre une résolution pertinente à leur sujet, à la lu-
mière des conclusions dudit séminaire. Ces formes non traitées ici sont :
1. Le jugement de l’émission de titres de propriété de biens loués avec op-
tion d’achat au même vendeur de ces biens.
2. Le jugement de l’émission et de la négociation des titres de location
(Soukouk Ijara) portant sur des actifs déterminés qui ne sont pas encore
réalisées.
Allah est plus Savant

300
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 138 (4/15)


L’Islamité des Programmes d’Enseignement

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie sur « l’Islamité
des programmes d’enseignement » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés
à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Le processus de l’islamisation des programmes d’enseignement et d’édu-
cation et de leur adaptation aux valeurs islamiques devrait se concentrer
sur des objectifs, du contenu et des méthodes d’évaluation dans le cadre
de la vision globale de l’Islam envers l’être humain, l’univers et la vie,
dans le but de former des individus qui soient des citoyens vertueux, im-
bus des valeurs de leur religion et aptes à remplir la mission qu’Allah Le
Très-Haut leur a assignée ici-bas et d’hériter de la terre et de la développer,
conformément aux valeurs et principes islamiques.
2. Le processus pédagogique et éducatif devrait viser à inculquer et à enra-
ciner les valeurs islamiques dans l’esprit des générations montantes et à
leur permettre de les exprimer et de les mettre en pratique dans la vie de
tous les jours.
3. Les thèmes et cursus éducatifs devraient être conçus en conformité avec la
vision et les enseignements de l’Islam et en mettant l’accent sur les divers
aspects de cette vision (foi, Charia et mode de vie) concernant les points
abordés dans le contenu des cours.
4. Adopter la méthodologie islamique, en termes de méthodes et de moyens
pédagogiques, tout en utilisant les nouveaux outils et les technologies
contemporaines dans ce domaine. Il pourra également être fait appel à
des programmes spéciaux pour promouvoir des objectifs recherchés par
l’Islam dans des domaines prisés comme l’attribution de prix aux inven-

301
teurs et aux créateurs.
5. S’attacher aux valeurs islamiques dans l’évaluation de la performance
du processus pédagogique et éducatif parallèlement au recours aux tech-
niques modernes et au renforcement de la coordination et de l’échange
d’information entre les institutions d’éducation des pays musulmans.
6. Améliorer et développer les programmes éducatifs présents dans les pays
musulmans afin qu’ils reflètent à la fois l’authenticité islamique et la mo-
dernité, et ce, de manière totalement indépendante et en dehors de toute
ingérence extérieure.
7. Étendre l’enseignement de la langue arabe à tous les cycles de l’enseigne-
ment, afin qu’il soit transmis dans la langue du Coran et de la Sounna
pour préserver l’identité musulmane et garder le lien avec le patrimoine
culturel conservé dans cette langue.
8. Épurer toutes les matières et disciplines de tous les concepts allogènes et
non conformes aux principes islamiques.
9. Encourager l’esprit d’innovation, d’invention, de critique constructive,
de dialogue et de modération dans le processus éducatif et pédagogique.
10. Mettre l’accent sur la formation des enseignants au niveau de ses valeurs,
ses connaissances et sa pédagogie, et concevoir des manuels scolaires
conformes aux principes et aux valeurs islamiques.
11. Assurer la scolarisation obligatoire et gratuite au niveau du primaire et du
collège dans tous dans les pays musulmans afin d’éradiquer l’analphabé-
tisme et d’inculquer aux jeunes générations les principes islamiques et les
connaissances modernes.
12. Abolir la dualité actuelle des systèmes éducatifs et adopter un système
tirant sa source dans les données et principes islamiques, sans pour autant
négliger les impératifs contemporains et les connaissances nécessaires à
chaque spécialité, et former les apprenants de manière à leur donner les
moyens d’affronter les défis immédiats et futurs.
13. Accorder tout l’intérêt requis aux principes fondamentaux de l’éducation
islamique pour en faire les lignes directrices du processus pédagogique.
Le même degré d’intérêt sera également accordé à l’éducation morale
afin que tous les apprenants s’imprègnent des normes de conduite et des
valeurs de l’Islam.
14. Intégrer dans les programmes d’enseignement des éléments essentiels en
vue de renforcer l’unité islamique ainsi que la culture de la cohabitation
bienveillante avec les autres nations.

302
15. Demander au Secrétariat Général de l’Académie internationale du Fiqh
islamique d’organiser – en coordination avec l’Organisation Islamique
pour l’Éducation, la Science et la Culture (ISESCO) et les autres parties
concernées – un séminaire spécifique sur « l’Islamisation des programmes
de l’enseignement », et mettre à profit les efforts antérieurement déployés
dans ce domaine en vue d’élaborer une stratégie exhaustive pour le dé-
veloppement et l’islamisation des programmes éducatifs à l’échelle du
monde musulman.
Les conclusions de ce séminaire seront par la suite communiquées à l’Or-
ganisation de la Conférence islamique qui les transmettra à son tour aux
Ministres de l’Éducation des pays musulmans.
Allah est le Garant du succès

303
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 139 (5/15)


Les Cartes de Crédit

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
cartes de crédit » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Ayant pris note des résolutions pertinentes adoptées précédemment par le
Conseil de l’Académie, dont la Résolution nº 63 (1/7) sur « la définition et les
formes des cartes de crédit » et la Résolution nº 108 (2/12) sur « l’émission et
l’utilisation des cartes non provisionnées, les frais qui en découlent et les hono-
raires (commission) à payer par les commerçants et prestataires de services ac-
ceptants ces cartes de crédit ainsi que le retrait d’espèces et l’achat d’or, d’argent
ou de devises en utilisant ces cartes » ,

Décide ce qui suit :


1. L’émission et l’utilisation des cartes de crédit provisionnées sont licites, à
condition de ne pas exiger le paiement d’agios pour cause de rembour-
sement tardif.
2. L’émission de cartes de crédit provisionnées est régie par les prescriptions
énoncées dans la Résolution nº 108 (2/12) concernant les frais d’émission,
les commissions prélevées sur les commerçants et les prestataires de ser-
vices et le retrait d’espèces.
3. Les cartes de crédit provisionnées peuvent être utilisées pour l’achat d’or,
d’argent ou de devises.
4. Les institutions concernées ne peuvent, au regard de la Charia, accorder
au titulaire de la carte de crédit des privilèges prohibés, tels qu’assurance
commerciale ou libre accès à des lieux proscrits par la Charia. En re-
vanche, elles peuvent leur accorder des privilèges licites, comme la prio-
rité d’accès à certains services et les remises sur les prix pratiqués, car rien
n’empêche cela au regard de la Charia.

304
5. Les institutions islamiques proposant des alternatives aux cartes de cré-
dit non provisionnées doivent respecter les restrictions pertinentes de la
Charia concernant l’émission de ces cartes de substitution et leurs condi-
tions et doivent éviter toute ambiguïté en rapport avec l’usure (Riba)
et tout ce qui est de nature à conduire à ce genre de pratique interdite,
comme le rachat d’une créance par une autre.
Allah est plus Savant

305
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 140 (6/15)


L’Investissement du Waqf, de ses Excédents et de ses Revenus

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question de « l’investissement du waqf de ses excédents et de ses revenus »,
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
et se référant aux résolutions et recommandations publiées lors des confé-
rences et séminaires organisés sur cette question,

Décide ce qui suit :


Le placement des actifs du Waqf
1. Le placement des actifs d’un Waqf désigne l’opération destinée à accroître
les actifs de celui-ci, qu’il s’agisse des actifs de mainmorte ou de bénéfices
qu’ils génèrent, en faisant appel à des modes d’investissement agréés par
la Charia.
2. Il est dûment nécessaire de préserver les biens cédés en Waqf de manière
à les faire perdurer et faire perdurer leur usufruit.
3. Il est obligatoire d’investir les actifs immobilisés du Waqf, y compris les
biens immobiliers et mobiliers, sauf lorsque la donation de ces biens est
destinée à l’usage direct des bénéficiaires.
4. Les volontés du donateur doivent être respectées aussi bien lorsque ce-
lui-ci pose comme condition qu’une certaine fraction du revenu du Waqf
soit utilisée pour faire croître le bien de mainmorte, car cette clause n’est
pas contraire aux prescriptions de la Charia applicables au Waqf, que lors-
qu’il stipule que l’intégralité du revenu du Waqf doit être dépensée aux
seules fins auxquelles ce Waqf a été affecté. Dans ce dernier cas, aucun
prélèvement ne sera alors fait sur ce revenu pour financer l’expansion de
l’actif.

306
5. En principe, dans le cas des Awqaf familiaux, et lorsque le donateur ne
mentionne pas expressément qu’une partie des revenus du Waqf doit
être réinvestie, il n’est pas permis d’effectuer un tel investissement sans le
consentement des bénéficiaires. A contrario, dans le cas d’un Waqf à ca-
ractère caritatif, la décision de réinvestissement d’une partie du revenu du
Waqf pour le développement de l’actif de mainmorte peut être légalement
prise quand une telle décision correspond à un intérêt prépondérant, et
ce en respectant strictement les prescriptions qui seront détaillées plus
loin dans la présente résolution.
6. Il est parfaitement licite d’investir le revenu excédentaire du Waqf pour
en développer l’actif ou pour en maximiser le rendement, et ce, seule-
ment après paiement des montants dus aux bénéficiaires et déduction
des frais et charges annexes. Il est également permis d’investir les fonds
accumulés résultant du retard des versements aux bénéficiaires.
7. Il est permis d’investir les provisions accumulées du fonds de réserve af-
fecté à l’entretien, la réhabilitation et d’autres motifs légitimes.
8. Il n’existe pas d’objection, au regard de la Charia, à combiner les actifs des
différents Awqaf en un fonds d’investissement unique, aussi longtemps
que les volontés du donateur de chaque Waqf seront respectées et que les
droits aux revenus de chaque Waqf soient attribués aux bénéficiaires à qui
le Waqf est destiné.
9. En investissant les fonds du Waqf, l’on veillera à respecter les normes
ci-après :

a. La conformité des modes et des domaines de l’investissement aux


dispositions de la Charia.
b. La diversification des placements afin de minimiser les risques,
l’obtention des garanties requises, la certification des contrats
et la réalisation des études de faisabilité nécessaires aux projets
d’investissement.
c. Choisir des modes d’investissement à faible risque et éviter ceux
considérés à haut risque dans l’usage commercial et celui de
l’investissement.
d. Les modes d’investissement conformes aux normes de la Charia qui
ont été choisis doivent convenir à la nature des avoirs du Waqf et être
appropriés pour concrétiser les buts du Waqf, préserver le bien placé
en Waqf et servir les intérêts des bénéficiaires. Par conséquent, si les
actifs du Waqf sont des actifs matériels, ils doivent être investis en

307
évitant ce qui pourrait mener à la perte de leurs droits de propriété ;
s’il s’agit de fonds en liquide, ils peuvent être investis au moyen de
n’importe quel mode de placement agréé par la Charia, comme la
Moudarabah (participation), la Mourabaha (intermédiation), l’Istisna’
(fabrication), etc.
e. La divulgation régulière des opérations d’investissement et la diffusion
de l’information pertinente et conformément aux usages.

Le Waqf monétaire
1. Il est permis de créer un Waqf monétaire, car il satisfait à l’objectif de
la Charia concernant le waqf, qui est d’en conserver le principal et d’en
offrir l’usufruit à des fins charitables, et sachant aussi qu’en désignant de
l’argent, ce ne sont pas des pièces spécifiques que l’on désigne, mais un
montant de la même valeur.
2. La Charia autorise l’immobilisation de liquidités sous forme de waqf pour
servir au Qard Hassan (c.-à-d. les prêts bienfaisants et sans intérêts), et
pour être investies directement ou en partenariat avec plusieurs donateurs
associés dans un fonds unique, ou en offrant la possibilité de participer
à des parts du capital immobilisé en Waqf afin d’encourager les Awqaf et
de permettre d’y adhérer collectivement.
3. Lorsqu’un Waqf monétaire est investi dans l’acquisition d’un actif cor-
porel (comme lorsque l’administrateur du Waqf l’utilise pour l’acquisi-
tion d’un bien immobilier ou pour ordonner la fabrication d’un bien), le
bien-fonds ou l’actif corporel acquis ne devient pas lui-même un waqf
à la place du numéraire. Par conséquent, les biens ainsi acquis peuvent
être revendus afin de pérenniser l’investissement, tandis que le montant
originel en numéraire constituera le capital du waqf.
Compte tenu de ce qui précède, l’Académie recommande ce qui suit :
1. Inciter les pays membres de l’Organisation de la Conférence islamique
et les communautés musulmanes des pays non musulmans à veiller à la
sauvegarde des établissements du waqf, à lui conférer de l’intérêt, à ne
pas y porter atteinte et à faire revivre certaines formes de waqf comme le
waqf familial qui a été aboli par la législation de certains pays arabes et
musulmans.
2. Inciter les pays arabes et musulmans, de même que les organisations, ins-
titutions et organismes internationaux concernés à assumer leurs respon-
sabilités en termes de sauvegarde, de protection et de développement des

308
actifs des awqaf en Palestine en général et dans la ville sainte d’Al-Qouds
en particulier, et ce afin de concrétiser les nobles objectifs et la mission
assignés à ces Awqaf.
3. Inviter les gouvernements des pays musulmans à prendre en charge, dans
la mesure du possible, les frais de gestion des awqaf, et ce au titre de l’uti-
lité publique et parce que le rôle des gouvernements est précisément de
veiller aux intérêts de leurs pays et de leurs peuples.
4. Inviter les institutions compétentes à élaborer des normes de conformi-
té chariatiques et comptables pouvant être appliquées à l’audit charia-
tique, financier et administratif de la gestion de l’administrateur du waqf,
qu’il s’agisse d’un individu, d’une direction collégiale, d’une institution
ou d’un ministère. La gestion des Awqaf doit en effet se conformer aux
règles d’audit selon les normes chariatiques, administratives, financières
et comptables.
5. Il est impératif de développer un ensemble de critères normatifs destinés
à servir de références pour le suivi des dépenses du Waqf, notamment le
marketing, la publicité, la gestion administrative, la rémunération du
personnel, et les primes, et qui serviront de référence pour la surveillance,
l’audit, et l’évaluation de la performance.
6. Encourager la renaissance du système de waqf sous toutes ses formes, qui
avait joué jadis un grand rôle dans l’essor de la civilisation islamique, la
stimulation du développement scientifique, socioéconomique et humain.
7. Mettre à profit les expériences avant-gardistes de certains États arabes et
musulmans en matière de gestion, de sauvegarde et de développement
du Waqf.
8. En matière d’investissements des fonds Waqf, la priorité doit être accor-
dée aux pays musulmans.
Allah est le Garant du succès

309
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 141 (7/15)


Les Intérêts généraux élargis (Massalih Moursalah)
et leurs Applications Contemporaines

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
intérêts généraux élargis », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Et tenant compte du consensus des Musulmans sur le fait que les jugements
de la Charia reposent fondamentalement sur le principe de susciter ce qui est
bénéfique et de repousser ce qui est néfaste,

Décide ce qui suit :


1. Le terme « intérêt » désigne la conservation des objectifs de la Charia et
qui consistent à préserver : la religion, la vie humaine, la raison, la pos-
térité et les biens.
Quant à « l’intérêt élargi», il désigne l’intérêt qui n’a pas été, individuel-
lement ou à travers le genre d’intérêt auquel il s’affilie, explicitement pris
en considération ou rejeté par le Législateur. Dans ce sens, l’intérêt élargi
s’inscrit dans les finalités globales de la Charia.
2. Il incombe aux Fouqaha (jurisconsultes) de s’assurer que l’intérêt remplit
les conditions suivantes :

• Être réel et non fictif.


• Être global et non partiel.
• Avoir un caractère général et non individuel.
• Ne pas être en contradiction avec un autre intérêt général supérieur ou égal.
• Être en conformité avec les objectifs de la Charia.

Les savants musulmans ont établi des critères précis qui permettent de
faire la distinction entre les différentes sortes d’intérêts et de les hiérar-

310
chiser en fonction de leur objectif. Ils ont ainsi divisé ces intérêts en trois
catégories compte tenu de leur importance pour la vie humaine, à savoir :
• Les nécessités indispensables.
• Les besoins.
• Les perfectionnements.

3. Il est établi dans le Fiqh que le gouvernant doit rechercher l’intérêt public.
Partant de là, il est tenu d’avoir cette réalité constamment présente à l’es-
prit lorsqu’il administre les affaires publiques. Et, en retour, les citoyens
doivent lui obéir concernant ce qu’il décrète en ce sens.
4. « L’intérêt élargi » a de nombreuses applications dans la vie sociale, ainsi
que dans les sphères socioéconomiques, éducatives, administratives, ju-
ridiques et autres. Ce fait en soi suffit pour attester du caractère éternel
de la Charia et de sa capacité à répondre aux attentes et aux besoins des
communautés humaines, comme l’ont amplement démontré les études
présentées à cette session.
Allah est plus Savant

311
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 142 (8/15)


La Responsabilité civile du Médecin

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 15ème session, à Mascate (Sultanat d’Oman),
du 14 au 19 Mouharam H (6–11 Mars 2004) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
responsabilité civile du médecin », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés
à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. La médecine est à la fois une science et une discipline développée pour
le bien de l’humanité. C’est pourquoi le praticien doit garder à l’esprit,
pendant qu’il accomplit son travail, qu’Allah l’observe. Il doit donc ac-
complir consciencieusement son devoir et se conformer scrupuleusement
aux normes professionnelles et scientifiques de son métier.
2. La responsabilité civile du médecin se trouve engagée en cas de préjudice
subi par son patient dans les cas suivants :

a. Si le praticien a commis ce préjudice de manière délibérée.


b. S’il ne connait pas la médecine ou la spécialité médicale qu’il s’est mis
à pratiquer.
c. S’il n’est pas autorisé à exercer par l’autorité officielle compétente.
d. S’il pratique un acte médical sans l’autorisation du patient ou de la
personne qui le représente, tel que le stipule la Résolution nº 67 (5/7)
de l’Académie.
e. S’il a trompé son patient.
f. S’il a commis une erreur que ses pairs ne sont pas censés commettre,
ou une erreur jugée inacceptable selon les normes du métier, ou s’il
s’est rendu coupable de négligence ou de carence.
g. S’il a violé, sans motif valable, le secret médical concernant le cas son

312
patient (cf. Résolution nº 79 (8/10)).
h. S’il a refusé de faire son devoir de médecin dans un cas d’urgence (les
cas de nécessité impérative).
3. Le médecin -ou assimilé- assume une responsabilité pénale dans les cas
susvisés lorsque les conditions afférentes à cette responsabilité pénale se
trouvent réunies, et ce sauf en cas d’erreur médicale (paragraphe f ci-des-
sus) où sa responsabilité pénale n’est engagée que s’il s’agit d’une erreur
grossière.
4. Lorsque le traitement est administré par une équipe médicale complète,
chaque praticien devra répondre de ses propres erreurs, comme l’énonce
la règle suivante : « Lorsqu’une cause directe et une cause indirecte sont
à l’origine d’un préjudice, c’est la cause directe qui endosse la responsa-
bilité de celui-ci, excepté lorsque la responsabilité de la cause indirecte
est prépondérante ». Le chef d’équipe assume, dans le cas d’espèce, une
responsabilité solidaire pour les erreurs commises par les membres de son
équipe, lorsqu’il leur prodigue des directives erronées ou qu’il ne super-
vise pas suffisamment leur travail.
5. Qu’il soit public ou privé, l’établissement médical assume la responsabili-
té civile des préjudices éventuels et dus à une carence de sa part, lorsqu’il
faillit à ses engagements ou lorsque des instructions injustifiées émanant
de ce même établissement causent un tort aux patients.
Par conséquent, l’Académie recommande ce qui suit :
1. Élaborer une étude sur les applications contemporaines du système
d’« Al-Aqilah » (caution solidaire des agnats) et proposer des solutions
alternatives qui soient conformes à la Charia.
2. Élaborer une étude spécifique sur le préjudice immatériel et sa réparation
dans toutes les affaires relatives aux responsabilités civiles en général.
3. Appeler les gouvernants des pays musulmans à harmoniser leurs législa-
tions réglementant l’exercice des professions médicales comme dans les
cas d’avortement, de mort cérébrale, d’autopsie, etc.
4. Demander aux universités des pays musulmans d’introduire une matière
spécifique sur « l’éthique et la jurisprudence (Fiqh) médicales » à l’inten-
tion des étudiants des facultés de médecine et des écoles d’infirmiers.
5. Demander aux gouvernants des pays musulmans de réglementer et de
superviser l’exercice de la médecine alternative et de la médecine tradi-
tionnelle afin de protéger la société contre les préjudices.

313
6. Exhorter les médias à établir un contrôle vigilant sur leur contenu en
matière de médecine et de santé publique.
7. Encourager les praticiens musulmans à entreprendre des travaux de re-
cherche et d’expérimentation à la fois scientifiques et jurisprudentielles.
Allah est le Garant du succès

314
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Déclaration sur la Cause palestinienne

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient. Sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons.
L’Académie internationale du Fiqh islamique, qui suit les exactions perpétrées
par les usurpateurs sionistes en Palestine occupée, en appelle à la conscience
mondiale pour mettre un terme aux actes terroristes auxquels se livrent les forces
d’occupation, tels que les meurtres quotidiens de femmes, d’enfants et d’hommes,
les tueries collectives et répétées, la destruction des habitations, le déplacement
forcé des habitants, le vol des terres et le saccage des terres arables et des récoltes
et l’arrachage des arbres fruitiers qui glorifient L’Unique et Tout-Puissant.
Les forces de l’occupant ne se sont d’ailleurs pas arrêtées là, mais elles ont
également dressé un mur de séparation qui a dépecé les territoires palestiniens
et en a dévoré plus de 25% de la superficie totale, par suite de la démolition des
maisons habitées afin de faire place à la construction de cette muraille raciste,
sans le moindre respect, ni pour les préceptes des religions révélées, ni pour les
usages et les conventions internationales.
Pis encore, les autorités occupantes n’hésitent pas à s’acoquiner avec des
bandes de truands et de pillards pour lancer des attaques armées contre les
banques afin de s’emparer des économies des déposants palestiniens.
Ces forfaits constituent des crimes sans précédent dans l’histoire de l’huma-
nité, même aux heures les plus sombres et lors des épisodes les plus iniques et
tragiques de cette histoire. Tout cela sous le prétexte de se défendre et en pré-
tendant que les organisations palestiniennes sont des organisations terroristes !
Comment les Palestiniens pourraient-ils être terroristes alors qu’ils ne font que
défendre leur terre, leur honneur et ce qui leur appartient face à un occupant
usurpateur qui n’a aucun respect pour l’humanité ? Si ces allégations étaient
fondées, alors on pourrait affirmer que tous les mouvements de libération du
monde entier ne sont que des bandes de terroristes !
Les membres de l’Académie internationale du Fiqh islamique sont conster-
nés au plus haut point par l’attitude passive de la communauté internationale
devant cette forme de terrorisme dont nous voyons chaque jour le spectacle. Ils
exhortent en même temps les institutions internationales à prendre leurs res-
ponsabilités en réparant cette injustice et en concrétisant les principes de liberté,
de justice et d’équité dont elles se gargarisent.
L’Académie internationale du Fiqh islamique exhorte également les États
arabes, à l’occasion de la tenue du Sommet arabe à Tunis à la fin du mois cou-

315
rant, à se pencher sur le problème des trous creusés par Israël dans les soubas-
sements et aux alentours de la Mosquée Al-Aqsa. L’Académie lance un appel
à tous les gouvernements des pays musulmans en vue d’assumer sérieusement
leurs responsabilités devant Allah , devant leurs citoyens et devant l’histoire.
La condamnation et la dénonciation seules ne suffisent pas. Il incombe aux
pays arabes et musulmans de faire tout ce dont ils sont capables – et ils peuvent
beaucoup faire en effet – pour défendre la terre bénie de Palestine et apporter
leur soutien à son peuple qui lutte vaillamment, y compris une assistance ma-
térielle et humanitaire ou encore le déploiement de véritables efforts en vue de
mettre fin à l’occupation israélienne et de libérer Al-Qouds et ses Lieux Saints.
Les gouvernements et peuples du monde musulman doivent assumer leur res-
ponsabilité historique qui est de faire cesser ces violations flagrantes et de soutenir
la résistance héroïque du vaillant peuple palestinien dans cette terrible tragédie.
Il n’y a là aucune difficulté pour Allah de le faire et Allah est Maître de Son
ordre, mais la plupart des hommes ne savent point.
Allah est Le Garant du succès

316
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Déclaration sur les Evénements en Irak

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient. Sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons,
L’Académie internationale du Fiqh islamique, réunie en sa 15ème session, a
suivi de près les événements dramatiques qui se déroulent en Irak, les complots
ourdis dans le but d’en saper l’unité et les velléités des conspirateurs visant à
susciter des conflits ethniques et interconfessionnels qui risquent de faire voler
en éclats l’unité et la cohésion du peuple irakien, entrainant des conséquences et
des troubles dramatiques qui détruisent tout sur leur passage et d’interminables
guerres de factions et des maux indescriptibles qui pourraient non seulement
dévaster ce pays, mais embraser toute la région et ouvrir la porte aux ennemis
à l’affût de cette Oumma.
Consciente de sa position et du devoir des Oulémas qui est de conseiller la
Oumma, l’Académie internationale du Fiqh islamique condamne dans les termes
les plus énergiques tous ces complots tramés contre l’Irak.
L’Académie internationale du Fiqh islamique proclame son appui sans réserve
et son soutien au peuple irakien qui n’a épargné et ne continue de n’épargner
aucun effort pour barrer la route à la sédition et œuvrer à l’unification des rangs
du peuple irakien, liquider les séquelles de l’occupation tyrannique et rétablir
la souveraineté totale de l’Irak tout en garantissant les droits de tous sur la base
de la justice et de la fraternité. L’Académie appelle l’Irak tout entier: Arabes,
Kurdes et Turkmènes, sunnites et chiites ainsi que toutes les forces politiques et
communautés tribales, à travailler main dans la main pour repousser les périls
qui guettent l’Irak et lui permettre de retrouver sa place au sein de la Oumma
et de reprendre le rôle qui lui revient aux échelons régional et international.
Allah est Le Garant du succès

317
Résolutions et Recommandations de la 16ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Dubaï
État des Émirats Arabes Unis

30 Safar – 5 Rabi Al-Awal 1426


9–14 Avril 2005
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 143 (1/16)


La Zakat sur les Comptes bloqués, les Compagnies
d’Assurance islamique, les Dépôts de Garantie en
numéraire et les Indemnités de Fin de Service

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
Zakat sur les comptes bloqués, les compagnies d’assurance islamique, les dépôts
de garantie en numéraire et les indemnités de fin de service », et ayant suivi les
débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : La Zakat sur les comptes d’investissement
a. Les titulaires de comptes d’investissement sont assujettis au paiement de
la Zakat sur les soldes et les revenus de leurs comptes, lorsque les condi-
tions de la Zakat se trouvent remplies et ce, qu’il s’agisse de comptes à
long ou court terme, et quand bien même aucun retrait n’a été opéré sur
ces comptes bloqués à l’instigation soit du gestionnaire soit du titulaire.
b. La Zakat est également due sur le solde des comptes courants, que les
sommes considérées aient été déposées pour les besoins du titulaire du
compte ou à des fins d’investissement, à l’exception des fonds déposés
pour le remboursement de dettes cumulées.
Deuxièmement : La Zakat sur les comptes bloqués aux fins de
cautionnement d’une transaction
a. La garantie de solvabilité (« Hamich al-jidiyyah », qui est un montant
déposé pour couvrir le risque de ne pas honorer un engagement), – sous
réserve que les fonds n’aient pas été déposés sur un compte d’investisse-
ment –, et la caution initiale dont le dépôt est exigé pour pouvoir partici-
per à des appels d’offres sont déductibles de l’assiette des actifs assujettis
à la Zakat du dépositaire, mais payables par le déposant en même temps

320
que le montant global de la Zakat due sur la totalité de ses avoirs. Dans
l’hypothèse où plusieurs années se seraient écoulées avant le recouvrement
de ces sommes par le déposant, la Zakat sera acquittée pour une seule
annuité au moment de la restitution des montants dus au déposant. Au
contraire, lorsque ces montants ont été déposés sur un compte d’investis-
sement, le paiement de la Zakat sera régi par les dispositions énoncées au
point (Premièrement: a) ci-dessous.
b. La Zakat sur les montants déposés à titre de caution pour l’exécution
d’un marché, et sur les dépôts de garantie effectués par les particuliers et
les entreprises pour pouvoir accéder à certains services ou prestations tels
que le téléphone, l’électricité, les cautions pour la location de locaux ou
d’équipements, doit être payée par le déposant pour une seule annuité et
au moment de récupérer sa mise de fonds.
c. Les acomptes perçus par le vendeur ne sont pas déductibles de l’assiette
de ses actifs assujettis au paiement de la Zakat. Celui-ci doit en effet
s’acquitter de la Zakat sur ces acomptes, car il en est le propriétaire, que
l’acheteur annule le contrat ou le finalise.
Troisièmement : Le dépôt légal de garantie

Le dépôt légal de garantie désigne la somme d’argent dont les autorités com-
pétentes exigent le dépôt auprès d’une banque pour délivrer à une entreprise
l’autorisation d’exercer. Si ce montant est bloqué à titre temporaire, c’est à l’en-
treprise concernée de s’acquitter de la Zakat correspondante en même temps
que la Zakat du reste de ses actifs. En revanche, lorsque cette somme constitue
un dépôt bloqué à titre irréversible, l’entreprise ne paie la Zakat que pour la
première annuité et au moment du recouvrement de la somme bloquée.
Quatrièmement : Réserves et résultats reportés (bénéfices non
distribués ou réinvestis)
L’entreprise doit payer la Zakat sur ses réserves et ses bénéfices non distribués
en même temps que la Zakat exigible sur ses actifs courants et non courants,
dans l’hypothèse où elle appliquerait la méthode de calcul de la Zakat sur des
actifs courants.
Cinquièmement : La Zakat sur les compagnies d’assurance islami-
ques
a. La compagnie ne paie pas de Zakat sur les dotations aux provisions tech-
niques, les soldes créditeurs des réassureurs, les demandes d’indemnisa-
tion à régulariser et les demandes d’indemnisation en cours de régularisa-

321
tion. Elle doit les défalquer de l’assiette de ses actifs soumis au paiement
de la Zakat, parce qu’il s’agit d’un encours en attente de régularisation.
b. Les réserves, les provisions pour risques courants, les réserves complé-
mentaires, les réserves d’assurance-vie, et les montants retenus au titre de
la réassurance ne sont pas déductibles des actifs assujettis à la Zakat, car
ces avoirs appartiennent à la compagnie et il incombe donc à celle-ci de
s’acquitter de la Zakat y afférente.
Sixièmement : Indemnités de fin de service

Zakat des indemnités de fin de service pour les fonctionnaires et les employés
a. L’indemnité de fin de service représente les droits financiers que la loi
ou les clauses du contrat accordent à un fonctionnaire ou à un employé,
sous certaines conditions. Cette indemnité est calculée sur la base du
nombre d’années de service, des motifs de la cessation du service et du
salaire de du fonctionnaire ou de l’employé concerné. Elle est versée au
bénéficiaire ou à sa famille à la fin de la période du service. Le fonction-
naire ou l’employé n’est pas tenu de s’acquitter de la Zakat sur le montant
de cette indemnité aussi longtemps qu’il reste en activité, car il n’est pas
encore pleinement propriétaire de ce montant. Si la décision est prise
de calculer le montant qui lui est dû et de le verser au fonctionnaire et à
l’employé en une seule fois ou par tranches, cet argent lui est alors totale-
ment acquis et il doit l’ajouter à l’assiette de ses avoirs soumis à la Zakat.
b. La pension de retraite est un montant forfaitaire versé mensuellement
par l’État ou par l’organisme compétent et auquel le fonctionnaire ou
l’employé devient éligible, en vertu de la réglementation en vigueur ou de
son contrat de travail, à partir de la date de cessation d’activité. La Zakat
à acquitter sur cette pension de retraite est calculée suivant les mêmes
modalités indiquées au point (sixièmement (a)) ci-dessus, que pour l’in-
demnité de fin de service.
c. L’indemnité de retraite est une somme versée par l’État ou l’organisme
compétent à un fonctionnaire ou un employé affilié à un régime de sé-
curité sociale, mais non éligible à la pension de retraite. La Zakat sur le
capital retraite est payable dans les mêmes conditions énoncées au point
(sixièmement (a)).
d. L’épargne salariale est un pourcentage déduit du salaire ou de la ré-
munération du fonctionnaire ou de l’employé pour être investi en même
temps qu’une cotisation spécifique de la part de l’employeur, et qui est
reversée en une seule fois au fonctionnaire ou à l’employé à la fin de sa

322
carrière ou en fonction des dispositions réglementaires en vigueur.
La Zakat applicable à ces montants dépend du type de compte sur lequel
les fonds sont déposés. S’il s’agit d’un compte spécial ouvert au nom du
fonctionnaire ou de l’employé de sorte que l’intéressé a toute la latitude
de choisir le mode d’investissement vers lequel les fonds doivent être
canalisés, ce dernier doit ajouter le montant en question à l’assiette de ses
actifs assujettis à la Zakat pour être pris en considération dans le calcul
du seuil minimum et être soumis au même délai obligatoire.
Si, au contraire, l’argent est déposé sur un compte sur lequel le fonction-
naire ou l’employé n’exerce aucun contrôle, celui-ci n’est pas tenu de
payer la Zakat correspondante, parce qu’il n’en est pas entièrement pro-
priétaire. Dans le cas d’espèce, le fonctionnaire ou l’employé n’est astreint
au paiement de la Zakat que pour une année et au moment de percevoir
le montant qui lui est dû.
La Zakat sur l’indemnité de fin de service pour les institutions et entreprises

Les institutions et les entreprises privées doivent payer la Zakat due sur le re-
liquat non décaissé des indemnités de fin de service, du capital retraite et de
la pension de retraite, car ces fonds leur appartiennent en propre et sont donc
censés s’ajouter à l’assiette de leurs actifs assujettis au paiement de la Zakat.
A contrario, les établissements publics ne sont pas assujettis au paiement de
la Zakat sur ces montants qui sont des fonds publics.
Allah est plus Savant

323
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 144 (2/16)


Les Différends entre le Conjoint et l’Epouse exerçant un Travail

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie concernant
« les différends entre le conjoint et l’épouse exerçant un travail » et ayant suivi
les débats qui se sont instaurés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Séparation des responsabilités financières de
l’épouse et du conjoint
L’épouse possède l’aptitude totale à disposer de ses biens, une responsabilité fi-
nancière complètement indépendante et elle est l’unique propriétaire, au regard
de la Charia, de l’argent qu’elle gagne en exerçant un travail. Elle possède son
propre patrimoine, a le droit d’en disposer librement et son conjoint n’a aucun
droit de regard sur ses biens. Elle n’a pas besoin de la permission de son mari
pour acquérir ou disposer de ce qu’elle possède.
Deuxièmement : Dépense pour l’entretien de l’épouse
L’épouse a le droit d’être entièrement prise en charge financièrement et de ma-
nière conforme à l’usage, par son époux. Son train de vie est déterminé, en l’oc-
currence, par les moyens financiers de l’époux et à la lumière des normes et des
traditions sociales agréées par la Charia. L’épouse ne perd ce droit à la prise en
charge totale qu’en cas de réticence à accomplir ses devoirs conjugaux.
Troisièmement : Le travail de l’épouse à l’extérieur du foyer
conjugal
1. Prendre soin de la famille et veiller à l’éducation et à la protection des
enfants, qui sont les générations de demain, font partie intégrante des
responsabilités fondamentales de l’épouse. Toutefois, en cas de besoin,

324
l’épouse a le droit d’exercer un travail à l’extérieur du foyer, et pour autant
que ce travail soit adapté à sa féminité et à ses spécificités selon les us et
coutumes agréés par la Charia et à condition qu’elle se plie aux prescrip-
tions de la Charia, respecte les préceptes religieux et les principes moraux,
et assume entièrement ses responsabilités fondamentales de maîtresse de
maison.
2. Le fait d’exercer un métier hors du foyer conjugal ne dépossède pas
l’épouse de son droit d’être entretenue par son conjoint comme le sti-
pule la Charia et conformément aux prescriptions jurisprudentielles per-
tinentes, à moins que l’exercice de ce métier n’entraîne un refus du devoir
conjugal, qui est un motif légalement valable pour la privation du droit
à la prise en charge.
Quatrièmement : Contribution de l’épouse aux dépenses du
ménage
1. Selon la Charia, l’épouse n’est nullement obligée de contribuer aux dé-
penses du ménage auxquelles le conjoint est légalement tenu de subvenir
et elle ne peut donc être contrainte à le faire.
2. La contribution volontaire de l’épouse à ces dépenses est néanmoins
chose souhaitable au regard de la Charia, car elle constitue une illustra-
tion concrète de la notion de coopération, d’entraide et d’harmonie entre
les époux.
3. Les deux conjoints peuvent se mettre d’accord et à l’amiable sur l’usage
auquel pourrait être affecté le salaire ou les gains acquis par l’épouse.
4. Lorsque l’exercice par l’épouse d’un travail salarié hors du foyer occa-
sionne des dépenses supplémentaires la concernant, ces dépenses doivent
être prises en charge par l’intéressée.
Cinquièmement : Émettre la condition du droit à l’exercice
d’un travail
1. La femme peut exiger l’ajout d’une clause dans le contrat de mariage
stipulant son droit d’exercer un travail salarié hors du foyer conjugal. Si
le mari accepte cette condition, qui sera expressément mentionnée dans
le contrat, il sera forcé d’honorer son engagement.
2. Le mari peut demander à son épouse d’arrêter de travailler après lui avoir
pourtant autorisé si l’abandon de cet emploi est dans l’intérêt de la fa-
mille et des enfants.
3. La charia interdit au mari de lier son accord pour le travail de son épouse

325
hors du foyer ou d’émettre en condition à cela, que son épouse contribue
aux dépenses du ménage censées être entièrement à sa charge à lui, ou
qu’elle lui reverse une partie de son salaire ou de ses revenus.
4. Le mari n’a pas le droit de contraindre sa femme à prendre un emploi à
l’extérieur.
Sixièmement : Participation de l’épouse à la propriété
Lorsque l’épouse a contribué à partir de ses propres ressources à l’acquisition
d’un logement, d’un bien immobilier ou foncier, ou d’un projet commercial,
elle a droit à une part de la propriété proportionnelle à sa mise de fonds.
Septièmement : Utilisation abusive des droits concernant le
travail
1. Le mariage implique certains droits et devoirs réciproques entre les deux
parties. Ces droits et devoirs sont expressément mentionnés par la Charia.
Les relations conjugales doivent être ainsi fondées sur l’équité, le soutien
mutuel et la compassion. La transgression de ces principes est strictement
prohibée par la Charia.
2. Le mari ne doit pas abuser de son droit en empêchant son épouse de
travailler ou en l’obligeant à quitter son emploi pour le seul motif de lui
causer un préjudice, mais seulement s’il en résulte un mal ou une consé-
quence néfaste supérieurs au bénéfice qui en est escompté.
3. Le même constat vaut pour l’épouse qui ne doit pas abuser de son droit
en insistant pour conserver son emploi à seule fin de causer un tort au
conjoint ou au ménage, ou encore lorsque l’exercice de ce travail entraîne
un préjudice supérieur aux avantages qui en sont escomptés.
Recommandations
• L’Académie préconise la préparation d’une série d’études sociales, économi-
ques et médicales sur l’impact du travail de la femme hors de son foyer pour
la famille et l’épouse elle-même, sachant l’importance de telles études pour ce
qui est de clarifier les divers aspects du sujet. Les échantillons à étudier dev-
ront être empruntés à plusieurs communautés différentes.
• L’Académie réaffirme la nécessité d’enraciner le concept de complémenta-
rité mutuelle entre les conjoints et sur l’attachement de l’Islam à faire en
sorte que les relations conjugales soient basées sur l’affection mutuelle et la
compassion.
• Organiser un séminaire spécial pour débattre des affaires de la femme

326
musulmane en général et de son rôle dans l’édification de la société musul-
mane en particulier de sorte d’accompagner, sous l’égide des principes de
la Charia, le développement de civilisation, ce qui conduirait tous les gou-
vernements et institutions islamiques à adopter les résolutions et recom-
mandations de l’Académie et à les présenter aux conférences internationales
sur la femme et la population.
Allah est plus Savant

327
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 145 (3/16)


L’Aqilah et ses Applications contemporaines au Paiement de la Diya

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie concernant la
question de la « Aqilah (responsabilité collective) et ses applications contem-
poraines au paiement de la Diya (compensation financière) », et ayant suivi les
débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition de la « Aqilah »
La « Aqilah » désigne la partie qui prend en charge le paiement de la Diya pour
le compte de l’auteur d’un homicide qui n’est pas un homicide volontaire, sans
pouvoir ensuite exiger du meurtrier qu’il leur rembourse cette dette. Elle est à
l’origine composée des agnats et des gens appartenant au même registre d’al-
locations (Diwan) qui s’engagent à se soutenir mutuellement et sont solidaires
les uns des autres.
Deuxièmement : Charges n’incombant pas à la « Aqilah »
La « Aqilah » est dispensée de la réparation du préjudice en cas de meurtre vo-
lontaire, d’arrangement à l’amiable ou de confession.
Troisièmement : Applications modernes
En cas d’inexistence du clan ou des agnats pouvant prendre la réparation du
préjudice à sa charge et eu égard au fait que la raison d’être de cette institution
est de promouvoir le soutien mutuel et la solidarité, il est possible de recourir,
le cas échéant, à l’une des alternatives suivantes :
a. L’assurance islamique (coopérative ou mutuelle) dont les statuts prévoient
la prise en charge mutuelle de la Diya par les assurés.
b. Les syndicats et unions formés par des individus exerçant la même profes-

328
sion, à condition que le statut de l’organisation stipule explicitement que
les préjudices commis par les membres sont mutuellement pris en charge.
c. Les fonds spéciaux constitués par les agents de l’État et les salariés des
entreprises privées à des fins de coopération mutuelle et d’entraide.
Quatrièmement : Recommandations

• L’Académie internationale du Fiqh islamique recommande aux gouverne-


ments de tous les pays musulmans d’intégrer dans leur législation nationale
des dispositions garantissant le paiement de la Diya, sachant qu’en Islam le
sang ne doit pas et ne saurait être versé en pure perte.
• L’Académie invite toutes les instances concernées à œuvrer à raviver l’esprit
de coopération et de solidarité entre tous les groupes et communautés dont
les membres sont unis par des liens sociaux indéfectibles. Cet objectif pour-
rait se concrétiser à travers les modalités suivantes :
a. Intégrer le principe de prise en charge mutuelle du paiement de
la Diya dans les règlements et statuts des différentes organisations.
b. Demander aux compagnies d’assurance islamique des divers pays
du monde musulman de proposer à leur clientèle des polices
d’assurance couvrant les risques d’accident et le paiement de la
Diya, avec des termes et conditions bonifiés et des paiements par
tranches raisonnables.
c. Demander aux États musulmans de prendre l’initiative d’intégrer
dans les statuts de Bayt El Mal (Trésor public) la prise en charge
des « Diya » en cas d’inexistence de « Aqilah » afin de concrétiser, aux
côtés de son rôle économique, les objectifs sociaux qui relèvent du
Trésor public.
d. Inviter les minorités musulmanes à travers le monde à constituer des
organisations de nature à promouvoir la coopération et l’entraide
sociale entre elles, en mentionnant expressément dans leurs statuts
leur engagement mutuel à couvrir les demandes d’indemnisation
pour homicide involontaire, comme le prescrit la Charia.
e. Exhorter les gouvernements, institutions, comités et organisations
sociales à promouvoir les activités caritatives comme la Zakat, le
Waqf, les donations afin de contribuer à la prise en charge des Diyas
consécutives à des homicides involontaires.
Allah est plus Savant

329
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 146 (4/16)


Les Nouvelles Lectures du Noble Coran et des Textes islamiques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie concernant la
question des « nouvelles lectures du Noble Coran et des textes islamiques » et
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement :
Ce que l’on appelle les nouvelles lectures des textes religieux, lorsqu’elles en-
traînent une déformation du sens de ces écritures de sorte à les faire dévier de
leurs sens unanimement admis et contraires aux faits reconnus par la Charia,
constitue une hérésie pernicieuse, quand bien même elles s’appuieraient sur des
avis précédents, mais abandonnés pour leur marginalité. Elles représentent un
grand danger pour la société musulmane et une menace réelle pour la culture
et les valeurs islamiques. À noter ici que certains des partisans de cette nouvelle
notion semblent s’être fait piéger à cause de leur ignorance des critères exégé-
tiques et de leur fol engouement pour un renouveau non respectueux des pres-
criptions de la Charia.
Malheureusement, les signes avant-coureurs qui laissent craindre une exacer-
bation de ce danger se manifestent clairement aujourd’hui à travers l’empres-
sement avec lequel certaines universités ont adopté cette nouvelle doctrine, la
publicité donnée à ces thèses pernicieuses en usant de tous les moyens de pro-
pagande possibles et en encourageant des étudiants à en faire le sujet de leurs
thèses et mémoires de recherche. Non seulement cela, mais c’est un fait aussi
que les hérauts de la nouvelle doctrine sont régulièrement invités à donner des
conférences et conviés à de nombreux séminaires des plus suspects organisés
sur ce thème. Quelques-unes de ces théories délétères ont même été traduites
en plusieurs langues et publiées par certaines maisons d’édition.

330
Deuxièmement :
Combattre ces interprétations tendancieuses est donc devenu une obligation
collective pour les Musulmans. Pour conjurer ce péril, il est possible de recourir
aux moyens suivants :
• Appeler les gouvernements des pays musulmans à faire front contre ce péril
immense en expliquant la différence entre les notions de liberté d’opinion
responsable et respectueuse des normes et des valeurs fondamentales et la
liberté anarchique et destructrice. Ainsi ces gouvernements pourront pren-
dre les mesures qui s’imposent pour établir un contrôle strict sur les maisons
d’édition, les centres culturels et les médias. Parallèlement, des campagnes
de vaste envergure pourront être lancées pour approfondir la prise de con-
science islamique et ouvrir les yeux des générations montantes et des jeunes
étudiants sur les critères régissant l’effort jurisprudentiel (Ijtihad) et de l’in-
terprétation correcte du Coran ainsi que l’explication des Paroles (Hadith)
du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬.
• Mettre à contribution les moyens adéquats (tels que l’organisation de sémi-
naires et de débats) pour baliser le terrain à l’étude approfondie des sciences
et de la terminologie de la Charia et encourager l’Ijtihad respectueux des
normes et prescriptions jurisprudentielles, des fondamentaux de la langue
arabe et de l’usage admis de ses termes.
• Élargir le champ du dialogue méthodologique et positif avec les partisans
de la nouvelle doctrine d’interprétation.
• Encourager les spécialistes des études islamiques à multiplier les réponses
scientifiques efficaces et à réfuter leurs thèses et assertions à tous les échelons
et plus particulièrement dans le cadre des cursus scolaires et universitaires.
• Inciter certains étudiants poursuivant des études supérieures en matière de
dogme, de Hadith et de Charia, à traiter dans leurs thèses et mémoires des
thèmes leur permettant de faire connaître les vérités établies et de répon-
dre par des arguments solides aux allégations fallacieuses des zélateurs de la
nouvelle doctrine.
• Mettre en place un groupe de travail relevant de l’Académie internation-
ale du Fiqh islamique et créer une bibliothèque complète et comportant
l’ensemble des ouvrages parus à ce jour et traitant de ce sujet ainsi que les
réponses pertinentes. Ces dispositions pourraient en effet faciliter la coor-
dination entre les différentes institutions se consacrant à la recherche dans
le monde musulman et à l’étranger.
Allah est plus Savant

331
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 147 (5/16)


Les Marchandises internationales et les
Prescriptions relatives à leurs Transactions

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie concernant la
question des « marchandises internationales et des prescriptions relatives à leurs
transactions » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Confirmation de la Résolution nº 63 (1/7) sur les marchés


financiers stipulant que « le commerce international des marchandises sur les
marchés organisés se pratique par le recours à l’une des méthodes suivantes :
1re méthode : Le contrat stipule le droit de prendre livraison de la marchan-
dise vendue moyennant le règlement du prix à payer sur le champ. La marchan-
dise ou les effets qui en tiennent lieu devront alors appartenir au vendeur et être
remis à l’acheteur. Ce contrat est acceptable au regard de la Charia sous réserve
des conditions de vente connues et notoires.
2e méthode : Le contrat stipule le droit de prendre livraison de la marchan-
dise vendue moyennant le règlement du prix correspondant sur le champ, que
c’est échange est concevable et que l’autorité du marché se porte garante. Ce
contrat aussi est acceptable au regard de la Charia, sous réserve des conditions
de vente connues et notoires.
3e méthode : Le contrat stipule qu’une marchandise répondant à des critères
donnés sera livrée à une date ultérieure, que le prix sera payable à la livraison
et que le contrat comporte également une clause énonçant que la transaction
se conclut par la livraison et la réception effectives de la marchandise. Ce genre
de contrat n’est pas licite, car il implique un ajournement et de la livraison de
la marchandise vendue et de la perception du prix convenu. Il peut néanmoins
être amendé pour satisfaire aux conditions du « Salam » et devenir alors parfai-

332
tement valide au regard de la Charia. Il n’est pas licite non plus de vendre une
marchandise acquise par la méthode du « Salam » avant livraison de celle-ci.
4e méthode : Le contrat implique la livraison, à une date ultérieure, d’une
marchandise répondant à des critères donnés, et le paiement de son prix à la li-
vraison, sans que ce contrat ne comporte de clause stipulant que la transaction
se conclut par la livraison et la réception physiques de la marchandise, et donc
que le contrat peut être annulé en signant un nouveau contrat. Le principe
même de ce type de contrat, qui est le plus couramment usité sur le marché,
est prohibé par la Charia.
Deuxièmement : À la lumière des études qui lui ont été présentées, le Conseil
de l’Académie a délibéré autour d’un certain nombre de formes de transac-
tions auxquelles recourent les institutions financières islamiques et a abouti à la
conclusion que les applications de ce genre de contrat connaissent des formes
multiples et variées et revêtent divers aspects nécessitant un examen minutieux
et circonstancié avant de pouvoir en extrapoler des règles jurisprudentielles
applicables au commerce international des marchandises. Le Conseil a donc
recommandé au Secrétariat de l’Académie d’organiser un séminaire spécifique
pour aborder les problématiques suivantes :
1. Présentation des applications concrètes en termes de transactions effec-
tuées par les institutions financières islamiques sur le marché international.
2. Faire l’inventaire exhaustif des différentes conditions qu’il incombe aux
institutions financières islamiques d’observer et d’appliquer à leurs tran-
sactions sur le marché financier.
3. Réalisation de plus amples études portant sur ces transactions afin de faire
le tour complet de toutes les problématiques en suspens concernant le
commerce international des marchandises.
Troisièmement : Le Conseil de l’Académie apprécie l’intention affichée par
le Gouvernement de Dubaï de créer, dans cette ville, un marché international
de marchandises et espère que ce projet permettra aux institutions financières
islamiques d’éviter les pratiques prohibées ayant cours sur les marchés interna-
tionaux et pointés du doigt dans les études pertinentes présentées à l’Académie.
Le Conseil recommande aux responsables en charge du projet d’accorder tout
l’intérêt requis aux aspects jurisprudentiels dans l’élaboration des statuts et des
principes de fonctionnement du futur marché et de mettre en place les méca-
nismes et dispositifs à même d’assurer la conformité des pratiques du marché
aux règles et prescriptions de la Charia.
Allah est plus Savant

333
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 148 (6/16)


La « Kafala » commerciale (Parrainage d’Entreprise)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie concernant la
question de la « kafala » commerciale (Parrainage d’entreprise) et ayant suivi les
débats qui se sont instaurés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition de la « Kafala » commerciale (Parrain-
age d’entreprise)
Dans la Charia, la « Kafala » légale désigne l’acte qui consiste à ajouter la res-
ponsabilité de la personne qui se porte garante à celle de la partie bénéficiant
de sa caution, en cas de revendications portant sur une dette, un bien ou un
cas de comparution devant un tribunal. La « Kafala » légale n’a pas la même
signification que la « kafala » commerciale (Parrainage d’entreprise) qui se dit
d’un accord en vertu duquel le ressortissant d’un pays donné accorde sa caution
à un étranger pour exploiter une licence lui permettant d’exercer une activité
artisanale ou économique ou de monter des projets.
Deuxièmement : Principales formes de kafala commerciale (Par-
rainage d’entreprise)
1. Untel, citoyen d’un pays donné, obtient l’autorisation d’exercer une acti-
vité commerciale et se met d’accord avec un étranger pour que ce dernier
entreprenne l’activité pour son propre compte et avec ses propres res-
sources financières et humaines. Le sponsor, dans le cas d’espèce, n’ap-
porte aucune contribution financière ni n’assume aucun engagement
d’ordre professionnel hormis pour les formalités liées à l’exercice de son
industrie en vertu de l’agrément accordé en faisant mine d’être le proprié-
taire de jure du projet.

334
2. Untel, citoyen d’un pays donné, forme un partenariat avec un étranger
–si la loi le permet–, en vertu duquel il reçoit une somme forfaitaire ou
perçoit périodiquement un montant mutuellement convenu, en contre-
partie de l’exploitation d’une licence octroyée pour l’activité ou le projet
commercial commun.

Troisièmement : Jugement de la Charia concernant la kafala


commerciale
1. La première forme (où l’étranger exploite la licence) est une forme mo-
derne qui ne correspond pas exactement à la notion jurisprudentielle de
la Kafala ni ne s’identifie à la forme notoire de la société de participation
personnelle. Il s’agit en fait d’un droit moral qu’acquiert le citoyen en
vertu de la législation en vigueur et qu’il transfère ensuite à une tierce
partie à titre non onéreux, ou onéreux, par voie de cession ou de bail.
Ce type de transaction n’est pas prohibé par la Charia aussi longtemps
qu’il n’implique ni Gharar (caractère hasardeux), ni tromperie, ni aucune
pratique déloyale.
2. La seconde forme (exploitation de la licence en partenariat) est matéria-
lisée par la contribution financière d’un citoyen lambda en même temps
que l’octroi de la licence ou par l’octroi de la seule licence, après estima-
tion de son juste prix en termes de frais encourus et d’efforts déployés
pour l’obtenir, afin de déterminer la part spécifique du projet revenant au
titulaire de la licence. La part de l’autre partie (l’étranger) inclura, dans
ce cas, une contribution financière qui s’ajoutera à son travail et dont il
sera dûment tenu compte dans le calcul de sa part de profit. Cette forme
de sponsoring commercial basé sur le partenariat est parfaitement légale,
sous réserve de convenir d’avance du pourcentage de bénéfices de chacun
et que les deux parties supportent les pertes au prorata de leurs parts
respectives.
Recommandations :
Le Conseil de l’Académie recommande d’inviter l’Organisation de la Conférence
islamique à œuvrer par le biais de ses institutions économiques, à la création
du marché commun islamique et d’encourager la libre circulation des capitaux,
des biens et des personnes entre les pays musulmans en vue de concrétiser l’ob-
jectif d’unité islamique et de promouvoir les intérêts mutuels des Musulmans,
à l’instar des autres marchés internationaux.
Allah est plus Savant

335
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 149 (7/16)


L’Assurance médicale

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie concernant la
question de l’assurance médicale et ayant suivi les débats qui se sont déroulés
à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Définition de l’assurance médicale :
Le contrat d’assurance médicale est un contrat en vertu duquel une personne
(ou l’institution qui prend cette personne en charge) s’engage à verser un mon-
tant spécifique ou un certain nombre de versements périodiques à une partie
bien déterminée, en contrepartie de la fourniture ou de la couverture par cette
dernière des prestations de soins médicaux requis par cette personne au cours
d’une période donnée.
2. Méthodes d’assurance médicale:
L’assurance médicale peut être fournie soit par une institution médicale ou par
une compagnie d’assurance qui joue en l’occurrence un rôle d’intermédiaire
entre l’assuré et l’institution médicale.
3. Dispositions jurisprudentielles applicables à l’assurance médicale
a. Si l’assurance est directement négociée avec une institution médicale, elle
est licite sous réserve de se conformer aux prescriptions atténuant le degré
du Gharar (caractère hasardeux) et le ramenant à un seuil tolérable, eu
égard à la nécessité incontournable pertinente, dans le cas d’espèce, à
l’exigence de sauvegarde de soi, de la raison et de la progéniture, toutes
choses que la Charia nous enjoint de préserver. Au nombre des prescrip-
tions y afférentes qui devront être observées, on citera notamment :
• La spécification exacte et minutieuse des obligations et engagements
de chaque partie.

336
• Le bilan de santé de l’assuré et les problèmes de santé auxquels il risque
de se heurter.
• Les demandes de règlement adressées par l’institution médicale
à l’institution de prise en charge doivent être basées sur les actes et
prestations réellement fournies et non pas sur des coûts estimatifs
comme dans le cas des compagnies d’assurance commerciales.
• L’assurance médicale est licite si elle est fournie par une compagnie
d’assurance islamique (coopérative ou mutuelle) qui exerce ses activités
conformément aux prescriptions de la Charia énoncées par l’Académie
dans sa résolution 9 (9/2) sur l’assurance et la réassurance.
b. Si l’assurance médicale est fournie par une compagnie d’assurance à vo-
cation purement commerciale, elle est illicite comme le stipule la Résolu-
tion nº 9 (9/2) de l’Académie.
4. Supervision et contrôle
Il incombe aux organes compétents de superviser et de contrôler les opérations
d’assurance médicale aux fins d’établir la justice et de protéger les citoyens contre
l’exploitation et l’injustice.

Le Conseil de l’Académie recommande ce qui suit :


1. Appeler les gouvernements des pays musulmans, les organisations chari-
tables et les institutions des Awqaf à fournir une assurance gratuite ou à
prix réduit à toutes les personnes qui n’ont pas les moyens de s’affilier à
un régime d’assurance médicale souscrit auprès d’une compagnie privée.
2. Les cartes d’assuré ne doivent être utilisées que par leurs titulaires, car agir
autrement constitue une violation des clauses du contrat et une forme de
fraude ou de falsification.
3. Mettre en garde contre l’usage abusif de l’assurance médicale comme le
fait de prétendre être malade, de dissimuler sa maladie ou de fournir des
données contraires à la réalité.
4. Inscrire la question de l’assurance médicale (coopérative ou mutuelle)
à l’ordre du jour de prochaines sessions de l’Académie pour plus ample
examen à la lumière des résultats avancés au cours des conférences et
séminaires et des applications récentes apparues depuis la précédente ré-
solution de l’Académie.
Allah est plus Savant

337
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 150 (8/16)


Nous et l’Autre

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie sur le thème
« Nous et l’Autre » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Il convient de prendre les mesures appropriées et de nature à concrétiser
l’objectif d’unité des pays et des peuples musulmans afin de pouvoir par-
ler, à notre époque, d’une seule Oumma. Pour aller de l’avant sur cette
voie, il faudrait commencer par résoudre les différends en suspens, relan-
cer la coopération économique, culturelle, scientifique et politique ente
les différents États islamiques et mettre en œuvre les multiples résolutions
pertinentes de l’Organisation de la Conférence islamique.
2. Il est impératif d’établir la coordination requise entre les gouvernements
et organisations du monde musulman afin de concevoir un message mé-
diatique clair sur l’Islam, qui soit à même de servir de socle et de pierre
angulaire au dialogue avec l’Autre. Il importe également de former des
générations de journalistes et de communicateurs musulmans qui com-
prennent ce message et soient capables de le retransmettre dans les diffé-
rentes langues vivantes afin de contrecarrer les campagnes virulentes qui
prennent ces derniers temps pour cibles l’Islam et les Musulmans.
3. La coopération entre les pays musulmans et le reste du monde doit porter
sur le lancement de projets communs de co-développement plutôt que de
se contenter de l’octroi de dons et de subventions. Pour rationaliser cette
coopération au plan économique, social, culturel et politique, il importe
de l’asseoir sur les principes d’égalité et de justice et sur l’intérêt commun.

338
Recommandations
1. L’Académie appelle les États membres de l’Organisation de la Conférence
islamique ainsi que les organisations islamiques, universités et centres
islamiques spécialisés, à adopter des plans spécifiques pour la publication
des travaux de recherche, thèses et études en différentes langues traitant
des différentes problématiques en rapport avec le dialogue afin de faire
ressortir les réalités de l’Islam en tant que religion universelle et afin éga-
lement de bien montrer que l’Islam ne nourrit pas de haine à l’égard des
autres. L’accent devra également être mis sur les valeurs de l’Islam, la
sécurité et le renforcement de la coopération pour combattre la pauvreté,
la faim et la maladie, et promouvoir la croissance économique et le par-
tenariat dans des projets au service de toute l’humanité. La coordination
des efforts avec l’Académie s’impose également pour la publication de ces
thèses et études.
2. Inviter les organisations gouvernementales et non gouvernementales
concernées et opérantes dans le domaine des relations internationales à
sensibiliser la communauté internationale aux valeurs et principes de la
coopération, de la paix et de l’ordre que l’Islam peut offrir à l’humanité à
travers la présence effective de musulmans au sein d’instances internatio-
nales à l’instar des Nations Unies, de l’UNESCO et autres organisations
économiques et industriels. Cette mission de sensibilisation sur cet ap-
port positif des Musulmans implique deux conditions :

a. Inclusion d’experts en provenance d’universités et autres institutions


islamiques au sein des représentations des pays musulmans auprès
de ces organisations internationales, parallèlement à la formation de
nouvelles générations ayant une meilleure compréhension de l’Islam,
de ses principes pacifiques et des valeurs consubstantielles à son
message.
b. Insister pour que le règlement des problèmes internationaux par le
biais des organisations internationales se fasse de manière juste et
équitable et rejeter toute tentative visant à aborder ces problèmes
dans d’autres cercles et coopérer, ainsi que notre religion nous
l’ordonne, avec divers blocs et groupements internationaux pour
élever la vérité, ainsi que les principes de paix et de coexistence tels
qu’inscrits au cœur de la Charia, ainsi que parmi les principes de la

339
justice humanitaire et du droit naturel dont les pays occidentaux se
sont fait les porte-drapeaux.
Allah est plus Savant

340
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 151 (9/16)


La Prise en charge des Minorités musulmanes

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 16ème session, à Dubaï (État des Émirats
Arabes Unis), du 14 au 19 Mouharam H (9–14 Avril 2005) ;
Après avoir passé en revue les études soumises à l’Académie concernant
« la prise en charge des minorités musulmanes » et ayant suivi les débats qui se
sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Les Musulmans établis hors du monde musulman ne doivent pas être
désignés par le vocable de « minorités » ou « communautés », parce que ces
dénominations sont des termes légaux qui n’expriment pas les attributs
réels de la présence islamique qui se distingue par l’inclusion, l’authenti-
cité, la stabilité et la cohabitation interactive avec les autres. L’appellation
qui conviendrait le mieux, dans le cas d’espèce, pourrait être celle de
« Musulmans d’Occident » ou bien « Musulmans en dehors du Monde
Musulman » .
2. Il importe de mobiliser tous les moyens possibles pour pérenniser la pré-
sence des Musulmans extra-muros, c’est-à-dire au-delà des frontières du
monde musulman, et en préserver les spécificités religieuses et l’identité
culturelle et civilisationnelle.
3. Le devoir de citoyenneté en Occident n’est pas incompatible avec la sau-
vegarde de l’identité islamique et l’attachement aux valeurs de l’Islam.
Recommandations
1. Créer un centre de recherche scientifique pour se pencher sur la situation
des Musulmans extra-muros et redresser l’image déformée de l’Islam au-
près des non-musulmans.
2. Constituer un comité de scientifique au sein de l’Académie en vue d’ap-
porter des réponses aux nouvelles problématiques jurisprudentielles aux-

341
quelles se heurtent les Musulmans en dehors du monde musulman.
3. Demander à l’Académie d’organiser, en collaboration avec d’autres ins-
tances compétentes du monde musulman et de l’étranger, des stages de
formation thématiques à l’intention des imams, prédicateurs et directeurs
de centres islamiques de l’extérieur du monde musulman.
4. Inviter les Musulmans expatriés à préserver les principes fondamentaux
de l’Islam, à bannir les querelles doctrinales et à s’attacher à l’unité des
rangs dans l’accomplissement des rites religieux.
5. Inciter tous les Musulmans extra-muros à donner, par leurs comporte-
ments et leurs interactions avec les autres, le meilleur exemple en termes
de civilité et de civisme propres à l’Islam.
6. Inviter de l’Organisation de la Conférence islamique à renforcer le
Département en charge des Affaires des Musulmans dans les États non
membres, et à mettre en œuvre les multiples résolutions pertinentes
adoptées par l’Organisation.
Allah est plus Savant

342
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Déclaration sur Al-Qouds et Al-Aqsa

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient. Sur
notre Maître Mohammed, fidèle Messager, sur les siens qui étaient si purs, et
sur ses compagnons mains si blanches, ainsi que ceux qui les suivront en ac-
complissant le bien jusqu’au Jour du Jugement.
Ceci-di: Il est maintenant devenu évident que les organisations sionistes extré-
mistes qui sévissent en Palestine, et dont le nombre dépasse les 30 organisations,
en sont venues à se sentir fortes et à surestimer leur capacité à réaliser leurs plans
agressifs chimériques de destruction de la vénérable Mosquée Al-Aqsa, première
des deux « Qibla » et dernière des trois mosquées vers lesquelles les musulmans
sont invités à voyager pour y accomplir la prière, et pour ensuite établir le pré-
tendu temple « de Salomon » sur ses ruines. Elles cherchent maintenant des
justifications et des excuses pour commettre leur forfait. Elles ont ainsi tenté
à plusieurs reprises de pénétrer par effraction à l’intérieur de l’esplanade de la
Mosquée pour y célébrer leurs rites religieux afin de consacrer leurs convoitises
et leurs desseins belliqueux.
Au vu de tout ce qui précède et après avoir pris acte des déclarations bellicistes
de la part des extrémistes et des dirigeants officiels d’Israël à propos de la ville
d’Al-Qouds en général et de la Mosquée d’Al-Aqsa en particulier, le Conseil
de l’Académie internationale du Fiqh islamique, réuni pour sa session à Dubaï
(Émirats Arabes Unis) du 30 Safar au 5 Rabi Awal 1426H (9-14 avril 2005) ;

Décide ce qui suit :


1. La ville d’Al-Qouds et la Mosquée Al-Aqsa sont des lieux saints pour les
Musulmans du monde entier, en raison de leur corrélation avec le Miracle
du Voyage Nocturne du Prophète Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et son Élévation aux
cieux, comme nous le dit le Noble Coran.
2. Le caractère islamique de cette ville et de sa vénérable mosquée est un
fait clairement attesté par les textes coraniques et la Sounna du Prophète.
Par conséquent, cette question n’est ni discutable ni négociable et ne
saurait souffrir d’aucune solution de compromis. Les jurisconsultes de la
Oumma ont d’ailleurs unanimement souscrit qu’il est illicite d’admettre
toute appropriation par un ennemi spoliateur d’une portion du territoire
des Musulmans dont il pourrait s’être emparé, et à plus forte raison des
Lieux Saints.

343
3. La Mosquée Al-Aqsa n’appartient qu’aux Musulmans et uniquement aux
Musulmans et n’a rien à voir avec les Juifs, lesquels devraient prendre
garde aux conséquences de leurs actes sacrilèges. L’entière responsabili-
té de toute agression contre Al-Aqsa repose sur les épaules des autori-
tés de l’occupant juif et des pays qui les soutiennent. Al-Aqsa n’est pas
négociable et ne peut faire l’objet de la moindre concession. Nul n’au-
rait l’outrecuidance de faire des compromis à ce sujet, car la mosquée
d’Al-Aqsa est bien trop noble.
4. Il ne peut y avoir de paix juste et équitable ni de stabilité dans la région
qu’avec la fin de l’occupation juive de la ville d’Al-Qouds et de sa Sainte
Mosquée, et le retour des Palestiniens auprès des leurs.
5. Le peuple palestinien a le droit d’établir son propre État indépendant sur
l’ensemble de ses territoires, y compris Al-Qouds en tant que capitale de
l’État palestinien. Les Palestiniens ont également le droit de se défendre,
de lutter contre leur ennemi par tous les moyens légitimes et de faciliter
le retour des réfugiés dans leurs foyers.

L’Académie lance un appel aux gouvernements et aux citoyens des pays arabes
et musulmans pour les exhorter à assumer leurs responsabilités historiques, reli-
gieuses et patriotiques en prenant la défense de cette ville et de sa Sainte Mosquée
prises en otage, à soutenir son peuple résistant, à y pérenniser leur présence et à
en soutenir les institutions sanitaires, éducatives, sociales et autres, afin d’éviter
la judaïsation ou l’internationalisation de la ville qui sont totalement inaccep-
tables, et d’œuvrer sans répit à la cessation de l’occupation par Israël de la Terre
de l’Isra et du Mi’raj du Prophète Mohammed ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬.
Allah Seul mène vers le succès

344
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Déclaration sur les Evénements en Irak

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient. Sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons.
Conformément à la directive du Prophète ‫ « ملسو هيلع هللا ىلص‬Quiconque ne se soucie point
des affaires des Musulmans n’est pas des leurs », l’Académie internationale du
Fiqh islamique, réunie en session ordinaire à Dubaï, Émirats Arabes Unis, du 30
Safar au 5 Rabi Al-Awal 1426 H (9–14 avril 2005), suit de près les drames quo-
tidiens dont les habitants de l’Irak occupé sont victimes. Le peuple irakien, qui
n’a que trop longtemps souffert et combattu l’injustice, la dictature et la tyran-
nie, se retrouve aujourd’hui sous le poids de l’injustice et de la tyrannie. Il est
désormais clair que tous les prétextes mis en avant pour tenter de justifier cette
guerre contre l’Irak ont prouvé l’un après l’autre leur totale inanité, sans pour
autant que l’objectif proclamé de secourir le peuple irakien ne se soit matérialisé.
Deux années se sont maintenant écoulées depuis le déclenchement de la
guerre et l’occupation de l’Irak, deux années tout au long desquelles le peuple
irakien n’a connu que les affres de la destruction, du gâchis, du chaos généra-
lisé, de l’assassinat des Oulémas et savants, des complots destinés à susciter des
conflits interethniques et interconfessionnels et à fomenter la sédition parmi
les Irakiens qui ne font qu’un seul et même peuple. Tout cela ne fait qu’encou-
rager davantage l’ennemi à s’obstiner à conspirer, car l’union du peuple irakien
ne lui permet pas d’achever ses perfides objectifs qui sont de briser leurs liens
et cette unité.
C’est pourquoi Nous, Oulémas participant à la session de l’Académie inter-
nationale du Fiqh islamique à Dubaï, exhortons tous nos frères d’Irak, ce pays
occupé et exsangue, à s’attacher tous au Pacte d’Allah et à faire bloc pour déjouer
les plans des conspirateurs. Tous les Irakiens doivent se donner la main pour
mettre fin à l’occupation et préserver la totale souveraineté de leur patrie. Il leur
incombe d’œuvrer sans répit à l’édification d’un Irak uni, indépendant, sûr et
fort qui jouisse de la sécurité, à l’ombre des principes modérés et équitables de
l’Islam, sans laisser de place aux atrocités ou aux conflits sectaires maléfiques.
Tout en condamnant l’abus de pouvoir et la corruption sur terre et en stigma-
tisant l’agression, l’injustice et l’arbitraire sous toutes leurs formes, nous invitons
toutes les organisations régionales de même que l’ONU et toutes les personnes
éprises de paix, de sécurité, de liberté et de justice dans ce monde, à conjuguer
leurs efforts pour mettre sans délai un terme à toutes les tragédies vécues par

345
l’Irak, pays où la gravité de la situation fait planer de lourdes menaces sur la
région tout entière et sur ses alentours.
Nous observons attentivement et en même temps les mutations qui s’opèrent
en Irak et sommes bien conscients de la volonté du peuple irakien de se do-
ter de ses propres institutions constitutionnelles. Nous sommes certains qu’il
n’existe pas un seul Irakien qui ne soit pas attaché à l’intégrité, à l’indépendance
et à la pleine souveraineté de l’Irak. Nous espérons qu’Allah fera naitre de ces
événements de grands bienfaits et succès qui permettront au peuple irakien
de s’affranchir du carcan de l’occupation, et l’aidera à prendre ses destinées en
main, à se doter de la constitution et des institutions constitutionnelles qui lui
conviennent, à rebâtir l’économie irakienne sinistrée, à resserrer les relations
avec les pays voisins et à assumer le grand rôle qui lui sied au service de la soli-
darité islamique et internationale en vue de concrétiser les nobles objectifs de
la Oumma et ses aspirations à la paix dans le monde entier.
Allah Seul mène vers le succès

346
Résolutions et Recommandations de la 17ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Amman
Royaume hachémite de Jordanie

28 Joumada Al-Oula – 2 Joumada Al-Akhira 1427


24 – 28 Juin 2006

347
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 152 (1/17)


L’Islam, l’Oumma unique, et les diverses Écoles
théologiques, jurisprudentielles et éducatives

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « l’Is-
lam, l’Oumma unique, et les diverses écoles théologiques, jurisprudentielles, et
éducatives », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet, ainsi que
des résolutions de la Conférence Islamique Internationale organisée en 1425 H
(2005) qui avait appelé à l’étude et à l’adoption des principes formulés dans le
message d’Amman,
Et rappelant l’adoption ultérieure de ces principes par le Forum des
Intellectuels et Érudits, réuni à Makkah Al-Mukarramah, préparatoire à la 3e
Conférence islamique extraordinaire au Sommet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Toutes les études traitant de ce thème ont unanimement


reconnu les principes fondamentaux et intangibles de l’Islam. Aussi, la pluralité
des doctrines idéologiques, jurisprudentielles et didactiques professées par les
différents courants de pensée ne représente, en réalité, que le fruit des efforts
interprétatifs de différents Oulémas soucieux de faciliter la pratique du culte.
Tous ces efforts n’ont point d’autre but que de cimenter l’unité de la Oumma,
d’en promouvoir les capacités intellectuelles, d’enrichir la pensée islamique et
de propager le message éternel de l’Islam. Les études pertinentes soumises à
l’Académie ont également abouti aux mêmes conclusions qui constituent le
substrat du Message d’Amman, ayant permis d’expliciter et de mettre en exergue
la vraie nature de l’Islam et son rôle dans la société moderne. Il conviendrait à
ce propos de rendre un hommage mérité à Sa Majesté le Roi Abdullah II bin
Hussein, Souverain du Royaume hachémite de Jordanie, – qu’Allah l’ait en

348
Sa Sainte Garde – pour avoir parrainé le Message d’Amman et en avoir assuré
la large médiatisation à l’échelle internationale.
Deuxièmement : Confirmation des résolutions adoptées par la Conférence
islamique internationale tenue à Amman (Royaume hachémite de Jordanie)
sur « la Réalité de l’Islam et son rôle dans la société contemporaine », vu la
conformité de ces résolutions avec les études et délibérations de cette session.
Le préambule de ces résolutions s’est, du reste, référé aux avis jurisprudentiels
et aux résolutions émises par les Comités de Fatwa et les Oulémas éminents des
différentes écoles doctrinales (Madhahib), et ce, en souscrivant entièrement à
ces avis et résolutions, à savoir :
1. Selon la Charia, quiconque suit l’un des quatre courants de la Sounna et
de la Jama’ah (Hanafite, Malikite, Chafi’ites et Hanbalite), ou les cou-
rants Ja’afarite, Zaydite, Ibâdite ou Zâhirite, est un Musulman, et ne
peut à ce titre être taxé d’apostasie. Son sang, son honneur et ses biens
sont donc sacrés et intouchables. De surcroît, le Cheikh d’AlAzhar a
émis une fatwa stipulant l’interdiction de traiter de mécréants les adeptes
du dogme Acharite, du soufisme authentique, et de la Salafiya vraie. De
même, accuser les autres de mécréants est par conséquent prohibé quand
il s’agit d’une communauté de Musulmans qui croit en Allah et en Son
Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, adhèrent aux fondements de la foi et du dogme islamique et
ne contestent aucune des obligations religieuses connues de tous.
2. Les points de convergence entre les différents courants sont bien plus
nombreux que les points de divergence. Les fidèles des huit écoles sont
tous d’accord autour des principes fondamentaux de l’Islam. Ils croient
en l’unicité d’Allah, et que le Noble Coran est la Parole d’Allah qu’Il
a fait descendre et en a garanti, pour l’éternité, la préservation contre
toute falsification. Ils croient aussi que notre Maître Mohammed ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬,
est le Prophète d’Allah et son Messager envoyé à toute l’humanité. Tous
adhèrent aux cinq piliers fondamentaux de l’Islam, à savoir les deux pro-
fessions de foi, la prière, la zakat, le jeûne du Ramadan et le pèlerinage
à Makkah, de même qu’aux fondements de la foi : la foi en Allah, en
Ses Anges, en Ses Livres, en Ses Messagers, au Jugement Dernier, et au
Destin (heureux ou malheureux). Les divergences entre Oulémas parmi
les adeptes des différentes obédiences, ne portant que sur des questions
secondaires et aussi sur quelques questions de fond, sont en réalité une
bénédiction et un bienfait pour l’humanité. Les Anciens disent en ef-
fet que « la diversité des opinions des Oulémas est un signe de grande
miséricorde » .

349
3. Reconnaitre les différentes écoles doctrinales (Madhahib) de l’Islam in-
dique un engagement envers une méthodologie spécifique dans l’élabo-
ration des avis jurisprudentiels (Fatwas). Il n’est pas permis d’émettre des
Fatwas, sans avoir les compétences adéquates requises. Il n’est pas per-
mis non plus d’émettre des avis jurisprudentiels (Fatwas) sans le respect
d’une méthodologie appropriée de l’une des différentes écoles doctrinales
(Madhahib), tout comme il est interdit à quiconque de se réclamer de l’Ij-
tihad (effort de réflexion) et d’inventer de nouveaux points de vue ou de
nouvelles opinions qui sont rejetés et éloignent ainsi les musulmans des
règles et principes de la charia et des avis bien établis au sein des écoles
doctrinales.
4. La quintessence du Message d’Amman en date du 27 Ramadan 1425 H (9
novembre 2004) qui avait été rendu public dans l’enceinte de la Mosquée
Hachémite, met en exergue l’engagement strict envers ces écoles doctri-
nales et à leurs méthodologies respectives. En effet, la reconnaissance de
ces écoles et l’attachement au dialogue et à la convergence entre elles sont
les seuls garants de la modération et du juste milieu, de la tolérance, de
la clémence et du dialogue.
5. Nous appelons les Musulmans à bannir les différends, à parler d’une seule
voix, à serrer les rangs, à se respecter les uns les autres, à renforcer la so-
lidarité entre leurs peuples et leurs États, à resserrer les liens de fraternité
qui les unissent dans l’amour d’Allah et à ne pas ouvrir la brèche à la sédi-
tion et à l’ingérence dans leurs affaires internes. Allah nous dit : « Les
croyants sont tous frères ; réconciliez-vous donc avec vos deux frères et
craignez Allah, peut-être sera-t-Il clément à votre égard » (Al-Houjourat :
10).
6. Les participants à la Conférence islamique internationale, réunis à
Amman, capitale du Royaume hachémite de Jordanie, à proximité de
la Mosquée Al-Aqsa et des territoires palestiniens occupés, soulignent la
nécessité de déployer tous les efforts pour protéger la Mosquée d’Al-Aqsa,
première des deux Qibla et dernière des trois mosquées vers lesquelles
les musulmans sont invités à voyager pour y accomplir la prière, contre
les périls et les agressions dont elle est la cible, et ce en mettant fin à
l’occupation et en libérant les Lieux Saints. Des efforts similaires doivent
être déployés pour préserver les sanctuaires islamiques d’Irak et partout
ailleurs.
7. Les participants insistent sur la nécessité d’approfondir les concepts de
liberté et de respect de l’opinion d’autrui à l’échelle du monde musulman.

350
Troisièmement : Confirmation de la Résolution nº 98 (1/11) de l’Académie
concernant « l’Unité islamique » et les recommandations pertinentes qu’elle
contient, et de la nécessité de mettre en place les mécanismes préconisés pour
concrétiser l’unité islamique. En conclusion de ladite résolution, le Secrétariat
de l’Académie a été invité à former un comité parmi ses membres et experts
dont la composition et les attributs devraient être approuvés par l’Organisation
de la Conférence islamique, à charge pour ce comité d’élaborer une étude scien-
tifique et de proposer des mécanismes spécifiques en vue de concrétiser l’unité
islamique dans les domaines culturel, social et économique.
Quatrièmement : Élaboration et présentation d’un ensemble de règles géné-
rales relatives aux questions faisant l’objet d’un consensus, et identification des
questions controversées en vue de remonter à leurs sources de référence dans
la Charia. Dans ce processus, les thèses des différentes écoles seront présentées
de manière honnête et impartiale afin d’accorder une immense importance aux
dénominateurs communs et de respecter les différences. En mettant en parallèle
les différentes opinions, la justesse de chacune sera jugée à l’aune de la solidité
de l’argument et de la conformité aux finalités de la Charia, et sans chercher à
faire prévaloir l’obédience personnelle du chercheur ou à avantager le courant
dominant dans telle contrée ou telle société.
Cinquièmement : L’enseignement aux étudiants et aux élèves des lycées de
l’intelligence concernant l’unité islamique et l’éthique de la divergence d’opinion
et du débat constructif, dont le point le plus important est de ne pas dénigrer
l’opinion d’autrui sans forcément y souscrire.
Sixièmement : La restauration des méthodes d’éducation spirituelle conformes
au Noble Coran et à la Sounna, en tant que moyen d’enrayer les notions maté-
rialistes en vogue de nos jours et d’empêcher la jeunesse de se laisser contaminer
par les nouveaux modes de comportements qui ignorent les principes de l’Islam.
Septièmement : Les savants des différentes écoles jurisprudentielles sont invi-
tés à entreprendre un travail de conscientisation et de sensibilisation à l’impératif
de modération en recourant à toute la panoplie des moyens tels que réunions
communes, séminaires thématiques, et conférences publiques à organiser, avec
le concours des organes en charge du rapprochement entre les « Madhahib ».
Ces efforts viseront à rectifier les idées fausses et la perception tronquée des dif-
férentes doctrines idéologiques, jurisprudentielles et éducatives, en rappelant
que les différentes doctrines se vouent exclusivement à l’application des prin-
cipes et des commandements de l’Islam, et en expliquant aussi que la pluralité
de ces courants de pensée est source de diversité et de complémentarité et non
pas un motif de discorde et de confrontation. Il leur appartiendra également de

351
mettre en exergue les spécificités et les mérites de chaque doctrine et d’accorder
tout l’intérêt requis à la littérature qui s’y rattache.
Huitièmement : Le respect des différentes écoles « Madhahib » et doctrines
n’empêche pas la critique constructive qui a pour but de maximiser les conver-
gences et de minimiser les divergences. Il devrait y avoir ainsi un vaste champ
de débat constructif entre les diverses écoles jurisprudentielles, à la lumière des
préceptes du Noble Coran et de la Sounna du Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, afin de renforcer et
de cimenter l’unité des rangs des Musulmans.
Neuvièmement : Les Musulmans se doivent de barrer la voie aux nouvelles
écoles et tendances idéologiques qui sont antinomiques avec les commande-
ments du Noble Coran et les enseignements de la Sounna. Si l’intolérance est
inacceptable, il en va de même pour le laxisme. Il serait en effet aberrant de
tolérer n’importe quelle allégation même quand elle est des plus suspectes. Des
dispositifs doivent être mis en place pour déterminer qui peut réellement être
qualifié de musulman.
Dixièmement : Il convient de rappeler que les différentes écoles doctrinales,
jurisprudentielles et d’éducation spirituelle n’assument en aucune façon la res-
ponsabilité des exactions commises en leur nom telles que le meurtre d’inno-
cents, les atteintes à leur dignité et le saccage de leurs biens.

Recommandations
1. Le Conseil recommande au Secrétariat de l’Académie d’organiser des sé-
minaires et des réunions en vue de débattre des causes sous-jacentes au
conflit entre les adeptes des différentes écoles doctrinales afin d’empêcher
que ses causes ne deviennent des facteurs de l’éclatement de la Oumma.
Les délibérations pourraient porter sur le réexamen de certaines déclara-
tions et références qui ont été mal comprises, mal appliquées ou ont fait
l’objet d’une propagande tendancieuse, notamment :
a. La question de l’Allégeance et du reniement (Al Wala’ Wa Al-Bara’).
b. Le Hadith à propos du « Groupe sauvé » et les conclusions qui en
découlent.
c. Les règles rationnelles à appliquer avant de taxer quelqu’un
d’apostasie, de perversité ou d’hérésie.
d. Le verdict d’apostasie et les conditions d’application de la peine y
afférent.
e. L’extension de la notion de péchés majeurs et les conséquences qu’il
peut y avoir à accuser les autres d’avoir commis de tels péchés.

352
f. Accuser d’apostasie au motif de n’avoir pas appliqué pleinement les
prescriptions de la Charia, sans faire la distinction entre les différents
cas.
2. Le Conseil recommande aux instances compétentes des pays musulmans
de prendre les mesures nécessaires pour interdire la publication et la diffu-
sion des écrits de nature à approfondir les dissensions, à jeter l’anathème
sur certains Musulmans taxés à tort de mécréance ou d’égarement, sans
aucune preuve légale à l’appui de ces allégations.
3. Le Conseil recommande également aux instances compétentes de conti-
nuer à se référer totalement à la Charia dans l’émission de toutes les lois
et de tous les règlements, conformément aux résolutions et recomman-
dations adoptées par l’Académie à ses sessions précédentes.
Allah est plus Savant

353
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 153 (3/17)


L’Ifta : Conditions et Ethiques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant
« L’Ifta : conditions et éthiques », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à
ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition de l’Ifta, du Moufti, et importance de
l’Ifta
Le terme « Ifta » désigne la procédure qui consiste à émettre un avis jurispru-
dentiel (Fatwa) sur une question spécifique, soit après une interrogation, soit
dans le but d’éclairer le public sur une question nouvelle.
Le « Moufti » est une personne versée dans les sciences de la Charia et justi-
fiant d’une connaissance approfondie des problématiques à propos desquelles
une « Fatwa » doit être prononcée. Le « Moufti » doit également être apte à dé-
duire des règles jurisprudentielles à partir des sources originelles et à les appli-
quer aux questionnements ou aux problèmes en suspens.
Partant, l’Ifta est une lourde responsabilité, car elle implique l’interprétation
des commandements divins et le rôle du « Moufti » est de ratifier au nom d’Allah
et suivre l’exemple du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬en explicitant les dispositions de la Charia.
Deuxièmement : Conditions du Moufti
L’Ifta ne peut être pratiqué que par celui qui aura satisfait à certaines conditions
spécifiques énumérées dans les ouvrages pertinents, dont notamment :
1. La connaissance du Coran, de la Sounna et des sciences qui s’y rattachent.
2. La connaissance des points de convergence faisant l’unanimité et des as-
pects controversés ainsi que la connaissance des différentes doctrines et
opinions des jurisconsultes (Fouqaha).

354
3. Une connaissance approfondie, des sources du Fiqh et des principes, des
règles et des finalités de la Charia ; en plus de la maîtrise de certaines
autres disciplines connexes comme la grammaire, la rhétorique, la lin-
guistique, la logique et autres.
4. La connaissance des contextes et des us et coutumes, de même que de la
conjoncture de cette époque et ses nouvelles problématiques et la prise en
compte des changements de ces données dans le processus d’émission de
la fatwa, tant qu’elles ne sont pas en contradiction avec un texte.
5. L’aptitude à déduire des avis jurisprudentiels à partir des sources de la
Charia.
6. La consultation des hommes de l’art et des spécialistes dans les disciplines
pertinentes (médecine, économie, etc.) pour avoir une vision claire du
sujet avant d’émettre une Fatwa.

Troisièmement : La Fatwa collective

Eu égard à leur complexité et à leur caractère hétérogène, les problématiques


actuelles impliquent, une Fatwa collective, qui ne peut être obtenue qu’en saisis-
sant les comités de Charia ou les Académies de Fiqh (jurisprudence islamique).
Quatrièmement : L’engagement envers la Fatwa et l’exigence de
son application
En principe, la Fatwa n’a pas force de loi ; ceci si l’on se place strictement sur le
plan légal, mais sur le plan religieux, elle engage chaque Musulman à partir du
moment où la validité en est établie. C’est ainsi que les institutions financières
islamiques sont tenues de se conformer aux Fatwas émises par leurs conseils de
la Charia respectifs dans le cadre des résolutions adoptées par les Académies
Fiqh (jurisprudence islamique).
Cinquièmement : Les personnes inaptes à émettre des Fatwah
1. Les fatwas ne peuvent être obtenues en s’adressant à des non-spécialistes
ne répondant pas entièrement aux critères susmentionnés.
2. Dans la plupart des cas, une fatwa publiée par les divers médias ne vaut
que pour la personne l’ayant sollicitée, sauf si une tierce personne se
trouve exactement dans la même situation et les mêmes circonstances
que le demandeur.
3. Les fatwas extravagantes, qui ne seraient pas strictement conformes aux
textes coraniques et à la Sounna ou qui seraient en contradiction avec

355
d’autres Fatwas ayant fait l’unanimité, sont nulles et non avenues.

Sixièmement : La déontologie de l’Ifta

En émettant sa fatwa, le Moufti ne doit chercher à satisfaire qu’Allah . Il doit


être un homme calme et serein. Il doit être bien informé des circonstances envi-
ronnantes, pieux, précautionneux et donner l’exemple en appliquant lui-même
la Fatwa qu’il a émise. Il doit être au-dessus de tout soupçon, prudent et réservé
dans sa réponse aux questions difficiles et ambiguës ; ne pas hésiter à consulter
les hommes de science ; se tenir constamment informé de ce qui se dit et s’écrit ;
être digne de confiance et se garder d’ébruiter les secrets de ceux qui se confient
à lui ; demander à Allah de l’orienter dans ses Fatwas, s’abstenir de répondre
lorsqu’il ne sait pas ou que le sujet requiert de plus amples investigations.

Recommandations
1. L’Académie recommande d’établir des canaux de communication et de
coordination permanents entre les comités de l’Ifta à l’échelle du monde
musulman afin de favoriser l’échange d’informations autour des problé-
matiques inédites et des nouveaux événements.
2. Faire de l’Ifta une science à part entière, qui pourrait être enseignée dans
les facultés de théologie, les écoles de la magistrature et les instituts de
formation des Imams et des prédicateurs.
3. Organiser des séminaires à intervalles réguliers pour disséminer l’informa-
tion sur l’importance de l’Ifta et la nécessité d’y recourir ce qui permettra
de répondre aux questionnements de notre temps dans ce domaine.
4. L’Académie recommande de veiller à l’application de sa Résolution nº 104
(7/11) concernant les moyens de tirer profit des fatwas et notamment les
dispositions suivantes :

a. Se méfier des fatwas qui ne se réfèrent pas à des sources


jurisprudentielles et ne reposent pas sur des arguments reconnus par
la Charia, qui ne s’appuient en réalité que sur des intérêts fictifs que
la Charia considère invalides et ne sont que le fruit des élucubrations
de leurs auteurs, et sont influencées par des contextes et des traditions
antinomiques avec les principes, les prescriptions et les finalités de la
Charia.
b. Inviter les Oulémas, comités et autres instances en charge de l’Ifta à
se conformer aux résolutions et aux recommandations des Académies

356
du Fiqh, afin de mieux maîtriser le contrôle, la coordination et
l’harmonisation des fatwas à l’échelle du monde musulman.
Allah est plus Savant

357
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 154 (4/17)


La Position de l’Islam vis-à-vis du Fanatisme, de
l’Extrémisme et du Terrorisme

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
position de l’Islam vis-à-vis du fanatisme, de l’extrémisme et du terrorisme », et
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
ayant pris connaissance de la Résolution nº 128 (2/14) de l’Académie sur
« les droits de l’homme et la violence internationale », qui définit le terrorisme
comme « l’action d’agresser, effrayer ou menacer physiquement ou psychologi-
quement un être humain et émanant d’un État, d’un individu ou d’un groupe
d’individus, que cet acte soit dirigé contre la vie de la victime, sa foi, son hon-
neur, son esprit ou ses biens, quel qu’en soit le moyen ou la forme de corruption
sur terre utilisés dans ce but » .
Ayant pris note des résolutions et recommandations contre le terrorisme
adoptées par les différentes conférences officielles et populaires à l’échelle du
monde arabo-musulman, qui soulignent la nécessité de traiter les causes sous-
jacentes du terrorisme à la racine et de barrer la route aux terroristes, tout en réi-
térant leur attachement au droit des peuples occupés de recourir à la lutte armée ;
Et se référant au Message d’Amman du 26 Ramadan 1425 H (9 novembre
2004) ;

Décide ce qui suit :


1. Tous les actes de terrorisme sous toutes ses formes et manifestations
sont illicites et sont considérés comme des actes criminels entrant dans
le cadre de la notion jurisprudentielle de la Hiraba (brigandage) indé-
pendamment du lieu où ces actes ont été perpétrés et de l’identité de
leurs auteurs. Tout individu, groupe d’individus, ou État qui participerait
directement ou indirectement à des actes de terrorisme, les financerait
ou les soutiendrait, sera considéré comme terroriste. Le terrorisme peut

358
également être pratiqué par un État ou un groupe d’États contre un ou
plusieurs autres États.
2. Une nette distinction doit être faite entre les crimes terroristes d’une
part et la résistance légitime à l’occupation par les moyens permis par la
Charia d’autre part, car la résistance à l’occupation est un acte visant à
lever une injustice et à recouvrer des droits spoliés qui est légitimé par la
Charia, par le bon sens et par les conventions internationales.
3. La lutte contre le terrorisme doit commencer par la recherche d’une so-
lution aux causes sous-jacentes de ce fléau, au nombre desquels : l’exagé-
ration, l’extrémisme, le fanatisme et la méconnaissance de la Charia. Le
terrorisme peut également avoir pour alibi la violation des droits humains,
la négation des libertés politiques et de la liberté d’opinion, la frustration,
l’exclusion et l’instabilité économique, sociale et politique.
4. Réaffirmation des dispositions de la résolution de l’Académie mentionnée
précédemment, soulignant que le Djihad visant à défendre la foi isla-
mique ou les territoires musulmans et à les libérer du joug de l’occupa-
tion étrangère n’a rien à voir avec le terrorisme aussi longtemps que l’on
respectera les prescriptions de la Charia.
Le conseil recommande également ce qui suit :
1. Renforcer le rôle des Oulémas, des Fouqaha, des prédicateurs et des ins-
titutions académiques générales et spécialisées dans la sensibilisation à
la nécessité de lutter contre le terrorisme et d’en extirper les causes à la
racine.
2. Inviter tous les médias à faire preuve de circonspection dans la présen-
tation des informations et des reportages surtout lorsqu’il s’agit d’actes
terroristes. Ces médias se doivent aussi d’éviter tout amalgame entre le
terrorisme et l’Islam, sachant pertinemment que les actes de terrorisme
furent commis par le passé et continuent d’être commis aussi par des
personnes appartenant à d’autres religions et cultures.
3. Inviter les institutions scientifiques et éducatives à montrer l’Islam sous
son visage radieux, en mettant en relief les valeurs de tolérance, d’amour,
de communication avec l’autre et d’entraide dans le bien.
4. Demander au Secrétariat de l’Académie de continuer à accorder tout l’in-
térêt requis à cette question en organisant des séminaires, des colloques
et des ateliers, en vue d’expliciter les prescriptions de la Charia relatives
à la dénonciation, la prohibition et l’élimination du terrorisme. Des ef-
forts doivent être également déployés en vue d’élaborer un cadre global

359
et exhaustif au regard de la Charia couvrant tous les aspects du problème.
5. Appeler les Nations Unies à concentrer leurs efforts sur la lutte contre
le terrorisme, le renforcement de la coopération internationale dans ce
domaine et l’élaboration d’un ensemble de critères internationaux fixes
permettant de distinguer les différentes formes de terrorisme.
6. Inviter les États et les gouvernements du monde entier à accorder la prio-
rité absolue à la coexistence pacifique, à bannir toute occupation par la
force des territoires d’autres États, à ne pas contester le droit des autres
nations à l’autodétermination et à asseoir leurs relations avec les autres
sur la base de l’égalité, de la paix et de la justice.
7. Inviter les pays occidentaux à réviser leurs programmes pédagogiques qui
sont entachés d’une perception tronquée de la religion musulmane, et
à empêcher leurs différents médias de commettre des actes délibérés et
préjudiciables à l’image de l’Islam pour barrer la route à la culture de
l’hostilité et de la haine.
Allah est plus Savant

360
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 155 (5/17)


La Réconciliation entre l’Attachement aux Principes
fondamentaux de l’Islam et les Impératifs de Citoyenneté
des Musulmans vivant à l’Extérieur du Monde musulman

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
réconciliation entre l’attachement aux principes fondamentaux et les impératifs
de citoyenneté des Musulmans vivant à l’extérieur du monde musulman », et
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : La citoyenneté signifie le fait de s’affilier à un pays donné et


d’en porter la nationalité, tandis que le terme « principes fondamentaux » se
réfère aux prescriptions expressément stipulées dans les textes de la Charia, ou
admises unanimement au sein de la Oumma et régissant les aspects spirituels,
rituels, pratiques et éthiques du vécu des Musulmans, y compris l’obligation de
sauvegarde des cinq impératifs : la protection de la religion, de soi, de la posté-
rité, de l’esprit et des biens.
Deuxièmement : Il n’existe aucune interdiction du point de la Charia à la
participation des citoyens musulmans des pays non musulmans aux activités so-
ciales, politiques et économiques dans ces pays, aussi longtemps que ces activités
ne sont pas contraires aux principes fondamentaux susvisés, surtout lorsque le
devoir de citoyenneté l’exige et sous réserve que ces activités ne mettent pas en
danger leur identité islamique.
Troisièmement : Il n’y a point d’interdiction pour les Musulmans d’Occident
d’ester auprès des tribunaux pratiquant le droit positif lorsqu’ils ne disposent
pas d’un autre moyen pour faire reconnaître leurs droits ou obtenir réparation
d’un préjudice.
Dans les cas afférents au statut personnel, il est cependant impératif de se

361
conformer aux prescriptions de la Charia en recourant à l’arbitrage islamique
ou en sollicitant une Fatwa qui devra alors être scrupuleusement respectée.
Quatrièmement : Dans l’émission de Fatwa, rien ne justifie un statut d’ex-
ception pour les musulmans des pays non musulmans, sauf en cas de nécessité
absolue, ou d’un besoin général qui pourrait aboutir à des difficultés et des gênes.
Les conditions de la Charia afférentes aux cas de nécessité absolue et de besoin
devront être scrupuleusement respectées et les dispenses devront être strictement
proportionnelles aux contraintes.

Recommandations :
1. L’Académie réaffirme la nécessité de l’interaction entre les citoyens mu-
sulmans des pays non islamiques d’une part, et les pays musulmans et
communautés musulmanes, d’autre part.
2. L’Académie invite les pays musulmans à prêter leur assistance aux
Musulmans extra-muros en vue de renforcer leur présence dans les en-
droits où ils vivent, par la création d’écoles et d’instituts pour l’enseigne-
ment de la religion musulmane et de la langue arabe et de facultés pour la
formation des prédicateurs et Imams, sachant toute l’importance de cette
assistance pour la sauvegarde de l’identité islamique des musulmans en
dehors des pays musulmans.
3. Mettre en place un centre d’information en vue de créer des bases de
données sur les Musulmans expatriés dans les pays non-membres de
l’Organisation de la Conférence islamique. Les données s’intéresseront
notamment à la composition démographique, à l’histoire et au statut de
ces Musulmans dans les pays d’accueil, ainsi qu’aux activités des organisa-
tions islamiques présentes sur le terrain, et ce dans le cadre d’un état des
lieux complet de la situation des Musulmans en dehors des musulmans.
4. Accorder toute l’importance requise à la formation de prédicateurs mu-
sulmans qualifiés et aptes à composer avec les réalités de la situation des
Musulmans extra-muros dans les pays et dans les sociétés où ils vivent.
Leur formation devra porter sur la langue et la connaissance des us et
coutumes locales, des réalités politiques et socioéconomiques et des
mentalités.
5. Demander aux centres islamiques concernés par les affaires des
Musulmans extra-muros de coopérer avec les Académies et les Conseils
du Fiqh à l’échelle de la région où ils se trouvent et composés de
Musulmans qui évoluent dans le même environnement, et partagent les
mêmes préoccupations. Cette forme de coopération aura pour but d’aider

362
les Musulmans expatriés à obtenir la reconnaissance de leurs droits reli-
gieux et à trouver des solutions jurisprudentielles adaptées à leur situation.
6. Inviter les Académies et les Conseils du Fiqh basés à l’extérieur du monde
musulman à coordonner leurs efforts et à coopérer avec l’Académie inter-
nationale du Fiqh en raison de son statut de référence pour la Oumma en
matière de sciences et de jurisprudence islamiques.
Allah est plus Savant

363
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 156 (6/17)


La Finalisation de la Résolution relative aux Titres de Partenariat
(Soukouk Moucharaka) et la Composition de leurs Actifs

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
finalisation de la résolution relative aux « aux titres de partenariat (soukouk
moucharaka) et la composition de leurs actifs », et ayant suivi les débats qui se
sont déroulés à ce sujet,
Ayant pris note de la résolution de l’Académie n°30 (5/4) sur « les titres
de Mouqaradah », énonçant les règles générales applicables à tous les titres is-
lamiques (Soukouk) tout en tenant compte des différences entre les diverses
formes de Soukouk ; ainsi que de la résolution de l’Académie n° 137 (3/15) sur
les « Soukouk de location (Ijara) », et de la résolution de l’Académie n° 60 (11/6)
relative à l’interdiction des titres de créance visés au paragraphe « premièrement »
de l’alinéa (3) ;
Ayant pris acte des Fatwas émises par plusieurs séminaires et colloques, dont
le 20e séminaire d’Al Barakah, le 1er Forum de la Compagnie Al-Rajhi, l’atelier
organisé par l’Organisation de la Comptabilité et de l’Audit des Institutions
Financières Islamiques (AAOIFI) et les deux normes jurisprudentielles établies
par le conseil chariatique de l’AAOIFI concernant les effets de commerce et les
bons d’investissement.
Étant donné que l’Académie n’a pas évoqué le règlement susmentionné dans
sa résolution sur les « Effets Mouqarada » lorsque les actifs correspondent à une
combinaison d’actifs tangibles, d’usufruits, de liquidités et de créances, et du
fait aussi que le portefeuille de la plupart des institutions financières islamiques
comporte moins d’actifs tangibles et d’usufruits que de créances et de liquidités ;

Décide ce qui suit :

L’adoption d’une résolution à ce sujet est reportée pour plus ample examen. Le

364
Conseil de l’Académie recommande à cet égard de convoquer un séminaire pour
élaborer la réglementation que l’Académie avait prévu de promulguer dans sa
Résolution nº 30 (5/4).
Allah est plus Savant

365
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 157 (7/17)


Les Promesses réciproques et la Collusion dans les Contrats

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
promesses réciproques et la collusion dans les contrats », et ayant pris connais-
sance de la résolution de l’Académie n° 40–41 (2/5) et (2/3) et ayant suivi les
débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : En principe, les promesses réciproques entre deux parties


sont contraignantes par conscience religieuse, mais elles ne le sont pas de jure.
Deuxièmement : La Charia interdit le recours aux promesses réciproques
en tant que ruse ou astuce pour contourner les restrictions jurisprudentielles
prohibant le Riba, comme lorsque les deux parties agissent de connivence pour
pratiquer la vente fictive, ou lorsqu’elles concluent une transaction dans laquelle
l’une des parties accepte de vendre quelque chose à l’autre partie à condition
qu’en échange le vendeur contracte un prêt auprès de l’acheteur.
Troisièmement : En cas d’impossibilité de conclure un contrat de vente
séance tenante, parce que la marchandise faisant l’objet de la vente ne se trou-
verait pas encore en possession du vendeur, alors qu’il existe un intérêt public
avéré à amener les deux parties – en vertu de la loi ou des conventions et des
usages propres au commerce international – à prendre l’engagement de conclure
la transaction à une échéance ultérieure (comme dans le cas de l’ouverture d’un
crédit documentaire à l’importation de marchandises), les promesses réciproques
peuvent revêtir un caractère contraignant, soit en vertu de la réglementation
officielle, soit par consentement mutuel entre les deux parties par le biais d’une
clause mentionnée dans le contrat.
Quatrièmement : Lorsque les promesses réciproques revêtent un caractère
contraignant comme indiqué à l’alinéa (Troisièmement) ci-dessus, le contrat

366
ne se mue pas instantanément en un contrat de vente différée. La propriété de
la marchandise en question n’est pas automatiquement transférée du vendeur à
l’acheteur et le prix convenu ne devient pas une créance sur lui. Autrement dit,
la cession n’a effectivement lieu qu’à l’échéance convenue de commun accord.
Cinquièmement : Au cas où l’une des deux parties n’honore pas ses promesses,
dans les situations visées à l’alinéa (Troisièmement) ci-dessus, elle pourra être
forcée, par voie de recours judiciaire, à remplir le contrat ou, à défaut, indem-
niser l’autre partie au prorata du préjudice réel subi du fait du non-respect des
engagements contractés (et non pas le montant du bénéfice escompté).
Allah est plus Savant

367
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 158 (8/17)


La Cession des Créances

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
cession des créances », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Ayant pris note de la résolution de l’Académie n° 101 (4/11) concernant « la
cession des créances et des obligations », qui stipule : « Il n’est pas permis de céder
une créance différée en contrepartie d’une somme en liquide payable d’avance,
dans la même monnaie que la créance ou dans une monnaie différente… » ;
Ayant également pris note de la résolution de l’Académie n°139 (5/15)
concernant « les cartes de crédit », qui stipule que « les institutions financières
islamiques doivent éviter toute ambiguïté en rapport avec l’usure (Riba) et tout
ce qui est de nature à conduire à ce genre de pratique prohibée, comme le ra-
chat d’une créance par une autre.

Décide ce qui suit :

Premièrement : Le rachat d’une dette par une autre dette, pratique prohibée
par la Charia, se dit d’une transaction dans laquelle le montant d’une dette est
augmenté en contrepartie du rééchelonnement des délais de remboursement,
ou d’une transaction menant à ce résultat. L’opération peut consister à régler la
créance originelle en contractant un nouvel emprunt aux termes duquel le dé-
biteur, qu’il soit solvable ou insolvable, obtient un nouveau crédit de son créan-
cier pour rembourser l’intégralité ou une partie d’un crédit antérieur. L’une des
formes de cette pratique est que le débiteur achète une marchandise auprès de
son créancier pour un prix à payer ultérieurement et lui rétrocéder cette même
marchandise au prix de vente au comptant à seule fin de rembourser la totalité
ou une fraction de sa dette antérieure.
Deuxièmement : Formes de cession d’une créance admises par la Charia
1. La cession d’une créance à une tierce partie à travers l’une des formes

368
suivantes :
a. Cession de la dette pour un prix libellé dans une monnaie différente
à payer au comptant et au taux du jour.
b. Cession de la dette en contrepartie d’une marchandise donnée.
c. Cession de la dette en contrepartie de l’usufruit d’un actif spécifique.
2. La cession d’une créance faisant partie d’un portefeuille mixte composé
en majorité de biens matériels, d’actifs et de droits d’usufruit, qui consti-
tuent l’objet principal de la transaction.

Le Conseil recommande également d’entreprendre des études approfondies


pour parachever l’examen des questions en suspens et afférentes à cette pratique
et à ses applications contemporaines.
Allah est plus Savant

369
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 159 (9/17)


Le Statut de la Femme et son Rôle social
dans la Perspective de l’Islam

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le
statut de la femme et son rôle social, dans la perspective de l’Islam »,
Ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Rappelant la Résolution nº 114 (8/12) de l’Académie relative à la « Déclaration
islamique sur le rôle de la femme dans le développement de la société musul-
mane », qui renvoie à la complémentarité des rôles de l’homme et de la femme
dans le cadre d’une société musulmane harmonieuse dans laquelle aussi bien
l’homme que la femme assument une vocation essentielle ; insiste sur l’impor-
tance de la famille en tant que pierre angulaire de l’édifice de la société islamique
et rejette toute autre forme de soi-disant familles,
Rappelant également l’accent mis dans cette même résolution sur certains
aspects tels que l’importance de la maternité en tant que vocation naturelle de
la femme, l’égalité hommes/femmes en termes de dignité humaine, le fait que
l’Islam assigne à la femme des droits et des devoirs adaptés à sa nature, à ses
capacités et à sa constitution ; et qu’il insiste sur le respect dû à la femme sur
tous les plans et exclut tout traitement dégradant et irrespectueux à son égard
et condamne les velléités de certains gouvernements qui cherchent à déposséder
les femmes de leur droit d’accomplir leurs obligations religieuses ;

Décide ce qui suit :

Premièrement : Les conférences internationales organisées sur le thème des


droits politiques, économiques, sociaux, civiques et culturels de la femme (confé-
rences sur la population et le développement) se sont évertuées à vouloir séparer
les différents aspects de la vie quotidienne du vécu de la religion et de la spiri-
tualité qui s’y rattache. Pis encore, ces conférences sont allées jusqu’à assimiler

370
certains principes et préceptes islamiques à une forme de discrimination à l’en-
contre de la femme.
Deuxièmement : Le slogan de l’égalité entre l’homme et la femme doit être
manié avec beaucoup de précautions pour éviter qu’il ne serve de prétexte pour
légitimer certains agissements et pratiques contraires à la religion islamique.
Troisièmement : La femme musulmane doit être protégée contre toutes les
pratiques, coutumes et traditions entachées d’injustice flagrante et susceptibles
de la frustrer de son droit à la sauvegarde de sa foi, de sa dignité, de son honneur
et de ses biens personnels, ainsi que des autres droits garantis par les principes
internationaux des droits humains et par les principes de la Charia.
Quatrièmement : Les conférences internationales sur la population et le
développement et les accords auxquels elles ont abouti se sont manifestement
intéressées beaucoup plus aux aspects purement matériels qu’aux dimensions
spirituelles, en faisant l’impasse sur la vocation naturelle de la femme qui est
celle d’être une mère de famille investie de la lourde responsabilité de l’éduca-
tion des enfants de manière appropriée ; au lieu de cela, elles invitent la femme
à la dégradation de sa moralité. Cela ne signifie pas que de l’Académie diminue
l’importance des aspects positifs qu’elles comportent également.
Cinquièmement : Les conférences sur la population et le développement ont
ignoré ou marginalisé le rôle des femmes dans l’édifice social. Elles ont même
légitimé les relations contre nature sous toutes leurs formes.
Sixièmement : Devant l’accélération des événements internationaux et des
mutations qui les accompagnent, l’Académie estime que les Musulmans se
doivent de tenir compte de ces changements et de les évaluer à la lumière
de Charia. Les activités des conférences consacrées aux problèmes relatifs aux
femmes doivent être également suivies de près. Il incombe ainsi aux États et
aux organisations islamiques d’adopter une position unifiée afin d’amener ces
conférences à adopter des résolutions compatibles avec les principes islamiques.

Recommandations
1. Participer activement aux conférences internationales sur les questions
relatives aux femmes et proposer des solutions alternatives islamiques aux
problèmes sociaux.
2. Faire connaître sur la plus large échelle possible, la position de l’Islam à
l’égard des problèmes de la femme, notamment pour ce qui concerne ses
droits et devoirs, et diffuser cette information dans les langues vivantes
aux quatre coins du globe.
3. Demander au Secrétariat de l’Académie d’organiser des ateliers et sémi-

371
naires pour se pencher sur les questions suivantes :

a. Les conventions et accords internationaux sur le développement et


la population ainsi que sur les problèmes de la femme, en vue de
dégager une position islamique unifiée à l’égard de tous ces dossiers.
b. La question de la participation politique des femmes dans le contexte
des principes et des règles de la Charia.
Allah est plus Savant

372
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 160 (10/17)


Les Relations extérieures et les Engagements
internationaux des Etats musulmans

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
relations extérieures et les engagements internationaux des États musulmans »
Ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Les relations entre les pays musulmans et les autres membres
de la communauté internationale sont fondées sur la paix, le bannissement des
guerres, le respect mutuel et la coopération au service des intérêts communs de
toute l’humanité, dans le cadre des principes et des prescriptions de la Charia ;
Deuxièmement : Un État islamique ne nourrit aucun sentiment d’inimité
à l’égard des autres États au seul motif qu’ils professent une religion différente.
L’État islamique est seulement hostile à ceux qui l’agressent ou qui s’attaquent à
ses symboles sacrés et à ses Lieux Saints. Aux yeux de l’Islam, la guerre est tou-
jours l’ultime voie de recours pour se défendre et repousser l’agresseur.
Troisièmement : La coopération et la complémentarité entre les États musul-
mans sont impératives dans tous les domaines, comme la création d’un marché
commun islamique et d’espaces de libre-échange, ou la signature d’accords de
coopération multiformes.
Quatrièmement : Il n’y a aucune objection, du point de vue de la Charia, à
conclure des conventions internationales qui servent les intérêts des Musulmans,
quel qu’en soit le domaine, à condition que ces conventions n’enfreignent pas
les règles et principes de l’Islam et ne se traduisent pas par l’hégémonisme d’une
puissance sur les autres États partis à l’accord ou sur le reste du globe.

373
Recommandations :
1. L’Académie recommande aux universités et centres de recherche du
monde arabo-musulman d’accorder tout l’intérêt requis aux études visant
à expliciter les principes de l’Islam en matière de relations internatio-
nales et de respect des droits des non-musulmans vivant parmi la société
musulmane.
2. L’Académie invite les pays musulmans à désigner des spécialistes versés
dans la culture islamique parmi leurs délégations aux conférences inter-
nationales et culturelles organisées à un niveau international, en vue de
présenter le point de vue de l’Islam sur les questions en débat.
Allah est plus Savant

374
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 161 (11/17)


Les Règles de la Charia applicables à la Recherche
biomédicale sur l’Etre humain

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
règles de la Charia applicables à la recherche biomédicale sur l’être humain »,
Ayant examiné la charte adoptée par le séminaire sur « les réglementations
morales internationales afférentes à la recherche biomédicale sur l’être humain,
à travers une perspective islamique », organisé au Caire, du 29 Chawal au 2
Dhoul Quida 1425 H (11-14 décembre 2004) par l’Organisation Islamique pour
les Sciences Médicales,
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Ratification des principes généraux énoncés dans
la charte
L’Académie réaffirme son adhésion aux principes et aux règles générales sur les-
quels reposent le code de déontologie et l’éthique de la recherche biomédicale,
à savoir :
1. Le respect de l’honneur et de la dignité et de l’être humain qui est un
principe fondamental et intangible de la Charia. Allah ne nous dit-Il pas :
« Nous avons certes honoré les Fils d’Adam. Nous les avons portés sur la
terre ferme et la mer. Nous leur avons attribué des nourritures délectables
et Nous les avons placés bien au-dessus de beaucoup de ceux que Nous
avons créés ». (Al-Isra : 70).
C’est pourquoi, il est essentiel de respecter pleinement l’indépendance de
toute personne jouissant de ses facultés mentales, qui accepterait volon-
tairement de se soumettre à des tests biomédicaux pour les besoins de la
recherche, à condition que cette personne puisse prendre sa décision en

375
toute liberté, de son plein gré et sans ne subir aucune forme de contrainte,
ni de tromperie, ni d’exploitation, car la Charia stipule que « nul ne peut
disposer des droits d’un être humain sans son autorisation expresse ».
La Charia garantit également le respect et la protection des individus ne
jouissant pas de toutes leurs facultés mentales, contre les abus éventuels
et les risques de violation de leurs droits, fut-ce par un responsable ou
par un tuteur légal. C’est ainsi que les règles générales du Fiqh disposent
que « Les décisions prises par une personne inapte sont invalides ». Aussi,
la Charia a-t-elle pris soin de désigner un responsable ou un tuteur légal
pour agir à sa place et en son nom, à charge pour celui-ci d’assumer cette
responsabilité au mieux des intérêts de la personne inapte et sans prendre
de décisions néfastes ou préjudiciables.
2. La réalisation des intérêts, qui est un autre objectif capital de la
Charia, se traduit par « la quête assidue des bienfaits et la volonté d’épar-
gner à l’humanité des maux éventuels ». Dans les cas où un dommage
est inévitable, on choisira toujours le moindre mal en s’efforçant de le
minimiser au maximum.
3. L’établissement de la justice, c’est-à-dire l’obligation morale d’agir
envers chaque personne en suivant ce qui est juste et bon d’un point de
vue de l’éthique, et de traiter tout un chacun (homme ou femme) avec
dignité et impartialité et de reconnaître les droits de chacun. Ce souci de
justice est l’expression concrète du principe intangible qui est d’établir le
bon droit et l’équité, principe dont l’Islam a jeté les bases et dont il a fait
l’élément clé d’une vie humaine exemplaire et la voie du salut.
4. L’altruisme prêché par le plus exhaustif de tous les versets coraniques,
qui appelle les Croyants à s’adonner à toutes les bonnes actions et les met
en garde contre les péchés : « Allah ordonne l’Équité, la Bienfaisance et
la Libéralité… » (Al-Nahal : 90).
Deuxièmement : La déontologie de la recherche biomédicale
appliquée à l’être humain
Le Conseil RÉAFFIRME les règles éthiques afférentes à la recherche biomédicale
applicable aux êtres humains telles qu’énoncées dans la charte citée au préam-
bule de la présente résolution, sachant que ces règles régissent la pratique de la
recherche biomédicale en conformité avec les principes de la Charia. Le Conseil
INVITE en même temps l’Organisation Islamique des Sciences médicales à orga-
niser une conférence élargie, groupant les praticiens et les jurisconsultes, pour
approfondir la compréhension de ces règles et principes déontologiques.

376
Recommandations :
1. L’Académie recommande aux responsables des pays musulmans d’encou-
rager et de soutenir la recherche et les chercheurs en leur allouant des
budgets conséquents, en créant les conditions les plus propices à la re-
cherche et en pourvoyant aux besoins scientifiques et matériels des cher-
cheurs pour les motiver et leur permettre de se vouer à l’accomplissement
de leur devoir civique.
2. L’Académie recommande à tous les pays musulmans d’établir des canaux
de communication avec les savants et scientifiques musulmans expatriés
qui représentent « un capital fabuleux pour la Oumma », de coopérer
avec eux et de les encourager à collaborer avec leurs homologues mu-
sulmans en vue de doter les pays musulmans de bases solides pour la
recherche scientifique.
3. L’Académie recommande à l’Organisation Islamique des Sciences
Médicales au Koweït et aux Ministres de la Santé des pays musulmans
d’organiser des stages d’initiation à la jurisprudence et à la déontologie
professionnelle à l’intention du personnel médical et paramédical, et no-
tamment à l’éthique propre à la recherche scientifique et aux règles et
principes visés dans la présente résolution.
Allah est plus Savant

377
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 162 (12/17)


Les Personnes diabétiques et le Jeune du Ramadan

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 17ème session, à Amman (Royaume
hachémite de Jordanie), du 10 au 16 Rabi Al-Akhir H (24 – 28 Juin 2006) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant le
problème des « personnes diabétiques et le jeûne du Ramadan »,
Et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

L’examen de la résolution pertinente est différé pour plus amples études et


investigations.
Le Conseil recommande également à l’Organisation Islamique koweïtienne
des Sciences médicales de constituer un comité de médecins et de jurisconsultes
aux fins d’étude du problème du diabète et la relation entre cette maladie et le
jeûne du mois de Ramadan.
Allah est le Garant du succès

378
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Déclaration de l’Académie internationale du Fiqh islamique sur la Palestine,


la Mosquée Al-Aqsa, l’Irak et la Somalie

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges et le salut soient. Sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les siens et sur ses compagnons.
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique, de l’Organisation
de la Conférence islamique réuni en sa 17ème session à Amman (Royaume ha-
chémite de Jordanie) du 28 Joumada Al-Awal au 2 Joumada Al-Akhira 1427 H
(24-28 juin 2006) ;
Agissant en tant que porte-parole de tous les États et peuples musulmans, et
dans le cadre de l’intérêt qu’elle accorde aux affaires des Musulmans,
ADOPTE la présente déclaration au sujet de la Palestine, de la Mosquée Al-
Aqsa, de l’Irak et de la Somalie ;
La Cause De La Palestine Et D’al-Aqsa
L’Académie internationale du Fiqh islamique suit de près l’évolution de la situa-
tion tragique dans laquelle survivent aujourd’hui les habitants de la Palestine
occupée, du fait du joug impitoyable et du bouclage total imposés par l’occu-
pant, bouclage qui a été resserré encore plus comme pour punir le peuple pa-
lestinien d’avoir osé exercer son droit naturel à élire son gouvernement et son
assemblée législative. L’Académie internationale du Fiqh islamique en appelle à
tous les États du monde musulman et du monde entier pour leur demander de
faire leur devoir moral et humanitaire qui est de mettre fin aux diverses formes
d’oppression et de souffrance imposées au peuple palestinien.
Face à ces évènements graves, l’Académie lance un appel à la communauté
internationale, afin qu’il soit mis fin aux crimes terroristes des autorités d’occu-
pation marqués par le massacre quotidien d’innocents, dont des femmes, des
enfants et des hommes, les tueries massives à répétition, la destruction des habi-
tations et la déportation de leurs occupants, la confiscation des terres, le saccage
des plantations et l’arrachage des arbres fruitiers. Les autorités occupantes ne se
sont d’ailleurs pas arrêtées là. Elles sont allées encore plus loin dans l’infamie en
entreprenant d’ériger une muraille de séparation raciste sur les décombres des
maisons qu’elles ont rasées entièrement, une clôture qui a avalé quelque 25%
des territoires palestiniens, faisant fi des préceptes des religions révélées, dans un
mépris total des normes et traditions d’humanité, et en refusant obstinément de
se plier aux normes du droit et aux conventions internationales et notamment
de se conformer aux verdicts de la Cour internationale de Justice.

379
L’Académie attire l’attention de la communauté internationale sur le fait que
ces crimes et ce bouclage n’ont point de précédent dans toute l’histoire de l’hu-
manité, même en ses épisodes les plus sombres et les plus répressifs. Le plus re-
grettable est que les autorités israéliennes continuent ostensiblement à commettre
leurs forfaits en invoquant le prétexte de la légitime défense tout en qualifiant
la résistance à l’occupation et à la répression d’actes de terrorisme et d’agression.
Devant les déclarations belliqueuses et les plans machiavéliques des extré-
mistes et des dirigeants israéliens à propos de la Ville d’Al-Qouds en général et
la Mosquée Al-Aqsa en particulier, l’Académie internationale du Fiqh islamique
tient à réaffirmer, une fois de plus, à l’occasion de la présente session, les termes
de ses déclarations et résolutions antérieures et notamment ce qui suit :
1. La Ville d’Al-Qouds et la Mosquée Al-Aqsa sont des Lieux Saints pour
les Musulmans du monde entier, car ils sont liés à l’Ascension Nocturne
du Prophète Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬aux Septièmes Cieux, comme nous le dit
le Noble Coran, et aussi parce que la Mosquée d’Al-Aqsa est la première
Qibla des Musulmans.
2. La Mosquée Al-Aqsa appartient exclusivement aux Musulmans et les
Juifs n’ont rien à voir avec elle. Ils doivent prendre garde aux consé-
quences potentiellement graves qu’il peut y avoir à mettre ce vénérable
édifice en danger. Pour les Musulmans, l’entière responsabilité de toute
attaque contre la Mosquée Al-Aqsa repose sur les épaules des autorités
d’occupation israéliennes et des pays qui les soutiennent. La Mosquée
Al-Aqsa n’est pas négociable. Aucun compromis ne peut être fait à ce
sujet et nul n’est autorisé à faire la moindre concession aux dépens de la
cause d’Al-Aqsa. Cette Mosquée est bien trop noble pour être l’objet de
concession.
3. Il ne peut y avoir de paix et de stabilité, ni de solution équitable dans la
région, sauf avec la cessation de l’occupation juive de la Ville d’Al-Qouds
et de sa Sainte Mosquée, et la restitution des territoires palestiniens à ses
propriétaires légitimes.
4. Le peuple palestinien a le droit d’établir son propre État indépendant
sur la totalité de ses territoires, avec pour capitale Al-Qouds Al-Charif.
Les Palestiniens ont également le droit de se défendre, de combattre leur
ennemi par tous les moyens licites et ont le droit pour les réfugiés parmi
eux de retourner sur leur terre.
5. L’Académie aimerait saluer les grands efforts déployés par le Royaume
hachémite de Jordanie pour protéger la Mosquée d’Al-Aqsa et préserver
l’identité arabo-islamique de la ville sainte, et notamment le Ministère

380
jordanien des Awqaf et des affaires et lieux sacrés islamiques, ainsi que
le comité de l’administration des finances d’Al-Qouds issu de l’Orga-
nisation de la Conférence islamique. L’Académie salue également les
nombreux efforts pour le soutien de la cause de la Mosquée Al-Aqsa et
de la ville d’Al-Qouds de la part des autres pays et organisations arabes
et musulmans. L’Académie lance un appel aux gouvernements et aux
peuples du monde arabo-musulman pour les inviter à assumer leurs res-
ponsabilités religieuses, patriotiques et historiques en prenant la défense
de la ville occupée d’Al-Qouds et de sa Vénérable Mosquée, en apportant
leur appui au vaillant peuple palestinien pour renforcer sa présence dans
la ville et le soutenir dans les domaines de la santé, de l’éducation et des
services sociaux, et en contrecarrant toutes les tentatives de judaïsation ou
d’internationalisation de la Ville sainte d’Al-Qouds, les deux hypothèses
étant aussi inacceptables l’une que l’autre.

Irak

L’Irak fait aujourd’hui face à une série de crises graves qui mettent en péril son
entité, son existence, son intégrité et sa souveraineté. C’est ainsi qu’en plus des
atrocités de l’occupation, les attaques des groupes terroristes ont redoublé de
virulence : assassinats de citoyens innocents, qui n’épargnent ni les femmes, ni
les enfants, ni les vieillards, attentats à l’explosif contre les mosquées, les lieux
de culte et les places de marché, semant ainsi la mort et la désolation partout
où ils passent.
En plus de cette situation déjà catastrophique, le fléau du communautarisme
est venu exacerber encore plus les tensions à travers les assassinats au faciès, les
actes visant à terroriser la population irakienne et à faire de Bagdad, terre de paix
et berceau de civilisations anciennes, de la grandeur des dynasties d’Al-Rachid
et Al-Amin un vaste champ de ruines, où règnent le chaos et la destruction, où
l’on décapite les gens pour un oui ou pour un nom. Chaque jour, le fleuve du
Tigre charrie son lot de têtes sans corps et de corps décapités. Les attentats à
l’aveuglette sont devenus un spectacle tristement banal dans tous les lieux publics
où les gens se rassemblent en masse comme les mosquées, les lieux historiques,
les marchés, les stations d’autobus et les édifices publics. Et ce sans parler de la
situation abominable qui règne dans les prisons et centres de détention ni du
pilonnage impitoyable des quartiers résidentiels.
En dépit de tous ces drames, l’Académie entrevoit une petite lueur d’espoir
à travers les dernières élections qui ont abouti à la mise en place d’institutions
officielles telles que le parlement, le gouvernement et la présidence.

381
À cet égard, l’Académie lance un appel en vue de mettre fin à l’occupation.
Elle condamne tous les actes de violence et de terrorisme de même qu’elle dé-
nonce les tentatives visant à provoquer des conflits intercommunautaires et in-
terconfessionnels. Elle exhorte les dirigeants chiites et sunnites à faire tout ce
qui est en leur pouvoir pour enrayer ces affrontements sanglants dans lesquels
il ne saurait y avoir ni vainqueur ni vaincu. Ce n’est ni plus ni moins qu’un dé-
sastre sans nom qui détruit tout. Désamorcer les tensions religieuses et éteindre
les flammes sectaires ce sont là les conditions sine qua non au succès de toute
solution politique à même d’assurer, à l’Irak, la stabilité et le progrès dont il a
tant besoin.
À cette occasion, l’Académie invite tous les Irakiens à accorder plus d’intérêt
à la participation politique et à la collaboration avec les institutions gouver-
nementales et notamment les Ministères de la Défense et de l’Intérieur, afin
de consacrer le partage équilibré des pouvoirs sociaux et politiques et de ga-
rantir l’égalité entre les différentes strates de la société irakienne. Les Irakiens
sont ainsi appelés à travailler main dans la main pour faire aboutir les plans du
gouvernement portant sur la dissolution des milices partisanes et à favoriser la
réconciliation nationale sur la base de la tolérance et de l’égalité des droits de
tous. C’est à ce prix et seulement à ce prix que l’Irak pourra recouvrer sa totale
souveraineté, préserver son unité nationale, ne laisser à l’occupation aucun pré-
texte pour perdurer, et retrouver enfin la place qui lui sied au sein de la Oumma
arabo-islamique.
L’Académie lance un appel à tous les pays musulmans et amis pour qu’ils
apportent un secours d’urgence aux régions irakiennes touchées et aident l’Irak
à surmonter cette grave crise et à retrouver sa place et à jouer le rôle positif qui
est le sien au sein de la communauté internationale. L’Académie tient également
à rendre hommage aux efforts déployés par certains pays en vue de favoriser
la réconciliation et mettre un terme aux souffrances du peuple irakien, et plus
particulièrement les efforts du Royaume hachémite de Jordanie visant à réunir
les leaders religieux irakiens autour d’une solution globale susceptible de servir
de base à un règlement politique durable.
Somalie
Concernant la situation qui prévaut en Somalie, l’Académie internationale du
Fiqh islamique de l’Organisation de la Conférence islamique appelle tous les
frères somaliens, y compris le Chef de l’État, le Gouvernement, les dirigeants
des tribunaux islamiques et tout le peuple somalien, à opter pour une réconci-
liation sérieuse et efficace, à bannir la violence et les affrontements et à placer
les intérêts supérieurs du peuple somalien avant tout intérêt personnel, en sai-

382
sissant cette occasion propice pour rétablir la paix et conjuguer leurs efforts en
vue de rétablir la sécurité et la stabilité afin de s’atteler à la reconstruction de
leur pays dévasté par la guerre.
L’Académie souscrit également aux efforts déployés par la Ligue des États
Arabes en faveur de la Somalie et réaffirme l’importance du rôle joué par l’Orga-
nisation de la Conférence islamique, sous la direction éclairée de leurs Secrétaires
généraux respectifs. Le Conseil tient également à rendre hommage au Comité
de suivi du dossier somalien pour ses efforts. L’Académie espère voir ces efforts
se poursuivre, s’intensifier et s’étendre à tous les domaines possibles, et notam-
ment l’octroi d’une assistance économique, politique et sécuritaire à la Somalie
pour que ce pays enfin réunifié puisse retrouver la place qui lui sied au sein des
organisations interarabes, panislamiques et internationales.
Le Conseil de l’Académie invite en même temps les gouvernements et les
peuples de la Oumma islamique à soutenir la Somalie et à lui accorder leur as-
sistance dans tous les domaines et plus particulièrement l’assistance d’urgence
aux régions dévastées par la guerre et l’assistance humanitaire aux populations
affectées par la sécheresse. « Le Musulman est le frère du Musulman. Jamais il
ne lui fait du tort, ni le trahit, ni le livre à l’ennemi », et « Allah accorde Son
aide à Son serviteur aussi longtemps que ce serviteur aide ses frères ».
Allah est le Garant du succès

383
Résolutions et Recommandations de la 18ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Putrajaya
Malaisie

24–29 Joumada Al-Akhira 1428


9–14 Juillet 2007
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 163 (1/18)


Feuille de Route pour le Retour aux
Enseignements civilisationnels de l’Islam

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
feuille de route pour le retour aux enseignements civilisationnels de l’Islam »
et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Ayant à l’esprit le rôle avant-gardiste de l’Islam dans l’édification d’un État
pratiquant la bonne gouvernance, ainsi que le Document d’Al-Madinah Al-
Mounawarah promulgué par le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬définissant les rapports sociaux au
sein de la toute première communauté musulmane, ainsi que les dispositions de
la Déclaration Universelles des Droits de l’Homme prononcée par le Messager
de l’Islam dans son Sermon d’Adieu ;
Et à la lumière des textes coraniques et de la Sounna, qui sont la
Constitution de la Oumma Islamique, comme l’indique le verset : « Allah or-
donne l’Équité, la Bienfaisance et la Libéralité envers les proches. Il interdit la
Turpitude, l’Acte blâmable et l’Insolence » (Al-Nahl : 90) et le verset : « Ô Vous
qui croyez ! Obéissez à Allah ! Obéissez à l’Apôtre et à ceux d’entre vous qui
détiennent l’autorité sur vous » (Al-Nisa : 59) ;

Décide ce qui suit :

Premièrement : Suivre les enseignements civilisationnels de l’Islam offre aux


Musulmans une chance pour retrouver leur rôle historique et disséminer le
message de l’Islam et contribuer, par ce faire, au salut de l’humanité et à son
émancipation des ténèbres du matérialisme ambiant.
Deuxièmement : Le meilleur moyen pour sortir la Oumma de l’ornière du
sous-développement où elle se trouve aujourd’hui enlisée réside dans le retour
sincère à la religion de la rectitude. Les événements catastrophiques auxquels
les Musulmans sont confrontés ne sont en définitive que la conséquence directe

386
de leur renoncement aux préceptes de l’Islam et de leur mimétisme des autres
modèles culturels positifs humains.
Troisièmement : Une approche culturelle islamique, fondée sur une stra-
tégie cohérente, pourrait affranchir les pays et les communautés islamiques de
l’hégémonie, de la dépendance et du sous-développement.
Quatrièmement : Une bonne compréhension de l’Islam, alliée à la stricte
application de ses préceptes et de ses commandements de manière harmonieuse
et équilibrée, constitue une condition sine qua non et un préalable fondamental
dont dépend le succès du projet de renaissance islamique.
Cinquièmement : La stricte adhésion au concept de la Choura (consultation
mutuelle) au double plan théorique et pratique, comme nous le commande le
Saint Coran : « Et consulte-les donc sur toute affaire » (Al-Imran : 159) et « Ceux
qui conduisent leurs affaires par la voie de la délibération » (Al-Choura : 38).
Aussi, la Choura est-elle considérée à juste titre comme l’un des fondements les
plus solides pour asseoir l’État islamique.
Sixièmement : Le Conseil prend acte du caractère parfaitement licite du
concept de séparation des pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif ), concept
aujourd’hui largement répandu et faisant l’objet d’un consensus général.
L’argumentaire permettant de légitimer ce concept peut être puisé dans les dif-
férents aspects des actes du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬agissant alternativement en temps que
Messager, gouvernant et juge.
Septièmement : Le droit de citoyenneté doit être garanti à tous, y compris
les non-musulmans, en vertu des règles de la Charia et du principe d’équilibre
entre les droits et les devoirs.
Huitièmement : L’encouragement de la participation des femmes à toutes
les activités publiques sans enfreindre les prescriptions de la Charia qui lui sont
propres. Allah ne nous dit-Il pas : « Les croyants et les croyantes sont les protec-
teurs les uns des autres. Ils ordonnent le convenable et interdisent le blâmable »
(Al-Tawbah : 71).
Neuvièmement : Les Musulmans doivent se départir des comportements
négatifs pour pouvoir relever les défis auxquels ils font face, à savoir :
a. Le fanatisme sectaire qui hypothèque l’effort de réforme prôné par la
Charia.
b. L’intolérance idéologique et l’immodération qui sont sources de discorde
et donne naissance aux mouvements extrémistes.
c. L’athéisme, l’irréligion qui reposent sur le rejet de toute corrélation entre
la religion et le vécu.
d. Le monisme (savoir partiel et fragmentaire) qui ne permet pas de visuali-

387
ser le problème dans toutes ses dimensions.
e. L’incapacité de saisir la valeur du temps et son impact sur l’échec et le
sous-développement des musulmans.
Recommandations :
1. Renforcer la foi et promouvoir les bonnes actions, en tant que première
étape à franchir dans le cadre des efforts visant à forger l’identité isla-
mique en vue de restaurer le rôle dynamique de la culture islamique et
son importance dans l’essor de la civilisation universelle.
2. Souligner le fait que les enseignements civilisationnels de l’Islam reposent
sur l’enracinement des valeurs morales et éthiques de l’Islam au sein de
la société.
3. Rendre un hommage mérité à la Malaisie pour les démarches qu’elle a en-
gagées en adoptant son projet d’Approche culturelle islamique et l’appeler
à organiser une conférence internationale destinée à mettre en exergue les
réalités culturelles et le contenu du message éternel de l’Islam. Les conclu-
sions de cette conférence devant être par la suite soumises à l’appréciation
des intellectuels et des leaders des autres pays musulmans.
Allah est plus Savant

388
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 164 (2/18)


Le Développement des Ressources humaines
dans le Monde musulman

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le
développement des ressources humaines dans le monde musulman »,
Et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Le terme « ressources humaines » renvoie aux capacités et aux


compétences de l’être humain, qui est à la fois la finalité et le moteur du pro-
cessus du développement, car il assume la responsabilité de civiliser et dévelop-
per la Terre, comme le dit le Noble Coran : « C’est Lui qui vous a constitués à
partir de la terre et qui vous y a établis » (Houd : 61), et : « Quand ton Seigneur
dit aux anges : « Je vais placer, sur la terre, un vicaire » . (Al-Baqarah : 30)
Deuxièmement : Le concept islamique du développement humain procède
de cette vérité axiomatique qui est que le développement de la Terre et l’accom-
plissement du vicariat sont irréalisables si l’être humain n’est pas préalablement
préparé à remplir cette mission avec efficacité et compétence. D’où la nécessité
de cultiver et de développer ses capacités intellectuelles, physiques et spirituelles,
afin d’élever et de libérer toutes ses potentialités.
Troisièmement : Le processus de développement des capacités et des compé-
tences humaines, indispensable à la réalisation des objectifs de développement
intégré, tel que perçu par l’Islam, ne peut se concrétiser qu’au travers de l’édu-
cation, de l’enseignement et de la formation. À cet égard, l’Académie réaffirme
sa Résolution nº 138/4/25 sur les programmes d’enseignement qui comporte
plusieurs recommandations dont notamment :
1. Les thèmes et cursus éducatifs seront conçus en fonction de la perspective
islamique et en mettant l’accent sur les divers aspects de la vision isla-

389
mique (foi, Chari’a et mode de vie) dans le contenu des cours.
2. La mise à niveau et le développement des programmes dans les différents
pays musulmans en vue de refléter et de concilier à la fois l’authenticité
islamique et la modernité ; et ce de manière autonome et en dehors de
toute ingérence extérieure.
3. L’épuration de toutes les matières et disciplines de tous les concepts allo-
gènes et non conformes aux principes islamiques.
4. Assurer la scolarisation obligatoire et gratuite dans le primaire et du col-
lège dans tous les pays musulmans afin d’éradiquer l’analphabétisme et
d’inculquer aux jeunes générations les principes islamiques et les connais-
sances modernes.
5. Abolir la dualité actuelle des systèmes éducatifs et adopter un système
tirant sa source dans les données et principes islamiques, sans pour autant
négliger les impératifs contemporains et les connaissances nécessaires à
chaque spécialité, afin de former les apprenants pour leur donner les
moyens d’affronter les défis immédiats et futurs.
6. Demander au Secrétariat général de l’Académie Islamique du Fiqh d’or-
ganiser – en coordination avec l’Organisation Islamique pour l’Éducation,
la Science et la Culture (ISESCO) et les autres parties concernées – un
séminaire thématique sur « le renouveau des programmes de l’enseigne-
ment », et mettre à profit les efforts antérieurement déployés dans ce do-
maine en vue d’élaborer une stratégie exhaustive pour le développement
des programmes éducatifs à l’échelle du monde musulman. Les conclu-
sions de ce séminaire seront par la suite communiquées à* l’Organisation
de la Conférence islamique *qui les soumettra à son tour à l’appréciation
des Ministres de l’Éducation des pays musulmans.

Quatrièmement : Le concept de « savoir utile » ne doit pas se limiter aux


sciences religieuses. Ce concept englobe également les autres sciences profanes
qui sont utiles à la Oumma et à l’humanité ; car l’acquisition de ces connais-
sances profanes constitue un devoir collectif (Fardh Kifaya) pour tous les
Musulmans aussi longtemps qu’elles servent les intérêts de la Oumma.
Cinquièmement : Les cursus dédiés à la formation et au développement des
ressources humaines doivent intégrer les principes islamiques et les valeurs cultu-
relles consubstantielles au dogme et aux principes fondamentaux de la Oumma
qui encouragent le musulman à s’attacher d’accomplir de bonnes œuvres et
font naitre en lui l’espoir. Parmi les plus importantes de ces valeurs islamiques,
citons l’ambition, le sens de la responsabilité et l’esprit d’initiative, la concerta-

390
tion, l’esprit d’équipe, la ponctualité, la confiance en soi, le dialogue construc-
tif, le respect des autres opinions, la critique objective, le respect des érudits et
des spécialistes et l’appréciation du savoir et de la science, l’encouragement de
l’effort de réflexion, la liberté responsable, l’équité, l’honnêteté, la modernité,
l’aptitude à voir loin et le respect des valeurs du travail.
Sixièmement : Les institutions concernées se doivent d’accorder une impor-
tance conséquente à la planification éducative et s’efforcer de relier ce travail de
planification aux besoins à long terme de la société musulmane afin d’établir
une corrélation adéquate entre le développement humain et la réalisation des
objectifs de développement intégré à travers la perspective islamique.
Septièmement : Il existe un besoin avéré en termes de formation pour pou-
voir disposer de responsables qualifiés et capables de prendre en charge la gestion
et la promotion des différents établissements d’enseignement et de formation
pluridisciplinaires notamment dans les spécialités requises par la Oumma isla-
mique. La compétence et l’intégrité sont les qualités premières exigées de ces
futurs leaders comme nous le rappelle le Verset coranique : « Place-moi à la tête
des magasins de ce pays ! Je suis bon gardien et très savant » (Joseph : 53). Il est
également rapporté que le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit à Abou Zarr : « Tu es faible et ceci
est une mission de confiance qui risque de générer honte et regrets au Jour du
Jugement dernier, sauf si elle a été accomplie convenablement et scrupuleuse-
ment » (Hadith cité par l’Imam Mouslim dans son Sahih).
Huitièmement : La promotion de la recherche scientifique et l’encourage-
ment des dépenses allouées à ce chapitre, eu égard à l’importance de son rôle
dans le développement humain de personnes utiles à la Oumma et dans la sa-
tisfaction des besoins multiples de celle-ci.
Neuvièmement : En raison d’un grand pourcentage d’analphabétisme fé-
minin dans maintes contrées du monde musulman, l’Académie est amenée
à réaffirmer ici la nécessité de pourvoir à l’éducation et à l’enseignement des
femmes pour les habiliter à assumer un rôle conséquent dans le développement
et l’essor de la société musulmane. À cet égard, l’Académie confirme à nouveau
sa Résolution nº 114/8/12 relative à la « Déclaration islamique sur le rôle des
femmes dans le développement de la société musulmane », de même que toutes
les autres résolutions pertinentes.
Dixièmement : Le moyen le mieux indiqué pour promouvoir les compétences
humaines nécessaires à la réalisation des objectifs des programmes d’enseigne-
ment, de formation et de développement intégré, c’est de veiller à inscrire cette
démarche dans un souci permanent de complémentarité et d’osmose avec les
autres composantes du développement, notamment :
1. L’application de la Charia dans les différents domaines du vécu. À cet

391
égard, l’Académie réaffirme sa Résolution nº 48 (10/5) sur l’application
des règles de la Charia.
2. La propagation des concepts de « liberté responsable », d’équité, de sécu-
rité dans son acception globale, le bannissement du despotisme, l’appli-
cation des principes des droits de l’homme sur la base des buts ultimes
et des principes généraux de la Charia, comme le stipule la Charte isla-
mique des Droits de l’Homme entérinée par l’Académie.

Onzièmement : Encouragement des efforts déployés par certains pays, à l’ins-


tar de la Malaisie et d’autres pays musulmans, et leurs réussites en termes de
développement et de valorisation du capital humain.

Recommandations :
1. Entreprendre une série d’études et organiser des séminaires sur le phéno-
mène de la fuite des cerveaux dont sont victimes les pays musulmans afin
d’en identifier les causes sous-jacentes et de proposer des plans d’action
pour y remédier et des contre-mesures destinées à en atténuer l’impact.
2. Veiller à établir la coordination, la coopération et la complémentarité qui
s’imposent entre les États islamiques dans les domaines de l’éducation,
de l’enseignement, de la culture et de la formation et profiter des expé-
riences utiles dans ce domaine, en ayant à l’esprit le verset coranique :
« Entraidez-vous dans la bonté pieuse et la piété ! Ne vous entraidez point
dans le péché et l’abus de droit ! Soyez pieux envers Allah ! Allah est re-
doutable en Son châtiment » (Al-Maidah : 3). Cette démarche permettra
de confirmer le contenu de la résolution de l’Académie 96 (1/11) concer-
nant l’unité de la Oumma.
3. Encourager la création d’instituts spécialisés et de centres académiques
pour répondre aux besoins de développement humain et prendre en
charge les jeunes talents et les éléments les plus doués.
4. Organiser un colloque sur le transfert de technologie et son implantation
dans les pays musulmans parallèlement à l’encouragement de l’enseigne-
ment électronique.
5. Mettre à profit l’expérience de certains pays musulmans et autres dans le
domaine de la lutte contre l’analphabétisme et de la promotion de l’en-
seignement professionnel et technique.
6. Établir des canaux de communication et de coopération entre le monde
musulman et les scientifiques musulmans expatriés.

392
Allah est plus Savant

393
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 165 (3/18)


Le Renforcement du Rôle de la Zakat dans la Lutte
contre la Pauvreté et l’Organisation de sa Collecte et de sa
Redistribution à la Lumière des Efforts jurisprudentiels

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le
renforcement du rôle de la Zakat dans la lutte contre la pauvreté et la réglemen-
tation de sa collecte et de sa redistribution à la lumière des Efforts jurispruden-
tiels » et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Les actifs dont il n’est pas expressément mentionné qu’ils sont
ou non assujettis à la Zakat peuvent faire l’objet d’efforts de réflexion (Ijtihad),
dès lors que les conditions de la Charia afférentes à l’Ijtihad sont remplies.
Deuxièmement : Le payeur de la Zakat n’est pas supposé couvrir tous les huit
types de récipiendaires de la Zakat lorsqu’il procède lui-même à sa distribution.
En revanche, si la distribution est confiée à une autorité compétente (Imam ou
autre), il convient de la distribuer aux huit types de récipiendaires concernés
dans la mesure où les fonds seraient disponibles, les besoins avérés et les huit
types d’ayant droits accessibles.
Troisièmement : En principe, la Zakat doit être distribuée sans retard, à
l’échéance ou aussitôt collectée. Toutefois, la distribution de la Zakat peut être
différée lorsque l’intérêt l’exige ou bien dans l’attente d’un proche nécessiteux,
ou encore lorsque la Zakat est censée être distribuée à intervalles réguliers pour
pourvoir aux besoins récurrents des pauvres souffrant d’invalidité ou d’impotence.
Quatrièmement : Les pauvres et les indigents :
• Les pauvres et les indigents doivent recevoir un montant leur permettant de
satisfaire leurs besoins et, si possible, les besoins de leurs parents à charge, et
ce à la discrétion des instances responsables de la Zakat.

394
• Si les pauvres et les nécessiteux sont aptes à gagner leur vie au moyen de
l’artisanat, il leur sera accordé une somme appropriée pour, en l’occurrence,
financer l’acquisition de leurs outils de travail, ou pour mettre en place un
petit commerce s’ils sont capables de commercer, ou pour acquérir un petit
lopin de terre arable s’ils sont capables de se livrer à l’agriculture, ces moy-
ens leur garantissant du même coup un flux régulier de revenus pour sub-
venir à leurs besoins. De ce fait, les fonds de la Zakat peuvent être investis
dans de petits projets tels que métiers à tisser, machines à coudre à usage
domestique, petits ateliers, et autres, qui deviendront ainsi la propriété des
personnes nécessiteuses et des démunis.
• Les fonds de la Zakat peuvent également être employés pour le financement
de projets générateurs de revenus et de services en vertu de la Résolution
nº 15/3/3 de l’Académie.

Cinquièmement : Autres catégories de récipiendaires de la Zakat


A. Les percepteurs de la Zakat
1. La catégorie des percepteurs de la Zakat inclut dans l’acception
moderne du terme, les institutions, administrations et leurs organes
subsidiaires en charge de la collecte et de la redistribution de la
Zakat conformément aux prescriptions de la Charia.
2. L’institution de la Zakat doit jouir de l’indépendance financière
et administrative vis-à-vis de toutes les autres structures
gouvernementales. Elle doit néanmoins rester soumise à la
supervision et au contrôle pour garantir la transparence de sa
gestion et la conformité aux normes de la bonne gouvernance.
3. Les organismes chargés de la collecte et de la redistribution de
la Zakat sont considérés comme étant de simples gardiens et ne
peuvent, donc, garantir les fonds de la Zakat contre les risques de
pertes, sauf en cas de négligence ou d’abus constatés. Le payeur
de la Zakat est, lui aussi, automatiquement affranchi de toute
responsabilité à partir du moment où il a versé le montant de la
Zakat due à l’institution chargée de sa collecte.

B. Le ralliement des bonnes volontés


1. La part de la Zakat revenant aux bonnes volontés ralliées à l’Islam est
toujours existante et n’a pas été frappé de caducité ni être abrogé.
Son application dépend des besoins et des intérêts qui en découlent

395
de sorte que cette part doit être distribuée chaque fois que le besoin
s’en fait sentir.
2. La Zakat peut être donnée aux nouveaux convertis à l’Islam afin
de raffermir leur foi ou de compenser des pertes éventuelles. La
Zakat peut être également donnée à un infidèle dont on espère la
conversion ou pour le dissuader de nuire aux Musulmans.
3. Les fonds de la Zakat peuvent servir à financer l’octroi d’une
assistance humanitaire à des populations sinistrées non musulmanes
dans les régions frappées par des catastrophes naturelles, des séismes
ou des inondations dans le but de gagner leur affection.

C. L’affranchissement d’esclaves
1. La part de la Zakat réservée à l’affranchissement des esclaves inclut
les rançons payées pour la libération de Musulmans capturés.
2. Les fonds de la Zakat peuvent être utilisés pour obtenir la remise en
liberté de Musulmans ou de membres de leurs familles kidnappés.

D. Les personnes insolvables


Cette part est réservée aux personnes insolvables qui ont accumulé des
dettes pour leurs propres besoins, ou pour mettre fin à un conflit con-
formément aux principes de la Charia. Elle peut aussi servir à payer les
rançons (Dyates) dont sont redevables les personnes responsables d’hom-
icides involontaires en l’absence d’agnat (’Aqilah), ou servir au paiement
des dettes d’un défunt qui ne peuvent être couvertes par son patrimoine
si elles ne sont pas déjà prises en charge par les ressources du Bait Al Mal
(Trésor public).

E. Pour la cause d’Allah


Il s’agit de la part réservée aux combattants qui luttent pour la cause
d’Allah, ceux qui défendent leur patrie, ainsi que le soutien à l’effort de
guerre lorsque celle-ci est légitime.

F. Les voyageurs en difficulté


1. Un « fils du chemin » se dit, dans ce contexte, du voyageur qui se
déplace à des fins compatibles avec la Charia, et se trouve dans
la gêne et dans l’incapacité financière de regagner la mère patrie,
même s’il est réputé riche dans son propre pays.

396
2. L’aide financée sur la Zakat par le biais d’un Fonds spécial
d’assistance aux personnes déplacées et aux migrants affectés par
les guerres, les inondations, les famines et les séismes.
3. Une assistance peut être octroyée aux étudiants nécessiteux qui
ne bénéficient pas d’une bourse pour aller étudier à l’étranger,
conformément aux critères d’usage.
4. Les sans-papiers sans ressources peuvent être assistés sur les fonds
de la Zakat pour leur rapatriement.
5. Une aide peut être également accordée aux étudiants à plein temps
et aux voyageurs dans la gêne et incapables de subvenir à leurs
besoins.

Recommandations

Eu égard à la nécessité impérative où se trouve aujourd’hui la Oumma islamique


d’organiser la perception et la distribution de la Zakat de manière institution-
nalisée, rationnelle, moderne et respectueuse des prescriptions de la Charia, le
Conseil de l’Académie invite les autorités compétentes en charge de la Zakat
dans les pays musulmans à travailler en coordination et à lancer des projets
communs en vue d’aider les pauvres et les indigents.
Le Conseil de l’Académie recommande également ce qui suit :
1. Inviter les particuliers à verser leur Zakat aux institutions légalement au-
torisées à exercer cette activité aux fins de s’assurer que la Zakat parvien-
dra effectivement aux ayants droit et de promouvoir, du même coup, le
rôle religieux, développemental et socioéconomique de ces aumônes.
2. Accorder tout l’intérêt requis à l’aspect médiatique de la Zakat en veillant
à diffuser l’information à ce sujet par le recours à tous les moyens de
communication de masse, y compris l’audiovisuel, afin de sensibiliser
l’opinion publique à l’importance de la Zakat et à sa vocation d’outil de
développement socioéconomique.
3. Élaborer un ensemble de normes et de principes comptables et jurispru-
dentiels pour le calcul de l’assiette de la Zakat.
4. Élaborer des modèles comptables à utiliser en tant que lignes directrices
pour le calcul de l’assiette de chaque type d’actifs assujettis à la Zakat
et pour faciliter ainsi l’application concrète de la Zakat à la lumière des
normes jurisprudentielles.
5. Mettre à contribution la technologie de l’information, les réseaux de

397
communication et les chaînes satellitaires, pour faire prendre conscience
aux Musulmans des problématiques contemporaines de la Zakat et son
rôle dans le processus de développement socioéconomique de la Oumma
islamique.
6. Inviter les pays musulmans à accorder des exonérations fiscales aux
payeurs de la Zakat en leur permettant de déduire les sommes payées
au titre de la Zakat de l’assiette de leur revenu imposable, et ce afin de
motiver et d’encourager les Musulmans nantis à s’acquitter de la Zakat.
7. Enseigner le Fiqh et la comptabilité de la Zakat à l’université et dans les
lycées afin de promouvoir la connaissance de la Zakat en tant que troi-
sième pilier de l’Islam.
Allah est plus Savant

398
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 166 (4/18)


Le Phénomène de l’Islamophobie : Défis et Confrontation

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le
phénomène de l’Islamophobie : défis et confrontation »
Ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Rappelant les impacts négatifs du phénomène de l’Islamophobie qui a contri-
bué à propager l’aversion de l’Islam et s’est traduit par des pressions accrues
sur les Musulmans de par le monde, par le fait de l’accumulation de préjugés
historiques, des campagnes de désinformation relayées par les médias et de la
méconnaissance de l’Islam au niveau international ;
Et prenant conscience des effets néfastes qui découlent de ce phénomène

Décide ce qui suit :

Premièrement : Il importe d’endiguer ce phénomène au moyen d’une straté-


gie exhaustive qui sera adoptée par tous les pays musulmans, les organisations
islamiques internationales et les organisations représentatives des Musulmans
à l’étranger. Cette stratégie comporterait un ensemble de mécanismes et de
mesures soigneusement conçus. Elle couvrira tous les volets et aspects média-
tiques, politiques et socioéconomiques. De surcroît, elle devra élaborer un mes-
sage médiatique clair dans le but de faire connaitre la religion islamique et les
faits, principes et nobles valeurs consubstantiels à cette religion. Le message en
question sera alors diffusé par le biais des différents médias et sur l’Internet, en
collaboration avec les entreprises de presse les plus influentes.
Deuxièmement : Nécessité d’établir une coordination et une concertation
permanentes entre les pays musulmans et les organisations islamiques inter-
nationales en vue de prendre les décisions appropriées et d’engager les actions
requises pour répondre aux campagnes visant à semer le doute et à dénigrer la
Oumma islamique et ses symboles.

399
Troisièmement : Inviter la communauté internationale à se solidariser avec la
Oumma islamique et à coopérer avec elle pour repousser ces attaques haineuses
lancées contre l’Islam et les Musulmans, promouvoir la culture de l’amitié et
de la solidarité entre les nations, bannir la haine et la violence et coopérer au
service de l’humanité.
Quatrièmement : Inviter les communautés musulmanes extra-muros à jouer
le rôle d’Ambassadeurs de la paix, à faire parvenir le message authentique et
pur de l’Islam à tous les peuples et à toutes les nations, à bannir les pratiques
dommageables à l’image de l’Islam et à respecter scrupuleusement les valeurs et
principes de l’Islam. L’Académie invite également les pays musulmans à accor-
der toute l’assistance requise à ces communautés musulmanes pour parfaire leur
connaissance de l’Islam et les tenir informées des développements de l’actualité
dans le monde musulman. Des instances spéciales pourraient en outre être créées
dans le but de resserrer les liens entre ces communautés et la Oumma islamique.
Cinquièmement : Dresser un répertoire complet de tous les écrits et publica-
tions traitant de ce phénomène et inciter les intellectuels musulmans maîtrisant
les langues vivantes à établir le dialogue et à ouvrir un débat avec les autres en
vue de redresser l’image tronquée de l’Islam et des Musulmans à l’intérieur et
l’extérieur des pays musulmans.
Sixièmement : Donner une formation avancée dans les langues étrangères
aux prédicateurs envoyés dans les pays non musulmans pour les habiliter à pré-
senter les aspects conceptuels et pratiques de l’Islam en en donnant eux-mêmes
l’exemple vivant par l’attitude, le comportement et la relation avec autrui. Les
institutions de formation des prédicateurs préexistantes pourraient être encou-
ragées à accomplir cette tâche, ou à défaut, de nouvelles institutions pourraient
être créées à cette fin.
Septièmement : Établir les relations avec l’autre sur le respect mutuel et la
diffusion du message immaculé de l’Islam tout en mettant l’accent, dans les
programmes de l’enseignement, sur l’impératif de compréhension mutuelle et
la sensibilisation à cette exigence de notre temps.

Recommandations :
1. Mettre en œuvre la clause n°4, paragraphe (6) du statut de l’Académie qui
prévoit « la création de centres d’études islamiques dans certaines régions
importantes en dehors du monde musulman ; la coopération avec les
centres existants pour promouvoir les objectifs de l’Académie et suivre
de près les publications traitant de l’Islam à l’intérieur de chaque région
afin de réfuter les préjugés et les idées fausses ». Les centres d’études isla-
miques proposés seraient appelés à préparer une étude approfondie sur

400
l’Occident et à définir la stratégie appropriée qu’il incombera aux États
et aux peuples musulmans d’adopter pour traiter avec les différents pays
occidentaux et avec les autres forces qui influencent les gouvernements
et l’opinion occidentale.
2. Établir la coordination requise avec l’Observatoire créé par l’Organisation
de la Conférence islamique pour suivre les questions en rapport avec
l’Islam dans les médias occidentaux, s’efforcer de redresser l’image de l’Is-
lam dans le système éducatif occidental, de récuser les idées reçues et de
présenter l’Islam sous son véritable jour, en coordination avec l’Académie.
3. Organiser des séminaires et des congrès groupant des intellectuels mu-
sulmans et non musulmans afin de promouvoir le dialogue franc et de
jeter ainsi des passerelles propices à l’entente et à l’interaction entre les
deux parties.
Allah est plus Savant

401
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 167 (5/18)


Les Finalités de la Charia et leur Rôle dans la
Déduction des Prescriptions Jurisprudentielles

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant
« les finalités de la Charia et leur rôle dans la déduction des prescriptions
jurisprudentielles »,
Ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Les objectifs de la Charia sont les notions, les règles générales et
les finalités suprêmes que le législateur a cherché à concrétiser en promulguant
les prescriptions jurisprudentielles dans l’intérêt de tous les êtres humains dans
ce monde et dans l’au-delà.
Deuxièmement : La prise en compte des finalités de la Charia dans l’effort
de déduction des prescriptions jurisprudentielles appelle un certain nombre de
considérations, à savoir :
1. Une vision exhaustive des textes et des règles de la Charia.
2. Considérer la réalisation des finalités de la Charia comme l’un des fac-
teurs permettant de trancher en cas de divergence d’opinions entre les
Fouqaha.
3. Prendre en considération les finalités des actes accomplis par les in-
dividus afin de leur appliquer les prescriptions de la Charia qui leur
correspondent.

Troisièmement : Adopter les finalités de la Charia, dans l’ordre de priorité y


afférent, en tant que cadre fondamental et adéquat pour les droits de l’Homme.

402
Quatrièmement : Nécessité d’avoir constamment à l’esprit les finalités de la
Charia dans l’effort de réflexion jurisprudentielle (Ijtihad).
Cinquièmement : L’application correcte des finalités de la Charia ne peut
être en contradiction avec le signifiant des textes jurisprudentiels ni avec les avis
unanimes établis de manière authentique.
Sixièmement : Nécessité d’étudier les dimensions multiples des finalités de
la Charia au plan social, économique, éducatif et politique et autre.
Septièmement : Le rappel des finalités de la Charia est essentiel et indispen-
sable à la bonne compréhension du discours islamique.
Huitièmement : La prise en compte des finalités de la Charia dans la dé-
duction des prescriptions jurisprudentielles appropriées applicables aux problé-
matiques nouvelles et aux transactions financières contemporaines et autres est
très importante pour que se démarquent les énoncés et les produits financiers
islamiques des modes conventionnels.

Recommandations :
1. Demander à l’Académie d’entreprendre des recherches plus poussées pour
faire mieux connaître les finalités de la Charia et les efforts déployés par
les Oulémas et les chercheurs dans ce domaine.
2. Inviter les institutions académiques à intégrer dans leurs cursus l’ensei-
gnement les finalités de la Charia.
Allah est plus Savant

403
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 168 (6/18)


La Détermination de l’Age de Puberté et
ses Effets en termes d’Obligations

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
détermination de l’âge de puberté et ses effets en termes d’obligations », et ayant
suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Prenant en considération le fait que la responsabilité individuelle est liée
à la raison et, donc, qu’un enfant ne peut être astreint à des obligations légales
avant d’avoir atteint le stade de la pleine possession de ses facultés mentales et
de la conscience totale des règles du comportement rationnel, compte tenu du
fait qu’il existe certains signes physiques spécifiques à ce stade et qu’en l’absence
de ces signes évidents, fixer un âge de la puberté est une démarche conforme
aux principes de la Charia, tandis qu’en cas de sanction pénale, la Charia exige
la prise de précaution concernant les verdicts de sanction et cela en délaissant
leur application en présence de doute.

Décide ce qui suit :

Premièrement : L’âge de sept (7) ans est l’âge de la prise de conscience qui pré-
cède la puberté. Partant, un enfant ne peut être tenu pour responsable de ses
actes avant d’avoir atteint cet âge. À l’âge de raison, les agissements de l’enfant
en matière de transactions financières peuvent être classés en trois catégories. La
première catégorie est celle où les agissements sont strictement bénéfiques et sont
donc considérés comme valides ; la seconde catégorie est celle des engagements
dont le caractère bénéfique ou nocif est douteux et qui doivent être validés par
le tuteur de l’enfant ; et enfin la troisième catégorie qui est celle des comporte-
ments totalement préjudiciables qui sont considérés comme nuls et non avenus.
Deuxièmement : Parce que l’âge de la puberté est étroitement lié à la crois-
sance et au développement du corps entrainant l’arriver au stade d’une pleine

404
prise de conscience, ce sont les signes physiques qui doivent être pris en compte
pour déterminer le passage naturel à la puberté. La puberté peut également être
fixée à l’âge de 15 ans révolus pour ce qui concerne les obligations religieuses. À
l’inverse, et pour ce qui concerne les responsabilités financières et pénales, le
gouvernant peut fixer à sa discrétion l’âge de la puberté au mieux de l’intérêt
public et en tenant compte des circonstances spécifiques du lieu et du milieu.
Troisièmement : Un enfant n’ayant pas encore atteint l’âge de la puberté ne
peut en aucun cas être condamné aux peines (Al-Hadd ou Al Qasas) mais est
seulement passible de sanction et de punition laissées à l’appréciation de l’au-
torité compétente en fonction de l’âge exact du mineur.
Quatrièmement : Un enfant en dessous de l’âge de la puberté n’est pas
exempté de la responsabilité financière lorsqu’il en vient à commettre un pré-
judice ni n’est dispensé de l’obligation de s’acquitter du « prix du sang » en cas
d’homicide.
Allah est plus Savant

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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Résolution N° 169 (7/18)


Les Droits et Devoirs de la Femme musulmane

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
droits et devoirs de la femme musulmane», et ayant suivi les débats qui se sont
déroulés à ce sujet,
Rappelant que l’Islam a accordé à la femme le statut idoine en lui assignant
un rôle capital au sein de la cellule familiale, en lui accordant la possibilité de tra-
vailler, de contribuer et de participer à la vie sociale, en lui offrant l’opportunité
de créer et en l’entourant d’une sollicitude toute particulière dans le contexte de
tous les commandements divins et prescriptions de la Charia ; Rappelant éga-
lement que l’Islam insiste sur la reconnaissance de tous les droits des femmes et
prône le respect qui leur est dû en tant que mère, sœur, fille ou épouse ;
Rappelant également qu’en Islam, l’homme et la femme sont égaux en
termes d’honorabilité, de respect et de dignité, de dogme et d’obligations ri-
tuelles, d’appel à la pratique de la vertu et de proscription du vice, d’accomplis-
sement des bonnes œuvres, de responsabilité civile et pénale, de droit à l’éduca-
tion et du droit de disposer de ses biens. Plusieurs principes afférents à cela ont
été édictés par la Charia, et ses prescriptions s’adressent à la fois à l’homme et à
la femme, sauf dans les cas où seul l’un d’eux est spécifiquement visé ;

Décide ce qui suit :

Premièrement : La femme a le droit d’acquérir et de détenir des biens im-


mobiliers et mobiliers sous réserve des prescriptions de la Charia afférentes aux
droits de propriété.
Deuxièmement : Le travail exercé par les femmes doit respecter les prescrip-
tions de la Charia. Elles sont encouragées à s’orienter vers des professions par-
ticulièrement adaptées à leur complexion naturelle et dans lesquelles elles sont

406
prédisposées à exceller comme l’éducation, l’enseignement, la gynécologie, la
pédiatrie et l’action sociale.
Troisièmement : Les femmes musulmanes peuvent participer aux activi-
tés sociales, culturelles et éducatives qui ne sont pas contraires aux règles de la
Charia et à condition de respecter les prescriptions y afférentes.
Quatrièmement : L’Académie réaffirme ses résolutions précédentes n°
114(8/12) et 159 (8/17) relatives aux femmes.

Recommandations :
1. Mettre en place une organisation islamique internationale spécialisée qui
serait appelée, entre autres, à superviser les questions en rapport avec la
femme et à participer aux conférences organisées autour de ce thème.
2. Coopérer avec les organisations internationales en charge de la protection
de la famille, de la femme et de l’enfance.
3. Inviter tous les pays membres de l’Organisation de la Conférence isla-
mique à faire consigner leurs réserves sur les clauses des conventions in-
ternationales qui comportent des principes contraires à la Charia.
4. L’Académie recommande de mener de plus amples recherches et investi-
gations sur les droits politiques, juridiques et le droit d’occuper un poste
de gouvernant pour les femmes au sein de la société musulmane.
Allah est plus Savant

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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Résolution N° 170 (8/18)


Les Contrats immobiliers en Temps-partager (Time Sharing)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « les
contrats immobiliers en temps partagé (Time-Sharing) », et ayant suivi les dé-
bats qui se sont instaurés déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition de la multipropriété
Le contrat immobilier en temps partagé est un contrat de propriété de parts
indivises d’un actif défini ou de location de l’usufruit d’un actif défini pour des
périodes successives ou pour une période déterminée. Dans le cas d’un achat,
les propriétaires se partageront l’utilisation de l’actif en fonction du temps, ou
en fonction de l’espace. Il en est de même pour les locataires qui se partageront
l’usufruit de la même manière.
Deuxièmement : Les diverses formes de contrat immobilier en
temps partagé
Le contrat immobilier en temps partagé se présente sous deux formes différentes :
1. La pleine propriété (de l’actif ou de l’usufruit) par voie d’acquisition, sur
acte de vente, d’une part de la propriété utilisable à tour de rôle avec les
autres copropriétaires pendant des périodes données.
2. La propriété partielle (usufruit uniquement) par voie de location, sur
contrat de bail, d’une part des droits de jouissance de la propriété à tour
de rôle avec les autres copropriétaires, pendant des périodes données.

408
Troisièmement : Principes de jurisprudence islamique applicables
à la multipropriété ou propriété en temps partagé
a. La Charia reconnaît comme licite l’achat ou la location d’une part d’un
bien donné et de s’entendre avec les autres copropriétaires, directement
ou par l’intermédiaire d’un agent immobilier, pour jouir d’une partie
définie de la propriété acquise ou louée ou pour en jouir à des périodes
successives déterminées. La part acquise ou louée peut également être
cédée à un tiers par voie de cession, de donation, de succession, d’hypo-
thèque ou tous autres moyens légaux pertinents aux droits de propriété.
b. L’application du principe de temps partagé doit remplir les conditions de
vente et de location stipulées par la Charia.
c. En cas de location, les charges liées à l’état général des lieux, sans les-
quelles le bien-fonds serait inutilisable, incombent au loueur, tandis que
les charges courantes et les frais d’entretien périodiques peuvent être as-
signés au locataire en vertu des clauses du contrat. Si le loueur assure lui-
même l’entretien périodique et les charges courantes, il fera supporter au
locataire uniquement les frais normalement encourus pour des travaux
similaires, ou lui fera un montant forfaitaire mutuellement convenu. En
cas de cession, les frais d’entretien seront répartis entre les copropriétaires
au prorata de leurs parts (spatiales ou temporelles) respectives.
d. Les copropriétaires peuvent échanger leurs parts de la propriété collective
entre eux, soit directement soit par l’intermédiaire d’un courtier agréé.
Allah est plus Savant

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Résolution N° 171 (9/18)


Le Principe de Servitude et ses Applications
contemporaines en matière de Copropriété

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « le
principe de servitude et ses applications contemporaines en matière de copro-
priété », et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition du principe de servitude
La servitude est une contrainte qui pèse sur une propriété au profit d’une autre
propriété concernant un droit utilisable de manière collective.
Deuxièmement : Classification des servitudes
Les servitudes peuvent être nombreuses et variées. Toutefois, les Fouqaha d’an-
tan avaient pris soin d’en inventorier quelques-unes :
1. Droit de puisage : Se dit du droit d’utiliser à tour de rôle les ressources
en eau pour l’irrigation, pour abreuver les animaux, ou encore pour faire
passer l’eau d’une propriété à l’autre.
2. Droit d’écoulement des eaux : C’est le droit de drainer les eaux en
excès, ou souillées d’une propriété surélevée vers le fond servant, ou à
travers celle-ci vers les égouts.
3. Droit de passage : C’est le droit de traverser une propriété voisine ou
limitrophe pour accéder à une autre propriété.
4. Droit de surélévation : C’est le droit, concernant un immeuble à
étages, et que possède chaque propriétaire d’un étage supérieur à ce que
son habitation repose sur la propriété de l’étage inférieur.

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Troisièmement : La création des droits de servitude dépend des
facteurs suivants :
1. L’autorisation du propriétaire, en cas de propriété privée, moyennant
compensation ou à titre gracieux.
2. La contrainte.
3. La revivification d’un terrain à l’abandon.
4. La mitoyenneté et la copropriété.
5. Des servitudes peuvent découler de facteurs nouveaux n’allant pas à l’en-
contre des textes de la Charia et de ses principes généraux tels que la pose
de câbles électriques et de canaux et tuyaux d’évacuation des eaux usées.

Quatrièmement : Les règles


1. La règle générale de la Charia applicable aux droits de servitude est qu’en
principe tout ce qui est bénéfique est licite et tout ce qui est préjudiciable
est interdit.
2. Les droits de servitude sont garantis pour l’accès à l’eau potable ou l’ad-
duction d’eau vers des immeubles, des terrains agricoles et autres confor-
mément aux us et coutumes. Le même constat vaut pour la pose de
conduites nécessaires à l’exploitation d’usines, de manufactures, de labo-
ratoires, ou encore pour les réseaux d’évacuation sous réserve que cela ne
porte pas préjudice à une tierce partie.
3. Le droit de surélévation est garanti avec ou sans compensation en fonc-
tion de la réglementation en vigueur.

Cinquièmement : Formes contemporaines du principe de servi-


tude
Selon les normes et usages modernes, les servitudes englobent aujourd’hui
l’extension des réseaux divers tels que réseaux de communications, d’électricité,
de distribution d’eau, de gaz, d’égout et de climatisation centrale.
Sixièmement : Prescriptions applicables aux formes modernes du
principe de servitude
Les parkings privés aménagés dans l’enceinte des centres commerciaux, des im-
meubles résidentiels et des grandes surfaces sont considérés comme faisant partie
du bien-fonds pour lesquels ces parkings ont été installés.
Allah est plus Savant

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Résolution N° 172 (10/18)


L’Autorisation préalable pour les Interventions
chirurgicales d’Urgence

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « l’au-
torisation préalable pour les interventions chirurgicales d’urgence », et ayant
suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : En cas d’urgence médicale, il est permis de prendre toutes les


mesures et procédures médicales nécessaires sans avoir besoin de l’autorisation
préalable du patient ou de son tuteur dans cas de figure ci-après :
1. Lorsque le patient admis est totalement inconscient ou dans un état tel
qu’il est impossible d’obtenir son accord avant l’opération.
2. Lorsque l’état de santé du patient est très grave et qu’il risque de décéder
s’il n’est pas opéré rapidement.
3. Lorsque le patient n’est pas accompagné d’un proche légalement habilité
à autoriser l’intervention et que le temps manque.

Deuxièmement : Dans les cas précités, l’intervention médicale doit remplir


les conditions suivantes :
1. Le traitement administré doit être reconnu et dûment agréé par les ins-
tances médicales compétentes.
2. La présence d’un spécialiste est indispensable parmi une équipe médicale
composée d’au moins trois médecins pour valider le diagnostic, prescrire
le traitement approprié et un rapport médical collectif devra être rédigé
et signé par l’équipe.

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3. Les avantages thérapeutiques espérés doivent être supérieurs à ses incon-
vénients éventuels. Le médecin fera également de son mieux pour mini-
miser les risques.
4. Lorsque le patient est complètement rétabli, le médecin devra lui expli-
quer tous les détails de sa maladie.
5. Le traitement doit être gratuit. Toutefois, lorsqu’il est administré à titre
onéreux, les sommes exigibles devront être déterminées par une tierce
partie indépendante et neutre.

Troisièmement : L’adoption d’une décision dans les cas suivants est reportée
à une prochaine session de l’Académie :
1. Lorsque le patient refuse de subir une intervention chirurgicale urgente
comme l’appendicectomie.
2. Lorsque le cordon ombilical s’enroule autour du cou du fœtus et que
l’autorisation préalable n’est pas obtenue pour pratiquer une césarienne
et sauver le bébé.
3. Lorsqu’un enfant malade a besoin d’une intervention médicale invasive
comme pour l’appendicectomie, la dialyse, la transfusion sanguine et que
son tuteur refuse le traitement.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 173 (11/18)


La Chirurgie esthétique et la Règlementation pertinente

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
chirurgie esthétique et la réglementation pertinente », et ayant suivi les vastes
débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition de la chirurgie esthétique
La chirurgie esthétique est une partie de la médecine humaine qui consiste à
améliorer ou à modifier la forme d’un organe apparent du corps humain, ou à
rétablir le fonctionnement normal de cet organe en cas de dysfonctionnement
sévère.
Deuxièmement : Conditions générales pour la pratique de la chirurgie
esthétique
1. L’intervention doit avoir une utilité reconnue par la Charia comme le
rétablissement d’une fonction, la correction d’une malformation ou la
reconstitution de la forme originale d’une partie du corps humain.
2. Les avantages escomptés doivent l’emporter sur les inconvénients éven-
tuels. La décision finale reviendra, en l’occurrence, aux spécialistes com-
pétents et fiables.
3. L’intervention sera pratiquée par un médecin, homme ou femme, spécia-
lisé et compétent ; faute de quoi la responsabilité du praticien se trouvera
engagée en vertu de la Résolution nº 142 (8/15) de l’Académie.
4. L’intervention doit être autorisée par le patient (demandeur de
l’intervention).
5. Le médecin doit expliquer clairement au patient les risques encourus et
les complications éventuelles pour une telle intervention.

414
6. Il ne doit pas y avoir une forme de traitement moins invasive que la
chirurgie.
7. L’intervention ne doit pas aller à l’encontre des textes de la Charia,
comme le Hadith rapporté par Ibn Massoud : « Allah maudit les femmes
qui tatouent les autres et celles qui se font tatouer, celles qui épilent les
sourcils et celles qui se les font épiler et celles qui se liment les dents
pour paraître plus belles et qui modifient la création d’Allah » (Rapporté
par Al-Boukhari). De même que le hadith rapporté par Ibn Abbas :
« Maudites soient celles qui rallongent leur chevelure naturelle par des
postiches, épilent les sourcils ou se font tatouer sauf pour cause de mala-
die » (Rapporté par Abou Daoud). De surcroît, le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a formel-
lement interdit aux hommes d’imiter les femmes et aux femmes d’imiter
les hommes, tout comme il nous a mis en garde contre l’imitation des
autres nations ainsi que ceux connus pour leurs mœurs dissolues et leur
caractère débauché.
8. Les autres règles de procédure médicale stipulées par la jurisprudence
islamique doivent être également strictement observées : l’interdiction
faite à un homme et une femme de s’isoler des autres et de retrouver en
tête à tête, et l’interdiction de dévoiler à d’autres sans nécessité absolue
une partie des organes intimes du corps.

Troisièmement : Prescriptions de la Charia


1. Il est légalement admissible de pratiquer les interventions de chirurgie
esthétique jugées nécessaires et indispensables dans le but de :
a. Restaurer la forme originelle d’un organe du corps humain, car Allah
nous dit : « Nous avons certes créé l’homme dans la forme la plus
parfaite » (Al Tin : 4).
b. Rétablir les fonctions normales des différents organes.
c. Corriger les malformations congénitales telles que bec-de-lièvre,
courbe importante du nez, marque de naissance, doigt ou dent
supplémentaires, doigts ou orteils collés, lorsque ces défauts
entraînent des gênes physiques ou psychologiques sévères.
d. Corriger des malformations consécutives à des brûlures graves,
accidents, maladies et autres traumatismes, comme : la transplantation
ou la greffe de peau, la mammoplastie après ablation complète ou
partielle d’un sein si sa taille entraine un cas pathologique et la greffe
de cheveux en cas de chute en particulier pour les femmes.

415
e. Supprimer une malformation disgracieuse et susceptible de constituer
ne source de traumatisme physique ou psychique (Résolution nº 26
(1/4) de l’Académie.
2. Il n’est pas permis de pratiquer des interventions de chirurgie esthétique
non destinées à soigner un état pathologique, et à seule fin de modifier
l’apparence saine de la personne dans le but de suivre ses passions ou le
désir d’imiter les autres.
C’est le cas notamment du remodelage du visage, du nez, du contour des
lèvres, des yeux ou des joues pour avoir une apparence particulière, ou
pour tromper les autres, fuir la justice.
3. La réduction de la masse pondérale par le recours aux moyens scienti-
fiques appropriés dont la chirurgie (liposuccion) est licite si la surcharge
pondérale (obésité) est un cas pathologique et qu’il n’existe ait pas d’autre
moyen moins risqué d’y remédier que par la chirurgie et à condition qu’il
n’y ait pas de danger.
4. Il n’est licite de faire disparaitre les rides par voie chirurgicale ou par
injection sauf en cas de pathologie confirmée et à condition que l’inter-
vention soit sans danger.
5. Le rétablissement d’un hymen déchiré à la suite d’un accident ou d’un
viol ou sous la contrainte est licite. A contrario, ce type d’intervention est
proscrit par la Charia en cas d’adultère ou de fornication, afin de ne pas
encourager le vice et la falsification. Le rétablissement de l’hymen doit
être, de préférence, confiée à des femmes médecins.
6. Les médecins spécialisés dans la chirurgie plastique doivent scrupuleu-
sement observer les règles de la Charia dans l’exercice de leur profession
et faire preuve de dévouement à l’intérêt de leurs patients, car le dévoue-
ment est un aspect essentiel de la religion (« la religion est dévouement »)

Recommandations :
1. Il incombe aux hôpitaux publics, aux cliniques privées et aux praticiens
de redouter le courroux divin et donc de s’abstenir de pratiquer les formes
prohibées d’interventions de chirurgie plastique et esthétique.
2. Il incombe également aux médecins et aux chirurgiens d’approfondir
leur connaissance de la déontologie médicale notamment dans le do-
maine de la chirurgie ésthétique. Leur décision d’accepter ou de refuser
de pratiquer de telles opérations ne doit pas dépendre uniquement de

416
la recherche du gain matériel. Ils doivent s’assurer de la légalité du type
d’intervention réclamée et éviter toute publicité contraire à la réalité.
Allah est plus Savant

417
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 174 (12/18)


La Finalisation de la Résolution relative aux
Actes entraînant une Rupture du Jeûne

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 18ème session, à Putrajaya (Malaisie),
du 24 au 29 Joumada Al-Akhira H (9–14 Juillet 2007) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant « la
finalisation de la résolution relative aux actes entraînant une rupture du jeûne »,
et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Et comme suite à sa Résolution nº 93 (1/10) sur les médicaments entraînant
une rupture du jeûne ;

Décide ce qui suit :

L’examen de cette question est ajourné à la prochaine session pour plus amples
études et investigations.
Allah est plus Savant

418
Résolutions et Recommandations de la 19ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Charjah
Émirats Arabes Unis

1–5 Joumada Al-Oula 1430


26–30 Avril 2009
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 175 (1/19)


La Liberté Religieuse dans la Charia : Dimensions et Principes

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant : « La
Liberté Religieuse dans la Charia: Dimensions et Principes »,
Ayant conscience de l’importance d’un débat sur le sujet de “la Liberté
Religieuse” tenu au sein de l’académie pour répondre au besoin pressant des
populations, au sein et en dehors du monde musulman, voulant connaître la
position de l’Académie sur cette question puisqu’elle est considérée comme une
autorité générale dans le domaine de l’Islam et du Fiqh,
Et après avoir écouté les recherches préparées pour ce sujet et les débats
le concernant,

Décide ce qui suit:

Premièrement : la liberté religieuse est un principe reconnu par la Charia, qui


découle de la nature humaine et qui est étroitement lié au sens de responsabilité
dans l’Islam. Soumise à des règles dans la Charia, cette liberté vise à garantir la
dignité pour chaque être humain.
Deuxièmement : la liberté religieuse est assurée dans la société musulmane,
et doit être protégée des dangers et des pensées allogènes, et de toutes formes
d’invasions, religieuses ou non, qui visent à faire disparaitre l’identité islamique
de la Oumma.
Troisièmement : les musulmans se conforment au principe coranique : « Il
n’y a nulle contrainte en religion » (Al-Baqarah : 256), et au cours de l’histoire,
ils ont fait preuve de tolérance et d’acceptation envers les personnes d’autres
religions vivant avec eux sous la protection des états musulmans. En outre, il
est indispensable que les non-musulmans respectent les particularités de la re-
ligion musulmane et cessent toutes atteintes au Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et aux symboles
sacrés de l’Islam.

420
Quatrièmement : la diversité des obédiences et des écoles jurisprudentielles
est un fait naturel, et la coopération entre musulmans, malgré leurs différences,
est une obligation religieuse, prescrite dans le Coran et la Sounna. En effet, l’Is-
lam appelle à l’adoration d’Allah Seul et a l’unité de la Oumma, en s’entraidant
dans les domaines d’entente, et en faisant preuve d’indulgence dans la divergence.
Cinquièmement : il est primordial de mettre fin aux polémiques déclenchées,
au sein des sociétés musulmanes, au sujet des principes immuables de l’Islam,
et à la remise en cause des questions religieuses établies de manière incontes-
table et que nul ne saurait ignorer, car cela représente un immense danger pour
la religion et la société. Ces pratiques abusives, commises sous le prétexte de la
liberté religieuse, doivent être strictement réprimées afin de protéger la société
et d’assurer sa stabilité religieuse et intellectuelle, et d’empêcher les non-mu-
sulmans d’en tirer profit.
Sixièmement : L’émission de fatwas concernant l’apostasie et l’incroyance est
réservée exclusivement aux savants musulmans reconnus.
C’est aux instances de justice que revient ensuite l’application des prescrip-
tions religieuses énumérées par les Fouqaha à ce sujet, comme le fait d’exhorter
au repentir et de dissiper les ambiguïtés, pendant un délai suffisant, et cela pour
permettre de réaliser les intérêts visés par la Charia.
Septièmement : déclarer ouvertement l’apostasie constitue un réel danger
pour l’unité de la société musulmane et pour la foi des musulmans. En outre, cela
encourage les non-musulmans, ou les hypocrites, à semer l’incertitude au sein de
la société. Par conséquent, le coupable d’un tel acte mérite un châtiment infligé
par la justice afin de parer à son danger, et protéger la stabilité de la société. Or,
cette décision ne contredit pas la liberté religieuse assurée par l’Islam, pour ceux
qui respectent les sentiments religieux, les valeurs de la société et l’ordre public.

Tout comme nous recommandons ce qui suit :

Nous demandons aux gouvernements musulmans de pourvoir aux besoins es-


sentiels de leurs concitoyens, notamment: la liberté responsable, l’alimentation,
le logement, les soins médicaux, l’éducation et l’emplois, ainsi que l’ensemble
des besoins, afin de protéger les nouvelles générations contre les moyens de
séductions matérielles et autres, utilisées pour propager des idées allant à l’en-
contre des valeurs de l’Islam.
Allah est plus Savant

421
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 176 (2/19)


La Liberté d’Expression : Règles et Dispositions

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant : « La
Liberté d’Expression : Règles et dispositions »,
Et ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : la liberté d’expression désigne le droit dont jouit une personne


de déclarer ouvertement ce qu’elle juge bon, et bénéfique pour sa personne et
pour la société, que se soit pour les questions privées ou publiques.
Deuxièmement : la liberté d’expression et d’opinion est un droit protégé en
l’Islam, dans le cadre des règles de la Charia.
Troisièmement : Parmi les plus importantes règles de la Charia concernant
la liberté d’expression figurent les suivantes:
a. Ne pas nuire à autrui dans ce qui touche à sa vie, son honneur, sa réputa-
tion, ou son statut intellectuel; comme le fait de dénigrer, de mépriser ou
de ridiculiser et de propager cela de quelque moyen que se soit.
b. S’engager à l’objectivité, l’honnêteté, l’intégrité, et se débarrasser des pas-
sions.
c. Être responsable et préserver les intérêts et les valeurs de la société.
d. Utiliser des moyens licite pour exprimer son opinion. Il n’est pas per-
mis d’exprimer son opinion en utilisant un moyen impliquant des effets
néfastes ou qui portent atteinte à la pudeur ou aux valeurs, quand bien
même l’opinion exprimée serait juste. Une fin licite ne justifie pas l’em-
ploi de moyens illicites.
e. Le but dans l’expression de l’opinion doit être la satisfaction d’Allah Le
Très Haut et l’intérêt des musulmans privé ou public.

422
f. Prendre en considération les répercussions et l’impact que peut susciter
l’expression de l’opinion afin de respecter le principe d’évaluation des
intérêts et préjudices et de déterminer lequel s’avère prépondérant.
g. L’opinion exprimée doit être fondée sur des sources fiables, et éviter la
propagation de rumeurs, conformément à la parole d’Allah Le Très Haut :
« O vous qui avez cru! Si un pervers vous apporte une nouvelle, voyez bien
clair [de crainte] que par inadvertance vous ne portiez atteinte à des gens
et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait. ». (el-Houjou-
rat :
h. La liberté d’expression ne doit contenir aucune offense contre la religion,
ses rites, ses lois, ou ses symboles sacrés.
i. La liberté d’expression ne doit pas entraîner de trouble à l’ordre public ni
susciter la division chez les musulmans.

L’Académie recommande ce qui suit:


a. Assurer des garanties suffisantes pour protéger la liberté d’expression
conforme à la Charia et responsable par le biais de lois garantissant ce
droit, de législations et d’organes de judiciaires équitables.
b. Recourir à tous les moyens disponibles pour empêcher l’instrumentalisa-
tion de la liberté d’expression dans le but de s’en prendre aux principes
et symboles de l’Islam, ou de propager des troubles parmi les musulmans.
c. Œuvrer à l’application des restrictions établies par les conventions inter-
nationales, afin d’empêcher tout dénigrement à l’égard des religions et
de leurs symboles, et exclure la règle des deux poids deux mesures appli-
quée par la communauté internationale envers les questions islamiques
et d’autres questions.
d. Les pays musulmans doivent œuvrer à l’élaboration d’une législation in-
ternationale protégeant les rites et symboles religieux, de manière géné-
rale, contre toutes offenses, moqueries, et altérations, menées sous couvert
de l’art, de la liberté d’expression et autres prétextes.
Allah est plus Savant

423
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 177 (3/19)


Le Rôle de la Surveillance chariatique dans le Contrôle
des Activités bancaires islamiques : Son Importance,
ses Conditions et sa Méthode de Travail

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant : Le
Rôle de la surveillance chariatique dans le contrôle des Activités Bancaires isla-
miques : Son Importance, ses Conditions et sa Méthode de Travail,
ayant suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : la supervision chariatique consiste en l’émission de fatwas et de
jugements concernant l’activité de l’institution financière, le suivi de ses opéra-
tions, et la vérification de la conformité de ses applications.
Deuxièmement : la supervision chariatique se compose de trois
éléments principaux:
1. Le Conseil de surveillance chariatique
Il s’agit d’un groupe de trois savants ou plus, spécialisés dans la juris-
prudence islamique (en particulier dans le domaine des transactions fi-
nancières), disposant des compétences scientifiques requises et connais-
sant bien les réalités pratiques. Ce groupe assume les tâches d’émission
de fatwas et de vérification afin de s’assurer que toutes les opérations de
l’institution soient conformes aux règles et principes de la Charia, ainsi
que la présentation d’un rapport à l’assemblée générale. Les décisions
émanant de cette instance sont considérées comme contraignantes.
1/1 Le conseil de surveillance chariatique doit être indépendant, pour ce
faire des points doivent être respectés:
a. La nomination des membres du conseil de surveillance chariatique,

424
leur révocation ainsi que la détermination de leur rémunération doit
émaner de l’assemblée générale de l’institution. L’approbation finale
des décisions à cet égard doit être accordée par l’organe central de
surveillance chariatique ou de toute autre autorité compétente.
b. Le membre du conseil de surveillance chariatique ne doit pas être un
directeur exécutif au sein de l’institution, y être employé, ou y exercer
une quelconque activité, si ce n’est celle de membre du conseil de
surveillance chariatique.
c. Le membre du conseil de surveillance chariatique ne doit pas être
actionnaire dans la banque ou l’institution concernée.
1/2 Règles relatives à l’Ijtihad et aux Fatwas au sein du conseil d’audit
islamique :
a. Respecter les résolutions de l’Académie internationale du Fiqh
islamique et tenir compte des résolutions des autres conseils et
organisations assumant le devoir d’Ijtihad collectif, dans la mesure
où celles-ci ne sont pas en contradiction avec celles de l’Académie
internationale du Fiqh islamique.
b. Éviter les avis marginaux récusés, la recherche d’avis permissifs et le
montage blâmable entre des avis différents, comme cela est indiqué
dans la résolution de l’Académie internationale du Fiqh islamique n°
70 (1/8).
c. Prendre en considération les finalités de la Charia et les conséquences
des actes lors de l’exposé du jugement de la Charia.
d. Prendre en considération la résolution de l’Académie internationale
du Fiqh islamique n° 135 (2/17) concernant les règles de la fatwa.
2. L’administration interne d’audit islamique :
Il s’agit du département qui applique les procédures nécessaires assurant
la bonne application des décisions du conseil de la charia dans toutes
les transactions effectuées par l’institution et doit s’acquitter des tâches
suivantes :
a. Examen des notices et des procédures afin de s’assurer de l’exécution
des opérations conformément aux décisions publiées par le conseil
d’audit islamique.
b. Former le personnel de l’institution afin qu’il soit apte à accomplir
son travail de manière correcte sur le plan religieux et professionnel.

425
c. Constituer une équipe chargée de l’audit chariatique interne. L’équipe
doit disposer de compétences scientifiques et pratiques suffisantes,
jouir d’une autonomie et relever directement d’une autorité supérieure
au sein de la structure organisationnelle de l’institution, telle que
le comité d’audit ou le conseil d’administration. Les membres de
l’équipe doivent être nommés et licenciés en coordination avec le
conseil de surveillance chariatique de l’institution.
3. Le conseil central de supervision chariatique
C’est un conseil de surveillance chariatique parmi les autorités de con-
trôle au sein de l’État et deux tâches principales lui sont affectées :
a. Superviser les activités émanant de son autorité en matière de
contrôle.
b. S’assurer de l’efficacité de la surveillance chariatique au niveau des
institutions, et ce par une vérification scrupuleuse des travaux des
conseils de surveillance chariatique et des départements de contrôle
interne, ainsi que par la rédaction des réglementations et des normes
régissant les activités de contrôle chariatique dans les institutions,
notamment la nomination, la révocation, la compétence, le nombre
et le mandat des conseils de surveillance chariatique.
L’Académie recommande ce qui suit :
a. Les autorités de contrôle de chaque pays se doivent d’émettre des législa-
tions et des lois visant à régulariser les activités de supervision de la charia,
et d’engager les procédures nécessaires pour assurer l’indépendance de la
fonction de supervision chariatique.
b. Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique recommande
aux agences de notation islamiques de s’abstenir de noter les produits
interdits par les résolutions de l’Académie.
Allah est plus Savant

426
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 178 (4/19)


Les Soukouk islamiques : Applications
contemporaines et Négociation

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème Les
Soukouk islamique : Applications Contemporaines et Négociation,
après avoir écouté les discussions sur le sujet,

Décide ce qui suit:


Premièrement: La Signification de la titrisation et du Taskik
La titrisation traditionnelle signifie la transformation de dettes en effets financiers
(obligations) de valeurs égales et négociables. Ces effets financiers constituent une
dette avec un taux d’intérêt que l’émetteur doit au porteur des titres. L’émission
et la négociation de ce type de valeurs sont strictement interdites par la Charia.
Quant au Taskik (titrisation islamique), il consiste en l’émission de docu-
ments ou de certificats financiers de valeur égale et qui représentent des parts
de propriété indivises d’actifs (actifs tangibles, usufruits ou droits; ou une com-
binaison d’actifs, d’usufruits, d’argent et de dettes), existant ou qui seront créés
en utilisant le produit de l’émission. Ce type de document financier est émis en
vertu d’un contrat conforme à la Charia et reste soumis à ses jugements.
Deuxièmement : les caractéristiques des Soukouk
1. Les soukouk constituent des parts indivises de propriété réelle.
2. Les soukouk sont délivrés par le biais d’un contrat conforme à la Charia
et restent soumis à ses jugements.
3. L’absence de garantie de la part du gérant (moudarib, représentant ou
associé gérant).
4. Les soukouk ont droit au pourcentage convenu de bénéfice et supportent
les pertes proportionnellement aux parts de propriété qu’ils représentent.

427
Néanmoins, les détenteurs de Soukouk ne sont pas autorisés à déterminer
un revenu défini préalablement correspondant à un pourcentage de la
valeur nominale ou à un montant forfaitaire.
5. Les soukouk supportent la totalité des risques d’investissement.
6. Les soukouk supportent également toutes les charges et conséquences
résultant de la propriété des actifs qu’elles représentent, y compris les
frais de placement, la dépréciation, les coûts de maintenance ou les frais
d’assurance.
Troisièmement: les Jugements de la Charia concernant les Souk-
ouk
1. Il n’est pas permis que le gestionnaire des Soukouk s’engage à octroyer
des prêts ou des dons aux détenteurs de soukouk lorsque les profits réels
sont inférieurs aux profits espérés. Cependant il peut faire don de la dif-
férence ou la prêter gracieusement après l’apparition des résultats de l’in-
vestissement. En outre, ce qui devient d’usage est considéré comme un
engagement.
2. Le gestionnaire des soukouk possède le statut de dépositaire et ne garantit
pas la valeur des soukouk, sauf en cas de faute ou de négligence, ou en
cas de violation des conditions de la moudaraba, du partenariat ou de la
procuration en vue d’investissement.
3. Les soukouk ne doivent pas être échangés à leur valeur nominale. Ils
doivent être rachetés à la valeur marchande ou à la valeur convenue au
moment du rachat.
4. En ce qui concerne la négociabilité des Soukouk, les normes énon-
cées dans la résolution n° 30 de l’AIFI (3/5) doivent être respectées,
notamment:

a. Si les actifs représentés par les Soukouk sont toujours en numéraire,


les prescriptions de la Charia en matière d’échange de monnaie
d’argent doivent être appliquées.
b. Si les actifs ont été convertis en dettes, comme c’est le cas pour les
ventes en Mourabaha, la négociation des Soukouk est soumise aux
prescriptions relatives aux dettes et n’est donc permise qu’en échange
d’un montant similaire sous forme de transfert de dettes (Hawala)
c. Lorsque le capital de Qiradh constitue un ensemble d’actifs
comprenant de l’argent, des dettes, des actifs matériels et des usufruits,
il est permis de négocier Soukouk Al-Mouqarada, à condition que le

428
capital soit composé majoritairement d’actifs matériels et d’usufruits.
Si la majeure partie du capital du Qiradh est composée d’argent et
de dettes, la négociation des Soukouk sera soumise aux règles de
la Charia indiquées dans une note explicative qui sera préparée et
présentée à l’Académie lors de sa prochaine session.

Dans tous les cas, la négociation d’actifs doit être inscrite dans les registres
de la partie émettrice.
Quatrièmement : La permission de négocier les Soukouk ne doit pas être
utilisée ou servir de prétexte pour la titrisation et à la négociation de dettes,
comme lorsque l’activité d’un fond devient le négoce de dettes résultant de
marchandises, tout en conservant quelques marchandises en guise de prétexte
pour justifier leurs transactions.
Cinquièmement : les applications contemporaines des Soukouk
Compte tenu du fait que la loi islamique est en mesure de traiter de toutes
les questions émergentes et notamment en émettant des jugements concer-
nant les nouvelles problématiques et du fait que les Soukouk islamiques sont
le résultat d’un effort novateur visant à trouver un instrument de financement
conforme à la Charia pour servir les grands projets économiques, les Soukouk
se sont révélés adaptés à diverses utilisations. Ils peuvent être utilisés comme
un outil efficace de politique monétaire, pour la mobilisation de fonds pour les
banques islamiques et l’investissement de leurs liquidités excédentaires, pour la
rénovation et la mise en valeur des propriétés des Awqaf et le financement de
projets gouvernementaux. Les Soukouk peuvent également être utiles dans les
programmes de privatisation temporaires. Cependant, le rendement de tous ces
types de soukouk doit provenir d’actifs générant des revenus.

L’Académie recommande ce qui suit:


1. Les banques islamiques doivent se restreindre à rechercher des solutions
répondant aux besoins économiques et conformes aux règles de la Charia.
2. Étant donné que le cadre juridique de la titrisation est l’une des condi-
tions fondamentales qui ont une incidence importante sur le succès des
émissions de Soukouk, les organes législatifs des pays membres devraient
s’efforcer de fournir le cadre juridique approprié et un environnement
légal propice pour le processus de titrisation. Cela peut se faire par la pro-
mulgation de législations qui encadrent les différents aspects du processus
de titrisation et qui permettent d’obtenir de manière efficace compétiti-

429
vité économique et fiabilité au regard de la Charia.
Allah est plus Savant

430
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 179 (5/19)


Le Tawarouq : Son Essence et ses Différents Types
(Celui connu dans le domaine jurisprudentiel et celui
utilisé de manière structurée par les banques)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’AIFI sur le thème : « Le
Tawarouq : Son Essence et ses Différents Types (Celui connu dans le domaine
jurisprudentiel et celui utilisé de manière structurée par les banques) », et après
avoir suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
après avoir pris connaissance des résolutions du Conseil du Fiqh Islamique
de la Ligue islamique mondiale à Makkah, relatives à ce sujet,

Décide ce qui suit


Premièrement : les types et les jugements de la Charia concer-
nant le Tawarouq
1. Dans la terminologie du Fiqh, le Tawarouq désigne l’acte d’une personne
(le Moustawriq) qui achète une marchandise à crédit et la vend à une
personne, autre que le vendeur initial, à un prix comptant qui est dans
la plupart des cas inférieur au prix d’achat, afin d’obtenir de l’argent. Le
Tawarouq sous cette forme est autorisé par la Charia, à condition qu’il se
conforme aux conditions de vente en accord avec la Charia.
2. Le Tawarouq structuré dans la terminologie contemporaine désigne : le
cas d’une personne qui achète un bien à crédit sur les marchés locaux ou
internationaux, pour que le vendeur (financeur) organise la vente du bien,
lui-même ou par le biais d’un agent mandaté ou en collaboration avec
l’acheteur (le Moustawriq), à un prix comptant, qui est dans la plupart
des cas inférieur au prix d’achat.
3. Le Tawarouq inversé est une forme de Tawarouq structuré dans laquelle
le rôle de l’acheteur est assuré par l’institution, alors que le client assure

431
quant à lui le rôle du financeur.

Deuxièmement : les Tawarouq structuré et inversé sont interdits, car ils im-
pliquent une coopération explicite, implicite ou d’usage entre le financeur et le
Moustawriq (l’acheteur) afin de manœuvrer pour obtenir un montant d’argent
comptant en échange d’une dette d’un montant supérieur, ce qui est une forme
de riba (usure).

Ainsi, l’Académie recommande ce qui suit:


a. Les institutions financières et les banques islamiques doivent utiliser les
modes d’investissement et de financement autorisés par la Charia dans
toutes leurs transactions et éviter les modes interdits et suspects afin de
se conformer aux règles de la Charia, de concrétiser ses nobles objectifs
et de démontrer les mérites de l’économie islamique au monde, qui subit
des bouleversements et des crises économiques successives.
b. Encourager le qard hassan (prêt bienveillant) afin que les personnes dans
le besoin ne soient pas obligées de recourir au tawarouq . Les institutions
islamiques peuvent envisager la création de fonds spéciaux pour le qard
hassan.
Allah est plus Savant

432
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 180 (6/19)


La Violence familiale

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème : « La
Violence familiale », et après avoir écouté les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Et ayant rappelé qu’il est indéniable que la religion a instauré des règles pour
que la famille repose sur de nobles valeurs d’amour et d’affection, et a légiféré
des règles assurant sa stabilité et sa sérénité, tout en soulignant que c’est en
s’écartant de ce chemin que la violence nait au sein de la famille.

Décide ce qui suit:


Premièrement : le concept de violence familiale
Nous entendons par violence tout acte ou parole, rude et brutale, qu’un membre
de la famille adresse à un autre membre, causant ainsi, à lui ou à l’ensemble de
la famille, un préjudice physique ou moral. C’est un comportement interdit,
car il se détourne des objectifs de la Charia concernant la préservation de la vie
et de la raison, et contredit les enseignements divins qui appellent à une vie
commune basée sur la bonté et la bienveillance.
Deuxièmement : N’est pas considéré comme de la violence ou de la discri-
mination, et ce d’un point de vue islamique, le fait de:
a. Respecter les règles de la Charia régissant les relations conjugales et inter-
dire toute forme d’union non conforme à la Charia.
b. Ne pas permettre l’accès aux moyens de contraception pour les couples
non mariés légalement.
c. Interdire l’avortement, sauf dans les cas médicaux exceptionnels détermi-
nés par la Charia.
d. considérer l’homosexualité comme un acte criminel.
e. L’interdiction d’un mari à son épouse de voyager seule sans son accord et

433
conformément aux directives de la Charia.
f. Le droit de chacun des époux de jouir de son partenaire afin de préserver
sa chasteté, même lorsque l’un des deux n’en ressent pas le désir.
g. Le fait que la femme assume essentiellement la responsabilité de la ma-
ternité et de prendre soin du foyer, alors que l’homme s’occupe de la
subsistance de la famille.
h. L’autorité du tuteur pour conclure le mariage d’une jeune fille vierge.
i. Les différentes parts allouées par la Charia dans le domaine de l’héritage
et des testaments.
j. Le Divorce selon les principes spécifiés de la Charia.
k. La Polygamie pratiquée avec justice.
Troisièmement: l’Approche Islamique pour Résoudre les Conflits
Conjugaux

Dans les cas de conflits conjugaux, en particulier ceux liés à l’attitude récalci-
trante de la femme et à sa désobéissance persistante envers son mari, les règles
suivantes doivent être observées:
1. Éviter les injures, les insultes et le mépris.
2. Lorsque le mari traites les conflits directement avec sa femme, il doit res-
pecter l’approche disciplinaire bien connue de la Charia, à commencer
par l’exhortation, puis par l’interruption des relations sexuelles et enfin
en frappant de coups non violents qui soient plus proches de simulations
que de vrais coups. Frapper n’est pas la meilleure solution, car le Prophète
‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a déclaré : « Le meilleur d’entre vous n’a pas recourt aux coups », et, car
nous devons suivre l’exemple de notre Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬qui n’a jamais frappé
de femmes.
3. Recourir à l’intervention de deux arbitres lorsque le conflit devient grave.
4. Recourir au divorce selon les règles de la Charia concernant les différentes
catégories de celui-ci (divorce que l’on peut ravisé (Raj’y), ou entériné
avec la possibilité pour les époux de se remarier ensemble (baynouna
soughra), ou sans cette possibilité (baynouna koubra), ainsi que de le
prononcer dans les moments où il est autorisé) – tout en considérant le
divorce comme l’acte permis le plus détesté par Allah, le Tout-Puissant.
Quatrièmement: l’Académie souligne les points suivants:
1. Au niveau de la famille:

434
a. Se concentrer sur l’éducation religieuse en tant que moyen
d’édification sociale.
b. Souligner les principes fondamentaux de la Charia concernant
l’édification de la famille, comme l’entraide, l’affection, la miséricorde,
le calme, la bonté, la piété et la bonne compagnie entre époux.
c. L’adoption du dialogue comme méthode pour résoudre les problèmes
familiaux internes.
2. Au niveau des institutions et des établissements officiels :

a. Organiser des séminaires et des ateliers pour sensibiliser les familles


aux dangers de la violence et enraciner la méthode du dialogue.
b. Demander aux établissements scolaires d’enseigner ce qui peut
résoudre le problème de la violence familiale sous ses diverses formes.
c. La Coordination entre les ministères et les administrations
gouvernementales concernés afin d’adopter une politique unifiée
et harmonieuse visant à préserver les principes fondamentaux de la
Oumma face aux influences occidentales sur la famille.
d. Recommander aux médias d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis de
l’édification sociale bien guidée.
3. Au niveau des pays musulmans :

a. Toutes les conventions internationales concernant la femme et


l’enfant, ainsi que les projets de loi relatifs à ce sujet, doivent être
présentes aux experts en la matière, qu’ils soient savants de la Charia
ou hommes de loi, et ce avant qu’ils soient émis et adoptés, et
afin de les adapter aux principes de la Charia, en rejetant celles en
contradiction avec les principes et les objectifs de la Charia.
Appeler également les gouvernements des pays musulmans à revoir
toutes les conventions déjà approuvées, pour identifier les clauses en
contradiction avec les règles de la Charia et les rejeter, sans délaisser
leurs aspects positifs qui se révèlent conformes à la Charia.
b. Rejeter les chartes et conventions internationales qui vont à
l’encontre des textes de la Charia et appellent à abolir les différences
naturelles entre les rôles de l’homme et de la femme dans la société.
Cela concerne aussi l’appel de ces conventions à l’égalité absolue
entre hommes et femmes en matière d’héritage, leur dénigrement

435
du système de divorce de la Charia, et leur appel au renoncement
de l’autorité et la responsabilité de l’homme au sein de la famille, ou
toute autre attitude négative à l’égard des fondements de la Charia.
c. Rejeter toutes les clauses des conventions internationales autorisant
des pratiques s’opposant aux règles de la Charia et à la nature
humaine telles que la légalisation du mariage homosexuel, les
relations sexuelles hors mariage, les formes de mixité interdites par la
Charia, et tout ce qui contredit les règles de la Charia.
d. Exhorter les organes législatifs à sanctionner pénalement toutes
formes de violence au sein de la famille du fait de son interdiction
par la Charia.
e. Restreindre le pouvoir exécutif aux autorités judiciaires concernées.
f. Renforcer le respect des particularités de la culture et des
principes islamiques, ainsi que le respect des réserves émises par
les gouvernements des pays musulmans envers certaines clauses
en contradiction avec la Charia, dans les chartes et conventions
internationales relatives à la famille.
g. Créer un comité chargé d’élaborer un code énonçant les droits et
devoirs des membres de la famille afin d’élaborer un projet de loi
pour la famille qui soit conforme à la Charia.
Allah est plus Savant

436
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 181 (7/19)


Le Waqf d’Actions, de Soukouk, de Droits
immatériels et d’Usufruits

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème : « Le Waqf
d’actions, de Soukouk, de droits immatériels et d’usufruits », et après avoir écouté
les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit

Premièrement : le Waqf est l’un des domaines du Fiqh largement ouvert à l’Ij-
tihad (Réflexion jurisprudentielle). C’est une opération dont la raison saisit les
finalités et qui est liée aux objectifs de la Charia. Son but est de concrétiser aussi
bien l’intérêt des donateurs et des bénéficiaires.
Deuxièmement : Le don d’actions, de Soukouk, de droits im-
matériels et d’usufruit en Waqf
1. Les textes de la Charia sur le waqf sont généraux et peuvent donc englo-
ber ce qui est permanent ou temporaire, distinct ou commun; les actifs
tangibles, les usufruits ou le numéraire, les biens immobiliers ou mobi-
liers. En effets, les Awqaf sont une forme de donation, domaine facilité
et encouragé dans la Charia.
2. Il est autorisé de faire la donation en bien de main morte (Waqf )
d’actions de sociétés qu’il est licite de posséder, de droits immatériels,
d’usufruit ou de parts de placement, car se sont différentes formes d’actifs
pris en considération par la Charia.
3. La donation d’actions, de soukouk, de droits, d’avantages, et d’autres
formes en biens de main morte (Waqf ), est soumise à un certain nombre
de règles, dont les plus importantes sont les suivantes :

437
a. En principe, les actions données sous forme de waqf doivent être
conservées et leur rendement utilisé pour les objectifs du Waqf, et ne
doivent pas être échangées à des fins commerciales sur les marchés
financiers. En effet, l’intendant du Waqf n’est autorisé à en disposer
que pour un intérêt prépondérant ou selon les conditions stipulées
par le donateur. Les actions sont donc soumises aux conditions
afférentes au remplacement des actifs du waqf.
b. Si la société est dissoute ou que le montant des Soukouk est
remboursé, la valeur en actions ou en Soukouk peut être utilisée
pour l’achat d’autres actifs tels que des biens immobiliers, des actions
ou des Soukouk, sur la base des conditions du donateur ou afin de
concrétiser un intérêt prépondérant pour le Waqf.
c. Si le waqf est temporaire selon la volonté du donateur, il doit être
dissout au terme déterminé.
d. Lorsque de l’argent liquide donnée en Waqf est investie dans l’achat
d’actions ou de Soukouk, ces actifs ne se substituent pas à l’argent
pour devenir bien de main morte, à moins que le donateur ne l’ait
stipulé. Il est permis de vendre de telles actions ou soukouk pour faire
un autre investissement plus avantageux pour le Waqf et le capital
reste l’actif perpétuel du waqf.
e. Le waqf peut prendre la forme d’avantages, de services ou d’argent.
Cela comprend les services des hôpitaux, des universités, des
établissements éducatifs, le téléphone, l’électricité et l’usufruit
d’habitations, de ponts et de routes.
f. La donation temporaire d’usufruit d’un bien en tant que waqf
n’affecte pas la capacité du propriétaire de disposer de ce bien. Il peut
disposer du bien de toutes les manières licites du moment où le droit
à l’usufruit cédé en Waqf est respecté.
g. Le Waqf de droits immatériels prend fin lorsque ces droits arrivent à
leur terme légal.
h. Délimiter une durée pour le Waqf implique que celui-ci se terminera
à la fin de cette période. Il est permis de délimiter une durée
conformément à la volonté du donateur, pour toutes les sortes de
waqf.
i. Il est permis à une personne qui possède des fonds suspects ou illicites
dont il ignore les propriétaires de s’en affranchir et de se libérer de
leur caractère corrompu en les investissant dans un waqf à des fins

438
charitables publiques qui ne sont pas relatives aux adorations comme
la construction de mosquées ou l’impression du Noble Coran. En
outre, il est interdit de posséder des actions dans des banques (qui
pratique l’usure: Riba) ou des compagnies d’assurances traditionnelles.
j. Il est permis à une personne qui a fait l’acquisition d’actifs générant
des revenus illicites de faire la donation en waqf de ces actifs. Leurs
revenus seront alors utilisés pour l’intérêt du Waqf et le jugement
relatif aux Awqaf charitables leur sera appliqué. En effet, lorsqu’il est
impossible de les restituer à leurs propriétaires, c’est aux pauvres et
aux nécessiteux qu’ils doivent être remis.
La personne en charge du waqf devra, dès que possible, remplacer
ces fonds par un bien licite au regard de la charia, même si cela
va à l’encontre des conditions stipulées par le donateur, car toute
condition stipulée par ce dernier est considérée comme nulle si elle
va à l’encontre d’un texte de la Charia.
L’Académie recommande également ce qui suit:
1. Inviter les gouvernements et les organes législatifs des pays musulmans à
revoir leurs législations sur le waqf d’une manière qui soit conforme aux
résolutions de l’Académie internationale du Fiqh islamique.
2. Exhorter les ministères de l’Éducation et les universités des pays mu-
sulmans à élaborer des programmes comprenant l’étude scientifique et
thématique du Waqf.
3. Lors de ses prochaines sessions, l’Académie internationale du Fiqh isla-
mique examinera une étude approfondie sur la gestion du waqf, ses bases,
son organisation, ses règles et les critères pour nominer les responsables
de l’administration du waqf et leur maintien à ce poste. Ce sujet doit faire
l’objet de beaucoup d’attention, car il constitue une condition fondamen-
tale pour la réussite et le renouveau des Awqaf et de leurs placements.
Allah est plus Savant

439
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 182 (8/19)


Application du Système B.O.T (Construire-Exploiter-Transférer)
dans la Rénovation de Propriétés des Awqaf et des Services publics

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie internationale
du Fiqh islamique sur le thème : « Application du système B.O.T (Construire-
Exploiter – Transférer) dans la Rénovation de propriétés des Awqaf et des ser-
vices publics », Et après avoir écouté les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit


1. Le contrat Construire-Exploiter-Transférer fait référence à un accord
entre un propriétaire foncier ou son représentant et un financeur (société
du projet). Sur la base de cet accord, une structure est créée et gérée par
le financeur qui aura droit à la totalité de ses revenus ou seulement une
partie selon les arrangements, pendant une période dans le but de revenir
sur son investissement et engranger un gain raisonnable. À la fin de cette
période, la structure est transférée au propriétaire foncier, dans un état
exploitable afin de générer les revenus escomptés.
2. Le système (Construire-Exploiter-Transférer) est un contrat inventé dans
l’époque moderne. Bien que certaines de ses formes semblent similaires à
certains contrats et outils d’investissement connus dans la jurisprudence
islamique, il se peut qu’ils ne soient similaires à aucun d’entre eux.
3. Il est permis d’utiliser le système B.O.T (Construire-Exploiter-Transférer)
dans la rénovation des propriétés des Awqaf et des installations publiques.
L’Académie recommande ainsi ce qui suit :

La recherche dans le domaine de la jurisprudence concernant l’ensemble des


formes des contrats B.O.T doit être intensifiée afin de faire l’inventaire précis

440
de leurs règles et de les rédiger afin de faciliter leur consultation lors des négo-
ciations et de litiges.
Allah est plus Savant

441
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 183 (9/19)


Le Diabète et le Jeûne

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Sur la base de la charte de coopération entre l’Organisation Islamique des
Sciences Médicales (OISM) et l’Académie internationale du Fiqh islamique,
conformément à l’accord signé entre les deux institutions,
Et suite à la demande faite par l’Académie internationale du Fiqh islamique
à l’Organisation Islamique des Sciences Médicales de préparer une étude sur
« Le diabète et le jeûne pendant le mois de Ramadan »,
Et compte tenu des résultats des deux séminaires organisés par l’Organisa-
tion Islamique des Sciences Médicales le 2 Rabi Al-Akhir, 1429 H (3 novembre
2007-2008 avril 2008),
Et après avoir examiné les recherches soumises à l’académie pour la conclu-
sion de la question concernant « Le diabète et le jeûne », et après avoir écouté
les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Et après avoir exposé les aspects médicaux et jurisprudentiels relatifs aux
effets du jeûne sur les patients diabétiques,

Décide ce qui suit


Premièrement: Brève définition du diabète
Le diabète est un déséquilibre pathologique du taux de sucre dans le sang, et
plus particulièrement un taux au-dessus de la normale. Le diabète est dû à une
carence en insuline (hormone sécrétée par les cellules de type B du pancréas),
ou à l’insuffisance de cette hormone, ou dans certains cas, à un manque de ré-
activité à cette hormone de la part des cellules du corps.
Deuxièmement: Types de diabète
Il y a différents types de diabètes qui se distinguent les uns des autres par les
causes de l’apparition de la maladie et par les manières de le traiter. Selon les

442
dénominations et les classifications adoptées par l’Organisation Internationale
de la Santé spécialisée dans le diabète, les types de diabète sont les suivants :
1. Le diabète de type I, qui nécessite la prise d’insuline en plusieurs doses
dans la journée.
2. Le diabète de type II, qui ne nécessite pas la prise d’insuline.
3. Le diabète gestationnel.
4. D’autres types :

a. Diabète causé par certaines maladies du pancréas.


b. Diabète résultant de troubles hormonaux, en particulier des glandes
surrénales et de l’hypophyse et des cellules du pancréas.
c. Diabète causé par certains médicaments.
Troisièmement : la classification médicale des patients diabé-
tiques
Première catégorie :
Les patients présentant une probabilité très élevée de rencontrer des complica-
tions graves vérifiées médicalement. L’état de ces patients est caractérisé par l’un
ou plusieurs des cas suivants :
• Les patients qui font face à une baisse sévère de sucre au cours des trois mois
précédant le mois de Ramadan.
• Les patients qui font face, de manière répétitive, à des baisses et des hausses
du taux de sucre dans le sang.
• Les patients qui rencontrent le problème de (la perte de sensation de la
baisse du taux de sucre). Ce cas touche certains patients diabétiques, en
particulier ceux du type I, qui font face à une baisse importante et répéti-
tive du taux de sucre, et ce pendant de longues périodes.
• Les patients connus pour avoir des difficultés à contrôler le diabète pendant
de longues périodes.
• Les patients ayant connu les complications d’ « Acidose diabétique cétoac-
idose » ou de « coma diabétique », durant les trois mois qui précèdent le
mois de Ramadan.
• Patients atteints de diabète de type I.
• Les patients souffrant d’autres maladies graves accompagnant le diabète.

443
• Les patients diabétiques contraints d’effectuer des travaux nécessitant des
efforts physiques importants.
• Les patients diabétiques dialysés.
• Les femmes diabétiques pendant la grossesse.

Deuxième catégorie :
Cette catégorie inclut les patients présentant un risque relativement élevé de
complications lors du jeûne, et qui, selon l’avis des médecins, seraient fort pro-
bables. L’état des patients de cette catégorie relève d’un ou de plusieurs des cas
suivant :
• Ceux dont le taux de sucre dans le sang est élevé, comme la moyenne com-
prise entre [180 et 300 mg / dcl], [10 et 16,5 mm] et le taux d’hémoglobine
accumulé (hémoglobine glyquée) supérieur à 10%.
• Ceux qui souffrent d’insuffisance rénale.
• Ceux qui souffrent de maladies des grandes artères (telles que les maladies
cardiovasculaires).
• Les personnes vivant seules et recevant des injections d’insuline ou des mé-
dicaments qui réduisent le sucre en stimulant les cellules productrices d’in-
suline dans le pancréas.
• Ceux qui souffrent d’autres maladies entraînant des risques supplémentaires.
• Les personnes âgées qui souffrent d’autres maladies.
• Les patients qui reçoivent des traitements ayant un effet sur l’état
psychologique.

Les jugements de la Charia concernant les patients des catégories I et II:

Les cas de ces deux catégories s’appuient sur la certitude ou la forte probabilité
du préjudice causé par le jeune, selon l’avis d’un médecin spécialiste et fiable.
Par conséquent, un patient qui fait face à l’un des cas cités ci-dessus dans les
deux catégories ne doit pas jeûner. Il lui est interdit de jeûner afin d’éviter de
nuire à sa personne, car Allah Le Très-Haut a dit: “Ne causez pas votre perte de
vos propres mains” (Al-Baqarah : 195) et Il a également dit: “Et ne vous tuez pas
vous-même. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous.” (Al- Nisa’a : 29).
Et il est du devoir du médecin traitant d’expliquer aux patients le risque qu’en-

444
traîne le jeûne pour eux, et de les informer de la probabilité élevée de complica-
tions qui seraient vraisemblablement préjudiciables pour leur santé ou leur vie.
En outre, le médecin se doit d’effectuer toutes les procédures médicales né-
cessaires, permettant au patient de jeûner sans subir de préjudice.
Les règles concernant le fait de rompre le jeûne durant le Ramadan pour cause
de maladie doivent être appliquées aux patients des catégories I et II, confor-
mément à la parole d’Allah Le Très-Haut : « Quiconque d’entre vous est malade
ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d’autres jours. Quant à ceux qui ne
pourraient le supporter qu’avec grandes difficultés, ils devront en compensation
nourrir un nécessiteux » (Al-Baqarah : 184).
Celui qui accomplit le jeûne, alors que celui-ci lui nuit, aura commis un pé-
ché, mais son jeûne sera valide.

Troisième catégorie :

Il s’agit des patients qui sont moyennement exposés aux complications dues au
jeûne. Cette catégorie est composée des cas stables et contrôlés par le biais de
traitements qui réduisent le sucre en stimulant les cellules productrices d’insu-
line dans le pancréas.

Quatrième catégorie:

Les patients qui présentent une faible probabilité de complications dues au


jeûne. Cette catégorie est composée des cas stables et contrôlés, uniquement
par le biais d’un régime alimentaire, ou par la prise de médicaments réduisant
le taux de sucre, et ce en augmentant l’efficacité de l’insuline dans l’organisme,
sans stimuler les cellules productrices d’insuline du pancréas.

Jugements de la charia concernant les patients des catégories III et IV:

Il n’est pas permis aux patients de ces deux catégories de rompre leur jeûne, car
les résultats médicaux n’indiquent pas de complications néfastes pouvant affec-
ter leur santé ou leur vie. Au contraire, le jeûne peut s’avérer bénéfique pour la
plupart d’entre eux.
Le médecin doit s’en tenir à ces règles et déterminer le traitement approprié
a chaque cas isolément.

L’Académie recommande ce qui suit :


1. Les médecins doivent acquérir une connaissance suffisante des règles de la

445
charia sur cette question. Cela nécessite l’aménagement de ces informa-
tions par les autorités compétentes, et leur diffusion auprès des personnes
concernées.
2. Les jurisconsultes et les prédicateurs doivent conseiller aux personnes
qui se dirigent vers eux à la recherche d’un avis juridique de consulter
leurs médecins traitants qui comprennent les dimensions médicales et
religieuses du jeune, et qui craignent Allah en prodiguant les conseils
adaptés à chaque cas.
3. Étant donné les réels dangers des complications du diabète pour la san-
té et la vie des patients diabétiques, tous les moyens possibles doivent
être mis en œuvre afin d’orienter et de sensibiliser, notamment par les
sermons dans les mosquées et les différents médias, et ce afin d’informer
les patients sur les dispositions précédentes. En effet, l’amélioration de
la prise de conscience au sujet de la maladie et de la manière d’agir face
à celle-ci, permet d’atténuer nettement ses effets et facilite l’acceptation
par les patients des dispositions de la Charia et des conseils médicaux
pour la traiter.
4. Nous recommandons à l’IOMS, avec la coopération de l’Académie inter-
nationale du Fiqh islamique, de préparer un guide d’orientation sur ce
sujet, en langue arabe et en d’autres langues, de travailler à sa diffusion
auprès des médecins et des spécialistes du Fiqh, et mettre son contenu
en ligne à la disposition des patients, afin qu’ils puissent également en
bénéficier.
5. Exhorter les ministères de la Santé des pays musulmans à mettre en pra-
tique les programmes nationaux dans les domaines de la prévention, du
traitement et de la sensibilisation au diabète et aux dispositions de la
Charia en la matière.
Allah est plus Savant

446
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 184 (10/19)


L’Obtention d’une Autorisation pour les
Opérations Médicales Urgentes

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Tenant compte de la Résolution nº 67 (5/7), prise par l’Académie, lors de sa
7 session tenue à Jeddah (Arabie Saoudite) du 7-12 Dhoul Qui’da, 1412H (9 au
e

14 mai 1992), concernant “La médication et ses règles”, et de sa Résolution nº 172


(10/18) prise lors de sa 18ème session, tenue à Putrajaya (Malaisie) du 24 au 29
Joumada Al-Akhira, 1428 H (du 9 au 14 juillet 2007), concernant “Les décisions
médicales nécessaires lors de secours médicaux urgents (Médecine des urgences)”,
afin de compléter la résolution qui fut reportée, concernant “Les cas patho-
logiques urgents”,
Et ayant pris connaissance des recherches présentées à l’Académie sur le
thème : “L’obtention d’une autorisation pour les opérations médicales urgentes”,
Et après avoir écouté les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Nous entendons par cas urgents : les cas pathologiques nécessitant une in-
tervention thérapeutique ou chirurgicale sans délai, étant donné la gravité
de l’état de santé du patient et ce dans le but de sauver sa vie ou d’éviter
la détérioration de l’un de ses organes. Nous citons par exemple :
a. Les cas nécessitant une césarienne pour sauver la vie de la mère ou
celle du bébé ou leurs vies à tous les deux : comme dans le cas où le
cordon ombilical est enroulé autour du cou du bébé, ou le cas de la
rupture utérine lors de l’accouchement.
b. Les cas nécessitant une intervention chirurgicale urgent, comme pour
l’inflammation de l’appendicite.
c. Cas nécessitant un traitement médical spécifique, tels que
l’hémodialyse et la transfusion.

447
2. Si le patient est apte, en pleine possession de ses moyens et a la capacité
d’assimiler et de prendre une décision sans être forcé et que les médecins
ont décidé que son cas est urgent nécessitant une intervention médicale
ou chirurgicale, il est obligatoire pour le patient de donner son accord
pour être soigné faute de quoi il aura commis un péché au regard de la
Charia.
Et il est permis au médecin d’intervenir en prodiguant les soins néces-
saires afin de sauver la vie du patient en s’appuyant sur les dispositions de
la Charia concernant la « nécessité impérieuse ».
3. Si le patient n’est pas apte, et que son tuteur refuse d’accorder son autori-
sation pour qu’il reçoive des soins alors que son cas est urgent, son refus
n’est alors pas pris en considération et le droit d’autoriser des soins revient
au dirigeant ou aux autorités compétentes qui le représentent.
4. Si l’exécution d’une césarienne est nécessaire pour sauver la vie du bébé
ou celle de la mère, ou leurs vies à tous les deux, et que les époux, ou
l’un d’eux refusent de donner leur accord, leur refus n’est alors pas pris
en compte et le droit d’autoriser des soins revient au dirigeant ou aux
autorités compétentes qui le représentent.
5. Les interventions médicales sur les cas urgents sont soumises aux condi-
tions suivantes :

a. Le médecin se doit d’expliquer au patient – ou à son tuteur –


l’importance des soins médicaux, la gravité de la maladie et les
répercutions pouvant advenir suite au refus de sa prise en charge.
Dans le cas où le patient – ou son tuteur – persiste dans son refus, le
médecin consignera les faits.
b. Le médecin doit faire les plus grands efforts pour convaincre le
patient et sa famille afin qu’il revienne sur son refus afin d’éviter que
sa situation ne se détériore.
c. Une équipe d’au moins trois médecins consultants, dont ne fait
partie le médecin prodiguant les soins doit s’assurer du diagnostic
de la maladie, du traitement suggéré, rédiger un rapport signé par les
membres de l’équipe et en informer la direction de l’hôpital.
d. La prise en charge doit être gratuite, ou un organisme indépendant
sera chargé d’en estimer le coût.

448
Suite à cela, le Conseil recommande ce qui suit:
• Nous appelons les gouvernements des pays musulmans à instaurer une lég-
islation qui régulent la pratique médicale dans l’ensemble des cas urgents et
pressants, et ce en mettant en application les résolutions de l’Académie se
rapportant au domaine médical.
• Œuvrer à la sensibilisation du patient concernant la santé, afin d’éviter de
telles situations et de préserver la vie de ce dernier.
Allah est plus Savant

449
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 185 (11/19)


La Conservation de l’Environnement en Islam

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 19ème session, à Charjah (Émirats Arabes
Unis), du 1 au 5 Joumada Al-Oula H (26–30 Avril 2009) ;
Ayant pris connaissance des études soumises à l’Académie concernant la
question de « La Conservation de l’Environnement en Islam »,
Et ayant assisté aux débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Interdiction de jeter de quelconques déchets nocifs à n’importe quel en-
droit sur Terre. Les pays qui sont producteurs sont enjoints de gérer leurs
déchets sur leurs propres territoires et d’une manière qui ne nuit pas à
l’environnement. En outre, les pays musulmans doivent s’engager à re-
fuser de faire de leur pays un lieu pour recevoir ou enterrer ce genre de
déchets.
2. En application des règles de la charia concernant “la nécessité impérative
d’éliminer tout préjudice, acte ou comportement nuisant ou causant un
dommage quelconque à l’environnement, comme les agissements pertur-
bant l’équilibre de celui-ci, ou ceux dirigés contre les ressources naturelles,
ou leur exploitation d’une manière injuste, et sans tenir compte des inté-
rêts des générations futures est illicite.
3. En se basant sur les principes établis avec certitude concernant l’interdic-
tion de porter préjudice, il est impératif d’éliminer les armes de destruc-
tion massive au niveau de chaque pays, en plus de l’interdiction de toute
activité susceptible de contribuer à l’élargissement du trou dans la couche
d’ozone ou d’engendrer une pollution de l’environnement.
Et recommande ce qui suit :
1. Encourager le Waqf au profit de la protection de l’environnement, que ce
soit au niveau de la terre, de l’eau ou de l’atmosphère.

450
2. La formation d’un comité, au sein de l’Académie internationale de Fiqh
islamique, chargé d’étudier l’environnement, dans une perspective isla-
mique, et de faire l’inventaire de l’ensemble des études, des accords et des
problèmes relatifs à l’environnement.
3. Coopérer avec la communauté internationale dans toute initiative visant
la préservation de l’environnement et la lutte contre la pollution, et par-
ticiper à tous les accords signés à cet effet, pourvu que ces initiatives et
accords ne soient pas en contradiction avec les règles de la Charia, ou ne
portent pas préjudice aux pays musulmans.
4. Inviter les pays musulmans à faire fonctionner les organisations pour l’en-
vironnement créées par l’Organisation de la Coopération islamique et les
organismes qui lui sont affiliés. S’ajoute à cela la nécessité de s’entraider
étroitement avec le Conseil de la Coopération Arabe chargé des questions
environnementales, ainsi qu’avec le Conseil de Coopération du Golfe qui
est soucieux de cette question.
5. Encourager la création d’industries respectueuses de l’environnement et
les soutenir par tous les moyens possibles.
6. Nous prions les pays membres de l’Organisation de la Coopération isla-
mique de persévérer dans la promulgation de lois et de réglementations
pour l’environnement et l’interdiction de la pollution, et ce en s’appuyant
sur le pouvoir exécutif, afin d’imposer des sanctions pour toute nuisance
faite à l’environnement. De plus, nous appelons au renforcement des dis-
positifs de surveillance des actes et comportements susceptibles de porter
préjudice aux composantes de l’environnement, quels qu’ils soient : l’eau,
l’air ou le sol.
7. Demander aux institutions en charge des affaires religieuses dans les pays
musulmans de fournir aux imams et aux prédicateurs des informations
sur l’environnement et diffuser les recherches et les études concernant
l’environnement et les moyens de le préserver.
8. Diffuser la culture écologique par différents moyens, afin de sensibiliser
davantage à la propreté et à la protection de l’environnement contre tout
danger, notamment :

a. Par la diffusion systématique à travers les médias d’information


concernant les dangers de l’environnement.
b. Par une éducation saine dans les foyers et à travers les différentes
étapes des programmes d’enseignement.

451
c. Accorder une attention particulière au Fiqh de l’environnement à
travers des études de jurisprudence au sein des facultés de charia et
des études islamiques.
Allah est plus Savant

452
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

La Situation en Palestine, et en particulier les Attaques contre la Mosquée


Sainte Al-Aqsa, ainsi que la situation en Irak, en Somalie et au Soudan

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur
notre maître Mohammed, le sceau des prophètes, sur sa famille ainsi que tous
ses compagnons.
Publié à l’occasion de la 19ème session du Conseil de l’Académie à Charjah
du 26 au 30 avril 2009.
L’Académie internationale de Fiqh islamique issue de l’Organisation de la
Conférence islamique réunie pour sa 19ème session dans l’Émirat de Charjah
(Émirats arabes unis) du 1 au 5 Joumada Al-Oula 1430 H (26-30 avril 2009), en
tant que référence dans le domaine du Fiqh pour la Oumma , consciente de ses
responsabilités et partant de son devoir envers la Oumma face aux défis et aux
dangers, en particulier en ce qui concerne la Palestine, l’Irak, la Somalie et le
Soudan, affirme ce qui suit :
Premièrement : la Palestine et la Mosquée Al-Aqsa
L’Académie Internationale de Jurisprudence Islamique observe avec réproba-
tions toutes
les souffrances affligées au peuple palestinien fier et engagé dans un conflit
acharné avec l’ennemi sioniste brutal et arrogant, qui se moque du respect des
droits de l’homme les plus élémentaires, en particulier lors de la récente agres-
sion contre la bande de Gaza, du déplacement de réfugiés, de la famine et de
l’insécurité de l’embargo et des meurtres qui n’épargnent ni vieillards, ni enfants,
ni femme, ni infirmes.
À cela vient s’ajouter l’interdiction des aides et des ravitaillements répondant
aux besoins humanitaires minimaux en nourriture et en médicaments.
Face à ces crimes odieux, l’Académie appelle les pays du monde entier et les
pays du monde musulman en particulier à s’acquitter de leur devoir légitime,
fraternel et humanitaire de mettre fin aux souffrances du peuple palestinien et
de lui fournir les ressources essentielles dont il a besoin.
L’Académie internationale du Fiqh islamique lance également un appel à
toutes les factions du peuple palestinien et aux composantes de la société civile
pour qu’ils unissent leurs rangs et leur position envers la Palestine afin de re-
pousser les dangers, protéger leurs droits et mettre un terme à l’occupation par
tous les moyens possibles. De même, l’Académie exhorte la communauté inter-

453
nationale à agir de manière décisive et énergique afin de dissuader l’occupation
de poursuivre sa pratique de la violence et du terrorisme.
L’Académie exprime également sa profonde préoccupation et ses craintes en
raison de la judaïsation que subit la noble ville d’Al-Qouds (Jérusalem) dans le
but de faire disparaître son identité arabe et islamique, ainsi que les tentatives
pour démolir la mosquée Al-Aqsa et le harcèlement des premiers habitants de
Jérusalem, musulmans et chrétiens. L’Académie souligne aussi que la ville d’Al-
Qouds (Jérusalem) et la mosquée d’Al-Aqsa sont sacrées pour les musulmans
du monde entier et que la mosquée d’Al-Aqsa est aussi la première direction
vers laquelle priaient les musulmans, et le lieu vers lequel le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬effec-
tua son voyage nocturne et duquel il s’éleva vers le ciel le plus haut et réaffirme
que la mosquée d’Al-Asa appartient aux musulmans seuls et que les juifs n’ont
aucun lien avec celle-ci. Il est obligatoire de prendre garde aux dangers de violer
le caractère sacré de cette mosquée et de tenir les autorités d’occupation et les
pays qui les soutiennent responsables de toute attaque contre Al-Aqsa et la ville
d’Al-Qouds Al-Sharif. Aucun compromis ne peut être fait au sujet de ces deux
lieux et nul n’est autorisé à faire la moindre concession les concernant. Ces lieux
sont bien trop nobles pour être l’objet de concession.
L’Académie appelle tous les dirigeants et les peuples du monde arabe et mu-
sulman à soutenir le peuple palestinien opprimé et à assumer leur responsabi-
lité religieuse, nationale et historique de défendre la ville de Al-Qouds et de sa
mosquée sacrée et de se tenir aux côtés de ce peuple résistant et de renforcer
leur présence afin d’empêcher la judaïsation ou l’internationalisation de la ville,
ce qui est inacceptable, quelle que soit la situation.
Deuxièmement : la République d’Irak
L’Académie internationale du Fiqh islamique appelle tout le peuple irakien à
œuvrer sérieusement et sincèrement pour préserver l’unité, l’indépendance et
la souveraineté de l’Irak sur son territoire, à mettre en place un véritable équi-
libre entre toutes les composantes du peuple irakien et ses factions. L’Académie
appelle aussi à la concrétisation de la réconciliation nationale sur la base de la
tolérance et du respect des droits de tous et appelle à mettre fin à la présence de
forces étrangères et au retour de l’Irak pour jouer efficacement son rôle dans les
rangs de la communauté arabe et musulmane.
Troisièmement : la Somalie
Concernant les événements en Somalie, l’Académie lance un appel aux frères
somaliens, au Président, au gouvernement et au peuple et les invite à se réconci-
lier sincèrement à mettre fin aux combats et à la division et à privilégier l’intérêt

454
supérieur du peuple somalien aux intérêts personnels et les implore de ne pas
manquer cette occasion de se réconcilier à l’ombre d’un gouvernement légitime.
L’Académie appelle également à ne pas répondre aux appels qui visent à di-
viser les rangs et affaiblir les efforts sincères dont la Somalie a besoin à ce stade
crucial de son histoire. L’Académie appelle aussi les Somaliens à se réunir dans
le but de construire et non de détruire, d’unifier et non de diviser et de déve-
lopper et non de reculer, tout cela pour le retour de la stabilité du pays et la
reconstruction de ce que la guerre a détruit.
À cet égard, l’Académie déplore vivement les agissements de pirates sur les
côtes somaliennes et les autres actes de pillage en mer ainsi que ceux qui me-
nacent à la sécurité de la navigation navale et mettent en péril la sécurité de
la mer rouge. L’Académie affirme que de tels actes de piraterie sont considérés
comme une forme de brigandage par la jurisprudence islamique.
Quatrièmement : la République du Soudan
L’Académie déplore les accusations portées par la Cour pénale internationale
contre le Président de la République du Soudan, le Général Omar al-Bachir,
alors qu’il déploie de nombreux efforts pour rétablir la sécurité et la stabilité au
Soudan tandis que le monde ferme les yeux sur les crimes contre l’humanité
commis à Gaza, en Cisjordanie et dans d’autres parties du monde. Cela reflète
la politique des deux poids, deux mesures et la sélectivité de la communauté
internationale auxquelles l’académie appelle à mettre fin.
L’Académie souligne la nécessité de traiter le problème du Darfour sur le
principe d’un attachement à l’unité du Soudan et de pleine souveraineté sur
son territoire.
L’Assemblée déclare son soutien aux efforts bénis de l’Organisation de la
Conférence islamique avec l’appui de Son Excellence le Secrétaire général de
l’Organisation de la Conférence islamique, Le professeur et Docteur Ekmeleddin
Ihsanoglu, dans toutes ces questions et dans d’autres domaines économiques, po-
litiques sécuritaires. De même, elle soutient également les efforts de tous les pays
musulmans dans ces domaines, en espérant les voir se multiplier et se développer.
Nous implorons Allah de protéger notre Oumma de tout mal et de la guider
vers la droiture, car Allah est le Garant du succès.

455
Résolutions et Recommandations de la 20ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Oran
Royaume d’Arabie saoudite

26 Chawal – 2 Dhoul Qui’da 1433


13-18 Septembre 2012
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 186 (1/20)


Les Jugement concernant l’Insolvabilité et la Faillite

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème :
Du Jugement de la Charia sur l’Insolvabilité et la Faillite, et les Systèmes
Contemporains, et après avoir écouté les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : Définition de l’Insolvabilité et du Débiteur In-
solvable
1. Tenant compte de ce qui a été dit dans le septième paragraphe de la
résolution de l’Académie n° 64 (2/7) concernant « La caractéristique de
la faillite qui entraine l’obligation d’accorder un délai », l’insolvabilité est
l’état occasionnel qui caractérise une personne incapable de s’acquitter
de ses obligations financières tout en remboursant ses dettes. Quant au
terme “personne insolvable”, il désigne la personne dans cette situation.
2. La caractéristique de la faillite est l’insuffisance des biens du débiteur
pour rembourser ses dettes échues. Quant au terme “failli”, il désigne une
personne qui se trouve dans une telle situation.
Deuxièmement : les principales différences entre l’insolvabilité
et la faillite selon les Fouqaha
1. L’insolvabilité peut être précédée par un état de solvabilité, mais peu aussi
ne pas l’être, contrairement à la faillite qui quant à elle est forcément
précédée par un état de solvabilité.
2. Lorsqu’un verdict de faillite est rendu, le failli est privé du droit de dispos-
er totalement de ses biens, tandis que l’insolvable reconnu comme tel par
la Charia, a droit à un sursis jusqu’à ce qu’il soit en mesure de rembourser.
À cet égard, Allah Le Tout-Puissant dit : « Si le débiteur est en difficulté,

458
accordez un sursis jusqu’à ce qu’il soit dans l’aisance. » (Al-Baqarah : 280)
3. L’insolvable n’est pas puni d’emprisonnement s’il prouve son insolvabilité,
alors que le failli peut subir une peine d’emprisonnement à la discrétion
des autorités (ta’zir), en cas de fraude, de duperie, de négligence ou de
manquement.
4. L’insolvabilité peut résulter d’une dette ou d’un droit légal tel que la sub-
sistance, contrairement à la faillite, qui a toujours pour origine une dette.
Troisièmement : les Jugements concernant la Faillite dans la
Jurisprudence Islamique
1. Le failli doit être interdit de toute utilisation de ses biens qui engendrerait
un préjudice pour ses créanciers. La prise de cette décision et le lever de
celle-ci reviennent aux autorités judiciaires.
2. Il est permis d’empêcher un failli de voyager si son voyage porte claire-
ment atteinte aux droits de ses créanciers.
3. Les dettes du failli dont le règlement devait être différé deviennent
immédiates.
4. Le pouvoir judiciaire procède à la vente des actifs du failli de la manière la
plus avantageuse pour les créanciers et les débiteurs et partage le produit
de la vente. Si de nouveaux actifs appartenant au failli sont découverts
les créanciers ont le droit de demander le remboursement du reliquat de
leur dette.
5. Il est autorisé à un créancier de reprendre son bien lorsqu’il le trouve en
l’état parmi les actifs du débiteur en faillite et qu’il n’a pas encore été
dédommagé pour celui-ci.
Quatrièmement : Imposer une pénalité au mauvais payeur solvable

L’Académie réaffirme ce qui avait été indiqué dans sa précédente Résolution nº


51 (2/6), article trois et quatre sur la « vente à tempérament », concernant l’in-
terdiction d’imposer une pénalité ou de fixer des conditions de compensation
pour un mauvais payeur solvable. Il est cependant permis de mettre à sa charge
les frais de justice.

459
Cinquièmement : L’Académie décide de reporter l’étude des ques-
tions suivantes, concernant « l’insolvabilité et la faillite », à
une prochaine session :
1. Questions jurisprudentielles relatives à la protection des institutions
financières islamiques, notamment la question de « l’assurance sur les
dettes » et « l’engagement de donation »
2. Jugements relatifs aux transactions du failli et de l’insolvable en période
de suspicion.
3. Jugements relatifs à la faillite des sociétés et des institutions financières
dans le contexte des systèmes contemporains.
4. Problèmes liés à l’insolvabilité (civile), du fait que le terme « insolvabilité »
dans le droit positif englobe parfois les notions de faillite et d’insolvabilité
du point de vue du fiqh islamique.
Allah est Plus Savant

460
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 187 (2/20)


L’Assurance coopérative : Jugements et Règles au regard de la Charia

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les études présentées à l’Académie et portant sur :
L’Assurance coopérative : Jugements et Règles au regard de la Charia, dans cette
session et lors des sessions précédentes,
à la lumière des recommandations du congrès sur « L’assurance coopéra-
tive : dimensions, perspectives et position de la Charia à son égard » organisé
par l’Académie internationale de Fiqh islamique à Amman (Royaume haché-
mite de Jordanie) en collaboration avec l’Université Jordanienne, l’Organisa-
tion Islamique pour l’Éducation la Science et la Culture (ISESCO), et l’Institut
Islamique pour la Recherche et la Formation (membre du Groupe de la Banque
Islamique de Développement), du 26 au 28 Rabi Al-Akhir, 1431 H (11-13 avril
2010),
Et après avoir suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : L’Académie internationale de Fiqh islamique souligne ce qui


a été déclaré dans sa résolution n° 9 (9/2) sur « L’assurance et la réassurance », à
savoir que le contrat d’assurance commerciale à fixe utilisé par les compagnies
d’assurance commerciales est un contrat d’échange de biens comportant un degré
de gharar (incertitude) trop important qui invalide le contrat. C’est pourquoi il
interdit par la Charia. L’alternative conforme aux principes fondamentaux des
transactions/interactions islamiques est le contrat d’assurance coopérative, qui
repose sur le don gracieux et l’entraide.
Deuxièmement : en raison de certains problèmes apparus dans les compa-
gnies d’assurance islamiques au cours de leurs multiples applications, en plus
des difficultés juridiques, et des complications rencontrées par ces compagnies

461
dans le domaine de la réglementation et de l’audit, il convient de développer
une conception exhaustive de l’assurance coopérative.

Par conséquent, le Conseil recommande ce qui suit :

Premièrement : Confier au secrétariat de l’Académie, en collaboration avec


les centres de recherche concernés, la tâche de réunir un comité composé de
savants du Fiqh et d’experts chargé d’établir un projet complet organisant les
jugements et les règles de la Charia expliquant les principes fondamentaux de
l’assurance coopérative, et énumérant ses formes acceptables dans la Charia, afin
d’en permettre une application flexible. Parmi ces jugements et règles figurent
les suivants :
1. Le concept et l’essence de l’assurance coopérative dans la perspective de
la Charia.
2. La comparaison entre l’assurance coopérative et l’assurance commerciale :

a. La comparaison entre l’assurance coopérative compatible avec la


Charia et les principes internationaux de coopération.
b. La comparaison entre l’assurance coopérative compatible avec la
charia et les principes de l’assurance commerciale.
3. Identification et description des relations entre les parties à l’assurance
coopérative et en particulier la description du rapport entre les cotisants
au fonds d’assurance et de celui entre le fonds d’assurance et la partie
chargée de la gestion.
4. Jugements et critères d’évaluation de la rémunération du gestionnaire du
fonds de l’assurance.
5. Les règles concernant le surplus d’assurance et le déficit d’assurance s’il
en existe.
6. Règles de la Charia concernant la participation et le retrait du fonds de
l’assurance coopérative.
7. Les jugements concernant la liquidation du fonds d’assurance des
coopératives.
8. Jugements et règles de la réassurance.
9. Principe de partage des profits et des pertes.
10. Principe de «subrogation» et ce qui s’y rapporte.

462
11. Principe de franchise et questions s’y rapportant.

Deuxièmement : La présentation du projet par le comité aura lieu à la pro-


chaine session de l’Académie, afin d’atteindre une finalisation d’un projet de
résolution à la lumière du deuxième paragraphe ci-dessus.
Allah est plus Savant

463
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 188 (3/20)


Poursuite de la Discussion sur les Soukouk islamiques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème :
Poursuite de la discussion sur les « Soukouk Islamiques », et après avoir suivi les
débats qui se sont déroulés à ce sujet,
à la lumière des recommandations de la conférence « Les Soukouk
Islamiques : Exposé et Évaluation » organisée par l’Académie internationale
de Fiqh islamique à Jeddah au siège du Centre de Recherche sur l’Économie
Islamique de l’Université Roi Abdul-Aziz et en collaboration avec ce dernier et
avec l’Institut Islamique de Recherche et de formation de la Banque Islamique
de Développement, du 10 au 11 Joumada Al-Akhira 1431 H (24-25 mai 2010),
en prenant considération de ce qui a été déclaré dans la Résolution nº 178
(4/19) de l’Académie sur « Les Soukouk islamiques : Applications Contemporaines
et Négociation », publiée à la 19ème session de l’Académie et dans d’autres
résolutions,
Et après avoir suivi les débats à ce sujet,

L’Académie recommande ce qui suit :


Premièrement : Principes généraux
1. Les soukouk islamiques doivent concrétiser les objectifs de la Charia en
améliorant le développement, soutenant les activités réelles et en établis-
sant l’équité entre les deux parties.
2. Les contrats soukouk doivent réellement impliquer ce qui résulte de ces
contrats, aussi bien légalement que du point de vue de la Charia, comme
la propriété, la possibilité d’en disposer et la responsabilité de garantie de
leur propriétaire.
Les contrats ne doivent pas non plus être de simples prétextes ou être fac-
tices et la conformité à la Charia de leurs conséquences doit être vérifiée.

464
3. Les documents de Soukouk doivent stipuler les mécanismes nécessaires
pour contrôler leur application et s’assurer qu’ils ne soient pas de simples
prétextes ou ne soient pas factices et pour permettre de corriger les fautes
éventuelles. Un examen périodique doit également être réalisé pour véri-
fier, d’une part, que les fonds obtenus par les soukouk sont bien utilisés
aux fins prévues lors de leur émission, et d’autre part, que les soukouk
impliquent réellement ce qui résulte de tout contrat d’un point de vue
de la Charia.
4. Les soukouk islamiques doivent respecter toutes les différences fonda-
mentales, au niveau de leur structuration, leur conception et leur com-
position, qui les distinguent des obligations (à caractère usuraire), et leur
mécanisme de commercialisation et de tarification doit en être impacté.
Deuxièmement : Les Engagements
1. Il n’est pas permis au moudarib, partenaire, ou agent de s’engager à pren-
dre les mesures suivantes :
a. Acheter les Soukouk ou les actifs qu’ils représentent à une valeur
nominale ou à une valeur prédéterminée, dans la mesure où un
tel arrangement reviendrait à garantir le capital ou à percevoir un
montant comptant contre une somme supérieure à terme.
Les cas de faute et de négligence constituent une exception à ce qui
précède afin de garantir les droits des détenteurs de soukouk.
b. Prêter au détenteur de soukouk lorsque le rendement réel est inférieur
aux prévisions, étant donné qu’une telle transaction constituerait une
combinaison entre un prêt et une vente, ou à un prêt comportant
des intérêts. Néanmoins, il est permis de constituer un fonds de
réserve issu des bénéfices afin de compenser une baisse de rendement
éventuelle.
2. Dans la Charia, il est permis de se prémunir contre les risques liés au cap-
ital dans les soukouk ou autres, par le biais d’une assurance coopérative
ou solidaire conforme aux règles de la Charia.

Troisièmement : Location d’un Actif à son Vendeur


Il est interdit de vendre un actif comptant à condition que ce même actif soit
ensuite loué avec une promesse de vente au vendeur contre un montant total –
comprenant les loyers et la vente – supérieur au prix comptant auquel l’actif a

465
été vendu, que cette condition soit ou non explicite ou implicite. Une transac-
tion de ce type est une forme de vente nommée “’Inah” et est interdite dans la
Charia. De ce fait, il n’est pas permis d’émettre des Soukouk fondés sur cette
configuration.
Quatrième : Location d’un actif non spécifié et décrit précisé-
ment
1. Il est permis de louer des biens non spécifiés, mais décrits précisément, à
condition que les règles de transaction dans la Charia soient respectées.
Par conséquent, il est permis d’émettre des soukouk fondés sur cette
configuration.
2. La problématique de cette forme concerne deux points :

a. Le jugement de la Charia concernant le report du versement du loyer


après la finalisation de la transaction (majlis al-aqd).
b. le jugement de la Charia concernant la négociation des soukouk
fondée sur la location d’actifs non spécifiés et décrits précisément
avant qu’ils soient définis.
Le Conseil de l’Académie recommande que le Secrétariat de l’Académie
constitue une équipe de savants et d’experts chargés d’étudier cette forme
à la lumière des points précédents et de présenter une étude détaillée
avant la prochaine session.

Cinquièmement : négociation de titres financiers (Soukouk, ac-


tions, ou unité d’investissement)
1. Lorsque les actifs sous-jacents au titre financier sont purement de l’argent
ou des dettes, la négociation de ce titre est soumise aux règles de la Charia
concernant les échanges de monnaie et les ventes de dettes.
2. Si les actifs sous-jacents au titre financier sont des actifs tangibles, des
avantages ou des droits, il est permis de négocier le titre au prix convenu.
3. Si les actifs sous-jacents au titre financier sont un mélange d’argent, de
dettes, d’actifs tangibles, d’avantages et de droits, il y aura deux cas :

a. Lorsque les dettes et les sommes sont reliées à un actif à qui elles
peuvent être imputées et que le titre financier est adossé à la propriété
de ce même actif. Dans ce cas, il est permis de négocier le titre
financier, quel que soit le ratio de dettes et d’argent par rapport à

466
l’actif tangible.
b. Le second cas est celui où cette attribution est inexistante ou que le
titre financier n’est pas adossé à l’actif tangible titulaire des dettes et
des sommes. Dans ce cas, la négociation de tels titres sera soumise
aux règles de « prédominance ».
4. Si la société ou le projet auquel le titre est adossé n’a pas encore démarré
ou est en liquidation, la négociation de tels titres sera soumise aux règles
de « prédominance ».
5. Les recherches soumises à l’Académie indiquent que l’affiliation pourrait
être établie par le biais de la propriété de l’employeur, de l’entreprise ou
de l’activité. Il est également apparu que le concept de prédominance
avait une large portée.
Par conséquent, en raison de la nécessité de définir les critères relatifs
à la notion d’affiliation, ainsi que ceux relatifs à la notion de prédomi-
nance et de présenter les cas se rapportant à chacune de ces deux notions,
le Conseil recommande au Secrétariat de l’Académie de convoquer une
équipe de savants et d’experts pour étudier ces critères à la lumière des
points précédents et d’en soumettre une étude détaillée la prochaine ses-
sion de l’Académie.

Sixièmement : Effet des résolutions de l’Académie sur les con-


trats passés
a. Les résolutions issues de l’Académie sont valables à compter de la date
de leur émission sans affecter les contrats qui les précèdent, notamment
les soukouk émis sur la base de l’Ijtihad ou de fatwas admissibles par la
Charia.
b. Il est du devoir des musulmans de suivre autant que possible les directives
de la noble Charia dans toutes leurs affaires et tous leurs actes, car Allah
le Tout-Puissant a dit : « Craignez donc Allah autant que vous le pouvez »
(Al-Taghabun : 16) et Il a également dit : « Allah n’impose à aucune âme
une charge supérieure à sa capacité. » (Al-Baqarah : 286)
Cela fait, les musulmans obtiendront le pardon d’Allah, le Tout-Puissant,
pour ce qu’ils sont incapables d’accomplir. Néanmoins, ils doivent con-
tinuellement travailler pour s’extirper de leur incapacité et ne plus être
soumis aux règles des nécessités impérieuses, afin que puisse se réalis-
er pleinement la sagesse de la Charia et que la société musulmane pu-

467
isse jouir d’une vie saine à l’ombre des enseignements d’Allah, Le
Tout-Puissant.
Allah est plus Savant

468
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 189 (4/20)


La poursuite des Discussions sur les Contrats de Maintenance

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème :
« des Contrats de Maintenance », et après avoir suivi les débats sur ce sujet, et
prenant en compte la résolution de l’Académie n° 103 (6/11) concernant le contrat
de maintenance examiné à la session n° 11,

Décide ce qui suit :


a. La confirmation de ce qui fut mentionné dans la résolution
susmentionnée (N° 103 [6/11]) « un contrat de maintenance est un
contrat en vertu duquel une partie s’engage à effectuer une vérification et
une réparation régulières ou occasionnelles de tout ce dont une machine
ou tout autre objet a besoin pendant une période donnée contre une
rémunération déterminée .» L’engagement du prestataire de maintenance
peut inclure des travaux uniquement ou à la fois des travaux et des
matériaux.
b. Les formes de contrats de maintenance pour lesquelles l’Académie avait
décidé, dans la résolution précédente, de reporter l’émission d’un avis les
concernant pour mieux définir leurs formes et leurs jugements doivent
rester en suspens pour de plus amples recherches et études lors d’une
session prochaine.

Allah est plus Savant


469
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 190 (5/20)


Le Rôle des Conseils de Fiqh dans l’Encadrement
du Développement des Institutions financières
islamiques : Ses Mécanismes et Modes

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème
le Rôle des Conseils de Fiqh dans l’Encadrement du Développement des
Institutions financières islamiques : Ses Mécanismes et Modes, et après avoir
suivi les débats sur ce sujet,
L’Académie souligne que la création d’académies, de conseils de fiqh et
d’institutions financières islamiques constitue l’une des grandes réalisations de
l’époque actuelle. L’Académie salue également le rôle remarquable que jouent
actuellement les conseils de surveillance Chariatique et les institutions financières
islamiques dans la revivification du système financier islamique contemporain
et l’amélioration de sa crédibilité.
L’Académie souligne aussi :
1. Le caractère indispensable de la coopération entre les conseils de surveil-
lance Chariatique d’institutions financières islamiques et les académies du
Fiqh pour la coordination et les échanges de points de vue.
2. Le caractère indispensable de la coordination entre les conseils de surveil-
lance de la Charia dans les institutions financières islamiques.
3. L’Académie doit réaliser des études utiles pour consolider le rôle des in-
stitutions financières islamiques dans l’application de la Charia et trouver
des solutions appropriées aux problèmes et crises rencontrés.
4. L’Académie doit élaborer un code complet au sujet des transactions fi-
nancières islamiques qui constituerait une référence à suivre concernant
ces transactions.
5. L’Académie réitère ce qui est indiqué au point (1) de sa Résolution nº 188
(3/20) selon lequel « les résolutions l’Académie sont valables à compter

470
de la date de leur émission sans affecter les contrats qui les précèdent, y
compris les soukouk émis sur la base de l’Ijtihad ou de fatwa admissibles
par la Charia ».
Ainsi, l’Académie recommande ce qui suit :
1. Poursuivre le dialogue avec les banques centrales et les organes de sur-
veillance dans les pays musulmans afin de permettre aux institutions fi-
nancières islamiques de jouer leur rôle dans la vie économique et le dével-
oppement national en accord avec les règles d’audit et conformément aux
spécificités du domaine de finance islamique.
2. Communiquer les résolutions de l’Académie à toutes les banques et insti-
tutions financières islamiques, aux institutions d’éducation et d’enseigne-
ments et centres de recherche et d’études locaux et internationaux en plus
de leur propagation à travers les médias et les réseaux sociaux.
3. Appeler les institutions financières islamiques à adopter les résolutions
de l’Académie.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 191 (6/20)


Droits des Prisonniers dans la Jurisprudence islamique

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème :
des Droits des Prisonniers dans la Jurisprudence Islamique et après avoir suivi
les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Le Conseil de l’Académie recommande ce qui suit :


1. Le Secrétariat de l’Académie, en collaboration avec des experts des pays
membres de l’OCI, doit élaborer un projet de charte sur « Les droits des
prisonniers ».
2. Dans chaque pays membre, un organe indépendant doit être chargé de
superviser les prisons et de veiller au respect des droits des prisonniers.
Une surveillance étroite des prisons est également requise pour pouvoir
punir toute violation de ces droits.
3. Les pays musulmans devraient construire des prisons conformes à des
normes respectant les droits de l’homme et sa dignité. La conception des
prisons doit comprendre toutes les mesures nécessaires pour la sécurité
des prisonniers et le respect de leurs droits.
4. La restriction de liberté d’une personne ne doit avoir lieu qu’en vertu
d’une décision judiciaire conformément à des garanties juridiques assur-
ant la justice et l’absence d’injustice et de tout caractère arbitraire.
5. Se préoccuper de l’aspect économique de la vie des prisonniers ainsi que
leur instruction et leur formation à des travaux manuels utiles pendant
et après leur période d’emprisonnement tout en leur garantissant une
rémunération équitable pour le travail qu’ils accomplissent.
6. Garantir au prisonnier le droit de rencontrer sa famille et ses amis con-
nus pour leur bonne conduite. Les rencontres entre le prisonnier et son

472
épouse doivent également être autorisées en assurant leur confidentialité.
7. Assurer aux prisonniers les droits que la Charia leur garantit, comme
leur droit à une nourriture adaptée et des vêtements convenables, des
sanitaires propres et leur permettre d’accomplir leur purification rituelle.
8. Les prisonniers doivent avoir la possibilité de pratiquer librement leurs
rites religieux. Le plus grand intérêt doit être accordé à leur instruction en
général et en particulier dans le domaine religieux et la prise de contact
avec des prédicateurs et des conseillers à l’intérieur de la prison doit leur
être facilitée.
9. Les peines de privation ou de restriction de la liberté doivent être limitées
le plus possible en ayant recours à des peines corporelles ou de substitu-
tion à la prison afin d’éviter les conséquences néfastes de la restriction de
la liberté.
10. Limiter la détention préventive et les arrestations et toutes les autres
formes de détention auxquelles les pays ont parfois recours sans décision
judiciaire et émettre des lois suffisantes pour garantir les droits des per-
sonnes recherchées. En outre, une limite maximale de détention préven-
tive doit être fixée.
11. L’adoption de lois dans tous les pays musulmans pour l’indemnisation
des prisonniers innocentés. Ces lois doivent également inclure l’indem-
nisation des prisonniers victimes d’agression et permettre de poursuivre
les auteurs de sévices.
12. Organiser des séminaires pour les prisonniers et les responsables des pris-
ons afin de les informer de leurs droits et devoirs respectifs, ainsi que
des sanctions qui pourraient être infligées en cas de négligence de leurs
responsabilités.
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

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Résolution N° 192 (7/20)


La Peine de Mort dans la Perspective de l’Islam

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème :
La Peine de mort dans la Perspective de l’Islam, et après avoir suivi les débats
qui se sont déroulés à ce sujet,
Après avoir affirmé que l’Islam, en s’appuyant sur ses valeurs éthiques pro-
tectrices des droits de l’homme, a joué un rôle historique effectif et décisif dans
la réduction de la peine de mort, en particulier dans les circonstances brutales
qui régnaient dans de nombreuses communautés. Ce résultat fut la conséquence
de règles et de principes instaurés par l’Islam comme le caractère sacré de la
vie, l’abandon des peines au bénéfice du doute, ainsi que la règle de précaution
concernant la vie humaine.

Décide ce qui suit :


1. La peine capitale est l’un des éléments du système punitif nécessaire à la
protection des intérêts supérieurs des sociétés humaines et est proportion-
née aux crimes commis, conformément aux règles de la Charia. De ce fait,
les ambiguïtés préconisant son abolition définitive ne sont justifiées ni par
la religion ni par la raison.
2. La peine capitale consiste à priver le criminel de son droit à la vie en vertu
d’une peine judiciaire équitable.
3. La peine capitale ne peut être infligée que s’il est établi que le criminel a
commis un crime justifiant cette peine, et ce conformément aux règles
prescrites par la Charia pour établir la culpabilité.
4. La condamnation d’un crime par la peine de mort doit reposer sur un
texte législatif explicite tiré de la Charia.
5. Des garanties doivent être fournies pour empêcher une application abu-
sive ou les erreurs judiciaires concernant cette peine.

474
6. Toutes les mesures préventives pour empêcher les crimes passibles de
peine de mort, de sorte que l’auteur du crime ne dispose d’aucune excuse
dans l’application de la peine qui lui est infligée.
7. Le choix du procédé employé pour l’exécution de la peine capitale est
laissé à la législation des pays musulmans, dans le cadre des règles et des
objectifs généraux de la Charia.
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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 193 (8/20)


Le Génie Génétique et le Génome Humain
dans la Perspective islamique

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème : du
Génie Génétique et du Génome Humain dans une Perspective islamique, et les
recommandations du « 11e Séminaire sur la Médecine et le Fiqh » organisé en
collaboration avec l’Académie internationale de Fiqh islamique et l’Organisation
islamique pour les Sciences Médicales du Koweït , sur « Le Génie Génétique
et la Thérapie Génétique dans une Perspective Islamique », en 1419 H (1988);
Et après avoir suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Le report de la finalisation de cette question à une session ul-


térieure de l’AIFI.
Deuxièmement : le Secrétariat de l’Académie internationale de Fiqh isla-
mique est appelé à organiser un séminaire spécialisé pour étudier à nouveau le
sujet de manière approfondie, et soumettre en conséquence les recommanda-
tions à l’une des prochaines sessions du Conseil de l’Académie internationale
de Fiqh islamique.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 194 (9/20)


La Preuve légale par le biais Présomptions
et d’Indices (nouvelles données)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 20ème session, à Oran (Royaume d’Arabie
saoudite), du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème : La
Preuve légale par le biais Présomptions et d’Indices (nouvelles données)
Et après avoir suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : La définition de la présomption
Un indice est une chose apparente pouvant être utilisée pour connaitre une
chose inconnue.
Deuxièmement : Les types de présomptions
L’indice est un concept vaste qui englobe de nombreuses sortes en fonction de
considérations différentes. Du fait de l’avancée des sciences, de nombreuses
nouvelles formes d’indices sont apparues telles que les empreintes digitales, la
photographie et la vidéo, l’enregistrement vocal, la signature électronique, le
courrier électronique, etc.
Troisièmement : L’utilisation des indices
En principe, une décision de justice ne doit être fondée que sur une preuve éta-
blissant un droit et admise par la Charia, telle que la confession, le témoignage
ou le serment. En l’absence de telles preuves, des indices incontestables, textuels
ou judiciaires, peuvent être utilisés. Cela étant :
1. Il est permis d’utiliser les indices incontestables pour déterminer les droits
financiers et les coupables de différentes infractions, à l’exception des
houdoud et des peines du talion (Qissas).
2. Il est permis d’utiliser les indices pour établir l’existence de contrats, tant

477
que rien n’est venu les annuler.
3. Des indices qui ne sont pas incontestables peuvent également être pris en
considération pour l’attribution de droits ou autre lorsqu’il existe d’autres
éléments sur lesquelles les juges peuvent s’appuyer.
Quatrièmement : l’empreinte génétique (ADN)
D’un point de vue scientifique, l’empreinte génétique (ADN) est un moyen
presque infaillible dans la vérification de la filiation biologique et de l’identité
des personnes, en particulier dans le domaine de la médecine légale. Elle s’élève
donc au niveau des indices forts pris en considération par la majorité des érudits
du Fiqh dans les cas autres que les houdoud. L’empreinte génétique représente
un énorme progrès à notre époque dans le domaine de la qiyafa (désignation de
la parenté sur la base de ressemblances), qui est admis par la majorité des érudits
des différentes écoles du Fiqh en tant que moyen d’établir une filiation contestée,
à condition que l’empreinte génétique soit obtenue de plusieurs laboratoires.
Par conséquent, dans les cas où la qiyafa peut être prise en compte, l’em-
preinte génétique peut être à fortiori prise en considération pour affirmer une
filiation dans les situations suivantes :
1. Les cas de litiges concernant des personnes dont la filiation est inconnue
sous toutes les formes de litiges mentionnées par les érudits du Fiqh.
2. Les cas de confusion entre des nouveau-nés dans les hôpitaux, les centres
de puériculture et autres, ainsi que les cas de confusion entre des bébés
éprouvettes.
3. Les cas de perte ou de confusion d’enfants lors d’accidents ou de catastro-
phes naturelles lorsqu’il est impossible de retrouver leurs familles. Il en
est de même pour les cadavres non identifiables dans les guerres ou autre.

Cinquièmement : l’empreinte génétique ne peut être utilisée pour nier la fi-


liation et ne peut prévaloir sur les imprécations (Li’an).
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

La Production aux États-Unis d’un Film infamant envers le Plus Noble des
Prophète, qu’Allah le couvre de Ses éloges.

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur
notre maître Mohammed, le sceau des prophètes, sur sa famille ainsi que tous
ses compagnons
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique, de l’Organi-
sation de la Coopération islamique, s’étant réuni en sa 20ème session à Oran
(République Algérienne Démocratique et Populaire) du 26 Chawal au 2 Dhoul
Qui’da 1433 H (13-18 septembre 2012), constate avec une vive inquiétude les
tentatives de certaines personnes habitées par la haine de l’Islam aux États-Unis
de porter atteinte au noble rang du Prophète Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬à travers la pro-
duction d’un film.
Cet acte, contraire aux lois divines, aux conventions internationales et aux
valeurs humaines, est une provocation contre l’ensemble de la communauté mu-
sulmane à travers ce qu’ils ont de plus sacré : le Prophète et Messager Mohammed
‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬envoyé en tant que miséricorde pour le monde entier. Un tel comportement
provoque non seulement les musulmans, mais aussi toute âme charitable. Il va
sans dire que de tels actes ne servent absolument pas la cause de la paix ni celle
de la coexistence. Bien au contraire, ils ne peuvent aboutir qu’à de l’extrémisme
et causer des conséquences désastreuses.
Le Conseil de l’Académie internationale de Fiqh islamique, condamnant cet
acte scandaleux, ce comportement odieux et d’autres agissements de la sorte com-
mis par ces personnes malintentionnées, clarifie un certain nombre de points :
Premièrement : la liberté n’est pas une valeur absolue, elle est étroitement
liée à la responsabilité et a pour condition de ne pas porter atteinte aux droits –
moral ou matériel – d’autrui. Alors, que dire lorsque ces outrages sont commis
à l’encontre de symboles sacrés des religions et de leurs adeptes ?! L’Assemblée
Générale des Nations Unies a souligné cette question, à plusieurs occasions, no-
tamment à la 59e session, lors de la réunion plénière qui a eu lieu le 11 novembre
2004 lors de laquelle une résolution fut adoptée pour encourager le dialogue
interreligieux et lutter contre la diffamation des religions. On y affirmait éga-
lement que l’échange de conseils et le dialogue interreligieux constituent deux
dimensions essentielles à la communication pour la communication entre les
civilisations et la culture de la paix.
À la 61e session du Comité des Droits de l’Homme, il a également été ques-
tion des souffrances infligées aux minorités et aux communautés musulmanes

479
dans certains pays non musulmans, de l’image négative véhiculée par les mé-
dias à propos de l’Islam, et de l’adoption et l’application de lois qui visent et
discriminent les musulmans. Le Comité a donc décidé d’adopter les résolutions
relatives à la lutte contre la diffamation des religions. Il a aussi appelé les pays
à prendre des mesures strictes pour interdire la propagation d’idées et de tout
élément appelant au racisme et à la haine envers les étrangers, une quelconque
religion, ou envers ses adeptes et qui constituent une incitation à la discrimina-
tion, à l’hostilité ou à la violence.
Parmi les plus importants points mis en exergue dans cette résolution se
trouve l’affirmation que la diffamation des religions est l’une des principales
causes de discorde sociale et mène vers la violation des droits de l’homme et a
des conséquences néfastes sur la coexistence pacifique et le respect mutuel entre
les adeptes des religions.
Deuxièmement : le Conseil de l’Académie internationale de Fiqh islamique
rejette fermement toute forme de sélectivité dans le traitement des questions
concernant l’Islam et les musulmanes, et appelle les dirigeants des pays dans
lesquels sont commis ces actes honteux à empêcher qu’ils soient perpétrés et
propagés, et à juger leurs auteurs, sans se limiter à de simples réprobations sans
de véritables actions qui mettent fin à ces agissements.
Troisièmement : le Conseil de l’Académie internationale de Fiqh islamique
appelle les dirigeants des États musulmans à prendre fermement position contre
ces pratiques et à mettre en garde les dirigeants des pays où ces actes ont eu lieu
contre leurs conséquences néfastes sur leurs intérêts et sur l’avenir des relations
entre les peuples et les civilisations.
Quatrièmement : le Conseil de l’Académie internationale de Fiqh islamique
appelle les organisations de la société civile occidentale, les personnes nobles
du monde entier, ainsi que toute personne dotée de conscience, à condamner
ce comportement marginal et à se rassembler derrière les valeurs de civilisation
qui préservent les croyances des adeptes des religions et respectent leurs sym-
boles religieux. Le Conseil de l’Académie internationale de Fiqh islamique ap-
pelle également l’ONU à adopter des résolutions contraignantes condamnant
pénalement tout acte incitant à la haine contre l’Islam et ses symboles sacrés.
Cinquièmement : Le conseil de l’Académie internationale de Fiqh islamique
appelle toutes les organisations musulmanes à réfuter ces positions suspectes
et à exprimer leur soutien au noble Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬par des moyens pacifiques et
conformes aux règles de la Charia, sans porter atteinte aux personnes, aux biens,
ou aux missions diplomatiques, par respect pour les engagements et les conven-
tions et en application des enseignements et valeurs de l’Islam.
Sixièmement : le Conseil exhorte les musulmans à s’attacher au suivi de la

480
voie de leur Prophète ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, à suivre son exemple de manière concrète et à œuvrer
dans la transmission de son message qui est une miséricorde pour l’Univers dans
ses différents aspects humanitaires ce qui permettra de le faire connaitre et de
rectifier la fausse image que les ennemis et les détracteurs de l’Islam tentent en
vain de propager partout.
Les musulmans n’ont pas le moindre doute que la religion d’Allah demeurera
préservée, que l’Islam restera toujours victorieux, qu’Allah élèvera Sa Parole, ac-
cordera la victoire à Son Prophète, et que son message sera toujours triomphant,
et qu’Il rejettera toujours ceux qui lui voue de la haine. Allah le Tout-Puissant a
dit : “Nous t’avons effectivement défendu vis-à-vis des railleurs.” (Al-Hijr : 95) et
Il a également dit : “Celui qui te hait sera certes, sans postérité.” (Al-Kawthar : 3).
Et que notre dernière prière soit que toutes les louanges appartiennent à Allah,
le Seigneur des Mondes et que les bénédictions et le salut d’Allah soient sur
notre Prophète Mohammed, sur sa famille ainsi que sur tous ses compagnons.

481
Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

La Ville d’Al-Qouds et la Mosquée Sainte Al-Aqsa

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur
notre maître Mohammed, le sceau des prophètes, sur sa famille ainsi que tous
ses compagnons,
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique, de l’Organi-
sation de la Coopération islamique, s’étant réuni en sa 20ème session à Oran
(République Algérienne Démocratique et Populaire) du 26 Chawal au 2 Dhoul
Qui’da 1433 H (13-18 septembre 2012), suit les tentatives incessantes des auto-
rités d’occupation israéliennes pour judaïser la ville d’Al-Qouds et démolir la
Grande Mosquée Al-Aqsa en saisissant de vastes terrains environnants pour la
construction d’immenses bâtiments séparant le quartier de Selwan au sud, et
l’ancienne ville à l’ouest, et par l’installation récente de tombes factices à plu-
sieurs endroits du côté sud de la Mosquée Al-Aqsa, en plus des fouilles continues
réalisées autour de la Mosquée et en dessous du bâtiment principal, exposant
ainsi la Mosquée à l’effondrement.
Tout en observant ces événements avec la plus grande préoccupation, le
Conseil de l’Académie condamne fermement ces actes criminels ainsi que les
intrusions ininterrompues dans les cours de la Mosquée, que ce soit par des res-
ponsables du gouvernement d’occupation ou par des groupes extrémistes juifs,
afin d’imposer un nouvel état de fait dans la Mosquée. Et un partage de celle-ci
au niveau du temps et de son espace.
Tout en dénonçant ces actes, le Conseil réaffirme lors de sa 20e session, tenue
à Oran (République Algérienne Démocratique et Populaire), que :
La Mosquée Sainte Al-Aqsa, avec toutes ses infrastructures, ses cours et ses
terrasses, est réservée aux musulmans, et personne d’autre n’a le droit de dispo-
ser de n’importe quel endroit de celle-ci.
Le Conseil accuse également les autorités d’occupation israéliennes de viola-
tion du caractère sacré de la Mosquée Sainte Al-Aqsa et appelle les musulmans
du monde entier, à la fois les gouvernements et les peuples, à assumer leurs res-
ponsabilités religieuses vis-à-vis de la ville d’Al-Qouds et de sa Mosquée Sainte.
Ceci dit, que la bénédiction et la paix d’Allah soient sur notre prophète
Mohammed, sur sa famille ainsi que sur tous ses compagnons.

482
Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Les événements en cours en République Arabe Syrienne

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur
notre maître Mohammed, le sceau des prophètes, sur sa famille ainsi que tous
ses compagnons,
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique, de l’Organi-
sation de la Coopération islamique, s’étant réuni en sa 20ème session à Oran
(République Algérienne Démocratique et Populaire) du 26 Chawal au 2 Dhoul
Qui’da 1433 H (13-18 septembre 2012),
Ayant suivi les événements se déroulant en République Arabe Syrienne depuis
plus de 18 mois, et entendu l’appel du peuple syrien qui revendique sa liberté,
sa dignité et fin de toute injustice, qui débuta par des manifestations pacifiques
auxquelles le régime en place riposta par des massacres, et en portant atteinte
aux biens et aux dignités et en détruisant les maisons,
Le Conseil de l’Académie condamne fermement ces actes monstrueux et
annonce ce qui suit :
Premièrement : Le Conseil affirme son soutien aux revendications du peuple
syrien pour obtenir la liberté, la dignité et la fierté.
Deuxièmement : Le Conseil souligne que l’État syrien doit rester uni et dé-
nonce tout appel à la division, au sectarisme ou au séparatisme.
Troisièmement : Le Conseil condamne toutes les formes d’agressions brutales,
les assassinats et les mutilations dont sont victimes les manifestants pacifiques,
ainsi que la dévastation de villes et de villages et de toute chose.
Quatrièmement : Le Conseil demande au régime syrien de cesser immédia-
tement toute hostilité, tout meurtre et toute effusion de sang et tout recours
aux armes.
Cinquièmement : Le Conseil demande la libération des détenus dans les
plus brefs délais.
Sixièmement : Le Conseil appelle le régime syrien à permettre aux organisa-
tions humanitaires de soigner les malades et les blessés et d’acheminer une aide
alimentaire et médicale aux personnes blessées et aux nécessiteux.
Septièmement : Le Conseil exhorte la communauté internationale et tous les
états à se joindre au peuple syrien et le soutenir et protéger ses intérêts.
Huitièmement : Le Conseil lance un appel aux gouvernements et aux peuples
du monde entier pour qu’ils s’empressent d’apporter l’aide humanitaire, et pro-
tection au peuple syrien et de porter secours aux réfugiés, aux sans-abris et aux
blessés.

483
Et notre dernière prière est que toutes les louanges appartiennent à Allah, le
Seigneur des Mondes ; et que les bénédictions et la paix soient sur notre Prophète
Mohammed, sur sa famille ainsi que sur tous ses compagnons.

484
Résolutions et Recommandations de la 21ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Riyad
Royaume d’Arabie Saoudite

15-19 Mouharam 1435


18-22 Novembre 2013
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 195 (1/21)


La Couverture des Risques dans les Transactions financières

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème de
« La Couverture des Risques dans les Transactions Financières »,
Et après avoir écouté les débats et les échanges qui se sont déroulés à ce
sujet,

Décide ce qui suit

Le Report de l’émission d’une résolution sur ce sujet pour plus de recherches et


d’études, celles-ci devant comprendre l’examen des couvertures en place dans
les institutions financières islamiques et les alternatives conformes à la charia
aux couvertures traditionnelles.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 196 (2/21)


La Poursuite de l’Étude sur les Soukouk islamiques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème :
« la poursuite de l’Étude sur les Soukouk islamiques », en particulier les ques-
tions suivantes :
• Le jugement de la Charia concernant le report de la rémunération dans des
transactions Ijara (location) que l’on s’engage à livrer conformément à une
description ;
• Le jugement de la Charia sur la négociation des titres de location (Soukouk
Al-Ijara) spécifiques avant l’identification de l’objet du contrat ;
• Critères pour déterminer la prédominance et l’affiliation et leurs différents
cas.

Et après avoir écouté les débats qui se sont déroulés à ce sujet

Décide ce qui suit


Premièrement : Jugement de la Charia concernant le report du
loyer dans des locations d’actifs déterminés qui ne sont pas
encore réalisés
1. Lors de la location d’usufruit d’actifs déterminés qui ne sont pas encore
réalisés, le loyer peut être payé comptant, par versements ou différé.
2. Dans la location d’actifs déterminés qui ne sont pas encore réalisés, le
loyer n’est exigible que lorsque le locataire aura pleinement accès à l’usu-
fruit. Si le locataire n’a pas accès aux prestations à la date convenue, le
loyer ne sera pas dû.
3. Lors de la location de services (comprenant un travail), la rémunération
peut être versée immédiatement ; par versements ; ou différé.

487
4. Ces résolutions sur le report de loyer ne doivent en aucun cas être uti-
lisées pour pratiquer des actes interdits par la Charia, tels que « la vente
de créance contre une autre créance ». Les bénéfices sur des marchandises
que le bénéficiaire ne garantit pas, ou la vente de marchandise avant de
les posséder.
Deuxièmement : Jugement de la Charia sur la négociation de
titres de location d’actifs déterminés qui ne sont pas encore
réalisés avant l’identification de l’objet du contrat
1. L’Académie réaffirme sa Résolution nº188 (3/20).
2. Il est interdit de négocier les soukouk de propriété d’actifs déterminés
qui ne sont pas encore réalisés avant l’identification de l’actif duquel un
avantage doit être obtenu.
3. Il est interdit de négocier les Soukouk de location de services alloués par
un établissement décrit avant qu’il soit désigné à moins que les conditions
de la Charia concernant les transactions de créances soient respectées.
Une fois que la partie fournissant les services est déterminée, il est permis
de négocier les titres de location.
4. Il n’est pas permis de négocier les Soukouk adossés à des actifs dont la
fabrication a été commandée et qui sont loués sur la base de leur descrip-
tion avant leur réalisation, tant que la réalisation de ces actifs commandés
n’a pas débutée.
Troisièmement : Parmi les cas d’émission de Soukouk
1. L’Académie réaffirme sa Résolution nº 188 (3/20).
2. Si les soukouk représentent les actifs d’un projet ou d’une activité
économique particulière et comprennent des actifs réels, de l’argent, des
dettes et des avantages, ils sont soumis au point (3 - A) du cinquième ar-
ticle de la résolution no. 188 (3/20), conformément aux points suivants :

a. Si les dettes et l’argent sont indépendants des actifs réels, des


avantages, de l’organe administratif et de la principale activité
économique, il est interdit d’émettre et de négocier de tels soukouk
ou unités d’investissement, à moins que les actifs réels et les avantages
soient majoritaires.
b. Si la propriété des titulaires des soukouk ou des unités d’investissement
comprend l’organe administratif et l’activité économique génératrice
d’argent et de dettes et que cet organe constitue une entité au

488
regard de la loi et de la Charia, il devient alors permis d’émettre et
de négocier les soukouk ou les unités, conformément au principe
d’affiliation.
c. L’activité économique mentionnée dans le point précédent est
l’entreprise qui génère des dettes et de l’argent d’une manière
acceptable pour la Charia.
3. L’Académie réaffirme ce qui est indiqué au sixième paragraphe de sa
Résolution nº 188 (3/20) stipulant que “les résolutions de l’Académie
sont valables à compter de la date de leur émission sans affecter les con-
trats qui les précèdent, notamment les soukouk émis sur la base de l’Ijti-
had ou de fatwa admissibles par la Charia.”
4. Concernant les deux principes de taba’iya (d’affiliation) et de ghal-
aba (prédominance), le Conseil est d’avis que les résolutions à ce su-
jet devraient être reportées à une session ultérieure et recommande de
préparer davantage des recherches sur les sujets.
Allah est plus Savant

489
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
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Résolution N° 197 (3/21)


La Responsabilité Pénale des Automobilistes en
cas d’Excès de Vitesse ou de Négligence

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème de :
« La Responsabilité Pénale des Automobilistes en cas d’Excès de Vitesse ou de
Négligence »,
Ayant écouté les débats et délibérations qui se sont déroulés à ce sujet et
avoir ressenti l’importance de la question compte tenu de la forte hausse des
accidents de la route et de leurs effets néfastes sur les individus et la société,

Décide ce qui suit

} : Réaffirmation de la résolution de l’Académie N° 71 (2/8), publiée lors de la 18e


session de l’Académie, tenue à Bandar Seri Begawan (Brunei Darussalam), du 1
au 7 Mouharam, 1414 H (21-27 juin 1993), concernant les accidents de la route.
Deuxièmement : Il est obligatoire de respecter les règles de circulation qui
assurent l’intérêt général.
Troisièmement : Il est interdit à un automobiliste d’agir de manière en-
trainant généralement des préjudices pour sa personne ou pour autrui et il de-
vra indemniser des préjudices entrainés par sa conduite. Nous citons comme
exemples d’infractions :
a. Le non-respect du feu rouge.
b. L’excès de vitesse.
c. Les dérapages contrôlés, et les courses-poursuites illégales.
d. Négliger l’entretien du véhicule, ou sa conduite de manière à porter
préjudice.

Dans le cas de dommages corporels ou de tout autre dommage moins grave,

490
le conducteur est considéré comme responsable pénalement de préjudice vo-
lontaire, involontaire ou accidentel selon les cas et les autorités pourront lui
appliquer la sanction adaptée.
Quatrièmement : L’Académie recommande aux organismes concernés dans
les pays musulmans de sensibiliser les consciences à l’importance du respect des
règles de la circulation et aux conséquences néfastes sur les individus et la société
en général qui découlent du non-respect de ces règles.
Allah est plus Savant

491
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 198 (4/21)


La Transmutation, la Dilution et l’Utilisation d’Additifs
dans les Produits alimentaires et les Médicaments

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Apres avoir examiné les recommandations du séminaire du fiqh de la mé-
decine organisé à Casablanca concernant «Le Point de vue concernant certains
problèmes de santé» du 8 au 11 Safar, 1418 H (14-17 juin 1997), par l’Organisation
Islamique des Sciences Médicales au Koweït (OISM), en coopération avec l’Aca-
démie internationale de Fiqh islamique, et avec la participation de la Fondation
Al Hassan II pour la Recherche Scientifique et Médicale concernant le Ramadan
(FHRSMR), l’Organisation Islamique pour l’Éducation, la Science et la culture
(ISESCO) et le Bureau régional du l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
Et après avoir suivi les débats et les délibérations qui se sont déroulés à ce
sujet, notamment sur « La transmutation, la dilution et l’utilisation d’additifs
dans les produits alimentaires et les médicaments »,

Décide ce qui suit

Premièrement : il incombe à chaque musulman d’observer les prescriptions de


la Charia, en particulier dans le domaine de l’alimentation et des médicaments,
et ce afin que sa nourriture, ses boissons et ses médicaments soient licites. Allah,
de par Sa Miséricorde et afin de faciliter à ses serviteurs le suivi de Ses lois, offre
des permissions en cas de nécessité et de besoin, lesquelles sont incluses dans
des principes définis par la Charia : « la nécessité autorise l’interdit », « Un besoin
public ou individuel est traité comme une nécessité » et « Les choses bénéfiques
sont en principe permises tant qu’une preuve de leur interdiction n’est pas éta-
blie ». De même, « les choses sont en principe pures tant que la preuve de leur
impureté n’est pas établie, » et que l’interdiction de manger ou de boire une
chose ne signifie pas que celle-ci est impure au regard de la Charia.
Deuxièmement : les substances interdites ou impures en elle-même ou lors-

492
qu’elles sont ajoutées aux aliments et aux médicaments deviennent des subs-
tances autorisées par la Charia selon deux méthodes :
a. La Transmutation (Istihalah)
Dans la terminologie du fiqh, le terme (Istihala) transmutation désig-
ne « le changement de la nature d’une matière impure ou interdite à la
consommation et la transformation de sa substance vers une autre mat-
ière différente de la première par son appellation, ses particularités et ses
caractéristiques ». Dans la terminologie scientifique courante, il désigne
toute interaction chimique complète, telle que : la transformation des
huiles et des graisses d’origines différentes en savon, ainsi que la dissoci-
ation de la matière en ses diverses composantes, comme dans le cas de la
décomposition des huiles et des graisses en acides gras et en glycérine.
Les interactions chimiques peuvent se produire par le biais de procédés
scientifiques et techniques et peuvent également avoir lieu – de manière
imperceptible – sous différentes formes évoquées par les savants du Fiqh,
notamment : l’acétification, le tannage et l’incinération. Si l’interac-
tion chimique est partielle, il n’y a pas transmutation (istihala) et, par
conséquent, si la substance en question est impure à l’origine elle le rest-
era et il ne sera pas permis de l’utiliser. Par conséquent :

i. Les composantes d’origine animale interdites ou impures, qui


subissent une transformation vérifiée, comme décrite ci-dessus,
sont considérées comme pures et peuvent être consommées dans
les aliments ou les médicaments.

ii. Les composantes chimiques extraites d’origines impures ou


interdites, telles que le sang répandu et l’eau des égouts, et dans
lesquelles la transmutation décrite précédemment n’a pas lieu, ne
peuvent être utilisées dans les aliments ou les médicaments. Ainsi,
les aliments auxquels du sang a été ajouté, tels que : les saucisses de
sang, le pouding noir, les hamburgers de sang, les aliments pour
bébés contenant du sang, les pâtes à base de sang, la soupe de sang
et autres aliments similaires sont considérés comme impures et
interdits, car ils contiennent du sang répandu qui n’a pas subi de
transformation.

Quant au plasma sanguin, – substitut peu coûteux du blanc d’œuf


–, utilisé dans les tartes, les soupes, les saucisses et les hamburgers,

493
dans différents types de pâtes, telles que les gâteaux, les biscuits, le
pouding, le pain, les produits laitiers, les aliments pour bébés, les
médicaments, et pouvant être ajouté à la farine, il est jugé halal
(licite), car différent du sang dans son appellation, ses particularités
et ses caractéristiques et n’a donc pas le jugement du sang.
b. En ce qui concerne la dilution, l’Académie décide de suspendre sa
décision pour de plus d’amples recherches.
L’Académie recommande ce qui suit :
1. Il est indispensable d’exploiter la peau et les os des animaux abattus de
manière légiférée afin d’en extraire la gélatine utilisée dans les aliments et
les médicaments dans le but de préserver les ressources du pays et d’éviter
les ambiguïtés liées à l’utilisation de produits d’origines interdites par la
Charia.
2. Exhorter les responsables des pays musulmans à veiller au respect des con-
ditions et des critères déterminés par la Charia concernant les matières
premières et les méthodes de fabrication dans les industries pharmaceu-
tiques et alimentaires.
3. Les autorités concernées des pays musulmans doivent imposer aux so-
ciétés productrices et importatrices de produits alimentaires en con-
serves d’indiquer la composition détaillée de chacun de leurs produits de
manière claire et dans la langue nationale.
4. Inviter l’Organisation Islamique des Sciences Médicales OISM (Koweït) à
suivre de près les évolutions du domaine alimentaire et pharmaceutique
et à organiser des séminaires – en coopération avec l’Académie – pour les
étudier et éclaircir la position de la Charia à leur égard.
Allah est plus Savant

494
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 199 (5/21)


La Représentation des Prophètes et des Compagnons
du Prophète dans les Œuvres artistiques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur « La
Représentation des Prophètes et des compagnons du Prophète dans les œuvres
artistiques », et après avoir suivi les débats et les délibérations qui se sont dé-
roulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

L’examen de cette question est reporté à une prochaine session, pour de plus
amples recherches et études.
Allah est le Garant du succès

495
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 200 (6/21)


Les Principes de l’Assurance coopérative à la Lumière
des Jugements et des Règles de la Charia

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Ayant examiné les recommandations du séminaire sur « Les Principes de
l’Assurance Coopérative à la Lumière des Jugements et des Règles de la Charia »,
organisé à Jeddah (Royaume d’Arabie Saoudite) par L’Académie, du 20 au 22
Joumada Al-Akhira, 1434 H (30 avril - 1er mai 2013), organisé en application de
la résolution de l’AIFI n° 187 (2/20), adoptée lors de sa 20e session, tenue à Oran
(République Algérienne Démocratique et Populaire) au cours de la période du
26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da, 1433 H (13-18 septembre 2012),
Après avoir suivi les débats et les délibérations qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

L’assurance coopérative est un nouveau contrat fondé sur le principe de coopé-


ration conforme aux règles de la Charia tirées du Coran et de la Sounna.
L’assurance au regard de sa constitution se divise en deux catégories :
Premier : L’assurance commerciale, qui, par sa forme d’assurance, réaliser des
bénéfices par le biais d’une indemnisation pour couvrir les risques. D’un point
de vue de sa direction de la part d’une société d’assurance, l’objectif de cette
dernière est de réaliser un bénéfice.
Deuxième : Une assurance non commerciale qui ne vise pas à réaliser un pro-
fit, mais à servir les intérêts de ses cotisants par le biais de la coopération de ces
derniers pour supporter et dédommager les préjudices qu’ils subissent.
Le second type d’assurance a plusieurs dénotations, notamment : assurance
coopérative, assurance solidaire, assurance mutuelle et assurance islamique.
Il existe des différences essentielles entre l’assurance coopérative et l’assurance
commerciale, les plus importantes étant les suivantes :
1. L’Assurance Coopérative Islamique est une forme de coopération entre

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les membres d’un groupe ou de plusieurs groupes de la société qui con-
tribuent qui s’associent pour supporter mutuellement à la prise de risque
sans rechercher de profit. Par conséquent, il ne constitue pas un contrat
lucratif et le degré de gharar (incertitude) qu’il implique est tolérable. Par
contre, l’assurance commerciale est un contrat lucratif qui vise à générer
un profit par le biais du transfert des risques de l’assuré vers une société
d’assurance. Par conséquent, l’assurance commerciale est soumise aux
règles régissant les transactions lucratives dans lesquelles l’existence d’in-
certitude (gharar) est préjudiciable.
2. Les parties en relation dans l’assurance coopérative sont : l’ensemble des
cotisants au fonds d’assurance coopérative et la partie gestionnaire, tandis
que dans assurance commerciale, les parties en présence sont la com-
pagnie d’assurance et les porteurs de titres d’assurance.
3. Dans les assurances coopératives, il existe un fonds composé des contribu-
tions des assurés, des bénéfices générés par l’investissement des cotisations
et des fonds de réserve, alors que ce type de fonds n’existe pas dans les
assurances commerciales.
4. En assurance coopérative, la société de gestion assume les tâches de ges-
tion de la couverture et des activités de l’assurance, ainsi que le placement
des fonds d’assurance, alors que dans l’assurance commerciale, la com-
pagnie d’assurance est l’assureur qui détient les primes d’assurance ainsi
que les bénéfices et le surplus qui en découlent.
5. L’assuré et l’assureur en assurance coopérative sont en fait la même per-
sonne avec deux considérations juridiques différentes, alors que dans l’as-
surance commerciale il s’agit de deux personnes différentes, puisque le
cotisant est l’assuré et que l’assureur est la compagnie d’assurance.
6. La direction de l’assurance coopérative, qu’elle soit un organe élu par les
cotisants, une entreprise spécialisée ou un établissement public, est man-
dataire du fonds des cotisants (preneurs d’assurance) et a le droit de rece-
voir une rémunération pour cela. À l’inverse, dans l’assurance commer-
ciale, la compagnie est une partie principale et agit en son propre nom.
7. La société de gestion en assurance coopérative ne détient pas les primes
d’assurance (cotisations), car les primes appartiennent au fonds des
adhérents (les assurés) par contre dans l’assurance commerciale, la so-
ciété détient les primes d’assurance en contrepartie de son engagement à
indemniser en cas de sinistre.
8. En assurance coopérative, le montant restant des primes et des revenus –

497
après déduction des frais et indemnisations – reste la propriété du fonds
et constitue le surplus qui est exploité comme l’indiquent les statuts. Cela
ne peut arriver dans l’assurance commerciale puisque l’entreprise est pro-
priétaire des primes par le contrat et l’encaissement de celles-ci. Dans
l’assurance commerciale, les primes représentent donc un revenu et un
bénéfice.
9. En assurance coopérative, les dividendes de l’investissement des primes
– après déduction des frais du coût de la société de gestion – reviennent
au fonds des assurés tandis que ces revenus appartiennent à la compagnie
d’assurance dans le cas d’une assurance commerciale.
10. Lors de la liquidation des fonds d’assurance coopérative, ses actifs sont
dépensés à des fins charitables, ou répartis entre les cotisants immédiate-
ment (comme indiqué en détail dans l’article 13 ci-après), alors que ces
actifs sont destinés aux actionnaires en assurance commerciale.
11. En matière d’assurance coopérative, la société respecte les règles perti-
nentes de la Charia et des fatwas de ses conseils chariatiques, ce qui n’est
pas le cas des assurances commerciales.
12. Les assurances coopératives et commerciales sont similaires du point de
vue des notions fondamentales de l’assurance, à savoir :
A. La notion de l’intérêt d’assurance : qui est le droit légal des assurances
qui découle d’une relation financière légale entre l’assuré et l’objet de
l’assurance.
B. Le principe de bonne foi : il s’agit du devoir volontaire et obligatoire
de divulguer de manière précise et complète de toutes les dimensions es-
sentielles du risque contre lequel on demande à être assuré, qu’elles soient
demandées ou non.
C. Le principe de causalité proche et directe : qui fait référence à cette
cause effective suffisante pour être à l’origine d’une succession d’événe-
ments donnant causant le résultat sans l’intervention d’un autre facteur
provenant d’une nouvelle source indépendante brisant la série d’incidents.
D. Le principe d’indemnisation.
E. Le principe de Participation.
F. Le principe de Substitution et Droits.

L’assurance coopérative a également ses propres principes distinctifs, parmi


lesquels :

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1. Le respect des règles et principes de la Charia dans toutes les transactions
et tous les contrats.
2. Le refus d’assurer tout ce qui est interdit par la Charia.
3. Éviter toute transaction usuraire impliquant de donner ou de recevoir
Riba.

Ce qui suit est une présentation des bases et principes fondamentaux de l’as-
surance coopérative islamique :
Article (1) : Définition
L’assurance coopérative est le processus par lequel un groupe de personnes
confrontées à un ou plusieurs risques s’associe pour verser un montant spéci-
fique sur la base de l’entraide, à un fonds à but non lucratif destiné à être utilisé
pour dédommager les préjudices subis par l’un d’entre eux lorsque le risque en
question se matérialise, conformément aux contrats signés et aux législations
en vigueur.
Article (2) : Les formes de gestion des assurances coopératives :
L’assurance coopérative est gérée par un organisme agréé indépendant qui fonc-
tionne conformément aux règles de la Charia et qui peut prendre plusieurs
formes dont les plus connues sont :
a. Un corps composé d’assurés choisis.
b. Une société spécialisée dans la gestion d’assurances.
c. Un établissement public créé par un ou plusieurs États et qui leur est
affilié.
Article (3): Relation entre le fonds et la Parti Gérante La rela-
tion entre la caisse d’assurance et l’administration gérante se
déroule comme suit:
a. En cas de la gestion des activités d’assurance leur relation sera un contrat
de procuration moyennant ou non une rémunération.
b. En cas d’investissement, cette relation prendra la forme d’un contrat
de procuration ou d’un contrat Moudaraba. Dans le cas d’un contrat
de procuration, celle-ci peut se faire contre une compensation ou pas.
Dans le cas d’une Moudaraba, l’organe de gestion a droit à une part des
bénéfices convenue préalablement, alors que les pertes sont supportées
par le propriétaire du capital, sauf en cas de négligence ou de faute, ou de
non-respect des conditions ou de la réglementation.

499
Article (4) : Rémunération de la gestion :
La rémunération de la gestion prend l’une des deux formes suivantes :
a. Lorsque la société d’assurance coopérative est gérée selon les règles du
contrat de procuration, il est permis que la rémunération de la partie
dirigeante soit un montant forfaitaire ou un pourcentage donné de
contributions.
b. Lorsque la gestion des actifs de placement du fonds des adhérents est
gérée par contrat de Moudaraba, la partie gérante (Moudarib) a droit
à un pourcentage donné du bénéfice. Par contre, si la gestion de
l’investissement est régie par un contrat de procuration, la rémunération
peut prendre la forme d’un montant forfaitaire ou d’un pourcentage
donné des montants investis.
Article (5) : Propriété des contributions et du rendement de
leur investissement

Les contributions et le rendement net de leur investissement sont considérés


comme des droits de la caisse d’assurance coopérative, et les droits de chaque
assuré sont déterminés en fonction du système d’assurance et des conditions de
droit au dédommagement et au surplus d’assurance.
Article (6) : Référence pour déterminer la Rémunération de la
Partie gérante d’entreprise d’assurance
Les indemnisations et la rémunération des gérants des activités d’assurance sont
déterminées sur la base de critères équitables définis par un organisme indépen-
dant de la partie gérante, tel que l’organisation de surveillance des assurances,
ou par voie de négociation entre la partie gestionnaire et les représentants du
fonds de l’assurance ou tout organisme choisi par les cotisants pour veiller à
leurs intérêts.
Article (7) : Responsabilité du fonds
Le fonds de l’assurance coopérative supporte toutes les pertes financières, qu’elles
soient liées aux investissements ou aux activités d’assurance, sauf si ces pertes
résultent d’une négligence, d’une faute ou d’une violation des conditions ou
réglementations en vigueur de la part de la partie gérante, qui supportera les
pertes dans ce cas.

500
Article (8) : Surplus d’Assurance du fonds
Le surplus d’assurance correspond au solde financier restant des cotisations
perçues, des rendements des investissements et de tout autre revenu, après le
paiement des indemnisations et la déduction des fonds de réserve et des pro-
visions nécessaires, ainsi que le règlement de toutes les dépenses et de tous les
engagements financiers du fonds.
L’intégralité du surplus d’assurance peut être conservée dans le fonds ou ré-
partie, entièrement ou en partie, entre les souscripteurs de manière juste et res-
pectueuse des règles du fonds.
Article (9) : Le déficit dans la Caisse d’Assurance Coopérative et
ses cas :
En cas d’incapacité du fonds à honorer ses engagements, il est permis à la société
gérante d’avoir recours, sans s’y engager, à une ou plusieurs des actions suivantes :
a. Emprunter auprès d’une tierce partie.
b. L’octroi d’un prêt de bienfaisance (qard hassan) de la partie gérante au
fonds.
c. Augmenter le montant des contributions avec l’accord des cotisants.
d. Diminuer le montant des indemnisations ou les payer en plusieurs fois,
avec l’accord des ayants droit.

La société de gestion peut également recourir à tout autre arrangement qu’elle


juge approprié, après autorisation du conseil de surveillance de Charia.
Article (10) : La réassurance
1. Il est permis à la société d’assurance coopérative de conclure des contrats
de réassurance, en s’engageant à ce que ces contrats de réassurance qu’elle
propose ou auxquels elle souscrit soient conformes aux règles de la Charia
et aux principes fondamentaux de l’assurance coopérative en accord avec
le conseil de surveillance de la Charia.
2. Les sociétés d’assurance coopérative s’engagent à conclure tous leurs ar-
rangements de réassurance avec des sociétés de réassurance islamiques.
Lorsque ceci est impossible pour des raisons justifiées elles peuvent con-
clure des contrats de réassurance avec des sociétés de réassurance tradi-
tionnelles dans les limites de ce qui est nécessaire, et conformément aux
normes établies par les conseils de la Charia ou toutes autres normes
qu’ils jugent convenables, parmi lesquelles :

501
a. Réduire le plus possible la proportion de réassurance attribuée à des
sociétés de réassurance traditionnelle.
b. L’organisme de gestion de l’assurance coopérative ne doit pas affecter
les primes de réassurance qu’elle perçoit à un type de placement non
conforme aux règles et aux principes de la Charia. De même, elle ne
doit pas réclamer une part du rendement des investissements de ces
sociétés si elles ne sont pas conformes aux principes de la Charia, et
ne doit pas accepter de supporter une partie des pertes subies par les
investissements de ces sociétés.
c. Les sociétés d’assurances coopératives ne doivent verser aucune sorte
d’intérêt pour les montants de provisions proposées par les sociétés
de réassurance traditionnelles, ni en percevoir pour les montants
de provisions qu’elles proposent. En outre, c’est auprès des sociétés
d’assurance coopérative que ces réserves doivent être contractées et
non auprès des sociétés de réassurance.
d. Réduire le plus possible la durée des accords passés avec les sociétés
de réassurance traditionnelles.
Article (11) : L’engagement au respect des principes de la Charia
L’organisme gérant l’assurance coopérative doit s’engager à respecter les prin-
cipes de la Charia dans toutes les opérations, activités et investissements dans
le secteur des assurances.
Article (12) : Supervision de Chariatique
Une entreprise d’assurance coopérative doit nommer un conseil de surveillance
de Chariatique et un organe d’audit Chariatique comme indiqué dans la réso-
lution n° 177 (3/19) de l’Académie sur “Le Rôle de la Supervision de la Charia
dans le Contrôle des Activités Bancaires Islamiques : Importance, Conditions
et Mode de Fonctionnement).” La nomination et le fonctionnement de ce
conseil doivent être soumis à l’approbation de l’organe central de supervision
Chariatique s’il existe.
Article (13) : Liquidation du fonds
Lorsqu’un fonds d’assurance coopérative est liquidé, ses actifs peuvent être uti-
lisés à des fins caritatives ou répartis entre les cotisants sur des bases équitables,
après qu’il se soit acquitté de ses engagements techniques et juridiques en res-
pectant les réglementations du fonds et sous le contrôle de l’autorité générale

502
chargée de la supervision de la Charia. Dans ce cas, il n’est pas permis qu’une
quelconque part de ces actifs ne revienne à l’organisme gestionnaire du fonds.
Article (14) : Résolution de conflit
Les conflits qui surviennent entre la société d’assurance coopérative et les assurés
doivent être réglés conformément aux lois et règlements en vigueur. En cas de
litige, la conciliation sera privilégiée avant d’avoir recours à l’arbitrage. Si cela
n’est pas possible, alors on fera appel à l’organe judiciaire compétent.
Article (15) : Relation entre les cotisants du fonds d’assurance
coopérative
La relation entre cotisants du fonds est une forme de coopération dans laquelle
un groupe de personnes accepte de verser des montants spécifiques pour indem-
niser les préjudices subis par l’un d’entre eux ou réaliser un intérêt. C’est une
sorte d’entraide basée sur l’indulgence, le soutien et la concession de droit. Il
n’est pas lucratif et n’est pas basé sur l’intransigeance et la recherche du profit.
Par conséquent, la présence de grande incertitude n’est pas préjudiciable dans
ce type d’arrangement et il n’est pas concerné par le riba. Plusieurs références
peuvent être citées, telles que :
Premièrement : L’appel à l’entraide dans le bien et la piété À cet égard, Allah
le Tout-Puissant dit : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres
et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et crai-
gnez Allah, car Allah est, certes, dur en punition ! » (Al-Ma’eda : 2)
Deuxièmement : le hadith concernant la tribu des Acharites.
Abu Moussa al-Achari rapporte , que le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit : « Lorsque les
gens de la tribu des Ash’ari manquaient de nourriture pendant les batailles, ou
que la nourriture de leurs familles à Médine venait à manquer, ils rassemblaient
toute la nourriture qui leur restait dans une feuille, puis la distribuaient entre
eux de manière égale avec un même récipient. Ainsi, ces gens sont des miens,
et je suis des leurs ».
En commentant ce hadith, Al-Nawawi a dit :
« Ce hadith évoque le mérite des membres de la tribu des Acharites de l’altruisme et
du soutien, et le mérite de partager ses provisions de nourriture pendant les voyages,
mais aussi de réunir la nourriture et de la partager lorsqu’on est résident et que
celle-ci manque. Le hadith ne fait pas référence au partage décrit dans les ouvrages
de Fiqh avec toutes ses conditions, et son interdiction lorsqu’elle intervient dans des
domaines concernés par Riba, ou à une exigence, etc., dont il est question dans le
hadith. Pour obtenir des parts égales et leur consolation les uns avec les autres avec
ce qu’ils avaient. » (Explication de Sahih Mouslim par al-Nawawi : 62/16)

503
Troisièmement : Le Principe de Partage ou al-Mounahada. L’imam Al-
Bukhari a présenté le concept de Mounahada dans le titre : “Chapitre du
Partenariat, Section sur le Partenariat dans les aliments, le partage (nahd), et
les marchandises (’ouroud) et comment partager une marchandise mesurée en
poids ou en volume approximatifs ou à la main, lorsque les musulmans ne voient
aucun inconvénient à ce que chacun consomme une partie, et le jugement du
partage approximatif de l’or et de l’argent, ou de manger les dattes deux par
deux quand elles sont mises en commun.” On entend ici la contribution d’un
groupe de voyageurs à tous les frais de déplacement et la répartition de ces dé-
penses entre eux.
Ibn Hajar Al-Asqalani a également indiqué que le terme Nahd ou Mounahada
se réfère à un partage égal des aliments de subsistance pendant les voyages. Il a
ensuite précisé que le partage comprend généralement une multitude de pro-
duits, parmi lesquels des produits alimentaires, notamment des produits sujets
au riba. Pourtant, les restrictions en matière de riba imposées à l’échange de
marchandises comprenant la riba sont omis dans le cas de Nahd, car la preuve
de l’autorisation de Nahd est bien établie. (voir Fat’hul Bari : 5/128)
Article (16): Autonomie de la Caisse
La caisse d’assurance coopérative doit être indépendante et formée par les dons
des participants ou autres. L’indépendance de la caisse peut être assurée en lui
conférant la personnalité morale reconnue par la loi ou en séparant totalement
ses comptes de ceux du gestionnaire. On peut également créer un waqf en argent
à but caritatif en se basant sur la validité de ce type de waqf.
Article (17): Démission d’un participant à la Caisse
La police d’assurance coopérative régit les cas de démission conformément aux
réglementations, conditions et normes approuvées par le Conseil de la Charia,
sans causer de préjudice à d’autres participants.
Article (18): Contribution à la Caisse d’assurance :
1. La contribution peut être déterminée conformément aux principes ac-
tuariels basés sur des techniques statistiques, en tenant compte du fait
que le risque est constant ou variable. Le processus de détermination
impliquerait également l’application du principe de proportionnalité en-
tre la contribution et le risque lui-même et la prise en compte du type
et de la période de contribution, ainsi que du montant de la couverture
d’assurance.
2. Les risques assurés doivent être probables, et non pas simplement liés à

504
l’envie du client, et ne doivent pas concerner un objet interdit.
Article (19): Substitution
La direction de la caisse se substitue au participant qu’elle a dédommagé pour
le préjudice qu’il a subi dans les actions engagées pour la réparation du préju-
dice subi dans toutes les actions en justice et tous les droits et le produit ainsi
perçu est reversé au fonds.
Article (20): La Franchise
Il est permis de stipuler dans la police d’assurance que le client d’assurance doit
supporter un montant forfaitaire ou un pourcentage du montant de l’indemnisa-
tion pour les torts que lui infligent d’autres personnes ou qu’il inflige aux autres.
Article (21): Propriété des contributions
La caisse est autorisée à acquérir les contributions et, dans ce cas, les preneurs
d’assurance ne seront plus propriétaires de leurs contributions dès qu’ils les au-
ront payées. Dans ce cas, chaque preneur d’assurance est réputé avoir cédé son
droit de propriété de sa contribution à la caisse. L’une de ces deux options, de
possession ou de renonciation, du droit de contribution devrait être explicite-
ment mentionnée dans la police d’assurance.

L’Académie recommande aussi ce qui suit :


1. Communication de ces règles, principes et conditions aux parties con-
cernées dans le monde musulman, en particulier à celles qui sont chargées
de l’élaboration des lois et des règlements des sociétés d’assurances
coopératives et également aux autres parties intéressées.
2. Mise en œuvre de ce qui a été régi dans la Résolution nº 177 de
l’Académie (3/19), appelant les pays musulmans à superviser l’activité
des conseils de surveillance de la Charia des institutions financières islam-
iques et des sociétés d’assurances coopératives.
3. Appel à la création d’un conseil international de la Charia sous la super-
vision de l’Académie internationale du Fiqh islamique. Les institutions
suivantes peuvent contribuer à la création du conseil :

• Organisation de Comptabilité et d’Audit pour les institutions


Financières Islamiques (ang. AAOIFI) au Bahreïn.
• La Banque Islamique de Développement à Jeddah (ang. IDBG).
• Conseil des Services Financiers Islamiques en Malaisie (ang. IFSB).

505
• Conseil Général des Banques et Institutions Financières islamiques au
Bahreïn (ang. GCIBFI).
L’émission des normes de la Charia régissant les activités d’assurance
coopérative et de banque islamique fait partie des fonctions de base
du conseil. Il devra faire en sorte que ces normes soient ratifiées par
l’Académie et les faire adopter par les organismes de surveillance et de
réglementation, de manière à ce qu’elles constituent les règles du travail
des institutions financières islamiques.
Les secrétariats du Groupe de la Banque Islamique de Développement
et de l’Académie peuvent se coordonner pour élaborer la proposition
détaillée sur les modalités de travail du conseil d’administration.
4. Le secrétariat général de l’Académie devrait entreprendre plus d’études
sur certaines questions relatives à l’assurance coopérative, notamment :

• Présenter des expériences internationales dans le domaine de


l’assurance coopérative et analyser leur respect des principes adoptés
dans cette résolution.
• Étudier l’idée de rémunérer la direction gérante pour la gestion
des opérations d’assurance au moyen d’un montant ou d’un ratio
spécifique du surplus d’assurance sans affecter aucune partie du
produit de la contribution au paiement des frais de gestion.
• Étudier l’idée de rémunérer la partie qui gère les opérations d’assurance
en combinant un ratio du produit de la contribution et un ratio
du surplus d’assurance, afin de motiver la direction à améliorer ses
performances.
• Étude des différents aspects du waqf liés aux principes de l’assurance
coopérative.
Allah est le Garant du succès

506
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 201 (7/21)


L’Abattage des Animaux après étourdissement par Choc
électrique : À la Lumière des derniers Développements

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Après examen des recherches présentées à l’Académie concernant : « l’Abat-
tage des Animaux après étourdissement par Choc électrique à la lumière des
Derniers Développements »,
Et ayant suivi les débats et les délibérations qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Réaffirmation de ce qui a été déclaré dans la résolution de


l’Académie no° 95 (3/10), concernant « l’Abattage d’animaux ».
Deuxièmement : En ce qui concerne les derniers développements, le conseil
de l’Académie confie à son secrétariat la tâche de former un comité composé
de certains membres et experts de l’Académie, afin d’effectuer des visites de ter-
rain, dans les pays exportateurs de viandes. Parmi les tâches requises du comité
nous comptons :
1. Établir des normes pratiques garantissant un abattage conforme aux rè-
gles de la Charia.
2. S’assurer que dans les usines de production de viande, l’abattage des an-
imaux soit pratiqué de manière conforme aux prescriptions de la Charia
conformément à la décision ci-dessus.
3. Demander à l’Institut de Normalisation et de Métrologie pour les Pays
Musulmans (SMIIC) de s’assurer de la crédibilité des certificats délivrés à
cet égard par les organismes concernés.
Allah est le Garant du succès

507
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 202 (8/21)


Le Dialogue entre les Adeptes des Écoles Musulmanes

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’AIFI sur le thème : « Le
Dialogue entre les Adeptes des Écoles Musulmanes »,
Et après avoir écouté les discussions sur le sujet,

Décide ce qui suit


1. Réaffirmation des résolutions antérieures de l’Académie internationale
du Fiqh islamique, en particulier la résolution no° 98 (1/11) sur « l’unité
islamique », et celle nº 152 (1/17) sur « l’Islam, la Oumma unique, et les
diverses doctrines idéologiques, jurisprudentielles et d’éducation spirit-
uelle » .
2. Le dialogue entre les adeptes des différentes écoles musulmanes consiste
à s’échanger des points de vue sur un sujet donné, en s’éloignant de toute
opiniâtreté, et ce afin de parvenir à des notions communes, convergentes
ou du moins qui se tolèrent les unes les autres.
3. Le dialogue est une nécessité sociale permettant une vie stable et saine,
et ce besoin se fait plus pressant encore entre coreligionnaires, dans un
monde où foisonnent toutes sortes de regroupements et d’alliances.
4. Le dialogue nécessite des valeurs morales par lesquelles il faut se distingu-
er, notamment : faire preuve de sincérité, respecter l’opposant, se débar-
rasser de son opiniâtreté, s’écarter du désir de notoriété et de supérior-
ité, opter pour les meilleures méthodes de persuasion, et débattre avec
bienveillance.
5. Le dialogue a certains principes qui régissent son processus et assurent
son succès :

a. S’accorder sur une méthode de raisonnement de référence – c’est-

508
à-dire les références et la méthodologie y afférente adoptées par les
savants de la Oumma – et souligner l’observance de ses règles.
b. Identifier les points d’accord et de désaccord, et se servir des
convergences comme base pour analyser les divergences. Ceci afin
de maintenir une bonne coexistence, dans le respect de l’opinion de
chacun, et dans la mesure où cette opinion n’est pas en opposition
avec le Coran, la Sounna, et le consensus des savants de la Oumma.
c. Le dialogue est limité aux questions incertaines ouvertes à l’Ijtihad
(jugement interprétatif ). Quant aux questions fondées sur des
jugements catégoriques, le dialogue n’a pas lieu d’être, sauf s’il vise à
recommander et expliquer leurs applications.
6. Adoption du plan préparé par le secrétariat de l’Académie internationale
du Fiqh islamique, en application du programme décennal concernant
ce sujet, qui fut déclaré suite à la conférence du 3e Sommet Islamique
Extraordinaire, tenue à Makkah, à l’aimable invitation du Gardien des
Deux Saintes Mosquées, le 5-6 Dhoul Qui’da, 1426 H correspondent au
7-8 décembre 2005. Ce plan, qui fut soumis à l’OCI, fut approuvé par
les savants des différentes écoles, à l’invitation du Secrétaire Général de
l’Organisation de la Coopération islamique, le 28 juillet 2008. Et outre,
ce plan doit être distribué aux parties concernées qui y sont indiquées.
L’Académie recommande ce qui suit :
1. Souligner le fait que les adeptes de toute doctrine islamique ont pour ob-
ligation de respecter les Mères des croyants (les épouses du Prophète, que
la paix et la bénédiction soient sur lui), les Compagnons et la Famille du
Prophète, et de s’abstenir de leur faire tort ou les rabaisser par des injures
ou des paroles diffamatoires.
2. Interdiction de déclarer mécréant un groupe de musulmans tant qu’ils
croient en Allah et en Son messager Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬aux piliers de l’Islam,
aux piliers de la Foi (la croyance), et ne nie pas les principes fondamen-
taux de la religion que nul n’est sensé ignoré.
3. Le sang du musulman est sacré, quelle que soit sa doctrine, et tout com-
bat entre musulmans est strictement interdit.
4. Interdire toute tâche missionnaire organisée par les adeptes de certaines
sectes adressées aux adeptes d’autres doctrines, et ce afin d’éviter la sédi-
tion, la désunion, la rancœur et la haine.
5. Diffusion des recommandations précédentes parmi les pays membres de

509
l’Organisation de la Coopération islamique afin de les incorporer dans
les programmes d’enseignement, les diffuser par le biais des médias, et les
adopter dans les différentes décisions politiques.
6. Organisation des séminaires et des forums pour approfondir le dialogue
entre les adeptes des écoles et sectes musulmanes, en éliminer les obsta-
cles qui entravent ce dialogue, réaffirmer les principes fondamentaux et
les valeurs communes et promouvoir une culture de tolérance, de juste
milieu, et de modération.
Allah est le Garant du succès

510
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 203 (9/21)


L’Hérédité, le Génie génétique et le Génome humain

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Après examen des recommandations du séminaire médico-jurisprudentiel, or-
ganisé par l’Académie internationale du Fiqh islamique en coopération avec l’Or-
ganisation Islamique des Sciences Médicales (Kuwait), au sujet de : “ L’Hérédité,
le Génie génétique et le Génome humain ” qui a eu lieu à Jeddah (Royaume
d’Arabie Saoudite) du 13 au 15 Rabi al-Akhir 1434 H (23-25 février 2013), et ce
en application de la résolution de l’Académie no. 193 (8/20), publiée lors de 20e
session tenue à Oran (République Algérienne Démocratique et Populaire) du
26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H (13-18 Septembre 2012).
Et après avoir écouté les discussions et délibérations sur le sujet,

Décide ce qui suit


Premièrement : le génome humain
La lecture du génome humain – qui signifie dessiner la carte génétique complète
d’un être humain – constitue une partie de la découverte de l’être humain de lui-
même, et de son exploration des lois divines qui régissent les créatures d’Allah
dans le monde, conformément à Sa parole : « Nous leur montrerons Nos signes
dans l’univers et en eux-mêmes, » (Foussilat : 53) ainsi que d’autres versets similaires.
En considérant que la lecture du génome humain est un moyen d’identi-
fication de certaines maladies héréditaires ou de la probabilité de leur appari-
tion, elle constitue un complément précieux aux efforts des sciences sanitaires
et médicales dans la prévention et le traitement des maladies et elle fait donc
partie des actes obligatoires pour une partie de la communauté (Fard Kifaya) ;
en tenant compte des règles suivantes :
1. Il est permis d’utiliser le génome humain ou une partie de celui-ci à des
fins utiles, dans la mesure où il vise à réaliser des intérêts conformes à
ceux de la Charia, telle que la prévention et le traitement des maladies.

511
2. Il n’est pas permis d’utiliser le génome de manière néfaste ou allant à
l’encontre de la Charia.
3. Interdiction de mener de quelconques recherches, thérapies ou diagnos-
tics, sur le génome d’une personne, sans avoir au préalable évalué les ris-
ques et avantages potentiels des travaux à mener et veiller à l’application
des règles de la Charia en rapport avec ce sujet.
4. L’obligation d’obtenir une autorisation valide et reconnue par la Charia,
afin d’analyser la carte génétique d’une personne, et ce par la personne
elle-même ou par son tuteur légal, tout en veillant à son intérêt.
5. Toute personne bénéficie du droit de décider s’il souhaite ou non être
informé des résultats ou des conséquences de tout examen génétique le
concernant.
6. Les résultats d’analyses génétiques, qu’ils soient conservés ou utilisés à des
fins de recherche ou à toute autre fin, doivent être traités en toute confi-
dentialité. Le dévoilement de ces informations n’est permis que dans les
cas mentionnés dans la résolution de l’Académie no. 79 (10/8), à propos
du : « secret médical », et la résolution no. 142 (8/15) concernant « La
responsabilité civile du médecin ».
De plus, en cas de maladie grave, le médecin est enjoint d’obtenir l’autor-
isation du patient pour informer sa famille. Si le patient refuse de donner
son accord, le médecin doit tout de même tenter de le convaincre afin de
protéger la vie des autres membres de la famille.
7. Insister sur les principes de la Charia – concernant le génome humain –
énoncés dans la recommandation du “Séminaire sur l’hérédité, le génie
génétique, le génome humain et le traitement génétique” organise par
l’OISM en coopération avec l’Académie internationale du Fiqh islamique
en 1419 H.
8. Nul ne doit faire l’objet de discrimination en raison de ses caractéristiques
génétiques, si le but est la violation de ses droits, de ses libertés fonda-
mentales ou l’atteinte à sa dignité.
9. Il est interdit de mener des recherches cliniques sur le génome humain
ou ainsi que toute activité à ce sujet, en particulier dans les domaines de
la biologie, de la génétique et de la médecine, qui contredisent les règles
de la Charia, ou ne respectent pas les droits de l’homme reconnus par la
Charia.

512
Le traitement génétique des cellules humaines (thérapie génique ou génothérapie)
Il s’agit de transférer une partie de l’ADN (ou d’un gène d’ajustement) pour le
remplacement d’un gène infecté et ainsi restaurer une fonction génétique anté-
rieure dans la cellule. La génothérapie se divise en deux types, et ce en fonction
de la cellule traitée :
— Premier type : traitement génétique des cellules somatiques
Ce type de traitement inclut toutes les cellules du corps, et son jugement diffère
selon l’objectif recherche. Si la guérison est le but réel du traitement génétique,
celui-ci est autorisé avec les conditions suivantes :
1. Le traitement ne doit pas causer un mal plus grand que le mal déjà
existant.
2. Le traitement n’est autorisé que s’il permet, de manière probable, une
guérison ou une atténuation de la douleur.
3. Aucune alternative ne doit exister.
4. Respecter les conditions de la transplantation d’organes, concernant
le donateur et le receveur, reconnues par la Charia comme l’a indiqué
l’Académie dans sa Résolution nº 57 (8/6). En outre, le traitement géné-
tique doit être effectué par des spécialistes du domaine, connus pour leur
expertise, et leur loyauté.

Quant au fait d’avoir recours au traitement génétique afin d’acquérir certaines


caractéristiques comme l’apparence, cela n’est pas permis. En plus d’impliquer
l’altération de la création d’Allah – qui est un acte interdit par la Charia –, c’est
aussi un affront et un mépris de la dignité humaine, outre le fait qu’il n’y ait
pas de nécessite ou besoin reconnu par la Charia.
— Deuxième type : Traitement génétique des cellules génitales (germinales)
Cela concerne le traitement génétique des cellules sexuelles (reproductrices). Il
est permis de procéder à un examen génétique de ces cellules afin de déterminer
si elles souffrent ou non d’une maladie génétique.
Toutefois, le traitement génétique des cellules génitales dans sa forme actuelle,
qui ne respecte pas les règles de la Charia, en particulier en ce qui concerne le
mélange des lignées, est interdit compte tenu du danger et des dommages que
cela entraîne.

513
Deuxièmement : Le Génie Génétique
1. Il est interdit d’utiliser le génie génétique dans le but de modifier la con-
figuration génétique au moyen de ce que l’on appelle « l’amélioration de
la descendance humaine ». Toute tentative d’altération génétique sur la
personnalité de l’humain ou d’ingérence dans sa capacité à être responsa-
ble de sa propre personne est interdite par la Charia.
2. L’utilisation du génie génétique dans les domaines de la botanique et de
la zoologie est en principe permise, sous certaines restrictions :

a. Une telle utilisation ne doit pas causer de préjudice à court ou long


terme.
b. Elle doit avoir un motif fondé et permis, sans abus ni gaspillage.
c. Cette entreprise doit être menée par des gens expérimentés et de
confiance.
3. Le génie génétique ne doit pas être utilisé à des fins nuisibles.
Troisièmement : Le Conseil Génétique
Le conseil génétique vise à fournir aux demandeurs les connaissances exactes,
en plus des prévisions et des statistiques réalisées à cet effet. La prise de décision
se fera entre les personnes concernées et le médecin traitant, sans qu’aucune
pression ne soit exercée sur eux pour influer sur leur décision. Ce processus im-
plique un certain nombre d’actions dont :
a. Mettre en place des services du conseil génétique pour les familles ou les
futurs mariés, en mettant à leur disposition des spécialistes compétents,
et utiliser tous les moyens disponibles pour sensibiliser et instruire les
masses et que le bénéfice soit général.
b. Effectuer le conseil génétique conformément à la clause relative à «
Dépistage Génétique Préventif » dans la présente résolution, à condition
que ses résultats n’entraînent aucune action obligatoire.
c. Les résultants du conseil génétique doivent être totalement confidentiels.
d. Propager les connaissances concernant le conseil génétique au niveau des
instituts médicaux et sanitaires, des écoles, des médias et des lieux de
culte, et ce par des personnes hautement qualifiées dans le domaine.
e. Les familles qui voient se développer une maladie génétique chez certains
de leurs proches, doivent consulter les médecins pour connaître le degré
de transmission de cette maladie.

514
Jugements de la Charia sur le Traitement Génétique :
Les jugements du traitement génétique diffèrent comme suit :

A. Jugement de la Charia sur le dépistage génétique préventif :

Ce type de dépistage est autorisé, à condition que les moyens utilisés soient au-
torisés et ne comportent pas de dangers. Par ailleurs, l’autorité nationale com-
pétente a le droit d’imposer un tel dispositif, pour préserver l’intérêt public, et
ce lorsqu’une maladie épidémique se propage dans un pays, ou lorsque l’état se
trouve exposé à des matières radioactives ou toxiques pouvant affecter les gènes.
Toutefois, les résultats de l’enquête doivent rester confidentiels afin de préser-
ver l’honneur et la vie privée de la personne, conformément aux prescriptions
divines, afin que les objectifs et les principes de la Charia soient réalisés.

B. Le jugement de la Charia sur le test génétique avant le mariage :

Il est permis de procéder à un examen génétique avant le mariage, tant que les
moyens utilisés sont autorisés et sans danger, dans la mesure où ce processus
réalise les objectifs de la Charia et protège la famille des maladies génétiques.
L’autorité compétente peut également l’imposer afin de réaliser un intérêt pu-
blic reconnu par la Charia.

C. Jugement de la Charia sur le diagnostic génétique avant l’injection du


spermatozoïde (fécondation in vitro) :

Il est permis de poser un diagnostic génétique avant l’injection du sperma-


tozoïde, après la fécondation in vitro (bébés éprouvettes), à condition que les
mesures de précaution soient prises pour éviter le mélange des échantillons et
pour les protéger.

D. Jugement de la Charia sur l’examen génétique pendant la grossesse :

Cette méthode peut recourir à des moyens médicaux différents et peut être ré-
alisée à différents stades de la grossesse : au début, au milieu ou à la fin. S’il est
prouvé qu’il existe une maladie génétique, il est permis de faire avorter la femme,
comme indiqué dans la Résolution no. 56 (6/7) de l’Académie internationale
du Fiqh islamique sur l’avortement.

515
E. Jugement de la Charia sur l’examen génétique après l’accouchement
Un examen génétique doit être effectué pour les nouveau-nés afin de donner
une chance d’intervention précoce lorsqu’il existe des cas curables.

L’Académie recommande ce qui suit :


1. Sensibiliser au sujet des maladies génétiques et diminuer leur propagation.
2. Encourager les tests génétiques avant le mariage par le biais de campagnes
de sensibilisation par les médias, l’organisation de séminaires dans les
lieux de culte.
3. Appeler les autorités sanitaires nationales à augmenter le nombre d’unités
génétiques humaines afin de faciliter l’accès aux services de consultants
en conseil génétique et d’élargir la portée des services de santé dans le
domaine de la génétique diagnostique et thérapeutique afin d’améliorer
la santé génétique.
4. Demander à l’Organisation Islamique pour les Sciences Médicales et à
d’autres institutions spécialisées de suivre les nouveaux développements
dans le domaine du génie génétique.
5. Appeler les pays musulmans à accorder une plus grande attention à tous
les domaines du génie génétique reconnus par la Charia. Cela nécessite-
rait l’exécution de plusieurs tâches, notamment :

• La création de centres de recherche spécialisés travaillant dans ce


domaine avec le maximum de synergie possible et une conformité
totale aux règles et aux principes de la Charia.
• La mise à disposition de ressources humaines hautement qualifiées
pour travailler dans ces centres.
• Inclure la génétique dans les programmes d’enseignement à différents
niveaux.
• Travailler à vulgariser les travaux de recherche en génétique, en vue de
les diffuser au grand public par le biais des médias.
6. Les pays musulmans sont priés de fournir un service gratuit de ce type
aux populations nécessiteuses qui ne peuvent se permettre de payer le
prix élevé.
7. Les entreprises qui produisent des produits d’origine animale ou végétale
doivent indiquer clairement si certains de leurs produits sont fabriqués
ou non au moyen de techniques de génie génétique afin que les consom-

516
mateurs puissent en être informés.
8. Demander aux pays musulmans d’édicter les règles et règlements néces-
saires pour protéger leur population d’être prise comme des cobayes.
9. Renforcer le rôle des agences de protection des consommateurs et sensi-
biliser à leur sujet dans les pays musulmans.
Allah est plus Savant

517
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 204 (10/21)


Les Combats entre Musulmans au nom du Djihad

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 21ème session, à Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite), du 15 au 19 Mouharam H (18-22 Novembre 2013) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème des
Combats entre Musulmans au nom du Djihad,
Et après avoir suivi les débats et les délibérations qui se sont déroulés à ce
sujet,

Décide ce qui suit

Le report de la résolution sur cette question pour de plus amples recherches.


Allah est plus Savant

518
Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Les Événements en cours dans le Monde Arabe et dans certains Pays


musulmans

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur
notre maître Mohammed, le sceau des prophètes, sur sa famille ainsi que tous
ses compagnons,
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique, de l’Organisation
de la Coopération islamique, réuni à sa 21e session, tenue à Riyad (Royaume
d’Arabie saoudite) du 15 au 19 Mouharam, (18-22 décembre 2013),
En sa qualité d’institution de référence pour la Oumma dans le domaine
du Fiqh,
Et ayant pleine conscience de sa responsabilité et de son devoir envers la
Oumma concernant les défis et dangers auxquels elle est confrontée, et en par-
ticulier ce qui a lieu dans le monde arabe et certains pays musulmans
Et suivant et observant de près les combats, les conflits et les troubles régnant
dans plusieurs pays du monde musulman, ce chaos qui est sur le point d’em-
porter la Oumma, menaçant à la fois : son entité, son unité, sa sécurité, son
économie, ainsi que ses fondements, faisant souffrir les peuples sous le poids
de l’injustice, la faim, la terreur, la division, la faiblesse du pouvoir, et qui ont
interrompu le cours normal de la vie et déstabilisé la sécurité et l’ordre,
Et partant du devoir de l’Académie envers l’ensemble de la Oumma,
Et compte tenu des résolutions de l’Académie lors de ses précédentes sessions,
notamment ce qui fut décidé lors de sa 20e session, tenue à Oran (République
Algérienne Démocratique et Populaire) du 26 Chawal au 2 Dhoul Qui’da 1433 H
(13-18 septembre 2012), au sujet de la Syrie ;
Le Conseil de l’Académie adresse cet appel aux *enfants de la Oumma, ses
dirigeants, ses savants et ses gouverneurs, et en particulier les pays et les com-
munautés qui endurent ces troubles et ces conflits :
Premièrement : Réaffirmer le caractère sacré de la vie humaine, et du musul-
man, et interdire toute atteinte portée à la vie d’autrui, en application de la pa-
role d’Allah Le Très Haut qui dit : « …que quiconque tuerait une personne non
coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait
tué tous les hommes » (Al-Ma’ida: 32), et celle du Prophète : « Le musulman est
sacré pour le musulman, aussi bien son sang, que ses biens, et son honneur… »
(rapporté par Al-Bukhari et Mouslim).
Deuxièmement : Mettre l’accent sur l’unité et l’intégrité territoriale de la
Oumma islamique et en aucune façon n’assister ou participer aux opérations

519
visant l’effritement de l’unité de la Communauté, et souligner également l’im-
portance de l’unité nationale, qui est le principal moyen garantissant la force et
la cohésion du pays et qui le protège des conflits internes.
Troisièmement : La nécessité de sensibiliser l’ensemble des classes sociales
des sociétés arabes et islamiques, pour ne pas laisser d’occasion aux ennemis de
la Oumma et à ceux qui sont à l’affut de celle-ci et déjouer ainsi leurs plans qui
visent à la détruire et à la détourner des questions majeures qui la concernent,
en l’occupant par des conflits intérieurs.
Quatrièmement : Souligner l’importance du dialogue, comme cela fut men-
tionné dans la résolution de l’Académie n°152 (1/17) en tant que moyen de ré-
soudre les conflits et désaccords politiques et dans les relations entre les gouver-
nements, leurs peuples et les différents partis politiques. Et en aucun cas n’avoir
recours à la force, à la violence, ou aux armes, entre les enfants de la même
Nation et du même Pays, et s’éloigner du fanatisme, et des idéologies sectaires
et partisanes intolérantes,
Cinquièmement : Affirmer le droit des peuples à la justice, l’équité, la consul-
tation, l’entraide et garantir une vie décente pour toutes les classes sociales, afin
de réaliser les objectifs suprêmes de la Oumma.
Sixièmement : L’obligation de soutenir les peuples opprimés qui subissent dif-
férents types d’injustice, de crimes, de violences et d’insécurité, car les croyants
sont frères, comme le dit Allah glorifie soit-Il : « Les croyants sont des frères »
(Al-Hujurat : 10)
Septièmement : Insister sur le droit des peuples à la liberté et à réprouver le
mal et enjoindre au bien de manière pacifique et conforme aux prescriptions
de la Charia.
En outre, l’Académie exhorte les enfants de la Oumma, qu’ils soient diri-
geants, simples citoyens, pouvoirs politiques, savants ou intellectuels à s’unir
pour faire face aux dangers qui les entourent et afin que leurs pays puissent à
nouveau accomplir leur rôle envers la Oumma.
En tant qu’organisation internationale issue de l’Organisation de la
Coopération islamique, l’Académie appelle les dirigeants des États à s’entraider
et concentrer leurs efforts pour colmater les brèches, mettre fin à l’injustice et
répandre la paix dans ces sociétés qui ont perdu la paix et la sécurité.
Nous prions Allah Le Très Haut de protéger notre Oumma contre tous les
maux et de la guider. Il est Celui Qui accorde la réussite.

520
Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Les Agressions Israéliennes contre la Ville d’Al-Qouds et la Mosquée Al-


Aqsa

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur
notre maître Mohammed, le sceau des prophètes, sur sa famille ainsi que tous
ses compagnons
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique, de l’Organisation
de la Coopération islamique, réuni à sa 21e session, tenue à Riyad (Royaume
d’Arabie saoudite) du 15 au 19 Mouharam, 1435 H au (18-22 novembre 2013) ;
En sa qualité d’institution de référence pour la Oumma dans le domaine du
Fiqh, et pleinement consciente de ses responsabilités, et de son devoir envers
la Oumma concernant les défis et les dangers auxquels elle est confrontée, et
particulièrement les hostilités israéliennes que subit la ville d’Al-Qouds et sa
Mosquée bénite d’Al-Aqsa,
L’Académie réaffirme les points suivants :
• La Mosquée Sainte Al-Aqsa est un joyau qui orne Al-Qouds et la Palestine,
un lieu chéri par les cœurs des musulmans, la première des deux Qibla, et
l’une des trois Mosquées vers lesquelles les musulmans voyagent et le lieu du
« voyage nocturne » (al-Isra) de notre Prophète Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et de
son « ascension » (al-Mi’raj) dans les cieux. Cet événement fut mentionné
dans le Noble Coran, dans La Parole du Très Haut : « Gloire à (Dieu) qui a
fait voyager de nuit son serviteur, de la Mosquée sacrée à la Mosquée al-Aqsa,
dont nous avons béni les alentours, afin de lui montrer quelques-uns de nos
Signes, Il est certes Celui qui entend et voit (toutes choses). » (Al-Isra’a : 1) Ce
verset montre clairement le lien éternel qui existe entre la Grande Mosquée
de Makkah et la Mosquée Al-Aqsa, ce qui pousse les musulmans à se soucier
de leur Mosquée Sainte et à y être attachés.
• Cette mosquée bénie et sa ville sacrée subissent quotidiennement les assauts
criminels de l’occupation israélienne. Celle-ci s’efforce de judaïser la ville
sainte et d’étendre pleinement son contrôle sur la mosquée Al-Aqsa par
ses pratiques agressives, qui consistent dans la colonisation et la saisie des
terres, la démolition des logements des habitants d’Al-Qouds, les travaux
de fouille qui ont atteint les fondations de la Mosquée l’exposant à l’effon-
drement, les abus concernant les monuments islamiques, la construction
de temples juifs dans la ville sainte. De ces temples et d’autres endroits, les
colons juifs partent envahir la Mosquée Al-Aqsa et agressent les citoyens

521
palestiniens. Loin de s’arrêter là, les colonisateurs ont poursuivi leurs agres-
sions contre la Mosquée Al-Aqsa en préparant des plans pour un partage de
celle-ci au niveau du temps et de son espace entre les musulmans et les juifs.
À cet effet, un comité annexe au Parlement israélien émit des déclarations
officielles et un projet de loi comme un acte préparatoire à l’établissement
de leur prétendu « temple ».
• Conscient des graves dangers qui entourent la ville d’Al-Qouds, sa Mosquée
Al-Aqsa et de nombreux autres lieux sacrés, le Conseil de l’Académie in-
ternationale de Fiqh islamique appelle la Oumma -États, Gouvernements
et Peuples- à faire face à ces dangers et à y mettre fin par des actions poli-
tiques et juridiques dans toutes les assemblées régionales ou internationales.
L’Académie appelle aussi à soutenir moralement et matériellement le peuple
d’Al-Qouds afin de renforcer leur résistance et leur lutte. Cette aide doit
couvrir les divers domaines de la vie comme la santé, l’éducation, mais aus-
si le domaine social et économique et en particulier répondre au problème
du logement. Il faut aussi enjoindre les pays arabes à honorer, dans les plus
brefs délais, leurs promesses d’aides financières qui ont été approuvées lors
des sommets Arabes afin de diminuer les souffrances du peuple d’Al-Qouds.
• Le Conseil de l’Académie rend hommage aux résistants de ville al-Qouds,
pour tous leurs efforts pour rebuter et faire échouer les agressions qui
touchent à la sacralité de la Mosquée. Le Conseil remercie également les
efforts des pays membres de l’Organisation de la Coopération islamique, la
Ligue des Etats Arabes, ainsi que le Comité d’Al-Qouds pour préserver les
lieux sacrés de la ville sainte.

Nous remercions également le Royaume d’Arabie Saoudite pour ses efforts et


son soutien concret pour la cause palestinienne en général et pour la ville d’Al-
Qouds et la Mosquée Sainte Al-Aqsa en particulier. Le Conseil se félicite de la
position du Royaume qui s’est manifestée par son refus de siéger au Conseil
de sécurité internationale, afin de montrer avant tout son indignation face à
l’indifférence de la communauté internationale à l’égard de la juste cause des
Palestiniens, de la ville Al-Qouds et de sa Mosquée Sainte. Cette position prise
par le Royaume constitue une étape essentielle pour la réforme du Conseil de
sécurité international.
Par ailleurs, le conseil de l’Académie remercie le roi, le gouvernement et le
peuple du Royaume hachémite de Jordanie pour leur supervision, leur parrai-
nage et leur soutien offerts aux sanctuaires islamiques d’Al-Qouds.
Enfin, le Conseil remercie toutes les institutions, organisations, comités, so-
ciétés et autres organismes qui œuvrent au soutien de la ville d’Al-Qouds et de

522
la résistance de son peuple pour mettre fin à la colonisation de cette terre sacrée.
« Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent Sa religion. Allah est assurément
Fort et Puissant. » (Al-Hadj 22:40)

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Résolutions et Recommandations de la 22ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Koweït City
État du Koweït

2-5 Joumada Al-Akhira 1436


22-25 Mars 2015
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 205 (1/22)


Concernant La Choura (consultation) et la
Démocratie dans la Perspective Islamique

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème de
La Choura (consultation) et la Démocratie dans la Perspective Islamique,
Et après avoir suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : la Choura est une des règles fondamentales de la vie isla-


mique et un des fondements du système de gouvernance en Islam ordonnée par
la Charia, comme l’a dit Allah le Très Haut : « …Et ceux qui se consultent entre
eux à propos de leurs affaires » (Al-Choura : 38), et dans Sa parole adressée à son
Messager infaillible et assisté par la révélation ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬: « Et consulte-les à propos des
affaires; puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en
vérité, ceux qui Lui font confiance. » (Aal-Imran : 159)
Le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a exécuté cet ordre divin de la meilleure façon. À cet égard,
son compagnon Abou Houraïrah a dit : « Je n’ai jamais vu un homme consulter
autant ses compagnons si ce n’est le Messager d’Allah ‫ » ملسو هيلع هللا ىلص‬.
Deuxièmement : Il n’y a pas d’interdiction, du point de vue de la Charia, à
tirer profit des mécanismes démocratiques pour la réalisation d’intérêts indivi-
duels ou publics après avoir dissocié ces mécanismes des principes philosophiques
sur lesquels ils reposent dans les sociétés non musulmanes et qui affirment la
souveraineté du peuple sans se restreindre aux lois de la Charia.
Rien n’empêche donc de tirer profit de ces mécanismes tant que les règles et
les principes de la Charia sont respectés, ainsi que les particularités de chaque
pays musulman, conformément au principe de « susciter des intérêts », qui est
considéré comme une des bases pour établir les jugements légaux dans la juris-
prudence islamique.

526
Ainsi, l’Académie recommande ce qui suit :

Premièrement : accorder de l’importance à la diffusion de la culture de la


Choura dans l’Islam d’un point de vue théorique et pratique par le biais des
conférences, des séminaires, des programmes scolaires, des médias et des moyens
de communication contemporains.
Deuxièmement : les universitaires et chercheurs concernés sont appelés à
effectuer davantage de recherches sur de nouvelles formules et applications,
inspirées du principe de la Choura islamique, tout en veillant à respecter les
préceptes de la Charia.
Allah est plus Savant

527
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 206 (2/22)


Les Questions posées par l’Institut de Normalisation
et de Métrologie des Pays musulmans (SMIIC)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les questions posées par l’Institut de normalisation de
Métrologie des Pays Musulmans et les réponses du séminaire organisé à cet effet
par le Secrétariat de l’Académie internationale de Fiqh islamique,
Et après avoir débattu sur le sujet,

Conclut ce qui suit :

Compte tenu de la multiplicité des avis jurisprudentiels, et du grand nombre de


questions relatives à ce sujet, et en outre des observations faites par les membres
du Conseil, l’Académie internationale de Fiqh islamique décide de renvoyer ce
sujet au Secrétariat de l’Académie internationale de Fiqh islamique, afin qu’il
puisse préparer des réponses, à la lumière des études faites, pour les soumettre
à nouveau à l’Académie.
Allah est plus Savant

528
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 207 (3/22)


Le Djihad de Propagation et le Djihad de Défense

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème : Le
Djihad de Propagation et le Djihad de Défense,
Et après avoir suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
Gardant à l’esprit les principes du djihad et sa mission, et que la relation entre
la Oumma islamique et les autres nations est en principe la paix et que la cause
du combat en Islam relève de l’agression plutôt que de la différence de religion,
Et tenant compte des changements qui ont eu lieu dans le domaine de la
prédication et de l’évolution des moyens de communication entre les sociétés
humaines des différents pays du monde,

Décide ce qui suit :

Premièrement : le djihad, au sens général, désigne tout effort légitime pour éle-
ver la parole d’Allah Le Tout-Puissant, transmettre le message de l’Islam par les
moyens matériels et moraux et propager la justice, la sécurité et la miséricorde
dans les sociétés humaines.
Deuxièmement : le djihad est de deux types :
1. Djihad offensif (jihad al-talab) : qui vise à protéger la liberté d’appeler à
l’Islam en supprimant tout obstacle empêchant cette prédication d’une
part, et d’autre part à défendre les opprimés et les plus faibles sur terre,
conformément aux règles et conditions fixées par les Fouqaha (juristes
musulmans), garantissant ainsi les intérêts et repoussant les méfaits.
Allah le Tout-Puissant a dit : « Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait
plus polythéisme et que la religion soit entièrement à Allah seul. » (Al-
Baqarah : 193). Il a également dit : « Et qu’avez-vous à ne pas combattre
dans le sentier d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes et
enfants qui disent : Seigneur! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens

529
sont injustes, » (Al-Nisa’a : 75).
Le but ultime du « djihad offensif » est la transmission du message de l’Islam,
sans pour autant forcer les gens à se convertir, suivant la Parole du Très Haut :
« Il n’y a aucune contrainte en religion » (Al-Baqarah :256); « …Le devoir du
Messager est uniquement de prêcher le message clair » (Al-Nour : 54); et « …(Ô
Mohammed) ton devoir n’est que de transmettre (le message) » (Al-Choura : 48).
Dans ce type de djihad et dans les circonstances actuelles, les prédicateurs se
doivent de tirer avantage des conventions et des traités internationaux, qui ont
fait du monde une terre d’armistice (dar ’ahd), où les pays offrent la liberté de
se déplacer et de prêcher. Les prédicateurs doivent aussi tirer profit des divers
moyens modernes et notamment des nouveaux moyens de communication,
transmettre le message de l’Islam dans différentes langues et dans différentes
sociétés.
À cette occasion, le Conseil réaffirme les principes fondamentaux de la Charia,
à propos desquels il a déjà émis des résolutions et des recommandations, no-
tamment : la préparation des équipements nécessaires et le renforcement des
armées du monde musulman, en leur fournissant l’équipement nécessaire, et
en œuvrant à l’acquisition des sources qu’il est obligatoire de chercher à obtenir
pour pouvoir protéger la Oumma.
2. Djihad défensif (djihad al daf ’) : Il désigne le devoir de défense imposé
par la Charia lorsque la Oumma, la société, la religion, le pays, ou les individus
sont attaqués. Ce type de djihad cesse lorsque l’attaque prend fin, et que
l’ennemi quitte le territoire des musulmans. À cet égard, Allah, le Tout-Puissant
dit : « Combattez dans la cause d’Allah ceux qui vous combattent, mais ne
transgressez pas les limites, car Allah n’aime pas les transgresseurs » (Al-Baqarah :
190).
L’Académie recommande ce qui suit :

1. Mettre en œuvre la proposition de créer une Cour de Justice Islamique


pour résoudre les conflits entre les pays musulmans et les sociétés musul-
manes et qui serait composée par les différents pays musulmans.
2. Réaffirmer l’application de la résolution de l’Académie no. 68 (6/7) de
la 7e session, comprenant l’élaboration du projet de « Déclaration des
Droits Internationaux en Islam », ainsi que la résolution no. 124 (2/14),
comprenant la préparation d’un « Code Islamique dans le Droit Humain
international ».
3. Charger un comité de savants et de spécialistes d’élaborer des programmes
scolaires qui visent à exposer les vérités sur l’Islam dans le domaine des
relations internationales en temps de paix et de guerre. Ce projet devra

530
tenir compte de l’actualité et s’attacher aux principes et fondements de
l’Islam.
Allah est plus Savant

531
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 208 (4/22)


L’Anathème à l’encontre d’un Musulman : Causes, Effets et Remède

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème de :
“ L’anathème à l’encontre d’un Musulman : causes, effets et remède ”,
Après avoir suivi les débats qui se sont déroulés à ce sujet,
vu l’aggravation du phénomène de la précipitation à jeter l’anathème sur les
musulmans de l’empressement à prononcer des jugements d’apostasie à l’en-
contre des individus, des sociétés, des états et des gouvernements, sans aucune
considération pour les principes de la Charia, ses objectifs et ses règles,
En raison des conséquences découlant de cette précipitation, comme les
meurtres, la destruction et la déportation,
et Après avoir exposé les dispositions de la Charia pour protéger l’entité
de la Oumma et les sociétés musulmanes et les individus contre les dangers de
l’anathème,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Réaffirmation de la résolution de l’Académie n° 152 (1/17)


concernant “l’Islam, la Oumma unie et indivise et les diverses doctrines idéo-
logiques, jurisprudentielles et d’éducation spirituelle”, et qui comporte l’inter-
diction de juger mécréant un quelconque groupe, qui croit en Allah Le Tout-
Puissant, en Son Messager ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬aux piliers de la Foi (croyance) et aux piliers de
l’Islam; et ne renie aucun principe de la religion que nul ne saurait ignorer.
Deuxièmement : Confirmation de la Résolution nº 175 (1/19) sur « La Liberté
Religieuse dans la Charia : Dimensions et Principes », où il fut déclaré que
l’anathème (takfir) est du ressort des savants reconnus et qu’ils ont la tâche de
veiller au respect des conditions afférentes mentionnées par les Fouqaha et à
l’absence de tout doute.
La même résolution met en garde contre les dangers qui découlent du Takfir

532
(anathème) de groupes de musulmans et de les assigner à ce jugement, d’au-
tant plus s’il s’agit des compagnons du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et des mères des croyants
(qu’Allah les agrée tous), ainsi que le fait de les dénigrer et d’amoindrir leur
haute place et leur valeur.

L’Académie recommande ce qui suit :


1. Le Secrétariat de l’Académie doit poursuivre l’application des précédentes
recommandations du Conseil, concernant l’organisation de séminaires et
de rencontres afin de traiter les sujets suivants :
a. La question de “el-wala’a et el-bara” (l’alliance et le désaveu).
b. Le hadith d’Al-Firqa Al-Nâjiya « Le groupe sauvé », et les conclusions
fondées sur ce hadith.
c. L’anathème pour cause de non-application totale des préceptes de la
Charia.
L’Académie recommande également :

1. Aux jeunes de la Oumma de se méfier et les met en garde contre les


prétentions des adaptes d’idéologies déviantes et des extrémistes, et les
encourage à rechercher le savoir authentique et utile, conformément
aux enseignements justes et modérés., en suivant l’exemple des pieux
prédécesseurs de la Oumma que sont les Compagnons leurs successeurs
(tabi’in) et ceux qui les suivirent dans le bien.
2. Aux savants et prédicateurs de la Oumma de communiquer avec les je-
unes, de s’acquitter de leurs devoirs d’appeler à l’Islam, d’ordonner le bien
et d’interdire le mal conformément aux enseignements justes et modérés.
3. Aux États et gouvernements des pays musulmans de fournir les moyens
nécessaires et à éliminer les obstacles à la communication entre les savants,
les intellectuels, les dirigeants, d’une part, et les jeunes de la Oumma,
d’autre part.
4. Tirer profit du succès de certains pays dans leurs expériences de dialogue
avec les adeptes d’idéologies déviantes, tels que la campagne de conseil
“Mounasaha” (Conseil) (mounassaha) pratiquée par Le Royaume d’Arabie
Saoudite.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 209 (5/22)


Les Droits et Devoirs des Citoyens non-musulmans
dans les Pays musulmans et l’Etendue de l’Application
des Dispositions de la Charia les concernant

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème :
Les Droits et Devoirs des Citoyens non-musulmans dans les Pays musulmans
et l’Etendue de l’Application des Dispositions de la Charia les concernant,

Décide ce qui suit :

Premièrement : La Charia garantit aux non-musulmans résidents dans les


pays musulmans les droits d’ordre général ou privé qu’elle garantit aux musul-
mans. Ils ont droits à ce à quoi les musulmans ont droit et il leur incombe ce
qui incombe à ces derniers. Ils sont ainsi égaux en droits et en devoirs.
Deuxièmement : Les non-musulmans ont le droit de se référer à leurs propres
lois concernant leurs cultes et leurs droits privés. De plus, il leur est permis de
désigner l’un d’entre eux pour être juge et arbitrer entre eux, et les jugements
de ce dernier seront exécutés par l’État. Par contre, pour toutes les autres situa-
tions, ils sont soumis aux lois en vigueur de l’État.
Troisièmement : À l’instar des citoyens locaux, les non-musulmans résidents
dans les pays musulmans doivent respecter les règles du système général et les
mœurs du pays et ne doivent pas aller à l’encontre de cela. Ils doivent loyauté
au pays dans lequel ils résident et auquel ils sont affiliés.
Quatrièmement : Afin de propager la culture islamique, et pour montrer la
tolérance de l’Islam, les différents médias doivent se préoccuper d’exposer les
droits que garantit la Charia aux non-musulmans résidents dans les pays musul-
mans. En outre, ceci doit être également mis en évidence dans les programmes
scolaires.
Cinquièmement : Afin de maintenir la sécurité des pays, les différents médias

534
se doivent d’éviter tout discours incitant à la division ou aux querelles sectaires,
entre les différents groupes de la société.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 210 (6/22)


Transmutation et Dilution des Additifs dans les
Produits Alimentaires et les Médicaments

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir chargé le séminaire tenu par le Secrétariat de l’Académie de
l’étude des questions concernant : Transmutation et Dilution des Additifs dans
les Produits Alimentaires et les Médicaments,

Décide ce qui suit :

Premièrement : En ce qui concerne la définition de la transmutation, le Conseil


réaffirme l’adoption de la définition énoncée dans sa Résolution nº 198 (4/21)
en y ajoutant un complément pour qu’il soit formulé comme suit :
Dans la terminologie du fiqh, le terme (Istihala) transmutation désigne le
changement de la nature d’une matière impure ou interdite à la consommation et
la transmutation de sa substance vers une autre matière différente de la première
par son appellation, ses particularités et ses caractéristiques. Dans la terminolo-
gie scientifique courante, il désigne toute interaction chimique complète, telle
que : la transformation des huiles et des graisses d’origines différentes en savon.
Les interactions chimiques peuvent se produire volontairement par le biais de
procédés scientifiques et techniques et peuvent également avoir lieu – de manière
imprévisible – sous différentes formes évoquées par les Fouqaha, notamment :
l’acétification, le tannage et la combustion. Si l’interaction chimique n’est que
partielle, il n’y a pas transmutation (istihala) et, par conséquent, si la substance en
question est impure à l’origine elle le restera et il ne sera pas permis de l’utiliser.
En ce qui concerne la dilution (Istihlak), c’est « l’immersion d’une substance
dans une autre de telle sorte que les caractéristiques et les attributs de la subs-
tance immergée disparaissent complètement et qu’elle ne soit plus identifiable
de quelque manière que ce soit ».

536
Dans tous les points susmentionnés, il convient de respecter les règles et
normes convenues entre spécialistes dans ce domaine.
Deuxièmement : En ce qui concerne le plasma sanguin – qui fut mentionné
dans la résolution mentionnée précédemment – le Conseil estime que le sujet
doit être réexaminé en raison de la disponibilité de nouvelles informations. Le
secrétariat de l’Académie se chargera de constituer un comité à cet effet.
Troisièmement : Compte tenu de la résolution susmentionnée de l’Acadé-
mie concernant la dilution: l’Académie décide de reporter ce sujet pour de plus
amples recherches.
Quatrièmement : En ce qui concerne l’alcool, la gélatine et leur transmutation:
Les participants ont approuvé ce qui fut déclaré dans la fatwa et la recom-
mandation émises par l’Organisation Islamique des Sciences Médicales (IOMS),
lors du séminaire sur «les Substances Interdites et Impures dans les Aliments et
les Médicaments», tenu au Koweït (l’État du Koweït), du 22 au 24 Dhoul al-Hi-
djah 1415 H, (22-24 mai 1995), au siège de l’Organisation Islamique des Sciences
Médicales (IOMS). Le texte de la fatwa et de la recommandation étant le suivant :

Les Principes généraux :

Premièrement : Il est obligatoire pour tout musulman de respecter les règles


de la Charia et tout particulièrement dans le domaine de l’alimentation et des
médicaments, afin d’assurer la pureté de sa nourriture, de ses boissons et de
son remède. De plus, la Miséricorde d’Allah pour Ses serviteurs et la facilité
de suivre Ses lois se manifeste notamment dans la prise en considération des
cas de nécessité impérieuse et de besoin, principes compris dans les principes
établis par la Charia, tels que : “ Les nécessités impérieuses autorisent ce qui est
interdit ”, “ Le besoin est considéré comme nécessité impérieuse lorsqu’il est in-
contournable ”, “ toute chose est en principe licite tant aucune preuve tangible
ne l’interdit ”, de même, que “toute chose est en principe pure tant qu’aucune
preuve tangible n’indique son impureté”. “L’interdiction de manger ou boire
une chose n’implique pas que cette chose soit impure”.
Deuxièmement : La Charia ne considère pas l’alcool comme une substance
impure, conformément au principe mentionné précédemment selon lequel les
substances sont en principe pures. Ce jugement est valable qu’il s’agisse d’alcool
pur ou ajouté à de l’eau.
Par conséquent, il n’y a pas de mal, selon la Charia, à utiliser l’alcool à des
fins médicales, comme pour désinfecter la peau (plaies) ou les instruments ou
pour tuer les bactéries.
L’utilisation de parfums (eau de Cologne) dans lesquels l’alcool est utilisé

537
pour distiller les matières odorantes volatiles ou de crèmes contenant de l’alcool
ne présente aucun inconvénient. Néanmoins, cette autorisation n’inclut pas les
boissons alcoolisées, car toute utilisation de celles-ci est interdite.
Troisièmement : Malgré que l’alcool est une substance enivrante et que sa
consommation est interdite, et jusqu’à ce que les musulmans réalisent leur am-
bition de fabriquer des médicaments sans alcool, en particulier pour les enfants
et les femmes pendant la grossesse, rien n’interdit dans la Charia l’utilisation de
médicaments contenant une quantité infime d’alcool à des fins de conservation
ou de distillation d’éléments qui ne peuvent se dissoudre dans l’eau.
Cependant, l’alcool ne doit pas être utilisé dans ces médicaments comme
sédatif et l’on ne doit y avoir recours qu’en l’absence de tout autre substitut thé-
rapeutique. Le séminaire recommande à cet égard que les autorités sanitaires
concernées déterminent ces taux d’alcool à utiliser en fonction des normes scien-
tifiques et des réglementations concernant les médicaments.
Quatrièmement : Il est interdit de consommer des denrées alimentaires
contenant une quantité de boissons alcoolisées même si la quantité est faible,
notamment les denrées alimentaires largement utilisées dans les pays occiden-
taux comme certains types de chocolats et de produits surgelés (glaces et crèmes
glacées) et certaines boissons gazeuses en raison du principe issu de la Charia
selon lequel les produits enivrants sont interdits qu’ils soient consommés en
petite ou grande quantité, outre le fait qu’il n’y ait pas de motif légiféré qui jus-
tifie leur utilisation.
Cinquièmement : Les produits alimentaires dans lesquels une faible quan-
tité d’alcool est utilisée pour distiller des éléments qui ne peuvent se dissoudre
dans l’eau, tels que les colorants, les conservateurs et autres sont permis à la
consommation, car ils sont devenus très fréquents et que la plus grande partie
de ces alcools s’évaporent et se dissipent lors de la fabrication de ces aliments
selon les réglementations et indications des autorités sanitaires et alimentaires.
Néanmoins, les fabricants doivent chercher à utiliser des substituts sans alcool.
Sixièmement : Les denrées alimentaires comprenant de la graisse de porc,
comme certains types de fromage, d’huile, de graisse, de ghee et de beurre ainsi
que certains types de biscuits, de chocolats et de crèmes glacées, sont strictement
interdites, en raison de l’avis unanime des érudits de la Charia concernant l’im-
pureté du porc et l’interdiction de le consommer et parce qu’il n’existe aucun
motif impérieux justifiant la consommation de ces produits.
Septièmement : La gélatine. Le Conseil de l’Académie a décidé de deman-
der à son Secrétariat de reporter l’étude de la question pour un surcroît de re-
cherches et d’études.

538
Hormones et Enzymes
• L’hormone est une substance chimique que les glandes endocrines sécrètent
dans le sang et régule de nombreux processus métaboliques et structurels vi-
taux. Les effets de l’hormone s’appliquent à tout le corps.
• L’enzyme est une molécule de protéine sécrétée par les cellules du corps.
Elle a un effet local qui accélère l’interaction chimique dans les organismes
sans être consommée.
• L’héparine extraite de porc ne doit être utilisée qu’en cas de nécessité im-
périeuse lorsqu’elle est modifiée pour obtenir une héparine de bas poids
moléculaire, car cette opération ne constitue pas un processus de trans-
mutation chimique pouvant servir de base à un jugement indépendant.
Cependant, il n’y a pas de mal à utiliser l’héparine préparée par génie géné-
tique sans aucun composant de porc.
• L’utilisation d’insuline extraite de porc est interdite, sauf en cas de néces-
sité impérieuse, car il existe des substituts licites. L’utilisation d’insuline
humaine et de ses analogues préparés par génie génétique est quant à elle
autorisée.
• Valves cardiaques : les valves de substitution peuvent être de substances
métalliques ou organiques (humaine ou animale) et leur utilisation est per-
mise. Quant aux valves issues du porc il est interdit de les utiliser sauf en
cas de nécessité impérieuse.
Le conseil a donc décidé ce qui suit :
Fromage fabriqué à partir de la présure :
1. La présure de porc est interdite et considérée comme impure.
2. Si la présure est extraite d’un animal comestible qui a été égorgé con-
formément aux principes de la Charia, elle est considérée comme pure
et halal.
3. Si la présure est extraite d’une bête morte ou qui n’a pas été abattue con-
formément aux principes de la Charia, la plupart des participants sont
d’avis qu’elle est impure et non halal.
4. Il est permis d’utiliser de la présure préparée par génie génétique à partir
du gène qui l’a produite.

539
Eaux usées traitées
Il s’agit d’eau que les gens ont utilisée pour leurs besoins quotidiens dans le
domaine domestique, celui des services ou de l’industrie et qui est porteuse de
différentes sortes de déchets humains et industriels.
L’utilisation des eaux usées traitées
Le Conseil a décidé qu’il est permis d’utiliser les eaux usées traitées à des fins
telles que le lavage des sols et des vêtements. Elles peuvent également être uti-
lisées pour l’irrigation de cultures agricoles non comestibles tant que cela n’est
pas nocif. Dans le cas contraire, elles ne doivent pas être utilisées pour éviter
ses conséquences néfastes.
Il est permis de les utiliser dans la nourriture ou pour boire si elles ne sont
pas nocives. Il n’est permis de les utiliser dans les adorations qu’après s’être as-
suré de leur pureté.

L’Académie recommande ce qui suit :


1. Agir pour le traitement des eaux usées, même si elles ne sont pas réuti-
lisées, est un devoir dicté par la Charia, et ce afin d’éviter tout danger
pour l’être humain et l’environnement qui pourrait découler de leur
accumulation. Ceci est une obligation indépendamment des avantages
économiques générés par ce recyclage et même si les eaux usées traitées
sont simplement évacuées dans les mers et les rivières, car la règle dit que :
“l’élimination du mal doit précéder la recherche de l’intérêt.”
2. Sensibiliser à l’utilisation raisonnable de l’eau dans les différents domaines
comme les utilisations domestiques, le domaine des services ou de l’agri-
culture, car la Charia pleine de sagesse encourage à cela.
3. La poursuite des recherches scientifiques sur les méthodes de traitement
des eaux usées les plus appropriées, les plus économiques et les moins
consommatrices d’énergie, afin d’éviter toute conséquence néfaste.
4. La poursuite des recherches et des expériences scientifiques garantissant
que les eaux usées traitées soient propres à être utilisées dans les différents
domaines licites.
5. Le contrôle strict des installations et des personnes en charge du traite-
ment des eaux usées.
6. La surveillance continue du caractère inoffensif des cultures et des ali-
ments irrigués par les eaux usées traitées.
7. Informer les consommateurs sur les produits qui dépendent de l’irriga-

540
tion en eaux usées, afin qu’ils puissent acheter en connaissance de cause.
8. Utiliser les déchets des eaux usées pour la production d’énergie et afin
d’atténuer la pollution de l’environnement.

Les fourrages : L’utilisation des fourrages contenant des com-


posants interdits et leurs effets :

Le Conseil de l’Académie a décidé d’interdire les fourrages contenant des dé-


chets d’animaux morts, de sang, de porc, d’hormones et d’antibiotiques, car ces
substances causent des dommages graves sur la santé.
Le Conseil recommande également aux pays musulmans de procéder aux in-
vestigations nécessaires lors de l’importation de fourrages de pays étrangers pour
s’assurer qu’ils ne contiennent pas les substances interdites mentionnées ci-dessus.
Allah est plus Savant

541
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 211 (7/22)


La Femme et les Fonctions d’Autorité Générale

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur La Femme
et les Fonctions d’Autorité Générale,
Et après avoir écouté les débats qui ont eu lieu sur ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : le Conseil souligne que l’Islam a garanti à la femme l’ensemble


de ses pleins droits et lui a accordé la place qui lui convient en prenant compte
de sa place dans la société, sa nature et son rôle en tant que mère, fille, épouse,
et responsable.
Deuxièmement : le Conseil partage l’avis de la majorité des Fouqaha musul-
mans sur le fait que la femme ne peut assumer le poste de chef d’État.
Troisièmement : Le fait que des femmes occupent des postes d’autorité gé-
nérale dans le domaine judiciaire, les ministères et autres, est une question
controversée parmi les savants des différentes écoles de Fiqh et qui est consi-
dérée comme un khilaf mou’tabar (divergence acceptable). Par conséquent, les
Fouqaha de chaque pays peuvent choisir l’avis qu’ils jugent le plus juste parmi
les avis des Fouqaha.
Quatrièmement : Dans le cas où une femme assumerait la direction des
postes susmentionnés, cette dernière devra respecter les règles et la conduite
définies par la Charia, notamment en ce qui concerne la tenue vestimentaire et
autres. Sa fonction de direction ou autre ne devra en aucun cas entraver à son
rôle principal d’éducation envers sa famille.
Allah est plus Savant

542
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 212 (8/22)


La Garantie de la Banque des Risques issus de la Mauvaise Gestion
des Fonds des Clients et l’Indemnisation des Préjudices Résultants

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème:
“La Garantie de la Banque des risques issus de la mauvaise gestion des fonds des
clients et l’indemnisation des préjudices résultants”, et après avoir écouté les
débats qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : La garantie bancaire signifie que la banque assume la respon-


sabilité des conséquences des pertes, totales ou partielles, sur les fonds des dé-
posants et des propriétaires de comptes d’investissement.
Deuxièmement : la nature de la responsabilité de la banque sur les fonds dé-
posés auprès d’elle. La nature de cette responsabilité est de deux sortes :
1. La qualité de garant : Elle concerne tout détenteur d’actif pour en être
propriétaire ou pour en disposer dans son propre intérêt. C’est le cas de
l’acheteur, de celui qui perçoit un prix d’achat, du créancier hypothécaire,
de l’extorqueur, du propriétaire et de l’emprunteur.
C’est ce statut qui concerne les comptes bancaires de dépôts à vue
(comptes courants). À cet égard, le Conseil réaffirme ce qui a été dit à
propos des dépôts dans sa Résolution nº 86 (3/9), qui stipule – dans la
première clause – que les dépôts à vue (comptes courants) auprès de ban-
ques, qu’elles soient islamiques ou non, sont considérés comme des prêts
du point de vue du Fiqh, car la banque qui perçoit ces dépôts les garantit
et a l’obligation dans la charia de les restituer lorsqu’on lui réclame.
2. La qualité de dépositaire : Elle concerne tout détenteur d’actif pour le
compte de leur propriétaire, et non pas pour en acquérir la propriété, et

543
ce avec l’autorisation leur propriétaire. Cela concerne le dépositaire, l’em-
prunteur, le locataire, l’associé, le moudarib (le gestionnaire du capital), le
superviseur du waqf, l’exécuteur testamentaire et autres.
C’est ce statut qui s’applique aux comptes d’investissement dans les ban-
ques islamiques. À cet égard, le Conseil réaffirme ce qui est indiqué à la
deuxième clause alinéa (b) de sa résolution mentionnée ci-dessus : “Les
dépôts confiés aux banques appliquant effectivement les prescriptions
de la Charia en échange d’un certificat d’investissement au prorata du
bénéfice à réaliser et qui constituent un capital de ‘Moudaraba’ régi par
les dispositions afférentes à la ‘Moudaraba’ dans le droit islamique, no-
tamment l’interdiction faite au gestionnaire du capital (Moudarib) – en
l’occurrence la banque – de garantir le capital objet de l’opération de
spéculation.”

Troisièmement : Lorsque la banque occupe le rôle de moudarib, il ne lui est


pas permis de garantir la perte totale ou partielle des comptes d’investissement,
sauf en cas de faute, de négligence ou non-respect des conditions du contrat,
comme l’indiquent les règles générales de la Charia. Parmi les cas de faute, nous
comptons les suivantes :
1. Le non-respect par la banque des réglementations de la Charia mention-
nées dans les contrats et les accords afférents à l’ouverture des différents
types de comptes d’investissement.
2. La violation des réglementations, lois ou pratiques bancaires et commer-
ciales émanant des organes de contrôle responsables de l’organisation des
activités bancaires, à moins que ces réglementations, lois et pratiques ne
soient en contradiction avec les règles et principes de la Charia.
3. L’absence d’études de faisabilité adéquates pour les opérateurs.
4. Le choix de modes et de mécanismes opérationnels inappropriés aux
transactions.
5. Le non-respect des directives et des réglementations internes de la banque.
6. Ne pas prendre les garanties suffisantes conformément aux pratiques cou-
rantes dans le domaine.

Quatrièmement : il est interdit de stipuler la condition que la banque en sa


qualité de moudarib garantisse les pertes, car une telle condition est en contra-
diction avec la nature du contrat de moudaraba. Par conséquent, le Conseil ré-
affirme ce qui a été dit dans ses résolutions n° 86 et n° 30 (5/4) sur les Soukouk

544
al-Mouqarada, qui indique “qu’Il n’est pas permis que l’annonce d’émission ou
que les titres de Mouqarada soient assortis d’une garantie du capital par le gé-
rant, ou d’une garantie d’un bénéfice d’un montant forfaitaire ou équivalent à
un pourcentage du capital. Si une telle clause est explicitement ou implicitement
mentionnée, la condition de garantie s’annule et le gestionnaire du capital et du
projet (Moudarib) a droit à un bénéfice équivalent à celui tiré d’une opération
effectuée dans les mêmes conditions.”
Cinquièmement : En cas de litige pour cause de pertes, c’est à la banque de
prouver qu’elle n’a pas commis de faute, et cela contrairement à ce qu’affirme
la règle générale. Cette exception n’a lieu qu’à condition qu’il existe des indices
réfutant les contestations de la banque des fautes qui lui sont imputées. Parmi
les facteurs qui renforcent le recours à cette procédure, figurent les suivants :
1. L’usage est de ne pas accepter les affirmations du moudarib (la banque)
tant que celui-ci ne fournit pas une preuve de l’absence de faute ou de
négligence de sa part.
2. Les forts soupçons à l’égard du mandataire : De lourds soupçons in-
diquent le manque de véracité du mandataire (le moudarib) dans son
déni des fautes et des négligences, car le moudarib est censé préserver le
capital investi contre toute perte et réaliser des profits.
3. Il est plus bénéfique que l’établissement des preuves incombe au moudar-
ib (la banque) afin de protéger les fonds des investisseurs contre les défic-
its en cas d’allégation du moudarib ou lorsque les fonds des investisseurs
sont perdus.

Sixièmement : il est permis à la banque de céder gracieusement une partie


de sa part des profits sans stipuler cela dans le contrat.
Septièmement : Plusieurs organes sont normalement chargés de déterminer
la responsabilité de la banque dans la mauvaise gestion des fonds des titulaires
de comptes d’investissement, notamment les suivants:
1. Les organes de supervision tels que les banques centrales, qu’il s’agisse
d’un organe de réglementation islamique à part entière ou d’un organe
traditionnel doté de comités spécialisés dans le secteur bancaire islamique.
2. Les centres de conciliation, d’arbitrage et de résolution de conflits tels
que le Centre International Islamique pour la Conciliation et l’Arbitrage
à Dubaï.
3. Les auditeurs conformément à l’usage dans la profession. La norme
comptable n° (5) publiée par l’Organisation de Comptabilité et d’Audit

545
pour les Institutions Financières Islamiques (AAOIFI) – Bahreïn, considéra
cela comme faisant partie des responsabilités de l’auditeur externe. Cette
tâche peut également être confiée au conseil de surveillance chariatique.

Huitièmement : L’indemnisation des pertes dans les comptes d’investissement


doit se limiter au préjudice réel – qu’il s’agisse de perte totale ou partielle – et
non l’indemnisation pour un manque à gagner (cout d’opportunité), car il ne
s’agit que d’une prévision non réalisée.

L’Académie recommande également ce qui suit :


1. Les banques islamiques doivent veiller à faire fructifier les fonds des dé-
posants. Elles doivent adopter des méthodes et des mécanismes pour pro-
téger leurs fonds contre les pertes et prévenir les risques et créer les fonds
de provisions et de réserves nécessaires.
2. Inviter les pays musulmans à adopter des lois concernant la création d’in-
stitutions pour garantir les fonds des déposants ou à modifier les lois et
règlements en vigueur sur la base d’une assurance coopérative avec la
participation des institutions financières islamiques et gérée conformé-
ment à la résolution de l’Académie internationale du Fiqh islamique n°
200 (6/21) concernant : “Les Principes de l’Assurance Coopérative à la
Lumière des Jugements et des Règles de la Charia”.
Allah est plus Savant

546
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 213 (9/22)


Les Droits des Personnes Handicapées
dans la Jurisprudence islamique

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur les Droits des
Personnes Handicapées dans la Jurisprudence Islamique et en raison de l’immense
attention accordée par la Charia au personnes handicapées,
Après avoir écouté les discussions approfondies sur ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Une personne handicapée est une personne qui est incapable mentale-
ment, sensoriellement ou physiquement d’accomplir les actes qu’elle a
besoin d’accomplir, et cela en comparaison à une personne saine.
2. Les droits des personnes handicapées font référence aux spécificités que
leur confère la Charia ou les lois pour qu’ils mènent une vie décente.
3. La Charia a accordé de l’importance aux droits des personnes handicapées
et les a considérés comme une partie indissociable de la société. Elles
jouissent des mêmes droits que les autres et leurs devoirs sont les mêmes
que ceux des autres sauf pour les exceptions mentionnées par les textes
de la Charia.
4. Les personnes handicapées ont des droits sur leur famille, qui consistent
à prendre les mesures pour limiter les causes de l’émergence de handicap,
à s’acquitter des dépenses obligatoires pour la personne handicapée, lui
fournir une éducation appropriée basée sur la compassion et le respect
et s’efforcer de répondre à ses besoins essentiels tels que le mariage, le
logement et autres.
5. Les personnes handicapées ont des droits sur la société. Les plus impor-
tants d’entre eux sont leur intégration au reste de la société, de leur ac-
corder une compagnie saine, le respect, ne pas les humilier de quelque

547
manière que ce soit et de tirer profit de leurs énergies et de leurs capacités
pour leur propre intérêt et celui de leur société.
6. Les personnes handicapées ont des droits sur l’État :

• Des soins médicaux en créant des institutions médicales spécialisées


dans le traitement et la réadaptation des personnes handicapées et
former leurs soignants aux méthodes de soin adaptées.
• Une éducation appropriée en mettant à leur disposition les méthodes et
moyens d’éducation les plus modernes, et en formant des enseignants
et éducateurs spécialisés dans l’éducation et l’enseignement des
personnes âgées.
• Un emploi adapté à leurs aptitudes et leurs capacités ce qui comprend
une formation pour être qualifié à entrer dans le marché du travail.
• Combler les besoins financiers des personnes handicapées défavorisées
par le biais de la Zakat, des Awqaf des œuvres caritatives et des fonds
publics.
• Le déplacement par des moyens appropriés ce qui comprend la mise à
leur disposition de moyens de transport adaptés et l’établissement de
normes pour les bâtiments et les équipements publics afin de faciliter
leurs déplacements et leur mobilité.
• Adopter des lois et des règlements qui préservent leurs droits et suivre
leur application.

Le Conseil recommande ce qui suit :


1. Travailler à sensibiliser la famille et la société aux droits des personnes
handicapées par tous les moyens possibles à travers les médias, les pro-
grammes éducatifs, culturels et sociaux.
2. Soutenir les organisations et institutions gouvernementales et non gou-
vernementales qui s’occupent des affaires des personnes handicapées et
améliorer les environnements bénéfiques pour ces institutions.
3. Organiser des conférences, des séminaires et des ateliers sur les questions
relatives au handicap.
4. Établir des centres d’études et de recherches sur le handicap et en tirer
profit par le biais de programmes destinés aux personnes handicapées.
5. Élargir les axes de communication mutuelle entre la société et les per-
sonnes handicapées et créer et soutenir les associations concernées par

548
leurs droits et qui adoptent leurs causes aux niveaux local et international.
6. L’Académie réaffirme la nécessité de faire tout ce qui est possible pour ré-
duire les causes de handicap, y compris l’examen médical avant le mariage
et la vaccination contre la poliomyélite ou les autres types de maladies.
7. Réaffirmer les conventions internationales sur les droits des personnes
handicapées qui ne contreviennent pas aux règles de la Charia.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 214 (10/22)


Prédominance et Affiliation dans les Transactions Financières :
Cas, Règles et Conditions de leurs Réalisations

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recommandations du séminaire scientifique sur le
thème : “Prédominance et Affiliation dans les Transactions Financières : Cas,
Règles et Conditions de leurs Réalisations”, tenu à Jeddah du 25 au 26 Safar
1436 H (17-18 décembre 2014),
Après avoir étudié les recommandations et les résolutions n° 30, n° 188 et n°
196 de l’Académie,
L’Académie a conclu que ce sujet nécessite une coordination entre les réso-
lutions susmentionnées afin de reformuler les recommandations du séminaire.
Le Conseil de l’Académie est d’avis de charger le Secrétariat de l’Académie de
constituer un comité scientifique de spécialistes qui présentera ses conclusions
au Conseil lors de sa prochaine session.
Allah est plus Savant

550
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 215 (11/22)


Poursuite des Recherches et Etudes sur les
Questions de l’Assurance coopérative

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Résolution nº 200 (6/21) du Conseil de


l’Académie concernant “Les Principes de l’Assurance Coopérative à la Lumière
des Jugements et des Règles de la Charia” publiée lors de sa 21e session à l’Uni-
versité Islamique Imam Mohammed bin Saoud de Riyad (Royaume d’Arabie
Saoudite) du 15 au 19 Mouharam 1435 H (18-22 novembre 2013), demandant la
tenue d’un séminaire spécial pour examiner un certain nombre de questions
liées à l’assurance coopérative en vue de préparer la publication par le Conseil
de l’Académie des résolutions et des recommandations appropriées à ce sujet.
Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation
de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recommandations du séminaire tenu à Jeddah,
Royaume d’Arabie Saoudite, du 15 au 19 Mouharam 1435 H, (18-22 novembre
2013), qui a discuté les questions et les problèmes suivants :
• Établir des conditions et des règlements basés sur la Charia pour les activités
de la personne morale travaillant pour l’assuré.
• Détermination des relations contractuelles régissant le contrat d’assurance
coopérative en termes de :
- Conceptualisation des relations entre les assurés et la caisse pour
déterminer le début de l’engagement de donation afin d’éviter toute
ambiguïté de retour sur un don lors de la distribution de l’excédent.
- Conceptualisation des relations entre les actionnaires et les assurés en cas
d’incapacité du compte de souscription à s’acquitter de ses responsabilités
(Prêt gracieux/qard hassan).

• Examiner le surplus d’assurance par rapport aux points suivants :


- La possibilité de prélever une partie du surplus d’assurance pour couvrir
le risque de déficit de la caisse d’assurance coopérative.

551
- La possibilité de prélever un pourcentage du surplus réalisé pour couvrir
le risque de catastrophes naturelles.
- La possibilité que la rémunération accordée au gestionnaire des opérations
d’assurance soit constituée d’une partie ou d’un pourcentage du surplus
de l’assurance pour l’ensemble de ses activités sans déduire d’autres frais
des cotisations.
- La possibilité de combiner un pourcentage du montant des cotisations
avec un pourcentage de l’excédent pour la rémunération accordée au
gestionnaire d’assurance en contrepartie de sa gestion des opérations
d’assurance, ce qui constituerait une prime à l’amélioration des
performances.

• Étudier sous tous ses aspects le principe de waqf présent dans l’assurance
islamique, en exposant les motivations suscitées par les expériences mises en
œuvre dans les entreprises de ce secteur et étudier dans quelle mesure cette
méthode remplit les conditions et les règlements de la Charia.
• Passer en revue les expériences internationales en matière d’assurance
coopérative et déterminer dans quelle mesure elles se sont conformées aux
principes adoptés dans la résolution de l’Académie n° 200 (6/21) sur les
Principes de l’Assurance Coopérative à la Lumière des Jugements et des
Règles de la Charia.

Après avoir examiné les questions et les enjeux de l’assurance coopérative


et après en avoir débattu, le Conseil de l’Académie en a conclu les résolutions
et recommandations suivantes :
Premièrement : les Résolutions, et ces dernières se répartissent sur trois axes :
Aspect I : Le surplus d’assurance
• La possibilité de prélever une partie du surplus d’assurance pour couvrir le
risque de déficit de la caisse d’assurance coopérative.
• La possibilité de prélever un pourcentage du surplus réalisé pour couvrir le
risque de catastrophes naturelles.
• La possibilité que la rémunération accordée au gestionnaire des opérations
d’assurance soit constituée d’une partie ou d’un pourcentage du surplus de
l’assurance pour l’ensemble de ses activités sans déduire d’autres frais des
cotisations.
• La possibilité de combiner un pourcentage du montant des cotisations avec
un pourcentage de l’excédent pour la rémunération accordée au gestion-

552
naire d’assurance en contrepartie de sa gestion des opérations d’assurance,
ce qui constituerait une prime pour l’amélioration des performances.
Après avoir examiné les recommandations du séminaire, le Conseil de l’Aca-
démie confirme le contenu des articles IV et VI de la résolution du Conseil n°
200 (6/21) et considère que le fait que la rémunération soit issue d’un pourcen-
tage du surplus ou accorder un pourcentage du surplus en tant que prime pour
le gestionnaire, ne devrait pas être pris en considération, car cela conduit à des
obscurités pratiques et jurisprudentielles.
Aspect II : Étudier sous tous ses aspects le principe de waqf présent dans l’as-
surance islamique. Le séminaire a conclu à ce sujet ce qui suit :
Conformément à l’article XVI de la Résolution nº 200 (6/21) du Conseil
sur les Principes de l’Assurance Coopérative à la Lumière des Jugements et des
Règles de la Charia, qui stipule ce qui suit :
Il est possible d’établir un waqf de monnaie à but caritatif basé sur le prin-
cipe de la dotation d’argent (waqf al-nouqoud).
Le Conseil de l’Académie estime que l’on peut bénéficier du waqf dans le
cadre de la mise en œuvre de la résolution précédente par le biais des procé-
dures suivantes :
1. Il est permis d’établir des caisses de waqf de solidarité et utiliser les div-
idendes des fonds de ces dernières pour couvrir certains risques. Il est
également permis à ces caisses d’accepter les paiements échelonnés pour
les différents types d’assurance tout comme il lui est permis d’accepter les
dons. La Charia n’interdit pas les dépenses effectuées à partir des bénéfic-
es des fonds ainsi que des paiements échelonnés et des dons mentionnés
précédemment pour couvrir les risques.
Les autorités de supervision des Awqaf des différents pays en coordination
avec les autorités concernées du secteur de l’assurance coopérative devront
organiser ce type d’activité conformément à ce qu’ils jugent bénéfique et
dans le respect des principes de la justice.
2. Il est permis de déduire une partie du surplus d’assurance pour constituer
un waqf de monnaie pour renforcer la solvabilité de la caisse et sa capacité
à couvrir les risques des assurés.
3. Il est permis aux compagnies d’assurance islamiques de créer un waqf
avec des contributions financières déduites du surplus d’assurance pour
utiliser leurs dividendes en cas de déficit ou de défaillance des compagnies
participantes à la caisse.

Par conséquent, le waqf peut être utilisé dans le domaine de l’assurance coo-

553
pérative, mais il ne peut se substituer aux formules que l’Académie a énoncées
dans sa résolution.
Aspect III : Passer en revue les expériences internationales en matière d’assu-
rance coopérative et déterminer dans quelle mesure elles se sont conformées aux
principes adoptés dans la résolution de l’Académie n° 200 (6/21) sur les Principes
de l’Assurance Coopérative à la Lumière des Jugements et des Règles de la Charia.
À la lumière des études sur les expériences internationales, le Conseil a ob-
servé que la plupart des expériences internationales en matière d’assurance coo-
pérative étaient conformes à la Résolution nº 200 (6/21) de l’Académie, tout en
constatant certaines irrégularités qui se traduisent principalement par ce qui suit :
Premièrement : L’absence des conseils internes de surveillance chariatique
dans certaines compagnies d’assurance solidaire.
Deuxièmement : Imposer à la société de gestion d’accorder un prêt gracieux
(qard hassan) ou l’engagement préalable de celle-ci à l’accorder, ce qui est en
contradiction avec l’article IX de la résolution de l’Académie à sa 21e session.
Troisièmement : Ne pas informer les participants au moment du contrat des
mécanismes et procédures d’assurance coopérative.
Quatrièmement : Le partage du surplus d’assurance entre la société de ges-
tion et les souscripteurs, alors que la société a déjà perçu sa rémunération ou
un pourcentage des bénéfices en vertu de ce qui a été approuvé dans le contrat
de mandat (wakala) ou le contrat de Moudaraba.
Cinquièmement : Le renoncement de l’assuré au profit de la Moudaraba si
le profit est inférieur à un montant déterminé.

Deuxièmement : Recommandations

Premièrement : Diffuser à grande échelle le contenu de la résolution du Conseil


de l’Académie internationale du Fiqh islamique n° 200 (6/21) et de sa résolution
à la présente session qui constituent une référence complète pour les principes
et les fondements régissant le secteur de l’assurance coopérative sur le plan de
la Charia et les traduire en différentes langues. Cela comprend sa distribution
aux compagnies d’assurance coopérative qui sont actives et à leurs conseils de
supervision chariatique.
Deuxièmement : recommander aux conseils législatifs et aux conseils de
fatwah travaillant dans le domaine de l’assurance coopérative dans les pays
musulmans d’inclure dans leur réglementation ce qui est mentionné dans les
résolutions du Conseil de l’Académie, en renvoyant à l’Académie en sa qualité
de référence officielle et fiable dans le domaine de la Charia.
Troisièmement : recommander d’inclure dans les réglementations régissant

554
l’assurance coopérative d’accorder à l’assiette de l’assurance (caisse des assurés…
compte d’assurance indépendant des comptes de la société) – une personnalité
juridique qui doit inclure tous les participants aux comptes d’assurance coo-
pérative, en prenant note de la résolution de l’Académie n° 200 (6/21) et en
désignant le représentant de cette personnalité juridique de manière à ne pas
entrainer de conflits d’intérêts.
Quatrièmement : publier des normes pour l’audit des institutions et sociétés
d’assurance islamiques, afin d’atteindre les objectifs et la vision de l’Académie
dans sa Résolution nº 200 (6/21), qui protège les droits des parties concernées,
et tout particulièrement ce qui concerne les relations entre la partie gestionnaire
et la caisse d’assurance de manière à garantir l’absence de conflits d’intérêts et
la justice pour les deux parties.
Allah est plus Savant

555
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 216 (12/22)


La Visite de Jérusalem : Objectifs et Dispositions

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 22ème session, à Koweït City (État du
Koweït), du 2 au 5 Joumada Al-Akhira H (22-25 Mars 2015) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie au sujet de La
Visite de Jérusalem : Objectifs et Dispositions,
Après avoir écouté les discussions approfondies qui ont eu lieu sur le su-
jet, l’Académie a conclu que le jugement de la Charia concernant la visite de la
Mosquée d’al-Aqsa est qu’il s’agit d’un acte préférable et recommandé, mais le
débat portait sur les bénéfices et les inconvénients de cette visite.
Le Conseil estime que l’évaluation de ces avantages revient à des spécialistes
compétents tels que les gouverneurs et les décideurs des pays musulmans.
Il est nécessaire de rappeler à tous les musulmans que la question d’al-Qouds
al-Charif (Jérusalem) est une question primordiale pour la Oumma tout entière
et qu’il est de son devoir de soutenir et d’aider al-Qouds al-Charif, ses habitants,
ainsi que tout le peuple palestinien.
Al-Qouds Al-Charif n’est pas réservé au seul peuple palestinien, mais à tous
les musulmans. La préservation de la mosquée d’Al-Aqsa fait partie de la foi
islamique et des responsabilités des musulmans.
Allah est plus Savant

556
Résolutions et Recommandations de la 23ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Al-Madinah al-Mounawarah
Royaume d’Arabie saoudite

19-23 Safar 1440


28 octobre – 01 novembre 2018
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 217 (1/23)


Le Mariage de Jeunes Filles, entre le Droit du Tuteur et l’Intérêt de
la Jeune Fille, et l’Etendue de l’Autorité du Gouvernement dans son
Interdiction ou sa Réglementation du point de vue de la Charia

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème:
Le Mariage de Jeunes Filles, entre le Droit du Tuteur et l’Intérêt de la Jeune
Fille, et l’Etendue de l’Autorité du Gouvernement dans son Interdiction ou sa
Réglementation du point de vue de la Charia,
Et après avoir écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. La fille de jeune âge est celle qui n’a pas atteint l’âge de puberté. La nu-
bilité est déterminée par la puberté, car la puberté est le facteur le plus
cohérent comme l’ont affirmé les juristes musulmans.
2. La Charia n’a pas déterminé d’âge particulier pour établir le contrat de
mariage. Quant à l’âge de la consommation du mariage, c’est l’une des
choses qui est déterminée en fonction des circonstances de l’époque et
du lieu et en fonction la capacité des deux parties du contrat à se marier
et à fonder une famille.
3. Compte tenu de la miséricorde et de la compassion du père envers sa fille
et de son devoir de prendre en compte ses intérêts, ce dernier a le droit
de marier sa fille après avoir obtenu l’autorisation du juge. S’il est établi
que le mariage est préjudiciable pour elle, on interdira au père de marier
sa fille.
En dehors du père, le tuteur légal n’est pas autorisé à marier une fille de
jeune âge.
4. La délimitation de l’âge du mariage des jeunes filles avec l’accord du juge

558
est une décision qui appartient au gouverneur dans chaque pays en fonc-
tion des circonstances de l’époque, du lieu, de l’âge et de l’intérêt général.
5. Il est obligatoire de prendre en compte l’intérêt de la jeune fille dans le
processus du mariage.
6. La tutelle du père ou d’autres tuteurs sur la jeune fille se restreint à ce qui
concrétise l’intérêt de la jeune fille.
7. L’accorde de la jeune fille pour la marier est obligatoire. Il n’est pas permis
de la marier sans son accord et son consentement, conformément à la
parole du Prophète Mohammed, que la paix et la bénédiction soient sur
lui : “ Une femme qui a déjà été mariée a plus de droits sur sa personne
que son tuteur. Quant à la femme vierge on doit agir à sa demande et son
silence vaut consentement ”.
Si elle a été mariée sans son consentement, elle a le droit de demander
l’annulation du mariage.
8. Tout État a le droit de délimiter l’âge du mariage en fonction de ce qu’il
considère être de l’intérêt de la jeune fille, de la famille et de la société,
tout comme il a le droit également de déterminer la peine appropriée
réservée à quiconque marierait une jeune fille sans l’autorisation du juge.
9. Il est nécessaire d’établir des critères médicaux dans le cadre des mariages
de jeunes filles et il n’est pas permis de marier une jeune fille sans respect-
er ces critères, qui doivent être déterminés par des médecins fiables.
Allah est plus Savant

559
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 218 (2/23)


Les Dispositions relatives à l’Insolvabilité et la Faillite selon la
Charia et les Systèmes Contemporains
(Poursuite de la résolution antérieure)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Ayant examiné les recommandations émises par le séminaire scientifique :
Les Dispositions relatives à l’Insolvabilité et la Faillite dans la Charia et les
Systèmes Contemporains (poursuite de la résolution antérieure), organisé par
l’Académie internationale du Fiqh islamique à Jeddah, en coopération avec
l’Institut Islamique de Recherches et de Formation de la Banque Islamique de
Développement, du 31 novembre au 1er décembre 2017, et après avoir écouté
les discussions à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Confirmation de ce qui a été énoncé dans la résolution de


l’Académie n° 186 (1/20), paragraphe (1) sur la définition de l’insolvabilité et de
la faillite, en tenant compte de l’usage pour déterminer les pratiques relatives
d’insolvabilité.
Deuxièmement : Confirmation du paragraphe (2) de la résolution susmen-
tionnée sur le critère de la faillite, en tenant compte des éléments suivants :
1. La faillite ne peut être établie que par décision de justice.
2. Les dispositions relatives à la faillite s’appliquent aussi bien à la personne
physique qu’à la personne morale.

Troisièmement : Confirmation des paragraphes (1), (2) et (3) de la résolu-


tion susmentionnée.

560
Quatrièmement : Parmi les problèmes d’insolvabilité et de faillite sur les
marchés financiers islamiques, il y a ce qui suit :
1. Le retard de paiement relève de l’insolvabilité et n’est pas considéré
comme une faillite du point de vue de la Charia si les actifs appartenant
à l’établissement ou à la société suffisent pour couvrir les dettes. Le créan-
cier peut faire appel à la justice pour obtenir une déclaration de faillite.
L’établissement ou la société débitrice peut également recourir à la justice
pour obliger les créanciers à concéder un délai.
2. Et parmi les solutions suggérées pour résoudre les problèmes d’insolvabil-
ité dans les établissements et sociétés financières islamiques :

A. Céder un actif financier particulier ou l’usufruit d’un actif particulier


pour le paiement de la dette due.
B. Transformer les dettes en actions (capitalisation) en augmentant
le capital financier de la société en dette, en émettant des actions
ordinaires par lesquelles le créancier participera du montant de la
dette de la société envers lui. Il deviendra ainsi propriétaire d’une
partie de la société et de ses actifs de l’équivalent de la valeur la dette
qui lui est due.
3. L’accord de la société ou de l’établissement débiteur avec le créancier sur
le report du remboursement de la dette conformément à l’estimation
d’une autorité experte et officielle concernant la situation de la société ou
de l’établissement qui déterminera les conditions du report si nécessaire.
Recommandations Générales
1. Le Conseil recommande d’entreprendre des études approfondies sur les
solutions pratiques permettant de résoudre les problèmes d’insolvabilité
des institutions financières de manière à préserver les droits de toutes les
parties.
2. Le Conseil insiste sur l’importance de la mise en place de réglementations
et de lois protégeant les clients créditeurs et débiteurs de la société, tout
en protégeant les droits de toutes les parties liées afin de redresser leur
situation financière.
3. Le Conseil recommande aux autorités concernées, en particulier aux au-
torités judiciaires, de se préoccuper des principes juridiques qui accom-
pagnent les évolutions contemporaines en matière d’insolvabilité et de
faillite.

561
4. Le Conseil recommande au secrétariat de l’Académie de poursuivre
l’étude des effets de l’insolvabilité et de la faillite sur les sociétés à re-
sponsabilité limitée, y compris le cas où la société à responsabilité limitée
est insolvable ou en faillite alors que son principal propriétaire est lui
encore solvable.
Allah est plus Savant

562
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 219 (3/23)


Les Annulatifs du Jeûne dans le Domaine Thérapeutique
(poursuite de la résolution antérieure)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Poursuivant la résolution de l’Académie internationale du Fiqh islamique
n°93 (1/10) sur les annulatifs du jeûne dans le domaine thérapeutique, ayant dé-
terminé que les questions à étudier dans cette session étaient les suivantes, et
qui sont les suivantes :
1. Inhalateur contre l’asthme.
2. Fasd (phlébotomie) et hijama (Cupping).
3. Les prélèvements d’échantillons sanguins pour examen en laboratoire, les
dons et les transfusions.
4. Hémodialyse et dialyse péritonéale.
5. Les dispositifs pénétrants dans l’anus, tels que la pompe à lavement, les
suppositoires ou l’endoscope.
6. Les chirurgies d’anesthésie générale.

Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie à ce sujet, et


après avoir écouté les discussions approfondies,

Décide ce qui suit :


1. Les annulatifs du jeûne sont composés du fait de manger, de boire,
d’avoir des rapports sexuels conjugaux (et ce qui est similaire), de vomir
de manière intentionnelle.
2. L’ingestion d’éléments, nutritifs ou non, annule le jeûne lorsqu’ils dépas-
sent la gorge vers l’appareil digestif et arrivent, par la voie naturelle ou
non, dans l’estomac.

563
A : Ce qui n’annule pas le jeûne
1. L’inhalateur contre l’asthme n’affecte pas la validité du jeûne, car il cible
le système respiratoire, et la quantité qui arrive à l’estomac est minime,
non préjudiciable, involontaire, et inférieure à celle qui résulte du rinçage
de bouche et de l’utilisation du Siwak pour brosser les dents.
2. Le prélèvement de sang pour des analyses en laboratoire ou le don de
sang.
3. Tout ce qui entre par l’anus comme injections, suppositoires, endoscopes
et pommades, mis à part les injections nutritives.
4. Les patchs coupe-faim.
5. La liposuccion si elle n’est pas accompagnée de liquides nutritifs.
6. L’endoscopie rectale ou le toucher rectal.
7. La hijama (cupping) et le Fasd (phlébotomie).
8. La perte de conscience (évanouissement) causée par une anesthé-
sie générale pendant une partie de la journée, et cela même si la perte
de connaissance persiste le reste de la journée ; et ceci dès lors qu’on a
procédé à l’anesthésie et à condition qu’elle ne soit pas accompagnée de
l’administration de liquides.
B : Les annulatifs du jeûne
1. Tout ce qui entre dans le système digestif, en dépassant la bouche, le
pharynx et passe par les organes qui digèrent les aliments, c’est-à-dire
l’œsophage et les intestins.
2. Tout ce qui nourrit le corps du jeûneur, quelle que soit la voie naturelle
empruntée, puisque cela s’inscrit dans la définition du mot “manger”, et
donc contredit le noble objectif du jeûne, comme les injections nutritives.
3. L’humidification par gaz respiratoire pour le traitement de l’asthme an-
nule le jeune, car la quantité entrant dans l’estomac est beaucoup plus
importante que la quantité tolérée.
4. La transfusion sanguine, car elle contient une grande quantité d’eau.
5. L’Hémodialyse et la dialyse péritonéale en raison de l’administration
d’une grande quantité d’eau, de sels minéraux et de saccharose.
6. Les capsules utilisées dans les inhalateurs contre l’asthme et qui contien-
nent de la poudre sèche. En effet, cette dernière constitue un corps qui
pénètre dans l’estomac.

564
Recommandations
1. Le médecin traitant joue un rôle essentiel dans la détermination de la
nécessité ou du besoin d’effectuer des interventions thérapeutiques ou
diagnostiques pouvant entraîner l’invalidité du jeûne. Si une telle procé-
dure n’est pas jugée indispensable, et qu’il est possible de la reporter après
le jeûne, le médecin doit alors conseiller cela à son patient.
2. Travailler à la sensibilisation des patients sur tout ce qui concerne l’ac-
complissement de leurs actes d’adoration d’une manière juste basée sur la
Charia, et les inviter à consulter des savants fiables pour ce qui leur parait
confus dans les questions du jeûne.
3. Informer le patient souffrant d’insuffisance rénale incurable qu’il ne doit
pas jeûner pour préserver sa santé, car il est excusé, et qu’en compensa-
tion, il devra nourrir un nécessiteux pour chaque jour qu’il n’a pas jeûné.
Allah est plus Savant

565
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 220 (4/23)


La Réduction du Capuchon clitoridien
selon la Jurisprudence islamique

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir examiné les recherches présentées à l’Académie concernant La
Réduction du Capuchon clitoridien selon la Jurisprudence islamique,
Et après avoir écouté les discussions approfondies qui ont eu lieu à ce sujet :

Décide ce qui suit


1. Le terme Khifad Al-Inath (clitoropéxie) dans le droit musulman consiste
en la réduction d’une quantité minime du capuchon clitoridien (la peau
recouvrant le clitoris), tout en laissant le clitoris intact. Cette opération
est appelée opération de réduction du capuchon clitoridien, ou opération
de réduction du prépuce clitoridien.
2. La réduction du capuchon clitoridien est une coutume ancienne que le
Prophète Mohammed ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a amendée de manière à protéger les femmes
contre tout dépassement de la limite habituelle.
3. La clitoropéxie citée dans le paragraphe (1) est un sujet de divergence
entre les gens de science et elle n’est pas pratiquée dans la plupart des pays
musulmans. Elle a été jugée licite par plusieurs Fouqaha dans le cadre
de règles et de conditions qui doivent être respectées dans sa pratique,
comme le fait d’être réalisée sous surveillance médicale.
4. Il est interdit d’endommager n’importe quelle partie de l’appareil génital
féminin, car cela cause du tort à la femme et à sa vie conjugale. La Charia
interdit cela et le considère comme un acte criminel, et l’Académie sou-
tient les mesures prises par les gouvernements des pays musulmans pour
mettre fin à ces abus.
5. La réduction du capuchon clitoridien dans la présente résolution ne s’in-

566
scrit pas dans le cadre des « mutilations génitales féminines », qui sont
interdites par l’Islam et condamnées par les organisations internationales
de santé, notamment par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Recommandation

Le Conseil de l’Académie demande à l’Organisation Mondiale de la Santé d’étu-


dier à nouveau la question des mutilations génitales féminines, avec la collabo-
ration des dirigeants religieux, sociaux et médicaux, afin d’en améliorer la com-
préhension, connaitre son jugement islamique et actualiser ses connaissances
religieuses à ce sujet. Tout comme il enjoint, lorsque la clitoropéxie est jugée
nécessaire, de consulter des experts médicaux contemporains dans les hôpitaux
et de clarifier la différence existante entre ce type d’opération et les autres formes
qui sont unanimement jugées criminelles.
Allah est plus Savant

567
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 221 (5/23)


Les Dispositifs intellectuels et pratiques pour
lutter contre le Fanatisme, l’Extrémisme et le
Terrorisme dans les Différents Domaines

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir examiné les recherches soumises à l’Académie concernant “les
Dispositifs Intellectuels et Pratiques pour lutter contre le Fanatisme, l’Extré-
misme et le Terrorisme dans les Différents Domaines” et après avoir suivi les
discussions approfondies, qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit

Toutes les formes et les sortes d’extrémisme sont interdites par les textes du
Coran et de la Sounna. Cette interdiction est encore plus lourde lorsque l’ex-
trémisme conduit à porter atteinte à la vie, à l’honneur, aux biens, aux esprits
et aux croyances.

Et recommande

Premièrement : Rehausser le contenu et le style des discours religieux dans les


mosquées en les reliant aux événements qui se produisent dans la société et à la
réalité du monde actuel.
Deuxièmement : Rehausser le statut de l’Imam et du Muezzin en améliorant
leur niveau de vie et leur niveau professionnel, et par le biais de formations et
de programmes de réadaptation dans le domaine de la prédication et de l’orien-
tation religieuse adressées à l’ensemble des travailleurs dans les mosquées.
Troisièmement : Établir des centres d’étude du Coran dans chaque pays, su-
pervisés par un groupe d’éminents experts dans les lectures coraniques et dans

568
les sciences du noble Coran et doter ces centres des moyens éducatifs les plus
récents pour combattre les pensées extrémistes.
Quatrièmement : Sélectionner des mouftis compétents remplissant les condi-
tions nécessaires à la délivrance de fatwas et les désigner dans les différentes villes
et régions de chaque pays. Inviter également les États à adopter l’Ifta collectif
sur les questions contemporaines et générales pour faire revivre la jurisprudence
de l’Ijtihad collectif et ces pays à instaurer des lois interdisant aux personnes
incompétentes d’émettre des Fatwas et appliquer des sanctions à cet effet.
Cinquième : Moderniser et développer les programmes scolaires dans les
établissements d’enseignement en vue d’ouvrir leurs contenus à la culture du
respect des droits de l’homme, ainsi qu’à la renonciation à la violence, à l’extré-
misme, au terrorisme et à l’athéisme et à la reconnaissance du droit d’autrui à
la diversité et à la différence.
Sixièmement : Concevoir des programmes éducatifs qui soient en accord avec
le dogme de la Oumma et ses principes et de manière à combiner authenticité
et modernité et revoir les idées faussées que ces programmes contiennent sur
l’Islam, et travailler à leur correction.
Septièmement : Exhorter les institutions médiatiques à adopter un discours
fondé sur le juste milieu et la modération dans la diffusion de leurs programmes
et à s’appuyer sur les faits en s’éloignant des rumeurs.
Huitièmement : Travailler à rectifier les fausses conceptions concernant cer-
tains termes islamiques tels que le jihad, le califat, l’alliance et le désaveu ainsi
que d’autres thèmes utilisés pour entrainer les jeunes dans les conflits.
Neuvièmement : Introduire dans les écoles et les universités des programmes
et des matières d’enseignement axés sur le rejet de la violence, de la criminalité
et du sectarisme et qui oeuvrent à éveiller les consciences sur le caractère sacré
de la vie, des biens et de l’honneur.
Dixièmement : Lancer un projet culturel de qualité et global dans la société,
supervisé par les institutions publiques concernées et visant à corriger la vision
négative envers l’Islam et ses enseignements et à raffermir les principes de la
charia omis par les gens et négligés par les prédicateurs et les penseurs.
Onzièmement : Entériner une politique éducative basée sur le renforcement
des principes de tolérance, de citoyenneté, de pensée critique et de respect de
l’opinion d’autrui.
Douzièmement : Appeler les pays et les communautés à tirer profit des ex-
périences réussies dans la lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.
Treizièmement : Ouvrir des perspectives de dialogue avec les partisans de
la pensée extrémiste pour réfuter leurs ambiguïtés et les ramener sur la bonne

569
voie vers une vie sociale modérée et à coexister avec la société et le système, afin
d’assurer la sécurité, la stabilité et le développement de la société.
Allah est plus Savant

570
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 222 (6/23)


Les Avantages offerts par les Banques aux Clients de
Comptes courants du point de vue de la Charia

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir examiné les études présentées à l’Académie concernant “les
avantages offerts par les banques aux clients de comptes courants du point de
vue de la Charia”, et après avoir écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : La définition du compte courant
C’est un registre des montants fournis par les clients à la banque – islamique
ou traditionnelle – et qui peuvent être retirés à tout moment par des moyens
connus comme les chèques, les virements bancaires ou les retraits directs. Ces
montants déposés sont garantis et sont sous la responsabilité de la banque et sont
utilisés par celle-ci pour son propre intérêt conformément aux lois en vigueur.
Deuxièmement : Conceptualisation selon les principes de la Cha-
ria
Suite à l’examen d’un ensemble de conceptualisations des dépôts sur compte
courant telles que sa conceptualisation en tant que dépôt réel garanti du fait qu’il
est utilisé, ou en tant que nouveau contrat indépendant, ou en tant que système
contractuel composé de plusieurs contrats, l’Académie conclut à la confirmation
de sa résolution no. 86 (3/9) concernant les dépôts financiers dans « le compte
courant », et dans lequel il fut énoncé que les dépôts à vue (comptes courants),
qu’il s’agisse de banques islamiques ou usuraires, sont considérés comme des
prêts du point de vue du Fiqh.
Troisièmement : Le jugement de la Charia sur les avantages bancaires dédiés
aux clients titulaires du compte courant :

571
Définition des avantages bancaires
Les avantages bancaires sont les droits supplémentaires offerts par la banque aux
utilisateurs de comptes courants (à vue), afin de les attirer et les encourager à
créer des comptes ou à les prolonger.
Ces avantages bancaires, selon la nature de leur utilité et le but recherché se
divisent en deux catégories :
1. Les Avantages qui profitent au client uniquement.
2. Les Avantages qui profitent aux deux parties, la banque et le client.

— La première catégorie : Les Avantages qui profitent au client uniquement

Les avantages qui profitent uniquement au client se divisent également en deux


sous-catégories : les avantages moraux et les avantages matériels.
1. Les avantages moraux (administratifs) : Il s’agit des avantages et des ser-
vices que la banque offre au client et sans aucune ressemblance pouvant
les assimiler à une prime financière ajoutée au montant du dépôt comme
la priorité dans les services dans les agences bancaires, la fourniture de
guides d’informations périodiques, de relevés de compte périodique, de
certificats de solvabilité, de cartes internationales de privilèges pour les
distributeurs automatiques et autres.
La Charia autorise ce type d’avantages, car ils ne sont pas considérés
comme un supplément financier usuraire que s’engage à payer l’emprun-
teur au prêteur en plus du montant du prêt.
Il s’agit en fait d’une forme de commodité accordée à l’emprunteur pour
que ce dernier recouvre ses droits financiers. Par conséquent, ceci est
autorisé par extension du principe du caractère licite des choses à leur
origine et en raison de l’absence de preuve indiquant son interdiction.
2. Les avantages matériels : il s’agit d’actifs, d’usufruit, et de sommes,
ajoutés au dépôt inscrit sur le compte courant et qui sont assimilables à
des primes matérielles liées à la souscription de prêts, comme l’offre de
billets d’avion, d’appareils électriques et électroniques ou autres.
Ces avantages matériels, qu’ils soient stipulés dans les conditions ou
non, sont interdits par la Charia si le prêt en est la cause en prenant en
considération son montant et sa durée, ce qui les assimile aux intérêts
usuraires que l’emprunteur s’engage à payer au prêteur en plus du mont-
ant du prêt.

572
Cependant, si les avantages sont offerts à chaque nouveau client acquis
par la banque – qu’ils soient versés dans le compte courant ou sur le
compte de (mudarabah), ou par un financement, ou autre –, ils sont alors
considérés comme des dépenses publicitaires et de marketing, pour attirer
des clients et des bénéficiaires. Ceci est autorisé en vertu du principe du
caractère licite des choses à leur origine tant que cela n’est pas lié au prêt
en fonction de son montant et sa durée.

— La seconde catégorie : les Avantages qui profitent aux deux parties – la banque
et le client

Ils sont de deux types : Le premier : les avantages liés aux opérations de dépôt et
de retrait. Le second : ceux qui n’ont pas de rapport avec cela.
1. Les avantages offerts par la banque au client et qui sont liés aux opéra-
tions de dépôt et de retrait du compte courant et dont profitent les deux
parties – comme les services de carnets de chèques et de cartes de guichet
automatique – sont permis par la Charia.
En effet, il s’agit d’une aide proposée par le prêteur à l’emprunteur, en
vue de faciliter l’obtention de son droit financier et cela à condition que
les avantages qui découlent du prêt ne soient pas réservés uniquement au
prêteur, mais qu’ils profitent également à l’emprunteur.
Par ailleurs, ces avantages comportent des bénéfices pour les deux parties,
sans nuire à aucune d’entre elles, et la Charia n’interdit pas les avantages
qui ne comportent aucun préjudice. De plus, ce type d’avantages n’est
pas interdit explicitement par un texte de la Charia et ne se rapproche
pas non plus d’une des notions interdites dans les textes. Par conséquent,
il est obligatoire de s’en remettre au principe initial de permission.
2. Les avantages profitant aux deux parties, non liés aux opérations de dépôt
et de retrait d’un compte courant – comme l’offre de certains services
bancaires à des frais préférentiels inférieurs à ceux proposés aux autres, les
taux de change, les frais de virement bancaire, les prix des coffres, les frais
de lettre de crédit, l’émission de cartes de crédit et de lettres de garantie
et autres. Toutes ces opérations sont interdites, car elles entrent dans la
catégorie de l’emprunt qui génère un intérêt.
Allah est plus Savant

573
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 223 (7/23)


La Responsabilité du Médecin concernant les Erreurs
médicales non-intentionnelles du point de vue de la Charia

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir examiné les résolutions de la conférence scientifique concernant :
La Responsabilité du Médecin concernant les Erreurs Médicales Non-Intentionnelles
du point de vue de la Charia, émises par la conférence organisée par l’Organisa-
tion Islamique des Sciences Médicales, au Koweït du 5 au 7 Joumada Al-Akhira
1436 H (26-28 mars 2015),
Et après avoir écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Les erreurs médicales non-intentionnelles :
1. Approuver la définition de l’erreur médicale comme étant “l’échec dans
la réalisation d’un acte planifié comme il était prévu, en raison d’une
négligence ou d’un manquement ou autre.”
2. Approuver la définition d’incident médical comme étant : “Les dommag-
es résultant d’une intervention médicale et non imputables à l’état de
santé initial du patient”.
3. Approuver la définition des “incidents des établissements” comme étant :
“Les dommages causés par la survenue simultanée de plusieurs facteurs, à
différents niveaux, qui ont conduit à l’erreur. Se rajoutent à cela les causes
internes liées au système de santé, qui exposent aux risques et permettent
leur avènement lors d’un enchainement de points faibles.”
4. Approuver la définition des fondements de la profession médicale en tant
que : “Fondements établis et principes reconnus sur le plan scientifique
et pratique”.

574
5. Établir des programmes scientifiques résultants d’études et de recherches
approfondies, sur les causes et les facteurs d’erreurs médicales afin d’élab-
orer des solutions appropriées pour les minimiser autant que possible.
6. La nécessité de créer l’environnement et les conditions idéales à la réali-
sation des soins de santé internes et externes afin de garantir leurs succès.
7. La sécurité des patients doit être la principale préoccupation de toutes les
politiques médicales.
8. Des ateliers de travail doivent être organisés pour tous les employés du
secteur de la santé pour les former, les sensibiliser et développer leur
éthique musulmane, afin de surmonter les erreurs qui leur font face. Ces
ateliers seront considérés comme l’une des principales tâches du travail
médical.
9. Fournir les moyens nécessaires, tels que les appareils, les laboratoires et
les informations et respecter les conventions internationales du travail
(protocoles) afin de parvenir à un diagnostic sûr et une description pré-
cise de la maladie.
10. Le respect des règles et des lois internationales du travail en limitant les
heures de travail du personnel médical à huit heures par jour maximum
(en particulier pendant les jours de garde), ceci afin de préserver la con-
centration du médecin et de protéger la santé du patient.
11. S’engager à réduire autant que possible le nombre de patients par mé-
decin afin de donner au malade suffisamment de temps pour expliquer
ses problèmes de santé.
12. Il est indispensable d’effectuer une révision périodique de toutes les lois et
résolutions relatives aux garanties de sécurité et à la protection du patient
contre les erreurs médicales.
13. Insister sur l’importance de l’entretien périodique du matériel médical
par des professionnels afin de garantir son bon fonctionnement et sa
disponibilité en quantité suffisante.
14. Travailler à la création d’une haute autorité en matière d’erreurs médicales,
regroupant des professionnels de différentes spécialités, ayant l’expérience
requise et reconnus pour leur honnêteté et leur sincérité.
Ce Comité d’Éthique doit être supervisé par le ministre spécialisé dans le
domaine. L’une de ses missions est d’enquêter sur tout incident médical,
préjudiciable ou non, le plus rapidement possible avant que ses traces
et ses effets ne disparaissent. Cette enquête doit être complète, afin de

575
déterminer la cause et l’effet de l’erreur en cas de dommage. Ses rapports
doivent être soumis aux autorités responsables et suivis de recommanda-
tions afin d’éviter de telles erreurs à l’avenir.
15. Encourager les médecins fautifs à divulguer leurs erreurs, afin de faire
preuve de transparence et de clarté afin de servir l’avenir de la pratique
médicale et sa réussite, et instaurer des moyens légaux pour réduire leurs
poursuites judiciaires.
16. Encourager les personnes informées des erreurs médicales à les sig-
naler tout en assurant leur protection contre tout harcèlement et tout
dommage.
17. La nécessité de créer une base de données portant sur les erreurs médi-
cales élaborée par un comité spécialisé composé de médecins, de Fouqaha
et de juristes et promulguer une loi exigeant que tous les acteurs des
départements travaillant pour le ministère de la santé signalent les erreurs,
et fournissent à la base de données les informations permettant de con-
naitre les causes et les circonstances de ces erreurs.
18. L’évaluation par l’autorité compétente du membre de l’équipe médicale
lorsque celui-ci est à l’origine d’erreurs graves entraînant des dommages,
afin d’identifier ses conditions de travail et sa qualification.
19. Inviter les autorités responsables à répertorier et contrôler les produits
pharmaceutiques afin de s’assurer que les procédures à ce sujet soient
réalisées, de garantir le suivi des médicaments après utilisation, en par-
ticulier pour les plus dangereux et enregistrer toute observation d’effets
secondaires ou d’interaction médicamenteuse avec d’autres médicaments,
ou encore le taux de dommages causés, s’il y en a, et prendre les mesures
nécessaires à cet effet.
20. Sensibiliser afin de faire évoluer la conception de la société vis-à-vis des
erreurs médicales pour faire accepter leur éventualité dans la pratique
médicale.
21. Œuvrer à la création d’une carte numérique dotée d’un système de code-
barre à l’intention de chaque individu dans le pays et utilisée dans toutes
les transactions médicales, en insistant sur la nécessité de tester le disposi-
tif de code-barre de temps à autre afin d’en vérifier l’efficacité.
22. Travailler à l’émission de recherches, de procédures (protocoles) et de
guides de travail afin de renforcer la base de données des patients, leur
situation et leurs antécédents médicaux.
23. La nécessité de rassembler et classer les erreurs dans la pratique médicale

576
afin de s’en servir pour faire évoluer les rapports scientifiques et pour
analyser chaque type d’erreur.
24. Faire la distinction entre les erreurs médicales dues à la négligence des
médecins et celles dues à la négligence des établissements médicaux en
raison de la défaillance de leurs systèmes et de leurs matériels indispensa-
bles au traitement médical.
25. Faire la distinction entre les erreurs médicales et les événements négatifs
indésirables qui sont hors de la volonté du médecin. En outre, faire la
distinction entre les erreurs médicales et les complications médicales pré-
visibles résultant des soins médicaux.
26. Considérer le médecin responsable des cas de négligence et de faute
contraires aux règles de traitement médical convenues entre experts en
médecine. S’ajoute à cela le cas où le médecin soigne le patient sans sa
permission ou celle de son tuteur légal ou des autorités dans les situations
où une autorisation est requise.
27. L’indemnisation incombe à la personne responsable en cas de transgres-
sion ou de négligence conformément à la Charia et au droit pénal.
28. Travailler à la préparation d’un manuel scolaire sur la déontologie de la
médecine et les erreurs médicales dans toutes les spécialités, ainsi que
leurs mesures de prévention, et enseigner ce manuel de manière obliga-
toire aux étudiants en médecine.
29. Le médecin doit apporter une attention particulière au patient et à sa
maladie ainsi qu’aux conséquences du traitement, dans les limites de l’in-
térêt du malade en fonction des circonstances du milieu et de la culture
dominante.
30. Le médecin doit agir concernant les soins prodigués à son patient comme
une personne soucieuse de son état.
31. Il est interdit au médecin de divulguer les secrets du patient et il portera
la responsabilité du préjudice moral ou physique qui en résultera. Voir
la résolution no. 79 (10/8) de l’Académie et la recommandation de la
conférence de l’Organisation Islamique des Sciences Médicales qui s’est
tenue au Koweït en avril 1987.
Deuxièmement : La permission médicale

En principe l’autorisation médicale est exigée, et aucune exception n’est faite


sauf dans certains cas qui sont les suivants :

577
A. Les cas urgents représentant une menace pour la vie du patient ou certains
membres essentiels de son corps, lorsqu’il est impossible d’obtenir la
permission du patient ou de son tuteur légal.

B. Les cas dans lesquels il est nécessaire de traiter ou de prévenir pour


l’intérêt général, comme les maladies infectieuses et contagieuses qui
représentent une menace pour la santé des membres de la société.

C. Si le patient est atteint d’une maladie mentale ou psychologique


menaçant sa vie ou celle d’autrui, il doit être interné de force dans un
lieu de traitement après avoir pris les mesures requises.

Deuxièmement : Dispense de permission


a. Si le tuteur du patient refuse d’accorder son autorisation, sa tutelle légale
sera transférée au tuteur suivant ou à l’autorité générale.
b. Concernant les situations critiques, dans lesquelles le patient adulte et
sain d’esprit refuse d’autoriser le traitement, il est du devoir du médecin
d’informer le malade des risques pouvant advenir à cause de son refus et
le médecin doit documenter cette clarification dans un formulaire officiel.
Il ne peut y avoir de dispense pour l’obtention de l’autorisation dans ce
cas tant que le patient est conscient.
c. Il est nécessaire d’approfondir les recherches et les études sur les cas
nécessitant une naissance par césarienne pour sauver la vie de la mère ou
celle du fœtus, ou leurs vies à tous les deux, comme le cas où le cordon
ombilical s’enroule autour du cou du fœtus, et que la mère refuse de
donner l’autorisation pour la césarienne.
Recommandations générales
L’Académie recommande ce qui suit :
1. Exhorter l’Organisation Islamique des Sciences Médicales à entreprendre
des études comparatives entre les règles de la Charia, les règles de la légis-
lation actuelle, et les principes juridiques en vigueur, au niveau du monde
arabe et du monde musulman, en ce qui concerne la pratique médicale et
la responsabilité en cas d’erreur dans cette pratique, pour ensuite suggérer
les mesures nécessaires pour faire concorder les lois de la Charia et les lois
modernes.
2. La coordination entre l’Organisation de la Coopération islamique et la
Ligue Arabe et les organisations homologues du monde musulman, pour

578
étudier la mise en place d’un projet unique de directives juridiques por-
tant sur « les règles de la pratique médicale et la responsabilité en cas
d’erreur médicale », et afin que les pays arabo-musulmans s’aident de cela
dans la législation de leurs lois concernant la pratique médicale et les
erreurs qui en découlent.
3. L’établissement d’une autorité exclusive dans chaque pays arabe et musul-
man qui soit, indépendante, et, seule habilitée dans la préparation de
rapports d’expertise dans les procès judiciaires civils et privés et dans les
litiges présentés devant les comités et tribunaux d’arbitrage concernant
les erreurs résultant de la pratique médicale.
4. Introduire le système de réconciliation lors des poursuites pénales liées
aux erreurs de pratique médicale, et ce à n’importe quel stade du procès.
Cette réconciliation aura comme aboutissement l’arrêt de la procédure
pénale et l’annulation de l’exécution des sanctions si les jugements devi-
ennent décisifs.
5. Élargir les moyens de résolution des litiges et recourir à l’arbitrage en
responsabilité civile, résultant d’une erreur de pratique médicale.
6. Mettre en place des comités spéciaux pour traiter les poursuites en justice
non pénales et civiles d’ordres privés concernant les erreurs des médecins
et de leurs collaborateurs à condition que ces comités soient les seules
habilités dans ce domaine.
7. Il est nécessaire de développer la connaissance effective de toutes les ques-
tions de fond, des procédures et des principales composantes du travail
d’équipe et les renforcer précocement dans les programmes de formation
des universités et des instituts de médecine.
8. Les médecins doivent recevoir une formation sur la pratique et les retours
d’informations, en développant les connaissances et les compétences du
travail en équipe, afin d’affiner les aptitudes acquises dans les universités
et les instituts académiques.
9. Former les médecins lors de la période du résidanat dans le but de ren-
forcer l’importance du travail d’équipe dans les soins médicaux et de
faciliter le passage vers une culture de la sécurité.
10. Le secteur des soins de santé devrait développer et intensifier les enseigne-
ments tirés des programmes de qualification avancée.
11. Il convient de rendre hommage aux compétences des médecins en
matière de travail d’équipe par le biais de procédures pour l’octroi de
diplômes permettant d’exercer la profession.

579
12. L’examen de la licence par des conseils spécialisés doit inclure une
évaluation des connaissances des nouveaux médecins concernant les
composantes du travail d’équipe et leurs ambitions professionnelles
communes.
13. Étudier la mise en place de système d’assurance concernant les risques
découlant des pratiques médicales afin d’encourager le médecin à redou-
bler d’efforts dans le traitement du patient.
14. Les médias et autres moyens de sensibilisation doivent accorder de l’im-
portance aux informations en relation avec les troubles psychologiques
afin de les traiter rapidement et efficacement et sensibiliser la population
aux droits des patients souffrant de troubles psychologiques.
15. La collaboration des pays arabes et musulmans afin d’élaborer une loi
d’orientation unifiée pour la santé psychologique, inspirée des principes
généraux du droit islamique, ainsi que des accords internationaux et des
valeurs qui s’y rapportent.
16. L’entraide de l’Organisation de la Coopération islamique et des pays ara-
bes et musulmans pour élaborer une loi d’orientation unifiée concernant
la santé mentale, inspirée des principes généraux du droit islamique et des
accords et principes internationaux pertinents.
17. Organiser un séminaire spécialisé sur la santé psychologique et mentale
pour discuter des questions éthiques et juridiques à ce sujet et aboutir à
des recommandations spécifiques à cet égard.
18. Les établissements médicaux doivent se préparer à organiser des réunions
périodiques entre médecins ou collaborateurs afin d’étudier toutes les
nouvelles questions du domaine de la pratique médicale, échanger des
avis sur les problèmes et les obstacles rencontrés dans cette pratique et
étudier les erreurs médicales et suggérer des méthodes pour les éviter ou
les restreindre.
19. Développer les compétences des médecins en matière de communica-
tion avec les patients et leurs proches de manière à permettre d’identifier
l’évolution de l’état de santé du malade ainsi que les problèmes pouvant
survenir lors des procédures médicales.
Allah est plus Savant

580
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 224 (8/23)


La Couverture des Risques dans les Transactions
financières : Principes et Règles

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir consulté les recommandations du séminaire scientifique,
concernant « La Couverture de risques dans les transactions financières : prin-
cipes et règles », organisé par l’Académie dans l’émirat de Dubaï, du 26 au 27
avril 2016, avec la coopération du Département des Affaires Islamiques et des
Activités Caritatives dans le cadre de la conférence du Fiqh de l’Économie
Islamique réuni à sa 2ème session,
Et après avoir écouté les discussions à ce sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement : la signification des termes de base
1. Le concept de couverture :
A. Le concept de couverture, dans son sens général est la protection
et la prévention, c’est-à-dire la protection comme le définissent les
Fouqaha.
B. Dans la terminologie économique, le terme “couverture” désigne
les procédures organisées pour la gestion des risques, soit en les
neutralisant, en les réduisant ou en les éliminant en les faisant
supporter par un tiers.
C. Quant à la notion de “Couverture” dans sa signification
terminologique, elle désigne la protection contre les risques et la
réduction de leurs effets, sans limiter cela à qui est répandu dans les
transactions sur les marchés financiers qui sont principalement basées
sur la riba (usure) et l’indemnisation pour la prise de risques.

581
Ces formules comprennent les dérivés qui incluent : des futures, *les options,
des swaps (contrats d’échange temporaire). Certaines de ces formules ont
d’ores et déjà été jugées illicites par la résolution de l’Académie, telles que
les options, la plupart des futures et des échanges différés conformément à
la résolution portant sur les marchés financiers.
2. Le concept de risque :
Sa signification linguistique est : la probabilité de destruction.
En termes financiers : La probabilité de faillite financière, de perte, ou de
manque à gagner ou de profit inférieur aux attentes.
Selon la définition précédente, le risque est indissociable de l’activité
économique. Pour protéger les parties contractantes contre les risques
des transactions, la Charia a instauré des contrats de sûreté comme le
gage, la caution (garantie) et autres. Et de manière générale, les risques
ne sont pas souhaitables, car ils exposent les biens à la perte.
3. La « protection » quant à elle désigne : “l’utilisation des moyens disponi-
bles pour se protéger contre la perte, le déficit ou les dommages”.
Dans ce sens, la protection est plus générale que la garantie du capital, car
la garantie est l’engagement pris par une partie donnée d’assumer ce qui
arrive au capital en cas de perte, de dommage ou de diminution, alors
que la protection consiste à protéger le capital, ce qui inclut à la fois les
garanties directes et indirectes.
Deuxièmement : la position de la Charia concernant la couver-
ture de risque :
1. La couverture, dans son sens général, désigne la protection et la préserva-
tion de l’argent contre les risques, et dans ce sens, elle est compatible avec
les objectifs de la Charia concernant la protection de l’argent.
2. Le jugement de la Charia concernant les applications pratiques dépend
du degré de conformité des formules et des mécanismes de couverture
sous leurs diverses formes aux règles de la Charia. Cela nécessite une
étude détaillée des différentes formules et de vérifier le degré de leur con-
formité aux conditions de la Charia.
Troisièmement : les règles de la Charia pour les formules et les
méthodes de couverture
1. Les formules de couverture ne doivent ni comporter de Riba, ni mener à
cela, ni contenir de caractère amplement hasardeux (gharar), car c’est une
manière de consommer injustement les biens des autres.

582
2. La formule de couverture doit elle-même être autorisée par la Charia.
3. La formule de couverture ne doit pas conduire à la vente de dettes à un
montant différent de sa valeur nominale et à des échanges illicites comme
cela fut observé sur les marchés financiers traditionnels (basés sur les
intérêts).
4. Les formules de couverture ne doivent pas conduire à la vente de droits
simples, comme la vente d’options qui fut interdite par l’Académie dans
la résolution No63 (1/7), paragraphe 2 (b).
Elles ne doivent pas non plus conduire à une indemnisation pour un
engagement, comme la rémunération contre garantie, interdite par
l’Académie dans sa résolution no. 12 (12/2).
5. Prendre en compte des objectifs de la Charia lors de la formulation des
contrats de couverture, ainsi que des conséquences de ces contrats et
leurs effets dans les différents domaines, car veiller aux finalités est une
exigence importante de la Charia.
6. Les contrats de couverture ne doivent pas donner lieu à une garantie du
capital ou du bénéfice escompté que cette garantie soit assurée par le
gérant, gestionnaire du fonds (Moudarib) ou de l’agent, en dehors des cas
de fautes ou de négligences ou de transgression des conditions.
7. Le risque lui-même ne doit pas faire l’objet d’une rémunération.
8. L’objectif des outils de couverture doit être la préservation de l’argent et
non le fait de jouer sur les différences de prix (spéculation).
Recommandations : Le Conseil recommande ce qui suit :
1. En raison de la diversité des formules de couverture, de ses méthodes et
mécanismes dans les applications pratiques des institutions financières
islamiques, et vu qu’ils s’agit de questions contemporaines du Fiqh en-
tourées par les grands principes de l’Ijtihad dans la Charia, l’Académie
recommande d’organiser des séminaires scientifiques en coopération
avec des institutions financières islamiques pour étudier les outils et les
transactions de couverture pratiqués par les institutions financières islam-
iques ou approuvés par leurs conseils. Ceci afin de vérifier dans quelle
mesure ces institutions respectent les règles et conditions approuvées par
l’Académie dans ses résolutions et recommandations.
2. Exhorter les dirigeants et les travailleurs dans les institutions financières
islamiques à tirer profit des formules et contrats approuvés par l’Académie
internationale du Fiqh islamique et par le Conseil du Fiqh Islamique affil-

583
ié à la Ligue Islamique Mondiale et par d’autres conseils fiables relatifs à
la formulation des contrats et transactions de couverture de risques, tels
que le contrat Salam (vente d’un objet livré à terme et payé à l’avance), le
contrat de Salam parallèle(Salam mouwazi), la Mourabaha au profit du
donneur d’ordre d’achat, contrat Istisna’ (contrat de fabrication), contrat
d’Istisna’ parallèle (Istisna mouwazi), la condition de choix de rétracta-
tion, en conformité aux règles de la charia énoncées dans les résolutions
de l’Académie.
Allah est plus Savant

584
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 225 (9/23)


Le Halal, Réponses aux questions de l’Institut de Normalisation
et de Métrologie des Pays musulmans (SMIIC)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir examiné le compte rendu définitif du séminaire scientifique sur
le thème du Halal, Réponses aux Questions de l’Institut de Normalisation et
de Métrologie des Pays Musulmans (SMIIC), organisé par l’Académie à la ville
de Jeddah du 22 au 23 Rabi Al-Akhir 1436 H (11-12 février 2015).
Le compte rendu a été reformulé sur la base de la résolution n° 206 (22/2)
de l’Académie sur les questions de l’Institut de Normalisation et de Métrologie
des Pays Musulmans (SMIIC) publiée lors de la 22ème session de l’Académie
tenue au Koweït entre le 2 et le 5 à Joumada Al-Akhira 1436 H (22-25 mars 2015),
Et après avoir écouté les discussions sur les questions,

Décide ce qui suit:

Transmettre les questions au Secrétariat de l’Académie pour étude et pour ap-


porter les modifications qu’il juge appropriées et en informer l’établissement
requérant les renseignements.
Allah est plus Savant

585
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 226 (10/23)


La Prédominance et L’Affiliation dans les Transactions
Financières : Cas, Règles et Conditions de leurs Réalisations

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Coopération islamique réuni en sa 23ème session à Médine du 19 au 23
Safar 1440 H (28 octobre-1er novembre 2018).
Après avoir consulté la version finale des recommandations du séminaire
scientifique : La Prédominance et l’Affiliation dans les Transactions Financières :
Cas, Règles et Conditions de leurs Réalisations, organisé par l’Académie interna-
tionale du Fiqh islamique et la Banque Islamique du Développement, à Jeddah,
du 25 au 26 Safar 1436 H (17-18 décembre 2014). Et après l’avoir reformulé
conformément à la résolution de l’Académie No 214 (10/22) “La Prédominance
et l’Affiliation dans les Transactions Financières : Cas, Règles et Conditions de
leurs Réalisations” et qui fut publiée à la 22ème session de l’Académie, tenue au
Koweït du 2 au 5 Joumada Al-Akhira 1436 H (22-25 mars 2015),
Et après avoir écouté les débats qui se sont déroulés à ce sujet, décide ce
qui suit :
Sur la base des résolutions de l’Académie internationale du Fiqh islamique
concernant la Prédominance et l’Affiliation (No 30, 188, 197) et en particulier
la résolution No 30,

Et recommande :

Premièrement : Confirmation des paragraphes A et B du troisième article de


la résolution No 30, mentionnée précédemment concernant les fonds accumu-
lés après souscription et avant le début du travail. En effet, la négociation des
titres financiers (actions ou certificat d’investissement (Soukouk ou unités) dans
ce contexte est considérée comme un échange d’espèce contre de l’espèce au-
quel s’appliquent les règles du change. De même, si les actifs se transforment
en dettes, les dispositions des transactions de dettes seront appliquées à la né-
gociation des titres.
Deuxièmement : le principe d’affiliation (affiliation d’un élément subordonné

586
à un élément principal) est approuvé par la Charia et stipule que le subordonné
est affilié, et que tout ce qui est affilié à une chose porte son jugement. Par consé-
quent, l’affiliation est prise en compte dans la négociation de titres financiers à
condition que l’élément principal soit réalisé.
Le critère qui détermine la réalisation de l’élément principal est l’existence
de l’activité, du travail et de l’entité (l’établissement ou l’entreprise) responsable
des mouvements financiers. Par conséquent, il est permis dans ce cas d’échanger
des valeurs mobilières, sans tenir compte de la part d’argent et des dettes dans
ses actifs, car, ces derniers seront considérés comme affiliés à l’élément princi-
pal, tout en s’assurant que l’élément principal reste existant dans chaque étape
de la négociation.
Troisièmement : Dans le cas où les titres financiers ne représentent pas une
activité commerciale où l’argent est échangé, mais plutôt la propriété d’une part
indivise dans certains financements proposés par une institution financière, l’Aca-
démie confirme le paragraphe C du troisième article de la résolution No30 où il
fut déclaré que si les actifs représentés par les titres financiers sont mixtes, com-
posés d’argent, de dettes, d’actifs matériels, d’usufruits et d’argent et de dettes
internes, il est permis de les négocier au prix convenu, pourvu que la majeure
partie du capital soit sous forme d’actifs tangibles et d’usufruits.
La règle en cela est que le pourcentage des actifs tangibles et des usufruits
doit être supérieur à la moitié du capital (50%).
Quatrièmement : Il n’est pas permis d’utiliser l’autorisation de négocier des
titres financiers – conformément au principe d’affiliation – comme prétexte ou
ruse pour transformer des dettes en titres et pour les négocier, comme lorsque
le titre financier représente des dettes et de l’argent auxquels des actifs tangibles
et des usufruits ont été ajoutés pour les rendre prédominants afin de permettre
leur titrisation.
Application des principes de prédominance et d’affiliation aux
titres financiers

Premièrement : les Soukouk et les unités d’investissement


1. Dans le cadre de l’application des principes de prédominance et d’affilia-
tion à la négociation de titres, le contrat d’émission de titres doit respecter
les éléments essentiels et les conditions des contrats conformes à la Charia
sans contenir de clause qui soit contraire à sa nature ou à ses règles.
2. La confirmation des applications concernant les Soukouk al-Ijara (Titres
de location) dans la résolution de l’Académie N° 196 sur la poursuite du
sujet des Soukouk obligations islamiques dans les articles (2), (3) et (4).

587
3. Il est permis d’échanger des obligations, si la majorité des actifs sont
des actifs tangibles, des usufruits, ou des services, après la clôture de la
souscription et le commencement de l’activité. Par contre, avant le com-
mencement de l’activité, les règles de la Charia afférentes au contrat de
change doivent être appliquées si les actifs sont sous forme d’argent, et
les règles afférentes aux échanges de dettes doivent être appliquées si les
actifs sont des dettes.
4. Il est permis d’échanger des titres de propriété d’usufruits de biens déter-
minés avant de les louer à nouveau. Si les éléments étaient loués à nou-
veau, le titre, représentera le loyer et il sera donc une dette pour le deux-
ième locataire. Par conséquent, la négociation devra se conformer aux
règles et aux dispositions concernant les échanges de dettes.
5. Il n’est permis d’échanger les titres de propriété d’usufruit de biens aux
caractéristiques définies, avant d’avoir désigné le bien précis qui sera loué
et avant de le livrer, qu’à condition de respecter les règles relatives aux
échanges de dettes. Une fois l’actif loué précisément désigné, les titres
peuvent être négociés.
6. Il est permis de négocier les titres de propriété de services qui s’obtiennent
auprès d’une partie précisément désignée avant de louer à nouveau ces
services. Si les services sont à nouveau loués, le titre représente alors la
rémunération et devient de ce fait une dette pour le deuxième locataire et
la négociation du titre doit respecter les règles d’échange de dettes.
7. Il n’est permis d’échanger des titres de propriété de services qui s’obtien-
nent auprès d’une partie précisément décrite avant d’avoir précisément
désigner cette dernière, qu’en se conformant aux règles afférentes aux
échanges de dettes. Une fois la partie précisément désignée, il est permis
de négocier les titres.
8. La négociation de titres d’Istisna (contrat de fabrication) est permise s’ils
sont émis par le fabricant, ou si l’argent est transformé en actifs tangibles
dont les détenteurs des titres deviennent propriétaires pendant la durée
de la fabrication.
Par contre, si le produit de la vente des titres est utilisé pour être le prix
d’un contrat de fabrication parallèle ou que l’actif fabriqué a été livré à
celui qui l’a commandé de sorte que le prix du contrat de fabrication est
devenu une dette pour ce dernier, la négociation de ces titres devra être
conforme aux règles de la Charia en matière d’échange de dettes.
9. Il n’est pas permis d’échanger des titres salam (soukuk al-salam), car cela

588
constitue une vente de dettes et leur négociation doit donc respecter les
règles de la Charia concernant l’échange de dette.
10. Il n’est pas permis d’échanger des *titres Mourabaha (Soukouk al-Mour-
abaha) après la vente et la livraison de la marchandise de Mourabaha à
l’acheteur, car cela constitue une vente de dettes.
11. Il est permis de négocier des titres Moucharaka (Titre de partenariat), des
titres de moudaraba et des titres de Wakala Al-Istithmar (de procuration
d’investissement) après la clôture des souscriptions et le respect des règles
relatives à l’actif affilié énoncées au troisième article ci-dessus.
12. Il est permis d’échanger des obligations de location opérationnelle ou de
crédit-bail, une fois que le bailleur est devenu propriétaire de l’objet à
louer.
Deuxièmement : Les Actions

En tenant compte de ce qui a été mentionné dans les résolutions ci-dessus ainsi
que la résolution de l’Académie N° 63 concernant les marchés financiers, en
particulier les paragraphes (4), (5), (7), (8) et (13), il convient de prendre en
considération les éléments suivants :
1. Il n’est pas permis de négocier des actions de sociétés dont les actifs ne
sont que des dettes qu’en tenant compte des règles de la Charia en mat-
ière d’échange de dettes.
2. Il n’est pas permis de négocier des actions de sociétés si leurs actifs ne
sont que de l’argent, que ce soit au cours de la période de souscription ou
après, et avant qu’une partie du capital financier équivalente à 10% ne
soit transformée en actifs tangibles.
3. Si les actifs adossés aux actions sont composés d’actifs tangibles, d’usu-
fruits, d’argent et de dettes et que les actifs tangibles et les usufruits ne
sont pas prédominants sur les dettes et l’argent, de sorte qu’ils sont en
quantité égale ou que l’argent et les dettes sont prédominants, ou encore
qu’il est impossible de connaitre ce qui est prédominant, la règle d’affili-
ation doit être appliquée.
Le critère déterminant pour appliquer cette règle réside dans la concréti-
sation de l’élément prédominant, c’est-à-dire l’activité, le travail, et l’en-
tité responsable (l’organe administratif ) des transactions financières.
Dans ce cas, il est permis de négocier les actions sans prendre en compte
le taux d’argent et de dettes de ses actifs, car ces éléments sont considérés

589
comme un affilié à l’élément principal prédominant et non comme des
éléments indépendants, tout s’assurant que l’élément principal prédomi-
nant reste présent à chacune des étapes de la négociation.
Allah est plus Savant

590
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 227 (11/23)


L’Impact du Contrat de Mariage sur la Propriété des Époux

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir consulté les recherches présentées à l’Académie concernant :
« l’impact du contrat de mariage sur la propriété des époux » et après avoir écouté
les discussions approfondies qui ont eu lieu à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : À chacun des deux conjoints son indépendance financière et


le droit de disposer librement de ses biens et de ses droits que ce soit pour du
commerce ou des donations.
Deuxièmement : Les biens de chacun des deux époux, acquis ou non par le
contrat de mariage, appartiennent particulièrement à leur propriétaire et seront
ensuite transférés à leurs héritiers.
Troisièmement : Rien n’interdit du point de vue de la charia à ce que les
deux conjoints partagent leurs biens, s’ils le font par choix et de plein gré. En
outre, il n’est pas permis de les y contraindre.
Quatrièmement : Si le mariage se termine par le divorce, l’annulation, ou le
khoul’ (divorce demandé par l’épouse) et que cela cause un préjudice à l’épouse,
celle-ci a alors le droit de recourir à la justice pour demander réparation des
préjudices subis en application contemporaine du principe de Mut’a (biens
accordés par l’époux après un divorce) légiféré par la Charia pleine de sagesse.
Cinquièmement : Appeler à la création d’institutions gouvernementales ou
privées qui prennent en charge les femmes divorcées pour répondre à leurs
besoins.
Allah est plus Savant

591
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 228 (12/23)


Les Suggestions du Comité instauré par le Secrétariat général
de l’Académie pour aborder certaines Questions relatives
aux Obligations financières islamiques (Soukouk)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation


de la Conférence islamique, réuni en sa 23ème session, à Al-Madinah al-Mou-
nawarah (Royaume d’Arabie saoudite), du 19 au 23 Safar H (28 octobre – 01
novembre 2018) ;
Après avoir présenté le contenu du rapport de la réunion du Comité
Scientifique de l’Académie daté du 9 Rabi Al-Awal 1438 H (8 décembre 2016),
qui fut constitué pour étudier les observations formulées au sujet de certaines
résolutions de l’Académie au sujet des Soukouk,

Décide ce qui suit :

Organiser un séminaire scientifique au cours duquel plusieurs spécialistes sou-


mettront leurs recherches et leurs études concernant les deux questions ci-
après afin d’aboutir à des recommandations scientifiques qui seront exposées
au Conseil de l’Académie lors de sa prochaine session. Les deux questions sont
les suivantes :
La première question : Louer un actif à son vendeur est-il considéré comme
une forme de vente (’Ina) interdite par la Charia, comme indiqué dans la réso-
lution de l’Académie n° 188 (4/19).
La deuxième question : Dans quelle mesure est-il possible de s’engager à l’ex-
tinction des titres de location par l’acquisition au montant de la valeur nominale.
Et pourquoi ne pourrait-elle pas être fixée à sa valeur nominale, du moment que
cela fut convenu entre l’émetteur des titres et le bénéficiaire lors de l’émission
des obligations, comme indiqué dans la résolution N° 178 (4/19) de l’Académie.
Allah est plus Savant

592
Déclaration de la Cohabitation gracieuse à l’Ombre de l’Islam

Au nom d’Allah, Le Tout Miséricordieux, Le Très Miséricordieux

Louange à Allah, Seigneur des mondes, et que les éloges et la paix soient sur ce-
lui qu’Allah envoya par Miséricorde pour l’univers, notre Prophète Mohamed,
sur sa famille ainsi que tous ses compagnons,
Ceci dit ;
L’Islam est l’ultime religion et sa loi est la dernière des lois célestes. Elle ap-
pelle à l’adoration d’Allah Seul et son objectif et son but principal, à l’instar des
autres messages divins, est d’apporter le bien et le bonheur à l’humanité, ici-bas
et dans l’au-delà. Allah le Très Haut a dit : “Nous ne t’avons envoyé qu’en mi-
séricorde pour l’univers.” (Les Prophètes : 107)
“Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite de
toute chose, ainsi qu’un guide, une grâce et une bonne annonce aux Musulmans.”
(Les Abeilles : 89)
Étant convaincus, nous, membres du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique de l’Organisation de la Coopération islamique, réuni en sa
23ème session à Médine, du 19 au 23 Safar 1440 H (28 octobre - 1er novembre
2018), de l’importance des principes et des valeurs apportées par l’Islam,
Voici réunis dans cette déclaration, un certain nombre de ces principes, ô
combien nécessaires à l’humanité et aux différentes sociétés. Nous suivons en
cela l’exemple du Messager d’Allah ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬qui, lorsqu’il émigra à Médine (Yathrib),
rédigea entre ses habitants et ses différentes tribus, un pacte réglementant les
relations entre eux. Le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬y cita un ensemble des principales valeurs
islamiques, et ce qui suit fait mention des plus importants d’entre eux (des plus
importantes d’entre elles) :

–1–

L’appel de l’Islam est général, et son Messager ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a été envoyé à l’humanité tout
entière. Allah, le Très Haut, a dit : “Nous ne t’avons envoyé qu’en tant qu’an-
nonciateur et avertisseur pour toute l’humanité. Mais la plupart des gens ne
savent pas.” (Les Coalisés : 28)
Et en raison de l’universalité du message islamique, l’appel à l’Islam fait
partie des obligations. En outre la transmission de ce message doit se faire par
de sages et douces exhortations et des discussions dans la plus grande aménité,
loin de toute rudesse et sécheresse. Allah le Très Haut a dit : “Par la sagesse et
la bonne exhortation, appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute

593
avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui
qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien
guidés.” (Les Abeilles : 125)

–2–

Dans la vision de l’Islam, les êtres humains ont été désignés par Allah pour
régner et se succéder sur terre. Ils ont été honorés par Allah le Très Haut a ho-
noré leurs corps et leurs âmes, si bien qu’il est défendu de leur causer du tort,
de les mépriser ou les humilier, qu’ils soient vivants ou morts. Allah Le Tout
Puissant a dit : “Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons
transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme
nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures.”
(Le Voyage Nocturne : 70)
Et le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit à ce sujet : “Briser les os d’un mort est aussi grave que
de les briser lorsqu’il est vivant”29
Et toutes les créatures sont assujetties par Allah pour servir l’être humain,
Allah le Très Haut a dit : “Ne voyez-vous pas qu’Allah vous a assujetti ce qui
est dans les cieux et sur la terre ? Et Il vous a comblés de Ses bienfaits apparents
et cachés. Et parmi les gens, il y en a qui discutent à propos d’Allah, sans science,
ni guidée, ni Livre éclairant. ” (Louqman : 20)
Il a également dit – glorifié soit-Il – : “Il vous a assujetti tout ce qui est dans
les cieux et sur la terre, le tout venant de Lui. Il y a là des signes pour des gens
qui réfléchissent.” (L’agenouillée : 13)
La considération portée par l’Islam à l’être humain concerne aussi bien son
corps, que son esprit et son âme, afin que ce dernier puisse s’acquitter des de-
voirs liés à son règne sur cette terre.

–3–

Et Allah a ordonné à l’homme de suivre Ses lois transmises par les prophètes et
les messagers, et son sort dans cette vie et au Jour dernier dépend de son atta-
chement aux lois divines. Allah, le Très Haut, a dit : « Descendez d’ici, (Adam et
Eve), [Vous serez] tous (avec vos descendants) ennemis les uns des autres. Puis, si
jamais un guide vous vient de Ma part, quiconque suit Mon guide ne s’égarera
ni ne sera malheureux, (Tâ-Hâ : 123) Et quiconque se détourne de Mon Rappel,
mènera certes, une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection Nous l’amè-
nerons aveugle au rassemblement ». (Tâ-Hâ : 124)

²9 Abou Dawoud Soulayman bin al-Ach’ath. As-Sunnan. Volume 3, No. 3207.

594
–4–

De là, les savants attachèrent de l’importance à classer les dispositions de la


Charia en trois catégories, afin de mettre en évidence sa globalité recouvrant
l’ensemble des conditions de l’homme et ses diverses relations: la première est la
croyance, la seconde est la moralité et la troisième est la pratique qui comprend
les actes d’adoration et les interactions entre les individus.

–5–

En Islam, il n’y a pas de discrimination entre les êtres humains, fondée sur la
couleur, le sexe ou la langue. Ils ont tous une origine unique, un père et une
mère uniques (Adam et Eve). Allah, le Très Haut, a déclaré : “O hommes !
Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son
épouse, et qui de ces deux-là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d’hommes
et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les
autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe par-
faitement.” (Les Femmes : 1)
Le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit :
« Allah le Très Haut a dit : “O hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une
femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous
entreconnaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah
est certes Omniscient et Grand Connaisseur.” (Les Appartements : 13) En vérité, un
arabe n’est pas supérieur à un non-arabe, pas plus que ne l’est un non arabe à un
arabe, ou un homme blanc à un homme noir ou un homme noir à un homme blanc,
si ce n’est par la Taqwa (la piété). »30
–6–

En outre, il n’y a pas de différence entre les hommes et les femmes concernant
la dignité humaine et les prescriptions de la Charia. Allah le Très Haut a dit :
“Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le
convenable, interdisent le blâmable, accomplissent la Salât, s’acquittent de la
Zakât et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera mi-
séricorde, car Allah est Puissant et Sage.” (Le Repentir :71)
Et le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a déclaré : “ Les femmes sont les semblables des hommes ”31

³0 Soulayman bin Ahmed At-Tabarany. Al-Mu’jam Al-Kabir. Volume 18.


³¹ Abou ’Issa Mohammed At-Tirmidhy. As-Sunan. Volume 1. No. 113.

595
Les allocutions introduites par « O vous les gens » et « O vous les croyants »,
dans le Coran et les Ahadiths, s’adressent à la fois aux hommes et aux femmes.

–7–

L’un des piliers de la foi musulmane consiste à croire à l’ensemble des prophètes
et des messagers et aux livres qui leur ont été révélés à les respecter et leur rendre
hommage, tout en ayant foi qu’Allah les a tous envoyés pour appeler à Lui vouer
un culte exclusif et à L’adorer. Et il n’est pas permis à un musulman de faire
une distinction entre les prophètes et les messagers d’Allah. Le Coran a déclaré :
« Le Messager a cru en ce qu’on a fait descendre vers lui venant de son Seigneur,
et aussi les croyants: tous ont cru en Allah, en Ses anges, à Ses livres et en Ses
messagers; (en disant): « Nous ne faisons aucune distinction entre Ses messa-
gers ». Et ils ont dit : “Nous avons entendu et obéi. Seigneur, nous implorons
Ton pardon. C’est à Toi que sera le retour.” » (La Vache : 285)
L’Islam appelle à dialoguer avec les gens du Livre (les juifs et les chrétiens)
et à débattre avec eux de la meilleure manière. Allah le Très Haut a dit : “Dis :
« O gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous : que nous
n’adorions qu’Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne prenions point les uns
les autres pour seigneurs en dehors d’Allah ». Puis, s’ils tournent le dos, dites :
« Soyez témoins que nous, nous sommes soumis ».” (La Famille D’imrân :64)

–8–

La conversion à l’Islam s’effectue en toute liberté, sans aucune contrainte phy-


sique ou morale ni exploitation des faiblesses de ceux qu’on invite à l’Islam.
Allah le Très Haut a dit : “ Nulle contrainte en religion! Car le bon chemin s’est
distingué de l’égarement. Donc, quiconque renie les fausses divinités croit en
Allah saisit l’anse la plus solide, qui ne peut se briser. Et Allah est Audient et
Omniscient.” (La Vache : 256)
Le Très haut a également dit : “Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui
sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir
croyants ?” (Jonas : 99)

–9–

L’âme humaine, en islam, est protégée et préservée. En effet, tuer une seule âme
en l’Islam revient à tuer l’ensemble de l’humanité et préserver une seule âme re-
vient à préserver l’ensemble de l’humanité. Ce qui fut aussi le cas pour toutes les

596
religions divines. Allah le Très Haut a dit : “C’est pourquoi Nous avons prescrit
pour les Enfants d’Israël que tuer une personne non coupable d’un meurtre ou
d’une corruption sur terre revient à tuer l’humanité toute entière et préserver
une vie revient à préserver l’humanité entière. En effet, Nos messagers sont ve-
nus à eux avec les preuves. Et puis voilà, qu’en dépit de cela, beaucoup d’entre
eux se mettent à commettre des excès sur la terre.” (Le Repas : 32)

– 10 –

L’Islam a interdit l’injustice et l’a sévèrement condamnée, tout comme il a in-


terdit l’agression injuste d’autrui assimilant cela à semer la corruption sur terre,
qui est l’un des plus graves crimes en Islam. Allah le Très Haut a dit : “Ne semez
pas la corruption sur la terre après qu’elle ait été réformée.” (Al-A’râf :56), et Il
a dit : “Dis : « Mon Seigneur n’a interdit que les turpitudes (les grands péchés),
tant apparentes que secrètes, de même que le péché, l’agression sans droit et
d’associer à Allah ce dont Il n’a fait descendre aucune preuve, et de dire sur Allah
ce que vous ne savez pas »” (Al-A’râf : 33)
Vu la gravité de semer la corruption une peine adéquate lui a été assigné. Allah
le Très Haut a dit à ce sujet : “La récompense de ceux qui font la guerre contre
Allah et Son messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est
qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe
opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-
bas ; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment.” (Le Repas :33).
La gravité de semer le chaos apparait clairement dans les peines désignées pour
le brigandage et la corruption.

– 11 –

En Islam, la famille est la base de l’édifice de la société, et il n’est pas permis de


lui porter atteinte ou de lui causer du tort. Elle repose sur le mariage qui est bâti
sur l’apaisement, l’affection et la miséricorde. Allah le Très Haut a dit : “Et parmi
Ses signes Il a créé de vous, pour vous, des épouses pour auprès desquelles vous
goûtez au repos et Il a mis entre vous de l’affection et de la bonté. Il y a en cela
des preuves pour des gens qui réfléchissent.” (Les Byzantins : 21)

– 12 –

La paix est l’un des objectifs éminents de l’Islam et la base de la relation avec
autrui. Prôner la bienfaisance envers ceux qui sont pacifiques est l’une de ses

597
caractéristiques. Allah, le Très Haut, a dit : “Allah ne vous défend pas d’être
bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la re-
ligion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables.
(L’éprouvée : 8) Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous
ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre ex-
pulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes.” (L’éprouvée : 9)
Le Très Haut a également dit : “Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui
vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allah n’aime pas les transgres-
seurs !” (La Vache : 190)
Ainsi, le Jihad fut légiféré pour être un moyen de repousser les agressions,
défendre la nation et éliminer tout obstacle entre les gens et la foi en Allah et
la dernière religion. Il fut aussi légiféré pour porter secours aux opprimés qu’on
empêche de croire en Allah. Allah le Très Haut, dit : “Et qu’avez-vous à ne pas
combattre dans le sentier d’Allah, et pour la cause des faibles : hommes, femmes
et enfants qui disent : « Seigneur ! Fais-nous sortir de cette cité dont les gens sont
injustes, et accorde-nous de Ta part un allié, et accorde-nous de Ta part un se-
coureur ».” (Les Femmes :75)
Le Jihad vient éliminer tout obstacle afin que ne subsiste plus aucune tribula-
tion et que la religion d’Allah prévale. Allah le Très Haut a dit : “Combattez-les
jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus de sédition, et que la* religion soit entièrement
à Allah. Puis, s’ils cessent (ils seront pardonnés, car) Allah observe bien ce qu’ils
œuvrent.” (Le Butin :39)
Le but unique du Jihad en Islam est donc de repousser les agressions, d’écar-
ter tout obstacle empêchant les gens d’adopter la religion d’Allah et de protéger
les plus vulnérables sur terre.

– 13 –

Il n’est pas permis de s’en prendre à autrui injustement, qu’il s’agisse de sa per-
sonne, ses biens ou son honneur. Lors de la défense de la religion, de la vie des
personnes, de la dignité et des biens, la riposte doit être proportionnelle au
préjudice causé. Allah le Très Haut a dit : « Quiconque vous agresse sera donc
attaqué de manière proportionnée. Craignez Allah et sachez qu’Allah est avec
ceux qui Le craignent. » (La Vache : 194)
Le Très Haut a également déclaré : “Si vous devez exercer des représailles,
qu’elles soient en proportion du préjudice subi, bien qu’il soit préférable d’y re-
noncer et de supporter patiemment l’offense ressentie.” (Les Abeilles : 126)

598
– 14 –

La recherche d’une paix basée sur la justice et qui préserve les droits des enne-
mis est un objectif important en Islam. Allah le Très Haut a dit : “Alors, s’ils
inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah,
car c’est Lui l’Audient, l’Omniscient.” (Le Butin :61)
En outre, la trahison et la tromperie y sont interdites. Allah le Très Haut a
dit : “Si jamais tu crains vraiment une trahison de la part d’un peuple, dénonce
alors le pacte (que tu as conclu avec), d’une façon franche et loyale, car Allah
n’aime pas les traîtres.” (Le Butin : 58)

– 15 –

L’une des choses évidentes dans cette religion est sa condamnation stricte de
toutes les formes de ce que l’on nomme terrorisme aujourd’hui. Cela concerne
le meurtre d’innocents, l’agression des familles, le pillage de villes, de villages,
des biens et la violation des dignités de manières ignobles et inhumaines, mais
aussi l’agression contre la noble Mosquée al-Aqsa et les attentats à la bombe
au cœur des mosquées. Quelle injustice alors d’associer l’Islam à ces actes alors
qu’il a toujours condamné ces crimes.
De ce fait, une campagne médiatique massive doit être menée pour clarifier
la réalité de l’Islam et sa prééminence garantissant le bien de l’humanité ici-bas
et dans l’au-delà. Et cela doit également se refléter dans les programmes d’en-
seignement et d’éducation.

– 16 –

La miséricorde, la mansuétude, le pardon, l’indulgence, la clémence, la douceur


et la sincérité sont parmi les qualités du Messager de l’Islam Mohammed ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬. Les
musulmans doivent suivre l’exemple du Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬et se comporter avec autrui
(musulman ou non) en s’inspirant de ses nobles caractères. Allah Le Très Haut
a dit : “Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de juste milieu.” (La
Vache : 143) Le Très Haut a aussi dit : “C’est par quelque miséricorde de la part
d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude,
au cœur dur, ils se seraient dispersés autour de toi.” (Les Femmes : 159). Il a éga-
lement dit : “En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle
[à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah
fréquemment.” [Les Coalisés : 21].

599
– 17 –

Le juste milieu, la modération et la pondération sont la voie que les musulmans


doivent suivre dans toutes leurs affaires. L’extrémisme et le fanatisme sont des
crimes interdits. En effet, Allah Le Très Haut a dit : “Dis : « Gens du Livre ! Ne
soyez pas excessifs dans vos croyances, tournant le dos à la vérité. Ne suivez
pas les passions des gens qui se sont égarés avant cela, qui ont égaré beaucoup
de monde et qui se sont égarés du chemin droit ».” (Le Repas :77) “Chaque fois
que le Messager d’Allah choisissait entre deux choses, il adoptait la plus facile
d’entre elles, tant qu’elle ne fût pas un péché auquel cas il en était le plus éloi-
gné des gens.”32
Ces valeurs (de juste milieu, modération et pondération) se reflètent dans plu-
sieurs aspects prônés par la loi divine. Son objectif est évident dans l’harmonie
qu’elle instaure entre l’aspect matériel et spirituel. Allah, Le Très Haut, a déclaré :
“Quand Je l’aurai bien formé et lui aurai insufflé de Mon Esprit, jetez-vous de-
vant lui, prosternés,” (Sâd :72) Il en est de même concernant l’harmonie entre
les intérêts publics et privés, et entre les récompenses terrestres et célestes.
An-Nu’man bin Bachir rapporte que le prophète Muhammad ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit : “Celui
qui ordonne le bien et interdit le mal et celui qui ne le fait pas sont à l’image
de voyageurs en bateau qui, ayant procédé à un tirage au sort, se sont repartis
entre le pont et la cale d’un navire. Les passagers qui se trouvaient dans la cale
devaient monter pour puiser l’eau et passaient au milieu de ceux qui étaient
sur le pont. Certains de ceux qui étaient dans la cale du navire se sont dit : Et si
nous creusions un trou dans une planche pour puiser l’eau directement, pour
ne plus déranger ceux d’en haut. Ainsi, si les autres les laissaient faire cela, tous
périraient, et s’ils les en empêchaient, tous seraient sauvés.”33
– 18 –

L’entraide entre les enfants de l’Adam est la relation concrète qui doit exister
entre les adeptes de cette religion et les autres. Cette entraide vise le bien de
l’humanité. La différence de religion, de couleur et de sexe n’entrave et n’affai-
blit en rien l’appel à l’entraide. Allah Le Très Haut a dit : “Ne laissez pas la haine
pour un peuple qui vous a obstrué la route vers la Mosquée sacrée vous inciter
à transgresser. Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de
la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression. Et craignez
Allah, car Allah est, certes, dur en punition !” (Le Repas : 2)

³² Imam Al-Boukhary. Sahih. Volume 4. No 3560.


³³ Imam Al-Boukhary. Sahih. Volume 3. No 2493.

600
– 19 –

Les non-musulmans vivants dans les pays musulmans jouissent des mêmes droits
que les musulmans. Ils sont libres de garder leurs religions, croyances et rituels.
Allah, Le Très Haut, a dit : “Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équi-
tables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous
ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables.” (L’éprouvée :
8) Et Le Très Haut a dit aussi : “Nulle contrainte en religion !” (La Vache : 256)
Le Pacte du Prophète, aussi appelé la Charte de Médine, qui est un pacte
que le Messager d’Allah ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a décrété pour la communauté de Médine après son
Hégire, vient affirmer ce grand principe de l’Islam. En effet, il constitue le fon-
dement des relations entre les composantes sociales de Médine, et le fondement
de la société et de l’état en Islam.
De là vient l’importance du dialogue et de la discussion avec douceur pour
une construction sociale saine. La mise en pratique de ces principes dans les
conquêtes islamiques se traduisit par cette parole répétée à de maintes reprises :
« Il leur revient ce qu’il nous revient et leur incombe ce qu’il nous incombe .»
La jizya étant un impôt payé en échange de la protection, Abu Ubayda Amer
Bin al-Jarah ne l’a préleva pas aux habitants de Homs (en Syrie) après avoir
pourtant conquis la région tant qu’il n’était pas en mesure de les protéger. Par
ailleurs, un décret juridique imposa aux armées musulmanes de se retirer de
Samarcande, après qu’elles s’y soient introduites, car il avait été constaté que
ses habitants n’avaient pas été invités à l’Islam et qu’un délai de réflexion ne
leur avait pas été accordé comme l’impliquent les principes du Jihad en Islam.
De ce fait l’Islam s’intéresse aux droits des minorités non musulmanes vivant
dans la société musulmane. Il a appelé à les laisser libres dans leurs croyances et
leurs religions et a interdit d’attaquer leurs églises et leurs lieux de culte. L’Islam
se préoccupa également de la citoyenneté des minorités musulmanes vivant dans
les pays non musulmans tant que leur identité religieuse est préservée.

– 20 –

La gouvernance islamique à Médine illustre bien ces valeurs Ces principes sont
aussi évidents dans la Charte que le Prophète Muhammad ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, fit écrire
à son arrivée à Médine et dans lequel il assura la sécurité aux Juifs concernant
leur religion et de leurs biens. Il y déclara – sur lui la paix – : « Les Juifs prati-
queront leur religion librement. » 34

³4 Le Pacte du prophète Mohammed, également connu sous le nom de Charte ou Constitution


de Médine.

601
– 21 –

Ainsi, l’Islam est un appel à la justice et au respect des droits d’autrui, sans dis-
tinction de religion, de sexe, de couleur ou de langue. L’injustice y est interdite
même envers les ennemis. Certes, Allah Le Très Haut a dit : “Quand vous ju-
gez entre des gens, jugez *avec équité. Quelle bonne exhortation qu’Allah vous
fait ! Allah est, en vérité, Celui qui entend et qui voit tout.” (Les Femmes :58) Il
a également dit, élevé soit-Il : “O les croyants ! Soyez stricts (dans vos devoirs)
envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple
ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la
piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce
que vous faites.” (Le Repas : 8)
Dans un hadith qoudoussi, Allah Le Très-Haut dit : « Ô Mes serviteurs ! Je
me suis interdit d’être injuste et J’ai rendu l’injustice interdite entre vous égale-
ment. Ne soyez donc pas injustes les uns envers les autres !»35

– 22 –

S’accrocher fermement à Allah, ainsi que l’unité et l’entraide entre les musul-
mans constituent la forteresse protectrice des musulmans, ainsi que leur source
de bonheur, ici-bas et dans l’au-delà. À l’inverse s’éloigner d’Allah et la désunion
des musulmans est le chemin menant aux épreuves et est la cause de leur mal-
heur. Allah, Le Très Haut, a déclaré : “Et quiconque se détourne de Mon Rappel
mènera certes, une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection Nous l’amè-
nerons aveugle au rassemblement.” (Tâ-Hâ : 124). Et Il a dit “Cramponnez-vous
tous ensemble au « Habl » (corde) d’Allah et ne soyez pas divisés.” (Les Femmes :
103) Il a également déclaré : “Quiconque s’attache fortement à Allah, il est certes
guidé vers un droit chemin.” (La Famille D’imrân : 101)
L’entraide et la solidarité entre musulmans, sur les plans scientifique, éco-
nomique et militaire, garantissent à la fois leur force, leur enrichissement et le
confort de leurs peuples. Cela leur assure, aussi, la stabilité, la prospérité et la
sécurité de leurs pays. Allah Le Très Haut a dit : “Entraidez-vous dans l’accom-
plissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le
péché et la transgression. Et craignez Allah, car Allah est, certes, dur en puni-
tion !” (Le Repas : 2)

³5 Imam Mouslim. Sahih. Volume 4. No. 2577.

602
– 23 –

L’Islam accorde de l’importance aux droits des voisins, quelles que soient leurs
religions. Il a appelé et exhorté à honorer les voisins, Allah Le Très Haut a dit :
“Adorez Allah et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos)
père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin
lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Allah
n’aime pas, en vérité, le présomptueux, l’arrogant.” (Les Femmes : 36)
Le Prophète Muhammad ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a répété trois fois : “Par Allah, il n’a pas la foi.
Par Allah, il n’a pas la foi. Par Allah, il n’a pas la foi !”
On lui a demandé : “Qui est-ce, Messager d’Allah ?” Le prophète a répondu :
“Celui dont le voisin n’est pas à l’abri de son mal.”36

– 24 –

L’Islam a encouragé la connaissance et y a appelé, Allah Le Très Haut a dit :


“Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah. Allah est, certes, Puissant
et Pardonneur.” (Le Créateur : 28) Et le premier verset révélé dans le Coran fut
“Lis !” :
“Lis ! au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une adhérence.
Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, qui a enseigné par la plume [le calame], a
enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas.” (Le Corps Accroché: 1/5)

– 25 –

Travailler et œuvrer sur terre pour gagner sa subsistance est une obligation en
Islam, Allah Le Très Haut a dit : “Puis quand la Salât est achevée, dispersez-vous
sur terre et recherchez [quelque effet] de la grâce d’Allah, et invoquez beaucoup
Allah afin que vous réussissiez.” (Le Vendredi :10), Et Il a dit : “C’est Lui qui vous
a soumis la terre : parcourez donc ses grandes étendues. Mangez de ce qu’Il vous
fournit. Vers Lui est la Résurrection.” (Le Règne :15)
Le développement complet, sous toutes ses dimensions, fait partie des centres
d’intérêt de l’Islam. Cela nécessite l’élaboration de plan et de programme pour
concrétiser cet objectif. Travailler dur et consciencieusement est le moyen qui
mène à la renaissance des musulmans, à la prospérité de leur pays et au confort
de leur peuple. Les Prophètes, eux-mêmes, ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬travaillaient. Al-Miqdam bin
Ma’dykarib a rapporté que le Messager d’Allah ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a dit :
“Aucune nourriture n’est meilleure pour l’homme que celle qu’il tire de ses

³6 Imam Al-Boukhary. Sahih. Volume 8. No 6016.

603
propres mains. Dawud, le prophète d’Allah ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, ne mangeait que de ce qu’il ga-
gnait de ses propres mains.”37
Les textes à ce sujet abondent dans le Coran et la Sounna. L’imam al-Ghazali
a déclaré dans « Revivification des Sciences de la Religion » : “Si l’on aban-
donnait les industries et l’agriculture, les moyens de subsistance s’épuiseraient et
la plupart des créatures périraient. Ainsi, l’organisation de la vie se base sur un
système d’entraide entre tous les individus, où chaque groupe social est engagé
dans une profession particulière, car si tous exerçaient la même tâche, le reste
des professions seraient abandonnées, et tout le monde périrait.”

– 26 –

La communauté musulmane est une communauté de solidarité et d’entraide.


Al-Numan bin Bashir a rapporté que le Messager d’Allah ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬a déclaré : « Les
Musulmans, par l’amour, l’affection et la miséricorde qu’ils éprouvent les uns
pour les autres, sont semblables à un seul corps. Lorsqu’un membre est affecté,
c’est l’ensemble du corps qui ressent la douleur et s’enfièvre. »38
Le Messager d’Allah a également déclaré, que la paix soit sur lui : “Aucun
d’entre vous ne sera jamais véritablement croyant tant qu’il n’aimera pas pour
son frère ce qu’il aime pour lui-même.”39
Il est donc impératif que les musulmans fournissent tous leurs efforts menant
à la renaissance de leurs pays dans tous les domaines comme l’agriculture, l’in-
dustrie, la défense, la médecine afin que la communauté retrouve sa place dans
le monde. La réalisation de cet objectif passe par la nationalisation des sciences
et des technologies et par la complémentarité de tous les domaines réunis, et
ce, en se basant sur la parole du Très Haut : “Et préparez contre eux tout ce que
vous pouvez comme force.” (Le Butin :60)
Il a également déclaré, élevé soit-Il: "Nous lui (David) apprîmes la fabrication
des cottes de mailles afin qu’elles vous protègent contre vos violences mutuelles (la
guerre). En êtes-vous donc reconnaissants ? " [Les prophètes : 80].

– 27 –

Réconcilier les musulmans et empêcher l’agresseur de nuire sont des devoirs


légiférés, Allah Le Très Haut a dit : “Si deux groupes de croyants se combattent,

³7 Imam Al-Boukhary. Sahih. Volume 3. No 2072.


³8 Imam Mouslim. Sahih. Volume 4. No 2586.
³9 Imam Mouslim. Sahih. Volume 1. No 45.

604
réconciliez-les. Si l’un d’eux se rebelle contre l’autre, combattez le groupe qui
se rebelle, jusqu’à ce qu’il se conforme à l’ordre d’Allah. Puis, s’il s’y conforme,
réconciliez-les avec justice et soyez équitables, car Allah aime les équitables.”
(Les Appartements : 9)
Or, négliger cette question ne ferait qu’engendrer des tribulations, des troubles
et des conflits dans les pays musulmans. Les tribulations ouvrent la voie à de
nombreux maux qui doivent être évités et contournés par tous les moyens, car
elles entrainent la division des musulmans, brisent leur force, et donnent le pou-
voir à leur ennemi aux aguets. Allah, Le Très Haut, a déclaré : “Craignez une
calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Et sachez
qu’Allah est dur en punition.” (Le Butin :25)
Le Très Haut a également déclaré : “Ne vous disputez pas, sinon vous fléchi-
rez et perdrez votre force. Et soyez endurants, car Allah est avec les endurants.”
(Le Butin :46)

– 28 –

La solidarité sociale entre musulmans est une obligation religieuse fondamen-


tale.40 Le parent riche doit s’acquitter du droit de son parent pauvre, et donner
aux pauvres leur droit en prélevant dans l’argent des riches – l’argent des zakats
– constitue une obligation légiférée. En outre, se montrer solidaires à travers les
aumônes, les dons, les donations et autres est vivement recommandé dans la
Charia, car la solidarité suscite la sécurité et la stabilité des sociétés. Allah Le Très
Haut a dit : “Donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu’au pauvre et au
voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indument.” (Le Voyage Nocturne :27)
Le Très Haut a également dit : “Prélève de leurs biens une Sadaqa (don obliga-
toire) par laquelle tu les purifies et les bénis, et prie pour eux. Ta prière est une
quiétude pour eux. Et Allah est Audient et Omniscient.” (Le Repentir : 103)
Ibn Abbas rapporte que le Prophète ‫ ملسو هيلع هللا ىلص‬envoya Mou’adh bin Jabal au Yémen,
en lui disant : « Tu vas certes rencontrer un peuple qui appartient aux gens du
Livre. Invite-les [tout d’abord] à témoigner qu’il n’y a de divinité qu’Allah et
que je suis le Messager d’Allah. S’ils t’obéissent en ceci, fais-leur alors savoir
qu’Allah leur a prescrit cinq prières de jour et de nuit. S’ils t’obéissent en ceci,
annonce-leur [enfin] qu’Allah a légiféré une aumône qui sera prise de leurs riches
et redistribuée aux pauvres parmi eux[…] »41

40 Le système de numérotation a été modifié dans cette résolution pour des besoins de
traduction, mais le contenu original est le même.
4¹ Imam Al-Boukhary. Sahih. Volume 5. No. 4347.

605
– 29 –

L’un des principes fondamentaux de l’Islam est d’assurer à toute personne une
vie digne dans la société, quelle que soit sa croyance. C’est pour cela que lorsqu’
Umar bin Khattab (584-644 H), qu’Allah l’agrée, vit un vieil homme mendier,
il lui demanda : « Que t’arrive-t-il ? » Il lui répondit : « Je n’ai pas d’argent et on
me prélève la jizya. » Umar s’exclama : « il serait injuste qu’après t’avoir pris ta
jeunesse nous te prélevions ensuite la Jizya. » Il ordonna alors de ne plus faire
payer la jizya aux vieillards et lui alloua une rente issue du Trésor Public pour
couvrir ses besoins.42
En outre, Umar bin Abdul-Aziz (682-720 H) écrivit à ses agents de Bassorah :
“Prenez soin des personnes de la dhimma (sous protection juridique) qui sont
devenues vieilles et faibles et n’ont plus de ressources et donnez-leur ce dont ils
ont besoin du Trésor Public (bayt el-maal).”43

– 30 –

À la lumière des faits que nous avons mentionnés sur cette noble religion qu’est
l’Islam et qui ont servi de base aux résolutions de l’Académie internationale
du Fiqh islamique dans les questions qui ont été examinées, discutées et déci-
dés dans ses résolutions et qui ont porté sur divers aspects juridiques ; tels que
les croyances, les cultes, les transactions, les crimes, la moralité et tout ce qui
concerne la communauté humaine ; nous concluons que ces points doivent être
pris en compte dans le discours islamique contemporain et que la prédication à
Allah doit être accomplie avec sagesse dans les questions qu’elle aborde, qu’elles
soient économiques, médicales, familiales, intellectuelles ou encore scientifiques.
Allah Le Très Haut a dit : “Dis : «Voici ma voie, j’appelle les gens à [la reli-
gion] d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente.
Gloire à Allah! Et je ne suis point du nombre des associateurs.” (Joseph : 108)
Ceci nécessite la formation de prédicateurs et de savants qui soient à la hau-
teur des défis du siècle, connaissent la réalité des principes de cette religion et de
la société contemporaine, et appellent à Allah avec sagesse et bonne exhortation,
et débatte de la meilleure manière pour défendre cette religion, conformément
à la Parole d’Allah Le Très Haut :
“Par la sagesse et la bonne exhortation, appelle (les gens) au sentier de ton
Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon.” (Les Abeilles : 125)

4² Ibn Zanjawayh, Kitab Al-Amwal. Volume 1. No 165.


4³ Ibn Zanjawayh, Kitab Al-Amwal. Volume 1. No 79.

606
Et que les éloges et la paix d’Allah soient sur notre prophète Muhammad, sur
sa famille ainsi que sur tous ses compagnons.

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique


23 Safar 1440 (01 novembre 2018)

607
Résolutions et Recommandations de la 24ème
Session du Conseil de l’Académie internationale
du Fiqh islamique

Dubaï
Émirats Arabes Unis

7-9 Rabi Al-Awal 1441


3-6 Novembre 2019
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 230 (1/24)


Les Contrats intelligents : Comment les activer et
les résilier (Étude des Contrats intelligents et de
l’étendue de leurs liens avec la Cryptomonnaie)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie sur le sujet des Contrats
intelligents et de la manière de les activer et de les résilier (Étude des contrats
intelligents et de l’étendue de leurs liens avec la cryptomonnaie);
ayant écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Confirmation de la résolution de l’Académie internationale du


Fiqh islamique n° 52 (3/6) dans l’ensemble de ses paragraphes, sur l’établissement
de contrats au moyen, des méthodes de communication modernes, lors de sa
6ème session à Jeddah en 1410/1990. Cette résolution s’applique également aux
contrats électroniques qui sont indépendants des contrats intelligents.
Deuxièmement, le concept de contrats intelligents :
Il s’agit d’un contrat à exécution automatique entre deux parties, qui repose
sur l’idée du pair-à-pair (peer-to-peer/sans intermédiaire) par le biais d’un ré-
seau de distribution décentralisé (chaîne de blocs/blockchain), qui fonctionne
grâce à des devises cryptées telles que le bitcoin et autres.
Troisièmement, les contrats intelligents sont conclus par le biais de plates-
formes privées centralisées ou publiques décentralisées, et utilisent principale-
ment des cryptomonnaies.
Quatrièmement, l’Académie a décidé de reporter l’adoption d’une résolu-
tion sur le sujet, jusqu’à la tenue d’un séminaire spécialisé sur les contrats in-
telligents et après l’adoption d’une résolution au sujet des cryptomonnaies afin
d’étudier tous les aspects des contrats intelligents, en se concentrant sur ce qui
fut mentionné au paragraphe II.

610
Il est souhaitable d’inviter des techniciens et des spécialistes des blockchains,
des cryptomonnaies et autres domaines.
Allah est plus Savant

611
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 231 (2/24)


Inflation monétaire et Fluctuation de la Valeur des Devises

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie au sujet de L’Inflation
Monétaire et la Fluctuation de la valeur des Devises,
ayant écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : l’Académie confirme la Résolution nº 42 (4/5) adoptée lors de


sa 5ème session et est d’avis de l’appliquer dans les cas de non-inflation et de
faible inflation.
Deuxièmement : En cas d’hyperinflation, l’évaluation doit se faire par consen-
tement mutuel. Sans consentement l’évaluation doit se faire par la justice ou
l’arbitrage selon les cas.
Troisièmement : En cas d’hyperinflation après la contraction d’une dette, rien
n’empêche le créancier et le débiteur de s’entendre pour régler la dette selon sa
valeur ou en répartissant les pertes entre les deux parties à titre d’arrangement.
Il est aussi permis de faire passer ce différend devant les tribunaux ou l’ar-
bitrage, mais il n’est pas permis de s’entendre préalablement sur cette question
lors de la signature du contrat.
Quatrièmement, l’Académie confirme la recommandation adressée aux gou-
vernements musulmans dans sa Résolution nº 115 (9/12).
Allah est plus Savant

612
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 232 (3/24)


Les Contrats FIDIC (Modèle de contrats définis par la
Fédération internationale des Ingénieurs-conseils)

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie au sujet des Contrats
FIDIC,
ayant écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Les contrats FIDIC sont un ensemble de modèles de contrats de construction


d’ingénierie conçus pour réglementer la relation entre une partie chargée d’un
travail ou son représentant et l’établissement en charge de l’exécution du contrat,
afin de réaliser un projet comportant de multiples éléments de construction de
sorte qu’il soit livré prêt à l’emploi pour lequel il était prévu.
Si les dispositions et les règles de la Charia ont été respectées, l’Académie
considère que ces contrats sont permis par analogie avec les contrats d’Istisna
(fabrication), d’Ijara (location) et de promotion immobilière.
Les litiges et les désaccords qui pourraient survenir devraient être résolus par
voie d’arbitrage, en vertu de la Résolution nº 91(8/9). En cas de retard dans le
respect du délai d’exécution, il est permis d’appliquer la clause de pénalité en
vertu de la Résolution nº 109 (3/12).
L’augmentation du prix due au changement des circonstances d’exécution
ou à une modification du projet du contrat constitue une indemnisation du
dommage.
Allah est plus Savant

613
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 233 (4/24)


La Tolérance en Islam : Sa Nécessité et Ses
Effets dans la Société et dans le Monde

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème : Sa
Nécessité et Ses Effet dans la Société et dans le Monde,
ayant écouté les discussions approfondies sur le sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement, confirmation des résolutions, recommandations, déclarations


et communiqués publiés par le Conseil de l’Académie appelant à la coexistence
pacifique.
Deuxièmement, la tolérance est un principe fondamental évoqué par les
textes mentionnés dans le Coran et la Sounna. Elle a eu de nombreuses appli-
cations tout au long de la vie du Prophète Mohammed ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, dans les actions des
compagnons (qu’Allah les agrée), et dans l’histoire de l’Islam.
La Charte de Médine est l’un des exemples les plus remarquables de tolérance
envers les antagonistes à l’époque du Messager d’Allah ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬.
Troisièmement : La tolérance est demandée entre les musulmans, et entre
musulmans et non-musulmans.
Quatrièmement : il est extrêmement urgent de travailler sur le principe de
tolérance sur le plan des attitudes et des discours dans tous les domaines. La
tolérance est l’une des conséquences les plus importantes de la coexistence paci-
fique et de la cohésion sociale, mais aussi du maintien des relations sociales, de
l’unité de toutes les composantes de la société et de l’unité nationale.
Cinquièmement, le Conseil d’Académie salue ce qui suit :
1. Les initiatives et déclarations internationales et les efforts des États.
2. Les diverses activités de l’état des Émirats Arabes Unis pour concrétiser
la tolérance et de la coexistence entre les gens ce qui reflète l’image de la

614
tolérance et de la coexistence en Islam.
Le Conseil de l’Académie recommande également ce qui suit :
• Enseigner la valeur de la tolérance dans les programmes éducatifs et scolaires.
• Intégrer les valeurs de tolérance dans tous les domaines du discours
religieux.
• Souligner la valeur de tolérance dans les médias et les divers réseaux sociaux.
• Exhorter les experts et les intellectuels à attacher de l’importance à l’écriture
et la traduction concernant les valeurs de tolérance dans les médias.
• Inviter les Nations Unies et ses États Membres à adopter des lois et à signer
des traités internationaux qui criminalisent la xénophobie, l’exclusion, le
chauvinisme et la discrimination raciale, et à les intégrer dans les lois de ses
États Membres.
Allah est plus Savant

615
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 234 (5/24)


Atteindre la Sécurité Alimentaire et Hydrique : Les Problèmes les
plus critiques et leurs Effets sur les futurs Défis de la Oumma

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie sur le thème : Atteindre
la Sécurité Alimentaire et Hydrique: Les Problèmes les plus Critiques et leurs
Effets sur les futurs Défis de la Oumma,
ayant écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : la sécurité hydrique signifie l’approvisionnement en eau adaptée


à l’usage humain en quantité et qualité suffisantes pour répondre aux besoins
du pays et assurer sa continuité sans perturbation.
Deuxièmement, la sécurité alimentaire signifie l’approvisionnement aux in-
dividus d’une alimentation saine et équilibrée en assurant les besoins nutrition-
nels minimaux de tous les membres de la société.

Recommandations :

Comme l’Islam appelle à la préservation et à l’économie de l’eau et de la nour-


riture et interdit l’excès et le gaspillage dans tout ce qui porte préjudice aux hu-
mains et aux sociétés, le Conseil de l’Académie recommande ce qui suit:
1. Les gouvernements des pays musulmans doivent placer la question de la
sécurité hydrique et alimentaire au premier plan de leurs préoccupations
et doivent mettre en place des politiques et des programmes visant à ra-
tionaliser la consommation d’eau et de nourriture.
2. Tout comme le dicte la Charia, les musulmans doivent faire preuve de
modération dans la consommation de l’eau et de la nourriture et ne
doivent pas les gaspiller.

616
3. Les scientifiques spécialisés dans l’hydrologie, l’agriculture et l’environ-
nement doivent s’efforcer de mettre en place des dispositifs et de trouver
des solutions pour assurer la sécurité hydrique et alimentaire. Ils devraient
également tirer parti des techniques offertes par la quatrième révolution
industrielle dans le domaine du recyclage de l’eau en accord avec les règles
et les dispositions de la Charia.
4. Les pays musulmans doivent coopérer au plus vite pour résoudre les
problèmes liés aux pénuries d’eau et de nourriture en mettant en place
des politiques et des plans appropriés pour assurer le développement des
ressources en eau et la réalisation de la sécurité alimentaire. Ils doivent
également coopérer avec les organisations régionales et internationales
spécialisées dans les domaines de l’eau et de l’alimentation.
5. Utiliser les techniques modernes de production de semences et améliorer
les équipements de développement agricole afin d’assurer des taux de
production plus élevés et d’atteindre la sécurité alimentaire.
6. Les pays musulmans doivent s’efforcer de tirer parti des enseignements de
la Charia en ce qui concerne le développement des ressources agricoles en
suivant le principe de revivification des terres mortes en conformité avec
les enseignements de la Charia et doivent également s’efforcer à éliminer
les obstacles qui empêchent sa réalisation.
Allah est plus Savant

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le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 235 (6/24)


Le Génome Humain et la Bio-ingénierie future : Révision
des Résolutions de l’Académie, Présentation des Résultats
effectifs, des nouveaux Développements et des Défis

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recherches présentées à l’Académie sur le sujet du
Génome Humain et la Bio-ingénierie future : Révision des Résolutions de l’AIFI,
Présentation des Résultats Effectifs, des Nouveaux Développements et des Défis,
ayant écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Confirmation de la résolution de l’Académie N° 203 (9/21) au


sujet de l’Hérédité, le Génie Génétique et le Génome Humain, tenue à sa 21e
session à Riyad, Royaume d’Arabie saoudite, du 18 au 19 Mouharam 1435 H
(22 Novembre 2013).
Deuxièmement : Les techniques d’édition génomique (par ex. CRISPR-CAS
9) sont des techniques modernes de modification génomique et d’édition du
génome qui utilisent la substitution ou la correction, ressemblant à la méthode
utilisée dans la vérification orthographique par ordinateur, mais au lieu de mo-
difier des mots, les techniques d’édition génomique réécrivent l’ADN.
Ces techniques sont plus précises et plus accessibles que les techniques de
thérapie génique précédentes et visent à guérir de nombreuses maladies diffi-
cilement traitables. Néanmoins, ces techniques nécessitent des recherches plus
approfondies pour garantir leur sécurité et leur efficacité. L’édition génomique
n’est autorisée que si elle remplit les conditions suivantes :
1. La sécurité et l’efficacité de ces techniques doivent être certifiées par les
références médicales en rapport avec ce domaine.
2. Être utilisée à des fins médicales pour la prévention et le traitement de
maladies génétiques. L’utilisation de ces techniques à des fins esthétiques

618
(d’embellissement) est strictement interdite.
3. Exiger des procédures réglementaires rigoureuses pour garantir la dignité
des patients concernés dans l’édition génomique et pour empêcher l’abus
de ces techniques.

Troisièmement : Il est interdit selon la Charia de chercher à obtenir un enfant


sain en utilisant la technique du transfert mitochondrial, c’est-à-dire le généra-
teur d’énergie dans la cellule de l’ovule d’une femme saine avec son ADN vers
une femme souffrante de lésions ADN des mitochondries à cause d’une maladie
incurable, car cette technique entraîne un mélange de la filiation.
Allah est plus Savant

619
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 236 (7/24)


Le Rôle de l’Éducation Religieuse dans le Renforcement de la Paix

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recommandations issues du séminaire scientifique inter-
national sur: Le Rôle de l’Éducation Religieuse dans le Renforcement de la Paix,
à Rabat (Royaume du Maroc), du 17 au 18 Chabane 1440 H (23-24 avril 2019),
avec la coopération de l’Organisation Islamique pour l’Éducation, les Sciences,
et la Culture,
ayant écouté les discussions approfondies à ce sujet,

Décide ce qui suit :


1. Souligner l’importance du Noble Coran, un Guide qu’Allah – Le Plus
Sage et l’Omniscient – a fait descendre, et de la Noble Sounna du
Prophète Mohammed ‫ملسو هيلع هللا ىلص‬, et renforcer l’utilisation des méthodes éduca-
tives tirées du Noble Coran et de la Noble Sounna.
2. Continuer à organiser des conférences, des séminaires et des rencontres
régionaux et locaux, au sein et en dehors du monde musulman, portant
sur le renforcement du rôle de l’éducation religieuse et de l’enseignement
religieux, et organiser également des forums de dialogue internationaux,
avec la participation d’une élite d’intellectuels et d’experts, pour présenter
la culture islamique du juste milieu.
3. Inviter les États Membres de l’Organisation de la Coopération islam-
ique à créer des comités spéciaux pour mener des études scientifiques
approfondies sur les programmes d’éducation religieuse dans leur pays et
inclure dans ces programmes les valeurs et les enseignements islamiques
sur la paix, le dialogue et la coexistence.
4. Inviter les autorités éducatives compétentes des États Membres à inclure
dans leurs programmes scolaires une matière d’enseignements religieux
pour la paix.

620
5. Souligner, dans les programmes d’éducation religieuse, le fait qu’Allah Le
Tout-Puissant et le Très-Haut a honoré l’être humain et que l’être humain
a droit à une vie décente, à l’éducation, à une bonne santé et à d’autres
éléments essentiels de la vie.
6. Mettre en évidence les compétences et les concepts qui renforcent les
valeurs religieuses tolérantes, le patriotisme et les attitudes positives au
sein de la société, et s’efforcer de les utiliser dans les programmes d’ensei-
gnement et de prédication religieux.
7. Diffuser des programmes éducatifs avancés dans l’enseignement de la
langue arabe aux non-arabophones afin d’améliorer leurs connaissances
de l’Islam, de sa culture, et de ses valeurs.
8. Propager les programmes d’éducation religieuse par le biais des moyens
de communication modernes pour une diffusion plus large et pour recti-
fier les perceptions négatives concernant l’Islam et les musulmans.
9. Souligner l’importance du partenariat et de la coopération entre éru-
dits religieux et experts en éducation et en sciences de l’éducation, pour
élaborer des programmes d’éducation religieuse basés sur une approche
pédagogique qui élève les valeurs religieuses et les renforce dans le com-
portement des jeunes.
10. La coordination et la coopération entre les médias et les établissements
d’enseignement, de prédication, de culture et de jeunesse, afin de ren-
forcer et promouvoir l’identité religieuse et culturelle et de consolider
l’identité nationale et le respect des autres opinions.
11. Développer des méthodes de formation pour les guides religieux et les
acteurs dans le domaine religieux.
12. La formation scientifique et pédagogique des enseignants de l’éducation
religieuse dans les États Membres et les qualifier pendant le service par le
biais de la formation continue.
13. Développer des méthodes et des moyens pédagogiques adaptés à la
génération des médias cognitifs, renforcer les valeurs de dialogue et de
débat et développer les méthodes d’activités éducatives qui enseignent la
pensée systématique et forgent une capacité personnelle à dialoguer avec
les autres.
14. Préparer et publier des études et des recherches clés sur le renforcement
de l’éducation basée sur la modération et la tempérance, et les traduire
dans les langues vivantes.
15. Créer des centres de recherche chargés de guider et de conseiller les

621
musulmans, répondre aux partisans du fanatisme, du Takfirisme et de
l’athéisme et réfuter leurs opinions et leurs arguments en s’appuyant sur
les enseignements de la Charia.
16. Organisation de séminaires internationaux sur le thème de l’exploitation
des réseaux sociaux dans la promotion des valeurs de paix, du juste milieu
et de modération.
17. Promouvoir la culture de paix et développer les compétences, les valeurs
et les attitudes dans les programmes d’éducation religieuse qui reflètent
et renforcent l’interaction et la cohésion sociales.
18. Souligner l’importance de l’enseignement de la jurisprudence comparée
et de la comparaison des religions dans les universités des États Membres
selon une méthodologie qui met en relief la flexibilité de la Charia et le
principe de différence et de diversité ainsi que son rôle dans le plural-
isme, la compréhension et l’acceptation des autres, et la souplesse des
jugements.
19. Souligner l’importance de l’éducation religieuse et du développement de
ses programmes.
20. Mettre en évidence les concepts islamiques authentiques concernant les
femmes en Islam et les inclure dans les programmes d’éducation religieuse.
Allah est plus Savant

622
Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 237 (8/24)


Les Monnaies électroniques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recommandations issues du séminaire scientifique sur le
sujet des Monnaies électroniques, tenu à Jeddah (Royaume d’Arabie Saoudite),
du 10 au 11 Mouharam 1441 H (09-10 Septembre 2019),
Ayant écouté les discussions sur le sujet,

Décide ce qui suit :


Premièrement: Concept, mécanismes de négociation et risques
1. Compte tenu de la signification générique du concept de monnaie élec-
tronique qui comprend à la fois les cartes de crédit, les cartes prépayées,
les chèques électroniques et autres, les discussions ont conclu à l’utili-
sation du terme de “Cryptomonnaie.” Parmi les plus populaires de ces
devises figurent le bitcoin, l’ethereum, et le Ripple.
Malgré leurs différences notables, ces devises se caractérisent par le fait
qu’elles sont cryptées et n’ont pas d’existence physique ni tangible. Elles
sont échangées entre les parties des transactions sans intermédiaire en
utilisant un système de pair-à-pair. Selon les recherches présentées, ces
devises sont classées en trois types:
• Premièrement, les “Coins” comme le bitcoin
• Deuxièmement, les “Altcoins” (devises alternatives) telles que lightcoin,
bitcoin cash, l’ethereum et le ripple.
• Troisièmement : les jetons ou “tokens”, qui sont des actifs négociables
et échangeables avec des biens et des cryptomonnaies.
L’une des caractéristiques les plus importantes du premier type est la
décentralisation, ce qui signifie que, contrairement aux autres types de

623
monnaie, aucun gouvernement ou entité privée ne supervise son émis-
sion. La plupart des cryptomonnaies fonctionnent avec la technologie de
la chaîne de blocs ou la blockchain, qui produit la monnaie et tient le
registre complet des transactions monétaires. Une autre caractéristique de
Bitcoin est la controverse sur la personnalité de son premier émetteur.
2. Les cryptomonnaies sont utilisées via des plateformes en ligne ou par l’in-
termédiaire de courtiers. Ces plateformes sont payantes et chaque client
doit disposer d’un portefeuille électronique personnel sur son ordinateur
pour établir sa propriété de la cryptomonnaie et pouvoir les utiliser.
L’une des caractéristiques les plus distinctives des plateformes et des por-
tefeuilles électroniques est la possibilité d’utiliser des pseudonymes ce
qu’on appelle aussi l’anonymat.
3. Certains pays, tels que la Malaisie, ont rendu obligatoire l’obtention des
licences nécessaires auprès des autorités concernées pour créer ces plate-
formes électroniques. Ces pays ont également mis en place des règlements
pour les utilisateurs de ces plateformes, en particulier, l’affichage de leur
véritable identité.
4. Bien que ce type de monnaie se soit répandu dans de nombreux pays
et dans des milliers de magasins commerciaux et qu’elles puissent être
échangées contre des monnaies nationales, et que certaines autorités gou-
vernementales les ont approuvées, de nombreuses études indiquent les
risques liés à l’utilisation des cryptomonnaies, en particulier l’instabilité
de la valeur de ces monnaies.

Deuxièmement : Jugement selon la Charia


Ayant examiné les recherches présentées et ayant écouté les débats sur le sujet, il
s’est avéré que plusieurs questions influencent le jugement de la Charia sur les
cryptomonnaies et nécessitent plus de recherches et de discussions, notamment
les questions suivantes :
1. Quelle est la nature exacte de la cryptomonnaie, est-ce une marchan-
dise ou un usufruit ou un bien d’investissement indépendant ou un actif
numérique ?
2. La cryptomonnaie est-elle une monnaie ou un bien utilisable du point
de vue de la Charia ?

Troisièmement : À la lumière de ce qui précède, et compte tenu des risques

624
importants associés à ce type de devises et de l’instabilité de leurs transactions,
le Conseil de l’Académie recommande de poursuivre les recherches et les études
sur les questions relatives à son jugement.
Allah est plus Savant

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Au nom d’Allah,
le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Louanges à Allah, Seigneur des Mondes. Que les éloges, et le Salut soient sur
notre Maître Mohammed, Ultime Messager, sur les Siens et sur Ses Compagnons.

Résolution N° 238 (9/24)


Les Opérations de Couverture dans les
Institutions financières islamiques

Le Conseil de l’Académie internationale du Fiqh islamique de l’Organisation de


la Conférence islamique, réuni en sa 24ème session, à Dubaï (Émirats Arabes
Unis), du 7 au 9 Rabi Al-Awal H (3-6 Novembre 2019) ;
Ayant examiné les recommandations issues du séminaire scientifique au su-
jet des Opérations de Couverture dans des Institutions Financières Islamiques,
organisé par l’Académie à Jeddah (Royaume d’Arabie Saoudite), en coopéra-
tion avec le Waqf Iqra pour le Développent et l’Exploitation, du 24 au 25 Rajab
1440 H (31 mars-01 avril 2019)
ayant écouté les discussions sur le sujet,

Décide ce qui suit :

Premièrement : Confirmer les résolutions de l’Académie de l’Organisation de


la Coopération islamique portant sur la couverture des transactions financières,
en particulier, la résolution de l’Académie n° 224 (8/23) sur : La Couverture des
risques dans les Transactions financières : Principes et Règles, adoptée à sa 23e
session à Al-Madinah al-Mounawarah du 19 au 23 Safar 1440 H (28 octobre -
01 novembre 2018), dans l’ensemble de ses paragraphes, qui sont comme suit :

1. Le concept de couverture.
2. Le concept de risque.
3. Le concept de protection.
4. La position de la Charia concernant la couverture des risques.
5. Les règles de la Charia pour les formules et les méthodes de couverture.

Deuxièmement : les Opérations de couverture (protection) au sens général :


Il existe une gamme de transactions qui peuvent servir de base aux formules
de couverture et de protection selon le sens général. Elles font partie des activi-
tés des institutions financières et sont autorisées par la Charia. Parmi celles-ci :

626
1. La couverture économique : elle repose sur le fait de diversifier les ac-
tifs, les portefeuilles d’investissements et les formules. Cela est requis par
la Charia pour une bonne gestion des ressources.
2. La couverture coopérative : basée sur des formules d’entraide en con-
cluant des contrats d’assurance coopérative, et ce afin de compenser les
dommages et pertes auxquels l’institution financière islamique pourrait
être confrontée. Cette formule n’est pas contestée par la Charia en raison
de la légitimité de l’assurance coopérative sur les projets, ainsi que sur les
actifs physiques et financiers. Or, les résolutions de l’Académie n° 9 (9/2)
et n° 200 (6/21) ont confirmé le caractère licite de l’assurance coopérative
et de ses différentes formules.
3. La couverture contractuelle parallèle (mouwazi) : Elle consiste à
établir un contrat parallèle au contrat initial, avec les mêmes clauses et
spécifications, par lequel l’institution se protège contre les risques du pre-
mier contrat, tels que les contrats Salam (vente d’un objet livré à terme
et payé à l’avance), Salam Mouwazi (Salam parallèle), contrats d’Istisna’
(de fabrication), et d’Istisna’ mouwazi (fabrication parallèle) en sont des
exemples comme indiqué dans les recommandations de la Résolution
nº 224 (8/23) au sujet de la couverture.
L’une des règles de la Charia les plus importantes pour l’autorisation des
contrats parallèles est de ne pas lier le premier contrat au second, mais
que chaque contrat soit indépendant au niveau de ses droits et de ses
engagements.
4. Contrats combinés : Il s’agit de combinaison des contrats dans le but de
couvrir les risques en les associant, mais sans les relier sous forme de con-
ditions mutuelles et sans les intégrer l’un à l’autre, comme en combinant
la vente et l’engagement contraignant, ou la procuration (Wakala) et la
Mourabaha. Parmi les plus importantes de ces formules, on peut citer les
suivantes:

A. La combinaison entre la Mourabaha et la Moucharaka*. Et cela en


divisant le portefeuille d’investissement en deux parties: la première
partie est allouée aux mourabaha(s) avec des entités solvables et
avec un profit fixe; et la seconde partie est investie dans un contrat
de moucharaka, telle que les actions commerciales, ou les actions
immobilières, etc. Par conséquent, la couverture du capital est
réalisée par le contrat de mourabaha, avec la possibilité de perte pour
la deuxième partie.

627
B. La combinaison de l’Ijara et de la Moucharaka : Le mécanisme de
couverture dans cette formule est similaire à la méthode précédente.
Cependant, la couverture est obtenue par le biais du contrat d’Ijara
au lieu du contrat de Mourabaha, comme en investissant une partie
du portefeuille d’investissement dans l’achat des Soukouk al-ijara avec
des revenus suffisants pour couvrir le capital. Le montant restant est
investi dans des contrats de Moucharaka.
C. Combinaison de la Mourabaha et de la vente avec arrhes : Le capital est
divisé en deux parties : la première partie consiste en une Mourabaha
avec des sociétés solvables et avec un profit défini; tandis que la
seconde partie consiste en un achat d’actions avec arrhes.
Si les taux des actions augmentent, le contrat d’achat est conclu, les ac-
tions sont reçues et vendues, le montant de la vente est remis au vendeur
et le fonds concrétise ainsi un profit.
Toutefois, si le prix des actions n’augmente pas, le contrat est abandonné
et l’acompte est perdu. Le capital reste couvert grâce au contrat de la
Mourabaha. Dans ce procédé, il est obligatoire de respecter les règles de
la Charia pour la vente avec arrhes, ce qui implique de conserver l’objet
du dépôt sans le négocier, depuis le moment où le contrat a été signé
jusqu’au moment de son aboutissement et l’acompte ne doit pas être
utilisé.
5. La couverture par l’utilisation de l’option de rétractation pour se protéger
contre la rétractation du client comme dans le contrat de Mourabaha et
de crédit-bail. Les résolutions de l’Académie sur la promesse bilatérale
indiquent que celle-ci est permise à condition que les deux parties, où
l’une d’entre elles possède l’option de se rétracter. Sans cette condition, la
transaction n’est pas permise.
Il convient de souligner que dans les résolutions dans lesquelles
l’Académie a autorisé la promesse contraignante, la considérant comme
une couverture contre la rétractation du client et la protection de l’entre-
prise contre les pertes, le droit de rétractation est alors accordé à l’autre
partie.
6. Couverture par garanties pour protéger le capital d’investissement :
Il y a des mécanismes divers qui font partie des formules de garantie pour
couvrir les risques liés à la perte ou au non-profit dans les projets d’inves-
tissement. L’Académie a confirmé dans ses résolutions qu’ils étaient licites.
Parmi ces formules :

628
a. Garantie par une partie tierce : Il s’agit d’une personne physique
ou morale indépendante des deux parties du contrat, si elle s’oblige
à faire don de la garantie dans un projet déterminé. La résolution
de l’Académie n° 30 (5/4) a confirmé que cette garantie est licite
selon la Charia, à condition que le garant soit indépendant dans sa
personnalité et dans sa responsabilité financière envers les deux parties
du contrat et fait don d’une contribution bénévole sans-intérêts pour
indemniser la perte d’un projet déterminé, à condition qu’il s’agisse
d’un engagement indépendant.
b. Charger le Moudarib (gestionnaire du fonds) de prouver la perte :
l’Académie a souligné dans sa Résolution nº 212 (8/22) que la
responsabilité de prouver la perte était transférée au Moudarib (la
banque) en exception à la règle et cela à condition qu’il existe des
indices à l’encontre de ses prétentions de ne pas avoir commis de
fautes.

Troisièmement : les transactions de couverture (protection) au sens général


jugées interdites par la Charia, notamment : Couverture par prêts mutuels dans
deux devises différentes sous condition :
Cette formule est utilisée pour protéger contre la fluctuation du taux de
change et le découvert des comptes des correspondants. Lorsqu’une institution
financière dispose d’un excédent d’une certaine devise qu’elle prête à une autre
institution, cette dernière lui prête en retour une autre devise dont elle a besoin
sous l’effet d’une condition explicite, implicite ou coutumière. C’est une ma-
nière d’accorder prêt à condition d’obtenir un autre prêt, ce qui n’est pas permis
selon la Charia d’après l’unanimité des écoles juridiques, en raison du lien qui
existe entre les deux prêts (prête-moi et je te prêterai), que les délais des deux
prêts soient identiques ou différents.
Couvertures pour sécuriser le capital financier dans les actifs et les Soukouk :
L’émission de Soukouk contient un certain nombre de couvertures, de condi-
tions et d’engagements contraires aux règlements de la Charia et à ce qui fut
souligné par la résolution de l’Académie n° 30 (5/4) adoptée en 1988 sur les titres
de Mouqarada et les titres d’investissement et par la Résolution nº 188 (3/20) sur
la poursuite de la Discussion sur les «Soukouk Islamiques, notamment :
1. La garantie de la valeur nominale par l’émetteur (moudarib, parte-
naire-gérant, agent d’investissement).
2. L’engagement du moudarib à prêter le portefeuille des soukouk afin de
garantir une certaine distribution de dividendes.

629
3. Exiger que les détenteurs des soukouk n’aient pas la capacité de les utiliser,
comme le fait d’empêcher l’utilisation de l’actif loué en cas de défaut de
paiement des tranches.
4. Le non-transfert de la propriété des actifs des soukouk aux investisseurs
ou aux détenteurs des soukouk, ce qui signifie que la responsabilité de la
garantie des Soukouk ne leur incombe pas et qu’ils ne supportent pas les
pertes en échange d’avoir droit aux bénéfices. La preuve en est que ces
actifs restent généralement dans le budget de l’émetteur.
5. L’exigence présente dans le prospectus d’émission des Soukouk que le
gérant accorde un prêt aux détenteurs des soukouk dans le cas où le profit
effectif tombe en dessous d’un certain pourcentage. Cette exigence est
souvent motivée par le fait que si le profit dépasse un certain pourcent-
age, l’excédent doit être entièrement restitué au gestionnaire sous forme
de prime.

Quatrièmement : Instruments alternatifs de couverture pour les dérivées fi-


nancières et leurs jugements selon la Charia:
Ces instruments peuvent être divisés en trois catégories principales :
La première catégorie : La couverture contre les risques des
fluctuations futures des taux de change
Parmi ses principales transactions, on peut citer :
1. L’engagement réciproque contraignant entre deux parties de conclure un
contrat de change à l’avenir.
Formule : Les deux parties s’engagent de manière contraignante à réaliser
un contrat de change un jour futur déterminé et à un taux de change fixé.
Jugement selon la Charia :
A. Il n’est pas permis que l’engagement contraignant soit utilisé à des
fins de couverture dans des contrats de change. La résolution de
l’Académie n° 102 (5/11), concernant la négociation des devises,
souligne que la vente à terme de devise n’est pas permise et que les
promesses réciproques ne sont pas autorisées dans un contrat de
change.
En effet, l’engagement contraignant ressemble à un contrat,
comme cela est mentionné dans la résolution de l’Académie n° 40
(2/5) concernant le respect d’une promesse faite et la Mourabaha au
profit du donneur d’ordre d’achat, qui a souligné que l’engagement

630
contraignant dans la vente est équivalent à la vente elle-même.
B. Cette formule ne respecte pas les conditions des cas exceptionnels
mentionnés dans la résolution de l’Académie n° 157 (6/17),
concernant l’engagement contraignant et la collusion dans les
contrats. L’Académie a permis l’engagement contraignant dans des
cas exceptionnels tout en confirmant dans la résolution que, dans ces
cas exceptionnels, l’engagement contraignant ne doit pas inclure de
riba.
2. Les deux engagements mutuels (l’engagement contraignant avec des con-
ditions spécifiques, face à un engagement contraignant avec des condi-
tions différentes pour l’exécution d’un contrat de change à l’avenir).
Formule : La première partie fait à la deuxième partie la promesse con-
traignante de vendre un montant d’une devise à un taux fixe et à un
moment déterminé, si l’évolution du taux de change n’est pas à son avan-
tage. Par contre si le cours est à son avantage, il ne prend aucun engage-
ment. La seconde partie doit également faire une promesse contraignante
d’acheter la même devise, au même taux fixe, au même moment déter-
miné, si l’évolution du taux de change n’est pas à son avantage. Par contre,
si elle est à son avantage, rien ne sera promis de sa part.
Jugement selon la Charia :
Il n’est pas permis que les engagements mutuels constituent une couver-
ture contre les fluctuations des taux de change, car leur forme réelle est
similaire à l’engagement contraignant de réaliser un change, ce qui est
interdit par la Charia en vertu des résolutions de l’Académie ci-dessus.
3. Une proposition prolongée pour une période déterminée qui contraint la
partie proposant à conclure un contrat de change.
Formule : La première partie émet une proposition prolongée jusqu’à
un jour donné dans lequel l’accord de change est conclu, en vendant
la devise à un taux et à un montant déterminés. L’autre partie s’engage
de manière contraignante ou non, à émettre son accord dans le délai
convenu.
Jugement selon la Charia :
A. Il n’est pas permis d’appliquer le principe de la proposition
prolongée à l’accord de change, car la condition d’échange
immédiat lors de la passation du contrat doit être respectée, qu’il
reçoive ou non un engagement contraignant de la part de l’autre

631
partie, comme mentionné dans la résolution de l’Académie n° 52
(3/6) sur l’établissement de contrats au moyen des méthodes de
communication modernes à l’alinéa 4.
B. Si la proposition prolongée et contraignante reçoit un engagement
contraignant de l’autre partie, elle est similaire à l’engagement
contraignant et plus grave encore à cause de l’existence de la
proposition qui est l’un des deux piliers du contrat.
4. Exécution de deux opérations de tawarouq moutaqabil (transactions de
Tawarouq mutuel):
Formule : L’exécution du Tawarouq structuré entrainant l’attribution
d’une dette du montant de la première devise devant être payée, puis une
transaction de Tawarouq inverse dont le résultat est l’attribution d’une
dette avec le montant de la deuxième devise devant être reçu. Il en résult-
era deux dettes mutuelles pour les deux parties de la transaction, chacune
dans une devise différente.
Jugement selon la Charia :
Cette transaction étant basée dans sa structure sur un type de Tawarouq
jugé interdit par la Charia, elle est donc interdite. La résolution de
l’Académie n° 179 (5/19), sur le Tawarouq et ses types, a souligné que les
deux types de tawarouq (structuré ou inversé) sont interdits, du fait qu’il
existe une collusion explicite ou implicite ou coutumière, entre l’inves-
tisseur et le Moustawariq, dans le but de ruser pour obtenir un montant
contant supérieur à celui qui est dû, ce qui est une forme de Riba.
5. L’engagement contraignant pour effectuer une transaction de mourabaha
ou de vente future à perte dont le profit ou la perte est basé sur un indice
convenu.
Formule : Cette transaction s’effectue par l’engagement contraignant des
deux parties à effectuer une transaction Mourabaha ou de vente à perte,
de la première partie à la deuxième partie, ou de la deuxième partie à la
première partie en un jour ultérieur. Le profit ou la perte est compté sur
la base du rapport positif/négatif en un jour futur convenu pour le calcul
de l’indice.
Jugement selon la Charia :
A. L’engagement contraignant réciproque des deux parties n’est en
principe pas permis, en vertu de la résolution de l’Académie n° 40
(5/2).

632
B. Cette formule ne fait pas partie des cas exemptés permis par
l’Académie dans sa Résolution nº 157 concernant les promesses
réciproques et la collusion dans les contrats, comme cela est
mentionné dans le paragraphe (quatrièmement, alinéa 1-1 A).
6. Les deux engagements mutuels (l’engagement contraignant avec des con-
ditions spécifiques, face à un engagement contraignant avec des condi-
tions différentes pour effectuer à l’avenir une transaction de mourabaha
ou de vente à perte).
Formule : La première partie fait la promesse contraignante à la deux-
ième partie de faire une opération de Mourabaha ou de vente à perte
à un moment défini, si l’évolution du taux de change n’est pas à son
avantage. Par contre si le cours est à son avantage, il ne prend aucun
engagement. La seconde partie doit également faire une promesse con-
traignante d’effectuer une opération de Mourabaha ou de vente à perte
au même moment déterminé, si l’évolution du taux de change n’est pas
à son avantage. Par contre, si elle est à son avantage, rien ne sera promis
de sa part. Le profit de la Mourabaha ou le déficit de la vente à perte est
calculé en fonction d’un indice convenu.
Jugement selon la Charia:
Il n’est pas permis d’avoir recours aux engagements mutuels, car leur
forme réelle est similaire à l’engagement contraignant, ce qui est interdit
par la Charia comme mentionné dans le paragraphe 4 alinéa 5.
Les engagements réciproques pour fournir une couverture ne sont pas
permis, car leur nature ressemble à un engagement contraignant dans un
contrat de change, ce qui est interdit par la Charia conformément à ce
qui fut mentionné dans la résolution susmentionnée.

Type II: Couverture contre les fluctuations des indices de taux


d’intérêt associés à la détermination des taux de profit dans les
formules islamiques
1. L’engagement contraignant de deux parties à conclure à l’avenir un con-
trat Mourabaha ou de vente à perte et dont le profit ou la perte sera
calculé en fonction d’un indice convenu.
Formule : Cette transaction se réalise par un engagement contraignant
entre les deux parties pour effectuer une série de transactions Mourabaha
ou vente à perte de la première partie à la seconde partie, ou de la sec-
onde partie à la première partie, dans une série de jours à venir. Le profit

633
ou la perte de chaque transaction est calculé par le rapport positif/négatif
dans chaque jour futur en convenant de calculer l’indicateur à ce jour.
Jugement selon la Charia :
A. Il n’est pas permis d’utiliser l’engagement contraignant comme une
forme de couverture pour échanger les taux d’intérêt fixes et variables.
Cela est dû au fait que l’engagement contraignant est similaire à un
contrat, comme indiqué dans la résolution de l’Académie n° 40
(5/2) sur le respect de l’engagement et de la Mourabaha au profit
du donneur d’ordre d’achat stipulant que l’engagement contraignant
concernant une vente est similaire à la vente elle-même.
B. Cette formule ne fait pas partie des cas exemptés permis par
l’Académie dans sa Résolution nº 157, comme cela est mentionné
dans le paragraphe (quatrièmement, alinéa 1-1 A).
2. Les deux engagements mutuels (l’engagement contraignant avec des con-
ditions spécifiques, face à un engagement contraignant avec des condi-
tions différentes pour effectuer à l’avenir une transaction de mourabaha
ou de vente à perte).
Formule : La première partie fait la promesse contraignante à la deux-
ième partie de faire une série d’opérations de Mourabaha ou de vente à
perte à des moments définis, si l’évolution du taux de change n’est pas à
son avantage. Par contre si le cours est à son avantage, il ne prend aucun
engagement. La seconde partie doit également faire une promesse con-
traignante d’accomplir une série d’opérations de Mourabaha ou de vente
à perte aux mêmes moments déterminés, si l’évolution du taux de change
n’est pas à son avantage. Par contre, si elle est à son avantage, rien ne sera
promis de sa part. Le profit de la Mourabaha ou le déficit de la vente à
perte est calculé en fonction d’un indice convenu.
Jugement selon la Charia :
Il n’est pas permis d’effectuer deux engagements réciproques, car leur
forme réelle est similaire à l’engagement contraignant interdit par la
Charia, comme mentionné au paragraphe 6.
3. Exécution de deux opérations de tawarouq moutaqabil (transactions de
Tawarouq mutuel):
Formule : Effectuer une transaction de Tawarouq structuré entrainant
l’attribution d’une dette de l’intérêt fixe demandé, puis une transaction
de Tawarouq inverse est effectuée dont le résultat est l’attribution d’une

634
dette au montant de l’intérêt variable et de manière à déduire les mont-
ants de chaque dette opposée pour chaque jour du délai de leur rem-
boursement. Cette déduction à ce moment défini se réalise en ne payant
que la différence uniquement. Le taux d’intérêt variable dans la transac-
tion de Tawarouq peut être déterminé selon trois méthodes:
1. Passation de contrat de Tawarouq à taux variable.
2. Passation de contrat de Tawarouq à taux fixe avec l’engagement
de déduire tout dépassement de l’indice des taux d’intérêt pour
chaque jour de futur versement de tranches.
3. Le Tawarouq cyclique en réalisant une série de transactions tawarouq
à court terme, chacune à un prix fixe pour créer à la fin une dette
à taux variable.
Jugement selon la Charia :
Elle est interdite parce que la transaction est basée sur une formule inter-
dite par la Charia (le Tawarouq), comme indiqué au paragraphe 4, alinéa
4.
Type III: l’engagement contraignant d’une seule partie comme
alternative à la transaction d’options
Formule : L’une des parties s’engage de manière contraignante à effectuer une
transaction Mourabaha avec la seconde partie au montant de l’écart positif, en
un jour ou dans un délai convenu, à la demande de la seconde partie.
Cet engagement contraignant est vendu à un prix déterminé qui doit être
payé au départ.
La première partie qui émet un engagement contraignant a le statut du ven-
deur de l’option, et la deuxième partie ayant le droit de contraindre d’exécuter
l’engagement a le statut de la partie acheteuse de l’option.
Jugement selon la Charia :
Il n’est pas permis de rémunérer l’engagement contraignant.
La résolution n° 63 de l’Académie International du Fiqh Islamique au sujet
des marchés financiers a énoncé les points suivants:

Deuxièmement: Les options


A. La formule du contrat d’Options
Les contrats d’options sont une compensation versée en échange d’un
engagement de vendre ou d’acheter un bien précis, à un prix déterminé et
pendant une durée déterminée ou à un moment donné, directement ou

635
par le truchement d’un organisme garantissant les droits des deux parties.

B. L’avis de la Charia
Les contrats d’option tels qu’ils ont cours actuellement dans les places
financières mondiales sont une forme inédite de contrat qui ne fait partie
d’aucune forme de contrat connue dans la Charia.

L’objet du contrat n’étant ni un bien, ni un usufruit, ni un droit financier


susceptible d’être monnayé, il est illicite au regard de la Charia. Ces contrats
étant illicites de par leur nature même, ils ne sont pas négociables.
À cet effet, l’Académie International du Fiqh Islamique a adopté la Résolution
nº 224 sur le sujet de la couverture, qui comprend les règles relatives à la cou-
verture que la Charia autorise. Il fut déclaré que : (Les formules de couverture
ne doivent pas conduire à la vente de droits simples, comme la vente d’options
qui fut interdite par l’Académie dans la résolution No63 (1/7), paragraphe 2 (b).
Elles ne doivent pas non plus conduire à une indemnisation pour un engage-
ment, comme la rémunération contre garantie, interdite par l’Académie dans
sa résolution nº 12 (12/2).

Recommandations
1. l’Académie recommande aux Conseils de la Charia, les Autorités de
Fatwa, et de Supervision Chariatique, les savants et les chercheurs, de
concilier entre le respect des objectifs fondamentaux de la Charia et ses
règles précises concernant les contrats lors de l’Ijtihad dans la structura-
tion des produits financiers islamiques en général et dans la formulation
des contrats de couverture en particulier. De même, il faut tenir compte
des conséquences de ces contrats et de leurs effets, car la prise en compte
des conséquences est un principe fondamental dans la Charia.
2. L’Académie recommande aux départements d’investissement et de
trésorerie au niveau des institutions (niveau partiel), ainsi qu’aux au-
torités chargées de l’élaboration des politiques monétaires et financières
au niveau des Etats (au niveau global), de veiller à la réalisation d’un
équilibre entre les engagements et les dettes d’une part, et entre la richesse
et l’activité réelle d’autre part, et d’éviter le dumping qui affecte l’activité
économique en général.
Allah est plus Savant

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