P6 Histoire Du Théâtre 2023-2024

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R.

de Fonvent Français 5e 1
Réponds à toutes les questions sur une feuille de classeur !

I. Introduction
1. Lis le texte suivant, puis, réponds aux questions.

Contexte : Sandra refuse de faire le deuil de sa mère. Régulièrement, la jeune fille fait sonner une montre
pour se souvenir d’elle.

Située à côté du lit de la très jeune fille, l’armoire se met à trembler, à basculer, et finalement se renverse.
Une femme à l’allure plutôt négligée en sort, avec difficulté.

LA TRÈS JEUNE FILLE. Oh c’est quoi qui se passe là ?! y a un problème ou quoi ?

LA FÉE. Merde de merde… J’ai failli me faire mal en plus.

LA TRÈS JEUNE FILLE. Vous foutez quoi là-dedans ?

LA FÉE. J’ai mal évalué mon coup… et je me suis endormie, j’ai l’impression ! Merde !

LA TRÈS JEUNE FILLE. Endormie dans mon armoire ? On se connaît en plus ou on se connaît pas ?

LA FÉE. Non, c’est la première fois je crois qu’on se voit.

LA TRÈS JEUNE FILLE. Alors vous déboulez comme ça dans ma chambre ?

LA FÉE, l’air très surpris. C’est ta chambre ?

LA TRÈS JEUNE FILLE. Bon… mais moi j’ai pas le temps de parler avec vous, excusez-moi !

La fée sort une cigarette et l’allume.

LA TRÈS JEUNE FILLE. Oh oh oh oh ça va la vie pour vous comme ça ?!

LA FÉE. Ça te dérange si je fume ? On ouvrira une fenêtre !

LA TRÈS JEUNE FILLE. Y a pas de fenêtre.

LA FÉE. Ah bon ? Y a pas de fenêtre ?

LA TRÈS JEUNE FILLE. Oui, c’est provisoire mais c’est comme ça. Moi ça me va en fait ! C’est moche, ça
me correspond ! (La fée souffle la fumée de sa cigarette avec volupté.) Vous êtes pas trop gênée vous en
fait ?

LA FÉE, montrant sa cigarette. J’arrive pas à arrêter ce truc c’est terrible, j’ai tout essayé, ça n’a pas
marché !

LA TRÈS JEUNE FILLE. Bon, je vous connais pas, je vous ai jamais vue, vous fumez dans ma chambre et je
suis obligée de vous écouter me raconter votre vie en plus ? Mais moi, je peux pas vous écouter, j’ai des
choses importantes que je dois faire et j’ai besoin d’être seule, d’avoir ma tranquillité ! Alors bon, je vous
demande de me laisser maintenant ! De partir ou au moins de vous taire ! Je sais pas si c’est clair ?

LA FÉE. C’est quoi que tu dois faire ?

LA TRÈS JEUNE FILLE. J’ai dit que j’avais plus envie de vous écouter ni de vous parler ! ( Petit temps.) Ce
qui est important, c’est que je dois penser à ma mère, parce qu’elle me l’a demandé et que c’est
important. (La montre de la très jeune fille se met à sonner.) Voilà ce que je dois faire.

LA FÉE. Même la nuit elle sonne ta montre ?

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LA TRÈS JEUNE FILLE. Oui Un temps.

LA FÉE. Pas gaie ta vie !

LA TRÈS JEUNE FILLE. Qu’est-ce que j’ai dit !

LA FÉE. Pardon !

LA TRÈS JEUNE FILLE. Merci.

LA FÉE. C’est vrai, elle est chiante ta vie, tu te marres jamais, y a pas de distractions dans ta vie. Pendant
ce temps, les autres, i’se marrent, tu sais ça ?!

LA TRÈS JEUNE FILLE. Je m’en fous des autres, j’ai pas besoin de m’amuser, c’est pour les petits de
s’amuser. Moi, j’ai autre chose à faire de plus important et de plus adulte que de me distraire. Et de toute
façon, pour se distraire, faut l’avoir mérité et moi, je mérite pas, voilà c’est dit! Maintenant ciao. Fermez
votre bouche qui déblatèred es grosses âneries à la chaîne et fermez l’armoire en sortant! (Un temps.) Si
ça se trouve, je suis une vraie salope… Et j’ai oublié de penser à ma mère pendant je sais pas combien de
temps, et peut-être qu’à cause de ça, ma mère elle est tombée dans la vraie mort maintenant… Voilà
l’histoire, vous êtes contente !

Elle est très émue, au bord des larmes.

LA FÉE. Tu vas pleurer ? Oh non ! Je supporte pas qu’on chiale à côté de moi, surtout les mômes.

LA TRÈS JEUNE FILLE, vexée, explosant. Je chiale pas, qu’est-ce que vous racontez ! Non mais dis donc
vous ! Ça commence à bien faire de me faire insulter comme ça, ça va suffire oui, vous êtes qui pour me
parler comme ça vous d’abord ?

LA FÉE. Je suis qui ?

LA TRÈS JEUNE FILLE, très en colère. Oui, vous êtes qui d’abord ?

LA FÉE. Moi ?

LA TRÈS JEUNE FILLE. Oui, t’es qui toi pour te foutre de ma gueule continûment ? Ça va bien cinq minutes
! Alors ?

LA FÉE. Alors ?

LA TRÈS JEUNE FILLE. T’es qui ?

LA FÉE. Je suis qui ?

LA TRÈS JEUNE FILLE. Oui t’es qui ? Dépêche-toi.

LA FÉE. La fée.

LA TRÈS JEUNE FILLE. La fée de qui ?

LA FÉE. Quoi la fée de qui ? La fée de toi ! Ta fée quoi !

LA TRÈS JEUNE FILLE. Ma fée quoi ? J’ai une fée moi ?

LA FÉE. Ben oui, ça arrive !

LA TRÈS JEUNE FILLE. Et c’est comme ça, une fée ?

LA FÉE. Hé ho dis donc, tu me connais pas encore !

LA TRÈS JEUNE FILLE. J’ai jamais demandé à avoir une fée moi.

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a. Quels sont les éléments qui te permettent d’affirmer qu’il s’agit d’un texte théâtral ?
b. Comment appelle-t-on les indications en italique ? À quoi servent-elles ?
c. De quand date cette pièce de théâtre selon toi ? Justifie ta réponse.
d. À quel conte fait-elle référence ?
e. Voici une photographie tirée de la mise en scène de Joël
Pommerat à l’Odéon de Paris en 2011. Quel est l’effet
produit par cette mise en scène ?

2. Définition du théâtre
En t’appuyant sur la définition donnée par le Centre National
de Ressources Textuelles et Lexicales, donne les différentes
définitions que nous pouvons attribuer au terme « théâtre ».
(https://www.cnrtl.fr/definition/theatre)

Dans le cadre de ce parcours, nous considèrerons que le théâtre est un art d’imitation,
exprimant une action à travers la parole de personnages, et dont l’étymologie (du grec
thea, « action de regarder ») insiste sur sa dimension essentielle de spectacle.

Il est important de noter que cette acception est très occidentale : dans d’autres lieux à
travers le monde, le théâtre est pour ainsi dire absent (dans le monde arabe, par exemple)
ou totalement différent (dans les pays asiatiques, ce sont surtout des masques, pantomimes 1
et marionnettes qui sont utilisés).

3. Pourquoi une histoire du théâtre ?


 Même en Occident, les normes ont varié au fil du temps ;
 les « classiques » sont bien souvent mis à l’honneur, créant ainsi une « tradition
dominante ». Pour les comprendre, il faut mettre en relation leur sens et leur
époque ;
 quid des femmes ? La tradition littéraire est, une fois encore, fortement masculine…

1
Pièce mimée.

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II. La naissance du théâtre
Le théâtre nait au VIe siècle ACN à partir des dionysies, cérémonies festives en l’honneur de
Dionysos. Lors de ces fêtes, les responsables des cités grecques organisaient des concours
dramatiques où les meilleurs auteurs et les meilleurs acteurs étaient récompensés.
Dans la Grèce antique, le théâtre concerne toute la société : c’est l’État qui pourvoit à tous les frais
des représentations et qui va même jusqu’à donner une indemnité aux citoyens les plus démunis
pour leur permettre d’y assister.
L’influence du théâtre antique est importante pour le théâtre occidental (surtout Français) :
…………………………., philosophe grec et sa Poétique ont eu un impact notable sur la forme, par
exemple.
Les dramaturges de l’Antiquité retracent dans les …………………………….. (« imitation d’une action
noble, conduite jusqu’à sa fin […] qui passe […] du bonheur au malheur ») des évènements
historiques, légendaires ou faisant partie des grands mythes, rassemblant ainsi les citoyens autour
d’une culture commune.
La ………….., au contraire, conduit du malheur au bonheur et représente des situations quotidiennes
grotesques visant à provoquer le rire.

1. Observe les illustrations2 suivantes, puis réponds aux questions.

Jeune homme Jeune homme Satyre

Dionysos Vieille femme Courtisane

2
Source : http://jfbradu.free.fr/GRECEANTIQUE/GRECE%20CONTINENTALE/PAGES%20THEMATIQUES/theatre/savoir-plus-
masques.php3?r1=0&r2=0&r3=0

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a. De quoi s’agit-il ?
b. Que nous apprennent ces objets quant au théâtre antique ?

On appelle théâtre de la distanciation .........................................................................................................


.......................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................................

Quelques auteurs à retenir dans le monde grec :


 Comédie : Aristophane
 Tragédie : Eschyle, Sophocle, Euripide.
Quelques auteurs à retenir dans le monde romain :
 Comédie : Plaute, Terence.
 Tragédie : Sénèque

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III. Le Moyen âge : rappel
Souvenons-nous, nous avions vu l’année dernière qu’il
existait deux sous-genres au drame médiéval :

 .…………………………………………………..
 …………………………………………………...

Au Moyen âge, le théâtre va d’abord de pair avec la ……… ; c’est ainsi que l’on trouve d’abord la
mise en scène de saynètes en latin au sein même de la liturgie ( = drame liturgique). Par la suite, le
drame semi-liturgique se caractérisera par la représentation de …………………….. et de
………………………….. sur le …………………………. des églises. N’oublions pas que ces spectacles sont de
grande ampleur et durent parfois plusieurs jours, ce qui donnera naissance au théâtre profane :
………………………., ………………., ………………………… . Ces intermèdes plus légers donnent du monde une
vision misogyne et moquent tant la bêtise que le pouvoir. Quant aux acteurs, jusqu’au XVI e siècle, ils
demeureront exclusivement masculins.

 Quelques auteurs à retenir : Rutebeuf, Jean Bodel, Adam de la Halle.

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IV. La Renaissance
1. Relie chaque personnage à sa description :
a. Arlequin : Arlecchino en italien, est un personnage dont le costume est fait de losanges
multicolores. Ceux-ci représenteraient les multiples facettes d'Arlequin, ainsi que sa
pauvreté (vêtements rapiécés). Il s’agit d’un zanni : un valet qui peut aller de la niaiserie
à la ruse.
b. Lélio : personnage de l’amoureux heureux, aimé de celle qu’il aimait, toujours aimable,
gai, de bonne humeur, avec une pointe de comique. Étant d'un rang aristocratique, sa
tenue est très recherchée, comme un habit de cour.
c. Silvia : personnage qui, comme Lélio fait partie des innamorati (amoureux). Elle est
jeune, ne porte pas de masque et es élégamment habillée.
d. Trivelin : également zanni, il représente, à l’instar d’Arlequin, un valet astucieux,
intrigant, spirituel et rusé. Au lieu de losanges avec symétrie, ce sont des triangles, sur les
coutures seulement ; et des soleils, et des lunes, semés çà et là sur l’étoffe.

………………………… ……………………….. …………………….. ……………………….

 Ces costumes sont ceux de personnages provenant d’………………… (pays). Cette tradition
sera nommée commedia dell’arte au XVIIIe. Il s’agit d’un genre théâtral reposant sur
l'improvisation d'acteurs souvent masqués.
Il s'agit moins de personnages à part entière que de types reconnus tout de suite du public
grâce aux masques et aux costumes : gli innamorati, lo zanni, Pulcinella…

2. Dans un même temps, en France, le XVI e siècle est celui des …………………………. Nous savons
que, dès les années 1510, certains d’entre eux ce sont mis à écrire des tragédies à sujet grec
ou biblique en latin. Par ailleurs, l’implantation des Jésuites en France (dès 1553) permettra
de pérenniser le genre de la tragédie en latin, puis ultérieurement en français : ils
encouragent en effet le théâtre à condition que le sujet soit sérieux et qu’« aucun
personnage ou costume de femme n’y soit introduit ».

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Dans sa Défense et Illustration de la langue française (1549), Joachim Du Bellay invite à
« restituer en leur ancienne dignité » les comédies et tragédies selon le modèle antique,
mais en français.
Cependant, durant les guerres de religion, le théâtre devient polémique et vecteur de
prosélytisme. Protestants et catholiques s’emparent de la tragédie, produisant souvent des
« tragédies optimistes », pièces dont l’issue est heureuse.

Quelques auteurs à retenir : Théodore de Bèze, Etienne Jodelle.

V. Le XVIIe siècle
A. Le baroque : l’exemple du Cid
1. Pierre Corneille (1606-1684) : biographie (prise de notes)
2. Le vocabulaire cornélien
Amant (e) : celui ou celle qui aime.
Blanchi : vieilli.
Cavalier : gentilhomme.
Charmes : les attraits, les beautés physiques.
Cœur : courage ; siège des sentiments.
Content : satisfait.
Décevoir : tromper, induire en erreur.
Déplaisir : désespoir, chagrin.
Devoir : obligation morale que le personnage éprouve à l’égard d’une autre personne.
Digne : noble, qui mérite l’estime.
Ennui : tourment, désespoir.
Fatal : mortel.
Fer : épée.
Feu, flamme : amour passionnel.
Gêner : tourmenter.
Générosité : noblesse de naissance et de sentiment ; oubli de soi.
Gloire : haute idée que le héros se fait de lui-même.
Honneur : respect de soi-même qui règle la conduite du héros.
Hymen : mariage.
Laurier : victoire, honneurs.
Maîtresse : femme aimée.
Querelle : cause, intérêt.
Rang : statut social, famille, lignage.
Sang : famille.
Vertu : courage ; exigence à l’égard de soi-même.

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3. L’emploi des figures de style chez Corneille
Pour réaliser cet exercice, sers-toi de la fiche-outil portant sur les figures de style.
Choisis, pour chaque extrait proposé, la figure de style employée3.

Extraits Propositions

Va, cours, vole et me venge. anaphore- hyperbole -


1.
I.5. Don Diègue. accumulation- gradation
J'attire en me vengeant sa haine et sa colère;
anaphore- hyperbole –
2. J'attire ses mépris en ne me vengeant pas.
accumulation - gradation
I.6 Rodrigue
En cet affront mon père est l'offensé,
3. gradation- hyperbole- chiasme
Et l'offenseur le père de Chimène !

Ô rage! Ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! anaphore- personnification -


4.
I. 4.Don Diègue périphrase

Ma plus douce espérance est de perdre l'espoir. chiasme- antithèse-


5.
I.2 L'infante comparaison
Montrez-lui comme il faut s'endurcir à la peine,
opposition- métaphore-
6. Dans le métier de Mars se rendre sans égal,
périphrase
I.3 Le comte
Mon nom sert de rempart à toute la Castille. métaphore- hyperbole-
7.
I.3. Le Comte périphrase- anaphore
Pour moi ! mon ennemi ! l'objet de ma colère !
métaphores- hyperboles-
8. L'auteur de mes malheurs ! L'assassin de mon père !
périphrases
IV. 5 Chimène
Qu'il goûte sans rougir les fruits de sa victoire. comparaison- métaphore-
9.
IV.5. Don Diègue hyperbole- antithèse
Pour venger son honneur il perdit son amour
allégorie- personnification-
10. Pour venger sa maîtresse il a quitté le jour,
chiasme- anaphore
V. 5. Rodrigue
Puisque pour me punir le destin a permis
personnification- antithèse-
11. Que l'amour dure même entre deux ennemis.
hyperbole- gradation
V.3. Infante
Ton bras est invaincu mais non pas invincible. allégorie- antithèse-
12.
II. 3. Don Rodrigue périphrase- personnification

Cette obscure clarté qui tombait des étoiles. antithèse- oxymore- anaphore-
13.
IV 3. Rodrigue chiasme

Et la terre, et le fleuve, et leur flotte, et le port, hyperbole- anaphore -


14.
Sont des champs de carnage, où triomphe la mort. antithèse

3
Source : http://lewebpedagogique.com/bourguignon/2011/06/05/quiz-les-figures-de-style/

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IV.3. Rodrigue
Chimène.
- Va, je ne te hais point.
Don Rodrigue.
15.
-Tu le dois. métaphore- litote- hyperbole
Chimène.
- Je ne puis.
Fer qui cause ma peine,
métaphore-litote-
16. M'es-tu donné pour venger mon honneur ?
personnification
I.6. Rodrigue
Va, quitte désormais le dernier des humains,
périphrases- gradations-
17. Passe, pour me venger, en de meilleures mains
personnifications
I.4 Don Diègue
Sois désormais le Cid : qu'à ce grand nom tout cède ;
métaphores- litotes-
18. Qu'il comble d'épouvante et Grenade et Tolède
hyperboles
IV.3 Don Fernand
comparaison- hyperbole-
Espère en ton courage, espère en ma promesse.
19. anaphore
V.7 Don Fernand

Enfin avec le flux nous fait voir trente voiles ; métaphore-synecdoque-


20.
IV.3 Rodrigue allégorie

4. Les citations célèbres issues du Cid


Complète chacune de citations suivantes :

 À vaincre sans péril, on ………………………………………………………………..


 La ……………………. n'attend point le nombre des années.
 Et le combat cessa faute ………………………………………….
 L'amour n'est qu'un ……………….., l'honneur est un ………………….
 Plus l'offenseur est ………………………, et plus ………………….. est l'offense.
 Toute excuse est …………………….. aux esprits ………………...
 L'amour est un tyran qui …………………………………..

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5. Le Cid
a. Réalise un schéma des relations entre les personnages. N’oublie pas la légende.
b. Lecture des premières scènes (Acte I, scènes 1 à 4).
c. Exercice de vulgarisation
Traduis les passages suivants en français contemporain, en prose, sans rien perdre des
nuances et de la richesse des passages :
Elvire
Non, j’ai peint votre cœur dans une indifférence …………………………………………
Qui n’enfle d’aucun d’eux ni détruit l’espérance,
…………………………………………
…………………………………………
Et sans les voir d’un œil trop sévère ou trop doux,
…………………………………………
Attend l’ordre d’un père à choisir un époux.
Chimène
Il semble toutefois que mon âme troublée …………………………………………
Refuse cette joie, et s’en trouve accablée :
…………………………………………
…………………………………………
Un moment donne au sort des visages divers,
…………………………………………
Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers.
L’Infante
Ce n’est pas sans sujet : je l’ai presque forcée …………………………………………
À recevoir les traits dont son âme est blessée.
…………………………………………
…………………………………………
Elle aime don Rodrigue, et le tient de ma main,
…………………………………………
Et par moi don Rodrigue a vaincu son dédain ;
…………………………………………
Ainsi de ces amants ayant formé les chaînes,
…………………………………………
Je dois prendre intérêt à voir finir leurs peines.
Léonor
Pardonnez-moi, madame, …………………………………………
Si je sors du respect pour blâmer cette flamme,
…………………………………………
…………………………………………
Une grande princesse à ce point s’oublier
…………………………………………
Que d’admettre en son cœur un simple cavalier !
Le Comte
Ton impudence, …………………………………………
Téméraire vieillard, aura sa récompense.
…………………………………………

L’Infante
Quand je vis que mon cœur ne se pouvait défendre, …………………………………………
Moi-même je donnai ce que je n’osais prendre.
…………………………………………
…………………………………………
Je mis, au lieu de moi, Chimène en ses liens,
…………………………………………
Et j’allumai leurs feux pour éteindre les miens.
…………………………………………
Ne t’étonne donc plus si mon âme gênée
…………………………………………
Avec impatience attend leur hyménée ; …………………………………………
Tu vois que mon repos en dépend aujourd’hui.

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Dom Diègue
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? …………………………………………
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers …………………………………………
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
…………………………………………

d. Exercice d’élévation
Traduisez les passages imaginaires suivants en français classique versifié (alexandrins
avec césure, rimes plates).
L’Infante
Je me demande quand même ce que …………………………………………………………..
Rodrigue lui trouve de plus qu’à ………………………………………….……………….
moi, à cette Chimène ! …………………………………………………………..
…………………………………………………………...
Léonor
L’Infante m’embrouille, mais je vois …………………………………………………………..
clair dans son jeu : elle est raide ………………………………………….……………….
dingue de ce Rodrigue ! …………………………………………………………..
…………………………………………………………...
Rodrigue
Mon père n’a aucune pitié ! Il va …………………………………………………………..
m’obliger à tuer l’autre bouffon et ………………………………………….……………….
Chimène va me jeter ! …………………………………………………………..
Le Comte
Ce vieux crétin de Don Diègue n’a …………………………………………………………..
même pas été capable de se ………………………………………….……………….
défendre ! Et il prétend gouverner …………………………………………………………..
la Castille ! J’enrage.

e. Analyse d’un extrait : les stances du Cid (Acte I, scènes 5 et 6).


f. L’amour plus fort que tout (Acte III, scène 4)

Après avoir tué en duel le père de Chimène, Rodrigue vient chez sa fiancée pour demander qu’elle
le tue, car il ne peut vivre sans elle. Elle sera incapable de le faire, car au fond, malgré sa tristesse,
elle veut que Rodrigue vive. Elle comprend qu’il a agi par devoir, pour sauver l’honneur familial.
Dans certaines phrases transparait l’idée qu’elle l’aime encore, malgré ce qu’il a fait.

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DON RODRIGUE
Eh bien ! sans vous donner la peine de poursuivre,
Assurez-vous l’honneur de m’empêcher de vivre.

CHIMÈNE
Elvire, où sommes-nous, et qu’est-ce que je vois ?
Rodrigue en ma maison ! Rodrigue devant moi !

DON RODRIGUE
N’épargnez point mon sang ; goûtez, sans résistance,
La douceur de ma perte et de votre vengeance.

CHIMÈNE
Hélas !

DON RODRIGUE Pourquoi passe-t-il soudain au


tutoiement ?
Écoute-moi.

CHIMÈNE
Je me meurs.

DON RODRIGUE
Un moment.

CHIMÈNE
Va, laisse-moi mourir.

DON RODRIGUE Pourquoi Rodrigue montre-t-il


Quatre mots seulement ; l’épée pleine du sang du père de
Après, ne me réponds qu’avec cette épée. Chimène ?

CHIMÈNE
Quoi ! du sang de mon père encore toute trempée !

DON RODRIGUE
Ma Chimène…

CHIMÈNE
Ôte-moi cet objet odieux,
Qui reproche ton crime et ta vie à mes yeux.

R. de Fonvent Français 5e 14
DON RODRIGUE
Regarde-le plutôt pour exciter ta haine,
Pour croître ta colère, et pour hâter ma peine.

CHIMÈNE
Il est teint de mon sang .
4

DON RODRIGUE
Plonge-le dans le mien,
Et fais-lui perdre ainsi la teinture du tien.

CHIMÈNE
Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
Le père par le fer, la fille par la vue !
Ôte-moi cet objet, je ne le puis souffrir :
5

Tu veux que je t’écoute, et tu me fais mourir !

DON RODRIGUE
Je fais ce que tu veux, mais sans quitter l’envie Comment Rodrigue justifie-t-il le
De finir par tes mains ma déplorable vie ; fait d’avoir tué le père de
Car enfin n’attends pas de mon affection Chimène ?
Un lâche repentir d’une bonne action.
Une gifle
L’irréparable effet d’une chaleur trop prompte
Déshonorait mon père, et me couvrait de honte.
Tu sais comme un soufflet touche un homme de
6

cœur
J’avais part à l’affront, j’en ai cherché l’auteur :
Je l’ai vu, j’ai vengé mon honneur et mon père ;
Je le ferais encore si j’avais à le faire.
Ce n’est pas qu’en effet, contre mon père et moi,
Ma flamme assez longtemps n’ait combattu pour toi :
Juge de son pouvoir : dans une telle offense
J’ai pu délibérer si j’en prendrais vengeance.
7

Réduit à te déplaire, ou souffrir un affront,


J’ai pensé qu’à son tour mon bras était trop prompt,
Je me suis accusé de trop de violence ;
Et ta beauté, sans doute, emportait la balance, En quoi cette réplique est-elle la
À moins que d’opposer à tes plus forts appas
8
« clé » pour comprendre ce qu’a
Qu’un homme sans honneur ne te méritait pas ; fait Rodrigue ?
4
La famille.
5
Supporter.
6
Une gifle.
7
Peser le pour et le contre.
8
Tes attraits, ta beauté, ton charme.

R. de Fonvent Français 5e 15
Que malgré cette part que j’avais en ton âme,
Qui m’aima généreux me haïrait infâme ;
Qu’écouter ton amour obéir à sa voix,
C’était m’en rendre indigne et diffamer ton choix.
Je te le dis encore, et, quoique j’en soupire,
Jusqu’au dernier soupir je veux bien le redire :
Je t’ai fait une offense, et j’ai dû m’y porter
Pour effacer ma honte, et pour te mériter ;
Mais, quitte envers l’honneur et quitte envers mon Quelle valeur importante est ici
père, exprimée ?
C’est maintenant à toi que je viens satisfaire :
C’est pour t’offrir mon sang qu’en ce lieu tu me vois.
J’ai fait ce que j’ai dû, je fais ce que je dois.
Je sais qu’un père mort t’arme contre mon crime ;
Je ne t’ai pas voulu dérober ta victime :
Immole avec courage au sang qu’il a perdu
9

Celui qui met sa gloire à l’avoir répandu.

CHIMÈNE
Ah ! Rodrigue ! il est vrai, quoique ton ennemie, Chimène en veut-elle à Rodrigue
Je ne puis te blâmer d’avoir fui l’infamie ;
10 11 ou le comprend-elle ?
Et, de quelque façon qu’éclatent mes douleurs,
Je ne t’accuse point, je pleure mes malheurs.
Je sais ce que l’honneur, après un tel outrage,
Demandait à l’ardeur d’un généreux courage :
Tu n’as fait le devoir que d’un homme de bien ;
Mais aussi, le faisant, tu m’as appris le mien.
Ta funeste valeur m’instruit par ta victoire ;
Elle a vengé ton père et soutenu ta gloire :
Même soin me regarde, et j’ai, pour m’affliger
12

Ma gloire à soutenir, et mon père à venger Hélas !


Ton intérêt ici me désespère.
Si quelque autre malheur m’avait ravi mon père,
Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir
L’unique allégement qu’elle eût pu recevoir ;
Et contre ma douleur j’aurais senti des charmes,
Quand une main si chère eût essuyé mes larmes.
Mais il me faut te perdre après l’avoir perdu ;
Cet effort sur ma flamme à mon honneur est dû ;

9
Sacrifie.
10
Critiquer.
11
Honte.
12
« J’ai le même devoir, le même souci que toi (privilégier l’honneur familial) ».

R. de Fonvent Français 5e 16
Et cet affreux devoir dont l’ordre m’assassine,
Me force à travailler moi-même à ta ruine.
Car enfin n’attends pas de mon affection.
De lâches sentiments pour ta punition.
De quoi qu’en ta faveur notre amour m’entretienne,
Ma générosité doit répondre à la tienne : En quoi est-ce « généreux » de
Tu t’es, en m’offensant, montré digne de moi ;
vouloir que Rodrigue meure ?
Je me dois, par ta mort, montrer digne de toi.

DON RODRIGUE
Ne diffère donc plus ce que l’honneur t’ordonne :
Il demande ma tête, et je te l’abandonne ;
Fais-en un sacrifice à ce noble intérêt,
Le coup m’en sera doux, aussi bien que l’arrêt .
13

Attendre après mon crime une lente justice,


C’est reculer ta gloire autant que mon supplice.
Je mourrai trop heureux mourant d’un coup si beau.
Pourquoi Chimène refuse-t-elle
CHIMÈNE de tuer elle-même Rodrigue ?
Va, je suis ta partie, et non pas ton bourreau.
14

Si tu m’offres ta tête, est-ce à moi de la prendre ?


Je la dois attaquer mais tu dois la défendre ;
C’est d’un autre que toi qu’il me faut l’obtenir,
Et je dois te poursuivre, et non pas te punir.

DON RODRIGUE
De quoi qu’en ma faveur notre amour t’entretienne,
Ta générosité doit répondre à la mienne ;
Et pour venger un père emprunter d’autres bras,
Ma Chimène, crois-moi, c’est n’y répondre pas :
Ma main seule du mien a su venger l’offense,
Ta main seule du tien doit prendre la vengeance.

CHIMÈNE
Cruel ! à quel propos sur ce point t’obstiner ?
Tu t’es vengé sans aide, et tu m’en veux donner !
Je suivrai ton exemple, et j’ai trop de courage
Pour souffrir qu’avec toi ma gloire se partage.
Mon père et mon honneur ne veulent rien devoir
Aux traits de ton amour ni de ton désespoir.

13
La décision.
14
Je suis ton opposante (en justice, la plaignante) mais ce n’est pas à moi de te punir.

R. de Fonvent Français 5e 17
DON RODRIGUE
Rigoureux point d’honneur ! hélas ! quoi que je fasse,
Ne pourrai-je à la fin obtenir cette grâce ?
Au nom d’un père mort, ou de notre amitié,
Punis-moi par vengeance, ou du moins par pitié.
Ton malheureux amant aura bien moins de peine
À mourir par ta main qu’à vivre avec ta haine.

CHIMÈNE Quel est le sens réel de cette


Va, je ne te hais point. courte réplique ?

DON RODRIGUE
Tu le dois.

CHIMÈNE
Je ne puis.

DON RODRIGUE
Crains-tu si peu le blâme, et si peu les faux bruits ?
Quand on saura mon crime, et que ta flamme dure,
Que ne publieront point l’envie et l’imposture !
Force-les au silence, et, sans plus discourir
Sauve ta renommée en me faisant mourir.

CHIMÈNE
Elle éclate bien mieux en te laissant la vie ;
Et je veux que la voix de la plus noire envie
Élève au ciel ma gloire et plaigne mes ennuis,
Sachant que je t’adore et que je te poursuis.
Va-t’en, ne montre plus à ma douleur extrême
Ce qu’il faut que je perde, encore que je l’aime.
Dans l’ombre de la nuit cache bien ton départ ;
Si l’on te voit sortir mon honneur court hasard
La seule occasion qu’aura la médisance,
C’est de savoir qu’ici j’ai souffert ta présence :
15

Ne lui donne point lieu d’attaquer ma vertu.

DON RODRIGUE
Que je meure !

15
Toléré, supporté, admis.

R. de Fonvent Français 5e 18
CHIMÈNE
Va-t’en.

DON RODRIGUE
À quoi te résous-tu ?
16

CHIMÈNE
Malgré des feux si beaux qui troublent ma colère,
17

Je ferai mon possible à bien venger mon père ; Chimène doit-elle ou veut-elle
Mais, malgré la rigueur d’un si cruel devoir que Rodrigue soit tué en duel ?
Mon unique souhait est de ne rien pouvoir.

DON RODRIGUE
Ô miracle d’amour !

CHIMÈNE
Ô comble de misères !

DON RODRIGUE
Que de maux et de pleurs nous coûteront nos pères !

CHIMÈNE
Rodrigue, qui l’eût cru ?

DON RODRIGUE
Chimène, qui l’eût dit ?

CHIMÈNE
Que notre heur fût si proche, et sitôt se perdît ?
18

DON RODRIGUE
Et que si près du port, contre toute apparence,
Un orage si prompt brisât notre espérance ?

CHIMÈNE
Ah ! mortelles douleurs !

DON RODRIGUE
Ah ! regrets superflus !

16
Décides-tu ?
17
Bien que ma colère soit troublée par le bel amour que je te porte.
18
Que notre bonheur ait été si proche, puis soudain perdu.

R. de Fonvent Français 5e 19
CHIMÈNE
Va-t’en, encore un coup, je ne t’écoute plus.

DON RODRIGUE
Adieu ; je vais traîner une mourante vie,
Tant que par ta poursuite elle me soit ravie.
19

CHIMÈNE
Si j’en obtiens l’effet, je t’engage ma foi Quelle promesse fait ici
De ne respirer pas un moment après toi. Chimène ?
Adieu ; sors, et surtout garde bien qu’on te voie.
20

ELVIRE
Madame, quelques maux que le ciel nous envoie…

CHIMÈNE
Ne m’importune plus, laisse-moi soupirer
Je cherche le silence et la nuit pour pleurer.

6. Le théâtre baroque : synthèse (prise de notes)

7. Devoir à réaliser à domicile


a. Comment se définit le héros cornélien ? Quelles sont ses valeurs ? En quoi est-il qualifié de
« surhumain » ?
b. Qu’est-ce qu’un dilemme cornélien ?
c. En quoi a consisté la querelle du Cid ? Que reprochait-on à cette pièce ? Comment Corneille
s’est-il défendu ?
d. En quoi a consisté l’accusation de plagiat dont Corneille a fait l’objet ?

19
Jusqu’à ce que ta vengeance me la retire.
20
Fais bien attention.

R. de Fonvent Français 5e 20
B. L’institutionnalisation du théâtre
À la fin du XVIe siècle, la tragédie humaniste issue de la Renaissance s’essouffle un peu. Au XVII e, la
tragédie classique va émerger grâce à trois facteurs :
 de meilleures conditions matérielles (nouvelle salle de théâtre : Théâtre du Marais) ;
 de nouveaux dramaturges de talent : Scudéry 1601-1667) ; Corneille (1606-1684) ; Racine
(1639-1699).
 la redécouverte de la Poétique d’Aristote : les théoriciens méditent les préceptes de cette
œuvre et élaborent progressivement une tragédie régulière, c’est-à-dire qui obéit à des
règles précises. C’est la naissance de la tragédie classique.

Toutefois, cette résurgence du théâtre n’aurait pas pu avoir lieu sans la création d’un organe
essentiel au développement de la langue française et des œuvres en français : ………………………………..
(1635) par le Cardinal de Richelieu. Ce dernier jouera personnellement un rôle essentiel dans la
légitimation du théâtre : homme d’Église, il fera taire les oppositions du clergé face au genre
théâtral. Sous Richelieu, les genres mineurs seront par ailleurs éliminés au profit des piliers de
l’esthétique aristotélicienne : la tragédie et la comédie.

Essayons de nous rappeler ce qu’est le théâtre classique. Indique ses caractéristiques sous la
forme d’un brainstorming.

R. de Fonvent Français 5e 21
1. L’exemple d’Andromaque de Racine
Acte I, Scène I
Oreste, Pylade

ORESTE
Oui, puisque je retrouve un ami si fidèle,
Ma fortune va prendre une face nouvelle ;
Et déjà son courroux semble s’être adouci
Depuis qu’elle a pris soin de nous rejoindre ici.
Qui l’eût dit, qu’un rivage à mes vœux si funeste
Présenterait d’abord Pylade aux yeux d’Oreste ?
Qu’après plus de six mois que je t’avais perdu,
À la cour de Pyrrhus tu me serais rendu ?

PYLADE
J’en rends grâces au ciel qui, m’arrêtant sans cesse,
Semblait m’avoir fermé le chemin de la Grèce,
Depuis le jour fatal que la fureur des eaux
Presque aux yeux de l’Épire écarta nos vaisseaux.
Combien, dans cet exil, ai-je souffert d’alarmes !
Combien à vos malheurs ai-je donné de larmes,
Craignant toujours pour vous quelque nouveau danger
Que ma triste amitié ne pouvait partager !
Surtout je redoutais cette mélancolie
Où j’ai vu si longtemps votre âme ensevelie.
Je craignais que le ciel, par un cruel secours,
Ne vous offrît la mort que vous cherchiez toujours.
Mais je vous vois, Seigneur ; et si j’ose le dire,
Un destin plus heureux vous conduit en Épire :
Le pompeux appareil qui suit ici vos pas
N’est point d’un malheureux qui cherche le trépas.

ORESTE
Hélas ! qui peut savoir le destin qui m’amène ?
L’amour me fait ici chercher une inhumaine.
Mais qui sait ce qu’il doit ordonner de mon sort,
Et si je viens chercher ou la vie ou la mort ?

PYLADE
Quoi ? votre âme à l’amour en esclave asservie
Se repose sur lui du soin de votre vie ?

R. de Fonvent Français 5e 22
Par quel charme, oubliant tant de tourments soufferts,
Pouvez-vous consentir à rentrer dans ses fers ?
Pensez-vous qu’Hermione, à Sparte inexorable,
Vous prépare en Épire un sort plus favorable ?
Honteux d’avoir poussé tant de vœux superflus,
Vous l’abhorriez ; enfin vous ne m’en parliez plus.
Vous me trompiez, Seigneur.

ORESTE
Je me trompais moi-même !
Ami, n’accable point un malheureux qui t’aime.
T’ai-je jamais caché mon cœur et mes désirs ?
Tu vis naître ma flamme et mes premiers soupirs.
Enfin, quand Ménélas disposa de sa fille
En faveur de Pyrrhus, vengeur de sa famille,
Tu vis mon désespoir ; et tu m’as vu depuis
Traîner de mers en mers ma chaîne et mes ennuis.
Je te vis à regret, en cet état funeste,
Prêt à suivre partout le déplorable Oreste,
Toujours de ma fureur interrompre le cours,
Et de moi-même enfin me sauver tous les jours.
Mais quand je me souvins que parmi tant d’alarmes
Hermione à Pyrrhus prodiguait tous ses charmes,
Tu sais de quel courroux mon cœur alors épris
Voulut en l’oubliant punir tous ses mépris.

a. Où et quand l’action se passe-t-elle ? En quoi ce cadre est-il caractéristique de la tragédie


classique ?
b. Réalise un schéma des liens amoureux existant entre Oreste, Pyrrhus, Hermione, Andromaque et
Hector.
c. Commente cet extrait tiré de « La relation fondamentale », Sur Racine , écrit par Roland Barthes
en 1963, à la lumière du schéma que tu viens de réaliser.
Le conflit est fondamental chez Racine, on le trouve dans toutes ses tragédies. Il ne s’agit nullement
d’un conflit d’amour, celui qui peut opposer deux êtres dont l’un aime et l’autre n’aime pas. Le
rapport essentiel est un rapport d’autorité, l’amour ne sert qu’à le révéler. Ce rapport est si général,
si formel pourrait-on dire, que je n’hésiterai pas à le représenter sous l’espèce d’une double
équation :
A a tout pouvoir sur B.
A aime B, qui ne l’aime pas.
d. Compare la façon d’agir / de réagir des personnages chez Racine et chez Corneille ainsi que leurs
motivations.

R. de Fonvent Français 5e 23
VI. Le XIXe siècle : le drame romantique
L’action, encadrée de force dans les vingt-quatre heures, est aussi ridicule qu’encadrée dans le
vestibule.
Victor HUGO, préface de Cromwell, 1827.

 En observant cette citation, nous pouvons d’ores et déjà déduire que le drame romantique…

1. Rappel du contexte historique du Romantisme


La conscience romantique exprime la crise des valeurs européennes qui, durant tout le XIXe siècle, suit
et déclenche une série de révolutions et d'émeutes.
En Angleterre, le romantisme est marqué par les espoirs, puis les désillusions, nés de la Révolution
française et par un violent refus de ce que devient la société anglaise. Les œuvres romantiques anglaises
donnent la première place au deuil et à l’impuissance mais aussi à l’utopie et l’imagination. Dans les
années 1820, le romantisme anglais est à son apogée.
En Allemagne, le romantisme nait dans les traces du Sturm und Drang (Tempête et Assaut). Influencé
par la philosophie, il recherche l’absolu mais se tourne aussi vers la littérature populaire et le
merveilleux.
En France, l'émergence du mouvement prend du retard, à cause de la Révolution de 1789. L'année 1830
voit la révolution des Trois Glorieuses, dont l’échec engendre un désenchantement. L'instabilité
politique inspire aux auteurs leurs sujets et oriente leur vision du monde après la chute de l'Ancien
Régime et la prise de pouvoir de la bourgeoisie. On peut situer aux environs de 1814, après la parution
de l'ouvrage de Mme de Staël, De l'Allemagne, l'émergence du mouvement romantique en France.

Le Romantisme inspire tous les artistes du XIX e siècle, qu'ils adhèrent à ses idées ou qu'ils les rejettent.
La littérature de tout le siècle se détermine par rapport à lui. Le terme de préromantisme, quant à lui,
sert habituellement à désigner une tendance qui se fait jour dès le milieu du XVIII e siècle, en réaction
contre la raison triomphante, contre l’intellectualité aux dépens de la sensibilité, de l’imagination et du
rêve.

2. Thématiques principales du Romantisme

R. de Fonvent Français 5e 24
3. Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand
a. Résumé de la pièce
Cyrano de Bergerac est un noble qui ne craint ni de se battre en duel ni d’offenser les puissants
de ce monde. Seulement, il se sent laid, à cause de son nez surdimensionné. Amoureux fou de sa
cousine, la précieuse Roxane, il désespère de pouvoir un jour lui avouer son amour. De plus,
celle-ci est éprise de Christian de Neuvillette, un jeune soldat beau mais pauvre d’esprit. Cyrano
se fait donc sa voix en écrivant des billets doux à Roxane de sa part. Seulement, la guerre contre
l’Espagne éclate, et les deux hommes se voient forcés d’aller se battre…

b. Extraits notables
Tirade du nez
CYRANO
Ah non ! c’est un peu court, jeune homme !
On pouvait dire…
Oh !
Dieu… bien des choses en somme.

En variant le ton, — par exemple, tenez :


Agressif : «
Moi, monsieur, si j’avais un tel nez,
Il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse ! »

Amical : «
Mais il doit tremper dans votre tasse
Pour boire, faites-vous fabriquer un hanap ! »

Descriptif : «
C’est un roc !… c’est un pic !… c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ?…
C’est une péninsule ! »
Curieux : «
De quoi sert cette oblongue capsule ?
D’écritoire, monsieur, ou de boîte à ciseaux ? »
Gracieux : «
Aimez-vous à ce point les oiseaux
Clue paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »
Truculent : « Ça, monsieur, lorsque vous pétu-nez ,
21

La vapeur du tabac vous sort-elle du nez


Sans qu’un voisin ne crie au feu de cheminée ? »

21
Pétnuer : fumer.
R. de Fonvent Français 5e 25
Prévenant : «
Gardez-vous, votre tête entraînée
Par ce poids, de tomber en avant sur le sol ! »
Tendre : «
Faites-lui faire un petit parasol
De peur que sa couleur au soleil ne se fane ! »
Pédant : «
L’animal seul, monsieur, qu’Aristophane
Appelle Hippocampelephantocamélos
Dut avoir sous le front tant de chair sur tant d’os ! »

Cavalier : «
Quoi, l’ami, ce croc est à la mode ?
Pour pendre son chapeau, c’est vraiment très commode ! »

Emphatique : «
Aucun vent ne peut, nez magistral,
T’enrhumer tout entier, excepté le mistral ! »

Dramatique : «
C’est la mer
Rouge quand il saigne ! »

Admiratif : «
Pour un parfumeur, quelle enseigne ! »

Lyrique ! «
Est-ce une conque, êtes-vous un triton ? »

Naïf : «
Ce monument, quand le visite-t-on ? »
Respectueux : «
Souffrez, monsieur, qu’on vous salue
C’est là ce qui s’appelle avoir pignon sur rue ! »

Campagnard : «
Hé, ardé !
C’est-y un nez ?
Nanain !
C’est queuqu’navet géant ou ben queuqu’melon nain ! »

R. de Fonvent Français 5e 26
Militaire «
Pointez contre cavalerie ! »

Pratique «
Voulez-vous le mettre en loterie ?
Assurément, monsieur, ce sera le gros lot ! »
Enfin, parodiant
Pyrame en un sanglot : «
Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie !
Il en rougit, le traître ! » —
Voilà ce qu’à peu près, mon cher, vous m’auriez dit

Si vous aviez un peu de lettres et d’esprit :


Mais d’esprit, ô le plus lamentable des êtres,
Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres
Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !
Eussiez-vous eu, d’ailleurs, l’invention qu’il faut
Pour pouvoir là, devant ces nobles galeries,
Me servir toutes ces folles plaisanteries,
Que vous n’en eussiez pas articulé le quart
De la moitié du commencement d’une, car
Je me les sers moi-même, avec assez de verve,
Mais je ne permets pas qu’un autre me les serve.

Scène du balcon
ROXANE, s'accoudant au balcon.
Ah ! c'est très bien.
- Mais pourquoi parlez-vous de façon peu hâtive ?
Auriez-vous donc la goutte à l'imaginative ?

CYRANO, tirant Christian sous le balcon, et se glissant à sa


place.
Chut ! Cela devient trop difficile ! ...

ROXANE
Aujourd'hui...
Vos mots sont hésitants. Pourquoi ?

R. de Fonvent Français 5e 27
CYRANO, parlant à mi-voix, comme Christian.
C'est qu'il fait nuit,
Dans cette ombre, à tâtons, ils cherchent votre oreille.

ROXANE
Les miens n'éprouvent pas difficulté pareille.

CYRANO
Ils trouvent tout de suite ? oh ! cela va de soi,
Puisque c'est dans mon coeur, eux, que je les reçois ;
Or, moi, j'ai le coeur grand, vous, l'oreille petite.
D'ailleurs vos mots à vous, descendent : ils vont plus vite.
Les miens montent, Madame : il leur faut plus de temps !

ROXANE
Mais ils montent bien mieux depuis quelques instants.

CYRANO
De cette gymnastique, ils ont pris l'habitude !

ROXANE
Je vous parle, en effet, d'une vraie altitude !

CYRANO
Certes, et vous me tueriez si de cette hauteur
Vous me laissiez tomber un mot dur sur le coeur !

[…]

ROXANE, s'avançant sur le balcon


C'est vous ?
Nous parlions de... de... d'un...

CYRANO
Baiser. Le mot est doux !
Je ne vois pas pourquoi votre lèvre ne l'ose;
S'il la brûle déjà, que sera-ce la chose ?
Ne vous en faites pas un épouvantement :
N'avez-vous pas tantôt, presque insensiblement,
Quitté le badinage et glissé sans alarmes
Du sourire au soupir, et du soupir aux larmes !
R. de Fonvent Français 5e 28
Glissez encore un peu d'insensible façon :
Des larmes au baiser il n'y a qu'un frisson !

ROXANE
Taisez-vous !

CYRANO
Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le cœur,
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme !

c. Analyse de la pièce
 Qui est vraiment Cyrano ?
 Comment qualifier cette pièce ? Comédie, drame, tragédie ?
 Est-ce une pièce romantique ?
 Un nouveau triangle amoureux
 Une pièce philosophique

R. de Fonvent Français 5e 29
4. Exercice de déclamation, pour s’amuser
Entraine-toi à déclamer cet extrait tiré de l’acte II de On ne badine22 pas avec l’amour d’Alfred de
Musset, puis écoute l’enregistrement de la performance de Gérard Philippe en 1959.

Dans ce drame romantique, Musset expose les conséquences de l’orgueil en amour à travers le jeu
amoureux auquel s’adonnent Camille et Perdican. La pièce est aussi un prétexte, pour l’auteur
anticlérical, à moquer l’éducation dispensée dans les couvents.

PERDICAN
Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont
empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux,
bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont
perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où
les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au
23

monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On
est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est
sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J’ai souffert souvent,
je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé
par mon orgueil et mon ennui.

22
Considérer quelque chose, parler de quelque chose avec légèreté, en plaisantant.
23
Immondice, souillure morale, débauche, ignominie.
R. de Fonvent Français 5e 30
VII. Le XXe siècle
Le XXe siècle est extrêmement dense et contient d’énormes changements quant au théâtre et à la
littérature. Il ne nous sera donc pas possible de tout détailler de façon précise dans ce chapitre.

1. Contexte historique24
Après la crise des consciences provoquée par la Première Guerre mondiale, la société est à la recherche
de nouvelles valeurs, de nouveaux engagements, d’un « humanisme » réactualisé. Le réalisme a beau
dominer le théâtre au début du siècle, il se voit rapidement contesté du fait de la révolution bolchévique
de 1917 qui entraine l’Europe occidentale dans une crise des valeurs bourgeoises. Le public reproche au
théâtre d’être devenu un simple divertissement.
Dans le prolongement du théâtre symboliste, de nouvelles tendances émergent, inspirées par le
surréalisme et le dadaïsme. La psychanalyse invite les artistes à chercher une vérité éloignée de la
simple reproduction du réel. Par ailleurs, la création cinématographique influence également la scène
théâtrale.
Par la suite, la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, la décolonisation et de nombreux
affrontements idéologiques marqueront la littérature de leur empreinte.

Ainsi le théâtre exprime-t-il le tragique contemporain lié à la violence de l’Histoire en recourant aux
mythes antiques (Jean Giraudoux, La Guerre de Troie n’aura pas lieu), par exemple. D’autres proposent
un théâtre engagé, comme c’est le cas de Sartre (Les Mouches) ou Camus (Les Justes), dans lequel
l’Homme, responsable de ses actions, exerce sa liberté.
Le Nouveau Théâtre, dans les années 1950, affirme l’absurdité de la condition humaine (Jean Genet, Les
Bonnes).
Certains, comme Ionesco (La Cantatrice chauve) et Beckett (En attendant Godot) rompent avec l’action,
c’est le théâtre de l’absurde, qui voit le jour dans le sillage d’Alfred Jarry (Ubu Roi) et des surréalistes.
Chez eux, l’individu se réduit à la trivialité de ses besoins, le personnage est en errance, éloigné de toute
logique, tandis que le langage, mis à mal, ne traduit plus que le vide de sa pensée et la perte de sens. Le
rire lui-même devient sinistre.
Après la Seconde Guerre mondiale, de nombreux artistes français ressentent la nécessité d’instaurer un
théâtre citoyen, populaire et engagé, pleinement intégré dans la vie de la cité. Jean Villar crée en 1947
le Festival d’Avignon, lequel s’inscrit dans la logique de décentralisation théâtrale.

Du point de vue de la représentation, le XX e siècle cherche à créer une impression plutôt qu’une illusion
du vrai. Les mises en scènes sont sophistiquées ou épurées à l’extrême, mais toujours ingénieuses, et
cherchent à marquer le public. Démystifié, le théâtre se démocratise et s’adresse désormais à un public
diversifié. L’illusion théâtrale, jugée mensongère, devient inutile, et le spectateur est amené à utiliser
son esprit critique. Quant aux coulisses de la représentation, elles s’exhibent, et le public peut suivre les
changements de costumes ou de décor à vue.

24
Sources : Littérature, Anthologie pour le lycée, Hatier, Paris, 2019 et Itinéraires littéraires, manuel unique de français 2e, Hatier, Paris,
2019.
R. de Fonvent Français 5e 31
2. Observe les documents ci-dessous.
Document 1 : BECKETT Samuel, En attendant Godot, 1953, mise en scène de Jean-Pierre Vincent, Théâtre
des Bouffes du Nord, Paris, 2015.

Le décor : à l'extérieur, un arbre sans feuille


Les personnages : deux vagabonds
ESTRAGON : Endroit délicieux. (Il se retourne, avance jusqu'à la rampe, regarde vers le public.)
Aspects riants. (Il se tourne vers Vladimir) Allons-nous-en.
VLADIMIR : On ne peut pas
ESTRAGON : Pourquoi ?
VLADIMIR : On attend Godot
ESTRAGON : c'est vrai (un temps) Tu es sûr que c'est ici ?
VLADIMIR : Quoi ?
ESTRAGON : Qu'il faut attendre
VLADIMIR : Il a dit devant l'arbre l'arbre (Ils regardent l'arbre) Tu en vois d'autres ?
ESTRAGON : Qu'est-ce que c'est ?
VLADIMIR : On dirait un saule
ESTRAGON : Où sont les feuilles ?
VLADIMIR : Il doit être mort
ESTRAGON : Finis les pleurs
VLADIMIR : A moins que ce ne soit pas la saison
ESTRAGON : Ce ne serait pas plutôt un arbrisseau ?
VLADIMIR : Un arbuste
ESTRAGON : Un arbrisseau
VLADIMIR : Un (Il se reprend) Qu'est-ce que tu veux insinuer ? Qu'on s'est trompé d'endroit ?
ESTRAGON : Il devrait être là
VLADIMIR : Il n'a pas dit ferme qu'il viendrait
ESTRAGON : Et s'il ne vient pas ?
VLADIMIR : Nous reviendrons demain
ESTRAGON : Et puis après-demain
R. de Fonvent Français 5e 32
VLADIMIR : Peut-être
ESTRAGON : Et ainsi de suite.
VLADIMIR : C'est-à-dire...
ESTRAGON : Jusqu'à ce qu'il vienne
VLADIMIR : Tu es impitoyable
ESTRAGON : Nous sommes déjà venus hier
VLADIMIR : Ah non, là tu te goures
ESTRAGON : Qu'est-ce que nous avons fait hier ?
VLADIMIR : Ce que nous avons fait hier ?
ESTRAGON : Oui
VLADIMIR : Ma foi... (Se fâchant). Pour jeter le doute, à toi le pompon.
ESTRAGON : Pour moi, nous étions ici.
VLADIMIR (Regard circulaire) : L'endroit te semble familier ?
ESTRAGON : Je ne dis pas ça
VLADIMIR : Tout de même... cet arbre... (Se tournant vers le public)... cette tourbière
ESTRAGON : Tu es sûr que c'était e soir ?
VLADIMIR : Quoi ?
ESTRAGON : Qu'il fallait attendre ?
VLADIMIR Il a dit samedi. (Un temps) Il me semble
ESTRAGON : Après le turbin
VLADIMIR : J'ai du le noter (Il fouille dans ses poches, archibondées de saletés de toutes sortes)
ESTRAGON : Mais quel samedi ? Et sommes-nous samedi ? Ne serait-on pas plutôt dimanche ? Ou
lundi ? Ou vendredi ?

Document 2 : JARRY, Ubu Roi, 1896, Acte I, Scène VII.


Contexte : Ubu est poussé par sa femme à renverser le roi Venceslas et à prendre le pouvoir.

Scène VII
GIRON, PILE, COTICE, PÈRE UBU, MÈRE UBU, CONJURÉS ET SOLDATS, CAPITAINE BORDURE.
La maison du Père Ubu.

PÈRE UBU - Eh ! mes bons amis, il est grand temps d’arrêter le plan de la conspiration. Que chacun
donne son avis. Je vais d’abord donner le mien, si vous le permettez.

CAPITAINE BORDURE - Parlez, Père Ubu.

PÈRE UBU - Eh bien, mes amis, je suis d’avis d’empoisonner simplement le roi en lui fourrant de
l’arsenic dans son déjeuner. Quand il voudra le brouter il tombera mort, et ainsi je serai roi.

TOUS - Fi, le sagouin !

PÈRE UBU - Eh quoi, cela ne vous plaît pas ? Alors que Bordure donne son avis.

R. de Fonvent Français 5e 33
CAPITAINE BORDURE - Moi, je suis d’avis de lui ficher un grand coup d’épée qui le fendra de la tête
à la ceinture.

TOUS - Oui ! voilà qui est noble et vaillant.

PÈRE UBU - Et s’il vous donne des coups de pied ? Je me rappelle maintenant qu’il a pour les revues
des souliers de fer qui font très mal. Si je savais, je filerais vous dénoncer pour me tirer de cette sale
affaire, et je pense qu’il me donnerait aussi de la monnaie.

MÈRE UBU - Oh ! le traître, le lâche, le vilain et plat ladre.

TOUS - Conspuez le Père Ubu !

PÈRE UBU - Hé, messieurs, tenez-vous tranquilles si vous ne voulez visiter mes poches. Enfin je
consens à m’exposer pour vous. De la sorte, Bordure, tu te charges de pourfendre le roi.

CAPITAINE BORDURE - Ne vaudrait-il pas mieux nous jeter tous à la fois sur lui en braillant et
gueulant ? Nous aurions chance ainsi d’entraîner les troupes.

PÈRE UBU - Alors, voilà. Je tâcherai de lui marcher sur les pieds, il regimbera, alors je lui dirai :
MERDRE, et à ce signal vous vous jetterez sur lui.

MÈRE UBU - Oui, et dès qu’il sera mort tu prendras son sceptre et sa couronne.

CAPITAINE BORDURE - Et je courrai avec mes hommes à la poursuite de la famille royale.

PÈRE UBU - Oui, et je te recommande spécialement le jeune Bougrelas.

Ils sortent.

PÈRE UBU, courant après et les faisant revenir - Messieurs, nous avons oublié une cérémonie
indispensable, il faut jurer de nous escrimer vaillamment.

CAPITAINE BORDURE - Et comment faire ? Nous n’avons pas de prêtre.

PÈRE UBU - La Mère Ubu va en tenir lieu.

TOUS - Eh bien, soit.

PÈRE UBU - Ainsi vous jurez de bien tuer le roi ?

TOUS - Oui, nous le jurons. Vive le Père Ubu !

FIN DU PREMIER ACTE

R. de Fonvent Français 5e 34
Document 3 : COCTEAU Jean, La Machine infernale, mise en scène de Jean Cocteau, Théâtre des Bouffes-
Parisiens, Paris, 1954.
Contexte : dans La Machine infernale,
Cocteau modernise le mythe d’Œdipe tel
que retracé par Sophocle au Ve siècle ACN
dans Œdipe Roi. Sur cette photographie,
Œdipe rencontre le sphinx, dépeint sous les
traits d’une jeune fille, qui l’interroge sans
ménagement.

Document 4 : GIRAUDOUX Jean, La Guerre de Troie n’aura pas lieu, 1935, Acte I, Scène IV.
PÂRIS : Mon cher Hector, c’est vrai. Jusqu’ici, j’ai toujours accepté d’assez bon cœur les
séparations. La séparation d’avec une femme, fût-ce la plus aimée, comporte un agrément que je
sais goûter mieux que personne. La première promenade solitaire dans les rues de la ville au sortir
de la dernière étreinte, la vue du premier petit visage de couturière, tout indifférent et tout frais,
après le départ de l’amante adorée au nez rougi par les pleurs, le son du premier rire de
blanchisseuse ou de fruitière, après les adieux enroués par le désespoir, constituent une jouissance
à laquelle je sacrifie bien volontiers les autres... Un seul être vous manque, et tout est repeuplé...
Toutes les femmes sont créées à nouveau pour vous, toutes sont à vous, et cela dans la liberté, la
dignité, la paix de votre conscience... Oui, tu as bien raison, l’amour comporte des moments
vraiment exaltants, ce sont les ruptures... Aussi ne me séparerai-je jamais d’Hélène, car avec elle,
j’ai l’impression d’avoir rompu avec toutes les autres femmes, et j’ai mille libertés et mille noblesses
au lieu d’une.

HECTOR : Parce qu’elle ne t’aime pas. Tout ce que tu dis le prouve.

PÂRIS : Si tu veux. Mais je préfère à toutes les passions cette façon dont Hélène ne m’aime pas.

HECTOR : J’en suis désolé. Mais tu la rendras.

PÂRIS : Tu n’es pas le maître ici.

HECTOR : Je suis ton aîné, et le futur maître.

PÂRIS : Alors commande dans le futur. Pour le présent, j’obéis à notre père.

R. de Fonvent Français 5e 35
HECTOR : Je n’en demande pas davantage ! Tu es d’accord pour que nous nous en remettions au
jugement de Priam ?

PÂRIS : Parfaitement d’accord.

HECTOR : Tu le jures ? Nous le jurons ?

CASSANDRE : Méfie-toi, Hector ! Priam est fou d’Hélène. Il livrerait plutôt ses filles.

HECTOR : Que racontes-tu là ?

PÂRIS : Pour une fois qu’elle dit le présent au lieu de l’avenir, c’est la vérité.

CASSANDRE : Et tous nos frères, et tous nos oncles, et tous nos arrière-grands-oncles !... Hélène a
une garde d’honneur, qui assemble tous nos vieillards.

Regarde. C’est l’heure de sa promenade... Vois aux créneaux toutes ces têtes à barbe blanche... On
dirait les cigognes caquetant sur les remparts.

HECTOR : Beau spectacle. Les barbes sont blanches et les visages rouges.

CASSANDRE : Oui. C’est la congestion. Ils devraient être à la porte du Scamandre, par où entrent
nos troupes et la victoire. Non, ils sont aux portes Scées, par où sort Hélène.

HECTOR : Les voilà qui se penchent tout d’un coup, comme les cigognes quand passe un rat.

CASSANDRE : C’est Hélène qui passe...

PÂRIS : Ah oui ?

CASSANDRE : Elle est sur la seconde terrasse. Elle rajuste sa sandale, debout, prenant bien soin de
croiser haut les jambes.

HECTOR : Incroyable. Tous les vieillards de Troie sont là à la regarder d’en haut.

CASSANDRE : Non. Les plus malins regardent d’en bas.

CRIS AU-DEHORS : Vive la Beauté !

R. de Fonvent Français 5e 36
Document 5 : ANOUILH Jean, Antigone, 1944.
Extrait 1 : Le monologue du chœur.
LE CHŒUR :
Et voilà. Maintenant, le ressort est bandé. Cela n'a plus qu'à se dérouler tout seul. C'est cela qui est
commode dans la tragédie. On donne le petit coup de pouce pour que cela démarre, rien, un regard
pendant une seconde à une fille qui passe et lève les bras dans la rue, une envie d'honneur un beau
matin, au réveil, comme de quelque chose qui se mange, une question de trop que l'on se pose un
soir... C'est tout. Après, on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul. C'est
minutieux, bien huilé depuis toujours. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les
éclats, et les orages, et les silences, tous les silences : le silence quand le bras du bourreau se lève à
la fin, le silence au commencement quand les deux amants sont nus l'un en face de l'autre pour la
première fois, sans oser bouger tout de suite, dans la chambre sombre, le silence quand les cris de la
foule éclatent autour du vainqueur — et on dirait un film dont le son s'est enrayé, toutes ces
bouches ouvertes dont il ne sort rien, toute cette clameur qui n'est qu'une image, et le vainqueur,
déjà vaincu, seul au milieu de son silence…
C'est propre, la tragédie. C'est reposant, c'est sûr... Dans le drame, avec ces traîtres, avec ces
méchants acharnés, cette innocence persécutée, ces vengeurs, ces terre-neuve, ces lueurs d'espoir,
cela devient épouvantable de mourir, comme un accident. On aurait peut-être pu se sauver, le bon
jeune homme aurait peut-être pu arriver à temps avec les gendarmes. Dans la tragédie, on est
tranquille. D'abord, on est entre soi. On est tous innocents, en somme ! Ce n'est pas parce qu'il y en
a un qui tue et l'autre qui est tué. C'est une question de distribution. Et puis, surtout, c'est
reposant, la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir; qu'on est pris, qu'on
est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on n'a plus qu'à crier, — pas à gémir,
non, pas à se plaindre, — à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on n'avait jamais dit et
qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien : pour se le dire à soi, pour l'apprendre,
soi. Dans le drame, on se débat parce qu'on espère en sortir. C'est ignoble, c'est utilitaire. Là, c'est
gratuit. C'est pour les rois. Et il n'y a plus rien à tenter, enfin !

Extrait 2 : la question du bonheur.

ANTIGONE, doucement : – Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la
petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu’elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher
avec ses dents sont petit lambeau de bonheur ? Dites, à qui devra-t-elle mentir, à qui sourire, à qui
se vendre ? Qui devra-t-elle laisser mourir en détournant le regard ?

CRÉON hausse les épaules : – Tu es folle, tais-toi.

R. de Fonvent Français 5e 37
ANTIGONE : – Non, je ne me tairai pas. Je veux savoir comment je m’y prendrai, moi aussi, pour être
heureuse. Tout de suite, puisque c’est tout de suite qu’il faut choisir. Vous dites que c’est si beau la
vie. Je veux savoir comment je m’y prendrai pour vivre.

CRÉON : – Tu aimes Hémon ?

ANTIGONE : – Oui, j’aime Hémon. J’aime un Hémon dur et jeune ; un Hémon exigeant et fidèle,
comme moi. Mais […] s’il doit devenir près de moi le monsieur Hémon, s’il doit apprendre à dire «
oui », lui aussi, je n’aime plus Hémon !

CRÉON : – Tu ne sais plus ce que tu dis. Tais-toi.

ANTIGONE : – Si, je sais ce que je dis, mais c’est vous qui ne m’entendez plus. Je vous parle de trop
loin maintenant, d’un royaume où vous ne pouvez plus entrer avec vos rides, votre sagesse, votre
ventre. (Elle rit.) Ah ! je ris, Créon, je ris parce que je te vois à quinze ans, tout d’un coup ! C’est le
même air d’impuissance et de croire qu’on peut tout. La vie t’a seulement ajouté tous ces petits plis
sur le visage et cette graisse autour de toi.

CRÉON la secoue : – Te tairas-tu, enfin ?

ANTIGONE : – Pourquoi veux-tu me faire taire ? Parce que je sais que j’ai raison ? Tu crois que je ne
lis pas dans tes yeux que tu le sais ? Tu sais que j’ai raison, mais tu ne l’avoueras jamais parce que
tu es en train de défendre ton bonheur en ce moment comme un os.

CRÉON : – Le tien et le mien, oui, imbécile !

ANTIGONE : – Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu’il faut aimer coûte que
coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu’ils trouvent.

R. de Fonvent Français 5e 38
Document 6 : SARTRE Jean-Paul, Les Mouches, 1943, Acte III, Scène 6.
Contexte : Oreste rentre à Argos, sa ville natale envahie par les mouches. Il y rencontre un peuple
torturé : chacun est rongé par le repentir de ses crimes, jusqu'aux souverains, Clytemnestre et Égisthe,
mère et beau-père d'Oreste qui ont assassiné son père Agamemnon à son retour de la guerre de Troie
et ont ordonné à des complices de se débarrasser d'Oreste, alors âgé de trois ans. Électre, sœur
d'Oreste réduite en esclavage au palais, tente de soulever une révolte du peuple contre cette éternelle
pénitence, mais Jupiter l'en empêche. Dans cette dernière scène de tragédie, Oreste, qui a tué sa mère
Clytemnestre et son beau-père et oncle Égisthe, roi du pays d’Argos, affronte la foule.

CRIS DANS LA FOULE : - À mort ! À mort ! Lapidez-le ! Déchirez-le ! À mort !

ORESTE, sans les entendre : - Le soleil !

LA FOULE : - Sacrilège ! Assassin ! Boucher. On t’écartèlera. On versera du plomb fondu dans tes
blessures.

UNE FEMME : - Je t’arracherai les yeux.

UN HOMME : - Je te mangerai le foie.

ORESTE, s'est dressé : - Vous voilà donc, mes sujets très fidèles ! Je suis Oreste, votre roi, le fils
d'Agamemnon, et ce jour est le jour de mon couronnement. (La foule gronde, décontenancée.)

Vous ne criez plus ? (La foule se tait). Je sais : je vous fais peur. Il y a quinze ans, jour pour jour, un
autre meurtrier s'est dressé devant vous, il avait des gants rouges jusqu'au coude, des gants de
sang, et vous n'avez pas eu peur de lui car vous avez lu dans ses yeux qu'il était des vôtres et qu'il
n'avait pas le courage de ses actes. Un crime que son auteur ne peut supporter, ce n'est plus le
crime de personne, n'est-ce pas ? C'est presque un accident. Vous avez accueilli le criminel comme
votre roi, et le vieux crime s'est mis à rôder entre les murs de la ville, en gémissant doucement,
comme un chien qui a perdu son maître. Vous me regardez, gens d'Argos, vous avez compris que
mon crime est bien à moi ; je le revendique à la face du soleil, il est ma raison de vivre et mon
orgueil, vous ne pouvez ni me châtier ni me plaindre, et c'est pourquoi je vous fais peur. Et
pourtant, ô mes hommes, je vous aime, et c'est pour vous que j'ai tué. Pour vous. J'étais venu
réclamer mon royaume et vous m'avez repoussé parce que je n'étais pas des vôtres. À présent, je
suis des vôtres, ô mes sujets, nous sommes liés par le sang, et je mérite d'être votre roi. Vos fautes
et vos remords, vos angoisses nocturnes, le crime d'Égisthe, tout est à moi, je prends tout sur moi.
Ne craignez plus vos morts, ce sont mes morts. Et voyez : vos mouches fidèles vous ont quitté pour
moi. Mais n'ayez crainte, gens d'Argos : je ne m'assiérai pas, tout sanglant, sur le trône de ma
victime : un Dieu me l'a offert et j'ai dit non. Je veux être un roi sans terre et sans sujets. Adieu, mes
hommes, tentez de vivre : tout est neuf ici, tout est à commencer. Pour moi aussi la vie commence.
Une étrange vie.

Document 7 : IONESCO Eugène, La Leçon, 1951, mise en scène de Samuel Sené au théâtre Lucernaire,
Paris, 2011.
À visionner sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=2GPIAMsZFec

R. de Fonvent Français 5e 39
Complète la synthèse en replaçant les titres et auteurs des documents présentés ci-dessus et les mots
suivants : absurde, cohérence, engagé, imitation, intrigue, langage, mythologique, personnage,
philosophique, politique, résistance, Seconde Guerre mondiale.

XXe siècle : un siècle de ruptures


remise en question de l’illusion du réel.
1. Inspiration …………………………………
➢ soit en reprenant des mythes (cf. Cocteau, ……………………………
…………………………… soit en des éléments scéniques (le prologue, ou encore le ………………………….
dans …………………………… d’………………………………….)
➢ Réutilisation et réinterprétation des mythes en relation avec les évènements historiques
contemporains. (…………………………………………………………………………………….. de Giraudoux à mettre
en relation avec la ……………………………………………………………………………………... ; ou encore Antigone
qui est symbole de la ……………………………………………)
Bien évidemment, le ton employé est plus familier que dans les pièces antiques, et certains
anachronismes ne sont pas à exclure !

2. Théâtre de l’……………………………….
➢ Reflet d’un monde sans ………………………………., comme on le voit chez Beckett
(……………………………………………………………………………..)
➢ Incompréhension face aux horreurs des deux Guerres mondiales, ce qui génère plusieurs
crises.
✔ crise de l’………………………………………… : les auteurs ne cherchent plus à créer un monde qui
semble réel ;
✔ crise du …………………………………………….. (ceux qui sont vidés de leur caractère et ou
de leur humanité) ;
✔ crise de l’………………………………………… (elle est incohérente, n’a pas de sens comme
c’est le cas dans ……………………………………………………………….) ;
✔ crise du ……………………………………………………………. (les personnages ne se
comprennent plus comme chez …………………………………………, dans la ………………………...
………………………………………….……………………………………………..).
Conclusion : Ce théâtre a pour but de pousser le spectateur à s’interroger sur la condition
humaine.

R. de Fonvent Français 5e 40
3. Théâtre ……………………………… : pousse l’homme à s’interroger au sujet de conflits historiques.
Durant l’occupation, par exemple, le public en quête de divertissements se précipite dans les
salles de théâtre. Les dramaturges se servent du théâtre pour donner leur lecture ………………………
et …………………………………………………... des évènements, comme c’est le cas dans Les Mouches de
………………………………………...

Quelques auteurs à retenir : Jean Genet, Eugène Ionesco, Alfred Jarry, Samuel Beckett, Antonin Artaud,
Jean-Paul Sartre, Albert Camus, Bertolt Brecht, Jean Giraudoux, Jean Cocteau.

R. de Fonvent Français 5e 41
VIII. Incendies, une entrée au XXIe siècle25
1. Regardons ensemble le film Incendies de Denis Villeneuve, 2010, puis réponds aux questions.
a. Relève les titres insérés dans la narration. À quoi renvoient-ils à chaque fois ?
b. Établis un relevé des personnages principaux, en déclinant à chaque fois toutes leurs identités
successives (quand ils en ont plusieurs).
c. Quels sont les deux principaux lieux de l’action (régions du globe) ? Quels sont les indices qui le
montrent ?
d. Relève quelques toponymes de villes ou villages du pays de Nawal donnés par les intertitres ou
cités par les personnages, et fais des recherches à leur propos. Que remarques-tu ? Le pays qui
les abrite est-il nommé ? Pourquoi ?
e. À quelles époques se passe l’action ?
f. En t’appuyant sur tes réponses précédentes, peux-tu expliquer comment se construit la
narration (lieux, époques, personnages, épisode de la piscine) ?
g. Dans le pays natal de Nawal, quelles forces la guerre met-elle en présence ? Résume la situation
politique du pays.
h. De quel type de guerre s’agit-il (idéologie) ? Faites des recherches sur les massacres de Sabra et
Chatila et opérez des rapprochements avec le contexte du film.
i. Quelle est la situation initiale pour les jumeaux ? Quelle est leur quête ? Quels sont les
adjuvants ? Quels sont leurs opposants ? Pour répondre à cette question, réalise un schéma
actanciel.
j. La résolution et la situation finale : quelle vérité découvrent les jumeaux ? En quoi cela résout-il
aussi la quête de Nawal ? Résume la situation finale.
k. Avec quel mythe grec cette histoire entre-t-elle en résonance ? Pense à la particularité physique
de Nihad et nomme les rapprochements qu’on peut opérer entre le parcours de ce personnage
et celui du héros antique.

2. Comparons désormais le film à la pièce de théâtre.


a. Selon toi, cette pièce correspond-elle vraiment au genre théâtral ? Pourquoi ?
b. Le film comporte 10 chapitres, et la pièce quatre. Compare les titres donnés par Wajdi Mouawad
dans la pièce originelle et ceux que Denis Villeneuve leur a donnés dans sa narration. Quelles
différences vois-tu ? Sur quoi insiste davantage Wajdi Mouawad ?
c. Explique le titre, identique dans les deux œuvres. Comment expliques-tu le pluriel ?
d. Un personnage très important dans la pièce, lié à Nawal est absent dans la version filmique.
Lequel ? Pourquoi peut-on dire néanmoins que le cinéaste a gardé trace de ce personnage dans
le film ?
e. Dans quelle circonstance se fait la reconnaissance du fils à la fin de la pièce et quel est le signe
qui permet l’identification du fils par Nawal ? Pourquoi, à ton avis, le cinéaste a-t-il choisi une
option tout à fait différente ?
f. Quelles autres différences relèves-tu au niveau de la trame narrative, de la temporalité, du
traitement des personnages, et du ton adopté dans la pièce ?

25
Source : dossier pédagogique produit par https://www.zerodeconduite.net/.
R. de Fonvent Français 5e 42
R. de Fonvent - Français 5e 43

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