GBV - Chap 18
GBV - Chap 18
GBV - Chap 18
18.1 INTRODUCTION
L’approche développée dans cet ouvrage considère la gestion des boues de vidange comme un
système d’assainissement. Elle peut être considérée comme la fondation pour la conception et la
gestion de systèmes GBV fonctionnels et pérennes. La gestion des boues de vidange est un do-
maine nouveau en plein développement, qui bénéficie constamment d’améliorations et de nou-
velles connaissances. Ces avancées vont continuer à se développer les unes à partir des autres
pour une optimisation des solutions et des approches. Chaque chapitre de ce livre a dressé des
conclusions importantes et proposé des étapes à suivre sur les plans technologique, organisa-
tionnel et de planification, pour mettre en place une gestion des boues de vidange pérenne. On
retiendra en particulier les points suivants :
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Technologie
• Concevoir dans le but de réutiliser ou mettre en dépôt les produits issus du traitement.
Cette démarche permet de sécuriser l’atteinte des niveaux de traitement adéquats et adap-
tés, tant pour les effluents que pour les produits issus du traitement. Elle permet d’éviter que
les systèmes ne soient ni surdimensionnés (gaspillage de ressources financières) ni sous-
dimensionnés (risque pour la santé publique et l’environnement).
• Concevoir pour la quantité effective et les caractéristiques locales des boues de vi-
dange.
Cette approche garantit une conception efficace des technologies et le traitement des boues
de vidange de l’ensemble de la ville. Néanmoins, les méthodes pour une meilleure quantifi-
cation et caractérisation des boues de vidange doivent encore être développées.
• Créer des technologies de stockage sur place, des stations de transfert et des mé-
thodes de vidange.
Il s’agit d’un lien essentiel pour la chaîne de services. Assurer que les boues de vidange
soient dépotées dans les stations de traitement (centralisées ou décentralisées) et donc
éviter les dépotages de boues non-traitées dans l’environnement requiert une collecte et un
transport qui soient sans risque, efficaces et abordables.
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Organisation
• Mettre en place des cadres juridiques et réglementaires pour la gestion des boues de
418 vidange et introduire des mécanismes incitatifs et de mise en application qui soient
financés.
C’est une nécessité pour garantir la mise en œuvre et l’application effective de la réglemen-
tation portant sur la santé publique et l’environnement.
Planification
• Intégrer les parties prenantes dans la gestion des boues de vidange et comprendre
leurs intérêts et leurs influences.
C’est un point essentiel dans la conception d’un projet GBV : l’analyse et l’implication des
parties prenantes sont des activités à mener tout au long du projet. Il s’agit d’un processus
continu et itératif qui contribue à construire les consensus, à identifier les besoins, à définir
les exigences en termes de renforcement de capacité et à positionner certains groupes tra-
ditionnellement négligés. Par-dessus tout, cette démarche permettra aux parties prenantes
de faire des choix en connaissance de cause, de bien comprendre les implications de ces
choix et d’être prêts à remplir leur rôle et à tenir leurs responsabilités dans la filière GBV.
La force de l’approche proposée dans ce livre est de réunir les domaines technologique,
organisationnel et de planification pour obtenir des solutions durables de gestion des boues de
vidange. Le mémo pour la planification GBV de A à Z et le diagramme de sélection de la filière
de traitement illustrent cette approche et facilitent la circulation à travers le livre. Ils peuvent être
considérés comme une check-list et un outil visuel pour structurer le processus de planification, y
intégrer tous les éléments nécessaires et communiquer avec les parties prenantes non-expertes.
Planification
Technologie
Organisation
La mise en œuvre réussie de chacune des étapes ci-dessus nécessite de bien connaître les trois
domaines. Avoir des infrastructures GBV implique de traiter des questions larges, compliquées
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Un argument fort en faveur de l’investissement dans la GBV consiste à souligner les coûts écono-
miques liés au déficit de services d’assainissement, en plus du bénéfice pour la santé publique.
L’impact du manque d’accès à l’assainissement est en effet estimé à 260 milliards USD par an
(Hutton, 2013). Le Programme pour l’eau et l’assainissement (Water & Sanitation Programme,
WSP) de la Banque mondiale a mis en évidence, au cours de l’Initiative pour les aspects éco-
nomiques liés à l’assainissement (Economics of Sanitation Initiative, ESI, www.wsp.org/content/
economic-impacts-sanitation), que l’assainissement avait aussi un impact sur d’autres secteurs
économiques importants. Par exemple, le manque à gagner du secteur du tourisme à cause de
la faiblesse des services d’assainissement est estimé à 266 millions USD par an (Hutton et al.,
2008).
Les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ont très bien réussi à accroître l’atten-
tion internationale sur les besoins en assainissement. L’intégration de la gestion des boues de
vidange dans l’agenda international post-2015, à travers les Objectifs du développement durable
(ODD), s’appuiera sur cette dynamique pour sensibiliser sur l’importance de « l’assainissement
environnemental », ainsi que sur l’importance de prendre en compte ensemble tous les systèmes
relatifs à l’eau, à savoir les eaux usées, l’eau potable, l’irrigation, le drainage et la gestion des
déchets solides (Eawag, 2005).
Figure 18.1 : Lits de séchage pour le traitement des boues de vidange en cours de construction sur le site de Lubigi à
Kampala. Étape 1 du projet de protection du lac Victoria financé par la KFW, l’UE et le gouvernement ougandais (NWSC)
(photo : Lars Schoebitz).
Les cadres institutionnels sont nécessaires pour définir les exigences minimales et assurer leur
application. Un équilibre doit être trouvé entre des exigences trop élevées - qui empêchent donc
toute action en n’étant pas atteignables - et la protection adéquate et adaptée de la santé publique
et de l’environnement. Une stratégie possible consiste à mettre en œuvre des améliorations par
étapes, économiquement réalistes, et qui posent les bases à de plus amples développements
futurs (Parkinson et al., 2014). Des indicateurs de performance sont nécessaires pour évaluer
l’efficacité des solutions au niveau de la filière dans sa globalité, et pas seulement au niveau des
ménages. À cette fin, le Programme pour l’eau et l’assainissement (WSP) a développé des outils
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de diagnostic et de décision pour la mise en œuvre de systèmes GBV améliorés à l’échelle des
villes (http://www.worldbank.org/en/topic/sanitation/brief/fecal-sludge-management-tools).
La valorisation des produits issus du traitement des boues de vidange, élément d’optimisation des
revenus des stations de traitement, favorise l’efficacité de l’exploitation des stations. La valorisa-
tion comporte néanmoins toujours un certain niveau de risque au niveau des produits et de l’uti-
lisation qui en est faite. Pour pallier cela, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a élaboré un
manuel intitulé : Planification de la gestion de la sécurité sanitaire de l’assainissement (Sanitation
Safety Plan, SSP) pour une utilisation et une élimination sûre des eaux usées, des excreta et des
eaux ménagères (OMS, 2016). L’objectif est d’appuyer les autorités en charge dans la réduction
des risques pour la santé engendrés par la valorisation, en facilitant l’application des « Recom-
mandations pour l’utilisation des eaux usées, des excreta et des eaux grises dans l’agriculture et
l’aquaculture » (Guidelines for the Safe Use of Wastewater, Excreta and Greywater in Agriculture
and Aquaculture) (OMS, 2006). Par ailleurs, une initiative de l’Association internationale de l’eau
(International Water Association, IWA) développe une méthode d’évaluation rapide et participa-
tive des risques liés aux systèmes d’assainissement (Participatory Rapid Sanitation System Risk
Assessment, PRSSRA). Il s’agit d’une évaluation rapide des risques basée sur l’implication des
parties prenantes aboutissant à une priorisation des interventions visant à réduire ces risques.
Enfin, certains pays sont en train d’établir des recommandations et des procédures de certifi-
cation pour commencer à structurer et à formaliser le secteur de la valorisation des ressources.
Des ressources en ligne supplémentaires sont indiquées au chapitre 1. Une autre stratégie très
efficace consiste à intensifier les échanges Sud-Sud entre les employés municipaux et les pra-
ticiens pour l’apprentissage et le partage des expériences. Les associations professionnelles
de vidange à Kampala, Ouganda, et à Dakar, Sénégal, en sont un bon exemple. Les directeurs
de ces associations sont régulièrement invités à présenter et à partager leur expérience lors de
conférences et de réunions en Afrique subsaharienne. Un autre exemple de réussite est l’Institut
municipal d’apprentissage (Municipal Institute of Learning, MILE) de Durban, Afrique du Sud, qui
a été mis en place pour transférer les connaissances et les expériences de Durban vers d’autres
villes d’Afrique. Le MILE propose fréquemment des cours et des visites sur le terrain, avec l’aide
financière de l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (United Nations Institute
for Training and Research, UNITAR) et de la municipalité eThekwini de Durban. Le service eau et
assainissement de eThekwini (eThekwini Water and Sanitation, EWS) crée des partenariats avec
différentes municipalités africaines pour partager des connaissances et apporter des améliora-
tions dans la fourniture des services. La direction de EWS interagit également et partage ses
expériences avec les équipes de direction d’autres organismes travaillant sur l’eau et l’assainis-
sement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, grâce à des financements de la Banque
mondiale et de son Programme pour l’eau et l’assainissement (WSP).
Eawag-Sandec, en partenariat avec l’EPFL, a développé un cours en ligne gratuit MOOC, dis-
ponible sur la plateforme Coursera et sur Youtube (www.eawag.ch/mooc), avec sous-titres en
français. En 2018 commence un master en assainissement non-connecté à l’égout dispensé
par un consortium de leaders du secteur à Delft, aux Pays-Bas (www.un-ihe.org/one-year-
master-science-programme-sanitation).
S’il est intéressant qu’une même entité soit responsable du cadre global de la gestion des boues
de vidange, il n’est pas nécessaire qu’elle soit en charge de toutes les activités de la chaîne de
services GBV. L’angle de vue économique permet de concevoir les choses en termes de clients
et de propositions de valeur. Les clients pour les services sont les ménages utilisateurs qui sou-
haitent vidanger et évacuer leurs boues sans préoccupation pour leur destination finale, mais
aussi les municipalités ou les services publics en charge de la protection de la santé publique,
et enfin les réutilisateurs des produits issus du traitement qui perçoivent la valeur ajoutée de la
valorisation. La « coopération-compétition » est un modèle de développement commercial effi-
cace dans le secteur informel, une combinaison de coopération et de concurrence : les petites
entreprises nées des besoins existants rivalisent entre elles tout en coopérant sur certains points.
Le secteur de la vidange de Bangalore constitue un exemple intéressant : la concurrence entre
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les entreprises profite aux ménages en maintenant les prix des services de vidange à un niveau
bas. Dans le même temps, l’association des vidangeurs a fait évoluer la demande en technologie.
Elle a permis d’améliorer les chaînes d’approvisionnement en pièces détachées pour les camions
et de développer des ateliers locaux de construction et de réparation des camions de vidange,
ce qui réduit considérablement les charges de ces entreprises. Par ailleurs, les opérateurs four-
nissent des boues aux agriculteurs qui apprécient leur valeur. Ils rivalisent entre eux pour obtenir
de l’engrais bon marché, ce qui augmente leurs revenus (Gebauer et al., 2013).
Les partenariats public-privé (PPP) constituent une autre possibilité, source de nouvelles op-
portunités et de défis d’urbanisme pour les municipalités à travers la gestion de conflits po-
tentiels entre les intérêts privés et publics. Une stratégie possible consiste à fixer des tarifs qui
encouragent les producteurs à vendre de l’électricité issue du traitement des déchets au réseau,
garantissant un prix et un marché permettant de financer les investissements pour transformer
les boues en électricité et mettre au point la technologie. Les municipalités pourraient également
conclure des accords pluriannuels avec les partenaires du secteur privé pour leur « garantir un
approvisionnement en matières premières », afin d’assurer la faisabilité financière d’installations
de production/traitement à grande échelle. Les entités publiques pourraient aussi subventionner
les entreprises de vidange afin de faciliter la rentabilité de leur prestation, tout en définissant et en
imposant un prix de vidange maximum pour les ménages.
425
Figure 18.3 : Mise en œuvre de la méthode de caractérisation et de quantification des boues de vidange FAQ (Faecal
Sludge Quantification and Characterisation) à Kampala, Ouganda (photo : Lars Schoebitz).
L’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) à Dakar gère un centre d’appels au-
quel tous les ménages utilisateurs peuvent s’adresser pour commander un service de vidange.
Le centre d’appels émet alors un avis auprès des entreprises de vidange pour les mettre en
concurrence sur le prix, réduisant ainsi le coût pour le ménage utilisateur. Cet essai pilote prévoit
à l’avenir d’intégrer un suivi GPS des camions et des avis par SMS. Le projet RRR (Resource,
Recovery and Reuse) évalue la faisabilité de modèles économiques reposant sur les déchets, à
grande échelle, avec valorisation de l’eau, des nutriments et de l’énergie. Des études de faisabilité
sont en cours d’évaluation à Lima, Pérou, à Hanoi, Vietnam, à Bangalore, Inde, et à Kampala,
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• Une vision partagée par les différentes parties prenantes sur la nécessité d’améliorations
sanitaires ;
• Une stratégie complète de développement de l’assainissement pour toute la ville, qui cor-
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responde aux demandes des utilisateurs et aux différentes caractéristiques physiques et
socio-économiques de la ville ;
Connaître la production annuelle de boues et leurs caractéristiques à l’échelle de la ville est né-
cessaire pour la conception des technologies de traitement adéquates et adaptées. Il n’existe
pourtant pas aujourd’hui de méthodes fiables pour y parvenir. La caractérisation et la quanti-
fication des boues sont difficiles en raison de la vaste gamme de dispositifs d’assainissement
existants au niveau des ménages (notamment les latrines améliorées ventilées, les fosses non-
étanches et les fosses septiques), en plus des toilettes publiques, des locaux commerciaux,
des restaurants et des écoles. Il n’existe généralement pas non plus d’informations fiables sur le
nombre ou les types de dispositifs en place. Les caractéristiques et la production de boues sont
très variables et ne sont pas bien appréhendées. L’échantillonnage et l’analyse à l’échelle de la
ville nécessitent beaucoup de temps et de ressources.
Pour remédier à cela, des méthodes pour la caractérisation et la quantification des boues telles
que la méthode FAQ (Faecal Sludge Quantification and Characterisation) sont en cours de dé-
veloppement. Son objectif est de fournir une approche logique et financièrement abordable à
l’échelle d’une ville. La méthode FAQ est basée sur l’hypothèse que les données démogra-
phiques peuvent être un indicateur des caractéristiques des boues de vidange (par exemple : le
niveau de revenu, le statut juridique du logement, la densité de population et l’âge du bâtiment),
qui sont aussi influencées par des facteurs physiques (par exemple : la nappe phréatique, le type
de sol et l’altitude). Le revenu, par exemple, pourrait être un bon indicateur car il affecte à la fois
le régime alimentaire et la qualité des constructions. Ces données peuvent ensuite être analysées
spatialement avec un SIG pour élaborer un plan d’échantillonnage représentatif basé sur les res-
sources disponibles. La méthode FAQ a été testée sur le terrain à Kampala, Ouganda, et à Hanoi,
Vietnam (figure 18.3 ; www.sandec.ch/fsm_tools).
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Figure 18.4 : Exemple de configuration pour une application d’eSOS® (photo : Peter Greste, Al Jazeera, illustration de
toilettes intelligentes eSOS® : FLEX/the INNOVATIONLAB).
• Collecte et transport ;
• Valorisation.
18.2 CARACTÉRISATION DES BOUES DE VIDANGE
Comme expliqué au chapitre 2, les boues de vidange présentent des caractéristiques très va-
riables qui restent mal appréhendées. Une conception optimale des stations de traitement né-
cessite pourtant de bien comprendre cette variabilité et les facteurs qui l’influencent (Bassan
et al., 2013b). Le projet PURR (www.sandec.ch) est mené dans le but de comprendre l’influence,
sur les caractéristiques des boues, des facteurs liés aux dispositifs d’assainissement au niveau
des ménages et aux méthodes de vidange et de transport. Ce projet intègre une étude de carac-
térisation des boues et la mise au point de recettes de fabrication de boues de vidange synthé-
tiques pour évaluer en laboratoire les facteurs influençant leur dégradation biologique. D’autres
chercheurs ont aussi développé des recettes de boues synthétiques pour évaluer les propriétés
physiques influençant la vidange mécanique (Radford et Fenner, 2013).
La variabilité des boues constatée aujourd’hui s’explique aussi par l’absence de méthodes de
mesure standardisées. Des méthodes ont été adaptées de l’analyse des eaux usées ou des
sols, mais leur précision pour les mesures de boues de vidange reste à évaluer. Sur cette base,
des méthodes standard pourront être adaptées afin de légitimer la comparaison des résultats
entre différents projets. Le groupe de recherche sur la pollution (Pollution Research Group, PRG)
de l’Université de KwaZulu Natal (UKZN) a approfondi les connaissances sur cette thématique
pour aboutir à des méthodologies opérationnelles standardisées pour les analyses chimiques
des boues (par exemple : pH, potassium, ammoniaque) et leurs propriétés mécaniques (par
exemple : conductivité thermique, analyse calorimétrique). Ce type de recherche fondamentale
en laboratoire est nécessaire pour développer une compréhension précise des caractéristiques 429
des boues de vidange et fournir des procédures permettant des projets de recherche au niveau
international qui sont standardisés et peuvent être comparés entre eux. Un livre sur les méthodes
d’analyse des boues de vidange est prévu pour 2018 (Velkushanova et al., à paraître).
niques. Le projet DAR (Déchet À Ressources) à Dakar, Sénégal, s’intéresse aux technologies de
séchage via l’optimisation des technologies de lits plantés et non-plantés (figure 18.5). Les lits de
séchage présentent des coûts d’investissement et d’exploitation relativement faibles, mais de-
mandent une surface importante. Augmenter leur efficacité permettrait de diminuer l’emprise re-
quise et ainsi les rendre plus applicables en zones urbaines à faibles disponibilités foncières. Les re-
cherches en cours portent sur l’utilisation de matériaux alternatifs (par exemple le verre concassé),
les possibilités de mélange et l’utilisation de serres pour augmenter les taux de séchage. La
recherche sur les lits de séchage plantés a pour objectif d’identifier de nouvelles espèces végé-
tales susceptibles d’augmenter les performances du traitement et le potentiel de valorisation par
production et vente de fourrage (www.sandec.ch/fsm_tools).
Janicki Industries développe une technologie de type moteur à vapeur pour le traitement des
déchets à l’échelle communautaire. Le principe est un moteur thermique de 150 kW alimenté en
boues de vidange pour produire de l’électricité. La chaleur générée par la combustion dans un
lit de sable fluidisé permet de produire de la vapeur à haute pression pour alimenter un moteur à
vapeur à piston, couplé à un générateur électrique. La chaleur produite par le moteur est égale-
ment utilisée pour sécher les boues entrantes. Le concept de ce procédé de traitement est basé
sur celui de la centrale électrique, dont les éléments de base ont été soigneusement transformés
pour les rendre peu coûteux pour de petites unités produites en masse.
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Figure 18.5 : Recherche sur les lits de séchage : Dispositif de mélange pour lits de séchage non-plantés à la station d’épu-
ration de Bugolobi à Kampala, Ouganda ; Évaluation du potentiel de certaines espèces végétales à être utilisées dans des
lits plantés à Dakar, Sénégal ; Pilotes de lits plantés pour le traitement du percolat de lits de séchage à Yaoundé, Cameroun
(photos : Linda Strande).
18.5 DISPOSITIFS D’ASSAINISSEMENT AU NIVEAU DES MÉNAGES
Atteindre des niveaux de traitement élevés avec des dispositifs d’assainissement à la parcelle
est un défi difficile, compte tenu de facteurs comme le déficit en gestion technique, le besoin en
approvisionnement énergétique stable et les coûts élevés. L’initiative « Réinventons les toilettes »
(Reinvent the Toilet Challenge, RTTC) comprend plusieurs projets de recherche répondant à ce
défi. La première vague de technologies a été présentée à la foire des toilettes à Seattle en 2012
et la seconde à Delhi en mars 2014.
18.6 VALORISATION
La recherche sur cette thématique comprend le projet FaME (Faecal Management Enterprises),
qui vise à identifier les marchés de grande taille pour la valorisation, dans l’objectif de procurer
des ressources financières significatives et fiables pour la réutilisation (figure 18.6). Le projet iden-
tifie des méthodes innovantes de valorisation. Il vise aussi au passage à l’échelle de l’utilisation
des boues séchées comme combustible. Les résultats du projet de recherche FaME montrent le
potentiel technique et financier prometteur des boues de vidange et comblent les lacunes pour
leur utilisation comme combustible industriel à grande échelle, notamment en ce qui concerne
leur pouvoir calorifique (Murray Muspratt et al., 2014), la demande existante (Diener et al., 2014),
la viabilité des flux financiers pour la collecte et le transport des boues, et enfin l’optimisation des
technologies de séchage (www.sandec.ch/fsm_tools).
Les informations disponibles sont de plus en plus nombreuses, qu’elles soient directement utili-
sables pour la mise en œuvre des filières ou bien encore au stade de la recherche. Les récents ef-
forts déployés dans la recherche et le renforcement des capacités aboutiront sans aucun doute à
des innovations concernant tous les aspects de la filière GBV et engendreront une nouvelle géné-
ration de scientifiques et d’ingénieurs, qui seront le moteur du changement vers des filières GBV
intégrées. Il est certain que nous vivons aujourd’hui une période passionnante et prometteuse
de grandes avancées dans le domaine de la gestion des boues de vidange, que ce soit dans la
recherche, l’éducation ou la mise en pratique. Le domaine GBV continuera d’avancer et l’on peut
espérer une prochaine édition de ce livre avec plus d’exemples de projets réussis et de filières
GBV complètes conçues et mises en place sur la base des nouvelles expériences acquises.
18.8 BIBLIOGRAPHIE
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