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idées
reçues

L’Amérique
latine
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idées
reçues

L’Amérique
latine
Sous la direction d’Olivier Dabène

Histoire & Civilisations

E D I T I O N S
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Auteurs
Ouvrage réalisé sous la direction d’Olivier Dabène dans le
cadre d’un projet collectif du collège de Sciences-Po Paris,
campus de Poitiers, par : Carla Barnett Idahosa, Laurène
Borey, Jean Boyer, Manon Cabaup, Vanessa Carronnier,
Agnès Casado, Margaux Dereux, Anna Fischer, Eva Girod,
Walter Guevara, Mathieu Mugnier (chef de projet), Ileana
Nicolau, Pierre Odin, Maria Paiva, Sophie Ranger, Eduardo
Rios, Marie-Carmen Sanchez Delgado, Raphaëlle Sardier,
Arthur Schlomoff, Piera Sciama, Angela Solari, Sonia Soriano.

Olivier Dabène est notamment l’auteur de :


– Amérique latine. La démocratie dégradée, Complexe, 1997
– L’Amérique latine à l’époque contemporaine, Armand Colin,
6e édition, 2006
– Amérique latine. Les élections contre la démocratie ? (dir.),
Presses de Sciences-Po, 2008
– Atlas de l’Amérique latine (dir.), Autrement, 2e édition, 2009

La collection « Idées Reçues »

Les idées reçues sont tenaces. Nées du bon sens populaire


ou de l’air du temps, elles figent en phrases caricaturales des
opinions convenues. Sans dire leur origine, elles se répandent
partout pour diffuser un « prêt-à-penser » collectif auquel
il est difficile d’échapper… Il ne s’agit pas ici d’établir un
Dictionnaire des idées reçues contemporain, ni de s’insurger
systématiquement contre les clichés et les « on-dit ». En les
prenant pour point de départ, cette collection cherche à
comprendre leur raison d’être, à déceler la part de vérité
souvent cachée derrière leur formulation dogmatique, à les
tenir à distance respectable pour offrir sur chacun des sujets
traités une analyse nuancée des connaissances actuelles.

Vous souhaitez aller plus loin ? www.ideesrecues.net


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AMÉRIQUE LATINE, n. f. – Une idée reçue veut que
l’expression « Amérique latine » ait été inventée par
Napoléon III pour justifier ses visées interventionnistes sur
un continent colonisé par l’Espagne et le Portugal. Il est
vrai que Napoléon III se réfère, dans les années 1860, à
l’Amérique latine et se lance dans une éphémère conquête
du Mexique (1863-1867), mais la paternité de l’Amérique
« latine » revient à un Chilien (Francisco Bilbao) et à un
Colombien (José María Torres Caicedo) vivant à Paris et
rêvant, en 1856, de projeter dans leur continent la solidari-
té « latine » des Européens luttant pour la République en
Italie, en France et en Espagne.
L’Amérique latine n’avait pas grand-chose de « latine » à
cette époque. Moins de 20 % de la population était d’ori-
gine « blanche », contre 45 % de Noirs et 35 % d’Indiens.
Certes, l’Amérique latine s’est « blanchie » et latinisée au
cours du XXe siècle, notamment grâce aux vagues d’immi-
gration européennes. Sa population n’en demeure pas
moins très diversifiée, à l’image de sa géographie, qui sépare
assez nettement des bassins de peuplement indien dans les
hauts plateaux andins, des populations noires dans les terres
chaudes côtières, et européennes dans les vastes plaines
intérieures des zones plus tempérées.
Au plan linguistique, la diversité est tout aussi repérable. Si
l’Espagnol et le Portugais dominent, les langues indiennes
sont nombreuses, et l’Anglais, le Français, ou des Créoles
sont parlés notamment dans la zone Caraïbe.
L’Amérique latine existe pourtant bel et bien aujourd’hui,
car elle est porteuse pour ses habitants d’une communauté
de destin.
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Introduction
« L’Amérique latine, ce faux ami. » ..................9

Histoire : figures et tendances


« Christophe Colomb a découvert l’Amérique. » . 15
« Les Indiens ont été massacrés. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
« Les Espagnols ont pillé l’Amérique latine. » . . . . . 25
« Napoléon a libéré l’Amérique. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
« Le Che était un héros révolutionnaire. » . . . . . . . . . 33

Culture : diversité et métissage


« Les latinos se ressemblent tous. » . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
« L’Amérique latine est un continent
très catholique. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
« Le foot est l’opium du peuple. » . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

« Les latinos sont tous des machos ! » . . . . . . . . . . . . . . 55


« Gabriel García Márquez est le principal
écrivain d’Amérique latine. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Société : la fête pour oublier


« Vamos a la playa ! » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
« L’Amazonie est le poumon (malade)
de la planète. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
« L’Amérique latine est un continent pauvre. » . . . 75
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« L’Amérique latine est un continent violent. ». . . . 79


« L’Amérique latine est la plaque tournante
de la drogue. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

Politique : la démocratie malgré


le populisme
« L’Amérique latine n’est pas faite pour
la démocratie. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
« La corruption est un savoir-faire latino. » . . . . . . . . 97
« L’Amérique latine est la terre
du populisme. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
« L’Amérique latine est la chasse gardée
des États-Unis. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
« L’Amérique latine est un continent
de gauche. » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117

Annexes
Pour aller plus loin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
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« L’Amérique latine, ce faux ami. »

C’est à Paris dans les années soixante


que j’ai découvert l’Amérique latine.
Mario Vargas Llosa, Dictionnaire amoureux
de l’Amérique latine, Plon, 2005

En ouvrant ainsi son Dictionnaire amoureux de


l’Amérique latine, Mario Vargas Llosa rend hommage
à une ville qui a souvent vu se croiser des intellectuels,
artistes ou politiques venus en nombre de leur conti-
nent goûter les charmes de la liberté d’expression et
de création. Comme le grand écrivain péruvien, la
plupart d’entre eux y ont trouvé une seconde patrie.
De retour dans leurs pays, ils ont conservé des liens
durables avec le vieux continent. La familiarité de ces
visiteurs illustres avec notre culture est à l’origine de
bien des malentendus. Parce qu’ils lisent nos auteurs
et s’expriment dans notre langue, ces intellectuels ont
achevé de convaincre les Français qu’ils partageaient
avec eux une intimité particulière. La France, qui a
inventé la notion d’Amérique latine au XIXe siècle,
posséderait désormais de nouveaux cousins lointains,
au-delà du Canada.
Or, rien n’est moins vrai. Les Français sont victi-
mes d’une familiarité trompeuse. L’Amérique latine
est un faux ami.
Curieusement, quand ils n’imaginent pas
l’Amérique latine peuplée de Mario Vargas Llosa par-
lant couramment notre langue, les Français tombent
souvent dans l’excès inverse, rêvant de terres exo-
tiques propices aux aventures les plus extravagantes.

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L’expression « c’est pas le Pérou ! » exprime cette
croyance tenace que l’Amérique latine est une terre
d’opportunités où les fortunes se construisent
rapidement. Sans doute parce que les Français ont
longtemps jalousé les Espagnols et les Portugais
ramenant de l’or dans leurs galions, ils considèrent
l’Amérique latine comme une corne d’abondance. La
façon dont les auteurs de livrets d’opérette ont
dépeint des « latinos » n’a rien arrangé. Offenbach
n’a-t-il pas, en 1866, donné à voir un riche Brésilien
venu profiter de La vie parisienne ?
Outre cette image de richesse, les Français ont en
tête un certain nombre de stéréotypes tenaces.
L’Amérique latine est, aux yeux de beaucoup, un
continent peuplé d’Indiens vêtus d’un poncho et
jouant El Condor pasa à la kena (flûte indienne des
Andes), un continent où le football est la religion des
Argentins et des Brésiliens, où la nourriture des
Mexicains est exagérément piquante (non, le Chili
con carne n’est pas un plat chilien). Nombre d’entre
nous se figurent que les femmes rivalisent de sensua-
lité, et gagnent tous les ans le concours de miss
Univers, quand elles ne s’exhibent pas au Carnaval de
Rio ou ne se déhanchent pas sur l’air de la Macarena.
Sur le plan politique, beaucoup imaginent ces pays
encore gouvernés par des dictateurs violents, trucu-
lents et corrompus, toujours menacés par des
guerilleros barbus et romantiques. Là encore, certains
romans comme L’Automne du patriarche (1982) de
García Márquez ou La Fête au bouc (2002) de Vargas
Llosa ont alimenté les clichés.
Toutes ces images ne sont, au demeurant, pas tota-
lement infondées. Elles témoignent toutefois au
mieux d’une vision figée, passéiste et folklorique de
l’Amérique latine, au pire d’un culturalisme de bas
étage frisant parfois le racisme.

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Cet ouvrage, produit du travail collectif d’un
groupe d’étudiants latino-américains et français du
campus de Poitiers de Sciences Po-Paris, n’a pas pour
ambition de rétablir des « vérités » en dénonçant sys-
tématiquement les « idées reçues » sur l’Amérique
latine. Il aura cependant gagné son pari si ses lecteurs
s’interrogent sur la représentation qu’ils ont du
continent.

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HISTOIRE : FIGURES
ET TENDANCES
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« Christophe Colomb a découvert
l’Amérique. »

Bien sûr, l’Amérique avait été découverte avant Colomb.


Mais le secret avait été bien gardé.
Oscar Wilde (1854-1900)

Christophe Colomb, jeune navigateur italien,


envisage en 1484 de traverser l’océan Atlantique en
vue de parvenir aux Indes, Extrême-Orient actuel.
Son projet, d’abord refusé par la couronne portu-
gaise, est finalement accepté par les rois catholiques
espagnols. Le 3 août 1492, il quitte Huelva, ville du
Sud-Ouest de l’Espagne, aux commandes de la nef
Santa María, accompagné de deux autres caravelles :
la Pinta et la Niña. Dans la nuit du 11 octobre 1492,
les explorateurs aperçoivent la terre à l’horizon.
Le 12, ils débarquent sur l’île des Bahamas puis
découvrent Cuba et l’île de Hispaniola (Haïti et la
République dominicaine). Ce voyage ne marque que
le début de la conquête des « Indes ». En effet, trois
autres voyages sont effectués jusqu’en 1502, afin de
concrétiser la découverte des territoires connus de
nos jours comme l’Amérique centrale et les Caraïbes.
Christophe Colomb n’ayant pas la volonté d’explorer
particulièrement les terres du sud des « Indes », la
découverte de l’Amérique du Sud revient aux
nombreux explorateurs européens. Parmi eux, les
Portugais ont joué un rôle important, notamment le
navigateur Pedro Álvares Cabral, qui a découvert
en 1500 le Brésil, ainsi que des Espagnols, comme
Juan Díaz de Solís qui conquiert l’Argentine et

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l’Uruguay en 1516, ou encore Francisco Pizarro qui
découvre le Pérou en 1528.
Ce sont ces nombreuses expéditions et conquêtes
réalisées par les Européens en Amérique dès 1492 et
commandées par Christophe Colomb qui consti-
tuent la « découverte de l’Amérique ». Ainsi, à la
question : « Par qui et quand l’Amérique a-t-elle été
découverte », la réponse la plus courante aujourd’hui
est évidemment : « Christophe Colomb en 1492. »
Avancer que le héros espagnol n’a fait que redécou-
vrir ce continent, paraîtrait incongru.
Il est pourtant envisageable de dire que les « Indes »
ont bel et bien été découvertes, explorées voire colo-
nisées plusieurs siècles avant l’arrivée de la Santa
María. De nombreux historiens et archéologues émet-
tent des hypothèses quant aux civilisations qui ont
foulé l’Amérique. L’une de ces suppositions, défendue
par l’historien français Jacques Heers, s’appuie sur les
œuvres littéraires scandinaves du XIIIe siècle, les sagas.
En effet, la saga d’Erik le Rouge et celle des
Groenlandais relatent les grands exploits des Vikings
sur le continent américain. Elles racontent qu’Erik le
Rouge, chef viking, fut banni d’Islande à cause d’une
affaire criminelle. Ayant un esprit explorateur et
curieux, il entreprit en 985 une expédition en drakkar
dans le but de retrouver ces îles si lointaines qu’aupa-
ravant le navigateur viking Gunnbjörn, emporté par
les vents, avait aperçues mais n’avait pas osé explorer.
Après avoir fait face à plusieurs péripéties, Erik le
Rouge parvint aux « rochers de Gunnbjörn » qu’il
nomma Groenland, « terre verte ». Il rentra annoncer
sa découverte afin d’y fonder une colonie. Ainsi, des
centaines de Vikings s’y établirent et commencèrent à
explorer les rives du continent. En l’an mil, Leif
Eriksson, le fils aîné d’Erik le Rouge, entreprend un
long voyage au cours duquel il découvre le « pays des

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pierres plates », soit le Helluland (aujourd’hui l’île de
Baffin), le « pays des forêts », le Markland (aujour-
d’hui le Labrador) et finalement le Vinland, la « terre
du vin », lieu où ses hommes et lui-même s’installent.
En traversant le Markland, son frère Thorvald est tué
par des Skraelingar (du norrois, « gens tordus,
faibles »), connus ensuite comme les Amérindiens.
En 1003, Thorfinnr Karlsefni entame le dernier
voyage destiné à coloniser le Vinland. L’expédition se
trouve confrontée aux Skraelingar et se révèle être un
échec. Cet épisode marque le début de la fuite des
Vikings vers le Groenland puis, à partir de 1350, leur
retour progressif en Scandinavie.
Malgré leur courte durée de résidence sur ce terri-
toire, l’Amérique du Nord reste effectivement une
découverte propre aux Vikings. Nous pouvons bien
sûr nous demander jusqu’à quel point nous devons
accorder du crédit à ces sagas, qui mêlent réalité et
fiction. L’explorateur Helge Ingstad et l’archéologue
Anne Stine Ingstad sont parvenus à trouver des preuves
témoignant de la véracité de cette hypothèse.
En 1960, les fouilles archéologiques réalisées dans un
village à l’Anse aux Meadows, situé au nord de Terre-
Neuve (Canada), ont dévoilé la présence de vestiges
de l’ancienne colonie du Vinland.
Quant à la présence des Vikings en Amérique du
Sud, qui suscite un débat historique encore d’actua-
lité, il n’est qu’à se laisser emporter par les nombreuses
légendes qui passionnent entre autres le sociologue et
anthropologue franco-argentin Jacques de Mahieu.
Ces chroniques, dont la véracité n’a pas encore été
établie, nous mènent à croire que les Vikings ont
cohabité avec les cultures précolombiennes. Une
d’entre elles raconte qu’en 987 les Vikings, installés
depuis quelques mois dans une tribu maya au
Yucatán, ont décidé de rentrer en Islande tout en

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promettant aux populations locales de revenir.
Lorsqu’en 1519, l’Espagnol Hernán Cortés arrive au
Mexique, l’empereur aztèque Moctezuma II croit au
retour des « Dieux blancs barbus ». En effet, du fait
de la ressemblance physique du colonisateur avec les
Vikings, Cortés se voit céder le pouvoir. De même,
un mythe fait état du métissage entre les autochtones
et les « hommes barbus », ce qui justifie la couleur de
peau des Indiens blancs du Paraguay. Si nous recher-
chons davantage de coïncidences entre la culture des
Vikings et celle des Incas, il est possible d’évoquer la
ressemblance entre la forme en serpent des drakkars
et celle des bateaux en totora (roseau), typiques de la
zone du lac Titicaca. Les Vikings auraient pu aussi
apporter en Amérique du Sud le culte du soleil, que
pratiquent les Indiens du Pérou à l’arrivée des
Espagnols.
Quoi qu’il en soit, contrairement au projet culturel
et politique de Christophe Colomb, les Vikings ont
exploré par simple curiosité l’Amérique et y ont laissé
un héritage encore douteux en Amérique du Sud.
Et si d’aventure, d’autres voyageurs étaient passés
en Amérique avant les Vikings ? La possibilité d’une
présence chinoise en Amérique en 1421 a été évo-
quée par l’historien amateur britannique Gavin
Menzies. Des indices laissent par ailleurs penser que
Marco Polo aurait abordé la côte nord-ouest du
continent au XIIIe siècle. D’autres scientifiques vont
même jusqu’à avancer que l’Amérique était déjà pré-
sente dans la géographie de l’astronome grec
Ptolémée datant du IIe siècle avant J.-C.
Les recherches et les sources d’informations ne
cessent de se multiplier afin de valider ou démentir
les hypothèses relatives à la découverte du continent
américain. Le débat n’est pas clos.

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l’Amérique latine et des Caraïbes de 1825 à nos jours (Les
éditions du Septentrion, 2004). Pour clore ce petit aperçu
historique non-exhaustif, Leslie Manigat, historien et poli-
tique haïtien, avec L’Amérique latine au XXe siècle : 1889-1929
(Seuil, 1991) et, sur une période plus précise, Pierre
Queuille, Amérique latine. La doctrine Monroe et le panamé-
ricanisme (Payot, 1969) étudient de façon admirable le
XXe siècle en Amérique latine.
La littérature latino-américaine traduite en français est essen-
tiellement celle issue du boom littéraire. Elle donne un aper-
çu des problèmes principaux de la région, comme la question
des dictatures, la pauvreté et l’influence des États-Unis.
Parmi les œuvres principales de cette période fertile des
lettres latino-américaines, nous pouvons citer Le Général
dans son labyrinthe (Livre de poche, 1990) de García
Márquez, ou La Tante Julia et le Scribouillard (Gallimard,
1985) de Vargas Llosa, ou encore Le Siècle des lumières, écrit
par Alejo Carpentier (Poche, 1977). En ce qui concerne la
littérature en langue portugaise, les principaux livres que
nous pouvons mentionner sont Passion selon G. H. (Des
Femmes, 1998), de Clarice Lispector et pour le théâtre,
Toute nudité sera châtiée de Nelson Rodrigues (Actes Sud,
1999). Dans le domaine de la poésie, nous pouvons
conseiller Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée : Les
Vers du Capitaine (Poche, 1998), de Pablo Neruda et Poèmes
choisis (Presses du Compagnonnage, 1946), de Gabriela
Mistral, qui ont tout deux remporté le prix Nobel de littéra-
ture. Une recherche sur l’identité latino-américaine peut être
trouvée dans Notre Amérique (Reliure inconnue, 1968), de
José Martí. L’importance du mysticisme, question centrale
en Amérique latine, est le thème de Juan Rulfo, dans son
œuvre Pedro Paramo (Poche, 2009). Le sexe et la mort, thè-
mes plus généraux, sont abordés par Pedro Juan Gutiérrez
dans sa célèbre Trilogie sale à La Havane (Poche, 2003).
Il faut également souligner la diversité du cinéma latino-
américain. Carnets de Voyage, de Walter Salles, nous propose
un tour presque complet du continent, en racontant le voya-
ge d’Ernesto Che Guevara en Amérique hispanophone.

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L’Argentine a privilégié le thème de la dictature militaire,


dont le film plus emblématique serait L’histoire officielle
(1986) de Luiz Puenzo. Le cinéma brésilien traite surtout des
problèmes sociaux, comme la violence et la pauvreté, mon-
trées par Fernando Meirelles et Kátia Lund dans Cité de Dieu
(2002).

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