Support CH 1ertitre 1er Partie 1
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Pourquoi ?
Titre 1 : L’Etat
Titre 2 : La Constitution
TITRE 1 :
LA NOTION D’ETAT
D’accord. Mais
A un premier degré :
En tant que citoyens, nous sentons la présence de l’Etat chaque
jour puisqu’il structure l’ensemble de la vie sociale. Ses organes, les
personnes publiques (politiques et administratives), organisent et
disciplinent les conduites humaines : police, justice, gouvernement,
entreprises publiques… sont autant d’institutions appartenant à l’Etat.
A un second degré :
Il est cependant difficile d’appréhender l’Etat dans sa globalité,
dans sa généralité, dans son ensemble. Si les hommes peuvent se
représenter l’Etat comme un ensemble d’organes publics, en revanche, ils
ne peuvent jamais en saisir la totalité physique.
G. Burdeau : « Personne n’a jamais vu l’Etat. Cependant qui pourrait nier
qu’il est une réalité ? (…) La réalité de l’Etat est conceptuelle. L’Etat
n’existe que parce qu’il est pensé »2.
Ici l’auteur met l’accent sur un aspect essentiel de l’Etat : L’Etat est une
IDEE qui n’a pas en soi de réalité physique. La réalité de l’Etat est
conceptuelle.
1
Burdeau, Hamon, Troper: p. 22.
2
G. Burdeau, L’Etat, PUF, 1967.
POURQUOI l’Etat est-il une idée ? Parce que la fonction première
de l’Etat est de transformer la nature de l’obéissance civile. Sans l’Etat,
avant l’Etat, l’organisation de l’obéissance civile s’effectue sur la base
d’un rapport de force : « Le plus fort commande au plus faible ». Ici, il
faut considérer que les rapports sociaux sont réglés par le principe du
rapport de force, de la violence dans l’ « état de nature » (état réglé par
la force). Or l’Etat permet de sortir de cet état de nature où les rapports
sociaux sont gouvernés par le principe du rapport de force, de la violence.
Avec l’Etat, au sein d’une société politique gouvernée par l’Etat,
l’obéissance des hommes est le produit d’un consentement, d’une
adhésion volontaire. « Les hommes ont inventé l’Etat, pour ne pas avoir à
obéir aux hommes » souligne encore G. Burdeau3. L’Etat donne naissance
à une forme de pouvoir qui ennoblit l’obéissance. En se soumettant à une
institution qui dérive du consentement de TOUS et qui a pour mission
d’agir au nom de tous, les hommes ont le sentiment de n’obéir à
personne. Ainsi, c’est la raison pour laquelle l’Etat répond à des formes
d’organisations politiques modernes dans lesquelles le rapport « homme /
pouvoir » est institutionnalisé par le jeu d’une représentation politique.
Avec l’Etat, les rapports sociaux sont soumis à des règles de conduites
consenties par les citoyens, de sorte que l’obéissance au pouvoir est
acceptée et voulue. Ainsi, les institutions de l’Etat exercent la domination
dans le but d’assurer de réaliser un projet politique consenti par tous.
3
G. Burdeau, L’Etat, op. cit.
4
J. Chevallier, l’Etat, « Connaissance du droit – droit public », dalloz, 1999, p. 2.
CHAPITRE 1
LES CONDITIONS D’EXISTENCE DE L’ETAT
Pour pouvoir exister sur le plan juridique, l’Etat doit réunir 3 éléments
Un élément humain : une société, un groupe d’individus socialement
organisé
Un élément territorial : cette société doit être fixée sur un territoire
donné
Ce sont ces deux éléments physiques, matériels, qu’il nous faut analyser
dans ce premier chapitre avant d’étudier dans une troisième section
l’élément politico-juridique. En effet au sein de cette société et sur ce
territoire doit régner un pouvoir souverain.
Un élément intellectuel : le pouvoir
3 sections :
Section 1 : Le Pouvoir ; l’élément intellectuel de l‘Etat
Section 2 : Le peuple : l’élément humain de l’Etat
Section 3 : Le territoire : l’élément physique de l’Etat
Section 1 : Le pouvoir organisé
§1 : La notion de pouvoir
A- Nature du pouvoir
1/ La notion de pouvoir
2/ Le pouvoir politique
B- La légitimité politique
1/ Définition :
Plus loin que l’habitude d’obéir, dans les sociétés modernes les
individus accepteront l’obéissance à une condition : au motif que le
pouvoir sert leurs intérêts et le bien de tous….
1/ Le pouvoir personnalisé :
2/ Le pouvoir institutionnalisé :
5
Membre de la délégation allemande qui signe le traité de Versailles en 1919, Weber
participe aussi à la commission chargée de rédiger la Constitution de la République de
Weimar. Mort à 56 ans des suites d'une pneumonie, il laisse une œuvre théorique
considérable, dont font partie l'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1904-
1905 ; réédité en 1920), Sociologie de la religion (1920) et Économie et société
(posthume, 1922). Deux importantes conférences, « la Science, profession et vocation »
(1917) et « la Politique, profession et vocation » (1919), exposent la problématique dont
est issu l'ensemble de cette œuvre.
Cette institutionnalisation implique un certain nombre de
conséquences éminemment importantes :
1/ La permanence de l’Etat
Dès lors le peuple est dans l’obligation de déléguer son pouvoir à des
représentants afin que ces derniers l’exercent au nom et pour le compte
de l’ensemble de la communauté politique. C’est par le biais de la
représentation démocratique que les représentants puisent leur
légitimité. Sur le fondement de cette légitimité, ils prennent des décisions
qui sont des règles de droit –essentiellement la loi- respectées par tous
pour 2 raisons.
C’est pour cette raison que tous les types de pouvoir démocratique
moderne répondent aux critères du pouvoir institutionnalisé assis sur une
légitimité légale rationnelle.
6
Studien zum deutschen Staatrecht, 1863.
7
Erörterum zum art. 78 der Verfassung de Nord Deutschen Bundes (1869).
JELLINEK : « La souveraineté consiste dans la qualité spéciale que
revêt la puissance de l’Etat, lorsque celle-ci est exclusivement maîtresse
de déterminer elle-même comme aussi de se lier juridiquement ». De
même « La souveraineté est la capacité exclusive de déterminer l’étendue
de son propre ordre juridique »8.
KELSEN (H.) : « La souveraineté serait la propriété d’un ordre
juridique d’être un ordre suprême, un ordre qui ne doit pas sa validité à
un ordre supérieur. Est souverain l’ordre dont la norme fondamentale
n’appartient à aucun ordre, à aucun système de règles positives,
autrement dit à un principe de validité qui ne lui est commun avec
aucune autre règle parce qu’elle n’a pas été créée, posée, conformément
aux prescriptions d’une norme quelconque »9.
Les Constitutions des Etats modernes prévoient d’ailleurs cela. Par ex. les
articles 53 et 54 de la Constitution française. Dans le cadre de cette
compétence définit par la Constitution, l’Etat peut fort bien contracter au
plan international des Traités par lesquels il transfère un certain nombre
de compétences appartenant à sa souveraineté. Une telle approche est
interdite par la conception de la souveraineté puissance qui considère la
souveraineté comme une puissance indivisible. Ici soit l’Etat est
souverain et en possède le monopole absolu, soit il la délègue, et n’existe
plus. Rien de tel dans la conception de la souveraineté compétence : ici
au nom de sa compétence suprême, l’Etat peut librement déléguer un
certain nombre de ses compétences souveraine à des organisations
internationales, sans cesser d’exister.
§ 1: définition
Cependant, pour qu’il y ait Etat, la population de l’Etat doit être plus
qu’une simple addition de particuliers. La population de l’Etat existe
lorsque le groupe humain est composé de femmes et d’hommes qui se
sentent unis par un objectif politique commun. De sorte que l’on peut dire
que les individus qui composent la population de l’Etat sont fédérés par
des valeurs politiques partagées, un consensus les principes fondateurs
de la société politique.
Concrètement, une idée doit présider aux réponses à ces différentes
questions: pourquoi sommes-nous ensemble ?; que faisons-nous ensemble
?; que voulons-nous ensemble ?; quelles sont les buts que nous voulons
réaliser ensemble ?
Elle est « la représentation que se font les hommes du but social »11 Par
exemple, dans les sociétés démocratiques modernes, la réalisation de la
liberté politique notamment par le plus grands respect possible des droits
de l’homme :c’est l’idée qui fédère une simple population en nation dans
une société démocratique.
A/ La conception allemande:
Dans ce projet, Fichte sollicite aussi l’Etat qui est l’institution qui doit
réaliser cet objectif.
10
Burdeau, Hamon, Troper: p. 25.
11
Burdeau, Hamon, Troper: p. 25.
Cette théorie de la nation est dite objective car ici, ce sont des critères
qui ne relèvent pas de la volonté subjective des femmes et des hommes
qui décident de leur appartenance à une communauté politique plutôt
qu’à une autre. Ce sont en réalité des caractères qui s’imposent à eux, et
qui les rattachent indépendamment de leur volonté à une communauté
nationale plutôt qu’une autre.
Ici ce sont c’est la langue, l’ethnie, ou la religion qui constituent les
éléments de détermination de l’appartenance de l’individu à une
communauté, donc des critères d’appartenance qui s’imposent aux
individus.
Dès lors à l’inverse de la conception subjective, ici ce n’est pas l’individu
qui fait l’Etat mais l’inverse. L’appartenance d’un individu à une nation et
donc un Etat ne répond pas à une démarche rationnelle, individuelle. Elle
est la conséquence nécessaire d’un « déterminisme national », d’objectifs
dont l’individu, nécessairement n’est pas le maître.
La conception française:
12
Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité, 1774.
Gaulois, Etrusques, Pélasges, Grecs, sans parler de bien d’autres
éléments, s’y croisent dans un indéchiffrable mélange. Les îles
britanniques, dans leur ensemble offrent un mélange de sang celtique et
romain dont les proportions sont singulièrement difficiles à définir.
La vérité est qu’il n’y a pas de race pure, et que faire reposer la politique
sur l’analyse ethnographique, c’est la faire porter sur une chimère ».
La langue ? « La langue invite à se réunir ; elle n’y force pas. Les Etats-
Unis et l’Angleterre, l’Amérique espagnole et l’Espagne parlent la même
langue et ne forment pas une même nation. Au contraire la Suisse, si bien
faite, puisqu’elle a été faite par l’assentiment de ses différentes parties,
compte trois ou quatre langues. Il y a dans l’homme quelque chose de
supérieur à la langue : c’est la volonté. (…). L’importance politique qu’on
attache aux langues vient de ce qu’on les regarde comme des signes de
races. Rien de plus faux. (…). Cette considération exclusive de la langue
( …) à ses dangers, ses inconvénients. (…). On quitte le grand air qu’on
respire dans le vaste champ de l’humanité pour s’enfermer dans des
inconvénients de patriotes. Rien de plus mauvais pour l’esprit ; rien de
plus fâcheux pour la civilisation ».
La religion ? La encore sur les mêmes arguments Renan répond : « La
religion ne saurait non plus offrir une base suffisante à l’établissement
d’une nationalité moderne » au regard de l’histoire mais aussi de la
modernité puisqu’ aujourd’hui constate-t-il « chacun croit et pratique à sa
guise, ce qu’il peut, comme il veut. Il n’y a plus de religion d’Etat ».
Subjective car ici c’est par la volonté de vivre ensemble (le plébiscite)
manifestée par les individus du groupe que s’exprime l’idée partagée la
communauté politique. Elle est l’attachement à un passé, une
représentation commune et majoritairement accepté du futur. C’est le
partage d’un même destin qui fait la nation. Dans cette conception, c’est
donc l’individu et sa volonté éclairée de Raison, au-delà de ses
déterminismes historiques, culturels, religieux ou ethnique qui décident
de son appartenance à une nation plutôt qu’une autre.
La Nation est une entité qui rassemble tous les individus qui partage une
même idée, un même destin. La nation est la manifestation d’une
démarche individuelle, rationnelle, et volontaire.
Cette vision a été exaltée par les philosophes et les historiens :
Michelet : « La nation n’est plus une collection d’être divers. C’est un
être organisé, bien plus, une personne morale, un mystère admirable où
éclate la grandeur de la France ».
Malraux : « La nation, c’est une communauté de rêve ».
- Une fonction sociologique : Parce que l’Etat est une idée, une fiction
intellectuelle, la nation remplit pour l’Etat une fonction essentielle : la
nation donne à l’Etat une consistance matérielle. En s’assimilant à une
nation il devient une réalité tangible. La nation, communauté réelle de
femmes et d’hommes donne une consistance charnelle àl’Etat, qui n’est
en soi qu’une fiction, une prensée, une idée.
13
S. PIERRE-CAPS : Droit constitutionnel, op.cit.
De la sorte, l’Etat incarne la permanence, l’unité, la cohésion de la
nation : « il en constitue l’ordre et la cohésion » : De cette idée découle le
principe nécessaire de l’indivisibilité de la souveraineté nationale
Une population sans territoire ne peut fonder un Etat. Il faut analyser ici
la définition du territoire (§1) et ses fonctions (§2)
§1 : Définition du territoire :
15
S. PIERRE-CAPS : Droit constitutionnel, p. 14.
« Bien plus qu’un simple élément constitutif de l’Etat, le constituant
révolutionnaire de 1791 fait du territoire un élément constitué de la
Nation ». L’indivisibilité du territoire renvoie à l’unité de l’Etat et à l’Etat-
nation.