Plaidoyer Du CSFD en Amont de La COP16 Désertification

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Objectif terres !

Gouvernance, connaissances, gestion : pour une approche intégrée


et multi-acteurs des enjeux liés aux terres, à la biodiversité,
au climat, à la sécurité alimentaire et hydrique et à la santé
Fiche d’actualité du CSFD – novembre 2024

Les terres émergées offrent aux êtres humains l’essentiel de Les politiques, les aménagements et les façons de produire
leurs moyens de subsistance, incluant l’approvisionnement en lien avec l’agriculture et l’élevage, la sylviculture, l’énergie,
en nourriture et en eau douce ainsi que la fourniture de l’eau doivent être conçus de façon intégrée – sur la base des
nombreux autres services écosystémiques. Considérant connaissances disponibles – de manière à éviter, réduire et
que plus de 70 % de la surface terrestre libre de glace est inverser la dégradation des terres, la perte de biodiversité et
directement affectée par les activités humaines ; que les diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
terres constituent le substrat fonctionnel reliant la sécurité
alimentaire, la biodiversité, l’eau et le climat et que, de ce Mettre en place des systèmes de gestion durable des terres
fait, elles sont essentielles à la bonne santé des humains ; nécessite des politiques et des mécanismes institutionnels
la gestion intégrée des terres est au cœur des enjeux de cohérents et articulés à tous les échelons (local, national,
développement durable. international) et dans tous les secteurs. Cela requiert aussi la
mobilisation de tous les acteurs à travers des dispositifs de
La dégradation des terres correspond à un changement gouvernance représentatifs et participatifs. En particulier, les
dans l’état de santé du sol qui entraîne une diminution de interfaces science-politique-société jouent un rôle crucial
la capacité de l’écosystème à fournir des biens et services pour considérer, partager et articuler les différentes formes
pour ses bénéficiaires. Celle-ci exacerbe l’insécurité de connaissances et de modalités d’actions portées par
alimentaire et hydrique, la perte de biodiversité et les effets l’ensemble des acteurs, en tenant compte des asymétries
des changements climatiques. Les terres dégradées sont de pouvoir.
plus vulnérables à l’érosion des sols lors de phénomènes
météorologiques extrêmes, plus exposées aux risques En cette fin d’année 2024, période charnière où :
d’incendies, et plus susceptibles de subir la prolifération • se tient la 16e Conférence des Parties (COP) de la
d’espèces envahissantes, de parasites et d’agents Convention des Nations unies sur la lutte contre la
pathogènes. La dégradation des terres génère des désertification (CNULCD) – faisant suite à la 29e COP de
émissions de gaz à effet de serre et une perte de potentiel la Convention cadre sur les changements climatiques
séquestration de carbone. Les changements d’utilisation ou (CCNUCC) et à la 16e COP de la Convention sur la
d’occupation des terres peuvent avoir une incidence sur la Diversité Biologique (CDB) ;
température et les précipitations, non seulement au niveau • est célébrée la Journée mondiale des sols et que se
local mais aussi à des centaines de kilomètres de distance, termine la Décennie internationale de la santé des sols ;
affectant le climat mondial. • la Décennie des Nations unies pour la restauration des
écosystèmes (2021-2030) arrive à mi-parcours ;
La gestion durable des terres à l’échelle locale peut • commence la Décennie internationale des sciences au
contribuer à limiter le réchauffement climatique et à en service du développement durable (2024-2033) ;
atténuer les effets, à améliorer la fertilité des sols et la • se prépare le Sommet mondial « Nutrition for Growth »
sécurité alimentaire, et à favoriser la biodiversité. en mars 2025 ;
le Comité Scientifique Français de la Désertification
(CSFD)* publie ce plaidoyer pour une meilleure articulation
entre les systèmes de gouvernance et de partage des
connaissances sur les enjeux de gestion des terres,
de biodiversité, de climat et de sécurité alimentaire et
hydrique ; aux niveaux international, national et local.

« Nous n’héritons pas de la terre de nos parents,


nous l’empruntons à nos enfants. »
Proverbe de sagesse traditionnelle

*Les signataires :
Albergel Jean, IRD ; Ben Khatra Nabil, OSS ; Billet Philippe, Université Lyon 3 ; Bonnet Bernard, IRAM ; Burger Patrice, CARI ; Chauvin Emmanuel, Université de Toulouse
- Jean Jaurès ; Chotte Jean-Luc, IRD ; Cornet Antoine, IRD (retraité) ; Corniaux Christian, Cirad ; Diedhiou Arona, IRD ; Droy Isabelle, IRD ; Enjalbert Jérôme, CARI ;
Heulin Thierry, CNRS ; Hiernaux Pierre, consultant ; Le Dantec Valérie, Université de Toulouse - Paul Sabatier ; Leduc Christian, IRD; Leroy Maya, AgroParisTech ;
Loireau Maud, IRD ; Mar Fatou, OSS ; Migheli Quirico, DesertNet International ; Raimond Christine, CNRS ; Requier-Desjardins Mélanie, CIHEAM-IAMM ; Salles Jean-
Michel, CNRS ; Scopel Éric, Cirad ; Soubelet Hélène, FRB ; Stokes Alexia, INRAE ; Travi Yves, Université d’Avignon
FAITS ET CHIFFRES
L’extension de pratiques non
durables d’affectation et
En équivalent CO2 le secteur
de l’agriculture, l’élevage, la
Seuls 15% environ des 700
milliards de dollars de
Les coûts de la perte de
biodiversité et de services L’utilisation des terres, la sécurité alimentaire et hydrique, la La conservation d’écosystèmes riches
en carbone comme les tourbières,
La gestion durable des forêts, le
reboisement, la plantation de
Les nouvelles technologies
d’information et de communication
d’utilisation des terres et les foresterie et autres usages subventions agricoles écosystémiques liée à la biodiversité et le climat sont intrinsèquement liés, et conditionnent les zones humides, les pâturages haies, l’agroforesterie, les prairies permettent un meilleur suivi des
changements climatiques
sont des facteurs majeurs
des terres émet près du quart
des gaz à effet de serre et le
annuelles ont un impact
positif sur le capital naturel,
dégradation des terres
représentent plus de 10 % du
la santé des écosystèmes, des populations et de la planète extensifs, les mangroves et les forêts a
des effets immédiats sur l’atténuation
permanentes et les plantes de
couverture vivaces contribuent à
changements d’usage des terres
; tandis que les systèmes d’alerte
de la dégradation des développement de systèmes la biodiversité, la stabilité de produit mondial brut annuel – du changement climatique, la prévenir l’érosion, le lessivage des précoce – en matière de sécurité
terres. Les études estiment, d’élevage intensif accroît le l’emploi à long terme ou les le coût de l’inaction face à la Dans une vision intégrée, Plus de la moitié du PIB annuel La réduction des pertes conservation des habitats et de la nutriments et forment des puits alimentaire, de suivi de la biodiversité
malgré les difficultés de risque de dégradation dans moyens de subsistance (2) dégradation des terres est au il est primordial de réduire mondial dépend modérément post-récolte et du gaspillage biodiversité et sur les moyens de de carbone, tout en améliorant les (y compris les ravageurs et les
généralisation de données d’autres écosystèmes (1, 3) moins trois fois plus élevé que les pressions sur les terres ou fortement du capital alimentaire, la réutilisation des subsistance et la sécurité alimentaire microclimats (3) maladies) et de phénomènes
locales à l’échelle globale, que le coût de l’action (1) et les ressources naturelles naturel et chaque dollar résidus et déchets organiques, (3) climatiques extrêmes – contribue à
cette dégradation affecte La gestion intégrée des ressources en favoriser la protection des personnes
(sols, eau, biodiversité) par la investi dans la restauration ainsi qu’une alimentation
directement près de la moitié L’érosion des sols agricoles est D’ici 2050, la dégradation Le rétablissement d’habitats sols et en eau améliore la rétention, et des biens et réduisent les risques de
mise en place de mesures de terres rapporte entre 7 saine et équilibrée, offrent des
de la population mondiale 10 à 100 fois plus rapide que la des terres, l’extension des indispensables à la biodiversité et à la disponibilité et la qualité de l’eau, catastrophe (2)
opérationnelles et efficaces et 30 dollars de retombées co-bénéfices pour la santé
(1, 2) formation des sols et au cours zones arides, les effets du la connectivité écologique permet de prévient l’érosion et les glissements de
pour éliminer, minimiser, réduire économiques, créant autant humaine et celle de la planète
des deux siècles passés, les changement climatique rétablir le flux des processus naturels terrain, réduit les risques d’inondation
et/ou atténuer les impacts des d’opportunités d’emplois (3)
sols ont perdu en moyenne devraient entraîner une baisse qui maintiennent la vie sur Terre (2) et séquestre le carbone (2)
pratiques d’usages des terres « verts » (2)
8% de leur carbone organique du rendement des cultures
non durables et des espèces
(1, 3) de 10 % en moyenne à l’échelle
exotiques envahissantes
mondiale (1)

La dégradation des terres nuit


à la sécurité hydrique du fait
de la diminution de la fiabilité,
de la quantité et de la qualité
des flux d’eau et les quatre La déconnexion croissante
cinquièmes de la population Une gouvernance inclusive et responsable,
des consommateurs basée sur la décentralisation, la participation
mondiale vivent actuellement avec les personnes et
dans des zones où la sécurité – notamment des groupes vulnérables et
les écosystèmes qui des femmes – et sur des dispositifs solides
hydrique est menacée (3) produisent les denrées de suivi de l’état des ressources, peut
alimentaires a accentué faciliter le basculement vers des pratiques
leur méconnaissance des Les pratiques agroécologiques, privilégiant les processus naturels, offrent
de gestion durable des terres et vers des
De l’ordre de 25 à 30 % de la incidences de leurs choix de des solutions de production plus durables, en limitant le recours aux
systèmes alimentaires plus équitables (2, 3,
production alimentaire totale consommation (1) intrants externes et en favorisant les cycles fermés de nutriments
4, 5)
est perdue ou gaspillée (3)
Le renforcement des liens entre
Un accès sécurisé aux terres agricoles par la reconnaissance des droits
« Investir dans la restauration des terres à grande échelle pour lutter contre la désertification, fonciers légitimes localement, la réaffectation des subventions et les
producteurs et consommateurs oriente
La dégradation des terres, les pratiques de production et de
l’extension des zones arides l’érosion des sols et la baisse de production agricole est une solution gagnant-gagnant. C’est un mesures incitatives (notamment celles garantissant l’inclusion dans les
consommation en faveur de systèmes
et le changement climatique gain pour l’environnement. C’est un gain pour le climat. C’est un gain pour l’économie et pour les prix des coûts environnementaux, sociaux et économiques) revêtent une
alimentaires plus durables et équitables
sont susceptibles de importance capitale pour la sécurité alimentaire et pour l’adoption des
moyens de subsistance des communautés locales. La restauration des terres constitue un outil de pratiques agroécologiques et durables (1, 2, 5)
(5)
contraindre 50 à 700 millions
de personnes à migrer d’ici développement durable, puissant et rentable. »
Les personnes en situation de vulnérabilité, notamment les femmes, les peuples autochtones, les
2050 (1)
groupes à faibles revenus, sont touchées de manière disproportionnée par les répercussions de Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la CNULCD
la dégradation des terres (1)

Sources
1. IPBES. 2018. Résumé à l’intention des décideurs du rapport d’évaluation 2. CNULCD. 2022. Perspectives territoriales mondiales. 2ème édition. Résumé 3. GIEC. 2019. Résumé à l’intention des décideurs, Changement climatique et 4. HLPE. 2020. Sécurité alimentaire et nutrition : énoncé d’une vision globale à 5. HLPE. 20219. Rapport du HLPE sur les Approches agroécologiques et autres Illustrations : © Plumes Nomades
thématique sur la dégradation et la restauration des terres de la Plateforme à l’intention des décideurs. Bonn : Convention des Nations Unies sur la lutte terres émergées : rapport spécial du GIEC sur le changement climatique, la l’horizon 2030. Rapport du Groupe d’experts de haut niveau sur la sécurité ali- approches innovantes pour une agriculture durable et des systèmes alimen-
intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services contre la désertification. désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité mentaire et la nutrition du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, Rome. taires qui améliorent la sécurité alimentaire et la nutrition. Extrait du rapport :
écosystémiques. R. Scholes, L. Montanarella, A. Brainich, N. Barger et al. (eds.). alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres. P.R. Résumé et recommandations.
Secrétariat de l’IPBES, Bonn (Allemagne). Shukla, J. Skea, E. Calvo Buendia, V. Masson-Delmotte, et al. (dir. publ.).
RENFORCER LA COORDINATION, LA COHÉRENCE ET L’ARTICULATION DES
MÉCANISMES DE GOUVERNANCE ENTRE SECTEURS, ÉCHELLES ET PARTIES PRENANTES
Une gouvernance et une planification responsables de Vision à long terme et inclusive
l’utilisation des terres sont décisives pour préserver des terres
saines et productives et pour reconstituer des écosystèmes Les stratégies déployées à toutes les échelles doivent
riches en biodiversité et en carbone, et ainsi éviter des poursuivre des objectifs à long terme et viser une utilisation
points de basculement dangereux. Face à la complexité plus efficace des ressources dans le respect des principes
et à l’interdépendance des défis à relever en lien avec les d’équité, de droit à l’alimentation et d’agentivité (capacité
terres, la sécurité alimentaire, la biodiversité, l’énergie, le d’action intentionnelle de l’individu). Elles doivent également
climat et face à la diversité des acteurs concernés par ces mettre en place des mécanismes transparents, responsables
enjeux, les mécanismes de gouvernance existants font face et inclusifs de suivi et d’évaluation, permettant une gestion
à un impératif de réforme, afin de renforcer la coordination, intégrée, itérative et adaptative, afin de maximiser les co-
la cohérence, l’inclusivité et l’articulation entre secteurs, bénéfices et de minimiser les compromis.
échelles et parties prenantes.

Vers davantage d’intégration Adapter au niveau local les mesures qui ont
intersectorielle fait leurs preuves
Les mesures qui ont fait leurs preuves doivent être renforcées
La gestion durable des terres exige de bâtir une collaboration
et déployées avec une adaptation au contexte local. Celles-ci
inédite entre les secteurs du développement territorial,
comprennent notamment : la restauration des écosystèmes
de l’agriculture et de la foresterie, de l’alimentation, du
dégradés et des services associés pour retrouver des moyens
commerce et de l’industrie, de la santé, de l’éducation, de
de subsistance décents ; les pratiques agroécologiques tout
l’eau, de l’énergie et de l’environnement, tout en tenant mieux
au long des chaînes de valeurs ; des mesures de protection
compte des inégalités (parité femmes-hommes, taille des
des individus (protection sociale, assurance santé, filets de
exploitations, pouvoir d’achat, marginalisation).
protection adaptatifs) ; des mécanismes de partage des
risques (assurance contre les risques météorologiques,
Alignement et articulation des stratégies financement des imprévus, fonds de réserve) ; la gestion
Une gouvernance efficace devra aussi s’appuyer sur un des catastrophes (systèmes d’alerte précoce universels
alignement et une articulation des stratégies et politiques et plans d’urgence efficaces) ; un meilleur accès au
aux échelles internationales, nationales et locales, ce qui n’est marché (pour les intrants, extrants et services financiers) ;
pas assez le cas actuellement. Le système des Nations unies a le renforcement de la participation et des moyens d’action
la capacité unique d’offrir un cadre d’action commun et une des groupes sous-représentés (les femmes, les jeunes,
mobilisation au niveau international. Le rapprochement des les populations autochtones) ; l’amplification de l’action
plans d’action nationaux actuellement cloisonnés dans les collective, locale et communautaire ; la prise en compte
cadres de la CNULCD, de la CDB et de la CCNUCC représente des coûts environnementaux et sociaux dans les échanges
une opportunité immédiate d’aligner les objectifs et les commerciaux et les instruments de dissuasion et d’incitation, ainsi
engagements. Ceux-ci doivent ensuite se décliner en termes que la sécurisation des droits fonciers individuels, collectifs
de planification et de mise en œuvre à l’échelon territorial, ou communautaires et le renforcement des capacités
pertinent pour la fourniture des services écosystémiques individuelles et institutionnelles.
et les arbitrages entre ces services et permettant la prise
en compte des conditions environnementales et socio-
économiques locales.
Une indispensable solidarité
Gouvernance multi-acteurs, représentative internationale
et participative
« Il n’est pas réaliste d’attendre des pays en
L’efficacité du processus décisionnel et de la gestion des développement qu’ils prennent en charge la totalité
compromis requiert d’optimiser la représentation et la de la facture d’une «transition juste» vers une
participation de toutes les parties prenantes (dont les États, économie de la restauration et un avenir résilient au
les autorités locales, les organisations intergouvernementales, changement climatique. Un soutien extrabudgétaire
la société civile, le secteur privé, les institutions scientifiques sera nécessaire, que ce soit par des investissements
et universitaires) au choix, à l’évaluation, à la mise en œuvre venant des entreprises, le financement de la lutte
et au suivi des instruments de politiques. Des mécanismes contre les changements climatiques, l’allègement
ouverts et démocratiques sont nécessaires à tous les niveaux, de la dette, l’aide de bailleurs de fonds ou encore
recourant à des pratiques de concertation novatrices et l’aide au développement. Il existe également
assurant la représentation des groupes vulnérables ou sous- toute une gamme d’instruments financiers
représentés (notamment les populations autochtones et innovants qui incluent explicitement des critères
locales, les femmes, les jeunes, les personnes démunies et environnementaux, sociaux et de gouvernance. » (2)
marginalisées).

Ce document a été réalisé avec le soutien de :

Les points de vue exprimés dans cette note sont ceux des auteurs et
ne reflètent pas nécessairement ceux de ces institutions.
INNOVER EN HYBRIDANT, CO-CONSTRUISANT ET
PARTAGEANT LES CONNAISSANCES
Afin d’inverser les processus de dégradation des terres Organiser le partage des connaissances à
et de perte de biodiversité et d’atténuer le changement
climatique et ses effets, les organisations, les communautés
toutes les échelles
et les individus doivent modifier en profondeur leur façon Les interfaces science-politique-société ont un rôle essentiel
de produire et de consommer les biens et les services dont à jouer dans l’organisation du partage de connaissances et
ils ont besoin pour assurer la subsistance et le bien-être dans la facilitation du déploiement et de l’adaptation des
des populations. Des innovations sont nécessaires dans options de réponses concluantes. Articulées aux échelles
les pratiques, les normes, les marchés et les dispositifs locale, nationale et internationale, elles doivent s’efforcer
institutionnels. Certaines existent déjà mais peinent à être
d’encourager la collecte de données au niveau national, de
reconnues et promues à plus large échelle.
rassembler et de compiler les connaissances scientifiques
et les enseignements tirés de l’expérience, de faciliter le
partage et la mise en débat des informations à tous les
D’une science disciplinaire à une science
niveaux et avec tous les acteurs.
de la durabilité
Les visions du monde influencent la manière dont les individus
Pour relever de tels défis, la recherche est appelée et les sociétés gèrent l’environnement. La connaissance
à transcender les frontières entre les domaines et à et la communication ont le pouvoir d’influencer les visions
combiner différentes disciplines scientifiques pour du monde. Il est donc essentiel que les interfaces science-
trouver des solutions, dans le cadre d’un partenariat politique-société s’emploient à résoudre les déséquilibres de
avec de multiples parties prenantes, en tenant compte pouvoir et les conflits d’intérêts autour de la création, de la
de leurs savoirs et de leurs valeurs culturelles. De telles validation et de la communication du savoir.
plateformes d’innovation permettent de co-construire des
connaissances et des pratiques à partir de l’expérience
et des méthodes scientifiques ; et favorisent le co- Le CSFD, une interface science-
apprentissage entre chercheurs et praticiens. La diffusion politique-société sur les questions de
horizontale de l’expérience entre praticiens joue également désertification et de développement
un rôle important dans l’adoption des innovations. De dans les régions sèches
telles approches requièrent, en elles-mêmes, de profonds
Le Comité Scientifique Français de la Désertification
changements sur le plan de l’organisation de la recherche,
(CSFD) mobilise des experts principalement issus
de l’enseignement et des systèmes d’innovation et
d’institutions scientifiques françaises. Organe indépen-
nécessitent des soutiens institutionnels et financiers.
dant, il émet des avis consultatifs auprès des ministères
français en charge des Affaires étrangères et de la
Mettre en place des systèmes d’information, Transition écologique et de l’Agence Française de
de suivi et d’évaluation participatifs et Développement (AFD), pour la définition de positions
inclusifs françaises en matière de développement rural et
Améliorer la durabilité de la gestion des terres et de de gestion des terres en zones arides et de relations
l’utilisation des ressources naturelles nécessite l’accès à des entre désertification, sécheresse, biodiversité et
informations crédibles, permettant d’évaluer la performance changement climatique. Le CSFD appuie les travaux
des options de réponse mises en œuvre (efficacité, co- de la délégation française aux sein des instances de la
bénéfices et risques). Des stratégies d’observations, des CNULCD – notamment la COP, le Comité de la science
données de référence et des systèmes de vérification et de la technologie (CST), le Comité d’examen de la
appropriés doivent être mis en place. mise en œuvre de la Convention (CRIC). Sur ces sujets,
Les responsables de la gestion des terres, y compris les il contribue par ailleurs aux débats scientifiques, à la
peuples autochtones et les communautés locales disposant diffusion et à la vulgarisation des connaissances et à
de droits coutumiers, ainsi que les experts et autres des activités de plaidoyer et de coopération avec la
détenteurs de connaissances, ont un rôle essentiel à jouer société civile.
dans la conception, l’exécution et l’évaluation de pratiques Le CSFD prône un renforcement des liens, de la
plus durables de gestion des terres. La mise en œuvre coordination et de la coopération entre l’Interface
d’approches participatives et inclusives – avec l’implication science-politique (SPI) de la CNULCD et les organes
des parties prenantes dans le choix des indicateurs, la équivalents, réseaux ou institutions scientifiques
collecte de données, la modélisation de l’évolution de l’usage nationaux et internationaux, les organisations
des terres – permet des médiations par rapport aux conflits de la société civile, ainsi que les autres organes
d’usage et facilite l’aménagement intégré des paysages, intergouvernementaux dont les travaux portent sur
dans l’intérêt commun et dans une vision à long terme. l’articulation entre sciences et politiques, en particulier
Des évaluations holistiques, rigoureuses et transparentes le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
doivent ainsi permettre de mesurer les externalités aussi bien du climat (GIEC), la Plateforme intergouvernementale
positives que négatives, sur le plan environnemental comme scientifique et politique sur la biodiversité et les services
sur le plan socio-économique, ainsi que la comptabilisation écosystémiques (IPBES) et le Groupe d’experts de haut
des coûts complets, afin d’étayer les orientations politiques, niveau du Comité de la sécurité alimentaire mondiale
les décisions d’investissement et les choix de consommation. (HLPE).

Fiche d’actualité du CSFD - ISSN 2551-3079 Nous contacter : csfd@agropolis.fr


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