Algèbre linéaire

Interrogation II
Université de Kinshasa – Faculté polytechnique
Département de sciences de base
Année 2022-2023

1. Répondez par vrai ou faux et donnez une courte justification.

[4 points]
a) Si F et G sont deux sous-espaces d’un espace vectoriel réel E, alors F ∪ G ⊆ F + G.
b) Si F et G sont deux sous-espaces d’un espace vectoriel réel E, alors dim F + dim G ≤ dim E.
c) Pour A ∈ R2022×2023 et b ∈ R2022 , si l’ensemble solution du système linéaire Ax = b est un
espace vectoriel réel, alors le vecteur b est nul.
d) Il existe une matrice A ∈ R2022×2023 telle que N (A) = {0}.

Solution.
a) Vrai. Pour tout x ∈ F , il existe 0 ∈ G, tel que x = x + 0 ∈ F + G. On a F ⊆ F + G. De
même, pour tout y ∈ G, il existe 0 ∈ F , tel que y = 0 + y ∈ F + G. On a aussi G ⊆ F + G.
Donc, F ∪ G ⊆ F + G.
b) Faux. Soient F = {(x, y, 0) | x, y ∈ R} et G = {(0, y, z) | y, z ∈ R} deux sous-espaces de
l’espace vectoriel réel E = R3 . On a dim F = dim G = 2 et dim F + dim G = 4 > dim E = 3.
c) Vrai. Soit F ⊆ Rn l’ensemble solution de Ax = b. Si F est un sous-espace de Rn , alors
0 ∈ F ⇒ b = A0 = 0.
d) Faux. Pour tout A ∈ R2022×2023 , dim C(A) ≤ 2022 et dim N (A) = 2023 − dim C(A) ≥
2023 − 2022 = 1. Donc, N (A) ⊃ {0}.

2. Soit l’ensemble E = {x ∈ R | x > 0} muni des opérations suivantes :

1. l’addition ⊕ : pour tout x, y ∈ E, x ⊕ y = xy,
2. la multiplication par un scalaire ⊙ : pour tout a ∈ R, pour tout x ∈ E, a ⊙ x = xa .
[6 points]
a) Montrez que E est un espace vectoriel réel.
b) Trouvez une base de E. Quelle est la dimension de E ?

Solution.
a) L’addition ⊕ et la multiplication par un scalaire ⊙ vérifient les propriétés suivantes.
i) Pour tout x, y ∈ E, x ⊕ y = xy = yx = y ⊕ x.

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ii)Pour tout x, y, z ∈ E, (x ⊕ y) ⊕ z = (xy) ⊕ z = (xy)z = x(yz) = x ⊕ (yz) = x ⊕ (y ⊕ z).

iii)Il existe 1 ∈ E tel que pour tout x ∈ E, x ⊕ 1 = x · 1 = x.
iv) Pour tout x ∈ E, il existe 1/x ∈ E tel que x ⊕ (1/x) = x(1/x) = 1.
v) Pour tout a ∈ R, pour tout x, y ∈ E, a ⊙ (x ⊕ y) = a ⊙ (xy) = (xy)a = xa y a =
(xa ) ⊕ (y a ) = (a ⊙ x) ⊕ (a ⊙ y).
vi) Pour tout a, b ∈ R, pour tout x ∈ E, (a + b) ⊙ x = xa+b = xa xb = (xa ) ⊕ (xb ) =
(a ⊙ x) ⊕ (b ⊙ x).
vii) Pour tout a, b ∈ R, pour tout x ∈ E, (ab) ⊙ x = xab = (xb )a = a ⊙ (xb ) = a ⊙ (b ⊙ x).
viii) Pour tout x ∈ E, 1 ⊙ x = x1 = x.
Donc, E est un espace vectoriel réel.
b) Pour tout x ∈ E, il existe a = ln x ∈ R tel que a ⊙ e = ea = eln x = x. Le nombre e génère
tout l’espace vectoriel réel E. Comme e ̸= 1, le nombre e constitue une base de E. Donc,
dim E = 1.
3. Trouvez une base pour chacun des quatre sous-espaces associés à la matrice
  
1 0 0 0 1 −1 1 1 −6
 1 1 0 0   0
 0 1 −2 0 
A=  −1
.
0 1 0   0 0 0 −1 1 
3 −4 9 1 0 0 0 0 0
| {z }| {z }
L U

[6 points]
Solution. On remarque d’abord que U est une forme échelonnée de A. On déduit que rang(A) =
rang(U ) = 3.
i) Les 3 premières colonnes de L : w1 = (1, 1, −1, 3), w2 = (0, 1, 0, −4) et w3 = (0, 0, 1, 9)
forment une base de l’espace des colonnes C(A).
ii) Les 3 premières lignes de U : v 1 = (1, −1, 1, 1, −6), v 2 = (0, 0, 1, −2, 0) et v 3 = (0, 0, 0, −1, 1)
forment une base de l’espace des lignes C(AT ).
iii) On a    
1 −1 1 1 −6 1 −1 0 0 −3
 0 0 1 −2 0 
∼ 0
 0 1 0 −2 
A∼U =  = R.
 0 0 0 −1 1   0 0 0 1 −1 
0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
Comme N (A) = N (U ) = N (R), les solutions spéciales v 4 = (1, 1, 0, 0, 0) et v 5 = (3, 0, 2, 1, 1)
de Rx = 0 forment une base du noyau N (A).
iv) La dernière ligne de la matrice identité I4 : e4 = (0, 0, 0, 1) forme une base de N (U T ). Alors
Le vecteur w4 = (−16, 4, −9, 1), solution de LT y = e4 , forme une base du noyau à gauche
N (AT ).
4. On donne les polynômes
x(x − 1)
ℓ0 (x) = ,
2
ℓ1 (x) = 1 − x2 ,
x(x + 1)
ℓ2 (x) = .
2
[4 points]
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a) Déterminez si les polynômes ℓ0 , ℓ1 , ℓ2 engendrent l’espace vectoriel réel R2 [x] des polynômes
de degré inférieur ou égal à 2.
b) Les polynômes ℓ0 , ℓ1 , ℓ2 sont-ils linéairement indépendants dans R2 [x] ?

Solution.
a) Pour tout polynôme p(x) = a0 + a1 x + a2 x2 , on a
c2 − c0 c2 − 2c1 + c0 2
p(x) = c0 ℓ0 (x) + c1 ℓ1 (x) + c2 ℓ2 (x) ⇒ a0 + a1 x + a2 x2 = c1 + x+ x
  2 2
c 1 = a0 ,
 c0 = a0 − a1 + a2 ,

c2 −c0
⇒ 2
= a1 , ⇒ c 1 = a0 ,
 c2 −2c1 +c0
 
= a , c 2 = a0 + a1 + a2 .

2 2

Donc, les polynômes ℓ0 , ℓ1 , ℓ2 engendrent R2 [x].

b) De ce qui a été trouvé en a), si a0 = a1 = a2 = 0, on a

c0 ℓ0 (x) + c1 ℓ1 (x) + c2 ℓ2 (x) = 0 ⇒ c0 = c1 = c2 = 0.

Les polynômes ℓ0 , ℓ1 , ℓ2 sont linéairement indépendants dans R2 [x].