Marie Fall
Marie Fall
Marie Fall
2023 09:38
VertigO
La revue électronique en sciences de l’environnement
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3 Dans une première partie, nous analyserons conjointement les conceptions scientifiques qui
sous-tendent la TVB et la rhétorique qui les accompagnent. Le thème du réseau écologique ne
saurait en effet être réduit à sa seule dimension scientifique ; il est porteur d’une symbolique
et d’un discours qui participent de la mobilisation des acteurs publics et privés. Cette
articulation des dimensions scientifiques, politiques et sociales constitue également le fil
directeur de la seconde partie consacrée à l’institutionnalisation de la TVB. La complexité
du dispositif liée à la multiplicité des échelles, des acteurs et à la volonté d’inscrire la TVB
dans l’aménagement du territoire soulève avec acuité la question de son appropriation par
les acteurs. Les matériaux sur lesquels s’appuie notre analyse sont issus pour l’essentiel
de la documentation institutionnelle particulièrement abondante produite sur la TVB, des
manifestations scientifiques (colloques, séminaires) et d’entretiens principalement réalisés en
région Nord-Pas-de-Calais.
Rhétorique de la trame
9 La mise en œuvre de la TVB s’accompagne d’une forte production rhétorique qui compose
un ensemble de discours, d’arguments et d’images destinés à cadrer cette politique de
conservation de la biodiversité. Touchant l’émotion et la sensibilité humaine, « la figure
rhétorique a [selon A. Micoud] le pouvoir de faire voir ce dont elle parle et est accompagnée
d’images à destination du grand public, d’emblèmes, tout en se donnant toujours un petit
air de science » (Micoud, 2005 : 59). La rhétorique attachée aux réseaux écologiques est ici
appréhendée comme un travail d’explicitation contribuant à la dynamique d’écologisation du
territoire. Nous examinerons son statut et comment la place des humains y est évoquée. Enfin,
l’analyse du contenu des discours nous conduira à identifier deux conceptions de la TVB.
10 Qu’elle insiste sur les menaces concernant le vivant ou qu’elle mette en valeur sa beauté
et sa diversité encore présentes, la rhétorique tend à construire un espace commun à des
mondes sociaux différents en constituant un cadre assez large pour que chacun y retrouve
ses préoccupations. La circulation d’éléments de rhétorique participe ainsi à l’intégration des
acteurs de terrain en favorisant l’agrégation de préoccupations locales avec celles concernant
la biodiversité. On peut ainsi observer comment les énoncés concernant l’écologie (vivant,
diversité, fragmentation, nature ordinaire, espèces, milieux, connaissances disponibles...) se
mêlent à des considérations traitant de politique publique ou du gouvernement des territoires.
L’insistance portée sur le thème du territoire répond à la volonté des promoteurs de la TVB
d’articuler science et activité humaine, en particulier quand l’artificialisation rapide d’une
partie de l’espace naturel accède au rang d’enjeu majeur. L’échelle du local se voit renvoyée
à sa propre capacité d’initiative, à ses outils (regroupements communaux, zonage, documents
d’urbanisme) et à ses liens avec des niveaux globaux.
11 Le discours rhétorique associé à la TVB est largement structuré autour de la notion de réseau,
terme polysémique qui tend à envahir tous les secteurs et toutes les disciplines (Mercier, 1994 :
5) et qui s’avère particulièrement propice à la production métaphorique. Au-delà du champ de
l’écologie, la notion de réseau sert, en effet, de support à la circulation d’un certain nombre
d’images fortes qui parlent au plus grand nombre, notamment quand elles ont trait à la vie.
Les idées de réseau, d’échange, de circulation, de flux, se rapportent aux fonctions vitales, et
ce, aussi bien chez les humains que dans le monde naturel, comme le suggère la définition de
la TVB employée par le MEDD. C’est « une démarche qui vise à maintenir et à reconstituer
un réseau d’échanges sur le territoire national pour que les espèces animales et végétales
puissent, comme l’homme, communiquer, circuler, s’alimenter, se reproduire et se reposer. En
d’autres termes assurer leur survie !”5. À l’inverse, l’isolement, la fragmentation des habitats
et la difficulté de circulation constituent des menaces pour la survie des espèces qui s’avèrent
d’autant plus marquées dans un contexte de changement climatique. L’imaginaire du réseau
se déploie aussi en direction du corps humain à travers les notions de « tissus vivants », de
« système sanguin » et « d’organes vitaux ». La référence à des approches de type organicistes
qui envisagent l’organisation de la vie sociale sur le modèle du corps humain (Bouvier, 1986 :
32) fait également partie du discours qui accompagne le projet de TVB comme le suggère cet
extrait du rapport du Grenelle de l’environnement : « Il faut donc commencer par reconstituer
le tissu vivant du territoire en l’irriguant par une trame verte nationale. Il s’agit d’un réseau
à l’image du système sanguin qui doit rétablir des flux entre des organes vitaux – les zones
de plus haute valeur écologique – de façon à ce que vive tout l’organisme – c’est-à-dire le
6
tissu vivant du territoire » . On constate ainsi que l’approche organiciste a pour effet de lier
étroitement fragmentations écologique et sociale.
12 L’importance accordée au vivant déjà très prégnante dans le concept de biodiversité se trouve
d’une certaine façon redoublée à travers l’idée de réseau et sa puissance métaphorique. Ainsi,
la mobilisation pour la « défense de la diversité du vivant » joue-t-elle sur des dimensions à la
fois émotionnelles, scientifiques et sociales, s’attachant à faire valoir les fonctions réparatrices
qui s’exercent à travers la TVB. Les outils prévus consistent à rétablir des continuités en créant
des corridors écologiques (Van der Windt et Swart, 2008)7 dont la dénomination n’est pas
sans évoquer les corridors humanitaires rendus nécessaires par l’urgence d’une situation de
guerre. Cette fonction réparatrice transparait aussi dans les discours de certains naturalistes
qui soulignent la nécessité de retisser des liens rompus avec la nature par le développement
économique et la modernisation de l’agriculture ; ces derniers ayant entrainé la suppression des
infrastructures naturelles essentielles aux espèces du « tissu vivant ». Selon Robert Barbault,
directeur du département d’« Écologie et gestion de la biodiversité » au MNHN, « Un tel réseau
écologique (la TVB) appelle à revoir l’ensemble des activités humaines dans nos territoires
avec le regard de l’écologie, des interactions, de la biodiversité : c’est ce qui doit éclairer
et orienter nos actions » (FNE, 2009 : 27). Faire la TVB, c’est procéder au « remaillage »
du territoire après des décennies de « démaillage », selon les termes utilisés par R. Barbault.
Ces derniers font ainsi implicitement allusion à la notion de filet, étymologie première du mot
réseau, à présent essentiellement associé à l’idée de mise en relation. La rhétorique associée
à la trame mobilise quant à elle la notion de tissu en mettant l’accent sur l’entrelacs de petits
fils qui constitue la structure d’un réseau et assure sa solidité sans nuire à sa flexibilité. La
dénomination du bulletin diffusé sur le net par la Fédération nationale des parcs naturels
régionaux (FNPNR), « Qu’est-ce qui se trame ? » indique bien que la mise en œuvre de la
TVB est un processus complexe, fondé sur la multiplication des passerelles et des expériences,
où l’information et la diffusion de connaissances de type très divers sont essentielles à la
construction des réseaux écologiques et à l’implication d’acteurs non scientifiques. On ne
saurait mieux expliciter qu’un réseau écologique associe des humains, des territoires et des
objets de nature diverse, ce qui n’en facilite pas la représentation cartographique, souvent trop
étroite, trop large ou trop dense.
13 Cette difficulté à penser ensemble nature et culture est à l’origine des ambiguïtés du réseau
écologique. Ce dernier est en effet évoqué tantôt seulement à travers les objets de nature et
le milieu naturel. Tantôt, à travers l’ensemble des facteurs qui accompagnent la conception et
la réalisation du réseau. Dans ce dernier cas, le réseau agrège des objets humains et naturels,
des connaissances issues des sciences de la nature et des sciences humaines, des pratiques et
des légitimités d’ordre divers. En définitive, la rhétorique attachée à la TVB met en scène au
moins deux types de discours au sein desquelles les places de la science et des autres activités
humaines se combinent diversement. Le premier postule qu’il faut envisager la trame comme
un projet de territoire élaboré par un maximum d’habitants et d’usagers de l’espace local. Selon
une animatrice de réseau TVB, l’un de ses enjeux principaux est de mettre tout le monde autour
d’une table pour échanger ses vues sur le territoire commun. Autrement dit, il s’agit de donner
de l’importance au processus de traitement des questions de biodiversité à travers les codes
sociaux locaux. Ce qu’exprime également Marie Blandin sénatrice et ancienne présidente de
la région Nord-Pas-de-Calais, lors du congrès de FNE sur la TVB : « La trame n’est pas
seulement un but en soi, mais un outil de désir, un outil de dialogue entre les acteurs de
terrain. Il s’agit d’une opportunité pour que des gens qui ne se rencontrent pas d’habitude, se
rencontrent, échangent sur leurs buts sur leurs connaissances, sur leurs contraintes et arrivent
à accoucher de quelque chose » (FNE, 2009 : 55). Le second type de discours donne une place
majeure à la dimension naturaliste de la trame comme le montrent les propos de Serge Urbano,
vice-président de FNE : « Nous sortons enfin la protection de la nature de la confidentialité.
Elle doit maintenant être pleinement intégrée à l’aménagement du territoire comme critère
prépondérant pour le penser et le repenser et, d’autre part, servir comme outil pour constituer
l’infrastructure naturelle, la TVB qui charpentera et irriguera les territoires » (FNE, 2009 :
59). Cette revendication de constituer la biodiversité en critère essentiel de l’aménagement
du territoire pose question. Si ce dernier est mainte fois invoqué à propos de la TVB, parfois
sous le nom d’aménagement durable, aucune définition n’en est avancée. Tout juste peut-on
comprendre que la vocation de la TVB à concerner tous les espaces et sa prise en compte dans
les documents d’urbanisme en font un instrument d’aménagement du territoire. Nous allons
voir à présent que ces deux visions de la trame ne se cantonnent pas aux discours, mais qu’elles
transparaissent également lors du processus d’institutionnalisation de la TVB en particulier à
travers le dispositif qui vise à rendre ce projet opérationnel.
l’influence de FNE s’est avérée déterminante dans la mise à l’agenda de ce projet lors du
Grenelle de l’Environnement, en 2007. Présentée comme une « mesure phare » et ambitieuse,
la TVB fut instituée par la loi dite de Grenelle, en dépit des tensions et des réticences affichées
par la profession agricole qui se sont cristallisées autour de débats sémantiques.
local. Celle-ci est laissée à la libre appréciation des Régions qui devront prévoir les mesures
nécessaires pour accompagner la réalisation des continuités au sein des communes concernées
(plan d’action, outils d’accompagnement, de suivi, etc.). Cette dimension est pourtant capitale,
car elle conditionne largement les projets locaux, leur nature, leur contenu et leur capacité à
s’inscrire dans la durée. La question foncière par exemple constitue un enjeu essentiel : quel
sera le statut des terres concernées par la TVB ? Plus fondamentalement, l’absence de cadrage
à l’échelon régional laisse ouverte la question essentielle de l’articulation des dimensions
écologique et territoriale de la TVB au sein d’un projet servant de cadre à des réagencements
entre activités humaines, objets techniques et naturels. C’est sur ce point que nous allons
prolonger la réflexion.
Conclusion
28 Cette réflexion intervient à un stade où le processus de mise en œuvre de la TVB vient d’être
lancé ; les régions ont engagé voire achevé leur Schéma de cohérence écologique, mais peu de
réalisations locales peuvent être répertoriées sauf dans des régions pilotes comme le Nord-Pas-
de-Calais. Ceci nous a conduits à ancrer les analyses et les questions de cet article en amont du
processus en visitant les débats et les réflexions qui ont marqué la genèse de la TVB, puis les
discussions menées durant le Grenelle de l’environnement autour du dispositif de réalisation
de la TVB.
29 Le cœur de notre analyse de la TVB s’énonce dans la question : comment passer du réseau
fonctionnel conçu par les scientifiques à un projet partagé par les acteurs du territoire ? En
Bibliographie
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Notes
1 Site du ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, 21 juillet
2010
2 Celui-ci prévoit l’instauration d’un processus de négociation entre des représentants de l’État, des
collectivités territoriales, des ONG écologistes, du patronat et des syndicats de salariés à propos des
enjeux de protection de l’environnement.
3 Expertise collective réalisée par l’INRA à la demande des Ministères chargés de l’environnement et de
l’agriculture et qui consiste en une analyse des publications scientifiques disponibles sur le sujet (INRA,
2009).
4 Opus cité par Le Roux X., à l’occasion du colloque FNE de Lille en 2009, p. 105.
5 http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-Trame-verte-et-bleue,1034-.html
6 MEDAD, 2007 : 51
7 « The interesting question here is how could the ecological corridor be so successful in this respect. A
plausible factor is its vagueness. The term ecological corridor does not prescribe a certain size or function.
It is a very flexible term that can be used by many people and groups for different landscapes, biotopes,
species and populations. In this sense it is a boundary object : strong enough to bind and flexible enough to
leave room for different operating forms and interpretations. Another aspect is probably its metaphorical
power. Just as with the term ‘system’ in the case of ‘ecosystem’ ‘corridor’ and the related term ‘network’
refer to analogous vital transport, communication and institutional structures in our society” (Windt et
Swart, 2008 : 129).
8 Figurent également l’Ile-de-France, l’Alsace et le département de l’Isère.
9 Le Comop TVB est composé d’un président assisté de deux chefs de projet (ministère de l’Écologie,
Muséum national d’histoire naturelle (MNHN)), et bénéficie en outre d’un appui technique : Institut de
recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA), MNHN, Office
national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) et Service d’études sur les transports, les routes et
leurs aménagements (Setra). Ses membres comportent des représentants des collectivités territoriales,
des partenaires socio-économiques et des organisations non-gouvernementales. Le Comop TVB est
missionné par l’État pour une durée de 2 ans sur la base des engagements du Grenelle. Il est le seul des
Comop à bénéficier d’une aussi longue durée de travail (qui sera en outre prolongée). Selon l’un de ses
animateurs, Christian Barthod du ministère de l’Environnement, la longueur du mandat se justifie, car
« le pouvoir politique est tout à fait conscient de la complexité de l’objectif et de la nécessité de prendre
du temps pour avancer, pour discuter, pour élaborer un projet véritablement partagé » (FNE, 2009 : 123).
10 Dont le Comop rend compte à travers la publication de documents (Allag-Dhuisme et al., 2010 a et b)
11 (MEDAD, 2007. :5)
12 Allag-Dhuisme et al., 2010b : 37.
13 « Le génie écologique : un marché prometteur » peut-on lire sur le site « Actu-environnement.com »
daté du 9 décembre 2011. Cet article fait écho au projet du ministère de l’Écologie de mettre en place une
filière en génie écologique qui s’inscrit plus largement dans le développement d’une « filière verte » afin
de répondre aux attentes du Grenelle (TVB, protection des zones humides, etc.) et plus spécifiquement
à la réglementation en faveur de la biodiversité (MEDDTL, 2011).
14 Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale.
15 Cela suppose souvent de recourir à d’autres entrées que la TVB ou la biodiversité comme la lutte contre
l’érosion, les circuits courts alimentaires, la replantation de haies qui retiennent davantage l’attention
des acteurs du territoire.
16 À travers le financement d’appels à projets de recherche en partenariat avec la Fondation Nationale
pour la Biodiversité (FNB).
Référence électronique
Pierre Alphandéry et Agnès Fortier, « La trame verte et bleue et ses réseaux : science, acteurs et
territoires », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Volume 12
Numéro 2 | septembre 2012, mis en ligne le 20 septembre 2012, consulté le 17 mai 2013. URL : http://
vertigo.revues.org/12453 ; DOI : 10.4000/vertigo.12453
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Résumés
The bill to set up the French ecological network called “Trame verte et bleue (TVB) “was
passed in 2007 at the end of debates which characterised the process of Grenelle de
l’Environnement. The outcome has renewed the approach of biodiversity policy as it was
envisioned in a logic of land management. Its goal is to balance the fragmentation of space
and natural habitats caused by human activities by the means of restoring connections in order
to make possible the movement of species and genes. Our sociological work highlights the
place of TVB in French nature policy and focuses on how ecological and teritorial aspects
are linked. Starting from the analysis of the TVB system viewed as a government tool (in the
manner of Michel Foucault) we point out how prescriptive the scheme is on the regional and
national scales, in the name of scientific relevance, while giving a large autonomy to local
authorities in the process of implementing the TVB. Beyond the consensus of the Grenelle
de l’environnement, this mixture of prescription and autonomy, which partly explains the
complexity of the scheme, makes possible different ways of looking at the TVB. In the end,
the implementation process of the TVB raises the issue of the way ecology is applied in
territory projects and symmetrically, the way social groups and institutions appropriate the
TVB project.
Entrées d’index