HH Cours CH5 OK
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Enseignant :
INTRODUCTION
Dans l’antiquité, ceux qui possèdent au plus haut degré l’art de la lutte contre la putréfaction
furent sans conteste les embaumeurs égyptiens qui parviennent à conserver les momies
trouvées quasi intactes après plus de trois millénaires.
De tous temps, la lutte contre les maladies infectieuses a tenu une place importante. Bien
avant que le mot antiseptique ne soit employé, de nombreuses substances (épices, essences,
huiles végétales) sont utilisées pour éviter le risque de contamination, empêcher la
putréfaction des plaies et l’infection des blessures. Intuitivement l’origine environnementale
de certaines maladies était reconnue. Certaines précautions étaient donc prises :
Eau bouillie,
Fumigations des salles d’opération.
La grande controverse qui agitera le monde des biologistes et des philosophes pendant plus
de vingt siècles sera la croyance en l’existence ou non des « générations spontanées ». Les
uns s’opposaient au scepticisme des autres. Il faudra attendre les travaux de Louis Pasteur
pour prouver définitivement l’inexistence des « générations spontanées ». En étudiant
l’altération de la bière, Pasteur s’aperçut que la fermentation et la putréfaction étaient dues
à des êtres vivants : les micro-organismes, en contact avec des matières organiques.
Ces conclusions eurent permit à un chirurgien écossais Joseph Lister 1 er baron (1827-1912),
la découverte de l’antisepsieen 1865 réduisant de beaucoup le nombre de décès à la suite
d’infections contractées en salles d’opération. En traitant ses instruments, les blessures et
les blouses au phénol, Lister (1827-1912) parvint en 1869 à réduire le taux de mortalité
opératoire à 15/100. A partir de 1872, Pasteur reprit ses travaux et découvrit les germes
responsables des plus terribles d’infections, le staphylocoque et le streptocoque. Il inversa
la théorie de Lister qui voulait que les germes n’étaient amenés par l’air mais par contact et
qu’il fallait éviter de les transmettre et les détruire avant qu’ils n’atteignent la plaie
opératoire. Par le lavage des mains et des instruments et la stérilisation par la chaleur de tout
le matériel du chirurgien, il inventa l’asepsie.
Antisepsie, désinfection et stérilisation, sont les composantes de l’asepsie dont l’objectif est
d’éviter la pénétration des microbes dans l’organisme en s’appuyant sur un ensemble de
procédures médicales et de soins.
Pour le Comité Européen de Normalisation CEN/TC 216, le terme d’antisepsie devrait être
réservé au cas où l’opération est destinée au traitement d’une infection constituée, on parle
d’antiseptise de la plaie, le terme de désinfection désignant une opération visant à prévenir
une infection. On parle aussi de la désinfection de la peau saine, de désinfection des mains
mais d’antisepsie de la plaie.
Cette opération a pour objectif principal la prévention des infections à partir de la flore
microbienne de la peau et des muqueuses.
A titre thérapeutique, l’antisepsie est parfois utilisée sur des plaies, des brûlures et
dermatoses infectées. Pour les plaies souillées : un traitemendétersif préalable ou associé à
l’antiseptique est conseillé. Une antisepsie peut être soit bactériostatique quand une
population de germes voit momentanément sa croissance inhibée et elle est bactéricide si le
nombre de bactéries viables est inférieur à la population de départ. Le résultat de cette
opération est limité aux micro-organismes et /ou virus présents au moment de l’opération
(définition AFNOR).
La désinfection est aussi une opération qui permet d’abaisser le nombre de micro-
organismes portés par les milieux inertes (instruments, plan de travail, objets), exemples :
désinfecter le sol, un local,…. Elle s’adresse uniquement à des milieux décontaminés et
rincés.
Le choix d’un antiseptique ou d’un désinfectant ne se fait pas au hasard. Il doit répondre à
des besoins et objectifs précis, correspondant aux conditions présentes. L’utilisation des
antiseptiques à la différence de l’utilisation des désinfectants peut être limitée par le seuil
de tolérance cutanée. Les antiseptiques sont des médicaments, leurs règles de prescription
peuvent être aussi rigoureuses qu’un antibiotique:
Certains voient leur efficacité diminuée par les matières organiques (sang, sérosités…). Les
désinfectants sont des substances chimiques qui du fait de leur toxicité, ne peuvent être
utilisés comme antiseptiques. Le niveau d’action des antiseptiques sur les virus est souvent
très inférieur à celui des désinfectants pour dispositifs médicaux, soit en raison de leur
mécanisme d’action, soit en raison de leur concentration faible au regard de la concentration
nécessaire à l’activité virucide, afin de ne pas être cytotoxiques pour les tissus vivants.
Les antiseptiques comme les désinfectants agissent sous différents mécanismes d’action. Ils
peuvent être bactéricides ou bactériostatiques, sporicides, virucides et fongicides ou
fongistatiques. Ils sont classés en 4 catégories :
Les découvertes de Lister sur l’antisepsie furent d’abord accueillies avec scepticisme, mais
dans les années 1880, elles étaient acceptées par tous.
ENCADRE 1
DEF ANTISEPTIQUE • « Produit destiné à détruire les microorganismes présents sur les tissus vivants
(peau saine, muqueuses, plaies) utilisé dans des conditions définies » • C’est un médicament avec A.M.M.
Les désinfectants servent à éliminer des agents potentiellement pathogènes sur tous types de surfaces :
instruments, matériel médical, sols, surfaces hautes…
Ils agissent seulement sur les microbes déjà présents au moment de leur utilisation. C’est pourquoi il est
intéressant de désinfecter régulièrement les surfaces pour limiter les risques de contamination, surtout en
période d’épidémie.
Tous les désinfectants ne sont pas efficaces sur tous les germes. Référez-vous aux normes
biocides indiquées par le fabricant pour connaître les bactéries, virus, champignons, levures ou
spores sur lesquels le produit agit.
Si vous n’avez pas besoin de cibler un germe en particulier, préférez un désinfectant à large spectre, qui
agira sur un grand nombre de souches de microbes, dont les plus répandus. C’est le cas par exemple
du Surfa’safe des laboratoires ANIOS pour les surfaces hautes ou du Surfanios pour les sols.
Pour profiter du potentiel optimal d’un désinfectant, il est impératif d’en respecter le mode d’emploi et tout
particulièrement le temps de pose. Ce temps de contact est nécessaire pour que le produit ait le temps
d’agir correctement sur les microbes. Pour la désinfection d’instruments médicaux, il est recommandé de
favoriser l’emploi d’alcool isopropylique à 70% ou alcool modifié à l’isopropanol.
Selon la définition de l’AFNOR, l’antisepsie est une « opération au résultat momentané permettant, au
niveau des tissus vivants, dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes, et/ou
d’inactiver les virus, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-
organismes et/ou virus présents au moment de l’opération ».
Un résultat momentané signifie que l’antiseptique est efficace au moment de son utilisation mais que cette
efficacité ne persiste pas dans le temps.
Tout comme un désinfectant, un antiseptique agit uniquement sur les micro-organismes déjà présents sur
la zone où il est appliqué. Il n’a pas d’effet préventif pour empêcher que des agents pathogènes ne se
déposent sur la peau.
La désinfection des mains dans un but préventif (limiter les contaminations manuportées) peut se faire
grâce à une friction avec du gel hydroalcoolique ou par un lavage poussé avec un savon antiseptique.
Pour désinfecter une peau saine, c’est à dire sans lésion, vous pouvez choisir de la chlorhexidine
alcoolique. Elle possède un fort pouvoir antiseptique. Elle est choisie par exemple pour désinfecter la peau
avant une prise de sang ou une injection.
En revanche, si la peau est lésée, il faut choisir un antiseptique moins agressif, qui ne piquera pas.
La chlorhexidine aqueuse est tout indiquée dans ce cas. Elle permet de désinfecter des plaies superficielles
de manière efficace et sans douleur.
Pour prévenir les infections, le respect d’une hygiène irréprochable est nécessaire afin
d’éviter l’intrusion le brassage de germes pathogènes au sein de la structure de soin. Le mot
asepsie vient du grec « sepsis »qui signifie putréfaction et le préfixe primitif « a ». Elle veut
dire « absence d’infection » contrairement à l’antisepsie qui veut dire « lutter contre
l’infection ». Cette opération par définition consiste à un ensemble de mesures propres à
empêcher tout apport exogène de microorganismes.
C’est une pratique indispensable en milieu hospitalier. Le personnel soignant est susceptible
d’apporter de nombreux microbes au malade. Ceci est particulièrement grave quant le
patient doit subir un acte chirurgical, car les microbes ne sont plus arrêtés par la barrière
cutanée. C’est pour cette raison que tout le matériel utilisé en chirurgie est préalablement
stérilisé (instruments, fils, pansements,…). L’asepsie est obtenue par le moyen de deux
procédés :
La stérilisation et la désinfection.
La stérilisation qui est une action de rendre stérile n’est pas absolue. Elle
consiste à obtenir une réduction de 6 logarithmes du nombre de germes.
Trois niveaux de désinfection sont requis pour trois niveaux de risque infectieux :
désinfection de haut niveau lorsque le niveau de risque est élevé, désinfection de niveau
médian ou de bas niveau.
Cet article explique les différences entre ces deux grands types de produits avant de mettre la focale
sur deux exemples. Le premier porte sur un antiseptique, la bétadine ; le second sur une catégorie
d’antibiotiques, les pénicillines...
Les antiseptiques sont des produits destinés à inhiber la croissance ou à tuer les micro-organismes
et/ou à inactiver les virus au niveau de tissus vivants (peau saine, muqueuses, plaies). Ce sont donc
des substances ayant une activité antibactérienne, antifongique et/ou antivirale. Leurs conditions
d’utilisation sont prévues pour ne pas altérer les tissus sur lesquels elles sont placées.
Les antiseptiques sont à rapprocher des désinfectants qui ont également pour but de limiter la
croissance ou de tuer les micro-organismes. Mais contrairement aux antiseptiques qui sont
appliqués sur des tissus vivants, les désinfectants sont utilisés sur des matériaux inertes (sol,
meubles, matériel médical…).
La bétadine est formée de povidone iodée en solution aqueuse. Cette dernière est un long polymère
chargé positivement, qui lie les ions I3-. Wikimedia
Ce sont des molécules capables de tuer des bactéries (effet bactéricide) ou d’inhiber leur croissance
(effet bactériostatique) sans affecter les cellules eucaryotes de l’hôte (qu’il s’agisse d’un humain
ou d’un autre animal).
La plupart des antibiotiques actuels sont issus de molécules produites naturellement par des micro-
organismes, et modifiées chimiquement pour améliorer leur activité et/ou changer certains
paramètres pharmacocinétiques essentiels.
Par rapport aux antiseptiques et aux désinfectants, qui agissent généralement sur tous types de
micro-organismes, les antibiotiques n’agissent que sur les bactéries, avec une spécificité plus ou
moins importante. Cela vient du fait qu’ils interfèrent avec des voies métaboliques essentielles
chez les bactéries, mais absentes ou peu actives chez les cellules eucaryotes.
L’activité anti-bactérienne des antibiotiques s’exercent à travers cinq modalités, en fonction des
molécules :
L’effet du premier antibiotique, la pénicilline G, a été décrit en 1928 par Alexander Fleming. De
nombreux dérivés ont été créés à partir de cette molécule afin d’en améliorer l’efficacité et d’en
modifier certains paramètres pharmacocinétiques essentiels. Ainsi, la pénicilline G n’est presque
plus utilisée aujourd’hui, car elle est impossible à prendre oralement (la molécule est sensible au
pH acide de l’estomac) et est efficace uniquement contre les bactéries Gram +. En effet, à cause de
son hydrophobicité, la pénicilline G ne peut traverser la membrane externe des bactéries Gram –.
Parmi les dérivés de cette molécule qui contournent ces écueils, l’amoxicilline est l’un des
antibiotiques les plus utilisés actuellement en France. Il est commercialisé en tant que médicament
générique ou sous le nom de Clamoxyl par exemple.
Comme le peptidoglycane est présent chez les bactéries, mais absent chez les champignons, les
virus et les cellules eucaryotes, l’effet des pénicillines est donc spécifique aux bactéries. Cela
explique l’absence d’effets secondaires des pénicillines, mis à part chez les personnes allergiques.
Il faut aussi poser de nouveaux quelques questions gênantes. L’asepsie nous ramène au
premier principe hippocratique : d’abord ne pas nuire. Elle nous rappelle que c’est la nature
qui guérit elle-même quand on évite de lui nuire ou quand on l’aide par des interventions
appropriées.
Pasteur est surtout connu du grand public pour ses travaux sur la rage mais c’est comme
découvreur de l’asepsie chirurgicale qu’il est devenu un bienfaiteur de l’humanité.
7- Seiglan A. ; Du bon usage des antiseptiques, Edition en mode texte ; bien venue chez
AILES ; Article récents ; 2006
11- Huchon Bécel D. ; Activité virucide des antiseptiques et désinfectants, Revue Hygiènes
2005 ; XII (6) : 468 - 472
12- CCLIN Sud Est; Bon usage des antiseptiques, Guide Technique d’hygiène hospitalière,
Fiche N°14.03 ; 2004
Notes complémentaires
Un antiseptique:
Est un désinfectant à usage corporel ;
Est une substance qui détruit ou prévient le développement des agents infectieux
(microorganismes ou virus) sur la peau ou les muqueuses.
Est à distinguer d’un antibiotique, qui agit seulement contre les bactéries et est administré
par injection ou par voie orale.
Est au plan règlementaire, un médicament nécessitant une AMM.
Fut étudiée expérimentalement au XVIIIe siècle par John Pringle. Joseph Lister, inspiré par
les travaux de Pasteur sur les fermentations, fut un des pionniers et le plus efficace
vulgarisateur de l'application de l'antisepsie à la chirurgie.
Produits antiseptiques
Il existe plusieurs classes de produits antiseptiques, déterminées selon leur structure chimique et
leur efficacité. Les antiseptiques majeurs regroupent les biguanides (chlorhexidine), les dérivés
iodés (povidone iodée), les dérivés chlorés (hypochlorite de sodium), et les alcools (éthanol).
Les différentes classes d'antiseptiques ne doivent pas être mélangées ni combinées, sous peine
d'inactivation, voire d'entraîner la formation de produits irritants. Certains antiseptiques existent
sous forme de solution aqueuse ou de solution alcoolique. En dehors d'une contre-
indication occasionnelle, la forme alcoolique doit être préférée. En effet, l'action est plus rapide, et
l'indice de pénétration de l'antiseptique meilleur. La concentration et la pénétration du di-iode est
ainsi augmentée. Les antiseptiques mineurs regroupent les colorants, comme l'éosine, la solution
de Milian, la fluorescéine ou le Bleu de méthylène.
D'autres classes, moins utilisées, existent. Les composés organomercuriels ne sont plus fabriqués.
Les oxydants comprennent l'eau oxygénée et le permanganate de potassium. Les ammoniums
quaternaires sont, eux, dominés par le chlorure de benzalkonium.
La rémanence est le temps durant lequel persiste l'action antiseptique en absence de nouvelle
application. L'éthanol, par exemple, ne possède pas de rémanence, tandis que celle de la povidone
iodée est de trois heures.
Exemple d'antisepsie cutanée avant une intervention chirurgicale. La coloration orangée est
caractéristique des dérivés iodés. Le produit est appliqué par une personne en tenue stérile, avec
une compresse stérile tenue à l'extrémité d'une pince.
Le choix du protocole doit être adapté au niveau de risque. On distingue les procédures en un temps
(passage unique d'une solution alcoolique) pour les gestes à faible risque, en deux temps (deux
passages avec un antiseptique majeur) pour les gestes à risque intermédiaire, et enfin en quatre
temps pour les gestes à risque élevé de contamination. Cette dernière procédure comporte en
premier lieu une détersion par un savon antiseptique, qui est rincé, puis la peau est séchée. Enfin,
le dernier temps est un badigeon par un antiseptique majeur de la même classe.