charte congolaise des droits de l'homme
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charte congolaise des droits de l'homme
Volume II
CHARTE CONGOLAISE
DES DROITS DE L’HOMME
ET DU PEUPLE
Août 2001.
AVANT –PROPOS
En cette aube d'un siècle nouveau, le XXIème, comme pour poser les jalons d'un
nouvel Etat ancré dans les enjeux, contraintes, défis et préoccupations d'une ère nouvelle,
celle du III ème Millénaire, les participants à la Conférence Nationale sur les Droits de
l'Homme ont tenu à doter la République Démocratique du Congo d'un instrument destiné à la
hisser à hauteur de grandes démocraties et Etats de droit de notre village planétaire, ballotté au
rythme de la mondialisation.
On ne pouvait choisir jour plus sublime, plus symbolique et plus sacré que ce 30 juin
2001, date commémorative du 41éme anniversaire de l'accession de notre Pays à
l'indépendance. Comment ne pas alors se demander si la Charte ne vient pas, de façon
opportune, nous donner un des moyens majeurs de notre traversée, dans la quête de la paix, de
la concorde nationale et de la prospérité.
En effet, par son contenu, la Charte Congolaise innove à plusieurs points de vue,
même si, faut-il reconnaître, l'influence des instruments universels de promotion et de
protection des droits de l'homme tels que la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme,les Pactes internationaux relatifs d'une part aux droits économiques,sociaux et
culturels et d'autre part, aux droits civils et politiques, la Convention contre la torture et autres
peines ou traitement cruels,inhumains ou dégradants, est perceptible. Dès le préambule,
apparaît en effet, un rattachement à l'universalité des droits de l'homme: les droits sont un
ensemble des prérogatives et aspirations de l'homme dont tout être humain peut se
prévaloir...».
Une autre conséquence de l'adhésion à l'idée de l'universalité est que peut également se
prévaloir des droits proclamés dans la Charte, toute personne se trouvant régulièrement sur le
territoire de la République Démocratique du Congo, à l'exception des droits et des libertés
exclusivement reconnus aux Congolais (art. 8). Tel est le cas du droit de créer un parti
politique ou d'y adhérer, réservé aux seuls Congolais par la Loi No 001/2001 du 17 mai 2001
portant Organisation et Fonctionnement des Partis et Regroupement Politiques.
Dans le même ordre d'idées, les actes d'agression, de conquête territoriale et de pillage
économique et écologique, de révision des frontières nationales, de déportation des
populations et, de dévastation sont érigés en crimes contre la paix et contre l'humanité. Quoi
de plus normal pour un pays qui vient de totaliser 3 ans d'une guerre d'agression et
d'occupation d'une partie substantielle de son territoire, marquée par plus de trois millions de
victimes directes etindirectes, deux millions des personnes déplacées, 400.000 réfugiés, la
multiplication des veuves et orphelins, le pillage' systématique et à grande échelle de ses
ressources.
Ainsi «Défendre sa patrie et ses richesses» constitue un devoir moral et sacré pour le
peuple congolais».(art. 9, al. 6).
Toutes ces dispositions s'inscrivent en droite ligne des droits des peuples proclamés
par la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui, à côté de la Convention
Européenne de Sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales, a
également influencé les Rédacteurs. de la Charte Congolaise des Droits de l’Homme et du
Peuple.
Pour assurer le respect effectif et efficace des droits , et libertés garantis par la Charte
Congolaise et d'autres textes pertinents, outre les mécanismes judiciaires (Cours et
Tribunaux), il a été préconisé la mise sur pied d'une Commission Nationale des Droits de
l'Homme et du Peuple (CNDHP). Cet organisme public, autonome, indépendant et permanent,
est également décentralisé grâce à ses subdivisions territoriales dénommées « Commissions
Provinciales des Droits de l'Homme et du Peuple ».
Le rôle des ONG et activistes des droits de l'homme se trouve consacré à l'article 76
qui demande à l'Etat de veiller à ce que la loi garantisse leurs droits et obligations spécîfiques.
En définitive, il est vrai que, pour le moment, la Charte nationale n'a pas encore de
nature juridique. Mais, il s'agit d'un document politique adopté solennellement par les
délégués de toutes les provinces du Pays et de toutes les composantes de la Nation, lors du
4lème anniversaire de notre indépendance, le 30 juin 2001. La portée symbolique de cette date
et la large représentativité nationale donnent à la Charte une densité politique et historique
incomparable. Par ailleurs, elle contient des principes universels contenus dans des
conventions et des coutumes internationales, généralement reconnus comme des règles
impératives.
Selon le souhait des conférenciers, la Charte sera soumise au Législateur par une
promulgation rapide. Bien entendu, destoilettages et des réaménagements voire des
enrichissements ne sont pas exclus à ce niveau, mais, à n'en point douter l'essentiel ou le
substantiel sera sauvegardé.
écrite depuis des temps avec du sang et des larmes », grâce auraffermissement de l'Etat de
droit, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la communion nationale aux mêmes
valeurs.
PRÉAMBULE
Considérant que les droits et libertés sont dés attributs inaliénables, inhérents à l'être
humain et qu'ils méritent d'être protégés par toutes les voies de droit par les gouvernants et les
gouvernés dans un Etat de droit, afin d'éviter que l'homme ne soit contraint, en supreme
recours, à la révolte contre la tyrannie et l'exploitation.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme dans notre Pays
depuis la traite négrière jusqu'à ce jour ont conduit à des actes de barbarie qui ont révolté' et
révoltent la conscience nationale et que l'avènement d'un Etat de droit où tous les Congolais
seront libres de penser et de s'exprimer, libérés de la terreur, de la misère et de la pauvreté la
plus abjecte, a été proclamé comme leur plus haute aspiration;
Considérant que les guerres successivement survenues dans et contre notre Pays ont
gravement porté atteinte à létat des droits de l'homme et du peuple, déjà précaire,
particulièrement le droit à la paix et au développement, conditions préalables et indispensables
à l'exercice de tous les droits et libertés fondamentaux;
Article 2:
Article 3:
Article 4:
Les seules restrictions admises aux droits fondamentaux sont celles qui, dans
une société démocratique, sont prévues par la loi, relatives à un droit déterminé et
nécessaires à la sauvegarde de l'ordre public, de la sécurité nationale, des droits
d'autrui, du bien-être économique, social et culturel du pays et à la prévention des
infractions pénales.
Article 5:
Tous les Congolais ou groupes de Congolais sont égaux devant la loi et ont
droit à une égale protection de la loi. Aucun Congolais ou groupe de Congolais ne
peut, en aucune matière, faire l'objet d'une mesure discriminatoire, qu'elle résulte de la
loi ou d'un acte de l'autorité, en raison de sa race, de sa couleur, de son sexe, de sa
langue, de son origine tribale ou ethnique, de sa naissance,de sa résidence, de ses
opinions politiques ou de toute autre opinion.
Article 6:
Article 7:
Article 8:
l'utilisation, par les pouvoirs publics, des ressources affectées au bien-être individuel et
collectif.
Article 9:
Nul n'est autorisé à prendre les armes contre la Nation, ni à constituer des
groupes pour ce faire.
Article 10:
Article 11:
Article 12:
Article 13:
Article 14:
Article 15:
Article 16:
Article 17:
Article 18:
Article 19:
L'ordre d'un supérieur ou d'une autorité publique ne peut être invoqué pour
justifier ces actes.
Dans ce cas, tout agent de L'Etat est délié du devoir d'obéissance lorsque
l'ordre reçu vise l'exécution des actes susmentionnés.
Article 20:
Toute personne a droit au libre développement de sa personnalité, pourvu
qu'elle ne viole pas les droits d'autrui ni n'enfreigne la loi,l'ordre public ou les bonnes
moeurs.
Article 2:
Tout congolais a droit à un développement intégral. L'Etat a ledevoir d'assurer
l'exercice de ce droit.
Article 22:
Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une omission qui neconstitue pas
une infraction à la loi au moment où elle a étécommise.
- 13 -
Article 23:
Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect
dû à la personne humaine. Toute personne arrêtée doit être informée immédiatement
des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle, et ce, dans la
langue qu'elle comprend.
La garde à vue ne peut durer plus que le temps nécessaire pour réaliser les
vérifications tendant à l'éclaircissement des faits et, entout état de cause, la personne
gardée doit être relàchée ou mise à la disposition de l'autorité judiciaire compétente
dans le délai maximum de 48 heures.
Durant la garde à vue, elle a le droit d'entrer sans délai, en contact avec sa
famille et un conseil ; elle a également le droit de se faire examiner par un médecin
de son choix.
Article 24:
Toute personne victime d'une arrestation, d'une garde à vue ou d'une détention
dans les conditions contraires aux dispositions des articles 22 et 23 a droit à une juste
réparation du préjudice subi.
Article 25:
Article 26:
Nul ne peut être soustrait contre son gré du juge que la loi lui assigne.
- 14 -
Article 27:
Les audiences des Cours et Tribunaux sont publiques, à moins que cette
publicité ne soit jugée dangereuse pour l'ordre public ou les bonnes mœurs.
Dans ce cas, le Tribunal ordonne le huis clos par un jugement écritet motivé
dans le but prévu par la loi, dans une société démocratique.
Article 28:
Toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que
sa culpabilité ait été établie par un jugement définitif prononcé par un Tribunal
impartial et indépendant.
Aucune peine ne peut être prononcée ou appliquée si ce n'est envertu d'une loi.
Il ne peut être infligé de peine plus forte que celle applicable au moment où
l'infraction a été commise.
Si la loi en vigueur punit une infraction d'une peine moindre que celle que
prévoyait la loi antérieure, le juge applique la peine la plus légère.\
Article 29:
Article 30:
Article 31:
Article 32:
Nul ne peut être inquiété pour ses opinions politiques, idéologiques ou autres.
Article 33:
La liberté de presse est garantie à tous les congolais. La loi en fixe les
modalités d'exercice.La loi ne prendra aucune disposition qui restreigne la liberté de la
parole ou de la presse, sauf pour assurer la sauvegarde de l'ordre public et des bonnes
moeurs ainsi que le respect de la dignité et de l'honneur d'autrui.
Article 34:
En période électorale, l'accès de tous aux médias publics et privés est régi par
un règlement ad hoc établi par l'organe de régulation prévu par la loi.
Article 35:
Tous les Congolais ont le droit de fonder des syndicats, des sociétés ou autres
associations ou de s'y affilier librement, pour promouvoir leur bien être et assurer la
défense de leurs intérêts, soit sociaux, économiques, religieux et autres, soit politiques
dans les conditions fixées par la loi.
Article 36:
Article 37:
Toute personne a le droit d'adresser individuellement ou collectivement une
pétition à l'autorité. La loi détermine les modalités d'exercice de ce droit
Article 38:
Article 39:
Article 40:
Aucun Congolais ne peut être expulsé, ni déporté d'une province àune autre, ni
extradé du territoire national, sauf en matière de crime contre l'humanité.
Tous les Congolais ont le droit de circuler librement sur tout le territoire
national, de le quitter et d'y revenir:
L'exercice de ce droit ne peut être limité que par la loi et pour des motifs tenant
à l'ordre public, à la sécurité nationale ou à la prévention des infactions pénales.
Aucun Congolais ne peut être contraint, pour des raisons politiques ou autres, à
résider hors de son lieu de résidence habituelle ou à l'exil.
Article 41:
Article 42:
Il ne peut être porté atteinte à ce droit que pour une durée limitée,dans les cas
définis par la loi et pour des motifs tenant à l'ordre public ou à la sécurité nationale.
Article 43:
Toute personne a droit au. respect et à la protection de l'intimité desa vie privée
et familiale.
Aucune restriction ne peut être portée à l'exercice de ce droit, sauf pour assurer
le respect d'autrui et la sauvegarde de bonnes moeùrs.
Article 44:
Le droit d'asile est reconnu. Une loi en fixe les conditions d'exercice.
Article 45:
Nul ne peut être dépossédé de ses biens qu'en vertu d'un jugement rendu par
une juridiction compétente.
Article 46:
Article 47:
Nul ne peut être lésé dans son travail, en raison de sa race, de sacouleur, de son
sexe, de sa langue, de sa région, de sa religion, de son origine sociale, tribale ou
ethnique, ou en raison de ses opinions.
Article 48:
Tous les travailleurs ont droit à un salaire égal pour un travail égal.
Le travail salarié des enfants mineurs est prohibé et puni par la loi.
Article 49:
Article 50:
Les membres des forces combattantes et des forces de l'ordre nepeuvent fonder
des syndicats, ni des associations ayant une activité à caractère politique, ni s'y affilier.
Ils ne peuvent participer à aucune grève.
Article 51:
Toute personne a le droit de se marier avec le conjoint de son choix, de sexe
opposé et de fonder une famille.
Elle est-placée sous la protection particulière des pouvoirs publics. Les soins et
l'éducation à donner aux enfants constituent, pour les parents, un devoir qu'ils exercent
sous la surveillance et avec l'aide des pouvoirs publics.
- 19 -
Article 52:
Article 53:
Article 54:
Article 55:
Article 56:
Article 57:
Aucun élève ne peut faire l'objet d'une discrimination ni d'unrenvoi d'une école
en raison de sa religion.
Article 58:
Article 59:
Il est soumis à la surveillance des pouvoirs publics, dans les conditions fixées
par la loi.
Article 60:
Article 61:
Article 62:
Article 63:
Nul ne peut être recruté dans les Forces combattantes et dans lesForces de
l'ordre, ni être autorisé à prendre part aux hostilités, s'iln'a accompli au moins l'âge de
18 ans.
Article 64:
Les personnes âgées, celles vivant avec handicap et les invalides ont le droit à
des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques, sociaux
et moraux. Les droits politiques leur sont reconnus pour autant qu'ils peuvent les
exercer.
Article 65:
Les droits des personnes appartenant aux minorités sont reconnus etprotégés
par la loi.
Ils comprennent le droit d'avoir une culture propre, de pratiquer une religion
propre et d'utiliser une langue propre.
Article 66:
Article 67:
Article 68:
Article 69:
Article 70:
Afin d'assurer le respect effectif et efficace des droits et libertés reconnus dans
la présente Charte et dans d'autres textes pertinents, il est institué une COMMISSION
NATIONALE DES DROITS DE L'HOMME ET DU PEUPLE, C.D.H.P. en sigle.
Article 71:
-elle est seule compétente pour assurer l'interprétation des normes relatives aux
droits de l'homme en République Démocratique du Congo.
Article 72:
Article 73:
Au cas où la violation d'un droit ou d'une liberté constitue en même temps une
infraction pénale ou une contestation de nature civile, la victime saisit d'abord les
Cours et Tribunaux; si la violation du droit ou de la liberté demeure en dépit de la
décision judiciaire devenue définitive, elle saisit la Commission pour le redressement
de la violation ou pour une satisfaction équitable.
Article 74:
Article 75:
Dans leurs missions ordinaires, les Cours et Tribunaux ont aussi le devoir de
protéger les droits et libertés fondamentaux de la personne humaine
Article 76:
L'Etat veille à ce que le statut des O.N.G. et des activistes des droits de
l'homme 'et autres mécanismes de promotion et de défense soit protégé par une loi leur
garantissant des droits et obligations spécifiques.
Article 77:
La présente Charte ne peut être révisée que par une loi votée par le Parlement
à la majorité de 2/3 de ses membres.
Article 78:
La présente Charte entre en vigueur à la date de sa promulgation.