charte congolaise des droits de l'homme

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Ministère des Droits Humains

ACTES DE LA CONFERENCE NATIONALE


SUR LES DROITS DE L'HOMME

Volume II

CHARTE CONGOLAISE
DES DROITS DE L’HOMME
ET DU PEUPLE

Adoptée à Kinshasa, le 30 juin 2001


"Ce document a été réalisé dans le cadre de la Conférence Nationale sur les Droits de
l’Homme en RDC, par le Ministère des Droits Humains avec le concours financier de
l'Ambassade de la République Fédérale d'Allemagne’’.
Mise en pages et impression
IMPRIMERIE CEDI/KINSHASA
Centre protestant d’Editions et de Diffussion
.B.P. 11398 Kin 1

Août 2001.
AVANT –PROPOS

En cette aube d'un siècle nouveau, le XXIème, comme pour poser les jalons d'un
nouvel Etat ancré dans les enjeux, contraintes, défis et préoccupations d'une ère nouvelle,
celle du III ème Millénaire, les participants à la Conférence Nationale sur les Droits de
l'Homme ont tenu à doter la République Démocratique du Congo d'un instrument destiné à la
hisser à hauteur de grandes démocraties et Etats de droit de notre village planétaire, ballotté au
rythme de la mondialisation.

On ne pouvait choisir jour plus sublime, plus symbolique et plus sacré que ce 30 juin
2001, date commémorative du 41éme anniversaire de l'accession de notre Pays à
l'indépendance. Comment ne pas alors se demander si la Charte ne vient pas, de façon
opportune, nous donner un des moyens majeurs de notre traversée, dans la quête de la paix, de
la concorde nationale et de la prospérité.

En effet, par son contenu, la Charte Congolaise innove à plusieurs points de vue,
même si, faut-il reconnaître, l'influence des instruments universels de promotion et de
protection des droits de l'homme tels que la Déclaration Universelle des Droits de
l’Homme,les Pactes internationaux relatifs d'une part aux droits économiques,sociaux et
culturels et d'autre part, aux droits civils et politiques, la Convention contre la torture et autres
peines ou traitement cruels,inhumains ou dégradants, est perceptible. Dès le préambule,
apparaît en effet, un rattachement à l'universalité des droits de l'homme: les droits sont un
ensemble des prérogatives et aspirations de l'homme dont tout être humain peut se
prévaloir...».

Réitérant la même affirmation à l'article 1er les Rédacteurs de la Charte reprennent


une idée chère au Président de là République, Son Excellence Joseph KABILA, à savoir que
les droits de l'homme ne sont pas et ne peuvent pas être une faveur pour le Peuple et le
Citoyen Congolais.

Une autre conséquence de l'adhésion à l'idée de l'universalité est que peut également se
prévaloir des droits proclamés dans la Charte, toute personne se trouvant régulièrement sur le
territoire de la République Démocratique du Congo, à l'exception des droits et des libertés
exclusivement reconnus aux Congolais (art. 8). Tel est le cas du droit de créer un parti
politique ou d'y adhérer, réservé aux seuls Congolais par la Loi No 001/2001 du 17 mai 2001
portant Organisation et Fonctionnement des Partis et Regroupement Politiques.

Aussi, certaines dispositions de la Charte paraissent très contextualisées et inspirées


par la situation de guerre d'agression et l'occupation d'une bonne partie du territoire national
par les troupes du Rwanda, de l'Ouganda et du Burundi, associés aux mouvements de
rébellion. Tout le Titre II portant sur les droits du Peuple Congolais s'en ressent. Il en est de
même de l'article 6 qui proclame que l'indépendance et la souveraineté de la République
Démocratique du Congo sont inaliénables et sacrées. La mauvaise gestion des ressources et
l'impunité, longtemps de mise, justifient par ailleurs l'article 8 qui' fait découler du droit inalié
nable et inviolable du Peuple Congolais , à son développement, te droit de demander dés
comptes aux pouvoirs publics concernant l'utilisation des ressources affectées au bien-être tant
individuel que collectif.

L'article 9 constitue une sublimation du droit inaliénable et inviolable du- Peuple


Congolais à la paix, à la sécurité et à l'intégrité de ses frontières issues de la Colonisation et
-4-

internationalement reconnues. Ce faisant, la Charte consacre le principe de l'intangibilité des


frontières ou. l'uti possidetis juris, principe. cher à l'Organisation de l'Unité Africaine,
transmutée en Union Africaine à son dernier sommet tenu à Lusaka en juillet 2001.

De ce droit découle la condamnation et la proscription de tout recours à la force


comme moyen de règlement des conflits nationaux et internationaux tant à l'intérieur que dans
les rapports entre Etats, de même que le fait de prendre des armes contre la Nation ou de
constituer des groupes à cet effet. Agir autrement constitue un acte de trahison punissable par
la loi.

Dans le même ordre d'idées, les actes d'agression, de conquête territoriale et de pillage
économique et écologique, de révision des frontières nationales, de déportation des
populations et, de dévastation sont érigés en crimes contre la paix et contre l'humanité. Quoi
de plus normal pour un pays qui vient de totaliser 3 ans d'une guerre d'agression et
d'occupation d'une partie substantielle de son territoire, marquée par plus de trois millions de
victimes directes etindirectes, deux millions des personnes déplacées, 400.000 réfugiés, la
multiplication des veuves et orphelins, le pillage' systématique et à grande échelle de ses
ressources.

Ainsi «Défendre sa patrie et ses richesses» constitue un devoir moral et sacré pour le
peuple congolais».(art. 9, al. 6).

Toutes ces dispositions s'inscrivent en droite ligne des droits des peuples proclamés
par la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui, à côté de la Convention
Européenne de Sauvegarde des Droits de l'Homme et des Libertés Fondamentales, a
également influencé les Rédacteurs. de la Charte Congolaise des Droits de l’Homme et du
Peuple.

Le droit du Peuple Congolais à la démocratie, droit également inaliénable et inviolable


est couplé « à un régime politique représentatif de la majorité » à l'article11, ainsi qu'au choix
périodique des dirigeants par des élections libres, transparentes et honnêtes, sous la
supervision d'un organe indépendant.

Liant la démocratie au multipartisme et à la possibilité de l'alternance au pouvoir


(art. 12), c'est tout naturellement que la Charte Congolaise proclame l'institutionnalisation
officielle de l'Opposition en République Démocratique du Congo. Elle ajoute qu'elle a des
droits et des devoirs conformément à la Constitution, lesquels, ne pourraient que recouper les
droits et devoirs des Partis Politiques déjà contenus dans la Loi sur les Partis Politiques. Cette
loi reconnaît notamment aux Partis Politiques le droit d'exercer librement leurs activités sur
toute l'étendue du territoire national, ainsi que le droit à un égal traitement par l'Etat et les
services publics (art. 6). Elle exige aux Partis Politiques l'obligation de respecter, entre autres,
les principes et objectifs ci-après : le caractère national; l'attachement aux valeurs universelles
de la démocratie, de la liberté, de la justice, du progrès, de la paix, du patriotisme et de
l'indépendance ; le rejet de la violence et de la contrainte ; le respect de l'alternance au pouvoir
par la voie du libre choix du Peuple Congolais; l'engagement de concourir à la promotion et à
la défense des droits humains et des libertés fondamentales ; la préservation de la souveraineté
de l'Etat Congolais, de la sécurité et de l'intégrité du territoire national (art. 3).

Parmi les avancées majeures de la Charte, il y a lieu de citer l'interdiction de la peine


de mort sur toute l'étendue de la République. Ce dernier alinéa de l'article 18 découle tout
-5-

naturellement des alinéas précédents lesquels reconnaissent l'inhérence du droit à la vie à la


personne humaine ; son caractère sacré et inaliénable ; le droit de la personne au respect de sa
vie, de son intégrité physique, mentale et morale. On passerait ainsi du moratoire sur
l'exécution des condamnations capitales à la condamnation de la peine de mort elle-même. Le
même débat est ainsi ouvert, et l'on ne sait qui du Parlement ou du Peuple tranchera par la
voie de référendum .

La Charte garantit l'égalité entre Congolais et Congolaise dans la mesure où elle


interdit toute mesure discriminatoire basée sur le sexe en matière de droits et libertés (art.5).
Cependant, il y a lieu de regretter que la Charte n'ait pas consacré des dispositions spéciales à
la femme. Elle a pu faire, certes de façon succincte pour les minorités, en reconnaissant leur
droit à une culture, une religion et une langue propre (art. 65). Le devoir de tout congolais de
respecter ses concitoyens et de les considérer sans discrimination aucune, dans la tolérance
réciproque, est à cet égard, salutaire (art. 67)

En affirmant le droit de tout congolais à la nationalité congolaise et que « nul ne peut


en être privé », la Charte s'avère audacieuse et, ouvre la possibilité à un cumul des nationalités
même si elle n'aborde pas systématiquement la question. Pour trancher, il faudra se demander
si un tel cumul est enrichissant pour la Nation ou appauvrissant? Quelles sont les opportunités,
les avantages, les risques et les périls qui peuvent en résulter ?

Pour assurer le respect effectif et efficace des droits , et libertés garantis par la Charte
Congolaise et d'autres textes pertinents, outre les mécanismes judiciaires (Cours et
Tribunaux), il a été préconisé la mise sur pied d'une Commission Nationale des Droits de
l'Homme et du Peuple (CNDHP). Cet organisme public, autonome, indépendant et permanent,
est également décentralisé grâce à ses subdivisions territoriales dénommées « Commissions
Provinciales des Droits de l'Homme et du Peuple ».

Le rôle des ONG et activistes des droits de l'homme se trouve consacré à l'article 76
qui demande à l'Etat de veiller à ce que la loi garantisse leurs droits et obligations spécîfiques.

En définitive, il est vrai que, pour le moment, la Charte nationale n'a pas encore de
nature juridique. Mais, il s'agit d'un document politique adopté solennellement par les
délégués de toutes les provinces du Pays et de toutes les composantes de la Nation, lors du
4lème anniversaire de notre indépendance, le 30 juin 2001. La portée symbolique de cette date
et la large représentativité nationale donnent à la Charte une densité politique et historique
incomparable. Par ailleurs, elle contient des principes universels contenus dans des
conventions et des coutumes internationales, généralement reconnus comme des règles
impératives.

Selon le souhait des conférenciers, la Charte sera soumise au Législateur par une
promulgation rapide. Bien entendu, destoilettages et des réaménagements voire des
enrichissements ne sont pas exclus à ce niveau, mais, à n'en point douter l'essentiel ou le
substantiel sera sauvegardé.

Puisse la Charte Congolaise des Droits de l’Homme et du Peuple constituer une


lumière pour éclairer, en République Démocratique du Congo, les générations présentes et
futures. Et, selon le vœu exprimé par le Président de la République, dans son Allocution
prononcée à l'ouverture de la Conférence Nationale sur les Droits de l’Homme, le dimanche
24 juin 2001, puisse-t-il contribuer résolument à « tourner une page dé l'histoire de notre pays
-6-

écrite depuis des temps avec du sang et des larmes », grâce auraffermissement de l'Etat de
droit, de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la communion nationale aux mêmes
valeurs.

Kinshasa, le 18 juillet 2001

Pr NTUMBA LUABA LUMU

Ministre des Droits Humaine


-7-

PRÉAMBULE

Reconnaissant que les droits sont un ensemble de prérogatives et d'aspirations de


l'homme dont tout être humain peut se prévaloir au départ de sa famille, de son environnement
et de la société, et dont il attend de tous respect et épanouissement

Considérant que les droits et libertés sont dés attributs inaliénables, inhérents à l'être
humain et qu'ils méritent d'être protégés par toutes les voies de droit par les gouvernants et les
gouvernés dans un Etat de droit, afin d'éviter que l'homme ne soit contraint, en supreme
recours, à la révolte contre la tyrannie et l'exploitation.

Affirmant notre détermination de consolider la paix et l'unité nationale dans le strict


respect des particularités de chaque groupe constituant notre Nation, en vue de promouvoir,
dans la Justice, notre bien-être matériel, notre épanouissement intellectuel, moral et spirituel

Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme dans notre Pays
depuis la traite négrière jusqu'à ce jour ont conduit à des actes de barbarie qui ont révolté' et
révoltent la conscience nationale et que l'avènement d'un Etat de droit où tous les Congolais
seront libres de penser et de s'exprimer, libérés de la terreur, de la misère et de la pauvreté la
plus abjecte, a été proclamé comme leur plus haute aspiration;

Considérant l'état actuel des droits de l'homme en République Démocratique du


Congo, caractérisé par des violations généralisées et systématiques, des droits de l'homme et
qui a conduit à la tenue de la Conférence Nationale sur les Droits de l’Homme (CNDH) en
vue de restaurer la dignité des Congolais et leurs droits égaux et inaliénables, fondement de la
liberté, de la justice et de la paix en République Démocratique du Congo.

Considérant que les guerres successivement survenues dans et contre notre Pays ont
gravement porté atteinte à létat des droits de l'homme et du peuple, déjà précaire,
particulièrement le droit à la paix et au développement, conditions préalables et indispensables
à l'exercice de tous les droits et libertés fondamentaux;

Fermement convaincus et conscients de notre responsabilité devant Dieu, la Nation,


l’Afrique et le Monde ; engagés d'assurer la promotion et la protection des droits et libertés
fondamentaux de l’Homme et du peuple en République Démocratique du Congo, compte tenu
de l'importance primordiale traditionnellement attachée à la dignité de la personne humaine ;

Proclamant et affirmant l'attachement de la République Démocratique du Congo aux


valeurs fondamentales de la Charte des Nations Unies et en particulier aux droits et libertés
consacrés dans les Instruments adoptés dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies et de
l’Organisation de l'Unité Africaine .
Vu l'engagement des Pouvoirs Publics.

Nous, Participants à la Conférence Nationale sur les Droits de l'Homme, réunis à


Kinshasa du 24 au 30 juin 2001

PROCLAMONS et ADOPTONS la Charte dont la teneur suit:


-8-

TITRE I: DES DISPOSITIONS GENERALES


Article 1:

Les droits de l'homme sont des prérogatives et des aspirations inhérentes à


toute personne humaine. Ils ne sont pas et ne peuvent pas être une faveur pour le
Peuple et le Citoyen Congolais.

Toute autorité est tenue de respecter et de promouvoir les droits de la personne


humaine tels qu'ils sont consacrés dans la présente Charte ainsi que dans d'autres
Instruments nationaux et internationaux relatifs, aux droits de l'homme.

Article 2:

Toute personne se trouvant régulièrement sur le territoire de la République


Démocratique du Congo peut se prévaloir des droits proclamés dans la présente Charte
ainsi que dans d'autres Instruments nationaux et internationaux pertinents et en
recevoir protection de la part des autorités, sauf les droits et libertés exclusivement
reconnus aux Congolais.

Article 3:

Aucune disposition de la présente Charte ou des autres textes pertinents ne peut


être interprétée comme impliquant pour l'État Congolais, un groupement ou un
individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à
la destruction des droits et libertés reconnus dans la présente Charte ou dans d'autres
textes pertinents.

Article 4:

Il ne peut être admis aucune restriction aux droits fondamentaux de la personne


humaine proclamés dans la présente Charte, dans la constitution, dans les lois,
conventions, coutumes et autres règlements, sous prétexte que la-présente Charte ne
les reconnaît pas ou ne les reconnaît qu'insuffisamment.

Les seules restrictions admises aux droits fondamentaux sont celles qui, dans
une société démocratique, sont prévues par la loi, relatives à un droit déterminé et
nécessaires à la sauvegarde de l'ordre public, de la sécurité nationale, des droits
d'autrui, du bien-être économique, social et culturel du pays et à la prévention des
infractions pénales.

Les restrictions apportées conformément à l'alinéa précédent sont susceptibles


de contrôle devant l'organe compétent institué dans la présente Charte.

Dans le cas où un danger public exceptionnel menace l'existence de la Nation


et est proclamé par un acte officiel pris conformément à la loi, l'Etat Congolais peut
prendre, dans la stricte mesure où la situation l'exige, des mesures dérogeant aux
obligations prévues dans la présente Charte, sous réserve que ces mesures ne soient
pas incompatibles avec les autres obligations que lui impose le droit international et
qu'elles n'entraînent aucune discrimination fondée sur la race, la couleur, le sexe, la
-9-

langue, la région, la religion, l'origine sociale, tribale ou ethnique, ou toute autre


opinion.

La disposition précédente n'autorise aucune dérogation au droit à la vie, sauf


pour le cas des décès résultant des actes licites de guerre, à l'interdiction de la torture,
l'esclavage, des traitements cruels, inhumains ou dégradants *aux principes de la non
rétroactivité des lois, du double degré de juridiction, de la légalité des délits et des
peines, au droit de la défense ainsi qu'au principe

« Non bis in idem, ».

Lorsque l'Etat met en oeuvre les dispositions précédentes, il doit tenir


pleinement informé les instances internationales prévues dans les conventions
internationales auxquelles il est partie des mesures prises et des motifs qui les ont
inspirées dans le mois qui suit la prise de ces mesures.

Article 5:

Tous les Congolais ou groupes de Congolais sont égaux devant la loi et ont
droit à une égale protection de la loi. Aucun Congolais ou groupe de Congolais ne
peut, en aucune matière, faire l'objet d'une mesure discriminatoire, qu'elle résulte de la
loi ou d'un acte de l'autorité, en raison de sa race, de sa couleur, de son sexe, de sa
langue, de son origine tribale ou ethnique, de sa naissance,de sa résidence, de ses
opinions politiques ou de toute autre opinion.

La jouissance des droits et libertés reconnus dans la présente Charte ou dans


d'autres textes pertinents doit être assurée à toute personne sans distinction aucune,
fondée notamment sur la race, le sexe, la couleur, la langue, la religion, les opinions
politiques ou toutes autres opinions, l'origine sociale, l'appartenance à une minorité, la
naissance ou toute autre situation.

TITRE II: DES DROITS DU PEUPLE

Article 6:

Le Peuple Congolais est un Peuple indépendant, souverain et


solidaire.Son indépendance et sa souveraineté sont inaliénables et sacrées.

Article 7:

Le Peuple Congolais a le droit inaliénable de disposer de lui-même.En vertu de


ce droit, il détermine librement son régime politique et assure son développement
économique, social et culturel. En aucun cas, le peuple congolais ne peut être privé de
ce droit.

Article 8:

Le Peuple Congolais a le droit inaliénable et inviolable à son développement.


En vertu de ce droit, chaque citoyen ou groupe de citoyens a le droit de contrôler
- 10 -

l'utilisation, par les pouvoirs publics, des ressources affectées au bien-être individuel et
collectif.

La réalisation de ce droit implique pour le Peuple Congolais, a libre disposition


de ses richesses et ressources naturelles, du sol et du sous sol, sans préjudice des
obligations qui découlent de la coopération économique internationale mutuellement
avantageuse et le droit de jouir du patrimoine commun de l'humanité.

Article 9:

Le Peuple Congolais a le droit inaliénable et inviolable à la paix, à la sécurité.


et à l'intégrité de son territoire national dans le cadre de ses frontières issues de la
Colonisation et internationalement reconnues.

En vertu de ce droit, le Peuple Congolais condamne et proscrit le recours à la


force comme moyen de règlement des conflits tant à l’intérieur que dans les rapports
entre Etats.

Nul n'est autorisé à prendre les armes contre la Nation, ni à constituer des
groupes pour ce faire.

Tout acte contraire constitue une trahison punissable conformément à la loi.

Le Peuple Congolais déclare que les actes d'agression, de conquête territoriale


et de pillage économique et écologique, de révision des frontières nationales, de
déportation des populations, de dévastation sont des crimes contre la paix et contre
l'humanité.

Il est un devoir moral et sacré pour le Peuple Congolais de défendre sa patrie et


ses richesses.

Article 10:

Le Peuple Congolais a le droit inaliénable et inviolable à un environnement de


qualité, équilibré et sain.

En vertu de ce droit, l'Etat Congolais a l'obligation de protéger sonécosystème.

Article 11:

Le Peuple Congolais a un droit inaliénable et inviolable à la démocratie et à un


régime politique représentatif de la majorité.

En vertu de ce droit, le Peuple Congolais se choisit périodiquement ses


dirigeants, soit directement soit indirectement, au terme des élections libres,
transparentes et honnêtes, organisées régulièrement par un organe indépendant en
vertu du principe « un homme une voix » et sans aucune discrimination.
- 11 -

Article 12:

Le Peuple Congolais déclare solennellement que la démocratie va de paire avec


le multipartisme et la possibilité pour les électeurs de s'exprimer en faveur de
l'alternance au pouvoir.

Article 13:

Le Peuple Congolais a un droit inaliénable et inviolable de rédiger, d'adopter et


de proclamer librement sa constitution selon les formes requises et préalablement
acceptées par référendum populaire.

Aucune personne, quelles que soient sa qualité et sa position dans la Nation,


aucun gouvernement n'a le droit de se substituer au Peuple en cette matière.

L'accession au pouvoir par la force, notamment par putsch,rébellion, coup d'


Etat est prohibée.

Le Peuple Congolais a le droit le plus absolu de rejeter toutgouvernement issu


d'une telle situation et d'y résister par tout moyen.

Article 14:

L'Opposition est officiellement institutionnalisée en République Démocratique


du Congo. Elle a des droits et des devoirs conformément à la constitution.

Article 15:

Le Peuple Congolais proclame et affirme que diriger la République sur base


des actes spéciaux ou exceptionnels ayant une valeur constitutionnelle est contraire à
l'esprit et à la lettre d'un Etat de droit et constitue une violation de ses droits
fondamentaux.

Tout pouvoir politique émane démocratiquement du Peuple, s'organise et


s'exerce selon la constitution. Celle-ci seule lui confère légalité et légitimité.

Article 16:

Les pouvoirs publics ont le devoir de promouvoir et d'assurer, par


l'enseignement, l'éducation et la diffusion, le respect des droits et libertés contenus
dans la présente Charte et de prendre des mesures appropriées pour en assurer la
compréhension ainsi que les obligations et les devoirs qui en découlent.
- 12 -

TITRE 111 : DES DROITS CIVILS ET POLITIQUES

Article 17:

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en droit et en dignité.

Article 18:

Le droit à la vie est inhérent à la personne humaine.

Il est sacré, inaliénable. Il doit être protégé par la loi.

Tout être humain a droit au respect de sa vie et à l'intégrité physique, mentale


et morale de sa personne.

La peine de mort est interdite sur toute l'étendue de la République.

Article 19:

Toute personne a droit au respect de sa dignité et à la reconnaissance de sa


personnalité juridique. Toutes formes d'exploitation et d'avilissement de l'homme
notamment l'esclavage, la traite des personnes, la torture physique ou morale et les
traitements cruels inhumains ou dégradants ou analogues sont interdits.

L'ordre d'un supérieur ou d'une autorité publique ne peut être invoqué pour
justifier ces actes.

Dans ce cas, tout agent de L'Etat est délié du devoir d'obéissance lorsque
l'ordre reçu vise l'exécution des actes susmentionnés.

Article 20:
Toute personne a droit au libre développement de sa personnalité, pourvu
qu'elle ne viole pas les droits d'autrui ni n'enfreigne la loi,l'ordre public ou les bonnes
moeurs.

Article 2:
Tout congolais a droit à un développement intégral. L'Etat a ledevoir d'assurer
l'exercice de ce droit.

Article 22:

La liberté individuelle et la sécurité de la personne sont garanties. Nul ne peut


être poursuivi, arrêté ni détenu qu'en vertu de la loi et dans les formes qu'elle prescrit.

Nul ne peut être poursuivi pour une action ou une omission qui neconstitue pas
une infraction à la loi au moment où elle a étécommise.
- 13 -

Toute invitation ou convocation de la Police, du Parquet ou des services de


sécurité doit préciser les motifs pour lesquels elle a été émise à peine de nullité.

Article 23:

Toute personne privée de sa liberté est traitée avec humanité et avec le respect
dû à la personne humaine. Toute personne arrêtée doit être informée immédiatement
des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle, et ce, dans la
langue qu'elle comprend.

La garde à vue ne peut durer plus que le temps nécessaire pour réaliser les
vérifications tendant à l'éclaircissement des faits et, entout état de cause, la personne
gardée doit être relàchée ou mise à la disposition de l'autorité judiciaire compétente
dans le délai maximum de 48 heures.

Durant la garde à vue, elle a le droit d'entrer sans délai, en contact avec sa
famille et un conseil ; elle a également le droit de se faire examiner par un médecin
de son choix.

Elle ne peut être maintenue en détention préventive qu’en vertu d'une


ordonnance du juge compétent et dans les cas et pour la durée expressément prévus
par la loi.

Elle a le droit de recours contre les ordonnances rendues en matière de


détention préventive.

Article 24:

Toute personne victime d'une arrestation, d'une garde à vue ou d'une détention
dans les conditions contraires aux dispositions des articles 22 et 23 a droit à une juste
réparation du préjudice subi.

Article 25:

Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et


publiquement, dans un délai raisonnable conformément à la loi et devant un juge
indépendant et impartial que la loi lui assigne.

Elle a le droit de se défendre elle-même ou de se faire assister d'un conseil de


son choix conformément à la loi.

Toute personne poursuivie a le droit d'exiger d'être entendue enprésence d'un


conseil de son choix, et ce, à tous les niveaux de la procédure pénale.

Article 26:

Nul ne peut être soustrait contre son gré du juge que la loi lui assigne.
- 14 -

Article 27:

Les audiences des Cours et Tribunaux sont publiques, à moins que cette
publicité ne soit jugée dangereuse pour l'ordre public ou les bonnes mœurs.

Dans ce cas, le Tribunal ordonne le huis clos par un jugement écritet motivé
dans le but prévu par la loi, dans une société démocratique.

Article 28:

Toute personne accusée d'une infraction est présumée innocente jusqu'à ce que
sa culpabilité ait été établie par un jugement définitif prononcé par un Tribunal
impartial et indépendant.

Ce jugement est prononcé en audience publique. Il est écrit et motivé.

Aucune peine ne peut être prononcée ou appliquée si ce n'est envertu d'une loi.

Il ne peut être infligé de peine plus forte que celle applicable au moment où
l'infraction a été commise.

Si la loi en vigueur punit une infraction d'une peine moindre que celle que
prévoyait la loi antérieure, le juge applique la peine la plus légère.\

La condamnation à perpétuité est interdite pour des personnes demoins de 18


ans.

La peine est individuelle. Elle ne peut frapper que le délinquant. A cesujet,


toute prise d'otage est interdite.

La loi détermine les causes de justification, d'excuse et de non imputabilité.

Le droit de former un recours contre un de jugement rendu par une juridiction


civile ou militaire est garanti à tous, conformément à la loi.

Article 29:

Le domicile est inviolable. Il ne peut y être effectué de visites ou


deperquisitions que dans les formes et conditions prescrites par la loi.

Article 30:

La loi détermine les conditions d'indigence et le taux de peine quijustifient


l'octroi obligatoire d'une assistance judiciaire.

Article 31:

Toute personne a, droit à la liberté de pensée, de conscience, et de religion.

Il ne peut être établi 'de religion d'Etat en République Démocratiquedu Congo.


- 15 -

Toute personne a le droit de manifester ses convictions religieusesou autres,


seule ou encommun, tant en public -qu'en privé, parle culte, l'enseignement,,
l'accomplissement des rites ou autres pratiques,sous réserve du respect de la loi, de
l'ordre public et de bonnes mœurs.

Article 32:

Toute personne a droit à l'information et à la liberté d'expression.

Ce droit implique la liberté de chercher des informations, d'exprimer ses


opinions. et es sentiments, notamment par la parole,l'écrit, le son et l'image sous
réserve du respect de la loi, des droits d'autrui, de l'ordre public et des bonnes mœurs.

Nul ne peut être inquiété pour ses opinions politiques, idéologiques ou autres.

Article 33:

La liberté de presse est garantie à tous les congolais. La loi en fixe les
modalités d'exercice.La loi ne prendra aucune disposition qui restreigne la liberté de la
parole ou de la presse, sauf pour assurer la sauvegarde de l'ordre public et des bonnes
moeurs ainsi que le respect de la dignité et de l'honneur d'autrui.

L'auteur d'une publication qui a été identifié et qui a une résidence en


République Démocratique du Congo assume personnellement la responsabilité de ses
actes, sans préjudice de l'application des dispositions de la Loi sur la Presse.

Article 34:

La liberté d'information et d'émission par la radio et par la télévision est


garantie.
La radiodiffusion et la télévision organisées par les pouvoirs publics sont des
services publics.

Leur statut, établi par la loi, garantit, dans leurs émissions,l'objectivité,


l'impartialité et le pluralisme des opinions dans lamesure où elles sont compatibles
avec l'ordre public et les bonnes mœurs.

En période électorale, l'accès de tous aux médias publics et privés est régi par
un règlement ad hoc établi par l'organe de régulation prévu par la loi.

Article 35:
Tous les Congolais ont le droit de fonder des syndicats, des sociétés ou autres
associations ou de s'y affilier librement, pour promouvoir leur bien être et assurer la
défense de leurs intérêts, soit sociaux, économiques, religieux et autres, soit politiques
dans les conditions fixées par la loi.

Article 36:

Toute personne a le droit de se réunir librement avec d'autres. Ce droit s'exerce


sous la seule réserve des restrictions nécessaires édictées par les lois et règlements,
- 16 -

notamment dans l'intérêt de la sécurité nationale, de la sécurité d'autrui, de la santé, de


la morale ou des droits et libertés des personnes

Article 37:
Toute personne a le droit d'adresser individuellement ou collectivement une
pétition à l'autorité. La loi détermine les modalités d'exercice de ce droit

Article 38:

Tout Congolais a le droit dé créer un parti politique ou de s'affilier à un


parti de son choix et de le quitter librement.

Les partis et les regroupements politiques, en tant qu'expression du pluralisme


démocratique, rassemblent des personnes de nationalité congolaise autour d'un
programme politique commun pour la conquête légale et l'exercice démocratique du
pouvoir au sein de l'État Congolais.

Ils concourent à la formation de la conscience nationale et de la volonté


politique du Peuple et à l'expression du suffrage

Ils se forment et exercent leurs activités librement, dans le respectde la Loi


organisant les partis politiques et des principes de la souveraineté nationale, de la
démocratie et des droits de l’homme

Article 39:

Tout Congolais a droit à la nationalité congolaise.

Nul ne peut en être privé

Article 40:

Aucun Congolais ne peut être expulsé, ni déporté d'une province àune autre, ni
extradé du territoire national, sauf en matière de crime contre l'humanité.

Tous les Congolais ont le droit de circuler librement sur tout le territoire
national, de le quitter et d'y revenir:

L'exercice de ce droit ne peut être limité que par la loi et pour des motifs tenant
à l'ordre public, à la sécurité nationale ou à la prévention des infactions pénales.

Aucun Congolais ne peut être contraint, pour des raisons politiques ou autres, à
résider hors de son lieu de résidence habituelle ou à l'exil.

Article 41:

Tout Congolais a le droit de changer de domicile, de se fixer librement en un


lieu quelconque du territoire de la République et d'y jouir de tous les droits reconnus
par la présente Charte.
- 17 -

Article 42:

Toute personne a droit au secret de sa correspondance, de télécommunication


ou de toute autre forme de communication.

Toute interception par quiconque des messages ou de toute autre forme de


communication destinée à autrui est prohibée.

Il ne peut être porté atteinte à ce droit que pour une durée limitée,dans les cas
définis par la loi et pour des motifs tenant à l'ordre public ou à la sécurité nationale.

Article 43:

Toute personne a droit au. respect et à la protection de l'intimité desa vie privée
et familiale.

Aucune restriction ne peut être portée à l'exercice de ce droit, sauf pour assurer
le respect d'autrui et la sauvegarde de bonnes moeùrs.

Article 44:

Le droit d'asile est reconnu. Une loi en fixe les conditions d'exercice.

Il est interdit à toute personne jouissant régulièrement du droit d'asile


d'entreprendre une activité subversive ou terroriste contre son pays d'origine ou contre
tout autre pays, à partir du territoire de la République Démocratique du Congo.

TITRE V: DES DROITS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET


CULTURELS

Article 45:

Le droit de propriété individuelle ou collective est garanti.

L'expropriation pour cause d'in térêt général ou d'utilité publique ne peut


intervenir qu'en vertu d'une loi prévoyant le versement préalable d'une indemnité
équitable. Cette mesure est susceptible de contrôle juridictionne.

Nul ne peut être dépossédé de ses biens qu'en vertu d'un jugement rendu par
une juridiction compétente.

Article 46:

La liberté de commerce et de circulation est garantie à toute personne établie


sur le territoire de la République dans les conditions fixées par la loi.

L'exercice du petit commerce est exclusivement réservé aux Congolais.


- 18 -

Article 47:

Tout Congolais a le droit et le devoir de travailler.

Les pouvoirs publics ont l'obligation de garantir et de sécuriser l'emploi des


citoyens dans le respect de leur compétence et de leur dignité.

Nul ne peut être lésé dans son travail, en raison de sa race, de sacouleur, de son
sexe, de sa langue, de sa région, de sa religion, de son origine sociale, tribale ou
ethnique, ou en raison de ses opinions.

Tout Congolais a le devoir de contribuer, par son travail, à la construction et à


la prospérité nationales.

Article 48:

Tout travailleur a droit à une rémunération régulière, équitable et satisfaisante


lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et
complétée par tous autres moyens de protection sociale.

Tous les travailleurs ont droit à un salaire égal pour un travail égal.

Le travail salarié des enfants mineurs est prohibé et puni par la loi.

Article 49:

Le droit à la grève est garanti.

La loi et les conventions internationales régulièrement ratifiées ou approuvées


en règlent la procédure et fixent les conditions dans lesquelles sera assuré le
fonctionnement minimal des services publics ou d'intérêts publics vitaux, qui ne
peuvent souffrir d'interruption, même en cas de grève.

Article 50:

Les membres des forces combattantes et des forces de l'ordre nepeuvent fonder
des syndicats, ni des associations ayant une activité à caractère politique, ni s'y affilier.
Ils ne peuvent participer à aucune grève.

Article 51:
Toute personne a le droit de se marier avec le conjoint de son choix, de sexe
opposé et de fonder une famille.

La famille, base naturelle de la communauté, sera organisée de manière que


soient assurées son unité et sa stabilité.

Elle est-placée sous la protection particulière des pouvoirs publics. Les soins et
l'éducation à donner aux enfants constituent, pour les parents, un devoir qu'ils exercent
sous la surveillance et avec l'aide des pouvoirs publics.
- 19 -

Les enfants ont le devoir d'assister leurs parents.

Article 52:

Tout Congolais régulièrement marié a le droit d'hériter de son conjoint,


conformément à la loi.

Article 53:

Tout Congolais a le droit de jouir du meilleur état de santé physique, mentale et


sociale.
L'Etat a l'obligation d'assurer le bien être sanitaire des citoyens et leur offrir des
installations appropriées.

La loi fixe les principes fondamentaux et les règles d'organisationde la santé


publique.

Article 54:

Tout Congolais a droit à une alimentation saine, suffisante et équilibrée. Les


pouvoirs publics ont l'obligation de concourir à sa réalisation

Article 55:

Tout Congolais a droit à un logement décent et à un niveau de vie conforme à


la dignité humaine. Les Pouvoirs Publics ont l'obligation de concourir a sa réalisation.

Article 56:

Tout Congolais a droit à l'éducation., Les Pouvoirs Publics ont l'obligation de


mettre à la disposition de tous les Congolais un enseignement national.

Le droit à l'éducation constitue une obligation individuelle etcollective dont la


mise en oeuvre incombe à l'individu -et à lacollectivité, vu leur caractère vital.

L'enseignement national comprend les établissements d'enseignement publics


et privés agréés. La loi en fixe les conditions de création et de fonctionnement

L'enseignement est obligatoire et gratuit jusqu'à la fin du, cycle secondaire.

Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation et


d'enseignement à donner à leurs enfants.

Nul individu ne saurait y porter atteinte nulle communauté n'estautorisée à


négliger de les mettre en oeuvre.
- 20 -

Article 57:

Les établissements d'enseignement national peuvent assurer, en collaboration


avec les autorités religieuses intéressées, à leurs élèves mineurs, à la demande des
parents, une éducation conforme à leurs convictions religieuses.

Aucun élève ne peut faire l'objet d'une discrimination ni d'unrenvoi d'une école
en raison de sa religion.

Une loi précise les conditions d'application de la présente disposition.

Article 58:

L'enseignement est libre.

Il est soumis à la surveillance des pouvoirspublics, dans les conditions fixées


par la loi.

Article 59:

Le droit de manifester et de jouir de saculture est garanti.

Il est soumis à la surveillance des pouvoirs publics, dans les conditions fixées
par la loi.

Article 60:

Le droit à la propriété intellectuelle etartistique est garanti.

La recherche scientifique et technologique, l'exercice de l'art et de toute autre


activité culturelle sont libres, sous réserve du respect de la loi, de l'ordre public et de
bonne moeurs.

Il ne peut être porté atteinte aux droitsculturels du Peuple Congolais.

TITRE V: DES DROITS CATEGORIELS

CHAPITRE 1 :DES DROITS DES PERSONNES VULNERABLES

Article 61:

Tout enfant doit être enregistré immédiatement après sa naissance, avoir un


nom et une nationalité.

Tout enfant a le droit de connaître les noms de son père et de samère.

Tout enfant mineur a le droit de jouir de la protection de sa famille,de là


société et de l'État
- 21 -

La loi assure à l'enfant né hors mariage la même protection juridique et sociale


qu'à ceux nés dans le mariage.

Article 62:

La jeunesse congolaise a droit à la protection de sa santé, de son éducation et


de son développement moral.

Les Pouvoirs Publics ont l'obligation d'assurer cette protection.

Les organisations de jeunesse doivent avoir un rôle éducatif. Les Pouvoirs


Publics sont tenus de leur apporter le soutien moral, matériel et financier nécessaire.

Article 63:

Nul ne peut être recruté dans les Forces combattantes et dans lesForces de
l'ordre, ni être autorisé à prendre part aux hostilités, s'iln'a accompli au moins l'âge de
18 ans.

Article 64:

Les personnes âgées, celles vivant avec handicap et les invalides ont le droit à
des mesures spécifiques de protection en rapport avec leurs besoins physiques, sociaux
et moraux. Les droits politiques leur sont reconnus pour autant qu'ils peuvent les
exercer.

CHAPITRE II: DES DROITS DES MINORITES

Article 65:

Les droits des personnes appartenant aux minorités sont reconnus etprotégés
par la loi.

Ils comprennent le droit d'avoir une culture propre, de pratiquer une religion
propre et d'utiliser une langue propre.

TITRE VI: DES DEVOIRS

Article 66:

Tout Congolais a le devoir de participer à un environnement sain et. propice à


son développement et à son épanouissement. Il a le devoir de participer au
développement de la santé publique.
- 22 -

Article 67:

Tout Congolais a le devoir de respecter et deconsidérer ses concitoyens sans


discrimination aucune et entretenir avec eux des relations quipermettent de
promouvoir, de sauvegarder et derenforcer le respect et la tolérance réciproques.

Il a, en outre, le devoir de préserver et de renforcer la solidaritésociale et


nationale, singulièrement lorsque celle- ci est menacée.

Article 68:

Tout Congolais a le devoir de jouir et de préserver le patrimoine commun de


I'humanité.

Article 69:

Les Pouvoirs Publics ont le devoir de collaborer avec les associations


nationales privées qui contribuent au développement spirituel, moral, intellectuel,
culturel, social et économique de la Nation et à l'éducation des masses. Cette
collaboration peut prendre la forme d'une assistance par des subventions octroyées
dans les conditions prévues par la loi.

TITRE VII: DES MECANISMES DE PROMOTION


ET DE PROTECTION

Article 70:

Afin d'assurer le respect effectif et efficace des droits et libertés reconnus dans
la présente Charte et dans d'autres textes pertinents, il est institué une COMMISSION
NATIONALE DES DROITS DE L'HOMME ET DU PEUPLE, C.D.H.P. en sigle.

La. Commission Nationale des Droits de l'Homme et du Peuple est un


organisme public autonome, indépendant et permanent. Il est doté de Ia personnalité
juridique.

La Commission Nationale des Droits de l'Homme et du Peuple comprend des


chambres, un greffe ainsi que des subdivisions provinciales appelées « Commissions
Provinciales des Droits del'Homme et du Peuple».

Le siège de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et du. Peuple est


établi dans la Capitale de la République, celui des Commissions Provinciales au
chef-lieu de chaque Province.

Article 71:

La Commission Nationale des Droits de l'Homme et du Peuple est compétente


pour promouvoir et protéger les droits de l'homme en République Démocratique du
Congo, dans les limites de ses attributions. A ce titre elle reçoit des requêtes
individuelles et/ou collectives introduites pour violation des droits et libertés ; constate
- 23 -

la ou les violations àces droits et libertés, et ordonne toutes mesures de réparation, de


redressement ou de satisfaction équitable

elle assure la traduction, la vulgarisation et l'éducation par tous les moyens


adéquats des normes relatives aux droits de l'homme en République Démocratique du
Congo ;

elle émet des avis consultatifs en direction des autorités pourassurer la


conformité dés lois et pratiques publiques ou privées auxnormes relatives aux droits et
libertés.

-elle est seule compétente pour assurer l'interprétation des normes relatives aux
droits de l'homme en République Démocratique du Congo.

Article 72:

La Commission Nationale des Droits de l'Homme et du Peuple est composée


de 15 membres, dont deux-tiers au moins des juristes,ayant une compétence et une
expérience éprouvées en matière des droits de l'homme et de procédure judiciaire. Ces
membres doivent être de plus haute probité morale et intellectuelle.

Les membres de la Commission, appelés « Commissaires aux Droits de


l'Homme et du Peuple», sont désignés par le Parlement,après avis du Conseil National
d'Ethique, pour un mandat de 7 ansrenouvelable. Ils siègent à titre individuel et ne
peuvent être révoqués que par leurs paires.

Dans l'exercice de leur mandat, les Commissaires s'abstiennent d'exercer toute


autre activité incompatible avec les exigences d'indépendance, d'impartialité, de
moralité et de disponibilité requises pour l'exercice de leurs fonctions. Ils ont droit à
une rémunération adéquate.

Article 73:

Toute personne ou groupe de personnes victime directe ou indirecte d'une


violation des droits. et libertés consacrés par les normes nationales et internationales
en matière des droits de l'homme peut saisir la Commission par une requête
individuelle ou collective tendant à faire redresser ou réparer la violation constatée.

Au cas où la violation d'un droit ou d'une liberté constitue en même temps une
infraction pénale ou une contestation de nature civile, la victime saisit d'abord les
Cours et Tribunaux; si la violation du droit ou de la liberté demeure en dépit de la
décision judiciaire devenue définitive, elle saisit la Commission pour le redressement
de la violation ou pour une satisfaction équitable.

Cette règle ne s'applique pas si le recours aux Cours et Tribunauxn'est pas


effectif et adéquat.
- 24 -

Article 74:

Toutes autres questions concernant l'organisation interne et le fonctionnement


de la Commission sont régies par le Règlement Intérieur

Article 75:

Dans leurs missions ordinaires, les Cours et Tribunaux ont aussi le devoir de
protéger les droits et libertés fondamentaux de la personne humaine

Les Pouvoirs Publics ont le devoir de garantir l'indépendance des Cours et


Tribunaux en vue d'assurer une meilleure administration de la justice et une meilleure
protection des droits, des libertés et des devoirs consacrés par la présente Charte ou par
d'autres Instruments pertinents

Article 76:

L'Etat veille à ce que le statut des O.N.G. et des activistes des droits de
l'homme 'et autres mécanismes de promotion et de défense soit protégé par une loi leur
garantissant des droits et obligations spécifiques.

TITRE VIII :DES DISPOSITIONS

Article 77:
La présente Charte ne peut être révisée que par une loi votée par le Parlement
à la majorité de 2/3 de ses membres.

Article 78:
La présente Charte entre en vigueur à la date de sa promulgation.

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