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par
Mario Tremblay
Faculté de Théologie
Mars 1991
Mise en garde/Advice
SOMMAIRE
Ces quatre propositions peuvent ensuite servir de base à la mise en place d'une
intervention pastorale. Cette intervention n'est pas encore de l'ordre de l'opérâtionnalisation. Ce qui
sera ici proposé ce sont davantage les fondements pratiques en vue d'une intervention pastorale
déterminée. Ces fondements sont de deux ordres : au niveau des structures pastorales, puis au niveau
des mentalités.
A la fin de cette recherche nous voyons comment, même si nous sommes restés collés
à la réalité de Roberval, la problématique soulevée n'en constitue pas moins un questionnement
universel lancé à l'Église. Pour avoir connu plusieurs églises locales a travers le monde depuis
quelques années, je sais à quel point les défis d'ici sont partagés par bon nombre de nos frères et
soeurs chrétiens dons le monde.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE lit
INTRODUCTION 1
1- ÉTAPE DE L'OBSERVATION 4
1. L'observateur 7
4 Éléments-clés de l'observation 29
4 1 Réseau d'Église diversifié et potentiellement
conflictuel 30
4 2 Découverte de la foi 32
4 3 Malaise de l'agent pastoral dans les débats
socio-politiques 34
4 4 Attentes face à l'Institution paroissiale 36
45 Modèle d'accompagnement et de regroupement... 37
46. Divorce entre la vie et la foi 38
Conclusion 40
vi
I I - ÉTAPE DE LA PRQBLÉMATISATION 41
2. Problématisation 57
2.1 Problématisation à l'aide de l'histoire 57
2.1.1 Divorce entre la vie et la fol
2.1.2 Attentes face à la paroisse et malaise de
de l'agent pastoral y oeuvrant
2.2 Problématisation à l'aide d'un concept socio-
logique de Max Weber 64
2.3 Problématisation à l'aide de l'étude d'un mo-
dèle 67
4. Hypothèse de recherche 71
4.1 Réseau communautaire diversifié 73
4.2 La vie et le monde comme lieu théologal 73
4.3 Personnes et Institutions au service de la
mission 74
4.4 Structures de formation et de regroupement 74
4.5 Mission, identité et cohésion communautaire 75
Conclusion 76
I I I - ÉTAPE DE L'INTERPRÉTATION 77
1. Ancien Testament 79
1.1 Dieu et le monde 79
1.2 Exode : création du peuple d'Israéi 80
1.3 Une dialectique : Exode/Création 81
2. Nouveau Testament 84
vil
2.1 Jésus ou l'Incarnation décisive de Dieu dans le
monde 84
2.2 L'Église naissante 89
2.2.1 Mouvement diastolique
2.2.1.1 Distinction
2.2.1.2 Séparation
2.2.2 Mouvement systolique
2.2.2.1 Dispersion
2.2.2.2 Participation
2.2.3 Les sommaires des Actes des apôtres : Illustration des
deux mouvements
2.2.3.1 Enseignement et témoignage des apôtres
2.2.3.2 Koinonia
2.2.3.3 Fraction du pain
2.2.3.4 Prières et fréquentation au temple
2.2.3.5 Rayonnement de la communauté et mission
Conclusion 102
1. Incarnation 104
1.1 Incarnation, création et libération 105
1.2 Données néo-testamentaires 106
1.3 Histoire d'un scandale : celui d'un homme-Dieu.. 107
2. Inculturation 115
2.1 D'abord la culture 115
2.2 Pour une définition de l'inculturation 118
2.3 Fondements de l'incuituration 120
2.3.1 Christologie
2.3.2 Eœiésiologie
2.3.3 Eschatologie
Conclusion 130
viii
Chapitre V : En scrutant notre histoire socio-religieuse 131
3. Magistère 154
3.1 Léon XI11 : précurseur de l'Action catholique 154
3.2 S. Pie X et Benoît XV : sur la vole d'une recon-
naissance officielle 156
3.3 Pie XI : "le pape de l'Action catholique" 157
3.4 Vatican II : l'Action catholique au Concile 160
3.5 Christi fidèles laid de Jean-Paul II : après la
crise 162
Conclusion 175
IX
Conclusion 194
CONCLUSION 195
BIBLIOGRAPHIE 198
ANNEXES :
a organisation, une façon propre d'atteindre les objectifs qu'elle s'est donnés. En
de balises, de règles et de façons de se situer par rapport aux autres dans le tout
social.
de 2000 ans. elle possède sa façon d'être et d'agir, son institutionnairté. C'est la
monde, à la fois des institutions et des croyants eux-mêmes est loin d'être une
"Tant que nous restons d'un côté, à regarder ceux d'en face, nous
ne sommes pas dans la vie mais dans le songe. Alors, sautons dans le flot."1
Cette citation mise en exergue au début de ce chapitre est pour moi lourde de
quelconque. Il nous faut quitter ie songe et sauter dans la vie. Cette vie qui
C'est la vie présente dans une pratique déterminée, les rapports Église-monde
dans ie milieu de Robervai, que nous tenterons de mieux observer tout au long
de ce chapitre.
Observer, c'est aider le réel à pénétrer en nous afin qu'il révèle sa grande
trompeuses.
Robervai, miiieu de notre stage pastoral comme futur prêtre, entre 1987 et 1990.
Dans un premier temps nous donnerons quelques détails sur l'observateur lui-
2
Par le biais flu nouveau code de droit canonique de 1983, l'fgllse universelle rendait
légalement possible la création d'équipes pastorales en proclamant que "là où les
circonstances l'exigent, la charge pastorale d'une paroisse ou de plusieurs ensemble peut-
être confiée solidairement à plusieurs prêtres, â la condition cependant que l'un d'eux soit
le modérateur de l'exercice de la charge pastorale, c'est-â-dire qu'il dirigera l'activité
•.ommune et en répondra devant l'évêque." Code de droit canonique (traduction
française), confé><?nce de? évêques catholiques du Canada, Ottawa, 1984, canon 517,
0.95.
\z- .r.ot "parois:^!:-" rcfirc Ici r,on pac à une limite géographique mais plutôt â la
njnaictlon. Ainsi i entenas pas activités intra-oaroissiales celles ayant lieu a
hiiteîvc1.-;,- ;!c corrr.ttz o* organicaticns relevant directement de la Juridiction de l'équipe
8
sélection, même inconsciemment. Bien qu'il nous faut être ouverts à l'ensemble
s'impose. Le médecin qui passe une biopsie à un patient se doute déjà un peu
Un dernier mot pour mentionner que ce qui sera retenu dans cette
l'Église présente au monde ainsi qu'aux personnes qui font ces institutions. Je
porterai donc un regard tant sur (es institutions (paroisses, Centre populaire) que
connaître :
complémentaires:
temps du stage pastoral (22 mois). Il s'en passe des choses dans un milieu
recueillies durant ce temps n'ont pas fait l'objet d'une cueillette scientifiquement
seulement par les sondages et les enquêtes mais aussi, et souvent plus
librement, par les instantanés, les réactions, les impressions et les sentiments
1988 : tous acteurs d'une pratique dans le milieu. La base de discussion servant
d'Église promu par ces personnes, l'état des relations entre le Centre populaire
12
et l'équipe pastorale et enfin le lien qu'elles font entre leur foi et leur engagement
social. Chacune des personnes prenait le temps de répondre personnellement
et par écrit aux questions et cela servait de base à la discussion.
RENCONTRÉS
ne donnerai ici que ceux apportant un éclairage sur la question traitée ou encore
l'arrivée des Jamme, des Boivin et des Thibeault"5. La ville de Roberval compte
carrés. Son joli nom vient "que le sieur de Roberval, Premier lieutenant général
Jean après Aima, Robervai est surtout axée sur le secteur tertiaire, comme en
témoigne la présence d'un hôpital générai de 310 lits, d'un palais de justice,
5
Rossel ViEN, Histoire de Roberval. Coeur du Lac-St-Jean . Publications de la
Société historique du Saguenay, r.o.15, Chicouttmi, 1954, p.25.
6
Mgr Victor TREMBLAY, Les trente aînés de nos localités , Publications de la
Société mstonaue au Saguenay, no. 19, Chicoutimi. 1968, D. 159.
15
la Caisse, il faut savoir que le mouvement des Caisses populaires au Québec est
populaire proche des besoins des milieux. "La Caisse de Robervai veut renouer
lc
Benoît IREMBLAY, OP. cit. . o58
l
'Fonds aooelê "Fonds d'Épargne et de Prêt Populaire", ou F.E.P.P. Ce Fonds est
administré par la Caisse populaire de Roberva! et s'adresse aux personnes et familles
economiduement défavorisées. Des personnes du milieu déposent donc de l'argent dans ce
Fonds en acceptant, au départ, de renoncer aux intérêts sur cet argent. Les montants
accumulés sont prêtés, toujours sans intérêts, à ceux qui sont en difficulté financière.
12 Ibidem. . p.63
17
dans les années 1970"'' 3. il est à noter, comme le reiève bien Trembiay dans
son document, que ridée de fonder le Centre est né de l'extérieur de la classe
ouvrière. Le besoin a comme été identifié ailleurs, dans un milieu de classe
moyenne et bourgeoise.
5
Ibidem, p.=•-'.
18
propriétaires sont pour la plupart mariés. L'étude fait ressortir trois types de
tertiaires 1 5. Deux tiers des demandes seraient logées pour des besoins
primaires.
reiations avec les deux paroisses ont été pour le moins respectueuses et
Cependant, comme nous le verrons plus loin lors de l'exposition des éléments-
14
SREAULT, OP. cit., p. 55. Cette expression "petits travailleurs", semble référer
'se'on la connaissance mi contexte) a ceux nul sont payés au salaire minimum et qui
occupent souvent ce qu'il convient maintenant d'appeler des emplois précaires et souvent
non-syndiqués.
]b
ici, l'étude ne précise pas ce qu'elle entend par "tertiaires". Par extension, on pourrait
croire au on fait ici allusion aux articles de luxe comme un vidéo, une chaîne
stéréophonique, etc..
16
Ibidem, p. 165
19
Centre au même titre que les autres intervenants. Le fait que je possède une
statistiques sur les personnes recevant un service de notre secteur, etc.. J'ai
finances, etc.).
' ' Les sept secteurs sont les suivants : "Alpha", groupe d'alphabétisation pour adultes,
L'accuei I", groupes d'une vingtaine de personnes ayant pour mandat de recevoir toutes les
personnes qui se présentent au Centre populaire, soit pour prendre un café et parler, sott
pour recevoir un autre service; "l'Association des travailleurs et travailleuses endettes de
Rcberval" où un permanent du Centre reçoit des gens en consultation budgétaire et oriente,
si nécessaire, ces personnes vers le F.E.P.P.; le "Centre de dépannage vestimentaire"
(CDV) qui vend des vêtements usagés et/ou recyclés â des prix très bas, le "Centre de
aeoannage ou meuoie <;CDh) oui a essentiellement ie même mandat que le CDV mais au
niveau dé meubles, le "regroupement populaire des droits sociaux" qui se veut le défenseur
ces oersonnes assistées-sociales en donnant des sessions oe formation et de sensibilisation
et représente, au tesetn, les personnes qui ont a défendre leurs droits auprès des Instances
gouvernementales ou judiciaires; i Atelier de couture et ae récupération qui transforme
f:n cc:i35crat:cn 3vec":e CDV) des pièces de tissus en pièces artisanales eu de tissage.
20
fonctionnent depuis six ans seion ie principe connu maintenant sous i'appeiiation
d'équipe "in soiidum". La responsabilité de cette équipe pastorale s'étend aux
deux paroisses de ia viiie de Robervai. En plus de cette responsabilité, l'équipe
a signé deux contrats de services pastoraux. L'un avec ie centre de détention,
comprenant dix heures de présence pastorale par semaine, et l'autre avec un
centre d'accueil pour jeunes en difficulté d'adaptation (Institut La Chesnaie inc.)
pour huit heures de service par semaine. C'est donc une responsabilité qui
couvre tout ie champ de la pastorale à l'intérieur des limites de ia ville, excluant
les communautés religieuses, les hôpitaux où des aumôniers et agents de
pastorale sont affectés, de même que la pastorale scolaire au secondaire.
18
DIOCESE DE CH!COUT!M!, Organigramme diocésain Chlcoutimi, 1986, p.8.
conseiller en éducation chrétienne à la Commission scolaire de Robervai. C'est
le première personne laïque mariée occupant ce genre de poste dans le diocèse.
Roberval en incluant celie que se sont données les deux paroisses de l'endroit.
dans le cadre d'une table ronde. Le but poursuivi par cette démarche
connaître davantage les joies et les malaises ressentis par ces permanents en ce
qui touche cette question des rapports Église-monde. L'annexe 3 contient les
près les membres de cette équipe durant les deux années du stage pastoral,
table ronde, puis l'ardeur de la discussion qui s'ensuivit sur la question des
rapports Église-monde.
19
A ce moment là, l'équipe pastorale était constituée de deux religieux-prêtres et d'un
rciigieux-frcrc, membres de la congrégation des clercs de St-Viateur de la Province de
johette. et d un prêtre séculier du clergé de Chlcoutimi. Leur moyenne d'âge était de 58
ans.
24
En arrière pian, je vouiais aussi connaître ia pédagogie utiiisée par ces groupes
et enfin les joies et difficultés rencontrées. L'observation s'est réalisée en
octobre 1988, lors d'une rencontre que j'avais sollicitée auprès de ce militant.
La rencontre fut extrêmement cordiale, franche, détendue et approfondie. (On
retrouvera la liste des questions à l'annexe 2)
présent offrent une possibilité de déboucher sur le réel par la prise en charge de
société. Chaque soir de réunion, les membres du groupe se mettent d'accord sur
"On n'apparaît nulle part dans l'organigramme", me dit-il. D'après lui, une peur
serait présente dans ia tête des autorités diocésaines à l'effet que ces
;o
Expression référant a i action ae la foi qui collaDore à l'édification au monae et ae ia
28
4. ÉLÉMENTS-CLÉS DE L'OBSERVATION
I b Dt LOBShWVAl ION
Attentes race a ta
paroisse
A,
m ^ ^ ^ Malaise de l'ayent
^^^^^^^B Modèle
Divorce vie-fol ^ ^ ^ ^ ^ ^ H d'accompagnement
\ "< 1 ^^^^^^^Ê eL oe i eyruupenienL
V i
Réseau d'ÉQ..
11
H H ^m
•r
^ ^ ^ D é c o i i v e r t e de la
^ ^ fol dans
conflictuel
rengagement
30
une coupure entre ce qui est appelé l'Église-institution (assimilée aux prêtres,
base (la communauté du Centre populaire, les pauvres et leurs alliés, les luttes
Tremblay, dans son étude sur le Centre populaire comme acteur social, montre à
quel point le Centre a toujours voulu se garder d'un lien trop étroit avec
entendues en entrevues ont fait grand état de cette coupure entre la base
personnes entendues me confia : "ils (en faisant allusion aux membres du clergé)
prêchent souvent les mêmes choses que nous autres pourtant", voulant montrer
par là qu'au fond les différences sont parfois plus minces qu'on le laisse croire
démarcation entre les "deux types d'Église". Son langage là-dessus est sans
démocratique et pauvre. Un prêtre entendu sur cette question ne cacha pas son
logistique et financière est soiiicitée auprès cie ia hiérarchie et que ceia paraît
question. Je dois avouer avoir été surpris des similitudes entre ce fossé et celui
observé lors d'un séjour de près de trois mois au Chili en 1987. Là-bas, ce fossé
velléités envers cette Église, dite populaire. Le Québec est loin du Chili, son
cela a-t-ii quelque chose à voir avec l'attrait que constitue pour les milieux
sais que l'analyse marxiste, de même que les modèles d'analyse utilisés
2!
Vincent C05MA0, Changer le monde, une tâche pour l'Église. . Paris, Cerf,
!979, p.! 52.
34
pastorale à Roberval, c'est ce pasteur qui portait cette dimension. Sans lui je
crois personnellement que la question aurait souvent été mise de côté au profit
de questions que nous pourrions regrouper autour du religieux, du sacré et du
sacramentel.
foi dans la vie quotidienne", me demanda une personne en interview. Alors que
dans ies années 1940-1960 l'Église était, selon un autre intervenant, "trop
chacun". Nous disent-ils que la messe dominicale n'est pas suffisante pour
soutenir la foi ?
paradoxe existant à ce niveau : "on n'a jamais eu une si belle théologie si mal
supportée à la base I". Je sentais dans le ton employé une grande déception.
base et à se traduire dans des actions bien concrètes. Et ce n'est pas le seul
paradoxe relevé par les gens rencontrés en observation. Le prêtre qui m'a
partagé son malaise devant la difficulté de prendre position dans les débats
foi.
etc..) montre à quel point la population (même les chrétiens qui ne se réclament
pas des catholiques pratiquant régulièrement) tient à un certain lien entre la foi
et la vie privée dans les grands moments de la vie. Comme le mentionne Paul
CHAPITRE II
EN REGARDANT DE PLUS PRES...
!
Jean-Guy NADEAU, "La problématisatlon en praxéologle pastorale", In Cahiers
d'études pastorales no.4, Montréal, Fides, 1987, p. 181.
43
réponse à notre question et qui pointent vers un sens nouveau pour la pratique
concernée.
44
Pour notre part, il semble que trois concepts sont revenus de façon
constante. D'abord le monde. Qu'a-t-on à l'esprit lorsque l'on traite de cette
réalité ? Veut-on dire la même chose tout le temps ? Ainsi en est-il également
du concept d'Église. Enfin, on dit assister depuis une trentaine d'années à la
sécularisation. Qu'est-ce que cela recoupe exactement ?
1.1 Monde
monde d'abord créé par Dieu (Gn 1,1). "Sorti des mains divines, le monde
"on peut dire que le monde est une créature de Dieu (Ps 19,2), mais aussi de
libération"5.
Dieu a tant aimé le monde qu'il lui a donné son propre Fils (Jn 3,16).
L'amour de Dieu persiste donc pour sa création et son Fils vient inaugurer une
nouvelle étape de son histoire. Jésus se donne "pour que le monde ait la vie"
2
Petit Larousse Illustré 1989 , Paris, Librairie Larousse, 1988, p.635.
3
Colomban LESQUIVIT et Pierre GRELOT, "Monde", In Vocabulaire de théologie
biblique Paris, Cerf, 1981, col 785.
4
T. GOFFI, "Monde", In Dictionnaire de la vie spirituelle , Paris, Cerf, 1983,
p.713.
5
Ibidem.
46
(Jn 6,51). Les chrétiens pour leur part sont invités à poursuivre la mission du
Christ, ils sont envoyés "dans le monde pour porter un témoignage qui est celui
du Christ lui-même (1 Jn 4.1 7)" 6 . C'est là qu'entre en jeu l'Église, cette
assemblée des disciples du Christ, envoyée dans le monde pour être au service
de la libération intégrale du milieu dans laquelle elle vit.
6
LESQUIVIT, fliLClL.col., 790.
7
Ibidem, col.739.
8
Ibidem.
9
Jean-François MALHERBE, "La connaissance de la fol", !n I n i t i a t i o n à la pratique de
la théologie . tome l. Paris, Cerf, 1982, p 86-87.
!C
Richara P. McBRIEN, Etre c a t h o l i q u e , tome 2, Paris-Ottawa , Le Centurlon-
Ncvalis, !9S4, p. 57C.
Al
conséquences pour l'Église dans son rapport avec ie monde. Si, comme
McBrien, je dis du monde qu'il est l'ensemble de la réalité créée, j'inclus donc
l'Eglise en tant qu'institution. Ainsi donc, "les fidèles du Christ /..y sont constitués
en peuple de Dieu I..J sont appelés à exercer, chacun selon sa propre condition,
faudra avoir en tête notre souci de ne pas mettre ces termes en rapport de force.
Certes, des époques de l'histoire ne nous aident peut-être pas à comprendre que
l'Eglise se dit pleinement dans le monde, mais ne perdons pas de vue que le
l'Église elle-même" 13 . Rémi Parent est clair lui aussi lorsqu'il affirme :
11
Code de droit canonique Conférence des évêques catholiques du Canada, Ottawa,
'984 canon 204, p33
;2
Concile oecuménique Vatican II . Constitution Gaudium et SDes, 2.2. Pans. Le
Centurion, 1967, p.2!0
1
^Leonardo BOFF, Église, charisme et pouvoir , Parts, Lieu commun, 1985, p.8.
sont toujours dans l'histoire au momont où ils décident de la
vivre en lui donnant un sens chrétien14.
1.2 Église
14
Rémi PARENT Condition chrétienne et service de l'homme . (Coll Héritage et
Projet, no.4). Montréal, Fides, 1973, p.95-96.
15
Concile oecuménique Vatican H , Constitution Lumen Gentium, I, Paris, Le
Centurion, 1967, Vatican II, LG p. 13
16
Ibidem., D 26-27
49
L'Église se constitue donc des hommes et des femmes qui ont pour
seul Seigneur le Christ, rédempteur de l'Homme. Elle se veut aussi germe fort
de foi, d'espérance et de charité pour signifier sa mission d'être "lumière du
monde et sel de la terre "1 ? On le voit donc, la mission de l'Eglise est toute
centrée sur le Royaume de Dieu et "s'adresse à tous et elle est pour tous"18. Et
si on veut mettre en rapport le Royaume, le monde et l'Église, nous disons avec
Boff que l'Église est la "réalisation anticipatrice et sacramentelle du Royaume à
l'intérieur du monde et médiation qui préfigure intensément le Royaume dans le
monde"''9.
réclament la plupart des confessions chrétiennes, l'Église est dite UNE, SAINTE,
CATHOLIQUE et APOSTOLIQUE20.
offertes par l'Esprit. SAINTE aussi parce qu'appelée par Dieu lui-même à
qu'elle est présente partout où Jésus Christ est confessé et où le Rogne de Dieu
a plus ni juif, ni Grec; ...ni esclave, ni homme libre; ...plus l'homme et la femme;
car tous vous n'êtes qu'un en Jésus Christ" (Ga 3, 28). Elle est enfin
;7
lb±dejTL. p.27.
!9
NcDRIEN, OP. cit. , p.46.
1Q
5OFF, OP. cit. 0.8.
?0
votr aussi Christian DL'QUOC. Des Églises provisoires. Paris, Cerf, 1985, p.70-
/4
2;
Hermann HÀRiNû. Église", In Dictionnaire de théologie , Paris, Cerf, 1988,
p.164.
50
APOSTOLIQUE dans la mesure où elle "est fondée sur la foi des apôtres et
qu'elle continue d'y être référée"22.
réunis en ce corps dont le Christ est la tête et qui s'appelle Église. Le lieu même
I.J marqué par l'effort de l'homme, ses défaites et ses victoires"24. Plus loin, le
concile déclare que c'est "l'homme qu'il s'agit de sauver, la société humaine qu'il
22
ibidem.
23
Gaudlum et Spes 1, OP. c i t . , p. 209.
ibidem.. o211
51
cinq aspects :
26
Gérard DEFOI5, Claude LANGL0I5 et Henri HOLSTEIN, Le pouvoir dans rÉglise ,
Paris, Cerf-Desclée, 1973, p.21.
53
1.3 Sécularisation
XVII|ième siècle. Selon Valadier, il est important d'utiliser ce concept lorsque l'on
l'Eglise.
27
Roland CHA6N0N, "Religion, sécularisation et déplacements du sacré", In Sciences
religieuses . vol. 18,no.2, 1989, p. 131.
78
Gérard DEFOIS, Les chrétiens dans la société, (Coll. Manuel de théologie, no. 1 ),
Pans, Desclée, 1986, p.24
29
Paul VALADIER, L'Église en procès. Christianisme et société , France,
Calmann-Lévy, 1987, p,24
54
rochristianisation salvatrice, qui remettrait la société sur ses
bases perdues 3 0 .
Encore une fois, ce que nous disons ici est très partiel. Le danger,
en donnant ces caractéristiques de la sécularisation, est de croire qu'avant les
Lumières la société occidentale était homogène, religieuse, stable, idyllique et
franchement bien réglée. Pourtant cette conception résiste mal au test de
l'histoire.
30
Ibidem. . p.33.
?1
rHAG.NGN, OP. Cit. . D.132.
T9
Frar,z-X3v!cr KÂUFMANN, "Socïctô et Fgltsc" Dictionnaire do théologie Paris,
(>rr ; 1Q88; p./04
33
herve CAKRIER, Évangile e t c u l t u r e s , de Léon X I I I à Jean-Paul II , Cité du
vatican-Partc, Liûrerïa Editrice Vatlcar.a-Mcdiaspaul, 1987, p. 121
55
connaissance doctrinale, la fidélité à la morale chrétienne
n'ont jamais été le fait de toute la population française 3 4 .
Ceci dit, nous savons bien que le référant religieux a occupé une
large place et fut un des éléments importants de la cohésion et de la
symbolisation de nos sociétés. La restriction de nos auteurs ne se veut
nullement interdiction du concept mais simple mise en garde afin d'éviter le
réductionnisme ou la simplification historique abusive. Pour éviter ces
simplifications, il serait sans doute souhaitable de mettre le concept de
sécularisation en relation avec la théorie des déplacements du sacré. "Plutôt que
de parler de dépérissement du sacré, il faut parler des «métamorphoses du
sacré». /.../ Le recul considérable du sacré comme sacré objectai ne contredit
pas la permanence du sacré comme expérience subjective"3^.
37
PPAUL vi, Evangeln Nuntiandi". In La Documentation catholique , no. 1689, 4
janvier 1976, p. 4-5.
57
2. PROBLÉMATISATION
sans doute celle touchant le divorce entre la vie et la foi. Ce fut d'ailleurs le point
séparer chez les personnes engagées au Centre populaire. Ayant très à coeur
individuelle et privée.
58
J'ai mol-même réalisé la synthèse historique que l'on retrouve en annexe 6. Je me
suis cependant inspiré de quelques ouvrages spécialisés sur l'histoire de l'Église. Paul
CHRISTOPHE. L'Église dans l'histoire des hommes . (tome I : "des origines au XVe
siècle1, Paris, Droguet et Ardant, 1982, 528 pages ; tome II : "duXVe siècle à nos Jours",
Pans, Droguet et Ardant, 1983, 635 pages) ; Antonin-Marcel HENRY et Jean CHÉLINI, La
longue marche de l'Église . Pans-Bruxelles, Elsevier-Bordas, 1981, 444pages;
sous la direction de L.-J. ROGER, R. AUBERT et M.D. KNOWLES, Nouvelle histoire de
l'Église . (tome I : "des origines à Grégoire le Grand", Paris, Seuil, 1963, 615 pages;
tome II : "leMoyen Age", Paris, Seuil, 1968, 621 pages; tome ill : "Réforme et Contre-
Réforme", Paris, Seuil, 1968, 623 pages, tome IV : "Siècle des Lumières, Révolutions,
restaurations". Paris, Seuil, 1968, 587 pages; tome V : "L'Église dans le monde
moderne", Paris, Seuil, 1975, 926 pages).
59
indiqué par son ministère l'attention nécessaire que le disciple doit porter à la
vie. Si l'on met le focus sur notre pays réel, on sait à quel point la foi était jadis
missionnaires qui ont aidé à fonder notre pays (ex : Marguerite Bourgeois,
considérée comme la co-fondatrice de Montréal) et ce sont eux (et elles) qui ont
fondé hôpitaux et écoles. Tous s'entendent généralement pour affirmer que vers
Québec a connu lui aussi une longue période de son histoire où la hiérarchie
quel point cette adhésion massive était intégrée dans les consciences de
ont-ils vécu des valeurs chrétiennes à travers des gestes traditionnels ?" 39 . De
chacun ?
remplaçait l'Église dans les services sociaux, les écoles et les hôpitaux. Jadis
39
Jean HAMELIN et Nicole GAGNON, Histoire du catholicisme québécois. Le XXe
s i è c l e , tome ! ( 1 3 9 5 - ' 9 1 0 ) , Montréal, Boréal Express, 1984, p.50.
devenait une voix parmi d'autres, parfois même une voix derrière toutes les
autres.
Et m ê m e si ce p h é n o m è n e , c h a p e a u t é s o u s le nom de
gens n'assistant pas régulièrement au culte "s'attendent I..J à ce que les groupes
mort"42. L'historien Hameiin affirme pour sa part que "le catholicisme domine
40
Jean HAMELIN, H i s t o i r e du catholicisme québécois. Le XXe s i è c l e , tome 2
(1940 à nos jours), Montréal, Boréal express, 1984, p.267.
41
Reginald W. BIBBY, La r e l i g i o n à la carte Montréal , Fides, 1988, p. 109.
42
Ibidem, p. 109.
43
HAMELIN, on. cit. , p.353.
61
nombre de ses fidèles, mais les finances sont, aux dires de plusieurs, assez
bonnes. Dans notre diocèse, il est généralement admis qu'une majorité de gens
bien que des nuances pourraient être apportées, parmi les modes de présence
44
KAUFMANN, OP. C i t . , p. 704
4:3
HAMELIM , op. C i t . , p. 356.
62
catholique qui ont perdu leur vigueur durant la même période. Regroupant les
d'Action catholique sont devenus peu à peu des mouvements marginaux dans
^ I b i d e m . , p.3i3
^Hervé LEGRAND , "La réalisation de l'Église en un lieu", In Initiation à la pratique
de la théologie, tome 3, p. 188. p. . 1 43-346.
63
fui faire jouer une multitude de rôles et lui demander de développer une
derrière les propos de notre militant d'action catholique, force nous est donnée
lorsqu'une demande est faite. Un dernier fait montrant la pression exercée sur la
Robervai. nous avions reçu 13 demandes de la part des offices diocésains pour
nos communautés et assurer les services à la base; par la suite nous verrons."
quasiment plus de prise sur la base autrement que par la structure paroissiale.
de prendre position dans les débats sociaux. Là encore il faut mettre en lien
effet, certains demandent que la paroisse se préoccupe des pauvres alors que
d'autres lui demandent une neutralité exemplaire pour ne pas opérer de scission
dans la communauté ; certains demandent de se préoccuper des enjeux socio-
politiques alors que d'autres veulent au contraire que la paroisse réponde
seulement aux besoins d'ordre spirituel et cultuel. Tous attendent de la paroisse
qu'elle soit le modèle de la communauté, ouverte à tous, formant et supportant
les différentes organisations du milieu (Action catholique, etc.). Bref, un concert
de demandes face à une institution marquée elle aussi par la sécularisation et le
remue-ménage socio-ecclésial. D'où un malaise de l'agent pastoral paroissial
devant ces demandes nombreuses et souvent contradictoires.
-^Lireâ ce sujet Max WEBER Le savant et le politique . (Coll. 10/18), Paris, Pion,
!959, (lire lcGpagcG 172-180 particulièrement).
65
49
Paul VALADiER, Agir en politique. Décision morale et Pluralisme politique ,
(Coll. Recherches morales no.5), Paris, Cerf, 1980, p. 149.
66
à s'apercevoir qu'une visée plus juste conduit à intégrer à sa
propre perspective la visée juste incluse chez autrui*®.
sur les réseaux communautaires conflictuels dans l'Église. En effet, je crois avoir
trouvé une des raisons expliquant les relations parfois tendues et les
idéologique est de rigueur. Il ne s'agit pas ici d'une accusation, mais bien plus
pas une éthique de conviction ? Combien de fois n'ai-je pas entendu des
fait que l'on donne la communion aux bourgeois comme aux pauvres. S'ensuit
de la part de ces personnes une vision de l'Église comme société ambiguë plus
préoccupée de ses intérêts que celles des pauvres. Bien entendu, ce constat
n'empêche pas le sain prophétisme qui dénonce les réels retours en arrière et
^Ibidem. . p. 150.
67
souvent i'Égiise s'est permis non pas une éthique de responsabilité, mais une
éthique de compromis où ies petits ont fait ies frais d'une coiiusion avec ies
oppresseurs. Ceci étant dit. il n est jamais facile de déterminer la frontière entre
crise importante. L'Action catholique qui avait jusque-là regroupée les forces
sans doute ajouter ies difficultés internes propres à ces associations qui ont
est né à Milan en 1954. Ayant résisté à la crise profonde qu'ont connu les
actuelles de l'Église d'ici en cette matière. Le contexte québécois n'est pas celui
de l'Italie, mais je crois que l'exemple du mouvement C & L nous amène à nous
crois pouvoir dire que le discours ecclésial n'est pas ou peu supporté par la
n'est certes pas suffisant. Car nous ne l'avons peut-être pas encore
qui ont du bon sens". Cette constatation trouve un écho chez Paul Valadier
lorsqu'il affirme l'importance de retrouver une présence plus visible contre une
trop grande dispersion; cela étant particulièrement vrai des jeunes, "catégorie
apparaît clairement que la naissance du mouvement, ayant pour but une certaine
Bibliothèque
Université du Québec à Chicoutinn
70
53
Ibidem, .p. 192.
71
4. HYPOTHESE DE SENS
solution possibles à la question que nous venons tout juste de poser. Il faudra
pouvons élaborer un pari d'interprétation, i.e les bases sur lesquelles pourraient
prend en compte que les "tâches de l'avenir se dessinent sans doute sur cette
Parce que l'ensemble de la vie est le lieu où Dieu se révèle et demande aux
(dans ses institutions et ses membres) au coeur même de cette vie sans oublier
Ceci étant écarté, notre pari de sens pourra se constituer et se déployer sur la
54
Ibidem, p. 195
73
ecciésial est reconnu dans sa diversité; 2) si la vie et le monde dans toute leur
réalité sont reconnus comme lieux théologaux où se déploie la foi chrétienne; 3)
si les personnes et les institutions sont reconnues comme agents au service de
la mission; 4) si des structures de formation et de regroupement des chrétiens
sont encouragées et soutenues; 5) si tous ont à coeur de lier ensemble la
mission comme finalité de l'Église avec l'identité chrétienne et la cohésion
communautaire comme nécessité.
doit trouver place dans la sacramentaiisation, la liturgie, les textes officiels, etc..
Rien de ce qui se passe dans le monde et la vie des individus ne doit être
étranger à la vie de l'Église. Le vide le plus important actuellement concerne la
dimension collective à cause de la tendance de la société moderne à privatiser la
foi.
CONCLUSION
en trois chapitres.
77
EN U S A N T LA BIBLE...
avons retenu lors de l'observation et que nous avons tenté de mieux cerner lors
comment d'autres ont vécu leur vie de croyants dans ce monde. C'est ce qui me
dans le monde. Dans une deuxième partie nous interrogerons Jésus et l'Église
naissante dans leur façon de se situer par rapport à cette réalité du monde.
Enfin, nous terminerons en faisant ressortir les éléments essentiels en lien avec
1. L'ANCIEN TESTAMENT
:
jacques TsuôLtT, "L'expérience de Dieu par i expérience du monde", In La présence
au monde comme expérience de Dieu , Cahicrs du Centre Sèvres de Paris, no. 4,
3
Claude WIENER, "L'Exode : la naissance du peuple de Dieu coïncide avec sa libération", In
Cahiers Évangile , no 6, novembre 1973, Pans, Cerf, p. 16.
4
TRUBLET, oo. c i t . , p. 2 4
SGustavo GUTIERREZ. Théologie de la libération. Bruxelles, Éditions Lumen Vitae,
1974, p. 161.
81
A B
Egypte Israël esclave... Dieu regarde son peuple Dieu des pauvres
opprimé
Mer Rouge . échappe à l'oppression sous . le libère et lui fait passer Dieu sauveur
la conduite de Moïse... la Mer Rouge
Sinai . reçoit de lui la Loi qui en . fait alliance au Sinaï et for- Dieu d'Alliance
fait un peuple mule sa volonté dans la Loi
Désert . erre au désert . éprouve son peuple et lui Dieu de pardon
pardonne sans cesse
. finit par conquérir la terre .fait entrer le peuple dans Dieu de fidélité
jadis habitée par ses an- la terre qu'il lui a promise.
cêtres.
sera pris par Israël lors de l'Exil à Babylone. Ce tournant pourrait être divisé en
trois mouvements :
le «point zéro» d'Israël. Ce n'est que par l'Exil cependant que le peuple en est
venu à concevoir Dieu, non seulement comme libérateur, mais aussi comme
créateur. "Gn 1 est né au Vie siècle, alors que le peuple, de nouveau déporté, en
Babylonie cette fois entrevoit... une libération bien plus merveilleuse que la
6
V/IENER, OP. c i t . p. 17.
i b i d e m . , p. 17
82
a
Ibidem, p. 12.
SfiUlimi-A OD Cit. p. 1b9
;
° Ibidem. ^ D. 162
; ;
Pierre-tmiie BûNNARû, "Libération de Babyione, un nouvel exode", in Cahiers
Évangile , no.6, novembre !973, p.30. Voir aussi Pierre GlSEL, "Création et
eschatologie", in initiation à la pratique de la théologie . tome 3, Paris, Cerf,
19S3, p. 621-624.
17
TRUBLET, OP. cit. , p. 26.
lj
Ibidem.
83
2. LE NOUVEAU TESTAMENT
l4
Jean-Pierre JOSSUA, Pour un christianisme Intégralement humain . texte
dune conférence publique donnée à l'Institut de pastorale de Montréal le 13 avril 1983,
P.3
85
par Dieu"15. Dans tout le Nouveau testament "on ne pourrait trouver un langage
plus fort pour décrire le réalisme de l'Incarnation"16.
De tous temps, Dieu a voulu être en contact avec son peuple. Dans
l'ancienne alliance (Ex 29, 45-46), ou dans la nouvelle (Ez 37, 27-28). Dieu se
révèle sur la montagne (Ex 19) et donne ses lois à Moïse. Puis, c'est l'arche
d'alliance qui «abrite» Dieu. Moïse parlera à Dieu dans cette arche. La
présence de YHWH se réalise aussi dans la tente. "La tente, l'arche (et même la
coupée de la vie et affirmeront avec force que "la présence de Dieu n'est pas liée
nouvelle alliance annoncée montre que Dieu mettra son esprit dans le coeur de
19
Ibidem, p. 193
2û
Léonardo BOFF, Église, charisme et pouvoir , Paris, Heu Commun, 1985, p.8.
21
Ibidem.
22
Aoare MYRE. Nouveau Testament et ministères", In Des ministères nouveaux ? .
Montréal, Pau1ir.es, I935, p.100
2i
JCSSUA, OP. c i t . , p. 2.
87
24T
R U E L E T , OP. c i t . , p. 27.
25
J JËREMIAS Le message central du Nouveau Testament. (Coll R>1 vivante no
175), Paris, Cerf, I9ôô (réédition ae 1976), i 24 pages, p. 16.
2
* Ibidem , p. !7
77
Ibidem. . , p.20.
2a
TRUBLET, OP. d t . , p. 29.
88
communautaire et social. Deux mots ont respectivement été accolés à ces deux
messianisme. Il n'est pas inutile pour notre recherche de voir comment Jésus
semble s'être comporté face à ces deux tendances présentes en son temps. 29
qu'il était celui qui allait libérer Israël" (Le 24,21). D'ailleurs, l'entrée dite
attendu (Le 19, 29-40; Mt 21,1-11 ; Me 11,1 -10; Jn 12,12-16). "Mais son attitude
guérissant (Me 9,14-29; Mt 16, 29-31), Jésus montre le caractère à tout le moins
davantage celui qui enferme Israël dans un spiritualisme privé hors de l'histoire.
29
Les réflexions qui suivent m'ont été inspirées par la lecture d'un article de Christian
DUQUOC, "Le salut chrétien comme libération", in Cahiers Évangile . no7, novembre
1974, Paris, Cerf, p 14-17 et aussi du volume du même auteur, Jésus : homme libre
, Paris, Cerf, 1978, p. 4 6 - 5 1 .
30
Ibidem. . Jésus: homme libre . D.50.
31
DUQUOC, OP. c i t . In Cahiers Évangile p 17.
89
"Le salut est là où des hommes rendent libres d'autres hommes."32 Le salut est
donc la réalité qui transcende les coordonnées spatio-temporelles actuelles tout
en s'y enracinant. Plus simplement, "c'est seulement à partir d'un salut
particulier que je puis viser, sans jamais l'atteindre, la libération totale et
définitive."33
32
ibidem.
33
Ibidem.
i4
30FF, OP. cit. . p.3.
90
envoyer le sang à tout le corps, il ne peut en effet que se contracter s'il veut et
mieux jouer son rôle : pomper le sang et assurer que ce dernier se rende partout
lorsque l'on scrute le Nouveau Testament, on se rend compte que l'Église d'alors
Testament l'existence de ces deux mouvements. Trubiet divise pour sa part ces
quotidiennement dans tous les secteurs de la vie, le chrétien ne doit pas pour
91
autant se laisser assimiler ou perdre son identité"^. C'est donc dire que le
mouvement de la mission ne doit pas empêcher le chrétien (et le corps tout entier
qu'est l'Église) de se structurer en lui-même et d'approfondir son identité
personnelle. Plusieurs expressions du Nouveau Testament montrent à quel
point une certaine distanciation d'avec les courants philosophiques et religieux
contraires à l'Évangile était nécessaire pour porter la lumière au monde : ceux
du dehors et du dedans (Me 4,11 ; Th 4,12; Col 4,5); ceux qui sont loin et ceux qui
sont près (Ac 2,39; Ep 2,17); ceux qui sont du monde et ceux qui ne sont pas (Jn
17, 14-16); ceux qui sont d'en bas et ceux d'en haut (Jn 8,23); ceux qui sont
croyants et ceux qui ne croient pas (Ac 15,5; 18,27).
TRUBLE1", OP. d t . , p. 3 1.
92
Co 10,14-22), de la magie (Ac 19,18-19) et des lois qui priment sur l'Évangile du
Christ. "Dans tous ces cas, les chrétiens sont invités «à ne pas former avec les
Royaume aux seuls juifs. Les distinctions de races et de cultures volent en éclat
alors que les juifs évitent la contamination (Jn 4,9). La consigne est claire : ils
séparation sans condition. Bien qu'il apparaisse clairement dans les premiers
temps après le «départ» de Jésus que les disciples se réunissaient entre eux de
façon un peu sectaire (en tout cas en apparence), dès la peur passée, ils
36
Ibidem. , p.32.
93
Le livres des Actes des apôtres, "le plus actuel des livres du
Nouveau Testament"^, est rempli d'exemples nous démontrant l'importance
37
I b i d e m , p. 30
38
Edward SCHILLEBEECKX, P l a i d o y e r pour l e peuple de Dieu , Paris, Cerf, 1987,
p.55.
TRADUCTION OECUMÉNIQUE DE LA BIBLIE. NOUVEAU TESTAMENT , OP. c i t . , p.365
94
service missionnaire dans le monde. A partir des «trois sommaires» des Actes
de la vie de cette communauté chrétienne axée sur les deux mouvements décrits
(décontraction/communion) 40 .
Michel Gourgues divise à son tour ces deux mouvements que j'ai
quelque sorte le "«sommaire des sommaires», en ce sens qu'on y trouve les sept
ê suis inspiré d'un article de Michel GOURGUES, "Mission et communauté (Actes des
-i?> , in Cahiers hvanqile no. 60, Juin 1987, Pans, Cerf, 67 pages, p.
4 i - 5 l . principalement.
ai
I b i d e m.. pp.4 2
^ Ibidem.
95
2.2.3.2 Koinônia
43
Xavier-Léon DUFOUR, Le partage du pain eucharistique . Paris, Seuil, 1982,
256p, p.36.
44
GOURGUES, op. cit. , p. 43.
45
Ibidem.
46
Ibidem, p.46.
96
Koinônia à ce seul aspect économique du partage des biens. "...Ce que vise
Luc, c'est l'union de tous les membres de la communauté entre eux dans une
46) "c'est dans les habitations privées, appartenant à tel ou à tel croyant, que les
fidèles se réunissent pour la fraction du pain."49 C'est alors que l'on peut voir
l'eucharistie comme sommet et source de la vie chrétienne (c.f V II) où elle "lie
communauté est l'assiduité aux prières. On inciut ici à la fois les prières juives
A1
Ibidem, p. 47
^DUFOUR, OP. c i t . , p. 38.
49
tbldcm. p.33.
bQ
I b i d e m . , p. AQ.
97
semble suggérer "qu'aux origines, les chrétiens n'ont pas été perçus ni ne se
judaïsme."51 Ce n'est d'ailleurs qu'à Antioche, donc après l'accueil des païens
dans l'Église, que les disciples reçurent le nom de CHRÉTIENS (Ac 11,26). "Son
apparition manifeste que l'église d'Antioche est perçue par l'opinion non plus
comme une secte juive mais comme un groupe religieux nouveau qui se réclame
une morale : "comme si les communautés, comme les personnes, avaient besoin
sommaire, soit aux versets 12a, 15 et 16 du chapitre 5 : "par les mains des
"transporter les malades... afin qu'au moins l'ombre de Pierre couvrît l'un d'eux."
Tout cet effort missionnaire conduit non seulement des personnes à la libération
mais aussi la communauté elle-même vers une expansion (2, 47c; 5,14). Bref,
5
i GOURGUFS, OP. Cit. , p 50
52
TRADUCTION OECUMÉNIQUE DE LA BIBLE, op. c i t . , 0.393, (note de bas de page
correspondant au verset 26 du chap. 11 des Actes).
^ GOURGUES, OP. Cit. . p. 50.
98
54
PAUL VI, "Evangeiii NuntlancM" , In La Documentation catholique, no. 1689 (4
janvier 1976), p.3.
99
l'Église et de ce qui l'a vu naître n'est pas sans apporter un certain éclairage sur
notre sujet et notre lieu de pratique. Trois éléments importants pour notre propos
ressortant de cette interprétation biblique : il n'y a qu'un seul monde dont l'Église
Le monde est un. Il est certes constitué de plusieurs sphères ou univers de sens
mais tous interdépendants car faisant partie d'un tout unique. La fuite du monde
devient donc surréaliste dans cette optique biblique. De cela nous pouvons
source de péché et de mai mais aussi de grâce. Une pastorale qui ait à coeur de
discerner les signes des temps dans le monde paraît ouverte sur une possibilité
100
Nous l'avons déjà dit, c'est par l'expérience d'un Dieu libérateur
qu'Israël en est arrivé à accéder à la foi en un Dieu créateur. Cette expérience
unique du Dieu de l'Exode modifia substantiellement et durablement la relation à
Dieu. De même en fut-il pour Jésus. Il est venu nous libérer de la mort et du
péché. Sa mort-résurrection fut l'accomplissement total de la libération qu'il
signifiait déjà par son ministère public au service de la libération des hommes et
des femmes.
monde, mais bien davantage pour mieux connaître sa mission dans le monde.
d'enfermer les gens sur eux-mêmes, les amène à s'approcher des autres; ces
Église. Dans un souci de respecter la société qui prenait son autonomie après
dans le monde. L'idéal proposé par plusieurs fut alors d'inciter les chrétiens à
oeuvrer «comme ies autres» dans le monde sans essayer de trop visibiliser et
sensible perte d'identité de la part du prêtre, voire une gêne pour certains de se
CONCLUSION
et le monde. Nous avons entre autre découvert le profond amour de Dieu pour
l'humanité : il l'a créé et s'est «risqué» en chair et en os. Nous avons également
CHAPITRE IV
EN PUISANT À L'ENSEIGNEMENT THÉOLOGIQUE
deux concepts comme étant les clés de voûte pour une présence chrétienne
!
Anselme DE CANTERBURY, in Etre catholique , tome 2, Paris-Ottawa, Le Centurion-
Novalis, 1984, p.40.
104
1. INCARNATION
?
A. HAlTtAN, "La venue du Fils dans l'histoire, premiere étape de la Rédemption", in
Verbum Salutls no 9, Paris, Cerf, 1973, p 135
3
joseph DûRt, Incarnation", in Dictionnaire des religions , Paris, PUF, 1984, p.
766
4 HA.MMAN. op.cit. : , DORÉ, op. cit. ; Francis FERRIER, L'Incarnation , (Coll. que
sais-je, no 24), Paris, Fayard, I960, i 27p; A. VACANTA et E. MANGENOT, 'Incarnation'
In Dictionnaire de théologie catholique , tome 7b, Paris, Letouzey et Ané, 1923,
coi : BERGIER, "incarnation", Dictionnaire de théologie , tome 7, Paris, Louis
Vives, 1874, pp. 63-68, 620 p. , L. BOUYER, "Incarnation", D i c t i o n n a i r e
théologique Tournai, Desclée, 1963, pp. 328-333; Auguste GAUDEL, "Incarnation",
Catholicisme, hier et aujourd'hui, tome 5, Paris, Letouzey et Ané. 1962, col
1411-1435; Jean-Hervé NICOLAS, Synthèse dogmatique. De la Trinité à la
T r i n i t é , Éditions universitaires de Fribourg (Suisse) et Beauchesne, Fribourg-PaNs,
1985.
5
BOUYER, OP. cit. , p.328.
6
BERGIER, OP. cit. , p.63.
105
Dieu créateur. "...On passe de la confession que Dieu a suscité Israël... pour
personne humaine mise à son sommet, est trouvée bonne par Dieu (Gn 1). "Le
// faut découvrir chez les prophètes d'Israël la passion ds Dieu pour la vis
ds Son pmupls : pour son sxistsncs charnaile, quotidienne, pour son
destin collectif, pour ses moeurs sociales /.../ avec une conscience
grandissante de l'universalité de Ses desseins en faveur de l'homme10.
7
Pterre GISEL, "Christologie et eschatologie : Dieu accomplit", In Initiation à la
pratique de la théologie tome 3, Paris, Cerf, 1983, p. 622
8
NICOLAS. OP. cit. .0 446
9
Constitution Lumen Gentium. 2. In Concile Vatican M Pans, Centurion, 1967, p.
M. .
'Qjean-Pisrrs JOSSL'A. La condition du témoin . Paris, cerf, 1984, p. 44.
106
119,151). "Il n'est pas un être suprême que sa perfection isolerait du monde,
mais pas davantage une réalité qui se confondrait avec le monde."11 Voilà un
renversement radical. Alors que bien des croyances divinisaient la nature et ses
soleil ne sont que des luminaires fixés par Dieu /.../ pour être au service de
"Le Nouveau Testament pose les bases qui ont conduit à énoncer
C'est sans doute le Prologue de saint Jean qui nous met le plus explicitement sur
cette piste : "Et le Verbe fut chair et il a habité parmi nous"14. Jean nous révèle
aussi la mission de Jésus incarné : "Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas
s'opérera donc par la venue de Jésus-Christ dans le monde. Le Verbe fait chair,
l6
HAMMAN. OP.rtt. . P. 135.
17
Constitution Gaudium et Spes, no. 22, S 2, Concile Vatican I I . oo. c i t . p. 236.
18
1 Tim., 1,15.
iq
VACANTActMANGEN0T,OJL_£lL, colonne 1486.
20
BEAUCHAMP. op. c i t . . colonne 1022.
108
scandale d'un homme qui serait Dieu, l'intelligence humaine a buté dès le départ
permanent qui demeure tout à fait vivant aujourd'hui et qui n'est pas sans
permanent que cause l'incarnation chez les croyants. Qu'un homme bien en
chair, juif par sa naissance et son éducation, incarne Dieu lui-même n'a jamais
été facile à accepter pleinement, avec toutes les conséquences qui s'ensuivent
pour la foi. "Dès les origines de l'histoire de la théologie, la plupart des hérésies
ou des discussions doctrinales que nous connaissons ont mis plus ou moins
la difficulté pour les humains d'accepter l'Incarnation. Pensons à saint Paul lors
2
'Bruno CHENU et François COUDREAU (sous la direction de). La fol des catholiques
Dans, Le Centurion, 1Ç84, p. 325-325.
22
J LIEBAERT. L'Incarnation. Des origines au concile de Chalcédoine . (Coll.
Histoire des dogmes), Paris, CerT, 1966, p.45.
2i
Le dccétisrre est cette "hérésie des premiers siècles, qui professait que le corps du
Chnsr n'avait été que pure apparence.. " Petit Larousse I l l u s t r é - 1 9 8 9 , Paris,
ic Laoruscc, 1988, p. 333.
109
homme ordinaire qui aurait reçu en lui le Christ. "Le IV«ème devait être l'époque
l'arianisme en furent les principales figures. C'est aussi le début des conciles
d'Apollinaire).
2
\iebaert, OP. c i t . , p. 54
25
Ibidem. , p. 112
?6
Gervals DUMEIGE, La fol catholique , Paris, Éditions de l'Orante, 1969, p. 8.
27
UÉBAERT, OP. c i t . , p. 83.
1 10
"qu'à partir de l'incarnation ii n'y aurait pius qu'une seule nature dans le Christ :
(en grec physis) :la nature divine absorbant en elle la nature humaine." 28
qu'apparaît "la conclusion de tous les efforts des siècles antérieurs pour exprimer
l'unité de Jésus est réelle quant à la personne alors qu'il y a dualité quant aux
natures.31 Cette formulation conciliaire "a été et demeure un appui pour la foi,
a) Si Jésus n'est pas Dieu, alors il n'est venu apporter aucun salut.
Nous sommes encore dans notre péché et sans certitude en ce qui concerne
l'avenir.
b) Si Jésus n'est pas un homme, alors le salut ne nous a pas été
apporté, à nous les hommes.
c) Si son humanité n'est pas «de-Dieu» (dans la même mesure où
mon être propre est mien, en rigueur de terme), alors la divinisation de l'homme
n'a pas été pleinement réalisée et Jésus n'est pas véritablement Dieu.
d) Si l'humanité venue «de Dieu» n'est pas une véritable humanité
et ne reste pas une humanité, alors ce n'est pas l'homme qui est sauvé en Jésus,
mais un autre être.
J2
CHENU et COUDREAU, OP. cit. , p.332.
33
Léonardo BOFF Jésus-Christ libérateur Paris, Cerf, 1977, p. 190-191
34
00RF OP. Cit. . p.767
35
l a "Formule d'union entre Cyrille d'Alexandrie et les évêques d'Antiocne" en 433 et la
"Lettre de Léon le Grand à Flavton de Constantinople" en 449.
112
concile de Florence.
pas été traités devant un grand concile."38 Ainsi, Anton Gûnther (1783-1863) qui
devant la divine, fut condamné par Pie IX en 1857. 39 La pensée orthodoxe sur le
sujet fut aussi rappelée quelques années plus tard lors du 1er concile
oecuménique du Vatican.
36
GAUDEL, OP. c i t . , colonne 1426.
37
P. GUÉRIN, Les conciles généraux et particuliers , tome II, Éditions Victor
Polmié, p. 342-344 et P. MANSI, Sacrorum Concilforum nova, et amolisslma
collectif), H. Welter éditeur, 1903, colonnes 568-570.
38
GAUDEL, OP. cit. , colonne 1426.
59
Ibidem, col M27.
1 13
correctement, et avec toutes les conséquences que cela implique, cette vérité
profonde et mystérieuse, cette pierre angulaire du christianisme. La résurgence
de la question au XX'ème siècle après des années d'effacement relatif, montre
bien que la situation de Jésus dans l'économie du salut ne sera jamais une
chose «évidente» tant eiie vient bouleverser radicalement les conceptions
magiques et «naturelles» du sentiment religieux des humains.
1 15
2. INCULTURATION
montre à quel point le mot culture est devenu un concept fondamental en science
croyances, l'art, le droit, la morale, les coutumes et toutes les autres aptitudes
qu'acquiert l'homme en tant que membre d'une société"49.
mot culture, Eslin retient deux ordres de problèmes; le premier touche la culture
qui est la nôtre, "dans laquelle se poursuit notre travail personnel de formation"50;
le second, la culture des autres : celle des africains, des asiatiques. Il y a donc
PROJET. Héritage parce qu'à notre naissance nous sommes projetés dans le
monde mais dans un monde précis; qui possède sa culture propre. Je nais
m'incuiture en elle . Plus tard, je pourrai fuir cette culture, la rejeter, l'approfondir,
héritage mais aussi une réalité dynamique et vivante qui est "davantage un plan
générations» n'est souvent autre chose qu'un conflit entre une forme d'héritage
a9
TAYL0R, "Primitive culture" In "culture et cultures", Dictlonaire des religions
&3Ns, PUF, 1984, p 356
5
°jean-Clauae ESLIN, La culture, in Initiation à la pratique de la théologie .
tome 4, Paris Cerf, 1983, p.622.
bl
PEELMAN, OP. Cit. , p. 46.
1 17
Gérard Defois définit ia cuiture en cernant assez bien le sens de cette acception
en cette fin de XX i è m e siècle :
...le mot «culture» désigna tout ce par quoi l'homme affine et développe
les multiples capacitéa da son aaprit at da son corpa; s'afforça da
soumettra l'univers par la connaissance et la travail; humanisa la via
sociale, auaal bien la via familiale qua l'anaambla da la via civile, grâce au
progrès dm» moaura at daa institutions; traduit, communiqua at conserve
enfin dans sas oeuvres, au cours daa tamps, lea grandaa expériences
spirituelles at lea aaplratlons majauraa da l'homme, afin qu'elles56servent
au progrès d'un grand nombre et même de tout la genre humain .
52
Gérard DEFOIS. Pour une éthique de la culture . (Coll. Église et société), Paris,
Le Centurion, 1988, p. 14.
53
Jules GRITTI, "culture et cultures", In Dictionnaire des religions. Paris, PUF,
1984, p. 357
54
0EFOIS.OD. Cit.
Constitution Gaudium et Spes, no. 22, S 2, Concile Vatican II , oo. c i t . , Gs 53, no.2,
P,234.
1 18
5S
PEELMAN, OP. C i t . , p. 53.
^ I b i d e m . , p.60.
^CARRIER. OP. Cit. . S. MO.
119
processus, i.e une dynamique vivante. De plus, Sheuer affirme que c'est la «vie»
société. Ce n'est pas d'abord l'Église qui est l'objet d'inculturation mais
donc lui seul et son Esprit qui sont les sujets de l'inculturation de l'Évangile dans
59
Petit Larousse 11 lustré-1989 Paris, Librairie Larousse, 1988, p. 514.
60
PEELMAN, OP. Cit. , p. 113.
61
J SCHEUER, "L'inculturation. Présentation du thème", In Lumen Vitae . vol. 39,
'984, no 3, p. 253.
S2
René JAÛUEN, Les conditions d'une inculturation fiable", In Lumière et vie, Tome
XXXiii-, juillet-août-septembre 1984, no. 168, p38.
bi
PEELMAN, on. cit. , p. 121.
120
l'Église présente dans les cultures, mais cette dernière doit "apprendre à mieux
voir comment Celui qui précède ses disciples en Galilée /.../ continue à les
devancer partout où ils se rendent"64. L'Esprit du Christ nous précède toujours
en mission. Il est «déjà là» mais «pas encore» totalement identifié.
2.3.1 Christologie
64
tbldcm. , p. ! 22
. ,p.M5
121
venu chez nous pour sauver tous les humains; pas seulement ceux de culture
juive. Et pourtant ii l'a fait "en Rengageant dans une seule humanité, en étant un
humaine et toutes les personnes qui sont assumées en vue d'être sauvées; mort,
car "tout ce qui a besoin d'être racheté passe par le mystère pascal"69 et enfin
résurrection car tout cela est renouvelé et atteint son accomplissement. On peut
donc affirmer que 'Tincuduration est fondée sur le mystère de l'Incarnation mais il
66
JA0UEN, OP. cit. , p.38.
67
lbldem., p. 39
68
Ju)es GRITTI. L'expression de la fol dans les cultures humaines . (Coll. Croire
et comprendre), Pans, Centurion, 1975, p 104.
69
D5. AMALORPAVADASS, "Réflexions théoloqiques sur l'inculturation", nLahalson-
Qlejl, no. 179, Parle , Cerf, ! 989, p.61
/0
PEELMAN, OP. d t . , p. 135.
122
2.3.2. Ecclésioloqie
l'humanité avec Dieu, n'existe pas pour elle-même, mais dans le but "d'édifier le
Pentecôte. "Ils furent tous remplis d'Esprit Saint et se mirent à parier d'autres
les Actes, il apparaît que "parler d'autres langues c'est se faire entendre dans la
langue des autres peuples et tel est, pour l'auteur, l'aspect majeur de
l'événement"73.
2.3.3 Eschatologie
point futur ultime et synonyme des fins dernières, mais également comme
7!
Ibidem, p. 128.
72
JEAN-PAUL II, Redemotor homlnis . (Coll. l'Église aux quatre vents), Montréal,
P^es, 1979, p 44-45
73
Traduct1on oecuménique de la bible. Nouveau Testament , Parts, Cerf-Les
bergers et les mages, '972, p.365.
/4
PEELMAN, OP. Cit. , p. 129.
123
Ce que nous disons ici est à mettre en lien étroit avec l'Incarnation.
humaine. Une histoire universelle qui s'est toujours incultures dans des peuples
bien précis, dont Israël. Et poussant cette inculturation jusque dans chacune des
personnes, on apprend que "tous seront jugés «katà ten prâksin», i.e selon leur
bien que la foi doit s'annoncer dans le «déjà là» du Royaume, ici et maintenant.
Les cieux nouveaux et la terre nouvelle promis par Jésus-Christ nous sont déjà
donnés.
75
lb1dem., p. 131.
76
tbtdem. , p. 132
124
3. INCARNATION ET INCULTURATION : CLÉS DE VOUTE
POUR UNE PRÉSENCE CHRÉTIENNE SIGNIFIANTE DANS
LE MONDE
des actes privés sont encore le fait d'un nombre important de personnes mais le
lien quotidien entre la foi et la vie fait souvent défaut. Foi et culture se rejoignent
sortes de façons, plus subtiles les unes que les autres. Dans l'idéologie de la
pour un christianisme pius «spirituel»,etc.. Dans tout cela on nie une part de
"Jésus-Christ n'a pas craint d'entrer dans l'histoire et de s'y faire assassiner,
alors que nous entrons souvent dans la religion pour faire l'économie de
celui qui veut étayer cette thèse de la fuite du monde par «i'eschatologisme»
une nouvelle lecture inscrivant dans la durée les orientations qu'il avait
77
n OE MONT AL VON, m Condition chrétienne et service de l'homme . Essai
d'anthropologie chrétienne , (Cou Héritage et projet, no 4), Montréal, Fides,
1973, p. 95, 197 p.
78
J0S5UA. OP. d t . . p.39.
^Ibidem.
126
chrétien. Les deux expressions ne sont certes pas équivalentes, mais être
humain n'est pas mettre sa foi chrétienne sous le boisseau. Jean-Paul II a bien
explicité ce dualisme que nous devons surmonter. "Tandis que les divers
dimension qu'il voulait donner à l'homme dès son premier instant, et il l'a donnée
l'intérêt pour l'humain et son monde, loin de porter ombrage à Dieu, peut être
chemin vers la foi en Lui et lieu où la foi peut être vécue comme ferment de
80
lb1dem. p. 4 6 - 4 7
8
'JEAN-PAUL I I , Dives In m i s e r i c o r d i a . (Coll. l'Église aux quatre vents) ,
Montréal, Fides, 1981, p. 5-6.
82
Damalz1oMONGILLO, "Anthropologie dogmatique", In I n i t i a t i o n à la pratique de la
théologie, tome 3, p. 567
83
JEAN-PAUL II, RederrtDtor nom 1M s , OP. c i t . . p 5
127
34
Jesus ESPEJA. L"Église mémoire et prophétie , Paris, Cerf, 1987, p.90.
s5
Simon DUFOUR, Devenir libre dans le Christ , Québec, Éditions Anne Sigier,
:9S7, p. 67,
128
énergies que dans le seul réseau paroissial on est alors en droit de se poser la
constitutif de leur mission ? Les laïcs sont-ils aussi bien reconnus dans leur
il perçu comme plus fidèle à son appel baptismal lorsqu'il porte une aube ou
comme don de la grâce, mettez-le au service des autres, comme de bons gérants
réflexion sur les «nouveaux ministères» n'a pas encore pris cette question
dans une Église tout entière au service du Royaume et de la mission, j'ai lu avec
dernier synode. "Christi fidèles Laid" affirme avec un certain courage, contre un
129
courant spirituaiiste, qu'il n'y a pas deux vies parallèles chez les chrétiens, une
Le sarment greffé sur la vigne qui est le Christ donne ses fruits en tout
secteur de l'activité et de l'existence. Tous les secteurs de la vie laïque,
en effet, rentrent dans le dessein de Dieu, qui le veut comme «Heu
historique» de la révélation et de la réalisation de la charité /.../ Toute
activité, toute situation, tout engagement concret /.../ tout cela est
occasion providentielle pour «un exercice continuel de la fol, de
l'espérance et de la charité» 86 .
CONCLUSION
dans une culture déterminée. Notre propos sur cette Incarnation en Jésus-Christ
nous a logiquement poussé à affirmer qu'il doit en être ainsi pour l'Église,
nouveau corps du Christ en ce monde. Eiie s'incarne en épousant totalement la
cause de l'humain et eiie le fait d'autant mieux qu'elle permet aux cultures
ensemble les interprétations historique et m agi sté ri elle s'est fait notamment à
cause d'un sujet qui leur est commun, l'Action catholique (AC). Quand on scrute
compte à quel point la position qu'a pris le magistère sur cette question et les
1.1 Le X I X i è m Q a i è c l e : r é v o l u t i o n i n d u s t r i e l l e at
préoccupations sociales
7
lbidcm., p. 149
instruction pastorale et mandement de S.E. Mgr le Cardinal DE BONALD à l'occasion du
Carême de 1842, cité in Pour lire l'histoire de l'Église, tome 2, Paris, Cerf,
1986, p. I l 7.
134
4
Kar! MARX et Friedrich ENGELS, Manifeste du Parti communiste , éditions
sociales, Paris, 1973, p39
5
Roger AUBERT, Utglise catholique de la crise de 1848 a la première guerre mondiale",
!nNouvelle histoire de l'Église, tome 5, Paris, Seul 1, 1975, p.160.
130
églises pour stimuler le zèle chrétien. Voilà pourquoi à côté du prêtre de paroisse
grand essor à ce mouvement qui désire, par l'action syndicale entre autres, briser
rayonnement sur lui, d'exposer et de défendre la foi dans une langue qu'il
pourquoi on peut affirmer que c'est i'AC "qui se préparait dans cette multitudes
6
lb1dem. p. 148-149.
"ibidem., p. 150
3
Yves M.-J. CONGAR. Jalons pour une théologie du lalcat , (Coll. Unam Sanctam
no 23) , Paris. Cerf, 1954, p. 503.
i b i d e m , p.504
136
10
PAUL VI. La responsabilité politique des chrétiens . Editions ouvrières. 1971,
0.28
' 'CEL/AM, "La pastorale dans les grandes villes latino-américaines", In Documentation
catholique . no. 1843, 2 Janvier 1983, p.59.
137
;5
v o i r Ci ornent Û I L L E N S C H N E I D E R . La p a r o i s s e e t son c u r é dans le m y s t è r e de
l'fgHse , Paris, Aîsatia, :<365, p. ïC, François HOUTART, on. cit. ; André CHARRON,
'"Les r^rpct^r^tiqueç théorique? d'une communauté chrétienne". In Communauté
chrétienne . janvier-février i 978, voi. i7, no 97, pp. 17-52; Georges hi LOT, La
ZJTC'ZZÏ ii*\z et orcrtatxr.", in Communauté chrétienne Janvicr-rôvrtcr 1973,
vr.l 1 -' on Q/_ nnsq-fNft
' "..• P:ri-iv, .; ? HFKIMAUX et E. SFRVAIS, i_e phénomène paroissial aujourd'hui", in
Lumière et Vie r: !23 t : ~ e XXV, j-jin-j'ji!!et 1975, pp.25-36
139
TEMPS F Q R T $ Base spatiale comme support de la j Pratique centrifuge et temps forts pri-
1 symbolique. i vatees ou personnalisés au niveau de
! «égise = centre du vilage». j ta famille et des amis proches.
i Structuration du temps social selon que Base temporelle comme support :
i le dimanche est un temps fort pour tousJ (horaires de travail, commerces, tra-
; (messe, kermesse, commerces fermés ! vail le dimanche, etc..)
: et semaine comme temps ordinaire i
' pour le travail) !
1 / ean
i C0M5v, Pour lire l'histoire de l'Église , tome 2, Paris, Cerf, ! 986, p. ! 22.
140
En schématisant, on pourrait regrouper sous sept thèmes ce vent
-Cette enumeration en sept points est inspirée des réflexions de Richard McBRIEN. Etre
catholique , terre 2, Paris-Ottawa, Le Centurion-Novalis, 198-^1, pp.92-93.
Le progrès et i'autonomisation des sciences avaient remis en
question un certain nombre de doctrines dans l'Église. La philosophie pour sa
part avait aussi, avec Kant et Comte, affirmé que Dieu ne pouvait être atteint par
la raison; d'où l'inutilité de la question. L'humanité arrivait à l'âge de la science
et un certain positivisme faisait de la religion une chose du moyen-âge. La
controverse sur «l'origine des espèces» de Darwin est symptomatique du fossé
qui séparait les «religieux» des «scientifiques». Le malaise atteint le coeur de
i'Égiise avec Renan qui fait découvrir un Jésus admirable, sans plus. "La science
ébranie toutes les certitudes acquises"19. Les sciences religieuses, l'exégèse,
ies dogmes, tout y passe. C'est la grande mêlée des idées en Europe. Le
magistère intervient et Pie X condamne le modernisme, "ces efforts heureux et
malheureux visant à concilier ies acquisitions récentes du savoir et les exigences
permanentes de la foi"20 O u , pris négativement par Pie X, cet "ensemble
d'erreurs doctrinales nettement caractérisées constituant le point
d'aboutissement des tendances hétérodoxes"21. Le pape condamne donc le
modernisme en 1907 via deux documents : le décret Lamentabili, rassemblant 65
propositions condamnées et l'encyclique Pascendi, présentant un portrait-robot
du modernisme.
o ! /h
c
Ibidem. , D. I / /
— Rcqer AUBERT, i-ioûernisme", in C a t h o l i c i s m e , tome IX, Paris, Letouzay et Ané,
!QS2, col. 443 (col. 448-455)
142
??
C0M8Y, OP. c i t . , p. 140.
23 CONGAR, OP. c i t . , p. 498.
144
Chrysostome est sans doute parmi les Pères celui qui a, dans son action
pastorale, traduit ces affirmations fondamentales de l'Évangile avec la fidélité la
pius insistante"24. Plus tard, on retrouvera les François d'Assise, Dominique,
Las Casas, les jésuites et leurs reducciones en Amérique du Sud, etc..
acception la plus obvie, n'est rien d'autre qu'un acte conforme aux principes de
jusqu'en 1925. On parie alors d'action catholique comme devoir des prêtres et
des laïcs dans l'Église et la société. Déjà Léon XIII montre l'importance
d'organiser cette action des cathoiiques dans des oeuvres, des associations et
des organismes26. pj e x, par la suite, traçait les grandes lignes de ce qui allait
24
lb1dem. , D. 500
25
MgrLuiqi CiVARDI, Manuel d'Action catholique Bruxelles, Éditions de la Cité
chrétienne, 1934, p.21.
26
Voir à ce sujet la lettre encyclique de LÉON XIII, "Graves de communi", In Lettres
apostoliques de S.S Léon XIII , Paris, éditions A. Roger et É. Chernoviz, pp. 179-
207
2/y O jr DIE xi, "il fermo proposito", m F. Utz, La doctrine sociale de l'Église à
trayersjes_slèçje.s_, tome II, Herder-Beauchesnes et ses fils, Bâie-Rome-Parls,
145
Que recherche donc l'AC, quels sont les buts poursuivis par ces
dizaines de branches qui ont toutes à coeur d'améliorer la «signifiance» de la
présence chrétienne dans le monde ?
31
Anton!n-Marcel HENRY et Jean CHÉLINI, La longue marche de l'Église . Paris-
RnjxeHes, Elsevier-Bordas, 1981, p 104
32
Émile GuERRY. "Action catholiaue", in Catholicisme, tome I, Paris. Letouzay et Ane.
1948, colonne 100.
^Ibidem.
147
de l'apostolat, et à coordonner les différentes
expressions de celui-ci. 3 4
b- Les laïcs se forment et s'entraînent, ils réalisent
leur apostolat propre dans leur vie réelle et leurs
milieux de vie habituels, en assumant la condition
humaine, telle qu'elle se présente journellement; en
tâchant de découvrir, de juger et de résoudre leurs
propres problèmes et ceux des autres; en réalisant, au
coeur même de leur vie profane, la mission
apostolique qui leur est confiée par le Christ et par
l'Eglise 35.
37
CARDIJN. OP. c i t . . p. 15!
38
l b 1 d e m . , p. ! 52
149
travail missionnaire. "On ne témoigne pas seul, comme on ne se sauve pas seul.
ii faut y voir aussi l'exigence d'un vrai réalisme chrétien" 39 . Il ajoute cependant
que l'on doit à tout prix éviter les cercles fermés et les clans. On pourrait
aujourd'hui ajouter que ce danger de «sectarisme» est encore plus grand dans
la mesure où les chrétiens engagés sont minorisés et parfois ostracises.
3Q
ibldcm., p ; 63
Ibidem. . ? 3?
150
«C», (allusion à chrétienne) qui est de trop aujourd'hui et fait peur"; me dit-elle
sans aucune gêne ni malaise. On sent bien que la question n'est pas tant de
rassembler ies personnes concernées dans une relative unité. Il sera également
41
Jean MOUSSÉ, "Avenir de l'Action catholique". In Études Juin 1971, p.937.
42
DE VAUCELLES, OP. c i t . . py!28.
152
plus difficile d'être chrétiennement présent aux milieux de peur que ces derniers
se sécularisent et coupent les ponts avec l'Église. Les syndicats, les hôpitaux et
les collèges deviennent «laïcs» et la présence chrétienne restante est contestée.
C'est l'éclatement à l'intérieur des milieux. Toute cette problématique pose de
sérieuses interrogations à l'AC.
, pp. d t . , p. 927
153
résoudre au plus petit dénominateur commun qui constitue alors une sorte de
problème commence iorsque l'un des deux se réduit pour l'autre ou que l'autre
C'est ainsi que plusieurs en sont arrivés à douter qu'il y ait une
culte; les combats sociaux se réalisant avec les «hommes de bonne volonté».
"A leurs yeux, la doctrine sociale de l'Église ne propose plus que des lueurs
vacillantes auxquelles peu portent attention"4*. Par ailleurs, on sait très bien, en
tout cas au Québec, que l'action officielle et fortement collective des catholiques
i'atomisation actuelle, n'y aurait-il pas une voie intermédiaire, respectant l'identité
chrétienne, la mission de l'Église et ceux qui n'ont pas les mêmes motivations ?
suffisent pour montrer à quel point sont complexes et étendues les raisons de ce
déclin. Nous reviendrons plus loin sur les voies de solutions possibles lors du
i b i d e m . , p. 930
^ E VAUCELLES, OP. cit. , p. 132.
154
47
!_É0N XIII. Rerum Novarum . Editions Soes. Paris, 1956, p.68.
^COMBY, OP. c i t . , p. 174.
49
Vo1r'JTZ, OP. c i t . . p.1004-1027.
137
Recevez donc dee éloges bien mérités, ainsi que tous ces
vaillants auxiliaires, prêtres et laïques, que Nous voyons
avec joie prendre chaque jour leur part de cette grande
tâche, Nos chers Fils dévoués de l'Action catholique, qui
généreusement se consacrent avec Nous à la solution des
problèmes sociaux... 5 4 .
il s'agit donc pour Pie Xl de "recruter et former dans le sein même (des
classes sociales) des auxiliaires de l'Eglise qui comprennent leur mentalité, leurs
aspirations, qui sachent parier à leurs coeurs dans un esprit de fraternelle
5
-viE Xi, "ûuadraqesimo anno", in F. Utz, La doctrine sociale de l'Église à travers
les siècles , tome !, Hcrdcr-Bcauchcsncc et ces flic, Bâle-Romc-Paris, 1970, p.655.
^ibidem. , p. 657
139
Bref, qu'on retienne d'abord que Pie XI est le pape qui permit à TAC
de prendre un réel envol et par ailleurs qu'il est difficile de trouver une date
-ibidem.
. , p. 659
D'ailleurs, entre 1922 et 1931, plus de 125 gestes officiels émanant du Saint-
sacerdoce ministériel qui sont ordonnés l'un à l'autre. Ainsi il n'y a pas les laïcs
en dessous des clercs mais des fidèles du Christ témoignant, selon leur volonté,
leurs charismes et, dans certains cas selon la mission reçue, du Christ sur toute
la surface de la terre, "et rendre raison, sur toute requête, de l'espérance qui est
en eux d'une vie éternelle"62. Vatican II dit qu'il y a dans l'Église diversité de
ministères, mais unité de mission. On voit ainsi que personne n'a raison de
cuitiver ies complexes d'infériorité ou, pire encore, de supériorité. Tous sont unis
leur apostolat, le concile énumère les trois buts à atteindre par cet apostolat :
famille, le milieu des jeunes, le milieu social, ainsi que les secteurs national et
conciie aborde les divers modes d'apostolat. C'est dans cette dernière section
Pères du concile énumèrent ies quatre principaux éléments qui caractérisent les
4. mandat de la hiérarchie.
Après avoir rappelé que les laïcs sont tous des sarments de l'unique
vigne qu'est l'Église, le pape en déduit que cet état oblige à porter du fruit.
"Porter du fruit est une exigence essentielle de ia vie chrétienne et ecclésiale.
Celui qui ne porte pas de fruit ne reste pas dans la communion"**?. Dans ce
contexte d'une Église missionnaire, "le Seigneur confie aux fidèles laïcs, en
communion avec tous les autres membres du Peuple de Dieu, une grande part
de responsabilité"6^, || s'agit de vivre et d'annoncer l'Évangile en servant les
personnes et la société. "Malheur à moi si je n'annonce pas l'Évangile" 69 C'est
ici que le pape plonge et affirme que cette nouvelle evangelisation "sera possible
si ies fidèles laïcs savent surmonter en eux-mêmes la rupture entre l'Évangile et
ia vie. en sachant créer dans leurs activités de chaque jour, en famille, au travail,
en société, l'unité d'une vie qui trouve dans l'Évangile inspiration et force de
bb
JEAN-PAUL i l , C h r i s t ! f i d è l e s l a i d , (Coll. L'Église aux quatre vents), Montréal,
Fiaes. i 969. D. lu.
67
lbidem. . o.9l.
^Ibidem.
164
le divorce vie-foi. Le pape exhorte ainsi les laïcs à ALLER DANS LE MONDE car
charité, participer à la vie politique qui existe pour le bien commun, promouvoir la
justice et une société renouvelée par l'amour, situer l'homme au centre de la vie
économique et sociale, évangéliser les cultures, etc.. Bref, le pape exhorte toute
plus beau, davantage selon le coeur de Dieu et des plus belles valeurs
ministères depuis une quinzaine d'années, il sent le besoin, avec l'ensemble des
Nuntiandi".
7
°JEAM-PAUL 11 OP. cit. p. 97-98
71
Ibidem, p. 105
"'Ibidem. , p.53.
165
Ld champ propre do lour (les laïcs) activité évangélisaîricG,
c'est le monde vaste et compliqué de ta politique, du social,
de l'économie, mais également de la culture, des sciences et
des arts, de la vie internationale, des mass média ainsi que
certaines autres réalités ouvertes à l'évangélisation comme
sont l'amour, la famille, l'éducation des enfants /.../ Plus il y
aura de laïcs imprégnés d'Évangile responsables de ces
réalités et clairement engagés en elles, compétents pour les
promouvoir et conscients qu'il faut déployer leur pleine
capacité chrétienne enfouie et asphyxiée, plus ces réalités,
sans rien perdre ou sacrifier de leur coefficient humain, mais
manifestant une dimension transcendante souvent méconnue,
se trouveront au service de l'édification du Règne de Dieu et
donc du salut en Jésus-Christ ?3.
73
PAUL Vi, Evanqeiti Nuntiandi", In La Documentation catholique , no. 1689, 4
janvier 1976, p. 16
166
/4
Pet1t Larousse Illustré 1989 , Paris, Librairie Larousse, 1988, p. !002.
107
tout à fait soumis à la bonne volonté des gens en place sont, bien entendu,
intéressants. Le fait d'assigner un permanent de l'équipe pastorale aux relations
avec le Centre populaire depuis environ cinq ans a, de part et d'autre, fait baisser
des tensions et a permis de se reconnaître mutuellement dans sa spécificité.
C'est un début intéressant mais encore bien fragile. Que deviendra ce lien
«organique» si des permanents ecclésiaux soucieux des relations avec le Centre
populaire sont remplacés par d'autres plus conservateurs en la matière ? Le fait
de n'avoir pas inscrit de façon officielle et durable ce lien entre les deux
organismes le rend fragile et soumis aux aléas de la vie des personnes et des
institutions.
s'est peu à peu concentrée dans les «affaires religieuses et spirituelles». Cela
monde. De plus, la crise, dite de I'AC, a fait des mouvements regroupés sous
cette bannière une sorte de groupe minoritaire de gens engagés dans le socio-
politique mais qui se détachaient peu à peu de l'Église. Petit à petit, l'Église s'est
retranchée dans ce qu'on lui concédait comme «naturel» : les choses cultuelles
et quelques oeuvres de charité pour ies plus démunis; encore que ces oeuvres
qui ne peut répondre à tous et à tout. Le prêtre devient alors l'homme du culte et
ceci, doublé d'une raréfaction des prêtres, amena comme conséquence une
J'ai entendu plus d'une fois de bons chrétiens se demander pourquoi l'évêque
tâches que ne peuvent et/ou ne veulent plus occuper les prêtres qui se raréfient
170
et se font plus âgés. Ainsi donc, la cuituaiisation des ministères ne touche pas
seulement les prêtres mais également ces généreuses personnes qui consacrent
énormément d'énergie à leur nouvelle tâche. Tranquillement le glissement
s'opère et la spécialisation réductionniste des ministères s'installe dans l'Église.
Laïcs, prêtres et évoques portent tous une part de responsabilité dans une
période d'incertitudes, de fluctuations et de repositionnement.
/fo
CARD!JN, OP. c i t . , p. ! 65.
172
poursuit en affirmant que les "laïcs ne se forment pas à l'apostolat par des livres,
par un enseignement purement théorique, par des exposés verbaux /.../ les laïcs
se forment d'abord par la découverte des faits réels, suivie d'un jugement
chrétien, pour aboutir à des gestes qu'ils posent..."77. Bien entendu, cette
«formation-conscientisation» ne peut se faire à l'unité et de façon intimiste. La
découverte de communautés-sources devient essentielle à la formation.
Regroupement et formation sont les deux aspects aujourd'hui rendus essentiels
par les conditions dans lesquelles se réalise I'evangelisation, dans un contexte
de société moderne marquée par l'urbanisation-urbanité.
/
'Ibidem, p !c5-!6£
173
mais aussi comme personne placée au coeur même des réalités séculières.
L'apostolat du laïc dans ces réalités "appartient à l'essence même de l'Église"?**.
L'action rédemptrice et la mission humaine par les baptisés ne sont pas à poser
en termes d'opposition. "Pour que la vie se répande /.../, il faut la pro-création de
l'homme, ii faut le travail de l'homme, il faut la science, la technique, l'économie,
l'éducation, ia politique"79. Bien entendu cela est affaire de toute l'Église, autant
des clercs que des laïcs. Mais on ne peut nier que ceux et celles qui constituent
les réalités séculières sont chrétiens et chrétiennes laïques. Il me plaît de croire
que leur situation est en rapport à leur mission.
78
lbtdcm., p. 39
79
Ib1dem. . p. 71
74
médecin. L'analogie est plus que jamais pertinente dans cette dernière partie de
notre recherche. C'est ainsi qu'après avoir observé et ausculté notre pratique
possibles. Ces derniers ont été proposés à la tradition... médicale dont les
bases d'un traitement curatif et préventif ont donc été proposées lors de nos
2. DONNÉES D'INTERPRÉTATION
réalisera pas par une meilleure distance d'avec la foi chrétienne et ses pratiques.
3
Ibidem.
4
Ibidem. . p. ! 27-128.
84
5
Ibidem, p. 195.
b
Ibidem, p. 196
186
3. APPLICATIONS ET RECOMMANDATIONS
que l'équipe pastorale intègre les différentes facettes de la vie du milieu. Une
7
CODE DE DROIT CANONIQUE Montréal. Montréal, Wilson et Lafleur, 1990, canon
536, § 1, p.346.
189
principaux artisans du milieu. Ce n'est pas d'abord les agents pastoraux et les
prêtres qui réaliseront la mission. Ils sont bien entendu eux-mêmes artisans de
y
A i v 3 r o D E L PORTILLO. F i d è l e s l a ï c s dans l ' É g l i s e . Parts, SOS, 1980, p. 16'
191
lorsqu'on traite du ministère des laïcs par rapport à l'Église, réduite à ses
structures internes. Les aspects interne et externe ne sont certes pas à placer en
pieinement intégré dans les structures sociales en tant que chrétien, le laïc
connu la fonction liturgique depuis quelques années. Il est vrai, et nous l'avons
danger réel et sournois. Ce qui est à notre avis plus grave est la dichotomie
10
Ibidem, p.î63.
192
Dieu
.• L-
Jesus-Chnst
(Sacrement originaire de Dieu)
S = Sacrements
E Ecriture (lecture
et annonce chré-
tiennes des Écri-
tures)
; !
_ouïs-r-'2ne CHAUVE1", Du symbolique au symbole , Paris, Cerf, 1979, p.96.
193
ce xripie témoignage. Les flèches qui vont et viennent indiquent bien que les trois
aspects forment ensemble un tout, une structure; on ne peut ainsi les prendre
isciément.
l7
>b<dcm. . p. 97-98
'-* Ibidem, p. 9S
194
CONCLUSION
CONCLUSION
magistérieile nous ont procuré bien pius que des réponses pour un cadre
ont su donner, selon ies conditions de leur époque, une réponse courageuse et
chrétienne a une société en mal d'espérance. Je pense bien entendu à Léon XIII
Je pense aussi à tous ceux qui. aujourd'hui encore, pensent avec raison qu'être
96
importe leur rôle dans l'Église, désireux de poursuivre la mission à laquelle tous
Dieu et la communauté mais en même temps fiers, heureux et à l'aise dans leur
choix et, comme l'amoureux fier de paraître à côté de sa fiancée, n'hésitant pas à
témoigner de cette joie par des signes, discrets comme visibles. Devant des
laïcs désireux de conquérir des franges de pouvoir et certains autres n'étant pas
être une nouvelle «classe» de laïcs fiers d'eux-mêmes et de ce qu'ils sont dans
d'un réel partenariat différencié avec leurs frères ordonnés. Des laïcs capables
milieu de vie est ce lieu où le Christ les appelle à bâtir le Royaume... sur la route
CrC, cqiise tje r oui ours . in La liturgie des heures , tome i i l , Paris, Cerf-ûesciée-
198
BIBLIOGRAPHIE
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no. 110/111, janvier-avril 1988, pp. 63-77
VAUCELLES, Louis de, «Essai sur l'histoire et les difficultés de l'Action
catholique», fn Études . mars 1974,. pp. 421-436.
8. Jeu d'association
En réagissant très rapidement, que vous vient à l'esprit lorsque vous voyez les
mots suivants :
PAROISSE ;
10. Si oui, comment ? Si non, que pourrait-on faire pour que l'Église soit plus
présente ?
21 1
ANNEXE 3
questions à la base de !a table ronde avec les membres de l'équipe pastorale
1. Si je dis : -les rapports Ég!ise-mcnd8», qu'entendez-vous par cette
expression ?
5. Selon vous, y a t'il une différence entre le rôle des paroisses et celui du
Centre populaire ou des mouvements d'Action catholique dans cette question
des rapports Église-monde ?
6. Qu'est-ce que l'Église présente à Roberval fait pour aider les chrétiens dans
leur compréhension des rapports Église-monde puis dans leur engagement dans
le monde ?
Est-ce suffisant ?
7. Une fois, quelqu'un m'a dit : "l'Église nous offre bien la messe le dimanche
pour aider notre foi mais en dehors de ça on est seul, à notre travail etc..
Comment donner une couleur chrétienne à notre vie quotidienne ?"
Comment recevez-vous cette question ?
212
ANNEXE 4
personnes interviewees à l'automne î 969
1. P.P.
-coordonnateur du Centre populaire de Roberval, il travailla au Centre
populaire aurant six années (quitte son poste en 1990).
-29 ans, père de famille, il est universitaire de formation et originaire
des Cantons de l'Est. Il ne connaît le milieu de Roberval que depuis son
implication au Centre.
2. R.G.
-Religieux, clerc de 5t-Viateur, il réside à Roberval depuis longtemps,
ayant assume la fonction de professeur lorsqu'une des écoles de la ville était
dirigée par sa communauté religieuse.
-Il est au Centre populaire depuis sa retraite de l'enseignement. Il
assume la responsabilité du secteur ALPHA, i.e l'alphabétisation d'adultes au
Centre populaire.
3. G.T.
-Mère de famille, elle est une des bénévoles les plus actives au Centre
populaire Occupe une responsabilité au Centre de dépannage vestimentaire et
siege à l'équipe des permanents.
-Présidente du Conseil paroissial de pastorale de la paroisse saint-
Jean-de-Brébeuf à Roberval.
4. M-R. G
-Mère de famille dans la soixantaine, cette amérindienne est en quelque
sorte la «mère» des intervenants au Centre populaire. Reconnue pour sa
proximité et son amour4es gens, elle exerce un leadership naturel hors du
commun.
-Responsable du service de l'accueil et membre de l'équipe des
permanents.
5. Y.G
-Prêtre diocésain, il exerça son ministère a Roberval de 1982 à 1988.
D'abord curé d'une des deux paroisses de la ville, il fut nommé modérateur de
la nouvelle équipe pastorale en 1986.
213
6. S.C.
-Religieux, clerc de St-Viateur, il est. dans la même situation que son
confrère, R.G. (numéro, 2 ci haut)
-Au Centre populaire, li rend de nombreux service et est responsable du
nouveau service de depannaqe pour ceux qui ont besoin de meubles.
I INDUSTRIE FORESTIÈRE
l ÉGLISE STJEAN DE BRÈBOEUF
S ÉCOLE STE-ANC.ÈLfi
MAIRIE ;
fc ÉCOLE NOTRE-DAME ;
6. PALAIS DE JUSTICE
J. COUVENT DES URSULINES
» VILLA ÉTUDIANTE
ÉCOLE STE-URSULË
10 ÉGLISE NOTRE-DAME
i l . HÔPITAL HÔTEL-DIEU
12 CENTRE DE LOISIRS
13. ÉCOLEBÉNOlTDUMAMEL
l«. DOMAINE DU BON TEMPS
15 HÔPITAL PSYCHIATRIQUE
16 CARREFOUR JEANNQIS
CENTRE SPORTIF BENOÎT LÉVESQUE
18 SÛRETÉ DU QUÉBEC
1» CITÉ ÉTUDIANTE
NOM DE LA PERIODE RAPPORT EGLISE- CARACTÉRISTIQUES ATTITUDES MODES DE
MONDE de la PÉRIODE des CHRETIENS VISIBILISATION
CATACOMBES
(Europe : 1er au 4 ème s.) Monde contre Église L'Église est maintenant fondée -Fougue; Ce n'est pas le temps
(Québec : NIL) et tente de se faire une place -"secrétisme"; de l'institutionnalisation
pour annoncer son message. -conversions; de l'Église. Cependant,
Le monde hésite à lui donner -besoin de cohésion les institutions de ce
cette place, il la persécute car dans le groupe; temps sont les petites
se considère menacé par ce -exaltation du communautés, la "pa-
nouveau pouvoir. martyr. pauté" du temps, les é-
vêques, etc.. M
Visibilité par les per-
sonnes.
«MARIAGE >> Église avec le monde L'Église et le monde procèdent -Assurance; C'est le temps de l'insti-
(Europe : 4 è au XVIII è s.) à un mariage de raison. Chacun -prises sur le monde; tutionnalisation de l'Église
(Québec : 1608-1960) voyant bien les avantages de -forte visibilité; par les hôpitaux, écoles,
s'allier à l'autre. Période des -apparente unanimité; paroisses, etc..
conquêtes et de "gloire" pour -conversions massives Temps de la création des
l'Église. Période où l'unanimité pas toujours intégrées nonciatures, de la cu-
n'est parfois qu'apparente. profondément. rie et de la "gouverne-
mentalisation". C'est
l'omniprésence de IÉ-
glise dans les affaires
séculières du monde et
inversement.
SÉPARATION Tensions et parfois Après la coexistence et la colla- Tendances diverses : Au Québec, l'Église "laisse"
(Europe : 18 è s. àauj.) rejet du monde par boration (parfois collusion), -"honte" d'être plusieurs de ses institutions
(Québec : 1960àauj.) l'Église etvice-versa arrivent les tensions. Au fond, chrétien; (écoles, hôpitaux ..). Elle
chacun ne pouvant plus vivre - abandon; comprend les remises en
avec les clauses du mariage du -frustration; question de la société et l'é-
4 è siècle. L'émergence des -retour en arrière; mergence de l'État-providence.
sciences empiriques fait poindre -attente de quelque Cependant, cela amène l'É-
des divergences quant à l'anthro- chose de neuf; glise à refouler ses activités
pologie différente de l'Église et du -recherche et pa- à la "sacristie". Perdant des
monde. La sécularisation fait peur tience; liens avec le monde, l'Église
à l'Église et ce mouvement se dé- -remise en question. en invente quelques autres:
chaîne parfois en secularisme. Montée des sectes, zones pastorales, mouvements
On assiste également à l'urbanisa- montée du laicat et apostoliques.
tion massive, rendant la structure démocratisation des On sent bien cependant les ratés
paroissiale <<déphasée>> par rap- structures ecclésiales . nombreuses et la difficulté de
port au vécu social. Théol. de la libération retraduire en institutions la
-Essor, puis déclin de volonté de Vatican II de rendre
l'Action catholique. l'Église bien présente aux en-
jeux socio-politiques.
On insiste davantage sur la pré-
sence discrète et individuelle des
chrétiens. On invite à s'allier aux
<<hommes de bonne volonté>>.
216
(Avec le Concile Vatican II, l'Église s'est rendu compte qu'elle ne doit être ni à côté, au-dessus ou hors du monde mais bien DANS LE MONDE. Cette
prise de conscience, non encore achevée, amène l'Église à se repositionner petit à petit sur l'échiquier socio-politique. En germe pour le moment,
cette quatrième période l'histoire se prépare actuellement par de nombreuses conversions personnelles de chrétiens sur le mode de visibilité de
VÉglise et d'initiatives diverses. C'est à cette condition probablement que le monde et l'Église ne retomberont pas dans le constantinisme ou dans
la période de séparation. De toute façon, le constantinisme est dès lors rejeté par le monde et la séparation par l'Église.)
COHABITATION Harmonie relative et Après la peur de l'Église de -Regard neuf sur le (Voir la question spé-
(XXI e s . ? ) distance critique. tout perdre; après des pertes monde; cifique de notre r e -
réelles (éducation, politique, -redécouverte de la fierté cherche.)
affaires sociales); après la r é - chrétienne;
action du monde face aux dis- -redécouverte d'une néces-
cours de l'Église. Après tout saire cohésion communautaire;
cela, l'Église accepte d'être une -humilité, attitude de ser-
voix parmi d'autres dans le mon- vice et de recherche;
de. Elle refuse de baser sa cré- -oecuménisme,
dibilité sur l'absolutisme de ses -ecclésiologie présentant
discours mais plutôt sur sa l'Église au coeur du monde.
force morale qui vient de son
compromis non-équivoque pour
le progrès de l'humanité. Pour-
tant elle sait qu'elle doit être
visible et doit donner des bras
à sa "nouvelle philosophie" de
présence au monde... Le monde
pour sa part reconnaît le désir
légitime de l'Église de l'aider dans
un temps très difficile. Il accepte
l'aide de l'Église mais refuse doré-
navant de se laisser subordonner
aux impératifs chrétiens. Il réap-
prend à connaître son ancienne é-
pouse...
ANNEXE 7 248
2) COMMUNION FRATERNELLE 42 ... fidèles à la communion fraternelle (tèi 44 Tous les croyants ensemble mettaient tout
koinôniai)... en commun (koina) :
45 Us vendaient leurs propriétés et leurs biens
et en partageaient le prix entre tous selon les
besoins de chacun.
3) FRACTION DU PAIN 42 ... à la fraction du pain ftèi klasei tou 46b ... rompant le pain (klôntes anoni dans
anou)... leurs maisons, prenant leur nourriture avec
allégresse et simplicité de cœur.
4) PRIÈRE ET FRÉQUENTATION DU 42 ... et aux prières 46a Jour après jour, d'un seul cœur, ils fré-
TEMPLE quentaient assidûment le Temple...
5) FAVEUR AUPRÈS DU PEUPLE 43a La crainte s'emparait de tous les esprits... 47b... ils avaient la faveur (charin) de tout le
peuple
SOMAIRF. 2
HORS SCM4AIRE
4,32-35 © 5.12-14
i !) ENSEIGNEMENT ET 33a Avec beaucoup de puissance. les apôtres 5.42 Chaque jour, au Temple et dans les maisons,
TÉMOIGNAGE DES APÔTRES rendaient témoignage à la résurrection du Sei ils ne cessaient d'enseigner (didaskonies) et d'an-
gneur Jés'JS... noncer la Bonne Nouvelle du Chnst Jésus.
3) FRACT'.ON DU P.AIN
5) FAVEUR AUPRÈS ÛU PEUPLE 33b ... ei ils jouissaient tous d'une grande 13b... mais le peuple célébrait leurs louanges
faveur (a ans)
6, oiGNES ET PRODIGES 12a Par les mains des apôtres il se faisait de 6,8 Etienne, rempli de grâce et de puissance, opé-
nombreux signes et prodige» (sèmeia kai rait de grands prodiges et signes (terata kai
teraia) parmi le peuple... sèmeia) parmi le peuple.
15... à tel point qu'on allait jusqu'à transpor-
ter les malades dans les rues et les déposer là
sur des grabats, afin qu'au moins l'ombre de
Pierre couvrit l'un d'eux.
16 La multitude accourait même des villes
voisines de Jérusalem, apportant des malades
et des possédés par des espnts impurs, et tous
étaient guéris.
7KACCR0ISSEMENT NUMÉRIQUE 14 Des croyants, de plus en plus nombreux, 6, la Le nombre des disciples augmentait
s'adjoignaient au Seigneur, une multitude 6. 7 La parole du Seigneur croissait ; le nombre
d'hommes et de femmes. des disciples augmentait
12, 24 La parole de Dieu croissait..