PHYSIOPATHOLOGIEDE-LA-THERMOREGULATION-2
PHYSIOPATHOLOGIEDE-LA-THERMOREGULATION-2
PHYSIOPATHOLOGIEDE-LA-THERMOREGULATION-2
PHYSIOPATHOLOGIE DE LA
THERMOREGULATION
Module de physiopathologie
Dr GUETTECHE CHOUBEILA
Objectifs
Plan
1 - Introduction
2- Définition
3- Mécanismes de la thermorégulation
4- Troubles de la thermorégulation
4- 1-Hyperthermies
1-1-4-Hyperthermie maligne
2-Hypothermie
1- Introduction
L’être humain est homéotherme c’est à dire qu’il maintient sa température centrale
constante La température corporelle d'un être humain non malade, au repos et placé dans
des conditions tempérées est stable et égale à 37 °C.
Les tissus périphériques, peau et tissu sous-cutané, étant à une température plus basse
entre 32 à 33 °C, très variable suivant la température ambiante.
2- Définition
La thermorégulation est l’ensemble des mécanismes physiologiques qui permettent de
maintenir le noyau central (organes situés à l’intérieur des cavités thoracique, abdominale et
crânienne) à une température centrale idéale, 37°C±0,2, favorable aux réactions
biochimiques nécessaires à la vie et cela en dépit des variations de la température
environnante.
La thermorégulation du corps humain repose sur un équilibre entre les apports (thermogénèse)
et les pertes thermiques (thermolyse) et un flux thermique global est nul.
3- Mécanismes de la thermorégulation
La température corporelle est le résultat de l’équilibre entre la production
(thermogénèse) et la perte de chaleur (thermolyse), sous le contrôle de l’aire pré-optique de
l’hypothalamus antérieur (principal centre thermorégulateur) en réponse aux informations
fournit par des thermorécepteurs cutanés et musculaires.
Le sang est l’agent de transfert de chaleur entre l’intérieur du corps et sa surface.
Les calories produites par l’activité métabolique sont réparties dans l’ensemble de
l’organisme par le sang et sont amenées aux téguments externes au niveau desquels les
échanges s’effectuent.
La circulation cutanée fonctionne comme un échangeur thermique sous le contrôle du
SN autonome:
- le sympathique (le froid) induit vasoconstriction pour prévenir les pertes (diminue la
thermolyse);
- le parasympathique (stimulé lors de la chaleur) induit vasodilatation pour augmenter
la thermolyse.
1-Centres de contrôle :
L’hypothalamus est le centre de contrôle de la thermorégulation. Il joue le rôle de
thermostat. C’est là que se trouvent des récepteurs sensibles à la température
(thermorécepteurs) qui enregistrent la température du noyau central. Il reçoit des
informations complémentaires des thermorécepteurs de la peau et de moelle épinière.
4-Troubles de la thermorégulation
Ils sont représentés par les hyperthermies, et les hypothermies.
4-1-Hyperthermies
L’hyperthermie est un trouble grave de la thermorégulation pouvant engager le pronostic
vital. Une élévation de la température corporelle au-dessus des valeurs normales 36,5 et
37,5°C.
Les pyrogènes exogènes stimulent la libération par des macrophages et certains lymphocytes
de nombreuses cytokines appelées pyrogènes endogènes, dont les plus connues sont :
- les interleukines (IL 6)
- l’interféron (IFN)
- le Tumor Necrosis Factor α (TNFα)
- pathogen associated molecular pattern (PAMP)
- toll like receptor (TLR )
-nucleor factor κB (NF κB) TNF PLA2
-phospholipase (A2)
Figure 3: pyrogène endogène
Diminution de la thermolyse :
Vasoconstriction cutanée (diminution de la sudation)
Lésions des centres thermorégulateurs
Traumatisme crânien ou SNC, coma, AVC , tumeur cérébrale ….
4-1-2-1-Le coup de chaleur
Définition
Le coup de chaleur est une urgence médicale. Il est défini cliniquement par une
augmentation rapide de la température centrale au-dessus de 40 °C associée à une
altération de l’état de conscience (délire, convulsions ou coma) chez des sujets exposés de
façon prolongée à une température ambiante chaude et humide (coup de chaleur classique)
ou au décours d’une activité physique intense et soutenue (coup de chaleur d’exercice). La
défaillance des centres thermorégulateurs avec arrêt de la sudation associée à une réponse
inflammatoire généralisée entraîne une défaillance multiviscérale qui peut mettre en jeu le
pronostic vital et qui nécessite un traitement immédiat.
Le coup de chaleur d’exercice survient de façon sporadique et affecte les sujets jeunes, en
bonne santé tels que les athlètes de haut niveau et le personnel militaire.
Le coup de chaleur classique survient sous forme épidémique lors de vagues de chaleur, et
prédomine chez les personnes âgées, fragiles, souffrant de pathologie chronique
cardiovasculaire, pulmonaire ou mentale
La chaleur engendre directement des lésions tissulaires. La sévérité des lésions tissulaires dépend
du degré/durée d’hyperthermie.
Physiopathologie
Mécanismes physiopathologiques
Les mécanismes d’adaptation au stress de chaleur font intervenir :
- la thermorégulation
- la phase aiguë de l’inflammation (acute phase response)
- l’induction de la synthèse cellulaire de protéines de stress (heat shock response)
Thermorégulation
La température centrale est indépendante de celle du milieu ambiant quand la température
de celui-ci se situe entre +4 et +30 °C, mais celle de l’enveloppe varie avec cette température
et détermine les échanges thermiques avec l’environnement.
Lorsque la température ambiante est supérieure à 33 °C comme c’est le cas lors de vagues
de chaleur, les échanges vont se faire dans le sens d’un gain de chaleur par l’organisme. Il en
résulte une élévation de la température centrale.
La vasodilatation permet l’accélération du transport de chaleur (par la circulation sanguine)
du noyau vers l’enveloppe pour être dissipée vers l’extérieur à travers la peau. L’activation
de la sudation permet l’augmentation du volume de sueur qui peut atteindre 1 litre/heure
permettant ainsi d’éliminer jusqu’à 580 Kcal/heure.
Ce potentiel énorme d’élimination de la chaleur dépend de l’efficacité de l’évaporation
c’est-à-dire de la température et de la vitesse de l’air mais surtout de l’humidité relative.
L’évaporation est le seul moyen pour l’organisme de perdre de la chaleur dans une
ambiance thermique chaude.
Par conséquent, si la température ambiante est chaude (> 33 °C) et surtout humide (> 70 %),
les mécanismes de perte de la chaleur seront dépassés et l’évolution se fait vers le coup de
chaleur.
Les autres mécanismes qui conduisent à la défaillance de la thermorégulation résultent de
-la vasodilatation cutanée active : qui entraine une perte hydro-électrolytique et une
hypovolémie
-l’ajustement hémodynamique qui en découle : le système cardiovasculaire joue un rôle
prépondérant dans la thermorégulation Pour prévenir l’augmentation de la température
centrale, le transport de chaleur du noyau vers la périphérie est accéléré, grâce à une
élévation du débit cardiaque de 3 l/minute par degré Celsius et pouvant aller jusqu’à plus de
20 l/minute, dont plus de la moitié est dirigée vers la circulation cutanée, alors que les débits
sanguins splanchniques et rénaux sont réduits. Par conséquent, s’il existe une maladie
cardiovasculaire, une déshydratation ou une prise de médicaments qui modifient la fonction
cardiaque et génèrent une incapacité à augmenter le débit cardiaque, il y a risque de
développer du coup de chaleur.
Exagération de la phase aiguë de l’inflammation
Sur le plan cellulaire, la chaleur provoque des lésions directes dont l’intensité dépend de la
température maxima- le atteinte, de la durée de l’élévation thermique. Chez l’homme, on
considère qu’une température supérieure à 41,6-42°C, pendant une durée de 45 min à 8
heures, se traduit par des lésions cellulaires et constitue une température critique .
Toutefois, même à des températures inférieures, la chaleur peut induire des phénomènes
apoptotiques.
Le stress thermique provoque également une réponse inflammatoire avec augmentation des
cytokines pro-in- flammatoires (TNF-α, interleukine-1-β, interféron-γ) et anti-inflammatoires
(interleukines 6 et 10) . Cette réaction inflammatoire peut s’emballer et être responsable
d’un SIRS (systemic inflammatory response syndrome) ou participer au syndrome de
défaillance multi- viscérale (SDVM). Elle est responsable d’une immuno- suppression
expliquant la fréquence des infections secondaires. Des lésions des cellules endothéliales
surviennent avec libération de NO, d’endothéline, et formation de microthrombi et
coagulation intravasculaire dissiminée (CIVD) . Les anomalies de la coagulation semblent
survenir très précocement au cours du coup de chaleur. Par ailleurs, le sacrifice de la
circulation splanchnique du fait de l’augmentation considérable du débit sanguin musculo-
cutané accélère la réaction inflammatoire, altère la barrière intestinale et favorise le passage
d’endotoxines. Il s’établit alors un véritable cercle vicieux, transformant le stress thermique
en coup de chaleur.
Des phéno- mènes complexes sont à l’œuvre dans cette transition qui interagissent entre
eux et comprennent donc, en résumé :
Une partie de ces phénomènes n’est pas réversible avec le retour à une température
corporelle normale, fai- sant toute la gravité du coup de chaleur. Ainsi, la norma-lisation de
la température corrige l’hyperfibrinolyse, mais pas l’activation de la coagulation , et la
réaction inflammatoire est également susceptible d’évoluer pour son propre compte .
Les lésions neurologiques sont importantes car elles sont responsables de séquelles ocale
Conséquences physiopathologiques
Manifestations cliniques
Dans les suites d’une exposition à une atmosphère chaude et humide apparaît :
- Hyperthermie : température rectale élevée > 40 °C, parfois > à 42 °C
4- 2-Hypothermie
Chez l'homme, la constatation d'une température centrale inférieure à 35 ° C permet de
Porter le diagnostic d'hypothermie. La gravité d’une hypothermie est liée à la survenue
d’une fibrillation ventriculaire et d’un arrêt circulatoire
Classification des hypothermies
-Selon l’étiologie
- l’hypothermie accidentelle par exposition au froid
- l’hypothermie provoquée au cours de certains actes chirurgicaux ou thérapeutique.
Le refroidissement est réalisée en médicine pour ralentir à l’extrême le fonctionnement d’un
organe se trouvant dans des conditions insuffisantes d’oxygénation sanguine (ex: dans la
chirurgie cardiaque)
-En fonction de la température corporelle
- Hypothermie modérée comprise entre 32 et 35 °C : le patient présente un état de
torpeur, des frissons, une tachycardie et une polypnée. La peau, est froide. La confirmation
du diagnostic nécessite l'utilisation d'un thermomètre gradué en dessous de 35 °C.
-Hypothermie sévère comprise entre 28 et 32 °C : le patient est le plus souvent
dans un état de torpeur proche du coma et ne frissonne pas. Il existe une bradycardie et une
hypotension. La peau est livide et froide, les membres rigides, les réflexes ostéo-tendineux
faiblement perçus. Les pupilles sont dilatées et peu réactives, la ventilation est ralentie.
-Hypothermie profonde, inférieure à 28 °C : Le patient est dans un état de coma
profond, en mydriase bilatérale aréactive, avec une PA imprenable, simulant la mort. La
fibrillation ventriculaire, ou l'asystolie sont possible.
Mécanismes physiopathologiques des hypothermies
Dépassement des capacités de réchauffement du corps : Ces hypothermies sont
accidentelles et surviennent chez des sujets sains. Elles sont consécutives à une
exposition au froid (immersion en eau froide, avalanche, accident de montagne,
traumatisme de la voie publique) Les mécanismes thermorégulateurs sont intacts au
moment où débutent les manifestations d’hypothermie mais dépassée par l’intensité
et la durée de l’exposition au froid. Elles sont appelées hypothermies à défenses
maximales car elles sont précédées d’une phase de lutte suivie d’une phase
d’abandon.
a) Phase de lutte :
– température centrale entre 35 et 33°C
- frisson, peau froide souvent marbrée,
- diminution de la force musculaire
- diminution du métabolisme (bradycardie avec tension normale)
b) Phase d’abandon
- température centrales < 33°C, marquée par :
- rigidité musculaire progressive
- confusion mentale
- troubles/perte de la conscience
- ralentissement du rythme respiratoire,
- bradycardie avec la chute de la pression artérielle, arythmies (risque de fibrillation
AV)
Perturbation des mécanismes thermorégulateurs
Mécanismes thermorégulateurs anormaux au départ en l’absence d’une température
extérieure basse. Ce sont les hypothermies à défenses minimales.
-intoxication médicamenteuse (barbituriques) ou alcoolique responsable de
troubles de la conscience empêchant le sujet de se soustraire au froid
- hypothyroïdie profonde
Conséquences physiopathologiques
La réponse au froid est caractérise par :
a-Vasoconstriction périphérique réflexe dans le territoire cutané responsable d'une
diminution des débits sanguins locaux. Cette vasoconstriction entraîne une diminution
de la chaleur cutanée, ce qui réduit la dissipation de chaleur et limite l'afflux de sang
chaud du centre à la périphérie, et diminue le débit du sang périphérique froid vers le
centre de l'organisme, contribuant ainsi à diminuer la thermolyse.
b-Augmentation de la production de chaleur par les frissons qui touchent les
masséters, les muscles des ceintures et de la racine des membres, tous les muscles
pouvant être recrutés. La production métabolique maximale du frisson est de 5 à 6
fois le métabolisme basal (300 W/m2 de surface corporelle.
c- Lorsque la production de chaleur par les frissons et la vasoconstriction cutanée ne
suffisent plus à combattre le froid, la température centrale diminue. Cette
hypothermie contribue, par elle-même, à altérer la thermorégulation. Dès que les
frissons cessent, la production de chaleur interne diminue ainsi que le métabolisme
cellulaire.
Plus la température centrale diminue, plus la thermogenèse devient faible, réalisant
ainsi un véritable cercle vicieux.
d-Les effets cardiovasculaires de l'hypothermie en font toute la gravité.
Modifications ECG :
-Troubles du rythme (bradycardie, fibrillation auriculaire et ventriculaire).
-Altération de la repolarisation et de la conduction : allongement de l'intervalle QT, du
segment PR avec parfois bloc auriculo-ventriculaire (BAV), puis allongement du
complexe QRS. La ligne isoélectrique est fréquemment parasitée par l'activité
musculaire, réalisant le frisson électrique.L'onde J d'Osborne, surtout visible en deçà
de 30 °C, forme un ressaut caractéristique de la partie terminale de la branche
descendante du QRS, avec surélévation en dôme. Le point J de raccordement avec la
ligne isoélectrique est surélevé. Bien que pathognomonique, ce signe est inconstant
-Troubles du rythme et de la conduction
-La bradycardie est la conséquence directe du froid sur le tissu nodal qui
diminue le taux de dépolarisation spontanée. Cette bradycardie peut se
compliquer d'arythmie auriculaire lente à partir de 33 °C, mais surtout de BAV
- La fibrillation ventriculaire(FV) est La complication majeure qui survient vers 28 °C.
Son mécanisme ferait intervenir une fuite potassique elle-même provoquée par
l'hypoxie. les modifications acido-basiques.
Fonction myocardique :
-La fonction ventriculaire est altérée (46 % à 28 °C)
- Le débit cardiaque diminue proportionnellement à l'intensité de l'hypothermie.
-L’hypotension suit la profondeur de l'hypothermie.
e- Modifications du métabolisme cellulaire :
A 30 °C, le métabolisme interne est proche du métabolisme basal.
À 28 °C on observe une réduction de moitié du métabolisme cellulaire avec une
diminution de la consommation d'oxygène et de la production de CO2. La diminution
des besoins tissulaires en oxygène et la diminution parallèle des débits locaux,
notamment coronariens et cérébraux (de 6 à 7 % par degré), expliquent la tolérance à
l'hypoxie des organes placés en hypothermie. Ainsi, à 28 °C, un arrêt cardiaque de 20
minutes est compatible avec une restauration de l'activité myocardique après
réchauffement et une récupération neurologique satisfaisante.
À 20 °C une anoxie de 60 minutes peut être tolérée.
f- Conséquences biologiques :
-chute du taux de prothrombine,
-coagulation intravasculaire disséminée (CIVD)
-hémoconcentration.
-Gaz du sang à 37 °C montre le plus souvent une acidose mixte.