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N° saisine : 2017-5623
n° MRAe 2018APO1
L'avis de l'Autorité environnementale est un avis simple qui porte sur la qualité de l'étude d'impact produite et sur
la manière dont l'environnement est pris en compte dans le projet. Porté à la connaissance du public, il ne
constitue pas une approbation du projet au sens des procédures d'autorisations préalables à sa réalisation.
Par courrier reçu le 8 décembre 2017, le dossier de projet d'extension en mer du port de Port-la-Nouvelle
déposé par le Conseil Régional d'Occitanie a été transmis pour avis de l’autorité environnementale.
Ce projet a fait l’objet d’une saisine de la Commission nationale du débat public et, à ce titre, relève de la
compétence de la mission régionale d’autorité environnementale.
La MRAe Occitanie a accusé réception du dossier en date du 8 décembre 2017. Elle dispose d'un délai de 2
mois à compter de cette date pour donner son avis sur ce projet, soit au plus tard le 8 février 2018.
Le présent avis est adopté par la mission régionale d’Autorité environnementale de la région Occitanie. Il a
été préparé sur proposition des agents de la DREAL apportant leur appui technique et placés sous autorité
fonctionnelle du président de la MRAe.
Conformément à l’article R.122-7 du Code de l’environnement, ont été consultés le préfet de département,
au titre de ses attributions en matière d'environnement et l'agence régionale de santé (ARS).
Le présent avis contient les observations que la MRAe Occitanie, réunie le 25 janvier 2018, formule sur le
dossier. Cet avis est émis collégialement par l’ensemble des membres présents : Georges Desclaux, Magali
Gerino, Jean-Michel Soubeyroux. La DREAL était représentée.
En application de l’article 9 du règlement intérieur du CGEDD, chacun des membres délibérants atteste
qu’aucun intérêt particulier ou élément dans ses activités passées ou présentes n’est de nature à mettre en
cause son impartialité dans l’avis à donner.
Conformément à l’article R.122-7 du Code de l’environnement, l’avis devra être joint au dossier d'enquête
publique ou de la procédure équivalente de consultation du public. Il est également publié sur le site Internet
de la DREAL Occitanie1 et de l’autorité compétente pour autoriser le projet.
Pour tous les projets soumis à évaluation environnementale, une « autorité environnementale » désignée
par la réglementation doit donner son avis et le mettre à disposition du maître d’ouvrage, de l’autorité
décisionnelle et du public.
Cet avis ne porte pas sur l’opportunité du projet, mais sur la qualité de l’étude d’impact et la prise en
compte de l’environnement dans le projet.
1 http://www.side.developpement-durable.gouv.fr
Le projet d’aménagement du port de Port-La-Nouvelle, qui s’inscrit dans une vision régionale d’optimisation du réseau
d’infrastructures portuaires d’Occitanie au bénéfice de l’économie de son hinterland et vise notamment à accueillir des
navires vraquiers de plus grande capacité, présente un volet maritime associé à l’aménagement de son bassin
portuaire qui fait l’objet du présent avis (*). Le parti d’aménagement retenu consécutivement à la phase de débat
public est la création d’un nouveau bassin de dimensions plus importantes à une seule entrée, avec le grau de l'étang
de Bages -Sigean maintenu à l'intérieur de l'emprise du futur port.
Ce projet en mer se situe dans un contexte particulièrement riche sur le plan de la biodiversité, comme en attestent
les nombreux zonages se superposant sur la zone d’emprise, notamment Natura 2000 avec la Zone Spéciale de
Conservation (ZSC) « Côtes sableuses de l’infralittoral languedocien » et la Zone de Protection Spéciale (ZPS) « Côte
languedocienne ».
La MRAE recommande, au niveau de la présentation du projet, de préciser, d’une part, les critères environnementaux
retenus et leur prise en compte dans l’analyse qui a conduit au choix de la solution retenue et, d’autre part, les
éléments permettant de justifier les besoins quantitatifs conduisant à son dimensionnement.
La MRAe recommande, concernant les documents d'orientation de rang supérieur, de prendre en compte les
mesures inscrites dans le Plan d’action pour le Milieu Marin (PAMM) et les dispositions du SDAGE en faveur de la
préservation et la restauration du littoral et du milieu marin.
Au regard du risque d’aggravation du recul du trait de côte dû au projet, la MRAe recommande un suivi
morphologique d’une durée minimale de 5 ans après la mise en exploitation du port.
Plusieurs recommandations sont avancées pour renforcer l'évitement et la réduction des panaches turbides générés
pendant la phase d'extraction des sédiments, et leurs incidences potentielles sur la qualité de l'eau dans l’Étang de
Bages-Sigean via le grau, des incidences dues aux travaux de réalisation du bassin portuaire sur les habitats d’intérêt
communautaire du site Natura 2000 en mer, des impacts liés au clapage des sédiments en mer sur les communautés
benthiques de substrats meubles, dont notamment :
– la recherche de méthode de clapage plus respectueuse de la qualité de l'eau en limitant la diffusion des fines en
surface compte tenu de la sensibilité des milieux,
– la justification d’absence d’alternative au site d’immersion temporaire pour les sables, et la valorisation des
sédiments dragués en concomitance avec le chantier afin de minimiser les dépôts stockés en mer,
– la présentation détaillée du protocole d’alerte et d’interruption/reprise des opérations de dragage au regard de la
turbidité de l’eau susceptible d’altérer les biocénoses de la lagune de Bages-Sigean,
– la surveillance du maintien des conditions de renouvellement de l'eau dans le chenal entre la mer et l’étang par
des mesures in situ pouvant s’étendre au-delà de la phase travaux pour tenir compte de l’impact du nouvel
aménagement.
Les incidences de l'aménagement concernant les habitats d’intérêt communautaire, les biocénoses associées, et leur
rôle fonctionnel méritent une attention particulière. À cet effet, il est prévu une mesure d'accompagnement financier
avec la réalisation d'une étude pour améliorer les connaissances. Cette étude pourra conduire à la mise en place
d'une zone de protection forte des communautés benthiques des fonds meubles.
1. PRÉSENTATION DU PROJET
Le port de Port-La-Nouvelle fait l’objet d’un programme d’aménagement global comprenant une partie terrestre, avec
l’aménagement du parc logistique portuaire autorisé en 2015, et une partie essentiellement maritime, avec
l’aménagement du nouveau bassin portuaire, objet du présent avis. Une autre phase consistant à réaliser de
nouveaux quais et 25 à 30 hectares de terre-pleins interviendra à plus ou moins long terme. Elle devra faire l’objet
d’une actualisation de l’étude d’impact lors de la prochaine demande d’autorisation.
Situation du projet : schéma d’ensemble – vue de l’état actuel et emprise des futurs ouvrages
Le projet consiste en l’aménagement, au nord de la passe d’entrée actuelle du port, d’un nouveau bassin portuaire
dimensionné pour un navire projet de 225 m de long et pour un tirant d’eau de 14,5 m, délimité par de nouvelles
digues en mer, et comprend également la création de nouveaux quais et terre-pleins jouxtant la plate-forme Nord. Le
périmètre du futur port englobe le grau d’entrée de l’étang de Bages-Sigean. Le projet sera réalisé par étapes en
tenant compte de la nécessité de maintenir l’activité du port existant. Deux phasages sont envisagés :
- démarrage des travaux par la digue Nord depuis son atterrage jusqu’à son musoir, puis réalisation de la digue Sud,
- démarrage des travaux par le musoir de la digue Nord sur un tronçon, puis réalisation de la digue Sud, achèvement
de la digue Nord, présentant l’avantage de procurer plus rapidement une protection du quai dédié à l’éolien*.
Hormis ce choix, l’enchaînement des opérations prévues serait :
Étape 1 :
- réalisation partielle de la digue de protection Nord et réalisation du quai permettant l’accueil des activités liées à
l’éolien,
- démontage du sealine actuel (canalisation maritime puis terrestre reliant un poste d’amarrage des navires en mer à
un terminal terrestre qui alimente le dépôt d’hydrocarbures) et réalisation d’un nouveau sealine temporaire,
- achèvement de la digue Nord et démolition de la digue actuelle, dragage d’une partie du bassin permettant l’accès
au quai éolien et aménagement du terre-plein,
- construction de la digue Sud et dragage de la partie sud du bassin,
Étape 2 :
- dragage de la darse et d’une partie du bassin portuaire et refoulement en remblai pour le terre-plein et le parc
logistique,
- réalisation du poste à hydrocarbures et des digues d’enclôture des futurs terre-pleins nord à remblayer,
- dragage du bassin et du chenal d’accès et clapage en mer,
- démantèlement du sealine temporaire
* 2 projets de fermes pilotes d’éolien flottant ont été retenus pour la Méditerranée Occidentale, EolMed au large de Gruissan, Éoliennes
Flottantes du Golge (EFGL) du Lion au large de Leucate.
Nouveau bassin
La profondeur du bassin sera de -15,9 m Zéro Hydrographique (ZH, zéro des cartes, référence de niveau commune
pour les mesures de profondeur en mer). Les opérations de dragage seront réalisées en plusieurs étapes, par drague
aspiratrice stationnaire (DAS) avec refoulement des matériaux en remblai par des canalisations, et par drague
aspiratrice en marche (DAM) qui clapera les matériaux en mer. Une drague à benne preneuse (ne nécessitant pas
d’addition d’eau) associée à un chaland à couple sera utilisée pour l’extraction des sédiments sur les points identifiés
comme étant contaminés. Le volume de sédiments dragués est estimé à 10,6 millions de m³.
Les digues :
Il s’agit de digues à talus qui dissipent efficacement une partie de
l’énergie de la houle et sont économiquement compétitives pour des
profondeurs d’eau jusqu’à 20m. La carapace côté mer est constituée
d’enrochements sur les 700 premiers mètres pour la digue Nord,
puis de blocs artificiels en béton (bloc AccropodeTMII). Les digues
sont dimensionnées pour résister à la houle centennale et pour que
les franchissements par la houle annuelle soient suffisamment
faibles pour ne pas affecter les navires à poste ou en manœuvre.
Elles sont équipées de protections anti-affouillement (tapis anti-
affouillement en enrochements).
Poste polyvalent
Ce poste permettra de traiter des vracs secs et des vracs conventionnels.
Il nécessite la création d’un quai de 410 m couplé à un duc d’Albe d’amarrage déporté de 35 m en bout de quai, soit
une longueur totale de 445 m permettant d’accueillir 1 navire projet ou 2 navires moyens. La mise en place
d’installations et d’équipements sera conditionnée par les futurs besoins. La typologie retenue est un rideau de
soutènement principal en palplanches ancré et un 2 ème rideau lié au premier par des tirants (rideau mixte en
palplanches).
* Traité international relatif aux zones humides d'importance internationale pour la conservation et l'utilisation durable des zones humides, qui
vise à enrayer leur dégradation ou disparition, aujourd'hui et demain, en reconnaissant leurs fonctions écologiques ainsi que leur valeur
économique, culturelle, scientifique et récréative.
La MRAe recommande de réduire le résumé non technique en s’en tenant aux schémas explicatifs et aux
informations strictement nécessaires à la bonne compréhension du projet et des travaux, des enjeux du
site, des impacts environnementaux et des mesures prises pour limiter ces derniers en phases travaux et
exploitation. Une mise en regard, pour chaque thématique environnemental, des enjeux, des effets attendus
et des mesures prévues, pourrait être plus efficace et plus pédagogique que la présentation successive de
l’état initial, des impacts, puis des mesures.
D’autre part, afin de faciliter la lecture et la recherche d’informations dans les 3 000 pages de l’étude
d’impact, il convient de donner un titre à chaque volume (ils ne portent qu’un numéro), d’introduire, dans
chacun des 3 volumes de l’étude d’impact, un sommaire détaillé avec une pagination reprenant l’ensemble
des sous-parties, ainsi qu’un repère visuel pour chaque sous-partie, et de regrouper certains paragraphes,
notamment dans la partie impacts de la phase travaux.
La MRAe recommande de préciser les critères environnementaux retenus dans cette analyse et leur prise en
compte dans le choix de la solution retenue.
L’étude d’impact justifie le projet au regard de la nécessité, pour le développement du port, d’être en capacité
d’accueillir des navires vraquiers (navires destinés au transport de marchandises solides ou liquides en vrac) et
conventionnels, de type « Handymax » et « Supramax »*, appelés à remplacer à court et moyen terme les navires de
type « Handysize » plus petits. Cette nouvelle catégorie de navires, d’une longueur hors-tout de 225 m, nécessite à
pleine charge des tirants d'eau de 11 à 13 m. Or le port est actuellement limité à une taille maximale de bateaux de
145 m et à un tirant d’eau de 8 m, ainsi qu’à un linéaire de quai ne lui permettant pas d’accueillir des trafics
nécessitant un stockage bord-à-quai (déchargement de la marchandise sur le quai pour les produits vendus lors du
débarquement).
Par ailleurs, dans le nouveau contexte de l’appel à projets des fermes pilotes d‘éoliennes flottantes, le projet va
permettre une utilisation du port comme base d’accueil pour l’assemblage et la maintenance des éoliennes flottantes
des 2 projets retenus pour la Méditerranée en Occitanie, et pour la construction des flotteurs (pour 1 des 2 projets).
Le choix de phasage et d’organisation des terre-pleins a fait l’objet d’une analyse avantages/inconvénients.
L’évaluation socio-économique
Réalisée dans le cadre réglementaire de l’évaluation des infrastructures de transports, elle rappelle la tendance
générale des transporteurs maritimes à l’acquisition de grands navires, plus performants et plus économiques.
Elle situe le port de Port-La-Nouvelle dans le contexte portuaire régional avec les ports de Sète et Port-Vendres :
- du point de vue des trafics, l’étude socio-économique considère que les 3 ports réalisent des trafics sur des filières
complémentaires : avec plus de la moitié de produits pétroliers raffinés et un tiers de céréales pour Port-La-Nouvelle,
la moitié du trafic en marchandises diverses, un quart d’hydrocarbures, du vin et des engrais pour Sète, et
spécialisation de Port-Vendres dans les importations de fruits et légumes en provenance du Maghreb ou d’Afrique ;
- du point de vue des débouchés, les 3 ports sont appelés à desservir des hinterlands différents : ainsi l’offre portuaire
régionale, hors fruits et légumes, se structurera autour de Sète pour desservir le Languedoc, l’Auvergne, la vallée du
Rhône et Rhône-Alpes, et autour de Port-La-Nouvelle pour le Roussillon et le sud-ouest (de Midi-Pyrénées jusqu’à
l’ouest de Toulouse).
Elle expose par ailleurs la situation privilégiée de Port-La-Nouvelle par rapport aux zones d’implantation retenues pour
l’éolien flottant en mer, situées à seulement 16 km du port, et le rôle potentiel du port en termes de modération des
coûts de transport et de logistique pour la filière.
L’évaluation socio-économique, qui rappelle que l’espace portuaire de Port-La-Nouvelle est aujourd’hui pleinement
occupé, justifie la nécessité d’agrandir le port pour différents trafics, et notamment :
- les hydrocarbures : le sealine permet d’accueillir des pétroliers de 30 000 tonnes et réalise aujourd’hui un trafic de
près de 800 000 tonnes/an pour environ 26 escales annuelles. Le port ne pouvant accueillir des navires de plus de
12000 tonnes, et les estimations de trafic à l’horizon 2030-2040 étant de 1,8 Mt/an, le sealine devrait être plus sollicité,
ce qui pourra entraîner des risques d’indisponibilité, en plus de ceux liés à l’état de la mer. Les coûts d’entretien et le
surcoût d’usage par rapport à un poste de vracs liquides sont estimés à 1,56 M€/an ;
- les céréales : le trafic oscille actuellement entre + ou – 30 % autour d’une moyenne de 600 000 tonnes annuelles. La
demande des importateurs est de recevoir des volumes de 12 000 à 20 000 tonnes et les estimations de trafic à
l’horizon 2030-2040 sont de 1,1 Mt/an ; la limitation d’accueil du port impacterait directement les conditions
d’import/export ;
- l’éolien flottant : les développeurs ont besoin de disposer d’un ensemble d’infrastructures portuaires pour la
production et l’assemblage des flotteurs, l’assemblage des éoliennes avant remorquage sur le site offshore, la
maintenance et la logistique. La mise en place potentielle de fermes industrielles à échéance 2025 impliquera un
foncier et une logistique adaptés. Le recours aux installations de Marseille-Fos pour ces opérations entraînerait pour
les développeurs un surcoût lié au remorquage estimé à 3 M€ pour les fermes pilotes.
* Les navires de commerce peuvent être classés en différentes tailles. La plupart font référence à des limites de longueur, de tonnage ou de
tirant d'eau imposées par les canaux et les ports ; navires "Handymax-Supramax" : dont le port en lourd est compris entre 43 000 et 60 000
tonnes.
L’autorité environnementale estime que l’analyse, si elle explicite bien l’évolution probable du trafic international en
termes d’agrandissement de la taille des navires, ne produit pas clairement la démonstration quantitative du
développement attendu du trafic en tonnage (multiplication par 4 par rapport à 2015). L’étude reprend des données
chiffrées tirées d’une étude réalisée par Catram Consultants en 2012 qui n’est pas jointe au dossier, ce qui ne permet
pas de s’approprier les calculs prospectifs ayant servi de base. Elle prévoit le passage de 800 000 tonnes de produits
pétroliers et 600 000 tonnes de céréales aujourd’hui, à respectivement 1,8 (minimum assuré à hauteur de 1 million de
tonnes) et 1,1 million de tonnes à l’horizon 2030, ce qui représente un doublement du trafic, et non pas une
multiplication par 4, pour ces 2 marchandises « phares » du port (page 156 volume 2a/3).
Si l’accueil des structures nécessaires à l’éolien flottant en mer représente une réelle opportunité pour la
transformation du port, elle ne justifie pas les proportions retenues pour le projet. Or la démonstration du
développement du trafic de Port-La-Nouvelle au regard des 3 grands ports les plus proches de la façade
méditerranéenne, Sète, Marseille-Fos, qui constitue un concurrent sur l’ensemble des trafics au regard des produits et
des quantités concernées (environ 55 millions de tonnes annuelles en 2015 à Marseille, 1,5 millions pour Port-La-
Nouvelle sur la même période), et Barcelone, n’est pas faite ; les données chiffrées d’évolution estimée du trafic sur
ces ports ne sont pas fournies.
La MRAe recommande de compléter les éléments permettant de justifier les besoins quantitatifs conduisant
au dimensionnement du projet retenu. En particulier, les besoins liés à la consommation des hydrocarbures
au-delà de 2040 mériteraient d’être requestionnés à l’aune des politiques nationales en matière de transition
énergétique.
Compatibilité avec le Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux Rhône Méditerranée
(SDAGE RM) 2016-2021 et schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Basse vallée de
l’Aude (BVA)
L’étude analyse la compatibilité du projet avec les orientations fondamentales du SDAGE et les objectifs du SAGE
susceptibles d’être concernés et conclut à la compatibilité du projet avec les 2 schémas.
L’autorité environnementale observe que l’étude n’a pas retenu la disposition 6A-16 du SDAGE « mettre en œuvre
une politique de préservation et de restauration du littoral et du milieu marin pour la gestion et la restauration physique
des milieux » dans son analyse détaillée.
La MRAe recommande de prendre en compte les préconisations du SDAGE concernant l’adaptation des
zones d’attente aux abords des ports de commerce, et la réhabilitation des petits fonds côtiers fortement
impactés par les aménagements portuaires (par exemple au moyen d’opérations pilotes).
L’autorité environnementale précise par ailleurs que le SAGE BVA, approuvé en juillet 2017, définit 5 orientations
(utilisation privilégiée de la ressource locale et organisation rigoureuse de la gestion collective des réseaux hydrauliques,
gestion patrimoniale des zones humides à partir d’objectifs fixés, gestion des zones côtières et des lagunes en termes de
qualité des eaux, intégration du risque inondation et submersion dans l’aménagement du territoire) et non 4 (l’étude
d’impact fait référence à tort aux orientations du Plan d’Aménagement et de Gestion Durable).
** Les projections chiffrées de trafic sont issues de l’étude économique et financière réalisée par Catram Consulants (en tant qu’assistant au
maître d’ouvrage) en décembre 2012.
L’autorité environnementale rappelle que la procédure d'évolution du document d'urbanisme nécessitera un nouvel
avis de l'autorité environnementale.
La MRAe recommande par conséquent la prise en compte, à minima, du programme de mesures 2016-2021
du Plan d’action pour le milieu marin (PAMM) sous-région marine Méditerranée Occidentale, et notamment
des objectifs généraux A « Maintenir ou rétablir la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes des
fonds côtiers (medio, infra et circalittoral) » et E « Garantir les potentialités d’accueil du milieu marin pour
les oiseaux: alimentation, repos, reproduction, déplacements ».
3/ Impacts du projet
La MRAe recommande de préciser les modalités de mise en œuvre du suivi du trait de côte, qui devra
débuter après la mise en exploitation du port pour une durée minimale de 5 ans. Ces modalités intégreront
un retour d’expérience qui pourra le cas échéant conduire à une prolongation du suivi des mesures.
Granulométrie et contamination
Les études réalisées dans le cadre des dragages d’entretien de 2012 et des campagnes d’investigations (Ginger
2014, Créocéan 2015 sur les zones d’immersion) révèlent :
- au sein de la zone portuaire actuelle, une fraction de fines importante, majoritairement inférieures à 63 µm, à minima
sur les premiers centimètres,
- dans la zone d’emprise du futur bassin, des sédiments à prédominance sableuse avec des sables fins à très fins peu
à moyennement envasés sur la majorité de la zone, une hétérogénéité de la fraction fine en fonction de la localisation
à la fois spatiale et verticale, et des sédiments peu contaminés (7 points sur 37 font état de dépassements des seuils
réglementaires N1 et N2*),
- au niveau du chenal portuaire, une teneur élevée en fine de type vase (supérieure à 60 %, notamment à l’extrémité
de la digue Sud), un secteur critique avec enrichissement organique, présence de kystes dormants d’espèces de
phytoplancton et contaminations élevées (cuivre et hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dépassant les
seuils réglementaires N1 et N2),
- au niveau de la zone marine au large proche du port et de la zone d’immersion actuelle des sédiments, une teneur
en fraction fine élevée (60 à 80%), présentant des spots de contamination par les HAP, le chrome et l’arsenic avec
des teneurs pouvant dépasser les niveaux N1, voire N2.
* seuils imposant des contraintes plus ou moins fortes en fonction de la toxicité des sédiments pour les éléments métalliques et les substances
les plus toxiques :
- niveau 1 (N1) : concentrations en contaminants au-dessous desquelles l'immersion peut-être autorisée mais une étude complémentaire est
requise dès le dépassement de ce seuil,
- niveau 2 (N2) : concentrations en contaminants au-dessus desquelles l'immersion ne peut être autorisée que si on apporte la preuve que
c'est la solution la moins dommageable pour l'environnement aquatique et terrestre.
L’autorité environnementale observe en premier lieu que l’étude ne présente d’alternative ni pour la zone d’immersion
temporaire du sable, ni pour la méthode de clapage.
Concernant le site d’immersion, la zone choisie se situe à 1,5 km (au nord-est) de l'entrée du nouveau chenal d'accès
au futur bassin portuaire (2,2 km de l'entrée du chenal du port actuel).
Même si les modélisations concluent à l’absence d’impact sur le port, le grau, et l’étang de Bages-Sigean, la
MRAe recommande de justifier l’absence d’alternative au site d’immersion temporaire des sables.
Concernant la méthode de clapage, l’ouverture du fond de la drague entraîne la dispersion d’un panache turbide
depuis la surface jusqu’au fond situé à 30 m. L'utilisation de procédés plus respectueux de la qualité de l'eau
environnante permettrait de rejeter les sédiments en évitant à minima d’être repris par le courant dans la portion de la
colonne d'eau sous l'influence de la houle et ainsi une limitation de la diffusion du panache au moins dans les eaux de
surface.
La MRAE recommande une exploration des méthodes utilisées dans d'autres projets sur les zones de
clapages proches de sites sensibles afin d’étudier des procédés alternatifs aux rejets ouverts en surface,
tels que les rejets en profondeur par émissaire en mer.
À l’issue de l’étude réalisée par l’État (Plan Littoral 21) en parallèle à la première étape de travaux, visant à
identifier les besoins et les potentialités de rechargement des plages à l'échelle du littoral régional, la MRAe
recommande que le maître d’ouvrage se rapproche des communes concernées afin de s’organiser pour
permettre la meilleure concomitance possible entre opérations de dragage et de valorisation directe des
sédiments par rechargement, ce qui constituerait une réelle économie de moyens et une réduction des
incidences sur le milieu marin.
Elle s’interroge par ailleurs quant à la capacité à réutiliser ultérieurement les sédiments clapés en mer. Ces derniers
pourront potentiellement, pour les plus fins, être remobilisés par la houle et les tempêtes, remixés avec modification
de la granulométrie, être colonisés par des organismes vivants. La mise en place d’une mesure de suivi
bathymétrique sur 10 ans permettra de confirmer, ou pas, si les sédiments immergés se maintiennent sur les sites de
clapage mais les modalités d’exploitation et mesures envisagées en fonction des résultats ne sont pas fournies et le
suivi potentiel au-delà de 10 ans n’est pas envisagé. Or les délais de reprise sont à ce jour inconnus et, sur la base
des estimations fournies par l’étude, soit un rechargement moyen annuel de 200 000 m³/an, seuls 2 millions de m³
seront repris au mieux au bout de 10 années.
La MRAe recommande de prévoir un suivi à plus long terme ainsi que d’envisager d’éventuels autres
débouchés pour la valorisation de ce sable (intégration dans les produits du BTP, couches de formes
routières et remblais ...).
B/ PHASE EXPLOITATION
Sédimentation
L’étude d’impact précise que les bassins et le chenal portuaires sont le siège d’échanges hydrauliques et d’une
sédimentation, avec des dépôts de l’ordre de 70 à 80 cm d’épaisseur par an en fond de port et 20 à 30 cm dans le
chenal aval et le bassin d’amortissement, représentant des volumes de dragages annuels de l’ordre de 150 000 à 200
000 m³. Les conditions d’envasement dans le port sont liées à l’apport de sédiments de l’amont (via le chenal), mais
Les futurs sédiments de dragages d’entretien, estimés à 250 000 m³ par an sur les 10 premières années d’exploitation
du port, seront déposés sur la zone de clapage définitive.
L’autorité environnementale rappelle que l’accès au port se fera par un chenal d’environ 400 m creusé par dragage en
mer ouverte, exposé à la houle, dans des sables fins à très fins, et dans un site où les lignes bathymétriques situent
l’extrémité de la digue Sud (entrée du port) à -11/-13 m ZH et où les 20 m de profondeur ne sont atteints que 300 m
plus loin. Elle s’interroge dès lors sur l’estimation de la quantité de sédiments à draguer annuellement pour l’entretien
du chenal d’accès, qui devra être maintenu à -18,10 m ZH, et du port, dont la superficie totale des bassins est
augmentée de 1 180 000 m². L'autorité environnementale s'interroge également sur une éventuelle influence des
La MRAe recommande un suivi dans le temps, et au-delà des 10 premières années, de la sédimentation du
port et du chenal d’accès avec, si nécessaire, une ré-évaluation du programme prévisionnel d’entretien
annuel.
L’étude rappelle le bon état global de la masse d’eau côtière « Racou plage-embouchure de l’Aude » et le mauvais
état global de la lagune de Bages-Sigean. Les eaux de la lagune présentent une contamination au cadmium, au cuivre
(avec des teneurs de nature à porter atteinte aux organismes les plus fragiles), de fortes teneurs en HAP
(hydrocarbures aromatiques polycycliques) et cobalt, et une contamination aux insecticides, mais pas d’eutrophisation
(déséquilibre du milieu provoqué par l'augmentation de la concentration d’azote et de phosphore dans le milieu
entraînant une croissance excessive des plantes et des algues).
Les eaux du port ne présentent pas de contamination importante. L’extrémité du chenal proche de la lagune révèle la
présence de phénanthrène et de pyrène (HAP) pouvant provenir des activités du port et du bassin versant.
Les zones de clapage montrent une contamination importante au chrome et au plomb, et, dans une moindre mesure
aux PCB (produits chimiques chlorés - polychlorobiphényles).
La turbidité présente un faible gradient sur l’ensemble de la colonne d’eau dans la lagune et en mer (de l’ordre de 5 à
30 mg/l de matières en suspension - MES), et des valeurs plus élevées dans le chenal et au fond des bassins (10 à
100 mg/l de MES).
A/ PHASE TRAVAUX
L’étude précise qu’une drague stationnaire est envisagée pour refouler, via une conduite flottante, les matériaux
dragués mêlés à l’eau pour le dragage de la darse Nord ou pour les talus situés à proximité du quai éolien et pour le
remblai de la plateforme logistique à terre. La zone correspondant au linéaire de digue Nord démoli sera draguée à la
pelle mécanique. Une drague aspiratrice en marche travaillant en surverse est envisagée pour le chenal d’entrée, les
grands linéaires du bassin intérieur, et les clapages en mer.
Les modélisations réalisées sous 5 conditions hydrométéorologiques ont permis d’évaluer l’étendue potentielle des
panaches turbides résultant des opérations de dragage et de clapage. Elles montrent que le panache :
- ne pénètre jamais dans l’étang de l’Ayrolle,
- ne pénètre pas dans l’étang de Bages lors des opérations de dragage, sauf par temps agité et pour un pourcentage
de fines de 60 %,
- est le plus concentré au niveau des zones de clapage (MES > 12-40 mg/l), et s’étend plus ou moins parallèlement à
la côte à 1,5 km au large sur une surface d’environ 11 km sur 2 km par temps calme, et se rapproche de la côte par
temps agité.
Les mesures prévues (mesures 3a et 3b) pour limiter la turbidité vers l’étang de Bages-Sigean sont :
- le dragage sans surverse dans le chenal d’entrée actuel et la plage d’amortissement,
- la suspension des opérations de dragage de la passe d’entrée en conditions défavorables (effets du vent et des
courants),
- le suivi en temps réel de la turbidité dans l’étang de Bages-Sigean et dans le canal y menant, avec un seuil d’alerte
(qui sera défini à partir d’un état zéro avant travaux et d’un écart de référence) et permettra d’adapter le chantier de
dragage et de l’arrêter si besoin,
- la pose d’un écran de turbidité au niveau du grau en cas de pic.
Les sédiments contaminés (teneur en contaminants > N2 ou entre N1 et N2) seront extraits au moyen d’une drague à
benne preneuse ne nécessitant pas d’addition d’eau.
L’étude estime que les opérations de dragage et de clapage n’entraîneront pas l’enrichissement des eaux marines et
des eaux de l’étang de Bages-Sigean dans la mesure où les sédiments sont peu enrichis en matière organique et en
nutriments (selon le calcul de l’’indice synthétique de pollution organique (Alzieu 2003) prenant en compte le
phosphore total, l’azote total et le carbone organique total), à l’exception du chenal portuaire qui présente un
enrichissement organique moyen, et où le panache turbide au niveau de la zone draguée sera limité.
L’autorité environnementale rappelle que l’utilisation de dragues aspiratrices, et notamment des DAS, entraîne une
dilution importante des matériaux dragués et que l’eau restituée au milieu par surverse constitue une source de
matières en suspension importante, que les volumes de sédiments à extraire sont considérables, que les durées
d’extraction vont s’étaler sur près de 20 mois, parfois de façon continue (21h/24), et que les temps caractéristiques
des processus d’échanges entre la mer et la lagune sont courts (de quelques heures à quelques jours).
B/ PHASE EXPLOITATION
L’étude stipule que la modélisation des impacts sur les échanges étang-mer et la comparaison des échanges en
termes de flux (débits) et volumes journaliers entrants et sortants, avec et sans projet, montrent que ces échanges
sont très peu affectés par le projet.
L’autorité environnementale rappelle que le confinement de la lagune de Bages-Sigean conditionne son état
écologique sur des échelles de temps allant de quelques jours à plusieurs années. Le caractère confiné de la lagune
est susceptible d’être amplifié par l’allongement du chenal qui joue un rôle de frontière hydrodynamique (limitant les
échanges entre la mer et le bassin sud de la lagune).
3.4 - Biodiversité
L’étude stipule que la quasi-totalité de la zone inventoriée présente un enjeu notable, à minima modéré, avec des
enjeux forts « avifaune et flore » pour l’ensemble des zones humides, les friches psammophiles (sur sol sableux) et
les zones rudérales (terrains en friches), des enjeux modérés au centre de la zone d’étude pour les friches
psammophiles, des enjeux avifaune modérés pour la partie marine (zone d’alimentation) et forts pour les habitats
d’intérêt communautaire marins.
Avifaune marine
De nombreuses espèces d’oiseaux marins et notamment d’espèces présentant un enjeu local de conservation fort
(Océanite tempête, Puffin cendré, Puffin Yelkouan, Cormoran de Desmaret) et d’importants effectifs de sternes sont
présents sur la partie entre Port-La-Nouvelle et Port-Leucate, qui sert de secteur d’hivernage régulier pour le
Plongeon arctique :
- les enjeux forts sont identifiés pour les milieux terrestres servant de zones de reproduction et de nidification des
oiseaux marins,
- les enjeux modérés concernent le compartiment marin utilisé comme zone de nourrissage. L’étude estime que le
projet entraînera une altération de la zone de chasse des oiseaux se reproduisant dans les lagunes locales et
s’alimentant en mer avec une incidence modérée si les travaux démarrent durant leur période de reproduction.
- un lien fonctionnel existe entre les salins de Port-La-Nouvelle (lieu de nidification pour les laro-limicoles coloniaux
comme la sterne naine et la sterne pierregarin), la plage de Port-La-Nouvelle (lieu de nidification secondaire et zone
de repos), la lagune (zone de recherche alimentaire) et l’avant-port (zone de nourrissage importante).
Étang de Bages-Sigean
- les enjeux sont forts pour les herbiers de zostères (Zostera noltii, Zostera marina) servant de zones de nourricerie
dans l’étang et dès l’entrée du grau de Port-La-Nouvelle, et présentant un bon état dans la partie sud de l’étang la plus
proche du projet (recouvrement variant entre 25 % et 75 %) et une vitalité plus importante en bordure de chenal et en
bord de rives.
- il existe une grande diversité ichtyologique avec une soixantaine d’espèces de poissons, y compris des migrateurs
(anguille), l’étang constitue un lieu favorable à la croissance des juvéniles du fait de la diversité des habitats et de la
présence des herbiers.
- les impacts indirects des dragages liés au panache turbide sont estimés comme globalement modérés à forts sur
l’ichtyofaune marine et lagunaire et leurs habitats de nourricerie. Cependant, les simulations réalisées pour la
modélisation du panache turbide permettent de considérer l'impact comme faible.
Chenal
- l’enjeu est fort du fait du rôle de zone de transit, notamment pour les anguilles. Les impacts liés au dérangement des
civelles et des anguilles sont considérés comme forts pendant les migrations entre la mer et l’étang, notamment lors
de la construction du quai de service, de la zone éolien et de la digue Sud, et les opérations de dragage.
Partie marine
- L’enjeu est fort pour l’habitat communautaire « les bancs de sable à faible couverture d’eau marine » considéré
comme rare, spécifique, original et d’importance écologique fondamentale, mal représenté en Méditerranée, présent
sur la zone du futur bassin localisée dans la ZSC « côtes sableuses de l’infralittoral ». Cet habitat, dominant sur la
L’autorité environnementale considère, au regard de l’envergure du projet, du contexte écologique riche et fragile, de
la durée et de la typologie des travaux, que les impacts sur la biodiversité sont notables, notamment sur l'habitat
communautaire « les bancs de sable à faible couverture d’eau marine, et les communautés benthiques de substrats
meubles. Elle porte donc un avis sur les mesures mises en œuvre afin de réduire et compenser ces impacts :
- la mesure 10 sur le respect des périodes de reproduction (avifaune et reptiles) pour la mise en œuvre des travaux de
défrichement et de terrassement est de nature à réduire les impacts de la phase travaux.
- les mesures 5 et 6 de veille, par un écologue, des populations de poissons, et notamment de l’anguille, en entrée de
grau et dans le grau durant les périodes de migrations mer-étang, devraient permettre de limiter les impacts, sous
réserve de mise en place d’un protocole précis défini par des spécialistes. Or ce sont les entreprises qui feront des
propositions de phasage des travaux. Il est par ailleurs stipulé que l’éventuelle mise en œuvre d’un écran anti-turbidité
ne devra pas obstruer le grau.
La MRAe recommande de préciser dès à présent le protocole d’évitement des périodes de migrations des
espèces piscicoles dans le chenal, qui devrait interdire totalement les travaux de dragage et nuisances
sonores sous-marines durant ces périodes sensibles. Un suivi en phase exploitation permettrait de
s’assurer de l’absence d’impact des modifications structurelles du chenal d’entrée.
- la mesure 7 consistant à déplacer les enrochements portant des peuplements de substrat dur ne précise ni
l’emplacement des enrochements, ni la méthode envisagée pour leur déplacement.
La MRAe recommande d’apporter des précisions sur la mesure 7 en tenant compte de la nécessité de
minimiser les dégâts sur les biocénoses en place.
La MRAe recommande que soit précisée la notion de résultats attendus (autre que la simple mention
« favoriser la biodiversité »), que les 2 mesures soient mises en cohérence, et que les résultats soient mis à
disposition.
- les mesures Nacre 1 et 2 prévoient le recensement des individus avant les travaux, la cartographie de la zone
d’accueil permettant d’identifier la zone de transplantation la plus favorable, et les suivis post-transplantation sur une
durée de 10 ans. Les résultats de ce suivi viendront compléter le projet de recherche lancé sur les ports du littoral
régional au regard de la régression observée pour l’espèce, du fait des aménagements du littoral (ports gagnés sur la
mer, endigages, ..).
La MRAe recommande que ces résultats soient mis à disposition afin d’aider à la conception de tous les
projets envisagés sur le littoral et que les mesures de protection de l’espèce soient renforcées en fonction
des résultats qui seront obtenus.
- la mesure 8, destinée à effaroucher les tortues et mammifères marins, est de nature à limiter la perturbation.
L’autorité environnementale rappelle toutefois qu’il existe différentes technologies d’atténuation du bruit (cerclages,
rideaux de bulles…) et des protocoles d’atténuation d’impact en temps réel (répulsifs acoustiques, intensification
progressive, arrêt des travaux sur détection visuelle ou acoustique).
La MRAe recommande de justifier le choix du protocole soft-start et, si ce protocole est maintenu,
d’accompagner sa mise en œuvre d’une veille spécifique par un écologue.
- la mesure 20 est une mesure d’accompagnement financier concernant les biocénoses de substrat meuble.
Compte tenu des travaux entraînant une destruction directe (dragage, construction des digues, clapage en mer sur
une surface de 170 hectares permettant d’accueillir environ 7 millions de m³ (et pas 7,5), et susceptible de s’agrandir
au cours des ans) et une surépaisseur de sédiments fins par dispersion importante du panache le long de la côte
(opérations d’immersion), l’impact sur les communautés benthiques de substrat meuble et la perte d’habitat
communautaire « les bancs de sable à faible couverture d’eau marine » ont pu être sous-estimés.
La compensation directe pour ce type d’habitat n’étant à ce jour pas connue, il est envisagé d’étudier les possibilités
de restauration des substrats meubles avec mise en place d’une zone de protection forte (utile pour la recolonisation
des communautés benthiques).
L’autorité environnementale considère cette étude comme indispensable et d’autant plus nécessaire que ce type de
substrat est systématiquement l’objet d’impacts forts lors des opérations de dragage et d’aménagements littoraux,
sans que des mesures de compensation soient mises en œuvre, à l’exception de mesures de suivi. C’est par
conséquent l’occasion de mutualiser les résultats des différents suivis déjà mis en place dans le cadre d’autres projets
et de mettre en œuvre une véritable opération pilote de restauration de ce milieu.
La MRAe recommande que le maître d’ouvrage s’engage d’une part à assurer définitivement le financement
de l’étude sur les possibilités de restauration des substrats meubles, d’autre part la mise en place d’un
gestionnaire pérenne de la zone de protection.
- mesure 21 de création d’une zone d’expérimentation pour favoriser la biodiversité. Bien que le PAMM n’ait pas été
pris en compte dans l’étude, l’autorité environnementale relève que cette mesure d’accompagnement, visant à
demander aux entreprises de proposer des solutions innovantes pour favoriser la biodiversité dans le futur port,
répond aux objectifs de la mesure « Inciter à l’utilisation des solutions techniques du génie écologique sur les
ouvrages en milieu marin» du PAMM.
De façon générale, la MRAe recommande de compléter les fiches mesures proposées par d’autres mesures
prévues par le PAMM (à titre d’exemples, la mesure M003-NAT1b « compléter le réseau d’aires marines
protégées par la mise en place de protections fortes sur les secteurs de biodiversité marine remarquable »,
la mesure M029-MED1a «Soumettre les installations portuaires et industrielles à des obligations
réglementaires et des prescriptions individuelles respectant les objectifs de gestion intégrée de la ressource
en eau et de qualité des milieux »).
Effets cumulés :
- avec les clapages d’entretien : l’étude estime que « les biocénoses benthiques seront a priori les plus impactées sur
la zone de dragage dans le futur port et sur la zone d’immersion définitive ». Par analogie avec l’analyse réalisée dans
L’autorité environnementale considère à ce stade que seul un suivi dans le temps des biocénoses (ensemble des
êtres vivants coexistant dans un espace écologique donné, y compris leurs organisations et interactions) benthiques,
prévu par la mesure 32, permettra d’évaluer l’impact des opérations successives de dépôts et de reprises de
sédiments.
3.5 - Sécurité
Agitation
L’étude d’impact se base sur les résultats d’une étude spécifique d’agitation par modélisation réalisée par le bureau
d’étude Artelia prenant bien en compte la configuration du projet.
Submersion
L’aire d’étude du projet est impactée par un risque d’inondation par submersion marine. Le projet intègre une
surélévation des planchers à 2,40 m NGF, tenant compte du niveau marin de référence 2010 fixé à 2 m NGF et d’une
surélévation du niveau marin due au changement climatique de 40 cm à 2100. Les terre-pleins portuaires sont à une
côte de 3,5 m ZH, soit 3,07 m NGF, les terre-pleins éoliens à 3 m ZH, soit 2,6 m NGF, par conséquent au-dessus du
niveau marin 2100.
Seveso
La construction de la digue Nord et le dragage du bassin portuaire interceptent le sealine. La solution retenue, en
concertation avec l’opérateur du dépôt d’hydrocarbures et du poste en mer afin d’assurer la continuité des
approvisionnements du dépôt, est de déplacer vers le Nord-Est le poste en mer et de mettre en place un nouveau
sealine temporaire qui contournera la future digue Nord par le Nord. Ce nouveau sealine sera démantelé lors de la
réalisation du poste vracs liquides, comme cela est préconisé dans le bilan du débat public en vue d’une meilleure
sécurisation des déchargements de produits pétroliers.
La première étape du démantèlement consistera à désensouiller le pipeline, par exemple grâce à une pompe
aspiratrice montée sur barge, qui pourrait ensuite être récupéré par tronçons, découpés par des plongeurs et
remontés avec des élingues (accessoires de levage souple) ou au moyen d’une barge. L’étude considère qu’en
termes d’impacts, les travaux de démantèlement du sealine actuel et ceux liés au sealine temporaire ne devraient pas
avoir d’impacts supplémentaires significatifs par rapport à ceux du projet d’extension du port.
L’autorité environnementale observe que le respect des conditions spécifiques de sécurité liées à ce type
d’infrastructure est essentiel au regard du milieu marin.
Au regard de l’augmentation du trafic qui va générer des flux supplémentaires susceptibles d’augmenter les
pollutions chimiques et bactériennes, la MRAe recommande de poursuivre un suivi de la qualité
bactériologique et physico-chimique des eaux de baignade en phase exploitation.
Concernant les émissions de polluants, la MRAe considère comme indispensable la mesure des émissions
des navires en phase exploitation et recommande que cette dernière soit étendue à la phase de navigation.
En lien avec la mesure 25 sur la future stratégie du port, pour laquelle elle estime nécessaire que soient
précisées a minima les exigences environnementales (par exemple le traitement des eaux de ruissellement,
le plan de traitement des déchets, les mesures et les équipements en termes de lutte contre les pollutions
portuaires, l’entretien régulier des installations), elle recommande de réaliser une estimation des
équipements des navires à ce jour et de ceux susceptibles d’être équipés en alimentation électrique, et de
définir des mesures préventives et d’adaptation (réduction des vitesses, captage des gaz avant rejet dans
l’atmosphère,« courant de quai » qui permet une alimentation électrique des générateurs de navires
remplaçant les moteurs diesels).
Matériaux
La réalisation des digues à talus nécessite des volumes de matériaux importants, 4 millions de tonnes
d’enrochements et de tout-venant, approvisionnés essentiellement à partir des carrières dans un rayon de 100 km, à
l’exception des enrochements de taille supérieure, et 530 000 tonnes de béton.
La MRAe s’interroge sur les capacités des carrières environnantes, qui n’est pas démontrée, à soutenir cet
approvisionnement et sur un éventuel épuisement de la ressource, et recommande de compléter ces
informations.
L’étude fait part du réemploi des matériaux de démantèlement des digues dans les ouvrages à construire et prévoit la
mise en place d’une démarche de type « chantier vert » (mesure 15).
La MRAe recommande de préciser ce qui est envisagé en termes de réemploi des matériaux (par exemple en
établissant un plan de gestion des déchets avec réutilisation ou recyclage optimums des matériaux, y
compris ceux nécessaires au chantier comme les pieux de battage).
3.7 – Paysage
L’étude considère que « la présence d’engins de chantier et de zones de stockage des matériaux pourra modifier
légèrement la vision du site » en phase travaux et que le projet modifiera la composition du paysage par intensification
du caractère portuaire et industriel, du fait de l’empiétement sur la plage de la Vieille Nouvelle et le rivage actuel,
l’élévation des plate-formes, et l’étalement par rapport aux espaces naturels proches.
Elle reconnaît :
- qu’un « milieu minéral dominé par la présence humaine » va remplacer « un cadre naturel où les salins et la plage
s’interpénètrent harmonieusement » pendant la durée des travaux,
- que le futur port sera « dégradant dans l’équilibre existant dans sa relation avec l’espace naturel environnant,
notamment les salins »
Elle estime toutefois que les mesures visant à traiter les franges et à intégrer les extensions du port dans la continuité
des salins prévues pour le pôle logistique sont de nature à limiter l’impact paysager.
L’autorité environnementale rappelle que les dégradations visuelles dues au chantier seront effectives sur une durée
significative de 6 ans. En outre, les proportions du futur port, qui s’avance jusqu’à 2 km en mer et se situe dans un
contexte environnant constitué de plages et de zones naturelles basses, sont effectivement de nature à modifier
totalement la perception actuelle du paysage. Il sera visible depuis les différents points environnants, y compris des
hauteurs du massif des Corbières et des garrigues hautes, et le traitement paysager du pôle logistique ne pourra que
limiter son impact définitif sur le paysage.
3.8 – Climat (émissions de gaz à effet de serre, prise en compte du changement climatique)
L’étude précise que l’impact sur le climat est lié en phase de travaux aux déplacements d’engins motorisés (terrestre
et maritimes) et, qu’au regard « de l’énorme disproportion d’échelle entre les facteurs de contrôle et le projet en lui-
La MRAe recommande de compléter le volet climat de l’étude d’impact par des estimations chiffrées
d’émissions de gaz à effets de serre et de consommations énergétiques au regard des estimations de trafic
présentées.
La MRAe recommande que le volet de vulnérabilité au changement climatique de l’étude intègre d’autres
scénarios de hausse du niveau de la mer que le scénario optimiste et justifie la capacité d’adaptation
potentielle de la structure portuaire (renforcements ou baisse de service) à un contexte climatique différent.